FROMBOSTON...WITHLOVE
Romance
SiobhanGabrielli
FROMBOSTON...WITHLOVE
Romance
ISBN 978-2-37447-113-6
DépotLégal:Aout2016
©Erato–EditionsTousdroitsréservésCetteœuvreestprotégéeparledroitd’auteuretstrictementréservéeàl’usageprivéduclient.Toutereproductionoudiffusionauprofitdetiers,àtitregratuitouonéreux,
de tout ou partie de cetteœuvre, est strictement interdite et constitue une contrefaçon prévue par les articlesL 335-2 et suivants duCode de la Propriété intellectuelle.L’éditeurseréserveledroitdepoursuivretouteatteinteàsesdroitsdepropriétéintellectuelledevantlesjuridictionscivilesoupénales
Jenepeuxpastedirequej’aicessédet’aimer
Devenirtonamiefiniraparm’acheverJepréfèrevivreàtoutjamaisloindetoiVoilàcequetum’asditenmequittant
Toutcequimerestedetoi,bébéC’esttonnomsurmapeautatouéeetl’odeurdesfleursdecerisier
DarrylWallace«CherryBlossom’sSong»
Prologue
Je suis Tiphaine Le Blanc, trente-six ans, listeuse compulsive, guitariste, un brin hyperactif, etmamand’unefillede14ans.Jesuistraductriceaudiovisuellespécialiséeenlangueaméricaine.NéeàSanFranciscod’unpèreFrançaisetd’unemèreaméricaine,j’aivécuauxUSAjusqu’àmes
vingtetunans.Je travaille pour la sociétéRight inTranslation, je suis la traductrice officielle de « theTonight
Show»«TheEllenDegeneresShow»ainsiquedelacérémoniedesOscars,leSuperbowl.Je travaille aussipour la télévision, j’interviens surdesdocumentairesou lorsd’interviewspour
destraductionsensimultanée.SéparéedepuisdeuxansdeMartinlepèredemafille,jevisseuleavecelle.
Darryl
JesuisDarrylWallacej’ai41ansjesuispapacélibataired’uneadorablepucede5ansSkylar.Ilyaprèsdevingtans,mesamisetmoiavonsconnulagloireavecnotreboysbandDorchester
LegacyNousétionsalors,l’undesgroupeslesplusadulésdesÉtatsUnis.Tournéesàguichetsfermés,concertpourlafinaleduSuperbowl,duosaveclesplusgrandesstars,toutnousréussissait.Jusqu’àcequelesuccèsmemonteàlatêteaupointdem’entraînerdansunedescenteauxenfers.Alcool,violenceetdéboiressentimentaux…rienàvoiravecl’imagelisseetsainedugroupequej’aidûquitter.Aujourd’huilegroupesereformepourprouverquenoussommesdevraismusiciensetchanteurs.
Tiphaine
Déjàdeuxheuresquejetravailleàlatraductionde«TheTonightShow»deJimmyFallonetaprèsde multiples fous rires, une pause-café et muffins avec mes collègues, j’ai réussi à boucler monépisodeplustôtqueprévu.C’est le jour J, je vais annoncer àma fille que pour compenser l’absence de son père et de ses
grands-parents paternels pour Noël, nous allons rendre visite aux miens à Boston dans leMassachusetts.Enfinquandjediscompensercen’estpastoutàfaitlecas,Émilievientd’avoirquatorzeansetne
souffrepasdumanquedesonpapa.C’estjustequepourlapremièrefoisdepuisqu’elleestnée,ilneserapasàsescôtés.Cetteannée,Martinadécidédepartirencroisièreavecsanouvellecompagneetsesparentspoury
passerlesfêtesdefind’année.Bonhonnêtementl’absencedesonpèrereprésenteunelignedeplusdansmacolonne«Oui»dans
maliste«NoëlàBoston»etcommeiln’yavaitquetrois lignesdansmacolonne«NON»etunebonnedizainedanslacolonne«OUI»….CapsurBoston.Bienentendu,Martinluiaproposédelesaccompagner,maisellearefuséprétendantqueleTitanic
etleCostaConcordialuiontenlevétouteconfianceenverslesbateaux.Quelargumentpourrimafilledis-moi!Maissurtoutqu’êtreavecuneribambelledesnobinardslapousseraitaucrime,àladépressionvoire
àcoucheraveclepremiervenu.Benvoyonsmafilleetaprèsjet’enfermedansuncouventaufinfonddelaHauteLoirejusqu’àlafindetesjours.Devant tant de verve et de détermination, bref son refus d’embarquer pour « la croisière de
l’angoisse»,sonpèreetmoiavonsdécidéqu’elleresteraitavecmoipourfêterNoëletlanouvelleannée.Mais je n’avais pas vraiment envie de rester seule avecÉmilie, lamajorité demes collègues de
travailrentrantdansleurspaysrespectifspourlesfêtes.Pourêtrehonnête,retourneràBostonpourypasserlesfêtesn’étaitpasmaseuleoption.ÀParis,j’aiunedeuxièmefamillequej’aitrouvéeauseind’uneassociationd’expatriésaméricains,aveclaquelleÉmilieetmoiaurions
pufêterNoël.Maismêmesij’adorelesmembresdel’association«AmericaninParis»etplusparticulièrementlesJonas,quiladirigent.Jen’avaispasenviedefêterNoëldanslasalleduDebraDinneravecd’autresAméricainsesseulés.Non,j’éprouveunréelbesoind’êtreavecmafamille,etjedoisl’avouerBostonmemanque.
J’ailemaldupays.CelafaitquinzeansquejevisenFranceetj’aimeprofondémentcepays.Mon père est Français et j’ai toujours passé au moins un mois par an en France depuis ma
naissance.MonpèreatoujourstoutfaitpourquemonfrèreWilliametmoinoussentionsFrançais,d’ailleurs
quecesoitàSanFranciscocommeàBoston.Lesdrapeauxfrançaisetaméricainsonttoujoursflottéssurnosfaçades,d’ailleursàlamaisonnous
parlionsuniquementfrançais.Un coup d’œil à ma montre, il est quinze heures, c’est vendredi et j’ai le temps de rentrer
tranquillementchezmoiafindemeposerunpeu.
Jenevaispasmepriverdem’offrirleluxed’unbonbainetmepréparertranquillementpourmasortiedecesoir.C’estleweek-endetj’emmènemafilledînersurlesChamps-Élyséesdansnotre restaurant italien
préféré.Puis nous irons flâner jusqu’à la place de la Concorde, mais pour une fois pas de shopping
nocturne.Nous allons aux USA, mon ado va découvrir l’incroyable Mall of Boston un énorme centre
commercial,doncMAcartebleuevaresteraureposavantdecramerlà-bas.Jeprendssoind’enregistrermontravailsurunecléUSB,quejemetsdansuneenveloppeavecle
numéro de l’épisode, j’appelle Alexandre, le responsable du sous-titrage pour lui dire que latraductionestprête.Aprèsunénièmebâillement, jemedécideàenfin rangermonbureau,c’étaitvraiment le foutoir,
j’éteinsmonordi,afind’évitertoutestentationsdeshoppingenligne.Je consulte mon agenda, je réalise que mardi nous serons le 11 novembre, et que j’ai posé une RTT depuis deux mois que j’ai
complètementzappé,çamedonneunepêched’enferJerésume:noussommesvendredi,etjenereviendraisquemercredimatin.
Jememetsàfairedansmatêtemadansedelajoie,enfredonnantl’airde«IkoIko»Uncoupd’œilparlafenêtreetvoilàquemajoiemequitte,lemauvaistempsetlapluiedonnentà
ParisunairdephotographieàlaRobertDoisneau…toutcecamaïeudecouleurquivadugrisclairaugrisfoncé,voirenoir,estjustesublime.Déprimant,maissublime.JeréserveunUber,pasquestiond’affronterlapluieetlesParisiensdanslemétro.Je passe par la salle de pause, j’embrasse Fabrizio mon collègue italien qui avec la venue de
TizzianoRossoauPSGvabossertoutleweek-end.J’offremondernierMuffinàAriannamapetiteAnglaise,quivadevoirtravailleràcausedemoi,et
jenemanquepasdelanargueramicalement.Nous sommes deux à assurer les interviews et autres traductions d’urgence,mais ayant été plus
maligneenanticipantlepont,c’estellequiseretrouved’astreinte.Je leursouhaite toutdemêmeunbonweek-endet faissemblantdenepasentendre leursgentilles
insultes.Je prends place dans une sublimeAudiA6 non sans me dire TGIF (Dieumerci c’est vendredi)
directionplaceGambettadanslevingtièmearrondissementmonquartierpréférédansParis,celuioùjevisdepuismaséparation.J’aivingt-cinqàtrenteminutesdetrajet,j’enprofitepourattrapermaliseusedansunedesmultiples
pochettesquicohabitentdansmonsac…ouienplusd’êtreincorrigiblelisteuse,j’aiunénormesacàmainquicontientunedizainedepetitspochonscontenantdeschosesimprobablesallantdelapochettedemaquillage, desbas de secours, ma liseuse, une trousse de secours enfin celle qui contient destamponsetdespréservatifs.«MaryPoppins»voilàcommentmesurnommemesproches,àchaquefoisquejedoispasserun
contrôlede sécurité et ouvrirmon sac les agentsde sécuritépassentde l’agacement à l’hilarité enquelquessecondes,jepassepourunefarfelueetj’aidroitàdepetitssourireséquivoques…«Madame,noussommesarrivés,jevoussouhaiteunagréableweek-endàbientôt»
J’adoremonappartement,ilyadeuxchambres,unecuisineaméricaineunpetitséjourtrèscosy,une
salledebainsavecunesuperbaignoireetsurtoutuneterrasseavecvuesurlatourEiffel.Sidejourladamedeferestmajestueuse,quandvientlanuitelleendevientsublime,envoûtante.Quandtombelanuit,àchaquechangementd’heure,ellesepared’oretdediamantsenl’espacede
cinqminutes,unpeucommeCendrillonetsarobe.Maisencequiconcernel’emblèmedeParis,lamagiecesseàuneheuredumatin.Chaquesoir,j’aid’ailleursrendez-vousavecelleàvingt-deuxheurescinquante-cinq,c’enestmême
devenurituel.Entouréed’unplaid,jem’assoissurmonrocking-chairavecmatassedethé,jeclaquedesdoigtset
magiiiieee!!!!Quelspectaclelorsqu’ellescintille!C’estundemesmomentspréférés,lorsquejemeposeetjenepenseplusàrien…Jel’admireen
silenceetjefaislevidedansmatête.Enfinchezmoi,directiondanslasalledebains,àlarecherchedeperlesdebainetdebougies,zen
j’aienvied’êtrezen,nonj’aibesoindel’être.Parce que la liste des raisons de hurler « Mais lâchez moi bordel de merde » s’est remplie
aujourd’hui.EntreRodolphe,uncadreurrencontrésuruntournagequicaressel’espoirdememettredansson
lit,c’estclairqu’ilpeuttoujourscaresserl’espoiretsecaressertoutcourt,carilnem’intéressepas.Quim’asubmergédeSMSaussinunuchesqu’inutiles,Antoinemon ex, un avocat avec qui je suis sortie troismois et auquel je songe à redonner une
chance,maisquinecomprendpasquej’aibesoindetemps.Ledéjeuneraveclepèredemafillepourm’annoncersonéventuelchangementradicaldeviepour
devenirmédecinsansfrontièresenAfrique.Leprincipalducollègedemafilleavecquijemesuisprislatête,carellevamanquerplusd’une
semainedecours…AAAAAAAHHHHHàl’aidenon,maisoubliez-moiparpitié.Unpointpositif,jedoistrouverunpointpositifpournepascraquer.A’yé!!J’enaiun.J’annonceàmafillequejel’emmèneenAmériqueetentouteobjectivité, jela
voismalmedire:–EuhnonMamançacraint,jepréfèrequ’onrestetouteslesdeuxàParis.
Non,enfait,cequimestresseaussic’estderetourneràBostonaprèstoutessesannées.Quinzeansquejemerefuseàretournerdanscettevillequepourtantj’adore.Mesparentsetmonfrèreyviventdepuisplusdevingtans.Mes parents sont enseignants. Mon père Marc Leblanc est professeur enfin docteur en
mathématiques appliquéesau Massachusetts Institute of Technologies (le MIT)et ma mère AbigailenseignelalittératureclassiqueanglaiseàBostonUniversity.
MonfrèreWilliamdirigesapropreagenceimmobilièreàBoston,ilestmariéàDerreckuncélèbrephotographe.IlssontlesheureuxpapasdeCaméliaetEthanâgésrespectivementde8anset2ans.Jevaisdevoir,letempsdemonséjour,retournerdanslamaisonfamilialesituéedansmonancien
quartierdeDorchesterdanslecomtéduSuffolk.Jesuispartagéeentrelajoiedemontreràmafillelamerveilleusevillequ’estBoston,machambre
d’ado et une partie de ma vie, mais égalementangoissée à l’idée que la mélancolie gâche mesvacances.ÀBoston,ilyadesmorceauxdemoncœurbriséparlegrandamourdemavie…Lebainenfinprêt,j’allumedeuxbougiesetjedécidedepasseràautrechose,mission:medétendre
etmefairebellepourmasortieavecmadouceÉmilie.Ma playlist de « George Michael » pour m’accompagner et me voilà allongée dans un délicat
mélangedemousseetparfumdefleursdecerisiers.LemodealéatoiredébuteparunedesplussensuelleschansonsdeGeorge«KissingaFool»1
1Parolesenfinderoman
Lesparolesdelachansonsemblentavoirétéécritespourmoi.C’estfounon?Nousavonstouseuunjourcetteimpressionétrangeetcomplètementloufoquedepenserqu’unechansonaétéécritepournoussimplementparcequ’ellereflètebiencequel’onressentàuninstantprécisdenosvies.Souventc’estlorsd’unerupture,d’unchagrind’unetrahison,brefonlepensesouventquandona
lemoraldansleschaussettes.PutainTiph,maisqu’est-cequiteprendslà!Tun’espastristequejesache!
Je pense àBoston et voilà que certains souvenirsme reviennent commeunboomerang sauf quec’estmoiquil’ailancéetvumamaladresseilmerevientenpleincœur…nonenpleinetête.Unsouvenirmerevientenpleincœur,celuidemarencontreavecMartin,jem’ensouvienscomme
sic’étaithier…
CassisJuillet2002
Jevenaisdefêtermesvingtetunans,j’avaisquittéBoston,pourprendredureculetj’avaistrouvérefugeàCassischezmatanteCathy.Avecmoncousin,nousavionsdécidédesortirpourlafêtenationale.C’estdansunrestaurantsurle
portquenousavonsretrouvétoutesabandedepotes,parmieux,sonmeilleuramiMartinvingt-septans,unbeaublondauxyeuxverts.C’étaituncondiscipledefacdemoncousinArthurquicommemoipassaitquelquesjoursàCassis
danslarésidencesecondairedesesparents.Nousavonsdanséensembletoutelasoiréesurleport.PuisArthuretsesamisontvoulusuivreungroupedepétassesvulgairesetmochesmochesauCotton
clubuneboîtedenuitàlamodeàSaintCyrlesLecques.Martinetmoin’avionsvraimentpasenviede lesuivre,préférant resterensemblepourfaireplus
ampleconnaissance.Cesoir-là,nousavonsmarchésurleportetlaplage,assissurlesablenousnoussommesracontés
nos vies.Nous avions tellement parlé que nous n’avionsmêmepas pris le tempsd’admirer le feud’artifice,celafaisaitunmomentquejen’avaispasressentiscetteimpressiond’êtreécoutée.Pour la première fois depuis des mois, un homme m’écoutait moi, me posait des questions,
s’intéressaitàmoi.Aupetitmatin,ilm’aramenéechezmatanteetnousavonséchangénotrepremierbaiser.IlnepassaitquequelquesjoursdevacancesdansleSud.IldevaitrentrersurParispourreprendresoninternat.Sûrdesoncoupdefoudrepourmoi,Ilm’a
demandédelesuivreetdevivreaveclui.J’aiacceptéparamourpourlui,parvengeanceoutoutsimplementpardépit.
Martinétaittellementàl’opposédeDarryl,monex-fiancéquej’aieul’intimeconvictionqu’ilétaitl’hommedemavieenfinceluiqu’ilmefallait.À mes yeux, il avait tout de l’homme idéal, intelligent, sérieux, stable, rassurant, des projets
d’avenir.Interne en chirurgie cardiaque, il étudiait à l’hôpital universitaire la Pitié Salpêtrière etvivait à
Montmartre,dansunpetitappartementléguéparsagrand-mère.Aumoisd’août, j’annonçaisàmesparentsquemonbreakn’enétaitplusun, j’avaisdécidédene
plusrentreràBoston.Quelquesjoursplustard,ilsvenaientlerencontreretmeramenermesaffairesrestéeslà-bas,mes
parentsavaienteubeaucoupdumalàacceptermadécision.Ilsn’acceptaientpasquej’abandonneHarvardsurunsimplecoupdetête.Poureux,j’agissaisàcausedumarupture.Àmes yeux, j’agissais par amour, convaincue d’avoir rencontré l’homme de ma vie et que je
voulaisvivreavecluiàParis.Ilsontdésespérémenttentédemeconvaincrederentrercheznouspourquejefassemarentréeàla
facetquejepoursuivemesétudesd’enseignantedansleMassachusetts.Maisrienaumondenem’auraitfaitchangerd’avis.Biensûrmesparentssavaientbienqueplusrienn’allaitentreDarryletmoi,quenousvenionsde
déciderdefaireunbreaketdeprendrebeaucoupdereculafinderéfléchiràuneséparationdéfinitive.Jenesupportaispluscetteviedefiancéede«star»etsonlotdevautoursprêtàsejetersurnous
deuxaumoindrefauxpas.Toutd’abordlesjournalistesetleursoifdepotins.Nousétionssanscesseépiés,coursés,photographiés.Venaientensuitelesrumeursd’infidélitédeDarryl,voirsesphotosenboîtedenuitdansdesétats
lamentabless’étaleràlaunedesmagazines,unvraicauchemar.Les fans et leur comportement hostile et intrusif, pas facile de partager son amoureux avec une
hordedeharpiesluicriant«jet’aime»ou«épouse-moi».Jen’enpouvaisplusc’étaitréellementpéniblepourmoi,lacélébritédugroupeaétésisoudainesi
forteque…duhautdemesvingtetunans,jen’aisugérer.Aucundenousn’étaitvraimentpréparéàtoutcela,lesgensignorentl’impactpsychologiqued’une
célébritéfulgurante,quandtoutchangedujouraulendemain…passerd’unepersonnelambdaàidolepouradolescentesenpleineébullitionhormonale.Darryln’étaitplusceluidontj’étaistombéeamoureuse, par-dessustoutsonaddictionàl’alcoolaeu
raisondenotreamour.Jepensaisnepaslecomprendrenepaslerendreheureux,c’étaittropderaisonsdansmacolonne
«ouijelequitte».Alors...jesuispartietenterdecontinuermavieenFrance,làoùpersonnenemeconnaissait.Ici,jen’étaispasTiphlafiancéedeDarrylWallace.En septembre, j’intégrais l’ESIT (École Supérieure d’Interprètes et Traducteurs) pour être
traductriceenaudiovisuelunemanièrepourmoidenepasbriserlelienaveclesÉtats-Unis.Manouvelleviem’aspiradansuntourbillondebonnesnouvellesetdebonheur.Diplômés, fiancés,propriétaires, et futursparentsen l’espacededeuxans lavienousacomblés.
Puistrèsvitej’aidéchanté,Martinselançadansunebrillantecarrièredechirurgien,ilnevivaitquepoursonmétier.Safamilleavaitdumalaveclefaitquej’aiunemploi.Àleursyeux,jemedevaisderesteràlamaisonpourélevermafille,fairedubénévolatdansune
associationetêtrelaparfaiteépousequeleurgrandchirurgiendefilsmérite.JenemesentaispasàmaplaceparmilesprochesdeMartin,oùtoutn’estquefric,apparenceset
statutsocial.Je ne pouvais plusmementir davantage, jem’ennuyais dans cette vie qui n’était pas vraiment la
mienne, dans ce monde dans lequel il n’y a de place que pour le golf, les voitures de luxe et ladéfiscalisation.Moi simple traductrice, jedénotaisdeparmonstyledevie tropaméricain, j’étaisbeaucoup trop
enthousiaste,positive,décontractée.PeuàpeuMartinetmoinousnefaisionsplusquenouscroiserpourmieuxnousdisputer,lavieétait
devenuedétestableetinsupportablepournous.Endépitdetoutesnosconcessions…La première année fut difficile pour nous, car malgré nos différences, je pense que nous nous
aimionsencoreetpeuàpeuj’airéaliséquemeséparerdeMartinétaitpournousdeuxlameilleuresolution.J’aieupendanttroismoisunpetitamiAntoinequarante-quatreans,avocat,charmant,attentionné,
mais trop pot de colle et je dois l’avouer un peu chiant et moralisateur, un clone de Martin ensomme…tsssshhdéjàqu’aveclaversionoriginalejem’emmerdais…etpourtantjevousjure,jefaisdesefforts.Je laisse une chance aux hommes, mais en fait, je dois être trop sélective, difficile. Je chipote
toujours, il leur manque ce petit truc qui fait que je m’y attache, aucun ne me fait pas vibrer.Conclusion:jenesuispasprêtedesuccomberànouveau.Tuparlesjesuisuneplaiesurtout!!Jem’enfonceunpeuplusdansl’eauchaudeetsavonneuse,jesuisenfindétendue…AhlavoixdeGeorgeMichael…pasquesavoixd’ailleurs….– MOooommy t’es là ? hurle Émilie en claquant bruyamment la porte d’entrée, ce qui non
seulementme fais sursauter,mais a le dondem’énerver j’ai beau lui répéter denepas claquer laporte,rienn’yfait.Àchaquefois,ellefaittremblerlesmurs.–Dansmonbainmapuce!Cettefois,jeneluiferaispaslaréflexionpourlaporte,jenecomptepasgâchermonlongweek-
end.Commetouslesvendredismafillerentreducollègeàdix-septheuresprécises,affamée,épuiséeet
saouléeparsalonguesemainedecours.Maissurtoutimpatientedeparleravecmoidesesabrutisdeprofs,desescop’s,desgarçons.Bref
de sa dure vie d’ado incomprise dans ce monde d’adultes, qui n’ont jamais été jeunes et necomprennentrien.–Mommyj’aifaim,nonjemeursdefaim,j’airienmangéàlacantinetellementc’étaitdégueu?On
mangequoicesoir?Dis-moi,tucomptesmarinerlongtempsdanstonbain?– Bonjourma chérie,moi aussi je suis contente de te voir, dis-je avec une pointe d’ironie. J’ai
réservéchezPizzaPinopourvingtheurestrente.–COOOOLpourlerestomerciMommy.–Allez!Hop!Hop!Hop!Sorsdecettesalledebainsetprépare-nousdeuxchocolatschauds,dis-
jed’untonfaussementautoritaire.–Siryessir,ellemimeunsalutmilitaireenmetirantlalangue–Dehoooors!!!dis-jeencriant!Etenlançantunefleurdedouchedanssadirection.Vêtue demon peignoir et d’une serviette en turban surmes cheveux, je rejoinsma fille pour le
traditionnelgoûterdébriefingduvendredi.
Unebonneodeurdechocolatchaudmemetl’eauàlaboucheetlorsquejevoislepetitsacdemaboulangeriepréféréejesalivecarrément…Deschouquettesàlacrème!Bonetbienc’estofficiel,àmoilechallengesansascenseurceweek-endsinonlegrosculmeguette.Jem’installesurlecoin-repas,j’ouvrelesacetensorsunechouquette.–Tuaspasséunebonnejournéemapuce?dis-jeavantdel’engloutirentièrement.–Yep!Çavalaprofdemathsestencoreenmaladie,unedépression,doncj’aieudeuxheuresde
perm...Etjemesuisavancéepourlasemainecommeçajeseraidisposituveuxquenousfassionsduvéloensembledimancheoumêmecourirtiens!– Euh ma chérie désolée je… papa et moi avons déjeuné ensemble ce midi et il m’a demandé
d’échangernosweek-ends,carlasemaineprochaineilaunetrèsgrosseopération.J’espèrequeçanetecontrariepas?–Nondutoutjustequepffencemomentpasserlesweek-endsavecpapaetsanouvellecopinec’est
justenul,chiant,pascooldutout.–Jemedoutemachérie,maistudoist’yfaireetpapam’apromisquevousserezquevousdeux.–Elleneserapaslà?Tantmieux,cequ’ellem’insupportesanana!Y’aura tescopinesMarineet
Phanie?–Nonpasdesoiréescopines,cesoirnoussommesentêteàtête.–PizzaPinorienquetoietmoipouahçasentl’annonceofficielle.–Nondu tout, tu saiscombience restaurantcomptepournous, enfincomptait !EnfinbonPizza
Pinoçateva?–Super ! J’adorecetendroit, tiensonse faitunepetitesessionguitare?Çafaitunbailquenous
n’avonspasjouétouteslesdeux.–OK,jem’habilleetjevaischerchermaguitare,mercipourleschouquettesc’esttropgentildeta
part.Jesorsdelacuisineenluienvoyantunbisou,faisantsemblantdelefairevolerjusqu’àelle.Ellemeregardeenlevantlesyeuxauciel,maisl’attrapequandmême.Ce que j’aime ma fille, je la trouve tellement jolie, drôle et intelligente, elle est presque aussi
grandequemoiboncen’estpasdifficilejeculmineàunmètresoixante-cinq,elleadelongscheveuxblondsetbouclés,lesmêmesqueceuxdesonpère.Maisleplussurprenantcesontcesyeux,ilssontvertpâleaveccequej’appelledesétincelles,ellea
despointsjaunesdanssesiris,elleaunregardmagnifique.Ilssontquasimentidentiquesauxmienssaufquelesmienssontvertfoncé.Ma fille est unparfaitmélangede sonpère etmoi. Jeme rends compteque j’ai énormément de
chancedansmavie.Jesuisunetrentenaireépanouie,j’aiunjobquej’adore,trèsbienpayéquiplusest. Je vis dans un quartier sympa, je n’ai pas de soucis d’argent, pas de problèmes de santé, uneadolescente adorable, des amis en or, une vie bien remplie. Jem’ennuie rarement, je vis à cent àl’heure,onpeutdirequej’aimemavie.Àpartl’amour,ilnememanquerien.J’enfileunjeanetunsweatdeBostonUniversityquiétaitàmonfrère,c’estundeceuxqu’ilportait
lorsqu’ilyétudiait.Jeprendsmaguitarefolkquinemequittepasdepuismesquinzeansetjerejoins
mafilledansnotresalon.Émilieenjoueégalementdepuisseshuitans,l’âgeauquelj’aimoi-mêmeapprisàenjouer.Jem’installefaceàellesurunfauteuildusalon,elletermined’accordersaguitare.Elleme tend l’iPadsur lequelellea téléchargéunepartition, je tentedecachermasurpriseetde
faire taire les souvenirs qui se réveillent…La chanson qu’elle a choisieme rappelle tellement demoments,debeauxmoments…maiséveilleenmoidelamélancolie.Taisez-vous mes souvenirs je vous en supplie, rendormez-vous s’il vous plaît je me répète cette
phrasementalementplusieursfois,telunmantraetvisiblementcelafonctionne.–Standbyme?surprenantpourunefilledetonâge–Oui,maisc’estuneversionacoustique, je l’ai entendu ilyaquelques joursc’est sublimec’est
TracyChapmanquilachantec’estunpetitbijou…maisjesupposequetuconnaislapartoche.–Ouijelaconnais,OKallons-y.Ellemedemandesijeconnaistouteslesparolesetlàjepeineàretenirmeslarmes.Jehochelatête
et je commence à la jouer et à la chanter et très vite sa guitare et sa voixm’accompagnent.Nousjouonslemorceauetc’estunbeaumomentpournous.–WaouhMommyc’étaittroptopmerci.Jeluisouris,jenesaispasquoiluidire,lamagiedel’instantestbriséeparunbipbipprovenantde
montelc’estunSMSdemonfrère.William«Hellopetitesœurçava?<3»Tiphaine«Hellograndfrèrequoideneuf?»William«Mapuce,fautabsolumentquejeteparledeDarryletdugroupe»Tiphaine«NONdésoléegrand-frèretuconnais larègle, jeneveuxriensavoir…commentvont
tonmariettesenfants»William«Tufaischierc’estimportantvraimentimportant…»
Tiphaine«NON»Putain,maisqu’est-cequ’ilestlourdy’aunseulsujettaboudansmaviec’estDarryl…W«OKcomme tu voudras.Ma famille vabien et vous ça va?Jenousai dégotéune superbe
soiréesurunrooftoppourleNouvelAndèsquej’aiconfirmationjet’envoielesdétails…hâtedevousvoir»Tiphaine«Toutvabienetwaouhc’esténorme!!!Merciiiiimoiaussij’aihâtedevousvoirXoxo»
JereposemontéléphoneettransmetsàÉmilielesbisousdesononcle.–Mommy,onsefait«Boysdon’tCry»s’ilteplaît,laversiondeGrantLeePhilips–Nonmapuceilfautvraimentqu’onrépèteà«lafaveurdel’automne»jeterappellequec’estce
qu’ondoit jouerpour le repasdeThanksgivingchezJonasetLaury-Annetc’estdansunpetitpeuplusdedeuxsemaines!Chaque année depuis dix ans, je fête Thanksgiving au Debra’sDinner qui appartient à mes amis
JonasetLaury-AnnWoodlacoutumec’estdefaireunpetitspectacleoùchacunchante.CetteannéeÉmilieetmoiavonschoisicettesublimechansondeTété.Je décide de jouer les premiers accords, car Émilie a dumal à les « exécuter », donc je joue le
début,ellechantelescoupletsetmoilesrefrains.Nous jouons juste lamélodie, puis je décide qu’il est grand tempsqu’elle se prépare, elle fonce
prendresadouche.Après le traditionnel et très féminin«mais j’ai plus rien àmemettre » devant le dressing pour
décider de comment nous allons nous habiller.Et une belle séance d’essayage et un défilé privé àreléguerPrettyWomanaliasJuliaRobertsaurangdepauvredébutante.NousvoilàprêtesàprendreuntaxidirectionlesChampsElyséesoùestsituémonsecondrestaurant
parisienpréféré«PizzaPino».Mon restaurant numéro un étant le Debra’sDinner, car c’est là que se trouve l’association des
Américainsexpatriésdontjefaispartie,etsurtoutilappartientàl’unedemesamieslespluschères:Laury-Ann.Jemesensenfamilledanscepetitcoind’Amérique.Mais ce soir direction l’Italie, enfin le huitième arrondissement de Paris pour être précise. Le
Patron de cette pizzeria m’a vu évoluer de jeune étudiante à maman, il connaît Émilie depuis sanaissance.Jem’ysenstellementbienquec’estlàquej’aiannoncéàMartinmondésirdemeséparerdelui,caràlamaisonjen’enavaispaslaforce.Etc’estencoredansceslieuxquejevaisannonceràmafillequenousnousenvoleronsenfinpourBoston,pourypasserlesfêtesavecmafamille.AvecMartinetÉmile,noussommesalléschaqueannéeauxUSA,maisjamaisàBoston,jem’ysuis
toujours refusé, un jour peut-être j’expliquerai à ma famille la vraie raison de mon refus. Ils nesaventriendel’agressiondontj’aiétévictime,cellequim’abouleverséeàjamais.
Tiphaine
J’entredanslerestaurantetMassimoetsafemmeTizziananousaccueillentchaleureusement,nousregagnons«notretable»,elleestsituéeaufonddurestaurantdansunpetitcointranquille.J’adore le vendredi dans ce restaurant, car il y a toujours une animation musicale, ce sont
exclusivement des chansons en Italiens,mais j’ai toujours aimé dîner dans cette ambiance et cettesensationdevoyageimmobileestfabuleuse.Ce soir, c’est la jeuneChiaraa, la fille des propriétaires, elle chante des standards italiens et des
reprisesdechansonsdeSinatratraduitesenitalienetc’esttoujoursunplaisirdel’écouterchanter.LasublimeChiaraa,unebellegrandebruneauxyeuxnoirs,s’approchelentementdumicro.Vêtue
d’une courte robe noiremettant en valeur ses rondeurs italiennes. Son teint pâle fait ressortir sesjolieslèvrescharnuesparéesd’unsublimerouge.Ses cheveux relevés en un chignon banane lui donnent un air de chanteuse de jazz des années
cinquanteàlagrandeépoqueduRatPackdeSinatra.Dèsl’instantoùsonpèrel’annonce,lesilencesefaitdanslasalle,toussontenadmirationdevant
cettebellejeunefemme.Elledébutepar«Perderel’amore»Dèslespremièresnotesjesuistransportéedanslepassé...«perderel’amore»mélancoliedusoir
bonsoir...jemerappelledecemomentoùmoiaussij’aiperdumonamour.Qu’est-cequej’aipul’écouterenbouclecettechanson,maislaversiondeLaraFabianc’étaitilya
presqueseizeans,lorsquejesuisarrivéeenFrance.PerdereL’amore(PerdreL’amour)deMassimoRanieri
ElleenchaîneavecViaconmedePaoloConteetMassimovientprendrenotrecommande.Cesoirjedécidedemefaireplaisir,alorsjecommandedespennesauxnoixdesaint-jacquessauce
chorizo gorgonzola et ma fille des rigatonis aux quatre fromages. Je m’autorise un verre deProsecco,bahquoic’estvendredij’aieuuneduresemaineetpuisjesuisentaxiaprèstout.–Machériecommetut’endoutesj’aieffectivementquelquechoseàt’annoncer–S’ilteplaîtmaman,nemedispasquetuvasressortiravecAntoinepitié!–Quoi?Maispourquoicetteremarque?Tusaisqu’ilm’abeaucouprelancécesderniersjourset
j’avouequejesuisunpeuperdue;qu’as-tucontreAntoine?–Rien ilestbeau, intelligent,gentil,mais trop lisse tropsérieux troppoli…tropFrançais.Trop,
maispasassezquoi,tuvoiscequejeveuxdire?–Développe,jet’enprie.–Mamantoituesdifférente.Déjàavecpapatut’ennuyais,Antoinec’estlemêmequepapa.Neme
dispasquetun’aspasremarqué?–Bienjeprendsnotedetesremarques,maismoiseulepeuxdécidersij’accordeoupasunechance
àAntoine.–Neme dis pas que je vais être grande sœur !! Neme dis pas que papa l’amise en cloque la
grosse!!–Émilieunpeuderespect!NON!JevoulaisjustetedirequenouspartonstroissemainesàBoston
pourNoël.–Quoi !!! Je n’y crois pas ! Non, mais attends c’est juste génial on part quand on va dans ton
anciennemaison?Onvachezmestontons?JevaisenfinàBoston!onvavisiterquoi?Onirasurlecampusdetafac?–OH!Unequestionàlafois.Ondécollelevendredi11décembreetnousseronsderetourlemardi
cinqjanvier,tulouperaslescoursj’aiprévenutonprincipaletj’enaibienbavépourqu’ilaccepte.–Tropcooooolyesyesyes!!Papyetmamiedoiventêtreravis.–Ouiet tesonclesWilliametDerrecksontravisaussietd’ailleurs ilsessaientdevoirsionpeut
passerleNouvelAnàNewYorktouslesquatre,ilsontunepiste,maisj’attendsconfirmation.–Mescopinesvontcreverdejalousie!!!Mercimaman,dit-elleenm’envoyantunbisou.Massimolepatrondurestaurantvientpapoteravecnous.–Tiphaine,caramiatuesdeplusenplusbelle.–GraciemilleMassimo.–EtÉmiliedevientunevraiepetitefemmevafalloirverrouillerlamaison.Émiliepiqueunfardcommeàsonhabitude,maisremercieMassimoenitalien.–Jevousoffreledessertcesoirj’aifaitmoi-mêmelescannolisetjesaiscombientulesaimes.–OhMassimo,tuesunvéritableangemerci.Émilieselèvedetableets’approchedemoi,mefaisantunénormecâlin.–Jet’aimemaman.–Moiaussimachériejet’aime.Boncettesoirées’estbienpasséeavecunbonrepasavecmafille.Dansletaxiquinousramène,je
consultemesSMSj’enaiundeMartin«Bonnesoiréeentrefillesjeserailàà8hdemainjeportelepetitdéjeunerjet’embrasse».Super, je vais devoir supporter la présencedemonex, au saut du lit un samedimatin où j’avais
prévudetraînerenpyjama….Cesexalors!Ilestminuitjedécidedenepasluirépondre,d’ailleursqueluirépondre.«Oui»«ok»«ademain»oupire«bonnenuitbisous»Pourlapremièrefoisdepuisqu’elleestaucollègemafillemetientparlamainetsecolleàmoi
dansletaxiquinousramèneàlamaison.Peut-êtrequecepetitvoyageentre fillesaura lepouvoird’apaiser sesangoissesd’adolescenteet
renforcernotrelienmère-fille.Etpuisceweek-end, sonpèredoit luiparlerde sesprojets concernant sonprobableengagement
avecmédecinssansfrontières.Unefoisdansmonlit,jeprogrammemonréveilàseptheurestrentedemainmatinjeveuxêtreun
minimumprésentable.
Keepmyglassfulluntilmorninglight,‘causeI’mjustholdingonfortonightJegarderaimonverreremplijusqu’auxpremièreslueursdujour,parcequecesoir,jetienslecoup,c’esttoutHelpme,I’mholdingonfordearlife,won’tlookdownwon’topenmyeyesAidez-moi,jemecramponnedetoutesmesforces,jeneregarderaipasenpas,jen’ouvriraipaslesyeuxKeepmyglassfulluntilmorninglight,‘causeI’mjustholdingonfortonightJegarderaimonverreremplijusqu’auxpremièreslueursdujour,parcequecesoir,jetienslecoup,c’esttoutOnfortonightCesoir,jetiensSia-Chandelier
Darryl
Cesatanéavionafiniparatterrirsurl’AéroportRoissy-CharlesdeGaulle,déjàquejedétesteça,ilafalluenplusquejesubissedesturbulencesetlepirec’estquedepuisquejesuisclean,jeneprendsplus aucun psychotrope ni même alcool, il m’a fallu pratiquer de la méditation consciente pourcalmermesangoisses.Ceweek-end, nous tournons une interview pour l’émission préférée des Français « Le blues du
dimanchesoir».Nous avons choisi cette émission pour annoncer la sortiemondiale d’un double album et d’une
mini-tournéeacoustiquedans lescapitaleseuropéennes.S’ilyabienunepartieque jedétestedansmonjob,c’esttoutcequiconcernelapromotionetlesinterviews.Autantj’aimeêtresurscèneetenstudio,autantparlerdemoi…Descinq,jesuisloind’êtreleplusbeauouleplusintéressantenfinc’estmonsentimentpersonnel,
jenem’aimepasetjenecomprendspasquelesgenspuissentm’aimer.Ma carrière enfinma tentative de carrière solo a été un désastre etma vie sentimentale… enfin
sentimentaleestunbiengrandmot…estinexistantejemecontentedepasserdepétasseenpétasse.Jenem’attachepasetengénéralçadureunesemainemaxi.Mavieprivéeestunpurgâchis,unesuccessiond’échecs,dedéceptions,deregrets,saufmafille
Skylar.Elle,elleest la seulechoseque jene regretterai jamaisdansmaviemêmesiaudépartmapaternitéaétémotivéeengrandepartieparlamaladiedemonpère,àl’époquejesortaisavecPilarunmannequinespagnol.Etpourrassurermonpère,j’aidécidédem’installeravecelleetd’avoirunenfant.Ainsijedevenaiscommemesamis,unhommenormal.Etilpourraitmourirenpaix.Etpuisàtrente-sixans,ilétaittempsquejemecalme.Danslafiled’attentejeregardemes«frères»etjeréaliselachancequej’aidelesavoirdansma
vie. Nous nous connaissons depuis le jardin d’enfants, et avons traversé tellement de chosesensemble,lelycée,lesuccès,lestournées,l’argentfacile.Toujoursprésentsàmescôtés,danslesbonscommelespiresmoments.Grâceàleurssoutiens,j’ai
vaincumesaddictionsetjesuisredevenuunhommemeilleur.Loin du jeune homme sportif et sain que j’étais, je suis devenu, en l’espace d’un an un sale con
égoïsteimbudesapersonnalité,unfêtard,unjunkie.MaisputainDarrylc’estquoicedélire?Respireungrandcoupetlaisselepasséàsaplaceetvade
l’avant.Enparlantd’allerdel’avantilseraittantquej’avancedanslafile,déjàquesesformalitésd’entrée
surleterritoirefrançaissontchiantessienplusjememetsàrêvasser.Lescontrôlesdedouaneenfinpassés,nousmontonsdansunminibusdeluxeendirectiondenotre
hôtel. Il est dix heures du matin et nous sommes vendredi, les joies des embouteillages sontuniversellesc’estunecertitudeetpeuimportelepaysjedétesteça.D’aprèscequejecomprendsdesindicationsduGPSduchauffeur,ilestcertainquenousmettronsplusdedeuxheuresavantd’arriveràdestination.Génial!Ilcommencebienceséjour…Warren notre manager nous fait un rapide un topo sur notre séjour parisien, là nous partons
déposernosvalisesàl’hôtel,prendreunedouche,nouschangeretdirectionlesquaisdeSeinepourundéjeuneretvisitedeParisenbateau-mouche.Ensuitenousavonsquartierlibre.David,Christopher
et moi voulons dévaliser les boutiques de luxe des Champs Elysées. Quant à Liam et Joshua, ilsveulentvisiterlechâteaudeVersailles.Cesoir,nousnousretrouveronspourdînerdanslerestaurantduvainqueurduTopChefversionfrançaise.Letournagepourl’émissionvedetteenFrance«leBluesdudimanchesoir»débuterademainen
débutd’après-midi, toutestprévupourqu’ilsoit terminé lesoir même,afindeprofiterdurestedenotre séjour parisien. Puis lundi soir nous prendrons l’avion, destination NewYork, jeudi nousenregistrerons notre chanson pour une émission spéciale Thanksgiving. En fin de semaine jerentrerai àBostonoù jevis.Audécèsdemonpère, j’ai emménagédansunemaisonàDorchesterpourvivreprèsdemamère.Warrenatoutorganisé,visitedeMontmartre,delatourEiffeloùnousprendronslebrunch,place
duTrocadéro,lepontdesarts….PetitpassageàlaCigale,notrefuturesalledeconcert.Warren est très professionnel et surtout très respectueux de nos choix artistiques, il est notre
manager depuis un an, lorsque nous avons décidé de notre come-back. Bon le terme n’est pasréellement approprié, en fait nous revenons aux origines deDorchester Legacy, nous étions alorsauteurs/compositeurs/interprètes. Notre répertoire était plutôt pop rock. En nous reformant, nousavonsprislepartidenousautoproduirec’estunparirisquénousensommesconscients.Maisnoussommessûrsquecelapeutpayer,nouscroyonsennotretalentetsavonsquelesfansverrontau-delàdel’imagequ’ilsavaientdenousentantqueboysband.J’essaiededormirunpeu,j’allumemoniPod,placemoncasqueetsélectionnemaplaylistdeFrank
Sinatra en mode aléatoire, un jour une fille formidable m’a dit « Sinatra est le remède à tout »pendantqueTheVoicemejurequ’ilm’adanslapeaujefermelesyeuxcequimeparaîtêtreuncourtinstantetlorsquejelesouvre,noussommesarrivésàl’hôtel.Nousavonschoisid’être enchambredoublecommeaubonvieux temps,Christopherpartage sa
chambreavecJoshua,Davidavecnotremanager,etmoiindissociabledeLiam.La production de l’émissionmettra à notre disposition dès demain une suite dans laquelle nous
seronscoiffésetmaquillés,hummceque jedétesteça.Noscostumesde scènedechezArmaniontd’oresetdéjàétélivrésàl’hôteletuntailleurseraànotreserviceencasderetouches.Ilestprévuquenous fassions l’interview dans nos propres vêtements et que nous porterons nos costumes pour lemomentoùnouschanteronsenLive.
Tiphaine
Ilestonzeheuresetjerentredemapetitebaladelelongdumarchédemonquartier,j’yaifaitmescoursespourceweek-end.Lamétéoannoncedespluiesdiluviennesdèsvingt-deuxheurescequinemedérangepaslemoins
dumonde,carj’aiprévudenerienfaire.J’aiprévudebouquiner,j’aitéléchargédeuxromanssurmaliseusequej’aihâtedelire.«Takeonme» la sonneriedemon téléphoneportablemedonne lapêcheet à chaque foisqu’il
sonnej’aienviededanser.–Allo?Tiphaine?C’esttoi?Alléluia!Putain!Dis-moiquetuessurParis?–AlloJacquescommentvas-tu?dis-jeunpeusèchementàmonpatron.–OK, bonjourTiphainetuvasbien?dit-ilensurarticulant.–OuiJacquesmerci,ouijesuissurParis.Quepuis-jepourtoi?–Ariannavientdesefairerenverserparunvélib’rassurestoi,riendegrave,maiscommeelleest
enceintedetroismois,ilslagardentenobservation.Elledevaitfaireunetraductionpour«LebluesduDimanchesoir»tupeuxlaremplacers’ilteplaît?–Ouipasdesouci.Cen’estpascommesij’avaisunevietrépidantedetoutefaçon.–Super,jem’ensouviendraisquandjesigneraitonchèquedeprimedefind’année.–J’ycomptebien,bonc’estoùetàquelleheure?–Àl’hôtelCaliforniaruedeBerry,peux-tuyêtrepourquatorzeheures?Jet’envoieuntaxiàtreize
heurestrente.–Parfait,c’estnoté.–Tiphainetuesautopmerci.–J’espèrequ’Ariannaetlebébéirontbien.–T’inquiètepas,jetedonneraidesesnouvellesdèsquej’enai.–Merci,aurevoirJacques.–AurevoirTiph,etmercibeaucoup.Je raccroche, je suis un peu perturbée d’une part parce que je suis triste pour ma collègue et
j’espère sincèrement que tout ira bien et d’autre part, car ça contrecarre tous mes projets deglandouillesurlecanapé.Bonprocédonsparordre,jedoispartiràtreizeheurestrente,j’ailetempsdemedoucheretdeme
faireunpetiten-cas.Merciàmonex-marietàsavisite,grâceàluijenesuispasentenueofficielledusamedic’est-à-direœildepanda, jogginget lescheveuxrelevésenchignoninforme.Unrapidecoupd’œildansmonmiroirm’indiquequ’unetrèslégèreretouchemaquillageseranécessaire.Ouiouijesuisunenanaquidéchire!Jecroquedansunepommeetdécidedeliremesmails,j’enaiundemonpèrequimedemandemes
horairesd’avionetpourmedemanderdeluiramenerduvin,ilnesupportepluslevincalifornienetnotresicélèbrevinfrançaisesthorsdeprixenAmérique.UnmaildemonfrèrepourréglerlesdétailsdenotreséjouràNewYorkpourleNouvelAn,etjene
manque pas de lui rappeler de ne pas prévenir tout le quartier de notre venue. Je n’ai pas envie
d’avoir un comité d’accueil à l’Américaine avec une fête surprise et une grande banderole«WelcomeHome».Jevaisprendreunedouchepourmerafraîchiretchoisirmatenue.Devantmondressingj’aidumalàchoisir.J’optepourunpantalondetailleurnoir,unevestetype
smoking,unechemisevertémeraudeetdesescarpinsnoirsvernis.Jedécidedelissermescheveuxetdeleslaisser lâchés.Unedernièreretoucherougeàlèvres,unlégernuagedemonparfum,quisentbonlescerisiersenfleurs.MevoilàdansletaxiquimemènedansunepetiterueperpendiculaireauxChampsElysées,larue
deBerry.Enprenantplacesurlabanquettearrière,jeprendsconsciencequejenesaispasquellestarjevais
devoirtraduire.Bonetpuispeuimporteceseraunesurpriseaprèstout.BipbipUnSMSdemafillemefaitsourire.Émilie«SOSjesuisàbourgeoisland….Sauve-moi»Tiphaine«C’esttonkarma,;-)ton7/20enmathslasemainedernière.»Émilie«LOLnonpasLOL:-(HELP»Tiphaine«Bonweek-endmachériejet’aime»–Mademoiselle,noussommesarrivés,jevouslaissemacarte,appelez-moidèsquevousaurezfini
jevousramèneraichezvoussivouslesouhaitez.–Merciàvousàplustard.Leportiermesalue,ilm’areconnu,lagrandemajoritédesinterviewspour«lebluesdudimanche
soir»esttournéeici,c’estunétablissementdiscret,luxueuxetréputé.J’entredansl’hôtel,j’aimebeaucoupcetendroit,souventledimanchejeprendslebrunchdansleur
sublimepatio.Jemedirigeverslecomptoirduconciergequejeconnaisbien.Ah !Gabin, ce qu’il est beau, grand, sportif, les cheveux bruns légèrement longs et bouclés, de
grandsyeuxbleus…Unebouchequinedemandequ’àêtreembrassée.–BonjourMademoiselle,dit-ilensefendantd’unsourirequimedéstabilise.Toimonfilou, tusais trèsbienqueleffet tu faisaux femmes.Tuesparfaitementconscientde faire fondre leurspetitesculotteset
visiblement tu en joues et surtout tu en profites bien. Tu vas grimper les échelons aussi vite que ce que tu grimpes sur tes richesclientes…BonTiph,ressaisis-toimafille.
–BonjourjesuisTiphaineLeblancj’airendez-vousavecThomasCambrais–Vous êtes attendue dans la suite Prestige,Georges va vous y conduire, si vous avez besoin de
quoiquecesoitn’hésitezpasàmelefairesavoir.–Jevousremercie.JesuisGeorgesquiluiaussiestàtomber.Non,maiscen’estpaspossible,ilslerecrutentchezElite
leurpersonnel?Ilssonttouscanons.
Nous sommes arrivés au dernier étage. Les portes s’ouvrent un petit corridor donnant sur unegrandeportesurlaquellejetoquequatrefois.Thomasm’accueilleenmefaisantlabise.Ilal’airsoulagéetheureuxdemevoir.–OhTiphaine,jesuiscontentquecesoittoi,personnedecetteéquipedetournageneparleanglais
etc’estencorepirepourmoi…–SalutThomaspasdestressjesuislàjevaisrétablirlacommunicationentrevous.–Supermabellevientquejeteprésente.Ilssontsurlaterrasse.–Ils?dis-jeenprononçantleSpourmarquermasurprise–OuiILS.Allezviens.Jelesuis,toujourssansdemanderdequiils’agit,jemedisquesic’estlesOneDirectionmafille
va faire lamisère à sonpère…Si jamais j’ai cesquatregugussesdevantmoi, ellen’auraquedes20/20enmathshistoiredecontrecarrercemauditKarma.
Tiphaine
J’arrive sur lebalconpensantvraiment rencontrer lesOnedirectionouunautreboysbandpourmidinettesetlà…lechoc.–Tiphaine,jeteprésentelesDorchesterLegacyJe sens la terre se dérober sous mes talons, non ce n’est pas possible je rêve, non je fais un
cauchemaréveillé.Ilssont làdevantmoi,Christopher,Joshua,Liamquià l’époqueétaitmonmeilleurami,David le
beaugosseàlavoixdecrooneretDarryl.MescinqvoisinsdeDorchesterdevenusundesboysbandslespluscélèbresaumondeenfinàl’époque,plusprécisémententre1998et2002.Ces jeuneshommesque j’avaiscôtoyésdurantmonadolescenceàBostonsontàParisdevantmoi
surlaterrasse,celafaisaitquinzeansquejenelesavaispasvusréunis.Jenepeuxm’empêcherdelesdétaillerrapidement.ChristopherWilson,ungrandblondtrèsbaraquéetsonindissociablecasquettedesBostonRedSox,
quiestdevenuundesacteurslesplusbanquablesd’Hollywood.Bon,luijedoisl’avouerjel’airevuàplusieurs reprises, c’est l’acteur principal de la série de films « untildeath do us part » des filmsd’actionàlaFastandFurious,et j’aidûsouventl’interviewerenluifaisantpromettredenejamaisrévélerauxautresqu’ilm’avaitrevu.JoshuaKinglepluspetitdelabande,unmètresoixante-dix,mince,degrandsyeuxverts,désormais
lecrânerasé,unecalvitieprécocejeprésume.LiamMcCormickle plus jeune de la bande, blond, les cheveuxmi-longs et bouclés et des yeux
bleus,unvisagedechérubin.LebeauDavidMiller,undeshommes lesplusbeauxque j’ai rencontrés, typé italien,environun
mètre quatre-vingt-dix, brun, yeux marrons. Il rendait les filles hystériques, mais dont le cœur àl’époqueappartenaitàsongrandamourMaryCiotti.DarrylWallace,lui,jen’aipaslamoindreenviedem’attardersurlui,celaditjevaisdevoirmettre
marancuneetmafiertédecôté,cardetoutefaçon,jesuislàpourbosseretàl’instard’eux,jenesuispasunestar.Doncpasdecaprices,uneprofondeinspiration,puisjememordslalangue.Jeparledansmatête«labelleauxboisdormantsTiph,tessouvenirssesontpiquéssurlerouet,ils
dormentetrienneviendralesréveiller»Àprésentcesjeunesgarçonssontdevenusdeshommesayantdépassélesquaranteans.Etlesvoirdevantmoimebouleversequelquepeu.Desannées sans leurparler, sansdemanderde leursnouvelles, j’ai interdit àmesparentsetmon
frèrequiestundeleurmeilleuramidemeparlerd’eux,etdeleurparlerdemoi.Quinzeputainsd’annéesoùjen’aipasfaitdecauchemar.Oùjen’aipluspenséàcettejournée-là,
celleoùj’aicrumourir.Toutcetravaildedénietd’oubli,foutuenl’airparunconnardenvélib’quirenversemacollègue
detravail.BonjepenseàmacopineAriannaetlebébéqu’elleattendj’espèrequetoutirabienpourelle.Ilsseregardentpuisilsmeregardentl’airéthérécommes’ilsavaientvuunfantôme.
Jedécidederéagirdefaçonpositiveetgaie,d’êtremoi-même,celledeleurssouvenirs.–HiGuys!Howyoudoing?Salutlesgars,çava?–OhmyGod!Tiphaine!!DitJoshua.–Unbelievable!YOU?HERE!…ditChristopherenôtantsacasquettepoursegratterlatêteetme
gratifiantd’unclind’œilcomplice.Ilsseregardentcomplètementabasourdis,finalementLiammeprenddanssesbrasetmechuchote
qu’ilestheureuxdemevoir,bientôtJoshua,ChristopheretDavidl’imitentmeserrantdansleurbrasenmedisantcombienilssontheureuxdemevoirdepuiscetouttemps.SeulDarrylresteenretrait,lesmainssursonvisage.Je pense qu’il ne sait pas ce qu’il doit faire, persuadé que les derniersmots que j’ai prononcés
tournentenboucledanssatête.Les garçons s’approchent de lui et lui donnent des tapes amicales et le poussent vers moi, il
s’approcheenregardantlesoletquandillèveenfinlesyeuxversmoi,jevoisenfinsonvisage,ilestlivide.Illanceversmoiunsimpleregardinterrogateur,voulantcertainementsavoirs’ilpeutmeparlerou
pas.–Bonsoir Tiph, je suis très heureux de te revoir, il parle d’une voix tremblante, mais dans un
françaisimpeccable.–Tiphaine je m’appelle Tiphaine, bonsoir Darryl, lui dis-je du ton le plus neutre que je puisse
prendre.Àvoirl’expressiondesonvisage,jesensquejeviensd’anéantirlatoutepetiteparcelled’espoirqui
sommeillaitenlui.Maisaprèstoutcen’estquejustice,ilyaquinzeansilm’afaitlamêmechoseetmêmepireencore,
jamaisjen’auraispensélerevoirunjour.J’aifaittoutmonpossiblepourlerayerdemavie,demessouvenirs.J’aiessayédel’effacerdemoncœurdemamémoire.Leplusdifficilec’estmafamillequil’avécu,surtoutmonfrère,Darrylétait soncompagnondechambreà l’universitéc’estcommeçaqu’ilestentrédansmavie.Iladûrenonceràcequ’ilsoitsontémoinàsonmariage,subissantmonhorriblechantage«EcouteWilliam,soitc’estmoiquiviensàtonmariagesoitlui»etlesquatreautresaussiontsubi
lemêmebannissement.J’avaisdemandéàmesparentsd’éviterdeluiparlerdemoi,deMartin,d’Émilie.Monpèreetluipartagentlamêmepassionpourlemarathonetilscourentrégulièrementensemble.Celafaitquinzeansquepourtousjesuisdevenuecelledontonnedoitsurtoutpasparler.Enfinje
suiscellequineveutpasqu’onparled’elle.Jenesaiscommentréagir,ilmeregardedroitdanslesyeux,jelesbaisse,jenepeuxsoutenir,son
regard,sesbeauxyeuxnoirsquimefaisaientfondreàl’époqueJefinisparluitendrelamain,jeregrettedéjàcecontact,entreDarryletmoicelaatoujoursétait
épidermique.Jesensmoncœurs’emballer,etuneétrangesensationdechaleurmonterenmoiausimplecontact
desapeausurlamienne.Darrylserremamaindanslasiennerefusantdemelarendre.–Darryl,tuveuxbienmerendremamain,s’ilteplaît,luidis-jeenluilançantunregardtrèsdur.Ilme lâche lamain non sansme la caresser tendrement, esquisse un sourire, recule d’un pas et
remetsesmainsdanslespoches,têtebaissée.Warren, leur nouveaumanager se présente àmoi, il nousproposedenous installer autour de la
grandetable,pourdébuternotreréuniondetravail,l’idéalseraitquenousbouclionsletournagecesoir,maisaupirenousreprendrionsdemainenfindematinée.Chacund’entreeuxrépondraàdeuxoutroisquestionsd’ordreprivéesdefaçonindividuelle,puis
lescinqensembleencequiconcernel’annoncedelasortied’unalbumversionacoustiquecomposéde quelques-uns de leurs meilleurs titres, de reprises, plus deux chansons originales. Ils doiventannoncerunedizainededatesenEurope,dontuneàParisà«LaCigale»Je prends place entre Thomas et Warren afin de faciliter les échanges. Thomas parle très mal
l’anglais,ilnesesentpasassezàl’aiseetpuisl’Américainesttrèsdifférentdel’anglais.LesAméricainsparlentviteetarticulentpeu.Moncarnetdenotes,monsurligneuretmonstylosontprêts.Les garçons s’installent et comme toujours David à côté de Christopher, Darryl entre Liam et
Joshuacequifaitquefatalementautourd’unetableronde,ilestenfacedemoietjesaisqu’ilnevapasmelâcherduregard.Jem’adresseàWarren.–Puis-jeavoirlalistedesquestionsauxquellesilsnesouhaitentpasrépondre?dis-jeenprenantdes
notes.–Oui bien sûr pour Christopher il y a pas de sujets bannis. David ne souhaite pas parler de sa
supposéeliaisonextra-conjugaleaveclacandidatequ’ilcoachedansAmericanIdol,Liamneveutpasparlerdesasériequiafaitunflop.Joshualuivoudraitqu’oncessedeluidemanders’ilsongeàsemarier un jour.En cequi concerneDarryl onn’évoquepas l’autobiographie deGinaG, car nousessayonsd’empêchersapublicationpourcausedecalomnies.Àl’évocationdeGina,mesjambessemettentàtrembler,jemesenscommeoppressée,jesensque
jevaisavoirdumalàrespirer.Maisilfautquejemeconcentre,jenedoisrienlaisserparaître.LeregarddeDarrylcroiselemien,jeluttepourquemeslarmesnetombent,jelisdanssonregard
del’étonnementcommes’ilavaitsentimonmalaiseàl’évocationduprénomdesonex-petiteamie.Je me retourne vers Thomas, fais la traduction à voix basse et lui demande quelles sont les
questionsqu’ilsouhaiteleurposer.Thomas–Tiphaine,jepeuxteposerunequestion?Tiphaine–Thomasjesaiscequetuvasmedemander,eneffetjelesconnaisbientrèsbienmême,
nousétionsvoisins,amismêmesetc’esttout,noussommesbiend’accord?PetitdétailDarrylparleparfaitementfrançaisdoncsurveilletespropos.Bon,quellessonttesquestions?Thomasmetendlalistedesesquestions,jelestraduisenm’adressantàtoutlemonde,lesgarçons
commelemanagervalidentcertainesquestions.
Quinzeheures,toutlemondeestprêt.ToutestOK,ilfautdonccommenceràfilmerl’entretien.C’estLiamquipasseraenpremier,ils’installedanslefauteuil,unmaquilleurdel’équipefaitune
dernièreretouchependantqu’onajusteleslumières.Pourlesinterviewsenregistrées,onprocèdeainsijetraduislesquestionsposéesparlesjournalistes
etlacélébritéyréponds,jetraduis,etensuiteaumontageonprocèdeàdestoursdepasse-passe.OnentendlejournalisteposerlesquestionsenFrançaisetunacteurouuneactriceposesavoixsur
lesréponses.Jesuistoujoursprésentelejourdumontageavecmesnotes,afind’êtreleplusfidèlepossibleaux
proposdespersonnesinterviewées.Enattendantqu’ilsoitprêt,jeretournedanslagrandesalleàmanger,verslatablepourmeservir
unverred’eaufraîche,jenemesenspasvraimentàl’aise,jesuissouslechoc.EtinévitablementDarrylm’emboîtelepasetm’attrapeparlamain,unpeufortd’ailleurspuisque
sousl’impulsiondesongestejemeretourneetfaisfaceàlui.Ilposesurmoisonmagnifiqueregardnoir,unregardremplidetendresse.Iltentedecaresserma
joue,maisj’aiunincontrôlablemouvementderecul.Darryl–Tiphainejen’arrivepasàcroirequejeteretrouve,tuestoujoursaussibelle,tuesmême
encore plus belle que dans mes souvenirs, écoute je veux non j’aimerai. . . Euh il faut que nousparlionstoietmoi,jet’enprie.Pendantdesannées j’étaispersuadéequesi je levoyais jen’auraisqu’uneseuleenviec’estde le
gifler,maisforceestdeconstaterqu’aprèstoutessesannées…iln’enestrien.Jesuisirrésistiblementattiréeparluietjen’aiqu’uneseuleenviec’estdemeblottirdanssesbras
commeavant….Maisjedoisluttercontrecelaetêtreferme.Tiphaine - Je t’aiditque jenevoulaisplus jamais te revoir«plusde son,plusd’images»as-tu
oublié ?dis-je un peu trop fort, mais de façon suffisamment en colère pour qu’il comprenne lemessage.Darryl-Non,commentoublier?C’estlepiremomentdemavie!Çafaitquinzeansquejesouffre,
quinzeansquetumemanques.Iln’yapasunjouroùjenepensepasàtoi.Sontonestétonnammentcalme,presquesuppliantTiphaine–Arrête ton cinémaWallace !Cen’est ni le lieuni lemoment, toi etmoi sommesdes
professionnelsalorsagissonscommetelsletempsdecettefoutueinterviewOK?Darryl–OK,maisaprèsjeveuxquenousparlions,dit-ild’untonsec.Tiphaine-Tuveux????Alorslàc’estlepompon!Jeréprimeunrirepincé.Jesoutienssonregardet lui tourneledospourenfinmeservirungrandverred’eauquejebois
d’une traite, je l’entendsmesupplierde luiparler,mais j’aidécidédenepas répondre, jesaisquepourtantj’avaispromisdeluilaisserunechancedes’expliquer,mais…c’esttropdifficile.Ilposedélicatementsamainsurmonépauleets’approchedemonoreillepourmeparlertoutbas.Darryl-Jet’enprie,mapetiteplumelibèremoidecettecagedesilenceetd’oublidanslaquelletu
m’asenfermépendantquinzeans.Regarde-moietdisquelquechose. . . je t’enprie…Tiph?dit-il
dansunmurmure.Tiphaine–Nousn’avonsplusrienànousdiretuasbrisémavie…laisse-moi!David vient me chercher et je me dirige vers le petit salon pour débuter l’interview. Mais le
technicienmebarregentimentlechemin,ilseffectuentundernieressaison.J’entendsDavidquidemandeàDarryldesecalmer,quetoutvabiensepasser,queLiametluivont
tenterdemeparler.Benvoyons lesmecs…cela faitquinzeansquenousnesommespasvusetvousvoulezenplusplaiderpourvotre«frère»etvouscroyezquejevaismelaisseramadouer?Non,maispincez-moijerêve!Darryl-Jeveuxjustequ’ellesachequejenel’aijamaistrompée,quejeregrettemeserreurs…tule
saistoi.David–Ouijesaisbientoutça.Darryl–Jedoisluiparler,elledoitsavoirlavérité,savoircombienj’aisouffertloind’elle,àquel
pointjesuistombébas…David-Darryltuasmisdutempspourremonterlapente…calme-toionvatrouverunesolution,
laisse-luidutemps.Mais ce que j’entends juste après me prend aux tripes. Dans un sanglot étouffé, j’entends cette
phrase.Darryl–Jesuistoujoursamoureuxd’elle.J’ai le feuvert de l’ingénieurdu son, jemeparedemonplusbeau sourire et entredans lepetit
salon.Jem’installesurlefauteuilàcôtédeThomas,jefaisunpetitsignedelamainàLiam.Showtime,l’interviewdébute.
Tiphaine
Thomas–BonjourLiam,pouvez-vousme raconter comment a commencé l’aventureDorchesterLegacy.Liam – Les gars et moi étions du même quartier, Dorchester à Boston. Les quatre autres se
connaissentdepuislejardind’enfants,moijesuisunpeuplusjeunequ’eux.J’airencontréDarrylaucoursdesolfègeetnousnoussommestrèsviteliésd’amitié.Jejouedelabasseetilscherchaientunbassistepourmonterungroupe,c’étaiten1994.Audébut,nousjouionsdanslegaragedesparentsdeDarryljustepourleplaisir.Puisen1995DavidacomposéunechansonpourséduireMary,unefilledesonlycéedontilétaitamoureux.Nousluiavonschantélorsdelafêteorganiséepoursesseizeansdanslerestaurantdesonpère.Notreprestationabeaucoupplu.NousavonscommencéàêtrecélèbresàBoston,onse«produisait»pourdesanniversairesoudepetitsconcertsdansdesrestaurants.Nouscontinuionsnosétudesetpuisen1998 legrandproducteur JoëlGutierreznousa remarqués.Maiscommelamodeétaitauboysband…nousensommesdevenusun,nouschantionsetdansionspourplaireauxfilles.Thomas-Justementaveclesfillesc’étaitplusfacile?Liam–J’aitoujoursétéungrandtimide,c’estundemesplusgrandsdéfautsetc’estvraiqueçam’a
bienaidé.Thomas – En parlant de défauts pouvez-vousme citer un et une qualité pour chacun des autres
membres?Liam–Davidluiesttrèsfidèle,ilestavecsafemmedepuisplusdevingtansilestnotremodèleà
touslesquatre.Maisilestmaniaqueunevraieplaieentournée.Sisabouteilled’eaun’estpasrangéeau bon endroit, c’est le drame. Joshua est franc, mais parfois il manque de tact, il est aussi tropanxieux, lamoindrecritique, lemoindre imprévu lemetsdansdesétatspaspossibles.Christopherparadoxalement,c’est lesagede labande, toujoursdebonsconseilset sans jugements.Mais il faittrop de blagues et des fois c’est infernal, il n’est pas toujours sérieux. Et enfin Darryl sous sonapparencedemecmuscléettatouéilestextrêmementsensible,ilasurmontébiensdesépreuvesaveccourageetc’estlapersonnelaplusloyalequejeconnaisse.Jamaisiln’atrahipersonne.Thomas–Vousêtestousamisdepuisprèsdetrenteansetjamaisunedispute.Vousaveztoutstoppé
dujouraulendemainpourquoidonc?Liam – Pour des raisons personnelles, Darryl a quitté le groupe. De plus, notre dernier album
n’avaitpasrencontré lesuccèsespéréetpuisnosfansontgrandi…Nousavonsalors tousprisdeschemins différents. Certains d’entre nous sont devenus pères, et chacun a tenté ses propresexpériencesprofessionnelles.Maisnoussommesrestéstoujoursamis,toujours…Thomas-Coupez!C’estparfaitmerciLiam.Liam-Merciàvous.Liamselèvedesachaiseetsedirigeversmoi,ilmefaitsignedemeleveretdem’approcher,ce
quejefais.Ilmeserrefortdanssesbras,c’esttellementintense,ilétaitmonmeilleuramietcelaaétéuncrève-cœurdelefairesortirdemavie.Ilm’atellementmanqué.Liam-Maintenantquejet’airetrouvée,jeneveuxplusteperdre.Tum’astellementmanquéetpuis
jevaisavoirunepetitefilleellevaavoirbesoind’unemarraine.Tiphçafaisquinzeans,necrois-tupasqu’ilseraittempsde…enfintucomprendscequejeveuxdire.AccepteaumoinsdediscuteravecDarryl.
Tiphaine-J‘aibesoind’yréfléchir...Thomas–Tiphaine,onreprenddansdeuxminutes,letempsdepréparerJoshua.JehochelatêteetLiametmoirestonssurlecôtéilm’expliquequesafemmeetluiserontparents
d’unepetite fille en février et qu’il souhaite sincèrement que je sois samarraine. J’aimanqué sonmariageetlanaissancedesonfils;ilaenviequejefassepartiedesavieànouveau.Joshuas’installeàson tour…quedireàsonpropos,àpartquec’estundonJuan, iln’est jamais
restélongtempsavecunefilleleurtrouvanttoujoursdesdéfautsimpossibles.Thomas–Joshuavousêtesconsidérécommelechorégraphedugroupeàquelâgeavez-vousappris
àdanser?Joshua- J’aicommencé ladanseàquatreansà lamaisonde la jeunesseoùmamèredonnaitdes
coursdehip-hop.Thomas-Vousavezd’ailleursgagnéladernièresaisondedanseaveclesstars,avez-vousdesprojets
personnelsenrapportavecladanse?Joshua- Oui, je songe à reprendre des cours de danse et passer mon diplôme d’enseignant et
pourquoipasouvrirmapropreécoledansquelquesannées.Thomas-Onvoussentplusposé…Joshua-Oui,j’aitrouvéunsensàmavie,jesuisàunstadeoùjevispourmoietnonpourlesfans.
Le fait aussi de nous autoproduire nous a permis à tous de pouvoir enfin nous exprimerartistiquement.Thomas-JustementdanslederniernumérodeRollingStonesvotreancienmanagerJoëlGutierrez
affirme que sans lui vous seriez toujours animateurs de bar-mitzvah, et critique votre come-backsouhaitez-vousluirépondre.Joshua-Jeluidiraitjustequesic’estgrâceàluiquenoussommesdevenuscélèbresc’estaussien
partie à cause de lui que nous avons cessé de l’être, que certains d’entre nous ont fait demauvaischoix.Encequiconcernenotrecome-backjelaisserainosfansjuger.ÀsontourChristophers’installe,ilatoujourssonairdesalegosse,prêtàjouerunmauvaistour.Jesourisenrepensantàtouteslesblaguesdébilesqu’ilafaitesparlepassé.Unevraieplaiepourles
voisinsetlesprofesseurs.Auxbataillesdefarineetd’eaudanslejardindesamère,auxœufslancéssurlavoituredesesex-
copines.Thomas–VousêtesunedesvaleursmontantesduStandup,vousavezvotreémissiondecamera-
cachées, vous êtes acteur de films d’action pourquoi faire un break et reprendre l’aventureDorchesterLegacy?Christopher-Parcequej’aibesoindedéfi,l’arrêtdugroupem’alaisséuneimpressiond’inachevée.
LorsqueDarryletDavidsontvenuschezmoiàHollywoodavecleurprojetdedoublealbum,jen’aipashésitéunseulinstant.Thomas–Dans lepassévousavezétévirédeplusieurssériesetmêmed’unfilmàcausedevos
blagues, aujourd’hui vous êtes à l’affiche d’une trilogie à succès et on parlemême de vous pourjouerleméchantdanslenouveauJamesBond.Pouvez-vousnousendiredavantage?
Christopher–Eneffet,jedoispasseruncastingprochainementpourcerôle,maislaprioritérestelasortiedecetalbumetlesquelquesdatesenEurope.Thomas–OKc’estdanslaboîte!C’estautourdeDarryl.Mesjambessemettentàtrembleretjetapotemalgrémoimoncarnetavecmonstylo,Thomasquia
remarquémontroublem’arrachelestylodesmains,metapotel’épauleetmefaitunclind’œil.Thomas–Tiphaine?Çavaaller? J’ai l’impressionquec’estpluscomplexeavecDarryl, jeme
trompe?Tiphaine-Non,tunetetrompespas…çavaallert’inquiète,jesuisunepro.Darryls’avanceversnousillanceunregardnoiràThomasquiselèveetnouslaisseseuls.Merci
Thomasc’estsupergentildem’abandonnermec!Il s’agenouille à ma hauteur, pose ses mains sur les accoudoirs de mon fauteuil et dit dans un
françaisimpeccable.Darryl–Sic’esttropcompliquépourtoi,jepeuxrépondreenfrançais?Jeneveuxpasquetusois
malàcausedemoiTiphaine-MerciDarryl,maisçavaaller.Ilmesouritetdéposeunbaisersurmonfront,wôw,maisilm’afaitquoilà?Putainjenel’aipas
vuvenir.Ilmelancesonpetitregardquejeconnaistant,ceregarddesalegossequidit«désoléc’estplus
fortquemoi»etparts’installersursachaise.Thomasmerejointetmefaitunsourirehypocrite.Toimongaillard,tuvasmelepayer.Thomas-Darryl,vousavezétélepremieràquitterlegroupepourquoi?Darryl – Des cinq, je suis celui qui a subi de façon la plus néfaste l’influence de notre ancien
producteur je lui obéissais aveuglement. Nous sommes devenues célèbres d’un coup ; c’est assezperturbant psychologiquement. Tout çam’estmonté à la tête et je suis devenu arrogant et égoïste.Noussortionsbeaucoup,trop,jedirai.Pourassurerlesrépétitions,mesentraînementssportifsetmescoursàlafac.Ilmarqueunecourtepause,lèvelesyeuxaucieletprenduneprofondeinspiration.Darryl-J’aicommencéàconsommerdeladrogueetàfréquenterdemauvaisespersonnesàcause
decelaj’aiperdubeaucoup:laconfiancedemafamilleetcelledesgars.Etpuisj’aisurtoutperdumafiancée.Darryl a les larmes aux yeux etmoi je tente de rester pro, de traduire à Thomas sans quemes
émotionsprennentlepas.Thomas lui fait signe afin de savoir, si ça va, s’il veut marquer une pause. Il secoue la tête et
continue.–Dujouraulendemain,jen’avaisplusrien.J’aisombrédanslesexcès:sexe,alcooletdrogues.Et
j’aitentédemettrefinàmesjours.J’aiétéhospitaliséauCanadapouréviterquelesjournalistessedéchaînentetharcèlentmafamille.Puisonaprécipitélaséparationdugroupe.Thomas–Peut-onparlerdedescentesauxenfers?Ilhochelatête.Darryl–Sanslevouloir,jemesuisretrouvéseul,mavieétaitdésastreuse.J’aitentéunecarrièreen
solo. Ce fut un échec aussi bien personnel que professionnellement parlant. J’ai vécu des annéesdifficiles.Thomas-Aujourd’huivousêtesclean,unpapacélibataireattentionnéetvousavezmêmefondéune
associationpourvenirenaideauxartistesdépendants.Àquoicechangementest-ildû?Darryl–Uneprisedeconsciencelejouroùmonpèreest tombégravementmalade.Pendantcinq
ans,ils’estbattucontrelecancer,jemedevaisd’êtreàsescôtés.Jeluiaifaitplusieurspromesses,entreautrescelledeneplusjamaisledécevoir.Alorsjemesuiscalmé,j’aireprismavieenmainjesuisdevenuepèreetmêmesijesuisséparédelamèredemafille,j’enailagarde.Ilapuassisteràmarenaissance,ilestdécédéilyatroismoisetcetalbumluiestenpartiedédié.Thomas–Justementparlez-moidecetalbumenquelquesmots?Jesaisquevotrepremiertitreest
unereprisede«Forever»votrepremiertube,unmorceauguitare-voixquevousjouezvous-même.Darryl:C’estunretourauxsources,nousnerenionspaslapériodeboysbands,maisnousvoulions
redonnerunnouveau souffle ànos chansons endevenant lesproducteursde cedouble album. J’aimêmeécritetcomposéuntitre«Cherryblossoms»ilyadesreprisesenversionacoustiquedenosplusgrandssuccèsetchacund’entrenousachoisiunechansonsymboliqueàsesyeux.Thomas:Quelleestvotrechanson?Etpourquoi?Darryl–MorethanwordsdugroupeExtreme,parcequec’estlapremièrechansonquej’aichantée
àmafiancéepourluifairecomprendrequ’ilfallaitqu’elleacceptedesortiravecmoi.Thomas–Onpeutdoncdireadieuauboysbandquifaisaithurlerlesfilles?Darryl-Ouietnon,ilfaudravenirvoirleshow…Thomas–c’estbonpourDarryl…onfaitunepauseclope !Disonsquinzeàvingtminuteseton
reprend.Les techniciens,Thomas,Joshua,LiametChristopherdescendent fumer,cequi faitqu’ilne reste
queDavid,Darryl,etmoidanslasuite.DavidetDarrylsontretournésdanslagrandepièceetdiscutentautourd’unverre.
Tiphaine
Je resteun instantprostréedansmonfauteuil, sonnéepar l’annoncedudécèsdesonpère,desesproblèmesd’addictionsetdesatentativedesuicide.Jedécidedemeleverpourallerluiparler,luidireàquelpointjesuistristepourDanielsonpapa,
unhommeformidable.Ilmeserredanssesbras,nousrestonscollésl’unàl’autresansparler,retenantnoslarmes.Jelui
disàquelpointjel’aimaisetsurtoutcombienill’aimaitetétaitfierdelui.Ilmecaresselescheveux,nous sommes joue contre joue, son nez descend pour se caler dans le creux dema nuque, ce quidéclencheenmoiuneondedefrissons.Ilmeserredeplusenpluscontreluietj’avouequej’aimecela,seslèvreseffleurantmoncou,son
nezquis’ypromène…hummjeluttepournepaslaisseréchapperunpetitsoupir.Jesaisquenoussommesseulsdanslapièce,carj’aivuDavidsortirtéléphonersurlebalcon.Samaindescend le longdemondospour se poser tendrement juste au-dessusdema cambrure,
m’attiranttellementprèsdeluiquejepeuxsentirsondésirpourmoi,ilestvraimentàl’étroitdanssonpantalon.Malgrémoi,jerougisàcetteidée.Jedoisadmettrequejesuisflattéedeprovoquerunteleffetsurlui,mêmequinzeansaprès.Jesensqu’ilrespiremonparfum,jel’entendsdéglutir,ilsedétachedemoi,ilsembletroublé,mefixantintensémentavecsesbeauxyeuxnoirs.OhmonDieuquesonregardm’amanqué!Darryl -Tuas toujours lemêmeparfum!dit-ildansunsoupir tout justeaudible.Cettedélicieuse
odeur de cerisiers en fleurs. L’espace d’un instant, je suis retourné vingt ans en arrière àBoston,lorsquenousétionsheureuxtoietmoi.Tiphainejen’aijamaiscesséde…Je luiplaqueundoigt sur sabouchepour lui fairecomprendrequ’ildoit se taire, je saisbience
qu’ilvamedire,mais jen’aipas la forcede l’entendre. Je suiscomplètementchambouléepar sesretrouvailles,jen’avaisvraimentpasbesoind’unteltsunamidansmavie,enfinpasmaintenantetdecettefaçon.Tiphaine–ChuuutttDarryl,nedispascela,nedispasdeschosesquetunepensespas.Ilmeprendànouveaudanssesbras,meserrantfortcontre lui,maiscettefois-cisonétreinteest
différente,cen’estpascelled’unamiquiconsole.Samaincaressema joue, je sens sa respirations’accélérer,quantàmoi, jesensbienquemoncœurvamelâcher.Moncerveauaussicommenceàafficherdessignesdefaiblesse, ilestpasséenmodeavionjepense,car j’éprouvedesdifficultésàrésisteràsoncharme.Ilapprocheseslèvressiprèsdemonoreillequ’ill’embrassepresque.Samaindescendlelongdemondospourseposerjusteau-dessusdemacambrure,ilmepressesi
prèsdeluiquejesens…qu’ilestàl’étroitdansSSSSsIlmeserredeplusenpluscontreluietj’avouequej’aimeça,seslèvreseffleurantmoncou,son
nezquis’ypromène…hummje luttepournepas laisseréchapperunpetitsoupir, jesaisquenoussommesseuls,j’aivuDavidsortiravecsonportablesurlebalcon.Ilmeserredeplusenpluscontreluietj’avouequej’aimeça,seslèvreseffleurantmoncou,son
nezquis’ypromène…hummje luttepournepas laisseréchapperunpetitsoupir, jesaisquenoussommesseuls,j’aivuDavidsortiravecsonportablesurlebalcon.Ilmeserredeplusenpluscontreluietj’avouequej’aimeça,seslèvreseffleurantmoncou,sonnezquis’ypromène…hummjeluttepournepaslaisseréchapperunpetitsoupir,jesaisquenoussommesseuls,j’aivuDavidsortiravecsonportablesurlebalcon.Ilmeserredeplusenpluscontreluietj’avouequej’aimeça,seslèvres
effleurantmoncou,sonnezquis’ypromène…hummjeluttepournepaslaisseréchapperunpetitsoupir,jesaisquenoussommesseuls,j’aivuDavidsortiravecsonportablesurlebalcon.Ilmeserredeplus enplus contre lui et j’avoueque j’aimeça, ses lèvres effleurantmoncou, sonnezqui s’ypromène…hummjeluttepournepaslaisseréchapperunpetitsoupir,jesaisquenoussommesseuls,j’aivuDavidsortiravecsonportablesurlebalcon.escheveux,noussommesjouecontrejoue,sonnezdescendpoursecalerdanslecreuxdemanuque,cequidéclencheenmoiuneondedefrissons.Ilmeserredeplusenpluscontreluietj’avouequej’aimeça,seslèvreseffleurantmoncou,son
nezquis’ypromène…hummje luttepournepas laisseréchapperunpetitsoupir, jesaisquenoussommesseuls,j’aivuDavidsortiravecsonportablesurlebalcon.Samaindescendlelongdemondospourseposerjusteau-dessusdemacambrure,ilmepressesi
prèsdeluiquejesens…qu’ilestàl’étroitdanssonpantalonetmalgrémoijerougisàcetteidée.Etj’avouequandmêmeque jesuis raviede toujoursprovoquerun teleffet sur lui,mêmequinzeansaprès. Je sensqu’il respiremonparfum ; je le sensdéglutir, il se détachedemoi et troublé ilmeregardeintensémentavecsesbeauxyeuxnoirs.OhmonDieucequesonregardm’amanquéDarryl–Tuastoujourslemêmeparfum,cedélicatparfumdecerisierenfleurs,l’espaced’uninstantjeme
suisretrouvévingtansenarrièreàBoston,quandj’étaisheureux,avec toi.Tiphaine jen’ai jamaiscesséde…Jeluiplaqueundemesdoigtssursaboucheluisignifiantdesetaire.Tiphaine–ChuuuttttnonDarryl,nonnedispasça…Nedispasdeschosesquetunepensespas.Ilmeserreànouveaudanssesbrasmaisdifféremment,pascommeunamique l’onconsole.Sa
maincaressemajoue,jesenssarespirations’accéléreretmoijesensquemoncœurvamelâcher,ainsiquetouterésistanceàsoncharme.Ilapprocheseslèvressiprèsdemonoreillequ’ill’embrassepresqueDarryl–OhTiphainetum’astellementmanqué,jet’enprie,accepteaumoinsdemeparler…de
reparlerauxgarss’ilteplaît,laisse-moiaumoinsunechancedem’expliquerdetoutt’expliquer.Je suis troublée par ce magnétisme qu’il dégage et le désir qu’il fait monter en moi…je ne
comprends plus, rien, je ne maîtrise plus rien du tout « Houston on a un problème » ! Je suiscomplètementpaniquée,déboussolée,envoûtéeparlui.Conscientedemestorts,jedécidedemettrefinàdesannéesdesilence.JehochelatêteenetmurmureOK.–Merci,dit-ildansunsoufflepresqueinaudible.
DavidnousrejointilpousseDarryletmeserredanssesbras.David–Heymoiaussijeveuxuncâlin!Bonlesgarsécoutez,Liamm’aenvoyéunmessagepour
dire qu’ils vont remonter, asseyons-nous et buvons un verre l’air de rien ça évitera des questionsdébiles.Nous nous asseyons autour de la table et Darryl me sert du jus de fruits, nous mangeons les
macaronsquinousfontdel’œildepuisunmomentettentonsdeprendreunairdétaché,enattendantquel’équipedetournageremonte.David–AufaitTiph!J’aieuMaryautéléphoneellet’embrasse.
Tiphaine–Ohmerci,ahmapetiteMarycommentva-t-elle?David–Bienelleétaitravied’avoirdetesnouvelles.Pourquoinedîneraistupasavecnouscesoir
onseraconteranosviesetonl’appellera.Tiphaine –Désoléemais je ne peux pas… j’ai déjà des projets pour ce soir et à vrai dire je ne
devaismêmepasêtrelàavecvousc’estmacollègueAriannaquidevaitassurerlatraduction.David–Alorsc’estledestin,annuletondîner,tudînesavecqui?Tonmari?D’abordes-tumariée?
As-tudesenfants?TuvisprèsdelatourEiffel?Tiphaine–Bon,uneréponseàlafois,jedîneavecunamiAntoinebonjeneleurdispasquec’est
monexjepréfèrelaisserplanerledoute,nonjenesuispasmariée…tusaisbienpourquoi,j’aifaitunepromesseunjouretmalgrétoutjel’aitenu,etj’aiunefilleÉmilieellea14anset…Darryl–C’estvraitunet’esjamaismariée?Mecoupe-t-il,surpris.Jelefixedroitdanslesyeuxenespérantdufondducœurqueluiaussiaittenusapromesse?Tiphaine–Nonjamaisettoi?Darryl–Jamais,Tiphaine,jamais,commentaurais-jepu…Iln’yajamaiseuquetoidansmoncœur.
Tusaistonamipeutdîneravecnoussituveux,jet’enprie,nouspartonslundisoir,dîneavecnous.BipbipunSMSarrivesurmonportable.Antoine«Salutbeautéalorsonserejointoùcesoir?J’aihâtebisous»Jelèvelesyeuxauciel,brrrcequ’ilpeutêtrepotdecollejedécidederépondre.Tiphaine«Jesuisàl’hôtelCaliforniapourleboulotviensmechercherpourvingtheuresquinze»David–AlorsTiphainetudînesavecnouscesoir?Tiphaine- Pas ce soir, demain… si seulement j’avais su grrrrr décidément tout va de travers
aujourd’hui.David–Danscecastupasseslajournéeavecnouss’il teplaît…detoutes lesfaçonsle tournage
risquedes’éternisersijamaisnousymettonsdelamauvaisevolonté.Tiphaine –Vous ne feriez pas ça ? Si…vous en seriez bien capables.Oui promis je passerai la
journéeavecvousdemain.Darryl-Superalorsnousallonsfaireensortedebouclerletournagedanslestemps.Le reste de l’équipe remonte et telle une fourmilière tout se remet en route, les retouches
maquillages,leslumières.Thomasmeprendenaparté.Thomas–Dis-moimajolie,d’aprèscequeLiamm’aditvousétiezvraimenttrèsprochesDarrylet
toi…plusquetumel’asdit.Tiphaine–Thomnejouepasaujournalistefouille-merdes’ilteplaît.OuijesuissortieavecDarryl
pendantsixans,ças’esttrèsmalfinietjeneveuxplusypenser.Maintenanttuasencoredeuxheurestrentemaxipourfinirtoninterview.Les gars font un rapide bilan avec leur manager, il est dix-huit heures et ils veulent arrêter le
tournagesipossibleàvingtheures.IlresteDavidàinterviewerpuisilsvontchanterunechansonetannoncerleurdateàParis.
Davids’installesurlefauteuilc’estdésormaisàsontourderépondreauxquestionsdeThomas.T – À l’arrêt du groupe, vous n’avez jamais quitté les projecteurs, vous avez joué dans les
MisérablesàBroadway,puisquatreansdeconcertàLasVegasetaujourd’huivousêtescoachàTheVoice.Pourquoiprendrelerisquedereformerlegroupe?D – Je vous arrête, le groupe ne s’est jamais séparé réellement. Darryl nous a provisoirement
quittéscommevouslesavezdésormais.Nousavonsdécidédenepluscontinuerlegroupesanslui.Cela dit, il est important quevous sachiezque jamais nousnous sommesbrouillés.Dans le privé,nousn’avons jamaiscessédechanterensemble.DarrylamêmefaitquelquesdatesavecmoiàLasVegas.J’aisimplementeuenviedechanterànouveausurscèneaveclegroupeaucomplet.T – Votre vie privée comme votre carrière sont exemplaire un conseil à donner à la jeune
génération?D–Jesuis fidèleàmoi-même jen’oubliepasque jesuis le filsd’unpasteuretd’unesecrétaire.
J’essaiederestersimple,jefaismespropreschoixetnemelaissejamaisinfluencer.MafemmeMaryestmonplusgrandsoutien,malgrélesrumeurs,elleesttoujoursàmescôtésdepuisplusdevingtans.Alorsmonconseilestdenepastomberdanslesexcès,n’écouterquesaconscience,savoirdireNONetsurtouts’entourerdesbonnespersonnes.T–Produirel’albumetlatournéevous-mêmeestungrandrisquefinanciern’avez-vouspaspeur
del’échec?Detoutperdre?D–Unjouruneamiem’aenseignéunemaximefrançaise.Nevousmoquezpasdemonaccent«À
vaincresanspérilsontriomphesansgloire»…doncnousespéronsquenosfansserontaurendez-vous.Enattendant,nousvousoffronsuntitreenlive.Lacaméracessedefilmer,letempsquelestechniciensinstallentchaisesetmicros.Lesgars se regroupentetdiscutent avecWarren, ladiscussion sembleunpeuaniméed’après les
bribesquej’entendsilshésitentencoreentre«ForEver»et«girlnextdoor»MaisDarrylinsisteetjecomprendsqueWarrenn’estpasd’accord,alorsilsvotentàmainlevée.Lescheckde lamainqu’ilsse fontsignifientqu’unaccordest trouvé, ilsvontdans lepetit salon
poursechanger.Waouhcommeilssontbeauxdansleurscostumesnoirs.
Warrennousannoncequec’est«Boysdon’tCry»quelesDorchesterLegacyvontchanter.J’aidumalàcroirequ’hierj’aiprécisémentrefusédejouercettechansonavecmafille,elleestun
symbolefortpourmoi,lapremièrefoisqueDarrylm’aentendujoueretchanterc’étaitcetitre-là…etsoudainlaphrase«iln’yapasdehasards,quedesrendez-vous»prendsoudaintoutsonsens.JecomprendsalorsquejedoisvraimentavoirunediscussionavecDarryletparlerdecequ’ils’est
passéilyaquinzeans.
WhenyousaidyourlastgoodbyeQuandtuasprononcétondernieraurevoirIdiedalittlebitinsideJesuisunpeumortàl’intérieurIlayintearsinbedallnightJem’allongeenpleurstoutelanuitAlonewithoutyoubymysideSeulsanstoiàmescôtés
ButIfyoulovedmeMaissitum’aimaisWhydidyouleaveme?Pourquoim’as-tuquitté?
Kodaline.
Darryl
Cette journée àParis a été tout simplementgéniale, lesgars etmoinousnous sommesvraimentrégalés, nous avons pris des tonnes de photos que nousmettrons dès notre retour sur les réseauxsociaux,nousavonschoisi laplusgrandediscrétionafinderesterconcentrésetdecréerunevraiesurprise.Avant de nous coucher les garçons etmoi décidons de chanter la chanson qui sera le deuxième
singledenotrealbum,elles’appelleCherryBlossoms(fleursdecerisiers)jel’aiécriteilyaquinzeansetjamaispersonnenel’avaitentendu,avantnotredécisiondereformerlegroupe.Cettechansonest trèspersonnelle,elleestadresséeàcellequiamesyeuxestmonseuletunique
amouretj’espèrequ’unjourellel’écoutera…Ilestquatorzeheuresnoussommesmaquillésetcoiffés.Jemeregardedanslemiroiretn’aimepas
l’imagequ’ilreflète, jenem’aimepas,jenemetrouvepasbeauetjamaisjenemesuissentibeaud’ailleurs.Jamais?Nonjemens,avecellejemesentaisbeau,àsesyeuxjel’étais…avecTiphainetoutétait
différent,toutétaittellementplusintense.Elleaembellimavie!Avantellemaviec’étaitcommedanslefilmlemagiciend’Ozquedunoiret
blanc.Etavecsonentréedansmavie,lescouleurssesontmisesàl’illumineretlarendreplusbelle.Elleétaitmonpaysd’Oz.TelleDorothy,elleadébarquédansmavietelleunetornadebalayanttoutsursonpassage.Saufque
Tiphaine,elleabalayé,mesdoutesetmespeines,toutcequ’ilyavaitdemauvais.Maisavecsondépartj’enaiétéchasséettoutestredevenusombre.Je pense à elle, car jesuis certain qu’elle vit ici… j’ai vu une photo sur le réfrigérateur chez
William.UnephotodeCaméliama filleuleetd’une jeune fillequi ressemblebeaucoupàTiphainedevantlatourEiffel.BonjedoispasserenmodeShowTime!ThomasCambrais,lejournalistefrançaisestlàetilm’al’airtrèsantipathiqueetcondescendant.D’accord c’est une véritable star en France, ses interviews sont très réputées et prisées par les
vedettesparcequ’ilesttrèsproetrespectueux,cen’estpasunefouine.Cela dit, je ne l’aimepas et je ne vais pas chercher de raisons, je ne l’aimepas c’est tout.C’est
physique.Jen’aimepasnonpluslafaçondontils’adresseauxtechniciens.Aussiai-jedemandéaugroupedenepasrévélerquejeparlelefrançaiscouramment,jesaisqu’il
parletrèspeuettrèsmall’anglais,d’ailleursnousattendonslatraductrice.Thomasestvenunousdireenfin«baragouiner»quecettetraductriceestdansl’ascenseuretseralà
d’iciunepetiteminute.Noussommesregroupéssurlaterrasseaveclemanagerpourréglerlesderniersdétails.Nousne
sommestoujourspasd’accordsurlachanson,Warrenpensequenousdevonschanter«ForEver»notreplusgrandtube,Chrisetmoi«Girlnextdoor»Davidveutchanter«Everythingforme»sapremière chanson et Liam lui… il s’en moque tout ce qu’il veut c’est en finir au plus vite pourpouvoirmangerlesmacaronsLaduréeprévuspourlapause.
J’ai le dos tourné,mais au son d’un prénomdes frissons parcourentmon corps, je suis commepétrifié.–TiphainejeteprésentelesDorchesterLegacyTiphaine ?Ai-je bien entendu, non ce n’est pas réel cela ne peut pas être elle et pourtant ce serait tellementmerveilleux de la
revoir…
Elles’approcheetl’instantquisuitestétrangenoussommestousbouchebée,choquésmême.Nousnousdévisageonstous,carnousavonsdumalàcroirequenoussommesvraimentensemble
surcetteterrassed’hôtel.Jelaregarde,elleestencoreplusbellequedansmessouvenirs,ladernièrefoisquejel’aivuc’était
dans un petit salon de l’aéroport deBoston, elle était en larmes et elleme quittait, pensant que jel’avaistrompé…àl’époquenousnecomprenionspluselleetmoi.Nousnousétionsséparésdeuxfoispuisnousnoussommesremisensembletentantdefairedurernotrecouple.Maislesdisputesétaientfréquentes, il fautdireque j’avaisunsalecaractèreque jeme lapétaisetque l’alcoolmebouffait.Quelavieétaitdevenuedifficilepourelleentresesétudes,notreviedecouple,lesfans.«Mapetiteplume»c’estainsiquejel’aitoujoursappeléeestlàdevantmoi.Etàprésent,c’estune
femme et quelle femme, bon sang ce qu’elle est désirable !Elle n’a quasiment pas changé. Sasilhouetteesttoujoursaussiharmonieuse,maisavecdésormaisquelquesformesplusféminines,unebelle poitrine généreuse que je devine sous sa veste de tailleur, de jolies hanches, des fesses bienrebondiesetgrâceàsesjolistalonsetsatenue,elleal’airplusgrande.Sescheveuxsontdésormaisnoirsetlissés,maisilssonttoujoursaussilongs.Ses grands yeux verts en amandes ont toujours ces petits éclats jaunes juste au-dessus de ses
pupilles.Maiscequiattireleplusmonregardc’estsajoliepetiteboucheparéed’unjolirougebienmat,je
remarquedesuitesonmalaiseàlafaçonqu’elleadesetordrelalèvreinférieureetdelamordre,çasignifiequ’elleeststressée.Qu’est-cequej’aipulamordillercettebouche…
Ces quelques secondes de blanc me semblent durer une éternité et j’avoue que je suis dansl’incertitudecommentva-t-elleréagir,est-cequ’ellevam’ignorer?Tiphaine-HiGuys!Howyoudoing?Salutlesgars,çava?JereconnaisbienlàmaTiphaineetsafacultéderestersouriante,quellequesoitlasituation.–OhmyGod!Tiphaine!!ditJoshuaenregardantdansmadirection–Unbelievable!YOU?HERE!…ditChristopherenôtantsacasquettepoursegratterlatêteNous nous regardons ne sachant que faire, finalementLiam la prend dans ses bras et lui fait un
énormecâlin.Jel’entendsluimurmurercombienelleluiamanquéentrecesdeux-làilyatoujourseuuneamitié
trèsforte…unesortedelienfraternel.Joshua,ChristopheretDavidlaprennenttouràtourdansleurbras,lesretrouvaillesentreeuxsont
chaleureuses.Quantàmoi,jeresteenretrait,jemecachelevisagenesachantquelleattitudeadopter.Lesderniersmotsqu’elleaprononcéssontunleitmotivdansmatêteetàchaquefoisquejepenseà
elle,jelesentendsetj’ail’impressionqu’onpoignardemoncœur.
Lesgarçonsreviennentversmoimedonnantdestapesamicalesetmepoussentverselle.Jelanceverselleunsimpleregardinterrogateur.Elles’avanceenfinversmoileregardtrèsfroid.–BonsoirTiph,jesuistrèsheureuxdeterevoir.–Bonsoir,ellemedemandesèchementdel’appelerTiphaineetpuisellememépriseenm’appelant
parmonprénom.Sontontrèsimpersonnelmeglacelesang,biensûrquejenem’attendaispasàcequ’ellemesaute
aucou,mais…J’espéraisqu’aveclesannées,elleauraitmoinsdehaineàmonencontreoudumoinsquecelle-cise
seraitatténuée.Ellemetendlamain,anéantissanttoutespoirdelaserrerànouveaudansmesbras.Jeluiserrelamain,maislagardedanslamienne,jeleregardedanslesyeuxjeveuxjusteluifaire
comprendrequejesuislàetquejenevaispaslalaisserm’échapper.–Darryl,tuveuxbienmerendremamain,s’ilteplaît.Avantdeluirendresamainjelaluicaresseetprofitedel’occasiond’uncontactphysiqueavecelle.
À cet instant jeme sens très à l’étroit dansmon jean et les souvenirs denos étreintes passionnéesenvahissentmonesprit.Warrennousproposedes’installerautourdelagrandetable,pourdébuternotreréuniondetravail,
ilsouhaitevraimentbouclerletournagecesoir.Nousavonsdécidéd’unscénariopourl’entrevue,chacund’entrenousrépondraindividuellementà
deuxoutroisquestionsd’ordreprivées.Puisensemble,nousannonceronslasortiedenotredoublealbum,ainsiqu’unedizainededatesen
EuropedontuneàParisà«LaCigale».Jesuisfaceàelle,BonDieucequejelatrouvebelleetdésirable…siseulementjepouvaisrevenir
enarrièreetréparermeserreurs.Jedonneraitoutcequejepossèdepourlareconquérir,pourqu’ellereviennedansmavie,qu’elle
m’aimeànouveau,carmoijen’aijamaiscessédel’aimer.Pasunjoursanspenseràelleetmêmesiaveclesautresnousn’avonsplusjamaiseudesnouvelles
d’elle.Ellefaitpartiedemoi,elleestgravéeàjamaisdansmachairetàplusieursendroitsmême…jeme
demandesimoiaussi jesuis toujoursgravésursapeau,maisdansunélande lucidité jemedoutebienqu’elleadûfaireeffacersontatouage.Trèshonnêtement,j’aienviedetoutenvoyerchier,audiablecettefoutueentrevuedemerde!Tout
cequicompteàprésentc’estELLE,Tiphainelaseulefemmequejen’aijamaisaimée.Jesuisdanstousmesétats,jepassepartouteslesémotionspossibles.Maispar-dessustout,j’aiune
irrépressibleenviedelaprendredansmesbrasetdeluiavouerquejen’aijamaiscessédel’aimer.Jenecessedel’observercherchantlemoindresignequimepermettraitdetenterdeluiparleravant
queceputaindecirquesemetteenroute.Elles’éclipsepourboireunverred’eau,rienàperdrejelasuisetjedoisluiparler.
Surcepoint-lànonplusellen’apaschangé,toujoursaussiobstinée,ellerefuse,medemandedelalaissertranquille.Aussi j’insiste très lourdement, trop même, et David est obligé d’intervenir pour que je laisse
tranquille;m’assurantqu’ilstenterontdelaconvaincredesecalmeretdediscuter.Ilm’expliquequ’elleestcommenoussous lechoc,qu’il fautqu’elledigèreetqu’ila foienson
intelligence.Jeretiensdifficilementmeslarmesetluiditcedontilsedoute,jel’aimetoujours.LesgarspassentàtourderôleetlagrandecomplicitéentreTiphaineeteuxseressent,ceseraun
beau moment de télé, certes le mérite sera pour Thomas, mais j’ai espoir qu’elle aura envie derenoueraveclegroupe.C’estàmontourdem’asseoirsurlemythiquefauteuilVoltairerouge.Jelaregardeetlavoismassacrersoncarnetavecsonstylo,Thomasluiarrachelestylodesmains,
etluiparleàl’oreille,jedoisavouerquejesuisjalouxàencrever.Jem’avanceverseuxetm’agenouilleàsahauteur,jeposemesmainssurlesaccoudoirsdufauteuil,
enfaitjemerendscomptequejel’encercleetqu’ellenepeutm’échapper,j’aiconsciencequec’estunpeurisqué,maispeuimporte.JedévisageThomasquicomprendqu’ildoitnouslaisserseuls.J’hésiteuninstantavantdem’adresseràelle,choisissantaumieuxmesmotspuisfinisparluidire
enfrançais,maisd’unevoixunpeutremblante.–Sic’esttropcompliquépourtoi,jepeuxessayerdeparlerfrançais?Jeneveuxpasquetusoismal
àcausedemoi.Tiphaine-MerciDarryl,maisçavaaller.Jenesaispaspourquoijel’embrassesurlefront,ellerestesansvoix…mejetantunregardtrèsdur,
maisjem’enmoque,jelaconnaisetjesaisquejeviensdeladéstabiliser.JesorsdelapiècepourallerchercherThomasquimetoisedefaçonarrogante,d’unseulregardje
luifaiscomprendreques’ilmechercheilvametrouver.D’unsignedelatête,jedésignesonsiège,chacundenousprendplaceetl’interviewcommence.Jen’aipasréellementenviedeparlerdemoi,demonpassé,car jesaisquec’estàcausedemes
erreursquejel’aiperdue.Néanmoinsjeveuxqu’ellesache,qu’ellecomprennequetoutlemalquej’aipuluifairecen’était
pas intentionnel, je n’étais plus moi. L’ambition, la drogue et l’alcool m’ont transformé en unepersonnearrogante,égoïsteetviolente.Jerépondsavecsincéritéàtouteslesquestionsjefaismêmeunaveuquin’étaitpasprévu,maisla
dernièrequestionmebouleverse.Thomas:Quelleestvotrechanson?Etpourquoi?Darryl–MorethanwordsdugroupeExtreme,parcequec’estlapremièrechansonquej’aichantée
seul,sanslegroupe,àmafiancéepourluifairecomprendrequ’ilfallaitqu’elleacceptedesortiravecmoi.Àcetinstantjelafixedroitdanslesyeuxjeveuxqu’ellecomprennequec’estundemesplusbeaux
souvenirs,jeveuxqu’ellesesouviennedecemoment.
Parcequej’enaibavépourl’avoir,jemesuisprisdescentainesderâteaux,elleatoujoursniéêtreamoureusedemoi.Moij’étaispersuadéducontraire,jeressentaisaufonddemoiqu’ellem’aimait,maisquelefaitque
jesoisl’amidesonfrèreetplusâgéqu’elledesurcroît,elleleniait.Jusqu’àcejourc’étaitle27décembre1995,j’aidécidédetenterletoutpourletoutetdeluiavouer
messentiments.J’aiprismaguitare,lasachantseulechezsesparents,jesuismontédanssachambreetj’aichanté
cettechanson.Lemoment le plusmagique dema vie, je voudrais que l’espace d’un instant elle ressente de la
tendressepourcesouvenirLe journaliste arrogant annonce une pause cigarette, les fumeurs sont heureux de pouvoir aller
s’intoxiquerdansunepetitecoursituéeaurez-de-chausséedel’hôtel.Non-fumeurs,Davidetmoisommesretournésdanslagrandepiècepourboireuncocaetgrignoter
unpeu,sursesconseilsjelalaisserespirerjeneveuxpastoutgâcherenétanttroppressant.Elle s’approche demoi etme regarde avec une infinie douceur… elleme dit avec simplicité et
sincéritéàquelpointelleesttristedudécèsdemonpère,BonDieucequ’iladoraitTiphaine.Elleacceptequejelaprennedansmesbras,nousrestonscollésl’unàl’autre,nulbesoindeparler
danscesmoments-là,ilnousfautjusteretenirnoslarmes.Ellemerappelleàquelpointmonpèrem’aimaitcombienilétaitfierdemoi,jeluirépondsqu’il
l’aimaitaussibeaucoupetqu’elleavaittoujourseuuneplacedanssoncœur.Àcesmotsellesourit,jeresserreunpeuplusmonétreinteetjepeineàreteniruneérection,même
sicen’estpasvraimentlemoment,moncorpsaenvied’elle,jeladésire.Jesaisqu’elleneveutplusdemoi,alorsjem’enivredupeuqu’ellemedonne.Jecaressesescheveux,j’approchesonvisagedumien,jesenssonsoufflechaud,ilyadesannées
quejen’aipasvécuunmomentaussifortd’unpointdevueémotionnel,charnel,desannéesquejebaise,sanstendresse,nidouceur,nienvie,jebaiseparbesoin.Avec elle c’est au-delà des mots, nous deux c’est épidermique, et cela depuis notre première
rencontre.Jemesouviensdecejourdanslesmoindresdétailstantjel’airevécudansmesrêves.
Boston1juillet1995
C’étaitdanslamaisondesesparents,j’étaislecompagnondechambredesonfrèreWill,ellerentraitdevacancesenFrance,jenel’avaisjamaisrencontré.
Cejour-làjesuisallédanslachambredeBillpourrécupérermaguitare,j’aiouvertlaporteunpeubrutalement,elleétaitperchéesuruneéchelle,elletentaitd’accrocherunattraperêves.L’échelles’estmiseàtrembleretelleapousséunpetitcri,j’aitendulesdeuxbrasdevantmoietelle
yaatterri.Jelatenaisàboutdebrastelunjeunemariétenantsafemmepourfranchirleseuildelachambrenuptiale.
Elleesttombéedel’échellecommeontombeduciel.Etmoi,MOI je l’ai rattrapé.Elle est tombée littéralement dansmes bras nous sommes restés unmoment à nous regarder, sans
parler,lesoufflecoupé.
Àcemoment-là,toutsemblaitsilencieux,immobile,commefigé.Unvraicoupdefoudre,elleestentréedanschaqueparcelledemoncorpspourneplusjamaislequitter.Cejour-làcen’estpasunefillemaladroitequiaatterridansmesbras,c’estunepetiteplume…mapetiteplume.
Majouecâlinesajoue,nesentantpasderéticences,jeresserremonétreinte,meslèvreseffleurentàpeinesapeau,monnezdescendpoursecaleraucreuxdesanuque.Jemesouviensquec’étaitàl’époquesapetitezonesensibleetvulesfrissonsquecelaluiprocure,
jecomprendsquec’esttoujourslecas.Monnezfaitdesallers-retoursentrelelobedesonoreilleetlanaissancedesesépaules,sapeauest
incroyablementdouce.Elle est si proche demoi que je sens son cœur s’emballer, je lui renverse légèrement la tête en
arrièreetduboutdemeslèvresj’embrassesoncou,l’effetchairdepoulemeconvaincdecontinuer,ellerespireplusprofondémentetalorsquejem’apprêteàluimurmureràquelpointjesuisheureuxque le hasard la mette à nouveau sur mon chemin, son parfum fait remonter en moi, millesouvenirs….Darryl – Cherry blossoms ?dis-je de façon à peine audible. Tu as toujours lemême parfum, ce
parfumdecerises,Tiphainejen’aijamaiscesséde..Brutalement,elleposesonindexmabouchepourm’intimerdemetaire,jeluttecontreunefurieuse
enviedeluimordresondoigtetsurtoutdelaplaquercontrelemuretl’embrasser.Tiphaine–ChuuuttttnonDarryl,nonnedispasça…nedispasdeschosesquetunepensespasDarryl–Désolé…maissitusavaisbébécombienjelespense,combienjet’aime,combientum’as
manquéetsurtoutàquelpointj’aienviedetoi…Jelaserreànouveaupourluifairecomprendrequejeladésire…jelasenstroublée,maiscequime
rassure c’est que cette étreinte ne la rebute pas.Àaucunmoment elle ne tente de s’y soustraire. Jedécidedetentermonva-tout.Jelasuppliedemelaisserunechancedem’expliquer,decomprendre.Contretouteattenteelleaccepteenhochantlatêtemegratifiantenfind’unsourire.Sivoussaviez
combiend’espoirilm’apportecesourire!Davidvientréclameruncâlinetnousexpliquequelesautresvontremonterdelapausecigarette.Enquelquesquestions,j’apprendsqu’elleestmamand’unefilledequatorzeans,Émilie,qu’elleest
séparéedupapa,maisimpossibledesavoirsielleaunpetitami.Maisj’ailaréponseàunequestionquimebrûledepuisquinzeans…ellenes’estjamaismariéeet
ça,c’estuneputaindebonnenouvelle.Davidetmoiavonsréussiàcequ’elleacceptedepasserlajournéeavecnousdemain,jevaisdevoir
parlerauxgarçonsilsdoiventm’aider.Carcettejournéeseradéterminantepeutêtrequ’ellefiniraparaccepterquenousnousrevoyonset
jevaistouttenterpourqu’ellemerevienne.JesaisgrâceàunegaffedeCaméliaquesafilleetelleserontàBostonpourlesfêtes.IlyavingtansdecelaelleaétémonmiracledeNoël…lesmiraclesnesontpascommelafoudre
ilspeuventsereproduireplusieursfois?Non?
Tiphaine
J’étais tellementabsorbéeparmontravailque jen’aipaseu le tempsderéfléchiràcequ’ils’estpasséentreDarryletmoi.Unepartiedemois’enveutdes’êtreautantlaisséallerdanssesbras.C’estvrai,jel’aiquittéilya
quinze ans, lui etmoi c’est terminé, notre rupture a été très violente aussi bien physiquement quepsychologiquement.Etdel’autrecôtéilyaunefemmeàquiledestinjoueunincroyabletour,êtredanssesbras…BonDieuqu’est-ceçafaitdubien,c’étaitsibonsisensuelsiwaouhdesannéesquejen’avais ressenti un tel trouble, et surtout à présent je me demande si elle n’est basée pas sur unmensonge.Aprèsplusieursréglagessons,micro,balance,lumièreetraccordsmaquillage….Brefducharabia
pourmoi.Legroupeestprêt,lespremiersaccordsdelamélodiemedonnentlespoils…
Warren:OkGuysthat’sawrap(c’estdanslaboîte).Thomas:Coupez!Mercibeaucoupc’étaitsuperben’est-cepasTiphaine?Tiphaine:ouisublime,dis-jedansunsouffleThomas:Maistupleures,tienssècheteslarmes,dit-ilenmetendantunkleenex.Tiphaine:MerciThomas.Thomasmesouritetselève,jel’imite,toutel’équipeapplauditetsiffle.Lesgarssefontcommeàleurhabitudeunénormecâlincollectif.WarrenlesrejointetféliciteplusparticulièrementDarryl.Jesuisencoresous lechocc’est lapremièrefoisqueDarrylassure le leadvocalavec legroupe
d’habitude,c’estDavidquichanteetlesautresfontleschœurs.Durant toute lachanson, ilnem’apasquittédesyeux jesaisquecettechanson il l’achantépour
moi, il sait combien je l’aime. Je comprends que si la discussion était si animée c’était parce queDarrylademandédechanteràlaplacedeDavidetsurtoutcettechansonnefaitpaspartiedel’album.Davidàunevoixparticulière,plutôtaiguëpourunhomme,ils’endégagebeaucoupdesensualité,
poursonspectacledeLasVegas il reprendleschansonsd’Elvis,Sinatra,Martin,Gaye,KingCole,GeorgeMichaeletEltonJohn.Ilaénormémentdetalentetc’estpourcelaquejamaislesuccèsnel’aabandonné,enplusdurisque
financier, ilmetaussi sacrédibilitéartistiqueen jeu,peudechanteursont réussi la transitionboysband/artiste solo, l’exempledans laprofessionc’estGeorgeMichael,mais commenous le savonstousilestunique.Darrylestavanttoutguitariste,ilaunevoixgraveetérailléeunevraievoixderockeuretlàils’est
révélé être un super interprète, il y avait tant dedouceur et de sincérité dans sa voixque j’en suisencoretoutechamboulée.Les techniciens commencent à ranger leurmatériel, je consultemamontre il est vingt heures et
Antoineseralàd’iciunquartd’heureetnousironsdînerquelquepart.Jemedonneraidesgifleslà,
pourquoiai-jeacceptédedîneravecluicesoir…enmêmetempsc’estmieuxainsi,ilm’enfaudraitpeupourquejecèdeàDarryl.Thomasmedemandedevenirildoitparleraugroupe.Jeleurexpliquequedèsquelarégieaura
terminé son montage, il enverra la version sous-titrée en anglais à Warren pour qu’il validerapidement,carl’émissionseradiffuséelepremierdécembre.Toutlemondeestd’accordetseserrelamain,lesgarçonsdécidentdequitterlasuiteetderegagnerleurschambresrespectives.Le moment de leur dire au revoir arrive surtout que je viens de recevoir un texto d’Antoine
m’informantdesonarrivéeimminente.Lesgarçonsm’attendentdevantlesascenseurs,nousdécidonsdenousretrouvericimêmedemainà
dixheures.Jefaisunderniercâlinàchacund’entre-deux,puisc’estautourdeDarryl.L’accoladeavecluin’estplusdutoutamicale,cettefoisjemeblottiscontreluijustepourrespirer
sonparfumetjeluicaresseledosjelesensréactifàmescaresses…jel’entendslaisseréchapperunsoupirdeplaisir.Jemesensbiendanssesbras,étrangementjem’ysensensécurité,àmaplace.Sonodeuretlecontactdesapeaum’onttellementmanqué,jesensdelachaleurirradierdanstoutmoncorpsetmilleimagesenvahissentmonesprit.J’aienviedeluilàmaintenant,jesaisquecen’estpasraisonnable,maisc’estainsi.Jen’aijamaisaiméquelui.Ilmemurmurequ’ilestheureuxdem’avoirretrouvé.Avantdemonterdansmonascenseur,jeleuradresseunpetitsigne.Lesportessereferment.Jem’adossecontrelaparoietsouffleunboncoup…J’appuiesur la toucherez-de-chaussée,maisaufonddemoic’estsur la touchedernierétageque
j’aienvied’appuyer,làoùsetrouveDarryl.
Darryl
Les portes de l’ascenseur viennent de se refermer et derrière se trouve la seule femme que j’aijamaisaimée,ellevaretrouverprobablementsonpetitamiquejejalousedetoutesmesforces.Nousrestonscinqbonnesminutesàdiscuterdesévénementsdelajournéejebriefemescompères
pourdemain,ilsnedoiventêtrenilourdsnitroppressants.Mespotesmontentdanslesecondascenseur,maispasmoi,jedécidederesterseulsurcepalierj’ai
besoin de réfléchir à la façon dont je doism’y prendre avec Tiphaine, demain nous passerons lajournéeensembleavantquejenereparteauxUSAetjeredoutecetinstantautantquejel’attends.Mille foisenquinzeans, j’ai imaginéces retrouvaillesetcequenouspourrionsnousdire,mille
foisj’aipréparémesargumentsetmespreuves,nonjenel’aijamaistrompé.Jemesuissouventposécettequestionpourquoiétait-ellesiterrifiée?Thomassortdelasuiteavecl’agendadeTiphaineetsonfameuxstyloqu’elleatraumatisé.Th–Tiphaineestdéjàpartie?Elleaoubliésonagenda…D–Donnez-le-moi,jemechargedeluirendre.Tho–OKc’étaitunesuper interview,euhTiphaineestvraimentunechic fillene la faitespas. . .
Enfin...Ellemérited’êtreheureusevousmecomprenez?D–Oui.MerciThomas,àbientôt.Il repartet je feuillette l’agenda, je saisquecen’estpasbien,mais jene résistepasà revoir son
écriture…Un signal sonore me sort de mes pensées je referme vite l’agenda et le range dans la poche
intérieuredemavestedecostume.L’ascenseurestremontéetlorsquelesportess’ouvrent.Darryl–Tiphaine?Ellemeregardel’airsurprisdemevoirlà,maisellesemblepaumée,jepensequemêmeellenesait
paspourquoielleestremontée.Jebloquelesportesenmeplaçantdansl’ouverture.T–Darryljenepensaispastetrouverlà.EuhjevoulaisparleràThomasenfait,poursecalerpour
lemontage…etNosregardsnesequittentplusetpar-dessustoutilsnepeuventplussementir.Jerentredanslacabineetm’approched’elleettoutdoucementjelaprendsdansmesbras.Jel’embrassedanslecouT–Darryl…nonJelaregardedanslesyeux,sesmainsentourentmonvisageetnousnousembrassons,d’abordnos
lèvres refont connaissance…oh ses lèvres. J’y dépose une multitude de petits baisers, puis je lesmordille.Hummcequ’ellesm’ontmanquéceslèvresetsurtoutleurpropriétaire!Puisnoslanguessedéfient,entrantdansunedanseforteetsensuelleà lafois, teluntango, tantôt
câlinestantôtconquérantes.
Lesportessereferment,ellesursaute.J’appuiesurleboutonstoppourquenoussoyonstranquilles,jeneveuxpasprendrelerisqued’être
interrompuetdelavoirs’envoler.Jelaplaquecontrelaparoidelacabine,cequilafaitgémir.Jeluirelèvelesbrasau-dessusdesatêteetluibaisselamanchegauchedesavesteetcequejevois
sursonpoignetmerendsheureux,untatouagequ’elleafaitpourmoi,uneclédesolavecunDcachéetunpetitcœur.J’attrapesonbrasgaucheetdéposedesbaiserssursontatouage.D–Tunel’aspasfaitenlever?Elleme fait signequenon, elleneparleplus elle semble être ailleurs, ne contrôlantplus rien et
j’avouequejepréfèrequ’ilensoitainsijesuisterroriséàl’idéequ’ellepuissedéciderdepartir.Àmontourjedécouvremonpoignetgauchepourluimontrermontatouage.D – Tu vois moi aussi je l’ai gardé en lui montrant mon tatouage sur mon poignet gauche, il
représentelesymboledel’infiniavecnosprénoms.Jamaisjenet’aieffacéequecesoitdemaviedemoncœuroudemachair.JamaisTiphaine,tum’entends.Elle me prend dans ses bras et me presse contre elle, elle m’embrasse dans le cou, ses mains
caressentmescheveuxet jesensquemonpantalonvaexploser,elledéfaitquelquesboutonsdemachemiseetembrassemon torse.Cesbaisersélectrisentmoncorps…putaincequec’estbon…elleparsèmemoncoudebaisers, puis remonteversmabouchequ’elleprendavec frénésie…. Je laisseéchapperungémissementdeplaisiretjemurmuresonprénom–Tiphaine…Unhorriblebruitstridentprovenantdel’interphonenouscoupedansnosélanspassionnés.–Bonsoiricilaconciergeriejevousprieraisdebienvouloirlibérerl’ascenseurs’ilvousplaît.NousréprimonsunrirejeluifaissignedesetaireD–IciDarrylWallaceetmoijevouspriedebienvouloirnouslibérersurlechamp,celafaitplus
decinqminutesqueMademoiselleLeblancetmoi-mêmesommesbloquésetcelaestinadmissiblejesuistrèsmécontent.–Ohpardonmessieursdamesnouspensionsque…enfin.–Jemefichedecequevouspensezsorteznousdelàimmédiatement.–Bienmonsieurdesuite.Jedéposeunbaisersursabouche, je reboutonnemachemise, je lui laisse le tempsd’enfairede
mêmeetappuiesurleboutonmarche.Lacabinearriveaurez-de-chaussée.Là,noussommesaccueillisparleconciergeGabinetledirecteurenpersonne.–MonsieurWallace, jesuisCômeDuboisd’Enghienjevousprésente toutesmesexcusespource
quevousvenezdesubirsachezque….–Merci,dis-jesèchement,maisprésentezavanttoutvosexcusesàMademoiselleLeblancquevous
insinuationsontoffensée,MademoiselleLeblancestunebonneamieàmoietjenesauraistoléreruntelmanquederespect.
–Mademoisellejevouspried’acceptermesplussincèresexcuses.–Jevousenprie,cen’estqu’unmalentenduaprèstoutn’est-cepasDarryl?Jelavoislutterpournepaséclaterderireetilm’estassezdifficiledegardermonsérieux,mais
devanttantd’attentionànotreégardetjedécidedeprofiterunpeudelasituation.–Serait-ilpossibled’avoirunetablepourquejepuisseoffrirunverreàmonamie?–JesuisdésolémonsieurWallace,maisnoussommessamedietc’estunvéritabledélugedehors,de
fait le restaurant et le bar sont malheureusement complets. Nous mettons à votre disposition lachambre615danslaquellevouspourrezboireuncocktailetmêmedînersivouslesouhaitez,Gabinvousporteralacarte.Leconciergemedonnedeuxcartesd’accèsàlachambrequejemetsdansmapoche.Àcemoment-là, un grand blond aux yeux bleus d’une quarantaine d’années en costume sombre
s’approchedenous.–AhTiphainemadoucetuesenfinlà,alorsas-turetrouvétonagenda?
–Antoine,as-turéussiànoustrouverunetable?Nonjen’aipasretrouvémonagenda.Illaprendparlatailleetdéposeunbaisersursonfront,elleestvraimentmalàl’aise,ellegardeles
yeuxrivésausol.Jecomprendsqu’ilnes’agitpasdesoncopain,maisprobablementd’unexoud’unprétendant.Un
sentimentoubliés’emparedemoi.TienscelafaisaitdesannéesqueMadamela jalousienem’avaitrenduevisite.J’ai soudain une envie de tout casser, je suis jaloux à en crever. Ce soir, il va certainement la
ramenerchezluietluiferatoutcequejerêvedeluifaire.Peut-êtreprendra-t-elleduplaisiraveclui,ellecrierasonnometseradanssesbras.Jenepeuxlesupporterautantpendantquinzeansilm’étaitfacile de l’oublier, mais ce soir après l’avoir revu et après ce moment torride dans la cabine del’ascenseurcommentpourrais-jelalaisserpartirsansagir…Jenedoispaslaisserpassermachance.–Bonsoir,dis-jeenluitendantlamainjesuisDarrylWallaceunvieilamideTiphaine.–EnchantéAntoineRégentvoulezvoirboireunverreavecnous?–Mercidevotreproposition,maisjevouslaisseenamoureux,Tiphainej’aivraimenthâted’êtreà
demain,bonnesoirée.Jedéposeunbaisersursonfrontetlesregardesuivrelemaîtred’hôtelquilesinstalleàleurtable.Elleme jetteundernier regardnoir, ellen’apasdûapprécier le« jevous laisseenamoureux»
aprèslemomentintensequenousvenonsdevivre.Peut-êtrequejerêve,maisj’ail’intuitionqu’ellepréféreraitêtreavecmoiplutôtqu’aveclui.J’aisoudainune idéecomplètement insensée, je regagnemachambreet je choisisdedéménager
mesaffairesdanslasuite615.Cesoirj’aibesoind’êtreseul,jedoisvraimentanalysercequ’ilvientde se passer, car très franchement je suis halluciné par tous ses évènements. Je n’arrive plus àdissocier le réel du rêve. Et puis les garçons ayant remarquémon absence vontmemitrailler dequestions,monairbéatetamoureuxvametrahiretparrespectpourelle,jeneveuxpasleurracontercequ’ils’estpassédansl’ascenseur.Aprèsavoirexpliquéaurestedugroupequej’aicroiséTiphaineavecunautrehommeetquej’ai
besoind’air,jesuisenfindanslasuiteofferteparl’hôtel.Jedécidedeprendreunedouche,pourme
remettredemesémotionsfortesdel’après-midi,resterunmomentsouslesjetsd’eauchaudemeferadubien.C’estsurtoutd’unedouchefroidedontj’aibesoin,çacalmeramesardeurs.Ilmevientalorsuneautreidée,jeglisselasecondecartedansl’agendadeTiphaine,jegriffonneun
petitmotàladatedujour.J’appelleleconciergeetluidemandederendreàTiphainesonagendajecorneintentionnellement
lapagedujourpourqu’elletrouvemonmessageetlaclédemachambre.
Tiphaine
Voilàplusdevingtbonnesminutesquejesubislalogorrhéeinintéressanted’Antoine,seshistoiresdepalaisdejustice,sescancansdesoncabinetd’avocats,sapartiedegolf…STOPjenepeuxpluslesupporter. Putain il ne devait pas passer enmode séduction, reconquête ? Non parce que là, c’estcomplètement loupé. Je le savais, j’aurais mieux fait d’écouter ma fille ou de m’en tenir à meslistes…–Tiphaine,tum’écoutes?–Nondésolée,jesuisfatiguéeexcuse-moitusaisj’aieuunedurejournéeet…–Oh ma pauvre puce. On ne rentrera pas tard, donc je te disais que ce matin, le président du
tribunal…Etc’estrepartipouruntour,jamaisiln’écoute,siseulementleserveurm’avaitapportéunecarteje
meréfugieraisderrièrefaisantminedechoisirpouréchapperàlaconversation.Enparlantdeserveurjustementlevoilàquis’approcheavecunplateausurlequelsontposéesdeux
coupes de champagne et surtoutmon agenda…avec ce qui s’est passé dans l’ascenseur j’ai perdupiedetj’aicomplètementoubliédelerécupérer.–MessieursDamesde lapartdeMonsieurWallacequivoussouhaiteuneagréablesoirée.Jesuis
chargédevousremettrececi.Merci,dis-jeenrécupérantmonagendaquejeposeàcôtédemonverred’eau.À l’évocationdeDarryl lesouriremerevient,pasque lesourired’ailleursunevaguedechaleur
irradiemoncorpsàlapenséedecequis’estpassédansl’ascenseur.Machinalementmonpoucecaressemes lèvres, en repensantà notre baiser il était parfait, ni trop
passionné, ni trop tendre,Dieu sait que nous nous sommes embrassées de millions de fois, maisjamaisdecettefaçon.Cebaiseravaitquelquechosedespécial,ilsemblaitpresqueirréel,commesicelafaisaitdesannéesquenousl’attendions.Commelepremierbaiserquenousavonséchangéilyavingtans,j’aicomprisquejesuistoujours
cellequ’ildésire.–EhbienvoiciunedélicateattentiondeDerreckc’estunancien«camaradedeclasse»?–Darrylils’appelleDarryl,Derreckc’estleprénomdumaridemonfrèreetcen’estpasunancien
«camaradedeclasse»commetudisc’étaitmonfiancé,luilancé-jeçatrèssèchementenvidantmacoupedechampagned’unseultrait.–Désoléjenevoulaispastecontrariermadouce,bondemainj’aiunbrunchavecmesassociés,je
serairaviquetum’yaccompagnes.JeremarquequemonagendaàunepagecornéeetçaenplusdedevoirsupporterAntoineparceque
jen’aipaslecouragedelelarguerc’estlagoutted’eau…aaahhhcequeçam’énervepourquoielleestcornéecettepaged’abord.J’ouvre à ladated’aujourd’hui il y a la cartede la chambre avecLenuméro615 et unmessage
«Toutelavéritérienquelavérité…Darryl»Je souris et je décide de prendre mes responsabilités comme une grande, après tout si je dois
rejoindre Darryl pour passer la nuit avec lui ou simplement discuter je ne dois pas inventer des
excusesbidon.JetendslamainversAntoineetprendssacoupedechampagne,jelaboisaussiculsec.–Antoine, jen’aiaucuneenvied’alleràcebrunchoù jesaisd’avanceque jevaism’ennuyer j’ai
d’autresprojetspourdemain.–Pardon?tuplaisantesj’espère.–Jesuisdésoléedetedireçaici,maisjepense,nonj’ensuissûremêmequedereprendrenotre
histoirenenousmèneranullepart, tuesvraimentunhommegénial,mais jenesuispas la femmequ’iltefaut.–Tiphaine,jesaisquejenesuispastrèsfuncommetuledissouvent,maisjepeuxchanger.–NonAntoinetoietmoiçanemarcherajamais.Nechangepastuesparfait,maispourunefemme
quitecorrespondetjenesuispascelle-là,désoléevraiment.Jemelève,metsmonmanteau,déposeunbisousursajoue.Ilesttoutétonnéparcequejeviensde
direetn’aplusaucuneréaction.Jelèvelesyeuxaucielenespérantytrouverunesolution,iln’yenapastrente-six,jedoismonter
danscettechambreetparleravecDarryldecequ’ils’estpasséilyaquinzeans.Jeregardemachinalementmonportablej’aidixappelsenabsencedemonfrèreetjecomprendsles
SMSdecematinàproposdugroupeiltentaitdem’avertirdeleurprésenceàParis.Instinctivement, je liste les raisons quime poussent à rejoindre Darryl et une seule est évidente
«toutelavéritérienquelavérité»…ladeuxièmeestbienmoinscatholique,j’aienviedelui.C’est déterminée et sans l’ombre d’un doute que je prends l’ascenseur, devant sa chambre je ne
prendsmêmepaslapeinedetoquer,jepossèdelaclé,autantm’enservir.Lorsquej’entreiljouedelaguitareàmêmelesolvêtuuniquementd’unjean,mondieucequ’ilest
sublime, ilestencoreplusmuscléqu’avant,etson torseetsesbrassont tatoués,quandnousétionsensembleiln’enavaitquedeux.Illèvelatêteetm’offresonplusbeausourire.–Tuesvenue,àvraidirejen’ycroyaisplus,j’ensuisheureux.Mets-toiàl’aisejerangemaguitare
j’enfileunt-shirtetj’arrive.Waouhouienfileunt-shirtparcequesinonilvam’êtreimpossibledeteparler.
–Tuastoujourstaguitare?–Contrairement à ce que tu crois je suis très fidèle et sentimental…j’ai toujours TA guitare,
commentaurais-jepum’enséparerc’étaittoncadeaudefiançailles,jen’aipastoutjetémoi.–Darrylnecommencepass’ilteplaît…Il s’approche de moi et me prends par la main, et nous nous asseyons sur son lit, nous nous
regardonsennoustenantlesmains,savoixestétrangementdouceetposée,commesipourunefois,ilétaitdisposéàavoirunevraieconversation,sanscrisniinjures.–Excuse-moi tu as raison, je veux que tume dises pourquoi tum’as quitté il y a quinze ans et
surtoutpourquoituasfuilepays?–Darrylentretoietmoicen’étaitpluspossible,j’aibienconsciencequemontonestbrutal,mais
c’estsorti toutseul,commesi jemelibéraisd’unpoids.Lorsque je t’aiquitténousétionsenpleinbreak, mais nous avions convenu que nous devions ne fréquenter personne et toi… TOI tu m’as
trompéavecGina,neleniepas.JesaisTOUT,ellem’amontrédesphotosdevousdeuxdansunlit…despolaroidsfaçonsselfie.–Quoi?c’estquoicedélire?Maisjenet’aijamaistrompéetc’estquoicettehistoiredePola?Je sens la colèremonter en lui et jeme souviens de quoi il est capable quand il a des accès de
colère,ilnes’enestjamaisprisphysiquementàmoi,maisilestcapablededévasterunepièceetdecassertoutcequ’ils’ytrouve.Jeposemesmainssurlessiennespouressayerdelecalmer.Jereprendscalmementlefildemon
histoire.–Gina m’a montrédes photos de vous deux, me demandant de te quitter définitivement, car tu
n’osaispas.Ellem’aaffirméqu’elleettoiétiezamoureux.PutainDarryl,àcetteépoque-làtuétaisentournéeàl’autreboutdupays,tusortaisbeaucoup,tutravaillaisbeaucoup,jenetevoyaisjamais.Tuétaisdistant,différent!Audébutjenedoutaispasdetoi,maisquandj’aivucesphotos…–Tiphaine, je te jureque jamais jene t’ai trompéavecGinani avecaucuneautred’ailleurs.OK
c’est vrai qu’après ton départ je suis sorti avec elle,mais tout cela c’était par dépit, parce que tesparentsm’avaientditquetuvivaisavecMartin.Maisattendsunpeu,dequellesphotostuparles?–CellesdevotrepetiteescapadeàLasVegas,dontcertainesoùvousêtesaulitavecduchampagne
etdespétalesdefleurs.–Duchampagneetdesfleurs?Putainc’estleclip…c’estdesphotosduclipdeGina,dansceputain
devidéo-cliponseprendenphotoenpolaroid….Ohnonilsonttoutmanigancé…Etc’estpourquoituasquittélepays?crie-t-il–Unemiseen scènebenvoyons. . . jene suispas sinaïve jecrieencoreplus fortque lui tant il
m’énerve,ilnes’imaginequandmêmepasquejevaisgobersonargumentpitoyable.JelevoisprendresatabletteetsurfersurYouTubeilmemontrelefruitdesarecherche.GinaGfeatDarrylWallace«Justonenight»–Regardemêmesitun’enaspasenvieregardeettuverrasquejenemenspas…Ilmemetlatablettesouslesyeux,maisilcoupeleson.–Lachansonesttrèsmauvaise…commepoursejustifier.
Jeregardeleclipetlàjecomprends…Ilmeserredanssesbrasetembrasselehautdemoncrâne,puismonfrontetenfindepartoutsur
monvisage.Ilposesurmoileplusdouxdesregardsetcaressemajoue.–Nemedispasquec’estuniquementàcausedeçaquejet’aiperdu?Nousaurionspuenparler…
pourquoias-tuautantpeurderegarder?Parle-moimapetiteplume,jet’enprie,parle-moi.Jememets à trembler en repensant à ce jour-là, c’était en avril. Darryl et le groupe étaient en
tournée au Canada, je me souviens que cela faisait des semaines que Joël leur producteur metéléphonaitpourmedirequeDarryletsafilleétaientensembleetquejedevaiscédermaplace.Necroyantpasàl’infidélitédemon«mari»j’airefusédelequitter.Àcemoment-là,Ginaacommencéelleaussiàmeharceler,àmetéléphonertouslesjourspourme
menaceretm’insulter,elleétaitcommefolleetunjourtoutàbasculer.
–Darryljevaistoutteraconter,maisjetedemandedenepasmecouperlaparole…OK–Promis.–Pendantvotretournéeauprintemps2001,Joëlmetéléphonaitrégulièrementpourmedirequetu
buvaisetquetufinissaissouventlesnuitsavecdesfilles,biensûrjenelecroyaispas,puisilm’aditqueGinaettoiétiezensembleetamoureuxetqueparrapportàmoietàmafamille,tun’osaispasmequitteretquejedevaisterendreserviceenpartantdemoi-même,chosequej’airefusée.VisiblementGinaétaitfolleamoureusedetoiet…elleacommencéàmeharceleràmetéléphonerpourmedirequetuétaisàelle,quevousétiezamoureux.Je luidisaisnepas lacroire.Ça l’amisedans toussesétatsetellem’adonnérendez-vouspourmemontrerlespreuves.Jesuisalléeàcerendez-vousj’aivucesphotos…Çam’afaitvraimentfaitmal.Jem’arrêteuninstantpouressuyermeslarmes,Darrylmeserreplustendrementdanssesbras,il
mecaresseledospourmeréconforter.–Elleaffirmaitquetul’aimaisquetuvoulaisvivreavecelle,alorsjel’aitraitéedementeusejelui
aiditquetoietmoinousvenionsdenousmarieràHawaïquemêmesic’étaitunmariagesymboliquesurlaplagec’étaitimportantpournous.Quenousavionsdécidédenousmarier!Darrylsedétachedemoietôtelagrossebagueenargentsursonannulairegaucheetmemontre
qu’ilatoujoursson«alliance»tatouée.–Àmesyeuxcemariagehawaïenétaitpourmoiunvraimariage–Darrylàl’époquenotrecouplebattaitdel’aileetsoyonshonnêtesmêmesinoustoietmoinousnousaimions…nousnefaisionsque
nousdisputer,nousavionsconvenudefaireunbreaktoietmoi.Jen’avaispluslaforcedecontinuercommeça.–Fallaitnouslaisserunechance,toitum’aslarguétut’estiréenFranceettuasdécidédemerayerdetavie,pourquoi?
Ilcrietellementfortquej’ensursaute,jecomprendsalorsqu’ilestdéterminéàconnaîtrelefinmotdel’histoire.Lesimagesdecejour-làhantentànouveaumatête.Àboutdenerfs,j’explose.–Elleapointéunearmesurmoi,unevraie!Darryl,elleatiréenl’airjen’aipaseulechoix,soitje
tequittaissoitlaprochaineballeiraitselogerentremesyeux…putain,maist’auraisfaitquoiàmaplace?Darrylestblême,iltremblecommeunefeuilleetneretiensplusseslarmes.–Jen’arrivepasàcroirecequetuviensdemedire.–Darrylreconnaîtqu’entretoietmoi,c’étaitdevenutoxique.Ouinousdevionsnousmarier.Ouije
t’aimaisplusquetout…maisonallaitdroitdanslemurtoietmoi!Jesuisdésolée.–Ne sois pas désoléemon amour, jem’en veux tellement, tout ça à cause demoi ; je devais te
protéger…pastemettreendanger.–C’estpourçaquej’aiquittéBoston.–Pourquoitunem’asrienditquandj’aitentédetereteniràl’aéroport.Tum’asditquetunesavais
plussitum’aimaisetquetuvoulaisfaireunbreakenFrance.Aprèstum’ajustefaitpromettredeneplus te contacter alors j’ai respecté, nous avons tous respecté ta volonté. Sais-tu à quel point c’estdifficiledenepluspouvoirparlerdetoidujouraulendemain?–Tucroisquec’étaitfacilepourmoi?J’aiquittémonpays,mesparents,monfrère,mesétudes…
j’aitoutperduDarryl.
–Moiaussij’aitoutperdu,TOI,l’enviedevivre.PutainTiph,j’aitentédemettrefinàmesjoursjevoulais vraiment mourir, car sans toi je ne pouvais plus exister… tu imagines ce que j’ai puressentir?–EtMOI,tunecomprendspas!J’avaispeurDarryl…putainelleapointéunearmesurmoi!Tu
saisqueleffetçafait?Àl’évocationdemonagressionetdesatentativedesuicide,jememetsàpleurer.Darrylmeserre
contreluietmerassure,maisjesensquesamâchoiresecrispe,jelesaisencolèreetj’aipeurqu’elleneleconduiseàfairedesbêtisesetqu’ils’enprenneàGina.Cen’estpaspourcettegarcequej’aipeur,maispour lui. J’aipeurqu’ilcommette l’irréparableetquecelacomprometteseschancesdedevenirunhommemeilleur,commelevoulait,Daniel,sonpère.Ilnousestimpossibledeparler.Parlerestvraiment inutile,de toute façon,nousnousrendonscompteenunseul regardquecette
histoireestunvéritablegâchis.Desnon-dits,desragotsettoutuntasdeconneriesonteuraisondenotreamour,nil’unnil’autre
n’étaitsuffisammentsolidepoursupportercela.Lasonneriedutéléphonenousfaitsursauter,Darrylserelèveetprendssontéléphoneposésurla
table,unlargesourireilluminesonvisage.–C’estmamère,ellegardeSkylarmafille,j’attendaissonappel.Allomaman,çava?Elleestsage
toutsepassebien?Mamantuveuxbienm’excuseruninstants’ilteplaît.Darrylcoupelesondesontéléphoneetmetendslacarteduroomservice.–Choisiquelquechosejecommanderaidèsquej’aifinideparleràmafille.Ilactiveleson.–MamantumepassesSkylars’ilteplaît,nonjevaisbien,nonjen’aipasunedrôledevoix.Passe-
moimafillemerci.Allomachérie,as-tupasséunebonnejournée?Super!Jesuisfierdetoi.NonjenedorspasdanslatourEiffel,jevaislavoirdemainetpromisjet’enverraispleindephotos.Jeterappelledemain.Bonnesoiréemachériejet’aime.Jeleregardeparleràsafilleetmerendscomptequelpèremerveilleuxilestpoursafille.Ilraccrocheetposesontéléphonesurlatable.–Tuasfaittonchoix?Moijevaisprendreuncroque-monsieur.–NonmerciDarryljen’aipastrèsfaim,j’aijusteenviederentrerchezmoi,prendreunedoucheet
dormirsurtout.–Àcetteheure-ci?Tuveuxrentrercen’estpastrèsprudentnon?–Commentçapasprudent?–C’estunvéritabledélugedehorsilyadesembouteillagesetpuisilesttard.Bon,OK,jet’avoue
quejeneveuxpasquetupartes.J’aijusteenviequeturestesavecmoicesoir,s’ilteplaîtnemelaissepas.Ils’assoitàcôtédemoi,attrapemesmainsetlesembrasse.Jelesensvraimentdésemparé,maisj’aivraimentbesoind’unebonnedouche,dedormiretd’avoir
lesidéesclaires.Si je reste je vais lui céder, depuis que je connais la vérité toute haine après lui s’est envolée à
présentjeneressensdudésirpourlui…–Darryl,nondésolée…jedoisvraimentrentrerchezmoi.TOCTOC–Mazetteilssontsacrémentefficacesauroomservice?Tuavaiscommandéun trucavantque je
vienne.–Ouiunmiracleilyadesannéesetils’estaccomplitoutàl’heure.–Darryl…t’esbêteTOCTOCTOCTOC–PutainWallacesitun’ouvrespasondéfoncelaporte.Nouscomprenonsvitequec’estlesgarsquisontentraindetambourinerviolemmentlaporte.Christopher reste dans l’embrasure de la porte empêchant les autres d’entrer dans la chambre, il
bousculeDarryl.–Putain!Tudevaisnousrappeler!Merde!Ons’estfaitdumouron.–Toutvabien,jevaisbien,çavapasdedébarquerainsietsijen’étaispasseul?–Passeul!Toi?Laisse-moirire.Àmoinsque tu te tapesunefemmedeménagede l’hôtel, jene
voispasavecquitupourraisêtre.EncoreplusmaintenantquetuasrevutaTiphaineetquetonpetitcœurs’estremisàbattre.Tuvaslaissertapetitequeueaugaragelongtempsmec.AhtienssalutTiph,ditilenmevoyantt’eslà?–SalutChrisouijesuislà?Salutlesgars.Jefaissigneàtoutlemonde.LesquatreautressuivisdeWarrenentrentdanslachambredeDarryl.Darryl–C’estbon,faitescommechezvous.Tiphaine–Jevaisrentrerchezmoiilesttardfinalementonsevoitversonzeetdemivoiremidi.Darryl–S’ilteplaîtneparspas,ilsnefontquepasser.Liam–Ouic’estvraid’ailleursnousrepartonsdesuite,nousvoulionsêtresûrsqueDarrylvabien.Darryl–JEvaisBIENmercilesgarsWarren–BonDarrylvabien il est entredebonnesmains, allez tout lemondedoit se reposer à
présent.Tiphaine,vousdevriezrestericiàcausedelapluie.Ilyadesembouteillagesmonstressivousvoulezjepeuxvouslaissermachambreetjedormirai
iciavecDarryl.–Non je reste avec elle, je dormirai sur le canapé pas question de la laisser seule elle pourrait
rentrerchezelle,c’estunetêtedemule.Jehochelatêtepourdirequejesuisd’accord.Lesgarçonss’éclipsentdiscrètement,nonsansme
fairedesgrimacestelsdesgaminsdequinzeans.
Darryl
Jerefermelaportederrièrelesgarset jen’osemeretournerpourlaregarder.Jesaisqu’elleesttoujoursassisesurlelit.Jeregardel’heureetjemedisqueçafaitquelquesheuresquenosviessontchamboulées.Sijedevaisrésumermajournéejediraisj’airetrouvél’amourdemavie,apprisqu’ellem’aquitté
enpartieparcequelafilledemonproducteuresttombéeamoureusedemoiaupointdelaharcelerdeluimentir,l’agresserdeluifairequitterlepays.Jesuisépuisépartoutessesémotions.J’airessentidelasurprise,delajoie,delapeine,delacolère
etdepuisquelquesminutesj’aimêmedel’espoir.Je me retourne enfin et réfléchis à ce que je pourrais lui dire « enfin seuls » ?Mouais pas
convaincu,çafaitgrosnase,putainc’estpossiblederetournerdanslacabinedel’ascenseur?Elleestentraindetextoteretsic’étaitsoncopainenfinsonex-copainquilarelançait?D–toutvabien?T–Ouijediscutaisavecmafille,elleestavecsonpèreenweek-end.D–Jesuissûrqu’elleteressemble,as-tuunephotoàmemontrer?Jeveuxêtresûrquelafillesur
lefrigo,estlasienneetsurtoutnepasdénoncersonfrère.Elleadûdirepasdephotos.Ellemesouritetjelavoisbalayerplusieursfoisl’écrandesonportableetfronçantlessourcils.T–Désolée,maisdifficilede trouveunephotooùelleestseule,surchaquephotonoussommes
ensembleetD–Vousfaitesdesgrimaces?T–Exactement,tienslavoilà.Jeregardelaphotodesafille,elleesttrèsbelle,lescheveuxblonds,longsetbouclésd’immenses
yeuxverts,elleestleportraitcrachédesamère.D–Émiliec’estça?Elleesttrèsbelle,elleteressemblebeaucoupquelâgea-t-elle?T–Quatorzeans,jel’aieudeuxansaprèsêtrearrivéeenFranceettoitafille?D–Skylarvaavoirsixans,àl’époqueoùpapaesttombémaladejefréquentaisPilarunmannequin
espagnol, j’ai voulu avoir une vie de famille pour rassurer mon père, nous avons emménagéensembleetellem’afaitunbébésurprise.Maisdepuistoi,Skylarestlameilleurechosequimesoitarrivée.Jefouillemontéléphoneoùs’afficheunephotodemafilleetmoi.T–Elleestbelletafillec’estdinguecommeelleteressemble.Jelaregarde,jelatrouvemagnifique,elleabeauavoirlesyeuxrougesetgonflés,maisçalarend
touchante,jeluicaresselajoueetellefermelesyeux,monpoucedessinelescontoursdesabouche,puisj’attrapesonmentondansmesmainsetdéposedepetitsbaiserssurseslèvres.Elle pose sesmains sur lesmiennes etm’embrasse tout tendrement, nos lèvres ont dumal à se
séparer.Elleglissesesdoigtsdansmescheveuxet jemerapprocheencoreplusprèsd’elle,desonvisage,puisenfinelleouvrelégèrementsaboucheetnotrebaisersefaitplussensuel;plustorride,noslanguessemélangentetnossoufflessesynchronisent.Mesmainscommencentàsepromenertendrementpartoutsursoncorps,ellecaressemescheveux
etçamerendfou.
Je ladésireplusque toutet jen’aipasenvied’attendreplus longtemps,rapidementsachemiseetson soutien-gorge atterrissent au sol, elle renverse sa tête en arrière au moment où mes paumesempoignentsesseins,ellemurmuremonprénometjebandedeplusbelle.Meslèvresredécouvrentsajoliepoitrine,jelècheetsuceavecardeursesjoliespointesroses.Elle
gémitànouveauetsecambre.Jesensquejevaisexploser.Ellealapeausidouceetparfuméequej’aienviedepromenermalanguesurtoutsoncorps.C’estdingueelleatoujourslamêmeodeuretsapeau…humm,cettepeau,sachaleuretsadouceur,
toutcequifaitcequ’elleest.Jen’enavaisrienoubliéetmêmesiaveclesannéessasilhouettes’estarrondie…soncorpsestceluiquemoncorpsadésiréetaimétantdefois…elleestmienne.Elle défaitma chemise et la fait tomber au sol, elle embrassemon torse.Ànouveau, nous nous
embrassonsetc’estplusintimeplusprofond.Ellecaressemondosdanslequelelleplantesesonglesàchaquefoisquejeluilèchesestétons.Sespetitsgémissementsmerendentdingueetj’aidumalàcontenirmonexcitation.Sesjambess’enroulentautourdemeshanchesetellecommenceàsefrottercontremoi,ellemeserrefortcontreelle,pressantsapoitrinenuecontremontorse.Elleôteseschaussuresqu’ellefaitvolerau-dessusdematête.Jelaregardedanslesyeux,jel’embrasseànouveauetjecomprendsqu’elleestprête.Maissoudainjemerappellequejen’aipasdepréservatifs,jenepensaisvraimentpasfairel’amour
àParis.–Désoléemachérie,maisjen’aipasdequoinousprotéger.Elle se lève et va chercherunepochettedans son sac, elle en sort unpetit papier argentéqu’elle
gardedanssamain.Nous enlevons nos pantalons et elle et moi n’avons que nos sous-vêtements. Elle porte un
magnifiquestringendentellerouge,etmoiunsimpleboxernoir.Undernierbaiserpuisenunclind’œilnousôtonsnossous-vêtements,nousnousallongeonssurlelit.Jel’embrasseetellemetendlepréservatifquej’enfiled’uneseulemain,jel’embrasseunedernière
fois,puisj’inspiretrèsprofondémentenlapénétrant.Ohmondieuj’avaisoubliécombienêtreenelleétaitbon,àquelpointelleétaitdouce,chaude,elle
esttoujoursaussiétroite.Je commence à bouger, et étonnement c’est passionnel, enflammé presque brutal. Nos corps se
redécouvrent.Elleestmonâmesœuretsoncorpsestfaitpourlemien.J’accélèreetintensifiemesmouvements,lapénétrantencoreplusprofondémentpourêtreenosmoseavecelle.Jen’aidecessedel’embrasserquecesoitdespetitsbaiserssursoncorps,despetitssmacks,desbaiserslangoureux.Jene lui laisseaucunrépitetpeuàpeuellese lâche,s’abandonnantàmoietauplaisirqueje lui
donne.Je donne des derniers coups de reins et enmême temps je lui suce avidement une de ses jolies
pointesrosées.Ellesecrispeetfinitparcriermonprénomaumomentoùelleatteintl’extase,jejouisenelleetl’embrasseavantdemeretirer.Jevaisjetermonpréservatifetretournem’allongerauprèsd’elle.Jen’enrevienspasd’avoirfaitl’amouràlafemmequej’aimedepuisvingtans.
Jelaserredansmesbras,telsdeuxadolescentsnousnousembrassonssanscesse.Puisledésirrevient,animaletavidecommes’ilétaitvitalquenousfassionsl’amour,cettefoisje
parsàladécouvertedececorpsquej’aiaimédesmilliersdefois.Jefaisglissermesmainslelongdesoncorpsetsurtoutjeprendsletempsdeleredécouvrir,deme
leréapproprier.Mesmainscaressentsesseins,jelestrouveparfaitsunsublime90B,ilssontfermes,ronds,nitropgrands,nitroppetits,assortisàlatailledemesmains.Jetitilleavecdouceursestétons,puismalanguesuitlecheminquetracentmesdoigts.Jedescendsauniveaudesonbasventre,tandisquemamaincommenceàlacaresserdoucement,ses
jambess’ouvrentdélicatement,ellelaissesonbassinbasculertimidementversmamain.Sesdoigtscaressentmescheveuxetellemurmuremonprénom.Elleestcomplètementhumide,jecontinuemescaressesqu’elleapprécie,sonventresecontracteet
ellesecambreengémissant.Mamainenfièvresonclitoris,quis’éveille,ellecommenceàondulersousmescaresses.Jedécided’arrêterdeléchersesseinspourl’embrasserprofondément,puisj’insèredeuxdoigtsau
cœur de sa féminité et mon pouce s’amuse à choquer son bouton de chair créépour prendre duplaisir.Ellesecambredeplusbelleet sesgémissementsmerendent foudedésir, je suis tirailléentre le
désirdelafairejouirimmédiatementetl’enviedeprendremontemps.Jecontinuemesvasetviensdeplusenplusprofondément,elleestauborddel’orgasmeetmurmure
monnomdeplusenplusrapidement.Jeretiremesdoigtsetdécidedefinirletravailavecmabouche.Jecontinuetoutenaccélérantmesva-et-vientavecmalangue,sesmainsviennentseplacersurma
têtetandisquelasienneestcomplètementenarrièresesjambessontposéessurmondos.J’insèreànouveaudeuxdoigtsenelleetlafaisjouirdansunultimecoupdelangue.Jelafaistaireenl’embrassant.
Tiphaine
Waouhputainqu’est-cequec’estbon, j’avaisoublié àquelpoint j’aimais faire ça avec lui,Dieumercij’aitoujoursdespréservatifssurmoi…j’auraisvraimentloupéquelquechose.Aprèsm’avoiraimédefaçonaussibrutale,ils’allongeprèsdemoietm’embrasse.J’aimelafaçon
qu’ilademeregarderjemesensbelle,désiréeetaimée.Sesmainsrefontconnaissanceavecmoncorpsetmoijemedélectedecequ’ilm’offre,celafaisait
desmoisquejen’avaispasprisautantdeplaisir.Aprèsm’avoir fait jouiravecsabouche il s’allongeprèsdemoi, jeme lèvepourcherchermon
deuxièmepréservatif.Àmontourdem’occuperdeluijeluitendslepetitétuietmonteàcalifourchonsurlui.J’embrassesabouche,sonmentonetsajoliefossette.Puisjem’attardesursontorseplusparticulièrementsontatouageunphénix,ilnel’avaitpas.Audébutdenotrehistoireiln’enavaitaucun,puispourmesdix-huitans,j’aieuenviedemefaire
tatoueruneclédesolsurlepoignetgauche,etpourluifairelasurprisej’avaisdécidéd’inclureleDdesonprénometuncœur.Luis’étaitfaittatouerlesymboledel’infiniavecnosprénomségalementsursonpoignetgauche.Sonphénixest justemagnifique ilprend tout le côtégauchede son torse,passepar sahancheet
s’arrêteau-dessusdelanaissancedesonculquejemordilleavecmalice.Maisilyaunechosequim’interpellecesontlesplumesquitombentdelaqueuedesonphénix.Je
luiendemandelasignification.Darryl«Ilyaquinzeplumes,quinzecommelenombred’annéessanstoi,mapetiteplume.Jesuisémueet touchée, jecaresse lescontoursdeson tatouage, soncorpsestchaudet tellement
doux,jelerespire,ilatoujourslamêmeodeur,jeréaliseàquelpointilm’amanqué,sapeau,sonodeur,savoix,lui,Boston.Comprenant la signification de ce tatouage et toute la peine liée, je prends mon temps pour
embrasseretléchercetteœuvred’art.Puisma langueprendunautrechemin, je lèchedélicatementsaverge,puisprendspeuàpeuson
glandplusprofondément.Sarespirationsefaitautantbruyante,quehaletante.Iltentedeserelever,maisjelerepousse.–Ohchérie…c’esttropbon.Jecontinueàlatitilleravecmalangueetenmêmetempsjecaressedélicatementsestesticules,jeles
prendsdansmamainetlesserredélicatement,jerelâchelapressionetresserreencore.Pendantquejecontinuemonjeu,jenecessedesuçoteretaspirersonbout.–Tiphtuesentraindemerendrefoujevais…humm.–Nonpasdesuite,j’arriveJe stoppe netmes petits jeux de langue. Il se redresse,m’attire vers lui pourm’embrasser. Il est
brûlantetensueur.Ilenfileunpréservatif.Jemeplaceau-dessusetfaisdurerlelangoureuxsuppliceendescendantetremontantlelongdeson
sexe,trèslentement,jevoisbienqueçalerenddingue.
Ilm’attrapeparlataille,seredresseetm’embrasseavecforceetpassion.–Viensicijeunefille,dit-ilenmeplaquantcontrelui.Ilmefaitbasculersurlecôtéetjemeretrouveau-dessousdelui.Ilreprendpossessiondemoncorps,ilbougeenmoidefaçonbrutaleetj’accompagnesescoupsde
reins,nosgémissementssefontplusgraves,plusforts.Notreétreinteestdeplusenplusfiévreuseetpassionnée.Aumomentoùjesensque jevaishurlersonnomilmeplaqueundoigtsurmabouchepourme
fairetaire…sibienqueluicommemoijouissonsensilence.Ilselèvepourjetersonpréservatifdanslasalledebain,lorsqu’ilenrevientilanouéuneserviette
autourdesataillemeprivantdubeauspectacledesoncorpsnu.Ilouvreleminibaretensortdeuxbouteillesd’eau,jelevoisregarderlacarteduroomservice.Je
n’aiaucuneidéedel’heurequ’ilest,maismonestomaccriefamine.Ils’assoitprèsdemoietmetendsunebouteilled’eau,ilmedonneunpetitsmack.-Jemeursdefaim,ilestuneheuredumatinjevaiscommanderuncroque-monsieuretdesfritestu
m’accompagnes?-Ouivolontiers.-Moic’estsurtoutdetoiquej’aifaim.Mapetiteplumetum’asrendufou,ilyavingtansjefaisais
l’amouràunejeunefilleetlàc’estlafemmequim’afaitl’amour.Etj’aihâtequ’ellerecommence.Mabouchesetorddanstouslessens,jesuisdépitée,carjen’avaisquedeuxpréservatifs.-DésoléeDarryl,mais tuvasdevoir refréner tesardeursetmoi lesmiennes…jen’enavaisque
deux.-Pasgravemabeautéjesuisdéjàheureuxdet’avoirretrouvée,comblédet’avoiraiméeànouveau,
unpeudereposnousferadubien.Après avoir dévoré nos plateaux-repas et pris une bienfaisante douche ensemble, nous nous
endormonsblottisl’uncontrel’autre.Heureux,comblésetsurtoutnosâmesenfinapaiséesaprèstantd’annéesdenon-ditsetderancœur.
Darryl
Je commande un petit déjeuner complet à la réception, il me sera livré dans cinq minutes enattendantjedécided’envoyerunSMSàChris.«Salut!Vousêtestoujoursàl’hôtel?»«Helloouiont’attend!Alors???Seulouheureux?»«Heureuxamoureuxetpleind’espoir,maisperdu,jenesaispasquoifaire»«Emmène-laenbalade.Offre-luidesfleurs.Lesfillesaimentlesfleursetimprovise,onestàParis
mec!C’estlavillelaplusromantiquedumonde»«OKmercipourleconseil»Jeposeletéléphoneetmeretournepourlaregarderdormir,ellecommenceàs’agiter,elleneva
pastarderàselever.J’aipréparéundemest-shirtspourqu’ellepuisseleporter.Elle ouvre enfin les yeux, je m’assois à côté d’elle et ma main se faufile dans ses cheveux, je
l’embrassetendrementsurseslèvres.–Bonjourmachérie,j’aicommandélepetitdéjeuner.–Bonjourmercipourlepetitdej›quelleheureest-il?–Neufheurestrente.Tiensenfileça.Ellepassesurellemont-shirtetmedemandedeluipassersonsacd’oùellesortunchargeurde
téléphoneetuneétrangepetitepochettequiabriteunstringqu’ellepasse.–Ehbien,préservatifs,brosseàdents, lingettesàdémaquilleretmaintenantstringderechangeje
vousaidémasquéeMataHari!Elleritetmejetteunoreilleràlafigureetpourseuleripostejemejettesurelleetlabombardede
baisersjusqu’àcequeleroomservicetoqueàlaporteetnousapportenospetitsdéjeuners.
Tiphaine
Dimanchesoirestdéjàlà,j’aipasséunejournéeincroyableencompagniedeDarryl.Aprèsavoirprislepetitdéjeunerentêteàtête,lesquatreautresnousontrejoints,nousavonsdécidé
qu’aprèsunpassagenonnégociablechezmoi,nousirionsàlatourEiffeltouslescinq.Nous avons fait un tour chez le traiteur de mon quartier et pris de quoi pique-niquer sur le
Trocadéro,letempsétaitradieux.Nousnoussommesracontésnousvies,assissurlesmarchesencontemplantlatourEiffel.Puisnousl’avonsvisitéettelsdesgaminsnousavonsfaitdestonnesdeselfies.Ilsontétéadorables,pasuneseuleallusionnicommentaireséquivoquesoudéplacés.Darrylluinem’apasquitté,prenantdetempsentempsmamainoumeserrantdanssesbras,touten
pudeur,respectantmesréticences.Les garçons sont rentrés à l’hôtel vers quatorze heures, car un groupe de filles a reconnu
Christopherquitrèsgentiments’estprêtéaujeudesautographesetphotos.DarryletmoinoussommesbaladésdansParis,nouspromenantsurlemythiquepontdesarts.Ni luinimoi avonsenviede rentrer,mais l’heuredu retourd’Émilie approche et je vais devoir
regagner mon appartement et reprendre le rythme endiablé du dimanche soir, vérifications desdevoirs,préparationdurepas,repassage…etavoirungroscoupdeblues.Darrylestlàenfacedemoicelafaitcinqminutesqu’iln’apasprononcéunmot,ilsecontentede
jouernerveusementavecsontéléphone,parmomentilattrapemamainetl’embrasse.Parmoment, il relèvesa têteouvrelabouchepourparlerpuis larebaisseenlasecouant,comme
s’ilsavaitparavancequecequ’ilvoulaitdireeststupideouinsensé.–Tiph…euhjesaispartaniècequetuserasàBostonànoëlet jemedemandaissiparhasard tu
accepteraisqueSkylaretmoi lespassionsavecvous.Écoute…pourmoihiercen’étaitniuncoupd’unsoirnidûàl’euphoriedeteretrouver.Jesuistoujoursamoureuxdetoiet...J’ouvrelabouchepourrétorquer,maisilmeplaqueundoigtsurmeslèvres.AlorsOKmaniècede
cinqansacafté…bien.–S’il teplaît, laisse-moi terminerpetite fillebavardeet effrontée ! J’aidroit, enfinNOUSavons
droitàunedeuxièmechancetoietmoi…jesaisquetum’aimestoujours,maisquetun’esniprêteàte l’avouer ni même à me le dire. Entre toi et moi c’est au-delà des mots tu n’as pas besoin deparler…jel’aisentiàtefaçondemeserrerdanstesbras.Sesmains lâchent lesmiennes, il caressema joue et de son pouce il dessine le contour demes
lèvres, ce contact si anodin soit-il,m’excite et faitmonter enmoi des pensées inavouables en lieupublic.Monnezmedémangefurieusementetpenseàl’adagequiditquelorsquelenezgratteunepersonne
àenviedevous,jesourisenrepensantàlanuitd’hier.Dansmatêtemilleimagessebousculentsibienqu’àlafinj’aiunimmensediaporamaquis’affiche
devantmoietdesdizainesdepointsd’interrogation.SijerésumelasituationilyaquinzeanscetteconnassedeGinaetsonenfoirédepèrem’ontfait
croirequeDarrylmetrompait.Puisellem’aharcelée,insultéeetsurtoutm’aagressée,menacéede
mort et voléema bague de fiançailles et fait en sorte que je quitte le pays… sans que lui soit aucourant.Etdesoncôtéluin’ariencompris,atentédesesuicider,asombrédansl’alcool-dépendanceet la drogue puis s’en est sorti… bon appelonsNRJ 12 pour l’émission « TellementVrai » noussommesdescandidatsparfaits.BonsiDarrylpasse les fêtesdeNoëlavecnousàBoston, jevaisdevoirparlerde luiàÉmilie !!
OK!Commentluiexpliquertoutcequejeviensderésumer,ellen’aquequatorzeansbordel!!!Bonjepeuxluisimplementluidirequej’airetrouvél’amourdemavieetquejeveuxpeutêtreluiaccorderunesecondechance…
ohmondieujeviensdedirel’amourdemavie!!Tiphmagrande,tuestoujoursamoureuse.
–Darryl, j’ai besoind’y réfléchir.Depuis hier, j’ai l’impressionque la terre a tournéplus d’unefois,maisquemoijesuisrestéebloquéeaumêmeendroitetjemesensunpeudécaléelarguéequoi.–Jecomprendsmapetiteplume,tuasbesoindetemps…–Jevaisrentrerchezmoi,prendreunbonbainmedétendreunpeu…jetetéléphonedemainmatin,
OK?–Ok,prendsletempsnécessaire…Darrylmelâchelamain,etmefaitsignedetournerlatêtequandjesensunemainseposersurmon
épaule.JemeretourneetmevoilàfaceàMartinetmafille.Dansletopcinqdessituationsgênantes,là je
suissurlepodium.–Martin,mapuce,maisquefaites-vouslà?–Mamantuessurmessagerieetj’aioubliémesclés.Alorsavecpapaons’estditquenousallions
boireunverreent’attendantpuisnoust’avonsvu.–BonsoirTiphaine,situveuxdonne-moitesclésetÉmilieetmoit’attendronscheztoi.Darrylsemblemalàl’aiseets’apprêteàenfilersaveste,jeluifaissignequenondelatête.–Martin,ÉmiliejevousprésenteDarrylWallacemon…mon…–SonancienfiancécoupesèchementMartin.–Sonancienquoi??ditÉmilie.Martin sait tout demonpassé auxUSA,ma relation avecDarryl, les raisonsdenotre rupture, du
moinscequejepensaisêtrelavérité.DarryletMartinsedévisagentsansparlerniseserrerlamain.Non,mais c’est quoi cette fierté de coq là !Martin estmon ex etDarryl lui est….Et bien c’est
compliqué.Émilies’approchedeluipourluifairelabise,unehabitudebienfrançaisequidérouteunpeules
«étrangers»,elles’adresseàluienanglais.–BonsoirjesuisÉmiliealorscommeçatuétaislefiancédemamanc’estcool!Maiscommentas-
tufaitpourlaretrouver?–Bonsoir Émilie, ravi de te connaître. Oui ta mère et moi étions fiancés et nous nous sommes
retrouvésparhasardhierpouruneinterviewavecmongroupelesDorchesterLegacy…Martinm’attrapeparlebrasassezbrusquementetm’entraîneàl’écartpourparler–Tum’expliques là?Àquoi joues-tu ?C’estquoiune réuniond’anciens élèvesun remaked’un
américainàParis?
–Nonuneréuniond’exvoyons,ohattendsj’appelleAntoinepourqu’ilsejoigneànous.–Tiphainejedétestequandtuessarcastique…cen’estnidrôleniadulte.Qu’est-cequetufousavec
cejunky?Putain,maist’esvraimentunegamine!–Martinarrêtetesreprochesdesuite.–OK ! Je comprends mieux pourquoi tu retournes à Boston et surtout pourquoi tu as accepté
d’échangernosweek-ends!C’étaitpourt’envoyerenl’airaveclui,commeunevulgairegroupie–EtpuismerdeMartin!Noussommesséparéstoietmoi.Tuvasépousertaprofd’équitation.Bon
moi je l’appelle thon à Poney déjà parce que je la trouve moche, mais en plus elle est tellementcharpentéequ’onal’impressionqu’ellemontedesponeysetnondeschevaux…c’estbonlàjesuisunegrandefille.–Unegrandefille!Laisse-moirire,unegaminepathétique…voilàcequetues!Nemedispasque
tuvasteremettreavecceconnardquit’avaitbrisélecœur.Darrylselèvebrusquement…putain,maisilsmarquentleurterritoirelesdeux-là!Sij’étaisunlampadaireeteuxdeschiensilsseraiententraindeleverlapattepoursavoirlequeldesdeuxmepisseraitdessusen
premier…beurklàTiphtuesdégueu.
Darryls’approchedeMartinetluiserrelamainetlegratified’ungrandsourire.–IlmesemblequeTiphainet’ademandédelalaissertranquille.–Oh,maistuparlesfrançais?–Ouieneffetetleconnardquejesuisatoutentendu,toutcompris,etpar-dessustoutn’aappréciéni
tontonnitesreproches…MartintoiseDarrylavecméprisetricanebruyamment.–Çanechangerienàcequej’aiditàTiphaine,carjelepense.Jesaisquetuvasluibriserlecœurà
nouveau.–Tunesaisriendemoi…Toicommemoinousn’avonspassul’aimercommeelleleméritait.Toi
j’ignore la raison et c’est ton problème. Quant à moi, on m’a volé cette chance et désormais jemettraishorsd’étatdenuiretousceuxquitenterontànouveaudenousséparer,mesuis-jebienfaitcomprendre,Martin?DarrylserreunpeuplusfortlamaindeMartinetleregardedroitdanslesyeux.–Jen’aipaspeurdetoi…Jetedisadieu,carjesuissûrdeneplusjamaisterevoir.–Ça,j’endoute…jetedisàbientôt.–Comme tuvoudras,bon jevous laisseàvos touchantes retrouvailles j’aides tonnesde rendez-
vousdemain.Émiliemachérieàdansquinzejours?Elleadresseunsignedelamainàsonpère,ellenedécollepaslenezdesonportable.–Ouipapabonnesoiréeonsecaptedanslasemainemercipourceweek-endentêteàtête.Ilsedirigeverslasortielatêtebaissée.Émilieselèvebrusquementetrattrapesonpère.–Papa,attendstupeuxmeramenerchezmamancommeçaellepeutdireaurevoiràsonamis’ilte
plaît.Martinlèvelesyeuxaucieletmejetteunregardinterrogateur,j’acquiesceetjevaischerchermes
clésdansmonsacàmain,jelestendsàÉmilie.–Mercimachérie.Jeterejoinsdanscinqàdixminutesletempsquejeluitrouveunuber.–Ouiprendstontemps,jenouscommandeledîner?Indien?Chinois?Burger?–Cequetuveuxmachérie…–Émilie?C’estbonjeteraccompagnechezTAmère?Martinsembleagacéetimpatient,moijepensesurtoutqu’ilestvraimentmalàl’aiseetveutêtrele
plusloinpossibledeDarryl.ÉmiliemedéposeunbaisersurmajoueetserreDarryldanssesbras.–Bonretourcheztoietj’espèretevoiràBostonpourNoël.–Ravied’avoirfaittaconnaissanceÉmilieàtrèsbientôt.Martins’approcheetdemandesèchementàÉmiliedesedépêcher. Il la tireassezrudementpar le
bras et laisse échapper un « aïe », il ne peut s’empêcher de la traiter de chochotte. Ce qu’il peutm’énerverquandils’enprendàsafillepourcalmersesnerfs.–Martinçanevapas?…tuasétéunpeurudejetrouve.–Toinetemêlepasdeça...jeparlecommejeveuxàMAfillecompris?Darryllefusilleduregardets’approchedeluiilpointeundoigtensadirection.–JepensaisavoirétéclairMartin?–Jeparlecommejeveuxàmafemmeetàmafille.–Tuveuxqu’onenparledehorsentrehommes?–Nonc’estbonjenem’abaisseraipasàça.MartinetÉmiliesortentdubarsansunmot,mafillemefaitdiscrètementunpetitsigneensortant.Jem’approchedeluietluilanceunregardnoir,jedétestecescombatsdecoqdébile.Bonsangcequeçam’énerve,maisj’avouequec’estexcitantpourunefemme.Darryldéposeunpetitbaisersurmeslèvresetcaressemajoueetmeserredanssesbras.–Jesuisdésolée,maisjen’aipassupporté…jenevoulaispasquetumevoiesjouerlesgrosbras,
maisc’estinstinctifpourmoideteprotéger…mêmesijenel’aipastoujoursfait.–MerciDarryl,Martinpeutêtretrèsconparmoment,jedoisrentrer,Émilieacoursdemain.–Tafilleestextraelleteressemblebeaucoupetpasquephysiquement.Bonnesoiréeentrefilles…
Jetetéléphonedemain?Essayedetereposerunpeucettenuit.–Ouisimoncerveaumelepermet,attendsjetetrouveunuber.Enquelquesclics,jeréservelamêmeAudiquevendredi,elleseralàd’icicinqàdixminutes,jeme
rendsaucomptoirpourréglernosconsommationsetilmerejointavecmonmanteauqu’ilm’aideàenfiler.Surletrottoirenattendantsonchauffeur,nousavonsl’airdedeuxidiotslesmainsdansnospoches.
Ilmeserredanssesbras.UndernierbaiserduboutdeslèvresàDarrylavantqu’ilnemontedanslavoiturequileramèneàsonhôtel.
Darryl
Jesuisdans le taxidirectionleschampsElysées, j’enprofitepourconsultermonportable j’aidenombreux SMS, dont deux de William le frère de Tiphaine, après Christopher Miller est monmeilleurami.Dèsledébutdemarelationavecsasœur,ilaététrèsclair.–Jesuistonmeilleurami,maissitufaisdumalàmasœurjetepulvérise.Malgrécelailestrestémonami,cardetoutefaçonledépartdeTiphaineestrestéjusqu’àhierun
mystère…Jenel’aijamaisnicomprisniaccepté.Àl’époquejel’aimalvécu,sibienquepouroublier,jemesuismisàboire,àsortir,plusquejenele
faisais, j’ai dû prendre des cachets pour tenir le coup et assurer mes tournées… je suis tombétellementbasquejemesuisréveilléàl’hôpital.QuelquesjoursavantNoëlàladateàlaquellenousdevionsnousmarierTiphaineetmoi.J’avaiseudumalàassurerundernierconcert,j’avaisbubienplusquederaison.J’avaistentéunenouvellefoisd’avoirdesnouvellesd’elle,maissesparentscommesonfrèreont
refusé.Jeréalisaisquesansellejenevoulaisplusvivre,j’étouffais.Onm’a raconté que c’est Gina quim’a retrouvé dans la salle de bains dema chambre d’hôtel,
j’avaisavaléuneboîteentièredetranquillisantsetunedemi-bouteilledewhisky.J’aidûalorsquitterlegroupepourtenterdemefairesoigner…envain.Pour guérir, il aurait fallu que je le veuille et je ne le voulais pas. Pourmoi guérir deTiphaine
c’étaitlaperdredéfinitivement.Cen’estpasnotrerupturequim’afaitmal,carj’étaisheureuxqu’ellefassepartiedemavie.Non ce quim’a fait dumal c’est de ne pas comprendre. C’est le silence, l’absence, pendant les
premièresannéesjemesuispersuadéqu’elle«étaitmorteetqueplusjamaisjenelareverraiquejedevaiscontinuerdevivre.PourmoiGinam’avaitsauvéet jemesuis raccrochéàelle,mais jenesavaispasencorequ’elle
n’étaitqu’unebouéetrouéeetqu’ensemblenousallionssombrer.Nousavons tentéd’êtreuncouple,Ginaelleétait folleamoureusedemoi,maismoi jene l’étais
pas….Pendanttroisans,nousavonstentéd’êtreheureuxdevivrecommeunvraicouple.MaisGinaétaitultraviolente,d’unejalousiemaladive.Lavieauprèsd’elleétaitunvéritableenfer,
ellepassaitsontempsenstudioouentournéeetj’étaisobligéd’êtreh24avec…Jenesupportaisplusdevivreavecunefemmequejen’aimaispasetauprèsdequij’étaismalheureux.Notreruptureaétéautantchaotiquequ’elleaétémédiatisée.Puis j’aiapprisqueTiphaineavait refaitsavieetçam’aachevé, toutessesannées loind’elle,ce
silence, l’absence…Mais j’ai cru à une prédiction demon père, surmon lit d’hôpital lors demadernièrecurededésintox.DanielWallace–Filsjesuissûrd’unechosec’estqu’unjourturetrouverasTafemme;Tiphaineet
toifinirezvotrevieensemble,maissiturestescommeça,ellenevoudrajamaisdetoi.Negâchepascettechance!
J’aireprismavieenmain.Lajournéej’allaisàl’hôpitalpourtenterdeguérirdemadépendanceàl’alcooletlesoiràlafacpourobtenirmondiplômedecoachsportif.Jesuisdevenupèreetaveclesannéesjen’aijamaisperdulafoienlaprédictiondemonpère.Jamaisjen’aicesséd’aimerTiphaine.Bonmesmessages…jerépondsàChristopherquimedemandesijerentrecesoirousijerestechez
Tiphaine,jeluirépondsquejesuisdansunevoitureetquejerentreseul…PuisjedécidedelireleSMSdeWilliam«Salutj’aiessayédeparleràmasœurdevotrevisiteàParis,maiselleneveutriensavoir,désolé»Jesourisetjenepeuxm’empêcherdemurmurer…«situsavaismonpote…»Je décide de répondre, après tout il est avant tout un ami, bon je ne vais pas lui dire que la nuit
dernièrec’étaitmagiquec’esttoutdemêmesonfrère.«Lavieréservebiendessurprises…jepensequetudevraistéléphoneràtasœur,moijenetedirai
rien»«Espècedec…mdr,OKj’appellemasœur,maisdis-moijustesitoutvabien,làjevaismourir»«OUI…appelletasœurounonattendsqu’ellet’appellec’estmieux»«OK»Je range mon téléphone dans la poche de mon blouson et j’essaye de réfléchir à la suite des
événements.Demainsoir,jereprendsl’avionpourBoston,etdansunpetitplusd’unmois,elleetsafillenousy
rejoindrontpourpasserlesfêtesdeNoëlavecsafamille.Ellem’ademandéde lui laisserdu temps,mais l’idéedepasserunmoissans lavoirnemeplaît
guère.Putainjel’aimecettefemme,elleest…irréellej’aimetoutenelle,etmêmesiellem’afaitsouffrir
enmequittantjenepeuxluienvouloir.Elleestlaseulequim’aitjamaisaimé,jeveuxdiremoiDarryl«Boston»Wallace, lepotedeson
frèrelevoisin,legroslourdaudquil’adraguéependantdesmois…Laseulequim’aredonnéenviedem’aimer.Quandàseizeans,mongrandfrèreDanielJuniorestdécédédansunaccidentdevoiture,jen’avais
quetreizeans.J’étaisungaminturbulentetassezmauvaisélèvequicausaitbeaucoupdesoucisàmesparentsetla
mortdeDanieln’afaitqu’empirerleschoses.Nevoulantadmettremapeine,j’aimultipliélesbêtises,causantlapeinedemesparents.Enrepensantàlapeinecauséeàmesparentsetàmonégoïsme…jemesuisditquec’estmoiqui
auraisdûmourirpaslui,DanielJrétaittellementmieuxquemoi…Ilétaitbeauettrèspopulaire,lemeilleurdesaclasse,lefilsetlefrèreparfaitetmoi…Moi,jen’étaisqu’ungarçonchétif,turbulentetsurtoutmauvaisélève.ÀlamortdeDanielJr,jemesentaisvide,incomprisetpasàmaplaceauseindemafamille.Lesannéesquisuivirentfurentcatastrophiques,surtoutl’annéedemesdix-septans.Jedésespéraismesparents…jecollectionnaislesfilles,persuadéquedèsqu’uneapprendraitàme
connaîtreellemequittera,carjenepensaispasêtredigned’êtreaimé.Etpuisj’airencontréTiphaineetmavieachangé.Elleacomblétousmesvides,ellem’aréconcilié
avecmesparents.Ellem’adonnéenvied’êtreunhommebien,d’êtremeilleuretdecroireenmoicommeellecroyait
enmoi.Sanselle,jamaisjen’auraisjamaiseulecouragedemontersurscèneetdefairepartiedugroupe.Je sais bien que j’ai été toujours excessif avec elle, dansma façonde la draguer, dans notre vie
commune,danslafaçondel’aimeraussietjecomprendsqu’ellem’aitquitté.Tiphaine,jel’aiaiméeàlafolie,pourcertainscettefaçond’aimern’étaitpassaine,carcettefoliea
faillicausermaperte.Je l’aimais à en devenir fou au point de plus distinguer le bien dumal, au point d’étouffer, de
l’étoufferelle,deneplusvouloirvivresanselle.Maisc’estmaseulefaçondel’aimer.Arrivé à l’hôtel je regagnemachambredirection ladouchepuis jem’écroule littéralementdans
monlit,aveccedécalagehoraireettoutescesémotionsjesuisHS.
Tiphaine
Jeregardelavoitures’éloigneretjedécidederentrerchezmoi,Martinm’attenddevantlaportedemonimmeuble,jepensequeladiscussionentrenousvaêtrevive.Tiphaine –Qu’est-ce que tu fais là ? Tu voulais t’assurer que j’allais rentrer ? Tu es vraiment
terriblequandtut’ymets.Martin–Tiphécoute,jevoulaisjusteteprésentermesexcusespourtoutàl’heure,tuasraisonje
n’aipasàmemêlerdetavie,jetienstoujoursàtoi,tueslamèredemafilleetjeneveuxpasquetusouffresànouveauàcausedeluinid’unautred’ailleurs.Tiphaine–MerciMartin,maistusaisjesuisunegrandefilleet…j’aiapprisdemeserreurs,pour
unefoisdansmaviejenevaispasréfléchirjevaisjusteécoutermoncœur.Martin–Quetedittoncœur?Tiphaine–delaisserleschosessefaired’elles-mêmes,écoutejesuisfatiguéenousenrediscuterons
entempsvoulu.Martin–D’accordbonnesoiréemapuce,prendssoindetoi.Tiphaine–mercitoiaussi.Martinm’embrassesurlajouepuiss’éloignesansseretourner.
Tiphaine
J’ouvremaported’entrée,mafillemesauteaucou.Émilie–Allezmommyraconte-moiTOUT.TOUT?nonjenecroispasNON.Tiphaine–Écoutema chérie pour lemoment il n’y a rien à raconter, on va laisser le temps au
temps.Émilie–Oui,maisc’estÉNORME,tut’enrendscompteaumoins?Tonancienfiancéiciaprèstant
d’annéesc’estjusteOUF!!Sérieuxtuasvucommentilteregardec’esttropchou.Etcommentpapaetluiontfaillisebattre…mommytuenpensesquoitoideDarryl?Tiphaine–Émilie,laisse-moidutemps,ouic’esténormeetoufcommetuledissibien,maisjene
sais plus c’est compliquéma chérie. Je ne sais pas encore ce que je veux et puis ce n’est pas unediscussionquejedoisavoiravectoi.Machinalement, je fais les poches de mon manteau pour vérifier qu’elles sont vides avant de
l’accrocherdansledressing,jetrouveunpapierrouléenboulequejedéplieavecamusement,carjesuissûred’enconnaîtrelaprovenance.Et effectivement c’est le numéro de téléphone de Darryl avec le message suivant « quand tu
voudras».JesourisetmerendscomptequeDarrylmedonnedeplusenplusderaisonsdesourire.Jegardelepapierdansmamainetattrapemontéléphonepourenregistrersonnuméro.Quelquesminutesaprès, le livreurdu traiteurchinoisnousapportenosrepasquemafilleetmoi
dégustonssurlatablebasse.Mafilleestenfindanssonlitaprèsdemultiplesrappelsàl’ordresoldésparlaconfiscationpureet
simpledesontéléphone.Moienfindouchéeetenpyjama,jem’affalesurmoncanapéavecmacouverturefétiche;jezappe
etjetombesurmonfilmd’amourpréféréaumonde«LoveActually».MoiquivoulaisdiscuterparSkype avecmon frère quim’a harcelédemessages, je décide dememettre enmodeOff Line etd’éteindremontéléphone…Unfilmd’amourvacertainementramollirmoncœurdepierreetjevaisêtrejalouseetvouloirà
nouveauêtreaimée.
Darryl
Lundimatin, le téléphonedemachambrevientdesonner,meréveillantensursautnesachantpasl’espaced’uninstantoùjemetrouve,éveillantenmoimespiressouvenirsdesoiréesdebeuveriesouj’aifinidanslelitdepétassesimprobablesvoireimbaisablesàjeun.Unrapidecoupd’œilàcequim’entoureet jemesouviensque jesuisàParisdansunechambre
d’hôtel.À l’autreboutdu fil, c’est leconcierge, ilm’indiquequ’ilestneufheures trenteetquemesamis
m’attendentpourdéjeuneràdixheuresdanslepatiodel’hôtel.Jem’étiretelungrosmatouquiadormipendantdesjoursetbâilleencascade,puisjem’extirpedu
litàregretetjemedirigeverslasalledebains.Unefoisapprêté,jeprendsmoncourageàdeuxmainsetconsulemontéléphonej’espèreavoirun
messagedeTiphaine,maiscen’estpaslecas.Elledoitdormiroubienellen’apastrouvémonmorceaudepapierdanssonmanteau.Cen’estpasgraved’unepartj’aiunefaim
deloup, jen’aipasmangéhier, jemesuisendormicommeunemerdeenrentranthieretd’autrepart j’aipromisde lui laisserdutemps.
Jerejoinsmesamisetneleurlaissepasletempsdeparler.Darryl – Pas de questions, je ne sais rien, ellem’a dit de lui laisser du temps… pas envie d’en
parler.OK?Jeme sers un café noir, enFrance les cafés sont dignes de ce nom, bien loin de certains jus de
chaussettesquej’aipuboiredansmonpaysetcroquedansuncroissantpurbeurretellementdélicieuxque je ne peuxm’empêcher de laisser échapper unmuuummmm très bruyant et surtout équivoquelimiteorgasmique,cequidéclencheunfouriregénéral.Liam–Àdéfautdetetrouverunechérieonvat’offrirdescroissantsfrançaistuauraslemêmeeffet
sanslesinconvénientsd’unerelationavecunefille.Nousrionstousdeboncœuretlesvannesfusentcommetoujours,riennechangeentrenousetrien
nechangerajamais.Nous sommes toujours ces cinq garçons de Dorchester qui jouaient au basket après les cours,
lançaient des œufs sur les maisons pour Halloween. Ni les filles, ni l’argent, ni même mesbêtisesn’ontaltérécelienquinousunit.Warrennousrappellequenotreaviondécolleraàvingtheures.Notremanager nous déconseille de nous balader tous ensemble dans Paris, car la rumeur de la
présencedeChristopherafuitésurlenetàcausedesselfiesdelaveille…Après le déjeuner, je demande aux gars de me laisser seul, mais je demande à Warren de me
rejoindre pourme rendre un service. J’ai besoin de lui enfin, de son portable et de ses talents decaméraman.Jesuisprêt,plusque jene l’ai jamaisété.Je respire trèsprofondémentetunefoisque jevois la
petitelumièrerougedelacaméraclignoterjecommenceàjoueretàchanterpourelle,rienquepourelle.Uneseulepriseseranécessaire.JepenseallerfaireuntoursurlesChampsElysées,àl’époqueoùnousétionsensembleTiphaine
rêvait d’avoir un bijou du célèbre joaillier Tiffany&Co, car Tiphaine est la version française de
Tiffanyetpourellec’étaitundevoirdeporterunbijoudecettemarque.Jedécided’yallerseul,jesorsdel’hôteletmarchequelquesbonnescentainesdemètres,jeregarde
lesvitrinesetjebloquesurlesmagnifiquesalliancesetbaguesdefiançaillesetmedemandelaquellejepourraisluioffrir.Çapeutparaîtrecomplètementprématuréetfoudemapart,maismoijesaisqu’elleestlafemmede
mavie,jeneveuxqu’elle.Unregardsurmonportablemerenvoieàmatristeréalité,jen’aipasdemessagesd’elle,doncjene
tirepasdeplansurlacomète.Mon choix se porte sur un bracelet en argent sur lequel on peut y ajouter des « charms » des
breloques.J’entredanslaboutiqueetdemandeàvoirlesbreloquesj’enchoisisquatre,ilsnevontpasvraiment
ensemble,maisilssonttrèssymboliquesetj’espèrequ’elledécoderalemessageetcomprendrasleursens.Lavendeusemeproposed’accompagnermoncadeaud’unecartesurlaquellej’écrisjuste«c’était
tonrêveduTiffanypourTiphaine.FromBostonwithlove»Monpetitsacbleuàlamain,jeremontel’avenuedesChampsElyséesendirectiondemonhôtel,je
fondebeaucoupd’espoirdanscecadeau,jenesaispasàquelmomentluidonner.J’hésite encore je pense que je le lui enverrai de Boston, car je ne veux pas qu’elle se sente
oppressée,maissijem’écoutaisjefonceraischezelledesuitepourleluioffrir.Jeprendsmontéléphoneetdécidedeluienvoyerunmessage,audépartjevoulaisluitéléphoner,
maisc’estunetrèsmauvaiseidée,jesuisàfleurdepeau…etcomplètementperdu.Mon cœur me hurle « dis-lui que tu l’aimes », mon cerveau me dit « tais-toi idiot tu vas tout
gâcher».Mabouche,elle,ellenesaitpasàquiobéiretsielleécoutemoncœurplutôtquematêteetjevaismeprendreunmur.Quefaire?Fairelemortetprendrelerisquequ’ellecroiequec’étaitjusteunbonmoment…Putainj’ail’impressiondemeretrouvervingtansenarrièrequandj’aieulecoupdefoudrepour
elleetquejenesavaispascommentfairepourlaséduire.Bonjemelancej’envoieunSMS«Bonjourtoi,jequittel’hôtelvers17hpeut-onsevoir?Tutravailles?Jet’embrasse».J’appuiesurenvoyeretinstantanémentjeregrettelecontenudecemessage.Plusdébiletumeurs !
Non,maisquel crétin j’auraismieux faitd’attendred’être à l’hôtel etdedemander l’avisd’undesgars.Jepasselaréceptionetdiscuteunpeuavecledirecteur,j’aiunserviceàluidemander,puisrentre
dansl’ascenseur.UnpetitPingm’avertitdelaprésenced’unSMSsurmonportable,c’estTiphaine.« SalutDarryl, j’ai besoin de temps, de beaucoup de temps pour savoir où j’en suis, nousnous
reverronsàBoston.D’icilàonresteencontact.Jet’embrasseprendssoindetoi.Tiph»Cemessagepeutsemblerneutre,maispourmoi,ilesttrèspositif.Jefaisàcontrecœurmavaliseetm’affalesurmonlitpourrépondreàsonSMS.«Jecomprends,prendssoindetoijevoulaisjustetedirequej’aipasséunmerveilleuxweek-end.Je
suisheureuxquenousayonspuparler»«Moiaussi»«Turestescheztoiaujourd’hui?»«Ouijesquattemoncanapé,bonretouràBoston,embrassetamèreettasœurpourmoi»«Avecgrandplaisir,mercipourtout.Jetecontactedanslasemaine,jet’embrasse»«Àbientôt»«Morethanwords…»«…»Jesouris,carjesuisheureuxetpleind’espoircestroispetitspointspourmoiilsveulentdire«je
sais»«j’ypense»jelaconnaismaTiphainejesaisqu’ellealecerveauetlecœurretournésetsijeveuxlarécupérerjevaisluiporterl’estocadefinaleetelleseraànouveaumienneetpourtoujours.
Tiphaine
Unebonneodeurdecaféchaudravitmesnarines,mafillepasselemugsousmonnez.E«Mommyréveilletoi,lepetitdéjeunerestservidebout!»T«Nooonnnjeveuxdormirencoreunpeu…»E«Désoléemabelleauxboisdormantsilesthuitheuresetdemie…allezdebout»Jem’étireenbâillantàmedécrocherlamâchoireetréalisequej’aidormisurmoncanapé,j’attrape
lecaféquemetendmafilleainsiqu’uncroissanttoutchaud.T«Ohmercimonangetuasétéàlaboulangerie?C’esttropchou»E«Jevoulaistefaireplaisir,avantdepartirchezCharlinepourréviserlebrevetblancdemainc’est
fériéetilyapascoursaujourd’hui»T«Ouic’estvraij’avaisoubliéquetun’aspascours,tuveuxquejetemènecheztacopine?»E«Nonmerci samèrevavenirmechercher je supposeque tuas aussioubliéque jedors chez
elle?»T«Onnepeutrientecacher,désoléemapuce,j’ailatêteailleurs,jesuiscrevéeet…»E«ettroubléeparlebeauDarryl»dit-elleenriantT«Émilie…c’estcompliquéetcen’estpasunsujetquejedoisaborderavectoi»E«ahbonetpourquoi??Pasavecmoi?»Ellemetsespoingssurseshanchesetmeregardedroit
danslesyeux…Sauvéeparlegong,enfinparl’alerteSMSdemontéléphone,enparfaitepetitefouine,elleserue
surmontéléphoneavantquejenelefasse.E«tiensquandonparleduloup…unmessagedeDaaaarryyyyllleuuh»Elles’amuseàfairel’avionavecmontéléphoneettrèsfranchementçam’énerve,jen’aipasenvie
qu’ellelisemonmessageoupirequ’ellefracassemontéléphonesurlesol.T«Émiliedonne-moicetéléphonedesuite!»Jel’aiditsuruntonsisecqu’ellemeregardel’airdésoléjepensequ’elleacomprisqueDarrylest
unsujetsensible.E«Désoléemommy,bonjefiledansmachambrefinirdepréparermonsac,lamèredeCharline
seralàd’icidixminutes…jeteferaiunbisouavantdepartir»Darrylvoudraitquenousnousvoyionsavantsondépart,maisjepensequec’estunemauvaiseidée,
jenevoudraispasprendrededécisionhâtive.Cequ’ils’estpasséceweek-endétaitsi…troublantdéjà,jamaisjen’avaisagidelasorte.Tomberaussifacilementdanslesbrasd’unhomme,unexquiplusest,bonj’avouequefranchement
ça m’a fait un bien fou, pas que d’un point de vue sexuel, bon je ne vous cache pas que c’étaitfabuleux,magiqueinouï…celafaisaitunmomentquejen’avaispasprisuntelplaisiraulit.Darrylm’aaiméavectantdepassionetdedésirqu’iln’apasbesoindemedirequ’ilm’aime,car
c’étaitenlui,danschacundesesgestes,desesbaisers.C’estsurtoutauniveaupsychiquequecelaaétébénéfique,j’aireprisconfianceenmoi,j’aieula
forcedem’affirmerfaceàAntoineetMartincesdeuxhommesquim’ontmodeléeàleurimage…Avantmaséparation,jen’avaisconnuqueDarryletMartin.AvecDarrylj’aitoujoursétémoi-même,laTiphainequijouedelaguitare,quiadorelire,quicourt
ledimanche,quiadoreallervoirjouerlesRedSoxoulesBostonsCeltics.AvecMartin,c’étaitdifférenttrèsvitejesuisrentréedanslemoule,pourêtrelabruetlacompagne
idéale.Jesuisdevenuesnob,jefréquentaislessalonsdethé,lesboutiquesàlamode,leclubd’équitation
delamèredeMartin,sesamisgolfeurs…j’aichangédecoiffureetdestylevestimentairepourlui.La seule chose que j’ai réussi à faire pour moi ce sont mes études, et réussir ma carrière de
traductrice.J’airefusédel’épouser,deportersonnometdedevenirofficiellementsachose.Vousn’avezpas
idéeduscandalequ’afaitmonex-belle-mèredanslamaternitélorsqu’elleaapprisqu’Émilieportaitégalementmonnomdefamille.Je pense quema séparation avecMartin a été un soulagement, enfin surtout pour sa famille, car
malgrél’amourquenousnousportions,carouijel’aisincèrementaimé,nousn’étionspasdestinésànousaimertoutelavie.Endeuxansj’aieudeuxcopainsetétrangementilsavaientlemêmeprofil,quemonexplusâgé,un
statutsocialélevé,doncrassurant,maistropinfluents,tropdominateurs.IlafalluquelehasardmemettesurlaroutedeDarrylpourquelavraieTiphaineseréveille,etme
secoue les couettes, etmedise«putain tu as36 ans, réveille-toi bordel !Ne laissepas le passé tebouffer !Lève le cul de cette chaise, dismerde à cemec qui te barbe et va dans cette chambre etdiscuteavecDarryl…Soisforteetaffrontelavérité»Etc’estcequej’aifait,j’enavaismarredemecomplairedansmavisiondesfaits«Darrylétaitle
méchantetmoilavictime»Maisenlevoyant,moncœurs’estsoudainéveillé.J’aieuànouveauuncoupdefoudrepourlui,
commesi,jenel’avaisjamaisconnu,moncœurs’esttellementemballéquewaouhilhurlaitet…Jen’aipaslaissétousseshorriblessouvenirsbâillonnermoncœur.Mais là aujourd’hui je ne sais pas ce que je dois faire,mon cœur part dans tous les sens,mon
cerveaus’enmêleets’emmêle.Etsijelevois,jenevaispasavoirlesidéesclaires.Dimanche,ilm’abienfaitcomprendrequ’ilvoulaitquenousrecommencionsetlàdanssontextoil
medit qu’ilm’aime enfin à sa façon, à notre façon, celle que nous avions lorsquenous étions encouple.Etmoi,jen’aipassuquoirépondred’autresquecestroisstupidespetitspoints.Sérieusementtroispetitspoints,maisqu’est-cej’avaisentête,detouteévidencerien.Ilprendl’avioncesoir…nousvivonssurdeuxcontinentsdifférents.Aaaahhhhjenevaisquandmêmepastomberdanslafacilitédefaireuneliste.Ilfautquejecessedelaissermondestinsedéciderentredeuxcolonnes.
Déjàjevaislevermonculdececanapé,prendreunedoucheetm’habillerj’yverraisplusclair.
Darryl
AéroportRoissy-CharlesdeGaulle,Terminal2F,ilestdix-neufheurestrente,noussommesdansunpetitsalonprivéc’estundesnombreuxavantagesquenousoffrelacélébrité.Notrevolseradansuneheure,noussommestranquillesetnouspouvonsnousreposerunpeu.Je n’ai pas eu de nouvelles de Tiphaine, je sais par le directeur de l’hôtel, que le coursier lui
remitmonpaquetenmainspropresàdix-septheures.Porte-t-elle mon bracelet, a-t-elle écouté la chanson, a-t-elle envie de connaître la réponse à la
questionquejeluipose?Jen’aipaslamoindreidéedecequ’ellepeutfaireouressentiràcetinstant,j’essaiedel’appeler,
maisjetombedirectementsursamessagerieetçamefaitl’effetd’uncoupdepoignarddanslecœur.Pourmonesprittorturéetparanoïaquecelasignifiequ’elleasciemmentéteinssonportablepourne
plusmeparler.Je téléphoneàmamèrepourprendredesnouvellesdemafille,ellem’aénormémentmanqué, je
suistrèsimpatientdelaretrouveretdelaserrerdansmesbras.Jeregardeànouveaumamontreilnes’estécouléquequinzeminutesdepuisladernièrefoisoùje
l’ai regardée, je deviens fou et visiblement ça amuse mes petits camarades qui chuchotent en memontrantdudoigt.Ilsrigolentcommedescollégiens,etmoij’aijusteenviedehurlertantjesuisdésespéré,l’ancien
DarryliraitaubarettrinqueraitavecMrJackDaniels,puissebattraitaveclepremierconnardquileregarderait d’une façon qui ne lui conviendrait pas, mais j’ai changé et je ne bois plus. J’ail’impressiond’êtreun lionencageet jenesaismêmeplusceque je ressens tantçabouillonneenmoi.–Jepeuxsavoircequivousfaitrirebandedep’titscons?–HeyducalmeWallaceonregardetheTonightshow,paranova!disJoshenmefaisantunmagistraldoigtd’honneur–Superlesmecsjevoisleniveau…bravobelesprit!–HoWallaceallez,déride-toimec,arrêtedeteboufferlecerveau,ditDavidsansleverlatêtedutéléphone.–FacileàdireMiller…putainlesgarsjedeviensdinguejemetaperailatêtecontrelesmurspourqueTiphaineensorte.–Si tu veux, jemeporte volontaire pour te cogner dessus, tu seras peut-être plus beau si je te refais le portrait !dit Christopher en
frappantsonpoingsifortsurlapaumedesamainquej’ensursaute.–Pasdesoucisconnard!QuandtuveuxWilsonjesuistonhomme,dis-jeenm’approchanttrèsbrusquementdeChristopher.
J’ail’airtellementsérieuxqueJoshs’approchedemoiets’interposeentrenous…–Putainlesmecs!!OkDarrylcen’estpasdrôlepourtoijecomprendscequetuvis,maisstop.–OKtuasraison,Wilsondésolémec…jevaisjouerdelaguitareçavamecalmer.–Excuse-moiDarryl,j’aidéconné,jepeuxt’accompagner,onjouequoi?–AllIwant…jesaiscequevousallezdire,mais…–Disrienc’estbonpourmoij’adorecemorceau.
Josh,LiametDavidprennentplaceàcôtédeChristopher.JefaissigneàWarren,maisilvientderecevoirunappeletfroncelessourcils.Ilnoustourneledos
etsortdusalonprivé.Nous commençons à jouer.Autant cematin j’étais plein d’espoir autant ce soir je suis vraiment
triste.Jeprévienslesgarçonsquejevaislajouerdefaçonpluslentequelaversionoriginale,quejevaisdescendreplusdanslestonsgraves…
Je commence à la chanter, les garçons ne chantent pas avec moi, ils se contentent de faire leschœurs.Jechantelachansonlesyeuxfermés,carjen’aipaslaforcedelesgarderouverts,j’aitroppeurde
pleurer…Constatantquejen’airienvuundesgarçonsseraclelagorgejerelèvelatêteetjen’encroispas
mesyeux.Tiphaineestlàdevantmoi,ellealeslarmesauxyeux,jecomprendsquedepuisledébutelleétaitlà
etjenel’avaispasvu…jeluttepourcontinuerdejouer,carj’aienviedepleurertantjesuisému.Jedécidedechangerlesparolesdudernierrefrainpar
ButIfyoulovedmeMaissitum’aimaisWhydidyouleaveme?Pourquoim’as-tuquitté?TakemybodyPrendsmoncorpsTakemybodyPrendsmoncorpsAllIwantwasToutcequejevoulaisAndallIneededwasEttoutcedontj’avaisbesoinTofindsomebodyC’étaitdetrouverquelqu’unButIhaven’tfoundsomebody, maisjen’aipastrouvéquelqu’unLikeyouCommetoiLesgarçonssortentdusalonsansdireunseulmot,nouslaissantseuls.Elleestlàdevantmoi,plus
belle que jamais, elleme sourit, jeme lève etm’approche d’elle, je remarque qu’elle portemonbracelet.Jeposeunemainautourdesatailleetjelarapprochedemoi,jecaressesajoueetellefermeles
yeux.Àsontour,elleentouremataille,ellepassesamaindansmescheveux,elleposesurmoi,unregard
pleindedouceur.Elle se rapproche demon visage, sa joue câline lamienne puis n’y tenant plus, je lui relève le
mentonetdéposedespetitsbaiserssurseslèvres.Jemordillesa lèvreinférieureetelleentrouvreenfinsabouche,malangueseglisseet jeprends
avecpassioncettebouche,monbaiserestpassionnéjeneluilaisseaucunrépit,jeveuxluifairesentircombienjel’aime.Jecessedel’embrasseretluirelèvelementonlaforçantàmeregarderdroitdanslesyeux.–Jet’aimeTiphainejet’aitoujoursaimé…
Madéclarationlafaitfrissonner,etellesecolleencoreplusàmoi,sonnezsecaledansmoncouet
ellem’embrasse,ellepartdel’épauleetremontelentementverslelobedemonoreille,puisrepartdans le sens inverse,déclenchantenmoidespetitesdéchargesélectriquesquime font sentir trèsàl’étroitdansmonpantalon.Je sais qu’ellem’aime, entre elle etmoi cela a toujours été plus fort que lesmots, bien au-delà
même.Jeleressensàsafaçondemeregarder;àsafaçondemetoucheretdem’embrasser.Etpar-dessustoutlesimplefaitqu’elleaittraversétoutParispourêtrelà,pourmedireaurevoiren
espérantquecelanesoitpasunadieu.Elle secollecontremoietmecâline,elleembrassemoncouetmes joues, toutencontinuantde
caressermescheveux.Elle m’embrasse et ce baiser est d’une telle intensité qu’on pourrait le prendre pour un baiser
d’adieu,etc’estlecasc’estlebaiserd’adieuànotreanciennerelation.–Jet’aime«Boston»Boston?Ellem’aappeléBostonetellem’adit je t’aime.J’ai tellementpriépourquecelaarrive
quej’aidumalàcroirequec’estréel.Elle dépose un petit smack et se blottit dansmes bras. Je la serre contremoi et je lui chante sa
chanson préférée« flyme to themoon » nous dansons. Je suis sûr que nous avons l’air d’idiotspathétiques,maisjem’enmoqueiln’yaquenous.Jesaisqued’iciquelquesminutesnousdevronsembarquésjen’aipaspeurdelaquitter,carjesais
qu’ellevamerevenir,elleprendrasontemps,maiselleseraàmoietpourtoujours.
Tiphaine
Ilestvingtheurestrenteetjesuisdansuntaxiquimeramènechezmoij’aidumalàréalisercequejeviensdefaireetsurtoutdedire…Lefilmdelajournéesedéroulesousmesyeux,jesaisqu’aprèsledépartdemafille,j’aiprisune
doucheetquejesuissortiecourir,j’avaisbesoindemedéfouler.Je me souviens également d’être allé déjeuner chez Laury-Ann, ma meilleure amie, c’est la
patronneduDebra’sDinner.Je fréquente ce restaurant depuismon arrivée à Paris. Enmanque dema culture américaine j’ai
cherchéunpetitcoind’Amériqueetj’yaitrouvéunesecondefamille.Cen’estpasqu’unrestaurantc’estégalementuneépicerieaméricaineetuneassociation.Audépart,l’établissementétaittenuparsesparentsDonaldetDebraJohnson,enbonneadolescente
américainequi se respecteelleétait fandeDorchesterLegacyet elle ade suite reconnuenmoi lafiancéedeDarrylenfinl’exetnoussommesdevenuesinséparables.C’estverstreizeheuresenpleincoupdefeuquejesuisarrivéeaurestaurant,j’étaisenpiteuxétatet
jeluiaitoutraconté,entredeuxcommandes,planquéedanslacuisine.Ellem’a écouté sansm’interrompre et j’ai écouté ses conseils en faisant demême. Puis je suis
rentréechezmoi,devantmon immeubleuncoursierm’attendait,pourmeremettreunpaquetde lapartdeDarryl.UnsacbleudechezTiffanysurlequelestinscritlechiffre1etuneenveloppesurlaquelleestinscrit
lechiffre2.J’aiouvertenpremierlepaquetdechezTiffanydansunejolieboîtebleuesetrouvaitunbraceleten
argentavecdescharms,quatre.Ils sont très représentatifs de notre histoire d’amour : une enveloppe, car à l’époque pour me
séduireildéposaitdespetitsmotssouslaportedemachambre,etunflocondeneige,carilneigeaitlapremièrefoisounoussommesembrassés,unpalmierensouvenird’Hawaiietdenotremariage,uncœursurlequelilestgravéiloveyou.Puisj’aiouvertl’enveloppedanslaquellesetrouvaitunecléUSBquejemesuisempresséedelire
etlàlechoc…Darrylseulfacecamérachantepourmoi«Alliwant»deKodaline,unechansonfabuleusesurla
ruptureetlemanquedelapersonnequ’onaime.PuisDarrylmelaisseunmessage.Submergéepar l’émotion je repenseauxparolesdeLaury-Ann«Si jamais tupouvais reveniren
arrièrequechangeraistudanstavie?Sic’étaitàrefaire?Lequitterais-tuoubienchercherais-tuàconnaîtrelavérité?»Ellen’apastort,queceluiquines’estjamaisposécettequestionlèvelamain.Sij’avaislepouvoirderevenirdanslepasséje…jen’ensaisrienenfait.Serais-jerestéefiancéeàDarryl?Est-cequemalgrétoutjel’auraisépousé?Notrecoupleaurait-il
tenu?Pendantcombiendetempsaurais-jeacceptédesubirlesfans,leharcèlementdeJoëletGina?Combiendephotosdanslestorchonspeople?Aurais-jedufairesemblantetaffronterenaffichant
unsourireconfianttoutenétantenmiettesaufonddemoi.Sij’avaiscepouvoirqu’est-cequejechoisiraisd’effacer?Rien,jenechangerairiendutout,carjeneregretteriendemavie,jesuisheureusedetoutceque
j’aivécu,carmespeines,mesjoies,mesremords,mesréussitesetmeséchecsfontdemoicellequejesuis.J’ai compris que les sentiments que j’éprouvepourDarryl sont plus forts que tousmesmauvais
souvenirs.Moncœurmurmurequ’ill’aimeetlapetitevoixquimedit«nontuvasteramasser»finitparse
taire…moncœurveutDarryl,moncorpsledésiretoutautant.Çavaêtrecompliqué,mais…etpuismerdejel’aimey’ariendeplussimpleoudeplusévident.Je mets le bracelet sur mon poignet, j’enfile une veste, j’attrape mon sac et je contacte mon
chauffeuruberparchanceilestlibre;directionl’aéroport.J’appelleWarrenquiviendramechercherpourquejepuisseaccéderausalonVIPoùilsresteront
jusqu’aumomentdemonterdansl’avion,privilègedestarsilsontdéjàeffectuétouteslesmodalitésetaccéderontdirectementàl’avionauderniermoment.EtpuisfaceàDarryl…impossiblederésister.Nousnoussommesembrassésavectantdepassion,unbaiserintense,unbaiserquidisaitpresque
adieuànotrepassédemerde,puisunautrebaiserplusdoux,plustendre,commepourdirequenousrepartionsendouceursurdenouvellesbases.Ilm’aditqu’ilm’aimaitetj’aieulaforcededépassermespeursetmesangoissesetjeluiaiditque
jel’aimaisaussi.Jel’aimêmeappeléBoston,commeavant,àl’époqueoùnousnoussommesrencontrés.À l’époque, aprèsm’avoir rattrapédans sesbras,Darryl a faituneespècede fixation surmoi, il
prétendait avoir eu le coup de foudre pour moi, que j’étais son âme sœur, que je devais êtreamoureusedeluietquejerefusaisdel’admettre.Ilmedraguaitdefaçontrèsmaladroite,etiln’étaitpasdiscretpourunsou,celaamusaitbeaucoup
mesparentsetsurtoutmonpèrequil’appelait«beaufils».Monfrèreluidonnaitlegentilsurnomde«râteau360».Amiavecmonfrère ilétaitomniprésent, ilmesortaitpar lesyeuxetcomme ilportaitquedes t-
shirts,descasquettesoudessweatssurlesquelsétaientinscrit«Boston».Pourmemoquerdeluijemesuismiseàl’appeler«Boston»mêmeluienjouaitaudébutoùilme
courtisait,ilmelaissaitdespetitsmessagessignés«fromBostonwithlove»Unjour,lasséeparsacourassiduejeluiaidit«tuesàcepointstupidequetuporteslenomdeta
villesurtoi,tuaspeurd’oublier?»Ilm’arépondu«c’estpournepasoublierd’oùjeviens…pourlejouroùjeseraisunestar»Jem’étaismoquéedeluiassezsèchementetvexéilm’avaitrépondu.«Unjourtuporterasunt-shirtavecmonvisagedessusetc’esttoiquiaurasl’airstupide.»Lorsquenoussommessortisensemble,j’auraispul’appeler«bébé»ou«moncœur»,maisj’ai
continuéàl’appelerBoston.Pendanttoutletrajet, jeregardelavidéodeDarrylquej’avaistransférésurmontéléphone,pour
mepersuaderquemerendreàl’aéroportestunebonneidée.« Je ne sais pas qui chante, mais c’est sublime j’en ai les poils qui se hérissent » me dit mon
chauffeur.«C’estmonamoureux…»c’estsortitoutseul,commeuncriducœur.Nousdiscutonsmusiquelerestedutrajet…Je rentredansmonappartement jemesensseuleet triste,moncanapé,macouverturepatchwork
faite par mamère, monDVD deWill Hunting, je verrais Boston… comme ça le temps avant d’yretournernoussembleramoinslong.Mevoilàcommeunepauvrenouilleenmodedéprime…heureusementquedemainjenebossepas,
carjecroisquejevaispleurerunebonnepartiedelanuitetdemainjeseraiunvéritablepanda.Delaglace,ilmefautdelaglace,j’aiunénormepotd’HäagenDazsvanillenoixdemacadamiaqui
attenddanslecongélateurc’estlepotspécialdéprime.Surlecomptoirjeremarquel’écharpedeDarryl,jelaprendsetlarenifle,commejel’espéraiselle
asonodeur,sonparfum,jelapasseautourdemoncouetl’espaced’uninstantjemesensdanssesbras,jemelovesurlecanapéjeremontelepatchwork.Dès lespremières imagesdu film, j’ai lemaldupays, lemalde lui et jeprends conscienceque
jusqu’àmonvoyage,letempsvaêtretrès,trèslong.Les images deHarvardma fac et du campusme filent un cafardmonstre, je ferme les yeux un
instantetrespireànouveausonodeur.Jepensequec’estàcetinstantquejemesuisendormie.
DarrylAéroportinternationalBostonLogan,
Notreavionvientdeseposersur le tarmac, jesuiscontentderentrerchezmoi,deretrouvermamère,mafille,messœurs.Maissij’avaiseulechoix,jeserairestéunjouroudeuxdeplusàParisavecTiphaine.Williamestlà,jeluiaienvoyéunmessagedeRoissypourqu’ilviennemechercher.J’aivraimentbesoindeluiparlerdesasœur,avanttoutpourlerassurer.Jeveuxluiexpliquerquecettefoisjeneferaipaslamêmeerreur,quejesuisprêtàpasserlereste
demavieàtoutfairepourlarendreheureuse.Jel’aime,àchaquebattementdemoncœur,àchaqueminutequis’écoule,jeveuxqu’ilcomprenne,
quejevaislatraiteraveclerespectqu’ellemérite.Jeveuxlafairesourireettoutfairepourquechaquejourellem’aimedavantageetpar-dessustout
jamaiselledoitverseruneseulelarme…jeveuxquecenesoitquedeslarmesdejoie.Unegrandeaccoladeetnousnousrendons jusqu’àsavoiture,directionChurchStreetdansunde
mes restaurants préférés chez Mike &Patty’s pour prendre un brunch pour discuter dans un lieuneutre.J’aidormipendanttoutlevoletjen’airienmangé,j’ail’estomacdanslestalons.Devantunboncaféfumant,jedemandeàmonami:«As-tupuparleràtasœur?»«Non,elleignoremesappels,etvuquetun’asrienvoulumedire…ques’est-ilpasséàParisdis-le
moioujet’étripe!»Jesouris,jesouristellementquejen’aipasletempsd’ouvrirmabouche.«NOOOOONN????Jen’ycroispas…masœurettoi?»Jemecontentedehocherlatêteetdesourireànouveau.«Mondieucequetuasl’aircrétinàsourirecommeçajetejure…»«C’estchouetted’êtretonami,jemesensvraimentsoutenu…puisquetuleprendscommeçajene
teraconteplusrien»«NooonnnallezDarryl,netefaispasprier,raconte!»Jeluiraconte,toutdepuisledébut,l’accidentdelatraductrice,l’arrivéedeTiphaineàl’hôtel,notre
discussion…Lebaiseréchangéetlanuitàsescôtés…enfinjenerentrepasdanslesdétails,Willestlefrèrede
machérietoutdemême.Je lui parle aussi de l’incroyable journée en tête à tête dans Paris, le Trocadéro, tour Eiffel, la
baladesurlespontsdeParis.Jeluiexpliquequeçavaêtredurd’attendrequ’ellenousrejoigneici.Maisquecettefoisjeneseraipaslelourdaudquej’étaisàmesdébutsavecelle.Jeseraipatientetsurtout trèsoccupé…jevaiscommenceràfaire le tourdesentrepreneurspour
enfinfairedesdevispourrénovermamaison.Je vais profiter de ma fille, passer du temps avec elle, avant qu’elle ne parte pour un mois en
Espagneavecsamère.Dansquelquesjours,noustourneronsleclipde«ForEver»ilyenapourdeuxjoursdetournage
puis avant cela, départ pour NewYork pour enregistrer une chanson pour une émission deThanksgiving.Avecunprogrammeaussichargé,çapasseratrèsviteetpuisTiphaineetmoiavonsprévudenous
parlerviaSkype.Will est vraiment heureux pour nous et me propose de les accompagner pour le Nouvel An à
NewYork.Je trouve que c’est une super idée, nous discutons unmoment, nous rions beaucoup, nous nous
remémoronsdemerveilleuxsouvenirssurtout,lesnombreuxrâteauxquem’amisTiphaine.Lepetitdéjeunerfini,jelibèreWilletjedécidedepasserembrassermamèredontlemagasinde
fleurestàcinqcentmètres.Jen’aipasletempsdepasserlaportequemamèremesautedanslesbrasetànouveaujeraconte
monincroyableweek-end…Ellemeditcombienelleestheureusepourmoi,maismedemandedenepasm’emballer,elleatrop
peurquejesouffreetquejesombreànouveau.«TuaseuTiphainedepuistonatterrissage,»«Non j’ai prévu de l’appeler vers 21 heures, heure de Paris, soit quinze heures ici, juste avant
d’allerchercherSkylaràl’école»«Tuveuxluifairelivrerdesfleurs,jetravailleavecunexcellentfleuristeàParis,justepourqu’elle
sachequetupensesàelle,non?»«Maman…tupensesàtout,tuesmerveilleuse,jet’aimemaman»Aprèsavoirchoisidesfleursqu’ellerecevrademain,j’écrisunecartequenousavonsscannée, je
décidederentrerchezmoi,dedéfairemesvalisesetmedereposerunpeu,tenterdejoindreTiphaineparSkypeetenfinallercherchermaminitornade.Il est vingt-deux heures lorsque jeme couche enfin… je relis le derniermessage deTiphaine et
m’endorspourlapremièrefoisdepuistrèslongtemps,sanspeurdulendemain.
Tiphaine
Voilà presque trois queDarryl est parti, et on ne peut pas dire que je sois au top dema forme,l’euphoriedudébutàlaisserplaceàlamélancolie.Darryln’estpaslacausedemonspleen,bienaucontraireiln’aeudecessedemeconsoleretsans
luijepensequej’auraisvraimentpétéuncâble,j’adorenospetitesconférencesvidéo,naturellementnotre complicité est revenue,un soir Émilie etmoion a chanté « à la faveur de l’automne»pourSkylaretlui.Ilfautdirequelasemainequivientdes’écouleraétécatastrophique,unenchaînementdemauvaises
nouvelles.L’immeubleoùjetravailleaprisfeuetaétéentièrementdétruitenpleinejournée,nousavonsété
évacuéspar lespompierset tousconduità l’hôpitaldans lequel travailleMartin.J’aidûpasserunenuitenobservation.Ayantlaissémeseffetspersonnelsdansmonbureaujemesuisretrouvéesanstéléphoneportable,ni
monordiquej’avaisemmenéaubureau.Pourunefoismonex-mariaétéd’ungrandsoutien,ilausédesonpouvoirpourquej’obtienneune
chambreparticulièreetm’aprêtésonordinateurpourquejemeconnecteàSkypeetpuisse rassurermafamille.J’aieutouteslespeinesdumondepourempêcherDarryldeprendrelepremiervol.Etpourcouronner le tout,hiermatinmafilleestpartieenvoyagescolaireàRome,etça j’avais
complètementoublié.Jemesuistrompéedanslesdates,jedevraismeréjouirpourelle,maisvoilàcesoirc’estThanksgivingetpourlapremièrefoisdepuisqu’elleestnée,jelefêteraissanselle.Jen’avaismêmepasenviede lefêter,maisLaury-AnnetsurtoutJonassonmarim’ontprévenue
qu’ilsviendraientmechercherparlapeaudesfessessijeleurfaisaisfauxbond.DepuishiersoirimpossibledejoindreDarryldécidémentquandçaneveutpas,çaneveutpas…Allezhautslescœurs,jevaispasserunebonnesoiréeencompagniedemesamisAméricains,jeme
suispomponnée,unejolierobetuniqueàmancheslonguesimpressioncachemiredanslestonsbeigeet rouge, des bas ambrés,mes bottesmarron glacé, je relèvemes cheveux en une jolie queue dechevalhauteetcoiffemafrangesurlecôté.Jesuisassezsatisfaitedemoi.Jemetsmonmanteauetl’écharpedeDarryl autour demon cou, elle sent toujours sonparfum, j’ai triché j’ai demandéunéchantillon dans ma parfumerie préférée et j’en ai aspergé sur toute l’écharpe pour avoirl’impressiond’êtredanssesbras.Jeprendsmonétuiàguitare,j’enfilemonmanteaupileaumomentoùunSMSm’annoncequemon
uber est là, me voilà direction la rue du commerce et le Debra’sDinner, prête à dévorerlatraditionnelledindeetlatarteàlacitrouillepréparéeparMamaDebravenuetoutdroitdeSanDiego.J’ensalived’avance…J’arriveenfindanslerestaurantprivatisépourlasoiréejesalueindividuellementchaquemembre
del’assembléequisonttousdevenuaufildesannéesdesamis.L’ambianceestdécontractée,familialeettrèschaleureuse,quec’estboncepetitcoind’Amérique,
enunéclairj’oublielessoucisquimeminentchacunàleurtour.Lepetitspectaclecommence,Laury-Annmeditquejevaischanterenpremierjeveuxm’isolerun
instantdanslacuisine,maisellem’eninterditl’entrée…onnerentrepasdanslescoulissesmedit-
elled’ailleursjenecomprendspaspourquoicetteannéel’entréedanslacuisineestinterdite.Jeprendsplacesurunechaiseàcôtédecomptoirfaceàlaportedelacuisinejalousementgardée
parJonas.Russelrèglelemicroàmahauteur,lescopainscommencentàmesiffler…jerougiscommeune
pivoinemeraclantlagorge.«BonsoiràtouscesoirjevouschanteuneversioncountrydelachansonAllIwantdeKodaline»JeremarquequePeggy-LeeuneTexanemariéeàundesplusgrandsagents immobiliersdeParis
mefilme,jeluidemanderaisdem’envoyerlavidéopourlamontrerDarryletÉmilie.Jecommencelespremiersaccords,toutetremblante,depuisplusdequinzejourscettechansonne
me quitte pas, déjà parce que je regarde tous les jours la vidéo de Darryl, en pauvre groupieamoureusequejesuisetpuisjelatrouvetellementenosmoseaveccequenousavonsvéculuietmoi.Cettechansonjelachanteavectoutmoncœur,maislorsquej’attaquelesecondcouplet,j’entends
unesecondeguitareetunevoixquimesemblefamilière,jelèvelesyeuxetlàdansl’embrasuredelaportedelacuisinejustefaceàmoiDarryl….Iltraverselasallepourvenirjusqu’àmoitoutencontinuantdejoueretdechanter,ils’arrêtedevant
moietnousfinissonsnotrechanson.Toutelasallenousapplaudit,jeneréalisepastropcequim’arrive,j’ôtelasangledemaguitareet
je laposesur lachaise.Jonasprend laguitaredeDarrylquimeprenddesesbraset lorsquenousnousembrassonslesapplaudissementsetsiffletsnousassourdissent.«Surprisemachérie,jesaisquejedevaisattendreencorequinzejours,mais…c’étaittropdur»«Jet’aimeBoston.Mercid’êtrelàc’estlaplusmerveilleusedessurprisesmerci»Nousdînonstousensembleetc’estprobablementlemeilleurThanksgivingdetoutemavie.Trèsvitej’apprendsqu’Émilie,mesparentsetmesamisontétécomplicesdecettepetitesurprise.Jesuistellementheureuseetcombléecesoir.Dans le taxi qui nous ramène, nous nous tenons la main sans parler, nous attendons de nous
retrouverseulsdansmonappartement.Laporteàpeinepassée,nosvêtementsvolentdanstouslessensetsontsemésçàetlàsurlechemin
quiconduitàmachambreC’estensous-vêtementsquenousnousretrouvonssurmonlit.Darrylm’allonge sur ledos,à califourchon surmoi,m’embrasse très tendrement,me caresse la
joueetmeregardedroitdanslesyeux.«Tuessibelle»Seslèvresdescendentlelongdemoncorpsfaisantparcourirsurluidesfrissons,quiontpoureffet
demefairecambrerengémissant.Sesmainsmecaressentlelongdemescôteseffleurantmesfesses,sesgestes,sesbaiserssonregard
toutenluiestuntroublantmélangededésirettendresse.Sajambesefaufileentremescuissespourm’aideràlesécarter,salangueremonteplushautvers
messeinsqu’ilembrasseettitillejusqu’àmefairem’agripperauxdraps.
Il redescendvers le sud et prend tout son tempspour faire glissermon string. Il accompagne lalentedescentedecetissudedentelledebaiserssurmesjambes.Débarrasséedemonstring;ilremonteversmonsexe,ilyinsèreundoigtleretireetlelèche.–ohmachérie,tuesdéjàprêtepourmoi.Sa languesepromènesurmonsexeet sonpouce joue surmonclitorisunemélodie sensuelleet
torride, lorsque jesuisaubordde la jouissance, il s’arrête remontantversmes tétonsqu’il torturehabillement, lesmordants, lespinçant et les suçant, jememords les lèvrespournepashurler sonprénom.Darryl-«Jevaistefairecriermonnom,tuvasvoir»Ilredescendprendrepossessiondemonboutondechair,déterminéàmefairehurlerdeplaisir, je
suisdésormaisàlamercidesescaresses.Ilcontinuetoutenaccélérantsesrapidesva-et-vientavecsalangue.Mesmainsviennentseplacer
sursatêtepourm’agripperàsescheveux.Jemecambreencoreplusetsesdoigtss’enfoncentencoreplusprofondémentenmoi.Je jouis avec un dernier coup de langue en criant son prénom. Ce qui lui donne un sourire
prétentieuxquejerêvedeluifaireeffacer.Jeprendssonvisageentremesmainsdefaçonautoritairepourprendreseslèvresd’abordunbaiser
tendreettimidepuis,malanguecherchelasienne,ellessedéfient,nosdentss’entrechoquent.Iltentederésisterpuislebaiserdevientplusprofond,plusintime.«Chérijedoisprendre,tusais…»Ilmelaisseaccéderautiroirdemonchevetpourquej’attrapelepréservatifquejeluitends.Il enlève sonboxer et j’entends le bruit de l’étui dupréservatif. Il reprend lemême jeu avec ses
doigtscettefois-ciaumomentoùilsentquejevaisjouirànouveauilmepénètreenmeregardantdroitdanslesyeuxCetinstant-làestjustemerveilleux.Jemesens littéralementpossédéepar luietsescoupsdereinsmerapprochentdeplusenplusde
l’extase.Darrylmefaitl’amouràl’imagedesapersonnalitécomplexe.Tantôtbrutaltantôttendre.Cettedualitéaugmentemonplaisirquivacrescendo.Ilmerendcomplètementfolle,jecommenceà
jouirettrèsviteilmerejoint,iltiremescheveuxethurlemonprénompuiss’écrouleàmescôtés.Après avoir pris un tel pied et épuisé par son long voyage, Darryl se blottit dans mes bras et
s’endorttrèsvitesousmesbaisersetmesjet’aime.
Darryl
Jemeréveilleensursaut, légèrementdésorienté,nesachantplus tropsi j’ai rêvéoupas ;uncoupd’œildel’autrecôtédulitmerassure.Tiphaine,nuedortpaisiblement,jenepeuxm’empêcherdelaregarderdormir.Jeluttecontrelesommeil,carjeneveuxpasperdreunseulinstantàsescôtes.Cesoir,jereprends
l’avion.Jesuisfouamoureuxd’elle,c’estlafemmedemavieetjen’enaijamaisdouté.Jesuissurprisparl’heureilestseptheures,jepensaisqu’ilétaitquatreoucinqheures.Jecaressesescheveuxetmesdoigtsdescendent le longdesanuquepuis je lesfaiscourirsursa
colonnevertébrale,ellesedandineetrâleenmurmurequ’elleveutdormirencoreunpeu.Ellelèvelatêteouvrelesyeuxetsouritenmevoyant.Elles’assoitetdesonindexm’inviteàmerapprocherd’elle.Ellem’ouvresesbras,montorsese
plaquecontresapoitrine,aucontactdemaqueuesestétonssedressent.Humm,jesensqueceréveilvaêtrebienplusagréablequejel’espérais.Nos lèvres se retrouvent, nos langues s’emmêlent tendrement, je dépose de doux baisers sur ses
lèvres.Mesmainsdescendentleslongsdeseshanches,jemedélectedelachaleuretladouceurdesapeau.J’ai envie de la toucher de partout et par-dessus toi je meurs d’envie que ses mains chaudes et
doucessepromènentànouveausurmoncorps.Impatient,jelâcheàregretseslèvres,pourprendrepossessiond’undesestétons.Jeleprendssurleborddemeslèvres,puislesuce,lemordille,letire.Sarespirations’accélèreetellecommencepargémir,mamains’occupedesonautrepointerosée,
quejefaisroulerentremonpouceetmonindexpuistireunpeuplusbrusquementdessus.–Darryl,murmure-t-elle
Jemesouviensqu’elleaimaitquejesoisunpeubrusque,quejelabousculeunpeu.J’embrasse sa sublime poitrine une dernière fois et la pousse pour l’allonger sur le dos, je la
rejoinsenl’embrassantdanslecou,mamainseposesursesseins,puisdescendplusbaslentement,très lentement,monmajeur, frôledansunmouvementdeva-et-vientsonclitoris, elle se cambreenrâlantd’unevoixsuppliante.Jeplongemonmajeur etmon indexdans son intimité, elle est trempéeetbrûlante, je retiremes
doigtsetellefroncesessourcils,ellemanifestesonmécontentementetçam’exciteencoreplus.Jepressemamaincontresonsexe,etlemassetendrement,sesgémissementssontdeplusenplus
saccadésetsuppliants.J’insère à nouveau deux doigts en elle et j’aspire frénétiquement un téton, tout en continuant de
jouer avec son sexe, tel que je le ferai sur ma guitare, j’accélère en suivant le tempo de sesgémissements…Ohmachériejevaistefairepasserdesaiguësaugraveetjevaistefairechanter…Elleestsiréceptiveàmescaressesquemaqueuesedressedeplusbelle.J’enpeuxplus,jeveuxla
prendre là de suite, mais je ne veux pas me précipiter, je veux prendre tout mon temps pour la
savourer,jecontinuequelquesva-et-vient.Avantqu’ellenejouisse,jeretiremesdoigtsetjeremontelelongdesajambequej’embrasse,c’esttoutjustesijenelalèchepas.Elleseredresseunpeuetsamainsefaufilesouslesdraps,jedécidedelalaisserfaire.Samainglisselelongdemavergequ’ellesaisitunpeuplusfermement,sesdoigtsresserrentun
peupluslapression.Elleentameunmouvementdebasenhaut.Mes yeux se ferment et je murmure son prénom, elle serre encore plus fort et accélère ses
mouvements,jesuisauborddel’extase,jen’enpeuxplusjeveuxêtreenelle.«PutainTiphtuvasm’achevermachérie.Sansme répondre, ellemeprenddans sadélicieusebouche, cette fois c’est avec ses lèvres et sa
languequ’ellemedonneduplaisir.«Tiphchériearrêtejevais…putainc’esttropbon»Mais elle nem’écoute pas et continue àme sucer sesmouvements de va-et-vientmemènent au
paradis, elle redouble d’ardeur, je pousse un long râle et je jouis dans sa bouche… je hurle sonprénom.«Tuneperdsrienpourattendrepetitecoquine…Tuvasvoir»«Quoitun’espasfatigué?»«Fatigué?Moi?Mêmepasetpuisjeterappellequej’aiunavionàprendrecesoiralorsjevais
profiterencoredetoi…mademoiselle…capote,jevousprie»,dis-jeentendantlamain.J’enfiled’unemaincefichupréservatif, lacaresseunpeuetmefrotteàelle,puisjem’enfonceà
nouveauenelle,cettefoisjedécidedeprendretoutmontemps,jevaisluifairel’amourlentement.Jenelaquittepasdesyeux,jel’embrasseetlacaressedepartoutpendantquemonsexesavourela
douceuretlachaleurdesaféminité.Jedonnedescoupsdereinslentsetprofonds,puisj’accélèremesmouvementspourlafairejouir,
puisjeprendsmontempspourlarejoindre.J’ôtelepréservatif,etmelèvepourallerlejeterdanslapoubelledesasalledebains.Jeparsdanslacuisineluichercherunverred’eau.Jem’assoisprèsd’elleauborddulit.Elleboitsonverrepuissoudainellemanquedes’étouffer,elleposesonverresurlechevet.«Mincejedoisallerbosserj’avaisoublié…Nooonnn»Jelaserrecontremoietcouvrelehautdesatêteetsonfrontdebaisers.«Nestressepasmachérietunevasaubureauaujourd’huij’ai téléphonéàtonpatronégalement.
Surprise!Tuasunjourdecongé.»Ellem’embrassesurlefront,puissurmeslèvres,ellememurmurejet’aime.Jel’embrasseànouveauetnousnousallongeonsl’uncontrel’autrenouscâlinantunlongmoment.Puiselleselève,sedirigeverslasalledebainsetenressorsquelquesminutesplustardenpeignoir
debainetuneservietteenturbansursescheveux.Àmontourjeprendsmadouche,laprendreensembleestunemauvaiseidéeenfinunebonneidée,
maisnousavonsbeaucouptropdechosesàfaire…Etj’aiunavionàprendrecesoir.Lorsquejesors,elleesthabilléeetuneodeurdepancakesfaitgargouillerl’estomac.Surlatableunvraifestinm’attend,pancakes,jusd’orangepressé,lesœufsetlebaconsontentrain
decuire.JelaregardeetjemevoisquelquesannéesenarrièredansnotreappartementdeBeaconHill,cette
époquemerveilleuseoùnousvivionsensembleavantquejenedevienneunconnarddepremièreetquejelaperde.Mais pas de regrets aujourd’hui je suis dans son appartement à Paris etmême si d’ici quelques
heures jedoisrepartirpourBoston, jesaisquedansquinze joursnousseronsensemblepour troissemaines.TiphaineetsafilleontacceptédenousaccompagneràLASVEGASetàetMIAMIpourlesdeux
seulsconcertsprévuspendantleurséjour.«Vat’habilleretvientdéjeuneravectoutestesbêtisesilestbientôtonzeheures…situveuxallersur
latombedeJimMorrisonetvoirNotre-DamedeParisavantdepartirvafalloirtedépêcher…»Jefaistomberlaserviettequientouraitmatailleetlaregardeavecunairdedéfi…«Onapeut-êtremieuxàfairenon?»«Mieuxàfaire?PffarrêtetoncirqueBoston…allezvat’habillerlesœufsvontrefroidir»«Ouimadame»Jeramasselaservietteetfoncedanssachambre,j’enfileunjeanetunsweat,unsweatdemafacà
moi:BostonUniversity.JesourisenrepensantàtouteslesvannesdeTiphaineàproposdemessweats.Lorsquejem’installesurletabouret,ellefixemonsweatetsemordlalèvrepournepasrire,mais
c’estplusfortqu’ellec’estunevraiechipie.«Tun’aspaschangé,toujoursbesoind’avoirtavilleinscritesurtesvêtements…»Jemelèvelarejoins,luidonneunetapesurlesfessesetl’enlace.« Non ma chérie c’est parce que j’ai trop peur que tu oublies de me rejoindre, alors c’est un
messagesubliminalespècedepetitepeste»Jel’embrassetrèspassionnément.Puisellemeregardedanslesyeux«N’aipaspeur Bostonjet’aimetroppouroublier»«EnparlantdeBoston,Copleyplaceça teparle?Oui?Non?Tiens, dis-je en lançantuneboîte
bleuequejesorsdelapochedemonsweat.»«TiffanysurCopley?Bostontuesungrandmaladec’esttrop»Elleouvrelaboîteetsouritenytrouvantsoncadeauunautrecharmàaccrocheràsonbracelet.«Unavion»dit-elleaveclesourire«Oui l’avionva êtremonmeilleur ami, d’ailleurs j’ai unmaxdemiles, alors dès que tu as des
vacancesouunlongpontcommevousditesenFrance,dislemoietjetedonneraimonvolgratuit»Elleaccrochesonbijouàsonbraceletetmeserredanssesbras,ellemeprendparlamain.«JimMorrisonestmortdepuislongtempstuterecueillerasuneautrefoissursatombe…»«OKetpourNotre-DamedeParis??»«Tuesprotestantnon?»
«Décidémenttuasvraimentréponseàtout,espècedechipie»Jelasuisdanssachambre,ounousallonspasserlajournéeànousaimeretnouscâlineravantque
l’océanAtlantiquenousséparepourquinzejours.
Épilogue
DarrylDavidetlesgarschantent«Thescientist»deColdplay,maiscettefoisjenelesaccompagnepas.MesyeuxseposentsurTiphainequidiscuteaveclesépousesdemesamisjustedevantlascène.Mondieucequejesuisamoureuxd’elle,elleestradieuseetjamaisjenel’aitrouvéaussibellequ’à
cetinstantprécis.LachansonsetermineetJoshmefaitsigne.Jem’approche d’elle et dépose un baiser sur ses lèvres, elle attrapemon visage etm’embrasse
passionnément.«Tiphaine,tuveuxbiendanseravecmoi?»«Avecgrandplaisir Boston»Jeluiprendslamainetl’attireaubeaumilieudelapistededanse,jefaissigneàDavid.«MesdamesetMessieursetaussilesenfants,jevousdemandedebienvouloirapplaudirMonsieur
etMadameWallace»Jel’enlaceetl’embrasseavectantdepassionquetoutlemondenoussiffleetapplaudit.Ellemepincegentimentlajoue.«MonsieurWallacevoulez-vousvoustenircorrectementnousavonsunbalàouvrir»«D’accordmonamourjemerattraperaipournotrenuitdenoces»Jefaissigneauxgarçonsquicommencentàchanter«Boston»d’Agustana.Eh oui par cemerveilleux jour de décembre, presque vingt et un an jour pour jour après notre
premierbaiser,mapetiteplumevientdemedireoui.Lacérémoniefutmerveilleuse,j’aipleuréenlavoyants’avancerversmoiaubrasdesonpère,je
n’aipum’empêcherdepenseraumien,ainsiqu’àmonfrère.Nosfillesontparfaitementtenuleursrôlesdeporteusesd’alliances.Tiphaineafaitrirel’assembléeen«prenantBostonetnonDarrylpourlégitimeépoux»Nos témoinsontétégéniaux ilsont faitundiaporamadenosvieillesphotos,etont faitdebeaux
discourssurlaforcedessentimentsetdudestin.Nous sommes la preuve que les personnes destinées à être ensemble se retrouvent toujours
quoiqu’ilarrive.Voilà,uneannées’estécouléedepuisnosimprobablesretrouvaillesdanscethôtelParisien.Endouzemois,nousavonsdûbattrelesrecordsdelatraverséedel’AtlantiqueenAvion.LaligneParis-Bostonn’aplusaucunsecretpournous,enfinsurtoutpourmoi,jesuisvenuàParis
unefoisparmois.Aussiétonnantquecelapuisseparaître,Martinsonexaétéformidable,ilaadaptésonemploidu
tempsauxallers-retoursdeTiphaine,ouàmesvisitess’occupantaumieuxdeleurfille.
Émilieaussiaétéunange,elleatoutfaitpourqu’avecsamère;mafilleSkylaretmoiformionsunefamille.EtpuislorsquelaboîtedeTiphaineaferméilyasixmois,àlasuitedel’incendiequiaravagéses
locauxj’aipasséunmoisàsescôtésetj’aieubeaucoupdemalàrentreràBoston.Chacundenosaller-retourdevenaitdeplusenplusdifficile.Aussi lorsque Martin nous a annoncé son départ Afrique pour travailler pour médecins sans
frontières,nousyavonsvuunsigne.J’aifaitmademandeleneufjuilletpoursonanniversaire.Unedemandepeuconventionnellejedois
lereconnaître.ÀchaquefoisquejevenaisàParis,jeluioffraisunbijou,j’aidécidédelasurprendre.Comme d’habitude, je lui ai lancé la boîte de chez Tiffany&Co qu’elle a attrapé au vol. Elle étaitpersuadéeque je luioffraisuncharmdepluspoursonbracelet,maisà laplacedubijou ilyavaitjusteunpost-itsurlequelétaitdessinéuneflèchequipointaitverslebasquandelleabaissélesyeuxj’étais à genoux et je lui tendais un solitaire en or blanc entouré de diamants à l’intérieur j’ai faitgraver«FromBostonwithlove».Nulbesoindeparler,nousnoussommesembrassésetlorsquej’aiglissél’anneauàsondoigtjeme
suissentienfinheureuxetànouveauvivant.Tiphainearevendusonappartementetobtenul’accorddeMartinpourqu’elleemmèneÉmilieavec
elleàBoston.Enseptembre,Émilieferasarentréedanslelycéequesamèreetmoiavionsfréquenté.Quantàmafemme,jesuistrèsfièredevousannoncerqu’elleapasséhautlamainsesexamens.Enseptembre,elleferasarentréeàHarvardpourreprendresesétudesqu’elleavaitdûabandonner
àcausedemoietdansdeuxanselleréaliserasonrêvedevenirenseignante.Elle pose sa tête sur mon épaule et me regarde amoureusement, je suis au bord des larmes,
j’embrassesonalliancecommepourm’assurerquejenerêvepas.Leslumièressetamisent,lapistesevide,pournouslaisserànouveauseuls,Davidchante«Flyme
toothemoon»unechansonqu’elleadore.Cesoirc’estmoiquivoyageverslaluneetlesétoiles,jeviensd’épouserunefemmemerveilleuse.
Remerciements
ÀEvamonéditricequiestunefemmeformidable.À toi ma gâtée que d’aventures nous avons vécu des bancs du collège à ce concert magique à
l’Olympiaen2014Àmesdeuxétoilesquibrillentdansleciel,j’espèrequevousêtesfiersdemoi.ÀmesdeuxL:Jevousaimeau-delàdetout.Àmasœur:NulbesoindemotsÀmonpère.Àmesnémasses:Vousdéchirezlesfillesjevousaimetellement.AlateamErato:Mercipourvosconseilsetvotrefolie.Àmescollèguesdetravail:Jevousadore,mercipourvosencouragementsetdevotresoutienEn vrac :Mes chatounettes,Kiki,Guigui, Tony, Jeff,Natou,Delphine, Céline, Topi, Stef, Lizzy,
Véro,lesmousquetairesdeBrignoles,lesanciennesdeSaintLoup,lesanciensduLycéePagnoletdel’écoleFrédéricMistral.Àmeslectricesetmeslecteurs:Mercipourtoutcequevousm’apportez.AuxNewKidsOnTheBlocket enparticulier àDannyWOODqui a engrandepartie inspiré le
personnagedeDarrylWallace.Jenepeuxpascitertoutlemondealorsmerciàceuxquifontpartiedemavie,ceuxquim’aimentet
quej’aimeetlesautres…FromSiobhanWithLove
XoXo
BONUSLeschansonsextraitesdulivre
https://www.youtube.com/playlist?list=PLYMcjntYoMG2HmQDkQqsmHBl7KAZqGfUg
KissingafoolGeorgeMichael
«YouarefarTuesloinWhenIcouldhavebeenyourstarQuandjepouvaisêtretonétoileYoulistenedtopeopleTuécoutesdesgensWhoscaredyoutodeath,andformmyheartQuiteglacelesang,etdepuismoncœurStrangethatyouwerestrongenoughBizarrequetusoissiforteToevenmakeastartPourrecommencerButyou’llneverfindMaistunetrouverasjamaisPeaceofmind,Lapaixdel’âmeTillyoulistentoyourheartJusqu’àcequetuécoutestoncœur
[Refrain]PeopleLesgensYoucanneverchangethewaytheyfeelTunepeuxpaslesfairechangerd’avisBetterletthemdojustwhattheywillMieuxvautquetuleslaissesfairecequ’ilsveulentFortheywillPourcequ’ilsveulentIfyouletthemSituleslaissesStealyourheartfromyouTevolertoncœurPeopleLesgensWillalwaysmakealoverfeelafool
FonttoujourspasserunamoureuxpourunfouButyouknewIlovedyouMaistusavaisquejet’aimaisWecouldhaveshownthemallNousleuravonstousmontréWeshouldhaveseenlovethrough.Quenouspouvionsvoirl’amourautraversFooledmewiththetearsinyoureyesTum’asrendufouavecleslarmesdanstesyeuxCoveredmewithkissesandliesTum’ascouvertdebaisersetdemensongesSogoodbyeDoncaurevoirButpleasedon’tyoutakemyheartMaisnemeprendpasmoncœurYouarefarTuesloinI’mnevergonnabeyourstarJeneseraijamaistonétoileI’llpickupthepiecesJerécupéreraislespiècesAndmendmyheartEtraccommoderaismoncœurMaybeI’llbestrongenoughPeut-êtreserai-jeassezfortIdon’tknowwheretostartJenesaispasparoùcommencerButI’llneverfindMaisjenetrouveraisjamaisPeaceofmindLapaixdel’âmeWhileIlistentomyheartQuandj’écoutemoncœur
[Refrain]PeopleLesgensYoucanneverchangethewaytheyfeelTunepeuxpaslesfairechangerd’avisBetterletthemdojustwhattheywillMieuxvautquetuleslaissesfairecequ’ilsveulentFortheywillPourcequ’ilsveulentIfyouletthem
SituleslaissesStealyourheartfromyouTevolertoncœurPeopleLesgensWillalwaysmakealoverfeelafoolFonttoujourspasserunamoureuxpourunfouButyouknewIlovedyouMaistusavaisquejet’aimaisWecouldhaveshownthemallNousleuravonsmontréLalalalalala…Lalalalalala...ButrememberthisMaissouviens-toideEveryotherkissTouslesautresbaisersThatyouevergiveQuetuasdonnéLongaswebothliveAussilongtempsquenousvivronsWhenyouneedthehandofanothermanQuandtuasbesoindelamaind’unautrehommeOneyoureallycansurrenderwithUnavecquitupeuxteséparerIwillwaitforyouJet’attendraisLikeIalwaysdoCommejel’aitoujoursfaitThere’ssomethingthereIlyaquelquechoseThatcan’tcomparewithanyotherQuetunepeuxcompareravecaucunautreYouarefarTuesloinWhenIcouldhavebeenyourstarQuandj’auraispuêtretonétoileYoulistenedtopeopleTuécoutesdesgensWhoscaredyoutodeath,andformyheartQuiteglacelesang,etdepuismoncœurStrangethatIwaswrongenoughBizarrequej’étaisautantdanslefauxTothinkyoulovedmetooPourpenserquetum’aimaisaussi
IguessyouwerekissingafoolJesupposequetuasembrasséunfouYoumusthavebeenkissingafoolTuasdûembrasserunfou
AlafaveurdelautomneTété
PostédevantlafenêtreJeguetteLesâmesesseuléesÀlafaveurdel’automne
PostédevantlafenêtreJeregretteDen’yavoirsongéMaintenantquetum’abandonnes
Àlafaveurdel’automneRevientcettedoucemélancolie
Un,deux,trois,quatreUnpeucommeonfredonneDevieillesmélodies
RivédevantletéléphoneJ’attendsQuetudaignesm’appelerQuetutedécidesenfin
Toi,tesalluresdegarçonneRompiezunpeulamonotonieDemesjournéesdemesnuits
Àlafaveurdel’automneRevientcettedoucemélancolie
Un,deux,trois,quatreUnpeucommeonfredonneDevieillesmélodies
{Refrain:}Àlafaveurdel’automne
TuredonnesÀmamélancolieSescouleursdesuper-scopitoneÀlafaveurdel’automne
Commentai-jepuseulementÊtreaussibête?Onm’avaitprévenuVoicilavériténueManqueraitPlusquelemauvaistempsS’ymetteUnegouttedepluieetj’auraisvraimenttoutperdu
{auRefrain}
PerderelamoreMassimoRanieri
EadessoandateviaEtmaintenant,partezVogliorestaresolaJeveuxresterseuleConlamalinconiaAveclamélancolieVolarenelsuocieloVolerdanssoncielNonchiesimaichieriTunetedemandaisjamaisquituétaisPerchesceglestimePourquoim’avoirchoisiMechefinoaiericredevofossiunreMoiquijusqu’àhier,croyaisquetuétaisunroiPerderel’amore,quandosifaseraPerdrel’amour,quandarrivelesoirQuandofraicapelliunpod’argentolicoloraQuandunpeud’argentcolorelescheveuxRischid’impazzire,puoscoppiartiilcuoreTurisquesdedevenirfou,toncœurpeutexploserPerderel’amoreeaverevogliadimorirePerdrel’amouretavoirenviedemourirLasciamigridarerinegareilcieloLaisse-moicrier,renierlecielPrendereasassatetuttiisogniancorainvolo
LancerdespierresàtouslesrêvesencoreenvolLifarocadereadunoadunoJelesferaitomberunparunSpezzerolealideldestinoJecasserailesailesdudestinEtiavrovicinoEttuserasprèsdemoiComunqueticapiscoMaisjetecomprendsEammettochesbagliavoEtj’admetsquejemetrompeFacevoletuescelleSijefaisaisteschoixChissachepretendevoQuisaitcequejeprétendaisAdessocherimaneMaintenantqu’ilneresteDituttoiltempoinsiemeDetoutletempspasséensembleUnadonnatropposolaQu’unefemmetropseuleCheanchorativuolbeneQuit’aimeencorePerderel’amore,quandosifaseraPerdrel’amourquandarrivelesoirQuandosoprailviso,c’èunarugachenonc’eraQuandsurlevisageilyauneridequin’étaitpaslàProviaraggionarefail’indifferenteTuessaiesdeteraisonnertujouesl’indifférentFinoacheriaccorgichenonseiserviraanienteJusqu’àcequetut’aperçoivesqueçanesertàrienEvorrestiurlare,soffocareilcieloEttuvoudraishurler,étoufferlecielSbatterelatestamillevoltecontrailmuroTetaperlatêtemillefoiscontrelemurRespirareforteilsuocuscinoRespirerfortsonoreillerDireetuttacolpadeldestinoDirequec’estlafauteaudestinEtiavrovicinoEttuserasprèsdemoiPerderel’amore,maledettaseraPerdrel’amour,mauditesoiréeCheraccoglieicoccidiunavitaimmaginariaQuirassemblelesdébrisd’unevieimaginaire
PensichedomanieungiornonuovoPensequedemainestunnouveaujourMaripetinonmel’aspettavoMaistulerépètesjenem’yattendaispasPrendereasassatetuttiisogniancorainvoloLancerdespierresàtouslesrêvesencoreenvolLifarocadereadunoadunoJelesferaitomberunparunSpezzerolealideldestinoJecasserailesailesdudestinEtiavrovicinoEttuserasprèsdemoiPerderel’amorePerdrel’amour
Boysdontcry
TheCure
IwouldsayI’msorryJediraisquejeregretteIfIthoughtthatitwouldchangeyourmindSijepensaisquecelateferaitchangerd’avisButIknowthatthistimeMaisjesaisquecettefoisI’vesaidtoomuchJ’enaitropditBeentoounkindJ’aiététropcruelItrytolaughaboutitJ’essayed’enrireCoveritallupwithliesDelecacherpardesmensongesItryandJ’essayeetLaughaboutitJ’enrisHidingthetearsinmyeyesEncachantleslarmesdemesyeux‘Causeboysdon’tcryCarlesgarçonsnepleurentpasBoysdon’tcryLesgarçonsnepleurentpasIwouldbreakdownatyourfeetJefondraisenlarmesàtespieds
AndbegforgivenessEtimploreraistonpardonPleadwithyouTesupplieraisButIknowthatMaisjesaisqu’ilesttroptardIt’stoolateEtmaintenantAndnowthere’snothingIcandoIln’yaplusrienquejepuissefaireSoItrytolaughaboutitAussij’essayed’enrireCoveritallupwithliesDelecacherpardesmensongesItrytoJ’essayeLaughaboutitD’enrireHidingthetearsinmyeyesEncachantleslarmesdemesyeux‘causeboysdon’tcryCarlesgarçonsnepleurentpasBoysdon’tcryLesgarçonsnepleurentpasIwouldtellyouJetediraisThatIlovedyouQuejet’aiaiméeIfIthoughtthatyouwouldstaySijepensaisqueturesteraisButIknowthatit’snouseMaisjesaisquec’estinutileThatyou’vealreadygoneawayQuetuesdéjàpartieMisjudgedyourlimitsJ’aimalévaluéteslimitesPushedyoutoofarT’aipousséetroploinTookyouforgrantedJen’avaispasd’égardspourtoi
IthoughtthatyouneededmemoreJepensaisquetuavaisdavantagebesoindemoiNowIwoulddomostanything
Maintenantjeferaisn’importequoiTogetyoubackbymysidePourquetureviennesàmescôtésButIjustMaisjenefaisriend’autreKeeponlaughingQuecontinueràrireHidingthetearsinmyeyesEncachantleslarmesdemesyeux‘causeboysdon’tcryCarlesgarçonsnepleurentpas
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