ET MAINTENANT ?
FOLIO
FMILes années
DSK
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Rédactrice en chef : Natacha Verpillot Secrétaire de rédaction : Nicolas Gil Maquettiste : Nicolas Gil Rédaction : Marie Aubazac, Coline Benaboura, Marine Chapelle, Nicolas Gil, Benoît Jacquelin, Claire Monnerat, Lauriane Rialhe, Natacha Verpillot.
Edito
Une dizaine de jours après l’arrestation de Dominique Strauss-Kahn, les sondages prospèrent dans la presse. Première conclusion : pas de regain populiste. Les sondés conservent les mêmes opinions sur les candidats potentiels en 2012. Ni Marine Le Pen ni Nicolas Sarkozy ne semblent profiter de la mise hors course du favori des sondages. Les deux candidats voient leur côte de popularité baisser encore d’un point selon un sondage Viavoice pour Libération. On pourrait penser que le silence de Nicolas Sarkozy sur une affaire qui embarrasse le parti socialiste et la grossesse de Carla Bruni auraient boosté la popu-larité du président. Mauvais calcul.
Suffisant pour dire que le paysage politique français n’est pas boule-versé ? Bien sûr que non. Les socialistes perdent leur champion et les deux ténors, François Hollande et Martine Aubry, connaissent tous les deux une hausse de leur popularité, + 6 points chacun. L’ancien premier secrétaire du PS prend le pas sur l’actuelle pa-tronne du parti. Relativisons tout de même. Martine Aubry ne s’est pas encore portée candidate alors que le député de Corrèze, qui s’est prononcé en janvier, continue au pas de course sa cam-pagne, en France comme à l’international.
Mais le Parti socialiste se retrouve confronté à un enjeu de taille. Même s’il fait mine de détourner le regard, le traumatisme reste entier. L’objectif donc : revoir la stratégie présidentielle, et tourner définitivement la page DSK pour se concentrer sur des primaires qui s’annoncent rythmées par des rivalités internes en plein bouillonnement. L’inimité que se vouent Hollande et Aubry n’arrange rien alors qu’un duel opposant ces deux favoris semblent se dessiner, et que la maire de Lille paraît copiner avec l’ex-compagne d’Hollande. En jeu : une déstabilisation du nouveau chouchou ? Aïe, les primaires risquent d’être douloureuses …
Si le clan UMP, de son côté, la joue fine, il n’en demeure pas moins qu’ils vont devoir aussi revoir leur combinaison « gagnante » pour 2012, le programme de campagne ayant été défini par rapport à DSK.
Natacha Verpillot
A qui profite le “crime” ?
A LA UNE
A la suite de la démission de Dominique Strauss-Kahn de la tête du FMI, Folio revient sur les grandes lignes de son mandat. Et s’interroge sur l’avenir de l’institution.
A lire page 4
FranceEt si l’UMP faisait le jeu du FN ?Les sorties remarquées de Claude Guéant dans la presse ravivent la polémique des UMP chassant sur les terres du FN. Mais, au bout du compte, c’est peut-être l’effet inverse qui risque de se produire.....10
POLITIQUEMedvedev : la marionnette qui a coupé ses filsProtégé de Vladimir Poutine, l’actuel président de la Russie a peu à peu affirmé son indépendance. Jusqu’à lui voler la vedette pour les prochaines présidentielles ?............12
SOCIÉTÉQuand scandale sexo-politique rime avec sexismeLes réactions douteuses de certaines personnalités vis-à-vis de la victime présumée de DSK font polémique..............14
ECONOMIEInterviewFolio a rencontré Susumu Kato, chef économiste de la filiale japonaise du Crédit Agricole. Il partage ses impres-sions sur la situation économique du Japon après les récentes catastrophes......18
ENVIRONNEMENTBiodiversité : pourquoi on ne respecte pas nos objectifs ?La France a voulu établir sa propre stratégie nationale pour la biodiversité. Résultat : on n’est pas plus avancé...........20
MÉDIASTF1 : la fin de l’« Une-animité » ?Peu à peu, TF1 voit son historique domination fondre et être remise en question. Com-ment la Une est-elle passée de rouleau compresseur du PAF à un navire en péril ?...............20
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ET MAINTENANT ?
FOLIO
FMILes années
DSK
Qui sera le successeur de DSK à la tête du FMI ? / © Montage
Folio
ominique Strauss-Kahn en-file le costume de directeur général du FMI en septem-bre 2007. A cette époque, l’organisation est mal au
point et en pleine crise d’identité. Le Fonds affiche un déficit de plus de 200 millions de dollars. DSK a alors un défi à relever : sauver l’institution et faire du FMI un acteur indispensable sur la scène internationale. La crise financière de 2008 lui donne la possibilité de lui donner un rôle central. En place, son premier challenge est de relever les fi-nances du FMI. Pour fonctionner, l’institution em-prunte de l’argent aux pays industri-alisés pour les prêter aux pays en diffi-culté. La majeure partie des ressources du FMI provient de ces prêts. La raison de l’endettement de l’organisation est simple : les pays emprunteurs ayant suf-fisamment de prêts décident de se passer
Inculpé pour agression sexuelle, Dominique Strauss-Kahn a été contraint de démissionner brutalement de son poste de directeur général du FMI. Lors de son mandat, DSK a su profiter de la crise pour redorer le blason de l’institution. Folio fait le point sur ses années passées à la tête de l’organisation.
Par Natacha Verpillot
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FMI :Quel bilan pour DSK ?
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de ceux du FMI. Résultat : les revenus du Fonds baissent, de même que les recettes qu’il accorde.
Objectif ressourcesDSK réussit à combler la dette de l’institution. C’est lors du sommet du G20, en avril 2009 à Londres, qu’il convainc les Etats membre de doubler leur contribution. L’aboutissement n’est pas contestable : le Fonds triple son budget. Le montant s’élève à 750 milliards d’euros. Un nouvel élan qui crédibilise l’institution. Et pour preuve, de nombreux prêts sont accor-dés à des pays particulièrement endettés. Parmi eux, la Grèce, l’Ukraine, l’Islande, le Portugal ou encore le Pakistan. Strauss-Kahn va plus loin et in-staure les prêts à taux zéro pour les pays défavorisés. Ainsi, en 2009, l’Afrique a bénéficié de 3,6 milliards d’euros de prêts à
taux zéro de la part du FMI. Soit trois fois plus que les années précédentes. La même année, il décide d’annuler les intérêts des pays les plus pauvres pour une durée de deux ans et demi. C’est également sous le mandat de DSK qu’un fonds « vert » de 100 milliards de dollars est créé. Il a pour objectif de financer les plans de lutte contre le ré-chauffement climatique.
Réformes au profit des pays émergentsLors du G20 de Londres, DSK s’attèle à un autre grand chan-tier : la réforme de l’institution. Le but : donner plus de poids aux pays émergents. Le patron du FMI entend mettre fin à cet accord qui réservait la direc-tion du Fonds aux Européens et celle de la Banque mondiale aux Américains. Il part du principe que les futurs dirigeants du FMI doivent être nommés au mérite.
Pas sûr que cette clause soit prise en considération à l’heure où le FMI doit se trouver un nouveau directeur général. Les Européens ne comptent pas céder si facilement (lire pages 8 et 9). Qui dit réforme du FMI, dit ré-forme des droits de vote. Au-cune révision n’avait été en-treprise depuis les accords de Bretton Woods en 1944. Souci-eux de donner toujours plus de responsabilités aux pays émer-gents, Dominique Strauss-Kahn renforce les droits de vote de la Chine et du Brésil dont le poids dans l’économie mondi-ale n’est plus à démontrer.
L’un des aspects de son bilan que personne ne peut contester, c’est son militantisme en faveur des plus défavorisés comme la Grèce, l’Irlande et la Pologne. Dominique Strauss-Kahn a défendu son plan de secours
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DSK a toujours prôné une politique “verte” pour le FMI / © FMI
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coûte que coûte malgré le veto de la chancelière allemande, Angela Merkel.
Un bilan contestableLe bilan de l’ex-patron du FMI est donc dans l’ensemble positif. DSK a su redonner à l’institution de Bretton Woods une image nouvelle et une fia-bilité sur le plan financier qui est indiscutable. La crise a été l’occasion pour le néo-key-nésien d’affirmer son leader-ship. Il a enraillé avec brio le risque de grande dépression auquel se vouaient les Etats. Pas question de les laisser mettre en place individuelle-ment des mesures d’austérité. Il suggère de mettre en place des plans de relance. Un con-seil que les Etats-Unis et la Grande-Bretagne prennent au mot. Le reste de l’Occident leur emboîte le pas. Ces plans de relance ont un effet salva-
teur et engagent les Etats vers une sortie de crise. Mais ce n’est que la partie immergée de l’iceberg. La nationalisa-tion des pertes des banques, en 2009, a engendré une cri-se souveraine dramatique, en particulier en Europe. Le FMI a réitéré les erreurs commises sous la direction du Français Michel Camdessus, dans les années 1990. L’organisation impose aux Etats en difficulté des conditions drastiques en échange d’une aide financière. Des con-ditions censées stimuler la croissance. Erreur fatale, ces plans ont l’effet inverse. C’est le cas de l’Irlande. L’idée du FMI : réduire les salaires mini-mums pour améliorer la com-pétitivité. Or, mauvais cal-cul pour le FMI, les salaires avaient déjà été maintes fois revus à la baisse. Jugeant ces conditions socialement et politiquement nuisibles, le
gouvernement irlandais n’a pas pris en considération les conditions demandées par l’organisation financière. Il est toutefois important de ne pas rejeter toute la faute sur le FMI. En effet, l’Union Euro-péenne préconisait des dispo-sitions plus draconiennes en-core, et DSK avait une marge de manœuvre restreinte. Cependant, si DSK s’est em-ployé à de nombreux chantiers, il n’en demeure pas moins que beaucoup restent inachevés, comme la réforme du système monétaire international, dont seules des ébauches ont été amorcées.
DSK a marqué l’histoire de l’institution grâce à son aura de communicant et d’économiste. Il a su imposer une politique monétaire moins orthodoxe malgré une deuxième partie de mandat bien plus discutable.
Evenement
Lors du meetinf annuel du Fonds, en 2010 / © FMI
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Qui pour succéder à
DSK ?Le FMI s’est engagé à trouver rapidement un remplaçant à Dominique Strauss-Khan. Depuis lundi, et jusqu’au 10 juin, les prétendants à la succession de DSK peuvent annoncer officiellement leur candidature.
Par Claire Monnerat
epuis 1946, le poste de président de l’organisation interna-tionale est occupé par un Européen. Ce n’est
pas une obligation, mais une tradi-tion : le FMI va aux Européens et la Banque Mondiale aux Améric-ains. Pourtant, cette mainmise de l’Europe sur la direction du FMI pourrait être chamboulée. En effet, les pays émergents revendiquent leur légitimité pour le poste. Au FMI, le poids des pays dans les dé-cisions dépend de leur importance économique. Le Brésil, la Chine, le Mexique ou encore certains pays d’Afrique pèsent de plus en plus lourd dans l’économie mondiale, d’où leur volonté de revendiquer des postes à responsabilités. Lors de sa nomination, Dominique Strauss-Khan avait lui-même sug-géré qu’il était temps de mettre un terme à cette règle non-écrite qui veut que la tête du FMI revienne au Vieux Continent. La démission de
DSK officiellement annoncée, les pays émergents ont immédiatement fait connaitre leur souhait que le prochain directeur du FMI soit choi-si en fonction de son mérite, et non de sa nationalité, dans un processus « ouvert » et « transparent ».Jeudi 19 mai, le représentant de l’Inde, Arvind Virmani avait réclamé un vote plus « démocratique » qu’un consensus. Il n’a pas été entendu. Shakour Shaalan, membre du con-seil d’administration du FMI, a pré-cisé que le processus de désignation avait été validé par les 24 membres du conseil, et que le choix se ferait « d’une manière ouverte, fondée sur le mérite, et transparente ».« Le temps est fini où ce poste im-portant était réservé à un citoyen européen », a déclaré le minis-tre brésilien des Finances Guido Mantega dans une lettre adressée aux membres du G20. Il ajoutait « qu’aucune nationalité ne doit être exclue, et qu’aucune préférence ré-gionale ne peut restreindre le choix
du meilleur candidat possible ». Une position également adoptée par le Mexique et la Chine. Si le Vieux Continent s’accroche de cette façon au poste, c’est parce que la situation économique de la zone euro est dif-ficile. En effet, le FMI a joué un rôle majeur dans les plans de sauvetage du Portugal et de la Grèce pendant la crise financière. C’est pourquoi les Européens ne veulent pas laisser la gestion de l’institution à un pays extérieur à l’Europe. Et ce point de vue pourrait aussi être celui du com-ité qui choisira le nouveau président.
Quel est le candidat idéal ?Pour assumer ce poste, les prétend-ants doivent avoir déjà occupé un poste à responsabilités sur le plan international, et, évidemment, être une pointure de l’économie. Le statut de président du FMI est com-plexe. Le président doit savoir être ferme pour gérer au mieux l’argent de ses 187 membres, mais il doit également être tourné vers les pays
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ayant besoin d’aide, trouver le juste milieu et pouvoir cerner les mesures nécessaires pour sauver une écono-mie. Passer après DSK ne sera pas aisé. Le travail qu’il a effectué ces quatre dernières années est quasi unanimement salué. Parmi les can-didats annoncés, Christine Lagarde, ministre française de l’Economie, des Finances et de l’Industrie, qui a officialisé sa candidature mercredi. Annoncée favorite depuis presque deux semaines, plusieurs représent-ants européens ont annoncé qu’ils la soutiendraient si elle se portait candidate : les Etats-Unis, l’Italie, l’Allemagne, puis la Grande-Bretagne. Alors, Christine Lagarde a-t-elle sa chance pour accéder à la tête de l’organisation ? Si les avis sont mitigés, elle a en tous cas des très bons atouts. La ministre est très appréciée des Américains, elle a longtemps tra-vaillé à Chicago, elle parle couram-ment l’anglais et elle occupe la quaran-tième place du classement des femmes les plus influentes du monde. D’autres points pourraient en revanche bloquer sa nomination. La France est déjà gâ-tée en termes de poste à responsabilité au FMI et surtout, l’affaire Tapie. En
effet, la Cour de justice de la Répub-lique doit annoncer à la mi-juin s’il y aura ou non des poursuites judiciaires contre la ministre pour déterminer si elle a pris des mesures contraires aux intérêts des contribuables en saisis-sant un tribunal arbitral dans le con-flit entre l’Etat et Bernard Tapie. Or, les Etats-Unis ont clairement avertit qu’ils ne voulaient pas d’un candidat avec « des casseroles ». Lorsqu’elle a officialisé sa candidature, la ministre s’est cependant engagé à honorer son mandat jusqu’au bout si elle était élue. Interrogée sur l’affaire Tapie, elle a précisé avoir « la conscience parfaite-ment tranquille » et assuré qu’elle « maintiendrait » sa candidature si la justice devait ouvrir une en-quête. D’autres candidats européens pour-raient se présenter. Didier Reynders, ministres des Finances belge a mani-festé son intérêt pour le poste diman-che. Il a tout de même souligné que Christine Lagarde était la favorite de l’Europe. Il semble donc se proposer en « solution de secours » si des pour-suites sont engagées contre la ministre. René Weber, représentant de la Suisse au FMI, a déclaré que son pays « ne
soutient pas a priori un Européen ». Plus ou moins éloigné, des intérêts de l’Union Européenne, pour lui, « un non Européen pourrait être au con-traire une meilleure solution ». Côté pays émergents, de nombreux noms de potentiels candidats circu-lent. Le Mexique a confirmé diman-che son intention de présenter la can-didature du gouverneur de sa banque centrale, Agustin Carstens. Ce-pendant, le Mexique contrôle déjà le poste de numéro un de l’OCDE, avec Angel Gurria, Secrétaire général de l’organisation. La Communauté des Etats indépendants a fait part, quant à elle, de la candidature du chef de la banque centrale du Kazakhstan, Grigori Martchenko. Deux person-nalités ont été évoquées pour l’Inde : Duvvuri Subbarao, le gouverneur de la banque centrale indienne, et Mon-tek Singh Ahluwalia, directeur adjoint du Commissariat au Plan indien, qui a travaillé à la Banque Mondiale et au Bureau indépendant d’évaluation du FMI. Le Conseil d’administration du FMI a jusqu’à fin juin pour faire le tri parmi tous ces candidats, et choisir un successeur à DSK qui convienne au plus grand nombre.
Christine Lagarde fait indéniablement partie des favorites / © DR
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FRANCE
Contrairement à une lé-gende, il est inexact que nous ayons besoin de talents, de compétences
[issus de l’immigration]. Il y a de l’ordre de 2 000 personnes qui vi-ennent à ce titre. Mais on n’a pas besoin de maçons, de serveurs de restaurants. Il y a en France de la ressource parmi les Fran-çais.» Claude Guéant, ministre de l’Intérieur, n’en finit pas de faire les beaux jours de la presse, et de provoquer l’ire de tous ceux qui fustigent le racisme sous toutes ses formes. Interrogé dimanche sur Europe 1 par Jean-Pierre Elk-abbach, le successeur de Brice Hortefeux n’a encore pas su garder sa langue dans sa poche.
Bis repetitaA bien y regarder, cela n’a, en soi, rien de bien étonnant, le ministre s’étant rendu coutumier du fait. Nous sommes en mars, sur I-Télé. Alors qu’il est toujours en train de s’expliquer sur son utilisation du mot « croisade » pour quali-fier l’intervention de la France en Libye, il remplace une polémique par une autre : « Les agents des
Et si l’UMP faisait le jeu du FN ?
A force de déclarations jugées racistes, le ministre de l’Intérieur Claude Guéant, à l’instar de Brice Hortefeux avant lui, est de plus en plus assimilé au Front National. Et au vu de certains faits, ces sorties médiatiques pourraient bien finir par favoriser l’extrême-droite.
Par Nicolas Gil
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services publics évidemment ne doivent pas porter de signes re-ligieux, manifester une quelcon-que préférence religieuse, mais les usagers du service public ne doivent pas non plus ». A peine un mois plus tard, le ministre remet le couvert, le 17 avril, déjà sur Europe 1 : « Les Français, à force d’immigration incontrôlée, ont parfois le sentiment de ne plus être chez eux, ou bien ils ont le sentiment de voir des pratiques qui s’imposent à eux et qui ne correspondent pas aux règles de notre vie sociale ». Nouveau tollé général, et petit conseil de Fran-çois Hollande : « Le meilleur ser-vice que pourrait rendre Claude Guéant, ministre de l’Intérieur, serait aujourd’hui de se taire ». Mais ce type d’avertissements ne semble pas avoir de prise sur Claude Guéant. Quelques jours avant, il faisait une sortie remar-quée dans les médias à la veille de l’ouverture du débat sur la laïcité : « En 1905, il y avait très peu de musulmans en France, aujourd’hui il y en a entre 5 et 6 millions. […] Cet accroisse-ment du nombre de fidèles et un certain nombre de comporte-ments posent problème.» Avant d’évoquer les prières de rue, qui d’après lui « choquent un certain nombre de concitoyens ». Peu de temps après, le Mouvement con-tre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (MRAP) dé-pose une plainte, dénonçant « les idéologies racistes et xénophobes [qui] se développent au plus haut niveau de l’État ». Et d’ajouter : « Ces propos démontrent une fois de plus que les garde-fous qui sé-paraient la droite républicaine de l’extrême droite ont sauté et que le Gouvernement français in-tègre désormais la parole raciste dans son discours officiel. » En
clair : Claude Guéant tient des propos dignes du Front National.
Une frontière qui s’amenuiseLe FN, justement, c’est un peu le leitmotiv qui émaille chacune des sorties médiatiques du ministre de l’Intérieur. « Guéant double le FN sur sa droite » pour Har-lem Désir (numéro 2 du PS), « Le ministre qui murmurait à l’oreille du FN », juge Jean-Marc Ayrault (patron des députés PS), « Ça montre qu’il y a une lepénisa-tion au sommet de l’Etat » selon Jean-Pierre Grand (député UMP). La dernière polémique rappelle même fortement le slogan de l’extrême-droite : « Un travail aux Français ». Mois après mois, des propos du ministre apportent du grain à moudre au moulin de ceux qui fustigent une radicalisation de l’UMP depuis 2007. Pour beaucoup, cela ne relève ni plus ni moins que de chasser sur les terres du FN. S’il est impossible pour l’heure de savoir si de telles saillies ont un quelconque ef-fet auprès de l’électorat FN, certains faits montrent qu’elles en ont... auprès de celui de la majorité. Une anecdote rappor-tée par le site Lepays.fr évoque la phrase d’un ancien médecin, militant UMP, à l’occasion d’un débat sur la laïcité : « De l’argent, il n’y en a que pour les bougnoules ! » Dans les travées, une partie de la salle aurait apporté son soutien à ces propos. Pour l’instant isolés, ce type d’événement interpelle tout de même : faute d’attirer des électeurs extrémistes dans ses filets, l’UMP serait-il en train de radicaliser les siens ? A quelques reprises, on a aussi pu constater le départ de certains encartés vers le FN, comme
Guy Garnier, un élu munici-pal de Haute-Loire déçu de la politique sarkozyste. Et pour expliquer ce type de réaction, un simple constat : à droite, le FN semble la seule alterna-tive crédible à l’UMP, le seul parti avec un tant soit peu d’envergure. Pour tous ceux qui souhaitent claquer la porte du parti de la majorité, c’est soit cela, soit changer de bord politique. De fait, le chemin emprunté par certains n’étonne pas.
Et cela, la direction du FN l’a bien compris. Avant le début des cantonales 2011, Marine Le Pen a même ouvertement ap-pelé les électeurs UMP à rallier ses rangs : « Je lance un appel aux électeurs et aux adhérents de l’UMP : quittez ce parti mori-bond qui finira par exploser de ses renoncements, de ses men-songes, de ses manipulations, quittez ce parti qui a tant fait pour l’image déplorable qui est celle de la France aujourd’hui, nous vous accueillerons au Front National. » Résultat : 15% des suffrages exprimés à l’issue du vote, 304 candidats au second tour. Certes, l’abstention record (plus de 55%) appelle à relativ-iser ces chiffres, mais les faits sont là : comme en 2002, le parti d’extrême-droite semble prendre son envol à l’orée des présiden-tielles. Là où Nicolas Sarkozy s’était approprié un certain nom-bre des chevaux de bataille du FN pour se faire élire il y a qua-tre ans (insécurité...), il semble-rait cette fois que cette stratégie – volontaire ou non – commence à se retourner contre lui. Ainsi, si l’extrême droite perce à nouveau en 2012, l’UMP n’y serait peut-être pas totalement étranger...
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POLITIQUE
MedvedevLa marionnette qui a coupé ses fils
Le suspense continue face à l’obsédante question : qui, des deux dirigeants du
pays, le président, Dmitri Medvedev, ou son Premier ministre, Vladimir Poutine, présentera sa candidature au plébiscite populaire en 2012 ? La saison électorale est ou-verte, les moindres faits et gestes des membres du tan-dem sont passés au crible. Tout est signe, présage, mes-sage. D’autant plus que depuis quelques semaines, les chicanes, presque protocolaires, qui maintenaient le tonus du tan-dem, ont pris l’apparence de dissensions plus sérieuses.
Des discordes multiples En effet, Dmitri Medvedev, s’il s’est employé à mon-trer que Vladimir Poutine et lui étaient toujours des alliés politiques, ne s’est pas privé de mettre en avant leurs di-vergences. En mars, Medve-dev a fait part de son irrita-
tion quand Poutine a assimilé la résolution de l’ONU d’user de la force en Libye aux crois-ades médiévales. Reflétant la politique de Medvedev, plus conciliante avec l’Occident, la Russie s’était abstenue, sans opposer de veto. Le président avait alors qualifié d’« inac-ceptables » les propos de son Premier ministre, déchaînant les spéculations sur les premi-ères lézardes dans leur bonne entente. Au mois d’avril, Med-vedev a mené une attaque plus frontale : il a sommé Poutine de débarrasser les conseils d’administration des socié-tés publiques des ministres qui y siègent. Cette initiative, qui pourrait émousser les ap-puis politico-économiques de Vladimir Poutine, a été immé-diatement perçue comme une manœuvre préélectorale.
Dmitri Medvedev critique depuis des mois la stagnation dans laquelle la Russie s’est enlisée, en insistant sur un point
central : la modernisation, qui, selon lui, peut être accomplie à un rythme plus rapide que celui imprimé par son Premier min-istre. Et, s’il n’a pas publique-ment dit s’il comptait limoger le gouvernement de Vladimir Poutine, il a fait remarquer que « personne ne reste au pouvoir pour toujours. Ceux qui entre-tiennent ce genre d’illusions finissent mal. »
Remise en cause du parti unique Medvedev n’a pas manqué de réaffirmer son soutien au pluripartisme. Il compte, « s’appuyer sur une base poli-tique solide », ce qui n’exclut en rien le soutien des partis au pouvoir. Ses partisans ont, eux, relancé le parti Juste Cause, fondé il y a deux ans. Un mouvement plus libéral que la formation au pouvoir, Russie unie. Il lui faudra ob-tenir de bons résultats aux législatives de décembre. La renaissance de Juste Cause
Le président russe entretient l’ambiguïté sur son entrée en lice pour la présidentielle de 2012 face à son Premier ministre, Vladimir Poutine.
Par Marie Aubazac
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viendrait à point nommé pour « un Parlement plus représentatif », sachant que Poutine vient d’annoncer la création d’un Front populaire panrusse qui rassemblera à la Douma les forces sans-parti autour de Russie unie. L’idée de Poutine apparaît quelque peu déroutante, puisqu’on ne peut pas dire que la Russie connaisse une crise identi-taire majeure, qui suppose-rait la mise de côté des diffé-rences politiques pour le bien commun. Mais il semble bien que Poutine ait la volonté de rassembler médias, syndi-cats, églises, jeunesse…, au-tour de la toute-puissance de Russie unie. Toute-puissance aujourd’hui de plus en plus remise en cause : le parti pos-sède certes les deux tiers des sièges à la Douma, le Parle-ment russe, mais les sond-ages sont de moins en moins
favorables… Le défi pour Poutine est donc de montrer qu’il peut être plus qu’un grand homme politique : être un véritable rassembleur et fédérateur national.
Mais Medvedev semble bien présent pour contrer ses am-bitions. Trois ans auront suffi au président russe pour commencer à véritablement critiquer le « système Pou-tine », et en particulier sa tendance à combattre toute compétition politique en glo-rifiant un seul et unique par-ti, celui du président. Medve-dev affirme qu’aucune force politique ne peut se penser seule dominante, et qu’un système politique où tout est décidé à l’avance est voué à l’échec. Il est vrai que, par-fois, les régimes staliniens ou brejnéviens avaient tendance à vouloir tout prévoir dans
le futur, en oubliant préci-sément les graves défis du présent… En ce qui concerne la mainmise du pouvoir, il en prend le chemin.
Ce jeune homme que Vladimir Poutine avait fait élire, il y a trois ans, parce que la Con-stitution ne l’autorisait pas à briguer un troisième mandat consécutif, ne pouvait être, disaient les patentés de la russologie, qu’une « marion-nette » destinée à lui chauffer la place en attendant 2012. Rien n’ébranlait leur certi-tude, mais les voilà main-tenant saisis par le doute. Le bras de fer ne fait que commencer. Il n’est bien sûr pas dit que le Président l’emportera sur son Premier ministre, mais il n’est plus discutable aujourd’hui que la marionnette n’en était pas une.
Dmitri Medvedev (à gauche), s’est émancipé de son mentor, Vladimir Poutine / © DR
e mouvement parisien a été lancé par plusieurs or-ganisations féministes: la Barbe, Paroles de Femmes et Osez le Féminisme.
L’objectif : pointer du doigt le défer-lement sexiste qui a suivi l’affaire DSK. En référence notamment aux propos du journaliste écrivain Jean-François Khan, qui a réduit l’affaire à « un troussage de domestique », les manifestantes ont réagit violemment en scandant « les soubrettes sont en colère ! » ou « Nous sommes toutes des femmes de chambre ! ». Egale-ment au programme du défilé, le sex-isme, qui a envahi les réseaux sociaux et qui minimisent le viol. Rappelons qu’en France, chaque année, environ 75 000 femmes en seraient victimes. Comme une régression vers l’Ancien Régime où le « troussage des do-mestiques » était chose courante, la victime présumée semble toujours éclipsée, sachant que les médias comme les politiques, conformément à la loi, n’oublient pas de considérer la présomption d’innocence en ce qui concerne la personne de Dominique Strauss-Kahn. Alors comment réagir quand le potentiel coupable aurait lui-même exprimé : « C’est quand même pas une Cosette qui va faire la loi ? ». Propos à prendre avec des pincettes, bien sûr, mais à entendre Jack Lang au sujet de la présumée victime : « Il n’y a pas mort d’homme ». La France serait donc laxiste quant au respect des droits de la potentielle victime et en ce qui concerne le droit des femmes en général. Rappelons que Dominique Strauss-Khan sera jugé aux Etats-Unis, et qu’en matière de législation,
les cours de justice sont extrêmement durs. La loi fédérale, ainsi que celle des cinquante États, oblige à la mise en résidence des coupables présumés, quand bien même ils sont habilités à régler une caution, à la surveil-lance, et en cas de culpabilité avérée à l’enregistrement du coupable sur un reg-istre en ligne de délinquants sexuels. Les coupables, mêmes présumés, subissent l’ostracisme de la société : il n’y a qu’à en juger des manifestations qui ont eu lieu au pied de l’immeuble où DSK a été assigné à résidence. Comme l’a rappelé Gilles Klein, journaliste, aux Etats-Unis « une femme de chambre a droit à la dignité, et est entendue quand elle accuse l’un des hommes
les plus puissants du monde d’être un prédateur ».
Qu’en est-il chez les autres ?Ce n’est pourtant pas la première fois que des scandales politico-sexuels font la Une des médias. Dans les an-nées 80, Gary Hart, qui était l’espoir du parti démocrate pour les élections, a été accusé d’adultère avec une jeune mannequin, fait qu’il niera avant de retirer sa candidature à la Mai-son Blanche. Sa tentative de retour, quelques mois après l’affaire, aux primaires du parti démocrate, sera un échec cuisant puisqu’il finira dernier. Outre Atlantique toujours, Bill Clin-ton et l’affaire Paula Jones. Accusé de
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SOCIÉTÉ
Quand scandale sexo-politique rime avec sexisme
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harcèlement, l’ancien président améri-cain concèdera tout de même 850 000 dollars à la plaignante, comme un demi-aveu pour acheter sa discrétion. Puis il y eu Monica Lewinski et un procès surmédiatisé. Bill Clinton fini-ra par avouer qu’il a menti sous ser-ment. Une procédure d’impeachment a même été entamée à son encontre, mais elle a été repoussée par les séna-teurs. Le « Monicagate » a bien failli couter sa place au président. En Italie, c’est Silvio Berlusconi qui voit son poste menacé par le scandale Ruby, du nom de la prostituée mineure dont il est accusé d’avoir utilisé les faveurs. Toujours en cours, le procès aura lieu le 31 mai. Le président africain Jacob
Zuma, accusé du viol d’une jeune femme séropositive, a été acquitté en 2006. Enfin, Moshe Katsav, prési-dent israélien de 2000 à 2007, a fini par démissionner de son poste après avoir été reconnu coupable du viol de deux de ses subordonnées. Il vient d’interjeter l’appel.
La femme : coupable ou victime en politique ?Si ces scandales sexo-politiques stig-matisent la vie des hommes politiques, on en oublie bien souvent les victimes avérées ou présumées. Complètement éclipsées au moment des jugements, les médias semblent focalisés sur la condamnation de « la personnalité », éclipsant le préjudice de la victime. Certes, il est coutume de dire que le pouvoir attire les femmes, certaines plaignantes ont ainsi largement profité des écarts de conduite des politiques pour la publicité gratuite, à l’image de Monica Lewinsky, dont l’affaire a été dévoilée suite à l’affaire Paula Jones et contre son gré. Cependant, l’ex stagiaire de la Maison Blanche n’a pas hésité a dévoilé les détails de sa relation, pour laquelle elle était consentante. La jeune femme a ainsi acquis une certaine no-toriété et fait fructifier son image. Il est vrai que l’homme politique est une proie facile, mais l’oubli des luttes féminines, de l’émancipation, qui permettent aujourd’hui à la femme de gravir seule les échelons de la hiérarchie sociale, ce qui scandalise tout autant les féministes. C’est d’ailleurs le reproche qui a pu être fait à Rachida Dati dans son accession à la scène politique. Le comportement de ces femmes remet donc en cause la pro-motion d’une égalité hommes femmes,
tant au niveau de la considération so-ciale qu’au niveau des intérêts. Mais la notion de féminisme en politique reste complexe. Trop souvent victimes de misogynie, la femme accuse le coup. Il a été reproché à Ségolène Royale de se servir de sa féminité pour se promou-voir et pour répondre aux attaques de ses opposants, en arguant qu’elle était victime de critiques parce qu’elle était une femme. Mais qu’en est-il de la femme de cham-bre du Sofitel ? De la remise en cause des propos de Tristane Banon ? De nombreuses femmes dont on a acheté le silence et qui ont été complaisantes, pour éviter la médiatisation et parce qu’elles en avaient besoin ? Ils sem-blent bien loin les principes de parité, l’homme politique ne semblant pas prêt à renoncer à sa dominance. Volontaire-ment actrice de la destruction féministe ou non, la femme reste à l’image d’une Eve, une éternelle coupable, et la cible récurrente des pires fustiges. A l’image de l’affaire Dumas, Christine Deviers-Joncour a subit seule les foudres mé-diatiques pour recel d’abus de bien so-ciaux en marge de l’affaire Elf. Celle qui se nomme elle-même « la putain de la République » a subi un lynchage mé-diatique. Roland Dumas, plus de vingt après les faits, reste inébranlé. Christine Deviers-Joncour, une femme qui a tenté à son échelle de pointer du doigt le sexisme en politique ? Ce qui est sûr, c’est que le féminisme reste un mouvement à construire, et qu’il faut pour cela considé-rer, et notamment dans les médias français, les droits des femmes à la reconnaissance et au respect.
3000 personnes dont une majorité de femmes ont défilé dimanche dernier devant le centre Pompidou pour protester contre le « sexisme » généré par l’affaire DSK et les déclarations douteuses de certaines personnalités...
- Par Coline Benaboura
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ÉCONOMIE
uelles ont été les conséquences de la triple catastrophe (tremblement de terre, tsunami et menace nucléaire)
sur l’économie japonaise à court terme ?Il y a eu deux impacts di-rects sur l’économie. Tout d’abord, le pays connaît ac-tuellement des contraintes d’approvisionnement, la chaine de production est rompue, notamment dans le domaine de l’industrie, qui peine à se rétablir. Les investissements privés comme publics se sont également effondrés. Le sec-ond est un impact indirect sur la consommation. Très touchés émotionnellement par la catas-trophe, les Japonais ont le senti-ment que se serrer la ceinture est une obligation morale. Ils ont donc naturellement réduit leur consommation de biens secondaires et surtout de loisirs. Certains diraient que cette no-tion de sacrifice est culturelle.
Néanmoins, dans un second temps, la phase de reconstruc-tion qui devrait prendre place au cours des prochains mois devrait engendrer une phase de reprise. Elle entraînera un remplacement des équipe-ments, et donc un accroisse-ment des dépenses publiques et privées. Selon nos estima-tions, le séisme devrait am-puter la croissance du PIB d’environ 1,5% sur l’année 2011. Néanmoins, il faut nu-ancer ce chiffre. Une baisse de 2,1% devrait avoir lieu au premier et second trimestre. En revanche, au second se-mestre, et en raison de la de-mande générée par la phase de reconstruction, le PIB devrait croître de 0,9%. Cette de-mande devrait permettre une croissance du PIB de 2,3% en 2012. Au final, les prévi-sions de croissance pour la fin de l’année 2012 devraient être sensiblement identiques à celles réalisées avant la catas-trophe (cf. Schéma).
Le secteur de l’énergie a été l’un des plus touchés. Quelles sont les perspectives dans ce domaine? Le manque d’approvisionnement en énergie a évidemment eu un impact négatif sur l’économie. Pour cet été par exemple, le gou-vernement a demandé au secteur privé de diminuer la consom-mation d’énergie de 15%. Dans l’est du pays, les accidents sur-venus au niveau de six réacteurs de la centrale de Fukushima ré-duisent fortement la production d’électricité. La région connaît de fréquentes coupures d’électricité qui devraient se prolonger cet été. Cela pourrait se traduire par une baisse encore plus prononcée de l’activité économique dans ce sec-teur.
Est-il possible de comparer la crise actuelle à celle qu’avait traversée le pays à la suite du tremblement de terre de Kobe en 1995 ? Le séisme de 1995 avait surtout frappé le secteur industriel de la
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« Je m’attends à ce que l’économie reste en
récession jusqu’en juillet »Susumu Kato est chef économiste de la filiale japonaise du Crédit Agricole, basée à Tokyo. Il a beaucoup été sollicité par les médias lors de la catastrophe du 11 mars dernier. Un peu plus de deux mois après, le Japon est officiellement rentré en récession. Susumu Kato revient pour Folio sur le séisme financier qui a secoué le Japon et l’avenir financier de l’archipel nippon.
Propos recueillis et traduits par Benoît Jacquelin© DR
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Gaz de schiste : le trésor empoisonné
région de Kobe. A l’époque, le Nikkei s’était effondré de 17% et le grand port avait dû être entière-ment reconstruit. Les places finan-cières mondiales avaient subi la secousse dans la semaine suivante. Cette fois, les dommages ont été beaucoup plus largement répartis sur la région.Financièrement, la Banque du Japon a procédé, au jour le jour, à d’importantes injections de liquid-ités, bien plus que lors du séisme de Kobe. Cela a permis de stabi-liser la demande et de rassurer le marché monétaire. La BOF (Bank Of Japan) devrait tout faire pour maintenir le statu quo monétaire jusqu’en 2012. La Banque centrale vient d’ailleurs d’annoncer qu’elle conserverait son taux directeur en-tre 0,0% et 0,1 %, ce qui veut dire qu’elle espère une reprise pour la fin 2011. Elle avait déjà déployé une batterie de mesures non con-ventionnelles courant mars ainsi qu’en avril, pour aider le Japon à se relever de la catastrophe du 11 mars.Enfin, il faut garder à l’esprit que le drame aura fait 25 000 morts et causé des destructions matérielles
de 25 000 milliards de yens (soit 220 milliards d’euros). Des chif-fres bien plus importants que ceux du séisme de Kobe qui avait fait 6500 morts et coûté 100 milliards d’euros.
Selon-vous, combien de temps le Japon peut-il rester en réces-sion ? Jusqu’en juillet, au pire jusqu’en sep-tembre si la reconstruction tarde à se mettre en œuvre. Le tremblement de terre a arrêté la chaine de production japonaise. A court terme, de nom-breuses activités du secteur privé risquent néanmoins de se déplacer du Japon vers d’autres pays d’Asie. Si le pays n’arrive pas à rapidement rede-venir attractif, cela pourrait lui porter un coup sur le long terme.Quant à la consommation des mé-nages, elle devrait encore reculer dans l’été, les consommateurs se montrant plus prudents et augmentant leur épargne. A partir du troisième trimes-tre 2011, la reconstruction soutiendra la croissance qui devrait redevenir positive. Il faut également prendre en compte les problèmes rencontrés par le secteur du nucléaire. Les problèmes rencontrés à Fuku-
shima ont sinistré l’économie dans sa globalité, et les quelques fonds supplémentaires alloués par le gou-vernement ne suffiront pas à résorber la totalité des problèmes. Même si le gouvernement s’est mis « à la diète » il risque de devoir rapidement recourir à de nouvelles mesures exception-nelles.
La dette japonaise pourrait-elle être un obstacle à la reprise ?La dette gouvernementale continuera à augmenter à la suite du tremblement de terre, comme cela avait déjà été le cas en 1995. Les dépenses publiques ont continué à croître et les impôts sur le revenu vont un peu diminuer, mais cela suffira à engendrer une nouvelle augmentation de la dette. Bien que nous n’ayons qu’une dette extérieure toute relative (16 777 dollars par per-sonne, soit plus de deux fois moins qu’un citoyen américain et quatre fois moins qu’un français, Ndlr), il pourrait être nécessaire de trouver des finance-ments à l’étranger à l’avenir, si nos anciens investisseurs décident de se tourner vers d’autres pays. J’admets que l’introduction d’une monétari-sation de la dette pourrait bien être la seule solution viable.
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ENVIRONNEMENT
Biodiversitépourquoi on ne respecte pas nos objectifs ?
Etat, les ONG, les col-lectivités territoriales, le patronat, les syndi-cats, les agriculteurs….Tout ce petit monde
réuni le 19 mai dernier pour pren-dre des mesures contre la perte de la biodiversité. Sur une quarantaine de pages, la France en a conclu qu’il fallait « restaurer les écosystèmes », préserver les espèces, partager équi-tablement les avantages issus de l’utilisation de la biodiversité, et maîtriser la pression sur les milieux naturels. Souvenez-vous, c’est aussi ce qui avait été dit au Sommet de Na-goya en Octobre 2010. Et aussi lors de la conférence de Nairobi en 1992. Finalement, préserver la diversité biologique, cela fait longtemps que le monde entier en parle, mais dans les faits, on en est où ?
L’Europe signe sa stratégieLe 3 mai dernier, Bruxelles affir-mait vouloir restaurer 15 % des écosystèmes dégradés d’ici 2020. Grosse ambition. Imprudence même peut-être, puisqu’il y a cinq ans, l’Europe prévoyait tout simple-ment de « stopper la perte de biodi-versité d’ici 2010 ». Mais en 2008,
on savait déjà que l’objectif ne serait pas atteint. Mais alors qu’est-ce qui bloque ? Au Parlement européen, on semble reconnaître l’urgence de la situation, on se confère à de graves études : « les populations d’oiseaux communs des milieux agricoles ont régressé de 25% en 20 ans, et 10 à 25% des principaux groupes d’espèces évalués dans la Liste rouge sont menacés ». Mais lorsqu’il s’agit de parler d’objectifs chiffrés et ambitieux, personne ose se mouiller. « Où sont les engage-ments de Nagoya ? », se venge San-drine Bélier, députée européenne Europe Ecologie-Les Verts, sur son blog.
Pas d’argent, pas d’engagementsEffectivement, où sont-ils ces en-gagements ? La somme promise par la France pour la protection de la biodiversité en tout cas, elle, a fon-du. En octobre dernier, devant les représentants de plus de 190 pays, Chantal Jouanno, alors ministre de l’Environnement, promettait 4 mil-liards d’euros d’ici à 2020. Nathalie Kosciusko-Morizet, sa successeuse, s’est bien gardée de revenir sur cette annonce lorsqu’elle a obtenu, après
une dure bataille, 50 millions d’euros d’appel à projets. De quoi aider à modifier quelques infrastructures, reconstituer des milieux dégradés, et aider des projets scientifiques tels que la mise en place d’une cartogra-phie nationale des habitats naturels d’ici 2018. En revanche, ce ne sera
Agir pour la biodiversité, c’est agir autant localement qu’internationalement. Alors, après la Commission européenne, la France a voulu établir sa propre stratégie nationale pour la biodiversité. Résultat : on n’est pas plus avancé. Et si ailleurs c’était mieux ?
Par Lauriane Rialhe
L’
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pas suffisant pour créer des obser-vatoires locaux de la biodiversité, ni lutter contre l’artificialisation des sols et l’envahissement des espèces exotiques. Or, comme le précise l’Union Nationale pour la Conser-vation de la Nature, qui s’alarme : « En métropole, l’équivalent d’un département français est artificialisé tous les dix ans ».
Ailleurs, c’est mieuxCe que l’on reproche beaucoup au système français, c’est le manque d’engagement de l’Etat dans la stra-tégie environnementale. Alors cette année, Nathalie Kosciusko-Morizet l’a promis : l’Etat sera « acteur numéro un », « le sujet ne doit pas se limiter à mon ministère ». Même s’il est rassurant de voir que la jeune ministre ne se décourage pas, ce n’est pas l’avis des plus anciens : « sur le papier, on comprend que la biodiversité va être l’objet d’un travail interministériel, mais au-cune mesure concrète ne permet de
penser cela », s’est exprimé Gré-goire Lejonc, chargé de la politique en biodiversité à l’association France Nature et Environnement. Alors on compte beaucoup sur les autres. Le 17 juin prochain, l’ensemble des ministres européens doit se retrou-ver pour aborder le sujet. L’occasion de prendre exemple sur les bons élèves peut-être : cela fait quatre ans déjà que l’Allemagne nous montre un gouvernement qui a adopté une stratégie en 330 objectifs pour sau-vegarder la diversité des espèces et des habitats, et 430 instruments pour les réaliser. A l’époque, le ministre allemand de l’Environnement, Sig-mar Gabriel, se vantait d’ailleurs de la « stratégie la plus ambitieuse au monde ».
Parlons argentPréserver la diversité biologique, cela passe par la protection de l’environnement de manière globale. Selon l’ONU, la perte de biodiversité ne pénaliserait pas
uniquement la nature : elle serait aussi à l’origine d’importantes pertes économiques. Voilà un moyen de prendre les chefs d’Etat par les sentiments. Car la Chine peut bien se vanter d’avoir été l’un des premiers pays signataires de la Convention sur la biodiversité (en 1992), la situation des espèces est critique : 15% ou 20% des plantes supérieures sont en voie de dispari-tion, et 40 000 espèces d’animaux sont aussi menacées d’extinction. Les Etats-Unis protègent leurs 7 000 espèces classées, mais la forte consommation énergétique du pays affole le les dégradations environnementales. Parallèlement à la stratégie pour la biodiversité, l’Espagne a donc logiquement pris des mesures sur le changement climatique et l’énergie propre, re-spectant de nouveaux objectifs conformément à ceux fixés par l’Union européenne : atteindre en 2020 20% d’énergie primaire de sources renouvelables. En Asie, la trop rapide urbanisation met en danger la conservation des espèces et des zones protégées. Or, le rapport de l’Economie des écosystèmes et de la biodiversité montre bien qu’il est possible de faire payer les services rendus à la nature : purifier l’eau, l’air, pro-téger les côtes contre les tempêtes, maintenir la faune… De bons of-fices qui auraient pour impact de renforcer le tourisme, et donc de donner un bon coup de pouce à l’économie du pays concerné. D’ailleurs, Nathalie Kosciusko-Morizet n’a pas manqué de pré-ciser, la semaine dernière lors de sa présentation : « les ser-vices rendus par la biodiversité sont indispensables à la vie sur Terre (…) Ne pas préserver la biodiversité engendrerait un coût équivalent à 7 % du PIB mondial à l’horizon 2050 ».©
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Un JT bien agité par une baisse constante des parts d’audience, une hiérarchie sismique fragilisant ses acquis et une TNT prête à tout faire péter. TF1 commence à revoir son historique domination sur le PAF. Bleu, blanc, rouge : la Une voit surtout rouge.
Par Marine Chapelle
Les sondages parlent d’eux-mêmes, et le constat est alarmant. Lundi dernier, un triste record a été bat-tu : la Une n’a rassemblé,
devant son indétrônable JT, que 5,8 millions de téléspectateurs quand 5,5 millions migraient vers France 2. Un maigre écart de 3,3 points de parts d’audience, qui instaure une pression sans précédent entre les deux chaînes rivales. Autrement dit, le plus petit écart jamais enregistré.
Le JT de Ferrari en perte de vitesseLa chaîne se défend que ce score in-quiétant n’a duré que deux jours, et pourtant il ne fait que perdurer depuis que Laurence Ferrari mène la course à l’audimat depuis son arrivée en 2008. Même l’indécrottable PPDA, dans
ses plus mauvais jours, parvenait à maintenir le cap avec 30,8% en juin 2008 contre les 24,9% durement obte-nus par sa remplaçante lundi dernier. L’année 2011 voit rouge en Ferrari avec des scores en berne. La rai-son ? Probablement les multiples ré-volutions du printemps arabe qui ont emporté avec elles les téléspectateurs vers des programmes plus distray-ants comme Scènes de ménages sur M6 ou Plus belle la vie sur France 3, qui ne cessent de grignoter l’avance fièrement exhibée jusqu’aujourd’hui.
Séisme hiérarchique : failles visiblesDe nombreux changements dans l’équipe éditoriale semblent avoir créé des failles sur la solide cara-pace anti- coups durs dont TF1 s’est toujours armée. L’icône PPDA a du
mal à se faire oublier, même avec le doux visage de Laurence Ferrari. Le directeur des programmes, Lau-rent Storch, vient d’être rétrogradé pour laisser place à un nouveau venu bien méconnu nommé Jean-François Lancelier. Michel Floquet, rédac-teur en chef du 20 heures, a sauté tel un fusible pour se faire rem-placer par Anne de Coudenhove, ancienne du 13 heures de TF1. En clair, la ligne éditoriale se fragilise, avançant presque à l’aveuglette, suiv-ant une philosophie un peu hasardeuse à la « Carpe Diem », mais le hasard ne fait pas forcément bien les choses, sur-tout en matière d’audimat où tout est scrupuleusement calculé et étudié. Mais à qui doit on reprocher ces choix douteux ? Peut-être aux stratégies de management de Nonce Paolini, qui
MÉDIAS
TF1 : La fin de l’« Une-animité » ?
Folio n°11 - Du 26 mai au 02 juin 2011 - 21
a pris les rênes en 2007 de la filiale Bouygues. C’est cet homme qui, dès son arrivée, a remplacé PPDA, figure de TF1.C’est encore lui qui accumule les choix maladroits, qui amenuise la qualité de l’information pure et ac-croît la quantité de programmes peu recommandables, vacillant entre télé-réalité jusqu’à plus soif et soap opéra ennuyeux.
Programmes : entre gavage et télé-atrocitéPour comprendre une telle baisse d’audience, il faut mettre cartes sur ta-ble. Et si l’on regarde de plus près le jeu que TF1 a en main, on y voit plus clair. Au programme : Qui veut gagner des millions ?, soit onze ans du sempiternel « c’est votre dernier mot ? ». Mais aussi C’est quoi l’amour ?, suivi de Confes-sions intimes ou encore La roue de la Fortune. Autant dire des programmes populaires vus et revus, revisités et rajeunis, mais aussi lassants que lo-botomisants. C’est alors qu’arrive la Cauetidienne, avec une durée de vie aussi furtive qu’insignifiante, puisque l’émission n’a survécu qu’un mois. Mais le meilleur pour la fin reste la transcendante émission de téléréalité Carré VIIP!!, avec la crème de la crème des « stars » de toutes les émis-
sions du même genre, réunies pour le meilleur mais surtout le pire. Un fiasco retentissant dont l’espérance de vie n’a pas su dépasser quinze jours. Un gav-age qui semble écœurer des Français devenus plus exigeants. Ce qui permet à TF1 de remonter la barre et garder le cap, c’est la diffusion à outrance de sé-ries américaines telles que Les Experts et Docteur House. Une combinaison gagnante, qui sonne comme la seule stratégie payante de la chaîne à court d’idées. En une semaine, il arrive que dix épisodes des Experts soient dif-fusés pour sauver la face. Mais le sort s’acharne contre la Une, qui vient de laisser filer son contrat avec la chaîne américaine ABC, dorénavant de con-cert avec sa concurrente M6. Nonce Paolini a donc du souci à se faire. Car même en essayant de se débarrasser des séries poussiéreuses comme Nav-arro, ses nouvelles conquêtes comme la série Clem vient de perdre plus de 3 millions de téléspectateurs en 2011. 3, 2, 1…La TNT va tout faire péterLe pire est à venir, puisqu’en juil-let prochain, les 18 chaînes que proposent la TNT vont faire encore plus d’ombre à TF1, déjà en chute libre. En seulement cinq ans, la TNT est passée de 2,7% à 22,8% de
parts d’audience en avril dernier. De quoi faire frissonner la Une. La TNT va tout exploser sur son pas-sage, et ce par le choix d’une dou-ble stratégie payante. D’une part, elle diffuse presque tous les soirs des blockbusters de cinémas très demandés par les « cinévores » , et des matchs de catchs de NT1, accueillis à bras ouverts par les jeunes téléspectateurs. Mais le plus dur, c’est que la TNT aban-donne les sempiternelles rediffu-sions pour passer ses propres nou-veautés. Par exemple, W9 innove avec la fulgurante ascension de la série américaine Glee, qui bat des records d’audience avec 1,3 mil-lions de téléspectateurs. La pilule la plus dure à avaler reste celle-ci : Canal + vient d’annoncer que sa chaine bonus, comme celle attribuée également à TF1 et M6, intitulée Canal 20, jouira d’un budget vertigineux de 100 millions d’euros et serait, atten-tion, gratuite. Bertrand Méheut l’annonce « ambitieuse, très quali-tative, et adressée à un large pub-lic exigent ». Une ambition qui sonne comme le coup de grâce pour TF1, loin de toujours faire l’«Une- animité »...
Nonce Paolini, patron de TF1, voit son navire sombrer peu à peu / © SIPA
FOLIOBest
of
EvEnEmEnt P.4 EconomiE P.16
“Je m’attends à ce que
l’économie reste en récession
Jusqu’en Juillet”- Susumu Kato, chef
économiste de la filiale japonaise du
Crédit Agricole
FrancE P.10
Mois après mois, des propos de Claude Guéant apportent du grain à moudre au moulin de ceux qui fustigent une radicalisation de l’UMP depuis
2007. [...] S’il est impossible pour l’heure de savoir si de telles saillies ont un quelconque effet auprès de l’électorat FN, certains faits montrent qu’elles en ont... auprès de celui de la majorité.
Lundi dernier, un triste record a été battu : la Une n’a rassemblé, devant son indétrônable JT, que 5,8 mil-
lions de téléspec-tateurs, quand 5,5 millions migraient vers France 2. Un maigre écart de
3,3 points de parts d’audience qui
instaure une pression sans
précédent entre les deux chaînes
rivales.
médias P.20
« Où sont les engage-ments de Nagoya ? », se venge Sandrine Bélier, députée européenne Europe Ecologie-Les Verts, sur son blog.
Effectivement, où sont-ils ces engagements ? La somme promise par la
France pour la protection de la biodiversité en tout
cas, elle, a fondu.
EnvironnEmEnt P.18
Quand Scandale sexo-politique
rime avec sexisme
société P.14
Rien n’ébranlait leur certitude, mais
les voilà main-tenant saisis par le doute. Le bras de fer ne fait que
commencer. Il n’est bien sûr pas dit que le président
russe l’emportera sur son Premier ministre, mais il
n’est plus discutable
aujourd’hui que la marionnette n’en
était pas une.
PolitiquE P.12
Folio n°11 - 22
Inculpé pour agression sexuelle, Dominique Strauss-Kahn a
été contraint de démissionner brutalement de son poste de
directeur général du FMI. Le point sur ses années passées à la tête de
l’organisation.