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PATRICK PUGIN

AURÉLIE LEBREAU

Le plateau de la gare de Bulle se seramétamorphosé d’ici à 2025. Cet im-mense secteur de 70000 m2 – soit au-tant que le centre historique de laville – se prépare à radicalementchanger de visage. Exit remises et ga-rages. «Cette zone va perdre sa voca-tion industrielle pour devenir plus rési-dentielle», annonçait hier à la presseVincent Ducrot, directeur des Trans-ports publics fribourgeois (TPF), pro-priétaires des deux tiers du périmètre.A terme, ce sont pasmoins de 700 à 800logements qui doivent y être construits.Un potentiel de plus de 2000 habitants.

Les deux gares – ferroviaire etroutière – seront déplacées. Toutcomme les voies et les quais. Diffé-rents éléments déclencheurs expli-quent cette mue: «Le RER connaît untrès fort développement et conduit àune forte fréquentation de la gare. Aterme, nous devrons passer à destrains plus longs, pour lesquels lesquais actuels ne sont pas adaptés», in-dique Vincent Ducrot. Et ces quais –également plus larges – ne peuventpas être construits dans la courbe oùse situe actuellement la gare.

Deuxième point: la loi sur les han-dicapés impose la mise en conformitédes installations d’accueil des clients:

«Nous devons par exemple assurerdes accès sans barrière ou créer desquais qui soient utilisables en fauteuilroulant», expose le directeur des TPF.Enfin, ces évolutions permettront lamodernisation des installations desécurité.

Huit bureaux travaillentComment s’articulera le nouveau

quartier, où s’épanouiront les futuresgares? Aucune idée pour l’heure.«Nous n’avons volontairement pas deréponses», se plaît à relever VincentDucrot. Car les propriétaires – TPF,ville de Bulle, Fenaco, La Poste et troisprivés – ont choisi la voie du mandat

d’étude parallèle (MEP) pour les gui-der: huit bureaux travailleront ainsi,jusqu’en février 2013, sur le projet.Avec une très vaste liberté. Seulecontrainte ou presque: l’impossibilitéde modifier la position des nouvellesinfrastructures ferroviaires (voies etquais). «Cette procédure nous per-mettra de recueillir un maximumd’idées», apprécie le directeur desTPF. Trois bureaux seront ensuite rete-nus pour peaufiner les détails.

Certitude, les activités industriellesdes TPF quitteront le plateau de la gareau fur et àmesure. «Cela n’a plus de sensde les conserver au centre-ville», estimeVincent Ducrot, indiquant que la plu-part d’entre elles migreront vers la zoneindustrielle de Planchy.

Egalement des emploisMais l’habitat n’est pas tout. Sur les

quelque 150000 m2 de surface deplancher constructibles, 20000 m2

seront consacrés à des bureaux et20000 m2 à l’artisanat ou aux infra-structures publiques. Que rapporteral’opération aux TPF, qui ont acquis cesterrains voici plus de 100 ans pourquelques centimes? «On peut estimerle prix du terrain au centre de Bulleentre 600 et 700 francs le mètre carré»,rapporte Me Damien Piller, représen-tant de Fenaco et des propriétairesprivés. «Mais il convient de retrancherde ce montant les frais de démantèle-ment des infrastructures», nuanceVincent Ducrot. Qui souligne qu’unedépollution sera sans doute néces-saire. «Ce qui grèvera également la va-leur du terrain. Reste que le potentielest énorme.»

Et le directeur des TPF d’envisagerun futur quartier «très urbain», où s’ins-talleront des usagers des transportspublics… Ou, en une sentence: le trans-porteur fribourgeois construit des im-meubles pour remplir ses trains. I

LA LIBERTÉ JEUDI 4 OCTOBRE 2012

RÉGIONSJEUDILa place de la Gare

sera réaménagée

1112 ÉGLISE Votation populaire reportée14 PRO FRIBOURG Le boulevard de Pérolles au XXe siècle15 TAVEL Lemusée renouvelle son exposition15 LAC-NOIR Le réveil du dragon!17 RIAZ La vente du terrain pour le CO est acceptée18 PAYERNE Une nouvelle identité visuelle à la ville

PlacedesAlpes

Avenue de la Gare

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Glas

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Place de la Gare

Place de la Gare

Chemin des Préalpes

Routede la Pâla

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Chemin des Crêts

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GAREACTUELLE

LA POSTE

REMISE DESVOIES ÉTROITES

Propriété des TPF

3 propriétaires privéset la Fenaco

Surface totale = 70387 m2

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BULLE – PÉRIMÈTRE DU FUTUR QUARTIER DE LA GARE

L’opérationqui changera la facede lavilleBULLE • Le plateau de la gare du chef-lieu gruérien – 70000mètres carrés – va perdre sa vocation industriellepour se muer en quartier résidentiel de plus de 2000 habitants. Les gares routière et ferroviaire seront déplacées.

S’ENDETTERPOUR GRANDIR«Nous n’avons pas les moyens defreiner le développement, alorsnous nous donnons les moyens del’accompagner.» Syndic de Bulle,Yves Menoud salue la procédureretenue – le mandat d’étude paral-lèle – pour esquisser le futur quar-tier de la gare: «Cela nouspermettra de voir dans quelle direc-tion nous voulons aller.»

Accueillir plus de 2000 nouveauxhabitants ne va pas de soi: «Lesinfrastructures doivent suivre»,reconnaît Yves Menoud. Et plus par-ticulièrement les écoles. On sait quela commune – qui achève l’agran-dissement des sites de la Condé-mine et de La Tour-de-Trême –planifie déjà la construction d’unbâtiment au Terraillet, où est appeléà se développer un quartier de2000 à 2500 habitants.«Et nous planchons déjà sur unprojet à l’ouest de la ville», indiqueYves Menoud. C’est-à-dire dansle secteur qui court de la gareà l’arsenal.

«Evidemment il faudra les payer,ces écoles», relève le syndic. Quis’interroge: «Les rentrées fiscalessupplémentaires suffiront-elles?Pas sûr…» Du coup, Bulle devra sansdoute continuer à charger le fardeaude sa dette (135 mio annoncés pour2013) pour régler la note des infra-structures nécessaires à sa pousséedémographique. Et, Yves Menoud nele cache pas: «A fixer des priorités.»

AL/PP

LES TPFVONTMETTRE L’ACCENT SUR L’IMMOBILIER«Vendre une partie de ces terrains? Il n’en est pas ques-tion! C’est un patrimoine extraordinaire qu’il ne faut pasbrader», s’exclame Vincent Ducrot. Pour le directeur desTransports publics fribourgeois (TPF), il ne fait aucundoute que le secteur immobilier de l’entreprise de trans-ports va fortement se développer au cours des prochainesannées.«Comme les CFF nous en possédons déjà un, fort de160 bâtiments, qui pour certains n’ont pas beaucoup devaleur. Mais il est évident que ce domaine est appelé àprendre de l’essor, simplement parce que c’est une vo-lonté très claire du conseil d’administration», expliqueVincent Ducrot.

Construire des immeubles au cœur des villes sur des ter-rains qui leur appartiennent, est-ce là un moyen pour lesTPF de financer la rénovation programmée des gares, dontle coût oscillera entre 250 et 300 millions de francs? «Lesvases communiquants sont interdits», répond Vincent Du-crot. Il y a des comptabilités différentes et intégralementséparées pour les trois divisions de l’entreprise qui sont letrafic, les infrastructures et l’immobilier. «Mais si les TPFsont dans les chiffres noirs, c’est bien grâce à l’immobi-lier», admet-il. Car si les vases communiquants sont logi-quement prohibés, les actionnaires, dont le canton de

Fribourg est le principal, peuvent décider de répartir les di-videndes là où ils le souhaitent. A la rénovation des infra-structures par exemple.

Si le site de la gare de Bulle représente la plus grandeparcelle de terrain que les TPF possèdent au cœurd’une ville, l’entreprise de transports a encore d’autresjuteuses réalisations dans son viseur. Dont le prochaindéplacement de la gare de Châtel-Saint-Denis. «Nous ycomptons 52000 m2 de terrain», précise Vincent Du-crot. Soit un chantier qui se révélera quasiment aussiIMPORTAnt que celui projeté à Bulle. Le directeurégraine encore Estavayer-le-Lac et Givisiez, dans unemoindre mesure et à plus long terme pour ce dernierlieu.

Comment les TPF vont-ils gérer des projets aussi vastes,pour ne pas dire pharaoniques, d’autant plus que cer-tains – et pas les plus petits – se superposeront,comme Bulle et Châtel-Saint-Denis? «Nous resterons uneéquipe restreinte en interne car nous allons beaucoupcollaborer avec des bureaux d’architectes et d’ingénieursextérieurs», conclut Vincent Ducrot. Qui rappelle que lesTPF s’apprêtent à rénover 32 gares en dix ans. Tout unprogramme… PP/AL

Les voies et les quais en courbe, c’est bientôt de l’histoire ancienne à Bulle. VINCENT MURITH