GavrocheLe Parisien universel
M 011 - Gavroche 5 - F : 1, 80 €
N° 5 Semaine du 16 au 22 décembre 2010
ISCPA - Institut des Médias
MENACE SUR 2012
La stratégie payante de Marine Le Pen
Austérité La grogne
continue
Design auto
Solutionanti-crise
Tessa WorleyLa bombe du
ski français
Gavroche - 16 décembre 2010
Sommaire2
GavrocheRédaction : 9 rue Alexandre Parodi, 75010 Paris
Directeur de la publication : Michel Baldi
Directeur de la rédaction : Jean Savary
Rédacteur en chef : Wilfried Corvo
Secrétaire de rédaction : Benoît Magistrini
Chef des infos générales : Antoine Delthil
Maquettiste : Laëtitia Reboulleau
Journalistes : Alexandre Benhadid, Alexandra Bresson, Yann Casse-
ville, Charlotte Dehouve, Karma Duquesne, Virginie Le Borgne, Audrey
Loussouarn, Valentin Marcinkowsk,i Eléonore Quesnel, Emmanuelle
Ringot, Emilie Rivenq, Clémentine Santerre
Pas sorti de l’auberge, laFrance… qui reste dans lanasse même si la neige a
disparu. Pas mieux non plus ducôté des coupes budgétaires dugouvernement, mal placées seloncertains. Pour preuve, les manif’contre l’austérité des syndicatseuropéens (p.8 et 9). Pourtant, ilsemble que Papa Noël fassecertains cadeaux cet hiver. Lesétudiants en difficulté pourrontmanger et dormir au chaud(p.11). Eh oui la vie d’étudiant,ce n’est pas toujours l’aubergeespagnole. Pas sortis de l’aubergenon plus, les automobilistes(p.10). Rarement les dérapagesn’auront été aussi nombreux queces dernières semaines. On secroirait au Trophée Andros (p.18).En parlant de glissade, MarineLe Pen a démontré qu’elle manieaussi bien que son père l’art dudérapage -contrôlé cette fois-.Avec la probabilité grandissanted’un 2002 bis pour 2012 et lamontée de l’extrême droite, laclasse politique française n’estpas sortie de l’auberge (p.4, 5 et6). Heureusement tout n’est passi noir en cette période de tris-tesse économique et sociale, au-tant se relaxer devant les bellesglissades de la Tessa Worley(p.24) ou encore les bellescourbes des voitures repenséespar les designers automobiles(p.16 et17).
p.3 Perspectivesp.4 à 6 Dossierp.7 à 9 Politiquep.10 à 11 Sociétép. 12 International
Perspectives page 3La succession de Sarkozy estlancéePar Wilfried Corvo
Dossier Marine Le Penpages 4-6La machine est en marchePar Karma Dusquene et YannCasseville
Politiquepage 8-9Manifestation contre l’action gouvernementalePar Audrey Loussouarn et Virginie Le Borgne
Sociétépage 10Cités et Restos U ouverts en hiverPar Alexandra Bresson
Economiepages 16-17Portraits de designers automobilesPar Benoît Magistrini
Portrait page 24 Tessa Worley devalent lespente à toute vitessePar Yann Casseville
Edito
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Photo de couverture : DR
p.13 à 17 Economiep.18 à 19 Sportp.20 à 22 Culturep.23 L’actu décalép.24 Portrait
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Gavroche - 16 décembre 2010
Perspectives3
En route vers 2012Un an et demi avant l’élection présidentielle, certaines ambitions n’apparaissent qu’embryonnaires, alors qued’autres pointent nettement. A droite, Nicolas Sarkozy devrait être candidat à sa propre succession. Au parti socia-liste, plusieurs candidats se sont déjà déclarés pour les prochaines primaires mais, seul DSK, émerge dans les son-dages. Au centre, François Bayrou, dans le rôle du « troisième homme », n’est plus vraiment seul.
«Il ne faut pas seule-
ment les ignorer,
mais [les] combat-
tre », a déclaré François Bay-
rou à propos des récentes
déclarations de Marine Le
Pen, à l’issue de sa réélection
à la présidence du MoDem,
dimanche 12 décembre. Ga-
gnant avec plus de 94 % des
voix, l’homme du centre le
sait, ce n’est pas lui qui fait
l’actualité. C’est la vice-prési-
dente du Front National, qui
occupe aujourd’hui l’espace
médiatique. Sa popularité
semble grandir au point de
menacer de refaire le coup
des Présidentielles de 2002…
comme papa. Gollnisch
(aussi vice président du FN),
qui pense avoir « la stature
d’un homme d’Etat », peut
bien se plaindre des faveurs
médiatiques accordées à sa
rivale. Celle-ci semble bien
placée pour incarner le re-
nouveau du parti et se placer
en arbitre, voire en finaliste
surprise du printemps 2012.
Elle se place en troisième po-
sition (à la place de Bayrou)
derrière Nicolas Sarkozy et
les candidats PS (Ségolène
Royal, Martine Aubry, Fran-
çois Hollande et Dominique
Strauss-Khan). D’autres pos-
sibles candidats comme Jean-
Luc Mélenchon (Parti de
gauche) ou Olivier Besance-
not (Nouveau Parti anticapi-
taliste) peuvent légitimement
craindre d’être marginalisé
par la terrible blonde du FN.
Milles épinesAu sein du Parti socialiste, la
maxime « y penser toujours,
n’en jamais parler » concerne
désormais le sort fait en 2002
au candidat Jospin. Qui est le
mieux placé pour éviter le bis
repetita ? La campagne pour
les élections internes de la
course à la candidature PS ne
débutera pas avant juin, date
butoir pour le successeur de
Ségolène Royal. Réponse à
l’automne prochain. Arnaud
Montebourg, de son côté, s’est
déjà déclaré candidat. Tout
comme Manuel Valls qui, le
premier, avait déjà ouvert les
hostilités en avril 2010. Ar-
naud Montebourg a par ail-
leurs reçu le soutien officiel de
Christiane Taubira, députée
PRG et ancienne candidate
aux élections présidentielles
de 2002. Ségolène Royal a
imité son partenaire socialiste
à la fin du mois dernier. La
présidente de Poitou-Cha-
rentes veut revivre l’ivresse
de la campagne présiden-
tielle. Elle souhaite, comme
son ancien compagnon Fran-
çois Hollande, que la désigna-
tion du candidat socialiste se
fasse avant l’été prochain. Pas
du tout une manœuvre contre
le président du FMI, clame-t-
elle, ni contre la Première se-
crétaire du parti, Martine
Aubry. « Il (ndlr. DSK) n’était
pas du tout décidé. Il n’a pas
manifesté la moindre envie de
se présenter (…). Si Martine
Aubry voulait y aller, elle se
serait déjà engagée ». Martine
Aubry, Laurent Fabius, Fran-
çois Hollande, Jack Lang, Be-
noît Hamon ou encore Gérard
Collomb, le sénateur-maire de
Lyon. Tous des poids lourds
du parti socialiste. Peu de
chances que tous se déclarent
candidats à la candidature.
Mais pour l’instant rien n’est
sûr. La liste pourrait être
longue pour juin.
Ecologie unieC’est sans noter qu’il faudra
aussi compter avec, ou plutôt
« contre », la grande union
entre les Verts et Europe Eco-
logie devenue : Europe Eco-
logie-Les Verts (EELV). Une
association d’entités plus
qu’une réelle union peut-
être. Mais après quelques
succès électoraux pour Eu-
rope Ecologie, les militants
écologistes ont réussi la créa-
tion de leur grand parti avec
à sa tête, Cécile Duflot, qui
était déjà à la tête des Verts.
Le rapprochement était loin
d’être acquis tant, il y a
quelques mois, les diver-
gences étaient présentes
entre les deux partis. Europe
Ecologie-Les Verts a déjà sa
candidate déclarée pour 2012
en la personne d’Eva Joly.
Mais le retour de Nicolas
Hulot lors d’une réunion
d’EELV en novembre l’a
peut-être fragilisée.
La balle au centreA l’UMP, Nicolas Sarkozy
reste candidat à sa propre
succession même si ce n’est
pas « officiel ». Très impopu-
laire dans l’opinion (32 %
d’opinions favorables en no-
vembre selon un sondage
Ifop), le président de la Répu-
blique a coupé quelques
« mauvaises herbes » (Rama
Yade, Fadela Amara, Bernard
Kouchner, Eric Woerth…)
pour différentes raisons lors
du remaniement Fillon III. Il
commence doucement à lan-
cer sa machine pour la pro-
chaine grande échéance -tout
comme il l’avait fait pour
2007-, avec le retour de
quelques fidèles comme Xa-
vier Bertrand. Une machine
huilée mais pas sans grains
de sable : certains de ses an-
ciens ministres pourraient
devenir ses principaux ad-
versaires. Hervé Morin, ex-
ministre de la Défense et
Jean-Louis Borloo, ancienne-
ment à l’Ecologie sous Fillon
II, font à présent états d’am-
bitions personnelles pour
2012. Pas impossible qu’ils
deviennent rapidement des
poils à gratter pour Nicolas
Sarkozy. Gênant également
pour François Bayrou. Le
président du Modem aime-
rait sans doute se sentir plus
seul au centre. Cette concur-
rence menace le rôle d’arbitre
qu’il tenait en en 2007 avec
plus de 18 % des votes au
premier tour.
Une chose est sûre, au-
jourd’hui, à droite comme à
gauche, aux extrêmes comme
au centre, la scène politique
française est bel et bien sous
le joug de l’échéance électo-
rale de 2012.
gWilfried Corvo
Nicolas Sarkozy regarde attentivement la concurrence en vue de 2012 et a entamé sa campagne avec le remaniement du 14 novembre 2010.
Daylynewspost
Gavroche - 16 décembre 20104
Dossier
Marine tisse
Depuis quelques jours, Marine Le Pen s’est imposée au cœur de l’actualité politique à coups de phrases chocs etprovocatrices. A 42 ans, la benjamine du fondateur du Front National est la favorite pour succéder à son père à laprésidence du parti d’extrême droite, en janvier. Et rêve tout haut d’un destin national à l’Elysée.
Vendredi 10 décembre,
Lyon, réunion pu-
blique à propos des
élections internes au Front Na-
tional. « Maintenant, il y a dix
ou quinze endroits où, de manière
régulière, un certain nombre de
personnes viennent pour accapa-
rer les territoires, dénonce Marine
Le Pen. C’est une occupation de
pans du territoire, des quartiers
dans lesquels la loi religieuse
s'applique, c'est une occupation.
Certes y a pas de blindés, y a pas
de soldats, mais c'est une occupa-
tion tout de même ». Comparer
les prières de rue des musul-
mans à une occupation en
temps de guerre : exercice de
style, qui, à défaut d’être im-
possible, est douteux. Plus que
douteux.
En trois phrases, Marine Le
Pen a embrassé la voie de son
père, provocateur devant
l’éternel : se servir des mots
comme briquet pour raviver
les braises de l’histoire et les
brûlures du présent. L’objectif
? Que ces escarbilles arrivent
jusqu’aux politiciens et aux
journalistes ; les premiers, par
peur de se brûler s’ils s’en ap-
prochent un peu trop, se
contenteront de les asperger
timidement quand les seconds
se feront un plaisir d’annoncer
que le feu est de retour.
Embrasement politiqueComme elle l’avait prévu, le
déchaînement médiatique a
eu lieu. De gauche à droite,
tous ont réagi. Membres du
gouvernement, députés, res-
ponsables d’associations, lea-
ders d’opinion, tous ont crié
au feu. La déclaration de Ma-
rine Le Pen est « une provoca-
tion supplémentaire » pour
François Baroin, le porte-pa-
role du gouvernement, une
provocation « qui soulève le
cœur », a ajouté Pierre Laurent.
Le secrétaire national du Parti
Communiste Français a d’ail-
leurs demandé à ce que la
vice-présidente exécutive du
Front National soit condam-
née juridiquement ; le Mouve-
ment contre le Racisme et
pour l’Amitié entre les Peu-
ples (MRAP) l’a même atta-
quée en justice pour incitation
à la haine raciale, et devait être
suivi (ce n’était pas officiel au
moment de notre bouclage)
dans les prochains jours par la
Ligue des Droits de l’Homme
(LDH).
Dans ce contexte brûlant,
beaucoup ont reconnu, à tra-
vers les propos de Marine,
l’odeur de souffre que déga-
geait Jean-Marie. « Il faut arrê-
ter de se mentir, c’est exactement
la même personnalité que celle de
son père, c’est exactement les
mêmes techniques que son père,
les même amalgames, il faut bien
le dire, les mêmes propos », a dé-
claré Jean-François Copé, dés-
ormais à la tête de l’UMP. Elle
« n’est évidemment pas plus light
que son père », pour les Verts,
elle « reprend les accents de
son père » pour Martine
Aubry, la première secrétaire
du Parti Socialiste qui s’est
montrée « très choquée ».
« Marine Le Pen sort l’oriflamme
fasciste. Elle déborde son père sur
le terrain de l’extrémisme », ont
enchéri des responsables so-
cialistes. Bref un véritable état
d’incendie dans les journaux
comme seul son pyromane en
chef de père pouvait le faire.
Ironie de l’histoire, elle a décrit
le feu qu’elle a déclenché
comme une « tempête dans un
verre d’eau ».
Occupation médiatiqueMarine Le Pen n’a pas dérapé.
L’ancienne avocate ne plaide
pas coupable, loin de là. Elle
réfute elle-même le terme de «
dérapage ». Au contraire, elle
n’a pas dévié de sa trajectoire,
elle a simplement accéléré.
Chacun de ses mots était « sa-
vamment » réfléchi. « S’agissant
du terme occupation, je persiste et
je signe, tonnait-elle le 14 dé-
cembre sur Europe 1 au micro
de Jean-Pierre Elkabbach.
Lorsque les dirigeants
politiques ont peur des mots,
ils se condamnent au déni et donc
à une cécité chronique et dange-
reuse. »
En réalité, la nouvelle figure
marquante du FN a com-
mencé sa propre occupation
de terrain : celui de l’espace
médiatique. Avant cette décla-
ration du 10 décembre, elle
était, la veille l’invitée, sur
France 2, de l’émission « A
vous de juger ». A cette occa-
sion, elle a débattu devant 3,4
millions de téléspectateurs,
soit 13,4% de parts de marché.
Le meilleur score de l’émission
cette saison. « Elle fait mieux
que François Fillon et Martine
Aubry », a indiqué au Journal
Du Dimanche la présentatrice
Arlette Chabot.
Père et fille ont défilé main dans la main à Paris pour l’hommage traditionnel du 1er mai à Jeanne d’Arc.
Double Pen
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Marine Le Pen est la femme qui monte. Objectif : prendre la suite de son père à la tête dupagne pour 2012. Ultra-présente sur la scène médiatique -surtout depuis sa comparaison entrerapages de son père, elle n’a de cesse de grimper dans les sondages nationaux, quitte à dévier
5Gavroche - 16 décembre 2010
Dossier
Front National. Mais pas seulement, Marine Le Pen voit plus loin et entre déjà en camles prières de rue des musulmans et l’ « occupation »- elle contrôle son image. Loin des déde la ligne historique du FN. De quoi faire trembler l’échiquier politique…
En résumé, Marine Le Pen a
occupé l’espace médiatique le
9 avant de perturber l’espace
politique le 10. 24 heures, une
émission et trois phrases lui
ont suffi pour se placer de
force, s’imposer au centre de
l’actualité.
Le but est assez simple : se
montrer, et attaquer dans la
dernière ligne droite. Car Ma-
rine Le Pen est déjà en cam-
pagne, celle des élections
internes au FN. Elle sera d’ail-
leurs vendredi dans le Nord et
samedi dans l’Aisne pour ren-
contrer des militants FN. Elle
se présentera dimanche sur le
plateau du grand jury RTL/Le
Figaro/LCI, et sur le plateau
de « France 3 politique » le 9 jan-
vier 2011. Des rendez-vous
qu’elle ne manquerait pour
rien au monde tant la pro-
chaine échéance est proche : le
congrès du parti, à Tours les
15 et 16 janvier prochains. Les
adhérents FN choisiront celui
ou celle qui prendra la suite de
Jean-Marie Le Pen à la prési-
dence du parti, élu qui devien-
dra en théorie le candidat
pour la présidentielle de 2012.
Gollnish battud’avance ?Pour succéder à son père, la
fille n’a qu’un adversaire en la
présence de Bruno Gollnish.
Ce dernier a recueilli 30 par-
rainages de secrétaires dépar-
tementaux (un minimum de
20 était nécessaire pour être
officialisé candidat), là où
Marine en a récolté plus du
double, 68. Toutefois, le match
n’est pas joué. Marine Le Pen
dispose d’un atout en or mas-
sif de par son nom, son héri-
tage, son « droit du sang ».
Mais, pour certains histo-
riques du parti, elle n’a pas la
carrure qu’avait son père, ni sa
capacité à ne pas bouger d’un
iota de sa ligne de conduite ;
certains la taxent ainsi de « re-
centrage idéologique ». A l’in-
verse, la « fille de » qualifie
Gollnish de « candidat des dis-
sidents ». Lui s’en insurge, et
réplique immédiatement, ne
voulant pas se laisser abattre
sans tirer : « Mon élection est
possible ! Petit bonhomme pas
mort ! Jean-Marie Le Pen me re-
prochait de ne pas avoir la niaque,
et bien, si je l’avais, qu’est-ce que
ça serait ! »
Les militants qui forment le
socle du parti ne veulent pas
d’un assouplissement du
Front, préférant être mis à
l’écart plutôt que de se rap-
procher d’une politique
qu’ils n’apprécient pas. Aussi
Gollnish peut s’appuyer jus-
tement sur son côté d’ancien
de la maison, comme candi-
dat logique, et non prédes-
tiné, pour être soutenu par
l’électorat historique du
Front. D’ailleurs, même Carl
Lang, ancien secrétaire géné-
ral du FN qui avait claqué la
porte du parti, a publique-
ment annoncé qu’il préférait
Gollnish, qui « ne cherche pas
à donner en permanence des
gages aux médias », à Marine
Le Pen, « candidate choisie, pro-
mue, imposée ».
En revanche, de par leur
fonction respective (Gollnish
et Le Pen sont vice-présidents
exécutifs du FN : lui, est
chargé des questions interna-
tionales et programmatiques,
elle, de la formation, de la
communication et de la pro-
pagande), Gollnish, souvent
envoyé à l’étranger, passe
beaucoup moins de temps au
sein même de l’appareil poli-
tique, au siège du FN à Nan-
terre (Hauts-de-Seine), que sa
rivale. Il se murmure même
que Marine Le Pen se serait
déjà accaparée les lieux.
« Mon père a créé le parti, il a
débroussaillé. Moi, mon objectif
c’est d’arriver au pouvoir », a-t-
elle confié au Point… ciga-
rette à la bouche, précise
l’hebdomadaire. Ne comptez
pas sur elle pour l’éteindre
dans un lieu public, elle fera
se propager la fumée pour
montrer que le feu brûle tou-
jours.
g Yann Casseville
Jean-Marie Le Pen, Marine Le Pen. Si le nom est le même, l’idéologie ne l’est pas. Plus enclin à soutenir BrunoGollnisch, le vieux leader du parti espère pourtant voir gagner sa fille. Népotisme ? Rien n’est moins sûr.
Au nom du Pair
Définition Larousse
du népotisme : abus
d'influence d'un no-
table qui distribue des em-
plois, des faveurs à ses
proches. Marine Le Pen, qui a
du vocabulaire, doit connaître
le terme. En octobre 2009, elle
est parmi les premiers à mon-
ter au créneau lorsque, sou-
tenu par son président de
père, Jean Sarkozy postule à la
présidence de l’Epad. Plus
d’un an après, la symétrie de
la conjoncture suinte le co-
mique de situation. Bien qu’en
désaccord avec certains as-
pects de la politique de sa fille,
Jean-Marie Le Pen la soutient.
L’atavisme, s’il n’est ici pas
idéologique, est familial. Papa
protège sa fille. Ses dernières
déclarations mises à part, la
candidate à la direction du FN
se singularise par un discours
assez contrôlé. Le leitmotiv de
Marine, c’est la « dédiabolisa-
tion» du nom de Le Pen. Lepé-
niste, certes, « mais pas d’ex-
trême droite », selon ses termes,
elle garde ses distances avec la
politique patriarcale. Lors des
déclarations de Jean-Marie Le
Pen en 2005 sur « l’occupation
allemande pas si inhumaine que
cela », en affranchie, Marine a
pour la première fois critiqué
publiquement son père.
Quitte à ne pas faire l’unani-
mité au sein de son parti, et
à se mettre en porte-à-faux
avec le leader de 82 ans.
Eviter les provocations, les
dérapages racistes, et les
comparaisons borderline
de son père : voilà sa ligne
de conduite. La stratégie de
Marine Le Pen a de quoi
chagriner papa. Mais liens
du sang obligent, pas ques-
tion d’imaginer la chaire de
sa chaire perdre la course à
la tête du Front National.
Népotisme ? Alain Vizier,
proche conseiller de Marine
Le Pen, refuse catégorique-
ment de répondre à cette
question. Tout comme Cathe-
rine Salagnac, directrice de ca-
binet de Bruno Gollnisch.
FilioqueLe patriarche a pourtant un fils
spirituel qui porte haut les
couleurs et la plus pure tradi-
tion du lepénisme historique
de chez Le Pen. Qui respecte
mieux l’héritage sinon Bruno
Gollnisch ? « Quand on monte
au cocotier il faut avoir la culotte
propre », écrit-il sur son blog,
citant le vieil adage antillais.
«Je ne suis pas le représentant des
vieux cons et des fascistes. Je suis
un homme moderne, mais on peut
être moderne et enraciné dans les
traditions », déclare-t-il. Et
d’ajouter : « Oui, je suis les
traces du leader du parti ».
Si la déclaration de Marine
Le Pen sur « l’occupation »
de la rue par certains mu-
sulmans avait pour but de
renouer avec les provoca-
tions paternelles, Bruno
Gollnisch va plus loin. Plus
proche que sa fille de la
dialectique de Jean-Marie
Le Pen, il réagit immédiate-
ment. « Le terme d’« occupa-
tion » n’est pas le plus
approprié. Je parlerais person-
nellement plutôt de colonisa-
tion progressive ».
«Colonisation », le mot est
lancé. Un terme cher aux sym-
pathisants du Front National.
« Au moins c’est du vrai Jean-
Marie, confirme Anne-Marie,
adhérente du FN. Ce qu’a dit
Marine, même si je suis d’accord
avec elle, ce n’est qu’un ersatz du
Front National historique com-
paré à Bruno Gollnisch. Népo-
tisme ? Oui bien sûr ! Mais
comment lui en vouloir, c’est son
père après tout ».
Lorsque Jean-Pierre Elkab-
bach, sur Europe1, entonne à
Marine que « Jean-Marie Le Pen
doit être fier de sa fille », c’est
sourire aux lèvres qu’elle ré-
pond « mais il a de quoi ! » Mar-
cel Proust, dans à l’Ombre des
jeunes filles en fleurs, écri-
vait :« Nous tenons de notre fa-
mille aussi bien les idées dont
nous vivons que la maladie dont
nous mourrons ». La reconnais-
sance paternelle apparaît au
grand jour.
g Karma DuquesneMarine espère un 2002 bis.
Nation P
resse
la grand-voile
Dossier
«Marine Le Pen,
c’est son
père ! » Jean-
François Copé, secrétaire gé-
néral de l’UMP, dénonce
ainsi la prétendante à la tête
du Front National. Interrogée
à ce propos, Marine Le Pen
s’amuse : « Jean-François Copé,
en l'occurrence, veutrelancer le
débat sur l'identité nationale. Il
est mon meilleur allié, compte
tenu que l'UMP n'a rien à dire
sur ce sujet ». Et d’insister per-
fidement : « Je pense que Jean-
François Copé veut, en fait, la
défaite de Nicolas Sarkozy en
2012 ». En réalité Marine Le
Pen inquiète la droite. C’est
pour cette raison que le pa-
tron de l’UMP tente de rap-
procher la politique de la fille
de celle du père. Marine Le
Pen est une femme intelli-
gente et stratège qui sait
qu’aujourd’hui, la population
française est plus ouverte sur
le monde qu’il y a 30 ans, et
moins encline à céder à la xé-
nophobie. Elle adapte alors
son discours, quitte à jouer
sur deux tableaux.
Marine Jekyll. L’objectif est évidemment
2012. Pour arriver à ses fins,
il faut à Marine Le Pen ga-
gner la bataille de l’opinion.
Sa technique est simple :
s’éloigner le plus possible de
ce qui, dans la politique de
son père, a repoussé les
Français. Si la base de son
idéologie reste fidèle à la tra-
dition d’extrême droite, la
ligne change quelque peu.
Pas question de trouver « hu-
maine » l’occupation alle-
mande de la Seconde Guerre
mondiale, de glorifier le
passé colonial de la France,
ni encore d’en appeler à l’hé-
ritage pétainiste, cher à
beaucoup de sympathisants
du FN. Stratégiquement,
Marine Le Pen est en pleine
« dédiabolisation » du parti.
Elle espère incarner un FN
nouveau, sans scandale et
plus ancré dans la moder-
nité. Une façon de faire de la
politique qui lui réussit : la
vice-présidente du parti na-
vigue autour des 20% de po-
pularité dans les sondages.
Marine Hyde.Mais cette nouvelle façon de
faire de la politique ne
trouve pas écho chez les mi-
litants d’extrême droite, qui
préfèrent de loin le lepé-
nisme de papa. Pas un obsta-
cle pour Marine Le Pen, qui
prouve qu’elle est capable de
jouer sur les deux tableaux.
Allez hop un petit dérapage
–contrôlé- sur « l’occupation
des rues par les musulmans ».
Voilà les adhérents du FN
rassurés : leur parti n’a pas
perdu la pure tradition pro-
vocatrice de son vieux lea-
der. C’est cette ambivalence
de Marine Le Pen, sa capa-
cité à jouer sur deux ta-
bleaux qui, aujourd’hui,
inquiète la droite. Adoubée
par son parti et mieux portée
par l’opinion, difficile d’ima-
giner ce qui pourrait l’empê-
cher de réaliser un score à
deux chiffres au premier
tour en 2012.
Et Marine doctor…En 2007, le programme du
Front National aux
élections présidentielles
n’avait qu’un seul leitmo-
tiv : la réduction des coûts,
avec comme argument, un
calcul des gains si ce pro-
gramme était mis en place.
A l’époque, la crise écono-
mique n’avait pas
encore pointé son nez. Le
souci de l’endettement
n’était partagé qu’avec Fran-
çois Bayrou. L’argument
n’était pas de taille. Au-
jourd’hui, l’enjeu est diffé-
rent. Et le FN surfe sur la
vague de la rigueur. Bruno
Gollnisch clame haut et fort
que l’immigration est cause
d’une grande partie du défi-
cit public. Marine Le Pen est
plus modérée : pour elle
l’immigration n’est qu’une
des causes de la dette.
Nuance. Elle prône aussi le
protectionnisme contre la
mondialisation, la sortie de
l'euro contre les marchés fi-
nanciers. Pas seulement la
préférence nationale contre
l'immigration. Il suffirait à
Marine Le Pen de ressortir le
programme de 2007, ar-
guant à qui veut l’entendre
« on vous aura prévenu ».
Car Marine Le Pen le
sait : elle ne remportera pas
les présidentielles en stig-
matisant les musulmans ni
en combattant les minarets.
Ce qui a fait le succès d’une
votation en Suisse ne fait
pas une présidentielle fran-
çaise. Près d’un an et demi
avant l’échéance fatidique,
elle a déjà sorti un pro-
gramme exclusivement éco-
nomique : une sortie de
l’euro, en 12 points. La crise
grecque, les retraites, le
pouvoir d’achat mais sur-
tout pas l’insécurité –
qu’elle laisse à l’UMP -, le
programme électoral de
Marine Le Pen sera à base
d’économie. En cette pé-
riode où les ménages vivent
la crise au quotidien, l’argu-
ment à de quoi faire peur à
la droite, comme à la
gauche trotskiste. La Marine
a du vent dans les voiles.
g KarmaDuquesne
Marine Jekyll et Marine HydeMarine Le Pen avance ses pions. Dorlotant un coup l’opinion, puis les sympathisants du FN, elle tente de mettre tout lemonde d’accord. Moderne, sa stratégie repose sur une image lisse et un programme économique antilibéral. Marine LePen inquiète la droite. Analyse de sa stratégie.
Gavroche - 16 décembre 20106
Une dernière bise avant de prendre la succession.
DR
Marine Le Pen en 11 dates
5 août 1968 : naissance à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine 92)
1986 : devient adhérente au Front National
1992-1998 : avocate au Barreau de Paris
1993 : candidate aux législatives dans la 16ème circonscription de Paris
1998 : conseiller régional du Nord-Pas-de-Calais
2000 : intègre le bureau politique du FN
2003 : devient vice-présidente du FN
2004 : élue au Parlement européen
2006 : directrice stratégique de la campagne présidentielle de son père
2007 : seule candidate FN à atteindre le 2ème tour des législatives
2010 : tête de liste FN dans le Nord-Pas-de-Calais aux régionales
Marine Le Pen en citations
« Un conseiller du président digne de ce nom serait bien avisé de lui suggérer d'arrêter son numéro d'enfumage, celui
sur lequel il tourne depuis maintenant huit ans. »
En avril 2010, en réaction au discours de Nicolas Sarkozy sur la sécurité en banlieue
« L’affaire Woerth est une affaire très grave mais j’ai été la première et depuis de nombreux mois à dire qu’il m’apparaissait
comme absolument scandaleux que Monsieur Woerth soit en même temps ministre du Budget et trésorier de l’UMP ».
Eté 2010
« Tous les vendredis les musulmans sont en train de prier dans la rue, c’est un acte politique de leur part. Aujourd’hui le
porc est banni de nos cantines de l’école laïque, gratuite et républicaine et tout cela en violation totale de la loi de 1905 ».
Décembre 2010
Politique
Bayrou hospitaliséLe président du MoDem (Mou-vement Démocrate) FrançoisBayrou a été admis lundi soir àl’hôpital du Val-de-Grâce à Paris,après avoir fait un malaise, à l’is-sue du Grand Journal de Canal+,dont il était l’invité. Interrogéepar l’AFP, la vice-présidente duparti Marielle De Sarnez a expli-qué que ce malaise était « proba-blement dû à la fatigue ». rançoisBayrou a été reconduit à la têtedu MoDem le week-end dernier.Elu avec 94% des voix, le leaderdu parti centriste était le seulcandidat à sa propre succession.
Rocard tacleRoyalDans un entretien au journalNice-Matin paru lundi, l’ancienPremier Ministre Michel Rocardconfie qu’il « n’aime pas » la can-didature de Ségolène Royal auxprimaires PS. « Je ne crois pasqu’elle soit capable de faire ce mé-tier, mais c’est son droit de ci-toyenne de se présenter », a-t-ilnuancé. En 2007 déjà, Michel Ro-card estimait dans une tribuneparue dans Libération, que lacandidate PS à la présidentielle2007 n’avait « pas les capacitésnécessaires aux responsabilitésauxquelles elle postule ».
Woerth « pasmort »Débarqué du gouvernement lorsdu remaniement, et mis en causedirectement dans l’affaire Bet-tencourt, Eric Woerth fait songrand retour dans les médias.Dans une interview accordée auParisien-Aujourd’hui en Francele 13 décembre, il aborde lesmoments difficiles de ces der-niers mois : « Les gens qui meconnaissent (...) savent qu'on a es-sayé de me tuer personnellementet professionnellement, et notam-ment le Parti socialiste. Même si jedécroche un peu aujourd'hui, je nesuis pas mort ».
Mort de RichardHolbrookeL’émissaire du président des Etats-Unis au Pakistan et en AfghanistanRichard Holbrooke, s’est éteintlundi dernier à soixante-neuf ans,des suites d’une crise cardiaque.Son plus grand fait d’armes res-tera sans conteste les accords deDayton en 1995 pour lesquels il aœuvré, et qui ont mis fin à laguerre de Bosnie. « L’Amérique aperdu l’un de ses défenseurs les plusfarouches», a réagi la Secrétaired’Etat Hillary Clinton.
Tout commence par
une rivalité entre les
deux dirigeants de
l’Audiovisuel extérieur de la
France (AEF), nommés par
Nicolas Sarkozy, Alain de
Pouzilhac et Christine Ock-
rent. Cette dernière est accu-
sée d’avoir récupéré tous les
mails et SMS confidentiels
des douze dirigeants de la
holding. Le 5 octobre, une en-
quête est menée au sein de la
société, après qu’Alain de
Pouzilhac ait trouvé dans Le
canard enchainé un article
sur le budget de sa société,
censé être confidentiel. Fina-
lement, un nom sort de cette
enquête : Thibault de Robert
de Lafregeyre. Cet informati-
cien chargé de la confidentia-
lité du système, par ailleurs
employé du groupe Lagar-
dère, aurait été engagé par
Christine Ockrent qu’il
connaissait de longue date, et
en aurait profité pour instal-
ler un système d’espionnage,
permettant de regrouper tous
les messages confidentiels
des dirigeants de la société.
Aussitôt, l’AEF porte plainte
pour « intrusion dans un sys-
tème de données informatiques
et vols de données informa-
tiques ». Autre protagoniste
de l’histoire, elle aussi proche
de Christine Ockrent : Can-
dice Marchal, qui est une
proche collaboratrice depuis
son émission sur France 3,
France Europe Express, et
qui l’a suivie sur France 24.
Une expertise montre que
son disque dur apporte les
preuves que l’employée a eu
accès au serveur des diri-
geants de l’AEF, alors qu’elle
ne doit pas pouvoir y accé-
der. Finalement, après toutes
ces preuves accablantes, la
journaliste sent qu’elle va
perdre son poste. C’est alors
que son compagnon Bernard
Kouchner entre en scène.
Lors du remaniement minis-
tériel, il a sollicité un entre-
tien avec Nicolas Sarkozy.
Lors de cet entretien, il aurait
demandé au président de
sauver le poste de sa femme,
et en échange, aurait promis
de partir sans faire de
vagues.
g Charlotte Dehouve
Ockrent acculéeSamedi 11 décembre, l’hebdomadaire Marianne accusait Christine Ockrent d’espionner tousles faits et gestes des dirigeants de la chaine France 24. La journaliste Belge, comptant sur laprotection de son compagnon Bernard Kouchner, serait prête à tout pour gagner la courseau pouvoir qui l’oppose à Alain de Pouzilhac.
Gavroche - 16 décembre 20107
Christine Ockrent,directrice déléguée de l'AEF
DR
politique.net
State.gov
Contre toute attente,
c'est le candidat
UMP Jean-Pierre
Bechter, 66 ans, qui a rem-
porté dimanche les élections
municipales de Corbeil-Es-
sonnes (91), avec 53,7% des
voix, contre 46,3% pour son
adversaire communiste
Bruno Piriou. C'est la troi-
sième fois en moins de trois
ans que les habitants sont
passés devant les urnes…
« Economie parallèle »En effet, depuis le 26 mars
dernier, la commune n'avait
plus de maire. L'homme
d'affaires Serge Dassault, à
la tête de l'Hôtel de Ville de
1995 à 2009, avait vu son
élection invalidée. Accusé
d'avoir bourré les urnes en
offrant 100 000 euros à des «
loulous » du quartier des
Tarterêts pour qu'ils fassent
voter en masse pour lui, il
avait été contraint par le
Conseil d'Etat de quitter ses
fonctions. Après quoi, son
successeur et bras droit,
Jean-Pierre Bechter, avait lui
aussi été obligé d'abandon-
ner son poste,
son élection
ayant été invali-
dée par le Tri-
b u n a l
adminis t ra t i f
de Versailles à
cause de « l'uti-
lisation abusive du nom de
Serge Dassault, inéligible,
sur tous les documents élec-
toraux » et des « pressions
faites sur les électeurs cor-
beil-essonnois par le biais
de promesses d'emplois ou
de sauvegarde des entre-
prises corbeil-essonnoises,
Helio et Altis ».
Alors que Bechter, aux côtés
de Dassault, avait annoncé
sa réélection avant même
l'annonce officielle des ré-
sultats, Piriou, dépité, dé-
clarait : « Il y a une économie
parallèle dans cette ville. Il y a
une fusion qui ressemble à des
arrangements entre copains,
voire peut-être par intérêt pour
certains mar-
chés ». Il faut
dire que le troi-
sième candidat
« sans étiquette
» Jean-François
Bayle, autrefois
adjoint de Das-
sault, n'obtenant que 7,5%
des voix au premier tour,
avait appelé à voter pour la
liste de Bechter.
Serge Dassault, patron du
Figaro et ami du Président,
présent sur la liste qui a
remporté le suffrage, conser-
vera un rôle important à la
Mairie. « Ne vous inquiétez
pas pour ça », avait-il sourit
aux journalistes, dimanche
soir.
g Eleonore Quesnel
Main basse sur CorbeilLe maire UMP sortant Jean-Pierre Bechter, dont l’élection avait été invalidée en mars, a étéréélu dimanche à Corbeil-Essonnes avec 53,7% des voix. Serge Dassault, ancien maire de lacommune qui avait lui aussi été contraint de quitter ses fonctions, gardera une place pré-pondérante à la Mairie.
Jean-Pierre Bechter et Serge Dassault, les maîtres de la ville.
Bechter avait
annoncé sa
réélection avant
même l’annonce
officielle des
résultats
DR
Gavroche - 16 décembre 20108
Politique
Austérité dans
La rigueur fait monter la tension. Plusieurs syndicats ont participé à la manifestation du 15 décembre organisé partouten Europe par la Confédération Européenne des Syndicats (CES). En cause, la politique gouvernementale actuelle, maisaussi les plans d’austérité instaurés par certains gouvernements européens qui sont, pour eux, contre-productifs.
Les pères noël étaient
au rendez-vous mais
pas forcément pour
garnir le pied du sapin du
gouvernement. Devant la bi-
bliothèque nationale de
France à Paris, les manifes-
tants sont venus nombreux
protester contre les poli-
tiques d’austérité que le
gouvernement entreprend
depuis quelques mois. Sur
fond de « J’accuse », chanson
contestataire de Damien
Saez, les syndicats dressent
les mots d’ordre sur leur
banderole : « Non à l’austérité
! », « Geler les salaires et sup-
primer des emplois, économiser
sur le social n’ont jamais per-
mis de créer de nouvelles ri-
chesses ! ». Ce n’est pas
Françoise Lareur, secrétaire
générale de la CFDT Ile-de-
France, qui va contredire
cette idée : « La solution n’est
pas de réduire les dépenses de
l’Etat mais bien d’investir pour
redonner un souffle à l’écono-
mie française. L’Europe doit
créer un socle économique et
social en évitant le repli sur soi
». A l’initiative de la Confé-
dération européenne des
syndicats (CES), la CGT,
CFDT, FSU, Solidaires et
UNSA ont décidé d’organi-
ser des manifestations dans
toute la France pour éviter
des plans d’austérité sem-
blables à ceux de l’Irlande,
de la Grèce, du Portugal ou
encore de l’Espagne. « La
France n’est pas au même seuil
que ces pays en ce qui concerne
la crise, rassure Françoise La-
reur. C’est grâce aux dispositifs
sociaux dont les citoyens fran-
çais disposent. C’est pour cela
qu’il faut les préserver en stop-
pant les plans d’austérité ».
L’idée n’est pas nouvelle
puisque lors de la journée
européenne d’action le 29
septembre dernier, plusieurs
centaines de milliers de sala-
riés s’étaient mobilisés dans
toute l’Europe et plus de
100000 manifestants ont dé-
filé à Bruxelles.
Deux rendez-vous àne pas manquerLa cure d’austérité pour les
finances publiques consis-
tera à économiser 2 à 2,5
milliards d'euros en 2011 et
à geler les dépenses pendant
trois ans. Sans plus de dé-
tails, il est difficile de chif-
frer précisément les
économies qui seront réali-
sées. Le gouvernement
devra toutefois suivre ses
engagements vis-à-vis de
Bruxelles, c’est-à-dire de ra-
mener le déficit public sous
la barre des 3% en 2013,
contre plus de 8% cette
année. Elles ne devraient ce-
pendant pas dépasser 20
milliards d'euros. Pour les
syndicats, le principal enjeu
de ces prochains mois sera
de convaincre les politiques
que, pour réaliser ces objec-
tifs et obtenir une meilleure
croissance, cela nécessitera
la création d’emplois, le dé-
veloppement des entre-
prises et l’investissement
dans l’innovation. Pour cela,
deux rendez-vous impor-
tants : le premier en 2012 où
les candidats devront les
écouter et ce, même pour la
gauche. « Elle recule juste
après avoir fait un bon en
avant. On a davantage d’at-
tentes envers les socialistes
mais on ne se fait pas d’illu-
sion », réplique la secrétaire
générale. Deuxième date clé,
un grand débat public met-
tra de nouveau la réforme
des retraites sur le grill. La
loi pourra alors être trans-
formée pour pouvoir être
validée définitivement. Ob-
jectif des syndicats, remettre
l’âge légal de départ à la re-
traite à 60 ans. « Les Français
ne lâcheront rien, affirme Lau-
rent, syndicalisé à la CGT et
employé dans la fonction pu-
blique. La crise est un prétexte
pour faire payer la facture aux
salariés ». Depuis deux ans,
64% des Français n’ont pas
eu d’augmentation. En
moyenne, l’ensemble des sa-
laires a gonflé de 2,6%. « En
plus de cela, il y a des suppres-
sions de postes impression-
nantes alors que l’équipement
militaire sera le seul budget qui
augmentera en 2011. Il faut
que le gouvernement arrête de
nous imposer ses lois ». De
plus, comme d’autres le
soufflent dans les rangs de
la manifestation, Laurent
met en cause la responsabi-
lité des institutions finan-
cières. « Un choix de société
est à faire, harangue-t-il, les ca-
deaux au marché financier,
c’est fini ». La manifestation
elle, s’est terminée devant le
ministère du budget à Bercy.
g Audrey Loussouarn
Les syndicats se sont rassemblés pour protester contre les plans d'austérité.
Les contestataires ne lâchent rien
Les plans d’austérité touchent l’ensemble des pouvoirs publics. Entre les ministères de lacoûts, oublient la création de postes et suppriment des emplois pour contrer la crise.
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Un choix de société est à
faire, harangue-t-il, les cadeaux
au marché financier,c’est fini
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9Gavroche - 16 décembre 2010
Politique
Ils étaient des centaines d’artistes, intermittents, directeurs de festivals et de compagnies à manifester, le 13 décembre,à Paris pour protester contre la baisse du budget alloué à la culture. Habitués, pour certains, à une vie relativementprécaire, leur revendications restent encore les mêmes. Un ras-le-bol qui ne date pourtant pas d’hier.
Sombre culture
«Quand j’en-
tends le mot
culture, je
sors mon carnet de chèques
», faisait dire Jean-Luc Go-
dard dans Le Mépris en 1963.
Cette phrase reste malheu-
reusement toujours d’actua-
lité. Alors que le prix d’une
place de cinéma ou d’une en-
trée dans un musée à Paris se
situe autour de 10 euros, le
budget alloué par le Minis-
tère de la Culture à l’ensem-
ble des activités regroupées
sous ce terme reste très faible.
La culture est en passe de de-
venir un article de luxe ré-
servé à une élite.
Lundi 13 décembre, une ma-
nifestation est organisée à
Paris, Place du Palais Royal, à
l’appel de la Fédération CGT
du Spectacle et du SYN-
DEAC (Syndicat national des
entreprises artistiques et cul-
turelles). Cette manifestation
a pour but d’empêcher les fu-
tures mesures gouvernemen-
tales pouvant freiner les
créations dans les domaines
du théâtre, de la danse, de la
musique, des arts du cirque
ainsi que ceux de la rue. En
particulier, le budget 2011
consacré à la création. Les
manifestants souhaitent,
entre autres, l’arrêt de la
RGPP (Révision générale des
politiques publiques) qui
prévoit le non-remplacement
d’un fonctionnaire sur deux
partants à la retraite, le dégel
de la réserve budgétaire à
hauteur de 5% et la prise en
compte de leurs propositions
de réformes.
Au-delà des arts, ce sont les
artistes qui cherchent à défen-
dre leurs intérêts. La précarité
va souvent de pair avec le sta-
tut d’artiste. Aurélia, jeune co-
médienne de 24 ans vivant à
Paris, s’inquiète déjà pour son
avenir même si sa passion
pour le théâtre l’emporte en-
core : « J’ai fait des études au
Conservatoire du XIVème et j’ai
un Master en Arts du Specta-
cles. Par deux fois, ma troupe
et moi avons joué au Festival
d’Avignon mais personne ne
nous a aidés pour payer la lo-
cation de la salle. Nous avons
cousu nous-mêmes les cos-
tumes, aidés de nos parents.
Mon oncle, imprimeur nous a
gracieusement offert tous les
tracts servant à faire de la pu-
blicité pour notre pièce. Par
chance, elle a bien fonctionné
et notre remboursement s’est
fait grâce à la vente des en-
trées. ». La culture mérite
pourtant mieux que l’image
d’un rafistolage permanent.
Lente immersion La déchéance de la culture en
France ne date pourtant pas
d’hier. A la même période, en
décembre dernier, le Centre
Pompidou ouvrait à nouveau
ses portes après 24 jours de
grève. Le personnel du musée
refusait la suppression des
postes et les réductions bud-
gétaires et souhaitait revendi-
quer une place plus
importante pour la culture en
France. Risquée, cette grève a
fait perdre environ 300 000
euros par semaine au centre
culturel. Le Musée d’Orsay
ainsi que le Château de Ver-
sailles avaient également fait
grève. Les syndicats prévoient
la suppression de plus de
1000 postes sur la période
2009-2011, pour un total de 23
000 employés au sein du mi-
nistère de la Culture.
A la suite de la manifestation
de lundi, la Direction Géné-
rale de la Création Artistique
a adressé une lettre aux re-
présentants CGT Spectacles
et SYNDEAC pour les infor-
mer qu’un rendez-vous avec
le Ministre de la Culture et de
la Communication, pour
quatre membres des déléga-
tions, est prévu le 20 décem-
bre à 18 heures. Peut-être les
artistes trouveront-ils dans
leur chaussette, le soir de
Noël, un « chèque culture ».
g Virginie Le Borgne
DR
Culture et de l’éducation en passant par celui de la santé, les institutions réduisent leurs Reportage avec les manifestants et mise en lumière sur une culture en perdition.
le service public
Artistes et professionnels du spectacle sont dans la rue
Société
«Il n’y a pas de pa-
gaille, il n’y a que
des complications »,
assurait Brice Hortefeux, mi-
nistre de l’Intérieur en fin
d’après-midi, mercredi 8 dé-
cembre. Et quelles complica-
tions ! Des dizaines de
milliers d’automobilistes blo-
qués toute une nuit dans leur
voiture ou dans des centres
de secours, près de 180 km de
bouchons recensés en Ile-de-
France, et à peu près la même
chose en région d’après le
CNIR (Centre national d’in-
formation routière). C’est
sans compter les bus coincés
au dépôt et les trains au ra-
lenti. Pourtant la veille, aux
environs de 16h, Météo
France avait émis un bulletin
d’alerte sur l’Ile-de-France et
les départements limi-
trophes. Hélas, en sous esti-
mant de cinq centimètre la
couche blanche.
Cinq centimètres brandis par
le premier ministre, François
Fillon, pour nier toute défail-
lance des services de l’Etat
et rejeter la faute sur le per-
sonnel de l’institut météoro-
logique. Quand l’Ecosse subit
le même genre de « pagaille »
à cause de la neige, le minis-
tre des transports, Stewart
Stevenson, démissionne
prenant toute la responsabi-
lité d’un tel désordre. Une
question reste entière :
si Météo France n’avaient pas
minimisé les intempéries, la
«pagaille » aurait-elle pu être
évitée ?
La région parisienne dispose
de quatre-vingts sableuses-
déneigeuses pour les 765 km
de routes nationales et voies
rapides soit une pour 10 km
parcourus à 20 km/h en
moyenne. Mais, le sable ré-
pandu ne fait pas réellement
fondre la neige, « chacun de
ses grains polarisent la chaleur
et ont tendance à dissoudre un
tout petit peu la neige ou la
glace autour d’elle », a expli-
qué Jean-Rémy Macchia,
journaliste automobile sur
France Info. Plus efficace, le
sel trouve aussi des limites,
cette fois-ci écologiques. En
effet, il pollue les nappes
phréatiques, imbibe la végé-
tation qui à son tour, peut in-
toxiquer les animaux
herbivores. Le sel est pour-
tant une solution efficace et
très répandue pour faire fon-
dre la neige sur les routes
préalablement raclées par le
passage des chasse-neige.
Mais il existe un autre obsta-
cle majeur à la bonne circu-
lation en cas d’intempéries
neigeuses. « Le vrai problème,
c’est qu’en France, encore plus
en région parisienne, les gens
ne savent pas conduire quand il
y a de la neige », confie Geof-
frey, un des nombreux nau-
fragés de la route qui a dû
abandonner sa voiture sur la
nationale 10 dans la nuit de
mercredi à jeudi dernier.
Mais comment conduire une
voiture chaussée de pneus-
été sur une patinoire ? Si
la France patine, glisse et
dérape, ne faut-il pas se
préoccuper d’abord de lui
redonner de l’adhérence
avant d’accuser DDE,
maires, préfectures ou
gouvernement ?
Ailleurs en Europe ?
Dans d’autres pays comme
la Finlande où l’on roule sur
neige pendant près de cinq
mois dans l’année les auto-
mobilistes se sont tout sim-
plement adaptés. Les
autorités finlandaises impo-
sent des pneus-hiver (des
pneus à la gomme ne durcis-
sant pas par grand froid et
entaillés de façon à adhérer
sur la neige et la glace) du
1er décembre au 1er mars,
également pour les véhi-
cules étrangers. De même en
Allemagne, la loi oblige les
automobilistes à disposer
d’un équipement adapté en
cas de conditions hivernales,
c'est-à-dire lorsqu'il neige
mais aussi lorsqu'il risque
de neiger. Cet équipement
comprend les pneus-hiver,
un niveau de liquide lave-
glace antigel suffisant et une
huile moteur adaptée aux
basses températures. La
Suisse, la Belgique, le Dane-
mark ou les Pays-Bas se
cantonnent à conseiller l’uti-
lisation d’équipements d’hi-
ver en cas de prévisions de
chutes de neige, des conseils
largement suivis.
La loi française est quant à
elle très floue. L’équipement
doit correspondre aux
conditions routières : rouler
avec des pneus été en condi-
tions hivernales peut enga-
ger votre responsabilité
civile en cas d'accident et en-
traîner des poursuites. Mais
ce risque juridique reste très
théorique et les coupables
de dérapages sont souvent
de bonne foi : dès la mi-no-
vembre, il était quasiment
impossible de trouver un
pneu hiver dans le com-
merce et même sur internet.
« Tant que la loi française
n’imposera pas cet équipement,
aucun fabricant ne prendra le
risque de produire assez de
pneu pour le marché français.
Le risque d’un hiver doux est
trop grand et avec, celui de se
retrouver avec un stock impos-
sible à écouler », commente
Fabrice Grosjean, marchand
de pneus.
Le ministre de l’Intérieur,
Brice Hortefeux a annoncé
la mise en place d’une
« mission d’expertise » en de-
mandant à l'Inspection gé-
nérale de l'Administration
(IGA) une « analyse de l'épi-
sode neigeux ». Dans sa lettre
de mission au chef de l'IGA,
Michel Sappin, le ministre
écrit que « même s'il
n'a pas eu les mêmes consé-
quences que les événements des
4 et 5 janvier 2003, l'épisode
neigeux exceptionnel du 8 dé-
cembre 2010 a entraîné de
réelles difficultés ». L'IGA a
trois mois pour rendre son
rapport et « devra livrer des
premiers éléments d'analyse
pour la mi-janvier, notamment
sur d'éventuelles mesures à
prendre d'urgence ».
En attendant, Météo France
a publié une nouvelle alerte
de chute de neige pour la fin
de cette semaine. Des me-
sures de prévention ont déjà
été prises pour éviter un
bis repetita du cafouillage
du 8 décembre.
g Emmanuelle Ringot
Petits flocons, grands faut qu’onRoutes bloquées, forces de l’ordre débordées, centres de secours improvisés. Le 8 décembre dernier, une tempête de neiges’est abattue sur l’Ile-de-France semant la pagaille - pardon des complications. Pourquoi n’arrivons-nous pas à faire face à15cm de poudreuse alors que bien des payes s’accomodent d’un demi mètre de neige quatre mois pas an ?
Gavroche - 16 décembre 201010
L'Ile-de-France compte seulement 80 sableuses-déneigeuses.
DR
« Il n’y a pasde pagaille,
il n’y a que descomplications »
Certains automobilistes ont été bloqués sur les grands axes.
fon
d-e
cran
-im
age
Société
La nounou voiléecondamnéeUne employée de la crècheBaby-Loup à Chanteloup-Les-Vignes (Yvelines), qui comparais-sait pour port du voile dansl’exercice de son travail, a étédéboutée par le tribunal desprud’hommes de Mantes-La-Jolie, qui valide ainsi son licencie-ment pour faute grave. FatimaAfif a été renvoyée en 2008 pourinsubordination, refusant de reti-rer son voile durant les heuresde travail. Pour Me RichardMalka, un des avocats de lacrèche, cette décision constitue« une victoire pour les laïcs ».
La SNCF poursuivie360 salariés ou retraités maro-cains de la SNCF, privés du statutde cheminot du fait de leur na-tionalité, ont attaqué l'entreprisepublique pour discrimination, etverront leur dossier examiné parles prud'hommes de Paris. Re-crutés dans les années 1970 auMaroc, ces travailleurs ne bénéfi-ciaient que d’un contrat de droitprivé. Ils ont donc été privés decertains avantages de ce statut,qui leur aurait octroyé des avan-tages en matière de protectionsociale et de retraite.
Augmentation duprix des assurancesD’après l’édition du 14 décembredes Echos, les tarifs des assurancesaugmenteront en 2011. La haussela plus forte concerne l'assurance-habitation multirisque qui devraitcroitre de 3,5 à 7 %. Les assureursjustifient cette décision par la mul-tiplication des évènements clima-tiques exceptionnels comme latempête Xynthia de février 2010ou les inondations du Var en juindernier. Les professionnels du sec-teur pensent que ces nouveaux ta-rifs seront bien acceptés par lesassurés, estimant avoir fait assezde pédagogie sur ce sujet.
Electricité : menace de coupuresConséquence directe du froid quitouche le territoire français depuisquelques jours, les Français augmen-tent le niveau de leur chauffage, etdonc leur consommation d’électri-cité. Celle-ci a battu son record histo-rique le 14 décembre en début desoirée. Dans ces conditions, les ré-gions françaises les moins bien appro-visionnées s’exposent à descoupures. Bretagne et Provence-Alpes-Côte d’Azur sont les premiersconcernés.
Pour beaucoup d’étu-
diants, les vacances de
Noël sont synonyme
de repas en famille et de ca-
deaux au pied du sapin. Mais
que se passe-t-il quand cer-
tains n’ont pas la possibilité
de rentrer chez eux ? La plu-
part se heurtent à la fermeture
des cités et restaurants univer-
sitaires, connus pour leur
service à bas prix. Valérie
Pécresse, la ministre de l’Ensei-
gnement supérieur et de la
Recherche a décidé de remé-
dier à ce problème. Elle
s’est entretenue, lundi 13 dé-
cembre, avec les directeurs
de Centres régionaux des
œuvres universitaires et sco-
laires (Crous), afin de les mo-
biliser sur les actions de
solidarité destinées aux étu-
diants en grande difficulté. La
première réforme s’applique
dès le mois de décembre : les
restos U et les chambres uni-
versitaires resteront ouverts
pendant les vacances de Noël
afin d’aider les étudiants en
difficulté. La ministre l’a
confirmé quelques heures plus
tard lors de la matinale sur
RTL : « Les étudiants qui ne peu-
vent pas rentrer chez eux pour les
fêtes de fin d’année auront des
repas et de l’hébergement garantis
au lieu de trouver des résidences
universitaires fermées et des restos
U fermés ». Ces restaurants uni-
versitaires sont gérés par les
Crous et permettent un repas
complet à 2,60€ pour les étu-
diants. Une décision qui fait
l’unanimité auprès de la popu-
lation estudiantine : « Il était
temps que ces mesures soient
mises en place, assure Olivier,
étudiant à la faculté de Cergy-
Pontoise, je connais moi-même
des amis qui ont été obligé de quit-
ter leurs résidences car celles-ci
étaient fermées alors qu’ils
n’avaient pas de quoi rentrer chez
eux. Après les nombreuses mani-
festations qu’elle a causé l’an der-
nier à cause de ses réformes,
Valérie Pécresse se rattrape ».
«C’est important que des étu-
diants dans le besoin puissent
continuer à manger à bas prix,
surtout pendant Noël », continue
Lise, étudiante dans la même
université.
Pour l’année 2011, la ministre
a par ailleurs demandé
l’ouverture des restos U pour
toutes vacances universitaires
confondues. Pour les jeunes
les plus en difficulté, les Crous
ont également la possibilité de
distribuer, des aides alimen-
taires. Selon le ministère,
28 900 étudiants ont déjà béné-
ficié de cette aide d’urgence
pour un montant de huit mil-
lions d’euros en 2008, et ils
étaient plus de 38 000 pour
14,9 millions d’euros en 2009.
Cette année, 37 500 étudiants
devraient être concernés.
Des logements accessibles à tousLa ministre a également de-
mandé aux directeurs des
Crous de mettre en place rapi-
dement des hébergements
d’urgence. Pour les étudiants
en grande difficulté ayant
quitté le foyer familial ou dont
les parents sont au chômage,
Valérie Pécresse espère géné-
raliser ce dispositif dans toutes
les académies. « J’aimerais
qu’un volant de chambres univer-
sitaires soient réservées à des
jeunes qui brutalement se retrou-
vent à la rue », a-t-elle indiqué
sur RTL. Seul six Crous sur
vingt-huit (Paris, Lille, Mont-
pellier, Nice, Reims et Tou-
louse) ont pour l’heure adopté
cette réforme. Ainsi
le Crous de Toulouse compte
déjà 400 chambres pour huit
euros la nuit. Celui de Nice
a passé un accord avec
le groupe Pierre et Vacances
pour loger des étudiants
tout au long de l'année et
Montpellier a de son côté
lancé un dispositif supplé-
mentaire spécifique aux
congés de fin d'année.
A l’instar des restos U, la mi-
nistre souhaite systématiser
leur mise en place au-delà des
vacances de Noël, notamment
grâce aux 175 assistantes so-
ciales du réseau Crous appe-
lées à disposer des logements
temporaires voire définitifs.
« Le rôle du Crous, c’est avant
tout d’être un guichet social de
proximité et de mutualisation qui
offre des moyens et des services
dans le cadre d'un partenariat in-
telligent avec les universités »,
déclare Denis Lambert, direc-
teur du Crous de Lyon. Mais à
l’heure où les associations ca-
ritatives déclarent aider de
plus en plus d’étudiants, reste
à savoir si la promesse sera
tenue pour les vacances sui-
vantes. « Il faut que les étudiants
les plus démunis soient assurés
au quotidien d’avoir accès à un
logement même après la période
de Noël », soutient Philippe,
professeur de mathématiques
à la faculté de Cergy.
Dans cette optique, la ministre
de l’enseignement supérieur
a signé lundi le premier
contrat qui fixe aux Crous
quatre axes d'action pour
2010-2013:mieux prévoir les
besoins des étudiants, amélio-
rer la performance du réseau
Crous, renforcer les liens avec
les établissements d'enseigne-
ment supérieur et renforcer
leur professionnalisme. Enfin
les Crous devront mieux in-
former les étudiants sur les
soutiens financiers ponctuels
et les aides alimentaires
(tickets resto U) dont ils peu-
vent bénéficier car nombre
d’entre eux ignorent encore les
aides possibles.
g Alexandra Bresson
Les restos U jouent la prolongation
Face au nombre croissant d’étudiants souffrant de précarité, la ministre de l’Enseignementsupérieur et de la Recherche, Valérie Pécresse, a décidé de laisser ouvert les restaurants uni-versitaires pendant les vacances de Noël. Certains étudiants pourront également être ac-cueillis dans les résidences universitaires et bénéficier de repas gratuits.
Gavroche - 16 décembre 201011
Théoriquement un arrêté préfectoral impose un jour de fermeture hebdomadaire.
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International
Sans la mobilisation in-
ternationale, Sakineh
serait peut-être déjà
morte. Jugée à plusieurs re-
prises, elle a d’abord été
condamnée à 99 coups de
fouet pour adultère. Elle a
avoué face caméra son meur-
tre, mais après avoir subi de
fortes pressions physiques et
morales. Finalement, deux
tribunaux l’ont condamnée à
dix ans de prison pour meur-
tre, et à mort par lapidation
pour son adultère. La date de
l’exécution peut être immi-
nente, mais la forte mobilisa-
tion en Occident dérange le
gouvernement iranien qui
cherche à mettre l’opinion in-
ternationale de son côté en
mettant en scène son « sup-
posé » crime.
Un documentaireen trompe-l’œil ?Sakineh raconte comment
elle a rencontré un homme
qui est devenu son amant :
Isa Taheri. Dans cette re-
constitution vidéo du meur-
tre, elle explique comment
elle s’y serait prise. D’abord,
elle aurait administré un sé-
datif à son mari. Puis, elle
aurait appelé son amant,
afin qu’il vienne le tuer en
l’électrocutant. Des photos
du cadavre, prises sur les
lieux du crime, coupent ré-
gulièrement la reconstitu-
tion en forme de
propagande. On peut voir
des traces de brûlures, dues
à l’électrocution, autour du
gros orteil du mari, et par-
tout sur son visage. Le docu-
mentaire soulève plusieurs
interrogations, mettant en
doute l’identité de la femme
censée être Sakineh.
Bernard-Henri Levi, gagné à
la cause de l’Iranienne, doute
de « l’identité de la personne
qui est présentée comme Saki-
neh ». Cette dernière ne parle
qu’en Azéri. Or sur la vidéo,
elle s’exprime parfaitement
en Persan. Deuxième détail,
il semblerait qu’un grain de
beauté soit apparu comme
par magie sur son visage,
alors qu’on n’en voit aucun
sur les photos d’elle qui ont
fait le tour du monde. Ce ne
serait donc pas elle dans le
documentaire, mais une ac-
trice. Cette mise en scène, vi-
vement critiquée sur la scène
internationale, n’a en tout cas
pas découragé les soutiens
de la jeune femme.
g Charlotte Dehouve
Sakineh, outil de propagande ?L’Iran a diffusé vendredi 10 décembre, sur la chaine iranienne Press-TV, la reconstitution filmée du supposé assassinatpar Sakineh Mohammadi Ashtiani de son mari. Ce documentaire en anglais vise, selon la chaîne, à montrer cette histoiresous un nouvel angle. Mais le doute est important sur son authenticité.
Gavroche - 16 décembre 201012
Sakineh, condmanée à la lapidation.
DR
Les dissidents de WikiLeaksDeux anciens collaborateurs de WikiLeaks lancent leur propre site de « fuites » dissident : OpenLeaks. Le but est lemême – dévoiler des informations secrètes -, mais la méthode diffère. Ils se veulent plus transparents et moins média-tiques que l’organisation de Julian Assange, qu’ils critiquent ouvertement.
L’ennemi public nu-
méro 1 du moment,
le fondateur de Wi-
kiLeaks, Julian Assange, est
critiqué jusqu’au sein de son
propre camp. Deux anciens
membres de l’organisation
de hackers-journalistes,
Daniel Domscheit-Berg et
Herbert Snorrason, ont dé-
cidé de lancer un concurrent
au site spécialisé dans la di-
vulgation d’informations :
OpenLeaks. S’il partage les
mêmes valeurs que son
grand frère, qui distille au
compte-goutte les quelques
250 000 câbles diploma-
tiques en sa possession, à
savoir la lutte pour la li-
berté d’expression et la pro-
tection des sources, il ne
fonctionnera pas exacte-
ment de la même manière.
« Intermédiaire »La différence majeure avec
WikiLeaks, c’est qu’Open-
Leaks ne publiera pas direc-
tement de documents sur
son site, mais les transmet-
tra aux journaux et ONG
partenaires. Le site ne sera
qu’un « intermédiaire » entre
les sources et les médias.
Mais pourquoi avoir lancé
un nouveau site de « fuites
» ? L’Allemand, Domscheit-
Berg, ancien porte-parole
de l’organisation, et Snorra-
son, étudiant en histoire de
25 ans, étaient excédés par
la personnalité autoritariste
du charismatique et mysté-
rieux Julian Assange. « Si
vous prônez la transparence,
vous devez l’être également
dans votre fonctionnement. Ce
n’était pas le cas de Wiki-
Leaks », a attaqué Daniel
Domscheit-Berg au site
Owni. Par ailleurs, les
membres d’OpenLeaks
comptent se faire bien plus
discrets qu’Assange, qu’ils
considèrent comme une
vraie diva des médias.
Initialement prévu pour être
fonctionnel lundi, open-
leaks.org affiche toujours
crânement sur sa page d’ac-
cueil « coming soon » (ouver-
ture prochaine) à l’heure où
nous bouclons. « Nous ou-
vrons officiellement la plate-
forme, mais celle-ci ne sert pour
l’instant qu’à présenter notre
projet. Nous mènerons un pre-
mier galop d’essai début 2011,
avec des petites rédactions,
pour tester l’outil sans pres-
sion, avant de se tourner vers
de plus gros médias. Mais nous
croulons déjà sous les demandes
», a révélé le dissident.
g Eleonore Quesnel
Daniel Domschiet-Berg, dissident de Wikileaks.
Andygee1
Economie
Inflation stableen novembreLes chiffres de l’inflation ontété communiqués par l’Inseemardi 14 décembre, mettant en lumière une relative stagnationdes prix. Ils ont augmenté de0,1% au mois de novembre, soitexactement la même variationqu’en octobre. Sur un an, lahausse s’établit à 1,6%. L’indicedes prix reste également relativement stable (+ 1,5% sur les douze derniers mois).Enfin, de manière saisonnièreavant Noël, les prix des jeux etjouets décroissent (-3,1%, -2,2% sur un an).
Nouvelle boxpour FreeFree franchit un nouveau pasdans la course à l’innovationavec cette « Freebox Revolu-tion». La box intègre un lecteurBlu-ray, un processeur plus puis-sant, un navigateur web, undisque dur de 250 Go et mêmede petits haut-parleurs. Le lance-ment de ce nouveau boîtierconstitue un enjeu d’ampleurpour le fournisseur d'accès à in-ternet. Free, qui fera ses débutsdans la téléphonie mobile en2012, doit d'ici là relancer sesventes, après avoir subi un coupde frein début 2010.
Le gouvernementclément avec lesentreprisesLes entreprises qui n’ont pas ré-percuté la revalorisation du smicdans leur grille salariale ne se-ront pas sanctionnées en 2011.Le gouvernement a décidé de re-porter cette sanction à une dateultérieure, compte tenu de la di-minution du nombre de sociétésréfractaires. Le ministère du tra-vail relève une « amélioration dela situation » justifiant un « re-port » de la mise en œuvre de lasanction, qui prend la formed'une diminution des réductionsde charges pour les entreprises.
Le Sénat encou-rage la rigueurDans son rapport sur le projet deloi de finances rectificatives pour2011, le rapporteur général dubudget au Sénat Philippe Marinimet en garde le gouvernementcontre le creusement de la dettepublique. « Les perspectives àmoyen terme sont préoccu-pantes», souligne-t-il, mettant enavant « le risque que la France seretrouve parmi les mauvais élèvesde la zone euro ». Il encouragel’Etat à s’en tenir au plan de ri-gueur défini pour 2011.
Premier revers après
l’application de la loi,
des petits malins font
ralentir le processus de dé-
tection et noient le flux d’IPs
en injectant des dizaines de
milliers de fausses adresses
pendant le téléchargement.
Il devient alors pratique-
ment impossible de détermi-
ner laquelle d’entre elles est
bien celle de la personne
commettant l’infraction. Et
ce n’est pas tout, même re-
pérée, il faut qu’un agent as-
sermenté des sociétés de
gestion rédige un procès-
verbal pour chacune des
adresses IPs « réelles » com-
mettant l’infraction. En effet,
l’agent devra faire le tri
entre les IPs « innocentes »
susceptible d’être repérées à
tort par le logiciel de traque
et celles des personnes ayant
réellement téléchargées illé-
galement. Une fois l’adresse
IP fautive transmise à l’HA-
DOPI, l’autorité se chargera
de l’envoi des différents
mails d’avertissements.
Selon une information de La
Tribune, sur le plafond de
50 000 IPs « flashées » par
jour, seules 2 000 sont trai-
tées effectivement par l’ins-
tance. On est loin des 10 000
saisies prévues par le gou-
vernement cet été. Même
avec un tel objectif, ces
quelques milliers de mails
sont une goutte d’eau dans
l’océan des millions d’inter-
nautes français susceptibles
de « pirater » chaque jour.
Pour preuve du peu d’inté-
rêt porté à ces mails,
Mireille Imbert-Quaretta,
Présidente de la Commis-
sion de protection des droits
(CPD) d’HADOPI déclarait
à nos confrères de Nume-
rama qu’elle « ne recevait que
peu de retours de la part des
premiers avertis ». Et ce n’est
pas tout, le travail pour HA-
DOPI sera considérablement
compliqué puisque de nom-
breux pirates vont migrer
des protocoles de téléchar-
gement classiques comme
les Torrents, eMule, pour
des plateformes qui assu-
rent l’anonymat comme le
téléchargement direct, le
streaming ou les news-
groups. Etant donné qu’au-
cun téléchargement n’est
effectué lors de ces proto-
coles, la loi HADOPI ne pré-
voit aucune mesure contre
ces nouveaux pirates.
Aucun effet sur le marchéPlus décevant encore, les ex-
perts croyaient en l’effet béné-
fique de la loi sur le marché
des œuvres, mais ils sont dé-
mentis par les chiffres. Au
troisième trimestre 2010, le
chiffre d’affaires du marché a
baissé de 13,7%, selon l’Ob-
servatoire de la musique ! Et
aucun effet non plus sur la
croissance du marché du nu-
mérique. L’Observatoire note
que « la part de marché de la
musique numérique sur le mar-
ché de la musique enregistrée
s’établie à 13,1% en valeur ». Le
chiffre d’affaires du numé-
rique ne progresse que de
21,4% au troisième trimestre
2010 contre 29% au premier
trimestre de la même année.
Selon une enquête de l’UFC-
Que-Choisir, la vente d’al-
bums et de titres au format
numérique stagne à +14,2%
sur la période 2009/2010,
alors que la croissance était a
+46% en 2008/2009. Alors
pourquoi mettre en œuvre
des dispositifs répressifs sur
les téléchargements illégaux
s’ils n’ont aucun effet le mar-
ché légal ? Comble de l’ironie
quand on sait que les ayant
droits dépensent des fortunes
pour payer les sociétés char-
gées de la collecte d’IPs. Le
syndicat des éditeurs de jeux
vidéos évalue a 400 000 euros,
le coût de la collecte de 25 000
IPs par jour ; et ce, pour 100
titres seulement. On imagine
que la facture pour la
SACEM sera bien plus
grande encore puisqu’elle
prévoit de surveiller 10 000 ti-
tres et de collecter 50 000 IPs
par jour. Nicolas
Sarkozy a lancé
un pavé dans la
marre cette se-
maine en affir-
mant qu’il voulait
baisser la TVA sur
les biens téléchar-
geables légale-
ment. Une
nouvelle idée
pour relancer le
secteur ? Sûre-
ment. Mais avant
tout changement
de fiscalité, la
Commission européenne, le
Parlement européen, et le
Conseil de L’Union euro-
péenne représentant les 27
états membres devront don-
ner leur accord... On a le
temps de voir venir.
g Alexandre Ben Hadid
HADOPI :
une loi en tocVoilà un an qu’HADOPI, la loi relative à la protection pénale de la propriété littéraire et ar-tistique sur internet est entrée en vigueur. Est-elle opérationnelle pour autant ? Entre piratesplus malins que l’HADOPI et coûts exorbitants, la mesure est vite devenue obsolète. Retoursur une des lois les plus chahutée de 2010.
Gavroche - 16 décembre 201013
Le téléchargement pose toujours problème.
DR
DR
HADOPI compte bien avaler les Pirates.
DR
Economie
«J'avais annoncé que je
quitterai mon poste de
Veolia avant la fin
de l'année, c'est chose faite », a dé-
claré Henri Proglio, encore
patron d’EDF, avant de trans-
mettre dimanche en fin de
soirée, par communiqué, sa dé-
mission lors d’un conseil ex-
ceptionnel du groupe de
services.
A la tête de Veolia depuis
1991, diplômé d’HEC, qui a
gravi les échelons de la
Compagnie générale des eaux
devenue Veolia Environnement,
il sera remplacé par Antoine
Frérot, directeur général du
groupe. « Je vais me consacrer en-
tièrement à EDF. Mais c'est avec
émotion que je quitte Veolia où j'ai
fait toute ma carrière», a-t-il assuré
samedi dans le Point. Sondépart
était annoncé depuis mars à la
suite de la polémique née de son
cumul de fonctions.
Nouvelle organisationSi Henri Proglio a laissé, en
novembre 2009, les rênes de
Veolia à un fidèle, Antoine
Frérot, au moment où il
prenait ses nouvelles fonc-
tions de PDG d'EDF, il a
quand même insisté pour
conserver la présidence non
exclusive de la multinatio-
nale des eaux. Mais ce cumul
de fonctions (et de rémunéra-
tions) avait suscité une
polémique telle que l’affaire
avait poussée Nicolas
Sarkozy à intervenir en jan-
vier dernier pour assurer que
cette situation ne durerait
que « quelques mois ».
Aujourd’hui, c’est donc An-
toine Frérot qui occupera
les fonctions de « président
du conseil d'administration
et directeur général de la
société ».
Il a déjà annoncé le pro-
gramme qu’il souhaite déve-
lopper pour la compagnie des
eaux : « Nous voulons être sélectif
et impliqué sur le terrain. Il faut
pour cela des ressources finan-
cières. Elles seront puisées aux
mêmes sources qu'auparavant ».
Ce nouveau plan stratégique
a étévalidé, il y a quinze jours
par le conseil, et prévoit une
dette entre 15 et 16 milliards
d'euros. Il souhaite aussi
un partenariat avec EDF, qui
devrait assurer une montée
en puissance des deux
groupes, plus facile avec
la distance pris par Henri Pro-
glio vis-à-vis de Veolia.
Le nouveau patron a toute-
fois conscience qu'un tel
rapprochement doit asseoir sa
légitimité sur des projets com-
muns : « Il faut construire des
partenariats industriels avant de
modifier les liens financiers».
Dans la voiture électrique,
par exemple. EDF pourrait
gérer la recharge rapide des
batteries tandis que Veolia
s'occuperait de leur recyclage
et de la gestion des véhicules
mis à disposition par les col-
lectivités. De son côté Henri
Proglio dînera dimanche
soir avec les administrateurs
du numéro un mondial des
services à l'environnement.
Avant de les retrouver, lors
d'un autre conseil, le 16 dé-
cembre prochain, en tant que
simple administrateur.
g Emilie Rivenq
Proglio s’envole de VeoliaHenri Proglio a présenté sa démission dimanche soir lors d’un conseil d’administration de son poste de président di-recteur général de Veolia Environnement. Le désormais simple administrateur du leader mondial des services à l’envi-ronnement ne cumule plus les fonctions avec son poste de directeur général d’EDF.
Gavroche - 16 décembre 201014
Henri Proglio en 2009 à la tête de Véolia.
DR
Juste après la condamna-
tion de Bernard Madoff
à 150 ans de prison, Ir-
ving Picard, l’administra-
teur judiciaire du banquier,
a été chargé de récolter les
fonds susceptibles de servir
à l’indemnisation des vic-
times. Mais pour l’instant,
seuls deux milliards ont pu
être récoltés, principale-
ment lors des ventes aux
enchères des
biens du ban-
quier (dont
une Rolex et
des pantoufles
dorées à l’or
fin). On est
loin de la
somme totale
de la fraude
toujours éva-
luée à plus
de 65 milliards
de dollars.
La société
Irving Picard
est déterminée
à faire éclater
le scandale des
possibles commissions re-
çues en marge des faux in-
vestissements lancés par
Madoff. Afin de donner un
coup de pied dans la four-
milière avant la prescription
de deux ans, la société a
multiplié ces derniers jours
les assignations à l’encon-
tre des banques complices
de l’escroquerie, mais aussi
de particuliers fortunés.
Dans ces 163 pages de
plaintes ont peut y voir des
banques européennes, ja-
ponaises et même fran-
çaises, dont Natixis qui se
voit réclamer plus de 400
millions de dollars.
Sonja Kohn l’« âmesœur criminelle » La plus spectaculaire de ces
plaintes est dirigée contre la
banque autrichienne Medici
Bank détenue par Sonja
Cohn. En usant des mêmes
ficelles que Bernard Madoff,
elle promettait à ses clients
d’être la seule capable de
réaliser des profits farami-
neux avec leur argent. Dans
la plainte on peut lire que
« depuis 20 ans, Kohn a ex-
ploité sa relation privilégiée
avec Madoff pour drainer plus
de 9,1 milliards de dollars »
destinés à la fraude. Pour
preuve de cette affinité, Ir-
ving Picard affirme que Ma-
doff lui versait plus de 6,5
millions de dollars par an.
Celle qu’on appelle aussi
« l’Autrichienne de Wall
Street » se voit réclamer au-
jourd'hui par Irving Picard,
la somme de 20 milliards de
dollars de dommages et in-
térêts, soit près d’un tiers
des 65 milliards de dollars.
On comprend dès lors pour-
quoi la banquière vit cachée
depuis l’éclatement de l’af-
faire.
g Alexandre Benhadid
Madoff : place aux indemnisationsLe 11 décembre 2008, Bernard Madoff avouait à toute sa famille qu’il était coupable de la plus grosse arnaque de l’histoire.Deux ans plus tard, jour pour jour, son fils Mark se suicide dans son appartement de Manhattan. Depuis ses révélations,les victimes attendent toujours d’être indemnisées.
La banque Medici Bank au coeur de l'affaire Madoff.
AP
Gavroche - 16 décembre 201015
Gavroche - 16 décembre 201016
Economie
Le tournant
Jean-Pierre Ploué aime les
défis. Lorsqu'il prend la
tête du style de Citroën,
en 1999, il n'a que 37 ans. Et
sa feuille de route est ambi-
tieuse : il doit dépoussiérer
l'image d'une marque fati-
guée qui produit à cette
époque des Xantia ou des
Saxo plébiscitées par les re-
traités. Sacrée mission !
Dix ans plus tard, la mission
est accomplie. La marque aux
chevrons a retrouvé un vrai
style avec la C3, la C3 Pi-
casso, la C4, puis, les C5 II,
DS3 et DS4. Les Citroën ne se
bradent plus, les modèles
s'inscrivant plus dans le haut
de gamme et les ventes sont
reparties à la hausse : + 34 %
depuis son arrivée (1,3 mil-
lion de voitures en 2009).
Il faut dire que, malgré son
jeune âge, ce Bourguignon
est arrivé chez Citroën avec
un CV déjà impressionnant.
Major de sa promotion à
l'Ecole nationale supérieure
des arts appliqués et des mé-
tiers d'art, il a débuté chez
Renault en 1985, où il a tra-
vaillé sur la première La-
guna, sur la Clio II, sur le
monospace Scénic ainsi que
sur la Twingo. Il a ensuite re-
joint Volkswagen, puis Ford.
« J'ai eu de la chance, raconte-
t-il. Je suis tombé dans une
période très créatrice chez
Renault, puis j'ai appris l'im-
portance de la qualité de
conception chez VW et de la
compréhension des goûts du
client chez Ford ».
OrganisateurCe féru d'architecture et de
gastronomie commence, chez
Citroën, par renouveler les
équipes. « J'étais encore un
gamin dans le monde féroce
du design, rien de plus lo-
gique que de m'entourer de
collaborateurs de ma généra-
tion ». Il remet aussi l'organi-
sation à plat afin de replacer
la qualité au centre des préoc-
cupations. « Le design est sur-
tout une affaire d'organisation
managériale. Il faut adapter
au mieux l'environnement au-
tour de la création».
Nouveau cycleSa référence ? « Audi, qui
allie agressivité et harmonie
des lignes comme aucune
autre marque ». La dernière
C5 a d'ailleurs su prendre
des parts de marché aux
marques allemandes dans
l'Hexagone, avec une so-
briété et une prestance
toutes germaniques.
Depuis 2009, ce père de qua-
tre enfants a accepté un nou-
veau défi. Nommé à la tête de
l'ADN, le centre de style de
PSA Peugeot-Citroën de Vé-
lizy (Yvelines), il doit redon-
ner du souffle à Peugeot tout
en veillant à ce que les deux
marques du groupe gardent
une identité distincte. Pour
l'épauler, il s'est entouré de
deux vieilles connaissances.
Gilles Vidal, qui travaillait
avec lui chez Citroën, a pris
la direction du style de la
marque au lion. Thierry Me-
troz, un ami d'enfance avec
qui il a œuvré chez Renault,
a pris les rênes du design de
Citroën. « Un nouveau cycle
commence », explique-t-il au-
jourd'hui, à 48 ans.
Adaptation« Les Peugeot BB1 ou SR1
marquent un changement
de cap chez Peugeot où le
style Welter tournait en
rond. L’identité reste la
même : Environnementale,
dynamique, allégée. Chez
Citroën, le concept car Sur-
volt et la nouvelle gamme
DS continuent à alimenter
la légende : Sculpturales,
fluides et surprenants. Pen-
dant longtemps les Français
n’ont pas compris que l’exo-
tisme automobile, c’est l’au-
tomobile française. Les
Allemands ont su imposer
un code mondial : tricorps,
style robuste et valorisant.
Notre opposé. Il nous faut
adapter nos modèles à
l’étranger sans pour autant
perdre notre identité. D’au-
tant plus que les marques,
notamment chinoises, inves-
tissent dans le design, avec
le concours des carrossiers
italiens. De plus, le défi élec-
trique offre de nouveaux
champs d’action. A nous de
garder notre identité, de res-
ter unique, sans pour autant
être trop décalé ».
Plus de 22 000 repas ont été servis en 2009 par les Restos du Coeur.
Avec la fin annoncée de la prime à la casse et la banalisation du bonus environnemental,majeures du stylisme automobile, courtisées par les plus grands constructeurs mondiaux
La fin des incitations à
l’achat dans l’indus-
trie automobile
- prime à la casse, bonus
environnemental - va redes-
siner les stratégies des in-
dustriels. La crise, qui a très
lourdement touché le sec-
teur en 2009, a bouleversé
tous les schémas écono-
miques qui affectaient
jusqu’à présent l’image et
les marges bénéficiaires du
segment haut de gamme et
les volumes du bas de
gamme. Mais avec la baisse
généralisée du marché euro-
péen, les constructeurs en-
core sous perfusion, vont
devoir rivaliser pour faire
du profit avec leurs petits
modèles. Souvent banalisés,
pour ne pas dire dessinés au
rabais, ceux-ci vont devoir
se démarquer pour échap-
per à la course aux rabais et
aux promotions qui grigno-
tent les profits. Le design,
l’un des premiers leviers
dans le choix des consom-
mateurs, va plus que jamais
être la priorité pour conqué-
rir des parts de marché. Car
entre un coup de crayon de
génie et un autre moins ins-
piré, le surcoût est dérisoire.
La Fiat 500, dérivée de la
Fiat Panda (mais vendue
20% plus cher), est désor-
mais un cas d’école.
Jean-Pierre Ploué
Le dynamiteur de Citroën
La Peugeot SR1 préfigure ce que vont être les futurs modèles de la marque sochalienne.
DR
17Gavroche - 16 décembre 2010
Economie
Après Hiroshima,
Laurens Van den
Acker a découvert
les charmes de la proche ban-
lieue parisienne. Il a en effet
officié pendant quatre ans
chez le japonais Mazda,
avant de poser ses crayons il
y a un an au Technocentre
Renault de Guyancourt, où il
est désormais directeur du
style. Mais, en bon globe-trot-
ter - il a travaillé dans sept
pays et parle quatre langues -
ce Néerlandais de 45 ans
semble s'être très vite habitué
à sa nouvelle vie.
Il a aussi parfaitement saisi les
enjeux de sa fonction. « Il faut
redonner à Renault de l'émo-
tion, de la sensualité, du désir,
décrit-il dans un français par-
fait. Mais il faut aussi mainte-
nir une identité claire et
distincte de celles des autres
marques du groupe, Nissan,
Dacia et Samsung ». En seule-
ment un an, il a conçu un pre-
mier concept car au nom évo-
cateur, DeZir, et aux lignes
prometteuses qui se retrou-
vent dans celles de la future
citadine Zoé. Certes, il s’agit
d’une voiture de sport. Mais
certains éléments donnent des
indications sur la nouvelle si-
gnature visuelle, comme « le
logo plus imposant ou encore
des lignes plus marquées et
instinctives».
De l’émotionCe penchant pour les lignes
radicales, le dynamisme, c'est
chez Mazda qu'il l'a le mieux
exprimé. Après être passé par
différents bureaux de style
indépendants, chez Ford en
Californie ou chez Audi, il se
distingue en sortant plu-
sieurs concept cars salués par
la critique : Kabura, Senku,
Kazamai. C'est surtout lui
qui a inventé le style Nagare,
« c'est-à-dire la fluidité, le
flux, l'émotion en mouve-
ment », qui caractérise les
Mazda récentes.
Son expérience internationale
et sa faculté d'adaptation ont
séduit Carlos Ghosn, le patron
du groupe Renault, et Patrick
Pélata, le directeur général. Le
profil du poste l'imposait. De-
puis Guyancourt, le patron du
style chapeaute en effet désor-
mais des antennes à Mumbai
(Inde), à Sao Paulo (Brésil),
mais aussi en Corée du Sud et
en Roumanie.
Besoin dechangementLes dirigeants de Renault
voulaient également marquer
une rupture forte après les
vingt-deux ans de règne de Pa-
trick Le Quément, précédant
directeur du style maison.
Ce dernier a à son crédit
quelques-uns des plus beaux
succès de la marque au lo-
sange, comme la Twingo ou
l'Espace 3. Mais aussi quelques
échecs retentissants avec la Vel
Satis, l'Avantime ou les deux
dernières générations de La-
guna. Après de trop nom-
breuses années sans lancement
marquant, il y avait urgence
du côté des ventes. Entre 2000
et 2009, Renault a vu ses parts
de marché en Europe passer
de 10,6% à 9,1%. « Le design
avait perdu sa désirabilité »,
diagnostique sans détour
Steve Norman, directeur mar-
keting monde du groupe et
ancien patron de Volkswagen.
L'homme, qui doit redonner
envie au consommateur
d'acheter une Renault, a un
style qui tranche parmi les in-
génieurs du Technocentre. Il
porte quasi invariablement un
costume sombre, une chemise
claire et des baskets de cou-
leur. Dans le parc automobile
de Guyancourt, il préfère choi-
sir la Twingo RS plutôt qu'une
Vel Satis consensuelle.
Attendus avec impatience en
2011 et 2012 : la sortie des
prochaines Clio et Laguna,
ses premiers modèles de série
sortir des parkings.
Walter De'Silva est
une sorte d'alchi-
miste du design,
capable de transformer en or
les voitures qu'il dessine. Au-
jourd'hui, le responsable du
style des treize marques du
Groupe Volkswagen (VW,
Audi, Seat, Skoda, Lambor-
ghini, Bugatti, Bentley, etc.),
troisième constructeur mon-
dial et premier européen, est
l'un des designers les plus in-
fluents du secteur. A 59 ans, il
a aussi le plus beau CV de la
profession.
En 1972, à 21 ans, Walter
entre en stage au centre de
design de Fiat. Il fait ses
classes à Turin, notamment
pour Alfa Romeo. A la fin des
années 90, il dessine les deux
modèles qui sauvent le
constructeur milanais de la
faillite, la 156 et la 147.
Avec de tels succès, Walter
De'Silva est rapidement très
sollicité. En 1998, Robert Peu-
geot le convainc de rejoindre
Citroën. Mais le tout-puis-
sant patron de Volkswagen
de l'époque, Ferdinand Piëch,
parvient in extremis à le faire
changer d'avis. Le designer
lombard commence par faire
sortir de l'anonymat la
marque espagnole du groupe
allemand, Seat. A Barcelone,
il signe ainsi l’Ibiza, la Cor-
doba et la Leon. En 2002,
alors qu'il travaille toujours
chez Seat, il ose faire une pro-
position pour la nouvelle ber-
line A6 d'Audi. Martin
Winterkorn, alors patron de
la marque aux anneaux,
tombe sous le charme et le
recrute. Au siège d'Audi, à
Ingolstadt, son arrivée est
déterminante. Il y définit un
nouveau concept esthétique,
baptisé Nuvolari, qui in-
fluence encore le design des
dernières Audi. On lui doit
aussi la sportive R8, le tout-
terrain Q7 et le superbe
coupé A5 – « ma plus belle
création ».
Lorsque Martin Winterkorn
est promu à la direction du
Groupe Volkswagen, en 2007,
il emmène avec lui Walter
De'Silva. A Wolfsbourg, au
siège de VW, l'Italien a dé-
couvert « une marque de tra-
dition tournée vers la qualité
et vers un design simple ».
Mais ce classicisme ne lui fait
pas peur. « Plus on a de li-
mites, plus on est créatif », a-
t-il coutume de répéter. A la
tête d'une unité qui compte
près de 800 personnes dans le
monde, il se voit comme le
leader d'un jazz-band.
« Chaque musicien joue
comme il veut, mais finale-
ment il y a une seule chan-
son, une seule direction »,
raconte ce grand timide qui a
toujours préféré un croquis à
un long discours.
le style va redevenir le grand arbitre des achats automobiles. Portraits de trois figurespour penser les voitures de la prochaine décennie. Par Benoît Magistrini
Walter De'Silva
Le Midas du design
LaurensVan den Acker
Rendre désirable Renault
Walter De’Silva a pris en charge le design de la sixième génération deVolkswagen Golf.
La DeZir n’est qu’un prototype, mais sa signature visuelle devrait se retrouver dans les prochaines Renault.
DR
DR
du design
Sport
Jean-Pierre Pernaut n’est
pas que le présentateur
du 13h de TF1. Fabien
Barthez n’est pas que le
« divin chauve », gardien de
l’équipe de France cham-
pionne du monde 98. Ils sont
aussi pilotes automobiles :
Jean-Pierre Pernaut, en Elite
au volant d’une BMW (Team
Sainteloc Racing) et Fabien
Barthez en catégorie « élec-
trique » avec une Skoda
(Team Skoda). A l’instar de
Christophe Dechavanne, il y
a quelques années, avant de
faire « tourner la roue », ou il
y a deux ans Elodie Gossuin,
miss France 2001, les person-
nalités font bonne grâce de
leur présence au Trophée An-
dros. On peut ajouter l’ancien
coureur cycliste Richard Vi-
renque, le chanteur David
Hallyday, l’ancien joueur de
tennis Henri Leconte ou l’hu-
moriste, Jean-Marie Bigard.
Cependant, depuis la fin de
sa carrière de footballeur en
2007, l’ancien gardien de but
de l’OM, a déjà tâté du vo-
lant. Consultant football pour
TF1, Barthez participe égale-
ment au magazine dominical
Auto Moto, lui permettant de
partager sa passion des voi-
tures avec les téléspectateurs.
Fou d’automobile, Jean-
Pierre Pernaut a contaminé
son fils Olivier, dès son plus
jeune âge, qui participe éga-
lement à ce championnat
spécifiquement français,
comme papa.
Au Trophée Andros, les stars
ne sont pas que des person-
nalités du monde des mé-
dias. Jean-Philippe Dayraut,
une nouvelle fois victorieux
ce weekend, est la star ac-
tuelle de la discipline, en
ayant remporté les deux der-
niers championnats Elite en
2009 et 2010. Que ce soit avec
Opel, Kia ou BMW, Yvan
Muller a longtemps tué le
suspense dans cette compéti-
tion par une domination hé-
gémonique (entre 1996 et
2006), seulement brisé par
Marcel Tarres en 2003. Cette
course par étapes sur glace,
créée par Max Mamers, an-
cien pilote de rallycross, et
Frédéric Gervoson, président
de la société Andros, re-
groupe des anciennes gloires
de la Formule 1. Alain Prost,
quadruple champion du
monde de F1, n’est jamais
venu en touriste, avec deux
championnats Elite gagnés
(2007 et 2008), amenant lui
aussi sa progéniture : Nicolas
Prost. La discipline populari-
sée, d’autres grands noms ont
rejoint la compétition. Olivier
Panis, vainqueur du Grand
Prix de Monaco en F1 avec
l’écurie française Ligier est
encore là cette saison. Le
Québécois, champion du
monde de F1 en 1997, Jacques
Villeneuve, participe au
championnat, comme un
autre petit nouveau, le
Franco-Suisse, Romain Gros-
jean, après une première ex-
périence difficile avec l’écurie
Renault en F1. Un change-
ment radical pour ces pilotes
habitués au goudron et une
adhérence qui interdit les
glissades.
g Wilfried Corvo
VIPilotes sur glaceEntre neige et bitume, Andorre recevait la deuxième étape du Trophée Andros, les 10 et 11 décembre, une semaine avantl’Alpe d’Huez. Depuis 1990, des pilotes, spécialistes de la neige ou pas, ainsi que des « peoples » se retrouvent pour s’af-fronter à coup de glissades bien mieux maîtrisées que l’automobiliste lambda.
Gavroche - 16 décembre 201018
Jean-Pierre Pernaut et son fils Olivier pilotent une BMW Série 1 pour la saison 2011 du Trophée Andros.
DR
Lotus s’émancipe en F1Le 8 décembre, Lotus Renault GP est né. La marque française a conclu un accord qui court jusqu’à la fin de saison 2017avec Genii Capital et Group Lotus, à qui elle a cédé en partie son ancienne écurie, mais continuera à motoriser troismarques. Néanmoins, Lotus reste dans l’expectative face à l’imbroglio autour de la licence.
Dans les années 60-70, la
marque britannique Lotus
trustait les podiums sous
l’impulsion de Jim Clark
(champion du monde en
1963 et 1965, 25 victoires) ou
Mario Andretti (champion
du monde en 1978). En 2011,
Lotus est ambitieux et
compte bien accrocher un
huitième titre constructeur à
son palmarès. La marque
noire et or revient en For-
mule 1 en s’associant à Re-
nault, qui motorisera la bête.
Le sigle au losange a égale-
ment revendu des parts au
fonds de placement Genii Ca-
pital. Pourtant en 2010, Lotus
apparaissait déjà dans les
paddocks sous les couleurs
de Lotus F1 Racing. Le
constructeur malais Proton,
qui détient 80% de Lotus
Cars mais n’a aucun lien avec
la Team Lotus, recevait le
soutien de Clive Chapman, le
fils du fondateur de la
marque. Le patron de l’écu-
rie, Tony Fernandes, prenait
alors les rênes mais était très
contesté. Résultats médio-
cres, émoluments finan-
ciers… Proton lâchait
l’homme et revendiquait à
son tour la filiation avec la
Team Lotus. L’écurie perdait
sa licence et était rebaptisée
1Malaysian Racing Team
pour 2011 afin de ne pas créer
la confusion et ne pourra, a
priori, plus afficher les cou-
leurs historiques de la
marque anglaise. Pourtant, la
FIA inscrivait l’écurie dissi-
dente sous le nom de Team
Lotus, après la demande de
Tony Fernandes. Résultat :
Proton et Group Lotus ont
porté l’affaire devant les tri-
bunaux afin d’être les seuls
détenteurs du nom Lotus.
Renault continuera à motori-
ser l’écurie de Fernandes,
ainsi que l’équipe cham-
pionne du monde Red-Bull.
Concernant les pilotes, le Po-
lonais Robert Kubica devrait
vraisemblablement continuer
l’aventure. Le Russe Vitaly
Petrov, surtout présent pour
les sponsors qu’il apportait à
Renault, est pour l’heure
dans l’attente de la décision
des dirigeants de l’écurie.
g Benoît Magistrini
La future Lotus Renault GP arbore fièrement les couleurs de la marque anglaise.
Lotus-Renault
Sport
Nasri meilleurfrançaisDans son édition du 14 décem-bre, France Football a dévoiléson podium des meilleursjoueurs français de l’année. Etc’est Samir Nasri, milieu offensifd’Arsenal, qui trône au sommet.Il a devancé Florent Malouda(Chelsea) et Hugo Lloris (Olym-pique Lyonnais). L’ancien joueurde l’Olympique de Marseille sevoit récompensé de son trèsbon début de saison avec le clubanglais, et l’Equipe de France ausein de laquelle il s’impose lente-ment mais sûrement comme ti-tulaire indiscutable.
Massa moqué parson patronPeu charitable Luca Di Monte-zemolo. Le président de Ferraris’en est pris ironiquement à sonpilote Felipe Massa, auteurd’une saison décevante en F1.« Il est arrivé pendant la saisonque Felipe en avait tellementassez qu’il envoyait son frère pilo-ter à sa place », a raillé le boss,pour souligner les mauvaisesperformances du Brésilien. Seu-lement sixième au classementfinal du championnat du Mondedes pilotes, Massa est souscontrat avec Ferrari jusqu’en2012. Ca va être long.
Nadal et Wozniacki plebiscitésL’ITF (Fédération Internationalede Tennis) a rendu son verdict, etannoncé le 14 décembre, le pal-marès des joueurs de l’année2010. Sans surprise, Rafael Nadal aété couronné chez les hommes,parachevant une superbe saisonterminée au rang de numéro 1mondial, avec trois des quatretournois du Grand Chelem rem-portés. Chez les femmes c’est lajeune danoise Caroline Wozniacki,20 ans seulement et déjà pre-mière mondiale, qui obtient cettedistinction pour la première fois.
L’art du paradoxe« Confiant » malgré la défaite. L’en-traîneur du Quinze de France,Marc Lièvremont, semble déjà avoir digéré la sévère correction infligée auxBleus par l’Australie le 27 novembre dernier. « Je me suis ra-rement senti aussi confiant et déter-miné que depuis ce match contrel'Australie, aussi paradoxal que celapuisse paraître, a reconnu le sélec-tionneur. Je suis persuadé qu'on neprendra plus de branlée et qu'onsera compétitifs pour le Tournoi et laCoupe du monde ».
Et si Patrice Evra avait
raison ? Après ses
sorties fracassantes de
la semaine d’avant-match à
propos d’Arsenal, l’arrière
gauche de Manchester
United se savait attendu au
tournant. Heureusement
pour lui, les Gunners
d’Arsène Wenger n’ont rien
fait pour lui donner tort lors
de la rencontre opposant
deux des cadors du cham-
pionnat anglais. Les Londo-
niens se sont inclinés à Old
Trafford 1-0 au terme d’une
rencontre bien terne maîtri-
sée de bout en bout par
les hommes de Sir Alex Fer-
guson. Impuissants, les
Londoniens n’ont pu que
constater. De quoi donner
plus de crédit aux critiques.
Beau mais tendre« Arsenal, un grand club
comme ça, ça fait cinq ans
qu'ils n’ont rien gagné, pour
moi, c'est la crise, c'est
n'importe quoi. Les gens se
font endormir sur le jeu
d'Arsenal. Mais à l'arrivée, il y
a quoi ? (…) Je regarde le
match, je prends du plaisir, mais
est-ce que je vais gagner un titre
après ? » Près d’un an et demi
après avoir qualifié les
Gunners « d’enfants »,
Patrice Evra persiste et signe,
quitte à se faire descendre
une fois de plus dans la
presse. Rien pour arranger
sa situation post-Mondial…
Mais à y regarder de plus
près, le Red Devil tape là où
ça fait mal. Depuis cinq ans
et son arrivée en Angleterre,
Arsenal n’a rien gagné.
L’équipe produit du beau
jeu, certes, mais semble bien
trop tendre physiquement
pour rivaliser avec les plus
grands. En cause, la politique
de son manager Arsène
Wenger qui mise principale-
ment sur les jeunes joueurs
pour bâtir son équipe. Ce
qui explique certainement
le manque de caractère
des Gunners à l’approche
des grands rendez-vous. De-
puis deux ans maintenant,
l’équipe ne s’est jamais
imposée face à un des
membres du Big Four (qui
regroupe les quatre
formations les plus impor-
tantes du Royaume, à savoir
Arsenal, Chelsea, Manches-
ter United et Liverpool).
Stade au passifA retourner le problème
dans l’autre sens, on pourrait
dire qu’Arsenal se qualifie
tous les ans pour la Ligue
des Champions et arrive
toujours à passer le premier
tour de la compétition
malgré une équipe inexpéri-
mentée. Si Arsène Wenger
mise sur les jeunes, c’est
avant tout par soucis
d’économie. Le nouveau stade
des Gunners inauguré en 2006,
l’Emirates Stadium, a coûté
cher au club qui ne dispose
plus alors de moyens consé-
quents pour s’acheter des
joueurs confirmés. Bien que ne
gagnant plus de titres, le ma-
nager français réussit donc
la prouesse de maintenir son
équipe en haut de l’affiche
tout en dégageant des béné-
fices. Une autre vision du foot-
ball moderne, bien loin des
Chelsea ou Manchester City
constamment endettés et ren-
floués par leurs riches pro-
priétaires.
g Valentin
Marcinkowski
Arsenal toujours souscouveuse
L’opposition entre Manchester United et Arsenal de lundi 13 décembre a une nouvelle foisdémontré l’incapacité des Gunners à répondre présents lors des grands rendez-vous. Le manque d’expérience est encore une fois pointé du doigt, corroborant ainsi les propos dulatéral gauche Mancunien Patrice Evra.
Gavroche - 16 décembre 201019
Les Gunners n’ont rien pu faire face à la puissance mancunienne.
MaxPPP
DR
DRy
Publicité
Gavroche - 16 décembre 201018
Cinéma
A voir également le16 décembreBurlesque :De Steven Antin avec Cher etChristina Aguilera.
Souvent, il arrive qu’une chan-teuse à l’affiche d’un film suffiseà donner l’alerte (JenniferLopez dans… tous ses films).Mais là, il n’y a plus aucundoute à avoir : une comédiemusicale romantico-dramatiqueavec deux poids lourds de re-nommée internationale : Cheret Christina Aiguilera, c’est vrai-ment trop pour nous. Le film,qui se passe dans un cabaretnew burlesque, n’aura proba-blement rien à voir avec Tour-née de Mathieu Amalric.
L’Histoire sans fin : De Wolfgang Peterson, avecBarret Oliver et NoahHathaway.
Le film-fleuve de 1984 ressortsur les écrans. Bastien, petitgarçon féru de lecture, plongedans un univers fantastiquebourré de personnages atta-chants (Falkor le dragon à têtede chien, Moorlah la tortue sa-vante…), où il va vivre d’in-croyables aventures. Un mondefantasmagorique qui n’a rien àenvie à celui, rutilant d’effetsspéciaux, de Narnia. Avec unbudget de 60 millions deDeutsh Mark, c’était à sa sortiele film allemand le plus cher.
Mon beau-père et nous de Paul Weitz avec Robertde Niro, Ben Stiller et OwenWilson.
Les compères Wilson/Stiller re-prennent du service avec ce troi-sième volet de « Mon beau-pèreet… ». Cette fois-ci, Greg Fur-nicker, (Ben Stiller en gendregaffeur), a pris dix ans et est af-fublé de ses deux enfants. A peuprès accepté par sa belle-famille,il doit toutefois passer un testpour devenir chef de clan, suc-cédant à Jack… La franchise deWeitz promet un troisième épi-sode à l’image des deux autres,populaire et hilarant.
Banksy bankable ?Le graffeur anglais Banksy, dont le visage et la véritable identité restent inconnus, sort son pre-mier film « Faites le mur ! ». Avec ce documentaire, Banksy voulait que ce film pousse « les ga-mins du monde entier à prendre une bombe de peinture et à tenter leur chance ».
Les rats sont sortis des
égouts. L’animal sym-
bole de l’artiste
Banksy a sorti son museau
du monde underground
pour voir s’il y avait matière
à ronger du côté du cinéma.
Bilan : « Faites le mur ! » film
réalisé par le revendicateur
de la scène graffiti et pochoi-
riste ayant pour sujet… Mr
Brainwash, « MBW ». Banksy
aurait pu concevoir un docu-
mentaire uniquement sur
l’aventure d’un street artiste
marginal contre tout et tous
devenant célèbre, en l’occur-
rence son aventure, mais
c’eut été le comble du narcis-
sisme. A la place, le Bristolien
a pris pour sujet Thierry
Guetta, Français résidant à
Los Angeles qui a passé des
années à filmer les streets ar-
tist. C’est l’arroseur arrosé.
Mr Brainwash a longtemps
vécu dans l’ombre des ar-
tistes qu’il filmait. Si Banksy
est présenté dans « Faites le
mur ! » comme le créateur de
ses œuvres, « MBW », lui,
présente un art reposant
principalement sur la numé-
risation et le « photoshop-
ping ». Il reconnaît volontier
ne pas être le plus doué de sa
génération en terme artis-
tique mais considère que cha-
cun peut être artiste, que ce
n’est qu’une question de vo-
lonté (et d’argent non ?). Ré-
cemment, dans le magazine
Technikart, il exposait sa vi-
sion de l’art : « Mais qui dit
qu’il n’y a pas un « meaning »
derrière chaque type qui fait caca
? Moi, ce que je crois, c’est que
si tu vois quelqu’un ou un objet
de façon artistique, alors ton
seul regard le transforme en
art».
Il est surprenant, au premier
abord, de voir qu’un artiste
qui met un point d’honneur à
cacher son identité fasse un
film dans lequel il se met en
scène. Garder l’anonymat,
vivre dans la clandestinité est
pourtant le propre du graf-
feur qui, à la nuit tombée,
s’en va promptement poser
sa trace sur les murs en ten-
tant d’éviter de se faire voir
par les autorités. Banksy au-
rait-il besoin d’argent ? Pas
vraiment à en croire la célé-
brité de ses œuvres qui sont
désormais exposées et même
vendues aux enchères. L’ar-
tiste cherche avant tout à
s’amuser et à faire du monde
une extension de chez lui en
y apposant son art. Dernière
création en date, le générique
des Simpson à la sauce
Banksy. On y voit des asia-
tiques travailler à la chaîne
dans une usine qui fabrique
des jouets à l’effigie des
Simpson, une licorne dont la
corne sert à trouer le centre
d’un DVD. Le « street » ar-
tiste souhaite avant tout ne
pas figer son art, laisser le
temps en garder le contrôle.
Il sait pertinemment que ses
graffs sont nettoyés par les
employés municipaux le soir
même.
Si le film n’était, à l’origine,
pas pris au sérieux, l’accueil
qu’on lui réserva après sa pré-
sentation aux festivals de Ber-
lin ou Deauville fut assez
positif. Heureusement pour
lui, l’« underground » peut
parfois plaire au grand public.
g Virigine Le Borgne
Si Banksy est sous la lumière desprojecteurs actuellement, il estloin d’être le seul artiste, qui plusest avant-gardiste, à réaliser unfilm ou à en être l’objet. Le 13 oc-tobre dernier, « Jean-Michel Bas-quiat : The Radiant Child » sortaitsur les écrans. La réalisatriceTamra Davis présente dans cedocumentaire l’enfant prodige del’art contemporain et l’abondancede sa création artistique. Le pein-tre d’origine haïtienne et portori-caine est considéré comme lepionnier de la mouvance appelée« underground ». Ses graffitis etpeintures sont reconnaissables
par leur style mêlant couleurs vives, collages, personnages squelet-tiques, le tout dans un état d’esprit empreint de violence et d’intensité.En 1996, Julian Schnabel avait déjà réalisé un film sur Basquiat basésur la vie de l’artiste.
En janvier 2011, c’est au tour duphotographe français JR de réali-ser un film : « Women Are He-roes ». Le photographe s’estrendu célèbre en exposant entaille gigantesque ses photos defemme du tiers monde sur les fa-çades des immeubles, sur leswagons de trains, dans les fave-las. Son dernier projet, « Lesrides de la ville », se situe àShangaï. L’artiste colle des por-traits géants de personnes âgéesqui, selon lui, représentent la mé-moire de la ville. Fabrice Bous-teau, directeur de la rédaction de
Beaux-arts magazine a présenté JR comme « celui que l’on nommedéjà le Cartier-Bresson du XXIème siècle ».
Banksy, pur enfant de la pop culture
Johnata
n S
ousa
Gavroche - 16 décembre 201021
Musique
Nouveauté n’est pas
gage d’originalité.
A 41 ans, Sean
Combs change radicalement
de style avec Last train to
Paris, son cinquième album,
réalisé avec le groupe fémi-
nin Dirty Money qu’il a
crée. Celui qui lançait les
tendances dans le hip-hop
d’hier se contente au-
jourd’hui de les suivre. A
l’instar de Kanye West il y a
deux ans avec 808’s Heart-
breaker, « Puffy » fait dans
l’électro. Ce nouveau Diddy
reflète parfaitement l’état
du rap US actuel, moins mu-
sical et plus artificiel.
Alors que Jay-Z, l’au-
tre « King » de New-
York s’est lancé dans
une croisade contre
la musique par ordi-
nateur et l’auto-tune,
Puff Daddy fait
exactement l’inverse.
Rester dans le tradi-
tionnel ou vivre avec
son temps, la ques-
tion se pose et chacun
trouvera sa réponse.
Pour ce qui est de l’al-
bum en lui-même, Diddy a
fait appel à Mario Winans
(son acolyte de longue date),
The Dream, T-Pain et The
Neptunes pour la produc-
tion. Sous une profusion de
titres qui feront plus
le bonheur des ama-
teurs de dancefloors
que des fans de hip-
hop, l’album pré-
sente, malgré tout,
quelques rares motifs
de satisfaction. Une
nouvelle fois ressus-
cité, Notorious B.I.G
pose un couplet sur
Angels. Ce n’est pas
génial, mais ça fait
toujours plaisir. Co-
ming Home, en duo
avec Skylar Grey (une des
auteurs du hit d’Eminem
Love the Way you Lie), fait
figure de véritable chef-
d’œuvre comparé aux
quinze autres titres plus que
moyens. Au final, ce Last
train to Paris ne présente
pas de véritable intérêt et
déçoit par son manque d’ori-
ginalité. On en arrive même
à regretter que Diddy ait
choisi d’associer le Centre
Georges Pompidou, mis en
avant sur la pochette, à un
disque si ennuyeux…
Last train to Paris – Universal
– Sorti le 14 décembre
Par Valentin
Marcinkowski
Le train reste à quai pour Diddy
Des livres à cœur ouvertGavroche s’adresse ce mois-ci aux romantiques, et essaie de briser le froid et la solitude de l’hiver, en vous proposantune ode à l’amour à travers trois nouveautés françaises, à lire au coin du feu. Par Antoine Delthil
Littérature
Les fans de Tokio Hotel de-
vraient être comblés par cette
sortie de Best Of. Le groupe a
vendu plus de sept millions
d’albums depuis 2005. Cet
opus compile leurs meilleurs
titres et offre deux chansons inédites. Actuellement
en tournée en Amérique du Sud, Bill Kaulitz et ses
acolytes se produiront prochainement aux Etats-
Unis.
The Best Of - Universal - Sorti le 13 décembre
Un an après l’album Untitled,
R. Kelly dévoile Love Letter
au doux parfumde l’amour. Le
chanteur revient avec des bal-
lades sensuelles dont le pre-
mier extrait When A Woman
Loves » rappelle les grands crooners. Avec 34 mil-
lions d'albums vendus dans le monde, le chanteur
connaît les ficelles et les exploite une nouvelle fois.
Pour le plus grand plaisir de son public.
Love Letter - Sony - Sorti le 13 décembre
L’album de Ciara Basic Instinct
était attendu. Prévu pour le 16
août dernier, sa sortie n’a cessé
d’être reportée. Il est enfin ar-
rivé. La célèbre cousine du rap-
peur T.I. est produite par le duo
produit par le duo Tricky Stewart & The Dream
(Beyoncé, Rihanna). Trois titres ont déjà été diffusés
et ont séduits. Plus qu’au grand public, cet opus
s’adresse aux fans.
Basic Instinct, Jive. 12.99 €
Le Cœur Régulier,d’Olivier Adam
Très touchée par la perte
de son frère Nathan,
Sarah a l’impression
de perdre le fil de sa vie,
autrefois « si parfaite ».
Pour essayer de se
rapprocher de ce qui
constitue son passé,
elle décide de partir se
ressourcer dans un petit
village du Japon ou Nathan avait trouvé la paix.
Sur les traces de son frère, auprès d’un dénommé
Natsume, c’est sa propre histoire qu’elle redécou-
vre, allant à ses risques et périls, de surprise en sur-
prise. Olivier Adam offre avec Le Cœur Régulier,
un voyage visuel autant que sensitif. Un livre où
les sentiments se mêlent à l’immensité des
paysages asiatiques.
Editions de l’Olivier, 18€.
Antoine et Isabelle,de Vincent Morel
Un amour tiraillé par
les drames du ving-
tième siècle. C’est sur
fond de guerre civile
espagnole dans les
années trente, que nait
cette histoire, celle
d’Antonio et Isabel, qui
sont les grands parents
de l’auteur de cet
ouvrage, Vincent Morel. Au-delà de leur histoire
d’amour, cette aventure traverse un siècle, des
camps d’extermination de la Seconde Guerre
Mondiale à l’exil en France, lequel explique la
francisation du nom des deux amants. En parallèle,
c’est la vie tumultueuse d’industriels lyonnais qui
nous est présentée, moins dramatique, mais non
moins prenante.
Editions Sabine Espieser, 24€
Cher Amour, deBernard Giraudeau
Acteur, réalisateur, puis
romancier depuis une
dizaine d’années, Bernard
Giraudeau s’est éteint
en juillet dernier, emporté
par un cancer. En son
honneur, les éditions
Métailié proposent une
version collector de son
dernier roman Cher
Amour, paru en 2009, et salué par la critique
(Prix Pierre Mac Orlan). Un homme parle de lui
à une femme qu’il n’a pas encore rencontrée. Bernard
Giraudeau fait ainsi découvrir à son lecteur des
paysages aussi variés que grandioses, des plaines
africaines aux moussons du sud de l’Asie. Cette
version collector contient en plus, des interviews
de l’artiste et une nouvelle inédites.
Editions Métailié, 18€.
Gavroche - 16 décembre 201022
l’agenda Culturel
Lundi
20décembre
Concert : Sarah Morrow Trioavec Rhoda ScottLa tromboniste américaineSarah Morrow propose unconcert de Noël, entre jazz et
gospel, accompagnée de Rhoda Scott, de Jo AnnPickens.American Church in Paris. De 10 à 20 €. Tél : 01 40 62 05 00
Théâtre : Les Contes Russes d'Isabelle CardonDes contes pour enfants, tout droit issus de l’universslave. Un spectacle accompagné de chants russes emerveillants.Maison de quartier Jacques Audiberti, Palaiseau. Tél : 01 69 20 86 65
Expo : Archi et BD, la ville dessinéeUne exposition qui rappelle les liens entre architec-ture et bande dessinée. Pour les amateurs et lesconnaisseurs.Cité de l’architecture et du patrimoine ), Paris. Tél : 01 58 51 52 00
Mardi
21décembre
Concert : Don OmarOriginaire de Porto Rico, et fier de ses origines, Don Omar proposeun concert reggaeton aux influences latino. Un concert pleinde chaleur en ce froid hiver.Le Zénith, Paris. De 60 à 80 €. Tél : 08 90
71 02 07
Théâtre : Moi, mon mari, mes emmerdesArielle n’est pas épanouie dans sa vie de couple, et décide de passer une petite annonce pour organiser un plan à trois... Alorsque de son côté, son mari passeune annonce pour vendre sa voiture. Une série de quiproquosen perspective…Théâtre des Blancs Manteaux, Paris. De
17 à 20 €. Tél : 06 11 50 31 06
Expo : Sciences et curiosités à laCour de VersaillesVersailles d’un point de vue étonnant : celui des scientifiques etdes savants. Cette exposition estl’occasion de voir le château d’un autre oeil, et de découvrir unepart d’histoire que l’on connaitmoins que le luxe fastueux du palais du Roi Soleil.Château de Versailles. Jusqu’au 27 février.
Tél : 01 30 83 78 00
Mercredi
22décembre
Concert : Meltin’TimeUn show réunissant Hip-Hop, Folk, R&B, Soul et Nu-Jazz, pour un concertacoustique. Au programme :musique, danse et humour !
L’Etage, Paris. 5 €. Tél : 01 44 84 07 86
Théâtre : Festival GavrocheInspiré de théâtre kabuki et de manga, ce spectaclenous conte la rivalité de deux communautés, celle desSamouraïs et des Sous-Marins, leur combat, leurs af-frontements, leur rencontre.Arènes de Nanterre. 4€. Tél : 01 83 37 58 81
Expo : De Véronèse à Matisse : 150 dessins et aqua-relles des musées de PontoiseAu fil du XIXème et du XXème siècle, les œuvres de plusieurs ar-tistes à travers l’Europe, des plus célèbres aux plus obscurs.Musée Tavet-Delacour, Pontoise. De 3 à 5€, gratuit pour lesmoins de 12 ans. Tél : 01 30 38 02 40
Dimanche 26 décembre
Concert : Fanny JCette chanteuse originaire de Guyane pratique un jazz mâtinéde zouk et de R’n’B aux sonorités rafraîchissantes de WordMusic dont elle est l’ambassadrice.Le Zénith, Paris. 25 €. Tél : 08 90 71 02 07
Théâtre : Roméo et Juliette
Magali Léris met en scène la pièce phare de Shakespeare.Roméo et Juliette, ou l’histoire d’un amour impossible que toutle monde connaît, et qui a marqué des générations. Théâtre de Suresnes. 27.5 €. Tél : 01 41 18 85 85
Expo : David Hockney : Fleurs fraîchesLa Fondation Pierre Bergé – Yves Saint Laurent consacre sa14ème exposition à l'artiste britannique David Hockney. Uneexposition entièrement réalisée par le biais d’Iphones et d’Ipads. Fondation Pierre Bergé – Yves Saint-Laurent, Paris. De 3 à 5€. Tél : 01 44 31 64 31
Jeudi
23décembre
Concert : SoulwaXmasLes Soulwax fêtent Noël unpeu en avance et donnent ren-dez-vous à leurs fans pour un
grand spectacle sonore et visuel. A partir de 22h, lais-sez-vous emporter par la musique !Grande Halle de la Villette, Paris. 31.5 €. Tél : 01 40 03 75 75
Théâtre : La Mélodie du bonheur par les Marionnettesde SalzburgLes étonnantes marionnettes du Salzburger Marionet-tentheater incarnent les personnages de Maria Reiner,du Capitaine Von Trapp et de ses sept enfants. Théâtre Déjazet, Paris. De 19 à 49 €.Tél : 01 48 87 52 55
Expo : ItinérairesC’est le dernier jour pour profiter de l’exposition Iti-néraires et admirer les sculptures de Guénaëlle Grassiet de peintures de Fabienne Vincent.Manoir des Tourelles, Ecouen.Tél : 01 39 90 85 32
Vendredi
décembre Concert : Chantal Goya -L'étrange histoire du châteauhantéDans une forêt de Russie, enOural ; un bûcheron vit làavec ses enfants dans une pe-
tite maison. Jusqu’au jour où il disparait mystérieu-sement...Palais des Congrès, Paris. De 28 à 60 €. Tél : 01 40 68 00 05
Théâtre : La Tempête Cette adaptation de Georges Lavaudant de la pièce deShakespeare retrace l’histoire d’un quiproquo amoureux, impliquant Démétrius, Lysandre, Hermia etHéléna.Mc93, , Bobigny. A partir de 27.5 €. Tél : 01 41 60 72 60
Expo : L’or des incas, origines et mystèresUne exposition qui revient sur une civilisation disparue,entourée de mystères.Pinacothèque de Paris. De 8 à 10 €. Tél : 01 42 68 02 01
Samedi 25 décembre
Concert : Grand festival de musique de chambreL’orchestre de chambre « Les violons virtuoses », sous la direc-tion d’Alexandre Stajic, reprend les grands succès de Vivaldi,Mozart, Albinoni et Schubert et Gounod.Eglise Saint Julien le Pauvre. De 20 à 25.30€. Tél : 01 43 54 52 16
Théâtre : Charline veut pas se laver
La petite Charline refuse d’aller se laver, alors ses jouets décidentde prendre les choses en main pour la convaincre.La comédie Saint-Michel, Paris. De 6 à 12 €. Tél : 01 55 42 92 97
Expo : Miss Tic, à la vie à l’amorPoète et provocatrice, un brin féministe, miss Tic « prône l'éga-lité des sexes, avec un léger handicap pour les hommes », dansune exposition d’œuvres uniques et originales composée entreautres de fragments d’affiches et morceaux de palissades. Galerie W, Paris. Tél : 01 42 54 80 24
Par Laetitia Reboulleau
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Gavroche - 16 décembre 201023
Insolite
Le décal’actuCette semaine, en guise de cadeau de Noël, Gavroche vous offre des petites nouvelles croustillantes, qui déridentun peu l’actualité et vous feront briller devant le sapin. Un mariage au McDonald’s, les confettis de billets, Jim Mor-rison amnistié, une soupe vieille de 2 400 ans… Régalez-vous ! Par Clémentine Santerre
Robe de mariée et Big Mac La chaîne de restauration rapide a annoncé que trois de ses succursales hongkongaises or-
ganiseraient des mariages dès le 1er janvier 2011. Les futurs époux auront la possibilité de
prédéfinir un menu. Mais, de même que pour les anniversaires, il est plus simple que cha-
cun passe sa commande. « Dans les mariages traditionnels, les jeunes mariés s'embrassent avec une
cerise dans la bouche. Chez nous, ils pourront le faire avec des frites », explique au South China
Morning Post, Helen Cheung, directrice de la communication de McDonald's à Hongkong.
Cette cérémonie originale coûterait une centaine d’euros alors qu’un mariage traditionnel
avec soupe aux ailerons de requin et couenne de porc grillée frôle les 20 000€. Un mariage
« low cost », donc, mais pas seulement : pour McDonald’s, cette offre s’adresse à des cou-
ples qui se seraient rencontrés ici ou qui y auraient eu leur premier rendez-vous. Malheu-
reusement, le restaurant ne pas pouvant être réservé à cette occasion, il faudra composer
avec les autres clients.
Blouse blanche et cokeLe directeur de l'hôpital de Santa Cata-
rina Novella di Galatina, près de Lecce
dans les Pouilles en Italie, a envoyé une
circulaire à son personnel interdisant la
consommation de cocaïne pendant le ser-
vice. Dans cette zone d’Italie du Sud,
la gestion des hôpitaux est réputée pour
être désastreuse : corruption, trafic,
incompétence… La direction des affaires
sociales a décidé d’ouvrir une enquête et
de saisir le Parquet.
Une bonne vieillesoupeLors des travaux d’extension de l’aéroport
de Xian, en Chine, les archéologues
ont trouvé une marmite en bronze conte-
nant… une soupe. Agé d’environ 2 400 ans,
le breuvage contient des os, une première
dans l’histoire archéologique chinoise.
Des analyses sont actuellement en cours
pour définir les ingrédients. Un grand pas
dans la recherche qui aidera peut être
à résoudre une énigme contemporaine.
Que contient votre soupe chinoise ?
L’argent façon puzzleIl y a un mois, un Taïwanais avait fait tom-
ber un sac contenant 200 billets de 1 000 $
taïwanais dans une broyeuse (environ
5000 €). Il a remis le « menu » butin à une
experte du ministère de la justice spécia-
liste de la médecine légale afin qu’elle re-
constitue les billets. Mission réussie en
sept jours. Cette « reine du puzzle », est
habituée à aider gratuitement lors de ce
genre d’incidents. Une fin a priori heu-
reuse si tant est que la banque centrale
puisse remettre ses billets en circulation
avant de les lui restituer.
Jim Morrison blanchiIl aura fallu 41 ans après la mort de
l’icône du rock pour que La Floride ac-
corde l’amnistie au chanteur des
Doors. Poursuivi pour outrage aux
bonnes mœurs et exhibitions indé-
centes lors d’un concert à Miami en
1969, son procès en appel n’avait pu
avoir lieu avant sa mort. Lors de sa
prestation, Jim Morrison était apparu
saoul sur scène, insultant son public. Il
aurait également montré ses attributs
selon certaines personnes présentes au
moment des faits. Merci la Floride.
La SNCF enpère FouettardDeux contrôleurs de Toulouse sont dans
la ligne de mire de leur direction car jugés
trop laxistes. Leurs objectifs en termes de
procès-verbaux, de billets émis à bord du
train et de billets contrôlés ne sont pas at-
teints. La SNCF a donc décidé de mettre à
pied cinq jours l’un des deux, alors que le
deuxième est en attente de sanction. Le
syndicat Sud-Rail envisage des poursuites
aux prud’hommes. Punir ceux qui ne pu-
nissent pas est-il punissable ?
Policières sexy En République Tchèque, plusieurs villes
ont décidé de disposer des mannequins
policières sexy près des routes afin de
faire ralentir les conducteurs. Si le
dispositif parait fonctionner, la raison
n’est pas évidente. Le maire de Mrako-
tin, un des villes participantes, pense
que l’uniforme est plus efficace et que le
fait que ce soit de belles femmes n’influe
pas forcément sur la nouvelle conduite
des automobilistes. Un principe intéres-
sant tout de même.
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Portrait
«C’est la skieuse du
moment, elle est
française et n’en
finit plus de
gagner ». Le 12 décembre, lapartie réservée au sport du JTde TF1 s’est ouverte par le ski.Et par les images de TessaWorley, cette mini-bombe tri-colore (1,57 m, 57 kilos) qui adescendu plus vite que toutesles autres le slalom géant deSaint-Moritz. « Deux victoires
d’affilée, je suis vraiment super
contente », commente-t-elle, lesourire aux lèvres.Oui, deux victoires de rang.Car quinze jours avant laSuisse, elle s’était illustrée auxEtats-Unis en dévalant à touteblinde un autre géant, encoreplus reconnu, celui d’Aspen.A chaque fois, elle a levé lesbras au ciel pour un centième.« C'est un centième dans le bon
sens, tant mieux profitons-en !
Mais depuis cet été, on a travaillé
la régularité », analyse An-thony Séchaud, l’entraîneurdes Françaises.Ces deux descentes éclair quiont mené Tessa, du haut de ses21 ans (née le 4 octobre 1989),au sommet : la première placedu classement de la coupe dumonde du slalom géant. « Ce
n'est pas facile de digérer une vic-
toire. Là, elle le fait deux fois de
suite. Elle est restée calme, sereine
et concentrée sur son ski. C'est
génial », s’enthousiasme Jean-Philippe Vuillet, le chef del'équipe de France dames.
Prédestinée« Son succès actuel n’est pas une
surprise », assure Christelle Al-lemand, de la FédérationFrançaise du Ski (FFS). Pré-destinée à devenir skieuseprofessionnelle, Tessa a suivises parents. Elle est née à An-nemasse, en Haute-Savoie,d’un père Australien et unemère Française, tous deux mo-niteurs de ski. Six mois à vivreen Océanie, six mois en Eu-rope : telles ont été les huit
premières années de Tessa,qui ne connaissait alorsqu’une saison, l’hiver. Quandles autres enfants de son âgepassent leurs vacances à sebaigner et à bronzer, la « petite
bombe des antipodes » s’entraîneaux plantés de bâtons, auxprises de care, aux pas chas-sés.Ses parents divorcent quandelle a neuf ans. Et le hasard –ou plutôt le destin – a vouluque Tessa s’installe, à longterme cette fois-ci, dans saHaute-Savoie natale. Lespistes de la station du GrandBornand, elle les dévale, elleles avale, toujours plus vite. Lapremière étoile, la deuxième,la première victoire, les pre-mières larmes. Tessa Worley atrouvé son terrain de jeu, oùelle s’amuse, tout autant queson terrain de chasse, où elleeffectue ses premiers faitsd’armes.
Pépite encore bruteTessa était prédestinée à skier,mais pas forcément à gagner. D’ailleurs, elle nesurvolait pas les entraîne-ments, elle n’a pas affolé leschronos dès son plus jeuneâge. Elle n’était qu’une pépiteencore brute. « Une petite pé-
pite, comme le rappelle son ancien
entraîneur, Lucien Périssien, qui
l’a formée et polie sept années du-
rant. Elle était limiée par sa taille.
Et en plus, elle manquait de puis-
sance physique, de force dans les
jambes. Elle ne dominait pas».Pourtant, sa précocité aidant,elle profite de sa techniquepour compenser son manquede taille. « Dans les endroits
compliqués, des pistes difficiles,
elle arrivait à aller aussi vite que
des filles plus physiques, se rap-
pelle Lucien Périssien. On ne
pouvait pas deviner qu’elle allait
aller jusqu’où elle est au-
jourd’hui, mais elle était très
douée. Elle avait une très grosse
technique ».A l’époque, Tessa est une
skieuse talentueuse, certes,mais pas une gagneuse. « Elle
n’avait pas le mental qu’elle a dés-
ormais. Elle aimait bien la vie de
groupe, elle ne se mettait pas en
avant, elle n’avait pas cette vo-
lonté, cette envie, cette obstination
à vouloir s’imposer ». Si le skine semble pour l’instant pasdestiné à devenir sa profes-sion, il reste sa passion. Aussitravaille-t-elle chaque jour d’ar-
rache-pied. « Elle ne rechignait ja-
mais, elle ne disait jamais : je ne
veux pas skier, assure Périssien.
Elle prenait toujours du plaisir ». Aussi, lorsqu’à son aisancetechnique, se sont ajoutésles fruits de son travail demusculation, Tessa Worley acommencé à taper vraimentdans l’œil des dirigeants du ski français. De quoi parti-ciper dès 2006 à la coupe dumonde.
Dossard rouge2008 est l’année de l’éclosion.Ses premiers exploits : unecinquième place pour l’ouver-ture de la saison en slalomgéant et la médaille debronze au Championnat du
monde junior. Et surtout, le 29novembre 2008, une premièrevictoire en Coupe du monde,à Aspen, déjà. Le premiersuccès pour une Française enslalom depuis Régine Cava-gnoud en 1999. Tessa a alors19 ans. « Moi, je succède à Ré-
gine ?, s’étonne-t-elle. Ça me fait
vraiment quelque chose, pas seu-
lement parce que c’était
quelqu’un de bien, mais aussi
parce qu’elle était de chez moi. J’ai
beaucoup d’émotion pour moi,
mais aussi pour elle ». Cette vic-toire sera suivi d’une autre, unan plus tard, en décembre2009, à Äre, en Suède.*La suite, c’est cette année.Entre Aspen et Saint-Moritz,elle savourait son départcanon en cette saison 2010-2011, prête à supporter la
pression. « A chaque fois, je vais
essayer de réaliser mon ski sans
me poser de questions ». Cela amarché une fois, pourquoi pasdeux ? Maintenant, pourquoipas trois ? La FFS croit en leschances de sa géantiste de gar-der le dossard rouge (de leader.
« L’objectif, c’est le globe de cris-
tal, admet Christelle Alle-mand. Le dossard rouge est plus
dur à endosser sur la fin qu’au
début, mais elle a ses chances. Elle
a de l’ambition et elle a raison.
Elle a la technique, le mental, en
plus des autres elle a l’insou-
ciance de la jeunesse». Que leséquipes de TF1 se tiennent
prêtes : « La bombe des anti-
podes» est prête à les accueillirde nouveau.
g Yann Casseville
Tessa Worley,la mini-bombe du ski français
Elle a fêté ses 21 ans en octobre, elle ne mesure qu’1,57 m, mais Tessa Worley, surnommée « la bombe des antipodes », a déjà tout d’une grande du ski alpin. La Franco-Australienne, sensation de ce début de saison, vientde remporter deux succès en slalom géant. De quoi rêver du globe de cristal de la spécialité.
Gavroche - 16 décembre 201024
Tessa Worley, le sourire du ski français.
AFP
Classement après 3 géants sur 81 Tessa Worley (FRA) 232 points2 Viktoria Rebensburg (ALL) 206 points3 Tanja Poutiainen (FIN) 156 points4 Kathrin Hoelzl (ALL) 140 points5 Tina Maze (SLO) 118 points6 Anemone Marmottan (FRA) 103 points7 Elisabeth Goergl (AUT) 100 points8 Federica Brignone (ITA) 87 points9 Julia Mancuso (USA) 86 points- Maria Riesch (ALL) 86 points