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MOLENBEEK
LAÏQUE
FEUILLE D’INFORMATION ET DE LIAISON DES
« AMIS DE LA MORALE LAÏQUE DE MOLENBEEK »
Périodique bimestriel ALD (ne paraît pas en juillet et en août)
N° 239 septembre-ocobre 2015
QUELQUES COORDONNÉES UTILES ...
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laïque... N’hésitez pas à nous contacter :
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NOTE ÉDITORIALE
Bientôt 45 ans !
Quand notre lectorat prendra connaissance de la présente livraison, la saison 2015-2016 de notre
AML sera déjà entamée. La saison du quarante-cinquième anniversaire !
Comme nous l’avons indiqué dans la convocation à l’Assemblée Générale du 22 septembre, nous
comptons bien rappeler le travail accompli durant ces dizaines d’années. Comme à l’époque – eh oui il y a
vingt ans déjà – du vingt-cinquième anniversaire, sous la forme d’une plaquette modestement « historique ».
Un travail de mémoire ? Certes : il est toujours utile de s’interroger sur un projet et de confronter celui-ci
avec le réel, d’en proposer le sens et la portée.
Cela dit, c’est le présent et l’avenir qu’il s’agit, avant tout, de construire. Et, à ce propos, nous
estimons que, pour 2015-2016, en dépit de la croissance, de la structuration et de l’officialisation de la
« laïcité organisée » (un combat auquel nous avons largement participé), qui ont produit de très
significatives avancées laïques sociétales, faisant de la Belgique « presque » un état laïque (la comparaison
avec l’Hexagone voisin donne à penser), le défi antihumaniste actuel reste colossal.
Au-delà du fait que notre projet de donner à chaque femme, à chaque homme, à chaque enfant
un accès égalitaire à l’ « humanitude » (pour reprendre le concept mis au point par Albert Jacquard), doit
rester central, reconnaissons que tous les jours nous vivons sa négation par un retour à un économisme
inégalitaire, sauvage, meurtrier, par la froide décision d’en finir avec ce que d’aucuns ont appelé l’État
providence et que nous préférons appeler l’État de droit démocratique et social. L’ « exemple » grec est là
pour nous en convaincre, un « économisme » qui s’accommode, quand il ne les favorise pas, de la
montée insupportable des barbaries fanatiques, des guerres et de la misère.
Un «édito » a une dimension forcément limitée : nous tenons le pari que tous nos lecteurs attentifs se
posent la question de la « succession » des « cours philosophiques ». Qu’est-ce donc que cet
« encadrement pédagogique alternatif » qui sera imposé aux « dispensés » des « cours philosophiques » ?
Nous aussi, et l’honnêteté intellectuelle nous pousse à dire que c’est d’une auto-critique qu’aurait besoin
le CEDEP, le Centre d’Étude et de Défense de l’École Publique (dont la FAML est partie prenante) quant à
la « stratégie » mise ne place et qui a abouti à la décision de la Cour constitutionnelle. Certes la situation est
« bancale », mais les « lignes ont bougé » nous disait Henri Bartolomeeusen, président du CAL…
Nous nous permettons de nous faire une autre idée de la « stratégie laïque ». Et, avec modestie,
nous le ferons savoir.
Roger Thirion
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PETITE ANTHOLOGIE LAÏQUE
8 août1945 : Hiroshima…
Contre, à l’époque une quasi-unanimité significative, notre Albert CAMUS écrivait dans « Combat » :
« Le monde est ce qu’il est, c’est-à-dire peu de chose. C’est ce que chacun sait depuis hier grâce au
formidable concert que la radio, les journaux et les agences d’information viennent de déclencher au sujet
de la bombe atomique. (…) Nous nous résumerons en une phrase : la civilisation mécanique vient de
parvenir à son dernier degré de sauvagerie. Il va falloir choisir, dans un avenir plus ou moins proche, entre
le suicide collectif ou l’utilisation intelligente des conquêtes scientifiques.
En attendant, il est permis de penser qu’il y a quelques indécences à célébrer ainsi une découverte,
qui se met d’abord au service de la plus formidable rage de destruction dont l’homme ait fait preuve depuis
des siècles.(…)
Qu’on nous entende bien. Si les Japonais capitulent après la destruction d’Hiroshima et par l’effet
de l’intimidation, nous nous en réjouirons (…)
Devant les perspectives terrifiantes qui s’ouvrent à l’humanité, nous apercevons encore mieux que la
paix est le seul combat qui vaille d’être mené. Ce n’est plus une prière, mais un ordre qui doit monter des
peuples vers les gouvernements, l’ordre de choisir définitivement entre l’enfer et la raison. »
Actuelles, écrits politiques, Gallimard
*****************
Quel est le pouvoir des individus dans une société où la finance semble dicter ses lois aux
politiques ? Nous avons posé la question à l’essayiste franco-américaine Susan GEORGE, présidente
d’honneur d’Attac (Association pour une taxation sur les transactions financières et l’action
citoyenne). Que peut l’individu face au Système ?
« Si l’individu essaye de faire quelque chose seul, c’est à mon avis un coup d’épée dans l’eau. Je fais partie
d’Attac, je considère que c’est l’un des moyens efficaces. » (…)
Vous n’évoquez pas les « groupes politiques » constitués : les partis… Les institutions parlementaires
sont discréditées ?
« Je crois que les institutions parlementaires ou autres sont très imbriquées dans les lobbies. Nous citons
souvent François HOLLANDE et son fameux « Mon véritable ennemi, c’est la finance » (prononcé en
janvier 2012 NDLR). Son ennemi était la finance jusqu’au moment où la finance lui a fait « comprendre
que ». Je ne sais pas ce qu’on lui a fait comprendre exactement, mais il est certain qu’il n’a pas fait grand-
chose. »
(Extrait d’une interview in Le Soir du 28 août 2015)
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VIVRE LA LAÏCITÉ À MOLENBEEK
LES TRAVAUX DU COMITÉ La saison 2014-205 s’est terminée, comme prévu par un « Rodéotrac » bien sympathique, le
dimanche 14 juin, apprécié par notre public mélomane et par les étudiants du professeur Hugues NAVEZ,
cet ami de longue date. Par ailleurs nos délégués furent à leur poste, aux côtés des Autorités communales,
lors des cérémonies de proclamation et de distribution des prix. En ce qui nous concerne : le prix de
morale bien sûr, mais aussi le Prix de la Fraternité décerné à un garçon ou une fille de sixième,
désigné(e) au scrutin secret par ses pairs. La saison 2015-2016 a débuté comme d’habitude par la convocation à l’Assemblée générale du 22
septembre… eh oui dans la salle « Roger Somville » de l’école « Aux Sources du Gai Savoir », lieu emblématique de notre AML. C’est un Comité réuni le 8 septembre qui a préparé cette AG, dont la
fonction est de lancer la saison AML, mais aussi de démontrer en ces temps volontiers antihumanistes notre
volonté de résistance…
Un premier calendrier s’esquisse. Moment studieux et passionnant, proposé par notre centre de
réflexion et de débat « Pierre Bayle », le 13 octobre, une approche libre exaministe du conflit linguistico-
communautaire par Jan REYNAERS, politologue néerlandophone et… laïque ! Une rencontre qui
pourrait être passionnante… (cf. affichette ci-jointe)
Comme promis également, nous allons reprendre l’une de nos traditions, celle de cultiver les formes
et les couleurs : une exposition rétrospective de l’œuvre picturale de l’une des nôtres, Aimée DE
RIDDER.
Il va sans dire que notre Exécutif suivra de très près l’évolution du dossier de la succession
calamiteuse des « cours philosophiques » : nous prenons les contacts nécessaires en vue d’une « table
ronde » sur la question, une « table ronde » qui devrait enfin dépasser les phrases convenues et la
logomachie en la matière, pour ne rien dire d’autre…
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le compte rendu critique des activités passées et un aperçu de nos activités futures auxquelles vous
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laquelle plusieurs des animateurs de l’AML sont impliqués.
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LE CRI DE LA HULOTTE
De si jolis massacres… « Croire à l'histoire officielle, c'est croire des criminels sur parole. » Simone WEILL
Du 18 au 21 juin 2015 se sont déroulées des manifestations spectaculaires pour commémorer le
bicentenaire de la bataille de Waterloo. Grand feu d’artifice inaugural, mises en scène hyperréalistes des
affrontements féroces entre les énormes armées en présence, visites de bivouacs reconstitués, cortèges,
animations diverses se sont succédé in situ pour le plus grand bonheur des amateurs d’uniformes clinquants
et de fanfares militaires et celui des amoureux d’odeurs de poudre et de hurlements exhalés par des poitrines
haineuses ou agonisantes, au milieu des explosions de boulets et du crépitement des fusillades…
Assurément l’ASBL créée pour l’événement n’avait pas lésiné sur les moyens : plus de 5 000
figurants bénévoles venant de toute l’Europe, 300 chevaux et 100 canons ont pris part à cette mascarade
sanglante pour un coût global estimé à 10 millions d’euros. Son but était double : engranger de beaux
bénéfices et promouvoir le tourisme du Brabant wallon en revalorisant le célèbre site au lion avec l’espoir
d’en doubler bientôt le nombre de visiteurs. Aussi, pour assurer le succès financier de cette entreprise,
fallait-il surtout flatter les fanatiques – encore nombreux – des « superbes» guerres napoléoniennes. Car,
qu’on ne s’y trompe pas, il s’agissait avant tout de magnifier les horreurs des combats. La publicité de
l’événement était sans ambiguïté : elle annonçait avec enthousiasme que « le programme de reconstitution
de la plus célèbre bataille au monde » serait placé « sous le signe du rêve et de l’émotion. » Elle ajoutait :
« Le show conçu par Luc Petit […] proposera son interprétation visuelle et musicale de la Bataille dans un
univers poétique, faisant la part belle à l'imaginaire. Musique, danse, projections et pyrotechnie feront
d’Inferno un spectacle inoubliable pour tous1 […]
2»
Ainsi, malgré les discours convenus des invités de marque sur la beauté de la paix et de la fraternité
entre les peuples, ce qui a transparu ici était la volonté de transformer cette « boucherie héroïque3 » en une
grande fête populaire à l’exemple des jeux romains du cirque. Il est regrettable que les organisateurs et les
médias en général aient raté l’occasion d’expliquer, en particulier aux jeunes, comment voici deux cents ans
la mégalomanie et la cupidité d’un homme ont mis l’Europe à feu et à sang, préfigurant les abominations
perpétrées au siècle suivant par les grands prédateurs que furent, entre autres, Mussolini, Staline ou Hitler…
Que les thuriféraires inconditionnels du sieur Bonaparte, qui trouveraient ce rapprochement
scandaleux, sachent que certains de ses contemporains, et non des moindres, l’avaient déjà jugé sévèrement.
Par exemple Lamartine (« Rien d'humain ne battait sous ton épaisse armure »), Châteaubriand, Michelet ou
encore Tolstoï qui, dans son Journal, le traite de « bandit »4. Un peu plus tard, les frères Goncourt ne
ménagèrent ni l’oncle ni le neveu: « Le sceptique doit être reconnaissant aux Napoléon des progrès qu'ils
ont fait faire à la bassesse humaine. » Et aujourd’hui Lionel Jospin, ancien Premier Ministre de la France, a
fait un sort à la légende dorée du personnage5.
Il n’est donc pas inutile de rappeler qui était vraiment cet empereur autoproclamé que l’Histoire
bienpensante et cocardière continue à qualifier de « héros ».
Bien qu’issu d’une famille modeste de la petite noblesse corse, il réussit le principal « exploit » de sa
vie : amasser, pour lui et sa famille tentaculaire, une fortune colossale, notamment grâce aux pillages des
pays conquis et à la liste civile qu’il s’était octroyée comme empereur. « En 1810, Napoléon est le souverain
le plus riche du monde avec un revenu personnel estimé à cinquante millions de francs par an – à comparer
avec les trente-trois millions du roi d’Angleterre. Une somme considérable puisque le salaire moyen d’un
1 C’est nous qui soulignons.
2 Voir : https://www.waterloo2015.org/fr/programme
3 Selon l’expression de Voltaire dans Candide.
4 Voir l’ouvrage d’Henri GUILLEMIN, Napoléon tel quel (Ed. Trévise, 1969) p.11, auquel nous nous référons par ailleurs dans cet
article. 5 Lionel JOSPIN, Le Mal napoléonien (Ed. Seuil, 2014).
6
ouvrier de l’époque est de 400 francs annuels6.» Ainsi, à la fin de son règne, sa fortune se montait à
plusieurs centaines de millions, ce qui ne l’empêcha pas de déclarer avec outrecuidance : « De toute ma vie,
je ne me suis jamais occupé d’argent7. »
Mais c’est bien sûr à d’autres « exploits » que l’on songe en parlant de l’« ogre » européen : ceux
perpétrés durant la vingtaine d’années où il exerça une autorité militaire, puis politique en dirigeant et en
fomentant des guerres incessantes. Car ce que d’aucuns qualifient d’« extraordinaire épopée8 » se solda par
un bilan terrifiant : entre 3 250 000 et 6 500 000 morts civils et militaires9. Les batailles célèbres sur
lesquelles on s’extasie volontiers furent d’épouvantables carnages. Et celle de Waterloo est parmi les plus
massacreuses avec ses 9 500 morts, ses 30 000 blessés – dont beaucoup succombèrent à leurs blessures par
hémorragie ou déshydratation – sans compter ses 4 000 disparus. Si l’on prend en compte les trois jours
d’affrontements meurtriers qui précédèrent le choc du 18 juin, on atteint le total de 23 700 morts
et 65 400 blessés10
. Même s’il est toujours difficile d’attribuer la responsabilité d’une guerre à un seul pays,
l’impérialisme forcené de la France postrévolutionnaire doit être pointé du doigt en priorité.
Par ailleurs, ce qui est indiscutable, ce sont les crimes de guerre et les crimes contre l’Humanité dont
Napoléon Bonaparte s’est rendu coupable avant et après le 18 Brumaire. Car c’est bien ce jeune
commandant qui, en décembre 1793, participa à la reprise de Toulon, passé aux Anglais, où furent
massacrés à coups de canon, puis à la baïonnette et au sabre, des centaines de militaires et de civils11
. Moins
de deux ans plus tard, en octobre 1795, devenu général de brigade, c’est toujours lui qui commanda de tirer à
mitraille contre les insurgés royalistes qui menaçaient la Convention, laissant trois cents morts sur les
marches de l’église Saint-Roch à Paris. Certains rétorqueront qu’on était en guerre civile et que, dans ces
circonstances, on ne faisait pas de quartier puisqu’il s’agissait de sauver la jeune République. Peut-être!
Mais les horreurs qui suivirent, comment les justifier ?
Car elles se poursuivirent avec la campagne d’Italie à partir de 1796. L’armée que Bonaparte
commandait était peu nombreuse et mal équipée, mais il la galvanisa par des promesses de pillages: « De
riches provinces, de grandes villes seront en votre pouvoir. Vous y trouverez honneur, gloire et richesse ! »
Et il tint parole, en effet. Le nord de l’Italie fut mis en coupe réglée. Et les vols furent accompagnés de
massacres: à Binasco, à Pavie, à Faenza, à Imola, à Vérone12
…
A peine revenu d’Italie, c’est sur l’Egypte que fondit l’insatiable prédateur en juillet 1798. Mais ce
fut un échec malgré la propagande mensongère qu’il répandit sur l’expédition. Ainsi s’effondra son rêve de
se lancer, comme un nouvel Alexandre, à la conquête de tout l’Orient. Mais là aussi sa route fut semée
d’atrocités. Ainsi, après la reddition de Jaffa, plusieurs milliers de prisonniers, dont des femmes, furent
massacrés à la baïonnette durant trois jours. Puis, le 28 avril 1799, de retour à Jaffa où une épidémie de peste
faisait rage, il fit empoisonner à l’opium et au sublimé corrosif 13
une trentaine de soldats de sa garnison,
touchés par la maladie, soi-disant pour qu’ils ne tombent pas aux mains des Ottomans. D’autres pestiférés
furent abandonnés au mont Carmel où les Anglais découvrirent sept survivants qui purent témoigner14.
En 1807, devenu empereur, Napoléon poursuivit ses crimes. Profitant de l’instabilité politique de
l’Espagne, au bord de la guerre civile, il se jeta sur ce pays, brisant l’alliance qu’il avait conclue avec lui.
Après avoir forcé Charles IV et son fils Ferdinand VII à renoncer à la couronne, il désigna, en 1808, son
frère Joseph comme nouveau roi d’Espagne. Ce qui déclencha une insurrection générale, qui harcela les
6 Voir http://www.herodote.net/Fin_du_1er_Empire-synthese-1721.php 7 Voir GUILLEMIN, ibidem p28.
8 Voir : https://www.waterloo2015.org/fr/programme
9 Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Pertes_humaines_lors_des_guerres_napol%C3%A9oniennes 10
Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Waterloo 11
Voir GUILLEMIN , ibidem p.33. 12
Voir GUILLEMIN , ibidem pp.48-50. 13
Le sublimé corrosif (bichlorure de mercure) était un antiseptique puissant, mortel à haute dose, utilisé notamment dans le traitement de la syphilis. 14 Voir : http://dormirajamais.org/syrie-1 et http://desaix.unblog.fr/2007/11/11/les-pestiferes-de-jaffa /
http://desaix.unblog.fr/2007/11/11/campagne-de-syrie/ Nous sommes bien loin de la légende, immortalisée par une peinture de
Jean-Antoine Gros, représentant Bonaparte visitant les pestiférés de Jaffa et touchant même leurs bubons !
7
troupes françaises d’occupation dans une guérilla impitoyable. Les révoltes furent réprimées avec une
effroyable férocité, comme en témoignent les gravures de Goya15
.
Mais Bonaparte ne commit pas ses crimes seulement contre l’Europe, les colonies antillaises de la
France en furent également les victimes. Viscéralement raciste, il y rétablit, en 1802, l’esclavage que la
Convention avait aboli depuis1794. Ce qui provoqua aussitôt les révoltes des Guadeloupéens et des Haïtiens.
Elles furent noyées dans le sang.
Ce racisme se manifesta aussi par un antisémitisme virulent. Il considérait les Juifs comme
une « race qui semble avoir été seule exemptée de la Rédemption » et les comparait à « des chenilles, des
sauterelles qui ravagent la France!16
» Le 17 mars 1808, il promulgua un décret qui réduisait
considérablement leurs droits et leurs libertés, précurseur des lois nazies de Nuremberg. Pour terminer ce sombre tableau, à peine ébauché, faut-il rappeler que le régime napoléonien était
totalitaire ? Que la police politique dirigée par le sinistre Fouché traquait les opposants ? Que la poignée de
journaux encore autorisés étaient à la botte du pouvoir pour assurer sa propagande ?17
En dépit de ce lourd bilan, il reste encore des admirateurs du tyran qui osent prétendre qu’il aurait
assuré « la grandeur de la France ». Quel aveuglement ou quelle mauvaise foi ! En 1815, la France se
retrouva exsangue démographiquement, ruinée économiquement, amputée de nombreux territoires, en
Europe et outre-mer, mais aussi haïe ou méprisée par la plupart des autres nations. Ce monstrueux gâchis
méritait-il quatre jours de liesse ?
La Hulotte
15 Voir : http://www.napoleon.org/fr/salle_lecture/articles/files/guerre_Espagne_Bayonne_Baylen1.asp et
https://www.icrc.org/fre/assets/files/review/2011/irrc-884-bouvier-fre.pdf 16
Voir http://napoleon-dictateur-antisemite.skynetblogs.be/ 17 Voir : http://www.histoire-pour-tous.fr/histoire-de-france/88-napoleon-le-bilan.html
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