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Rapport Annuel

2010

© J.M. Corhay

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RemeRciements

ce rapport annuel a été réalisé en collaboration avec:Maria Aerts, Alain Baetens, Marc Buys, Jean-Michel Corhay, Marc Deneer, Marc Denys, Lutgarde De Greef, Sophie De Groote, Lieven De La Marche, Erik De Maeyer, Jan De Mets, Erwin De Wandel, Florence Duvieusart, Damien Fontaine, Anne Franklin, Andrée François, Jeroen François, Corentin Genin, Catherine Gigante, Thomas Hiergens, Jacqueline Lienard, Maarten Lievens, Jan Luykx, David Maenaut, Dirk Molderez, Francis Monet, Eddy Nierynck, Guido Raedschelders, Elise Pirsoul, Katja Remane, Luc Risch, Ignace Ronse, Xavier Rouha, Melanie Schellens, Alain Schmitz, Chris Simoens, Cecilia Torrico Ballivián, Geert Vansintjan, Peter Van Acker, Antoon Van Broeckhoven, Annemarie Van der Avort, Marion Van Offelen, Reinout Van Vaerenbergh, Martine Warck

Table des matièresAvant propos 6

Introduction 9

Première partie : La Coopération belge au développement en 2010 11

1. Les Objectifs du Millénaire : progrès et écueils 11

Inégalités croissantes 11

Rendez-vous in New York 13

2. La Belgique préside l’Union européenne 14

Rencontres et Conseils 14

Les Journées européennes du Développement 2010 14

3. Réformer, évaluer, apprendre… pour une aide plus efficace 16

Peer Review de l’OCDE 16

Réforme de l’aide humanitaire 16

La connaissance et la politique en matière de développement s’associent 18

La Belgique en tant que sector lead donor 19

La gestion axée sur les résultats : de la théorie à la pratique 20

Efficacité de l’aide 21

Deuxième partie : La contribution belge aux Objectifs du Millénaire 23

Objectif du Millénaire 1 : l’extrême pauvreté et la faim 25

Etat des lieux mondial 25

La contribution belge 26

Bolivie. ProCAPAS, davantage de travail et de revenus pour les agriculteurs 27

Bolivie. Inca Pallay, « chaque tissu raconte une histoire différente » 28

Mozambique. Une approche intégrée en matière de sécurité alimentaire 29

Mali. L’élevage et les crédits réduisent la pauvreté 30

Ouganda. La paix apporte la prospérité 31

Ouganda. L’ONG belge Trias aide les paysans à acquérir plus d’indépendance 32

La nouvelle note stratégique : accent sur l’agriculture familiale et une meilleure efficacité 33

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Objectif du Millénaire 2 : éducation 35

Etat des lieux mondial 35

La contribution belge 36

Bolivie. Formation pratique des jeunes vulnérables 37

Ouganda. Aide budgétaire apportée au ministère de l’Education 38

Education For All : la Fast Track Initiative 39

Outils utiles pour le service environnemental. Interview de Zo Elia Mevanarivo, titulaire d’une bourse du CIUF 40

Objectif du Millénaire 3 : genre 43

Etat des lieux mondial 43

La contribution belge 44

Mali. Les femmes émettent les meilleures propositions pour leur communauté 45

Mali. « Nous vendons plus de blé et de meilleure qualité à Tombouctou ». A la rencontre d’Habibatou Haïdara 46

RD du Congo. La Clinique de la fistule extirpe les femmes de la marginalité 47

Une résolution pour les femmes, la paix et la sécurité. Les femmes sont les forces de maintien de la paix 48

La création d’ONU Femmes. L’égalité des sexes dans le giron des Nations Unies 49

Objectifs du Millénaire 4, 5 et 6 : santé : mortalité infantile, mortalité maternelle et maladies mortelles 51

Etat des lieux mondial 51

La contribution de la Belgique 52

Mozambique. Cohérence au sein de la collaboration universitaire. Le « défi » mozambicain 54

Bolivie. Les investissements dans le domaine de la santé portent leurs fruits à El Alto 55

Bolivie. L’ONG Louvain Développement 56

Bolivie. Programme multisectoriel destiné à lutter contre la sous-alimentation 58

Mali. Les soins de santé dans les régions les plus isolées 59

Ouganda. A la recherche d’une nouvelle dynamique dans les soins de santé 60

Objectif du Millénaire 7 : environnement durable 63 Etat des lieux mondial 63

La contribution belge 64

Bolivie. Stimuler la gestion commune des forêts 66

Bolivie. L’eau et l’assainissement dans les régions isolées 67

Mali. Une gestion intelligente des déchets à Sikasso 68

Ouganda. Amélioration du niveau de vie dans les bidonvilles de Kampala 69

RD du Congo. Une collaboration scientifique plus intense 70

KLIMOS : la connaissance et la politique de développement s’associent 71

Le succès de l’Union européenne à Nagoya. Un instant historique pour notre biodiversité 73

L’année de la biodiversité et zoom sur la RD du Congo 74

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Objectif du Millénaire 8 : partenariat mondial 77

Etat des lieux mondial 78

L’Aide publique au développement belge (APD). Le trajet d’évolution garde le cap 79

Cohérence de la politique. Le développement, plus que la coopération au développement à elle seule 80

Innovation en matière de financement du développement. Réduction du fossé dans le domaine du financement 81

Bonne gestion et renforcement institutionnel. Contre la corruption pour une communauté forte 82

Pays précaires. Mieux définir l’aide 83

La Belgique et le MOPAN. Analyse de l’efficacité au sein des institutions internationales 84

Cohérence nécessaire. Défense, diplomatie et coopération au développement 85

Mozambique. Meilleure perception des impôts 86

Mozambique. Harmonisation de la coopération au développement belge et flamande 87

Mali. La Belgique soutient le processus de décentralisation 88

« La population locale a le droit d’être consultée ». Interview d’Arnaud Chaltin, volontaire des Nations unies en Bolivie 89

Contribution via les institutions financières internationales 91 Introduction 91

La stimulation de la croissance contribue à atteindre les Objectifs du Millénaire. Approche de la Banque mondiale 91

-Interview de Gino Alzetta, administrateur à la Banque mondiale 96

Une relation particulière. Le Fonds monétaire international et les Objectifs du Millénaire 97

- Interview de Willy Kiekens, FMI 98

Troisième partie : Sensibilisation en Belgique 99

Annexes 102

Aide publique au développement belge (APD) 2007-2010 103

Les Objectifs du Millénaire pour le Développement 105

Organigramme de la DGD 106

6 DGD Rapport annuel 2010

Avant-propos

Ces dernières années, la Coopération belge a connu des évolutions radicales. La mise en œuvre de plu-sieurs réformes a mené à une meilleure efficacité de notre aide pour tous nos vecteurs de coopération et a nettement augmenté l’impact de nos efforts de solidarité internationale.

La coopération belge bilatérale s’est inscrite dans le code de conduite européen en matière d’efficacité de l’aide: les principes directeurs de notre coopération sont désormais la spécialisation sectorielle et la coopération déléguée. En ce qui concerne les acteurs indirects, des processus et des structures ont été développés afin de pouvoir faire appel, sur le terrain comme à Bruxelles, à leur spécificité et leur complémentarité et d’éviter une dispersion des efforts.

Au niveau de la coopération multilatérale, la politique actuelle de concentration sera poursuivie. Depuis 2009 des contributions affectées à des projets spécifiques sont systématiquement converties en contri-butions aux moyens généraux de fonctionnement des organisations multilatérales partenaires: ceci accroît l’influence de notre pays dans les organes de concertation avec les institutions partenaires et permet à ces organisations de travailler de manière plus autonome et de réduire les frais de transaction. De même, en 2010, l’aide humanitaire belge a vu se mettre en place d’importantes réformes qui doivent mener à un cadre stratégique et réglementaire global et permettre une gestion optimale des différents financements.

En plus d’une amélioration de la qualité de notre aide, le volume de la Coopération belge au développe-ment est passé de 0,48 % en 2008 à 0,64 % du PIB en 2010, en vue de l’objectif de croissance, inscrit dans la loi de 2002, pour les dépenses de la coopération au développement jusqu’à concurrence de 0,7 % du PIB. Même si l’objectif de 0,7 % n’a pas encore été atteint, ce résultat est le meilleur que notre coopération ait obtenu depuis l’instauration de cet objectif.

Je me réjouis dès lors que le panel de l’OCDE, qui fin 2009 a audité notre coopération au développement, ait félicité notre pays des efforts réalisés. L’OCDE estime que la Coopération belge au développement est, et ce dans plusieurs domaines, un exemple à suivre pour les autres donateurs. L’OCDE attire en particulier l’attention sur l’augmentation des moyens, les réformes et l’engagement déterminé en faveur des pays les moins développés et des Etats fragiles.

La Coopération belge au développement a résolument choisi de jouer la carte de l’Afrique dans le cadre de la lutte contre la pauvreté. Il semble que ces efforts commencent à porter leurs fruits: depuis 2005, la pauvreté en Afrique a diminué de 1 % par an. En outre, l’impact de la crise financière et économique est resté relativement limité dans plusieurs pays africains, grâce à une gestion publique fortement améliorée qui a mené à d’excellentes variables macro-économiques et une résistance suffisante aux chocs externes. Les investissements directs extérieurs dans nos pays partenaires en Afrique subsaha-rienne ont quintuplé, de 6 à 30 milliards USD, dans les dix dernières années : la poursuite du soutien de mesures dont bénéficie le climat d’investissement doit permettre au secteur privé de devenir le moteur du développement durable en Afrique.

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En ce qui concerne les Objectifs du Millénaire (OMD), le sommet des Nations Unies en septembre 2010 à New York a démontré un progrès considérable en matière d’éducation et de lutte contre la pauvreté et la faim. On observe par contre peu de progrès pour les OMD relatifs à la santé. Les résultats globaux masquent également la diversité qui existe entre les pays: plusieurs pays africains n’atteindront pas les OMD en 2015.

Il est de notre devoir de rester disponible en tant que donateur et de soutenir les plus pauvres. Notre pays jouera un rôle actif lors de la quatrième conférence internationale sur les pays les moins dévelop-pés, qui a lieu à Istanbul en mai 2011, et appuie un agenda international orienté vers les besoins et les défis spécifiques à ce groupe de pays.

De plus, lors du sommet sur les Objectifs du Millénaire et durant sa présidence du Conseil de l’Union européenne en 2010, la Belgique a œuvré pour une attention accrue pour les mécanismes de finance-ment innovants en faveur du développement et, plus particulièrement, pour une taxe sur les transac-tions de change. Etant donné que la croissance économique mondiale ne se traduit pas suffisamment par des moyens financiers permettant de relever les défis de la globalisation, nous sommes confrontés à un dilemme de solidarité. Si la communauté internationale n’y apporte pas de réponse, nous risquons d’être confrontés à une instabilité économique et politique qui mettra en péril le développement dans le monde.

En même temps, le monde sera confronté à d’énormes défis suite au changement climatique, qui frapperont d’ abord les populations les plus vulnérables dans les pays les plus pauvres. A Cancún, en décembre 2010, la délégation de la coopération belge a contribué aux résultats positifs du sommet cli-matique. Au cours de 2011, les préparations pour le sommet Rio+20 de 2012, qui tournera autour de la création d’un cadre institutionnel pour le développement durable, débuteront et la Belgique continuera à y jouer un rôle important.

Enfin, le dernier rendez-vous important cette année sera le forum sur l’efficacité de l’aide à Busan, en Corée du Sud. La communauté de donateurs se penchera sur la question de la conversion des principes de l’efficacité de l’aide de la Déclaration de Paris en résultats de développement concrets. Ceci me permet d’attirer l’attention, pour conclure, sur la responsabilité partagée de la communauté des donateurs, d’une part, et des pays partenaires d’autre part, dans la réalisation des objectifs de développement. Une étude de la Banque mondiale a démontré que des pays avec des institutions défaillantes, se trouvent généralement dans le groupe des pays qui sont le plus éloignés des OMD. La bonne gouvernance, la lutte contre la corruption et le renforcement des institutions publiques dans les pays partenaires seront donc également en 2011 des priorités politiques qui pourront compter sur le soutien de la Coopération belge au développement.

Olivier ChastelMinistre de la Coopération au développement

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Afrique du Nord : 1. Maroc2. Algérie

Amérique latine :15. Equateur16. Pérou17. Bolivie

Moyen-Orient :14. Territoires palestiniens

13. Afrique du Sud

Afrique de l’Ouest : 3. Mali4. Niger5. Sénégal6. Bénin

Afrique centrale :7. République Démocratique

du Congo8. Rwanda9. Burundi

Afrique de l’Est :10. Ouganda 11. Tanzanie12. Mozambique

Asie18. Vietnam

Les 18 pays partenaires de la coopération gouvernementale belge

Ce rapport annuel entend démontrer que l’aide belge au développement peut contribuer aux résultats obtenus dans le cadre de la lutte contre la pauvreté. Il en combine deux autres : le rapport annuel de la DGD et le rapport annuel au Parlement sur la contribution belge à la réalisation des Objectifs du Mil-lénaire pour le développement. Le rapport a pour vocation première de présenter des résultats. Il vise à rendre compte de la façon dont les projets de développement peuvent exercer un impact positif sur la vie et le bien-être des personnes. Toutefois, son objectif est également de montrer la complexité de l’aide au développement et de ses domaines, qui empêche parfois des projets rigoureusement planifiés d’atteindre le résultat escompté.

La première partie du rapport expose les gros dossiers, les tendances prédominantes et les grands changements qui ont déterminé le cadre dans lequel se sont déroulées les activités principales de la Coopération belge au développement belge au développement en 2010. Quelle a été la contribution spécifique de la Belgique au sommet des Objectifs du Millénaire pour le développement à New York ? Quels points la Belgique a-t-elle placés à l’agenda international dans le cadre de sa présidence de l’UE ? Comment la collaboration belge au développement tire-t-elle des leçons des évaluations et des plateformes de connaissance ? Que cherche-t-elle à obtenir par le biais des réorganisations internes ? Comment met-elle à profit son expertise spécifique ?

La deuxième partie porte plus spécifiquement sur les huit Objectifs du Millénaire pour le développe-ment. Après avoir dressé un bref portrait de la situation mondiale, le rapport décrit les efforts belges consentis pour chaque Objectif. Il n’est pas réaliste de prouver et de calculer noir sur blanc dans quelle mesure la Belgique a contribué à l’accomplissement des Objectifs du Millénaire pour le développement. Par conséquent, ce rapport souhaite montrer la participation belge via une approche non exhaustive, prise à titre d’exemple. Celle-ci offre un aperçu réel du fonctionnement et des résultats de la Coopé-ration belge au développement.

Différents cas de pays partenaires illustrent cette approche. Les projets, programmes et interviews proposés ont surtout pour but de donner la parole aux personnes de terrain, celles-là mêmes qui res-sentent l’impact de l’aide au développement ou mettent concrètement en pratique la collaboration au développement. Les actions se déroulent surtout en Bolivie, au Mali, en Ouganda et au Mozambique, quatre des dix-huit pays partenaires de la Belgique, avec l’attention nécessaire pour les diverses formes et différents canaux d’aide. Un chapitre distinct se consacre plus particulièrement à la contri-bution que la Belgique fournit par l’intermédiaire des institutions financières internationales.

Enfin, la troisième partie dresse un aperçu d’un certain nombre d’activités afin de sensibiliser le public belge à la collaboration au développement. En effet, l’apport de la population de notre pays contribue également, dans une moindre mesure, au partenariat mondial pour le développement, le but ultime des Objectifs du Millénaire pour le développement.

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Introduction

Les Objectifs du Millénaire pour le Développement

Réduire l’extrême pauvreté et

la faim

Assurer l’éduca­tion primaire

pour tous

Promouvoir l’éga­lité des sexes et l’autonomisation

des femmes

Réduire la mortalité infantile

Améliorer la santé maternelle

combattre le ViH/siDA, le palu­disme et d’autres

maladies

Assurer un environnement

durable

mettre en place un partenariat

mondial pour le développement

Que sont les Objectifs du millénaire ?Dans la Déclaration du Millénaire de l’an 2000, la communauté internationale a décrit 8 Objectifs du Millénaire pour le développement, ou, dans leur forme abrégée Objectifs du Millénaire ou OMD. Cette déclaration impose, d’ici 2015, un ambitieux plan d’amélioration des conditions de vie dans les pays en développement. Au vu du cap précis imposé par les OMD et l’engagement international qu’ils représentent, la Belgique a rapidement adopté les Objectifs du Millénaire en tant que cadre de référence central.

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Inégalités croissantes

Ces 10 premières années consacrées aux Objectifs du Millénaire nous permettent de tirer quelques leçons, dont l’une des plus importantes est le fait que les progrès aient été accompagnés d’une croissance des inégalités, tant au niveau international qu’au sein de nombreux pays. Par rapport au début du millénaire, les opportunités en matière d’éducation, de soins de santé et de travail digne sont réparties de manière moins égale. Par ailleurs, ce sont généralement les mêmes groupes qui pâtissent de la situation : les femmes, les minorités ethniques et les populations rurales. Par conséquent, nous devons continuer de concentrer notre aide dans le domaine de l’égalité des chances et du développement durable.

Une approche unique ne sera à cet égard pas efficace. Plus que jamais, la coopération au développement devra tenir compte du contexte spécifique de chaque pays, région et population. La moindre problématique en matière de développement requiert une approche particulière et des moyens individuels. Nous devons diversifier davantage les solutions que nous proposons.

Première partieLa Coopération belge au développement en 2010

1. Les Objectifs du Millénaire : progrès et écueilsen 2010, il ne restait plus que 5 ans pour atteindre les Objectifs du millénaire, l’occasion donc pour la communauté internationale de faire le point sur la décennie qui venait de s’écouler afin d’établir un inventaire des progrès réalisés dans le domaine des OmD. nous savons désormais que le monde a progressé en la matière, mais également que des efforts plus importants devront être consentis en ce qui concerne certains objectifs. cette évaluation intermédiaire fut par conséquent le moment idéal pour détermi­ner les moyens nécessaires qui permettront à la communauté internationale de concrétiser l’ensemble des objectifs et la manière d’accélérer leur réalisation.

tous les protagonistes s’accordent sur le fait que le bien­être de la population mondiale s’est considérablement amélioré au cours des dix dernières années. Des millions d’êtres humains sortent du gouffre de la pauvreté et ont désormais accès à l’éducation et aux soins de santé, sans oublier l’obtention d’un droit de parole politique. Les progrès économiques sont les plus frappants en Asie, où d’importants résultats en matière de croissance sont très clairement à l’origine de meilleures conditions de vie. Les pays du sud ont également traversé la crise économique sans trop de difficultés. Les nations africaines enregistrent à nouveau une croissance dont les occidentaux ne peuvent que rêver.

néanmoins, ces progrès ne concernent pas toutes les régions et populations. en outre, rien ne nous permet d’affirmer qu’ils sont définitifs. Les phénomènes d’envergure planétaire tels que la mondialisation et le changement climatique exigent une approche différenciée et des solutions innovantes de la part des différents gouvernements.

en ce qui concerne certains Objectifs du millénaire, les progrès enregistrés ne sont à l’évidence pas encore suffisants. La Belgique estime que cette situation est préoccupante. Lors du sommet du millénaire des nations Unies à new York organisé en septembre 2010, notre pays a largement plaidé en faveur d’un profond engagement politique en matière de lutte contre la pauvreté et de développement humain (voir p. 13). en dépit d’une déclaration finale plus vague que prévu, la Belgique ne cessera de fournir des efforts au cours des prochaines années afin d’atteindre tous les Objectifs du millénaire.

12 DGD Rapport annuel 2010

Responsabilité collectiveLa Déclaration du Millénaire de l’an 2000 estime que la thématique des égalités, de la dignité et de la jus-tice est une « responsabilité collective » partagée par l’ensemble des pays et communautés. Ce principe est fondamental. Par ailleurs, il ne faut cesser de souligner la responsabilité des pays en développement. Sans une politique efficace des pouvoirs publics, les moyens mis en œuvre ne peuvent produire tous leurs effets. Les autorités locales doivent exploiter efficacement les moyens d’aide nationaux. Mais il est pour ce faire nécessaire de mettre en place un système de gestion convenable et de lutter contre toute forme de guerre, d’insécurité et de corruption. La Belgique apporte son soutien à ses pays partenaires afin de concrétiser une telle politique.

Mais les pays donateurs ont, eux aussi, leur part de responsabilité. Seul un climat international favo­rable en matière, notamment, de commerce, de transfert de technologie et de migration confèrera un caractère durable aux progrès des pays du Sud. Il incombe dès lors à la communauté des donateurs d’y veiller et de créer les conditions nécessaires. Le huitième Objectif du Millénaire fait par ailleurs clairement référence à ce principe.

La Belgique soutient également cet objectif, raison pour laquelle notre pays poursuit ses efforts afin d’allouer un budget de 0,7 % du RNB en matière de développement. Mais pour la Belgique, la coopération au développement ne se limite pas à ces 0,7 %. C’est pour cette raison qu’elle plaide en faveur d’une taxation des transactions financières internationales, une méthode insuffisamment explorée de nos jours mais qui pourrait être à l’origine de budgets considérables consacrés au développement.

Des résultats durables sont indissociables d’une cohérence politique (voir p. 80). La politique menée, notamment dans les domaines de l’agriculture, du commerce, de la migration et de l’énergie entraîne un impact considérable sur le développement des pays du Sud. Une politique cohérente doit donc permettre d’éviter que les efforts en matière de coopération au développement ne restent vains.

Déclaration de ParisL’application des principes de la Déclaration de Paris sur l’Efficacité de l’Aide représente une contribution essentielle à une aide plus efficace (voir p. 21). A cet égard, les pays en développement doivent prendre leur destin en mains, afin de permettre le renforcement de la propriété et des résultats durables.

Une gestion axée sur les résultats (GAR – voir p. 20) compte parmi les principes essentiels, ce qui signifie que les interventions concrètes s’inscrivent dans un cadre plus large. Les réalisations à court terme (outputs) ne sont pas suffisantes : prenons par exemple la construction d’un pont. Il convient de se poser une question plus générale : pourquoi ce pont a-t-il été construit ? Il s’agit d’un exercice de réflexion caractérisé par des termes : par ex. à moyen et à court terme (outcome) afin de permettre à la population locale de trouver du travail dans la ville, sur l’autre rive. A long terme (impact), pour que les habitants bénéficient de revenus plus élevés afin d’acheter une nourriture de meilleure qualité pour leur famille ou pour que leurs enfants puissent aller à l’école. Une perspective à long terme est fondamentale.

La contribution belgeLa Belgique est-elle capable d’apporter une contribution substantielle dans le domaine des Objectifs du Millénaire ? Nous comptons parmi les petits pays donateurs. De plus, la concrétisation des OMD dépend d’autres facteurs tels qu’une gestion correcte, des institutions efficaces et démocratiques, une répartition des richesses, des investissements privés, etc. La communauté internationale et les pays en développement jouent à cet égard un rôle crucial.

Dans le monde globalisé d’aujourd’hui, le défi du développement des Pays les Moins Avancés n’est pas

seulement une obligation morale. Il est étroitement lié aux questions de paix, sécurité et stabilité internationales.

Madhav Kumar Nepal, Premier Ministre du Népal . Journées européennes du développement, Bruxelles, 6-7 décembre 2010

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On peut donc supposer une contribution belge dans le domain e des OMD, en collaboration avec le pays partenaire et d’autres donateurs, sans oublier une multitude d’autres facteurs.

Rendez-vous à New York

En matière de développement, 2010 restera avant tout considérée comme l’année d’évaluation des Ob-jectifs du Millénaire. La communauté internationale s’est réunie en septembre à New York, a dressé un inventaire des résultats intermédiaires et s’est penchée sur le chemin qu’il reste à parcourir.

En préambule à ce sommet des Nations Unies, des centaines de rapports ont été établis, des débats ont été menés et des notes de politique ont été rédigées. Les pays ont désormais une idée beaucoup plus précise de « ce qui fonctionne ou pas ». Ce sommet a ainsi permis de mettre en place une approche destinée à atteindre plus efficacement les OMD.

Cependant, l’assemblée des Nations Unies ne s’est pas clôturée sur un texte final marquant. Les points de vue des pays du Nord et du Sud restent profondément divergents en matière, notamment, de droits de l’homme, d’égalité entre les sexes, d’aide au développement supplémentaire. Le document final reste dès lors relativement vague. La Belgique a pourtant consenti de nombreux efforts afin de permettre la rédaction d’une brève déclaration prévoyant un engagement politique profond.

Des avancées positivesLe sommet doit-il dès lors être considéré comme un échec ? La Coopération belge au développement n’est pas de cet avis. Nous avons recensé 6 résultats positifs :

- Les 192 Etats membres se sont tous rendus à New York afin de témoigner leur soutien aux Objectifs du Millénaire, ce qui prouve que la lutte contre la pauvreté compte parmi les préoccupations interna-tionales essentielles en matière de développement. Le sommet est à cet égard historique car tel était loin d’être le cas il y a 10 ou 20 ans.

- L’ambiance de travail à New York était extrêmement constructive, très éloignée des tensions qui règnent parfois dans d’autres assemblées. Au lieu de répéter que les pays donateurs ne respectent pas leurs engagements en matière d’aide, les pays en développement ont exposé leurs propres efforts. Tous les pays semblent désormais reconnaître que la concrétisation des Objectifs du Millénaire est une responsabilité collective.

- L’égalité des sexes fut l’un des thèmes récurrents du sommet. Le document final « Keeping the Promise : united to achieve the MDGs » revient à diverses reprises sur les inégalités entre les sexes et sur les femmes en tant que facteur essentiel de développement.

- Le sommet s’est longuement attardé sur les méthodes efficaces sur le terrain et celles qui le sont moins. Le débat a révélé que les progrès sont optimaux lorsque les pays traduisent les Objectifs du Millénaire en stratégies adaptées à leur situation spécifique.

© Rick Bajornas

14 DGD Rapport annuel 2010

- Pour de nombreux pays du Sud, le lien entre la paix, la sécurité, le respect des droits de l’homme et le développement n’apparaît plus comme tabou. Le document final fait clairement la part belle aux droits de l’homme en tant que facteur essentiel permettant d’atteindre les Objectifs du Millénaire.

- Grâce au soutien actif de notre pays, les participants se sont largement penchés sur les nouveaux mécanismes de financement. Un groupe d’experts a pu démontrer au monde entier qu’une taxation des transactions financières internationales est parfaitement réalisable sur le plan technique.

2. La Belgique préside l’Union européenneLa présidence belge de l’Union européenne était placée sous le signe d’une transition rapide vers la structure institutionnelle de « l’après Lisbonne ». Le traité de Lisbonne prévoit que le haut représentant de l’Union pour les Affaires étrangères, catherine Ashton, préside le conseil des Affaires étrangères et fixe son agenda, et non plus la présidence tournante de l’Union. Les compétences ont été redéfinies et les nouveaux rapports testés au cours de l’année 2010.

Rencontres et Conseils

La Coopération belge au développement a organisé fin octobre le premier conseil informel des Ministres de la Coopération au développement depuis l’entrée en vigueur du Traité de Lisbonne. Ce conseil a été placé sous la présidence du haut représentant, montrant ainsi clairement que la coopération au déve-loppement constitue l’un des fondements de la politique européenne. La Belgique a donné la priorité à deux dossiers : l’aide budgétaire globale et les sources de financement innovantes. En novembre, le conseil formel des Ministres de la Coopération au développement s’est penché sur le Livre vert de la Commission européenne, énonçant les principes relatifs à la future politique européenne en matière de développement.

Rencontres internationalesLa Belgique a participé à plusieurs rencontres internationales majeures. Le Sommet des Nations Unies sur les Objectifs du Millénaire a été organisé en septembre à New York. Le Sommet mondial sur la Biodiversité, qui a passé en revue la Convention sur la Biodiversité, s’est pour sa part tenu en octobre à Nagoya (Japon). Notre pays, en collaboration avec l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique, y a joué un rôle essentiel. Lors du Sommet sur le climat organisé en décembre à Cancun, la délégation de la Coopération belge au développement a permis aux négociations de se clôturer sur une note positive.

Les Journées européennes du Développement 2010

Les Journées européennes du Développement sont organisées chaque année à l’initiative de la Commis-sion européenne. Depuis leur création en 2006, ces journées sont devenues la rencontre phare annuelle des professionnels du domaine. En 2010, la Belgique a participé à leur organisation. Nos services ont donc travaillé en étroite collaboration avec les institutions européennes.

Les Journées européennes du Développement sont un forum d’échange unique sur les questions et les enjeux de la coopération au développement. Pas moins de 5000 personnes issues des quatre coins de la planète ont participé aux débats et ont ainsi pu élargir leurs connaissances à propos des sujets brûlants de la coopération internationale.

A BruxellesLes Journées européennes du Développement se sont déroulées à Bruxelles les 6 et 7 décembre. Les débats se sont articulés autour des thèmes suivants : le Livre vert sur la politique de développement de la Commission européenne, l’Agenda de l’efficacité de l’aide et les réformes institutionnelles liées à l’entrée en vigueur du Traité de Lisbonne.

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La Belgique a organisé deux panels politiques de haut niveau :

1. Le panel Post­Lisbonne qui portait sur les réformes de l’aide européenne liées à l’entrée en vigueur du Traité de Lisbonne;

2. Le panel PmA qui traitait de la nécessité de continuer à accorder une attention particulière aux Pays les moins avancés (PMA), et notamment à l’Afrique.

Nous avons également organisé deux séminaires techniques portant sur des thèmes chers à la Belgique : l’efficacité de l’aide et la Domestic Accountability (responsabilisation nationale) ainsi que le travail des enfants dans le secteur du cacao.

Pour le grand publicÀ travers le Programme public, les Journées européennes du Développement s’adressaient également aux citoyens en leur proposant une dizaine d’événements socioculturels, pour la plupart gratuits, en rapport avec la solidarité internationale. Défilé de mode, concerts, films, ateliers, expositions, spectacles de danse et concours ont ainsi été organisés à divers endroits de Bruxelles et de sa périphérie. Ce pro-gramme a été organisé et financé par la Coopération belge au développement.

Grâce à son « format ouvert », le forum permettait à tous de participer : ONG, chefs d’entreprise, uni-versités, responsables politiques, membres du parlement, institutions internationales, autorités locales, représentants des médias, jeunes, etc. Les groupes de discussion étaient équilibrés, tant sur le plan de la représentation hommes-femmes que sur celui de l’origine géographique.

© DGD / Dimitri Ardelean

Quelques chiffres sur les Journées européennes du Développement5.000 participants issus de 125 pays2 jours d’échange de points de vue et de débats250 orateurs15 panels de haut niveau et 35 séminaires110 stands au cœur du « Village du développement », le salon des experts10 jours d’événements socioculturels à Bruxelles

16 DGD Rapport annuel 2010

3. Réformer, évaluer, apprendre… pour une aide plus efficaceAu cours des dix dernières années, la Belgique a consenti des efforts considérables afin d’amé­liorer la qualité de l’aide au développement. Les besoins des pays en développement occupent à cet égard une place prépondérante. ce constat ressort notamment des trois plateformes de recherche qui soutiennent nos services en matière de connaissances et de préparation des poli­tiques. en 2010, la gestion axée sur les résultats (GAR) a de plus en plus fait office de fil conduc­teur. en outre, l’OcDe a évalué la coopération belge au développement et nous constatons une combativité renforcée au niveau des actions humanitaires. La Belgique a joué le rôle dans 13 pays partenaires sur 18 de « sector lead donor » pour la communauté de donateurs.

Peer Review de l’OCDE

Tous les 4 ans, le Comité d’aide au développement (CAD) de l’OCDE procède à une évaluation de la coo-pération au développement de tous les Etats membres. Son rapport formule alors des recommandations destinées à améliorer le fonctionnement de la politique en matière d’aide au développement. En 2010, cet examen a eu lieu sous la houlette du Canada et de la Suisse. Le Peer Review a duré 9 mois et, outre un programme intensif à Bruxelles, comprenait une visite au Burundi.

Le CAD se réjouit de la volonté belge d’allouer un budget de 0,7 % de son RNB à l’aide au développement et de son souhait d’améliorer son niveau de qualité, surtout en pleine crise économique mondiale. Les réformes récentes menées par la Belgique peuvent compter sur un soutien inconditionnel au sein des cercles politiques et de la société civile. L’aide au développement bénéficie ainsi désormais en premier lieu à nos pays partenaires les plus pauvres. La modernisation de la coopération a débuté il y a deux ans. Elle prévoit un soutien stratégique multilatéral renforcé, des programmes mieux adaptés aux priorités des pays partenaires, de nouveaux accords afin d’être en mesure de renforcer les liens avec les acteurs non gouvernementaux et de mettre en place des méthodes plus efficaces afin d’apporter de l’aide sur le terrain.

RecommandationL’enquête est largement consacrée à l’intervention belge dans les Etats les plus vulnérables. Elle propose la mise en place en Belgique d’une approche interministérielle, visant ainsi une cohérence renforcée entre les divers domaines politiques (commerce, migration, climat…) qui exercent une influence sur le développement des pays vulnérables. Le CAD salue le fait que le budget de l’aide humanitaire belge ait augmenté de 71 % depuis 2004. Lorsque la Belgique aura réformé sa législation, elle sera en mesure de mieux définir les priorités de son action humanitaire et, de ce fait, contribuera dans une plus large mesure à la coopération à long terme.

Selon l’enquête, l’aide belge au développement gagnera certainement en efficacité et en utilité lorsque la majorité des acteurs du domaine du développement auront défini une vision plus commune. La position de la Direction générale de la Coopération au Développement (DGD) doit être renforcée et ce, afin de jouer au mieux son rôle stratégique et de coordination.

L’enquête estime également que la Belgique devrait exploiter davantage son expérience sur le terrain dans le cadre de sa politique en matière de développement. En délégant davantage de compétences décisionnelles aux bureaux locaux, la politique serait en mesure de mieux tenir compte du contexte local et d’améliorer l’efficacité de son administration.

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Réforme de l’aide humanitaire

L’aide humanitaire est différente des autres types d’aide offerte par la Coopération belge au développe-ment. Son seul objectif est de réagir le plus rapidement possible face à une situation d’urgence et ce, indépendamment de la situation géographique ou des intérêts défendus par la Belgique. Le consensus à cet égard repose sur les leçons tirées des crises du passé et guide l’intervention belge.

L’aide humanitaire belge est actuellement en pleine transition. En 2010, la DGD s’est à nouveau vue confier la responsabilité de la gestion de l’ensemble des flux d’aide humanitaire. Les budgets ont été restructurés et un nouveau cadre réglementaire global est actuellement en cours d’élaboration sur la base de la Peer Review et des évaluations et consultations avec les stakeholders et spécialistes nationaux et internationaux. L’étendue, la stratégie, le financement et la gestion sont peu à peu adaptés.

Sur la base d’une évaluation de l’ampleur de la crise, des besoins de la population et des capacités des partenaires humanitaires multilatéraux et des ONG, les pays en proie aux crises les plus graves ont béné-ficié d’une aide plus importante. Les drames humanitaires qui se jouent en République démocratique du Congo, en Afghanistan et au Soudan ont donné lieu, cette année, à une aide belge. Un cadre opérationnel est également disponible depuis cette année permettant à la Belgique d’aider les populations locales à se préparer aux catastrophes.

Mobilisation rapide en cas de catastropheEn ce qui concerne la mobilisation rapide en cas de catastrophe naturelle, la Belgique a poursuivi ses investissements dans des projets destinés à permettre aux populations les plus vulnérables de mieux y faire face. Notre pays a augmenté sa contribution dans certains fonds immédiatement disponibles en cas de catastrophe. Notre contribution au Central Emergency Response Fund des Nations Unies et au Disaster Response Emergency Fund de la Croix-Rouge a ainsi permis de débloquer rapidement des fonds lors du tremblement de terre en Haïti et des inondations au Pakistan, les deux crises majeures de l’année 2010.

La Belgique a également investi dans des projets spécifiques lorsque certains besoins dépassent les capacités des autres instruments. La crise pakistanaise s’est lentement aggravée et l’aide a été apportée en fonction de l’évolution des besoins et selon des processus d’octroi transparents. Le tremblement de terre qui a secoué Haïti a immédiatement dévasté le pays et la Belgique a réagi de manière flexible aux besoins urgents et a établi un agenda coordonné de reconstruction en collaboration avec les partenaires compétents et ce, pour les trois prochaines années.

© FAO

18 DGD Rapport annuel 2010

Groupe de travail européenLa présidence belge du Groupe de travail « Aide humanitaire et aide alimentaire » (COHAFA) s’est prin-cipalement consacrée à l’amélioration de son efficacité. Une attention toute particulière a été por-tée au renforcement du message humanitaire en tant qu’apport pour les décideurs politiques lors de crises humanitaires majeures. Les activités du groupe de travail ont revêtu une importance spéciale pour l’échange d’informations et la coordination européenne durant les catastrophes en Haïti et au Pakistan. En outre, des accords ont été passés concernant une réaction européenne rapide en cas de crise ainsi qu’en matière de négociations d’une nouvelle Convention relative à l’aide alimentaire.

La connaissance et la politique en matière de développement s’associent

Depuis 2009, trois nouvelles plateformes de recherche universitaires apportent leur soutien à la Coopé-ration belge au développement en matière de connaissances et de préparation des politiques. Concrète-ment, les trois projets suivants ont vu le jour dans le courant de l’année 2010.

KLIMOS, la plateforme de recherche sur le climat et la coopération au développement, a mis au point un instrument d’analyse très utile qui permettra dorénavant d’évaluer l’impact et les risques des projets belges de coopération au développement et, le cas échéant, de les adapter. L’instrument a été testé au moyen d’études de cas au Limpopo, en Afrique du Sud. KLIMOS a également fourni à la DGD des infor-mations relatives au suivi du mécanisme REDD, destiné à récompenser les pays en développement qui protègent leurs forêts afin de lutter ainsi contre les émissions de CO2.

Par le biais d’une étude reconnue dans le monde entier placée sous le thème de « l’aide budgétaire et du dialogue politique », la plateforme en matière d’efficacité et de structure de l’aide a apporté une contribution concrète au Livre vert en matière d’appui budgétaire de la Commission européenne. Cette plateforme de recherche a également travaillé sur l’intégration des sexes dans les nouveaux programmes de coopération indicatifs axés sur le développement rural.

La plateforme PULSE, qui étudie l’assise de la Coopération belge au développement, a mené une enquête générale auprès de la population belge. Il est notamment ressorti que les Belges se sentent toujours extrêmement concernés par la pauvreté des pays du Sud mais qu’ils se montrent de plus en plus critiques vis-à-vis de la coopération au développement et de l’allocation du budget.

AssisesLa troisième édition des « Assises de la Coopération belge au développement », lesquelles, avec 400 participants représentent le forum le plus important pour les professionnels belges de l’aide au dévelop-

© DGD / Dimitri Ardelean

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pement, était placée cette année sous le signe du Sommet du Millénaire des Nations unies organisé à New York. Divers orateurs tels que Daniel Kaufmann, Jan Vandemoortele, Andris Piebalgs et Amina Az-Zubair, ont fourni des pistes essentielles qui permettront d’aider à définir le point de vue belge à propos des Objectifs du Millénaire.

La Belgique en tant que sector lead donor

La Belgique a joué le rôle dans 13 pays partenaires sur 18 de « sector lead (ou co-lead) donor » pour la communauté de donateurs. Cela signifie que l’attaché de la coopération internationale préside et gère au niveau du contenu un groupe de concertation sectoriel pour, par exemple, l’agriculture ou les soins de santé et coordonne les donateurs dans ce secteur.

Reconnaissance de l’expertise sectorielleCes groupes de concertation et de coordination sont dirigés soit par le ministère technique du pays partenaire, le scénario idéal, soit par un donateur actif (bi- ou multilatéral). Il s’agit de plateformes de concertation entre donateurs et avec les pouvoirs publics du pays partenaire. Les parties discutent des programmes sectoriels et assurent leur suivi, planifient et coordonnent l’aide et se chargent du dialogue politique. Le « sector lead » est donc un élément du rayonnement belge.

Dans un certain nombre de cas, il s’agit même de la confirmation d’une expertise belge propre à un secteur, par exemple dans le domaine des soins de santé au Rwanda. Lorsqu’il s’agit en outre d’un appui budgétaire sectoriel, le lead se voit également confier une responsabilité (politique) cruciale. L’attaché est alors assisté par un expert du secteur appartenant à la CTB, l’agence belge de développement. Ces méthodes, dans le cadre desquelles la Belgique joue un rôle de lead avec appui budgétaire sectoriel, sont utilisées notamment au Rwanda (santé) et en Tanzanie (administrations locales). Mais la Belgique fait également office de lead sans appui budgétaire, comme dans le domaine de l’agriculture au Bénin et des soins de santé au Burundi et au Niger.

Lead donor arrangementsLa Déclaration de Paris sur l’harmonisation et la coordination de l’aide fait référence au lead donor et lui attribue une responsabilité dans la coordination et la répartition des tâches parmi les donneurs et avec les pays partenaires. Le Code de conduite européen franchit à cet égard une étape supplémentaire et prévoit également des « lead donor arrangements » dans les secteurs prioritaires, notamment afin de diminuer les frais de transaction en matière d’aide. Le lead se voit donc attribuer via la coopération déléguée par les autres donateurs (idéalement silent partners) un mandat lui permettant d’agir en leur nom afin de mobiliser des moyens, en matière de dialogue politique, de suivi et de rapportage.

20 DGD Rapport annuel 2010

La gestion axée sur les résultats : de la théorie à la pratique

En 2010, la Coopération belge au développement a poursuivi ses efforts afin d’introduire la gestion axée sur les résultats (GAR) au sein de la culture d’entreprise.

Choix stratégiquesC’est la raison pour laquelle le SPF Affaires étrangères a posé un choix clair. Le plan de gestion 2010-2013 s’impose notamment comme objectif stratégique le renforcement de l’impact de l’aide belge au développement à travers la gestion axée sur les résultats. Cet objectif a été rendu opérationnel dans le plan de gestion de la DGD et a été transposé dans les plans opérationnels des différentes directions. Cer-tains services travaillent déjà dans ce sens. Cette méthode porte ses fruits et est à l’origine de nouvelles législations, méthodes et techniques.

L’année 2010 a vu la création du successeur du Fonds belge de survie (FBS), le Fonds belge pour la sécurité alimentaire (FBSA). Celui-ci entend contribuer au maximum à l’amélioration de la sécurité alimentaire en Afrique subsaharienne. L’évaluation réalisée en 2008 est à l’origine de recommandations utiles destinées à perfectionner le fonctionnement selon une gestion orientée vers les résultats. L’arrêté royal et la note stratégique qui doivent être approuvés en 2011 reprennent les principes fondamentaux de la GAR.

En collaboration avec les ONGLe dialogue entre la DGD et ses partenaires se concentre également sur une responsabilisation mutuelle renforcée en fonction de la GAR. En mai 2009, les ONG et le ministre en charge de la Coopération au développement ont signé un accord à travers lequel ils s’engagent à accroître l’efficacité de l’aide au développement.

Pour leur part, les ONG s’engagent à systématiser la gestion axée sur les résultats et à rédiger plus régu-lièrement des rapports à propos de leur programme et des résultats de leurs projets. L’efficacité devient dès lors un critère essentiel de l’évaluation des projets des ONG et des programmes de cofinancement.

Certains critères se penchent davantage sur la logique qui se cache derrière les résultats : l’input, les activités, les résultats à court et moyen termes et l’impact (à long terme). Les premiers rapports des ONG, remis en 2010, décrivent systématiquement les résultats.

Orienté sur les priorités du pays partenaireLa Coopération belge au développement analyse également l’efficacité à travers les résultats en matière de développement de ses pays partenaires. Ce principe suppose une orientation sur le dialogue politique, la programmation, le suivi et l’évaluation des résultats. La Coopération belge au développement a rédigé à cet égard de nouvelles instructions et a mis au point de nouveaux instruments méthodologiques.

Ils ont été appliqués au sein des commissions mixtes de 2009. Ainsi, le nouveau Programme indicatif de Coopération (PIC) entre la Belgique et le Pérou se concentre sur deux secteurs : les soins de santé et une politique environnementale durable. Conformément à la Déclaration de Paris, les interventions sont adaptées en fonction des priorités du pays.

Le programme-cadre du pays permet d’harmoniser les différents niveaux de résultats du PIC en fonction des résultats sectoriels du Pérou et des objectifs stratégiques de la politique nationale en matière de col-laboration technique internationale. Un cadre de suivi des résultats reposera sur les indicateurs compris dans les systèmes nationaux.

Ces exemples illustrent les progrès réalisés par la Coopération belge au développement et ses parte-naires afin d’intégrer la gestion axée sur les résultats dans leurs activités.

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Efficacité de l’aide

Des efforts conséquents ont été fournis au cours des 10 dernières années afin d’améliorer la qualité de l’aide au développement. Nous tentons dès lors de trouver de nouvelles méthodes qui correspondent da-vantage aux besoins des pays en développement. Dans le cadre de la Déclaration de Paris de 2005, plus d’une centaine de pays (donateurs et bénéficiaires), d’organisations d’aide multilatérales et d’agences de développement ont accepté d’intégrer à leur politique de développement 5 principes visant à améliorer l’efficacité de l’aide.

1. Appropriation (ownership) : les pays partenaires exercent une réelle maîtrise sur leur politique de déve-loppement et leurs plans de lutte contre la pauvreté. Les pays donateurs acceptent que le pays parte-naire prenne les décisions.

2. Alignement : les donateurs s’engagent à faire reposer l’aide sur les stratégies, institutions et procé-dures nationales. Les donateurs doivent donc éviter de créer des structures parallèles.

3. Harmonisation : les donateurs doivent rationaliser leurs interventions afin d’accroître le niveau d’effica-cité de la coopération au développement conjointe. La transparence et la complémentarité sont à cet égard essentielles.

4. Gestion orientée vers les résultats : l’aide doit être orientée vers les résultats escomptés et les infor-mations doivent permettre d’améliorer le processus décisionnel.

5. Responsabilité mutuelle : les donateurs et les pays partenaires analysent ensemble les résultats des actions. Ils font pour ce faire appel aux mécanismes en vigueur dans le pays partenaire.

Le Programme d’Action d’AccraPlus de 1700 participants se sont réunis en 2008 à Accra (Ghana) à l’occasion du Troisième Forum de haut niveau sur l’efficacité de l’aide au développement. Les membres du forum ont ainsi évalué pour la première fois le niveau de mise en œuvre des principes de la Déclaration de Paris. Le Programme d’Action d’Accra (PAA) a ainsi été rédigé : il s’agit d’une déclaration internationale destinée à soutenir les réformes en vue d’accélérer l’instauration d’une coopération au développement efficace et d’atteindre d’ici 2015 les Objectifs du Millénaire. La PAA se concentre sur les principaux défis techniques et institu-tionnels afin d’appliquer intégralement les principes de la Déclaration de Paris.

- Prévisibilité : les pays donateurs fournissent davantage de garanties aux pays partenaires à propos du nombre d’années durant lesquelles ils apporteront leur aide (aide prévisible). Les pays en développe-ment renforceront le lien entre les dépenses publiques et les résultats.

- Systèmes des pays : les systèmes des pays partenaires, et non plus ceux des pays donateurs, seront utilisés afin de gérer l’aide.

- Conditionnalité : les pays donateurs n’imposent plus leurs propres conditions, ils lient des conditions aux objectifs de développement postulés par le pays en développement.

- Déliement de l’aide : les donateurs élaborent des plans afin de poursuivre le déliement de leur aide.- Lutte contre la fragmentation de l’aide : les donateurs s’engagent à créer le moins possible de nouveaux

canaux d’aide et à mettre en place un système de répartition commun des tâches.- Partenariats : tous les protagonistes sont incités à appliquer les principes de la Déclaration de Paris; la

valeur de la coopération Sud-Sud est reconnue.- Transparence : les pays mettront tout en œuvre afin de créer pour 2010 des évaluations conjointes.

Ce principe exige une plus grande implication du parlement et des citoyens. Les évaluations seront étayées par des preuves fiables indépendantes.

22 DGD Rapport annuel 201022

Les prémisses de Busan 2011Interview d’Isabelle Wittoek, attaché auprès de l’OCDE

Le Quatrième Forum de haut niveau sur l’efficacité de l’aide au déve­loppement se déroulera fin 2011 à Busan, en corée du sud. cet évé­nement doit permettre de franchir une étape supplémentaire dans la mise en œuvre d’une aide au développement plus efficace. Le secteur de l’aide souhaite dresser un état des lieux 5 ans après la Déclaration de Paris. De quelle manière les principes ont­ils permis d’obtenir de meilleurs résultats en matière d’aide au développement ? Quelles sont les méthodes efficaces et qu’est­il possible d’améliorer ?

isabelle Wittoek, Attaché de la coopération internationale à la Repré­sentation permanente de la Belgique auprès de l’OcDe, revient sur les discussions menées en 2010 à propos des objectifs du Quatrième Forum de haut niveau sur l’efficacité de l’aide au développement.

La Corée du Sud organise le Quatrième Forum de haut niveau sur l’efficacité de l’aide au développement. Quelle est la vision de la Corée du Sud à propos du pro-gramme d’efficacité de l’aide au développement ?isabelle Wittoek: « La Corée du Sud compte parmi les nouveaux pays donateurs de l’OCDE et du CAD mais jusqu’il y a peu, cette nation bénéfi-ciait elle-même encore d’une aide. Ce pays est donc un donateur particulier et se considère comme un exemple des nouveaux donateurs du CAD : un donateur qui, il y a peu de temps, était encore lui-même bénéficiaire. Grâce à ce statut, la Corée aborde de nouveaux sujets. L’un des débats les plus animés de 2010, et sur lequel les ONG ont également insisté, se rapporte à la question suivante : « Le forum de Busan ne doit-il pas se concentrer principalement sur l’efficacité du développement et non sur l’efficacité de l’aide ? » La Corée du Sud insiste vigoureusement sur la place de l’aide au sein de la problématique plus élargie du développement et souhaite intégrer « l’aide » au concept plus général de « développement ».

Néanmoins, « l’efficacité en matière de développement » est bien entendu un concept difficile qu’il n’est pas simple de comprendre. Cet exercice n’est pas évident pour les donateurs traditionnels qui se concentrent principalement sur l’aide. Ils ont par conséquent demandé que le forum de Busan se penche d’abord sur « l’efficacité de l’aide » : que s’est-il passé depuis la Déclaration de Paris ? En effet, l’agenda de Paris et le Programme d’Action d’Accra (PAA) n’ont pas encore été entièrement exécutés. En matière de développement, cinq années représentent une perspective relativement courte. »

N’est-il pas un peu tôt pour procéder à une évaluation ?isabelle Wittoek: « Peut-être. Les principes destinés à favoriser une aide efficace et le PAA n’ont pas encore été suffisamment mis en œuvre dans les pays partenaires. Mais la situation commence à évoluer. Les pays en développement prennent de plus en plus de mesures pour mettre en place un cadre propice à une aide efficace. Soulignons que 80 pays ont participé à la troisième évaluation de la mise en œuvre des principes.

Les objectifs de « Busan » sont ambitieux. L’attention ne se concentrera peut-être pas tant sur l’application des principes de Paris mais plutôt sur leur contribution en matière de résultats dans le domaine du développement. La pression de la société civile a favorisé cette évolution. Elle était déjà large-ment plus impliquée à Accra (HLF3 en 2008) qu’à Paris (HLF2 en 2005). Les ONG ont donc finalement élargi le débat. »

L’élargissement des discussions entraîne de nom-breuses questions. Cela ne risque-t-il pas de troubler la nature des débats ?Wittoek: « Dans certains cas, mais la question essentielle reste : de quelle manière l’aide contribue-t-elle au développement ? Les partenaires en-tendent dresser un inventaire précis du rôle de l’aide en matière de dévelop-pement et veulent pouvoir le mesurer. Il s’agit d’une tâche complexe. Mais il ne faut pas pour autant remettre en question les principes de Paris. Nous ne voulons pas que « Busan » se clôture sur une nouvelle Déclaration, de nouveaux principes ou un nouvel engagement majeur. Nous souhaitons sim-plement un resserrement et un approfondissement des principes actuels. »

Il ne s’agit donc pas d’un simple dialogue Nord-Sud.isabelle Wittoek: « Tout à fait, la Déclaration de Paris était un dialogue Nord-Sud, entre les pays en développement et les donateurs. Depuis 2010, nous assistons également à une coopération Sud-Sud. Les donateurs doivent alors apprendre à faire un pas en arrière car les pays du Sud dia-loguent entre eux sans les pays donateurs. Personne ne sait dans quelle voie la coopération Sud-Sud s’engage. Sa plus-value par rapport à la coopération classique Nord-Sud reste floue. »

Qu’en est-il des principes en matière d’aide efficace au sein du dialogue Sud-Sud ?isabelle Wittoek: « Le dialogue Sud-Sud au sein des Nations Unies n’a que peu d’égards pour les principes de Paris. Il se caractérise par un ton diffé-rent, plus radical. De plus en plus de pays en développement se demandent à quel moment l’aide cessera : ils ne veulent plus en bénéficier car elle les rend dépendants et indigents. Ils préfèrent se débrouiller. Le Rwanda est un bel exemple en la matière. »

© DGD / Thomas Hiergens

Depuis 2010, nous assistons également à une coopération Sud-Sud. Les donateurs

doivent alors apprendre à faire un pas en arrière car les pays du Sud dialoguent entre eux sans

les pays donateurs

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Deuxième partieLa contribution belge aux Objectifs du Millénaire

24 DGD Rapport annuel 2010

© Bill & Melinda Gates Foundation

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Objectif du Millénaire 1Bannir d’ici 2015 l’extrême pauvreté et la faim ­ Réduire de moitié la proportion de la population dont le revenu est inférieur à un dollar par jour­ Réduire de moitié la proportion de la population qui souffre de la faim

Situation actuelle dans le monde

Les faits en bref- Le nombre de personnes vivant sous le seuil de pauvreté interna-

tional, fixé à 1,25 dollar par jour, est passé de 1,8 milliards à 1,4 milliards entre 1990 et 2005.

- La proportion de personnes vivant dans une extrême pauvreté dans les régions en développement est passée de 46 % à 27 %. On est donc sur la bonne voie pour atteindre la cible mondiale.

- Environ un enfant de moins de cinq ans sur quatre souffre d’in-suffisance pondérale dans le monde en développement, au lieu de près d’un sur trois en 1990.

L’extrême pauvretéLe monde est sur la bonne voie pour atteindre la cible des OMD visant à réduire de moitié, entre 1990 et 2015, la proportion de la population vivant avec moins d’un dollar par jour. Dans les régions en développement, le taux de pauvreté global est passé de 46 % en 1990 à 27 % en 2005. Les progrès sont soutenus dans beau-coup de pays en développement, et ce en dépit des revers dus au ralentissement économique de 2008-2009 et des effets des crises alimentaire et énergétique. Cependant, même si ces tendances po-sitives se poursuivent, en 2015, quelque 920 millions de personnes continueront de vivre sous le seuil international de pauvreté que la Banque mondiale a relevé à 1,25 dollars par jour en 2008.

Les succès remportés jusqu’à présent sont largement dus à des avancées extraordinaires en Asie, et principalement en Asie de l’Est. En un quart de siècle, le taux de pauvreté en Asie de l’Est a dégringolé pour passer de près de 60 % à moins de 20 %. Le taux de pauvreté devrait être ramené à environ 5 % en Chine et à 24 % en Inde d’ici 2015. Par contraste, la réduction de l’extrême pauvreté a peu progressé en Afrique subsaharienne, où le taux de pauvreté n’a que très peu baissé, puisqu’il est passé de 58 à 51 % entre 1990 et 2005. L’Afrique subsaharienne, l’Asie de l’Ouest et certaines régions d’Europe de l’Est et d’Asie centrale sont les rares régions qui ne devraient pas atteindre la cible OMD de réduction de la pauvreté.

La faimLe pourcentage de personnes qui souffrent de la faim diminue, mais à un rythme peu satisfaisant. Même si la proportion de ceux qui souffrent de la malnutrition et de la faim a diminué depuis le début des années 1990, les progrès stagnent depuis 2000-2002. On estimait en 2010 à 925 millions le nombre de personnes qui souffraient de faim chronique, un chiffre inférieur à celui de 1,023 milliards enregistré en 2009 mais supérieur à celui de quelque 815 millions, représentant les personnes sous-alimentées en 1990.

De 1990 à 2008, la proportion d’enfants de moins de cinq ans souf-frant d’insuffisance pondérale est passée de 31 % à 26 % dans les régions en développement, avec des succès plus marqués en Asie de l’Est, surtout en Chine. En dépit de ces améliorations, les progrès actuels ne sont pas assez rapides pour atteindre la cible OMD, et il est nécessaire de se concentrer sur l’Asie du Sud. Cette région abrite à elle seule près de la moitié des enfants dénutris de la planète. Dans toutes les régions en développement, les enfants des zones rurales risquent près de deux fois plus de souffrir d’insuf-fisance pondérale que ceux des zones urbaines.

Tout programme d’aide menant à la

dépendance est un signe d’échec, et non

un succès. L’aide doit se rendre inutile à

long terme.

Donald Kaberuka, Président de la Banque Africaine du Développement. Journées européennes du développement,

6-7 décembre 2010

26 DGD Rapport annuel 2010

La contribution belge

La sécurité alimentaire au premier plan

En 2008, la Belgique s’est engagée à accroître la part de son budget dédié au développement qui est consacrée à l’agriculture et à la sécurité alimentaire de 10 % en 2010 à 15 % en 2015. Notre pays a tenu parole : le budget se trouve actuellement aux alentours des 12 % et constitue un exemple pour les autres donateurs.

Voici un aperçu de certaines mesures et des résultats obtenus :- Mise en œuvre du nouveau Fonds belge pour la sécurité alimentaire (FBsA), successeur du

Fonds belge de Survie, dont le budget prévu s’élève à plus de 250 millions d’euros sur 10 ans. Afin de tester sa nouvelle structure et son fonctionnement, le fonds a introduit un programme-pilote au Mozambique (voir p. 29 cas 3) et au Mali.

- Développement du secteur privé dans le domaine de l’agriculture grâce à l’intervention de BiO, société belge d’investissement pour les pays en développement.

- Augmentation du budget belge alloué à l’aide alimentaire et révision de la Convention sur l’aide alimentaire.

- Les contributions au Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale (GcRAi). Ce groupe mène des recherches scientifiques afin de développer une sécurité alimentaire durable en faveur des pays pauvres. Depuis quelques années, les contributions ont été sensiblement accrues pour atteindre 9 millions d’euros (2010).

- Le budget alloué au Fonds international de Développement agricole (FiDA) a quasiment doublé au cours de la période comprise entre 2010 et 2012. Il s’élève désormais à 7 millions d’euros par an. Le FIDA octroie des prêts à faible taux d’intérêt dans le cadre de projets agricoles dans des régions pauvres.

Efficacité renforcéeLa Direction Générale de la Coopération au Développement a rédigé une nouvelle note stratégique en matière d’agriculture et de sécurité alimentaire. Elle entend ainsi améliorer l’efficacité et renforcer les synergies entre les divers canaux d’aide. La note émane d’un processus de consultation global et sert de référence aux actions futures dans ce secteur (voir p. 33).

La Belgique a profité de son rôle de présidente de l’Union européenne pour accélérer certains dossiers importants, tels que celui relatif aux fluctuations de prix dans le secteur agricole, à la problématique des droits fondamentaux, au lien entre le changement climatique et l’agriculture/la sécurité alimen-taire. Ces dossiers avaient été inscrits à l’ordre du jour de la 36e session du Comité des Nations Unies de la Sécurité alimentaire. L’UE a joué un rôle essentiel au cours de cette réunion.

Le Fonds belge pour la sécurité alimentaire en brefObjectif : la sécurité alimentaire sous toutes ses facettes : disponibilité, accès, stabilité, usage...Terrain d’action : Afrique subsaharienne, de préférence au sein des zones en proie à une impor-tante insécurité alimentaireGroupe cible : les populations les plus vulnérablesDurée : 2010-2022Budget : 250 millions d’eurosFinancement : la Loterie Nationale et la Coopération belge au développementMise en œuvre : Agence belge de développement (CTB), des ONG belges et des organisations multilatérales telles que la FAO et le FIDAInitiateur : le Parlement belgePrédécesseurs : le Fonds de survie pour le tiers monde (1983-1998), le Fonds belge de Survie (1999-2009)

27

BolivieCAS 1

ProCAPAS, davantage de travail et de revenus pour les agriculteurs

Les régions rurales boliviennes sont en proie à une pauvreté ex-trême et le département de Chuquisaca n’est pas épargné. La lutte contre la pauvreté compte parmi les priorités du gouvernement bolivien. L’agence belge de développement CTB souhaite collaborer avec le gouvernement afin d’améliorer la qualité de vie des petits paysans des communes de Sucre Rural, Yotala et Poroma. Elle a donc introduit en 2009 le Programme de Chaînes de production durables (ProCAPAS), lequel entend, d’une part, stimuler de ma-nière dynamique les activités agricoles et, d’autre part, favoriser la sécurité alimentaire dans ces régions isolées. Les opportunités d’emploi et en matière de revenu d’environ 1800 ménages sont accrues grâce à une stimulation du secteur des fruits et légumes.

Le programme est entré en vigueur fin 2010 à travers l’introduction de variétés de plantes et de techniques de production améliorées. Les paysans ont bénéficié de moyens supplémentaires et ont éga-lement reçu des outils plus performants.

témoignages des paysans bénéficiant du programme ProCAPAS

« Notre terre est bonne, nous nous en occupons comme de nos enfants. Mais le climat nous joue parfois des tours. Ce n’est plus comme avant. Lorsqu’il ne pleut pas, nous avons travaillé inutilement. » (Cirilo Vargas)

« Ici, nous cultivons des fruits et des légumes, mais nos plantes ont été touchées par des maladies. Grâce au programme et aux techniciens, nous savons de quelle manière nous pouvons les contrôler et assurer la sécurité de notre production. Ils ont également mis de nouveaux outils à notre disposition. Nous les utilisons chaque jour. » (José Bejarano)

« Ma famille cultive des tomates, nous espérons augmenter notre production grâce à ProCAPAS. » (Guadalupe Miranda)

« Le programme nous a déjà fourni des semences et des insecticides. Les techniciens nous ont appris à améliorer nos plantes. Nous aurons désormais une meilleure récolte et nous pourrons vendre nos produits à un prix plus élevé. » (Darío Solíz)

A travers l’élargissement de la zone cultivable, la culture des fruits ne donnera des résultats qu’à moyen terme. ProCAPAS bénéficie du soutien du programme de sécurité alimentaire (PASA) des autorités boliviennes qui entendent de cette manière stimuler le développe-ment économique local.

© CTB

sucre

28 DGD Rapport annuel 2010

BolivieCAS 2

Inca Pallay, « chaque tissu raconte une histoire différente »

« inca Pallay », une association d’artisans, a acheté avec ses propres fonds un bâtiment destiné à abriter un centre artisanal. Ses membres souhaitaient en effet améliorer la vente de leurs produits. Cependant, l’état délabré du bâtiment risquait de faire échouer les projets de l’association.

La Coopération belge au développement a débloqué des fonds afin de rénover l’infrastructure et 220 artisanes issues de 15 commu-nautés disposent désormais d’un point de vente idéal. De plus, l’endroit se transforme peu à peu en un véritable centre culturel au sein duquel les communautés souhaitent perpétuer la culture Yampara.

inés Zárate est membre de l’asbl Inca Pallay. « Nos grands-parents nous ont transmis leurs connaissances et ils nous ont appris à res-pecter notre culture. Nous n’avons pas oublié leurs enseignements ! Par le passé, nous vendions nos produits, lorsque nous avions de la chance, dans les rues de Tarabuco. Nous avons ensuite travaillé avec quelques magasins, mais les chiffres de vente étaient à chaque fois décevants. Nos familles attachent une grande importance à nos produits. Les bénéfices nous permettent d’envoyer nos enfants à l’école. Mais les revenus liés à l’agriculture sont trop incertains, alors que notre activité de tissage n’est absolument pas influencée par les averses de grêle ou par les rayons brûlants du soleil. »

marciano chambi est lui aussi membre de l’asbl : « La vie est très

rude au milieu de cet environnement rural. Nous gagnons notre vie grâce à l’agriculture et à l’artisanat. La coopération nous permet d’améliorer notre situation. »

ignacio tardío est responsable des ventes au magasin Inca Pallay à Tarabuco. « Le dimanche, nous réalisons un chiffre d’affaires de 5.000 bolivianos (environ 500 euros). Le centre est très important pour nous car il nous permet d’exposer nos produits. »

Le centre a permis aux artisanes de stimuler leurs activités. Elles ont développé une vision commune et l’infrastructure est à l’ori-gine d’un renforcement de leurs capacités d’entreprenariat. Nous remarquons un impact économique certain, non seulement chez les producteurs mais également dans toute la région. Ils sont devenus plus compétitifs, plus créatifs et plus autonomes. Ils se créent ainsi des moyens d’échapper à la pauvreté.

© CTB

sucre

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MozambiqueCAS 3

Une approche intégrée en matière de sécurité alimentaire

La nouvelle loi sur le Fonds belge pour la Sécurité Alimentaire a été votée en janvier 2010. Désormais, la Belgique commence par rédi-ger pour chaque pays une note de stratégie et ce, en collaboration avec les autorités du pays concerné et tous les acteurs intéressés.

Un projet-pilote a été introduit au Mozambique et au Mali afin de mesurer les probabilités de succès de cette nouvelle approche. nico Bakker est consultant indépendant et décrit l’approche suivie au Mozambique.

« Une zone d’intervention destinée au futur programme a été identifiée au Mozambique entre avril et juin 2010, à l’initiative de la Coopération belge au développement. Le choix repose sur des analyses menées par l’Institut national de Sécurité alimentaire (SETSAN) dans les districts les plus défavorisés du Mozambique. Des agences des Nations Unies, des ONG belges et l’Agence belge de développement (CTB) ont participé au processus décisionnel. Le Plan national des catastrophes du Mozambique recense les 30 districts prioritaires, dont la majorité se situe dans les provinces de Gaza et d’Inhambane. Parmi les 7 districts sélectionnés, 6 font partie de cette trentaine. Le SETSAN estime que 29.000 habitants de cette zone présentent des symptômes graves d’insécurité ali­mentaire chronique. »

Sur la base des documents disponibles et d’une enquête menée par leurs soins, Nico Bakker et sa collègue Sophie Teyssier ont procédé à une analyse des causes principales de l’insécurité alimentaire dans cette région. Nico Bakker : « Le SETSAN constate que l’insé-curité alimentaire est principalement dûe à la faible productivité agricole, à laquelle il convient d’ajouter des facteurs environnemen-taux tels que le changement climatique et les catastrophes (inon-dations et sécheresses), une chute du niveau de fertilité du sol, etc. L’analyse a permis de recenser 4 questions prioritaires : l’eau, l’agriculture, les richesses naturelles et les habitudes alimentaires. Ces facteurs sont indissociables. Nous nous sommes mis d’accord sur les 4 composants du programme au cours d’un atelier regrou-pant toutes les parties concernées : 1) accès à de la nourriture de bonne qualité, 2) production innovante dans le secteur agricole et de l’élevage, 3) meilleure gestion des richesses naturelles et 4) renforcement institutionnel des pouvoirs publics et des paysans. »

La phase pilote rassemble également pour la première fois dans le cadre d’un même programme la coopération bilatérale et le Fonds belge pour la Sécurité alimentaire. Nico Bakker : « L’accès à l’eau constitue le problème principal de nombreuses communautés. Les femmes de Machaze nous ont confié qu’elles devaient parfois

consacrer 10 heures par jour à la recherche d’eau. La commu-nauté manque ainsi d’eau et de temps à consacrer à l’agriculture, à l’éducation des enfants, etc. L’eau devrait dès lors constituer l’un des fondements du projet. Mais les choses ne sont pas aussi simples. Les investissements en la matière ont toujours été consi-dérables mais n’ont, jusqu’à présent, jamais permis d’améliorer de manière significative la problématique de l’insécurité alimentaire. Si, en outre, nous n’avons aucune garantie en matière d’entretien des installations, ces investissements sont vains. Nous proposons donc des investissements et des activités dans le domaine de l’eau pour chacun des quatre composants mais nous suivons toujours une approche intégrée claire en matière de sécurité alimentaire. »

© Nico Bakker

maputo

30 DGD Rapport annuel 2010

MaliCAS 4

L’élevage et les crédits réduisent la pauvreté

L’agronome belge d’origine burundaise, Jean mbayahaga, qui est également assistant de projet auprès de l’Agence belge de dévelop-pement CTB, explique la situation difficile. « La région de Menaka est victime depuis 1970 de périodes récurrentes de sécheresses. 85 % des bovins n’y ont pas survécu. Le soutien apporté aux éle-veurs du zébu azawak contribue directement à la réduction de la pauvreté dans le nord du Mali. »

Le zébu azawak constitue la nourriture de base de la communauté des Touaregs, qui consomme principalement des produits laitiers. Les vaches laitières de cette race comptent parmi les meilleures du Mali. Le potentiel de production d’une vache suffisamment alimen-tée est compris entre 4 et 8 litres, voire 10, par jour.

Près de 400 ménages ont à nouveau reçu du bétail (quatre gé-nisses, un taureau et un dromadaire). Jean Mbayahaga nous ex-plique le système de crédit. « Ces familles peuvent rembourser les animaux en argent liquide ou avec le même nombre de bêtes après quatre ans d’élevage. Ce système permet de mettre en place des activités durables après la fin du projet. Le taux de remboursement est excellent, il atteint 94 %. Grâce à ces moyens, un fonds destinés à promouvoir l’élevage a pu être créé. Sa gestion est confiée à une institution spécialisée dans la microfinance. »

Jean Mbayahaga a formé les éleveurs et leur a apporté son aide afin qu’ils puissent se réunir. Ces coopératives d’éleveurs d’azawak gèrent un stock de nourriture pour bétail et de produits vétéri-naires. Cette stratégie s’est révélée payante durant la sécheresse 2009-2010. « Les éleveurs ont appris à établir un bilan comptable. Je viens de les encourager à épargner leur argent et à attendre que les prix soient au plus haut avant de vendre leurs meilleures bêtes.»

Jean Mbayahaga est actuellement responsable d’un nouveau projet de soutien aux éleveurs de zébus Maure à Nara, à proximité de la frontière mauritanienne.

© CTB / Jan Locus

Bamako

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OugandaCAS 5

La paix apporte la prospérité

« Il y a quelques années une majorité de la population du nord de l’Ouganda vivait encore dans des camps protégés. Des rebelles itinérants de la Lord’s Resistance Army (LRA) semaient la terreur dans les villages, rendant ainsi la vie impossible. La population dé-pendait donc de l’aide extérieure. Les jeunes ont toujours vécu de cette manière » confie Joris Beckers. Ce Belge travaille en Ougan-da pour les Nations Unies, plus précisément pour le secrétariat du « Northern Uganda Recovery and Development Group », un groupe de donateurs du nord de l’Ouganda qui se réunit chaque mois.

« La majorité des réfugiés ont regagné leur village, où ils peuvent rependre une vie normale. Les habitants apprennent à subvenir à leurs besoins et les anciens membres de la LRA sont réintégrés au sein de la communauté. »

Les revenus de la population sont en hausse. La plupart des habi-tants vivent de l’agriculture. Le commerce avec le Soudan enre-

gistre une forte croissance et représente une source essentielle de revenus. « Une enquête récemment menée par l’Uganda Bureau of Statistics indique qu’entre 2004 et 2008, la pauvreté a nettement reculé dans le nord de l’Ouganda. Mais elle reflète également une augmentation des inégalités en matière de revenus. »

Les pouvoirs publics tentent de réduire le fossé qui sépare cette région du reste du pays et ce, à travers la construction de routes, d’écoles et d’hôpitaux. « Le « software », les professeurs et le personnel médical sont tout aussi importants. Ces professionnels ne sont pas toujours enclins à travailler dans des régions isolées. Les pouvoirs publics tentent donc de rendre le travail dans le nord de l’Ouganda plus attrayant en leur octroyant des logements conve-nables. »

De nombreux efforts sont consentis afin de réintégrer au sein de la société les anciens combattants de la LRA. « Un projet a ainsi été mis en place à Gulu dans le cadre duquel les anciens rebelles sont chargés de gérer conjointement un moulin à maïs. Ils achètent le maïs et le moulent afin de produire du « posho », l’un des ali-ments de base du pays. Mais la réconciliation ne suffit pas, il faut également donner des perspectives d’avenir aux habitants. Il y a quelques années, ces hommes représentaient encore une menace, aujourd’hui, ils sont utiles à la société. »

© UN

Kampala

32 DGD Rapport annuel 2010

OugandaCAS 6

L’ONG belge Trias aide les paysans à acquérir plus d’indépendance

Depuis quelques années, le pouvoir d’achat des Ougandais a consi-dérablement augmenté. Un habitant peut désormais dépenser en moyenne 500 dollars par an. Dans le commerce local, ces 500 dollars représentent 1000 dollars car l’argent sert à acheter des produits bon marché.

L’ONG belge Trias, qui soutient des organisations de paysans ou-gandais, a participé à cette croissance du pouvoir d’achat. Paul Allertz, membre de l’ONG Trias : « En l’espace de trois ans, les pay-sans d’Hoima qui participent à notre projet ont vu leur profit aug-menter de 25 à 200 euros par acre (0,42 ha) de riz en trois ans. »

Trias soutient principalement les organisations agricoles pour la commercialisation de leurs produits. « Concrètement : nous orga-nisons une étude de marché et adaptons la production en fonction de la demande. La production de semences requiert davantage de connaissances mais sa valeur ajoutée est beaucoup plus élevée. Un stockage et un emballage corrects augmentent également la valeur

commerciale et, par conséquent, les bénéfices. »

Trias entretient également des contacts réguliers avec des organi-sations partenaires actives dans l’octroi de microcrédits. Lorsque les paysans participent à un projet de Trias, ils peuvent établir un business plan et utiliser quelques économies. Le système du micro-crédit leur permet de bénéficier de services bancaires réguliers, étape supplémentaire vers leur autonomie.

Les produits de meilleure qualité et l’application d’une stratégie de vente plus efficace sont à l’origine d’une stimulation de l’écono-mie locale. « Kyosaba Abigairi, un paysan d’Hoima, a déjà pu au bout d’un an entamer la construction d’une nouvelle habitation plus saine. Il a également acheté une vache. Ses enfants peuvent ainsi boire le lait mais il est, en outre, en mesure de le vendre et d’aug-menter ses revenus. »

Avec le soutien de la Belgique, Trias développe une structure solide d’organisations agricoles. A terme, les paysans s’occuperont seuls des activités inculquées.

© TRIAS

Kampala

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Nouvelle note stratégique

Accent sur l’agriculture familiale et une meilleure efficacité

Afin de renforcer de manière substantielle les activités belges dans le secteur agricole et de la sécurité alimentaire, la Coopération belge au développement a rédigé en 2010 une nouvelle note stratégique. Ce document tient compte des évolutions couronnées de succès au niveau international, plus précisé-ment la nécessité de renforcer l’efficacité de l’aide. La note décrit également les défis que le secteur agricole devra relever : les fluctuations de prix, l’évolution démographique, l’urbanisation croissante, le changement de modèle de consommation, la pression croissante sur les ressources naturelles, la dété-rioration des conditions de vie et le changement climatique. Elle se termine par une série de domaines d’expertise sur lesquels la Coopération belge au développement peut se concentrer.

Parmi les recommandations principales, citons le fait que la Belgique dirige de préférence ses actions sur l’agriculture familiale afin de renforcer la sécurité alimentaire, de contribuer à une croissance économique durable et à la création d’emplois décents dans le secteur agricole.

Quatre directivesLa note aborde quatre actions prioritaires :

1. Améliorer et assurer la production agricole selon le point de vue du développement durable.2. La commercialisation et la revalorisation de la production, un accès plus aisé aux différents marchés.3. La gestion du secteur agricole : accroître le rôle de coordination, de médiateur et de législateur des

pouvoirs publics, ainsi que celui de la société civile et des associations agricoles.4. L’autonomisation collective et individuelle des paysannes.

Ces objectifs et priorités sont le fruit d’un processus de participation auquel ont pris activement part tous les membres de la Coopération belge au développement et ce, dans le cadre de la Plateforme belge agriculture et sécurité alimentaire.

La note stratégique fera office de référence fondamentale en ce qui concerne les Programmes indica-tifs de Coopération avec nos pays partenaires. Ceux-ci sont ainsi en mesure de se faire une idée claire des domaines dans lesquels la Belgique peut leur proposer toute son expertise et leur offrir une valeur ajoutée. Les interventions du Fonds belge pour la Sécurité alimentaire s’inscrivent également dans ce cadre, à l’instar de la politique belge en matière d’aide alimentaire.Par ailleurs, la note permet également de positionner la Belgique par rapport aux organisations inter-nationales actives dans le secteur.

34 DGD Rapport annuel 2010

© CTB / Dieter Telemans

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Objectif du Millénaire 2En 2015, tous les garçons et toutes les filles iront à l’école Donner à tous les enfants, garçons et filles, les moyens d’achever un cycle complet d’études primaires

Situation actuelle dans le monde

Les faits en bref- Les inscriptions dans le cycle primaire dans les régions en déve-

loppement ont atteint 89 % en 2008, contre 83 % en 2000.- Les progrès actuels sont trop lents pour atteindre la cible d’ici 2015.- Environ 69 millions d’enfants en âge scolaire ne sont pas scola-

risés. Près de la moitié d’entre eux (31 millions) habitent l’Afrique subsaharienne et plus d’un quart (18 millions) l’Asie du Sud.

InscriptionsEn dépit d’importantes avancées dans de nombreux pays, il y a peu de chances que la cible soit atteinte à temps. Les inscriptions à l’école primaire sont en augmentation et avaient atteint 89 % dans le monde en développement en 2008. De 1999 à 2008, la scolarisation a augmenté de 18 % en Afrique subsaharienne et de 11 et 8 % respectivement en Asie du Sud et en Afrique du Nord. Mais les progrès sont trop lents pour que d’ici 2015, toutes les filles et tous les garçons suivent un cycle complet d’enseignement pri-maire. Dans la moitié des pays d’Afrique subsaharienne disposant de données, au moins un quart des enfants en âge de scolarisation n’allait pas à l’école en 2008.

Taux d’abandonLes taux d’abandon restent élevés en Afrique subsaharienne. Assu-rer l’enseignement primaire universel ne consiste pas seulement à garantir que tous les enfants soient inscrits. Il faut aussi qu’ils continuent d’aller en classe. Dans cette région, plus de 30 % des élèves du primaire abandonnent l’école avant d’atteindre la dernière année du cycle.

AccessibilitéDe plus, il est essentiel d’avoir suffisamment d’enseignants et de salles de classe pour répondre à la demande. On estime avoir besoin du double du nombre actuel d’instituteurs en Afrique sub-saharienne pour atteindre la cible de l’éducation primaire en 2015.

36 DGD Rapport annuel 2010

La contribution belge

Priorité à un enseignement de qualité

Cet objectif reste d’actualité. Influencée par des études internationales et de nouvelles conceptions, la Coopération belge au développement lui a conféré une dimension supplémentaire : « Tous les enfants, adolescents et adultes ont droit à un enseignement de qualité qui leur inculque toutes les compétences et connaissances nécessaires pour participer pleinement au fonctionnement de la société. »

Concrètement, l’élargissement de la dimension du deuxième Objectif du Millénaire signifie que

- tous les enfants ont le droit de fréquenter des écoles de bonne qualité et sûres, où ils apprennent à lire et à écrire, à développer leurs aptitudes sociales et à prendre des responsabilités ;

- les adolescents et les adultes ont, eux aussi, droit à une formation de base afin de pouvoir trouver un emploi et générer leurs propres revenus.

Pas moins de 12 % du budget alloué à l’aide au développement sont consacrés à l’éducation et à la for-mation. Il s’agit donc d’un domaine essentiel de la Coopération belge au développement. La moitié de ce budget est destinée à l’enseignement supérieur, c’est-à-dire les universités et bourses d’étude. Le programme international donne davantage la priorité à l’enseignement élémentaire, auquel la Belgique consacre environ 6 % de son budget.

L’éduction en République démocratique du CongoEn 2010, la Belgique a franchi une étape essentielle lui permettant d’investir massivement au cours des prochaines années dans l’éduction et la formation en RDC. Nous apportons principalement notre soutien à l’enseignement professionnel et technique, tant formel que non formel. L’objectif consiste à orienter l’enseignement et les formations en fonction des besoins du marché de l’emploi.

Les projets principaux destinés à l’enseignement primaire sont :

- Fournir des manuels scolaires (2007-2010) : tous les élèves et enseignants de troisième et quatrième années ont reçu un manuel de français et de mathématiques.

- Apprendre aux enseignants à utiliser correctement ces manuels scolaires (2009-2010).- Un programme de soutien au ministère congolais de l’Education afin qu’il puisse mettre sur pied un

système éducatif efficace.

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BolivieCAS 1

Formation pratique des jeunes vulnérables

La Bolivie compte parmi les rares pays dans lesquels des enfants font partie de la population carcérale. Avec leur père et leur mère (les véritables détenus), ils subissent les nombreuses privations et les conditions de vie précaires propres aux prisons. Tel est le quotidien de près de 300 enfants de moins de 6 ans qui résident dans les différentes institutions pénitentiaires de La Paz, la capi-tale bolivienne. Leur développement normal est ainsi gravement hypothéqué. Mais les parents emprisonnés préfèrent tout de même garder avec eux leurs enfants durant leur détention.

Les établissements pénitentiaires ne sont pas prévus pour accueillir des enfants. C’est pour cette raison que l’organisation suma Qamaña offre des formes alternatives d’enseignement, de détente et de temps libres. Grâce à un modèle éducatif alternatif, cette as-sociation crée des programmes pratiques destinés à environ 200 petites filles et petits garçons. Toutes les branches ordinaires sont abordées jusque l’âge de 12 ans. Ensuite, les adolescents suivent le modèle de l’Escuela de Bellos Oficios (enseignement technique) où ils peuvent ainsi atteindre le niveau d’ouvrier qualifié dans le domaine de la couture, de l’horticulture organique, de l’élevage d’animaux, de la poterie, du graphisme et de la cuisine. Une majo-rité des moyens sont consacrés aux équipements de cette dernière orientation.

La Belgique soutient cette association. Son action correspond à l’objectif poursuivi qui consiste à encourager le développement humain, dans ce cas, d’enfants défavorisés.

silvia Álvarez, présidente de l’association  : «J’ai moi-même sé-journé dans une prison et je ne pouvais jamais sortir. Heureusement pour les enfants qui participent à ce projet, de nombreux amis, tels que l’Agence belge de développement, se sont impliqués dans ce rêve. »Les enfants se rendent quelques heures par jour dans ce centre, où ils disposent de tous les outils pédagogiques leur permettant d’étof-fer leurs connaissances, qu’il s’agisse de situations réelles ou hypo-thétiques. « Grâce à ce concept, nous entendons former les individus capables de prendre en main leur propre destin au sein de leur com-munauté. »

© CTB

sucre

38 DGD Rapport annuel 2010

OugandaCAS 2

Aide budgétaire apportée au ministère de l’Education

Jusqu’en 2010, la Belgique a apporté son soutien au ministère ougandais de l’Education à travers divers projets. Notre pays s’est notamment chargé de la rénovation et de la construction d’écoles dans la région de Gulu, zone du nord de l’Ouganda gravement tou-chée par la guerre. En 2008, la Belgique et le ministère ont com-mencé à s’accorder sur une nouvelle approche : la coopération au développement via un soutien budgétaire (budget support dans le jargon), c’est-à-dire un soutien financier direct au ministère concer-né lui permettant de mettre en place ses projets éducatifs. La Bel-gique et d’autres pays donateurs suivent la situation de très près.

Le Commissaire ougandais à la planification du ministère de l’en-seignement, Godfrey Dhatemwa, apprécie cette approche. « Nous appliquons cette formule de soutien budgétaire depuis 1997. Divers principaux donateurs, parmi lesquels les Pays-Bas, le Royaume-Uni et la Communauté européenne, font correspondre leur aide à notre demande, créant ainsi une approche intégrée. Les donateurs apportent une contribution financière et le Ministère de l’Education est chargé d’atteindre les objectifs fixés.  » L’aide financière des pays donateurs représente 30 % du budget alloué à l’enseignement en Ouganda.

En ce qui concerne le secteur éducatif ougandais, la Belgique suit « l’approche portefeuille » : la combinaison d’un soutien budgé-taire et de projets au sein d’un même secteur. Notre pays fait ainsi simultanément appel à divers outils afin d’atteindre ses objectifs. Parmi les buts plus spécifiques, citons le souhait de mettre en place une stratégie destinée à l’enseignement technique et profession-nel et aux formations professionnelles. Outre le soutien budgétaire belge dans ce secteur, un projet plus ciblé concerne la formation des professeurs dans ce domaine et ce, pour les 5 prochaines années. En effet, le gouvernement ougandais estime que le pays compte suffisamment de diplômés de l’enseignement universitaire mais trop peu de professeurs correctement formés dans le domaine technique.

Les principaux indicateurs éducatifs sont prometteurs. Godfrey Dhatemwa : « 95 % des jeunes Ougandais qui doivent suivre l’en-seignement primaire vont à l’école. Le rapport filles/garçons est désormais de 50/50, alors qu’il était de 40/60 par le passé. Ce phénomène est majoritairement dû au soutien des pays donateurs tels que la Belgique. »

Mais la qualité de l’enseignement primaire continue à poser pro-blème. Seuls 54  % des élèves terminent à temps leur dernière année. «  De nombreux élèves du primaire stagnent une ou plu-sieurs années. Ce problème est dû notamment à l’absentéisme des enseignants qui n’est pas suffisamment contrôlé. Mais les parents sont eux aussi responsables, ils n’envoient pas toujours leurs enfants à l’école. Le chemin est encore long. »

L’Ouganda a désormais besoin de main-d’œuvre technique correctement

formée. 

Godfrey Dhatemwa © One for Ten

Kampala

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InternationalCAS 3

Education For All : la Fast Track Initiative

En 1990, une nouvelle impulsion a été donnée à la généralisation de l’enseignement élémentaire grâce à la « Déclaration mondiale sur l’éducation pour tous » (Education for All) dont l’objectif était d’envoyer tous les enfants à l’école. La Fast Track Initiative (FTI) doit aider à atteindre cet objectif plus rapidement.

La FTI est un engagement international destiné à atteindre plus rapidement les Objectifs du Millénaire 2 (éducation) et 3 (genre). Lors de sa création en 2002, la FTI n’était qu’une initiative relative-ment limitée mais elle s’est rapidement transformée en un gigan-tesque partenariat international : 18 pays donateurs et agences de développement multilatérales et régionales soutiennent 43 pays en développement. Des organisations privées et des ONG sont éga-lement représentées sous la houlette de la Global Campaign for Education.

Depuis le début, la Belgique contribue au financement de la FTI. Entre 2003 et 2009, la contribution annuelle belge a atteint 1 mil-lion d’euros. En 2010, ce montant est passé à 5 millions. Parmi les 18 pays partenaires de la Belgique, 7 d’entre eux disposent d’un plan éducatif approuvé par la FTI et bénéficiant d’une aide finan-cière : le Niger, le Mozambique, le Vietnam, le Mali, le Rwanda, le Sénégal et le Bénin.

MozambiqueLe Mozambique a adhéré à la FTI en 2003 et a supprimé les frais de scolarité en 2004. Entre 2002 et 2010, le nombre de nouveaux élèves inscrits est passé de 3,3 à 5,3 millions. Depuis 2008, le pays a construit 3.000 locaux scolaires et 20.000 enseignants ont été engagés.

En 2010, la FTI a décidé d’accorder au Mozambique une deuxième enveloppe de 90 millions de dollars pour les 3 prochaines années.

Outils utiles pour le service environnementalInterview de Zo Elia Mevanarivo, titulaire d’une bourse du CIUF

40 DGD Rapport annuel 2010

Outils utiles pour le service environnementalInterview de Zo Elia Mevanarivo, titulaire d’une bourse du CIUF

Depuis plusieurs années, la coopération belge au développe­ment subsidie la commission universitaire pour le développe­ment au sein du conseil interuniversitaire de la communauté française (ciUF­cUD). chaque année, la cUD­ciUF octroie 150 bourses d’étude et 70 bourses de stage. celles­ci permettent à des personnes issues de pays en développement de suivre des formations (master ou spécialisation) financées par le ciUF et correspondant aux besoins de leur pays. Outre le transfert de connaissances, les formations visent également la rencontre des cultures.

elia mevanarivo travaille à madagascar au ministère de l’en­vironnement. elle est responsable de formation au centre de formation, d’étude et de recherche dans le domaine de la syl­viculture. La bourse du ciUF lui permet d’étudier la gestion de l’environnement à Arlon (Université de Liège).

Pourquoi avez-vous choisi la Belgique?elia mevanarivo : « Le Master en gestion de l’environnement à Arlon constituait la formation la plus pertinente pour mon travail. Il était donc logique que mon choix se porte sur la Belgique. Je m’amuse beaucoup ici, même si je n’ai pas encore eu l’occasion de visiter de nombreux endroits. Je n’ai pas rencontré beaucoup de problèmes à mon arrivée. Je m’adapte à la nourriture, au froid, aux usages locaux. »

Dans quelle mesure cette formation est-elle impor-tante pour votre carrière et votre pays?elia mevanarivo : « Elle est très importante. Nous apprenons une multitude de nouveaux outils tels que la statistique. Le Système d’information géographique (SIG) est lui aussi extrêmement utile. Il nous sert à répertorier et à classer toutes nos données. »

Selon vous, quelles sont les principales différences entre la Belgique et Madagascar ?elia mevanarivo : « Je trouve surtout que tout est propre ici. Mon pays est très poussiéreux et nos voitures émettent énormément de gaz d’échappement. Mais je me suis également rendue au Japon et il y fait encore plus propre. Sur le plan social, je ressens plutôt un sentiment de « chacun pour soi ». Mais bon, tout se déroule pour le mieux. »

Parlez-nous de vos relations avec les membres du groupe.elia mevanarivo  : « L’ambiance est très agréable ! Le groupe se compose principalement d’Africains, mais il compte aussi des Pé-ruviens, des Haïtiens, et même deux Belges. En tant que femme, je suis en minorité. Seules quatre femmes font partie du groupe de 24 personnes. »

Les habitants de Madagascar se préoccupent-ils de l’environnement ?elia mevanarivo : « Oui, quand même, mais ils ne disposent pas de moyens, ils n’ont pas d’alternative. Ils ont besoin des forêts pour survivre et ils doivent travailler leurs terres, même s’ils dégradent le sol. »

Le Master en gestion de

l’environnement à Arlon constituait la formation la plus

pertinente pour mon travail.

La situation politique actuelle à Madagascar in-fluence-t-elle votre travail?elia mevanarivo : « Pas vraiment, la situation s’est stabilisée. Notre ancien président a offert d’énormes quantités de terres à la Corée du Sud mais le peuple s’y est opposé. Cet empiètement foncier a été entièrement stoppé. Certains partenaires, tels que l’USAID, se sont, il est vrai, retirés du pays mais cela n’a aucun effet sur mon travail. »

© DGD / Thomas Hiergens

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42 DGD Rapport annuel 2010

© Banque mondiale / Arne Hoel

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Objectif du Millénaire 3En 2015, les hommes et les femmes auront les mêmes droitseliminer les disparités entre les sexes dans les enseignements primaire et secondaire

Situation actuelle dans le monde

Les faits en bref- En 2008, dans les régions en développement, il y avait 96

filles inscrites en primaire pour 100 garçons, et 95 filles pour 100 garçons en secondaire.

- La proportion de femmes employées en dehors du secteur agricole se maintient à 20 % en Asie du Sud, Asie de l’Ouest et Afrique du Nord.

- Au niveau mondial, la proportion de femmes parlementaires continue d’augmenter lentement et elle a atteint 19 % en 2010. On est encore loin de la parité.

ÉducationLes écarts entre les sexes ont diminué en ce qui concerne l’accès à l’éducation, mais les disparités restent importantes au niveau uni-versitaire et dans certaines régions en développement. Les ratios d’inscription des filles en primaire et secondaire ont nettement augmenté au cours des dernières années. Malgré tout, l’accès à l’enseignement universitaire reste très inégal, surtout en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud. Dans ces régions, le ratio de scolarisation filles/garçons est respectivement de 67 et 76 % dans l’enseignement supérieur. Les taux d’achèvement sont par ailleurs généralement plus bas chez les femmes que chez les hommes.

La pauvreté reste la principale cause d’inégalité dans l’accès à l’éducation, surtout pour les filles en âge d’école secondaire. Dans de nombreuses régions du monde, les femmes et les filles sont obligées de passer de nombreuses heures à aller chercher de l’eau, et il arrive souvent que les filles n’aillent pas à l’école en raison du manque d’installations hygiéniques convenables. Et puis, si elles sont enceintes, beaucoup se voient refuser l’autorisation de conti-nuer leurs études. L’enseignement secondaire est particulièrement important pour l’autonomisation des femmes. Or les filles des mé-nages les plus pauvres sont deux fois plus nombreuses à ne pas être scolarisées à ce niveau que leurs pairs plus riches.

EmploiEn dépit des progrès accomplis, les hommes continuent d’être plus nombreux que les femmes dans les emplois rémunérés et les femmes sont souvent reléguées dans des emplois précaires carac-térisés par des rentrées insuffisantes, une productivité faible ainsi

que des conditions de travail inférieures aux normes. La proportion de femmes occupant un emploi non-agricole rémunéré augmente lentement. En 2008, elle a atteint 41 % au niveau mondial. Elle ne dépasse toujours pas 20 % en Asie du Sud, en Afrique du Nord et en Asie de l’Ouest, et 32 % en Afrique subsaharienne.

Même lorsque les femmes ont un emploi, elles sont générale-ment moins bien payées et disposent d’une sécurité financière et d’avantages sociaux moindres que ceux des hommes. Au niveau mondial, seulement un quart des hauts responsables ou dirigeants d’entreprise sont de sexe féminin. En Asie de l’Ouest, Asie du Sud et Afrique du Nord, les femmes détiennent moins de 10 % des postes de direction.

Représentation politiqueLes femmes acquièrent lentement le pouvoir politique, en grande partie grâce à des quotas et des mesures particulières. Entre 1995 et 2010, la proportion de femmes parlementaires est passée de 11 % à 19 %, soit une progression de 73 %, mais on est encore loin de la parité entre les sexes. Toutefois dans 58 pays, seulement 10 % des parlementaires, voire moins, sont de sexe féminin.

Les progrès enregistrés par les femmes en termes de représenta-tion au sein de l’exécutif sont encore plus lents. En 2010, seulement 9 des 151 chefs d’État élus et 11 des 192 chefs de gouvernement étaient des femmes. Au niveau mondial, celles-ci ne détiennent que 16 % des portefeuilles ministériels.

Les pays les plus prospères et

concurrentiels sont ceux avec le

moins d’inégalités entre les sexes.

C’est ce dont est convaincue Melanne Verveer, Ambassadeur des Etats-Unis pour Global Women’s Issues, pour qui soutenir

les jeunes filles et les femmes est l’investissement dans le développement le plus rentable qui puisse être.

Journées européennes du développement, 6-7 décembre 2010

44 DGD Rapport annuel 2010

La contribution belge

Intégration du genre dans la politique

L’égalité des sexes, l’abolition de toute forme de discrimination et l’autonomisation des femmes sont les pierres angulaires de la croissance et du développement durable, de la lutte contre la pau-vreté et de la concrétisation de tous les Objectifs du Millénaire. Le Sommet des Objectifs du Millénaire de New York l’a une nouvelle fois rappelé.

L’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes comptent parmi les deux thèmes prioritaires du nouveau plan de gestion 2010-2013 de la Coopération belge au développement (le second étant l’environnement et le changement climatique). En vertu de la loi sur le « gender mainstreaming » (l’approche intégrée sur l’égalité entre les hommes et les femmes), la DGD a élaboré le « gender budgeting » (la dimension de genre dans le processus budgétaire).

Gender budgeting  : l’analyse du budget public en fonction de ses conséquences (in)directes pour les hommes et les femmes. Gender mainstreaming : qualifie une stratégie visant l’intégration systématique de la dimension de genre dans la politique du développement et à travers toutes les phases du cycle d’un projet.

Une plus grande attention portée au genreIl existe une volonté politique d’augmenter les moyens financiers destinés aux droits des femmes. 60 % du montant consacré par la Belgique à des actions de développement (hormis les prêts d’Etat à Etat et les coûts administratifs de l’agence belge de développe-ment CTB) ont été alloués en 2009 à l’égalité des sexes en tant que premier ou second objectif. La DGD souhaite au plus tard d’ici 2013 que 70 % des interventions contribuent à l’égalité entre les hommes et les femmes.

Nous continuons de concentrer nos efforts sur quatre domaines d’action : - les soins de santé et les droits sexuels et reproductifs ; - les femmes, la paix et la sécurité (en particulier la lutte contre la

violence sexuelle) ; - l’autonomisation économique des femmes issues de milieux

ruraux ; - l’éducation (en particulier la formation technique et profession-

nelle).

L’autonomisation des femmes issues de milieux ruraux constitue l’une des quatre priorités de la nouvelle stratégie belge en matière d’« agriculture et de sécurité alimentaire ».

Au niveau bilatéral, notre pays a consenti au cours des deux der-nières années de nombreux efforts destinés à intégrer le genre dans les Programmes indicatifs de coopération (PIC) et les secteurs de

concentration. Le PIC de la RDC en est un exemple. Des groupes de travail préparent la réintégration du genre dans les PIC du Rwanda et du Vietnam. Les programmes établis par d’autres donateurs bilatéraux ou multilatéraux veillent, à travers la coopération délé-guée, également à soutenir les gouvernements dans ce domaine.

Quelques exemples :- la formation professionnelle pour les femmes sénégalaises avec

la coopération luxembourgeoise au développement ;- l’intégration du genre dans les processus de décentralisation des

autorités publiques au Mali, la réalisation d’un documentaire sur « le rôle des femmes dans la lutte contre l’insécurité alimentaire au Mali » avec ONU Femmes ;

- le soutien des élections, et surtout des femmes qui vont voter ou qui se présentent au scrutin (en Afghanistan aussi), avec le PNUD au Burundi ;

- la lutte contre les violences sexuelles en RDC à travers une contribution au « Fonds de stabilisation et de reconstruction », créé par le gouvernement congolais et les Nations Unies et géré par le PNUD ;

- En collaboration avec ONU Femmes, aider le Burundi à concréti-ser son engagement dans le domaine de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes.

Par ailleurs, la moitié des Programmes de micro intervention (PMI) est réservée aux organisations de femmes. La Belgique souhaite également attribuer la moitié de ses bourses d’étude à des candi-dats féminins.

Contributions à l’égalité des sexesNotre pays contribue également aux moyens généraux de diverses organisations multilatérales  : ONU Femmes, FNUAP, UNICEF, PNUD, FAO (le programme DIMITRA), PAM, le Haut commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, etc.Tant dans le cadre de l’aide indirecte (ONG) qu’humanitaire ou bien de celle du Fonds belge pour la Sécurité alimentaire, les pro-grammes d’intervention prennent en considération le thème du genre.

Des formations et des outils méthodologiques permettent de renforcer le niveau de qualité de notre personnel qui occupe ces postes (les attachés de la coopération internationale). Fin 2010, des gestionnaires géographiques et thématiques de l’aide humanitaire et de l’Europa-desk ont suivi une formation spécifique intitulée « Genre et efficacité de l’aide ». Cette formation a été organisée dans le cadre du plan d’action européen 2010-2015 sur l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes dans le domaine de la coopération au développement.

45

CAS 1

Les femmes émettent les meilleures propositions pour leur communauté

Mali

Adama moussa est conseillère dans le domaine de la coopération locale au développement auprès d’OnU Femmes, le Fonds de déve-loppement de l’ONU pour la femme, et nous explique le projet. « Le projet «genre et décentralisation» encourage les femmes à partici-per au processus décisionnel politique et au processus local de planification. Ce sont traditionnellement les « terrains de chasse » des hommes. Chez ONU Femmes, nous respectons l’égalité entre les hommes et les femmes. Les hommes sont eux aussi représentés. »Le projet est financé par la Belgique et intervient dans 11 com-munes défavorisées des régions de Tombouctou et de Mopti. Trois communes ont une femme pour maire tandis que trois autres ne comptent aucune élue au conseil communal. Le projet apporte son soutien aux femmes bourgmestres et aux femmes qui se présente-ront aux élections communales de 2014.

Les femmes prennent la paroleAfin de permettre aux femmes de participer au processus local de planification, il est nécessaire de les libérer de leurs tâches ména-gères ainsi que de celles consistant à aller chercher de l’eau, ce qui prend la majorité de leur temps Il suffit de leur apprendre des techniques qui simplifieront ces tâches. Adama Moussa  : «  Si nous entendons véritablement rassembler les propositions des femmes pour le processus de planifica­tion, nous devons organiser deux réunions parallèles, l’une avec les hommes et l’autre avec les femmes. Lors de leur prochaine assemblée, les femmes devront émettre leurs propositions en pre-mier afin d’éviter qu’elles n’osent pas prendre la parole par la suite. Nous devons surtout empêcher que les femmes assistent unique-ment au processus de planification afin de préparer le repas des

autres participants. »« Les femmes émettent les meilleurs propositions, et ce sont les hommes qui l’avouent  », poursuit Adama Moussa. Les femmes abordent certains problèmes spécifiques tels que les mariages pré-maturés. Elles recommandent également la création de comités de surveillance qui sonnent l’alarme lorsqu’une jeune fille est retirée prématurément de l’école. Les femmes actives au sein des conseils scolaires veillent à ce que les jeunes filles nubiles terminent au moins leur parcours scolaire.

« Nous avons fait en sorte que ces activités soient intégrées au bud-get et aux plans locaux de développement », ajoute Adama Moussa. « En effet, les activités qui n’ont pas de budget sont généralement abandonnées. Nous avons signé des conventions de partenariat avec 11 communes-pilotes afin de mobiliser les moyens néces-saires. » Le projet a des répercussions tant locales que nationales. Un guide local a été rédigé et approuvé à l’échelon national.

Le second projet que la Belgique finance via ONU Femmes est la réa-lisation d’un documentaire sur le rôle des femmes en matière de sé-curité alimentaire, depuis l’indépendance en 1960 jusqu’à nos jours.

© ONU Femmes

Bamako

46 DGD Rapport annuel 2010

CAS 2

« Nous vendons plus de blé et de meilleure qualité à Tombouctou »Entretien avec Habibatou Haïdara

Mali

Le blé – « alkama » en Songhaï – est cultivé depuis plusieurs siècles à Tombouctou. Les femmes le travaillent de manière artisanale. Mais en dehors des marchés de Tombouctou, leurs produits ne trouvent pas beaucoup d’acquéreurs. Ce phénomène est dû aux coûts élevés de production et de transport.

Habibatou Haïdara est présidente de l’association Femmes pour le Développement de tombouctou et compte parmi les réformateurs du projet Alkama, destiné à soutenir la filière blé de la région. Grâce à ses activités, cette veuve de 58 ans parvient à nourrir ses 5 enfants : « J’ai 2 filles, l’aînée est mariée et la cadette est encore aux études. J’ai aussi 3 garçons au chômage mais titulaires d’un diplôme ».

Que vous a apporté le projet Alkama?Haïdara  : «  Le principal changement est l’augmentation de nos bénéfices. Le soutien de la Belgique a permis d’améliorer la qualité et la quantité de nos produits traditionnels. Pour le moment, nous produisons du couscous en grain, du couscous avec de la sauce, du blé concassé, du vermicelle, de la semoule, du son, des tartes et du pain traditionnel. Nous avons amélioré nos méthodes car nous nous sommes réunies. »

De quelle manière vous organisez­vous?Haïdara : « Mon association rassemble 39 femmes de Tombouctou. Elles paient une cotisation mensuelle de 100 CFA (0,15 euro). Nous avons ouvert un compte en banque sur lequel nous déposons nos propres fonds afin d’acheter du nouveau matériel. Nous avons égale-ment acheté un stock de blé brut que nous traitons. »

Quelles sont les activités les plus rentables?Haïdara  : « Depuis 2009, nous pouvons vendre nos produits sur plusieurs marchés. Le projet a financé nos frais de transport. Nous faisons de la publicité sur les marchés pour nos produits à base de blé et obtenons ainsi des commandes. Le fait que Tombouctou soit une ville enclavée est problématique pour la distribution. »

© CTB / Jan Locus

Bamako

47

RD CongoCAS 3

La Clinique de la fistule extirpe les femmes de la marginalité

Madeleine avait 12 ans lorsque ses parents l’ont forcée à se ma-rier avec un homme plus âgé. Peu de temps après, la jeune fille était enceinte. L’accouchement s’est déroulé dans des conditions atroces, le corps du bébé était trop gros pour son petit bassin et buttait en vain contre les tissus internes. Le fœtus est décédé à l’issue de quatre jours de travail sans assistance médicale adaptée. Les tissus qui se trouvaient entre son vagin et sa vessie étaient déchirés et morts.Complètement incontinente à 14 ans, rebutante et porteuse de malchance, Madeleine a été abandonnée par son mari. Depuis ces horribles événements, elle vivait entièrement isolée dans une hutte au bout du village. Une jeune fille sans mari et qui ne peut plus don-ner naissance, n’existe tout simplement plus : elle est considérée comme une pestiférée.Le nombre de femmes atteintes de fistule en RD Congo est évalué à 100.000. Cette pathologie est causée par un accouche-ment prolongé ou par une césarienne incorrectement pratiquée. Dans 3  % des cas, la déchirure vaginale est provoquée par des violences sexuelles. La fistule n’est pas mortelle mais elle entraîne des conséquences sociales dévastatrices.

médecins sans Vacances permet à des docteurs occidentaux de mettre volontairement leurs connaissances au service des pays afri-cains. Lorsque le docteur De Backer s’est rendu pour la première fois dans les hôpitaux congolais pour cette ONG, il a été frappé par

le nombre de jeunes filles souffrant de fistule et par leurs besoins. Il a alors décidé de créer l’asbl « Fistul­Aid » et a pu bénéficier, grâce à la Coopération belge au développement, des fonds destinés à une « Fistula clinic » ouverte à l’hôpital Saint-Joseph de Kinshasa. Dr De Backer : « Ce n’est pas comme en cardiologie, nous pouvons opérer une fistule avec peu de moyens. »

En effet, l’hôpital et le matériel nécessaire coûtent 85.000 euros et on peut opérer dans des conditions acceptables. Un gynécologue congolais, formé par Médecins Sans Vacances, est même capable de se charger de la moitié des interventions. Des chirurgiens belges se rendent régulièrement au Congo afin de transmettre leur savoir.A l’instar des 300 jeunes filles opérées, Madeleine a retrouvé le sou-rire. Elle n’est plus rejetée par le village, elle va retrouver sa place au sein de la communauté et pourra de nouveau avoir des enfants. Une nouvelle vie commence.

© DGD / Elise Pirsoul

Kinshasa

48 DGD Rapport annuel 2010

Une résolution pour les femmes, la paix et la sécurité

Les femmes sont des forces de maintien de la paix

Lors de conflits, les femmes et les enfants sont les plus vulnérables. Ils sont parfois brutalement utilisés en tant qu’armes de guerre, comme tel est notamment le cas dans l’Est du Congo. Cependant l’Afrique centrale ne détient pas le monopole de ce genre de pratique (prenons par exemple le génocide en Yougoslavie). Mais une fois que les armes se sont tues, les excellentes compétences des femmes en matière de médiation sont trop souvent ignorées.

Les 10 ans de la résolution « 1325 »Pourtant, les femmes ont démontré à diverses reprises leurs talents de conciliatrices et de gardiennes de la paix. Cette idée fut à la base de la résolution relative aux femmes, à la paix et à la sécurité du Conseil de Sécurité des Nations Unies en 2000. La Résolution 1325 plaide en faveur de la reconnais-sance et de la promotion du rôle des femmes dans la prévention et la gestion des conflits ainsi qu’en matière de consolidation de la paix. Les pays membres des Nations Unies ont été priés d’appliquer cette résolution, de mettre en œuvre un plan national d’action (PNA) et de veiller à protéger suffisamment les femmes en cas de conflit. Dix ans plus tard, la Résolution 1325 reste un outil essentiel dans le domaine de la consolidation de la paix et de la prévention des conflits dans les pays du Sud.

La Coopération belge au développement a déjà rédigé un plan national d’action. A l’échelon inter-national, elle réclame plus d’attention pour la perspective de genre lors de conflits. La Coopération belge au développement soutient également des programmes essentiels de lutte contre les violences sexuelles en RD Congo. Citons à cet égard le programme de stabilisation et de reconstruction des zones sortant des conflits armés (STAREC). Depuis 2001, la Commission Femmes et Développement perpétue ce thème au sein et en dehors de la Coopération belge au développement.

De nouveaux indicateursLe mardi 26 octobre 2010, le Conseil de Sécurité des Nations Unies, sous pression de la communauté internationale et à l’occasion du dixième anniversaire de la Résolution 1325, a adopté une série « d’indi-cateurs » permettant de renforcer le monitoring de la mise en œuvre de la résolution. La participation accrue des femmes pourra désormais être mesurée à l’aide de ces indicateurs. Ceux-ci permettront également d’élaborer des objectifs et des sanctions idoines et de mieux appliquer la Résolution 1325.

La Belgique et l’Union européenne ont joué un rôle de pionnier essentiel à cet égard. Dans le cadre de la présidence belge de l’Union européenne et à l’occasion de cet anniversaire, notre pays a orga-nisé une conférence de haut niveau le 9 septembre à Bruxelles. Des événements se sont également déroulés à New York et à Genève. Ces rencontres ont permis d’étayer la position de l’Union européenne. Celle-ci a ainsi pu faire prévaloir son point de vue au sein du Conseil de Sécurité et convaincre les pays réticents d’adopter les indicateurs contenus dans la résolution 1325.

49

La création d’ONU Femmes

L’égalité des sexes dans le giron des Nations Unies

En juillet 2010, l’Assemblée générale des Nations Unies a été marquée par un vote historique instau-rant la création d’OnU Femmes. Cet organisme est chargé d’assurer l’égalité entre les hommes et les femmes et de renforcer la place de la femme au sein de la société. Cet événement est considéré comme l’un des moments majeurs du système multilatéral.

Cohérence et efficacitéDepuis quelques années, l’organisation des Nations Unies tente de renforcer sa cohérence et l’effica-cité de ses actions. En juillet 2010, ce processus de réflexion (System Wide Coherence) fut à l’origine d’une réalisation magnifique : la création d’ONU Femmes (UN Women en anglais), l’entité des Nations Unies pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes.

L’organisation est le résultat de la fusion de quatre composantes distinctes du système des Nations Unies dédiées exclusivement à l’égalité des sexes, renforçant ainsi sa position et son impact.

ONU Femmes entend mettre en œuvre et accélérer la conscientisation en matière d’égalité des sexes à travers le monde. Elle puise sa force dans la coordination de toutes les activités entreprises par l’ONU dans ce domaine. ONU Femmes sera en mesure d’anticiper les demandes des pays souhaitant appliquer une politique et des mesures visant à assurer l’égalité entre les sexes. L’organisation appor-tera également son soutien aux autres organes des Nations Unies désireux de mener des actions en la matière.

Priorités et gestionL’organisation soutient 5 domaines prioritaires :

- l’augmentation du leadership et de la participation des femmes dans tous les secteurs de la société; - la fin des violences contre les femmes à travers la prévention et l’implication des hommes; - l’inscription rapide à l’agenda de la situation des femmes dans les zones en proie à des conflits; - le renforcement de l’autonomisation économique de la femme, surtout au sein de contexte actuel de

crise international; - l’inscription de l’égalité des sexes au cœur de la planification et de la budgétisation nationales.

La directrice exécutive de l’organisation n’est autre que Madame michelle Bachelet. L’expertise et les relations de l’ancienne présidente chilienne contribueront sans aucun doute au succès des actions menées par ONU Femmes.

Le soutien de la Belgique à la nouvelle entitéL’égalité des sexes est une priorité pour notre pays. C’est pour cette raison que la Belgique a vigoureu-sement soutenu la création d’ONU Femmes. Cette entité compte parmi les organisations partenaires multilatérales de la Coopération belge au développement. La contribution initiale au Fonds de Dévelop-pement des Nations Unies pour la Femme (anciennement UNIFEM) sera automatiquement reversée à ONU Femmes. En 2010 et 2011, la contribution belge a été augmentée pour atteindre 125.000 euros par an. Une décision sera prise en 2011 quant à un nouveau programme pluriannuel. La Coopération belge au développement plaidera alors en faveur d’une augmentation de sa contribution à l’organisa-tion.

50 DGD Rapport annuel 2010

© CTB

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Objectifs du Millénaire 4, 5 et 6Le présent rapport annuel aborde simultanément les Objectifs du Millénaire 4, 5 et 6 car ils se concentrent tous les trois sur la santé.

4. En 2015, la mortalité infantile aura fortement diminué Réduire de deux tiers le taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans

5. En 2015, moins de femmes décéderont des suites de leur grossesse

Réduire de trois quarts le taux de mortalité maternelle

6. En 2015, la propagation de maladies comme le sida et le paludisme sera stoppée

stopper la propagation du ViH/siDA et commencer à inverser la tendance actuelle maîtriser le paludisme et d’autres grandes maladies, et commencer à inverser la tendance actuelle

Situation actuelle dans le monde

Les faits en bref- Le nombre d’enfants des pays en développement qui meurent

avant l’âge de cinq ans est passé de 100 à 72 pour 1 000 nais-sances entre 1990 et 2008. Cependant, près de 9 millions d’en-fants meurent encore chaque année et ce avant d’atteindre leur cinquième anniversaire.

- Le taux de mortalité maternelle ne diminue que lentement, alors que la vaste majorité des décès pourrait être évitée. 99 % des femmes mourant de complications liées à la grossesse ou à l’ac-couchement vivent dans des pays en développement.

- Même si l’accès aux traitements contre le VIH dans les pays en développement a été multiplié par dix en cinq ans à peine, le VIH reste la principale cause de mortalité chez les femmes en âge de procréer dans le monde.

- Le paludisme tue un enfant toutes les 45 secondes dans le monde. Près de 90 % des décès dus à cette affection ont lieu en Afrique, où elle compte pour un cinquième de la mortalité infantile.

Mortalité infantileLes décès infantiles diminuent, mais pas assez vite. Beaucoup de pays recensent des progrès considérables dans leur combat contre la mortalité infantile. Au cours des vingt dernières années, près d’un tiers des 49 pays les moins avancés sont parvenus à réduire de 40 % ou plus le taux de mortalité des moins de cinq ans. Malgré

cela, les progrès actuels ne permettront pas d’atteindre la cible OMD d’une réduction de deux tiers d’ici 2015. Beaucoup de pays qui ont un taux inacceptable de mortalité infan-tile, en particulier en Afrique subsaharienne, n’ont fait que peu ou pas de progrès ces dernières années. Des taux de fécondité élevés et la lenteur avec laquelle la mortalité diminue font qu’en chiffres absolus, le nombre de décès d’enfants a augmenté, passant de 4 millions en 1990 à 4,4 millions en 2008.

Mortalité maternelleLe taux de mortalité maternelle reste scandaleusement élevé. Ce-pendant, de nouvelles données montrent que la santé des femmes pendant la grossesse et l’accouchement s’améliore. Mais nous sommes encore loin de la baisse annuelle de 5,5 % qui est néces-saire pour atteindre la cible OMD visant à réduire de trois quarts le taux de mortalité maternelle d’ici 2015. L’Afrique subsaharienne a fait des progrès, certains pays ayant vu leur taux de mortalité maternelle diminuer de moitié entre 1990 et 2008. D’autres régions comme l’Asie et l’Afrique du Nord ont connu des avancées encore plus importantes.

La plupart des décès maternels sont évitables. Ces décès peuvent être évités lorsque les femmes ont accès à des services de santé génésique, du matériel et des fournitures adéquats ainsi qu’à un personnel de santé qualifié. Dans toutes les régions, des progrès ont été faits pour que les femmes enceintes aient accès aux soins prénatals. En Afrique du Nord, le pourcentage de femmes recevant

52 DGD Rapport annuel 2010

la visite d’un travailleur de la santé qualifié au moins une fois pen-dant leur grossesse a augmenté de 70 %. L’Asie du Sud et l’Asie de l’Ouest rapportent une hausse de près de 50 %. Les femmes pauvres vivant dans des zones reculées ont moins de chances de recevoir des soins adéquats. On estime que répondre à la demande non satisfaite de contraception pourrait en soi faire baisser - de près d’un tiers - le nombre de décès maternels.

Prévention du sida et du paludismeLa riposte mondiale au sida a donné des résultats tangibles en ce qui concerne la réalisation de l’OMD 6. Le nombre de nou-velles infections au VIH a baissé continuellement depuis son pic de 3,5 millions en 1996 pour atteindre 2,7 millions en 2008. Les décès dus à des maladies liées au sida ont également bais-sé pour passer de 2,2 millions en 2004 à 2 millions en 2008. Même si l’épidémie semble s’être stabilisée dans la plupart des régions, les nouvelles infections au VIH sont en hausse en Europe de l’Est et en Asie centrale. Au niveau mondial, le nombre de personnes vivant avec le VIH continue d’augmenter à cause des effets combinés des nouvelles in-fections et de l’impact bénéfique des thérapies antirétrovirales. Posséder des connaissances sur le VIH est la première étape pour en éviter la transmission.

Les thérapies antirétrovirales ont gagné du terrain, mais se laissent toujours dépasser par le rythme de progression des infections au VIH. Lorsque ces thérapies ont été lan-cées en 2003, 400 000 personnes seulement en bénéficiaient. Fin 2009, plus de 5 millions d’indivi-dus suivaient le traitement. Mais chaque année, chaque fois que deux personnes commencent un nouveau traitement, cinq autres sont nouvellement infectées.

La moitié de la population mondiale est exposée au paludisme. On estime à 243 millions le nombre de cas de paludisme en 2008, lesquels ont entraîné 863 000 décès, dont 89 % en Afrique. Un relèvement important du financement a récemment aidé à contrôler le paludisme. La production mondiale de moustiquaires est pas-sée de 30 millions à 150 millions par an entre 2004 et 2009. Les antipaludiques sont maintenant plus faciles à se procurer, même si la couverture varie énormément d’un pays à l’autre. Les fonds extérieurs pour le contrôle du paludisme ont augmenté de façon spectaculaire ces dernières années pour atteindre 1,5 milliards de dollars en 2009, ce qui est encore loin des 6 milliards jugés néces-saires rien qu’en 2010 pour atteindre la cible OMD.

La contribution de la Belgique

Un rôle pionnier dans le domaine de la santé

En tant que petit pays, la Belgique peut se targuer d’une longue tra-dition en matière de soins de santé internationaux, tant sur le plan de l’aide humanitaire qu’en ce qui concerne la coopération au développe-ment. Les pouvoirs publics, les ONG, les institutions académiques et des particuliers profondément impliqués jouent à cet égard leur rôle. Le droit à la santé et aux soins et la concrétisation des Objectifs du Millénaire dans ce domaine comptent parmi les priorités de la Coo-pération belge au développement. La Belgique a clairement défini sa vision et ses domaines prioritaires à ce propos dans la note de politique sur les soins de santé rédigée en 2009.

Approche multisectorielle et globaleLa Belgique inscrit le droit à la santé au sein d’un cadre global, dans une stratégie de développement plus large. Cette stratégie doit me-ner à des améliorations au niveau de la santé et du bien-être maté-

riel des groupes ethniques les plus pauvres. Outre ce domaine, la Bel-gique se concentre également sur l’éducation, l’eau potable, l’hygiène, l’alimentation, le logement, les droits des femmes et des enfants… Le niveau de formation d’une mère influence ainsi de manière signi-ficative l’état de santé de ses en-fants. Un manque d’eau potable ou de logement décent est à l’origine de problèmes sanitaires. Mais les effets pervers se remarquent aussi dans le sens inverse. Les problèmes de santé ont un impact important sur le développement économique : absentéisme, baisse d’efficacité de la population au travail, etc.

Les frais privés élevés pour les trai-tements médicaux ne permettent

pas à des milliers de ménages de se sortir de la pauvreté. C’est la raison pour laquelle le droit universel aux soins de santé de qualité est à ce point essentiel.

Renforcement du secteur de la santéLa Belgique souligne l’intérêt des soins de santé élémentaires afin que tous les habitants de la planète puissent bénéficier du droit à la santé. Notre pays souhaite contribuer au développement de systèmes de soins de santé plus efficaces dans les pays parte-naires. Ces soins doivent être de qualité et accessibles à toutes les couches de la population. La Belgique est une grande partisane d’une meilleure formation du personnel médical, de l’intégration de la lutte contre des maladies spécifiques et d’un meilleur accès aux soins de santé.

C’est pire que le commerce de la drogue. Les gens qui achètent de l’héroïne ou de la cocaïne, savent au moins ce qu’ils achètent

et le font en leur âme et conscience. Ce n’est pas le cas de la personne dont le cœur ou le rein est atteint parce qu’il a

acheté un faux médicament ; c’est donc

une tentative de meurtre.

Mo Ibrahim, Président de la Fondation éponyme, comparant le commerce des faux médicaments - qui tue chaque année 200.000

personnes - à un “tueur silencieux”. Journées européennes du développement, 6-7 décembre 2010

53

L’intérêt de la Belgique pour les soins de santé se traduit également par une importante contribution financière. En 2010, la Coopéra-tion belge au développement a consacré 136.422.249 euros à ce secteur. Le montant est réparti à travers plusieurs canaux d’aide.

Des actions mieux définiesLes accords entre les pays donateurs favorisent la collabora-tion entre les institutions d’aide au développement ainsi que leur complémentarité. Cela permet ainsi d’éviter de faire le même tra-vail ou de mener des actions contradictoires. La Belgique aide les pays partenaires à établir des plans nationaux de santé, auxquels les différents pays donateurs peuvent alors apporter leur soutien. A tra-vers l’aide multilatérale, la Belgique aide également des organisations internationales telles l’OMS ou ONUSIDA. Celles-ci édictent des direc-tives afin que l’aide internationale soit aussi efficace que possible.

L’accord sur la migration du personnel médical est un bel exemple. Certains pays tels que les USA et la Grande-Bretagne sont victimes d’une pénurie et le personnel d’autres pays comme le Ghana ou les Philippines souhaite s’expatrier afin de bénéficier d’un salaire plus élevé. Cependant, le départ de cette main d’œuvre formée aux frais des pays en développement, menace d’affaiblir le système de soins de santé de ces nations (fuite des cerveaux).

La Belgique, en collaboration avec l’Union européenne, a contribué à l’adoption en 2010 du Code of practice par l’Organisation mon­diale de la santé (OMS). Des acteurs belges n’ont pas ménagé leurs efforts pour la mise en œuvre de cette directive équilibrée, dont l’attention se porte sur le droit à la migration, le respect des besoins des systèmes de soins de santé dans les pays d’origine et les compensations dues à la perte de personnel formé

Le code of practice entend mieux réglementer la migration du personnel médical

En mai 2010, la 63e Assemblée mondiale de la Santé de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), a approuvé à l’unanimité un code of practice global en matière de recrute-ment international de personnel médical. Ce code of practice constitue une directive appelant tous les pays concernés à se manifester auprès de n’importe quelle institution active dans le domaine du recrutement de personnel médical.

La directive se base sur le principe du droit de migration du personnel (médical). Elle invite tout de même à ne pas engager de manière active dans les pays en développement en proie à une pénurie de personnel. Si tel est néanmoins le cas, une série de principes éthiques doivent être res-pectés : transparence et équité. Les pays développés sont priés de ne pas affaiblir le caractère durable des systèmes de soins de santé locaux.

La directive encourage les nations « réceptrices » à apporter un soutien technique et financier aux systèmes de soins de santé des pays en développement. Elle souhaite également que les prestataires de soins puissent mettre à profit leur expérience dans leur pays d’origine.

Harmonisation internationaleMais au-delà de ces normes internationales, les pays d’exécution doivent aussi respecter des règles visant un emploi le plus effi-cace possible des ressources disponibles. La Déclaration de Paris de 2005 stipulait d’ailleurs que l’aide internationale devait corres-pondre le plus étroitement possible aux plans et procédures natio-naux.

La Belgique a signé en mai 2010 l’international Health Partnership (IHP - Partenariat international pour la Santé). Ses 48 membres sont des pays donateurs ou des pays en développement, des organisations internationales comme l’OMS, l’UNICEF, la BM, le Fonds mondial et le secteur privé à l’image de la Fondation Bill Gates. Tous veulent œuvrer à la réalisation des Objectifs du Millé-naire en matière de santé.

Be-cause HealthBe-cause Health est une plateforme d’échange de connais­sances sur les soins de santé internationaux. Elle rassemble des institutions académiques, des organisations médicales d’aide au développement, des ONG, des bureaux d’étude, des services publics, des organisations partenaires du Sud et des particuliers issus de divers secteurs et organisations.

Be-cause Health a pour objectif le renforcement du rôle et de l’efficacité des acteurs de la Coopération belge au développe-ment en vue de promouvoir un accès universel à des soins de santé de qualité. La concertation, la coordination et l’organisation d’activités communes doivent entraîner un plus grand impact sur la politique internationale de santé, une amélioration des échanges et de la circulation des connaissances techniques et scientifiques, des progrès sensibles en matière de coopération entre les différents acteurs et une meilleure réponse aux besoins du Sud.

Be-cause Health est financée par la Coopération belge au déve-loppement à travers l’accord-cadre avec l’institut de médecine tropicale (IMT). Au cours de la période 2008-2010, le budget de Be-cause Health s’élevait à 107.000 euros et celui qui a été prévu entre 2011-2013 atteint 120.000 euros, soit 40.000 euros par an.

54 DGD Rapport annuel 2010

MozambiqueCAS 1

Cohérence au sein de la collaboration universitaireLe « défi » mozambicain

La collaboration entre les universités flamandes est chapeautée par un organe commun, le Vlaamse Inter-universitaire Raad (VLIR) (Conseil interuniversitaire flamand). Le programme du VLIR au Mo-zambique est unique car il est le seul à tourner autour d’un thème central  : la santé reproductive. Diverses facultés de l’université Eduardo Mondlane de Maputo et plusieurs institutions universitaires flamandes collaborent dans ce domaine. Au Mozambique, le pro-gramme est appelé DESAFIO, ce qui signifie « défi ». Mais il s’agit également de l’acronyme portugais du programme.

Les aspects médicaux ne sont pas les seuls à être abordés. La santé reproductive est également un droit humain souvent transgressé. Quels sont les moyens juridiques et administratifs disponibles afin de garantir ces droits ? Comment promouvoir l’égalité des sexes et les droits spécifiques des femmes ? Il existe naturellement un lien direct avec la prévention et la lutte contre le sida. De nombreuses recherches sont nécessaires, non seulement académiques, mais également afin de recenser les actions concrètes menées sur le terrain.

Schéma du programme

Projets partiels Facultés au mozambique

coordinateur belge

Droits de l’homme Faculté de droit Prof. Eva Brems (Gand)

Droits sociaux et protection

Faculté de droit Prof. Yves Jorens (Gand)

Genre, santé et questions familiales

Sciences sociales Prof. Patrick Meurs

(Louvain)

santé reproductive Médecine Prof. Kristien Roelens

(Gand)

Hiv/sida Médecine Prof. Herman Meulemans

(Anvers)

Deux projets transversaux font également partie de ce pro-gramme  : développement des compétences et biostatistique. Ils sont au service des 5 projets partiels thématiques. La biostatistique est placée sous la responsabilité du professeur Marc Aerts, grâce auquel l’Université de Hasselt apporte elle aussi son aide au projet.

En réalité, des scientifiques de la plupart des universités flamandes sont impliqués dans chaque projet partiel. La coordination acadé-mique générale a été confiée au gynécologue et professeur Mar-leen Temmerman (Université de Gand).

© Banque mondiale / Eric Miller

maputo

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BolivieCAS 2

Les investissements dans le domaine de la santé portent leurs fruits à El Alto

Avec 1 million d’habitants, la commune d’El Alto, située non loin de La Paz, la capitale, compte parmi les villes les plus densément peuplées de Bolivie mais aussi parmi les plus pauvres. 65 % des habitants y vivent dans la pauvreté et 35 % sont même en proie à une extrême pauvreté. Jusqu’en 2006, quasiment aucun système de soins de santé n’y était organisé.Dans le cadre d’un projet commun destiné à mettre un terme à cette situation, les autorités nationales et communales ont mis en œuvre un programme d’amélioration de la qualité des soins de santé. La Coopération belge au développement a soutenu cette initiative.

Moins de souffrance, plus de santé Diverses actions ont été mises sur pied entre 2006 et 2010. Citons notamment l’élargissement, la rénovation et la construction d’une majeure partie du réseau de santé de première ligne, de l’ensemble du réseau d’appareils médicaux, de meubles et de matériel infor-matique. D’autres services ont également été ajoutés : l’aménage-ment d’une unité de soins intensifs pour adultes et pour nourrissons, d’une unité pédiatrique ainsi que d’une unité publique de dialyse. Les laboratoires et les services de radiologie et d’échographie ont amélioré leurs services, permettant ainsi d’accroître leurs capacités en matière de diagnostic. Le service de chirurgie a pu bénéficier de nouveaux équipements et a ainsi vu la création de deux unités de chirurgie par laparoscopie. Un service de soins aux personnes souffrant de brûlures sera bientôt ouvert. Ce centre doit devenir une référence, non seulement pour El Alto mais aussi pour l’ensemble de la région bolivienne de l’Altiplano.Au début, les centres de santé de première ligne étaient ouverts 6 heures par jour. Aujourd’hui, la plupart travaillent 12 heures par jour et près d’un tiers fonctionnent 24h/24. L’accès aux soins de santé a ainsi été largement renforcé. En contrepartie, le ministère de la Santé publique et des Sports a fourni les moyens nécessaires permettant de doubler le personnel de soins. Grâce à une convention avec la Universidad Nacional de Córdoba, en Argentine, les infirmiers ont pu bénéficier d’une formation spécialisée.

Le taux de mortalité est en baissecarlos Laura, président du conseil du quartier de Villa Mercedes « G », décrit les changements. « Auparavant, les meubles de notre bureau étaient en mauvais état, nous n’avions pas d’eau courante, de lumière, de sanitaires et les services élémentaires manquaient. Les patients devaient attendre à l’extérieur par tous les temps avant d’être pris en charge. Seules quelques pierres faisaient office de chaise. Un jour, nous avons décidé de nous attaquer à cette situation et nous avons pris contact avec la Coopération belge au développement grâce aux communes. Cette aide nous a permis d’ouvrir un centre de soins de première ligne pouvant accueillir les familles dans la dignité. »

Les résultats sont immédiatement quantifiables : le taux de morta-lité des mères et des enfants a baissé à la suite de l’amélioration du système de soins de santé. « Nous sommes désormais capables de prendre en charge l’ensemble des soins apportés aux femmes souf-frant d’un cancer du col de l’utérus, le type de cancer le plus courant chez les Boliviennes. Nous avons pu mettre en place ce système de soins en collaboration avec d’autres instances et organismes inter-nationaux d’aide au développement. Jusqu’en 2008, El Alto n’avait pas réellement les moyens de procéder à un test de Papanicolaou (frottis). Désormais, la commune est en mesure de mener des cam-pagnes de prévention et de traiter les premiers stades du cancer. Ces soins sont uniques en leur genre en Bolivie dans le domaine de la santé publique. »Ces résultats ont permis de réduire le niveau de pauvreté. Des indivi-dus en bonne santé trouvent plus facilement en emploi.

L’approche intégrale de la santé constitue l’un des aspects es-sentiels : depuis la première, deuxième et troisième ligne, avec un soutien en matière de prévention et de promotion. La participation active des autorités nationales et communales fut également très précieuse, sans oublier celle des services sanitaires départementaux et régionaux. Depuis leurs conseils de quartier, les acteurs sociaux ont joué leur rôle d’interlocuteur entre les responsables du projet et la population.

© CTB

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L’ONG Louvain Développement

L’ONG Louvain Développement (LD) est active au Pérou et en Bolivie depuis l’an 2000. Grâce à la création d’un bureau de coordination, elle a été en mesure d’élargir et de perfectionner ses domaines d’intervention. Elle s’est ainsi spécialisée dans la sécurité alimen­taire et économique (SAE). L’ONG se concentre sur l’amélioration des conditions de vie des personnes les plus démunies. L’équipe assure le suivi technique auprès de ses partenaires. Les actions sont décrites dans le programme qui s’étend sur 6 ans, financé par le gouvernement belge.La deuxième phase du programme (2011-2013) vient de commen-cer. Au-delà de l’expertise de chacun de ses membres, la parti-cipation active à divers réseaux d’OnG internationaux permet de maintenir les connaissances à niveau dans les deux pays. Ce phé-nomène entraîne à son tour un impact durable sur la concrétisation des actions prévues par le programme, lesquelles s’inscrivent par-faitement dans le cadre des plans d’aide au développement pour la Bolivie et le Pérou et de la Déclaration du Millénaire.

Le programme de santé se concentre sur les Objectifs du Millénaire 4, 5 et 6 dans le département d’Oruro et de Chuquisaca. Dans le premier, l’ONG est responsable d’un projet destiné à améliorer le système local de soins de santé, selon le modèle de la Communauté interculturelle et familiale des soins de santé.La participation de la communauté permet d’instaurer un contrôle social rigoureux des actions destinées à réduire le taux de mortalité des enfants et des mères et à organiser davantage de campagnes de vaccination pour les moins de 1 an.

La stratégie d’intervention du programme SAE correspond également au premier Objectif du Millénaire. Les actions ne discriminent pas les femmes (OMD 3) et maintiennent l’équi-libre entre le respect des ressources naturelles (OMD 7) et la production grâce au recours à de nouvelles technologies et informations. L’ONG apporte également son soutien à plus de 100 unités de production rurales réparties à travers 11 com-munes du département d’Ouro. L’ONG stimule le développement d’alternatives économiques en regroupant l’offre et la demande des Business Development services (BDS). Ces BDS renfor-cent les capacités et connaissances locales et, grâce à une dyna-mique économique plus importante, le seuil d’un dollar de revenu par jour est atteint. Les familles productrices bénéficient de cette manière d’une activité stable et d’une certaine sécurité d’emploi. Les instances communales sont également encouragées à inves-tir dans les unités de production.

© CTB

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“Nous voulons endiguer la sous-alimentation ”Interview du Dr. Ana Maria Aguilar, de l’agence bolivienne de l’alimentation

Ana maria Aguilar travaille en tant que coordinatrice au sein du «  consejo nacional de Alimentación y nutrición» (ct cOnAn), l’agence bolivienne de l’alimentation. elle est aussi chargée de la coordination du programme multisecto­riel destiné à endiguer la sous­alimentation, le «  Programa multisectoral Desnutrición cero » (PmDc).

Quel est votre rôle dans ce programme ?Aguilar : « Je représente le ministre bolivien de la Santé publique et des Sports au sein du CT CONAN. Le comité technique du CONAN est une plateforme composée de 9 ministères, dont celui de l’éco-nomie et de la planification. Je coordonne également la mise en œuvre du PMDC au niveau national. Je tente d’harmoniser le pro-gramme en fonction de la politique nationale en matière de déve-loppement et des politiques sectorielles destinées à lutter contre la sous-alimentation infantile. »

Quels sont les effets directs du programme ?Aguilar : « Le taux de sous-alimentation des enfants de moins de 2 ans ne cesse de diminuer, de 27 % en 2003 il est passé à 16 % en 2010. Une évaluation intermédiaire est prévue pour 2011, elle confirmera ce pourcentage. »

Quels sont les effets du programme à moyen et à long terme ?Aguilar : « Notre objectif final est d’endiguer la sous-alimentation. Nous nous sommes fixés un but relativement ambitieux mais nous espérons franchir peu à peu les étapes qui nous permettront d’y parvenir. Outre l’aide du secteur des soins de santé, celle d’autres domaines tels que la production, l’agriculture, la distribution de l’eau et l’assainissement, la justice et l’éducation s’avère également nécessaire. De plus, la coopération avec les unités et les organisa-tions sociales locales est elle aussi fondamentale. »

Dans quelle mesure le programme a-t-il contribué à la réalisation de l’Objectif du Millénaire ?Aguilar  : «  Une meilleure alimentation est intrinsèquement liée à la sécurité alimentaire, laquelle est indissociable du recul de la pauvreté. Dans un pays où la moitié du taux de mortalité infan-tile est due à un problème de sous-alimentation, nous contribuons visiblement à la réalisation de l’OMD 4 (diminution de la mortalité infantile). »

Quels sont les changements opérés par le programme au sein de la communauté et dans la région ?Aguilar : « Je me suis moi-même plus étroitement impliquée dans les changements sociétaux de mon pays, en particulier en ce qui concerne l’élaboration d’une politique sociale inclusive. Le bien-être de la population est l’élément fondamental de cette politique et elle se concentre davantage sur les droits plutôt que sur la bien-faisance. Lorsque je regarde les résultats évidents du programme, je ne peux que me réjouir du rôle croissant que jouent les autorités locales, les organisations sociales et la population elle-même. Il s’agit de la meilleure garantie de la pérennité de la politique. »

© CTB

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Programme multisectoriel destiné à lutter contre la sous-alimentation

Organisations et comités placés sous le signe de l’alimentationDans le but de lutter contre la sous-alimentation des enfants, la Bolivie a élaboré un Plan stratégique sectoriel, nettement orienté sur le niveau communal. Divers comités et institutions ont ainsi été créés : les UNI – « Unidad de Nutriciòn Integral » (unité de nutri-tion intégrale), le COMAN – « Comité Municipal de Alimentación y Nutrición » (Comité communal d’alimentation et de nutrition).

Les pouvoirs publics ont élaboré une stratégie communale concré-tisée par le « Sistema de Vigilancia Nutricional Comunitaria » (sys-tème de contrôle alimentaire). Les fonctionnaires de la santé ont formé un réseau à travers lequel ils ont rassemblé des données en matière d’expériences et de connaissances dans le domaine de l’alimentation. Ce réseau permet donc de collecter des informations en permanence. Celles-ci servent alors à orienter les activités com-munales et à aborder les situations problématiques. Le programme a ainsi pu mobiliser la communauté.

La politique nationale est basée sur le modèle de gestion SAFCI («Salud Familiar y Comunitaria Intercultural» – santé interculturelle au sein des familles et de la communauté). Un réseau composé d’autorités sanitaires locales est créé afin de pouvoir influencer les instances décisionnelles. Il existe aussi un réseau de fonctionnaires de la santé chargé de la promotion et de la prévention.

Prime communale La prime communale (« Incentivo Municipal ») a été mise en œuvre dans le but de récompenser l’application des stratégies. Le recul de la sous-alimentation fait partie des indicateurs d’impact. L’accès d’au moins 30 % des habitants à l’eau potable ou à de l’eau saine dans les régions rurales et d’au minimum 70 % dans les villes, en plus d’installations sanitaires adaptées et d’un système éducatif, compte parmi les exigences.

La prime communale utilise le « Bono Juana Azurduy ». Ce bonus représente non seulement un stimulant pour l’accès à des res-sources économiques, mais il garantit également que les femmes se rendent à des visites de contrôle durant leur grossesse et qu’elle continue ensuite après la naissance de l’enfant à bénéficier d’un contrôle médical. La prime communale est octroyée uniquement si au minimum 80 % des femmes enceintes reçoivent le bonus.

Les obligations sont par ailleurs de nature administrative. Les com-munes sélectionnées par le programme doivent suivre ces indica-teurs en permanence et appliquer leurs propres stratégies devant

mener à terme à la résolution du problème de sous-alimentation. Grâce à cette stratégie, les autorités s’approprient le programme.

Celui-ci a démarré lentement. Au cours des premières années, la plupart des efforts ont été consentis afin de créer les UNI, les unités de nutrition intégrale. Dès que la prime communale a été octroyée, les résultats ont rapidement été observés. Jusqu’en 2009, il n’exis-tait que 30 COMANES mais ce nombre avait déjà été triplé en 2010 pour atteindre 108. La prime a fait office de catalyseur et sera très utile pour concrétiser les objectifs en matière de sous-alimentation.

La communauté civile est profondément impliquée, ce qui permet ainsi d’ancrer véritablement la politique au sein des communautés. Les responsables et les autorités sont sensibilisés à la thématique. Ils ne percevront pas le thème de la santé comme un hôpital ou un médecin mais plutôt comme une multiplicité de facteurs à laquelle tous les secteurs peuvent contribuer afin d’obtenir de meilleurs résultats.

La contribution belge à ce programme destiné à endiguer la sous-alimentationLa France et le Canada financent conjointement le programme et la Coopération belge au développement a contribué à l’élaboration du Plan stratégique. Elle a également participé au fonds. Ce soutien permet de mettre en œuvre au niveau communal le «  Programa Sectorial Desnutrición Cero – PDC ».

Le programme offre une approche innovante à travers une impor-tante mobilisation sociétale. En Bolivie, les soins de santé sont une responsabilité communale. Les communes sont ainsi chargées de prendre des mesures dans les domaines sanitaires complémen-taires : accès à l’eau potable, petit-déjeuner à l’école...

sucre

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MaliCAS 5

Les soins de santé dans les régions isolées

Le projet d’aide au développement sanitaire et social (PADSS) en-tend améliorer les installations sanitaires de la région de Mopti, la plus défavorisée du Mali. Trois quarts de la population y vit sous le seuil de pauvreté et un enfant sur trois meurt avant d’atteindre l’âge de 6 ans. Afin de pallier cette situation, la Belgique et la France octroient chacune 8 millions d’euros au gouvernement malien (entre 2003 et 2012).

Ce projet prend en compte les besoins locaux et régionaux. Un nou-vel hôpital moderne, une école de santé et un centre de soins sont en construction à, respectivement, Sévaré, Mopti et Yaouwarou. Au niveau local, 13 médecins, dont 2 femmes, ont suivi une formation et sont employés dans 13 centres de soins entièrement équipés.

Les premiers médecins ont commencé à travailler en janvier 2008. Madame Ramata samaké, 34 ans et célibataire, fait partie de cette équipe et travaille à Boré (à 110 kilomètres de Mopti). Le centre emploie, entre autres, deux infirmières, une sage-femme et un pharmacien. La commune de Boré regroupe 36 villages difficilement accessibles. Au cours des campagnes de vaccination, le docteur Samaké se rend durant plusieurs jours dans les hameaux les plus isolés. Pour ce faire, elle emprunte tout d’abord un chameau et, ensuite, une moto.

n’est­ce pas trop difficile pour une femme médecin de travail­ler dans la brousse ?Dr. samaké : « Au début, les habitants voyaient d’un mauvais œil que ce soit une femme médecin qui soit chargée de régler leurs problèmes. Aujourd’hui, ils disent que j’ai un secret. Ils téléphonent avant de venir au centre pour être certains que je suis présente. En 2010, j’ai passé 4 jours sur 7 dans les villages dans le cadre des campagnes de vaccination. Depuis novembre, nous avons formé deux collaborateurs qui nous aident à vacciner.Je me rends régulièrement dans les écoles afin de sensibiliser les élèves à propos du sida, des maladies sexuellement transmissibles, du planning familial et de l’hygiène. Pendant la saison des pluies, j’ai organisé des séances d’information sur la malaria. Nous avons donné des moustiquaires à des enfants d’un an. »

Quelles difficultés rencontrez­vous ? Dr. samaké : « Au cours des premiers mois, j’ai énormément souf-fert de solitude. Je n’avais encore jamais quitté ma famille. De plus, la région que nous devons couvrir est beaucoup trop étendue pour un seul centre de soins. Le village le plus éloigné se trouve à 80 kilomètres et est difficilement accessible. »

Qu’avez­vous réalisé ?Dr. samaké : « J’ai réussi à changer le comportement de la popu-lation locale. Par le passé, elle n’avait pas l’habitude de payer pour sa santé. Aujourd’hui, le centre est autonome. Nous avons bénéficié du soutien de l’administration communale et d’une association de femmes. Le reste des frais est notamment couvert par les consul-tations. »

© Katja Remane

Bamako

Au début, les habitants voyaient d’un mauvais œil que ce soit une femme médecin qui soit

chargée de régler leurs problèmes. Aujourd’hui, ils disent que j’ai un

secret.

© Katja Remane

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OugandaCAS 6

A la recherche d’une nouvelle dynamiqueLes soins de santé en Ouganda

Une bonne et une mauvaise nouvelle sont à noter à propos du sec-teur ougandais de la santé. Commençons par la bonne  : chaque Ougandais a la possibilité de se rendre en moyenne une fois par an dans un hôpital public. Les soins sont en principe gratuits et ces hôpitaux connaissent une véritable affluence de patients.Le bilan sanitaire ougandais fut un véritable succès entre 1999 et 2004. Malheureusement, l’importante amélioration des paramètres de santé (utilisation des cliniques, immunisation des enfants, nombre d’accouchements dans les hôpitaux, baisse du nombre de cas de sida) est en recul depuis 2005. C’est la mauvaise nouvelle.

Luc Geysels de l’Agence belge de développement CTB tente d’ex-pliquer cette évolution. « Le budget ougandais alloué au secteur de la santé a doublé depuis 2005 mais les pouvoirs publics ont consa-cré une majorité de ce budget à la création de structures adminis­tratives. Les hôpitaux ne bénéficient donc pas directement de cet argent. Au cours de ces 5 dernières années, ils n’ont d’ailleurs plus vu leur budget augmenter alors que la demande, elle, ne cesse de croître. En outre, la population augmente de 3 % chaque année. »

Le personnel médical est démotivé et peu de contrôles sont orga-nisés, ce qui est à l’origine d’un taux d’absentéisme de 40 %. Les hôpitaux de mission prestent environ 40 % des services en matière de soins de santé en Ouganda. Ils bénéficient de subsides des auto-rités mais ils sont également soumis à de fortes pressions.

Une communauté de donateurs impliquéeLa Belgique apporte un soutien budgétaire au Ministère ougandais de la Santé. Il s’agit d’une aide financière permettant au ministère de mettre en œuvre ses plans sanitaires. La Belgique et d’autres pays donateurs suivent la situation de très près. Au-delà de cette aide globale apportée au plan sanitaire, la Coopération belge au développement souhaite soutenir plus explicitement l’aspect lea-dership et gestion (« renforcement des aptitudes) au sein de ce mi-nistère. En collaboration avec le Ministère de la Santé, la Belgique a mis au point à cet égard un projet spécifique. Dans le jargon, la combinaison d’un soutien budgétaire et de projets au sein d’un même secteur est appelée « approche­portefeuille » : impliquer simultanément divers instruments afin de réaliser les objectifs.

La communauté des donateurs est parfaitement organisée en Ouganda et peut ainsi parler d’une seule voix. A travers des finan-cements conjoints et une concertation coordonnée à propos des objectifs à atteindre, elle tente de relancer la dynamique au sein du Ministère de la Santé.

A la suite de cette concertation, le président a créé l’an dernier une équipe, certes restreinte, mais efficace. Elle est chargée d’enquêter sur des cas d’abus au sein du secteur des soins de santé. Environ 80 cas ont déjà été portés en justice. L’équipe s’est attaquée au commerce de médicaments illégaux et à l’absentéisme.

© Banque mondiale / Curt Carnemark

Kampala

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62 DGD Rapport annuel 2010

© DGD / Thomas Hiergens

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Objectif du Millénaire 7En 2015, nous serons plus nombreux à vivre dans un environnement durable

­ intégrer les principes du développement durable dans les politiques nationales ; inverser la tendance actuelle à la déperdition des ressources environnementales

­ Réduire de moitié le pourcentage de la population qui n’a pas accès de façon durable à un approvisionnement en eau potable ­ Améliorer sensiblement la vie d’au moins 100 millions d’habitants de taudis, d’ici à 2020

Situation actuelle dans le monde

Les faits en bref- Quelque 1,7 milliards de personnes ont eu nouvellement accès

à de l’eau potable et saine depuis 1990. Pourtant, 884 millions d’individus dans le monde n’ont toujours pas accès à l’eau po-table et 2,6 milliards n’ont pas accès à des services d’hygiène de base comme des toilettes ou des latrines.

- Au niveau mondial, la cible 2010 de préservation de la biodiver-sité n’a pas été atteinte. Si les tendances actuelles se confir-ment, la perte de biodiversité continuera jusqu’à la fin du siècle.

- L’amélioration des taudis ne va pas assez vite par rapport au nombre croissant de pauvres en agglomération urbaine. Le nombre absolu d’habitants de taudis continue d’augmenter, avec quelque 828 millions de personnes vivant dans des bidon-villes aujourd’hui, même si leur pourcentage par rapport à la population urbaine diminue.

L’eauLe monde atteindra, voire dépassera la cible de 2015 relative à l’eau potable si les tendances actuelles se confirment. À cette date, quelque 86 % de la population des régions en développement auront accès à des sources améliorées d’eau potable, contre 71 % en 1990. Quatre régions - l’Afrique du Nord, l’Amérique latine et les Caraïbes, l’Asie de l’Est et l’Asie du Sud-Est - ont déjà atteint la cible. Même si les progrès ont eu lieu essentiellement dans les zones rurales, celles-ci restent désavantagées. Huit personnes sur dix sans accès à une source améliorée d’eau potable vivent dans des zones rurales.

HygièneAu rythme actuel, le monde n’atteindra pas la cible visant à dimi-nuer de moitié la population n’ayant pas accès aux équipements sanitaires de base comme des toilettes ou des latrines. En 2008, quelque 2,6 milliards d’habitants de la planète n’avaient pas accès à une hygiène améliorée. Si la tendance se maintient, ce chiffre passera à 2,7 milliards en 2015. De larges disparités existent entre les régions, l’Afrique subsaharienne et l’Asie du Sud restant à la traîne. Et l’écart entre zones rurales et urbaines reste immense.

La biodiversitéLe monde n’a pas atteint la cible de 2010 visant à ralentir la perte de biodiversité. Près de 17 000 espèces végétales et animales risquent l’extinction aujourd’hui, et le nombre d’espèces mena-cées de disparition augmente chaque jour. En dépit d’investisse-ments accrus, on ne s’attaque pas suffisamment aux principales causes de la perte de biodiversité (taux élevés de consommation, perte d’habitat, espèces invasives, pollution et changement cli-matique).

La déforestationLa déforestation s’est ralentie, mais reste particulièrement rapide dans certaines régions du monde connaissant la plus grande diversité biologique. Des programmes de reboisement, combi-nés avec l’expansion naturelle des forêts dans certaines régions, ont permis d’ajouter plus de 7 millions d’hectares de forêts par an. Grâce à cela, la perte nette de zones forestières pendant la période 2000-2010 a été réduite à 5,2 millions d’hectares par an, au lieu des 8,3 millions d’hectares par an constatés en 1990-2000. L’Amérique du Sud et l’Afrique montrent toujours la plus grosse perte nette de forêts.

Les taudisLa cible visant à améliorer la vie d’au moins 100 millions d’habi-tants des taudis a déjà été doublement atteinte. Au cours des dix dernières années, plus de 200 millions d’habitants des taudis ont obtenu un accès à une eau et des équipements sanitaires améliorés ainsi qu’à des logements durables et moins encom-brés, ce qui a grandement accru leurs chances d’échapper à la pauvreté, la maladie et l’analphabétisme. Même si la proportion de la population urbaine vivant dans des bidonvilles est passée de 39 à 33 % au cours des dix dernières années, le nombre absolu d’habitants de taudis est en hausse dans le monde en développe-ment et continuera d’augmenter dans un avenir proche. Il serait à présent d’environ 828 millions, contre 657 millions en 1990 et 767 millions en 2000.

64 DGD Rapport annuel 2010

La contribution belge

Le monde entier au chevet du climat

Le développement durable compte parmi les thèmes prioritaires de la Coopération belge au développement. Les projets font le plus possible la part belle aux préoccupations climatiques en tant que thème transver­sal. Depuis 2008, la lutte contre le changement climatique occupe également une place essentielle. Pour la Belgique, la synergie avec d’autres problèmes environnementaux tels que la disparition de la biodiversité mondiale et la désertification est fondamentale. La pollution des eaux et la gestion des déchets sont des préoccupations moins médiatisées mais elles sont tout aussi importantes dans la mise en place du déve-loppement durable.

Les négociations sur le climat à Cancun et les pourparlers à propos de la biodiversité à Nagoya ont été les deux événements marquants de 2010 en matière environnementale. Les pays industrialisés ont été priés de rendre un rapport sur les méthodes qu’ils comptent employer afin de respecter les engagements finan-ciers pris à Copenhague. La Belgique a elle aussi consenti des efforts afin de ne pas manquer à l’obligation selon laquelle les pays industrialisés devraient apporter conjointement 30 milliards de dollars au cours de la période 2010-2012. Ce « financement à mise en œuvre rapide » doit, d’une part, aider les pays en développement à prendre des mesures urgentes destinées à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre (adoucir ou modérer) et, d’autre part, encourager leur adaptation au changement climatique (adaptation). Le renforcement des capacités et le transfert de technologies font partie des thèmes prioritaires du finan-cement à mise en œuvre rapide.

Contributions multilatéralesLes contributions financières belges à cet Objectif du Millénaire passent principalement par des institutions internationales telles que le Fonds pour l’environnement mondial et le Programme des Nations Unies pour l’environnement.

Le Fonds pour l’environnement mondial (FEM) constitue le mécanisme financier des trois principales conventions environnementales pour la coopération au développement : le traité sur le climat, le traité sur la biodiversité et le traité en matière de lutte contre la désertification. Des négociations relatives aux moyens ont été menées en 2010. Au cours de cette même année, la contribution annuelle belge a considérablement augmenté : de 11,5 à 17 millions d’euros. De nouveaux accords internationaux desti-nés à renforcer les efforts en matière d’environnement durable, expliquent l’augmentation des moyens octroyés au FEM.

Dans le cadre du financement du climat, la Belgique a augmenté sa contribution au FEM, outre ses engage-ments, de 10 millions d’euros pour des investissements dans la gestion durable des forêts. Notre apport de 10 millions d’euros au fonds pour l’adaptation au changement climatique des pays les moins avancés (Least Developed Countries Fund ) s’inscrit également dans le cadre de cet engagement. BIO, la Société belge d’Investissement pour les pays en développement, a bénéficié de 20 millions d’euros afin de lui permettre d’investir dans son programme d’énergies renouvelables.

Le Programme des nations Unies pour l’environnement (PNUE) a pu compter en 2010 sur un apport volontaire de 3 millions d’euros consacrés aux moyens généraux. La Belgique a décidé de soutenir les institutions et les programmes des Nations Unies par le biais de contributions aux budgets généraux (core funding) afin de cette manière de renforcer l’efficacité et la force de ces organisations. Il convient à cet égard de mentionner «  l’initiative Pauvreté et environnement  » (IPE), une initiative conjointe du PNUE et du PNUD très importante. L’IPE tente d’intégrer la question environnementale aux programmes de lutte contre la pauvreté de quatre « ONE UN » pays-pilotes ainsi que des partenaires de la Belgique : le Mozambique, le Rwanda, la Tanzanie et le Vietnam. Les expériences acquises ont permis de mener un dialogue politique entre l’Equipe pays des Nations Unies et les pays en développement. L’IPE a également influencé les directives environnementales du Plan Cadre des Nations Unies pour l’Aide au Développement (UNDAF).

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A travers la recherche agricole internationale du Groupe consultatif pour la Recherche agricole inter­nationale (CGIAR), la Belgique soutient la préservation de la biodiversité, l’adaptation au climat et la lutte contre la désertification. Parmi les exemples concrets, citons la banque de gènes de bananiers de la KU Leuven (Bioversity’s International Transit Centre) qui bénéficie annuellement d’un soutien financier d’environ 600.000 euros. A travers ses recherches, ce centre reconnu dans le monde entier contribue à la préserva-tion et à l’amélioration de la banane. Cette action est très importante car la banane constitue l’alimentation de base de plus de 400 millions de personnes dans les pays du Sud. Le Centre international de recherche agricole dans les zones arides (ICARDA, basé en Syrie) et l’Institut international de recherche sur les cultures des zones tropicales semi-arides (ICRISAT, basé en Inde), sont deux centres appartenant au CGIAR chargés de mener des études agricoles dans le domaine de la déser-tification.

Efforts bilatérauxLa coopération bilatérale accorde une attention croissante au changement climatique dans nos pays partenaires. Le programme de coopération avec le Maroc fait clairement la part belle à la gestion environ-nementale durable et au changement climatique. La Belgique adhère au « Plan vert du Maroc » et soutient le secteur agricole et aquatique fortement touchés par le changement climatique et la désertification. Cette action reflète la stratégie belge consistant à s’engager au cours des prochaines années dans la lutte contre le changement climatique et dans le domaine environnemental à travers la coopération bilatérale et déléguée. Un cycle de formation interne relatif à l’environnement et au climat, mis en place en 2010, doit encourager l’application de cette stratégie.

Nos efforts consentis afin d’endiguer la disparition de la biodiversité mondiale se sont notamment traduits pas une aide apportée à l’institut royal des sciences naturelles de Belgique (IRSNB). Celui-ci est le point de concentration national de la Belgique en ce qui concerne la Convention sur la diversité biologique. L’expertise scientifique de l’IRSNB est notamment exploitée dans le cadre d’un renforcement des capacités en matière de protection de la biodiversité dans les pays du Sud.

Au cours de l’Année de la biodiversité, la Coopération belge au développement a soutenu une expédition scientifique sur le Fleuve congo, entreprise par un consortium d’institutions belges et congolaises. A la suite de cette initiative, un centre d’étude de la biodiversité a été créé à l’Université de Kisangani.

En 2010, le Prix de la Coopération belge au développement était placé sous le thème de la biodiversité et entendait récompenser de jeunes chercheurs pour leurs études dans le domaine du développement.

La valeur de l’extraction des ressources sera énorme. Et l’histoire

de l’aide au développement deviendra complètement secondaire si

cet argent est bien géré. Il s’agit de la plus grande opportunité que

l’Afrique ait jamais eue.

Le Professeur Paul Collier, Université d’Oxford, annonçant le lancement de la Charte des Ressources Naturelles, une série de principes pour guider des gouvernements dans la gestion des ressources naturelles.

Journées européennes du développement, 6-7 décembre 2010

66 DGD Rapport annuel 2010

BolivieCAS 1

Stimuler la gestion commune des forêts

La Belgique a apporté son soutien à l’initiative du vice-ministre bolivien de la Coca et du Développement intégral. Une pre-mière phase du projet d’exploitation intégrale et durable des ressources forestières s’est clôturée en 2010.D’excellents progrès ont été observés au cours des 3 premières années d’intervention, tant au sein des organisations sociales, dont les groupes de population de Yuqui et de Yuracaré, que dans les institutions locales. Ces dernières sont l’association intercom-munale de Trópico de Cochabamba et les 5 communes de son territoire.

Le problème principal fut le recul accéléré de la superficie forestière du à l’abattage volontaire des arbres. Le projet est parvenu a transformer ce type d’exploitation en un système de ges-tion et de commercialisation convenable de la superficie forestière. Ce changement important a profité à 479 communautés qui vivent dans les forêts et qui utilisent le bois dans le cadre de diverses activités.

Le projet était aussi consacré à la structure organisationnelle et sociale et a pu compter sur une excellente collaboration entre les communes. Celles-ci ont distribué 6,2 millions de plantes, ce qui représente plus de 5.000 ha de zones forestières et agricoles.

Source de revenus durablesGerardo Rodríguez, directeur national du projet nous a exposé quelques facteurs qui ont contribué à son succès. «Nous avons présenté la vision de la «gestion forestière commune», permettant ainsi d’impliquer la communauté dans la gestion de ses propres res-sources forestières. Nous souhaitons non seulement que les familles puissent vivre grâce à ces ressources, mais qu’elles s’assurent éga-lement que les forêts ne soient plus dévalisées.»

Hermenegildo Rojas, agriculteur du Syndicat Nuevo Horizonte– commune d’Entre Ríos: «Je cultive désormais du tanimbuca, des amandiers et d’autres variétés sur une superficie de deux hectares. Des techniciens nous ont enseigné les méthodes de plantation, nous ont communiqué les distances à respecter, la façon d’élaguer... Je sais que nous devons faire preuve d’un peu de patience avant de voir de véritables résultats commerciaux.»

Le fait que certains agriculteurs qui avaient officiellement inscrit leurs plantations aient pu les utiliser pour bénéficier de prêts leur permettant de satisfaire d’autres besoins compte parmi les résultats directs. A travers cette initiative, cette population peut utiliser ses ressources (sous la forme de bois ou non). Il existe désormais un meilleur équi­libre entre le prix du bois en tant que matière première et celui du produit final lorsqu’il quitte la scierie.

Bien que le projet ait été lancé il y a seulement 3 ans, il a tout de même permis de jeter les bases du développement forestier souhaité. Le projet a non seulement donné une perspective d’avenir à l’écono-mie locale, mais il est aussi la garantie de la durabilité de l’environne-ment. La phase de consolidation du projet doit confirmer cet objectif.

© CTB

sucre

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BolivieCAS 2

L’eau et l’assainissement dans les régions isolées

La Bolivie se caractérise par une très faible densité de popula-tion (8,78 habitants au km²). L’étendue du pays et les conditions rigoureuses de « l’Altiplano » (massif montagneux situé à 4.000m d’altitude) rendent la vie difficile. En dépit de l’exode rural vers les grandes villes telles qu’El Alto, Santa Cruz de la Sierra, La Paz ou Cochabamba, la population rurale continue à croître légèrement. Selon les prévisions, en 2015, 3,6 millions de personnes - 1/3 de la population – vivront encore dans les campagnes, la grosse majorité dans des communautés de moins de 500 membres.

L’accès à l’eau et à un système d’assainissement est un défi de taille pour ces habitants qui vivent généralement dans des zones isolées. Les micro-interventions au sein de ces petites communau-tés ne sont pas suffisamment rentables. Il est dès lors plus simple d’investir dans les zones urbaines. Trop souvent, les investisseurs ignorent les plus petites communautés rurales.

L’UNICEF fait partie des rares organisations impliquées dans l’amé-lioration de l’accès à l’eau et à un système d’assainissement dans les communautés de moins de 500 habitants. Le 7e Objectif du Millénaire constitue à cet égard une priorité : réduire de moitié la population qui n’a pas accès à l’eau et à un système d’assai-nissement. Depuis peu, cet accès est considéré comme un droit humain par les Nations Unies. La Bolivie a lourdement pesé sur cette décision.

Pour Koenraad Vancraeynest, volontaire des Nations Unies pour l’UniceF en Bolivie, contribuer aux actions de l’UNICEF fut une expérience très enrichissante. «  Les interventions ne se limitent pas aux aspects techniques des puits de forage, des systèmes de pompage ou des toilettes. Les travaux d’infrastructure sont insuffi-sants pour engendrer un impact réel sur la santé des enfants et des familles. Une approche intégrale, ne négligeant pas le développe-ment communautaire et l’importance de l’hygiène, est essentielle dans la lutte contre la diarrhée et la mortalité infantile. La Bolivie compte parmi les régions les plus touchées par ces deux fléaux. Le fait de se laver régulièrement les mains à l’aide de savon entraîne déjà une diminution de 44 % des cas de décès dus à la diarrhée. Le recours à l’assainissement des eaux est à l’origine d’une chute de 36 % de ces cas et l’utilisation correcte des équipements sanitaires permet de réduire leur nombre de 32 %. »

Pour l’UNICEF, il est fondamental que les communautés rurales dis-posent des capacités qui leur permettront à l’avenir de se charger des interventions dans le domaine de l’eau et de l’assainissement. C’est la raison pour laquelle la responsabilité de la majorité du cycle du projet a été confiée à la commune. L’UNICEF apporte son aide technique et financière. Koenraad Vancraeynest  : «  Pour chaque boliviano investi par l’UNICEF au sein de la communauté, la com-mune verse un boliviano supplémentaire. Il s’agit d’une évolution très prometteuse pour les communes soucieuses du développe-ment durable mais dont le budget est très limité. »

© Unicef

sucre

68 DGD Rapport annuel 2010

MaliCAS 3

Une gestion intelligente des déchets à Sikasso

Afin d’améliorer le système de gestion des déchets dans la ville de Sikasso, dans le sud du pays, la Belgique a investi plus de 2 millions d’euros dans la construction d’une décharge moderne, la première du pays. Théoriquement, l’administration de la ville devrait, selon les principes de décentralisation, être responsable de la poursuite de l’assainissement des déchets, bien qu’elle ne dispose toujours pas des moyens financiers ni des connaissances nécessaires. Notre pays a tout de même dépêché sur place un expert international en dé­chets, nadine Dulac, afin de renforcer la gestion locale de Sissako.

Nadine Dulac avoue que la gestion contrôlée des déchets fait égale-ment partie d’un environnement durable. Pour ce faire, un change-ment de mentalité s’impose. « Notre intervention repose sur le prin-cipe des « quatre R » : réduire, revaloriser, recycler et récupérer. Je suis conseillère auprès des services urbains décentralisés en charge de l’assainissement et de l’administration de la ville. »

Elle nous cite l’exemple du transport des déchets vers la décharge et les contrats avec les collecteurs de déchets privés. Nadine Dulac étudie actuellement dans un quartier les possibilités d’optimiser la

collecte des déchets à travers l’utilisation de charrettes (moins pol-luantes que les camions). Elle se rend à la fois sur le terrain et sur internet dans le but de rassembler certaines données telles que la longueur des rues à balayer ou la densité des quartiers.

Les premiers résultats sont déjà observés. D’après la spécialiste, Sikasso est beaucoup plus propre que la capitale Bamako. Les deux marchés de la ville sont nettoyés tous les jours et les poubelles sont vidées. L’administration de la ville a également eu une excellente idée  : 20 « contrôleurs de l’hygiène » s’assurent que les habitants jettent leurs déchets dans les poubelles et que les ménages soient sensibilisés à cette thématique.

© Thomas Hiergens

Bamako

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OugandaCAS 4

Amélioration du niveau de vie dans les bidonvilles de Kampala

Kampala est la capitale de l’Ouganda. Durant la journée, cette ville est une véritable fourmilière de près de 3 millions de per-sonnes. Environ 1,2 million d’entre elles y passe la nuit, et ce chiffre augmente chaque année de 4 %. Pas moins de 60 % de ses habitants vivent dans des bidonvilles. Les maisons sont très exigües et en mauvais état. Elles disposent rarement de sani-taires et sont à peine reliées au réseau de distribution d’eau po-table. Lorsqu’il pleut, les routes se transforment en bourbier et les maisons sont inondées car les déchets bloquent l’écoulement des eaux.

Le développent rapide de la ville représente un véritable casse-tête pour son administration. Les capacités sont insuffisantes et ne permettent ni de planifier ni de mettre en œuvre l’infrastruc-ture nécessaire. C’est la raison pour laquelle la Belgique a mis en place depuis 2006 dans trois quartiers de cette mégalopole un projet prévoyant l’amélioration du réseau routier, sanitaire et d’eau potable. Ce projet doit se terminer en 2011. La Belgique aura alors dépensé 4 millions d’euros sur toute sa durée.

L’amélioration du réseau routier et d’égouts prise en charge par l’Agence belge de développement est un véritable moteur de développement : les propriétaires d’habitations sont désormais en mesure de construire de meilleurs logements. De plus, 35 groupes de toilettes publiques ont été bâtis. Ils sont gérés par des délégués locaux. Pour y accéder, les utilisateurs paient une modeste contribution.

Les points de distribution d’eau publics améliorent l’accès à de l’eau potable saine. Une trentaine ont déjà été installés. Ils rencontrent un tel succès que les autorités envisagent d’en construire d’autres. Les habitants viennent remplir leurs jerri-canes à ces points d’eau et paient au moyen d’une puce prépayée insérée dans une clé.

Le prix de l’eau est extrêmement démocratique : pour un jerricane de 20 litres, les habitants paient moins de la moitié du tarif pratiqué sur le réseau commercial.

Harriet mbabazi remplit chaque jour ses jerricanes au point de Kisenyi. « Ce système représente une importante évolution. Je viens chercher de l’eau tous les jours et j’économise de l’argent. Je ne dois plus parcourir des kilomètres sur des chemins tortueux avec mes jerricanes à la main. Le week-end, je vais remplir quatre jerricanes car je dois nettoyer la maison et faire la lessive.  »

© One for Ten

Kampala

70 DGD Rapport annuel 2010

RD CongoCAS 5

Une collaboration scientifique plus intense

Depuis plusieurs années, la coopération belgo-congolaise investit dans le développement du secteur agricole ainsi que dans la sau-vegarde des écosystèmes forestiers à Kisangani et dans sa ré-gion. Ces activités sont principalement réalisées à travers le Fonds belge pour la Sécurité alimentaire, la coopération au développe-ment multilatérale et indirecte. La coopération dans ces domaines a récemment été largement renforcée.

Le nouveau programme de coopération 2010-13 entre la Belgique et la RDC retient l’agriculture et le développement rural parmi deux de ses trois secteurs prioritaires. Par ailleurs, le district de la Tshopo (Kisangani et sa région) a été choisi pour faire partie des 4 zones d’intervention des activités en matière d’agriculture et de dé-veloppement durable. La recherche agronomique se voit attribuer un rôle essentiel dans le cadre du développement et de l’exécution des programmes agricoles, pour lesquels des budgets conséquents ont été débloqués. L’exécution des programmes a été confiée à l’agence belge de développent CTB.

Dans le cadre du 50e anniversaire de l’indépendance du Congo, une expédition scientifique internationale a été menée afin de dres-ser l’inventaire de la biodiversité sur les rives du Fleuve congo. Les scientifiques en sont revenus avec une foule de nouvelles données et ont découvert des espèces animales inconnues. Cette initiative a également mené à la création du Centre de la Surveillance de la Biodiversité à l’Université de Kisangani (UNIKIS). Ces activités, qui ont également bénéficié du soutien du jardin botanique national de Belgique (Meise), sont en partie financées par la Coopération belge au développement, la Politique scientifique et la Loterie Nationale.

Croissance de la collaboration structurelleDepuis quelques années, la collaboration scientifique belgo-con-golaise s’est intensifiée. Les facultés des sciences et d’agronomie de l’UNIKIS ont entamé des partenariats avec les universités belges. Le Conseil interuniversitaire flamand a récemment décidé d’amplifier structurellement sa collaboration à travers un program-me institutionnel de coopération à long terme intitulé « agriculture/biodiversité ».

La Politique scientifique fédérale a également pris la décision il y a peu de financer 2 projets scientifiques au sein de la Man and Biosphere Reserve à Yangambi, à 100 kilomètres à l’ouest de Kisan-gani. Les projets ont pour objectif le renforcement des liens entre le climat et la biodiversité. La réserve est extrêmement adaptée à ce type de recherche. En outre, le World Wildlife Fund (WWF) mène un projet régional, grâce au soutien financier de la Coopération belge au développement, dans trois Man and Biosphere Reserves de l’UNESCO, parmi lesquelles la réserve de Yangambi.

De plus, les universités belges et les institutions scientifiques fé-dérales se mobilisent pleinement dans le cadre des activités finan-cées par la Commission européenne, tant à l’UNIKIS qu’au sein de l’herbarium de Yangambi de l’INERA.

Il est évidemment essentiel de coordonner cette multitude d’activités au niveau institutionnel et opérationnel. Le recteur de l’UNIKIS a à cet égard pris l’initiative concernant la coordination dans son établissement. L’attaché local auprès de la coopération internationale à Kisangani joue également un rôle essentiel. Pour terminer, la Coopération belge au développement organise égale-ment la concertation avec l’ensemble des partenaires à Bruxelles.

© DGD / Thomas Hiergens

Kinshasa

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La connaissance et la politique de développement s’associent

KLIMOS - la plateforme de recherche sur le Climat et la Coopération au développement

La plateforme de recherche KLIMOS soutient la Coopération belge au développement à travers l’éla-boration d’une politique respectueuse de l’environnement. Elle mène des recherches en appui à la politique dans les domaines énergétique et forestier, en matière de sécurité alimentaire et à propos de l’évaluation de la durabilité.

Des recommandations stratégiques ont été émises en 2010 en ce qui concerne les possibilités relatives au programme ReDD (Reducing Emissions from Deforestation and Forest Degradation) dans les régions semi-arides et désertiques. KLIMOS plaide non seulement en faveur d’une réduction des émissions de gaz à effet de serre à travers le ralentissement de la déforestation mais propose également d’étendre les négociations climatiques sur le programme REDD au REALU (reducing emissions from all land uses). Cette approche requiert un nouveau regard sur la gestion forestière et de l’écosystème prenant en compte les émissions de gaz à effet de serre, dont tous les pays sont responsables. De cette manière, les communautés et pays en voie de développement vulnérables situés dans des régions arides et semi-arides sont en mesure de prendre part aux initiatives destinées à réduire les émissions de gaz à effet de serre.

En 2010, une série de formations ont encore été organisées à l’attention du personnel de la DGD à propos du changement climatiquement et environnemental et la coopération au développement. KLIMOS s’est chargée de certaines d’entre elles et a apporté un fondement scientifique. La plateforme continuera au cours des prochaines années à soutenir ce renforcement interne des capacités.

KLIMOS a mis au point un « environmental sustainablility toolkit » (voir interview). Cet outil permet d’intégrer la thématique environnementale aux accords de partenariat, programmes et projets de la Coopération belge au développement. En 2010, KLIMOS a principalement travaillé sur la convivialité et l’application du kit. Une version de démonstration a été testée lors de la préparation de divers pro-grammes et projets de coopération.

72 DGD Rapport annuel 2010

Instruments innovantsInterview de Jean Hugé et Tom Waas, chercheurs à la Vrije Universiteit Brussel et responsables de la création du toolkit de la plateforme KLIMOS.

Que contient exactement ce kit et quel objectif poursuivez-vous ?« Il rassemble des informations, méthodes et processus destinés à intégrer le développement durable, en particulier l’environnement, au sein de la Coopération belge au développement. Il est adapté à la DGD. Mais d’autres acteurs doivent également être capables de l’utiliser. Citons à cet égard l’Agence belge de développement CTB, les ONG et, bien entendu, les pouvoirs publics dans les pays du Sud. Le kit se compose de deux parties : une banque de données regor-geant d’informations et une « screening note » afin de permettre l’analyse de durabilité environnementale d’un projet ou programme. Le choix des informations dépend tant de la quantité, du niveau de compréhension et de l’accessibilité des profanes de la question environnementale que de leur valeur scientifique. »

S’agit-il d’un « test climatique » ?« Non et ce, pour deux raisons. Tout d’abord, il ne se limite pas au climat et englobe d’autres aspects en matière de durabilité envi-ronnementale tels que la biodiversité et la désertification. Mais la DGD a insisté sur le fait que l’accent soit mis sur le climat. Ensuite, le kit est un outil d’intégration de la durabilité environnementale. Il peut servir d’outil d’évaluation et permettre ainsi de corriger au lieu de tester. De plus, ce kit est un outil pédagogique en matière

de thèmes environnementaux traités et de développement durable pour tous les acteurs. »

Ce kit peut-il être appliqué à tous les canaux d’aide de la Coopération belge au développement ?«  Oui, selon que l’utilisateur travaille sur un projet, une note de base, un Programme indicatif de coopération ou un appui budgé-taire. L’utilisation combinée de la screening note et de la banque de données a été étudiée en fonction des projets. Vous pouvez donc répondre aux questions de la note à l’aide des informations mises à jour issues de la banque de données. Cette dernière est extrê-mement utile dans le cadre de l’élaboration d’une note de base et d’un programme de coopération car cette opération requiert des informations rapidement mises à jour. »

Quels sont vos projets à propos du kit ?« Nous allons le développer peu à peu et apporter quelques modifi-cations afin de l’améliorer. Nous allons également l’appliquer à des cas concrets dans des pays du Sud, notamment dans la province de Limpopo en Afrique du Sud et ce, en collaboration avec les autorités locales et une université de la région. »

Jean Hugé et Tom Waas

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Le succès de l’Union européenne à Nagoya

Un instant historique pour notre biodiversiténagoya (Japon), le 30 novembre 2010, 3 heures du matin. Les membres de la 10e Conférence des parties à la convention sur la diversité biologique laissent éclater leur joie. A l’issue de longues négo-ciations, les trois dossiers essentiels ont enfin été approuvés : le Protocole de Nagoya, le plan stra-tégique 2011-20 en matière de biodiversité et la stratégie de mise en œuvre des moyens.

Des sources génétiquesLes pays caractérisés par une riche biodiversité, principalement ceux du Sud, ont encouragé le Proto­cole de nagoya (également appelé le Protocole ABS). L’accord prévoit un cadre juridique contraignant en matière d’accès à des sources génétiques. Il met également en place une répartition équitable des bénéfices provenant de l’exploitation commerciale de ces sources. Concrètement, chaque entreprise (du secteur pharmaceutique, alimentaire, forestier, de l’horticulture…) souhaitant faire appel à des sources génétiques dans ses activités commerciales doit au préalable obtenir l’autorisation du pays d’origine. L’entreprise doit alors dédommager ce pays sous la forme de brevets communs, de sommes d’argent, de transferts technologiques ou de renforcements de capacités.

De nouveaux moyensLes pays du Sud ont également obtenu des garanties en matière d’octroi de nouveaux moyens finan­ciers pour la conservation de leur biodiversité. Ils ont même espéré l’espace d’un instant un engage-ment permanent de la part des pays industrialisés. Le Brésil avait ainsi proposé un montant de 200 milliards de dollars sur 10 ans. Mais les membres se sont plutôt mis d’accord sur une définition des mécanismes financiers au cours des 2 prochaines années et de l’ampleur.

© Thomas Hiergens

Au cours des négociations, les pays du Sud ont insisté sur un renforcement de la coopération au déve-loppement officielle en matière de biodiversité. L’Union européenne a cependant proposé de compléter cette aide à l’aide de mécanismes financiers innovants (marchés verts, systèmes de perception, partenariats publics-privés…). Elle s’est heurtée à la méfiance de certains pays qui suspectent les nations industrialisées de vouloir se soustraire à leurs engagements à travers ces mécanismes. Le débat est reporté à 2 ans.

Plan stratégiquePour sa part, l’Union européenne attendait avec impatience un plan stratégique ambitieux et encourageant pour la période 2011-2020. Le résultat est plutôt médiocre. Le plan contient 20 objectifs pour 5 missions stratégiques. Les exigences sont moins élevées que prévu en ce qui concerne un certain nombre de ces objectifs. A l’horizon 2020, seuls 17 % des territoires à travers le monde devront être protégés (contre 13 % actuellement). Aucune mesure concrète n’a été prise pour les forêts. En revanche, la sauvegarde du milieu marin a été pour sa part renforcée : des mesures ont été définies afin de réduire la pression qui pèse sur les ressources halieutiques, de protéger les récifs coralliens et de considérer 10 % des régions maritimes en tant que milieu protecteur.

«Nagoya» n’est pas un «Copenhague bis». Dans ce domaine, la Belgique a assumé avec brio ses fonctions de présidente de l’Union européenne. L’Union s’est montrée unanime et a su défendre son point de vue de manière convaincante.

74 DGD Rapport annuel 2010

L’Année de la Biodiversité et zoom sur la République démocratique du Congo

L’ONU a déclaré 2010 comme l’Année internationale de la Biodiversité. La Coopération belge au déve-loppement a été tout au long de l’année l’instigatrice de nombreux événements destinés à attirer l’attention sur la biodiversité mondiale.

Institutions scientifiques fédéralesLes institutions scientifiques fédérales ont mis au point des projets spéciaux afin de renforcer les connaissances dans le domaine de la biodiversité. Des expéditions, expositions, événements, publica-tions et projets de recherche ont vu le jour en 2010. Citons à cet égard la grande Fête des abeilles de l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique. A travers ses activités de sensibilisation, la Coo-pération belge au développement a également accordé une attention particulière à cette thématique.

Expédition Biodiversité Congo 2010L’expédition Biodiversité Congo 2010 a démarré en avril. Pas moins de 67 scientifiques ont navigué sur le Fleuve congo et ses affluents afin d’étudier pendant 47 jours les ressources biologiques de la forêt tropicale, l’une des plus méconnues au monde. La DGD a fourni les subsides les plus importants car le projet présente un large volet sur le renforcement des capacités des scientifiques congolais : soutien scientifique et matériel, fondation d’un centre sur la biodiversité, rassemblement de collections de réfé-rence propres et développement du monde scientifique congolais.

© DGD / Thomas Hiergens

50e anniversaire de l’indépendance du CongoL’Année internationale de la Biodiversité et le 50e anniversaire de l’indépendance du Congo représen-taient l’occasion idéale non seulement de lancer l’expédition, mais également d’organiser une multitude d’activités socioculturelles. Que ce soit au Congo ou en Belgique, le 50e anniversaire a mobilisé des dizaines de milliers de personnes et ce, avec le soutien de la Coopération belge au développement.

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76 DGD Rapport annuel 2010

© Tim Dirven

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Objectif du Millénaire 8Partenariat mondial pour le développement­ Poursuivre la mise en place d’un système commercial et financier multilatéral ouvert, fondé sur des règles, prévisible et non

discriminatoire. cela suppose un engagement en faveur d’une bonne gouvernance, du développement et de la lutte contre la pauvreté, aux niveaux tant national qu’international.

­ s’attaquer aux besoins particuliers des pays les moins avancés. La réalisation de cet objectif suppose l’admission en fran­chise et hors contingents de leurs exportations, l’application du programme renforcé d’allégement de la dette des pays pauvres très endettés, l’annulation des dettes bilatérales envers les créanciers officiels, et l’octroi d’une aide publique au développement plus généreuse aux pays qui démontrent leur volonté de lutter contre la pauvreté.

­ Répondre aux besoins particuliers des etats enclavés et des petits etats insulaires en développement.

­ traiter globalement le problème de la dette des pays en développement par des mesures d’ordre national et international propres à rendre leur endettement viable à long terme.

­ en coopération avec les pays en développement, créer des emplois décents et productifs pour les jeunes.

­ en coopération avec l’industrie pharmaceutique, rendre les médicaments essentiels disponibles et abordables dans les pays en développement.

­ en coopération avec le secteur privé, mettre les avantages des nouvelles technologies, en particulier des technologies de l’information et de la communication, à la portée de tous.

Le partenariat et la responsabilité collective, qui figurent dans l’OMD 8 explicitement axé sur la politique, sont les pierres angu-laires de la Déclaration du Millénaire de l’an 2000. Une politique internationale et nationale sont indissociables, raison pour la-quelle l’état des lieux mondial et la contribution belge sont expo-sés conjointement dans ce chapitre.

La Déclaration du Millénaire appelle tous les pays à contribuer à la dignité humaine, à l’égalité et à l’équité. Cette Déclaration estime que certaines valeurs fondamentales doivent sous-tendre les rela-tions internationales : liberté, égalité, solidarité, tolérance, respect de la nature et partage des responsabilités. Dans le chapitre consa-cré au développement et à la lutte contre la pauvreté, la Déclaration du Millénaire mentionne le droit au développement et la nécessité de créer un contexte propice à ce développement.

Ce deuxième aspect se traduit notamment par le principe de cohérence des politiques en matière de développement. L’Union européenne a déjà pris l’initiative dans ce domaine depuis long-temps. La Déclaration du Millénaire stipule également qu’une gestion correcte tant au niveau national qu’international est une condition essentielle afin de réaliser les OMD.

Parmi ces approches globales de l’OMD 8, 6 sous-catégories ont été définies  : (1) l’aide publique au développement (ODA), (2) une cohérence entre les politiques en matière de développe-ment, (3) des financements innovants pour le développement, (4) une gestion correcte et la lutte contre la corruption, (5) les Etats fragiles et (6) le MOPAN. Voici une description plus détaillée de ces sous-catégories.

78 DGD Rapport annuel 2010

Situation actuelle dans le monde

Les faits en bref- L’aide publique au développement représente pour l’instant 0,31 % du revenu national combiné des

pays développés, soit bien en deçà de la cible onusienne de 0,7 %. Cinq pays donateurs seulement ont atteint ou dépassé cette cible.

- Le poids de la dette a diminué pour les pays en développement et reste largement en dessous de ses niveaux historiques.

- Une personne sur six seulement a accès à internet dans le monde en développement.

L’APDLe niveau de l’aide publique au développement (APD) est de plus en plus élevé, en dépit de la crise financière, mais l’Afrique n’en reçoit pas assez et l’aide reste en dessous des attentes. Les décaisse-ments nets d’APD ont atteint un montant historique de près de 120 milliards de dollars en 2009. En termes réels, cela représente une légère hausse de 0,7 % par rapport à 2008, même si l’APD en dollars actuels a baissé de plus de deux pour cent. À l’heure actuelle, le niveau 2010 d’APD devrait se situer aux alentours de 126 milliards de dollars.

Pour la plupart des pays donateurs, l’aide reste largement en deçà de la cible onusienne de 0,7 % du produit national brut. Cinq pays donateurs seulement ont atteint ou dépassé la cible onusienne : le Danemark, le Luxembourg, les Pays-Bas, la Norvège et la Suède. L’aide se focalise de plus en plus sur les pays les plus pauvres, les pays les moins avancés recevant environ un tiers du total des flux d’aide.

L’accès aux marchésLes pays en développement bénéficient à présent d’un accès aux marchés des pays développés. La proportion des importations des pays développés, à l’exclusion des armes et du pétrole, en provenance des pays en développement a atteint près de 80 % en 2008, ce qui représente un véritable bond par rapport aux 54 % de la décennie précédente. Les droits de douane que touchent les pays développés sur les produits agricoles, les textiles et les vêtements restent élevés. Mais les pays les moins avancés bénéficient toujours de tarifs préférentiels, surtout sur les produits agricoles (1,6 % contre 8 % pour les autres pays en développement).

La detteLe poids de la dette s’est allégé pour les pays en développement et reste largement en dessous de ses plus hauts niveaux historiques. Quarante pays remplissent les conditions pour un allégement de la dette dans le cadre de l’initiative mise en place en faveur des pays pauvres très endettés. Trente-cinq d’entre eux ont vu leurs futurs remboursements réduits de 57 milliards de dollars, et 28 ont reçu une aide supplémentaire de 25 milliards de dollars dans le cadre de l’initiative multilatérale pour l’allége-ment de la dette.

L’accès aux nouvelles technologiesL’accès aux technologies de l’information et des communications (TIC) s’étend. Au niveau mondial, quelque 4,6 milliards de personnes avaient accès à la téléphonie mobile fin 2009 – l’équivalent d’un abonnement au téléphone cellulaire pour 67 habitants sur 100. La croissance de la téléphonie mobile est toujours la plus forte dans le monde en développement, où la pénétration a passé la barrière des 50 % fin 2009. L’accès à Internet continue de s’étendre, mais ne concerne toujours pas la majorité des habitants de la planète. Fin 2008, 23 % de la population mondiale se servaient d’internet. Dans les régions développées, le pourcentage reste bien plus élevé que dans le monde en développement, où seulement une personne sur six est en ligne.

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L’aide publique au développement apportée par la Belgique (APD) Le trajet d’évolution garde le cap

En 2000, le gouvernement belge s’est engagé à atteindre dès 2010 la norme des Nations Unies impo-sant aux pays industrialisés de consacrer 0,7 % de leur revenu national brut (RNB) à la coopération au développement. L’évolution vers ces 0,7 % a été définie en 2002 par une loi. Les objectifs belges sont plus ambitieux que ceux de l’Union européenne, laquelle s’est fixé jusqu’à 2015 pour atteindre cette norme.

Cette évolution a été suivie jusqu’en 2005. En 2006 et 2007, les dépenses à charge du budget fédéral en matière de coopération au développement ont légèrement baissé, à l’instar des opérations d’allè-gement de dette dans le cadre du Club de Paris. Par conséquent, l’aide publique au développement a à peine atteint 0,43 % en 2007. Ce chiffre correspond quasiment à celui de 2002, l’année au cours de laquelle l’évolution a été fixée par une loi.

© fauxto digit

Des chiffres historiquement élevésAfin d’inverser la tendance négative, l’engagement du gouvernement d’atteindre les 0,7 % en 2010 a été reconfirmé au sein de l’accord gouvernemental de mars 2008. Depuis lors, l’aide publique belge au développement a augmenté de 0,48 % en 2008 à 0,64 % en 2010. Bien que ce pourcentage soit historiquement élevé, la Belgique ne respecte pas encore son engagement de 0,7 % en 2010.

Le budget fédéral de la coopération au développement explique la croissance importante de ces der-nières années. En effet, ce budget est passé de 954 millions d’euros en 2007 à près de 1460 millions en 2010. La remise de dette de la RDC a également contribué à ces bons résultats.

La Belgique occupe la 6e place sur la liste du Comité d’aide au développement (CAD) de l’OCDE (données 2009 en pourcentage) et ce, après la Suède, la Norvège, le Luxembourg, le Danemark et les Pays-Bas. Ces 5 pays ont déjà atteint la norme de 0,7 %.

L’aide publique au développement belge se compose de diverses dépenses : les contributions inscrites au budget de la coopération au développement (environ 60 % du total) et à celui d’autres autorités fédérales, une partie des frais d’accueil des réfugiés et des étudiants issus de pays en voie de développement qui effectuent leurs études en Belgique, les contributions des régions, communautés, provinces et communes ainsi que les remises de dettes accordées au niveau international.

80 DGD Rapport annuel 2010

Cohérence de la politique

Le développement ne se limite pas à la coopération au développement

A l’heure de la mondialisation, les défis de la coopération au développement ne se limitent pas à une simple aide ordinaire. Ils sont liés à des domaines tels que le changement climatique, la migration, les investissements, la fiscalité, la technologie et la sécurité. Les décisions prises dans le domaine de la coopération au développement ne suffisent plus pour ce développement. Prenons l’exemple de la commercialisation sur les marchés internationaux de produits agricoles issus des pays en voie de déve-loppement. Si, d’une part, on encourage cette pratique mais que, d’autre part, on empêche aux agricul-teurs des pays pauvres d’accéder librement à ces marchés, cette règle n’est ni efficace, ni cohérente.

Une bonne politique en matière de développement est donc largement insuffisante pour atteindre les Objectifs du Millénaire. Cette politique doit également être reliée aux décisions stratégiques prises dans d’autres domaines. Depuis quelques années, l’OCDE et l’UE s’appliquent à la mise en œuvre de cette cohérence afin que l’aide au développement puisse en bénéficier.

OCDE-CADLa Coopération belge au développement fait partie du Comité d’aide au développement (CAD) de l’OCDE. Le CAD entend fournir des outils aux donateurs et à leurs pays partenaires dans le but de favoriser une cohérence politique renforcée. Ce principe repose sur trois étapes  : un engagement politique au plus haut niveau, la mise en œuvre des mécanismes de coordination politique, la création d’un système d’analyses du contrôle et de l’information. Néanmoins, le CAD est conscient du fait qu’il n’existe pas de recette universelle adaptée à chaque situation. Dans certains pays comme la Belgique, la coordination de la politique va au-delà de l’enga-gement politique.

Coordination de la politiqueA l’instar d’autres pays, la Belgique se trouve dans la situation suivante : la coordination de la politique fonctionne parfaitement bien mais elle ne constitue pas la garantie d’une politique coordonnée et cohé-rente en faveur de la coopération au développement. Concrètement, le SPF Affaires étrangères assure la coordination durant les réunions avec les représentants d’autres SPF et des institutions fédérales. L’objectif de ces réunions consiste à définir une position belge unique dans le cadre de la préparation d’une conférence internationale ou d’un conseil des ministres européens. La Coopération belge au développement peut à cet égard donner clairement son point de vue et demander que les questions en matière de développement soient prises en considération. Dans ce cas, il s’agit bel et bien de coordination de la politique mais pas d’une cohérence en faveur de la coopération au développement.La migration est un autre exemple. On peut réellement parler de cohérence politique dans ce domaine en faveur de la coopération au développement lorsque des décisions sont également prises dans d’autres services publics, en fonction de leur impact sur le développement des pays d’origine des migrants.Ces exemples démontrent que la cohérence politique en faveur du développement débute dans le domaine du leadership politique et exige une volonté politique de l’ensemble du gouvernement. Par ailleurs, de bons mécanismes de concertation sont nécessaires dans le cadre de leur exécution opé-rationnelle.

Sur la bonne voieEn 2010, le Comité d’aide au développement a procédé à un examen de la Coopération belge au développement et a rendu l’avis suivant en matière de cohérence politique : « sur la bonne voie ». Le CAD suggère que la coopération au développement, avec le soutien des ONG, sensibilise le Parlement et l’opinion publique afin que le gouvernement dans son ensemble puisse se forger un point de vue fondamental soutenu par le premier ministre. Des premiers efforts ont été consentis en 2010 avec les ONG mais le contexte politique belge ralentit ce processus.

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Innovation en matière de financement du développement

Réduction du fossé dans le domaine du financement

En marge du Sommet du Millénaire de new York, la Belgique, le Japon et la France ont organisé un side­event consacré aux mécanismes de financement innovants. Pas moins de 500 représentants des différents pays et organisations internationales y ont participé. Cet événement fut l’occasion idéale d’affirmer le point de vue sur ce domaine relativement récent et de promouvoir une série d’initiatives éloquentes.

Les mécanismes de financement innovants sont perçus comme l’une des solutions potentielles per-mettant de réduire le fossé du financement afin d’atteindre les Objectifs du Millénaire. La conférence de New York s’est attardée sur leur application dans le secteur de l’éduction et sur les programmes de santé (achat de médicaments, lutte contre les pandémies telles que le sida et la malaria, financement de programmes de vaccination…).

Les membres se sont surtout intéressés au rapport sur la taxation du secteur financier en faveur des objectifs en matière de développement. L’expert belge, Lieven Denys, entre autres, a démontré qu’une taxation internationale des opérations de change est parfaitement réalisable, tant sur le plan tech-nique qu’organisationnel. Mais il manque encore une assise politique suffisamment importante afin de permettre de mettre en œuvre cette mesure. Au cours de cette conférence, la France, le Japon, la Norvège, le Brésil et l’Espagne ont d’ores et déjà témoigné leur soutien à cette proposition.

L’aide du secteur privé peut être délivrée à un niveau où les

organisations donatrices n’ont pas d’emprise. Mais le manque

d’accès aux financements est un facteur critique pour la

plupart des PME dans l’Afrique sub-saharienne.

Thomas Duve, Directeur du département Afrique de la banque allemande de développement KfW.Journées européennes du développement, 6-7 décembre 2010

© AFD

82 DGD Rapport annuel 2010

Bonne gestion et renforcement institutionnel

Contre la corruption, pour une communauté forte

Les communautés sont caractérisées par des structures officielles (société civile, clans tradition-nels, ONG) et informelles (systèmes parallèles afin de survivre, marché noir, mouvements religieux et mystiques, etc.). Il est nécessaire de prêter attention à ces deux structures afin de gérer au mieux la société et de favoriser un réel développement.

Renforcement de la légitimitéLe renforcement des capacités est un instrument qui permet d’améliorer la gestion et pouvant être appliqué à différents niveaux : institutionnel, organisationnel et individuel. Cet outil renforce la légitimité et la stabilité des différents éléments qui composent un Etat et une communauté. De cette manière, l’impact de notre aide et du développement est plus important. Les organes étatiques renforcés sont en mesure d’exécuter leurs tâches correctement et les pouvoirs sociétaux disposent des outils leur permettant de suivre cette exécution efficace.

La Belgique apporte son soutien à divers acteurs institutionnels. La Coopération au développement aide les 3 ministères congolais clés sur lesquels se concentre le Programme Indicatif de coopération : agriculture, développement rural et enseignement technique et professionnel.

La Belgique soutient la lutte contre la corruptionLa lutte contre la corruption et une gestion efficace sont les éléments essentiels qui permettront de réaliser les Objectifs du Millénaire.Au niveau bilatéral et dans le cadre d’une approche transversale, la Belgique a pris dans les pro-grammes de coopération avec le Burundi et la RD Congo des mesures de gestion stimulantes et a prévu des clauses anti­corruption (ces dernières s’appliquent également au programme pour la Tanzanie). En d’autres termes, la Belgique est disposée à renforcer son soutien au cours des dernières années du programme de coopération (montant supplémentaire) à condition que les pouvoirs publics soient en mesure de démontrer des progrès concrets en matière de gestion démocratique et financière.

L’agence belge de développement CTB est également sensible à ces aspects du domaine de la gestion. Elle fait désormais partie de la plateforme « U4 », l’Anti-Corruption Resource Centre, dont le but est de favoriser l’échange d’informations et d’organiser des formations.

Au niveau multilatéral, la Belgique est impliquée dans la lutte contre la corruption grâce à sa colla-boration avec la Banque mondiale. Un cadre stratégique a été mis en place pour la période 2008-2011 et ce, afin de permettre de dresser un inventaire de l’expertise technique et des compétences que la Banque mondiale peut mettre à disposition des pays partenaires de la Belgique. Le cadre repose sur trois champs d’action, dont la gestion efficace et la lutte contre la corruption. En 2010, notre pays a organisé à Bruxelles, en collaboration avec la Banque mondiale, une conférence qui s’est clôturée sur une déclaration en matière d’éthique dans le domaine des affaires et de la gestion efficace en Afrique.

La bonne gouvernance ne peut être imposée de l’extérieur.

Vous pouvez concevoir les systèmes les plus sophistiqués

pour ‘tracer’ l’argent, rien ne fonctionnera tant que la volonté

politique n’existe pas au sein des gouvernements.

Caroline Anstey, Vice-présidente des Affaires extérieures de la Banque Mondiale, évoquant l’approche de la Banque Mondiale de ne pas faire circuler de l’argent tant que l’aide n’a pas atteint les pauvres.

Journées européennes du développement, 6-7 décembre 2010

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Pays précaires

Mieux définir l’aide

Il n’apparaît pas clairement que les pays les plus vulnérables (la majorité d’entre eux) peuvent atteindre les Objectifs du Millénaire. Il est généralement compliqué d’introduire des réformes dans ces pays et les acteurs clés, les structures étatiques et sociétales, sont relativement faibles. D’autres problèmes aggravent souvent cette situation : une pauvreté extrême, l’insécurité et la violence, des crises perma-nentes, des situations d’après-guerre… Ces pays sont davantage sensibles aux problèmes régionaux et internationaux tels que la crise économique et financière de ces dernières années.

© Julien Harneis

En 2010, ces pays sont restés à la traîne dans le processus de réalisation des Objectifs du Millénaire. Certains d’entre eux ont bénéficié d’un soutien renforcé (Afghanistan, Irak, Ethiopie, Pakistan) mais d’autres sont restés les « parents pauvres de l’aide ». Il est dès lors nécessaire de mieux équilibrer les canaux d’aide et de les maintenir à un certain niveau pour le long terme. L’aide qui suit une crise peut être conséquente mais se réduire par la suite alors que les besoins augmentent. Par ailleurs, en raison de la crise économique qui fait rage en ce moment, certains donateurs réévaluent leurs engagements en fonction des résultats atteints ou non.

Six pays partenaires de la Belgique sont actuellement vulnérables : le Rwanda, la RD Congo, le Burundi, le Niger, l’Ouganda et les Territoires palestiniens. Ils représentent une part importante de notre aide au développement.

84 DGD Rapport annuel 2010

Efficace et effectifDans le cadre d’une aide plus efficace, les membres du Comité d’aide au développement (CAD) se sont engagés à désigner les actions préjudiciables pour le développement des pays partenaires. La diffé­renciation en matière d’approche de la politique d’aide au développement est fondamentale bien qu’ils hésitent encore à concrétiser cette nouvelle approche en raison de sa complexité. Tous les projets, programmes et leurs modalités d’exécution doivent être réétudiés selon un point de vue plus large : Comment soutenir au mieux l’agriculture, l’éduction et les soins de santé dans un pays vulnérable ?

En 2010, les pays donateurs les plus progressistes, parmi lesquels la Belgique, ont mis au point une stratégie spécifique destinée aux nations vulnérables.

Le Réseau international sur les situations de conflit et de fragilité (INCAF), l’un des organe subsidiaires du CAD, soutient les mesures d’aide des pays donateurs en se basant sur les enseignements tirés de l’expérience de chacun. La Coopération belge au développement y a participé et a tiré profit des échanges. Le CAD a publié en 2010 ses directives en matière de soutien international au processus de renforcement de l’Etat en proie à des situations conflictuelles et à la vulnérabilité, dont les membres se sont engagés à appliquer la méthode prescrite.

En marge de l’INCAF, le Dialogue international sur la consolidation de la paix et le renforcement de l’Etat a été officiellement lancé. Ce dialogue réunit les pays donateurs et les nations vulnérables afin qu’ils puissent échanger leurs points de vue. Ils se sont engagés à rédiger un plan d’action contentant des recommandations. Il sera présenté fin 2011 au Quatrième Forum de haut niveau sur l’efficacité de l’aide au développement qui se déroulera à Busan en Corée du Sud.

La Belgique et le MOPAN

Analyse de l’efficacité au sein des institutions internationales

Depuis plusieurs années, la Belgique suit les activités du Réseau de mesure des performances des organisations multilatérales (MOPAN). Après y avoir participé à trois reprises en tant qu’observateur, notre pays a décidé en février 2010 d’en devenir membre.

Le réseau MOPAN a été créé en 2002 et compte 16 pays membres. Le MOPAN a mis au point un ins­trument d’évaluation permettant de mesurer l’efficacité en matière de gestion et institutionnelle des organisations multilatérales de développement. Il s’agit des principales agences des Nations Unies et institutions financières internationales. Grâce à un questionnaire, le MOPAN concentre son attention sur 4 volets du domaine de l’efficacité en matière de gestion : les gestions opérationnelle, stratégique, relationnelle et des connaissances.

Chaque année, le MOPAN analyse l’efficacité de la gestion de 4 ou 5 organisations multilatérales de 10 pays en développement. En 2010, le MOPAN a examiné le Fonds international de Développement agricole (FIDA), le Fonds des Nations Unies pour la Population (FNUAP), l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et la Banque asiatique de Développement (BASD). Le fonctionnement interne de ces organisations ainsi que leurs activités sur le terrain sont évalués et ce, dans les pays en développement suivants : Afghanistan, Bénin, Colombie, Indonésie, Nicaragua, Rwanda, Sri Lanka, Vietnam et Zambie. Outre sur des enquêtes, les rapports du MOPAN se basent également sur une étude de la littérature. Il s’agit d’une analyse des ouvrages disponibles rédigés à propos de divers aspects étudiés par le MOPAN. Cette étude permet jusqu’à un certain niveau d’objectiver les décisions générales de l’évaluation et de placer la subjectivité des personnes interrogées dans leur contexte.

La Belgique suit de près ces évaluations car depuis 2009, elle a décidé de maximaliser ses contributions aux moyens généraux des organisations multilatérales. Par conséquent, la coopération multilatérale belge peut consacrer une majeure partie de son temps au suivi stratégique, opérationnel et politique. Le MOPAN permet donc de se faire une idée claire des activités des 21 organisations multilatérales.

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Défense, diplomatie et coopération au développement

Cohérence nécessaire

Le Ministre de la coopération au développement s’occupe de dossiers spécifiques en collaboration avec d’autres Ministères. Les Ministères de la Coopération au développement, des Affaires étrangères et de la Défense se penchent ainsi sur l’engagement militaire et civil en Afghanistan, principalement sur le plan de la démobilisation, du désarmement et du déminage. La faisabilité de l’approche « 3D­LO » (Diplomacy, Defense, Development, Law and Order) est analysée dans de tels dossiers. Ensemble, ils mettent au point une politique cohérente afin de permettre des interactions civiles et militaires

.

© US Air Force

Approche commune en RD CongoLa région instable de l’Est du Congo fait face à des infrastructures délabrées et à des conditions de vie atro-ces. Elle est en outre confrontée au problème de la réintégration des militaires et des agents de police au sein de la communauté. Ceux-ci doivent souvent vivre temporairement avec leurs familles dans des camps.

La famille est parfois contrainte de voyager pendant plusieurs mois dans le sillage des militaires. Leur salaire est alors la seule source de revenu de toute la famille. Les camps n’ont pas été construits pour ce type d’accueil familial et cette situation provoque en outre des conflits avec la population locale. Les habitants manquent de moyens et sont par ailleurs confrontés aux nuisances provoquées par les militai-res et agents de police itinérants accompagnés par leur famille.

Dans le cadre du renouvellement de l’armée, le gouvernement congolais a décidé de détacher un régi-ment de commandos composé de 600 hommes dans le camp militaire de Kindu. Du côté belge, une collaboration « 3D » a été mise en place afin d’améliorer l’état de l’infrastructure civile et militaire qui se trouve actuellement dans un état de délabrement avancé. La formation des militaires est financée par la Défense, le renouvellement de l’infrastructure militaire du camp par les Affaires étrangères et la construction des logements pour les familles des militaires par la Coopération au développement.

Les travaux ont débuté fin 2010. L’objectif poursuivi est le suivant :- construire des logements pour les familles des 623 militaires, avec installations sanitaires (douches

et latrines), - garantir l’accès à l’eau,- permettre aux familles des militaires et aux riverains d’accéder aux soins de santé et au

système éducatif,- développer des activités sociales, dont certaines qui permettront à ces familles de générer un revenu.

86 DGD Rapport annuel 2010

Depuis plusieurs années, le Mozambique est impliqué dans l’amé-lioration de la perception des impôts car le pays passe encore à côté de nombreux revenus. Les premiers signaux indiquent des résultats positifs. C’est pour cette raison que la communauté internationale a décidé de soutenir les efforts de ce pays.

L’Autoridade tributária (« autorité fiscale ») du Mozambique a été créée en mars 2006 et est le fruit de l’intégration de la douane et de l’ensemble des services du Ministère des finances. Avant la mise en place de cette autorité, la perception des impôts était relative-ment inefficace. Par conséquent, la réforme des impôts signifie :

- instaurer une législation plus adéquate,- simplifier les procédures,- améliorer la perception des impôts,- introduire des matériels et logiciels adaptés,- construire des bureaux des contributions,- veiller à une organisation efficace des services des contributions,- assurer une bonne formation du personnel,- informer et identifier les contribuables,- développer une culture et une éthique spécifiques  auprès des

fonctionnaires et du public.

Mettre progressivement un terme à la dépendance de l’aideAider le gouvernement du Mozambique dans ce domaine relève également de la coopération au développement, au même titre que la construction d’hôpitaux ou que le soutien du secteur agri-cole. Si l’évaluation d’un pays révèle qu’il dépend dans une trop large mesure des pays donateurs, les efforts des autorités destinés à réduire cette dépendance méritent alors un soutien incondition-nel. Actuellement, environ la moitié du budget du Mozambique est financé par les pays donateurs. Il convient également d’ajouter

une large part d’aide non gouvernementale et des projets qui ne sont pas inscrits au budget. Le gouvernement mozambicain est conscient du fait que cette situation ne peut durer indéfiniment.

Certains donateurs ont par conséquent décidé de soutenir l’Auto-ridade par le biais d’un fonds commun et d’une expertise tech­nique. La Belgique a prévu d’y consacrer 3 millions d’euros. Une première convention, assortie d’un montant de 2 millions d’euros pour 2010, a été signée le 5 mars 2010 et une expertise technique a été apportée par l’Agence belge de développement CTB.

Le Fonds monétaire international (FMI) estime que cet argent est correctement dépensé. L’opinion du FMI envers l’Autoridade Tributária est positive  : dotée d’un management solide, celle-ci a déjà lancé avec succès la perception des impôts et la première phase de la réforme, et mis en place une législation fiscale correcte. Parmi les points d’attention figurent encore une simplification plus poussée et la mise en place urgente d’un cadastre décentralisé (enregistrement de toutes les habitations et tous les bâtiments).

Les résultats sont donc prometteurs. Entre 2006 et 2009, les re-cettes fiscales ont augmenté nominalement de 70 % et quelque 578.000 nouveaux contribuables ont été «inscrits». Les recettes perçues en 2009 correspondent à 17,7 % du Produit national brut, ce qui n’est pas mal du tout.

CAS 1

Meilleure perception des impôtsMozambique

maputo

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La coordination des dons et la répartition des tâches sont deux élé-ments essentiels de la coopération au développement. Etant donné que le Mozambique est un pays partenaire des autorités fédérales et flamandes, ces deux donateurs harmonisent leurs méthodes.

David maenaut, le représentant du gouvernement flamand en Afrique australe, nous confie ses impressions : « En tant que petit pays donateur, nous devons anticiper les différentes formes de concertation de donateurs à Maputo et y participer. Dans un pre-mier temps, ceci se déroule en collaboration avec la Coopération au développement fédérale mais également à travers un dialogue constructif et des accords prévoyant une répartition correcte des tâches en matière de coopération européenne. A terme, le Traité de Lisbonne aura également un impact sur le fonctionnement de l’Europe dans les pays du Sud. »

Divers secteursAu cours de la période 2006-2010, la Flandre a été principalement active dans deux secteurs. «  Le premier est celui des soins de santé et le second est l’enseignement technique et profession­nel. La Flandre a consacré 4 millions d’euros par an au secteur des soins de santé et 1 million à l’enseignement professionnel. La Flandre a prévu de se retirer de ce dernier après 2013. »

Outre son soutien au développement rural et aux énergies re­nouvelables, la Coopération au développement fédérale apporte également son aide au secteur de la santé au Mozambique. Dans le cadre des accords avec les autres donateurs, une stratégie de sortie pour la fin 2012 est en cours d’élaboration. Cette décision est logique d’un point de vue de la répartition des tâches parmi les donateurs et la plus acceptable pour les autorités du Mozambique car la Flandre reste active dans le domaine de la santé.

Mais ce n’est pas tout. L’Agence flamande de la coopération internationale (VAIS) a dépêché un représentant dans chacun de ses pays partenaires, donc à Maputo également. Pour des raisons d’efficacité, la VAIS et la DGD évitent de participer aux même réu-nions. La VAIS suit les assemblées du secteur des soins de santé. La VAIS et la DGD se concertent tous les mois. A l’inverse, la DGD fournit des informations à la VAIS à propos de la concertation à ca-ractère plus politique des donateurs : l’état des lieux de la politique internationale de lutte contre la pauvreté, les réunions des chefs de poste européens sur les droits de l’homme, etc.

L’harmonisation de la politique de développement des deux auto-rités entend donc favoriser la complémentarité et l’efficacité. Les deux pouvoirs sont ravis de cette collaboration et de ses résultats. Et bien entendu, le pays partenaire profite d’une distribution effi-cace des dons.

CAS 2

Harmonisation de la Coopération belge au développement et de la Coopération flamande (VAIS)

Mozambique

maputo

88 DGD Rapport annuel 2010

MaliCAS 3

La Belgique soutient le processus de décentralisation

Le 8 décembre 2009, le Mali et ses partenaires ont signé la « stra­tégie commune  de soutien mutuel aux pays » (2008-2011). Cette stratégie est tombée à point nommé pour la Belgique car la DGD était en train de replanifier son soutien pour la période 2009-2012. La Belgique est l’un des premiers pays donateurs à concentrer son aide au Mali dans deux secteurs prioritaires : la sécurité alimen­taire, surtout la promotion de l’élevage et de la pêche et la décen­tralisation des pouvoirs publics.

Selon les attachés de la coopération internationale de l’ambas-sade belge, le gouvernement malien reconnaît l’expertise belge en matière d’élevage. «  Le Mali a demandé notre soutien dans le domaine de la pêche et de l’élevage. De plus, la Belgique s’est forgé une expertise en matière de décentralisation administrative. Le choix de ces deux secteurs n’exclut pas le fait que la Belgique continue à s’intéresser à des thèmes transversaux tels que la pro-tection des droits des enfants, l’égalité des sexes et le respect de l’environnement. »

Afin de planifier plus efficacement l’aide, le Mali et ses pays parte-naires procèdent à de nombreuses concertations. Les tâches sont également correctement réparties entre les donateurs et ceux-ci sont complémentaires. Le Mali a créé un organe interministériel pour l’exécution de la Stratégie Commune.

© CTB

Bamako

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“La population locale à le droit d’être consultée”Interview d’Arnaud Chaltin, volontaire pour les Nations Unies en Bolivie

Arnaud chaltin travaille en tant que volontaire pour les nations Unies au sein du Haut commissariat aux Droits de l’homme en Bolivie, plus précisément dans le service chargé du suivi des droits de la population locale et de la lutte contre la discrimi­nation. ce travail s’inscrit dans le cadre de la réalisation du huitième Objectif du millénaire, à savoir créer un partenariat pour le développement.

Arnaud chaltin : « La deuxième Décennie internationale des popu-lations autochtones a débuté en 2004. La première avait débuté après l’Année internationale en 1993. Elle entend tout d’abord pro-mouvoir le développement sur la base du principe d’égalité et du respect de la diversité culturelle des populations. L’ONU garantit le droit des populations autochtones de prendre leurs propres déci-sions dans le domaine politique, économique, social et culturel. »

Quelle est la situation en Bolivie?Arnaud chaltin  : «  J’ai suivi de près le processus de consulta-tion d’une mesure légale qui s’adresse clairement aux populations autochtones. Pour la Bolivie, il s’agissait du premier processus de consultation d’une telle mesure. Plus de 34 réunions d’information ont été organisées avec 1.700 responsables locaux, suivies par 27 forums de consultation regroupant 3.000 responsables locaux is-

sus de tout le pays. Ce droit à la consultation est incontestablement l’une des conditions essentielles afin de permettre d’exercer le droit à un développement, une culture et une identité propres.

Citons également l’exemple de la restitution du territoire des Gua-raní, un peuple de l’Alto Parapetí. Dans cette région, une majorité des Guaraní reste victime d’esclavage et de travail forcé. La resti-tution de leur territoire est une règle essentielle dans la lutte contre cette violation grave des droits de l’homme. Ceci est très important car il existe un lien spirituel entre la population autochtone et son territoire. »

Quelle est la signification de ces expériences pour vous?Arnaud chaltin  : «  J’ai énormément appris grâce à mon travail et aux cours suivis auprès de l’ONU en tant que volontaire. Des rencontres ont également eu lieu avec, notamment, certains responsables locaux ou spécialistes des droits des populations autochtones qui m’ont laissé une grande impression. Mes idées sur les droits de l’homme ont évolué. Les expériences avec ces droits autochtones permettent de conférer un caractère universel aux droits de l’homme. Ils apportent des cultures et des réalités qui ne faisaient jusqu’à présent pas réellement partie de la vision traditionnelle des droits de l’homme. »

© UNHCR

90 DGD Rapport annuel 2010

© Banque mondiale / Eric Miller

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Contribution via les institutions financières internationalesIntroduction

Washington DC, siège de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI), forme également la zone d’action de la Coopéra-tion belge au développement depuis longtemps. Deux attachés à la coopération internationale y suivent les activités liées à la coopération au développement. Le travail de Washington se concentre sur l’influence politique au sein de la Banque mondiale et du FMI. Les experts suivent également les évolutions de l’Agence des États-Unis pour le Développement international (USAID) et dans diverses cellules de réflexion telles que le Center for Global Development et le Bank Information Center.

Dans ce chapitre, nous nous intéressons de plus près aux investissements de la Banque mondiale et du FMI au cours des dernières années et sur leurs résultats dans le domaine des Objectifs du Millénaire. Grâce à son soutien, la Belgique a contribué à ces résultats.

Stimulation de la croissance contribue à atteindre les Objectifs du MillénaireApproche de la Banque mondiale

La Banque mondiale octroie une aide financière et technique sous la forme de dons, de crédits sans intérêt et de cautions à des Etats souhaitant lutter contre la pauvreté. La Banque mondiale, à laquelle la Belgique accorde chaque année près de 150 millions d’euros, se compose de 5 organisations.

1. Des programmes destinés à stimuler la croissance économique, atténuer les inégalités, améliorer les conditions de vie des po-pulations et ce, par le biais de dons ou de crédits sans intérêt octroyés aux 79 pays les plus pauvres via l’Association inter­nationale de Développement (IDA).

2. Financement de programmes d’équipement analogues à des taux d’intérêt ordinaires pour les pays à revenu intermédiaire à travers la Banque internationale pour la Reconstruction et le Développement (BIRD) qui compte actuellement 185 membres.

3. La société financière internationale (IFC) finance des prêts et des investissements afin de stimuler le développement du sec-teur privé ou prend des participations dans des entreprises.

4. Le centre international pour le Règlement des Différends relatifs aux investissements (CIRDI).

5. L’Agence multilatérale de Garantie des investissements afin de garantir les prêts.

Pour la Banque mondiale, les Objectifs du Millénaire s’inscrivent dans le prolongement de la lutte contre la pauvreté et de ses ambi-tions destinées à favoriser la croissance et à améliorer l’accès aux services de base.

92 DGD Rapport annuel 2010

Tant le lancement des Objectifs du Millénaire que la succession de diverses crises ont poussé la Banque mondiale à définir 5 priorités stratégiques :

- donner priorité aux nations les plus pauvres et vulnérables, principalement en Afrique subsaha-rienne ;

- créer des opportunités de croissance, surtout dans le secteur agricole et des infrastructures ;- promouvoir des activités globales et collectives ;- améliorer davantage la gestion et renforcer la lutte contre la corruption ;- gérer les risques et se préparer aux crises.

Très récemment, la Banque mondiale a doublé le budget alloué aux prêts de la BIRD et de l’IDA : de 50 milliards de dollars en 2007-2008 à 106 milliards de dollars en 2009-2010.

Nous décrivons ci-après les initiatives prises par la Banque mondiale pour chaque Objectif du Millénaire afin de les réaliser.

Objectif du Millénaire 1 : réduire l’extrême pauvreté et la faim

Les crises alimentaire, énergétique et économique récentes mettent en péril la réalisation de cet OMD. En 2010, la Banque mondiale a octroyé une aide de 8,3 milliards de dollars au secteur agricole (contre 4,3 milliards de dollars jusqu’en 2008).En 2010, l’IDA a consacré 15 milliards de dollars à « L’initiative d’allégement de la dette multilaté-rale » dont bénéficient 26 pays, et 1,4 milliard de dollars dans 39 pays à des programmes destinés à améliorer les conditions sociales des nations les plus pauvres.

Objectif du Millénaire 2 : éducation pour tous

Depuis 1962, la Banque mondiale accorde une attention particulière à l’éducation. L’institution est dans ce domaine la première source financière externe pour les pays en développement, voire la seule digne de ce nom dans la plupart d’entre eux.

Depuis 2000, l’IDA a investi plus de 10,2 milliards de dollars dans 112 pays. Grâce à cet argent, 91 mil-lions d’étudiants ont pu s’inscrire, 3 millions de professeurs ont suivi une formation, plus de 2 millions de locaux ont été bâtis ou rénovés et environ 300 millions de manuels ont été distribués.

La Banque mondiale joue un rôle essentiel dans de nombreux partenariats internationaux dans le domaine de l’éducation tels que le programme Education For All - Fast Track Initiative (voir p. 39).

A l’issue du Sommet de New York en septembre 2010, la Banque mondiale a décidé d’augmenter son aide à l’enseignement élémentaire de 750 millions de dollars en dons et crédits sans intérêt.

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Objectif du Millénaire 3 : promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes

Depuis 2006, la moitié des projets financés par l’IDA ont été en partie consacrés à l’égalité des sexes. En 2007, la Banque mondiale a lancé le plan d’action pour la parité des sexes, le Gender Action Plan (GAP), pour plus d’égalité dans certains domaines tels que la propriété terrienne, l’emploi, l’agricul-ture, les finances et l’infrastructure. Actuellement, le GAP finance encore 250 projets et travaux de recherche dans 80 pays. Grâce à ses efforts, entre 1999 et 2008, 9 % supplémentaires de petites filles ont pu terminer leur parcours scolaire élémentaire.

© Julien Harneis

45 % de l’ensemble des prêts accordés par la Banque mondiale ont intégré depuis 2008 l’égalité des sexes, contre 35 % deux ans plus tôt. Cette évolution concerne surtout des prêts dans les secteurs agricole et du développement rural, en matière de politique économique ainsi que dans le domaine du développement du secteur privé et des infrastructures. Ceci démontre que les investissements réalisés dans le but de stimuler l’autonomisation économique des femmes ont porté leurs fruits. De plus, ceux consentis dans le domaine social commencent eux aussi à produire leurs effets.

94 DGD Rapport annuel 2010

Objectif du Millénaire 4 : réduire la mortalité infantile

La Banque mondiale concentre sa stratégie sur l’amélioration des systèmes nationaux de soins de santé. Les participants au Sommet du Millénaire de New York ont décidé que la Banque mondiale se concentrerait sur 35 pays, principalement situés en Asie du Sud et en Extrême-Orient ainsi qu’en Afrique subsaharienne. Pour ce faire, elle augmentera son budget de 600 millions de dollars.

Au cours des dix dernières années, les programmes de l’IDA ont permis de vacciner 310 millions d’enfants. Depuis 1995, l’IDA a contribué à la réduction du taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans : de 134 à 105 pour 1000 enfants.

La Banque mondiale joue également un rôle dans les partenariats internationaux dans le domaine des soins de santé. En collaboration avec l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), la Banque coor-donne le Partenariat international pour la santé et initiatives connexes (IHP+ voir encadré). La Banque mondiale, le Fonds mondial, l’Alliance mondiale pour la Vaccination et l’Immunisation (GAVI) et l’OMS planchent actuellement sur la création d’une plateforme de financement unique des systèmes de soins de santé et ce, dans le but de canaliser le flux des moyens actuels et les nouveaux fonds internationaux.

Le Partenariat international pour la santé a été lancé en septembre 2007 à Londres. Il s’agit d’une coalition de gouvernements, de donateurs et d’agences sanitaires internationales telles que l’OMS et l’UNICEF. Le PIS tend vers de meilleurs résultats en tentant de mettre les partenaires d’accord sur une stratégie dans le domaine de la santé. Le symbole « plus » incarne la réunion de diverses initiatives cherchant à atteindre les mêmes objectifs tels que Providing for Health (P4H), Harmonization for Health in Africa (HHA), etc. La Belgique fait partie du PIS depuis 2010.

Objectif du Millénaire 5 : améliorer la santé maternelle

Les projets de la Banque mondiale améliorent l’accès des femmes à des systèmes de soins de santé efficaces et opérationnels. Elle soutient donc des programmes dans le domaine du planning familial, des initiatives en faveur d’une meilleure alimentation, des accouchements plus sécurisés dans des hôpitaux et la prévention des maladies.

Grâce au soutien de l’IDA, plus de 8 millions de personnes ont pu accéder à des services de première nécessité en matière de santé et d’alimentation. Au cours des 5 dernières années, 2,5 millions de femmes ont bénéficié de soins prénatals.

95

Objectif du Millénaire 6 : combattre le VIH/sida, le paludisme et d’autres maladies

La Banque mondiale est à l’origine d’une initiative consistant à former de nouveaux partenariats de prêteurs, précisément durant la période au cours de laquelle les contributions à la lutte contre le VIH/sida ont été revues à la baisse.Grâce au soutien de l’IDA, 2 millions d’enfants et d’adultes atteints du VIH ont bénéficié d’un traitement antirétroviral. Entre 2000 et 2010, 33 millions de moustiquaires ont été achetées et distribuées. En 2005, la Banque a lancé le programme Malaria Booster destiné à augmenter l’aide financière et tech-nologique dans la lutte contre la malaria.

Le Fonds mondial de Lutte contre le Sida, la Tuberculose et le Paludisme est une institution financière internationale qui soutient la prévention et le traitement de ces trois maladies dans 150 pays. Pour ce faire, il fait appel à un important réseau de partenaires composé d’autres organisations d’aide au développement. Les sommes récoltées par le Fonds mon-dial ne servent pas au remplacement ou à la réduction d’autres programmes. Ils sont destinés à combler certaines lacunes dans les programmes nationaux ou à jouer un rôle complémentaire dans le cadre des activités d’autres donateurs.

Selon les chiffres du Fonds mondial, 3 millions de personnes bénéficient ainsi d’un traite-ment antirétroviral (inhibiteurs du sida), tandis que 7,7 millions de nouveaux cas de tbc ont été diagnostiqués et traités et 160 millions de moustiquaires imprégnées d’insecticide ont été distribuées aux familles.

Objectif du Millénaire 7 : assurer un environnement durable

La Banque mondiale s’efforce de plus en plus d’intégrer la gestion de l’environnement et des res-sources naturelles dans des projets agricoles, aquatiques et d’assainissement et dans l’environnement urbain. Ces projets représentent 9 % des prêts octroyés au cours des 5 dernières années.La Banque mondiale a également mis au point un cadre d’investissement pour une énergie plus propre dans les pays en développement. Les Fonds d’investissements climatiques (FIC) consacrent conjointe-ment 6 milliards de dollars afin d’aider 40 pays à faire face au changement climatique.

La Banque mondiale est le plus gros investisseur externe dans les secteurs de l’alimentation en eau, de l’assainissement, de l’irrigation et de l’évacuation des eaux usées ainsi que dans la gestion des bassins fluviaux et des projets aquatiques transfrontaliers. Plus de 113 millions de personnes ont désormais accès à de l’eau potable. Près de 500.000 points collectifs de distribution d’eau ont été installés ou remis en service.

Objectif du Millénaire 8 : mettre en place un partenariat mondial pour le développement

En 1996, la Banque mondiale et le FMI ont lancé l’initiative Pays Pauvres très Endettés (PPTE) afin de soulager les nations fortement endettées. L’Initiative multilatérale pour l’Allègement de la Dette a vu le jour dans le but de renforcer les moyens de l’initiative PPTE. De cette manière, les protagonistes enten-daient aider ces pays à atteindre les OMD et en même temps maintenir les capacités de financement des institutions financières internationales.

Le huitième OMD souhaite également prendre des initiatives afin de réduire le fossé numérique. Avec 7,6 milliards de dollars, la Banque mondiale est le principal investisseur international dans le domaine du développement des technologies de l’information et de la communication. Elle soutient des projets dans 95 pays.

96 DGD Rapport annuel 2010

“La Banque mondiale met à disposition toute une série de services financiers afin d’atteindre les Objectifs du Millénaire”Interview de Gino Alzetta, administrateur à la Banque mondiale

La Belgique partage son représentant au conseil d’administration du Groupe de la Banque mondiale avec 9 autres pays  : la Hongrie, le Ka-zakhstan, le Luxembourg, l’Autriche, la Slovaquie, la Slovénie, la République tchèque, la Turquie et la Biélorussie. La fonction d’administrateur (Alter-nate Executive Director), actuellement remplie par

le Belge Gino Alzetta, est exercée à tour de rôle par les différents pays. Monsieur Alzetta nous confie depuis Washington son point de vue sur la manière dont la Banque mondiale pourra à l’avenir contri-buer plus efficacement à la réalisation des Objectifs du Millénaire.

Les OMD seront-ils atteints dans les délais fixés ?Alzetta  : « Au niveau global, le premier objectif doit pouvoir être atteint. Il dépendra principalement des progrès de la Chine où le taux de pauvreté est passé de 78 % à 17 % entre 1981 et 2005. D’autres régions n’atteindront cependant pas cet objectif, surtout l’Afrique subsaharienne où en 2005 le taux de pauvreté atteignait encore 51 %, un chiffre légèrement inférieur à celui enregistré en 1990 (58 %).En dépit de progrès conséquents dans certains pays, la plupart des OMD relatifs au développement humain ne seront malheureuse-ment pas atteints. Ce sont les objectifs en matière de réduction de la mortalité infantile, d’amélioration de la santé des mères, d’égalité des sexes, d’achèvement du parcours scolaire élémentaire... »

Quelles sont les raisons ?Alzetta  : «  Depuis 4 ans, le monde est confronté à des crises qui ralentissent le processus  : l’augmentation des prix des den-rées alimentaires et de l’énergie ainsi que la crise économique et financière. Certains pays en développement ont également dû faire face à d’importantes catastrophes naturelles. La Banque mondiale estime que fin 2010, 64 millions d’hommes et de femmes ont som-bré dans la pauvreté en raison de la crise économique. De nom-breux pays en développement ont souffert de la chute des prix des matières premières et de la réduction du nombre d’envois de fonds.Il est également risqué de fixer des objectifs quantitatifs lorsque la situation initiale reste méconnue. A l’époque où les Objectifs du Mil-lénaire ont été définis, les données statistiques disponibles étaient insuffisantes, voire inexistantes.Enfin, la réalisation des OMD exige des changements structurels ainsi qu’une profonde transformation des mentalités : une approche généralisée des problèmes, le respect des principes de bonne gou-

vernance, la modification des relations entre les hommes et les femmes, le changement de la hiérarchie de valeurs... »

Quels sont les obstacles qui empêchent de résoudre cette situation ?Alzetta : « Les pays en développement doivent trouver les moyens de maintenir une croissance suffisamment élevée et se préparer correctement à faire face aux déséquilibres conjoncturels externes. Trois personnes pauvres sur quatre vivent dans des régions rurales et la plupart d’entre elles dépendent de l’agriculture. Le moment est donc venu de prendre des mesures en faveur de la production agricole qui seront destinées à améliorer l’accès aux marchés et qui réduisent leur dépendance au climat.Les gouvernements doivent également avoir recours aux ressources nationales, créer des filets de sécurité pour certains groupes cibles et protéger leurs dépenses en matière de soins de santé, d’édu-cation et d’infrastructure. Ils sont par ailleurs tenus d’améliorer drastiquement l’accès des plus pauvres à des services de qualité.Les moyens disponibles pourraient être augmentés en favorisant la création de systèmes financiers innovants. Une taxe sur les tran-sactions financières spéculatives est une piste très prometteuse. »

De quelle manière la Banque mondiale peut-elle aider les pays en développement à faire face à ces défis ?Alzetta : « Les atouts de la Banque mondiale sont nombreux. Citons à cet égard l’ampleur des moyens, l’approche nationale centrale, sa capacité de réaction rapide et sa position qui lui permet de rassem-bler les différents partenaires. A travers toute une série de services financiers et le transfert des connaissances, la Banque mondiale sera ainsi en mesure de créer des opportunités économiques afin d’améliorer les conditions de vie de millions de personnes dému-nies, tant dans les pays à revenu intermédiaire qu’au sein des nations à faible revenu. La Banque mondiale a également obtenu des moyens supplémen-taires de la part des donateurs à la suite des pourparlers au sein de l’Association internationale de Développement (AID). Ces moyens seront consacrés aux nations les plus pauvres. »

La Banque mondiale est-elle suffisamment informée de la situation sur le terrain afin d’être pleinement efficace ?Gino Alzetta : « Le processus de réalisation des OMD exige en effet une importante capacité d’empathie, ce qui est impossible sans une connaissance ou proximité du terrain. La Banque mondiale avait déjà entamé sa décentralisation avant qu’il ne soit question d’OMD. Elle n’a depuis lors cessé de l’intensifier. Près de la moitié de son personnel envoyé dans les différents pays est employée sur le terrain. La majorité des directeurs nationaux travaillent dans le pays dont ils ont la responsabilité. »

Une relation particulière

© Banque mondiale

97

Le Fonds monétaire international et les Objectifs du Millénaire

La Coopération belge au développement et le FMILe Fonds monétaire international (FMI) n’est pas un partenaire de la Coopération belge au dévelop-pement multilatérale. Néanmoins, la collaboration entre les deux institutions se renforce car elles sont toutes deux conscientes qu’un climat macroéconomique stable est une condition essentielle du développement durable.

Jusqu’en 2010, la Belgique a donné environ 1 million d’euros par an pour l’organisation de cours de macroéconomie dispensés à des cadres moyens et supérieurs issus de pays en voie de développe-ment. Ces nations ont également bénéficié d’une assistance technique sur le plan fiscal et monétaire ainsi qu’en matière de balance des paiements et de cours de change. En 2010, la Belgique a doublé sa contribution au FMI, la portant ainsi à 2 millions d’euros. Désormais, l’accent est mis davantage sur l’accroissement des revenus propres sur le budget des pays en voie de développement afin de réduire leur dépendance à l’aide.

Croissance économiqueEn 2010, le FMI a rédigé une note faisant office de contribution au Sommet du Millénaire de New York. Elle définit la vision du FMI sur sa propre contribution aux OMD, laquelle est très indirecte (voir également l’interview de Willy Kiekens). Cette note décrit également les changements que l’institution considère comme nécessaires après la crise financière.

Quoi qu’il en soit, le FMI se concentre sur la croissance économique. Celle-ci est une condition sine qua non (entre autres) afin de rétablir le « momentum » pour la réalisation des OMD. Cette croissance doit également lutter réellement contre la pauvreté et bénéficier aux régions et secteurs les plus pauvres.

En préambule à la date butoir de 2015, le FMI considère 5 défis dans le processus de rétablissement et d’accélération de la croissance dans les pays en développement.

- La croissance dans les pays développés et émergents doit reprendre rapidement. Cette condition constitue un préalable à la reprise de la croissance dans les pays en développement ;

- Les pays en développement doivent reconstituer leurs réserves sans tarder. Celles-ci leur ont permis de traverser la crise financière mais elles sont désormais insuffisantes pour qu’ils soient en mesure de supporter un nouveau choc ;

- Le manque d’infrastructures doit être pallié ;- Les obstacles au commerce doivent disparaître et les relations commerciales avec des économies

émergentes dynamiques doivent être renforcées ;- La communauté internationale doit s’engager de manière durable en faveur des Etats fragiles afin de

permettre leur développement.

98 DGD Rapport annuel 2010

“ La stabilité est une condition essentielle du développement”Interview de Willy Kiekens

Willy Kiekens siège au sein du conseil d’administration du Fonds monétaire international. Celui-ci se compose de 24 membres représentant 187 pays. Willy Kiekens est quant à lui le représentant d’un groupe de 10 pays, dont la Belgique. Les décisions sont le fruit d’un consensus. Les membres procèdent à un vote dans des cas

exceptionnels. La valeur du vote de chaque administrateur dépend alors du poids économique des pays représentés. Willy Kiekens nous expose les défis auxquels le FMI est actuellement confronté.

Kiekens  : «  Le FMI est une institution généralement associée aux grandeurs purement macroéconomiques. Il veille à la politique monétaire, fiscale et de change d’un pays. Le lien entre les activités du FMI et la réalisation des Objectifs du Millénaire reste floue pour de nombreuses personnes. Il n’y a pas de lien direct. Le FMI n’intervient pas dans l’organisation de l’éduction et des soins de santé, entre autres. Il est en revanche responsable de la mise en place d’un cadre au sein duquel les pouvoirs publics, les partenaires en matière de développement, les ONG et le secteur privé peuvent faire leur travail aussi efficacement que possible. Prenons par exemple l’allègement de la dette prévue par l’Initiative pays pauvres très endettés (PPTE) et l’Initiative multilatérale pour l’Allègement de la Dette (MDRI). Ces mesures ont permis aux pays qui ont bénéficié d’un allègement de leur dette d’être désormais en mesure d’impliquer davantage de moyens dans le domaine, notamment, de l’éducation et des soins de santé, en lieu et place du règlement de la dette. Il faut évidemment que ces pays ne contractent plus de dettes insoutenables. A travers ces initiatives et en veillant à une politique fiscale équilibrée, le FMI a donc indirectement contribué aux OMD. »

Le FMI a consenti des efforts particuliers afin d’atténuer les conséquences de la crise financière. Ont-ils eu un impact sur les OMD ?Willy Kiekens : « Le FMI n’est pas autorisé à faire le moindre don, il peut simplement octroyer des prêts. En 2009, le FMI a octroyé pour 3,8 milliards de dollars en nouveaux prêts à faible intérêt aux pays en développement, soit plus du double par rapport à 2008. Ces prêts sont plus avantageux que ceux proposés sur le marché. De cette manière, le FMI atténue l’impact de la crise et contribue indirectement aux OMD. Le FMI a également créé 250 milliards de « Droits de tirage spéciaux » supplémentaires. Parmi ces 250 milliards, 8 milliards ont été consacrés aux pays en développement. Ils peuvent utiliser ces droits de tirage afin de renforcer leurs réserves ou les vendre contre une monnaie forte. Enfin, le FMI a également mis sur pied le nouveau Post-Catastrophe Debt Relief Trust (PCDR). Celui-ci lui permet de procéder à la remise de la dette des pays touchés par des catastrophes naturelles. Haïti a ainsi pu bénéficier d’une remise de dette en raison du grave tremblement de terre de 2010. »

Des mesures telles que le contrôle de l’inflation et la libre circulation des capitaux sont à l’origine d’une certaine macro-stabilité. Néanmoins, des critiques affirment qu’elles bénéficient principalement aux investisseurs et aux marchés et non au développement.Willy Kiekens : « Une politique de développement est indissociable de la macro-stabilité ». Il est extrêmement compliqué, voire impossible, de suivre une politique de développement dans un pays où les déficits fiscaux sont à l’origine de dettes insoutenables. En effet, celles-ci exigent que les pays y consacrent une partie toujours plus importante de leurs revenus sous la forme d’obligations de paiement. Il ne faut pas non plus espérer de développement dans les pays où l’inflation est tellement importante que la confiance dans la monnaie est ébranlée, où le manque de stabilité fait fuir les investisseurs potentiels et/ou les expulse de l’économie formelle. Prenons à présent le contrôle de l’inflation  : lorsque le niveau d’inflation est très élevé, le micro financement devient extrêmement compliqué, sauf si l’on demande des taux d’intérêts très hauts ou que l’on octroie des prêts dans une monnaie étrangère, plus stable, dont le risque lié au cours de change est supporté par les personnes qui contractent ce prêt. Si une institution financière ou une ONG enregistre des pertes dans le cadre des activités de micro financement, son capital de base diminue et elle n’est plus en mesure d’accorder de crédits aux plus démunis. Cependant, si l’inflation reste relativement faible et stable, un micro financement rentable est toujours possible et permet ainsi d’étendre les activités et d’octroyer des crédits à plus de personnes. »

Comment percevez-vous dans ce cadre le lien entre le secteur privé et les pouvoirs publics ?Willy Kiekens  : «  Le secteur public n’est pas le seul facteur de croissance économique et de création d’emplois. Le secteur privé joue également un rôle essentiel dans ce domaine. De nombreux pays en développement comptent un important secteur informel en raison d’un climat commercial néfaste. De ce fait, les pouvoirs publics passent à côté d’une grande quantité de revenus étrangers potentiels. La macro-stabilité et un climat commercial favorable augmentent l’attrait du pays pour les investisseurs locaux et étrangers. Le taux d’emploi bénéficie alors de ce phénomène et provoque une croissance des revenus nationaux. Ainsi, les pouvoirs publics sont en mesure de dépenser davantage dans le secteur social. »

Comment tentez-vous de prendre en compte les remarques locales en matière de développement dans votre bureau de Washington qui se trouve à des milliers de kilomètres du terrain ?Willy Kiekens : « La décision finale est prise à Washington mais elle est toujours le fruit d’une concertation avec la Banque Nationale de Belgique, le SPF Finances, et/ou le SPF Affaires étrangères. En ce qui concerne les 18 pays partenaires de la coopération belge, les décisions sont toujours prises d’un commun accord avec les attachés de la coopération internationale de l’ambassade de Belgique à Washington. Les informations reçues par leurs collègues sur le terrain permettent alors à la Belgique de se forger un point de vue pendant la réunion. Ensuite, des contacts sont également pris régulièrement avec les ONG, tant en Belgique qu’à Washington. »

© FMI

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Troisième partie Sensibilisation en Belgique

A l’occasion des Journées européennes du développement, la DGD avait également programmé de nombreuses activités pour le grand public, dont une série d’événements présentés ci-dessous.

En tant qu’hôte des Journées européennes du développement organisées en décembre 2010, la DGD a réuni les principaux acteurs belges du domaine de la coopération au développement sur le stand belge consacré à cette thématique, qui a même été honoré par la présence du Prince Philippe !

« shoot against Poverty », un concours pour jeunes photographes amateurs, a reçu plus de 400 clichés sur le thème de la lutte contre la pauvreté. Les photos des 20 lauréats ont été exposées sur les escaliers du Mont des Arts à Bruxelles.

© Eurotrio

© DGD / Dimitri Ardelean

100 DGD Rapport annuel 2010

Au cours du défilé de mode original « When fashion meets hu­manity  » organisé le 6  décembre 2010, 8 créateurs belges ont reflété à travers leurs créations les 8 Objectifs du Millénaire et ce, de manière à la fois élégante et captivante. La mode a permis de sensibiliser un public différent à la thématique de la coopération au développement.

En 2010, la Coopération belge au développement a créé un stand mobile interactif consacré aux Objectifs du millénaire et à la contribution de la Belgique dans ce domaine. Ce stand fait princi-palement la part belle à un quiz interactif dans le cadre duquel le visiteur tente d’atteindre symboliquement et de manière ludique les 8 Objectifs du Millénaire en faisant appel à tous ses sens. Le quiz se compose de 8 consoles de jeu à écran tactile, proposant des extraits sonores, des jeux de connaissance et de mémoire, sans oublier un tuyau olfactif.

En 2010, la DGD a participé pour la première fois à la fête popu-laire organisée à Bruxelles à l’occasion de la Fête nationale du 21  juillet. Un stand interactif regroupant diverses animations et jeux consacrés aux Objectifs du Millénaire donnait la possibilité au public présent en masse de découvrir les efforts et les résultats de la Coopération belge au développement dans sa lutte contre la pauvreté à travers le monde.

© DGD / Dimitri Ardelean

© DGD / Dimitri Ardelean

© DGD / Dimitri Ardelean

101

Dimension 3, le magazine édité par la Coopération belge au déve-loppement, a mis l’accent en 2010 sur 5 thèmes principaux : la bio-diversité, les Etats précaires, le 50e anniversaire de l’indépendance du Congo, les Objectifs du Millénaire et l’aide multilatérale. Le nu-méro consacré aux Objectifs du Millénaire a été traduit en anglais dans le cadre du Sommet du Millénaire organisé en septembre 2010.

En 2010, la Coopération belge au développement a soutenu l’exposition de photos « Art in All of Us ­ World Art tour  » or-ganisée à Bruxelles et Anvers. Cette exposition, articulée autour du langage artistique universel, a poussé ses dizaines de milliers de visiteurs à se poser des questions à propos des cultures, de la liberté d’expression, des traditions, des différents modes de vie des personnes si proches et pourtant si différentes...

© Art in All of Us

102 DGD Rapport annuel 2010

Annexes

Répartition régionale de l’aide DGD

Répartition régionale de l’aide DGD non gouvernementale

Répartition régionale de l’aide DGD bilatérale directe

Amérique du Sud et centrale

7%

50%Universellement

36%Afrique

Asie7%

Amérique du Sud et centrale

16%

Universellement36%

39%Afrique

Asie9%

Asie5%

Amérique du Sud et centrale

6% Universellement15%

Afrique du Nord5%

69%Afrique subsaharienne

103

Répartition régionale de l’aide DGD bilatérale directe

Aide publique au développement belge (APD) 2007-2010

2007 2008 2009 2010

Direction générale Development (DGD)coopération gouvernementale

Coopération technique et bourses 129.340.915 160.606.750 178.857.533 207.378.414

Coopération déléguée 7.217.477 18.174.701 29.895.700 25.935.784

Coopération régionale 211.233 2.200.000 9.244.590 8.100.000

Aide budgétaire générale et sectorielle 23.922.936 27.377.140 20.531.193 47.246.017

Aide d’urgence spéciale Afrique Centrale 5.000.000 20.500.000 500.000 0

Microprojets 2.486.964 3.467.803 2.638.488 3.721.098

Frais de gestion CTB 20.306.000 21.032.890 21.512.000 21.431.214

Prêts d’état à état 25.559.245 16.045.620 28.355.900 32.897.662

sous­total coopération gouvernementale 214.044.770 269.404.903 291.535.404 346.710.188

coopération non gouvernementale

ONG financement par programme 99.150.043 99.612.783 125.299.255 117.842.543

VVOB 8.596.316 8.452.767 8.999.999 9.199.998

APEFE 8.524.332 8.094.522 9.000.000 9.200.000

VLIR - Conseil interuniversitaire flamand 26.607.871 28.729.721 30.192.922 30.690.970

CIUF/CUD - Centre interuniversitaire de la CFWB 23.910.341 23.782.966 26.721.492 27.984.233

Institutions scientifiques 13.476.508 14.150.776 15.632.880 17.222.917

Société civile locale 5.007.409 5.999.580 5.387.145 3.633.911

Africalia 2.310.000 2.015.000 2.360.000 2.125.000

Autres non gouvernementales 7.456.760 10.425.793 9.438.774 10.177.268

sous­total coopération non gouvernementale 195.039.580 201.263.907 233.032.467 228.076.839

coopération multilatérale

Contributions multilatérales obligatoires 6.678.391 9.049.347 10.082.195 10.922.064

dont aux NU 6.422.346 8.771.641 9.783.904 10.597.896

Contributions multilatérales volontaires 90.791.450 94.567.930 111.180.728 113.153.830

dont aux NU 62.478.816 65.659.693 81.671.628 79.705.081

Fonds Européen de Développement et Banque 104.860.013 132.560.006 135.044.009 146.608.405

Groupe Banque Mondiale 76.000.000 175.320.000 102.833.000 109.294.000

Banques Régionales de Développement 27.266.541 30.860.353 45.655.381 27.669.325

Conventions environnementales 12.668.806 12.679.354 24.863.448 38.327.148

Annulation multilatérale de dettes 12.832.368 18.674.711 15.060.874 16.150.608

sous­total coopération multilatérale 331.097.570 473.711.701 444.719.636 462.125.381

Fonds belge pour la sécurité alimentaire

Gouvernemental/gestion/sensibilisation 4.620.058 13.313.634 8.218.146 2.693.421

Via ONGs 13.363.246 13.843.855 15.681.107 9.181.907

Via organisations multilatérales 12.014.882 6.484.181 7.543.855 4.666.001

sous­total Fonds belge pour la sécurité alimentaire 29.998.186 33.641.671 31.443.107 16.541.329

Consolidation de la société 15.168.940 19.183.806 27.112.570 35.201.208

Aide humanitaire et alimentaire 14.598.923 26.960.444 56.057.930 97.983.370

Aide au secteur privé, BIO 28.138.365 44.626.496 142.351.398 118.322.746

Bonification d'intérêts (depuis 2010 budget Affaires étrangères) 11.009.296 13.053.489 18.517.825

Sensibilisation en Belgique (excl. ONGs) 6.944.171 6.022.630 5.494.561 9.935.828

Administration, évaluation, autres 1.958.388 1.213.826 1.505.431 2.673.300

total DGD 847.998.189 1.089.082.873 1.251.770.330 1.317.570.189

Affaires Étrangères (hors DGD)Aide d'urgence, B-FAST 23.394.425 25.821.348 24.605.308 560.249

Prévention de conflits / diplomatie préventive 21.795.433 24.013.834 24.037.771 26.716.535

Contributions aux institutions internationales 5.161.131 7.777.018 6.511.771 7.243.111

Bonification d'intérêts (depuis 2010) 16.547.942

Presse / communication / Evaluateur Spécial 846.952 1.063.024 1.037.770 442.753

Frais administratifs (partie APD) 36.799.266 41.867.280 41.446.473 43.581.477

tOtAL Affaires Étrangères (hors DGD) 87.997.207 100.542.504 97.639.093 95.092.068

Lors de la clôture du rapport annuel, seules les données relatives à la DGD et au SPF Affaires étrangères étaient disponibles. Vous trou-verez à la mi-2011 le tableau APD complet à l’adresse suivante : www.dg-d.be (rubrique Chiffres).

104 DGD Rapport annuel 2010

Aide publique au développement belge (APD) 2007-2010

2007 2008 2009 2010

Dépenses APD de la DGD par secteur 2007­2010Education 105.440.254 115.468.957 154.287.358 12,33% 143.134.301 10,86%

Santé 75.738.967 84.938.392 112.273.622 8,97% 135.494.467 10,28%

Population et santé reproductive 36.639.857 29.335.218 35.385.498 2,83% 31.227.582 2,37%

Eau et assainissement 33.764.456 30.990.032 47.816.899 3,82% 74.920.699 5,69%

Gouvernement et société civile 50.676.020 70.065.684 103.141.309 8,24% 117.816.892 8,94%

Conflits, paix, sécurité 2.798.486 8.665.284 5.912.223 0,47% 4.792.278 0,36%

Services sociaux 39.850.725 37.604.203 45.575.159 3,64% 48.702.574 3,70%

Transport et stockage 17.105.006 16.645.013 90.140.168 7,20% 53.654.162 4,07%

Communications 1.404.459 4.304.987 1.344.275 0,11% -166.943 -0,01%

Energie 3.047.568 13.838.701 42.815.620 3,42% 35.772.914 2,72%

Banques et services financiers 34.000.602 39.993.990 143.127.786 11,43% 122.651.397 9,31%

dont micro crédits 24.607.978 14.078.176 9.184.324 0,73% 18.327.337 1,39%

Entreprises 785.297 573.929 4.088.645 0,33% 4.434.069 0,34%

Agriculture, sylviculture, pêche 51.737.158 76.603.785 107.257.507 8,57% 119.104.535 9,04%

Industrie, industries extractives, construction 12.416.516 17.625.984 38.524.315 3,08% 8.899.591 0,68%

Commerce et tourisme 1.812.535 3.092.093 9.879.801 0,79% 8.599.228 0,65%

Protection de l'environnement 17.916.136 20.121.663 35.195.653 2,81% 39.519.038 3,00%

Multi secteurs 56.570.981 46.604.349 74.516.118 5,95% 60.710.916 4,61%

dont développement rural 23.158.665 18.004.695 20.561.158 1,64% 12.247.800 0,93%

Aide humanitaire 44.636.596 68.850.707 86.976.546 6,95% 126.951.064 9,64%

dont aide alimentaire d'urgence 14.525.000 26.414.849 39.609.292 3,16% 47.186.289 3,58%

Aide alimentaire 154.745 42.885 1.627.827 0,13% 5.084.857 0,39%

Aide budgétaire générale 3.074.042 7.108.376 22.687.903 1,81% 44.922.979 3,41%

Allègement de la dette 12.832.368 18.674.711 22.232.712 1,78% 32.485.948 2,47%

Sensibilisation en Belgique 20.551.301 23.116.659 24.258.042 1,94% 28.409.389 2,16%

Frais administratifs 21.621.578 21.968.192 21.843.431 1,75% 22.254.882 1,69%

Secteur non spécifié 203.422.537 332.758.147 20.861.911 1,67% 48.193.371 3,66%

tOtAL PAR secteUR 847.998.189 1.088.991.943 1.251.770.330 100,00% 1.317.570.189 100,00%

Les Objectifs du Millénaire pour le Développement

1. Réduire l’extrême pauvreté et la faim - Réduire de moitié la proportion de la population dont le revenu est inférieur à un dollar par jour - Réduire de moitié la proportion de la population qui souffre de la faim

2. Assurer l’éducation primaire pour tous - Donner à tous les enfants, garçons et filles, les moyens d’achever un cycle complet d’études primaires

3. Promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes - Eliminer les disparités entre les sexes dans les enseignements primaire et secondaire d’ici à 2005, si possible, et à tous les niveaux

de l’enseignement en 2015, au plus tard

4. Réduire la mortalité infantile - Réduire de deux tiers le taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans

5. Améliorer la santé maternelle - Réduire de trois quarts le taux de mortalité maternelle

6. Combattre le VIH/sida, le paludisme et d’autres maladies - Stopper la propagation du VIH/sida et commencer à inverser la tendance actuelle - Maîtriser le paludisme et d’autres grandes maladies, et commencer à inverser la tendance actuelle

7. Assurer un environnement durable - Intégrer les principes du développement durable dans les politiques nationales; inverser la tendance actuelle à la déperdition des

ressources environnementales - Réduire de moitié le pourcentage de la population qui n’a pas accès de façon durable à un approvisionnement en eau potable - Améliorer sensiblement la vie d’au moins 100 millions d’habitants de taudis, d’ici à 2020

8. Mettre en place un partenariat mondial pour le développement - Poursuivre la mise en place d’un système commercial et financier multilatéral ouvert, fondé sur des règles, prévisible et non discri-

minatoire. Cela suppose un engagement en faveur d’une bonne gouvernance, du développement et de la lutte contre la pauvreté, aux niveaux tant national qu’international

- S’attaquer aux besoins particuliers des pays les moins avancés. La réalisation de cet objectif suppose l’admission en franchise et hors contingents de leurs exportations, l’application du programme renforcé d’allégement de la dette des pays pauvres très endettés, l’annulation des dettes bilatérales envers les créanciers officiels, et l’octroi d’une aide publique au développement plus généreuse aux pays qui démontrent leur volonté de lutter contre la pauvreté

- Répondre aux besoins particuliers des Etats enclavés et des petits Etats insulaires en développement - Traiter globalement le problème de la dette des pays en développement par des mesures d’ordre national et international propres à

rendre leur endettement viable à long terme - En coopération avec les pays en développement, créer des emplois décents et productifs pour les jeunes - En coopération avec l’industrie pharmaceutique, rendre les médicaments essentiels disponibles et abordables dans les pays en déve-

loppement - En coopération avec le secteur privé, mettre les avantages des nouvelles technologies, en particulier des technologies de l’information

et de la communication, à la portée de tous

105

Organigramme DGDDirection générale de la Coopération au développement

106 DGD Rapport annuel 2010

D1Programmes

gouvernementaux

D0.0Secrétariat & Appui

D2Programmes humanitaires et de sécu­

rité alimentaire

D0.1Appui à la politique

D1.1Afrique du nord et

Moyen-Orient

D2.1Aide d’urgence – Réhabilitation

Aide alimentaire

D1.2Afrique centrale

D2.2Fonds belge pour la sécurité alimentaire

D1.3Afrique de l’ouest

D1.4Afrique austral

et de l’est

D1.5Amérique latine

et Asie

D1.6Coopération régionale

D3Programmes nongouvernementaux

Directeur général D

D3.1ONG

D4.1Nations Unies et Institutions

de Bretton Woods

D5.1Sensibilisation par les tiers

D3.2Universités

Institutions scientifiques

D4.2Union européenne

D5.2Sensibilisation par

la DG D

D3.3Autres partenaires

D4.3Fonds

et programmes sectoriels

D3.4Programmation budgétaire et

contrôle financier pour les pro-grammes non gouvernementaux

D4Programmes multilatéraux

et européens

D5Programmes de sensibilisation

D0.2Budget et APD

107

108 DGD Rapport annuel 2010

Colophon

Rédaction et coordination : Direction générale de la Coopération au développementRédaction en chef: Thomas HiergensRédaction finale : Jan De Mets ([email protected])traduction: Data Translationsconception et réalisation : www.cibecommunicatie.beProduction : Service Communicationcontact : 02/501 81 11

Éditeur responsable : Dirk Achten, Rue des Petits Carmes 15, 1000 Bruxelles

Les données figurant dans la présente publication sont purement informatives. Elles n’engagent nullement le Service Public Fédéral sur le plan juridique.

Dépôt légal : 0218/2011/16

Mai 2011

www.diplomatie.belgium.be - www.dg-d.be

Le rapport annuel 2010 de la DGD est une publication du Service Public Fédéral Affaires étrangères, Commerce extérieur et Coopération au développement.

Disponible gratuitement en français, néerlandais et anglais.

© J.M. Corhay

Royaume de belgiqueSeRvice public fédéRalaffaiReS étRangèReS,commeRce extéRieuR et coopéRation au développement


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