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Mairet A., Salager E.La folie hystérique. Paris : L’Harmattan ; 1999. 252 p.

L’introduction de D.F. Allen et D. Nobus à cereprint d’un grand classique de lapsychopathologie (précédente édition en 1910), permet de reconstituer la chaîne de penséequi a permis à la folie hystérique de survivre... entendons : de ne pas être systématiquementconfondue avec la psychose ou plus précisément encore avec la schizophrénie. Un enjeu detaille qui déchire le champ de la psychopathologie depuis sa construction et qui ne cesse defaire retour dans l’approche des malades. Les cliniciens apprécieront.

Claude Navelet

© 2003 Publié par Éditions scientifiques et médicales Elsevier SAS.doi:10.1016/S0014-3855(03)00109-9

Moreau de Tours P.Suicides et crimes étranges Paris : L’Harmattan, coll.« Psychanalyse et Civilisations, série Trouvailles et Retrouvailles » ; 2000. 151 p.

Encore une réédition, sous forme dereprint cette fois (première édition en 1899). On ytrouve une collection de suicides et crimes étranges peut-être, abominables aussi et surtoutintemporels. La psychopathie vue par ce Moreau de Tours (ne pas confondre avec son père)est elle-même examinée à partir de plusieurs angles : étude des moyens et des motifs dusuicide pour conclure à l’impossibilité de classer systématiquement les suicidés commealiénés, ainsi qu’à l’existence de différents degrés dans l’aliénation ; catalogue de crimesexécutés froidement, avec acharnement, dans lesquels l’auteur estime pouvoir toujourstrouver les repères d’une authentique aliénation avec cette précision : « Il ne faut pasdire eneffet que, parce qu’un criminel ne rentre pas dans le cadre nosologique des psychopathies,il doive être considéré comme jouissant de la plénitude de son libre arbitre. [...] Il existe descas d’irresponsabilité physiologique que, dans l’intérêt de la science et de la vérité, il fautdistinguer de l’irresponsabilité pathologique. » (p.50) L’auteur entre dans la discussionétiologique en rappelant les circonstances de l’avènement de la théorie de la dégénéres-cence et en la discutant en relation avec celle de la contagion, et il propose de classer lescauses les plus fréquemment avancées par les criminels : ivresse, intoxication (« solanéesvireuses »), passions, crimes à deux, jalousie, viol (comme motif de crime, et non commecrime), profanation de cadavres, et aussi imitation (que l’auteur rapproche de la contagion).Dans la deuxième partie de l’ouvrage, l’auteur étudie les « attentats contre les enfants »dont les causes sont énumérées : aberration du sentiment, mauvais naturel, âpreté au gain,etc. La conclusion de l’étude est abrupte : l’auteur, comparant les suicidés et les criminels,relève des analogies pour conclure toujours à la force de l’hérédité : « Cherchez, fouillezleurs antécédents. Vous trouverez toujours, nous ne craignons pas de le dire, une taremorbide qui donne l’explication des actes auxquels ils se livrent. » (p. 138). Si levocabulaire est daté et si la théorisation est courte, Moreau de Tours n’élude pas le

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