DOLORESA vie, je te laisse
Ma vie, ma jeunesseJ’en ai fini avec elles
Sans amour, elles sont vaines
Ici, je te délaisseJe t’en fais la promesse
C’en est fini des querellesDes cris d’amour et de haine
Dans nos moments de détresseTu as joué de mes faiblesses
Je ne suis pas immortelJe vais soulager ma peine
Pour ma dernière maladresseEpargne-moi ta tristesse
J’emporterai sous mon aileTon sourire de porcelaine
Va, quand la vie t’oppresseLa mort n’est qu’une caresseBien plus douce et sensuelle
Que ta beauté d’Hélène
Je t’en prie, démon ou déesseJe prie pour que tu me blessesUne dernière fois, sois cruelleJe n’ai pas peur, je vois l’Eden
UN AMOUR AVEUGLE
Je n’en croyais pas mes yeux.Mais je n’avais plus qu’eux.Pour la pleurer.Pas de pourparlers : je la regardais, immobile.Un battement de cœur. Un battement de cil.Pas de gestes inutiles.Puis elle a fermé les yeux.Je ne voulais pas l’aveugler.Seulement que mon amour lui crève les yeux.Les deux.
PAF, POUF ET VOUS
Paf et Pouf pouffent de rire.Pouf a froid, Paf a chaud.
Paf a chaud parce qu’il pouffe mais Pouf,Pourquoi a-t-il froid ? Lui aussi pouffe !
Ils ont pourtant commencer à pouffer en même temps.Paf ne comprend pas. Il s’arrête de pouffer.
Pas Pouf.Paf ne pouffe plus. Il commence à avoir froid.Pouf continue à pouffer mais il a toujours froid.
Il ne comprend pas. Ca fait rire Paf.Paf et Pouf pouffent de rire.Ils ont tous les deux froid.
Pouf a compris.On n’a pas forcément chaud quand on pouffe.
Mais on a froid quand on ne pouffe plus.Paf et Pouf décident de ne plus pouffer.Ils n’auront pas plus froid, se disent-ils !
Paf et Pouf ne pouffent plus.Pouf a de plus en plus froid.
Pas Paf.Paf et Pouf ne comprennent pas.
Paf en a marre.Pas vous ?
MEMOIRE DES MAUX
Penché sur mon existenceJ’ai plongé dans l’amerPour lui trouver un sensJ’ai remué ciel et terre
Je ne peux plus croireCe qu’on a lu dans vos mains
A force de mémoireJe ne croix plus en demain
On veut prier l’EternelEn vain pour s’échapper
Mais on la sait cruelleCette triste épopée
Peu d’années de lumièreNous séparent de l’éternité
Puisse cette invention damnéeQue fut la vie sur terre
Reposer en paix
HISTOIRE D’EAUIl est né un jour de pluie,
Elle n’est pas née de la dernière pluie.Il n’aime pas la pluie,Elle chante dessous.
Elle a des dessous charmants,Pas lui.
« De qui parlez-vous ?De celui qui n’aime pas la pluie.
Pourquoi n’aime t –il pas la pluie ?Parce qu’il est né un jour de pluie.
Pas elle ?On n’en sait rien.
Que savez-vous d’elle ?Elle a des dessous charmants.
En êtes-vous sûr ?C’est lui qui me l’a dit.Comment le sait-il ?
Il n’est pas né de la dernière pluie.Je croyais que c’était elle ?
Lui aussi croyait que c’était elle !Et avait-il tort de croire cela ?
Non.Se peut-il, comme lui, qu’elle n’aime pas la pluie ?
Non.Parce qu’elle chante dessous ?
Tout juste !Et pourquoi n’a t-il pas des dessous charmants ?
Parce que c’est lui qui les porte.Je croyais que c’était elle ?
Non, elle n’en porte pas.Vous avez raison, c’est charmant… »
PEINTURE A L’EAU
Profitant d’un courant d’airJ’ai jeté ma peinture à l’eau
Toutes les couleurs primairesOnt déserté mon tableau
Je leur ai bien ditQue je ne voulais plus les voir
Que la peinture et la vieMe semblaient illusoires
Je les ai rendues tristesMais c’est pour leur bien
Chez les ImpressionnistesElles font de si beaux grains
Depuis, je peins tout en noirArc-en-ciel et humains
Du mouvement désespoirJe suis le témoin
AMANDINE
Au milieu d’une rue sans âmeJe l’ai trouvé au bord des larmesUn tramway dont j’ignore le nom
Nous emmena loin du vague à l’âme
L’espace d’une nuit, corps et âmeJ’ai cru à notre amour
Un amour de rêveQui ne fut pas à mêmeDe survivre à la réalité
Un amour de tropA l’odeur d’ammoniac
Les yeux qui piquent jusqu’à l’amaurose
Amnésique par habitudeOn oublie vite son amertume
On n’oublie pas l’amour
Dans la solitude de l’âmeLa camarde rôdeL’âme en peine
Laminé par l’existenceJe me lamente encoreSur ma vie calamiteuse
Amnésique par habitudeOn oublie vite son amertume
On n’oublie pas l’amour
Au creux de la mainIl me reste la lameCouleur amarante
Allongée contre moi, amoureuse enfinSes yeux amandes grands ouverts
Elle me regarde à jamais
Amnésique par habitudeOn oublie vite son amertume
On n’oublie pas l’amourNi la mort
La mort de l’être aiméQue l’on vient de tuer