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▲ COMPRENDRE

▲ ENTREPRENDRERÉUSSIR

◆ Trouver ou conserver un emploi quand on est handicapé p52

◆ L’intérim, un tremplinvers l’emploi stable p56

◆ Loi 2005 : quelles mesures pour l’emploi ? p58

◆ Le statut de travailleur handicapé p60

◆ Se former pour réussir p62

◆ La VAE s’adapte aux personnes handicapées p64

◆ Emploi : faites-vous aider ! p66

◆ Créez votre activité ! p68

◆ “On est parti de zéro!”:portrait d’une femme entrepreneur p70

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CLES pou

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CONCILIERtravail et

Toutes les

HANDICAP

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DOSSIER HANDICAP

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Trouver ou conserver un emploi q

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L es intervenants sont tous d’ac-cord : il faut considérer les per-sonnes handicapées comme lesautres demandeurs d’emploi.

Certes, des entreprises hésitent en-core à embaucher par peur et mé-connaissance du handicap, mais lespersonnes handicapées elles-mêmesoublient parfois que la recherched’emploi répond à des règles préciseset identiques pour tout le monde,handicap ou pas.

FAIRE TOMBER LES PRÉJUGÉS...Au départ, il y a la peur d’entrer surle marché du travail, avec l’incertitudede trouver un emploi. Résultat,nombre d’entre eux “repoussent leursétudes le plus loin possible pour ne pasavoir à affronter les difficultés de larecherche d’emploi”, explique Chris-tian Darantière, directeur délégué del’Afij. “Par ailleurs, certaines personnesne mentionnent pas leur handicap surleur CV pour éviter la discrimination.Mais, effet pervers, les entreprises quicherchent des travailleurs handicapésne peuvent les détecter”, ajoute NadiaGuiny, responsable communicationde l’Agefiph. D’où l’intérêt des es-paces emploi sur Internet, avecbanque de CV disponibles. En outre,

affirme Emmanuel Constans, prési-dent de l’Adapt, “il y a un problèmed’adéquation entre l’offre et la de-mande”, les employeurs ne prenantpas en compte le fait que le niveau de qualification des handicapés resteinférieur aux personnes valides.Mais le plus difficile, c’est de fairetomber les préjugés qui malheu-reusement perdurent chez nombred’employeurs. “Ils ont peur de la dif-férence et craignent pour eux-mêmes,car personne n’est à l’abri d’un acci-dent”, déplore Nadia Guiny. “Certainsrecruteurs pensent que les handicapésseraient plus difficiles à manager, à li-cencier. Ils craignent des arrêts mala-dies plus fréquents, ce qui entraîneraitplus de travail pour les autres sala-riés.” “Les réactions sont parfois cho-quantes : ils voient d’abord le handicapavant le comptable ou le vendeur. Il ya un vrai travail pédagogique à faire”,s’indigne Corinne Corbel, respon-sable mission handicap, chez KellyServices. Pour Angélique Trouba,responsable de la mission handicapchez Décathlon, “dès qu’on parle dehandicap, les recruteurs s’imaginentle handicap lourd”, alors que “la plu-part du temps le handicap ne se voitpas”, estime Christian Darantière.

...POUR FAIRE ÉVOLUERLES MENTALITÉSLa réalité est en effet bien différente.Les entreprises qui emploient des salariés se déclarent généralement satisfaits. “Les préjugés tombent defait, car avoir un travailleur handicapé,c’est plus de solidarité dans l’entre-prise”, estime Nadia Guiny. “Ils sontplus ponctuels, moins absents, plus motivés pour garder leur job qu’ils onteu du mal à décrocher. La stabilité estimportante pour des entreprises avecun grand turn-over comme dans lescentres d’appel ou la grande distribu-tion.” Il y a donc de bonnes raisonsd’embaucher. A l’image des agencesd’intérim qui “en communicant sur le handicap, ont permis de briser certainstabous”, affirme Christian Darantière.Et les choses évoluent. “Les employeurscommencent à revoir leurs exigences : ilsrecrutent davantage selon les profils des candidats”, commente Jean-MarcCellier, responsable du pôle handicapde l’Afpa Ile-de-France. “Grâce à l’alternance, on peut embaucher au niveau Bac pour atteindre Bac +2.L’offre s’adapte à la demande”,confirme Emmanuel Constans.En outre, les impacts de la loi de février 2005 (lire p.58) commencent

Comment optimiser sa recherche d’emploi ? Comment convaincre les entreprises d’embaucher ? Divers acteurs du monde de l’emploi et du handicap sont venu répondre, le 9 mars dernier, lors d’un débat sur l’insertion professionnelle des handicapés organisé par Rebondir.

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à se faire sentir. Les contraintes finan-cières deviennent plus dissuasives.Ainsi, les entreprises qui préféraientpayer les amendes devront désormaisdébourser jusqu’à 1500 fois le Smiccontre 600 auparavant. Mieux, ellescomprennent qu’elles peuvent êtreaidées et accompagnées. D’autre part, “l’égalité de traitement entre lessalariés, inscrite dans la nouvelle loidoit permettre de garantir le maintiendans l’emploi”, déclare Nadia Guiny.“L’évolution dans la vie professionnelledevient un droit et donc une possibilitéréelle.” Preuve que les mentalités évo-luent : “On voit de plus en plus de personnes handicapées qui veulentchanger de boulot”, se réjouit Emma-nuel Constans.

SORTIR DE L’ISOLEMENTMalgré ces constats positifs, nombredemandeurs d’emploi se sentent en-core isolés. Pour en sortir la meilleure démarche s’avère de commencer parles organismes spécialisés dans l’in-sertion des travailleurs handicapés :ils sensibilisent les entreprises, dis-pensent des conseils sur la recherched’emploi et les accompagnent. “Il fautsortir de la recherche par Internet,développer ses réseaux, découvrir cequi existe, s’informer, apprendre à faireun CV, etc.”, assure Nadia Guiny. Carles entreprises sont exigeantes : “Ellescherchent des profils bien définis, desgens qui savent ce qu’ils veulent faire,capables de répondre à des besoins spé-

cifiques”, précise Angélique Trouba. Ilne faut pas hésiter à se rendre à des forums de rencontre salariés/em-ployeurs dédiés aux handicapéscomme “la Semaine de l’emploi deshandicapés” (150 manifestions en région), organisée par l’Adapt. Ilexiste même des soirées “job-dating”:“Ça permet d’attirer l’attention sur lechômage des handicapés diplômés.Les effets sont positifs : 50 % ont étéembauchés suite à un job dating. L’im-portant c’est la prise de contact directeavec l’employeur. En une soirée, la per-sonne effectue entre six et huit entre-tiens en une heure et demi. Ce sont lesrecruteurs qui viennent et font la dé-marche”, témoigne Emmanuel Cons-tans. Pour les personnes les plus endifficulté, l’Adapt a également misen place un réseau de parrainage :“Les Réussites”. Un parrain vous accompagne dans votre recherche deformation ou d’emploi. Enfin, les futures Maisons départementales du handicap permettront de favori-ser les échanges, en tant que guichetunique et lieu d’orientation.

METTRE EN VALEURSES COMPÉTENCESSavoir présenter son handicap, ven-dre ses compétences, convaincre un employeur d’embaucher, etc., autant de questions auxquelles vous seul pouvez répondre. Pour définir ou redéfinir son projet professionnel, “ilfaut d’abord travailler sur soi, quitte

à faire un bilan de compétences”,conseille Christian Darantière. “C’estimportant de se connaître, de valoriserses compétences, surtout quand on apeu d’expérience”, complète NadiaGuiny. Sans oublier les qualités per-sonnelles. “Les centres d’intérêts per-mettent de voir l’ouverture d’esprit ducandidat. L’important, c’est la personnepas son statut”, poursuit AngéliqueTrouba qui sélectionne sur la “sporti-vité”des candidats. “Comme les autres,il est bon d’avoir une bonne présenta-tion, d’être ponctuel, de parler simple-ment de son handicap”, ajoute CorinneCorbel. Nadia Guiny ne dit pas autrechose: “Il faut s’entraîner à parler, direce que le handicap peut apporter auxautres, mais comprendre que rien nevous est dû.” “On n’embauche pas un diplôme mais une personne”, termineChristian Darantière. En clair, pourréussir un entretien il faut savoir direqui vous êtes, quelles sont vos com-pétences, vos atouts à mettre en avant,sans raconter toute votre vie et éviterde ne parler que des difficultés (le re-cruteur en est conscient). L’argumentfinancier pour l’employeur n’est pastabou, mais doit venir en dernier etrester un plus incitatif par rapport àd’autres candidats, à compétence égale.Pour conclure, Christian Darantièreveut donner un dernier petit conseil à l’entourage des handicapés : “Evitezde surcouver la personne handicapée, oude la surprotéger pour ne pas lui faireperdre son autonomie.” ■

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i quand on est handicapé

◆ Jean-Marc Cellier, Association pour la formationprofessionnelle des adultes (Afpa)

◆ Nadia Guiny, Association nationale de gestion du fonds pour l’insertionprofessionnelle des personneshandicapées (Agefiph)

◆ Emmanuel Constans, Association pourl’insertion sociale et professionnelle des personnes handicapées (Adapt)

◆ Corinne Corbel, Kelly Services, réseauinternational de travail temporaire

◆ Christian Darantière, Association pourfaciliter l’insertion professionnelle des jeunes diplômés (Afij)

◆ Angélique Trouba, Décathlon

ILS ÉTAIENT PRÉSENTS AU DÉBAT

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“Une plate-forme de lan-cement”, “une passerelle”,“un tremplin”, c’est en cestermes que les responsables

handicap des agences d’intérim défi-nissent le travail temporaire. Plus qued’autres, les personnes handicapéesont des difficultés à se faire une placesur le marché de l’emploi. Un défautde formation initiale peut en être lacause, mais ce n’est pas la seule raisonet les préjugés ont la vie dure. Idées reçues des entreprises, “mais aussi apriori des personnes handicapées elles-mêmes, qui doutent de leur propre va-leur”, selon Bruce Roch, responsabledu pôle “handicap et compétences”chez Adecco.Or, les agences d’intérim délèguentd’abord les travailleurs en fonction de leurs compétences. “C’est une plus-value : les personnes handicapéessont sélectionnées au même titre que les autres”, affirme Yvette Dufour,qui occupe le même poste chez Adia.L’intérim représente donc une pas-serelle intéressante pour intégrer uneentreprise sur des critères objectifs,sans parler de handicap. “Une per-sonne très motivée doit mettre en avant ses compétences et ses qualitésprofessionnelles avant tout”, souligneCorinne Corbel, responsable de lamission handicap chez Kelly Services.A l’agence de vérifier ensuite si desrestrictions rendent la santé d’unepersonne handicapée incompatibleavec le poste.

TESTER SON FUTUR MÉTIERMais l’intérim offre bien d’autresavantages. “C’est un moyen de se réorienter après un licenciement,lorsqu’un accident ou une maladie nepermet plus d’exercer son métier”,ajoute Yvette Dufour. Le travailleurqui se situe dans une approche de

reconversion va pouvoir découvrirde nouveaux secteurs d’activité etchoisir un métier en fonction de sesaptitudes.Le travail temporaire constitue éga-lement un test pour l’entreprise.Avant de recruter, cette dernière peuten effet faire appel à cette forme particulière de contrat pour éprouverson futur salarié. “C’est encore plusvrai pour les personnes reconnues handicapées, déclare Séverine Reboul-let, de VediorBis. Le handicap peutfaire peur, c’est le meilleur moyen pourtester et faire disparaître ces peurs”.Etre recruté au même titre qu’unautre, sur ses compétences et au-delàdes apparences, c’est là toute la démarche des agences d’intérim,qui cherchent à démystifier la notionde handicap.

SENSIBILISATIONLes agences travaillent en amont àsensibiliser les entreprises sur la réalité du handicap. Elles organisentdes manifestations, des réunions etdes forums, et informent leurs clientssur la nouvelle loi et l’obligationd’embauche. “Les agents aussi sontsensibilisés à la manière d’accueillirune personne handicapée, précise Bruce Roch. On leur propose un métier normalement, en tenant comptedes compétences”. L’objectif est sim-plement de mettre à disposition du client un candidat en phase avec ses attentes. “On oublie le handicap : c’est un candidat à 100 %”. En outre,la convention fixée avec l’Agefiph(Association pour la gestion du fondspour l’insertion professionnelle despersonnes handicapées) procure auxagences d’intérim une aide impor-tante. L’organisme leur apporte unereconnaissance et une aide financièrenon négligeables.

Finalement, “sur les 3 000 personneshandicapées annuellement employéeschez VediorBis, 40 % sont recrutées définitivement par les entreprises.C’est un réel tremplin vers l’emploi”,applaudit Séverine Reboullet. “Untremplin pour un poste stable,renchérit Corinne Corbel. L’intérimn’est pas un emploi précaire. Il aide,avec le réseau Cap Emploi (organisme favorisant le recrutement des person-nes handicapées, NDLR), à trouverun poste en adéquation avec ce que recherche le candidat”. ■

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Le travail temporaire a l’esprit ouvert. Depuis quelques années,les agences d’intérim ont développé un pôle “handicap” au seinde leur structure, pour lutter contre les idées reçues et aider lespersonnes handicapées à mieux intégrer le monde du travail.

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L’intérim, un tremplin vers l’emploi stable

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L ’heure est au bilan. Plus d’un anaprès son adoption, les princi-pales dispositions de la loi du11 février 2005 pour “l’égalité

des droits et des chances, la partici-pation et la citoyenneté des personneshandicapées” sont appliquées. “Noussommes sortis de la phase juridiqued’élaboration des principaux décretspour passer au concret”, indique Phi-lippe Bas, ministre délégué à la Sécu-rité sociale, aux Personnes âgées,aux Personnes handicapées et à la Famille. Plus de cinquante textes ont ainsi été examinés par le Conseilnational consultatif des personneshandicapées (CNCPH) selon le ministre. “La clé de voûte, ce sont lesmaisons départementales des personneshandicapées, qui fédèrent tous les intervenants”, note Philippe Bas. Cesont elles,désormais,qui sont en chargede la reconnaissance du travailleur handicapé, par le biais de la CDAPH(Commission des droits et de l’auto-nomie des personnes handicapées), ouencore d’attribuer la carte d’invalidité.

UNE LOI INCITATIVEEt pour l’emploi, l’Etat a décidé demettre en œuvre des moyens finan-ciers importants. “L’emploi est la première priorité de cette loi, selon lePrésident de la République”, ajoutePhilippe Bas. Ainsi, le texte maintientl’obligation d’embauche de 6 % depersonnes reconnues handicapéespour les entreprises d’au moins vingtsalariés et durcit les modalités de cal-cul de la contribution versée à l’Agefiph(Association pour la gestion du fondspour l’insertion professionnelle despersonnes handicapées) si l’entreprisene respecte pas cette obligation.L’embauche se veut aussi plus incita-tive, puisqu’elle élargit le champ desbénéficiaires de l’obligation d’emploiaux titulaires de la carte d’invalidité.Le calcul de la contribution est mo-

dulé en fonction de l’effort d’embau-che de l’entreprise et de la lourdeur duhandicap. Cependant, la loi supprimeles catégories d’emploi qui n’obli-geaient pas à l’embauche de 6 % depersonnes handicapées. “Il y a unegrande diversité du handicap et il n’y apas de métier par nature inaccessible”,rappelle Philippe Bas. Enfin, une en-treprise qui, dans un délai de trois ans,n’aura pas embauché de personneshandicapées, verra tripler sa contri-bution à l’Agefiph.

L’EMPLOI PUBLICL’obligation d’emploi dans le secteurpublic est également réformée. Assu-jettie comme pour le privé à l’exigenced’embaucher 6 % de personnes handicapées, la fonction publique ne risquait cependant, jusqu’alors,aucune sanction financière en cas de non-respect de cette obligation.Elle doit désormais verser une contri-bution au fonds pour l’insertion des personnes handicapées dans lafonction publique, comparable aufonds géré par l’Agefiph.Autre point de la loi : les entreprises

adaptées remplacent les ateliers pro-tégés. La différence est fondamentalepuisque le code du travail s’appliquedésormais à ces entreprises, garan-tissant aux salariés une rémunéra-tion conforme à leur emploi et leursqualifications, avec un salaire aumoins égal au Smic.Enfin, dans le prolongement de laloi, le ministre a confié à Michel Bernard, ancien directeur de l’ANPE,la mission de coordonner les dis-positifs d’accompagnement vers l’emploi, c’est-à-dire le réseau CapEmploi et l’ANPE, pour mieux tra-vailler ensemble.Le travail de sensibilisation du gou-vernement s’est manifesté par unecampagne de communication en février, “pour une prise de conscience.Une entreprise ne peut pas refuserd’employer un bon comptable parcequ’il est en fauteuil roulant, soulignePhilippe Bas. Et 90 % des employeursqui emploient des personnes handi-capées se disent très satisfaits. Car il a fallu beaucoup d’énergie à une personne handicapée pour entrer dansle monde du travail”. ■

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Loi 2005 : quelles mesures pour l’emploi ?

Depuis le 1er janvier, les principaux décrets d’applications de la loi pour “l’égalitédes droits et des chances” sont mis en place. Le texte prend des mesuresimportantes pour l’emploi, aussi bien dans le secteur public que dans le privé.

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Une loi qui favorise l’embauche des personnes handicapées.

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E st considérée comme tra-vailleur handicapé “toute per-sonne dont les possibilités d’ob-tenir ou de conserver un emploi

sont effectivement réduites par suitede l’altération d’une ou plusieurs fonc-tions physiques, sensorielles, mentalesou psychiques”. Cette reconnaissancede la qualité de travailleur handicapépeut être attribuée à toute personneâgée de 16 ans ou plus, exerçant ousouhaitant exercer une activité pro-fessionnelle, et dont les capacités physiques ou mentales sont dimi-nuées par un handicap.Seule la commission départementaledes droits et de l’autonomie des personnes handicapées (CDAPH) esthabilitée à reconnaître ou non la qua-lité de travailleur handicapé. Sont exclus du statut, ceux qui sont dansl’impossibilité totale d’exercer un travail et ceux qui ont la possibilité

d’accéder normalement à un travail(absence de handicap reconnu).En outre, depuis la loi de février 2005,les catégories A, B et C, établies par les anciennes Cotorep, liées à l’in-tensité du handicap (léger, modéréet lourd) disparaissent au profit dedeux catégories. Désormais, l’attri-bution de l’aide ayant pour objet de“compenser la lourdeur du handicap”est “évaluée en situation de travail,au regard du poste de travail occupé,après aménagement optimal de ce dernier, par un bénéficiaire de l’obli-gation d’emploi.”

UN STATUT QUI OUVRE DES DROITSPour les demandeurs d’emploi, la reconnaissance du handicap permetde faire partie des “publics priori-taires” dans les dispositifs d’accom-pagnement à l’emploi. Il prouve aussil’obligation d’emploi à laquelle sontsoumis les employeurs du secteurprivé et le secteur public, depuis la loi de 1987.Être reconnu travailleur handicapépermet, notamment, de bénéficierdes mesures suivantes :◆ l’orientation, par la CDAPH vers

une entreprise adaptée (ancienne-ment “ateliers protégés”), un établissement et service d’aide par le travail (anciennement“centre d’aide par le travail”) ouune formation (stage en centre deformation ordinaire ou spécialisé,contrat d’apprentissage...) ;

◆ le soutien du réseau de placementspécialisé Cap Emploi ;

◆ l’obligation d’emploi définie

par la loi du 10 juillet 1987 et modifiée en dernier lieu par la loi du 11 février 2005 ;

◆ l’accès à la fonction publique par concours, aménagé ou non,ou par recrutement contractuelspécifique ;

◆ les aides de l’Agefiph.

DÉMARCHES À SUIVREPour obtenir le statut, la personneintéressée doit faire une demande de reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé auprès de la CDAPH de son département,en remplissant le formulaire de demande unique, disponible auprèsdes anciennes Cotorep, des Caissesd’Allocations Familiales (CAF) et de divers organismes sociaux. Tous lesrenseignements sur ce point peuventêtre obtenus auprès des Maisons départementales des personnes handicapées constituées dans chaquedépartement et qui exercent, notam-ment, une mission d’accueil, d’in-formation, d’accompagnement et de conseil des personnes handica-pées et de leurs familles.Les parents de la personne handica-pée, ses représentants légaux ou lespersonnes qui en ont la charge effective peuvent également présen-ter une demande à la CDAPH,de même que le directeur départe-mental des affaires sanitaires et sociales, le directeur départementaldu travail, de l’emploi et de la for-mation professionnelle, l’ANPE (avecl’accord de la personne), l’organismede sécurité sociale, etc. ■

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La commission des droits et de l’autonomie des personnes handi-capées (CDAPH), instituée par la loidu 11 février 2005 remplace, depuis janvier 2006, les commis-sions départementales de l’éduca-tion spéciale (CDES), compétentespour les personnes handicapées jus-qu’à 20 ans ainsi que les commis-sions techniques d’orientation et de reclassement professionnel (Co-torep), compétentes pour les adulteshandicapés à partir de 20 ans.

DE LA COTOREP À LA CDAPH

Le statut de travailleurhandicapé

La reconnaissance juridique du handicap permet à la personne et à son employeur de prétendre aux aides à l’insertion et à l’emploiqui leur sont dédiées.

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p060 Dossier Handicap REB 131 28/06/06 9.43 Page 60

Un actif handicapé sur trois estau chômage. “Les handicapéssont globalement deux foismoins qualifiés que les vali-

des”, explique Pierre Blanc directeurgénéral adjoint de l’Agefiph. “Le problème pour les handicapés, c’estqu’ils partent avec un vrai déficit au départ.” En effet, ils cumulent un handicap physique et/ou mental auquel les entreprises qui veulentbien s’y adapter préfèrent souventpayer une amende (lire p.58) et souf-frent d’une moindre qualificationque la moyenne.

LE CHOIX DE L’ORIENTATIONIl n’existe pas d’offres d’emploi oude postes réservés aux personnes handicapées. Aucune aide financièreliée au statut de “travailleur handica-pée” ne peut suffire à convaincre unemployeur de vous recruter. Seule la qualité du projet professionnel,les compétences et la motivation peuvent déterminer une entreprised’embaucher. D’où l’importance de la formation, qu’il s’agisse d’unenouvelle activité ou d’une remise à niveau des compétences et desconnaissances.La première étape du demandeurd’emploi passe par l’ANPE ou par le réseau Cap emploi. Soit il est dirigé vers une formation ordinaire,soit il est aiguillé vers la Maison départementale du handicap qui a pour mission d’orienter le travailleur handicapé, via la Commission des droits et del’autonomie des personneshandicapées (CDAPH, lirep.60), vers le milieu de travail le plus adapté. Il s’agit soit du milieu “protégé”c’est-à-dire les établissementset services d’aide par le travail(ESAT), les ex-centres d’aidepar le travail (CAT), soit dumilieu “ordinaire” de travail,dont font désormais partie lesentreprises adaptées (ex-ateliersprotégés) et les entres de distri-

bution du travail à domicile (CDTD).Les entreprises adaptées, qui emploientune majorité de travailleurs handica-pés doivent servir de tremplin versdes entreprises “ordinaires” et sortirainsi d’une logique de ghetto. Sur 900 000 actifs handicapés en 2004,527 000 travaillaient en milieu ordinaire : salariés de la fonction publique ou d’entreprises privées,artisans et chefs d’entreprise.

L’ACCÈS AUX FORMATIONSLes personnes handicapées, ont accès à l’ensemble des dispositifs deformation professionnelle.Elles bénéficient, le caséchéant, d’actions spé-cifiques ayant pour objet leur insertion ouleur réinsertion profes-sionnelle, leur maintien dansl’emploi, le développementde leurs compétences et l’ac-cès aux différents niveauxde la qualification profes-sionnelle. Ainsi,les personneshandicapéesfont par-tiedes pu-blics

prioritaires ayant un accès privilégiéaux contrats aidés (contrats de pro-fessionnalisation, contrat d’appren-tissage...) qui peuvent être aménagés(durée du contrat, âge limite,...).Elles peuvent également suivre desformations de réadaptation et de rééducation chez l’employeur, afinde s’adapter aux outils du poste detravail, ou de prévenir les inadapta-tions à long terme, liées soit à l’évo-lution du handicap, soit à des évolu-tions technologiques. A ce titre,le Contrat de rééducation profes-sionnelle, destiné aux personnes

qui, du fait d’un handicap, ontperdu la possibilité d’exercer leur emploi, doit leur permettrede se réaccoutumer à leur profession ou d’exercer un nouveau métier. Le Stage de rééducation professionnelle,organisé dans un Centre de rééducation professionnelle(CRP) offrant un environne-ment médico-social adapté selonle type de déficience, permet à

la personne handicapée desuivre une formation quali-fiante de longue durée avec lapossibilité d’être rémunérée.Qu’il s’agisse d’apprendre ouréapprendre à travailler, la formation, comme pour l’en-semble des demandeurs d’em-ploi, est un enjeu majeur pourl’accès à l’emploi. ■

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Se former pour réussirDe nombreux dispositifs existent afin d’aider les demandeurs d’emploi et les salariés atteints de handicap à mobiliser leurs compétences dans une trajectoire d’insertion professionnelle.

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● www.agefiph.asso.fr/● www.afpa.fr● www.ladapt.net/

POUR EN SAVOIR PLUS

p062 Dossier Handicap REB 131 28/06/06 9.46 Page 62

L a validation des acquis de l’ex-périence est accessible à tous.C’est du moins l’objectif ques’est fixé l’Afpa (Association

nationale pour la formation profes-sionnelle des adultes). La VAE per-met d’obtenir un titre professionneldu ministère de l’Emploi, de la Cohé-sion sociale et du Logement, iden-tique à celui qui est délivré après uneformation. Entamer une telle démar-che est bien évidemment possiblepour les personnes handicapées,“c’est un droit à l’individu”, affirmePhilippe Pager, directeur de l’AfpaCNTH (Centre national de rechercheset de ressources pour l’insertion destravailleurs handicapés). Ainsi, la VAE s’adapte progressivement auxpersonnes en situation de handicap,une démarche incitée par la loi du 11 février 2005. “Mais la loi ne dit pas comment faire, explique PhilippePager. C’est à nous de mettre en placeles moyens nécessaires. Et le fonds du débat, c’est l’accompagnement”.

MISE EN COMMUNDES EXPÉRIENCESAfin de faire reconnaître aux entre-prises les compétences des travailleurset de permettre à ces derniers de pro-gresser dans leur emploi, les centresde formation professionnelle multi-plient les expériences de VAE depuis2002, tentatives qui se sont avéréesconcluantes. Devant la demandecroissante, le siège de l’Afpa et leCNTH peuvent ainsi réunir des don-nées locales très diverses, qui servirontde base à la création d’un systèmecommun d’accès à la validation pourles personnes handicapées.En collaboration avec l’Agefiph, aveclaquelle l’Afpa a signé un partena-riat en 2000, la structure nationale“réfléchit à la manière de mettre enœuvre un accompagnement homogènedans toutes les régions”, indique SylvieTamain. Chef de projet du pôle han-

dicap de l’Afpa Ile-de-France, elle ex-plique que la région a été essentiel-lement sollicitée par des centres encharge de personnes ayant une défi-cience intellectuelle moyenne-légère.“C’est un public plus lent, qui a besoinde plus d’explications et qui est plus sujet au stress.” La mise en place de lavalidation se fait donc au cas par cas.

UN ACCOMPAGNEMENTET DES OUTILS ADAPTÉSLes référentiels permettant au juryd’évaluer le candidat à la VAE nechangent pas, mais l’Afpa propose unaccompagnement et une formationassociés à des outils pédagogiques etméthodologiques adaptés. “C’est unpublic que l’on connaît peu ou mal,avoue Sylvie Tamain. Mais on essaie dese professionnaliser sur ce champ”. Lorsde la mise en situation, le personneljoue sur les modes opératoires. Enrestauration par exemple, une per-sonne qui a des difficultés en calculpeut utiliser un tableau pour retrou-ver les équivalences de poids. Il fautsimplement veiller à ce que cet outilsoit ensuite intégré dans l’entreprise.L’objectif est d’arriver au même résultat que pour n’importe quellepersonne. “Il ne s’agit absolument pasde CCP (Certificats de compétencesprofessionnelles, NDLR) spécifiquesaux personnes handicapées”, assureAnge Péron, médiateur depuis deux ans auprès de formateurs etd’ouvriers du paysage issus de CAT(Centre d’aide par le travail).Et le rôle du médiateur est primordialpour faire le lien entre les candidats etle personnel. Les encadrants doiventassimiler le fait qu’il existe des exi-gences de temps supplémentaire.“J’accompagne les formateurs qui sontun peu perdus devant un public qui ades difficultés d’apprentissage, qu’ils nerencontrent pas d’habitude”, témoigneAnge Péron. Il doit également assurerles démarches institutionnelles (ac-

compagnement pour l’hébergementet la relation avec la direction) et pédagogiques : il faut apprendre auxcandidats à apprendre. “La difficultéréside plus dans la verbalisation quedans les connaissances. Les formateurssont très étonnés des capacités de base de mémorisation de ce public.On voudrait tout simplement que les personnes handicapées ne soientplus perçues comme telles”. ■

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La VAE s’adapte aux personnes handicapées

Valider les acquis de l’expérience pour avancer dans sa carrière, une solution qui s’ouvre peu à peu aux personnes handicapées. La VAE se développe au niveau local et régional, afin de permettre à tous d’en bénéficier.

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L a vie au quotidien n’est pas toujours évidente. La vie professionnelle ne l’est pas plus, surtout lorsqu’elle se

traduit par une suite de recherchesd’emploi sans fin. Parce que les personnes handicapées ont droit àun avenir, des allocations leur sont attribuées, afin de leur permettre de vivre comme les autres. La loi du11février 2005 pour “l’égalité des droitset des chances” a fait évoluer les aidesversées aux personnes handicapéeset aux employeurs. Le texte reprenddifférents types d’allocations et encrée d’autres, en fonction du handi-cap et de la situation de la personnesur le marché du travail.La garantie de ressources se compose dedeux prestations : l’Allocation auxadultes handicapés (AAH), dont lesdispositions n’ont pas changé avec la nouvelle loi, et un complément de ressources pour les personnes nepouvant pas travailler. L’AAH permetd’apporter un minimum de revenu à la personne handicapée et jouit cette année d’une revalorisation (lemontant maximum est de 610,28 euros par mois). Son bénéficiaire doitavoir au minimum 20 ans,ou 16 ans s’iln’est plus à la charge de sa famille, et 60ans maximum. En outre, le deman-deur doit être reconnu personne han-dicapée par la CDAPH (Commissiondes droits et de l’autonomie des per-sonnes handicapées), l’organisme quiremplace la Cotorep. Le dossier de de-mande est déposé à la maison dépar-tementale des personnes handicapées.L’AAH ne peut être perçue si la per-sonne handicapée reçoit déjà un avan-tage vieillesse, d’invalidité ou une rented’accident du travail au moins égale àcette allocation.Mais la perception d’unsalaire ne vaut pas immédiatement sup-pression de l’aide. Pour favoriser une insertion professionnelle progressive,un abattement est appliqué sur l’AAHen fonction du revenu du travailleur.

UN DROIT À LA COMPENSATIONDU HANDICAPLorsque la personne handicapée nepeut pas travailler, elle reçoit en plusune “majoration pour la vie auto-nome”, qui remplace le “complémentAAH”. Les conditions d’attributionsrestent cependant les mêmes : il fautoccuper un logement indépendant,percevoir l’allocation aux adultes handicapés à taux plein et ne pasavoir de revenu d’activité profes-sionnelle propre.Un nouveau droit à la compensationdu handicap a également été créé,remplaçant “l’allocation compensa-trice pour tierce personne”. Il s’agitd’une prestation destinée à réduireles surcoûts liés au handicap. Elle se traduit généralement en nature,sous forme d’aides humaines et techniques, d’aménagements du logement et du véhicule, d’aide animalière, etc.Outre ces allocations versées aux personnes handicapées, un autre typede soutien existe. Ce sont les aides ci-blées de l’Agefiph (Association pour

la gestion du fonds pour l’insertionprofessionnelle des personnes handi-capées). L’organisme a pour fonctionde collecter les contributions finan-cières des entreprises qui ne respectentpas l’obligation d’employer 6 % detravailleurs handicapés. Les fonds ainsirécoltés servent ensuite à favoriserl’insertion professionnelle en milieuordinaire de travail. L’Agefiph pro-pose donc des subventions dans lecadre de l’accompagnement, de la for-mation, de l’aménagement du poste,du bilan d’évaluation et d’orienta-tion, de la création d’activité, etc.L’organisme finance également la “compensation de la lourdeur duhandicap”. En effet, les entreprisesne peuvent plus pratiquer d’abat-tement salarial en fonction du ren-dement du travailleur handicapé.Pour atténuer les conséquences de cette suppression, l’entreprise bénéficie donc d’une contributionde l’Agefiph, aide dont peuvent également jouir les travailleurs handicapés exerçant une activité nonsalariée.

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Emploi : faites-vous aider !Les personnes handicapées ne sont pas seules face au quotidien. La loi du 11 février 2005 pour “l’égalité des droits et des chances” apporte de nouvellesaides, et des organismes sont présents pour accompagner les travailleurs dans leur recherche d’une vie professionnelle plus stable.

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La vie en entreprise n’est pas incompatible avec le handicap.

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ORGANISMES D’AIDE À L’EMPLOILes personnes handicapées trouventaussi un soutien parmi les nombreuxorganismes d’aide à l’emploi. En ef-fet, plus de 2 600 opérateurs locaux,financés par l’Agefiph, interviennentauprès des personnes handicapées etdes entreprises. Le réseau Cap Emploiest composé de 119 bureaux de placement spécialisés, répartis surl’ensemble du territoire, et proposeun accompagnement personnalisépour l’insertion professionnelle. Cesorganismes aident ainsi les personneshandicapées dans leur recherched’emploi et proposent des actionsconcrètes pour favoriser leur inté-gration dans le monde du travail.Ils informent et conseillent les tra-vailleurs, mais aussi les entreprises,qui bénéficient d’un appui dans leurdémarche d’embauche. En 2005,selon l’Agefiph, les 119 organismesCap Emploi ont accueilli plus de80 000 personnes handicapées et permis plus de 45 000 recrutements,les CDI et CDD de plus de 12 mois représentant 56 % des contrats signés.Autres organismes, les services départementaux d’appui au main-tien dans l’emploi. Ils apportent des conseils aux employeurs dans lebut de maintenir dans la société lessalariés déclarés inaptes ou en risqued’inaptitude. Quant aux réseaux d’accompagnement à la créationd’entreprise, tels que les Boutiquesde gestion, les Chambres des métiersou l’Institut de la PME, ils inter-viennent auprès des demandeursd’emploi handicapés pour les aider à préparer leur projet de création.

LA MISSION DE L’ANPEL’Agefiph a également développé des partenariats avec des acteurs institutionnels comme l’ANPE. Parmiles nombreuses fonctions de l’Agence

nationale pour l’emploi figure celled’accueillir, d’informer et d’aider auplacement des travailleurs handi-capés. Chaque département possèdeun conseiller spécialisé, afin de gui-der au mieux les chercheurs d’emploidans leurs démarches. Il existe d’ail-leurs à Paris une agence entièrementdédiée au reclassement des personneshandicapées : Handipass. La structurea été créée pour replacer les tra-vailleurs en milieu ordinaire de tra-vail. Des conseillers présélectionnentles candidatures en fonction de leursrecherches, proposent des aménage-ments de poste de travail et simpli-fient les démarches administrativeslors de l’embauche.Depuis 1992, les Programmes dépar-tementaux d’insertion des travailleurshandicapés (PDITH) coordonnentl’action des partenaires publics et privés de l’insertion professionnelle.Ils mettent notamment en œuvre desactions d’orientation, d’information,de sensibilisation et de maintien dansle milieu ordinaire de travail.Enfin, les associations de personneshandicapées sont nombreuses à proposer leur soutien dans la recher-che d’emploi. C’est le cas de L’Adapt(Association pour la réinsertion sociale et professionnelle des per-sonnes handicapées), créée en 1929.Elle organise depuis presque dix ans la semaine pour l’emploi despersonnes handicapées. L’associa-tion met également en place desjob dating, successionsde têtes à têtes de douzeminutes entre un em-ployeur et un candidat.L’Adapt situe ce type de ren-contre au cœur de ses préoccupa-tions car il permet au recruteur dedépasser le handicap pour ne pluss’attacher qu’aux compétences de lapersonne. ■

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“Depuis deux ans, Handipass a créé un atelier de recherche d’emploi quipermet aux personnes handicapéesd’acquérir des outils pour se situersur le marché du travail. Ils traitent del’entretien d’embauche, pour apprendreà aborder le handicap, étape compli-quée en particulier lorsqu’il ne se voitpas. Les ateliers sont organisés sous

forme de jeux de rôle pour que les demandeurs d’emploi apprennent à se mettre dans la peau d’un employeur.Il existe également, depuis presqueun an, un atelier pour la fonction publi-que. Il permet d’échanger en collectifet de récolter des informations afind’adapter la candidature du deman-deur.”

UN MOT DE...

◆ MARIE-CLAUDE GIRAUD, DIRECTRICE DE L’AGENCE ANPE HANDIPASS

◆ R2H (Ressources humaines et handicap)

◆ ALEPH (Association pourl’emploi des personneshandicapées du Gard)

◆ AFP (Association des paralysés de France)

◆ GIHP (Groupement pourl’insertion des personneshandicapées physiques)

◆ Unisda (Union nationale pour l’insertion sociale du déficient auditif)

(liste non exhaustive)

LES ASSOCIATIONSD’AIDE À L’EMPLOI

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“L es handicapés, peut être plusencore que les valides, ont besoin d’un statut social.Mon métier me donne ce

précieux statut”, témoigne BernadettePilloy, non voyante et paralysée desjambes, qui a créé son emploi d’écri-vain public en 2005, grâce au soutien de l’Association nationale gestion du fonds pour l’insertion professionnelle des personnes han-dicapées (Agefiph). “Il y a encorebeaucoup de préjugés sur les handica-pés qui empêchent leur recrutement.Grâce à l’Agefiph, ils peuvent créer leurpropre emploi”, confirme Pierre Blanc, directeur général adjoint del’agence qui finance la majorité des projets de création d’entreprisespar des handicapés.

ETAT DES LIEUXAujourd’hui, 27 000 personnes han-dicapées exercent une activité indé-pendante. En 2005, plus de 2 600 de-mandeurs d’emploi handicapés ontcréé leur entreprise. Entre 1998 et 2004, le nombre de bénéficiaires de l’aide de l’Agefiph a doublé.Outre un apport de fonds propres(le soutien à la création peut atteindre 10 675 euros), l’association participeau financement d’une formation à la gestion de l’entreprise. Ces aides fi-nancières interviennent en complé-ment des autres aides liées au handi-cap (lire p.66-67) ou liées à la créationd’entreprise : prêts, subventions,allégements fiscaux, mesures pourl’emploi.

BIEN SE PRÉPARERCertes, la création d’activité peuts’avérer payante, mais à conditiond’être bien pensé et bien préparé.Un projet de création d’entreprise ne s’improvise pas, il nécessite unepréparation minutieuse. En effet,le créateur s’expose à des risques financiers, professionnels et person-nels qu’il faut savoir évaluer pour les surmonter. C’est pourquoi tout le

travail préalable à la création est siimportant : il a pour objectif de mettreen lumière les points forts et faibles duprojet afin d’y apporter des réponsesadaptées. Le montage de votre projetpasse par plusieurs étapes :◆ étudier votre marché, identifier

votre clientèle ;◆ prévoir votre outil de travail :

choisir un local et prévoir ses aménagements, déterminer les matériels et équipement ;

◆ chiffrer votre projet et prévoir son financement ;

◆ choisir un statut juridique en tenant compte des implicationssociales et fiscales.

Pour bien réussir cette étape, desconseillers à la création d’entreprisepeuvent vous aider à la fois pour ne pas vous tromper (évaluation,analyse, modifications...) et pourmonter un dossier que vous devrezprésenter aux différents organismessusceptibles de vous soutenir dans la création de votre entreprise :APCE, Réseau des Boutiques de Gestion, Adie, France Initiative Ré-seau, etc. Mieux vaut stopper un projet mal ficelé que de se retrouversur la paille. Quoi qu’il en soit, ce tra-vail approfondi sur un secteur économique donné et le fait d’ap-prendre à monter un projet de bout en bout sont des éléments facilement valorisables auprès d’unfutur employeur.

PÉRENNISER L’ACTIVITÉUne fois l’entreprise créée, l’Age-fiph propose également de péren-niser les projets et de favoriser lemaintien dans l’emploi grâce à unaccompagnement personnalisé desprojets. Il s’agit d’analyser les em-plois possibles et d’évaluer lesaménagements nécessaires pourfaire face à la fois aux évolutionsdu marché mais aussi du handi-cap. Les deux premières annéesde vie d’une entreprise sont engénéral les plus difficiles : diffi-

cultés techniques, commerciales ou de gestion le plus souvent.Lors de cette période vous devezsuivre la montée en régime de votre entreprise en la confrontantaux prévisions que vous aviez éta-blies lors de votre étude préalable. Leregard extérieur d’un spécialiste vous aide à réexaminer régulièrementvotre projet pour résoudre les écartsconstatés et pérenniser votre entre-prise. Le système a fait ses preuves :le taux de pérennité des entreprisescrées par les handicapés atteint 79 %au bout de deux ans, soit 6 points de plus que celles des valides ! ■

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Créez votre activité !La création ou la reprise d’entreprise est un desmoyens, pour les demandeurs d’emploi handicapés, de renouer durablement avec l’emploi.

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N icole Everaert n’a jamaisconnu la peur du changementou de la nouveauté. Elle les recherche même, car ils

sont pour elle des moteurs. Et des nouveautés, Nicole en a à gérer tous les jours ou presque dans une activitéatypique où elle se dit “ni commer-çante, ni hôtelière, mais un mix des deux”.Tout a commencé il y a 25 ans... “VRPdans l’imprimerie en région parisienne,nous avions envie mon mari et moi de faire nos enfants à la campagne”.En 1981, ils partent donc avec un pre-mier bébé “sous le bras”. DestinationGramat, un petit village du Quercy.Après quelques mois consacré à “pou-ponner”, Nicole commence à piaffer :“S’occuper d’un bébé, c’est très bien,mais quand on a l’habitude de voir dumonde, ça ne suffit pas”, résume-t-elle.

Elle trouve donc un nouveau travailcomme agent d’assurance. Pendant 20ans, la vie de Nicole suit son cours. Undeuxième enfant, un métier qui luiplaît et un investissement dans le sec-teur associatif, puis dans la vie politiquelocale. “C’était passionnant, se sou-vient-elle. Mon métier, même s’il meplaisait, était assez limité question nou-veautés”. En devenant élue municipale,Nicole voit naître ses projets : créationd’un cinéma,d’une bibliothèque...

REPRENDRE SA VIE EN MAINMais en 2001, “le jour d’un banalcontrôle gynécologique”, tout s’écroule.La mammographie détecte une tumeurcancéreuse au sein,nécessitant son abla-tion totale,avant une nouvelle opérationde reconstruction mammaire. D’arrêtde travail en reconduction, elle finit par être licenciée pour inaptitude : “Jen’étais pas capable de reprendre montravail, ce cancer m’avait complètement

cassée et je ne me voyais pas repartiravec des gens qui me connais-

saient avant”. Pourtant, loinde baisser les bras, Nicole

décide de reprendre sa vie en main. Justement,

depuis quelques temps,elle freinait l’envie de changement de son mari... Amou-reux tous deux desvieilles pierres etdes voyages, possé-dant le goût descontacts, ils envi-sagent de trouverune activité dans letourisme. Un pre-mier projet en Corse

passe, leur échappe.C’est finalement le ha-

sard qui les amène àrencontrer un proprié-

taire pour le moins origi-nal : 30 ans auparavant il a

racheté Castelnau des Fieu-marcon, une petite cité fortifiée

du XIIIe siècle qu’il a reconstruit etrestauré pierre par pierre, à l’ancienne.Il recherche des gérants pour déve-lopper un village de chambres et demaisons d’hôtes.

D’abord sceptique, le couple est néan-moins intrigué. Au point que Nicole,après une première visite, décide devenir seule en observatrice pendantquelques semaines. De l’observationà l’action, il n’y a qu’un pas, qu’ellefranchit allègrement : “On m’a remisune boîte de clés, un bout de planning etje me suis débrouillée pour accueillir lespersonnes qui venaient”. Dans ce cadreunique au cœur du Gers, le projetprend des allures nouvelles, sembleréalisable. Ils décident de se lancer et de mettre sur pied un projet.

DES DÉFIS MULTIPLESAccueil,prospection,organisation d’évé-nements allant du mariage au congrès,en passant par le lancement presse d’unproduit, gestion des 12 maisons ou des espaces verts... le couple doit faireface à des défis multiples. “Il a fallu se bouger pour être capables de faire ça. On est parti de zéro sur le plan commercial, mais désormais on a desarguments !”, affirme Nicole. Après la première année test, son mari quittele mi-temps qu’il avait conservé et tousdeux s’investissent pleinement dansune activité enthousiasmante.S’ils ne seversent pas encore un “salaire extra”,ils parviennent désormais à en vivre et ont même embauché deux salariés.Ils projettent de recruter cette annéedeux autres emplois à temps partiel.Surtout, Nicole a renoué avec l’épa-nouissement : elle qui se sentait dimi-nuée depuis son cancer, n’a aujour-d’hui plus du tout l’impression d’êtrehandicapée : “Je me demande si j’auraissauté le pas si je n’avais pas eu ce cancer,car j’étais bien dans ce que je faisais.Mais franchement, je ne regrette pas car ce qu’on vit est passionnant !” ■

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“On est parti de zéro !”Nicole Everaert, 50 ans, gérante d’un village de maisons et de chambres d’hôtes

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