Inauguration Place Laurent Matheron
Tournus 27 Décembre 2013
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Tournus, vendredi 27 décembre, il est 10 heures 50 minutes, devant le bureau de Poste, sur
une place encore anonyme. Le temps est maussade avec des risques de coups de vent, les tempêtes
se succèdent depuis quelques jours et Monsieur Legros, le Maire de la ville souhaite faire la
cérémonie de dévoilement rapidement, les discours se feront à l'abri dans une salle annexe de la
mairie au Palais de justice.
Les premiers arrivants discutent en petits groupes
Monsieur et Madame Pataille du Souvenir Français accueillent Monsieur René Matheron
accompagné de son épouse et de ses cousins habitants au Villars, la commune familiale
Il est 11heures, le Maire fait accélérer la mise en place
Michel Chassagne est présent avec le drapeau de Libération Nationale PTT
Premier à droite Michel Rosset qui était technicien au Centre de Câbles Laurent Matheron à Lyon-Tassin
A gauche un responsable du syndicat CGT FAPT 71, à ses côtés Madame Simone Mariotte responsable
ANACR 71, Madame Anne-Françoise Pataille est avec son porte-drapeau du Souvenir Français
et entre eux deux Monsieur Jean-Pierre Bernard de l'ACVG PTT puis Michel Chassagne
Dès que tout le monde est en place, Monsieur Jean Legros Maire de Tournus, demande à
Monsieur René Matheron de procéder avec lui au geste officiel de dévoilement de la plaque qui
attribue le nom de Laurent Matheron, résistant des PTT natif de Tournus, mort en déportation
conséquence tragique de son action héroïque avec l'équipe de Robert Keller au sein de la Source K
Les Associations fleurissent la nouvelle plaque
Monsieur Bernard Colin responsable du Comité d'Entente des Associations d'anciens
combattants de Tournus dépose la première gerbe
Puis Guy Chapuis, un des responsables de l'ANACR 69, technicien retraité de France
Telecom, de la section des retraités FAPT-CGT de Lyon et qui a largement contribué à préparer
cette cérémonie, est chargé de remettre la gerbe de Libération Nationale PTT
Monsieur Bernard Colin l'organisateur de la cérémonie demande une minute de silence et les
drapeaux s'inclinent
Monsieur Bernard Colin, Monsieur Jean Legros, Madame Cécile Untermaïer députée de la circoncription,
Monsieur Georges Duriaud, le Capitaine Allard Commandant le groupement de Gendarmerie
Monsieur Georges Duriaud responsable ANACR de Tournus met en place son orgue de
barbarie et les participants auxquels on a distribué le texte, vont entonner « le Chant des
Partisans » au son de l'instrument.
René Matheron et sa famille, Catherine Ravet-Rachard co-présidente ANACR Tournus avec Georges Duriaud
La cérémonie sur la nouvelle Place Laurent Matheron se termine par un choeur improvisé
qui interpréte avec une grande émotion Le Chant des Partisans
Comme le dira Georges Duriaud, cette place donne l'immortalité au Tournusien Laurent
Matheron
Il est 11heures 30, le rassemblement se disloque pour aller au Palais de justice écouter les
discours
La gerbe de Libération Nationale PTT
Monsieur Legros relie son intervention avec la cérémonie qui vient de se dérouler et rappelle
qu'avec le fils de Laurent Matheron il a procédé au dévoilement d'une plaque et qu'ainsi il officialise
une place Laurent Matheron à Tournus. En cela il a répondu aux sollicitations que lui ont adressé, il
y a quelques mois, les associations patriotiques Libération Nationale PTT et l'ANACR deTournus.
Avec le Conseil municipal la décision a été prise de nommer une place de la commune Laurent
Matheron.
Monsieur le Maire se dit fier d'avoir honoré aujourd'hui un « compatriote » de cette
envergure. D'après lui c'est bon pour la notoriété de la ville.
« Je passe la parole à Monsieur Louis Cardin qui vous en dira plus sur Laurent Matheron »
Discours Louis Cardin
Monsieur et Madame René MATHERON et la famille de Laurent MATHERON
Monsieur le Maire de Tournus
Madame la députée, Mesdames et Messieurs les élu(e)s
Monsieur le Capitaine de gendarmerie représentant les autorités administratives et militaires
Madame la responsable du Souvenir Français
Mesdames et Messieurs les représentants de l'Association Nationale des Anciens Combattants et
Amis de la résistance, des Associations des Anciens Combattants et Victimes de Guerre des PTT
Mesdames et Messieurs les responsables des Associations du monde combattant et de la déportation
Mesdames et Messieurs les représentants de France Telecom-Orange et du groupe La Poste
Mesdames et Messieurs
Aujourd'hui nous sommes le 27 décembre 2013. Le 27 décembre 1908, ici à Tournus,
naissait un petit garçon prénommé Laurent, fils de Laurent MATHERON et de Anne DANDELOT
issus de familles de volaillers au Villars.
C'est donc un anniversaire marqué par la décision de la municipalité de Tournus d'attribuer à
une place de la ville le nom de Laurent Matheron, que nous venons d'inaugurer en dévoilant la
plaque portant le nom de ce résistant des PTT.
Avant de revenir sur « qui était Laurent Matheron » faisons un peu d'histoire.
Au moment du déclenchement de l'offensive allemande, le 16 mai 1940 le câble de ligne à
grande distance Paris Lille est sérieusement endommagé par une bombe aux environs de Péronne.
Ce câble est vital pour le haut commandement français. La réparation est faite rapidement devant
l'ennemi par l'équipe de Robert Keller, chef de centre de relève des dérangements de Paris avec son
équipe. Robert Keller est un technicien remarquable et il a avec lui deux équipiers Pierre Guillou et
Laurent Matheron, ils travaillent en mutuelle confiance.
Le désastre de juin 1940 est irrésistible. Il fallait bien en tenir compte et particulièrement au
service des Télécommunications.
Le 12 juin après avoir mis à l'abri l'équipement de valeur, les techniciens attendront l'ordre
de détruire les installations mais le général Dentz, gouverneur de Paris vient de déclarer la capitale
« ville ouverte ». Il est donc interdit d'opérer les destructions envisagées.
Néanmoins les ingénieurs Simon et Keller vont clandestinement saboter les principaux
câbles partant de Paris. Puis ils rejoignent leurs services repliés sur la Loire.
Le 14 juin les motards de la Wehrmacht défilent sous l'Arc de Triomphe. Le 16 juin le
gouvernement Reynaud démissionne et le gouvernement Pétain est constitué. Le 17 juin le maréchal
demande d'armistice.
Le 18 juin depuis Londres Charles-de-Gaulle lance son appel solennel à la résistance.
Robert Keller n'est pas de ceux qui se rallient au vieux maréchal. Démobilisé il rejoint son
poste civil.
Les techniciens français vont reprendre leurs fonctions sous le contrôle des techniciens
allemands eux-mêmes surveillés par la Gestapo, pour remettre en état les grands circuits
interurbains et internationaux.
Pour Robert Keller, il n'était pas question d'accepter l'abandon mais continuer la lutte pour
aider la « France Libre » et les Britanniques. Il prend contact avec le corps franc « Vengeance » qui
édifie un service de renseignements avec le colonel Badré. Il est mis en relation avec le colonel
Combaux éminent technicien de l'Arme des transmissions.
Après l'armistice un pacte se noue entre l'Etat-Major de l'Armée et l'Administration des PTT
pour camoufler au sein de la Direction des Télécommunications, l'ensemble des services d'Etudes et
d'Exploitation de la Télégraphie militaire.
Le colonel Combaux avait promis au Service de Renseignements de tout tenter pour
surprendre les communications téléphoniques ennemies. Communiquer aux Alliés les secrets de
l'organisation des forces allemandes, c'était porter un coup le plus redoutable qu'il est possible de
concevoir. Mais comment faire ?
Les techniciens allemands surveillaient les moindres gestes dans les stations où un
vérificateur français était autorisé. Il fallait attaquer le câble, en pleine nature pour dériver les
circuits sur une station clandestine. Ce projet était insensé. Comment trouver les techniciens
compétents, courageux, audacieux ? Cela va se faire avec l'équipe de Robert Keller, les vérificateurs
Lobreau et Fugier, et les deux chefs d'équipe Guillou et Matheron.
Mais comment y parvenir ? Car il était de notoriété publique que les nazis utilisaient nos
grands circuits pour leurs liaisons importantes, avec un sentiment de complète sécurité. C'est en
connaissance des graves dangers encourus, que va se constituer une opération extrêmement délicate,
et c'est l'ingénieur Robert Keller qui sera chargé de la diriger.
Laurent Matheron a travaillé au Centre d'entretien des lignes souterraines grandes distance
(LSGD) de Lyon. Devenu soudeur en mars 1936, il est affecté aux lignes à grande distance en 1938
à Paris. C'est avec Pierre Guillou qu'il fait partie des membres de l'équipe de l'ingénieur Robert
Keller qui durant la drôle de guerre était chargé de la réparation des lignes téléphoniques. Dès le
début de l'occupation, les techniciens français, sous la direction de Robert Keller et sous contrôle
allemand, sont chargés de l'entretien de l'ensemble du réseau téléphonique, à l'exception des
territoires intégrés au Reich. La confiance absolue que Laurent Matheron et Pierre Guillou ont en
leur chef, leur font accepter immédiatement l'aventure périlleuse qui va permettre, en 1942, pendant
plusieurs mois, l'écoute et la transmission aux alliés des conversations téléphoniques des plus hautes
institutions allemandes et des hauts dignitaires nazis, de Hitler lui-même. L'action envisagée
consiste à établir sur les grands axes téléphoniques des dérivations permettant l'écoute, le tout sous
le regard des Allemands.
La première dérivation est établie sur le câble Paris-Metz. Il faut trouver sur le trajet une
maison libre pour placer des installations nécessaires à l'écoute, faire fabriquer et transporter
clandestinement le matériel et intervenir sur les câbles sous le contrôle des Allemands, puis trouver
un prétexte pour intervenir sur une ligne, ouvrir les fouilles, travailler sur les fils, de nuit pour
mieux déjouer la surveillance.
C'est ainsi qu'est trouvé une maison à Noisy le Grand sur le câble Paris-Metz. Laurent
Matheron technicien de ligne, se trouve sur les premières fouilles avec son camarade Pierre
Guillou et Robert Keller, la nuit du 15 août 1942. Ils opèrent sous une tente d'intempérie, à la
chandelle. Travail long et minutieux à effectuer dans l'urgence, accroupis ou à genoux et sous le
poids d'un danger extrême. Le travail commencé à 21 heures est terminé à 4h40 du matin : 70
grands circuits dérivés entre Paris et Berlin, parmi lesquels ceux de la Kriegsmarine, de la
Luftwaffe, de la Wehrmacht et de la Gestapo, étaient ainsi mis à la disposition des opérateurs de la
Résistance, les uns étaient spécialisés pour l'armée de l'air, les autres pour la marine de guerre.
Pendant cinq mois, en étroite collaboration avec les techniciens, Laurent Matheron et Pierre
Guillou, une moisson de renseignements sera collectée, suivant l'expression commune « au nez et à
la barbe » des nazis. Les alliés dénommeront cette source, « La Source K », K comme Keller.
Les circuits d'usage général écoulaient les communications des forces terrestres, de la
Gestapo, du contrôle économique et des commissions allemandes installées sur notre sol et qui
seront captés par des écoutes de la Source K.
En avril 1942 avec le retour de Pierre Laval et la nomination de René Bousquet comme
Secrétaire général de l'Intérieur pour la police, il y a renforcement des liens entre policiers
allemands et français.
Le 7 mai le lieutenant d'Himmler, Heydrich, vient de procéder à l'installation du chef de la
police allemande le général Oberg. Celui-ci lors des premiers accords déclare : « Après quelques
entretiens que j'ai eus avec Monsieur Bousquet, j'ai le sentiment que sous sa conduite énergique
l'action de la police française pourrait être encore accrue. La police française doit sous sa propre
responsabilité contribuer à la lutte contre nos ennemis communs, communistes, terroristes,
saboteurs, de concert avec les forces des SS et de la police placée sous mes ordres »
Mais le vent est en train de tourner. Le mercredi 19 août, le coup de main audacieux des
Britanniques et des Canadiens sur Dieppe, provoque une certaine panique chez les Allemands. La
Source K opérationnelle depuis avril 1942, fournit aux Alliés des renseignements incomparables. Le
colonel Combaux écrira au lendemain de la guerre : « Les renseignements recueillis furent si
abondants et précis qu'ils permirent de révéler entièrement le mécanisme de la réaction allemande ».
L'écoute sur le câble Paris Metz dura cinq mois. Mais les commérages d'auberge accusant
les opérateurs du pavillon de Noisy le Grand d'être de la cinquième colonne, constituent une
menace. Pour le colonel Combaux, il faut assurer la sécurité de l'organisation. Le 15 septembre, la
décision est prise de replier en une nuit, l'installation. Ce que font Keller, Matheron et Guillou. Le
lendemain l'évacuation est faite.
Déjà un projet plus important d'écoute était programmée , compte-tenu de l'imminence
d'opérations décisives. Effectivement, les Alliés débarquaient en Afrique du Nord et les Allemands
occupaient la zone libre. Le besoin de renseignements était accru. Le choix se portera sur le câble
Paris-Strasbourg.
La seconde opération a lieu dans les mêmes conditions, la dérivation se fait à Livry-Gargan
Cette fois Laurent Matheron et Pierre Guillou travaillent sur un câble de plus grande capacité de
484 fils. Tout est prêt le 16 décembre.
Mais les événements vont se précipiter. Le 21 décembre au cours d'une discussion
importante entre Bousquet et le responsable SS Oberg, René Bousquet livre la Source K suite à une
dénonciation.
Le 23 décembre, la Gestapo se présente chez Robert Keller qui est absent mais se livrera
pour sauver sa famille. Le vérificateur Lobreau est arrêté. Keller prend tout sur lui pour innocenter
Lobreau. Le 25 décembre ils sont emmenés à Livry-Gargan au pavillon qui est occupé par la police
allemande.
Robert Keller dit à Lobreau : « Triste Noël pour les enfants. Tu t'en tireras, moi je suis fichu.
Mais j'ai pu savoir que nous avons été dénoncés par une lettre anonyme. Il faudra que tu t'occupes
de cela ».
Le 26 décembre dans une note, Himmler le responsable SS, informe directement Hitler. Il
rend hommage au travail de collaboration de René Bousquet qui a fait connaître qu'un branchement
a été effectué sur le câble Paris-Strasbourg-Berlin pour un dispositif d'écoute sur ordre du major
Béart, officier du deuxième bureau.
Le 14 janvier arrestation de Laurent Matheron. Le 17 janvier arrestation de Pierre Guillou.
Ultime précision, il nous faut signaler que Pierre Guillou aurait pu échapper à l'arrestation. Il
refusa, pensant pouvoir rendre service à son camarade Laurent Matheron.
L'ingénieur Robert Keller et ses deux compagnons sont donc arrêtés. Interrogés, torturés, pas
un ne parlera, et c'est ainsi que tous les autres protagonistes de cette opération ne seront pas
inquiétés et ne devront leur salut qu'au silence héroïque de l'ingénieur Keller et de ses deux
compagnons.
Robert Keller, père de quatre enfants et ces chefs d'équipe Laurent Matheron, père d'un
enfant et Pierre Guillou, prendront tous les trois le chemin des camps de concentration.
Pierre Guillou et Laurent Matheron sont déportés ensemble à Wiener-Neustadt puis à Dora.
Pierre Guillou y mourra le 2 janvier 1944 et Laurent Matheron en septembre 1944.
Robert Keller quant à lui sera déporté au camp de Natweiller-Strutoff puis de Sachenhausen
près de Berlin. Il mourra le 14 avril 1945 du typhus au camp de Bergen-Belsen.
Cet épisode extraordinaire de la Résistance est à l'honneur de l'Administration des PTT, il
devait être porté à la connaissance des générations qui allaient se succéder et plus particulièrement
des jeunes. C'est un exemple de la haute compétence technique mise au service de la Résistance.
Avec la paix retrouvée, nos trois héros recevront l'hommage posthume et mérité de la
Nation.
Le 12 décembre 1948, le Centre des lignes à grande distance à Paris, recevra le nom de
Robert Keller, ainsi que la rue attenante, et une plaque sera fixée où figurent les noms de nos
camarades et de leurs décorations, qui retrace pour la mémoire les exploits de cette époque.
A la suite de travaux rendus indispensables par l'évolution des techniques, cette plaque a été
déposée momentanément en 1996, et elle a été reposée le mardi 27 janvier 1998, à l'initiative du
Directeur Régional de France Telecom en présence des représentants de Libération Nationale PTT
avec son président Jean Blanchon, de l'Association Nationale des Anciens Combattants et Victimes
de Guerre des PTT et une forte participation du personnel du Centre.
Le 23 avril 2009 pour les mêmes raisons déjà cités plus haut, nous avons fait replacé au
Centre de Lyon-Sévigné la plaque qui avait été installée le 14 février au Centre d'Amplification de
Lyon-Tassin et qui rappelle le souvenir de Laurent Matheron.
Enfin au Centre d'Amplification de Rennes, le 6 février 1948 une plaque a été apposée en
mémoire de Pierre Guillou. Une nouvelle cérémonie a eu lieu pour l'ensemble du complexe des
télécommunications du Centre Interurbain de Rennes jouxtant le Centre d'Amplification, le 8 mai
2010.
Celle-ci sera prolongée par l'inauguration d'un square Pierre Guillou dans sa commune
natale de Plonévez-Porzay dans le Finistère, le 18 juin 2011.
Puis dernièrement le 31 mai 2013, le Centre de Lyon-Sévigné est devenu le Centre Sévigné-
Matheron. Une nouvelle inauguration a eu lieu pour ce changement de nom.
Après les hommages rendus sur le plan national et régional au sein des télécommunications,
il est normal que pour Laurent Matheron comme il a été fait pour Pierre Guillou, un lieu de
mémoire dans sa commune natale soit créé.
Le faire aujourd'hui c'est très important car l'année 2014 va permettre avec la reconnaissance
officielle du 27 mai comme Journée Nationale de la Résistance, puis le 70e anniversaire de la
Libération, l'été prochain de rassembler sur les lieux de mémoire, les citoyens pour rappeler les
sacrifices héroïques des hommes et des femmes qui ont préféré combattre que d'accepter la
servitude.
La Source K était en fait plus large que celle de l'ingénieur Keller avec des dérivations sur
les câbles, elle comprenait aussi les résultats d'écoutes occasionnelles fort intéressantes faites par le
personnel des centraux téléphoniques et télégraphiques des PTT. Vous pourrez retrouver des
témoignages d'opératrices dans le livre qui vient d'être publié : « Les femmes des PTT et la Seconde
Guerre mondiale » de notre Secrétaire Général, Charles Sancet.
La liberté, l'amour, la poésie, cette trilogie de valeurs indissociables sont hautement
revendiquées par Robert Desnos, au temps du surréalisme. En janvier 1944, une ultime note :
« Pas besoin de se tourmenter, comme dans la chanson, c'est l'amour qui nous rendra la poésie,
sous la poésie la liberté ».
Et il nous renvoie à ces quelques vers :
« Après le sombre orage
Vient le soleil doré
Après notre esclavage
Viendra la liberté
C'est l'amour qui flotte dans l'air à la ronde
C'est l'amour qui console le pauvre monde
C'est l'amour qui rend chaque jour la gaieté
C'est l'amour qui nous rendra la liberté »
Robert Desnos est arrêté en février 1944, déporté. Il mourra libéré du camp de Terezin en
Tchécoslovaquie le 8 juin 1945. Il dira aux jeunes Tchèques autour de lui: « Oui Desnos, poète
français, c'est moi »
Avant de terminer je voudrais faire état d'une lettre de Laurent Matheron, envoyé de
Compiègne en avril 1943. C'est une lettre empreinte d'une infinie tendresse et d'affection qui
commence par :
« Ma petite femme chérie, Mon grand René
Je pars en Allemagne (il a rayé le mot Allemagne, qui reste lisible !) pour une destination
inconnue, ne m'envoie plus de colis à Compiègne… »
Il se veut rassurant :
« … Je suis en très bonne santé, excellent moral, le temps est beau. Si tu t'ennuies à Paris,
pars au Villars, notre petit garçon pourra naviguer à son aise… »
Pour les prochains colis à sa nouvelle destination, il indique qu'il aura besoin de linge,
surtout du savon et des vivres : «… C'est toujours l'estomac qui travaille… ».
Il a faim ! Il ne peut le cacher
Il évoque son garçon qu'il trouvera beaucoup grandi dit-il, à son retour.
Il s'inquiète sur la paye des PTT (Les PTT ont effectivement cessé les versements de salaire
dès les arrestations).
Parmi les épouses, seule Madame Guillou a un petit emploi. La solidarité sera effectuée par
collectes clandestines parmi le personnel des industriels travaillant pour les Lignes souterraines à
grande distance, acquis à la cause de la résistance, notamment la SAT. Londres versera aussi. Ce qui
permettra d'assurer le traitement intégral aux familles.
Cette copie nous a été fournie par René Matheron
C'est par cette lettre qui nous émeut tous que je termine mon intervention en remerciant à
nouveau Monsieur le Maire d'avoir créé cette place à la mémoire de Laurent Matheron, je remercie
aussi Monsieur René Matheron, les associations d'anciens combattants, et vous toutes et tous d'avoir
participé. A Tournus, il y avait un homme illustre le peintre Jean-Baptiste Greuze, aujourd'hui vous
en avez un second, avec le technien des PTT Laurent Matheron héros de La Source K, le patrimoine
de la ville s'est enrichi.
Merci de votre attention, je passe la parole à Monsieur Duriaud pour l'ANACR de Tournus.
Georges Duriaud axe son intervention sur le Conseil National de la Résistance.
Il reprend tout l'historique, la création du Conseil de la Résistance dans une réunion
clandestine le 27 mai 1943 au 48, rue du Four à Paris sous la direction de Jean Moulin. Il détaille sa
composition pluraliste et il développe le programme du CNR de mars 1944 dont on fêtera le
printemps prochain le soixante-dixième anniversaire. Georges Duriaud apprécie au nom de
l'ANACR que le 27 mai date de la création du CNR soit enfin reconnue comme date officielle
Journée de la Résistance. Il termine en rappellant les différentes commémorations et manifestations
en 2014.
Monsieur Legros invite les personnes présentes au vin d'honneur
Louis Cardin rejoint la table de presse où les brochures de la Source K ont été en nombre
insuffisant, il y des déçus et il présente le livre de Charles Sancet (cinq exemplaires seront diffusés)
En quittant les lieux, après avoir pris congé de Monsieur Legros, de Monsieur et Madame
René Matheron, avec Michel Chassagne, Guy Chapuis et Michel Rosset, nous nous renseignons
pour un restaurant. Dans les rues de la ville nous remarquons que devant les bureaux de tabac et de
presse, le présentoir du Journal de la Saône et Loire annonce la cérémonie du matin. Le journaliste
avait demandé quelques jours plus tôt à Louis Cardin un article pour décrire Laurent Matheron ; la
parution fut réalisée in-extrémis, le jour de l'inauguration.