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- DOSSIER DE PRESSE -

TINTIN AU PAYS DES SOVIETS (en noir et blanc)

10 janvier 1929date de création

1999

le titre devient le tome 1*de la collection Les Aventures de Tintin

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TINTIN AU PAYS DES SOVIETS (en couleur)

11 janvier 2017date de mise en vente

Tirage standard : 300 000 exemplairesTirage luxe : 50 000 exemplaires

Projection des ventes, année 2017 : 500 000 exemplaires

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CHIFFRES TINTIN

230 millions d’albums vendus depuis la création,500 000 albums vendus par an en langue française,

77 langues à travers le monde.

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* Cette édition en noir et blanc reste évidemment disponible.©

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Tintin au pays des Soviets est un album mythique. Il inaugure les aventures d’un personnage qui continue de passionner des centaines de millions de lecteurs à travers le monde.

Cette œuvre de jeunesse, réalisée par un dessinateur âgé seulement de 21 ans, se pare aujourd’hui pour la première fois de couleurs.

C’est pour cette comédie burlesque un véritable bain de jouvence.

Grâce au travail raffiné de Michel Bareau, on redécouvre cette aventure de Tintin avec un œil neuf. Sa dimension comique s’en trouve renforcée. On ressent même l’étonnement de ne l’avoir jamais lue avec autant de plaisir.

C’est un événement rare que de se laisser surprendre par un tel classique et d’en apprécier la maîtrise inattendue : la vivacité du trait et le dynamisme des enchaînements contredisent la légende, entretenue par l’auteur lui-même, d’un album « mal dessiné ».

Passées les premières pages, où l’on est un peu déconcerté de voir Tintin et Milou apparaître sous d’autres traits que ceux qui les caractériseront plus tard, comment ne pas éclater de rire devant l’effronterie peu policée du reporter, et surtout face à l’insolence de son chien ? Jamais il n’aura commenté les faits et gestes de son maître avec cette gouaille canaille, voire potache…

Ce bonheur de la découverte, nous vous souhaitons de le partager avec autant d’enthousiasme et de jubilation que ses éditeurs.

Bonne lecture !

Charlotte Gallimard et Didier Platteau

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Quelle place tient Tintin au pays des Soviets au sein des aventures de Tintin ?Quand Hergé a démarré cette histoire, il ne pou-vait évidemment pas s’imaginer que le personnage qu’il était en train de créer allait avoir du succès, ni surtout qu’un album serait édité. Donc, comme il l’a souvent dit dans des interviews, il a vraiment improvisé. Et d’une certaine manière, ça se sent, parce que le personnage n’est pas du tout élaboré quand il commence. L’histoire s’avère d’ailleurs plus burlesque qu’engagée. Elle est engagée, bien sûr, parce qu’Hergé est dans un milieu catholique et qu’à cette époque-là, le pays des Soviets, c’est l’enfer. Il y a donc une part de caricature. Mais c’est vraiment l’aspect burlesque qui prime, avec des enchaînements très dynamiques. L’imagina-tion d’Hergé est sans limite puisque le personnage n’a pas encore cette nécessité d’être ancré dans une certaine réalité. Il peut lui faire faire n’importe quoi, même des choses absolument loufoques ou totalement impossibles ! Mais il y a en germe dans cet épisode toute une série de choses qui vont être très importantes dans la suite de la carrière d’Hergé, du point de vue du vocabulaire ou de la grammaire de la bande dessinée, notamment : les procédés pour indiquer la dynamique, la forme des phylactères, l’inscription des bruits… Quant à la ligne claire, elle se met également en place, peu à peu. Les deux premières planches diffèrent, car elles sont réalisées sur des morceaux de papier calque collés, mais à partir de la troisième planche, l’histoire gagne en unité, le personnage devient plus rond, plus dynamique, il se libère. Et du point de vue technique, on assiste aussi à l’introduction de la plume Redis, une plume qui se termine par une petite palette circulaire de dif-férents gabarits, qui glisse sur le papier et donne ce trait homogène, très lisible, au dessin.

Hergé pose donc les bases techniques de la série avec cette histoire. Quid des aspects narratifs ?Dans les premiers albums, Tintin part en reportage avec plein de préjugés, et un jugement préconçu. C’est un matamore, dans le sens où il règle faci- lement son compte à des gens qui ne lui plaisent pas. Mais en réalité, il ne parle pas à grand monde, et c’est assez amusant d’observer que dans Tintin au pays des Soviets, il arbore un visage un peu erratique qui n’a parfois pas de bouche, comme si Hergé avouait qu’il n’en avait pas besoin. Aujour- d’hui, Tintin est un modèle de communication, d’ouverture aux autres, de sens de la justice – mais il ne l’a pas toujours été ! En réalité, il faut prendre cela avec du recul, et apprécier Tintin au pays des Soviets pour ce qu’il est, c’est-à-dire une œuvre de jeunesse encore maladroite, certes, mais pleine de promesses.

S’il n’a pas (toujours) de bouche, Tintin gagne dans cet album un signe distinctif : sa houp-pette...Oui, c’est vrai. Le fait que cette mèche se relève un peu par hasard, lorsqu’il accélère en voiture, est assez mémorable. Tout d’un coup, Hergé a dessiné sa houppette non plus en avant, mais en l’air. Ça lui a peut-être plu, en tout cas ça lui a paru être un signe de reconnaissance plus facile. Dans des interviews, il a dit qu’il ne savait pas dessiner – ce qui n’était pas vrai – et qu’il avait choisi cette houppette et ce visage rond pour n’avoir aucun problème d’une image à l’autre... Je crois surtout que cette mèche relevée avait un côté sympathique, et qu’il a voulu la conserver. Et elle incarne à merveille la caractéristique essen-tielle de cet album : le mouvement, la vitesse, la dynamique.

ENTRETIEN AVEC PHILIPPE GODDIN

Biographe d’Hergé

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Dynamique symbolisée aussi par les nom-breux véhicules modernes empruntés par Tin-tin. L’occasion, comme vous l’expliquez dans Hergé, Tintin et les Soviets, pour l’auteur de développer déjà sa documentation…J’avais évidemment remarqué que la voiture que Tintin volait à la police berlinoise était une Mer-cedes, avec son étoile à trois branches. C’est en creusant que je me suis aperçu que Hergé s’était également documenté sur les uniformes, les armes, les véhicules. L’avion avec lequel il vole jusqu’à Berlin, par exemple, ressemble très forte-ment aux avions russes Polikarpov. Bien sûr, il y a quelques erreurs, les soldats russes n’avaient pas assez d’argent pour que leurs baïonnettes soient dans des fourreaux, par exemple, mais tout de même, cela signifie que le souci documentaire était présent, en dépit de la volonté de raconter des choses loufoques.

Cet aspect documentaire est appuyé jusque dans le titre original de l’histoire : Tintin, reporter du Petit Vingtième au pays des Soviets. Pourquoi Hergé fait-il de lui un reporter ?Il faut voir là l’influence d’un adolescent danois de quinze ans, Palle Huld. En 1928, à la suite d’un concours organisé par le journal Politiken, ce dernier avait gagné un tour du monde et était parti comme reporter. Un livre avait été publié, avec des photos, l’une d’elle montrant Palle Huld sur le quai d’une gare, en costume à carreaux et casquette – le même costume que Tintin lorsqu’il quitte la gare du Nord de Bruxelles ! Les pays qu’il a visités au cours de son périple sont, peu ou

prou, les pays que Tintin visitera par la suite. Et à son retour de voyage, Palle Huld sera accueilli par une foule très large, avant d’apparaître au balcon de Politiken. Mise en scène que l’abbé Wallez aura la bonne idée de répéter avec Tintin… La publication de cette histoire a-t-elle tant passionné les foules à l’époque ? Lorsque le faux Tintin arrive à la gare, on voit bien sur les photos qu’il n’est pas accueilli par une foule bidon, ni devant la gare du Nord, ni dans le cortège. Or on sait que le public de Tintin était alors limité aux lecteurs du journal Le xxe Siècle, ce qui ne devait pas être énorme par rapport au tirage des albums de Tintin aujourd’hui. Cela sig-nifie donc que s’était nouée une forme de sympa-thie pour le personnage, à travers ses aventures, semaine après semaine, qui devait déborder au-delà des seuls lecteurs du Petit xxe – il faut se souvenir que Hergé était déjà assez connu dans les cercles de la presse scout et catholique.

L’album va paraître en septembre 1930. À partir de là, il va connaître des péripéties presque aussi chaotiques que son intrigue !Tout à fait chaotiques ! Hergé ne s’attendait pas à ce succès. Donc, quand il a appris que cette his-toire allait pouvoir paraître en album, il a dû en être certainement très satisfait. Il faut dire qu’à l’époque, il existait très peu d’albums de bande dessinée, c’était donc une vraie marque de recon-naissance. Après ce premier album, il a tout de suite entamé Tintin au Congo, puis enchaîné avec Tintin en Amérique. Très vite, son style graphique est devenu plus satisfaisant, surtout à ses yeux,

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d’ailleurs, que dans Tintin au pays des Soviets. Ce qui fait que, l’album ayant écoulé son premier tirage de dix-mille exemplaires, il n’était pas ques-tion pour lui de le republier tel quel. Il souhaitait prendre le temps de le redessiner, pas forcément d’en changer le scénario, mais au moins de faire mieux côté dessin. Évidemment, il n’en a jamais eu le temps. D’autant qu’après 1942, Casterman lui a demandé de refondre ses anciens albums dans des versions normalisées de 62 pages, en couleurs. C’était un travail considérable, pour lequel il a reçu l’aide d’Alice Devos et Edgar P. Jacobs, notamment. À ce moment-là, il pensait encore pouvoir un jour refondre complètement Tintin au pays des Soviets, cette fois-ci du point de vue du dessin, mais aussi du point de vue du scénario. Mais le processus de refonte était long, et ce n’est qu’en 1955 qu’il en est venu à bout, avec la nouvelle version des Cigares du Pharaon, dernier album à être accessible en couleurs. Il aurait pu alors avoir le temps de reprendre les Soviets.

Pourquoi ne l’a-t-il pas fait ?Parce que Hergé était alors dans un autre état d’esprit, et que son imagination l’entraînait vers d’autres horizons : la Lune, L’Affaire Tournesol… Il comprit à ce moment-là qu’il n’aurait jamais le temps de le reprendre. Alors il se résolut à le pub-lier différemment, à l’état d’archives, pour que les lecteurs sachent que cet album a existé, que c’est de là que tout est parti. Il se heurta alors à une opposition de Casterman, pour des raisons poli-tiques d’abord, mais aussi pour des raisons com-merciales. Mais Hergé s’est battu, a menacé, et a eu gain de cause, en publiant en 1973 les Archives Hergé, qui incluent Tintin au pays des Soviets, mais aussi les versions en noir et blanc de Tintin au Congo, Tintin en Amérique, et même Les Aventures de Totor, C.P. des Hannetons. Ça a été un grand succès, car à l’époque, rares étaient encore les gens qui avaient pu lire Tintin au pays des Soviets. Puis, l’abondance de contrefaçons a contraint Casterman, à la demande d’Hergé, à sortir l’album en fac-similé.

Quel regard portait Hergé sur ce premier album à la fin de sa vie ? Je ne me souviens pas de déclarations fracas-santes à ce sujet, mais on peut imaginer que, puis-qu’il avait eu satisfaction de voir cet épisode pub-lié dans les Archives Hergé, il devait être satisfait et pouvait jeter un regard rétrospectif empreint de tendresse sur ses débuts. Il était conscient évidemment de la notoriété qui était la sienne sur la fin de sa vie. Et le sujet de Tintin et les Picaros montre qu’il avait bien changé d’un point de vue politique... Encore que, le regard qu’on peut jeter sur l’URSS et sur des personnalités comme Staline, par exemple, nous rappelle qu’il n’était pas très loin de la réalité dans sa caricature. Le texte d’Hélène Carrère d’Encausse est d’ailleurs assez éloquent à ce sujet-là*. Qu’est-ce que cette colorisation apporte selon vous à l’album ? J’ai lu les critiques selon lesquelles Hergé n’aurait jamais accepté cela. Qui sait ce qu’Hergé aurait voulu ? Ses différentes prises de position sur cet album selon les époques font qu’on ne saura jamais. Ce qui est important c’est que dans l’état actuel, Tintin au pays des Soviets reste illisible pour une partie du public, parce que c’est du noir et blanc, parce qu’ils trouvent le dessin primitif, parce qu’ils n’y reconnaissent pas le Tintin qu’ils aiment, etc. Pour moi, cette colorisation est sub-tile, au service du dessin. Et grâce à elle, l’album en devient extrêmement lisible. Une partie du public va pouvoir le découvrir de manière plus agréable, plus vivante, plus proche du Tintin qu’on connaît. Et, bien entendu, l’album noir et blanc reste dis-ponible : personne n’est obligé de lire la version couleur !

* Hélène Carrère d’Encausse écrivait en 1999 dans Le Figaro : « Trop en avance sur son temps, Hergé paya de soixante-dix ans d’interdit d’avoir cru que le malheur d’un peuple comptait plus que les illusions et les aveuglements des intellectuels. D’avoir pensé aussi que l’humour pouvait être une manière de véhiculer la vérité. »

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Comment est né ce projet de colorisation ? Il y a quelques années, j’ai fait des tests et le résul-tat était tellement intéressant que nous avons envisagés de réaliser l’album entier. Nous avons donc entamé le travail de colorisation fin 2014, et, avons travaillé environ un an et demi entre les premiers essais d’élaboration de la palette et l’exécution des planches – ou plutôt des doubles pages, car il était important pour nous de faire la colorisation par doubles pages, telles que Hergé les envisageait.

Pourquoi Hergé avait-il dessiné cet album en noir et blanc ? Il faut y voir un problème technique lié à l’épo-que. Hergé a dessiné l’album en noir et blanc parce que les outils de reproduction et de tirage d’alors étaient extrêmement simples et fort liés à la technique d’impression : la typographie. Les seuls magazines en couleurs étaient imprimés en lithographie, par conséquent très chers et non destinés à la bande dessinée. Il était donc naturel qu’il dessine en noir et blanc, comme il le fera pour les albums ultérieurs du début des années 1930. Par la suite, il a fait le choix de ne pas le reprendre en couleurs pour différentes raisons : les clichés typographiques de l’époque étaient abîmés, une partie des planches origi- nales avait été égarée, aussi aurait-il fallu tout redessiner. Hergé n’avait alors plus le temps – ou plus l’envie – pour cela. Il a simplement souhaité publier une version en fac-similé devant l’accumu-lation des copies et des contrefaçons de l’album.

Depuis lors, l’idée d’une version en couleurs est devenue un véritable serpent de mer…Oui, et d’ailleurs sur Internet, on trouve beau-coup de versions colorisées ou coloriées. Mais je me permets de penser qu’elles ne tiennent pas la route par rapport au travail qu’on a réalisé. Nous avons cherché l’excellence pour ce projet,

en contrôlant chaque détail : nous avons veillé au choix du papier, par exemple.

À partir de quels documents avez-vous tra-vaillé ? On est reparti des planches originales dans à peu près 80 % des cas. Dans l’édition en noir et blanc, l’imprimeur avait ajouté une trame mécanique noire qui rendait certains dessins nocturnes illi-sibles. Nous avons donc choisi de repartir du dessin nu. Dans le cas où les planches ont été perdues, on a pu utiliser des films de Casterman, qui avaient servi pour la version qu’on a appelée « fac-similé ». On n’a pas retouché le trait, mais on a nettoyé attentivement l’ensemble, en agran-dissant les cases en très haute résolution. Il y a donc eu un long travail de restauration, avant de commencer la colorisation.

Colorisation, et non coloriage : quelle est la différence entre ces deux méthodes ? Le défi pour nous était de dynamiser une œuvre qui n’a pas été conçue pour la couleur, en resti-tuant une ambiance d’époque, à la manière de ce qui a été fait dans la série documentaire Apoca-lypse. Hergé avait inventé un système de coloriage qui permettait, à un moment où la sélection des tons était encore balbutiante, d’imprimer Tintin en trichromie, c’est-à-dire dans une combinaison de cyan, de magenta et de jaune. La seule inter-vention du noir, c’est la ligne claire, c’est donc le trait. Il n’y a donc aucune nuance d’ombres ou de dégradés dans le coloriage d’Hergé. Avec les moyens de notre époque, on a pu créer une sélec-tion en quadrichromie, intégrant le noir, qui nous a permis de développer des tons plus nuancés, grâce auxquels on peut davantage travailler les ambiances. Quand Tintin approche de Moscou, par exemple, le ciel change de ton, il accompagne la montée en intensité du récit. Chose impossible avec les ciels toujours clairs d’Hergé.

ENTRETIEN AVEC MICHEL BAREAU

Directeur artistique

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Comment s’est fait ce choix de se distan-cier du coloriage d’Hergé pour adopter une impression chromatique différente ?C’est une volonté surtout de ne pas coloriser les Soviets comme Hergé avait colorié ses autres albums. S’il ne l’a pas fait, c’est qu’il ne le souhai-tait pas, ou qu’il ne trouvait pas sa technique de coloriage adéquate. Notre parti pris nous a donc conduits à renforcer le caractère nostalgique de l’œuvre. On a aussi fait un travail de documen-tation historique. Quand Tintin se construit une espèce de voiture sur rails, on aperçoit un bidon d’essence Shell rouge brique, car c’était à peu près le ton des bidons de cette époque. Idem pour les teintes des véhicules, ou les uniformes des cosaques, des moujiks ou des Berlinois… On a choisi aussi avec attention le papier, qui est en rupture par rapport au papier très blanc et très contrastant des Tintin habituels, afin de garder un côté doux et une certaine sensualité dans le contact avec l’objet. Les couleurs s’en trouvent plus veloutées. Nous avons aussi planché sur une version dite « luxe », avec un très beau papier couché, qui intensifie cette fois les effets de con-traste et les noirs.

Vous êtes-vous basé sur les couleurs des quelques planches en couleurs parues dans Le Petit xxe ? Non, on s’est totalement écarté du choix des couleurs du Petit xxe, car ce dernier était imprimé en typographie avec des tons d’accompagne-ment – en l’occurrence avec des variantes de rouge, qui étaient surimprimées avec des trames mécaniques noires. Ce ne sont pas des tons que

Hergé lui-même a pu librement choisir, on s’est donc sentis très libres de s’en écarter. Ce qui ne veut pas dire qu’on n’a pas cherché à imaginer ce qu’Hergé aurait choisi ! La scène des animaux, par exemple, est fort inspirée de Benjamin Rabier, on a donc cherché à retrouver à peu près les mêmes gammes de couleurs. Le seul élément, en réalité, qui nous a vraiment orientés, c’est la gouache de couverture de l’édition originale, qui mon-tre Tintin en uniforme soviétique bleu avec des bottes rouges et des cheveux tirant entre le jaune et le roux. Cette image, on l’a reprise car c’est vraiment ainsi que Hergé voyait son héros.

Qu’est-ce que cette colorisation apporte à l’album, y compris pour des gens qui ont déjà lu Tintin au pays des Soviets en noir et blanc ? Pour moi, on fait généralement d’un album en noir et blanc une lecture globale, contrairement aux albums coloriés par Hergé, où l’on est davan-tage attiré par les détails. En apportant de la cou-leur, on met l’accent sur ces détails qu’on a ratés auparavant. Dans une scène de nuit, par exemple, alors qu’on essaye de pénétrer dans sa chambre, Tintin se tient derrière la porte, tout ébouriffé. Demandez à dix lecteurs de l’album en noir et blanc, personne ne se souviendra de l’avoir vu décoiffé ! Pareil pour Milou, enrubanné dans une bande Velpeau après l’explosion d’une fusée : dans la version couleur, cela apparaît bien plus clairement ! Il y a donc des éléments de détails, souvent très drôles, qui prennent ainsi toute leur valeur narrative. L’histoire y gagne en lisibilité, en action mais, surtout en humour, ce qu’on avait

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parfois tendance à oublier. La couleur met aussi l’accent sur une autre qualité de Hergé : la préci-sion. Les dessins des véhicules, notamment, sont incroyablement précis. Ceux de certains person-nages aussi. C’est assez remarquable chez un auteur de 21 ans.

La couleur sert-elle aussi la modernité du récit ?La modernité, et le mouvement. On garde en tête la première image de Tintin avec la houppe relevée, qu’on a reprise en quatrième de couverture. C’est un album dynamique qui marque le démarrage de toutes les aventures de Tintin. Et la couleur per-met de restituer le sentiment de vitesse, qu’Hergé avait voulu imprimer. Il avait vu les clichés pris par les grands photographes de son temps, qui décom-posaient le mouvement – c’est particulièrement éloquent dans ses dessins de voitures aux roues déformées au point de devenir ovales.

La couleur peut-elle rendre cet album acces-sible à un public que le noir et blanc rebute ? Je suis convaincu que cet album peut être lu par les plus jeunes, et leur permettre d’entrer par la suite dans l’ensemble des aventures de Tintin. Cela peut aussi leur permettre de s’interroger sur la Révolution d’octobre et l’entre-deux guerres. Pendant un temps, Hergé a été beaucoup critiqué pour sa critique du communisme dans l’album. Mais après la chute du mur de Berlin, des vérités sont apparues, et le récit paraît aujourd’hui nette-ment moins sulfureux qu’il ne l’était il y a encore quelques décennies. Tintin au pays des Soviets est un album qui gagne à être découvert, ou redécou-vert, et je crois que cette colorisation peut en être l’occasion.

(Entretiens réalisés par Julien Bisson.)©

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Édition standard, cartonnée,144 pages couleur, 22,5 × 30,3 cm,14,95 €

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Édition luxe, cartonnée,160 pages couleur, 24 × 32 cm,31,50 €

EN LIBRAIRIE LE 11 JANVIER 2017

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