Frères N° 15
Bien Aimés
4 septembre 2003 _________________________________________________________________________
Thème de la réunion: Les Luminaires
(O Soleil !) accorde que j'arrive au Ciel d'Eternité,
domaine des Elus; que je (puisse) m'unir
aux Esprits vénérables, aux Eminents de l'Au-delà !
(Soleil !)
Qu'à ton aube, avec eux je sorte pour que je voie ta beauté;
et que, le soir, quand tu parcours le Ciel d'en bas (qui est) la mère, ma face vers l'ouest se tourne;
que mes deux bras (levés) adorent ton crépuscule (où est ) la vie !
L'Eternité, vraiment, c'est toi qui l'as créée…
Je te mets dans mon cœur.
Ce thème de la "Sortie au Jour" extrait de ce que l'on nomme "Le Livre des
Morts" égyptien (le Livre de venir au Jour), nous montre en quelques mots le désir
d'un homme de devenir Esprit et son souhait de suivre le Soleil en sa course
nocturne.
Au-delà de ces mots qui sont une prière adressée au dieu inaccessible dont la
course éternelle ne prendra jamais fin, il y a l'intuition que des cycles universels
s'entrecroisent, cycle du Soleil, cycle du Nil, cycle des moissons…
Vie et mort s'unissent étroitement comme le jour et la nuit, mais il n'y a de
renaissance de Rê, chaque matin, que parce qu'il a affronté dans la Douat le
serpent Apophis, qui tente de le freiner…
Le Soleil sort chaque jour vainqueur de ce combat cosmique, et pour s'intégrer
pleinement à l'harmonie cosmique, l'homme n'aura nul autre but que de s'unir à
elle, selon la loi de Maât.
Le "je te mets dans mon cœur" témoigne de sa volonté de se fondre en ce disque
solaire, car si la course est éternelle, le disque est éternel, et la fusion de
l'homme en Rê le rendra lui aussi éternel.
Tout l'Univers est Un. Tout est en tout. Et chaque homme qui n'agit pas selon la
loi de Maât, selon l'harmonie, l'équilibre, la justice et la vérité, devient
responsable d'une perturbation de l'harmonie, de l'équilibre de l'Univers.
Toute substance étant vivante et participant à cet équilibre, la mort ne saurait
exister. Elle est donc illusion.
L'homme sait qu'un jour il affrontera Osiris pour répondre des manquements à la
loi qu'il aura perpétrés durant son cycle de vie terrestre. Il saura affirmer face
aux quarante trois dieux qui sont là, sa pureté, non parce qu'il est tout à fait pur
(quel homme le serait !), mais que le rituel qui lui impose de l'affirmer pour que la
porte lui ouvrant l'Eternité s'ouvre.
Lorsque tout est accompli, l'homme s'unit à l'Astre:
Je suis le Disque en chaque jour! Je suis Eternité
(car ) je suis Rê sorti du Noun, et mon âme, c'est Dieu !...
Me (voici) l'Ame du grand Corps.
Voilà ce qu'était pour un égyptien, l'un des deux luminaires.
Quant à la lune, deux dieux la représentent: Thot et Khonsou. Tous deux
sont arpenteurs du temps. Ils font revivre chaque nuit le mystère de la vie
et de la mort. Ils préparent le retour de l'aube et leur clarté donne de
l'espoir aux hommes qui savent attendre; ils enseignent aux hommes par
leur simple présence qu'au plus profond de la nuit existe toujours une
lumière, reflet d'autres lumières, et que l'ensemble de ces reflets témoigne
d'un plan supérieur à la réalité visible des choses.
L'homme découvre alors qu'il est éternel et qu'il fusionnera un jour dans
l'Absolu.
GH
Les Luminaires
Le Soleil
L'évidence du Soleil : c'est la lumière et la chaleur. Mais c'est aussi la vie, meurt
le Soleil, plus de vie sur Terre. Mais le Soleil c'est aussi la mort, la sécheresse,
la déshydratation des terres et des gens : il est en même temps lumière et
ténèbres de la vie. Ce qui est logique, car comment connaître ta lumière si l'on ne
connaît pas les ténèbres et comment connaître la chaleur si l'on ne connaît pas le
froid.
C'est l'esprit dualiste des religions qui a placé d'un côté la lumière, émanation
divine, face aux ténèbres, émanation diabolique. Pourtant, l'hermétiste verra
dans ces oppositions apparentes la dynamique de la création. L'Unité se cache
derrière les opposés.
Mais revenons à ce Soleil qui amène le jour et la vie et fait chanter le coq. Le
Soleil c'est notre Moi vital, celui qui rejette nos cauchemars, nos phobies, nos
projections. Cependant nous arrivons des ténèbres, des profondeurs de la Terre
Noire, la terre nourricière du Cabinet de Réflexion , et nous venons de recevoir
la lumière. Et selon les endroits le Soleil est devant nous ou au-dessus de nous,
mais il nous éclaire, et souvenons nous en : il nous éclaire.
Il représente le centre, notre centre, ce point intérieur doué de possibilités
actives et dynamiques qui va permettre notre croissance et va alimenter notre
créativité. Il est la source et le véhicule de la lumière dans son absolu. Il
représente l'esprit et l'intelligence du Monde qu'il inonde de son rayonnement.
Dans le Tarot il est l'arcane 19 qui en hébreu veut dire : Qof ou la puissance
créatrice, le « Je » créateur.
La pensée gnostique est dominée par la quête de cette lumière qui représente la
connaissance suprême à laquelle on ne peut accéder qu' après une longue et
difficile préparation. Ici comme ailleurs il faut se méfier de l'ivresse, Icare s'y
brûla les ailes.
Chez les orientaux, le verbe, le son primordial « AUM » s'associe à la lumière
exprimée par le chakra du sommet du crâne, qui ouvre la conscience à l'intuition
directe. Le Soleil est la marque de l'épanouissement dans l'harmonie parfaite, sa
chaleur est l'image du pur Amour qui réchauffe et embellit tout.
Le Soleil c'est aussi le dieu égyptien Rê qui représente le soleil adulte de midi, la
pleine lumière, heure symbolique à partir de laquelle les F.'. Mac.', travaillent.
Dans les tarots égyptiens, il est à noter que la lumière vient de suite après le
chaos.
Dans la perspective du développement de l'homme à travers le temps, même si
chez nous il peut se développer hors du temps et de l'espace, de la naissance à la
mort, cette première partie est la création de son être solaire, celle de
l'enfance où il va devoir affirmer sa verticalité ( la perpendiculaire ). Cela va
être l'assimilation de son Moi. Il va devoir se former pour exister, se structurer
dans les contacts avec les autres. Il doit s'affirmer.
Une fois sa verticalité établie, il va pouvoir s'étendre ( le niveau ). C'est la
deuxième partie l'âge adulte celui de se mesurer aux autres pour prendre sa
propre mesure, pour s'affirmer. Puis c'est le besoin de s'intégrer, de se joindre
aux autres, de se lier.
Arrive ensuite la troisième partie, celle de l'épanouissement, souvent refoulée
mais qu'il faudra bien qu'un jour la science reconnaisse, cette réalité spirituelle,
cette étincelle d'énergie qui fait l'être sacré qu'il a en lui, être d'amour qui le
fait se lier affectivement et s'attacher aux autres. Son Moi va devenir SOI, il
devra formuler sa propre pensée afin d'exister vraiment. La tête est déterminée
par les nouveaux champs de conscience qui se sont ouverts au cours des
différents âges.
Mais il ne faut pas oublier que comme le Soleil, pour pouvoir éclairer les autres,
nous devons descendre dans les ténèbres de notre propre Cabinet de Réflexion.
Après le jour vient la nuit pour que revienne le jour.
La Lune
La nuit, siège de l'astre miroir du Soleil et d'une myriade d'autres luminaires :
les étoiles. dont une que nous verrons plus tard : Vénus, l'étoile du berger, la
première levée et la dernière couchée, la plus brillante du ciel étoilé ,
représentée par une étoile à cinq branches.
Mais revenons à la Lune, l'astre de la nuit et non pas des ténèbres,car il n'y a pas
d'astre dans les ténèbres. La Lune est le miroir du Soleil dont elle reflète la
lumière adoucie, éclairant ainsi la Terre d'une lumière blanchâtre. Mais comme un
réflecteur elle réfléchit aussi sur la Terre les émissions cosmiques des autres
planètes en relation avec Vénus.
Ces trois luminaires font une triangulation qui permet à !a Terre de recevoir un
maximum d'énergie cosmique vitale ; surtout la nuit. Si le Soleil est le luminaire
irradiant de ses explosions atomiques, la Lune elle, n'est que le pâle reflet de sa
luminosité. Cette lumière n'est que le vecteur de transport de toutes les
énergies reçues par la Lune qu'elle nous restitue.
L'importance de la Lune sur les cycles et les rythmes biologiques n'est plus à
démontrer. Quoique les scientifiques aient tendance à rejeter encore ce qu'ils
considèrent comme des rituels ancestraux. Si nous l'avons vu, le Soleil
représente notre personnalité, notre Moi passant au Soi, la Lune est « l'Anima »
cette partie de nous-même que dès l'enfance nous enfouissons au plus profond
de notre inconscient : notre Moi le plus intime.
Nous savons que sur Terre les cycles lunaires régissent les marées et que les
paysans suivent sa progression pour certaines semences et certaines récoltes.
On lui donne une certaine influence sur les eaux et les océans. La surface agitée
de remous, toujours instable, le caractère capricieux et fantasque de l'océan
attribué à la Lune, en analogie avec la femme, a fait donner à la Lune la
représentation féminine ; alors que l'aspect lumineux et chaleureux du Soleil lui
ont valu de représenter le masculin (les astrologues et astronomes d'avant le
Moyen Age qui étaient souvent les mêmes n'étaient que des hommes ; cela en
serait-il une des raisons ?)
Dans toutes les traditions, elle représente la mère, la matrice, les eaux
primordiales. L'enfant naît de ces eaux primordiales ultérieurement; c'est par la
mère que l'enfant perçoit le père, et comme la Lune reçoit et polarise les rayons
du Soleil, la mère polarise l'amour du père sur l'enfant.
Dans la mythologie grecque, Artémis, la Lune, sœur jumelle de l'Apollon solaire,
naît avant lui et facilite ensuite la venue au monde de son jumeau,
Dans la tradition astrologique, la Lune est associée au signe du Cancer,
représenté par l' écrevisse ou le crabe (selon les imagiers), tous deux associés à
l'élément eau vivante et au symbolisme du plasma, de l'œuf, de tout ce qui est
somatique, interne et par extension organique.
La Lune n'est pas que le miroir du Soleil; dans le spirituel elle est le miroir qui
cache la vraie nature comme pour le Soleil, elle représente l'inconscient et régit
les domaines de l'imaginaire et de la rêverie ; ne dit-on pas d'une personne
rêveuse qu'elle est dans la lune ?
Sa double activité s'exerce sur tout ce qui est interne et caché, au plan physique
comme au plan psychique. Elle représente pour les F,'. Mac.', face au Soleil
constructeur, la face fécondatrice et créatrice: la mère transmet la vie et la
veuve veille sur ses fils. Ne sommes-nous pas "Les Enfants de la Veuve" ?
La Lune représente aussi dans son ensemble, le mirage de l'oasis dans le désert,
mais dans sa double face, côté éclairé et côté obscur, elle est aussi le mirage qui
est aussi réalité, l'incarnation actuelle de l'état humain: c'est ce côté caché,
obscur de notre personnalité que nous devons travailler. Afin que comme la Terre
dont nous sommes sortis en émergeant du Cabinet de Réflexion et qui pendant sa
révolution de 24 heures reste toujours en pleine lumière, nous puissions nous
aussi être éclairés en permanence et refléter sur les autres un peu de la lumière
que nous avons reçue…
Mais en dehors de ces deux principaux luminaires, il en est d'autres : Vénus,
étoile du berger, étoile à cinq branches, la Voie Lactée éclairant le ciel bleu des
temples Mac.'., mais cela pourra faire le sujet de bien d'autres planches.
JF.L.
Les Luminaires.
Vénérable Maître
Frère Second Surveillant, à quelle heure les Maçons
d’Egypte ont-ils coutume d’ouvrir leurs Travaux ?
Second Surveillant
Lorsque le Soleil culmine sur les sables de Memphis,
lorsqu’il est Midi et que l’ombre est la plus courte, alors
les Maçons d’Egypte ouvrent leurs Travaux, Vénérable
Maître.
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Vénérable Maître
Frère Second Surveillant, quelle heure est-il ?
Second Surveillant
Vénérable Maître, il est minuit plein, la nuit règne sur
la terre d’Egypte et l’Astre des Nuits baigne de sa
lumière les sanctuaires endormis.
Le rituel du premier degré de la Grande Loge des Rites Confédérés ouvre les
Travaux de la Loge en évoquant le soleil à son zénith, soleil dont on ne parle ni
des rayons, ni de la lumière ou de la chaleur qu’il émet, mais simplement des
effets qu’induit sur notre Terre, notamment sur les sables de Memphis, sa
course diurne.
C’est l’instant où l’ombre portée de chaque objet, de chaque être, cesse de
décroître pour recommencer, chaque jour, à croître, à renaître, à reprendre
force et vigueur. Ce n’est pas cet objet matériel ou cet être de chair, qui décroît
et recroît, mais bien ce qui le relie impalpablement à la lumière solaire; quelque
chose de flou, de mouvant, et qui rend la réalité imprécise, qui donne de celle-ci
une image dont on ne distinguerait que les contours, une image vraie, certes, mais
incomplète et sans valeur indépendamment de la réalité de la chose ou de l’être
perçu.
La lumière est immuable et c’est l’objet ou l’être qui bougent, le premier statique
mais se mouvant au rythme lent du sol qui le supporte, le second capable de gérer
ses mouvements, ses élans, de mesurer ses pas, de trouver le chemin où l’ombre
de la mort qui plane sur tous les vivants et leur insuffle la peur se fait si courte,
qu’il ne lui reste qu’un dernier pas à faire pour réintégrer la Lumière.
Homme fragile semblable à sa propre ombre qui disparaît sans laisser de trace,
mais qui sait qu’au-delà des ténèbres où vont se dissoudre les ombres en un
royaume obscur, existe un lieu de feu, d’énergie et de vie d’où émanent toutes les
vibrations de l’univers, et qu’il lui appartient de les aider à s’attirer, s’unir et se
renforcer mutuellement.
Vie, matière et énergie ne font qu’Un, que d’aucuns appelleront Dieu, d’autres
Lumière, d’autres encore Esprit, aussi inconnaissable et indéfinissable que
l’ombre qui seule témoigne de son existence, Père des lumières et des astres
resplendissants, Grand Architecte de l’Univers, Infini, Vivant
Le Soleil est son père, la Lune est sa mère; le Vent l’a porté dans son ventre et la Terre est sa nourrice.
Cette phrase extraite de la Table
d’Emeraude attribuée à Hermès
Trismégiste, fait allusion aux quatre
principes élémentaires : le Soleil
représentant le Feu, la Lune assimilée
à l’Eau, le Vent à l’Air et la Terre à
elle-même.
Ces éléments, nous dit Oswald Wirth " ne sont pas des corps, ni simples, ni composés, mais des tendances polarisantes qui engendrent les qualités élémentaires: chaud et froid, sec et humide, qui débrouillent le Chaos ".
Pour Jacob Boehme (1575-1624), il y a
au départ une Déité qui, en soi, est totalement inaccessible. Tout comme l'En-
Soph des Cabbalistes, cet Absolu n'a pas de nom. Il n'est pas Dieu, il est le
Néant. Il n'est pas plus la lumière que les ténèbres, pas plus le bien que le mal. Il
est, en soi, absolument inconnaissable.
Cette Déité conçoit le dessein de se révéler.
" Avant (le) Fiat, la volonté libre et le désir conçu par elle n'étaient pas séparés. La volonté divine était un chaos, c'est-à-dire un œil qui était la vision des
grandes merveilles. Dans ce chaos rien n'était séparé et il contenait toutes les couleurs, toutes les forces, toutes les vertus. Cet œil était Dieu lui-même contemplant ses merveilles. Il était Dieu apparu à lui-même comme l'Être de tous les êtres. Or, c'est dans des êtres singuliers que l'œil de l'éternité va révéler ce chaos. Toute matière formera un corps selon l'esprit qui l'aura fait naître, et à l'épreuve du feu, elle donnera une lumière selon l'esprit qui l'habitera. "
Jacob Boehme ( De la signature des choses - §40)
Au départ, il y a l'œil de Dieu qui regarde en lui-même et contemple le trésor qui
est en lui, les principes élémentaires dont surgira tout ce qui sera créé.
La création naît de son désir et de son imagination, et l'Être surgit du Néant, un
Être composé tout à la fois de terre, d'eau, d'air et de lumière, éléments
indissociables, inextricablement liés en un chaos informe.
La nature éternelle va naître, et pour Jacob Boehme, elle est " l'âme éternelle ",
modèle de nos âmes, qui va s'expliciter en sept fois, cette nature étant le livre
décrit dans l' Apocalypse et dont les sept sceaux s'ouvrent l'un après l'autre.
C'est avec ses sens que l'homme l'appréhendera. A ces sens correspondent des
qualités, comme le froid, le chaud, la douceur, l'amertume et des émotions
comme l'angoisse et la joie. A ces qualités correspondent sept esprits, sept
formes de la nature, dont chacune est le modèle d'une planète, et ces sept
formes de la nature sont des corps autant que des esprits.
Le premier principe du cycle correspond au règne des ténèbres, car il faut que la
nuit précède le jour pour que la lumière brille dans les ténèbres. Le second
principe est celui de la lumière, le troisième sera notre monde.
Aux ténèbres correspond Saturne, le premier esprit de la nature. La lumière est
identifiée au Soleil, l'esprit de la lumière est l'amour, identifié à Vénus.
L'intelligence est identifiée à Jupiter et le Verbe céleste à Mercure, le Verbe
étant à la fois pensée de Dieu et parole qu'il prononce. Lumière, Amour,
Intelligence et Verbe successivement engendrés les uns par les autres, ne font
qu'un et sont indissociables. Le septième esprit les réunit tous. Il est le corps de
lumière de l'âme éternelle. Lorsque la nature est achevée, elle est un corps de
lumière identifié lui aussi à Saturne. Du corps ténébreux, rugueux, dur comme la
pierre du Saturne initial va jaillir au terme d'un combat violent avec Mercure, le
corps glorieux.
Les ténèbres ne sont pas une simple absence de lumière. Les ténèbres sont cette
violence et la lumière est la paix. Mais des deux, aucune ne peut vaincre. C'est
par la douleur que la vie est ressentie par l'homme, et la béatitude que Dieu
désire communiquer à l'homme ne serait pas sensible sans l'épreuve de la
souffrance. Devenue sensible dans le feu de la souffrance, la béatitude devient
en l'homme la joie.
De l'amertume de Mercure, naît l'angoisse personnifiée par Mars.
"Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ?" C'est au moment où le Christ jette ce cri dans l'obscurité, que le voile du Temple
se déchire et que la lumière succède aux ténèbres.
Il y a la lumière du Soleil angoissé, soleil qui consume comme le feu, flamme de
l'éclair. Il y a aussi la lumière du Soleil qui épanouit la vie.
Mars personnifie donc l'angoisse et la violence du feu. Vénus personnifiera l'eau.
L'eau éteint le feu qui se reflète dans l'eau. La lumière est le feu épanoui dans
l'eau. Lorsqu'il a perdu sa violence, le feu est la vraie vie qui se manifeste.
Ainsi, au gré du temps, au gré des jours, les éléments apparaissent l'un après
l'autre. Au septième jour, la nature tient tout entière en un seul élément,
l'élément unique dans lequel les trois autres se subliment. Cet élément est la
Terre.
41. " … Et toute chose reste telle qu'elle a été constituée au commencement, son principe vital et sa croissance sont les mêmes, de la même façon elle tend vers la lumière ou vers les ténèbres, vers le bien ou vers le mal. Elle passe toujours par les trois formes primordiales, le Soufre, le Mercure et le Sel, franchissant un degré après l'autre. 42. Il en est ainsi de tous les esprits, des astres, des arbres, des plantes, de toute la création, y compris de la nature céleste qui est au cœur de la nôtre, les chœurs des anges, chacun selon sa différence. "
Jacob Boehme ( De la signature des choses - §41-42)
XXX
Voilà tout ce que font remonter en moi les paroles du rituel d'ouverture de notre
rite. Evocation des trois principes alchimiques rencontrés dans l'obscurité du
cabinet de réflexion où tout est déjà préexistant dans l'UN. Tout en UN. Trois
mots au centre de l'Ouroboros. Et je suis potentiellement le Mercure qui va par
son désir, par sa volonté, par son acte, entrer en un athanor chauffé par les
rayons conjugués du Soleil et de la Lune. Début de ma transformation, de ma
transmutation. Création d'un événement. Prise de conscience de la purification
successive par l'eau, par l'air et par le feu, mais aussi de ma re-création par
intégration successive de ces trois éléments principiels. Esprit de l'Eau, Esprit
de l'Air, Esprit du Feu qui me sont insufflés …
" L'Esprit, de même que les métaux et les éléments, peut passer d'un état à un état différent, d'un degré à un autre, d'une condition à une autre, d'un pôle à un autre pôle, d'une vibration à une autre vibration. La Vraie Transmutation Hermétique est un Art Mental". Le Kybalion (philosophie hermétique de l'ancienne Egypte)
XXX
Hermès appelle l'homme microcosme parce que l'homme, ou " petit monde ",
contient tout ce que renferme le macrocosme ou "grand monde".
Le macrocosme a deux luminaires, le soleil et la lune, l'homme aussi a deux
luminaires, l'œil droit qui représente le soleil et l'œil gauche, la lune.
Mais si le monde est un macrocosme pour l'homme, lorsque ce dernier se penche
sur le monde minéral, celui-ci devient à son tour microcosme, et se penchant sur
les secrets de la matière, l'homme apprend à se connaître lui-même et à
découvrir, par réflexion, le Tout.
Les Egyptiens vénéraient les Grands Ancêtres rouges venus du mystérieux Pays
de Pount. Horus et Hathor étaient de ceux-là, mais le plus prestigieux d'entre
eux reste celui qui apprit aux hommes à lire et à écrire, celui qui vécut, dit-on,
7.726 années, Djéhouty, le Dieu-hiéroglyphes, Thot, que les Grecs assimilèrent à
Hermès.
Platon nous dit, dans Phèdre : " J'ai entendu dire que Thot inventa le premier les nombres et le calcul, la géométrie et l'astronomie, le jeu d'échecs, le jeu de dés et naturellement les lettres ".
Son nom, Djéhouty, est représenté en hiéroglyphe par un ibis.
Une inscription dans la tombe d'Horemheb dit :
" Les plans du Temple sont dans les pas de l'ibis ". Seraient-ils dans le nombre de nos pas ?
Plutarque écrit en parlant de l'ibis: " La variété et le mélange de ses plumes noires et blanches offrent une image de la lune en son premier quartier. Il ferme les yeux aux éclipses de lune. Il règle sa nourriture d'après cet astre : jeûne à la nouvelle lune et couve ses œufs vingt-huit jours ".
Le Dieu Rê envoie Thot, celui qui a couvé l'œuf de la création, pour qu'il " entoure les cieux de (sa) beauté, de (sa) clarté ", en son absence nocturne. Thot
devient ainsi le régulateur du cosmos, le mesureur du temps, des saisons, celui
qui décide de la croissance du grain, de la montée de la sève, de l'instant où
l'enfant naît à la lumière du monde. Il est aussi celui qui sacralise le temps,
fonde les rites et les rythmes, maître des dieux et des sanctuaires. Il est celui
qui personnifie la transmission de la révélation divine aux hommes.
" Sois au ciel à ma place pendant que je luis pour les bienheureux dans les régions inférieures, dit Rê. On te nommera Thot, le remplaçant de Rê ".
Dante conclut la Divine Comédie par ces mots: " C'est l'amour qui fait se mouvoir le soleil et les autres étoiles ". Il y a celui qui prie le dos courbé, bras tendus vers La Mecque, le corps ne
faisant qu'un avec la poussière du sol… Il y a celui qui bras entrecroisés dans la
Chaîne d'Union Fraternelle participe de la Parole du Vénérable Maître.
Lorsque l'Egyptien prie, il vénère. Prier s'écrit parfois avec l'idéogramme de
l'étoile.
Cette prière le lie d'une manière invisible aux cieux. Plus que l'ombre portée
dont il ne saurait se séparer, cette parole ou cette pensée vole telle un oiseau
vers ces lieux inaccessibles, au-delà du grand vide, jusqu'au cœur de ses rêves.
Il prend conscience de ne faire qu'un avec tout ce qui est, fut et sera, de ne
faire qu'un avec les êtres et les choses,
d'être une immortelle poussière d'étoile.
Il sait que la transmutation de la chair en
décomposition le réduira en Eau, en Air, en
Feu, en Terre. Il ne parle pas d'immortalité.
Il parle de " minéralisation ", d'un retour à la
pierre, à la poudre de projection des
alchimistes, qui lui ouvrira le chemin… " Les beaux chemins célestes ". (Textes des
Pyramides). Le chemin des étoiles où coule un
fleuve d'or.
Et si ce fleuve d'or entrevu lors d'un songe, lorsque la nuit règne sur l'Egypte et que l'Astre des nuits baigne de sa lumière les sanctuaires endormis, était
l'Amour ?
" Fortifions en nos cœurs l'amour de notre prochain et le sentiment de nos devoirs, comme nous nous vouons au service de la Vérité, une et immuable, de la
Liberté, de l'Egalité et de la Fraternité ". Je suis l'enfant hermaphrodite du
Soleil et de la lune.
Sujet de la Matière première, ou
Matière de la Pierre, je ne suis
qu'une chose précisément simple et
non pas composée, une chose
consubstantielle aux quatre
éléments, qui procède autant du
chaud que du froid et autant de
l'humide que du sec. Je consiste en
Eau et en une Terre ignée, et c'est
pourquoi Hermès me nomme Soleil,
en ma qualité de Terre ignée, et me
nomme également Lune, en ma
qualité d'Eau Mercurielle. Et parce
qu'Hermès me dit aussi bien Solaire
que Lunaire, on me nomme
Hermaphrodite. Mais ne croyez pas
qu'en raison de ma double qualité, je
serais un composé assemblé par des
mains humaines, " je n'en suis et n'en demeure pas moins qu'une seule
chose ".
Je suis Terre, Homme, Or et Soufre , mais aussi à la fois Eau Mercurielle , Lune
et Femme, Tout en Un scellé hermétiquement.
Relié invisiblement à l'Astre des Nuits, qui accorde les battements de mon cœur
au rythme des pulsations des étoiles, je sens germer en moi un nouvel être,
semblable au Lion vert qui, plongé dans le bain des astres, s'anime et s'enfle.
Je suis "...l'alchimiste (qui) sommeille, paresseusement étendu, une énorme
roche lui servant d'oreiller, non loin d'une nappe profonde qui alimente, en chute vive, le ruisseau coulant à ses pieds." (Eugène Canceliet)
Je suis l'alchimiste et la pierre, je suis l'eau et le feu, je suis le Tout sorti
du Un et des fils invisibles tissés par des myriades d'anges m'attirent vers
les cieux. Le Soleil et la Lune sont maintenant sous mes pieds. Je marche
sur les astres et mon nouveau chemin n'est qu'un éternel recommencement
sur une planche à boules céleste.
G.H.
Notre prochaine réunion aura lieu chez Gérard, le jeudi 9 octobre à 20
heures. Nous fêterons l'entrée de notre Sœur Michèle à la Loge "Le Cœur
de Ptah", à l'Orient d'Arcachon. Elle a été initiée le 16 septembre dernier
à Plaisir, près de Paris, grâce aux Sœurs et Frères de la Grande Loge
Européenne des Rites Confédérés.
Le thème de la réunion sera une "reprise". Nous parlerons des Nombres.