ACTA OPHTHALMOLOGICA VOL. 4 4 1966
Clinique ophtalmolegique de I‘Urciversit6 de LGge (Prof . R. Weekers)
ETUDE COMPARATIVE DES EFFETS DE DIVERSES AMINES SYMPATHICOMIMETIQUES SUR L‘OEIL*)
PAR
R. Weekers et J . Collignon-Brach
L’instillation d’une goutte d’un collyre h l’adrknaline lkvogyre h 2 O/o contracte les vaisseaux conjonctivaux, dilate la pupille et abaisse l’ophtalmotonus. Du fait de cette action hypotmsive, dkcouverte en 1923 par Hamburger, l’adrhna- line est utiliske dans le traitement du glaucome h angle ouvert, bien que la question de savoir si ses effets vasoconstricteurs ne nuisent pas aux fonctions de la rktine et du nerf optique ne soit pas encore tranchke.
Les effets pupillaires de l’adrknaline contr’indiquent formellement son emploi dans le glaucome h angle fermk. Par contre, l’association d’une action mydriatique et d’un effet hypotenseur font, de l’adrknaline, un traitement de choix dam l’uveite hypertensive (L. Weekers, 1935, 1936).
Depuis plusieurs annkes, nous poursuivons l’itude des effets oculaires de diverses amines sympathicomimetiques dans l’espoir de trouver une substance qui abaisserait l’ophtalmotonus mais qui serait sans effet sur la pupille et sur les vaisseaux oculaires. La dkcouverte de cette substance itendrait les indica- tions des amines sympathicomimktiques dans les glaucomes.
Le present travail est une etude comparative faite sur 84 sujets normaux, des effets pupillaires, vasomoteurs et tensionnels de 11 amines sympathico- mimetiques diffkrentes. Toutes ces amines, h l’exception de l’aleudrine (ou isoprotkrknol) lkvogyre, nous ont Ctk gracieusement fournies par la firme C. H. Boehringer Sohn-Ingelheim dRhein que nous remercions pour son excel- lente collaboration. L‘aleudrine livogyre est manufacturie par Cilag-Chemic A. G. h Schaffouse.
Ces amines sont soit des monophknols, soit des diphknols. Les monophenols doivent Ctre divises, selon la position du groupement phinolique sur le noyau
*) R e y le 20 dhcembre 1965.
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benztne en paraphknols et en mktaphknols. La plupart de nos recherches por- tent toutefois sur des d i p h h o l s qui sont plus actifs que les monophknols.
Le tableau 1 rappelle la formule de 18 amines sympathicomimktiques.
TECHNIQUE
Tous les collyres ont t t t prtparts H une concentration tquimoltculaire H une solution d'adrtnaline ltvogyre H 2%. Pour les substances ractmiques, coxnme le d. 1. effortil et le d. 1. N-isopropyl-noradrianol, par exemples, la concentration a t t t doublte car des recherches anttrieures ont montrt que I'amine dextrogyre est s a m effet sur I'oeil (R. Weekers et coll., 1955). L'aleudrine a t t t utilist sous sa f m e ractmique B 5.68 O/o
(sulfate d'aleudrine) et sous sa forme ltvogyre H 2.7 V o (chlorhydrate daleudrine). Le solvant utilist pour ces collyres a la composition suivante :
Mktabisulfite de sodium 30 cg. Chlorbutol 30 cg.
Pantocaine 50 cg. DtsogCne 2 mg.
Dans tous les cas, la dose utiliste est de 111 gouttes, instilltes en cinq minutes aprCs anesthtsie 8 la novtsine (Wander).
Les effets vasomoteurs ont t t t recherchts en examinant la conjonctive bulbaire au moyen d'un biomicroscope binoculaire.
Les effets fiufiillomoteurs ont ttf ttudits en mesurant le diametre pupillaire au moyen du dispositif optique destint au contrde de la fixation du regard dans le pkri- mCtre P coupole de Goldmann. Les mesures sont ainsi toujours faites dans des con- ditions identiques d'tclairage et d'accommodation.
La pression oculaire a t t t mesurte au moyrn d'un tonomttre H indentation de Schiotz avant les instillation, puis 1 h., S h., 24 h., 48 h. et 72 h. aprCs celles-ci.
Chlorure de sodium 20 cg.
Eau distillte 100 CC.")
Faits expkrimentaux
Nous envisagerons successivement les effets des monophtnols, paraphtnols et mtta- phtnols, puis ceux des diphtnols.
A . Effets oculaires conskcutifs d l'instillation d'un monophknol. 1) Les parafih6nols. a) L'instillation de sydbhrine ou symbatol (D.L. - 1 (4 hydroxyphtnyl) 1 - hy-
droxy - 2 mtthyl-amino-tthane (no 2, tableau 1) dans les conditions exptrirnentales dtcrites est dtpourvue de tout effet oculaire. Elle ne modifie ni le calibre des vais- seaux conjonctivaux, ni le diametre pupillaire, ni I'ophtalmotonus. Cette ttude a ttk faite sur 7 sujets normaux.
b) Le N-isopropyl-norsympatol (D. L. - 1 (4 hydroxyphtnyl) 1 - hydroxy - 2 iso- propylamino-tthane) (no 5, tableau 1) ne possCde qu'une action vasodilatatrice faible
") Nous remercions M. Dumonceau, Directeur de la Pharmacie de I'H8pital de BaviCre, qui s'est chargC de la prtparation de ces collyres.
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et fugace (1 h 3 h.). I1 n’est ni mydriatique, ni hypotenseur. Ces recherches ont ttt faites sur 10 sujets normaux.
2 ) Les dtuphdnols. Nous en avons Ctudit trois : la phknyliphrine, l’effoitil et le N-isopropyl-noradrianol. a) La phinyldphrine ou udrimol ou dosyndphrine (D.L. - 1 (3 hydroxyphtnyl)
1 - hydroxy - 2 mtthylamino-ethane) (no 8, tableau 1) est une m i n e pourvue Tune action vasoconstrictrice de moyenne importance qui se marque immkdiatement aprls I’instillation, dtcroit apres 30 minutes et disparalt aprCs 1 h. Elle est mydriatique. Elle n’abaisse pas l’ophtalmotonus. Cette Ctude a 6tt faite sur 10 sujets normaux.
b) L‘e&tiZ (D.L. - 1 (3 hydroxyphtnyl) 1 - hydroxy - 2 &thylamino-&thane) (no 9. tableau 1) est, B la fois, vasoconstricteur, mydriatique et hypotenseur (cf. R. Weekers et coll., 1961).
c) Le N-isopropyl-noradrimol (D.L. - 1 (3 hydroxyphtnyl) 1 - hydroxy - 2 isopropyl- amino-ethane) (no 11, tableau 1) dilate les vaisseaux conjonctivaux : la vasodilatation dure 1 h 3 heures. I1 ne modifie pas le diamttre pupillaire. I1 abaisse l’ophtalmotonus. Nous avions fondt des espoirs sur l’utilisation de cette substance en clinique mais ces espoirs ont t t& d k p s (cf. R. Weekers et coll., 1961; M. Gilson, 1961). En plus de ces recherches anttrieures, les instillations ont t t t faites sur 16 sujets normaux.
B. Effets oculaires consfcutifs d l’instillation d’un difihfnol. En rCgle gtntrale, lea diphtnols sont plus actifs que les monophtnols. Nous en
avons CtudiC six : la noradrtnaline, b) l’adrtnaline, c) la N-Cthyl-mradrknaline, d) la N-propyl-noradrtnaline, e) l’aleudrine ractmique et ltvogyre, f) la N-butyl- noradrtnaline.
a) La norudrdnaline ou urtkrdnol (D. L. - 1 (3.4 dihydroxyphtnyl) 1 - hydroxy - 2 amino-Cthane) (no 3, tableau 1) est un fort vasoconstricteur des vaisseaux de la conjonctive bulbaire. La contraction s’installe immkdiatement aprhs l’instillation du collyre, elle dure 2 h 3 heures au moins et disparalt aprts 3 h 6 heures. La nor- adrtnaline est mydriatique et abaisse l’ophtalmotonus. Ces recherches ont 6th faites sur 6 sujets normaux.
b) Les effets de l’udrdnuline ou kpindphn’ne (L. - 1 (3.4 dihydroxyphknyl 1 - hy- droxy - 2 mtthylamino-tthane) (no 14, tableau 1) sont bien connus : la vasoconstriction qu’elle provoque dure pendant 5 h 6 heures. L’adrtnaline ltvogyre h la concentration de 2 O / a est un puissant mydriatique. Elle abaisse l’ophtalmotonus. En plus de nos recherches anttrieures (R. Weeker et coll., 1954, 1955, 1961) les instillations ont ktt rtptttes sur 8 sujets normaux.
c) La N-tthyl-noradrknline (D.L. - 1 (3.4 dihydroxyphtnyl) 1 - hydroxy - 2 tthylamino-ethane) (no 15, tableau l), par contre, est une substance peu ktudite. Ses effets oculaires sont trts proches de ceux de I’adrtnaline. La vasoconstriction der vaisseaux conjonctivaux qui suit immkdiatement son instillation dure pendant quelquea heures, elle peut etre suivie d’une lkgtre vasodilatation. Cette substance est mydriatique, elle abaisse l’ophtalmotonus.
d) La N-propyl-noradrtnaline (D. L - 1 (3.4 dihydroxyphtnyl) 1 - hydroxy - 2 propylamino-Cthane) (no 16, tableau 1) eat vasodilatateur et mydriatique. Ses effets hypotenseurs sont moins accuses que ceux de l’adrknaline crt de l’aleudrine. Ces con- clusions sont b d e s sur I’ttude de 12 sujets normaux.
e) L‘uleudrk ou isoprotkrdnol (D. L. - 1 ( 3 4 dihydroxyphtnyl) 1 - hydroxy - 2 iso- propylamino-Cthane) (no 17, tableau 1) SOUS sa forme ractmique, a dtja fait I’objet de recherches anterieures (R. Weekers et toll., 1955, 1956, 1961). Contrairement B l’adrtnaline, elle ne contracte pas les vaisseaux conjonctivaux mais les dilate pendant
765
1 h 2 heures. Elle ne dilate pas la pupille mais elle abaisse l’ophtalmotonus autant que l’adrhaline. L‘aleudrine prksenterait un trits grand intCrft clinique si l’instilla- tion du collyre ne diclenchait pas une tachycardie intense et gfnante pour le patient (R. Weekers et coll., 1956). Les essais encore inCdits que nous avons fait au moyen de l’aleudrine levogyre n’ont fait que confirmer les faits Ctablis au moyen de l’aleudrine rachmique. La tachycardie nous a contraint a limiter ces recherches A deux sujets normaux.
f) La N-butyl-noradhaline (D. C. - 1 (3.4 dihydroxyphbnyl) 1 hydroxy - 2 butyl- amino-tthane) (no 18, tableau 1) est vasodilatateur mais n’est pas mydriatique. I1 est un peu moins hypotenseur que la N-propyl-noradrCnaline. Ces Conclusions sont bades sur 1’Ctude de I 1 sujets nonnaux.
Les effets vasomoteurs n’ayant pas CtC mesurCs, il n’est pas possible de les exprimer sous forme de tableaux. Les effets pupillomoteurs et les effets ten- sionnels ont, par contre, Ctt ttudiCs quantitativement, ils sont groupCs dans les tableaux 2 A 7.
Les tableaux 2, 3, 4 groupent les effets mydriatiques; les tableaux 5, 6, 7, les effets sur la pression oculaire.
Le tableau 2 permet la comparaison de trois mtthylamino-ithane, deux monophCnols : le paraphknol (synCphrine ou sympatol), le mCtaphtnol ( d o - syntphrine ou adrianol) et d’un diphCnol : I’adrdnaline. Ce tableau montre que, B longueur Cgale de la chafne latCrale, l’action mydriatique du diphCnol est beaucoup plus accusCe que celle des monophknols.
Le tableau 3 montre que les trois isopropylamino-Cthane, deux monophtnols : le paraphino1 (N-isopropyl-norsympatol), le mCtaphCno1 (N-isopropyl-nor- adrianol) et mCme le diphknol : l’aleudrine ou isoprottrknol, sont totalement dCpourvus d’action pupillaire.
Le tableau 4 permet la comparaison des effets mydriatiques des six di- phCnols CtudiCs dans ce travail. I1 montre que la longueur de la chafne latkrale azotique est un facteur diterminant de l’effet mydriatique : la noradrknaline (R-NHz), l’adrhaline (R-NH-CHS), la N-ethyl-noradrtnaline (R-NH-GHs) sont mydriatiques tandis que la N-propyl-noradrenaline (R-NH-CsH,), la N-isopropyl-noradrknaline ou aleudrine (R-NH-CH(CH&) et la N-butyl-nor- adrenaline (R-NH-CaHg) ne dilatent pas la pupille.
Le tableau 5 permet de comparer les effets de trois methylamino-Cthane, deux monophtnols : la synephrine ou sympatol, la nCosynCphrine ou adrianoi et du diphknol, l’adrknaline sur l’ophtalmotonus. Les deux monophCnols (para et mCta) sont sans effet, tandis que l’instillation du diphknol est suivie d’une forte hypotension dont le maximum est attcint 6 heures ap rb l’instillation, qui est encore trts marquCe aprh 24 heures et qui s’estompe le deuxitme jour pour disparaftre dans le courant du troisitme.
Le tableau 6 montre que l’aleudrine, racimique ou lCvogyre abaisse l’oph- talmotonus. Cette hypotension est comparable A celle de l’addnaline tant en intensit6 qu’en dude bien que l’aleudrine soit depourvue d’action vasocon-
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Chute de la pression oculaire en mm. Hg. en fonction du temps CcoulC depuis l’inatillation
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Adrenaline
strictrice (voir plus haut) et mydriatique (cf. tableau 4). Par contre, le N-iso- propyl-norsympatol (monophenol en position para) ne modifie pas la pression oculaire, le N-isopropyl-noradrianol (monophenol en position mkta) est douk d’une faible action hypotensive.
Le tableau 7 permet l’ktude comparative des effets hypotenseurs des six diphknols etudits dans ce travail. Tous abaissent l’ophtalmotonus mais A des degres diffkrents : l’adrknaline (R-NH-CH& la N-ethyl-noradrenaline (R-NH-&HB) et l’aleudrine (R-NH-CH(CH&) sont les plus actifs. L’hypo- tension consecutive B l’instillation de l’amine est moindre si la chaEne laterale est absente (noradrhaline (R-NH2)) ou tr&s longue (N-butyl-noradrenaline (R-NH-C4Hg)).
CO M M E N T A I R E S
Les propriktes des amines sympathicomimetiques de contracter des vaisseaux conjonctivaux et de dilater la pupille sont intimement liees : en r&gle trhs
7 7 1
Tableau 6. Etude comparative des effets tensionnels de trois isopropylamino-Cthanes des mono-
phCnols et du diphbnol.
Chute de la pression oculaire en mm. Hg. en fonction du temps CcoulC depuis I’instillation Composition
du collyre instill6
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N-isopropyl-norsympatol
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N-isopropyl-noradrianol
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CH-CH,
d~ ~ - A - c H : ~ ~ ’ D. L. -3.10 4.90 -5.80 4.90 -3.90 -1.70 -2.90 -2.00 -4.70 -3.50 $0.10 CHI L.
Aleudrine ou isoprotCrCno1 ou N-isopropyl-noraddnaline
gCnCrale, une amine possedant une action vasoconstrictrice est mydriatique et vice-versa.
Certains monophenols, deux paraphenols par exemple, la phCnylCphrine (Adrianol) (no 8) et l’effortil (no 9) posskdent ces propriCtCs. I1 en est de m2me de trois des diphknols que nous avons CtudiCs : la noradrenaline (no 13), l’adrenaline (no 14) et la N-Cthyl-noradhaline (no 15).
Lorsque la chaPne latCrale azotique devient plus longue, l’amine perd A la fois son action, vasoconstrictrice et son action mydriatique. L’isopropylnoradrianol (no 1 l), la N-butyl-noradrenaline (no 16), l’aleudrine (no 17) et la N-propyl- noradrenaline (no 18) ne modifient pas le diamktre pupillaire. Leur instillation est suivie d’une vasodilatation des vaisseaux conjonctivaux.
Lorsque l’on cherche A dilater la fiupille dans un but diagnostigue, c’est A dire pendant une pCriode relativement courte et sans paralyser l’accommoda- tion, il est justifik d’employer la nCosynCphrine (Adrianol) ou phCnylCphrine (no 8) mais on pourrait aussi utiliser l’effortil (no 9), la noradrbnaline (no IS) ou la N-Cthyl-noradrknaline (no 15) qui ne sont gukre employCs dans ce but.
Tableau 7. Etude comparative des effets hypotenseurs de six diphenols en fonction de la longueur
de la chaine lattrale azotique.
Chute de la pression oculaire en mm. Hg. en fonction du temps CcoulC depuis l’instillation Composition
du collyre imtille
Oli
OH CH - CHe
dH AHI
Noradrtnaline
-1.30 -1.50 -3.10 -3.50 -1.90 -0.40
OH
OH NII - CII:, -2.80 -3.90 -5.50 4 . 9 0 -2.90 -1.20
Adrtnaline
011 CH , - CHI , 4 . 7 0 -3.60 -5.60 -3.30 -1.90 -1.10 OH N H ~ lbll, ,
N-tthyl-noradrhnaline
OH
OH m-M. dH & C H * C H s D . L . -3.10 4 . 9 0 -5.80 4 . 9 0 -3.90 -1.70
\CMsL. -2.90 -2.00 - 4 . 7 0 -3.50 +0.10 Aleudrine ou isoprotkrtnol ou N-isopropyl-noradrtnaline
OH
-2.60 -3.10 -3.90 -2.50 4 . 7 0 4 . 3 0 CH ~ I:H,
0 1 1 N i l ~ 1:,11:
N-propyl-noradrenaline
0 1 I
OH 0 CH -C:I. -1.30 -2.20 -3.00 -1.40 4 . 5 0 0 OH NH-GH.
N-butyl-noradrenaline
773 Acta Ophthalmol. 44, V 4 7
Lorsque l’on a recours A une amine sympathicomimetique comme mydriatique dans un but thCrapeutique, soit seule, soit pour augmenter les effets d’un parasympathicolytique, il est preferable d’employer l’adrenaline (no 14) dont les effets sont plus puissants et plus durables que ceux de la phknylephrine, de la noradrenaline ou de la N-ethyl-noradrtnaline.
L’emploi de collyres dans le but de conlracter les uaisseaux conjonctiuaux est rarement indique. I1 est preferable et plus rationnel de chercher A trouver la cause d’une vasodilatation pathologique que d’instaurer un traitement symptomatique au moyen d’une amine dont l’action vasoconstrictrice n’est que passagere et est parfois suivie d’une vasodilztation secondaire.
Nous avons montrk que lorsque la chaine laterale azotique est longue (propyl- amino-, isopropylamino-, butylamino-), les amines acquierent la proprikte de diluter tes uaisseaux con jonctiuaux. Quelques publications remontant B plusieurs annkes ont vante les merites des collyres vasodilatateurs sur le dkcours d’affections rktiniennes caracteriskes par une ischemie du tissu nerveux. Ce mode de therapeutique a etk prkconid dans le glaucome. Son bien fond6 n’a pas Ctk confirme par des observations cliniques comportant l’etude simultante d’un materiel contrde. C’est la raison pour laquelle, il nous parait difficile de preciser, dans l’etat actuel de la question, les indications thirapeutiques a l’emploi d’amines sympathicomimetiques vasodilatatrices.
L’action des amines sympathicomirnetiques sur l‘ophtalmotonus et les in- dications de ce traitement dans les glaucomes ont une rkelle importance pratique.
Les observations mentionnees dans ce travail montrent que l’ischemie con- jonctivale et ciliaire n’est pas la condition nicessaire A l’hypotension oculaire. Cette hypothese meritait d’Ctre envisagee, en ce qui concerne l’adrenaline, par exemple. On sait, en effet, que la reduction du debit sanguin dans le corps ciliaire rtduit le formation de l’humeur aqueuse et, par voie de consequence, l’ophtalmotonus. Cette hypothese ne peut toutefois Ctre retenue puisque le N-isopropyl-noradrianol et la N-isopropyl-noradrenaline (aleudrine), qui tous deux sont vasodilatateurs, possedent egalement la propriett de reduire la pression oculaire.
Nos recherches montrent Cgalement qu’il est possible de dissocier les effets sur la pupille et sur l’ophtalmotonus. Le N-isopropyl-noradrianol et l’aleudrine, par exemples, qui ne dilatent pas la pupille, reduisent nianmoins l’ophtalmo- tonus c o m e l’effortil, la noradrenaline et l’adrenaline.
La plupart des auteurs admettent que l’action hypotensive des amines sym- pathicomimktiques resulte essentiellement d’une reduction du debit de l’humeur aqueuse (Goldmann, 1951; Becker et Ley, 1958; Weekers et coll., 1954, 1955, 1956, 1961, 1965). Cependant, Garner, Johnstone, Ballantine et Carol1 (1959) ainsi que Becker, Petit et Gay (1961) ont mis en evidence une diminution de la resistance B l’icoulement de l’humeur aqueuse apres un traitement adrkna-
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linique de plusieurs mois. Prijot (1961), d’autre part, A tnis en evidence une action simultanke de l’adrknaline sur le dkbit et la resistance B l’ecoulement de l’humeur aqueuse.
I1 semble que l’action hypotensive des amines sympathicomimetiques est due, exclusivement, A une rkduction du dkbit chez les sujets normaux et chez les glaucomateux dont l’hypertension oculaire est faible mais que, dans l’kven- tualitk d’une forte hypertension, la chute tensionnelle due B la reduction du debit a pour conskquence une dkcompression des voies d’klimination de l’humeur aqueuse et une rkduction de la resistance.
D’un point de vue pratique, l’adrknaline reste l’amine sympathicomimktique la plus employke dans le traitement de l’hypertension oculaire. E l k est particulikrement indiquke dans le traitement de l’uvkite hypertensive oh ses deux actions hypotonisante et mydriatique sont l’une et l’autre favorables (L. Weekers, 1935). E l k constitue un traitement complkmentaire dans le glau- come B angle ouvert. Dans cette affection, l’action hypotensive de l’adrknaline s’ajoute B celle des miotiques et la mydriase est sans inconvenient. La question n’est toutefois pas tranchke de savoir si la vasoconstriction adrknalinique est totalement dkpourvue d’effets nocifs sur l’irrigation de la tCte du nerf optique. Goldmann (1966) a dkcrit un cas d’oedeme maculaire qui apparatssait SOUS
l’effet d’un collyre A l’adrknaline et qui disparaissait au moment de l’inter- rup tion du trait ement.
L’adrknaline est, bien entendu, formellement contr’indiquee dans le glau- come A angle fermk car la mydriase en accolant l’iris A la corn& pourrait aggraver l’hypertension ou dkclencher une crise aigue et grave.
A longue kchkance, le collyre A l’adrknaline est souvent la cause d’une sen- sibilisation et d’une intolkrance cutanee se traduisant par un eczkma en lunet- tes. Nous ne savons pas, actuellement, si ces malades sensibilises supportent les instillation de la N-ethyl-noradrenaline dont les propriktes hypotensives sont tr6s proches de celles de l’adrknaline.
En pratique, nos recherches n’ont pas amenk A la dkcouverte d’une amine meilleure que l’adrknaline dans le traitement du glaucome. L‘aleudrine paraissait devoir trouver d’utiles applications cliniques. Cette substance n’est, en effet, ni mydriatique, ni vasoconstrictrice; e l k possPde des effets tensionnels aussi puissants que ceux de l’adrknaline. Son instillation est malheureusement suivie d’une tachycardie intense, gtnante pour le patient et qui pourrait Ctre dangereuse chez un sujet porteur d’une affection cardiaque. Nos essais pour dissocier les effets hypotenseurs des effets cardiaques sont, jusqu’A present, demeures vains.
Le autres amines hypotensives non mydriatiques : le N-isopropyl-noradrianol, le N-propyl-noradrianol et le N-butyl-noradrianol sont, malheureusement. moins actives que l’adrknaline et que l’aleudrine. Nos essais cliniques sur des sujets atteints de glaucome A angle ouvert montrent, d’autre part, que leurs
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effets tensionnels s’attenuent rapidement en fonction du temps Ccoule depuis le debut du traitement si bien qu’ils deviennenit inefficaces ou insuffisants en quelques jours. Nous n’avons pas trouvk le moyen, jusqu’A present, de rernedier A ce phknomhe de tachyphylaxie.
CONCLUSIONS
Etude comparative des effets de diverses amines sympathicomimktiques mono- phhols et diphenols sur les vaisseaux conjonctivaux, la pupille et l’ophtalmo- tonus.
Recherche d’une correlation entre la structure de l’amine, d’une part, l a effets vaso-moteurs, la mydriase l’hypotension oculaire, d’autre part.
Indications sur le choix d’une amine : a1 pour obtenir une mydriase dans une bu diagnostique ou dans but therapeutique; bl dans le traitement du glaucome A angle ouvert et de l’uveite hypertensive.
UIBLIOGRAPHIE
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