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SommaireLa Péniche contre le Paquebot p 3

Une campagne sans chichi p 8

Elections, piège à cons ? p 9

Brèves de campagne p �0

Un véto sur le vote p ��

Et si je passais ma 3e année au Maroc ? p �6

Arrête ton char, Richard p �8

Récit d’une épopée nocturne p �8

La garde à vue p �9

Edito

Les membres de la Rédaction

PrécIsIon

A tous ceux qui nous demandent quand est-ce que nous mettrons les anciens numéros du journal IVV en ligne : l’un de nos rédacteurs va se mettre dans les jours qui viennent à la reconstruction du site Internet (www.invodkaveritas.com) impossible à mettre à jour pour des raisons techniques. Courage, mes amis, si vous avez raté des numéros !

Nathanel Amar Amer amour à mort

Denis Carlier Directeur de la publication

pas pas rasé

Viviane Gravey Sans chichi

Béatrice Cointe Tu tires ou tu cointes ?

Maud Borie S’ennuie

Louis Moulin Slave to the wage

Naïké Desquesnes Gange Bang

Dominique Albertini Dominique A.

Cyrielle Auffray Hugh !

Arnaud Iss International Superstar

Soccer

Franck BerlenElecteur inutile

Stanislas Meulemans L’invitation à l’excellence

Martin Kipfer Raging Bull

Michel Rocard Michel rencarde

Paul Wolfowitz

Branque mondial

Daniel Cohn-Bendit Nous sommes tous des

sociaux-traîtres

Ca sera donc Royal et Sarkozy ! Etonnant, après près d’un an d’omniprésence médiatique que n’auront pas su effacer les quelques jours d’égalité de temps de parole...

Les campagnes rythment la vie de Sciences Po : après celle du BDE faite de fraises tagada et de barbapapas, celle déjà plus sérieuse des élections syndicales - mais qui a aussi apporté son lot d’à-côtés, de coups bas et de hautes inspirations (voir numéro 5), nous voici donc au coeur des présidentielles tant attendues. Depuis plusieurs mois on ne parle que de ça, les médias, les candidats, les sondeurs s’en donnent à coeur joie et, telle une montée orgasmique, tout va de plus en plus vite à mesure qu’on s’approche du terme.

IVV ne pouvait rester indifférent à ce grand raout électorat, et c’est avec bonheur que nous consacrons quasi-intégralement ce numéro à l’événement. Pourtant, on aurait très bien pu occulter la chose, en bons rebelles de la life que nous sommes tous. Ne rien dire, black-out total. Mais puisqu’il parait que jouer l’anticonformiste est très conformiste, on passe au troisième degré et on parle de la campagne. Na !

Et puis, la campagne nous a rattrapé malgré nous. Alors que l’on voulait tranquillement jouer au tarot, la venue à Sciences Po de Jean-Marie Le Pen, tue dans un premier temps par la direction, annoncée en fanfare par le candidat du FN sur son site, nous a rappelé à nos obligations d’agit-propagandistes. Un dossier complet est consacré à l’événement, en long, en large, et - surtout - en travers.

Vous retrouverez aussi dans ce numéro un bestiaire des candidats, des brèves de campagne, et autres amuses-gueules électoraux. Bref, de quoi vous distraire entre les deux tours !

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La Péniche contre le Paquebot

Rappel historique : le 2 décembre 2006 avait lieu l’épisode Alain Soral�. Celui-ci qui avait révélé son ralliement au FN quelques jours plus tôt, avait été éjecté par la police pour postillonnage à la face de Descoings (enfin à peu près ça, quoi). La direction affirmait alors fièrement que l’extrême droite n’avait pas sa place à Sciences Po, en fiers (et libres) hérauts du consensus mou, sous prétexte de sécurité des lieux. Soral, dans sa martyromanie comploguidée, en avait alors fait tout un foin sur Internet en promettant de revenir.

L’hypocrisie est partagée, ainsi que le montre l’attitude de Descoings à propos du Forum Elle, puisqu’il est à cette occasion revenu sur sa ligne de ne pas accepter l’extrême droite. En effet si à Sciences Po on n’accueille pas les petits provocateur de l’extrême droite, on ouvre les portes à Le Pen. L’attitude ambivalente cultivée par Sarkozy à l’égard du FhaiNe fait des émules… « leçon de démocratie »Ainsi le 5 avril dernier, Jean-Marie Le Pen (JMLP pour les intimes des forums néo-nazis) est venu rue Saint-Guillaume dans le cadre d’un risible forum organisé par le magazine Elle, rassemblant les trois-quarts des candidats en lice pour parler à ces étranges créatures nommées femmes. La stratégie affichée par Richie était simple : accueillir bras ouverts tous les candidats, sauf Le Pen, de peur d’immortaliser sa main tendue (au sens strict) en une forme de rencontre de Montoire ou d’accords de Munich. Le

� Voir numéro 5 de janvier dernier.

directeur de l’école de silence politique ne s’est toutefois pas retiré assez vite et une rencontre furtive a été immortalisée par un appareil photo de sciences-po.biz où le would-be ministre adopte son attitude autiste habituelle en cas de situation hostile : l ’ i m p a s s i b i l i t é feinte, ou l’absence affectée, au choix.

L ’ a r m e secrète qu’il avait entrepris d’utiliser pour conserver sa réputation de démocrate dans les dîners en ville était simple et diablement efficace : utiliser « ses » étudiants « gauchistes » (c’est comme les noirs, les juifs et les arabes, on en connaît tous un qui est pas aussi mauvais qu’il en a l’air). Quoi de plus simple en effet que de se servir d’une protestation organisée par les étudiants pour absoudre toute l’institution, quitte à s’offusquer d’éventuels excès si les choses tournaient « mal » ? En l’occurrence, le bonhomme décerne un summa cum laude sur son tout nouveau blog (richard-descoings.net) pour cette action nette et sans bavure. Mais à IVV, journal tellement recherché mais si peu souvent vendu (because la flemme, quoi) que certains font les poubelles pour espérer en trouver un exemplaire2, nous nous devons de vous livrer notre aperçu de la journée comme elle s’est réellement déroulée. Et pour cause nous étions aux premières loges !

Le bruit courait que Jean-Marie Le Pen passerait à Sciences Po le jeudi 5. Par l’odeur alléchés, les gauchistes, toujours sur le pied de guerre, menèrent leur enquête. La direction, d’habitude si emphatique dès qu’une personnalité passe à Sciences Po avait mystérieusement fermé sa gueule et avait visiblement donné l’ordre de faire de même au Bureau des Arts mis au courant en raison de la Semaine des. Au sein même de l’administration, seul un cercle très restreint autour de Nadia Marik était au courant des détails. Finalement le plus simple pour avoir un minimum d’information, c’était de se compromettre en créant son propre profil sur elle.fr. En même temps, la direction de Sciences Po (reconnaissons-le) ne voyait pas cette première d’un œil particulièrement favorable ; et souhaitait en fait que les « gauchistes » habituels préparent tout de même un petit 2 Mais si, on nous l’a dit - sur un autre ton, mais on nous l’a dit.

Où l’on relate comment la Semaine des Arts s’est transformée un jeudi après-midi en Semaine du Lard...

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de �0 pages : vive le relativisme6 et vive la France.

La journée du jeudi n’a pas seulement commencé en début de semaine, mais également le mercredi soir avec un collage d’affiches rue Saint-Guillaume et boulevard Saint-Germain au cours duquel un membre du commando du collectif informel réuni pour l’occasion se fit accuser d’un tag rue Saint-Guillaume quand le groupe ne possédait aucune bombe de peinture sur lui. Comme si des gauchistes allaient se mettre à dégrader une propriété privée… Prisonnier politique, tel Blanqui sous la Commune, il ne sortira du commissariat qu’après le départ de Le Pen de Sciences Po, vers �7h30, soit après une quinzaine d’heures en cellule et l’ouverture d’une procédure factice de police judiciaire pour ce qui ne pouvait être qu’un non-lieu. Le jeudi matin, après arrachage des affiches de Le Pen rajoutées dans la nuit vint le temps de la constatation de l’incapacité droitière à accepter la contradiction (voir

l’encadré « Leçon de démocratie sarkozyste »). Ces petits ont de qui tenir (ça commence par un « S »), vous pourrez dans �5 ans vous souvenir d’eux quand ils seront à jamais des seconds couteaux mais se rêveront pourtant ministres en allant aboyer sur les plateaux télé. Mis à part quelques actions pour fêter à la manière de SUD la venue de Sarkozy et Royal, la journée a alors été consacrée à la préparation de la

venue de Le Pen, avec la participation d’abord timide puis plus affirmée de l’UNEF, dont on peut regretter les tergiversations : les débats internes ont ainsi conduit a rédiger un tract appelant à la mobilisation contre Le Pen… sans indiquer l’heure du rassemblement (preuve que le compromis ne mène à rien). Mais en définitive l’émulation (la concurrence ?) entre syndicats a fini par permettre l’organisation du rassemblement de manière conjointe. Après le front national des droitiers (voir encadré page ci-contre) contre la campagne d’affichage, c’était le front populaire des seuls, uniques et derniers vrais prolétaires du VIIe arrondissement contre Le Pen.

Mais bien qu’au service des intérêts de la direction, les militants se sont quand même fait emmerder avec zèle par des appariteurs, vigiles ou flics sur les nerfs. Un appariteur a ainsi voulu tout d’abord empêcher le tractage7

� “Je sais que, même dans des idéologies qui ne ressemblent pas du tout à ce que je pense, il y a quelque chose d’intéressant et de respectable” (François Bayrou)

7 Tractage : nm. syndicalisme, action de distribuer des tracts.

quelque chose. Mais la direction ne fréquente pas assez les milieux de la gauche (ou dits comme tels) pour bien connaître les tendances de chacun. Ils se seraient bien contentés d’une banderole tenue par 4 ou 5 syndicalistes de l’UNEF, pour marquer une protestation toute symbolique. Tel n’allait pas être le cas... Du côté lepéniste, le FN avait mis sur son agenda de campagne en ligne l’heure de passage du borgne-roi, soit �6h30. Il était le seul candidat dont l’heure de passage était connue de tous, même si sa dernière position dans l’ordre de passage n’était pas difficile à deviner. Quand on ajoute à cela le refus exprimé d’entrer par une porte dérobée (c’est-à-dire par le 56), on peut admirer le contraste avec la visite surprise et non annoncée le lendemain matin à Argenteuil où le candidat frontiste s’exprimait par le type même de mensonge qu’il dénonce chez ses adversaires (tout autant) du système (que lui)3 : « [je n’ai pas annoncé ma visite] parce que je suis prudent et que je ne tenais pas à ce que la mairie d’Argenteuil et les organisations gauchistes me préparent le même accueil que celui que j’ai reçu hier à Sciences Po. Moi je ne viens pas pour affronter les sbires de la gauche. Si le besoin était, je le ferais. » Donc quoi qu’en dise tel ou tel, le consensus était à l’affrontement, au moins verbal. Vient alors la question à laquelle toutes les réponses sont possibles mais chacun détient la seule et unique vérité de savoir à qui profite le crime4, Le Pen ou ses opposants. Il suffit de regarder le Journal télévisé du site du Front National5 pour voir que c’est le bon accueil des populations qui est mis en avant pour prouver la « lepénisation » (sic) des esprits. Mais évitons un débat

3 « Ceux qui m’irritent - ce n’est pas de la haine, c’est de l’irritation, ce sont ces conformistes qui s’imaginent être anticonformistes et se décrivent comme tels. » (J.-M. Le Pen)Quelle meilleure définition du « rebelle » frontiste ?

4 Au vu des résultats du premier tour, avec un Le Pen à ��%, en recul de plus de 5 points par rapport à 2002, qui revient en dessous de tous ses scores à partir de �988, on a une petite idée...

5 Edition du �� avril 2007 : http://www.frontnational.com/multimedia_lemission_detail.php?id=29 où il n’est pas fait mention des événements de Sciences Po au profit de la visite d’Argenteuil. Une vidéo compilant des extraits visualisables sur Internet est toutefois disponible (http://www.frontnational.com/multimedia_camera_detail.php?id=5) avec pour seul commentaire « Voici l’accueil très démocratique que lui a réservé une partie des élèves de cette école privilégiée …… »

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Leçon de démocratie sarkozyste

Pour préparer à la manifestation du jeudi, SUD avait décidé de lancer en début de semaine une campagne d’affichage annonçant et dénonçant les venues de Le Pen et de Sarkozy. Un véritable front de droitiers s’est alors immédiatement formé dans une hystérie liberticide assez grotesque, s’élevant principalement contre ce qui était considéré comme un amalgame reliant Sarkozy au nazisme dans la suggestion nauséabonde d’un salut hitlérien – mais l’eugénisme n’est pas l’apanage d’Hitler, que diantre.

Un éminent membre de Nouvelle Donne adepte d’archéologie en milieu ordurier (voir le corps de l’article) s’était ainsi fendu de menaces de procès avec plainte collective de Nouvelle Donne, l’UNI, l’UMP et l’UDF (allez savoir pourquoi l’UDF) pour « trouble à l’ordre public et diffamation » et une réunion solennelle et immédiate prit place dans le bureau de Nadia Marik, en présence des « plaignants » (ND, UMP, UNI). Celle-ci, amusée et flairant la bonne affaire pour sortir du traquenard Le Pen, s’est donc fendue d’ « une leçon de démocratie » étudiante, les humiliant de fait devant les SUDistes, ainsi que G(é).B(é)., président de l’UNEF Sciences Po.

Mais rien n’est jamais simple à Sciences Po et ainsi, en soirée le mercredi, de mystérieux individus

sont entrés dans le local syndical pour saccagrer le placard réservé à SUD, commettant vols, destructions, dégradations. A cela s’ajoutait ce qui s’apparente selon les interprétations à un rituel vaudou maléfique ou à des menaces de mort à la sicilienne (en tout cas un acte marqué génétiquement comme celui de dangereux malades qui affaiblissent la société), consistant à barrer d’un coup de feutre les têtes des militants de SUD sur des photos de manifestation accrochées au mur, comme autant de cibles à abattre. A la question de savoir qui a fait cela, la réponse n’est pas très compliquée. Trois possibilités : l’UMP, ND, l’UNI, ou SUD eux même, dans un moment de folie révolutionnaire suite a la consommation de nouveaux-nés avariés. Les membres actifs de l’UMP (qui stockait ses tracts dans le local) achètent et lisent ce journal, on ne peut pas dire de mal d’eux, sinon on perdrait des ventes... L’UNI est composée de ce que l’on appelle en langage châtié des couilles molles. Au nombre de deux, ils forment donc une paire. Mais ils n’oublient pas pour autant leur extrême droititude et la venue d’un vrai faf’ les excite comme des puces (il suffit de se rappeler leur comportement durant les élections syndicales avec la venue d’extérieurs qui leur avait servi de catalyseur à nombres de pulsions refoulées – c’est freudien, quoi). Ils se sont ainsi ralliés avec enthousiasme à la dizaine de tarés venus défendre Le Pen. Quant à ND, nos lecteurs fidèles les connaissent déjà bien, personne n’y pourrait nous en vouloir assez pour nous vouloir du mal.

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On joue au ni « Le Pen », ni « Jean-Marie » ?

Un grand bravo à tous les candidats qui, à notre connaissance, n’ont à aucun moment commenté la venue de Jean-Marie Le Pen à Sciences Po, y compris à l’extrême gauche. La seule candidate à avoir réagi, à sa manière, est Arlette Laguillier qui s’est désistée à la dernière minute, remplacée par José Bové.

appelant au rassemblement anti-Le Pen dans l’après-midi. Il a fallu rappeler que les syndicats reconnus à Sciences Po avaient des droits, que déjà cacher les panneaux syndicaux comme c’est le cas dès qu’un événement se produit à Sciences Po était un moyen de limiter la liberté d’expression, donc qu’à moins d’affirmer haut et fort que les intérêts du magazine Elle passaient avant ceux des étudiants, le militant lambda avait toute latitude pour diffuser son message par tract. La décision d’interdiction alternativement prise plusieurs semaines auparavant et sur le moment, par une personne dont l’appariteur était incapable de donner le nom, a donc été annulée.

De même, il a fallu rappeler à la responsable de la police qui menaçait de faire intervenir les forces de l’ordre à l’intérieur de Sciences Po (!) l’existence de libertés syndicales pour pouvoir utiliser une banderole comme support à l’invective du candidat Sarkozy (« qui sème la misère récolte le colère, Sarkozy au Kärcher8 »). De manière anecdotique, la candidate Royal a eu droit, tout sourire, à l’Internationale chantée par la chorale syndicale de SUD, mais à la question d’un journaliste lui demandant si elle aurait préféré la Marseillaise, celle-ci a perdu son assurance et blêmi. La voilà, la blanche hermine… Du fait de la difficulté à déterminer l’heure exacte d’arrivée de Le Pen9, l’heure de rassemblement avait été fixée à 1�h et les premiers militants ont débuté l’opération à �5h30 avec moult pancartes et banderoles. D’abord seuls, la sauce a pris peu à peu et à �6h25, 250 à 300 étudiants étaient massés derrière les rangées de policiers pour accueillir comme il se doit le porc de Saint-Cloud. Jean-Marie Le Pen a été le seul candidat à pouvoir amener son service de sécurité avec lui. Il semble que seul un garde du corps a pu pénétrer avec

� Utiliser la « marque à des fins politiques [...] est en opposition avec les valeurs que souhaite véhiculer l’entreprise, façonnée par soixante-dix ans d’histoire » disait un communiqué de l’entreprise.

9 Les autres candidats étaient arrivés plus tôt puis s’étaient posés en salle des professeurs en attendant la fin du discours précédent – « ne débattons pas, ce serait dangereux ! »

lui dans l’enceinte de l’institut, mais bon, avec le GIGN dans le coin, il ne risquait pas grand chose. Pour éviter des « débordements », les portes de Sciences Po ont été fermées 5 minutes, le temps pour le borgne d’entrer dans l’amphithéâtre. 200 autres personnes environ étaient toutefois dans le hall pour le conspuer, ce qui a eu le don d’énerver Le Pen qui arborait jusqu’ici un sourire de circonstances et de lui faire lâcher un « petits bourgeois de merde » du plus bel effet (�0 jours plus tard, la haine de l’expression et des propos tenus marquaient encore les témoins). Des banderoles anti-Le Pen avaient également mystérieusement pénétré dans l’amphi Boutmy et ont été déployées au balcon tandis que ses réponses volontairement outrancières aux questions posées étaient sifflées et que du jardin retentissait de la part d’un mystérieux groupe de gauchistes les paroles de l’Internationale. Encore une fois, le vieux et fatigué Le Pen a senti ses nerfs lâcher et a beuglé (entre autres) « Bande d’imbéciles ! », « nervis »�0 et « provocateurs ». Chacun appréciera (particulièrement ceux qui étaient visés).

Le Pen repartant, le passage du jardin à la Péniche avait été bloqué, toujours pour les mêmes raisons de « sécurité ». Mais tandis que des centaines d’étudiants faisaient la haie de déshonneur à Le Pen, un photographe, énervé de ne pas pouvoir passer et se comportant à l’instar de tous les pseudo journalistes comme un head banger en folie dans un concert de Iron Maiden, a insulté les responsables de la sécurité et a bloqué la porte en donnant un angle pour la forcer. Ce qui et fait au moment du départ express de Le Pen. La foule, menaçante, avance alors vers les portes du 27… « Et là, c’est le drame ! » Un journaliste cameraman s’est pris un méchant coup et est tombé dans l’ouverture de la porte du milieu, créant par sa tête orientée vers l’amphi et ses bras le long du corps une symétrie parfaite complétant à merveille l’esthétique du lieu. D’un coup, la direction, déjà sur les nerfs, est entrée en éruption et a gueulé de tous ses (nombreux) poumons s’imaginant déjà les titres des journaux le lendemain��. Un couloir d’évacuation a été créé vers l’infirmerie pour permettre à Laurent Bigorgne d’effectuer des allers-retours inutiles en se demandant ce qui allait lui tomber au coin de la gueule

�0 nervi : nm. argot, racaille à kärcheriser.

�� « Bal tragique rue Saint-Guillaume » ?

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A l’ENS, à Montparnasse, guerre ouverte contre le FN...

Le soir même du 5 avril, à 20h30 étaient invités à l’ENS des représentants de différents candidats. Jean-Richard Sulzer, représentant Front National s’est vu refuser l’accès par des élèves bien décidés, à l’initiative encore une fois du syndicat Sud – ça tourne un peu au tract, cet article. Par solidarité, le porte-flingue de Sarkozy Claude Goasguen, accessoirement ancien membre du groupe fasciste Occident (d’où probablement ladite solidarité), s’en est allé et la réunion est partie à l’eau.

Hé non ! Sciences Po n’a pas le monopole des manifs anti-Front National ! Dimanche �5 avril, Le Pen faisait son meeting Porte de Versailles, l’occasion de regrouper le moment d’une matinée tout ce que Paris comporte en fafs. Bien sûr, une manifestation avait été organisé par diverses associations - MRAP, CNT, Alternative Libertaire, Ras l’Front, SCALP-Reflex, JCR, SUD-étudiant - seul syndicat étudiant présent (la section Sciences Po était fièrement représentée par un de ses membres. “On ne fait pas de festivals, mais on est dans la rue pour combattre la peste brune” dira-t-il). En tout, plus de 600 personnes s’étaient réunies à Montparnasse pour ensuite converger vers la Porte de Versailles, lieu du meeting. Les entrefilets de la presse, souvent méprisants, ne vous racontent pas comment s’est déroulée la manif. Au cris de “le fascisme c’est la gangrène, on l’élimine ou on en crève” ou encore “F comme Fasciste et N comme Nazi, à bas, à bas le Front National”, nos joyeux manifestants se dirigèrent vers le meeting honni.

Un accident de parcours à noter: rue Lecourbe, dans le �5e, deux jeunes hommes crâne rasé déployèrent une banderole d’Occident du haut de leur balcon (comme quoi la rebelle attitude n’est pas le monopole de la jeunesse bobo gauchiste parisienne), ce qui leur attira, en plus de sifflets appuyés, des jets de cannettes de bières, et la tentative (avortée pour cause de RG) de militants CNT de monter dans l’immeuble. Bref, la manif se déroula sans encombres jusqu’à Porte de Versailles. Cependant, une forte présence policière empêcha les manifestants d’aller plus avant, à la rencontre des crânes rasés d’en face. La CNT ne se dégonfla point et entonna les chants de la Commune... La violence ne fit rage qu’aux marges de la manif, entre les quelques FNJ qui s’étaient aventurés dans les environs et les punks anars et autres red-skins.

Bref, une manif qui s’est déroulée un peu trop calmement. Quelle idée aussi de faire une manifestation pendant les vacances, tandis qu’Arlette et José Bové faisaient leurs meetings... et que certains cuvaient leur vin de la veille.

(métaphoriquement, Le Pen ayant promptement dégagé). Cédric Prunier, la manche droite de son costume éventrée, n’en menait pas large, pas plus que Descoings ni Marik. Puis sont arrivés les pompiers.

La version de la direction (blog de Descoings et autre personne interrogée) est que c’est le SO de Le Pen qui a décidé de laisser sa signature avant de partir. Ce fut fait du reste avec un policier qui eut l’honneur de se faire rouler sur le pied et/ou la cheville par la voiture du président du FN fuyant les lieux�2. Qui a été confronté aux frontistes en collage�3 ou en manifestation (pas les dix glandus entourés de 40 flics de ce jeudi, s’entend) sait que ces méthodes sont bien dans les mœurs du FN et que les démocrates munichois ont bon dos�4. La version du cameraman est que ce serait un membre du service de sécurité loué par Sciences Po qui l’aurait attaqué. Selon une version immédiate d’après l’incident, le pseudo journaliste se comportant à ce titre comme un hooligan aurait voulu pousser un appariteur pour accéder à une scène filmable. Le garde de sécurité l’aurait alors poussé fortement et le cameraman, déjà fragile du dos, serait tombé en plein dessus et ouille bobo le lumbago�5.

Après l’événement sont passés à l’action comme d’habitude les cyber-militants sans couilles qui prétendent assumer avec courage leurs propos et changent grâce à un logiciel leur IP toutes les 5 secondes, passant par l’Australie, le Canada, la Tanzanie, Munich, Berchtesgaden etc., bafouant la préférence nationale en terme de serveurs. D e s c o p i é s - c o l l é s ou encore des arguments la plupart du temps sans fondement, du type « vous agressez un vieil homme sans défense ! » (souvenons-nous du pauvre Le Pen se défendant en �997 contre l’agression de cette socialiste de maire, Annette Peulvast-Bergeal arborant fièrement son

�2 « Le Pen. Vite… Très vite… », comme ils disent.

�3 Collage : n.m., syndicalisme, action de coller des affiches, souvent en affichage sauvage.

�4 C’est de l’écriture-exutoire, certes. Mais un propos comme cette déclaration de Sarkozy : «Peu m’importe si vous vous êtes tournés vers le FN par le passé. C’est parce que nous avions renoncé à défendre les idées qui étaient les votres» est plus que flippant de ce point de vue.

�5 Le procédurier Le Pen a effectué un droit de réponse sur le blog de Richard Descoings.

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IVV présente ses excuses (comme quoi on est capable de reconnaître qu’on est des petits cons)En raison d’une imminente révolution prolétarienne pour cause de venue de Le Pen à Sciences Po, la rédaction mobilisée a du faire faux bond au BDA et annuler à la dernière minute le tournoi de tarot prévu pour le jeudi 5 avril dans l’après-midi. Nous présentons donc collectivement nos excuses à l’équipe d’organisation de la Semaine des Arts et à nos gentils lecteurs qui se sont pointés au RDV pour rien.Toutefois le tarot n’aura pas été absent du mouvement. Alors que nous faisions un tarot la veille en cafétéria ex-fumeur, passa, entourée de quelques autres oppresseurs d’étudiants, Nadia Marik. Elle s’appuya sur la barrière et nous railla : « Vous vous préparez pour demain ? ». Ce à quoi l’un de nous répondit que nous ne faisions que réviser les fondamentaux. Et effectivement, le lendemain, nous remportâmes la victoire sur les armées fascistes.

Une Campagne sans CHiChi

écharpe d’élue�6, la vilaine).

Bref, un déluge de commentaires, traitant sur le blog de Descoings (site sans modérateur semble-t-il) ou sur le forum (forum-scpo.com) les manifestants de petits bourgeois de merde, d’ignorants, de moutons, entre autres. Jusqu’à ce qu’une simple capture d’écran soit mise en

ligne par la sympathique et brillante OZ (appelons-la par son pseudonyme), celle d’un forum frontiste reproduite ici. Les accusateurs accusés à leur tour d’être des moutons n’ont rien trouvé à copier-coller et ont finalement fermé leur sale gueule.

Pour résumer, comme le disait Descoings sur RMC le �� avril, « c’était un bel événement ».

�6 Après appel, � an d’inéligibilité, 8000F d’amende, 3 mois avec sursis pour violences sur personne dépositaire de l’autorité publique dans l’exercice de ses fonctions.

Et voilà, ce qui devait arriver arriva. 30 ans, oui 30 ans que notre pays vivait au rythme des saisons (oiseaux gazouillant la la li la lou) et du Salon, ce Salon qui, chaque année permettait une si belle communion entre la Nature (id est les vaches) et les pauvres �/6 de Français déracinés (id est les Parisiens). Ce salon, le Salon de l’Agriculture, était aussi, (mais surtout ?) le rendez-vous des politiques, et depuis 30 ans comme je le rabache gaiement, c’était plus que la foire d’empoigne, c’était la foire de Chichi, premier fermier de France. Car il y a quelque chose de beau dans ce croisement de regard, ce tête à tête entre vache tâtée et président entêté (cette année, rappelons nous de l’une des heureuses élues,Titine, qui faisait la tête sur l’affiche).

Et voilà, si on lui réclamait de se représenter ardemment pendant ce salon, qui l’aime tant, Chichi s’est contenu, s’est tu, et est parti sans piper mot à ce sujet. On a bien eu des remarques lourdes de sens, la limousine serait ainsi « la meilleure race » (se rapproche-t-on ici de l’euh-génie Sarkozy ?) et des déclarations de la part de la FNSEA qui font chaud au cœur (on apprend

ainsi que la profession agricole est « importante sur le plan économique »).

Les autres, ces candidats dont on parle partout, n’étaient pas ici aussi attendus. D’ailleurs, José l’avait bien compris, en décidant d’organiser chichement un contre-salon (ou salon « off ») dans sa ferme pourtant bien délaissée de son Larzac chéri. Sarkozy, Royal, ils devaient tous venir ou presque, mais c’est bien Le Pen, qui en causant des (tords à ?) chichi prenait le plus de place avec un stand à son honneur (« le porc il nous étonne encore et encore »). Après que Chichi a fait son discours (bouh OMC, bouh Mendelson, vive l’agriculture « économiquement forte et écologiquement responsable ») on s’est rappelé peu à peu que l’antre dans laquelle il entre plein de bravoure est celle de ses amis de la FNSEA, ce syndicat dont les militants sont connus pour avoir le dérapage facile, ce qui nous a donné une toute nouvelle coloration à la venue ou non des candidats.

Rappelons nous �999 et le saccage du bureau de Voynet et, car ça nous touche ici tout particulièrement, l’occupation, diantre, de la sacro-sainte ENA, par ce syndicat ! Syndicat auquel appartient d’ailleurs François Bayrou, du haut de son tracteur Playmobil® et de son jars gonflable (qui, on l’espère, se porte bien). Alors, Bayrou, capable d’attaquer Voynet à coup de petits pois et de farine (armes de destruction massive utilisées alors) ? N’allez pas chercher plus loin vos raisons quant à l’absence de débat, m’sieurs dames.

La fin d’une époque...

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Elections piège à cons ?

Jusqu’à l’élection présidentielle de 2002, les choses étaient simples, tellement simples (trop me direz-vous…) : les « extrêmes » étant encore marginaux, les candidats du « système » étaient assurés de figurer au second tour. Toute remise en question trop importante de la vie politique française était donc exclue. Mais voilà, toute chose a une fin et, le 21 avril 2002, le candidat du Front national, Jean-Marie Le Pen, parvient à se hisser au second tour avec �6,86 % des voix, excluant ainsi de la bataille finale le candidat du Parti socialiste Lionel Jospin qui ne recueille que �6,�8 % des voix. L’indignation succédant à la surprise, s’est faite jour la volonté de faire barrage au candidat d’extrême droite. Le « sursaut républicain » du 5 mai (82,2� % pour Jacques Chirac) clôt ainsi deux semaines agitées, marquées par d’importantes manifestations et les appels de la quasi intégralité de la classe politique à voter Chirac.

L’élection présidentielle de 2007 se tient donc dans la hantise d’un « nouvel 2�-Avril ». Pour éviter un nouveau désastre électoral qui plongerait encore plus le Parti socialiste dans la tourmente et le condamnerait de facto à la scission, les communicants autour de la candidate Ségolène Royal ont eu une idée géniale. Jugez plutôt : pourquoi ne pas tirer profit du « coup de tonnerre » du 2� avril 2002 et de la mobilisation populaire qu’il a engendrée pour détourner à son profit les voix des autres candidats de gauche ? Ainsi est née la notion de « vote utile », notion simple mais redoutablement efficace puisqu’elle joue sur la corde sensible de l’électeur démocrate et progressiste qui est

mis en face d’un cruel dilemme : doit-il voter selon ses convictions ou faire un choix par défaut de peur qu’un candidat exécré ne parvienne au second tour ? Tel est donc l’argument massue des socialistes : si vous autres écologistes, communistes, trotskystes en tous genres, vous votez pour le candidat le plus proche de vos idées, vous risquez de faire perdre la candidate socialiste, la plus à même à gagner si elle parvient au second tour et, par là même de faire le jeu de l’extrême droite.

Tout ceci ne serait que risible s’il ne révélait les faiblesses insignes de la candidate socialiste, réduite à vilipender les électeurs des autres partis de gauche au lieu de se demander ce qui pousse ses anciens électeurs à se détourner d’elle. Au lieu de se remettre en question, notamment en ce qui concerne le « projet socialiste », elle s’abrite derrière le « vote utile ». Pour sanctionner la gauche de gouvernement qui, depuis qu’elle a accédé au pouvoir, portée par la vague d’espérance issue du mouvement de Mai �968 qui voulait « changer la vie », n’a connu que des échecs, le seul vote possible est un vote de conviction et non ce « vote utile » insipide qui sonne comme un vote sur commande.

Alors, mes chers camarades, je n’ai pas peur de l’affirmer : le seul vote possible le 22 avril, c’était un vote révolutionnaire de conviction !

Un peu de lucidité ne fait jamais de mal, surtout dans cette campagne où l’on entend essentiellement mugir les partisans fanatisés. Voilà en tous cas un article qui n’aurait certainement pas pu être publié dans la Rose au Poing, l’organe du PS Sciences Po.

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Brèves de Campagne Déclaration de François Hollande quant à une absconse rumeur Internet sur une rumeur sur Sarkozy dont tout le monde ignore le contenu (ne cherchez pas, c’est le phénomène des bloggers qui s’imaginent maîtres du monde) : « Je ne vois pas de quelle rumeur vous voulez parler. Je toutefois à préciser que je n’ai jamais eu de contrat avec la marque Flamby, je ne sais pas d’où vous tenez vos sources mais c’est une machination honteuse. » (source : alcibiade.info)

Dominique Strauss-Kahn déclare dans L’Hebdo des socialistes du �4 avril : “Seule la gauche peut concilier <Néant>création de richesses et lutte contre les inégalités”. Simple erreur de mise en page ou oeuvre d’une personne mal intentionnée? Les rumeurs courent déjà sur la blogosphère.

Une rumeur prétendrait qu’avant d’aller se recueillir le �6 avril sur la tombe de Charles de Gaulle à Colombey-les-deux-Mosquées� pour s’en attribuer la force totémique, Nicolas Sarkozy aurait fait un détour par la tombe d’Alexis Carrel pour en revendiquer l’héritage eugéniste. “Ca ne me gêne pas”, aurait-il lancé aux journalistes interrogatifs sous forme de boutade, selon le Big Bang Blog, “Pour moi, il incarnait la passion de la France. Ses valeurs n’ont pas pris une ride”.

Nicolas Sarkozy cite à PPDA comme inspirateurs De Gaulle, et Jean-Paul II “même si ça peut étonner”. Le Big Bang Blog persiste et signe : a été coupé au montage le nom de son troisième inspirateur, Charles Maurras.

“La guerre est finie en Côte d’Ivoire” a dit Laurent Gbagbo le �6 avril. Quand on se souvient du “The war is over” de George Bush à propos de l’Irak, on peut se prendre à rêver sur l’avenir idyllique qui attend le pays.

Pendant ce temps, à Paris, c’était à Michel Rocard de déclarer la fin des hostilités en préconisant une alliance du Parti Socialiste avec l’UDF par le ralliement de François Bayrou. Et Bernard Kouchner de suivre, foutant la merde comme d’habitude. Le �6 avril c’était au tour de Daniel Cohn-Bendit de péter un câble et de renier une n-ième fois son héritage politique en enjoignant les Verts à s’allier avec le PS et l’UDF. On murmure sur le blog du grand journaliste Jean-Marc Morandini que si la campagne avait duré une semaine de plus, l’UDF aurait décroché le soutien d’Arlette Laguillier pour Lutte Ouvrière.

Massacre à L’université de Virginia Tech, 32 morts. Malgré les rumeurs insistantes du blog de Jean-Michel Apathie, Nicolas Sarkozy nie toute implication.

� Elles sont cachées dans la croix de Lorraine nous informe Villiers.

Dans son clip de campagne, Nicolas Sarkozy fait des promesses sur le SMIG, qui n’existe plus depuis mai �968. Selon Bellaciao, la vie de Nicolas Sarkozy se serait virtuellement arrêtée en 19�� et depuis lors il ne fait que chercher à revenir à la situation antérieure par des politiques réactionnaires. Une information peu difficile à vérifier.

Selon Jean-Marie Le Pen, “Sarkozy pourrait être le Jospin de 2007”. A force de tackler l’UMP en s’espérant ouvertement en face de Royal dans un hypothétique second tour, Le Pen est parvenu à faire courir sur la blogosphère la rumeur selon laquelle il aurait été l’un des nouveaux adhérents au PS de début 2006.

Sur le blog de Karl Zero une photo exclusive : en �993 Nicolas Sarkozy était le Human Bomb de la maternelle de Neuilly!

Sur latelelibre.fr de John-Paul Lepers, une discussion entre le parasite Paul Wermus, le président de l’UNEF Bruno Julliard et la porte-parole de Nicolas Sarkozy, Rachida Dati a donné l’occasion à celle-ci de se laisser aller à rêver qu’elle serait peut-être “ministre de la rénovation urbaine au Kärcher”2. Comme d’habitude avec la droite, Dati a pris l’UNEF comme alibi, déclarant dans une conférence de presse que Julliard avait publié une dépêche AFP déclarant son indignation devant la publication d’une telle vidéo. Dépêche qui n’a jamais existé.

On murmure qu’une déclaration de Le Pen selon qui “il serait amusant d’enflammer l’Assemblée et puis d’accuser ensuite les communistes!” est susceptible d’être mise en ligne dans les prochains jours.

2 www.latelelibre.fr/index.php/2007/04/exclusif-la-bonne-blague-de-rachida-dati/

La campagne, ses petites phrases, ses grands délires...

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François Goulard, invisible ministre délégué à la recherche et inaudible soutien de Bayrou, ancien du très gauchiste parti Démocratie Libérale déclare à propos des sondages : “En payant un peu plus, on pouvait obtenir un ou deux points de plus. Mais DL n’avait pas les moyens.” Apprenant cette déclaration, rezo.net a immédiatement lancé sur son blog la rumeur selon laquelle Nicolas Sarkozy aurait payé de façon à avoir de bons résultats dans le sondage des Renseignements Généraux, vous savez, ce sondage qui n’existe pas parce que c’est interdit aux RG d’en faire, mais que le nouvelobs.com dit que si, il existe!

L’Humanité déclare à propos du choix de Métrophérique plutôt qu’Orbitale comme nom pour le projet de “supermétro” de petite couronne : “Dans Métrophérique, on entend féérique, sphérique...” Le blog des Echos est pour une fois d’accord avec les communistes : “ Il faut l’avouer, dans Orbitale, on entend bite...

De Richard Desoings, lu dans Le Figaro du �3 avril 2007 : “La vision avec un grand V, au sens gaullien du terme, n’est pas réaliste dans l ’environnement actuel. Nos sociétés ont changé dans un contexte mondial qui rend bien

difficiles les aventures nationales.Nous sommes heureux d’apprendre que le directeur de Sciences Po sait recracher la soupe néo-libérale qui y est enseignée.

Piqué dans Le Monde du 30 mars 2007, ce vibrant plaidoyer de Roland Cayrol et Stéphane Rozès, de CSA -l’institut de sondage, pas la haute autorité- : “Le sondage fait en effet partie de la panoplie de la démocratie d’aujourd’hui. (...) l’interdiction des sondages est l’un des signes des dictatures. Grâce au sondage, le citoyen peut mesurer, en toute responsabilité, le poids de son vote personnel. Ceux qui crient haro sur les sondeurs, ne se méfieraient pas, plutôt, de l’opinion ?” Rappelons à ce titre que le Canard Enchaîné rapportait récemment que les sondages téléphoniques ignoraient de facto les �5% de Français sans ligne téléphonique et la proportion à peu près égale qui n’utilise la sienne que pour aller sur Internet. Que les instituts de sondage ont chacun leur méthode évidement gardée secrète pour “redresser les scores” de certains candidats. Que le sondage, plus qu’une prise de température de l’opinion, est, par son caractère performatif, un outil de fabrication de ladite opinion. Bref, un outil de rêve de la “panoplie de la démocratie”.

Le blog de DSK annonce la mise en ligne prochaine du mp3 de “Ségolène, mon amour des MJS”, sur l’air de “Nathalie, mon amour des JMJ”. “Le PS tremble d’impatience”, écrit-il

Le Sarko quiz

Quel candidat pourrait aujourd’hui croire une seule seconde en la validité de la théorie des climats de Montesquieu ?

Réponse : Nicolas Sarkozy :

« Pourquoi a-t-on plus de problèmes avec les enfants originaires d’Afrique qu’avec les enfants originaires du Maghreb (sic) ? Faut réfléchir à ça ! Pourquoi ? Eh bien mon explication : c’est que la famille maghrébine a mieux tenu que la famille africaine.(sic)»

Quel candidat utilise la couleur de la peau de sa porte-parole comme alibi pour des propos xénophobes ?

Réponse : Nicolas Sarkozy :

« Quand je choisis Rachida Dati pour être ma porte-parole, le fait qu’elle soit Rachida, ça compte. Ca n’empêche pas qu’elle a un talent fou et que je l’aime. »

Quel candidat soutient des thèses bancales menant directement à l’eugénisme comme un pré-crime à la Minority Report, uniquement parce que Tom Cruise joue dans le film ?

Réponse : Nicolas Sarkozy :

« On ne devient pas un tortionnaire et un assassin entre 22 et 24 ans. Mon idée, c’est que plus tôt on intervient sur des enfants violents, le plus (sic) on a une chance de les empêcher de devenir des assassins. Si vous prenez, déjà à l’école maternelle… Vous voyez des gamins qui sont en situation de souffrance, qui se traduit par un comportement violent. Tous les gens qui ont des problèmes avec la police et la justice ont eu à un moment donné des troubles du comportement (sic) [l’inverse est-il vrai ?]. Il faut donc le plus tôt possible qu’on puisse intervenir… Si nous intervenons sur un jeune de �6 ans, vous n’avez aucune chance (sic), aucune, de corriger ses troubles, c’est très tard. (sic) »

Qui peut désigner des interlocuteurs par des expressions comme « l’homosexuel (j’ai rien contre, en tant que tel) » ou « la harpie » tout en aimant quand même profondément les Français ?

Réponse : pas Nicolas Sarkozy

Ces citations sont des déclarations enregistrées sur magnétophone d’une rencontre entre des membres de l’association Zy’va place Beauveau (on voit la contradiction entre le lieu - le ministère de l’interieur- et les propos tenus). L’association de Nanterre avait été « achetée » par voie de subventions par le ministre-candidat comme Bleu Blanc Rouge à Argenteuil auparavant. C’est donc devant un public conquis que Sarkozy aurait tenu des propos aussi durs. La « vidéo » est disponible sur le site de Marianne : http://www.marianne2007.info/Video-pirate-le-veritable-Sarkozy-hors-cadre-!_a��62.html

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UN Véto sur le Vote

Dénomination courante : Bailleurou, François

Sexe : Indéterminé

Espèce : Droitus Complexus

Immatriculation : Sans carte grise

Signes distinctifs : Flirte avec les moutons noirs de l’ignominieux électorat de gauche. S’est fait des mèches pour tenter de leur ressembler. Le résultat est peu probant.

Historique médical : La maladie de la droite qui l’a pris à la naissance n’est pas prête de s’en aller. Le virus de la chrétienté, dans sa purulente intensité, n’arrange rien. Déjà en 2002, François avait fait une crise de mégalomanie présidentielle, manifestant des syndromes de violence (par voie de taloche). En 2007, la crise est généralisée et le mouton est atteint, hélas, de ce qui ressemble fort à une fièvre aphteuse.

Traitements prescrits : Une explication au petit François des dures réalités de la vie peut éventuellement le ramener dans le troupeau de la droite

Dénomination courante : Besancenot, Olivier

Sexe : M

Espèce : Factorevolusciurus

Immatriculation : P6T8T

Dénomination courante : Bové, Joseph

Sexe : M

Espèce : Altermoustachus Macdodobenus

Immatriculation : DAV05

Signes distinctifs : Allergique à la cuisine génétique et au génie capitaliste mal nourri ; son métabolisme supporte mal les aliments trop chargés en huile synthétique d’ADN muté, qui même à faible dose peut provoquer chez le patient des crises de rage destructrice ciblées sur les symboles de l’impérialisme MacDonaldiste et/ou Monsantoïque. Forte résistance à la réclusion.

Historique médical : Après une croissance en territoire étasunien, montre ses premiers symptômes de rébellion à l’adolescence en se faisant exclure d’un lycée jésuite pour avoir fait l’apologie de la drogue dans une dissertation de français. S’installe sur le plateau du Larzac en 1976 et y entame une cure contestataire à base de lectures libertaires et de roquefort, et se lance dans le syndicalisme paysan (contamination par le vecteur de la Confédération Paysanne et du Comité Roquefort). Développe des réactions allergiques de fauchage hystérique à l’encontre des MacDo et des plan de maïs transgéniques, guère atténuées par quelques séjours de convalescence en centre d’isolement . Digère mal la mondialisation et ses produits dérivés et crie donc régulièrement NON face au GATT, à l’OMC, au G8, au TCE, et autres sigles.

Traitements prescrits : Un bon régime “Supersize Me”, soit un mois de malbouffe en continu.

Signes distinctifs : En ce beau jour du 18 avril Olivier fête ses 33 ans. S’il est le plus jeune de la meute, il n’est pas pour autant isolé, étant à ses aises dans cette gérontocratie. Comme le renard, il zone à Neuilly, ou, du haut de son véloce Ipod il incarne le péril rouge en lutte contre le péril brun, ou bleu, au choix. Comme la tortue et l’hérisson, il est un disciple de KFC*, mais il n’est pas autant glouton que ses comparses, et délaisse facilement la table du mexicain-sur-le-tard pour aller s’empafrez chez ces cochons de libertaires, ou pire, aller buller chez les alters!

Historique médical : Après avoir combattu les bruns en défendant les beurs chez SOS Racisme, et défendu le droit des postiers à des sacs fashion (aux célèbres cris de “Besace, no!” dont est réminiscent son nom de guerre), Olivier

a attrapé un vilain Throat-Kiste** chronique, qui fait qu’il devient tout, mais alors tout rouge. A une allergie notable à l’unité (grande crise à l’hiver dernier lorsqu’on parla de candidature unitaire où il tapa de la chaussure sur la table), mais lorgne vers la belle tortue malgré tout. Il devient encore plus tout rouge très foncé quand il apprend que le vote LCR est fondé essentiellement sur sa figure de bombe sexouelle du vingt-et-unième siècle (d’ailleurs, IVV lance la pétition Besancenot-misterFrance,). Cerise (car il est le temps) sur le gateau, il déclare le 16 Février 2007 que “le vote LCR est un vote utile, un vote avec le coeur et avec la tête”. Sacré Olivier, toujours le mot pour rire !

Traitements prescrits : Une cure de Realpolitik. Un cour de génétique : tortue, hérisson et écureil ne sont pas interféconds. Un ou deux contrats publicitaires pour les célèbres Strings Rosa Luxembourg.

* Diantre ! N’aviez vous pas remarqué la ressemblance entre le Colonel et l’Exilé ? Mouahahah! Quelque chose de louche ça cache...** In english in the text

L’homme est un animal politique, c’est bien connu. Alors nous avons dépéché un vétérinaire pour nous livrer ses conclusions sur nos animaux de la campagne.

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Dénomination courante : Buffet, Marie-George

Sexe : F

Espèce : Communistogallus

Immatriculation : U1R9S1S7

Signes distinctifs : Vieille rouge toujours verte. Gère péniblement, quoiqu’en bonne petite mère des familles, son mignon capital de 2,5% des suffrages.

Historique médical : La rougeur en plaques la touche très tôt : elle adhère à 20 ans au PCF, à l’époque où beaucoup ont plutôt tendance à déchirer leur carte (1969, Prague, etc.). Sa dévotion lui fera grimper un à un les échelons, en bonne apparatchik du Parti. Schizophrénie qui lui permet d’allier merguez de la Fête de l’Huma et petit foulard désuet. Ne reniant finalement rien des bonnes méthodes soviétiques, elle tente un putsch sur les comités antilibéraux et se porte candidate plus ou moins en leur nom en 2007.

Traitements prescrits : L’ancienne ministre des sports ne rechignerait pas à se soumettre à un bon contrôle antidopage.

Dénomination courante : Laguiller, Arlette

Sexe : F

Espèce : Protosociali Marxisotestudo

Immatriculation : P48OU71M

Signes distinctifs : Longévité assez exceptionnelle, même pour une tortue. Lève fréquemment la patte gauche ou droite en reliant ses extrémités digitales tout en émettant des sons étranges. Ce trait semble partagé par d’autres animaux de la ferme.

Historique médical : Arlette a été très tôt touchée par le virus du trotskysme, dans l’une de ses versions les plus virulentes. Il semblerait toutefois qu’il y ait eu prédisposition puisque son géniteur semblait atteint d’une affection assimilée : l’anarchisme. De nombreuses complications sont associées à ce virus : lunatisme et aigreur. Elle est le premier animal de sexe féminin à s’être présentée à l’élection de chef de la basse-cour, mais sans jamais rencontrer de succès. Elle adopte un comportement assez peu sociable, que d’aucuns qualifieraient de sectaire. D’ailleurs, elle n’a pas de partenaire reproducteur connu. Pourtant, son caractère lunatique ne lui a jamais complétement attiré les foudres de ses congénères, qui conservent toujours une once d’affection pour elle.

Traitements prescrits : Tout a été essayé, mais peut être qu’un peu d’amour ne lui ferait pas de mal.

Dénomination courante : Le Pen, Jean-Marie, n’est-ce pas ?

Sexe : M

Espèce : Fachistus xenophobascrofa horribilis

Immatriculation : NS22DA33P

Signes distinctifs : C’est l’animal qui braille le plus fort dans la basse cour. C’est aussi celui qui sent le plus mauvais. Et c’est probablement le plus laid : bref, un vrai plaisir des sens ! A perdu un oeil, on ne sait plus trop comment.

Historique médical : Le porc Le Pen est une vieille carne infestée de vilaines maladies . Venu du fin fond de la Bretagne, il effectue son droit à Assas (avec deux s, comme dans ss). Est-ce son passage dans les lieux qui a laissé l’odeur nauséabonde de la réaction qui y règne ? Nul ne le sait. Mais c’est l’engagement de notre porcin personn age dans les guerres d’Indochine, et surtout d’Algérie qui vont, semble-t-il, lui inoculer un certain nombre de virus, tel l’apologie de crimes de guerre. Ainsi, Le Pen déclare-t-il en 1962 à propos de la torture en Algérie qu’elle était nécessaire et quil avait “torturé parcequ’il fallait le faire”. Après avoir été un temps poujadiste, ce qui nous renseigne pas mal sur la fraîcheur politique de l’animal, Le Pen tente l’aventure seul et fonde son propre parti. Il monte également la Serp, maison de disques à laquelle on doit l’opus “Le IIIe Reich. Voix et chants de la Révolution allemande”, qui fait Führer dans les soirées à Carpentras. Ajoutons à son tableau de chasse des déclarations controversées sur les chambres à gaz (mais ce n’est qu’un détail) ou des jeux de mots d’un mauvais goût certain (Darfour-crématoire, nouvelle blague de Le Pen ?). Xénophobe, antisémite, raciste, Le Pen est aussi un grand violent, comme peut en témoigner Madame Peulvast-Bergeal. Il semble souffrir aussi d’une schizophrénie avancée, se réclamant sans cesse du petit peuple qui souffre, en bon héritier qu’il est depuis son manoir de Montretout (s’est-il installé là en souvenir de la dénudée Pierrette Le Pen, qui posa nue dans Playboy ?). Le virus de la peste brune a été transmis à sa progéniture, ce qui laisse craindre une épidémie électorale.

Traitements prescrits : Une bonne dose de proportionnelle devrait éclairer la situation d’un nouveau point de vue.

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Dénomination courante : Nihous, Frédéric - “Salut Fred” chez ses fins amis chasseurs.

Sexe : M

Espèce : Ruralitas Petaradosusscrofa

Immatriculation : 18MM

Signes distinctifs : N’a po perdu son accent ch’ti du ch’Nord molgré sa v’nue dans l’Sud. Possède également le tic d’inclure l’adverbe “justement” dans chacune de ses phrases.

Historique médical : Frédéric Nihous a développé très tôt le virus de la chasse, qui le pousse fréquement à aller dézinguer sangliers, faisans, galinettes cendrées et autres chairs à fusil. Pourtant, il se dit ami des bêtes -mais peut être omet-il de préciser “empaillées”- et défenseur de la ruralité. Il cherche à casser l’image “Chasse, Pêche et Biture” (chantée par les Fatals Picards) de son parti, en montrant son joli costume du dimanche à qui veut le voir et en ne cessant de rappeler sa formation de juriste à qui veut l’entendre. Semble être atteint de névrose monomaniaque contre les Verts, qui pourtant aiment aussi la nature, mais manifestement pas assez comme lui.

Traitements prescrits : Achevez la pauvre bête !

Dénomination courante : Royal, Marie-Ségolène

Sexe : F

Espèce : Socialtraitra nationalipavo

Immatriculation : T0N81TO88N

Signes distinctifs : La nouvelle Marianne du paysage politique français sème à tous vents ses idées de changitude. Fait habituellement la roue dans des tailleurs immaculés. .

Historique médical : Marquée par un fort complexe d’Oedipe avec son père François Mitterrand, Marie-Ségolène Royal va très tôt développer des troubles psychiques graves, que l’on pourrait résumer ainsi : “Je veux être de gauche mais j’ai un fond de droite contre lequel je ne peux lutter”. Conscient et subconscient s’en donnent à coeur joie ! Est-ce de ce conflit fondamental que proviennent un certain nombre de problèmes comportementaux : bourdes en tous genre, barbarismes éhontés, insultes à la sacro-sainte grammaire;, etc. ? Quoiqu’il en soit, c’est probablement ce qui explique son insupportable ton de maîtresse d’école quand elle s’adresse aux autres animaux. Mais qu’importe ce qu’elle raconte de toutes façons, il lui suffit de se pavaner en bikini bleu pour faire s’affoler les sondages . A été touchée récemment -ou est-ce une remontée de son fond droitier ?- par le Démagogigus nationalistum.

Traitements prescrits : Un stage de 5 ans dans un camp de jeunesses communistes d’Allemagne de l’Est la formeraient peut-être suffisamment pour 2012

Dénomination courante : Sarközy De Nagy-Bocsa, Nicolas - Sarkozy, Nicolas

Sexe : XXS

Espèce : Flashballimatraquo Liberalovulpes

Immatriculation : CAC40

Signes distinctifs : Agressif. Peut se faire le vecteur de certains parasites particulièrement nocifs (ainsi du Sécuritarista populistus, du Démagogicum nationalistos ou du Cléricalozoaire). Notons à titre de curiosité biologique que l’animal est susceptible de ponctuels mais remarquables croisements avec le Fachistus Xenophobascrofa Horribilis susnommé (ou Le Pen, Jean-Marie), et qu’il semble même y prendre un plaisir qui ne laisse pas d’étonner nos plus éminents zoopolitilogues.

Historique médical : Fort complexe d’infériorité physique depuis l’enfance, compensé par un goût marqué pour la domination violente de l’autre. Cri distinctif du Sarkozy: “Je vais les niquer!” (variante : “Je vais te casser la

gueule!” pour les arabes - incompatibilité génétique oblige). S’est cru plus rusé que le renard en 1995; s’est planté. Dans sa quête effrénée -et impossible ?- d’affirmation de sa virilité, il semble s’attacher à toutes sortes d’ustensiles phalliques (Kärcher, matraque et compagnie). Mais toutes ces faiblesses ne sont que l’expression d’une prédisposition...

Traitements prescrits : Une bonne raclée électorale. Si échec (malheureusement prévisible, étant donnés la virulence et le taux de propagation dudit Démagogigus nationalistum), émeute populaire matin et soir pendant 5 ans.

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Dénomination courante : Schivardi Gérard

Sexe : M

Espèce : Trotskipopulus Municiperinaceus

Immatriculation : PASTIS51

Signes distinctifs : Parle très fort, tout le temps, et avé l’assent !

Historique médical : Gérard Schivardi est né avec le gène du socialisme, et a passé un bon moment au PS (de 1975 à 2003). Il a claqué la porte quand un microbe parachuté depuis Solférino a eu la prétention de se présenter à sa place aux cantonales. Ca n’a pas du tout plu à Gégé, qui entendait bien rester le maître sur ses terres. Car il en est fier de son Languedoc natal, se rapprochant notamment un temps de la liste régionaliste “Languedoc et Catalogne” pour les régionales de 2004. Il a même failli être tête de liste, et puis, finalement, non. Peut-être pour pas froisser une autre (trop) grande gueule locale, Georges Frêche, qui aurait sûrement préféré une liste “Septimanie Libre” ou autre wisigotherie du genre. Le maçon -c’est sa profession, pas son hobby occulte- finit par fricoter avec le Parti des Travailleurs, qui soutient sa candidature du 2007. La grande problématique de sa campagne : est-il candidat des maires ou candidat de maires (ou candidat de merde) ?

Traitements prescrits : Pour se prémunir conre une Union Européenne castratrice, il ferait mieux de retourner à Mailhac, pour retrouver ses boules, et son pastaga.

Dénomination courante : Le Jolis de Villiers de Saintignon, Phillipe - de Villiers, Philippe

Sexe : M

Espèce : Archéoislamophobus conservapodenco

Immatriculation : IN732RI

Signes distinctifs : Mode de reproduction proche du lapin (on lui compte 7 progénitures).

Historique médical : Phase d’hystérie hallucinatoire lors d’un passage à Roissy-Charles de Gaulle où le pauvre hère a cru voir par persistance rétinienne islamophobe des centaines de mosquées dans tout l’aéroport, jusque dans les chiottes. Le pire était de son point de vue qu’elles étaient fréquentées par des homosexuels agnostiques.

Traitements prescrits : Un séjour de grand minimum 30 jours à la ferme des crocodiles de Djerba, Tunisie, chez les Sarrasins.

Dénomination courante : Voynet, Dominique

Sexe : F

Espèce : Viridispax

Immatriculation : GR85UN95EN

Signes distinctifs : Trouve peu souvent assez d’énergie pour entrebâiller sa coquille. Mais quand elle y parvient, c’est uniquement pour lacher un virulent “Zut, à la fin!” afin de prouver sa détermination.

Historique médical : Depuis 1985, Voynet et les autres huîtres s’accrochent contre vents et marées à leur rocher écologiste, mais hélas pour la créature, des signes de fatigue (de faiblesse?) ont fini par voir le jour avec des fissures dans la coque depuis l’arrivée d’un nouveau prédateur sur le territoire, la mouette Hulot.

Traitements prescrits : 2 comprimés de Charismax 500 matin et soir, mais il y a peu d’espoir

Finalement, la grande euthanasie pour dix d’entre eux...

Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés :On n’en voyait point d’occupés

A chercher le soutien d’un mourrant parti.

Dix petits candidats s’en furent prospecter,L’un d’eux but (du pastis ?)à s’en étrangler

– n’en resta plus que neuf.Neuf petits candidats ne dormirent que peu la nuit,

L’un d’eux ne digéra pas son maïs trop cuit – n’en resta plus que huit.

Huit petits candidats dans la campagne étaient lancés,L’une deux s’y est définitivement arrêtée

– n’en resta plus que sept.Sept petits candidats s’envoyèrent du petit bois,

L’un d’eux retourna dans son bois– n’en resta plus que six.

Six petits candidats voulaient protéger la nature,L’une d’eux en a payé la facture

– n’en resta plus que cinq.Cinq petits candidats voulaient marquer les mémoires,

L’une d’eux a fini au goulag de l’Histoire– n’en resta plus que quatre.

Quatre petits candidats parlaient des arabes et des noirs,L’un d’eux a fini égorgé dans une baignoire

– n’en resta plus que trois.Trois petits candidats voulaient faire la révolution,

L’un d’eux la fera de son salon– n’en resta plus que deux.

Deux petits candidats voulaient fermer les frontières,L’un d’eux est devenu un candidat “d’hier”

– n’en resta donc plus qu’un.Un petit candidat se trouvait en plein milieu,

A quand même tiré son épingle du jeu– n’en resta plus... du tout.

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Et si je passais ma 3emeannée AU MAROC ?Les affiches le disent : le Maroc est le plus beau pays du monde, et tant pis si ça fait rire les Marocains eux-mêmes. Les journaux occidentaux le disent : le roi Mohammed VI est un parangon de la démocratie, et tant pis pour les journaux marocains interdits. Bref, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes, et tant pis si de temps à autres un kamikaze se fait exploser...

Cet article n’est ni exhaustif, ni objectif, ce n’est pas son but. Il s’envisage plutôt comme un contrepoint, encore que bien léger, au portrait iddyllique dressé par les médias à propos du Maroc, bien loin de la réalité du Royaume. Ainsi, exemple parmi tant d’autres, Direct Soir du �4 février dernier titrait en une sur “Mohammed VI, le roi de l’ouverture”, avec un roi tout sourire en photo. Sur une pleine page à l’intérieur du tabloïd -appelons un chat un chat-, étaient relatés les récents exploits du roi pour “le développement de la vie démocratique”. Le Maroc, sur la route de la démocratie hein ?

A peine plus d’un mois avant, on apprenait� que plus de quatre cent immigrés “subsahariens” avaient été arrêtés dans différentes villes du Royaume la semaine de Noël. La plupart d’entre-eux était en situation régulière, mais celà allait être difficile à prouver puisque leurs papiers ont le plus souvent été confisqués ou détruits par la police. A la suite de ces arrestations, les immigrés ont été transportés dans des cars jusqu’aux environs de la frontière maroco-algérienne, pas loin de la ville d’Oujda, et ont été abandonnés à leur sort, par groupes de quelques dizaines. Les pandores marocains auraient tiré en l’air pour chasser les immigrés vers l’Algérie, imitées peu après par les forces algériennes aux frontières. Finalement, les individus arrêtés sont restés sur le sol marocain. Il a fallu l’intervention d’associations2 pour fournir aux victimes des couvertures, un abri

1 Evidemment pas par la MAP, l’agence officielle, mais par le rapport de Jérôme Valluy, professeur à l’Université Paris I, membre du ré-seau TERRA (Travaux, Etudes et Recherche sur les Réfugiés et l’Asile) http://terra.rezo.net/IMG/doc/VALLUY060�07.doc

2 Entre autres Médecins Sans Frontières, ATTAC Maroc, le Fo-rum Réfugiés, l’Association Marocaine de Droits de l’Homme.

provisoire, un soutien moral. A la persécution s’est ajoutée l’instrumentalisation des immigrés, nouvelle arme de guerre froide avec l’ennemi de toujours, l’Algérie. Un comportement d’une classe indiscutable...

Ce même mois de décembre, la “vie démocratique” du Maroc prenait un nouvel élan avec l’interdiction temporaire de publication de Nichane, supplément arabophone du magazine Tel Quel. Mis en cause : un article sur les “nouquates”, ces blagues que racontent les

Marocains quotidiennement et qui ont pour sujet, entre autres, la sexualité, la politique et la religion. Pas de quoi fouetter un chat en somme, surtout que les blagues reproduites étaient de l’avis général franchement “soft”... L’Etat marocain a pourtant assigné le directeur de la publication en justice pour atteinte à l’Islam et aux bonnes moeurs. Verdict3 : 3 ans de prison avec sursis, 75 000 DHs d’amende et la suspension du journal pour une période de deux mois. Ce n’est pas le premier coup d’éclat en la matière de la part de Mohammed VI4. En 2003, c’était le cas du journaliste Ali Lmrabet, qui travaillait alors à Tel Quel, qui avait fait couler beaucoup d’encre. Il

avait été emprisonné plusieurs mois à la centrale de Salé pour avoir mis en cause la royauté dans ses écrits. Tel Quel et le Journal Hebdomadaire, les deux principaux hebdomadaires contestataires du pays, ont d’ailleurs tous les deux eu d’autres démélés judiciaires et été condamnés à des ammendes record dont le but presque avoué

3 “Plein de bon sens et de retenue” d’après la quasi-totalité de la presse marocaine, pour laquelle la déférence est presque un reflexe pavlovien.

4 Je me permets de sauter les échelons, ça va plus vite que “de la part d’une justice pour qui l’indépendance entre le pouvoir juridique et exécutif est une belle fable”.

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était de casser les reins des deux publications. A chaque fois, une satire un peu trop poussée5 a entraîné les foudres du pouvoir royal. Résultat de ces belles performances : une presse amorphe, qui va jusqu’à faire de sa servilité un angle de communication. Ainsi, la Nouvelle Tribune, qui avait critiqué très durement le “journalisme infantile” de Tel Quel6 a lancé une campagne d’affichage p a r t i c u l i è r e m e n t éloquente à ce sujet. Ainsi, un de leurs panneaux s’interroge de la sorte : “Faut il vraiment taper sur le Makhzen [l’Etat] pour frapper les esprits ?”. Une chose est sûre en tous cas : il faut vraiment lui lécher le cul pour exercer la profession de journaliste sans être inquiété.

D e r n i è r e s nouvelles en date du Maroc, l’explosion spontanée de plusieurs présumés terroristes à Casablanca. Ou comment le Maroc rouvre les yeux sur un ensemble de réalités qui n’ont pas changé d’une goutte depuis les attentats du �6 mai 2003. La réalité de l’analphabétisme qui touche encore plus de la moitié de la population, des conditions de (sur)vie déplorables d’un grand nombre de Marocains, d’un développement qui ne concerne que les grandes métropoles et qui creuse comme jamais les inégalités. La réalité de ces habitants du petit village d’Angfou, dans l’Atlas, qui meurent littéralement de froid quand poussent par milliers les villas dans la palmeraie de Marrakech. De ces habitants du sud du Maroc qui n’ont pas accès à l’eau potable alors que les golfs verdoyants fleurissent partout dans le Royaume. De cette jeunesse des bidonvilles, surtout, qui assiste au spectacle permanent de la richesse des centre-villes, des 4x4 rutilants et des escarpins griffés. Une jeunesse sous-éduquée, sans perspectives d’avenir, qui se défonce au karkoubi ou au silissioune7...

Malgré les belles promesses de l’époque sur la résorbtion des bidonvilles, la réduction des inégalités sociales, le développement de l’éducation, on ne peut que constater qu’il n’en a rien été. La vie politique est complétement

5 C’est à dire un dixième de ce que peut faire le Canard Enchaîné chez nous.

6 Son concurrent direct en terme de ventes sur le créneau “heb-

domadaire de société”.

7 Vendues en petits sacs plastiques à sniffer, ces drogues mé-langent joyeusement colles industrielles, essence, psychotropes et bar-bituriques divers.

Pan sur le bec

Le �� avril dernier, Le Canard Enchaîné a révélé l’utilisation par Nicolas Sarkozy pour sa campagne d’un slogan (“Ensemble, tout devient possible”) qui est en fait à l’origine celui de l’antenne marocaine de la Société Générale. Information divulguée dans notre beau journal un mois auparavant (numéro de mars).

A noter qu’un numéro du Canard avait été interdit au Maroc en 200� pour avoir diffamé Mohammed VI par les ignobles insinuations qui suivent : “Après deux ans et demi de règne, son fils n’a pas fait grand-chose sinon réprimer la presse, céder aux islamistes sur les droits des femmes, gérer son immense fortune et faire du sport…”

muselée, corrompue, discreditée, et seul le Parti de la Justice et du Développement, islamiste, arrive encore à séduire les masses. Il faudrait d’ailleurs un miracle pour qu’il ne remporte pas les legislatives de septembre prochain. La bourse de Casablanca, quant à elle, se porte bien, merci.

Il y aurait en-core beaucoup à dire, mais ça serait rendre le tableau vraiment accablant. Et puis, il convient de recon-naître que des efforts sont faits, notamment en faveur des droits de la femme ou vers l’abolition de la peine de mort. Pourtant, si en comparaison avec son père on peut ef-fectivement dire que Mohammed VI est plus démocrate8, le roi n’a de cesse de prouver, en diverses occasions,

que le Maroc est encore loin d’être une démocra-tie. Car la clé du problème réside sûrement dans cette figure royale que l’on voit affichée dans tous les lieux publics, magasins, voire en pan-neaux de 4 mètres sur 3, qui fait immanquable-ment l’ouverture du journal télévisé de la chaîne publique et la une du Matin du Sahara, organe de presse quasi-officiel. Je persiste à penser que tant que les Marocains n’auront pas tué le père9, un certain nombre des problèmes que rencontre ce pays pourtant rempli de qualités ne pourront être vraiment réglés.

8 Il faudrait cela dit se surpasser pour faire pire qu’Hassan II.

9 Au sens du Dr Freud, pas du Dr Guillotin (mais pourquoi pas ?) !

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A l’occasion de la mort de René Rémond – santo subito, Richie s’est fendu d’un mail assez ignoble. Le mot est fort, mais le contenu est détestable. Le titre même du texte, par son caractère laconique, « René Rémond est mort », rappelle le sidérant « Un étudiant a été tué en Chine » envoyé l’année dernière. Pas une formule de salutation pour commencer la lettre, des mots oubliés... La politesse minimale n’est même pas respectée.

En plus de préférer faire la promotion de son livre plutôt que de rappeler par exemple la carrière de Rémond, Descoings profite de cette lettre de condoléances pour tacler les élus syndicaux par une private joke de la plus grande bassesse : « Toujours courtois avec les élus syndicaux, il était le premier à rappeler qu’il fallait savoir passer outre à certains de leurs excès – parce qu’ils sont presque toujours sincères et que ni le savoir, ni l’expérience, ni le sentiment d’avoir raison ne justifient que l’on manifeste trop vivement son impatience à l’égard de la représentation étudiante ».

Outre le coup de massue sur les militants syndicaux, il y a derrière cette phrase une « anecdote » remontant à quelques années, où à des militants rassemblés pour un blocage symbolique d’un conseil, René Rémond avait lancé de manière péremptoire : « Je suis ici chez moi », façon de les renvoyer à leur condition d’étudiants et de leur rappeler l’inexistence de la démocratie étudiante à Sciences Po.

Si la tendance générale est à la glorification de l’homme, n’oublions pas surtout d’avoir une pensée pour son fils dont l’hostilité envers Descoings est connue et dont les jours à Sciences Po sont peut-être comptés maintenant que son « protecteur » est parti rejoindre Raymond Carré de Malberg, François Furet et Raymond Barre.

Arrête Ton

Char, RichardRécit d’une Epopée Nocturne

Toutes les deux semaines

Sur RSP.FM

La revolution en chansons

Cernés par la fumée de nos deux cigarettes, nous ne vimes pas la brume ; nous marchions ensemble vers un commun destin, engourdis par le froid dans le Paris nocturne (tandis qu’un vent glacé nous chatouillait les burnes). Surgissant du dédale, le sombre fleuve nous vîmes, et jusqu’à sa surface tous deux nous descendîmes.

Là nous nous défroquâmes, et par un jet puissant, tel l’encre de Victor Hugo sur la feuille vierge, nous dépucelâmes la Seine.

La brume jaillissait de nos canons d’acier, et nous tonnions, grands dieux! Nos éclats ricochaient sur nos reflets glacés.

L’onde se fit vague et la vague se figea. Des flots muets jaillit un Léviathan superbe. Il glisse vers la rive, se pose sur la berge, tandis que des abysses d’autres esprits émergent.

Un badaud imbibé, stupéfait par la scène, s’écria “Mon Dieu, que la nature est belle!”. Voyant que ces paroles n’étaient pas pour elle, une ondine vexée l’attira dans la Seine. Alors, dans le silence Léviathan parla : “Putain, les gars, vous assurez!”

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J’ai été interpellé une nuit. Le motif importe peu, le lieu également...

LA GARDE à VUEJ’ai obtenu un classement sans suite; cela signifie que le parquet a renoncé à me poursuivre. L’a-t-il fait par manque de preuves et de témoins ou étant donnée le peu de gravité des faits et mon absence de casier judiciaire ? Je ne le sais pas. En tout cas, bien que finalement non poursuivi, j’ai fait pour la première fois l’expérience de la garde à vue (GAV). Mon origine bourgeoise, ma blanche peau et mes conditions de vie privilégiées m’ont peu habitué au phénomène de la GAV, à sa brutalité, alors qu’il doit être beaucoup plus courant pour d’autres catégories de la population. Mon compagnon de cellule, un magrébin de �9 ans ayant été ramassé par la police car il roulait un joint sur le Champ de Mars, m’assurait avec humour en être à sa dix millième... Que dire de la GAV ? Il y a peu à dire : tout d’abord parce qu’elle ne dure pas très longtemps (24 heures, 48 si prolongement, 72 au pire), bien que ce temps semble infini au gardé-à-vue ; ensuite, parce qu’elle est dominée par l’ennui et la vacuité. Le récit chronologique me semble même impossible. Pendant la GAV, on essaie de se créer des repères temporels bien définis, bien que cela soit difficile: on nous a confisqué notre montre à l’entrée, et il n’y a pas d’horloge visible depuis la cellule; on doit demander l’heure aux policiers, qui décident de nous la donner, ou non ; la lumière du jour n’arrive pas aux cellules de garde-à-vue, et on se demande si l’on est le matin ou la nuit. La peur, davantage peur de ce qui est que peur de ce qui va arriver, décuple les capacités de notre mémoire et de notre lucidité, afin qu’elles nous permettent de calculer notre heure de sortie; on ne craint pas la mise en cause ou la condamnation, qui semble si lointaine, mais le moment présent, fait de vide absolu; on cherche à rassembler tous les détails, mêmes dérisoires, qui nous donneraient une estimation même vague du moment où notre insupportable état prendra fin, et il est impossible de penser à autre chose très longtemps. Cependant le récit plus ou moins précis que l’on a réussi à se faire de la GAV se brouille au moment de la libération. On est physiquement assez diminué, et la joie de sortir nous fait oublier le détail de ce que l’on a vécu. On se demande après: la GAV était-elle si horrible? Oui, mais d’une horreur indéfinie; un calvaire que l’on ne peut pas décrire comme sur un journal de bord. Si je ne peux donc faire un récit heure par heure de ma GAV, je pense nécessaire cependant d’en décrire les traits les plus saillants. Selon l’article 9-� du Code Civil Français, inspiré des Droits de l’Homme, « chacun a droit au respect de la présomption d’innocence ». Ce qui caractérise probablement le plus la garde-à-vue, c’est que l’on est « présumé coupable » cent fois plus que l’on est « présumé innocent ». En effet, le « présumé innocent » est menotté, méprisé et rudoyé par les policiers, vouvoyé d’un « vous » s’adressant à la fois à sa personne propre et à la race entière des criminels, dont décidemment il fait partie, parfois objet d’insultes à caractère homophobe, sexiste ou raciste (j’ai moi-même subi de telles insultes). Quand on regarde une cellule de GAV, on sait que son but n’est pas de permettre à un individu d’attendre, mais bien de le punir. La cellule de GAV, c’est un carré de 4 m sur 4. La puanteur, mélange d’urine et de sueur et de je ne sais quoi d’autre, présente jusque dans les murs; ou l’eau de javel fraîchement répandue dont les vapeurs vous piquent les yeux et la gorge; la faible lumière à néon couleur jaune-pisse ; la dureté du banc en bois contreplaqué longeant le mur, seul meuble de la cellule ; tout, dans la cellule de GAV, est punition. On y est coupé des policiers et du reste du commissariat. On en est séparé par la porte en verre blindé de la cellule et une grande porte en bois plus ou moins isolante. Si l’on a besoin d’aller boire, d’aller aux toilettes ou de parler à un officier, il faut attirer l’attention du chef de poste en faisant signe

à une caméra juste au-dessus de la porte en verre. Parfois, on peut taper pendant dix minutes contre la porte pour se faire remarquer, alors même que quelqu’un fait un malaise, personne n’arrive. A l’intérieur de la cellule, on a rien: nos poches ont été vidées, on nous as pris nos lacets, notre ceinture, nos mouchoirs...On ne peut rien demander aux policiers pour faire passer le temps ou pour améliorer notre état. Ils m’ont même refusé un Doliprane sous prétexte que je risquerais d’essayer de faire une tentative de suicide avec. On a « droit » à des repas : deux biscuits et une petite portion de jus d’orange le matin, une barquette de riz assaisonné le midi et le soir. Quand on va aux toilettes, le policier nous suit et nous demande de garder la porte ouverte. Que veut-il voir?Simples policiers ou lieutenants ont également un comportement visant à punir à chaque seconde le gardé-à-vue. Les simples policiers se contentent de brimades, de brusqueries, montrant que la force est de leur côté, tentant parfois d’exciter la rébellion aussitôt matée. A l’inverse, les lieutenants peuvent paraître cordiaux, mais font un usage permanent de la « minute flic ». Ils ne parlent jamais en terme d’heures, mais toujours de 5 minutes. « Vous serez libéré dans 5 minutes, on doit juste faire une vérification ». Ma GAV, qui devait être une « vérification de 5 minutes », a duré �5 heures. Pour le gardé à vue, le temps est devenu un élément central comme je l’ai écrit : il a besoin de savoir que son calvaire aura une fin, même lointaine. La « minute flic » empêche le réconfort du repère temporel et maintient le gardé-à-vue dans une horrible incertitude. La brimade du simple policier et la « minute flic » du lieutenant se renforcent souvent l’une l’autre par l’absence totale de coordination - signe du mépris total envers le gardé à vue - entre lieutenants et policiers. Exemple : un lieutenant avait finalement dit à mon compagnon de cellule qu’il serait libéré à quatre heures. A peu près vers quatre heures (il avait aperçu l’horloge au moment où l’on avait relevé son empreinte génétique), il frappe contre la porte pour se faire entendre. Le policier, entendant les appels à travers les deux portes, dit : « Il m’emmerde à taper celui-là ». 5 minutes plus tard, il se lève et passe la première porte : « Qu’est ce que tu veux, toi ? – Le lieutenant a dit que je sortirai à quatre heures. Le policier grince : - Et bah tu verras ça avec le lieutenant ». Le policier repart, et mon compagnon de cellule tambourine, tambourine, jusqu’à ce qu’il se fatigue. Quand je suis parti, vers �7 heures 30, il était encore en GAV, et il me semblait qu’il allait faire au complet les 24 heures prévues pour une GAV normale, alors que le parquet avait probablement décidé du classement sans suite de son cas plusieurs heures auparavant. La GAV, par son caractère humiliant, abaissant, inhumain (même dans le commissariat d’une ville « bourgeoise » qui m’accueillit), a clairement pour but de punir quelqu’un qui n’a pourtant même pas été mis en cause. On peut difficilement dire que la GAV est un mal nécessaire, à cause du manque de moyens et d’effectifs. En démocratie, le but premier de la police et de la justice ne devrait t-il pas être de s’assurer qu’aucun innocent n’est détenu de manière arbitraire? Il serait également naïf de croire que les policiers et les responsables ne soient pas au courant de ce caractère punitif. Lorsque j’ai demandé à un policier de me laisser parler à un officier pour régler tout cela, essayant de faire appel à l’humanité que je présumais en lui : « Je me sens mal, je n’ai pas dormi depuis trente heures, vous me refusez un Doliprane, j’ai faim, la cellule est infecte », il m’a répondu : « Oui, je sais, c’est fait pour ». Si la GAV ne punit pas un vrai délit ou un vrai crime, que punit-elle ? Il apparaît qu’elle punit le simple fait d’être suspect. Et il semble que pour les policiers, les suspects appartiennent toujours à certaines catégories de la population : jeunes, étrangers, sans abris…

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