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Page 1: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

Mémoire de maîtrise

Histoire - Patrimoine

Université de Bretagne Sud

2001

Pegot Ogier

L’aventure

du Nouvelliste du Morbihan.

Du journal à l’écran.

Gil Van Meeuwen

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L’aventure du Nouvelliste du Morbihan.

Du journal à l’écran.

AVANT-PROPOS

L’objet de ce mémoire de maîtrise est le Nouvelliste du Morbihan et l’intégration de

ses collections au plan de microfilmage et de numérisation de la presse ancienne du

Morbihan.

La question centrale vise à montrer en quoi et comment le Nouvelliste du Morbihan, journal

local à diffusion départementale, devient l’objet de la mise en valeur du patrimoine qu’il

représente.

Introduction

La presse écrite a pour fonction première d’informer. Sous la Troisième République,

bénéficiant d’un texte de loi libéral en 1881, elle est le vecteur de communication le plus

influent sur les opinions publiques. Jusqu’à l’apparition de la radio, puis de la télévision, elle

était l’unique média populaire.

En effet, les journaux ont l’avantage de la diversité des opinions et du détail au plus

près des réalités vécues localement ; notamment celles relayées par la presse provinciale. Ils

conservent leur valeur de témoin du temps présent, et deviennent éléments tangibles, fixant

l’événement sur le papier.

Quand un article nous concerne particulièrement, nous le découpons et il est archivé

précieusement. La presse participe au tissage de la trame de notre mémoire individuelle et

collective. Les périodiques relus quelques années plus tard deviennent un conservatoire des

faits, avec une analyse de peu de recul, plus ou moins partiale, résultant du traitement

« À chaud » de l’actualité.

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En Bretagne la mémoire avait retenu certains titres emblématiques, La Dépêche de

Brest, L’Ouest Eclair, Le Nouvelliste du Morbihan. C’est bien peu représentatif de la richesse

éditoriale de la presse bretonne de la seconde moitié du dix-neuvième siècle à la Seconde

Guerre mondiale. En Morbihan, un recensement de la presse de cette époque fait état de 226

titres d’information générale et politique. A peu près la moitié de ceux-ci ont été publiés à

Lorient. Le Nouvelliste du Morbihan est celui qui connut la plus longue durée. Ce journal

diffusé de 1887 à 1944, s’inscrit dans un véritable lignage de presse éditée à Lorient, de la

création de la Feuille hebdomadaire de la ville de Lorient en 1790 au dépôt de bilan de

Liberté du Morbihan en 1995.

Le Nouvelliste représentant de la presse d’information accompagne le développement

de Lorient sous la Troisième République, mais ce n’est pas un titre d’envergure régionale,

comme l’a été L’Ouest-Eclair. Cet organe de presse populaire très apprécié des Lorientais est

un journal diffusant l’actualité générale et locale de la vie de Lorient « la jolie ». Le

Nouvelliste, chronique fidèle de la cité et des ports de Lorient, a fixé sur son fragile papier des

pans entiers de la mémoire d’une ville disparue. Ce titre rend compte dans le détail de la vie

quotidienne de la cité portuaire et des faits marquants ou anodins des autres communes du

département. Le volet des nouvelles nationales ou internationales, selon l’actualité prend une

place plus ou moins importante. Ces informations qui sont contenues dans bien d’autres

journaux parisiens ne présentent ici qu’un intérêt secondaire ; sauf bien sûr quand elles ont

des retombées au plan local ou qu’elles sont sujettes à des commentaires particuliers. Mais le

Nouvelliste s’affichant non engagé politiquement est avare dans ses prises de positions. Il se

contente généralement de réaliser une revue de presse ou de reprendre les communiqués des

agences.

Pour l’élaboration de l’histoire contemporaine les organes de la presse ancienne

nationale et provinciale sont une source documentaire reconnue, rendue disponibles sous la

forme de microfilm depuis des années. La presse locale qui dormait jusqu’à présent dans

l’ombre des réserves des bibliothèques, car trop fragile pour être consultée, bénéficie de

programmes de numérisation et va redevenir accessible.

La presse ancienne locale est une base documentaire précieuse pour les chercheurs

en histoire ou les curieux en quête de mémoire.

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Cette source historique donne au rythme de sa parution la matière qui alimentait les

conversations, l’actualité politique, économique, sociale. Les faits divers, les comptes rendus

d’audience des tribunaux apportent l’éclairage cru sur la société et les mœurs qui les

suscitent. Le journal local, par la présentation sélective, son interprétation des faits nous

donne le regard des contemporains sur eux-mêmes. Sa lecture aujourd’hui peut permettre de

retrouver le vécu d’un territoire, sa vie matérielle et sa culture.

Lorient sous la Troisième République est une ville portuaire en pleine mutation

urbaine et économique. Au terme du dix-neuvième siècle la reconversion militaro-industrielle

réussie, l’espace portuaire de Lorient va se développer dans les domaines marchands et

halieutiques de Kergroise à Keroman. Le journal relate au jour le jour ce changement des

crises de la pêche côtière à l’inauguration du slipway du port de pêche, se fait l’écho de

l’expansion urbaine de la ville. Témoin des grands drames de son siècle, cet organe

d’information local donne une identité aux victimes des catastrophes naturelles et à

l’hécatombe du premier conflit mondial. Ses colonnes relatent fidèlement les changements de

la société.

Les lames de fond de l’histoire européenne vont bouleverser le bel optimisme du

progrès en cours. La défaite consommée en 1940, le quotidien humiliant de l’occupation, la

reprise des communiqués militaires victorieux des U.Boote vont placer le journal au cœur de

la tragédie. Les bombes, l’exode des réfugiés, le relais de la propagande de Berlin et de Vichy

scellent le destin du titre lorientais exilé à Vannes. Il disparaît dans les lendemains vengeurs

de la Libération.

La collection du journal, notamment celle de la bibliothèque municipale tient une

place particulière au cœur des Lorientais, elle reste un des rares dépositaires de la mémoire

d’une cité disparue. La ville reconstruite après la guerre a perdu la quasi-totalité de son

patrimoine architectural civil. Une partie de sa mémoire culturelle et de la vie éditoriale

d’avant-guerre est partie en fumée.

Document rare, la collection intégrale du Nouvelliste du Morbihan représente un

volume de 60 000 pages. C’est un ensemble à préserver, à transmettre aux générations futures.

Le plan de microfilmage et de numérisation de la presse ancienne du Morbihan répond à ce

besoin, c’est une véritable renaissance dans le domaine des possibilités de diffusion. Cette

opération alliant sauvegarde et communication de ce patrimoine écrit est un investissement

lourd mobilisant des moyens financiers et techniques importants. Ceci ne peut s’envisager que

sous la forme de partenariat entre les différentes institutions culturelles du département.

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L’aventure du Nouvelliste du Morbihan, du journal à l’écran.

La presse à Lorient est riche d’une tradition éditoriale où s’inscrit le Nouvelliste. Des

générations de titres de presse ayant paru de la Révolution à la Seconde Guerre mondiale le

précèdent et l’accompagnent dans son développement.

L’aventure du Nouvelliste dure cinquante-huit années, elle peut être retracée de sa

fondation en 1886, à sa disparition en 1944, grâce aux collections archivées.

Les collections du Nouvelliste conservées au fils des ans, sont devenues un des

supports de la mémoire collective morbihannaise et lorientaise. Le plan de microfilmage et de

numérisation de la presse ancienne du Morbihan est l’aboutissement de la logique d’une

gestion moderne du patrimoine écrit. Celle-ci tend à répondre au double enjeu de la

conservation par le transfert sur un support plus durable et du retour au public de son héritage

culturel.

LA PRESSE LORIENTAISE DE LA REVOLUTION A LA SECONDE GUERRE

MONDIALE.

De la fin du XVIIIe siècle à la fin de la Seconde Guerre mondiale, les archives attestent

l’existence d’au moins 140 périodiques d’information publiés à Lorient.

Le premier organe de presse lorientais est créé en 1790, La Feuille hebdomadaire de

la ville de Lorient paraît pendant deux années.

Il faut attendre 1802 pour que sorte le second titre local, Le Courrier de Lorient et du

Morbihan. Ce journal est le premier d’un lignage de titres qui se succèdent sans interruption

jusqu’au 28 octobre 1995.

La Deuxième Guerre mondiale est fatale à la forme première de la ville de Lorient.

Outre les immeubles ruinés, rasés, puis reconstruits, la mémoire locale a subi de terribles

amputations. La bibliothèque municipale n’a pu mettre à l’abri qu’une petite partie de ses

collections, notamment celle des journaux. Les monuments ayant quasiment tous disparu, il

ne reste de ce que fut Lorient d’avant la guerre que ce patrimoine écrit très fragile constitué de

la presse locale.

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Le but de cette étude succincte est de replacer le Nouvelliste du Morbihan dans son

contexte et de pouvoir le positionner dans la presse publiée à Lorient.

Premier journal publié à Lorient.

Les sources

La bibliothèque municipale de Lorient, les Archives départementales du Morbihan et

la Bibliothèque Nationale1 ont collecté cette source documentaire. Le Nouvelliste a été aussi

archivé au journal lui-même. Les volumes ont été conservés par la Liberté du Morbihan. Ils

sont actuellement la propriété de Presse Océan à Nantes.

1 Dépôt légal.

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Deux auteurs, contemporains du Nouvelliste, ont écrit sur l’histoire de la presse

lorientaise. Le premier en 1884, René Kerviler2 dans son Essai d’une bibliographie des

publications périodiques de la Bretagne en dresse un état détaillé. L’autre, Louis Chaumeil en

1936, dans le numéro du cinquantième anniversaire du Nouvelliste3, brosse une esquisse de

l’histoire de la presse lorientaise.

Louis Cren a commencé la rédaction d’une monographie intitulée Les journaux de

Lorient. Ce brouillon sous la forme de quelques pages d’un cahier nous apporte quelques

données succinctes (Fonds Louis Cren4, Médiathèque de Lorient).

En 1977, Nicole Coisel a dressé un descriptif quasi exhaustif de la presse

morbihannaise de 1865 à 19445 et Lucien Raoul dans Un siècle de journalisme breton de

l’Académie celtique à la Glorieuse Bretagne des armées apporte certains éléments

complémentaires sur les auteurs et les titres proches des mouvements régionalistes bretons.

René Kerviler écrivait en 1884, dans son introduction à Essai d’une bibliographie des

publications périodiques de la Bretagne :

« La bibliographie des périodiques constitue le chapitre le plus difficile à aborder de

la science bibliographique. La plupart de ces publications sont éphémères ; on les conserve

rarement complètes : et pour les journaux bretons en particulier, nous avons constaté avec

peine qu’on n’en retrouve de collections, sauf des exceptions très rares, ni chez les

imprimeurs, ni dans les greffes des tribunaux, ni dans les bibliothèques des municipalités, ni

dans les archives départementales. Après dix ans de recherches, nous croyons cependant être

parvenus à découvrir le cycle à peu près complet de nos publications périodiques dans

quelque ordre d’idées que ce soit, et nous présentons aujourd’hui les résultats de notre

2 Kerviler (R), Essai d’une bibliographie des publications périodiques de la Bretagne. Département du

Morbihan, Rennes, Librairie Ancienne et Moderne de J. Plihon, 1884

3historique repris dans : Chaumeil (L), Esquisse d’une histoire de la presse lorientaise (brochure n°6)

in Histoire et petite histoire de Lorient, tome I, Lorient, Imprimerie du Nouvelliste du Morbihan,

1939

4 Louis Cren (Lorient 1881 – 1962) a été instituteur, adjoint au maire de Lorient, sous-ingénieur des

travaux publics, président des amis du vieux Lorient, secrétaire général de la fédération nationale

d’instituteurs de France et des colonies, Officier de la Légion d’Honneur, Croix avec palmes, médaille

d’Arras, Commandeur des Palmes Académiques. Il a notamment rédigé en 1940 « Histoire générale

des rues de Lorient – Monographie des rues de Lorient» et en 1946 « Mon vieux Lorient ».

5 Coisel (N), Bibliographie de la presse française politique et d’information générale 1865 - 1944 /

56 Morbihan, Paris, Bibliothèque Nationale, 1977.

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travail aux lecteurs du Bibliophile Breton, en les priant de vouloir bien nous adresser toutes

les rectifications ou tous les compléments qui seraient à leur connaissance. En pareille

matière, on n’est jamais certain de n’avoir rien laissé échapper ».

LIGNAGES EDITORIAUX DES JOURNAUX LORIENTAIS

Les groupes de presse

Les titres de la presse d’information générale, politique ou culturelle lorientaise

peuvent être regroupés par lignages éditoriaux. Si l’on assiste à une véritable inflation des

parutions de 1870 à 1914, après la Première Guerre mondiale se produit une progressive

concentration. La présence du Nouvelliste du Morbihan est de plus en plus affirmée dans le

paysage de la presse lorientaise et morbihannaise.

Durant un siècle et demi, près d’une cinquantaine de personnages dirigent et animent

la presse lorientaise, tous horizons politiques et culturels confondus.

Les groupes de presse les plus marquant sont représentés sous formes

d’organigrammes. (nota : les journaux paraissant uniquement à l’occasion des élections sont

n’ont pas été retenus.)

Pour le groupe L’Abeille, les noms des responsables sont Charles Gousset, Eugène

Grouhel, de 1842 à 1871, puis Louis Chamaillard jusqu’en 1917. Sa ligne politique de passe

du mouvement réformateur, à celui des républicains puis des bonapartistes pour basculer

après le second empire vers le parti des blancs. Des liens existent avec La Croix du Morbihan

où l’on retrouve Louis Chamaillard en compagnie de Xaxier Hostin. Dans ce groupe se

tiennent aussi Le Lièvre de la Morinière, Loeïz Herrieu, André Mellac et Roger Le Bayon.

De l’autre côté de l’échiquier politique existe le groupe du Phare de Bretagne, organe

radical, sous la férule de Corfmat, Amelot, puis Ernest Collignon et Boyer.

Concernant L’Avenir de la Bretagne, le responsable principal est Baumal.

Le lignage dont est issu Le Nouvelliste du Morbihan est explicité dans le chapitre le

concernant.

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L’Abeille – Le Morbihannais – La Croix du Morbihan

Journaux édités à Lorient de 1842 à 1917

1842 – 1847

L’Abeille

Réformateur

Hebdo

1847 – 1848

Journal de Lorient Information / républicain

Hebdo

1848 –1848

Le Patriote breton

Républicain

Tri-hebdo

1848 – 1849

L’Union démocratique

Républicain

Bi-hebdo

1849 – 1871

L’Abeille de Lorient

Bonapartiste / légitimiste

Hebdo / bi-hebdo

1871 – 1879

Journal du Morbihan

Blanc / catholique

Tri-hebdo

1872 - 1917

Le Courrier des campagnes

Blanc / catholique

hebdo

1879 – 1917

Le Morbihannais

Blanc / catholique

Tri-hebdo

1891 – 1893

Le Télégramme Infos locales

Quotidien

1893 – 1895

Le Lorientais et le

Télégramme réunis

Blanc/catholique

Hebdo

1891 - 1906

La Croix du Morbihan

Blanc / catholique

hebdo

1892 – 1894

La Liberté

morbihannaise

Blanc / catholique

tri-hebdo

1899 – 1899

Les Nouvelles lorientaises

Blanc/catholique

Hebdo

1907 – 1907

Le Réveil breton et la Croix

du Morbihan

Régionaliste / catholique

Hebdo

1905 – 1944

Dihunamb

Culturel breton

Mensuel

1908 – 1914

La Croix du Morbihan

Blanc / catholique

hebdo

1908 – 1915

L’Echo du Morbihan

Blanc / catholique

Hebdo

1908 – 1914

Le Pays breton

Et le Réveil breton

Régionaliste / hebdo

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Le Phare de Bretagne

Journaux édités à Lorient de 1872 à 1914

1872 – 1876

L’Impartial lorientais

Républicain

Bi-hebdo

1883 – 1894

Le Phare des campagnes

Républicain

Hebdo

1879 – 1914 Le Phare de Bretagne

Républicain

Bi-hebdo

1889 - 1892

Indépendant de la

Bretagne

républicain

bi-hebdo

1892 – 1892

Le Démocrate du

Morbihan

Républicain

bi-hebdo

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L’Avenir de la Bretagne

Journaux édités à Lorient de 1885 à 1903 par D. Baumal

1885 - 1887

L’Avenir de Lorient

Infos locales

hebdo / bi/tri-hebdo

1886 – 1887

La Bretagne

Républicain

bi-hebdo / tri-hebdo

1887 – 1901

L’Avenir de la Bretagne

Républicain

tri/bi-hebdo / hebdo

1897 - 1902

La République du

Morbihan

Républicain

hebdo

1890 - 1898 ?

L’Union universitaire

Bimensuel

1902 - 1903

Le Petit Breton

républicain

hebdo

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Fédération républicaine indépendante

1903 – 1911

L’Union libérale du Morbihan

Républicain

Hebdo

1912 – 1914

L’Indépendance républicaine

[Fédération républicaine

indépendante]

républicain

hebdo

1921 – 1924

Liberté du Morbihan

[Fédération républicaine

indépendante]

républicain

hebdo

titre absorbé par

Le Morbihan

1911 – 1942

[journal édité à Rennes

[Ouest éclair]

républicain

hebdo

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Le Nouvelliste du Morbihan

Journaux édités à Lorient de 1802 à 1995

1802 – 1812

Le Courrier de Lorient et du

Morbihan

Infos locales

Bi-hebdo

1812 – 1843

Affiches, annonces et avis

divers de la ville de Lorient.

Infos locales

Bi-hebdo

1842 – 1842

La Revue de Lorient

Annexe d’un journal

parisien

Mensuel

1843 – 1858

Le Lorientais

Légitimiste

Puis

Bonapartiste

Hebdo

1882 - 1884

L’Annonce Bretonne

Républicain

Hebdo

1859 – 1886

Le Courrier de Bretagne

Bonapartiste

puis

Républicain

Bi-hebdo

1883 - ?

La Korrigane

Culturel

Bi-hebdo

1883 - 1884

Le Nouvelliste du Morbihan

Républicain

Hebdo

1886 – 1944

Le Nouvelliste du

Morbihan Information / républicain

Bi/tri-hebdo / quotidien

1893 –1895

Le Biniou Culturel

1895 – 1915

Le Clocher breton

Culturel

1917 -1920

L’Ouest maritime

Information / républicain

Bi-hebdo

-------------------------------

1919 – 1942

L’Ouest républicain

Information / républicain

Hebdo

1917 - 1920

Le Nouvelliste de Lorient

Information / républicain

Bi-hebdo

1923 – 1942 L’Eclair du Finistère

Information / républicain

Bi-hebdo / hebdo

1944 – 1944 Le Morbihan libéré

Quotidien

1923 – 1942

Le Petit Lorientais

Annonces – Hebdo

1944 – 1995

La Liberté du Morbihan

Quotidien

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IDEOLOGIES DES ORGANES POLITIQUES ET D’INFORMATION DE LA PRESSE

LORIENTAISE.

Au terme du regroupement des différents lignages de titres se dégagent cinq groupes,

celui issu de l’Abeille, du Phare de Bretagne, de l’Avenir de la Bretagne, de la Fédération

républicaine indépendante et celui du Nouvelliste du Morbihan. Ils sont les porte-paroles des

grands courants d’opinion qui animaient le quotidien des Lorientais.

Les journaux publiés à Lorient véhiculent les grandes idéologies du temps. Il faut

attendre la fin du Second Empire pour que les opinions s’affrontent, Bleus contre Blancs, Le

Phare de Bretagne, républicain et laïque contre son contre-modèle, Le Morbihannais.

La Grande Guerre est une césure marquante concernant la presse lorientaise. A la fin

du conflit nous constatons la disparition d’une grande partie des titres, notamment ceux des

Blancs.

Il est possible à partir de l’étude des notices des titres de classer les journaux lorientais

par grandes familles politiques. Le premier journal imprimé localement date de 1790, il était

républicain, organe de la Révolution.

Le parti des Blancs est représenté de 1871 à 1914 par 11 titres. Les bonapartistes vont

successivement bénéficier du soutien de quatre journaux jusqu’en 1883.

Les idées républicaines sont représentées à Lorient par près de 50 journaux et le

mouvement socialiste est crédité de 8 organes dont le premier s’affiche en 1897. Le Rappel du

Morbihan, créé en 1899 connaît dans cette période trois arrêts de parution, en 1900, 1914 et

1939.

Le domaine culturel lui est riche de 16 parutions, dont deux en breton. Dihunamb

paraît quarante années, de 1905 à 1944. La mouvance politique régionaliste est éditée à

Lorient à partir de 1907, par le biais de 3 titres successifs.

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Début Fin Titre Ligne éditoriale

1939 1939 Effort (L’) Parti populaire

français

1871 1879 Journal du Morbihan Blanc / catholique

1872 1917 Courrier (Le) des campagnes Blanc / catholique

1879 1917 Morbihannais (Le) Blanc / catholique

1891 1914 Croix (La) du Morbihan Blanc / catholique

1892 1894 Liberté (La) morbihannaise Blanc / catholique

1893 1895 Lorientais (Le) et le Télégramme réunis Blanc / catholique

1895 1909 Arvor (L’) Blanc / catholique

1895 1914 Courrier (Le) morbihannais Blanc / catholique

1899 1899 Nouvelle (Les) lorientaises Blanc / catholique

1908 1915 Echo (L’) du Morbihan Blanc / catholique

1910 1914 Action (L') bretonne [Vannes] Blanc / catholique

1843 1858 Lorientais (Le) Légitimiste /

bonapartiste

1849 1871 Abeille (L’) de Lorient Bonapartiste /

légitimiste

1859 1886 Courrier (Le) de Bretagne Bonapartiste /

républicain

1882 1883 Appel (L’) au Peuple Bonapartiste

1842 1847 Abeille (L’) Réformateur

1899 1944 Ouest-Eclair (L’) Démocrate-chrétien

1898 1899 Vérité (La) lorientaise Indépendant

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Début Fin Titre Ligne éditoriale

1902 1917 Courrier breton, Nouvelles du Morbihan Information

1912 1912 Dernière heure Information

1912 1944 Nouvelliste (Le) de Vannes Information

1923 1942 Petit (Le) Lorientais Information

1929 1932 Echo (L’) du Morbihan, de Basse Bretagne et de

l’Ouest

Information

1802 1812 Courrier (Le) de Lorient et du Morbihan Infos locales

1812 1843 Affiches, annonces et avis divers de la ville de

Lorient.

Infos locales

1871 1871 Phare (Le) du Morbihan Infos locales

1876 1944 Avenir (L’) du Morbihan Infos locales

1885 1887 Avenir (L’) de Lorient Infos locales

1889 1891 Flotte (La) Infos maritimes

1891 1893 Télégramme (Le) Infos locales

1929 1931 Echo (L’) de Lorient et du Morbihan Info locale

1847 1848 Journal de Lorient Information /

républicain

1886 1944 Nouvelliste (Le) du Morbihan Information /

républicain

1917 1920 Ouest (L’) maritime Information /

républicain

1917 1921 Nouvelliste (Le) de Lorient Information /

républicain

1919 1942 Ouest (L’) républicain Information /

républicain

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Début Fin Titre Ligne éditoriale

1790 1791 Feuille hebdomadaire de la ville de Lorient Républicain

1879 1914 Phare (Le) de Bretagne Républicain

1882 1884 Annonce (L’) Bretonne Républicain

1883 1884 Nouvelliste (Le) du Morbihan Républicain

1883 1894 Phare (Le) des campagnes Républicain

1884 1942 Progrès (Le) du Morbihan Républicain

1884 1942 Union (L’) agricole du Finistère Républicain

1885 1885 Bonhomme (Le) breton Républicain

1886 1887 Bretagne (La) Républicain

1887 1887 Cloche (La) bretonne Républicain

1887 1888 Petit Lorientais Républicain

1887 1889 Semaine républicaine Républicain

1887 1901 Avenir(L’) de la Bretagne Républicain

1889 1892 Indépendant de la Bretagne Républicain

1889 1892 Patriote (Le) breton Républicain

1890 1890 Alarme Républicain

1890 1890 Lorientais (Le) Républicain

1892 1892 Démocrate (Le) du Morbihan Républicain

1893 1893 Réveil (Le) du Morbihan Républicain

1894 1894 Eclaireur (L’) Républicain

1897 1902 République (La) du Morbihan Républicain

1901 1901 Union (L’) démocratique du Morbihan Républicain

1902 1902 Cloche (La) d’alarme Républicain

1902 1902 Tempête (La) morbihannaise Républicain

1902 1903 Petit (Le) Breton Républicain

1903 1905 Réveil (Le) du Morbihan Républicain

1903 1911 Union (L’) libérale du Morbihan Républicain

1904 1904 Petit (Le) Lorientais Républicain

1905 1910 Démocratie (La) du Morbihan Républicain

1908 1910 Action (L’) républicaine du Morbihan Républicain

1910 1914 Union (L’) républicaine. Araok ! Républicain

1910 1928 Araok Républicain

1911 1942 Morbihan (Le) [journal édité à Rennes / Ouest

éclair]

Républicain

1912 1914 Indépendance (L’) républicaine [Fédération

républicaine indépendante]

Républicain

1919 1919 Etincelle (L’) Républicain

1921 1924 Liberté (La) du Morbihan [Fédération républicaine

indépendante]

Républicain

1928 1929 Démocratie (La) du Morbihan Républicain

1939 1940 Eveil (L’) du Morbihan Républicain

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17

Début Fin Titre Ligne éditoriale

1897 1897 Tribune (La) du Morbihan Républicain /

socialiste

1897 1898 Avant-garde (L’) du Morbihan Républicain /

socialiste

1899 1900 Rappel (Le) du Morbihan Républicain /

socialiste

1900 1902 Dépêche (La) de Lorient Républicain /

socialiste

1901 1902 Petite (La) république du Morbihan Républicain /

socialiste

1902 1902 Classe (La) ouvrière de Lorient Républicain /

socialiste

1929 1930 Nouvelles (Les) de Lorient, du Morbihan, de

Bretagne et de l’Ouest.

Républicain /

socialiste

1909 1909 Eveil (L’) socialiste du Morbihan Socialiste

1911 1914 Rappel (Le) du Morbihan Socialiste

1926 1939 Rappel (Le) du Morbihan Socialiste

1903 1903 Travailleur (Le) breton Syndicaliste

1934 Bulletin mensuel du Syndicat unitaire des

travailleurs réunis du port de Lorient

Syndicaliste

1927 1927 Droits (Les) de l’homme Ligue des droits de

l'homme

1847 1848 Asmodée Culturel

1873 1874 Revue (La) populaire Culturel

1876 1876 Revue Caprice Culturel

1882 1883 Lorient-Théâtre Culturel

1883 ? Korrigane (La) Culturel

1885 1887 Lorgnette (La) de Bisson Culturel

1889 1891 Avenir (L’) illustré du Morbihan Culturel

1889 1896 Caprice-Revue Culturel

1891 1927 Croix (La) de l’île de Groix Culturel

1893 1893 Programme (Le) Culturel

1893 1895 Biniou (Le) Culturel

1895 1915 Clocher (Le) breton Culturel

1897 1898 Mer (La) Culturel

1898 1899 Lorientaises soirées Culturel

1904 1905 Moniteur (Le) artistique de Bretagne Culturel

Page 19: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

18

Début Fin Titre Ligne éditoriale

1905 1944 Dihunamb Culturel / breton

1912 1914 Brittia Culturel / breton

1907 1907 Réveil breton (Le) et la Croix du Morbihan Régionaliste /

catholique

1908 1914 Pays (Le) breton et le Réveil breton Régionaliste

1920 1944 Réveil (Le) breton Régionaliste

1875 1875 Feuille (L') du cultivateur Agricole

1877 1879 Echo des intérêts agricoles et vétérinaires de

l’arrondissement de Lorient

Agricole

1842 1842 Revue (La) de Lorient Annexe d'un journal

parisien

1882 1882 Echo (L’) de Lorient Annexe d'un journal

parisien

1888 1889 Petit Phare (Le). Edition du Morbihan Suite du «

Petit Lorientais »

Annexe d'un journal

nantais

1923 1942 Cri (Le) du poilu de l’Union nationale des

combattants

Anciens

combattants

(classé à droite)

1934 1938 Lorient-Sports (Le) Sport

1894 1894 Commerce (Le) lorientais Economique

1910 1910 Essor (L’) industriel, commercial et financier Economique

1931 1932 Nouvelles (Les) morbihannaises Economique

Page 20: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

19

La lorgnette de Bisson 1885-1887.

La presse lorientaise est riche de titres, aux premiers temps de la Troisième

République. Les idéologies politiques s’affrontent aux travers d’organes locaux, parfois

virulents. Mais, force est de constater que le courant républicain est majoritaire, face aux

journaux des Blancs.

Les journaux d’information traversent les régimes et se succèdent en lignages

ininterrompus, depuis le début du XIXe siècle.

Le plus célèbre est Le Nouvelliste du Morbihan. Son histoire s’identifie avec

l’évolution de Lorient sous la Troisième République. Journal grand public, il s’impose à partir

de 1914 comme le quotidien du soir de référence dans la région lorientaise.

La vie du journal, les idées qui l’animent, son évolution commerciale, le miroir qu’il

nous renvoie de son temps sont autant d’éléments qui nous incitent à considérer la valeur de

ce patrimoine.

L’exemplarité de l’aventure du Nouvelliste donne du sens à la logique du plan de

microfilmage et numérisation de la presse ancienne du Morbihan.

Page 21: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

20

I L’aventure du Nouvelliste du Morbihan

La collection de presse ancienne la plus consultée à la Médiathèque de Lorient est

celle du Nouvelliste du Morbihan. Ce journal est rendu disponible à la consultation sous

forme numérisée chez l’ensemble des partenaires du plan de microfilmage et de numérisation

de la presse ancienne du Morbihan.

Une histoire du Nouvelliste du Morbihan : les sources

Les éléments servant à dresser l’histoire du Nouvelliste du Morbihan sont issus du

journal lui-même. Le récolement de l’ensemble de la collection a permis de réunir un

ensemble d’information.

Le Nouvelliste a produit des historiques, plus ou moins succincts sur le journal

apportant ainsi des éléments de premier choix. Ces regards sur lui-même ont paru les premiers

janvier 1888, le six août 1893, le 19 octobre 1899, puis les premiers janvier 1907, 1914, 1922

et 1925. Les deux plus conséquents sont issus de numéros spéciaux, le deux mars 1926 et le

30 décembre 1936.

De cet ensemble documentaire il est possible de réunir des données sur l’histoire

matérielle du Nouvelliste, des hommes et des idées qui l’animaient. Ces éléments qui

présentent la vie du journal à son avantage, sans aucun recul critique sont quasiment les seuls

qui existent pour évoquer l’histoire du Nouvelliste.

Toutefois, concernant les dernières années du Nouvelliste nous avons une interview

d’Alexandre Catherine dans Lorient Hebdo n°76 et 77 (semaines du 14 et du 21 septembre

1974), Nous disposons également d’éléments dans l’Histoire de la spoliation de la presse

française (1944-1955) de Hisard et dans La presse bretonne dans la tourmente6 (1940-1946)

de Freville.

6 Cet ouvrage se réfère au compte-rendu du procès du Nouvelliste lors de la période d’épuration, il

serait consigné aux Archives d’Ille et Vilaine à Rennes.

Page 22: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

21

1 - 1 UN TITRE : LE NOUVELLISTE DU MORBIHAN

La galerie des ancêtres.

Le Nouvelliste du Morbihan est un organe de presse qui s’inscrit dans une lignée de

titres7 qui se succèdent à Lorient tout au long du 19e siècle pour se prolonger jusqu’en 1995.

Cette suite directe s’achève avec le dépôt de bilan de La Liberté du Morbihan.

A l’origine se trouve Le Courrier de Lorient et du Morbihan, de la famille Le Coat

Saint-Haouën. Ce bihebdomadaire est publié sous le Consulat, puis sous l’Empire de 1802 à

1812. Il diffuse des informations politiques, maritimes et commerciales.

A partir du 1er janvier 1812 il devient les Affiches, annonces et avis divers de la ville

de Lorient. Jusqu’en 1843, le titre est dirigé tour à tour par Le Coat Saint-Haouën père, puis

par son fils et par Mme Le Coat.

Le nom du journal change deux fois, il est appelé Affiches de Lorient puis au mois de

juillet 1841, il reprend son nom initial, d’Affiches, annonces et avis divers de la ville de

Lorient.

En 1843, sous le règne de Louis-Philippe, le journal est repris par l’imprimerie

Baudoin. Il devient Le Lorientais, un hebdomadaire. Le journal est dirigé successivement par

la veuve Baudoin, ensuite par Mme Godinet-Gastrique, puis M Daguineau et enfin par M

Peuchant.

En 1851, il absorbe le journal légitimiste vannetais La Bretagne et s’appelle Le

Lorientais-La Bretagne, journal politique, judiciaire, maritime et des intérêts communaux,

c’est alors un trihebdomadaire. Ses principaux collaborateurs sont MM. de Cadoudal et de

Livonnière.

Le Lorientais devient partisan de l’Empire, en 1852. Sous la direction de l’imprimeur

Peuchant, il prend le titre de Lorientais-Bretagne. Ce journal disparaît en 1859 à la mort de

son propriétaire. Le matériel de l’imprimerie est acheté par L.J. Victor Auger, qui fonde le

Courrier de Bretagne, mais il n’y a pas de succession immédiate avec Le Lorientais.

7 Dans un article du dimanche 1er janvier 1922 un éditorialiste du Nouvelliste du Morbihan fait état des

ancêtres lorientais du journal.

Page 23: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

22

Le Courrier de Bretagne est un bihebdomadaire, publié à Lorient du 8 septembre

1859 au 21 octobre 1886. Il est dirigé de 1859 à 1883 par L.J. Victor Auger, puis de 1883 à

1886 par Druilhet-Lafargue, au 100 de la rue du Port.

Un arrêté du Ministre de l’intérieur, daté du 16 août 18598, autorise Auger à créer à

Lorient, un journal traitant de matières politiques et des questions d’économies sociales.

Arrivé à Lorient depuis trois jours Auger lance le premier numéro du Courrier de Bretagne le

8 septembre 1859. Le rédacteur en chef du journal remercie le gouvernement impérial de sa

confiance et se déclare au service de l’ordre et du progrès bonapartiste.

Le propriétaire et rédacteur en chef du Courrier de Bretagne, L.J. Victor Auger est un

ancien journaliste (1848/1852), collaborateur de divers journaux politiques et littéraires de

Paris. Il est membre de la Société des Gens de Lettres. C’est un partisan de Napoléon III, sa

ligne éditoriale reflète son attachement au pouvoir en place.

Selon ses propres termes, le journal souhaite informer ses lecteurs dans les domaines

politiques, maritimes, agricoles par le biais de ses correspondants départementaux, régionaux,

et parisiens. Un feuilleton est publié régulièrement, signé par des écrivains amis du directeur.

Ce titre lorientais à vocation départementale est diffusé à Lorient, Vannes, Ploërmel et

Pontivy.

Malgré sa place marquée dans la presse régionale son tirage baisse vers 1880. Le 25

mars 1883 le journal passe aux mains de Druillet-Lafargue, républicain indépendant. Le

journal change radicalement de tonalité politique tout en conservant la même forme.

L’imprimerie Druilhet-Lafargue garde le même titre, la même parution et le même format au

Courrier. Le sous-titre change et devient Courrier de Bretagne - Journal Lorientais.

Le titre principal est accompagné par un second journal, L’Annonce Bretonne, journal

hebdomadaire, commercial, industriel, de 1882 à 1884.

Selon ce qui est indiqué dans le catalogue de la bibliothèque de la ville de Lorient,

dressé en 1896, le Courrier de Bretagne a cessé de paraître pour cause d’incendie. Le dernier

numéro archivé à la Bibliothèque Nationale de France date du 21 octobre 1886, 86e année.

Il est à noter, pour confirmer la succession ininterrompue de ce lignage de journaux

que le numéro d’année du dernier exemplaire du Courrier est la 86e année, ce qui correspond

8 Informations issues du premier numéro du Courrier de Bretagne.

Page 24: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

23

à la création du premier journal de la filiation, le Courrier de Lorient et du Morbihan ;

sachant que l’année 1842 des Affiches, annonces et divers avis de la ville de Lorient porte le

n°41.

Le Nouvelliste du Morbihan de 1883.

Un second titre, apparenté au Courrier de Bretagne, est lancé le 14 mars 1883, le

Nouvelliste du Morbihan. Journal du peuple. Druilhet-Lafargue diffuse cette parution

hebdomadaire du samedi qui reprend les informations du titre principal.

En 1884 s’effectue la fusion des deux hebdomadaires annexes du Courrier de

Bretagne, Le Nouvelliste du Morbihan et L’Annonce Bretonne.

La deuxième série de la forme première du Nouvelliste, intitulée Le Nouvelliste du

Morbihan et Annonce Bretonne réunis, semble, selon René Kerviler, n’avoir été tirée que

quelques mois.

Alexandre Cathrine écrit qu’à la suite du décès de l’imprimeur Druillet-Lafargue, sa veuve

continue quelques temps à faire paraître le Nouvelliste du Morbihan puis cesse. Il semble que

ce titre s’interrompe au printemps 1884. (Le numéro 14 de 1884 est le dernier exemplaire de

cette série archivé aux Archives départementales du Morbihan).

UN NOUVEAU JOURNAL A LORIENT

A la fin de l’année 1886 Alexandre Cathrine a succédé comme maître imprimeur à

Druillet-Lafarge.

Dans le premier numéro du Nouvelliste il est écrit : « …Le Nouvelliste qui a été dans

le principe une annexe du Courrier de Bretagne, l’un des plus anciens journaux politiques et

qui depuis longtemps a fait autorité dans le département, a changé de propriétaire et est

aujourd’hui une fusion de ces deux feuilles. »

Le Courrier de Bretagne a cédé la place au Nouvelliste du Morbihan. Le premier

numéro du Nouvelliste paraît le jeudi 30 décembre 1886.

Page 25: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

24

Le Nouvelliste du Morbihan

Le 1er numéro

Page 26: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

25

Page 27: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

26

Jeudi 30 décembre 1886 : lancement du Nouvelliste du Morbihan d’Alexandre

Cathrine

Le journal a été préparé dans la journée du 26 et 27 décembre et tiré le 28 par

l’Imprimerie Lorientaise (ancienne imprimerie du Courrier de Bretagne), dont le gérant est A.

Guyomar. Il sort à 11 heures du soir. Porté dès le petit jour au kiosque et chez les marchands

de la ville, ce tirage se vend rapidement.

Le journal démarre son existence, paraissant deux fois la semaine, daté du mardi et le

vendredi, au prix de 10 centimes.

Le Nouvelliste du Morbihan, Organe des intérêts du département – Feuille d’annonces

Judiciaires et Commerciales se présente sur un format de quatre pages de 42 x 30 cm. Ses

bureaux et son imprimerie se tiennent au 100 de rue du Port à Lorient.

Alexandre Cathrine choisit le Nouvelliste du Morbihan, comme titre pour son journal.

Pour lui, son sens est simple : il apporte les nouvelles du Morbihan.

Un sous-titre complète la formule initiale « Organe des intérêts du département ».

Reprenant la suite du Courrier de Bretagne, Le Nouvelliste du Morbihan n’est pas l’organe

d’un parti.

Pourquoi ne pas prolonger le titre d’origine ?

Selon Alexandre Cathrine, le Courrier de Bretagne a soutenu de violentes polémiques,

et s’est forgé une image négative quelques mois avant sa reprise.

Cette affirmation laconique nous laisse sur notre faim. Contre qui, dans quel contexte ?

Pourquoi avancer cet argument ?

Avant 1883, le journal était engagé du côté des bonapartistes. Idéologie divisée et

rapidement obsolète après la défaite de 1870 et le décès du prince impérial Eugène Louis-

Napoléon, en 1879 lors des combats du Zoulouland en Afrique du sud. En 1885 elle soutient

Boulanger puis en 1893 se confond avec la droite monarchiste et révisionniste.

L’image du Courrier étant brouillée, c’est le titre de Nouvelliste du Morbihan qui est

choisi, ce nom étant utilisé au préalable par une édition hebdomadaire annexe du Courrier de

Bretagne.

Page 28: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

27

Le sous-titre du Nouvelliste varie pendant la guerre 14/18 pour devenir Journal

Républicain. Feuille d’Annonces Judiciaires et Commerciales, puis en 1921, Journal

Républicain Quotidien. Feuille d’Annonces Judiciaires et Commerciales. Après 1941 il reste

Quotidien du Soir. Journal d’Annonces Judiciaires et Commerciales.

L’idée d’un journal indépendant

Le Nouvelliste diffuse les actualités générales et locales, se rangeant dans la presse

indépendante d’information. Il se veut le reflet précis de l’actualité lorientaise et

morbihannaise, optant pour une ligne de neutralité politique.

Le succès commercial du Nouvelliste dans la région lorientaise vient du fait qu’il reste

tout au long de son existence un organe de presse de proximité, dosant avec habileté ses

informations nationales, locales et départementales. Journal grand public, républicain modéré,

il revendique une certaine impartialité.

L’objectif des rédacteurs est « de rendre compte de tout ce qui est capable d’intéresser

les lecteurs, de différents niveaux d’éducation et de toutes les sensibilités politiques, en

réalisant une synthèse de ce qui s’écrit dans les journaux d’opinions diverses ». Ils réalisent

de fait une revue de presse facile à lire reprenant les éléments essentiels des informations

générales.

Pour André Degoul9, avant la création du Nouvelliste il n’y a pas de journal local à

Lorient, « les feuilles qui existaient alors étaient surtout des feuilles d’opinion, dont le rôle

était de soutenir telles ou telles doctrines, telles ou telles personnalités. ». Le Nouvelliste est

né de l’idée de « réaliser un journal de tous, accessible à tous, indépendant et impartial ; être

le journal pratique, le journal utile et, en même temps le journal honnête et sain10 ».

Cette affirmation encensoir doit être pondérée car l’organisation de presse du

Nouvelliste est avant tout commerciale, elle a la volonté d’être grand public ; c’est à dire

disposer d’un lectorat potentiel le plus large possible.

9 André Degoul, conservateur de la bibliothèque municipale de Lorient de 1933 à 1939. Après le décès

d’Alexandre Cathrine, père, en 1920, il est rédacteur en chef du Nouvelliste jusqu’en 1923. ( voir

l’article sur A. Degoul dans le Nouvelliste du 14/12/1932 et sa biographie dans Un siècle de

journalisme breton de Lucien Raoult).

10André Degoul, discours lors des obsèques d’Alexandre Cathrine.

Page 29: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

28

Le commentaire d’un autre Lorientais contemporain est plus critique, selon Louis

Cren, dans un historique succinct de la presse locale, « ce journal à faits divers était

pauvrement rédigé ; très lu par la population ouvrière et commerçante de notre ville. »

La critique est sans nuances sur la qualité rédactionnelle, mais elle reconnaît la

popularité du journal à Lorient.

La presse de Province sous la Troisième République

Le jeune Nouvelliste trouve dans son époque un cadre bénéfique. La presse en

province tient un rôle de premier plan sous la Troisième République. Selon J. Kayser en 1892,

il existait 257 « quotidiens » départementaux et locaux, 89 villes avaient le leur. Ce chiffre

n’intègre pas les hebdomadaires, bi et tri-hebdomadaire parfois publiés à l’échelon du canton.

L’intérêt politique de la presse de province, des quotidiens départementaux, des

hebdomadaires d’arrondissement est évident. Les journaux sont en contact direct avec les

populations auxquelles ils s’adressent. Ils ont une pratique du journalisme politique très au

fait des réalités de leur territoire, qui selon les courants d’opinion répond à la demande de leur

lectorat. Dans la forme, toutefois, il y a peu de différence avec les journaux parisiens.

La presse régionale suit les mêmes courants que ceux de la presse parisienne, mais le

développement de l’information locale et la création des éditions multiples vont lui permettre

de s’attacher une clientèle rurale

La presse de province entre les deux guerres augmente son tirage au détriment des

journaux de la capitale. En parallèle s’effectue une concentration des titres absorbés par

d’autres, plus forts.

Les progrès techniques ont donné à la presse de province un avantage sur la presse

parisienne ; les grands quotidiens régionaux ont créé à Paris des bureaux de rédaction qui

transmettent les informations recueillies de toutes parts. Le journal de Paris arrive donc en

Province avec un léger décalage par rapport à son concurrent local.

Mais la presse de Province se trouve elle-même confrontée à une redoutable

concurrence avec le développement de la radio elle ne peut plus s’aligner sur l’instantanéité

des informations nationales et internationales diffusées sur les ondes. Son avantage reste alors

Page 30: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

29

celui de la circulation de l’information de proximité et de l’information locale. Renseignée par

un réseau d’informateurs et de correspondants, elle est sur le terrain, au plus près du lectorat.

Le journal local informe ses concitoyens sur ce qui se passe dans sa région, dans sa

ville. De plus, le développement de l’automobile permet de ravitailler quotidiennement en

presse l’ensemble des communes.

Au total, on a compté près de 2 000 périodiques11 provinciaux, dont l’histoire s’est

calquée sur l’évolution politique des régions.

De 1914 à 1939, le tirage de la presse de province passe de 4 à 6,5 millions

d’exemplaires, mais en même temps le nombre de titres est réduit de 240 quotidiens en 1914 à

175 en1939.

Cette presse, en 1939 est rattachée à deux syndicats, celui des quotidiens de province

ou le consortium de la presse régionale catholique, qui à lui seul contrôle alors onze

quotidiens et une quarantaine d’hebdomadaires.

Dans le Nord, trois puissants quotidiens se partageaient la clientèle, Le Grand Echo du

Nord (créé à Lille en 1819), Le Réveil du Nord (créé en 1889), Le Journal de Roubaix

( créé en 1856). Deux autres titres sont notables, Le Progrès de la Somme, Le Journal

d’Amiens.

Dans l’Est deux titres dominent, L’Eclaireur de l’Est de Reims et L’Est républicain de

Nancy. En Alsace on trouve avant-guerre une presse généralement bilingue, Les Dernières

Nouvelles de Strasbourg, La France de l’Est de Mulhouse et L’Elässer Bôte.

Lyon possède plusieurs grands journaux, principalement, Le Progrès, Le Nouvelliste et

le doyen fondé en 1848, Le Salut Public. Plus au Sud on trouve Le Petit Dauphinois.

Dans le Midi, à Marseille le plus ancien Le Sémaphore remonte à 1828, mais les plus

gros tirages concernent le Petit Marseillais, le Petit provençal et Marseille-Matin. A Nice on

trouve L’Eclaireur de Nice et Le Petit Niçois. A Montpellier il y a L’Eclair et Le Petit

Méridional, à Toulouse, La Dépêche des frères Sarraut dont l’influence rayonne sur 30

départements et L’Express du Midi.

11 Histoire de la presse parisienne, René Mazedier,Edition du Pavois, Paris 1945 ( p 270).

Page 31: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

30

A Bordeaux, trois grands journaux se partagent le lectorat, La Petite Gironde qui tire

chaque jour plus de vingt éditions, La France de Bordeaux, et La Liberté du Sud-Ouest.

Dans le Centre de la France paraissent Le courrier du Centre à Limoges, La Tribune à

Saint-Etienne, Le Centre à Montluçon, L’Avenir du Plateau central et Le Moniteur à

Clermont-Ferrand, La Dépêche du Centre à Tours et le Journal du Loiret à Orléans.

Dans l’Ouest, le plus ancien est Le Journal de Rouen fondé en 1762. Citons encore,

Cherbourg Eclair, le Journal du Havre et La Dépêche de Rouen.

En Bretagne12 il existe en Ille et Vilaine, La Bretagne, Le Nouvelliste de Bretagne,

Maine, Anjou, Normandie et L’Ouest Eclair.

L’Ouest Eclair est fondé en 1899 par l’abbé Trochu, de tendance « sillioniste13 ». Il va

être diffusé sur 15 départements de l’Ouest, dont les Côtes du Nord, la Loire Inférieure, le

Finistère et le Morbihan, il est publié dans 16 éditions locales (tirage jusqu’à 500 000

exemplaires).

A Nantes, on trouve Le Phare de la Loire, de Bretagne et de Vendée. Dans le

Finistère La Dépêche de Brest et de L’Ouest est diffusée en 5 éditions locales.

Dans le département du Morbihan, outre L’Ouest Eclair, l’autre quotidien est Le

Nouvelliste du Morbihan, diffusé à Lorient et dans sa région. Ces journaux coexistent avec

quatre hebdomadaires notables, Le Morbihan14, Le Nouvelliste de Vannes, La Revue

Economique de l'Ouest15 et L’Ouest Républicain16 de la société éditrice du Nouvelliste du

Morbihan.

La concurrence

Le Nouvelliste se veut un organe d’information lorientais et morbihannais. Il n’a

jamais eu d’ambition régionale : il va diffuser entre les deux guerres deux éditions

12 A few facts about France, Service d’Information – Mission militaire de liaison administrative,

( US Army) 1944

13 Le Sillon (1894-1910), revue de Marc Sangnier, prônant un catholicisme social.

14 30 000 exemplaires 15 5 000 exemplaires 16 15 000 abonnés

Page 32: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

31

hebdomadaires complémentaires, L’Eclair du Finistère et L’Ouest Républicain, l’une

couvrant le Finistère, l’autre le Morbihan.

L’Ouest-Eclair refoule petit à petit le Nouvelliste de la partie orientale du département.

Son édition du Morbihan date de janvier 1921, celle de Lorient arrive fin novembre 1941.

Le Nouvelliste du Morbihan publié pendant 58 années, du 30 décembre 1886 au 05

août 1944, a coexisté avec d’autres organes de presse pour devenir en 1939 le seul journal

d’information lorientais et le seul quotidien du Morbihan.

La concurrence lorientaise

A Lorient, la presse locale ou départementale concurrente du Nouvelliste a de

nombreux représentants au succès variable. Bien évidemment les journaux parisiens ou

régionaux sont également présents.

Dans un article du Nouvelliste du 28 février 1897, on cite La Lanterne et son

supplément L’Intransigeant, Le Petit Parisien et autres journaux de la capitale.

Afin d’évaluer la concurrence, il peut être pertinent de dresser un bilan chronologique,

ne retenant que les parutions au minimum hebdomadaires ; les journaux électoraux sont

également écartés.

Le premier numéro du Nouvelliste du Morbihan du 30 décembre 1886 se trouve face à

dix autres journaux locaux à Lorient. Il va devoir gagner son lectorat sur ses concurrents, il

s’engage dans une conquête commerciale et éditoriale.

Comment se démarquer de ce qui existe déjà ? Il est nécessaire de se positionner en

décalage par rapport aux autres titres lorientais. Alexandre Cathrine décide de s’inscrire dans

le créneau du journal d’information apolitique. Sa neutralité éditoriale se situe entre

opportunisme et orléanisme, évoluant dans le cadre républicain lorientais.

Ses concurrents engagés dans le débat idéologique sur sa droite, pour le parti des

Blancs, Le Morbihannais(1879-1917) et Le Courrier des campagnes (1872-1917).

De l’autre côté, chez les Bleus se trouvent Le Phare de Bretagne (1879-1914), Le

Phare des campagnes (1883-1894), Le Progrès du Morbihan (1884-1942) et La Bretagne

(1886-1887).

Page 33: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

32

Il existe aussi trois titres à vocation d’information générale. L’Avenir du Morbihan

(1876-1944) est édité à Vannes, L’Union agricole du Finistère (1884-1942) à Quimperlé.

Quant à L’Avenir de Lorient (1885-1887), il disparaît rapidement.

Enfin, dans le domaine culturel lorientais on trouve La Lorgnette de Bisson (1885-

1887).

S’il n’en reste qu’un…

Du 30 décembre 1886 au 05 août 1944, le Nouvelliste du Morbihan va coexister plus

ou moins longtemps, selon les titres, avec 83 périodiques locaux17, ayant un tirage au moins

hebdomadaire.

Lorient, sous la Troisième République voit donc sa presse locale vivre une véritable

explosion de titres. En affinant les chiffres, on peut voir évoluer la multiplicité des parutions.

Ainsi de 1886 à 1914 il existe 63 titres paraissant à Lorient. Sur ce nombre 47 ont une

existence supérieure à une année, 24 supérieure à 3 ans, 15 supérieure à 10 ans.

En 1908 les radicaux-socialistes publient La Dépêche de Lorient, imprimé Cours de

Chazelle. Mais ce journal ne trouve pas le succès escompté. Il cesse de paraître et son matériel

est racheté par le Nouvelliste.

Une vingtaine de journaux, au moins, naissent et disparaissent à Lorient entre 1887 et

1899.

Début Fin Années de

parution Titre

1886 1887 2 Bretagne (La)

1887 1888 2 Petit Lorientais

1887 1889 3 Semaine républicaine

1888 1889 2 Petit Phare (Le). Edition du Morbihan Suite du

« Petit Lorientais »

1890 1890 1 Alarme

1889 1891 3 Avenir (L’) illustré du Morbihan

1889 1891 3 Flotte (La)

1889 1892 4 Indépendant de la Bretagne

1889 1892 4 Patriote (Le) breton

1891 1893 3 Télégramme (Le)

1893 1893 1 Programme (Le)

17 Ce chiffre n’inclut pas les journaux publiés à l’occasion d’élections.

Page 34: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

33

1893 1893 1 Réveil du Morbihan (Le)

1892 1894 3 Liberté (La) morbihannaise

1894 1894 1 Eclaireur (L’)

1893 1895 3 Lorientais (Le) et le Télégramme réunis

1897 1898 2 Avant-garde ( L’) du Morbihan

1897 1898 2 Mer (La)

1898 1899 2 Lorientaises soirées

1898 1899 2 Vérité (La) lorientaise

1899 1899 1 Nouvelle (Les) lorientaises

Le Nouvelliste, au début du siècle, se félicite déjà de sa constance, Alexandre Cathrine

s’auto-satisfait de sa réussite commerciale : « Leur durée éphémère et notre succès

grandissant ont montré que notre programme avait donné satisfaction à tous. »

Après 1914, on assiste à un resserrement de la multiplicité des titres paraissant à

Lorient. De 1914 à 1944, 26 titres coexistent avec le Nouvelliste.

Sur l’ensemble de la presse lorientaise à cette époque 23 ont une existence supérieure

à une année, 17 supérieure à trois ans, 12 supérieure à 10 ans.

Après 1930 il reste 12 titres locaux en concurrence avec le Nouvelliste, à Lorient.

En 1940, ils sont 6 ; Le Nouvelliste du Morbihan est le seul quotidien Lorientais. On

retrouve trois titres existant déjà en 1886, L’Avenir du Morbihan, Le Progrès du Morbihan,

tous deux hebdomadaires de Vannes et L’Union agricole du Finistère, un tri-hebdomadaire de

Quimper. L’Eveil du Morbihan, hebdomadaire, crée en 1939 disparaît à l’automne 1940.

L’Ouest républicain et le Petit Lorientais sont des titres hebdomadaires édités par la société

propriétaire du Nouvelliste.

Cependant la position dominante du Nouvelliste à Lorient ne se fait pas sans

compromis. La création en 1929 de la Presse de Basse Bretagne S.A. marque un tournant. Le

Nouvelliste qui appartient désormais à cette société est pour un temps dirigé par un

représentant de l’abbé Trochu, de L’Ouest Eclair. Mais en 1932 le Nouvelliste reprendra son

indépendance.

Le récit détaillé de ses événements est relaté dans le chapitre concernant Alexandre

Cathrine fils.

Page 35: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

34

L’union fait la force

Le syndicat de la presse morbihannaise.

Le Nouvelliste ne fonctionne pas uniquement dans une logique de marché. Il prend

part active à la vie de la corporation et se positionne rapidement comme un interlocuteur

incontournable dans ce milieu.

Il semble manquer aux journaux morbihannais un organe commun leur donnant plus

de poids face à des problèmes communs. Au mois d’août 1890 est fondé le syndicat de la

presse morbihannaise ; il se déclare ouvert à tous les journaux du département, sans exception

d’opinion.

L’Avenir de la Bretagne, L’Avenir illustré de l’Ouest, L’Avenir du Morbihan, La

Flotte, L’Indépendant de Bretagne, le Journal de Ploërmel, Le Journal de Pontivy, Le

Lorientais, Le Phare des campagnes, Le Phare de Bretagne, L’Union universitaire et Le

Nouvelliste du Morbihan y adhèrent dès l’origine.

Ce syndicat comprenant les rédacteurs, les propriétaires et administrateurs des

journaux a pour objet :

«- de défendre en toute occasion où il jugera utile les intérêts moraux et matériels de

ses membres.

- de défendre les intérêts communs des journaux syndiqués par tous les moyens que le

syndicat jugera nécessaires

- de servir de tribunal arbitral et d’honneur dans tous les conflits pouvant surgir entre

ses membres en matière de presse

- de venir en aide à ceux de ses membres qui seraient dans le besoin, tant en leur

fournissant des secours en raison des ressources communes qu’en leur prêtant un appui pour

la recherche d’emplois nouveaux. »

Les premiers élus de ce syndicat sont, comme délégué Le Beau, du Phare de

Bretagne, et Baumal, de L’Avenir de la Bretagne, secrétaire-trésorier.

Les journaux de cette association professionnelle sont partisans de l’idéologie

républicaine. Le Nouvelliste s’intègre à ce bloc, face à celui la presse des Blancs.

Page 36: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

35

Quelques temps plus tard Alexandre Cathrine fonde avec d’autres directeurs de

journaux l’Association professionnelle des journalistes de l’Ouest, il y prend une place

éminente.

Une résonance nationale : le Congrès du Syndicat des Quotidiens de Province

La presse morbihannaise évolue après la Première Guerre mondiale un grand nombre

de titres disparaît. Le Nouvelliste est devenu l’unique quotidien du Morbihan, il atteint une

notoriété nationale à la fin des années trente.

Ce nouveau statut se confirme, lorsque le 24 juin 1938, il reçoit dans ses bureaux, le

Congrès du Syndicat des Quotidiens de Province. Une quarantaine de journaux est représentée

sous la présidence d’Ernest Gaubert. Alexandre Cathrine, est le trésorier de cette association.

Le Progrès de la Somme, le Salut Public, Le Département, L’Alsacien, Le Mémorial,

Paris-Centre, Le Républicain, Le Petit Comtois, Le Journal de Fécamp, Le Petit Haut-

Marnais, Le Sémaphore, La Gazette de Biarritz, Cherbourg-Eclair, Le Patriote de Pau, Le

Journal d’Amiens, Le Télégramme de Boulogne et Le Républicain Lorrain font partie de cette

réunion.

A la fin des années 30 Le Nouvelliste du Morbihan est à son apogée.

Le Nouvelliste du Morbihan s’est imposé à Lorient malgré une véritable floraison de

titres concurrents. Quotidien depuis la grande guerre, il connaît un succès grandissant. Journal

républicain d’information, il s’adresse à la population urbaine, maritime et rurale de la région

lorientaise. Il agrandit son lectorat entre les deux guerres par la diffusion de deux

hebdomadaires en Finistère et Morbihan. Son succès est soutenu par un solide groupe de

presse régionale qui rayonne autour de Lorient sur le sud de la Bretagne et par une évolution

technique, toujours à la pointe du progrès, dans le domaine de l’imprimerie.

A la direction du journal, depuis sa création, se trouve la famille Cathrine, Alexandre

le père, puis le fils.

1 – 2 LA DYNASTIE CATHRINE

Le Nouvelliste du Morbihan, tout au long de son histoire, est le journal d’une famille.

Cette dynastie par ses publications et son implication dans la vie locale va marquer de son

empreinte la cité lorientaise de la fin du dix-neuvième siècle à la Seconde Guerre mondiale.

Page 37: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

36

Alexandre Cathrine père, le fondateur.

Alexandre Cathrine est né à Pontivy, alors Napoléonville, le 07 mai 1860. Il est issu

d’une famille d’artisans. Ils s’installent peu après cette naissance à Lorient, dans le quartier

de Kerentrech. Alexandre a deux frères18 et une sœur.

A 12 ans il fait son apprentissage de typographe à l’imprimerie Chamaillard, 67 rue du

Morbihan, à Lorient (devenue ultérieurement imprimerie Bayon), puis part à Nantes pour se

perfectionner dans son métier.

Il revient à Lorient en 1886, âgé de 26 ans. Maître imprimeur il succède à Druillet-

Lafarge, à la tête du Courrier de Bretagne.

Le Courrier de Bretagne est acheté à la veuve de Druillet-Lafarge par les deux frères

Charles et Alexandre Cathrine pour fonder Le Nouvelliste du Morbihan le 30 décembre 1886.

Le capital investit se monte à 4 000 francs or, la moitié de cette somme est constituée

d’un emprunt. Alexandre devient bientôt l’unique propriétaire, Charles prenant en charge

l’imprimerie.

En 1893, le patron du Nouvelliste se marie avec une demoiselle Guyomar de

Ploemeur. Ses parents lui apportent une dot constituée du fruit de la vente de leur ferme de

Kerolay, terrain vendu à l’armée pour la construction du quartier Frébault. De cette union

vont naître deux garçons et une fille, Alexandre, Georges et Yvonne.

La dot est investie dans l’achat d’une rotative Marinoni à quatre pages, pouvant tirer

12 000 exemplaires à l’heure. Alexandre déménage au 93 de la rue du Port.

Dans les colonnes du journal on présente Alexandre Cathrine comme un entrepreneur

avisé, et un employeur paternaliste. Patron fidèle à la mentalité de la bourgeoisie de son

temps, ses devises sont « In labore salus » et « Sois sévère pour toi-même, indulgent avec les

autres ». Il se veut proche de ses ouvriers, car ancien typographe et paraît ouvert aux idées

sociales modérées de son temps. Alexandre Cathrine est le premier entrepreneur à Lorient, à

créer une retraite pour ses employés, par versements mensuels qu’il double. Au mois de juillet

14 Auguste, Charles ; le prénom de sa sœur n’est pas cité dans les écrits d’Alexandre Cathrine parus

dans le Nouvelliste.

Page 38: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

37

1920, il reçoit la médaille d’argent du Ministre du Travail, au titre de la Caisse Nationale des

Retraites pour la vieillesse.

Devenu notable de Lorient, il reçoit les palmes académiques des mains du ministre de

la Marine, Pierre Baudin, en 1913, lors des fêtes du lancement de la Provence. Par deux fois il

siège au Tribunal de Commerce comme juge (la seconde fois en 1920) Dans le monde de la

presse, il est reconnu. C’est un des fondateurs, et un membre important de l’Association

professionnelle des journalistes de l’Ouest.

Page 39: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

38

Habile administrateur et travailleur infatigable, il a accompli en quelques années

l’essor de son organisation de presse.

En 1914, quand la guerre arrive, malgré la désorganisation générale, le départ d’une

partie de son personnel au front et le rationnement du papier, il réussit le tour de force de faire

passer le tirage de son journal de trois à six fois par semaine.

Ses deux fils sont mobilisés. L’aîné, Alexandre, officier de complément dans

l’infanterie, puis dans les chars, revient après 43 mois de service en première ligne. Georges,

le second, étudiant en médecine, est réformé en 1917, après avoir été gazé sur le front de la

Somme, en avril. De retour, gravement malade, il décède des suites de ses blessures, fin

septembre 1925.

Après la guerre, Alexandre Cathrine crée en juin 1920 un second organe de presse

moins centré sur Lorient, L’Ouest Républicain. Ce nouveau journal est dirigé par son fils

Alexandre.

Alexandre Cathrine meurt subitement d’une embolie pulmonaire le 4 novembre 1920,

à l’âge de 60 ans.

Charles Cathrine, le frère du fondateur.

Charles Cathrine, est né à Kérentrech (Lorient) en février 1868. Tout comme son frère,

il a fait son apprentissage à l’imprimerie Chamaillard de Lorient. Après la fondation du

Nouvelliste en 1886, il prend la tête des services de l’imprimerie dont il dirige l’ensemble des

évolutions techniques tout au long de sa carrière. Dans le domaine social, il est l’un des

créateurs de la société de secours mutuels « L’Industrielle », dont il est le président quelques

années. Il décède à la fin du mois de décembre 1933, après être resté paralysé depuis le début

du mois d’avril de la même année.

Alexandre Cathrine, fils, le successeur.

Le 14 novembre 1920, Alexandre Cathrine, fils, annonce en première page qu’il prend

la direction du Nouvelliste. Il écrit « Le meilleur hommage que je puisse rendre à la mémoire

Page 40: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

39

du créateur de ce journal, est de maintenir son œuvre dans la ligne de conduite qu’il avait

tracée. »

Le fils aîné a 26 ans quand il succède à la direction du journal de son père. Il devient le

directeur du Nouvelliste et plus tard administrateur délégué de la société de Presse de Basse-

Bretagne. Un triumvirat gère l’affaire, le fils aîné est épaulé par sa mère et son oncle Charles.

Page 41: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

40

Alexandre Cathrine, fils – en 1936

Alexandre Cathrine poursuit l’expansion du Nouvelliste. Il fait adapter les ateliers aux

évolutions techniques de l’imprimerie et entreprend des agrandissements ; il inaugure en 1926

les nouveaux immeubles du Nouvelliste.

Alexandre Cathrine revendique sa qualité d’ancien combattant. Chevalier de la légion

d’honneur, au printemps 1923, Croix de guerre (5 citations), il s’est notamment distingué

comme lieutenant au 505e régiment de chars de combat lors de l’offensive en 1918. Malgré ce

passé militaire élogieux, il ne s’engage pas dans le domaine politique. C’est un personnage au

caractère vif et au tempérament autoritaire.

Il se présente un esprit ouvert, intéressé par l’évolution du monde. Il se dit inspiré par

Herbert Spencer19 et écrit en 1926, dans le Nouvelliste que « l’avenir nous réserve des

sociétés dont nous ne pouvons même pas soupçonner la forme ».

La Presse de Basse Bretagne S.A.

L’abbé Trochu, patron de l’Ouest Eclair à Rennes souhaite prendre le contrôle de

l’ensemble de la presse régionale de l’Ouest. Les titres absorbés sont destinés à devenir des

satellites de son journal. Ce patron de presse est soutenu par l’agence parisienne Havas qui

monopolise la distribution de la publicité en France. L’abbé fait des propositions d’achat à

Cathrine qui refuse cette offre.

Au début de 1929 la pression s’accentue, un projet d’intimidation est orchestré par

l’Ouest Eclair. L’installation d’un nouveau journal concurrent est annoncée. Lorient-Soir,

nouveau quotidien lorientais doit paraître sous peu. Une grande banderole accrochée aux

balcons du 57 rue du Port en fait la publicité. Le bruit court que le financement est bouclé et

que deux hommes au service de l’abbé Trochu, M Le Gal pour la rédaction et M Péhard se

préparent au lancement de ce nouvel organe de presse.

Dès lors le péril est grand pour le Nouvelliste, deux quotidiens ne peuvent vivre à

Lorient, le potentiel de lecteur est insuffisant.

15 Herbert Spencer (1820-1903) est un philosophe britannique considéré comme l’un des précurseurs

de la sociologie et surtout connu pour ses travaux sur les changements sociaux, menés selon une

perspective évolutionniste.

Page 42: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

41

L’abbé Trochu réussit à faire infléchir la position d’Alexandre Cathrine. Des

pourparlers ont lieu sous l’égide de M Esvelin, avocat pour le Nouvelliste et de M Brisset

notaire du groupe Ouest Eclair / Havas.

Alexandre Cathrine, seul propriétaire, signe la vente du titre et du fonds de commerce à

société anonyme « La Presse de Basse Bretagne ». Le matériel est vendu à l’Ouest Eclair.

Mais si le journal change de main, le titre reste inchangé. La Société de Presse de Basse

Bretagne est enregistrée à Lorient le 27 avril 1929. Le capital social est de 25 000 actions de

100 francs entièrement libérées.

Alexandre Cathrine refuse la place de directeur, il ne veut pas devenir salarié de

l’Ouest Eclair. Ce dernier se retire dans sa propriété familiale20, sur les bords du Blavet à

Saint Rivalain en Melrand.. Le bras droit de l’abbé Trochu, M Fredouët devient responsable

du Nouvelliste, Cathrine reste propriétaire des immeubles de la société.

1932, Cathrine, le retour.

En 1931 la situation évolue, l’abbé Trochu est évincé par la famille Desgrés du Lou-

Hutin. Le fondateur de l’Ouest Eclair s’allie alors avec le journal Le Petit Parisien qui

cherche à s’implanter en province. Il fonde L’ouest-Journal et Frédouet quitte Lorient pour le

rejoindre.

Parallèlement, à la faveur d’une augmentation de capital de La Presse de Basse

Bretagne S.A., le ministre Louis Loucheur devient actionnaire majoritaire. Il décède en 1932,

ses héritiers souhaitent vendre rapidement ses participations dans la presse. Alexandre

Cathrine rachète les actions à la moitié de leurs valeurs et se retrouve en position dominante

avec en détient près de 60 % des parts.

Le conseil d’administration de La Presse de Basse Bretagne S.A. entérine cette

nouvelle situation. Le vote des actionnaires lors de l’assemblée générale élit Cathrine membre

du conseil d’administration.

Le conseil se compose alors comme suit :

- Président, M Thomin (Président du Tribunal de Commerce de Lorient)

- Vice-Président, M Dutartre (architecte)

- M Martinié (assureur)

16 Propriété de son épouse, fille d’Ernest Lemoine, Vice-Président du Conseil Général décédé depuis

peu.

Page 43: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

42

- M Dréan (ancien entrepreneur, adjoint au Maire)

- Administrateur délégué et directeur du Nouvelliste, M Cathrine

De retour aux affaires Alexandre Cathrine relance les investissements dans du

nouveau matériel dès 1934.

La drôle de guerre d’Alexandre Cathrine.

Alexandre Cathrine est mobilisé à Lorient en qualité de Commandant des P.I.L (points

importants du littoral) de la Loire à Brest. Il inspecte les différentes zones et ouvrages de la

défense côtière en compagnie du Général Paris, commandant de la place de Lorient et du

Capitaine de vaisseau Laboureur, Major général de la Marine.

Au retour de son inspection Cathrine est averti que l’Amiral de Penfentenyo suspend

la parution du Nouvelliste. En l’absence du directeur et de la commission militaire de censure

le rédacteur en chef Paul Fauchoux a édité une édition spéciale annonçant l’entrée des

Allemands en Pologne.

Le responsable du Nouvelliste est très irrité de cette interdiction. Il contacte Daladier,

le syndicat de la presse et plusieurs ministres pour faire annuler cette décision. Il décide de

braver ouvertement l’autorité de l’Amiral en maintenant la parution du quotidien. Bien que la

police garde les issues du journal il réussit à forcer le blocus et à distribuer ce numéro aux

Lorientais .

De Penfetenyo est furieux que l’on bafoue ainsi son autorité. Cathrine est mis aux

arrêts sur le « Condé », navire mouillé à l’entrée de l’arsenal. L’épouse de Cathrine assure

l’intérim à la direction du journal.

Le directeur du Nouvelliste, lieutenant, officier d’infanterie, doit être jugé par un

tribunal militaire à Nantes à la fin du mois de septembre 1939. La détention souple de

Cathrine se prolonge jusqu’au 24 octobre. Le tribunal militaire du XIe corps acquitte l’accusé,

soutenu par de nombreuses personnalités du monde de la presse et de la classe politique.

L’Amiral froissé d’avoir été désavoué menace alors de donner sa démission. Cathrine

est affecté dans une compagnie du dépôt au 65e de Nantes. Au mois de décembre 1939

Cathrine est hospitalisé pour une crise de rhumatisme articulaire. Il reste en convalescence

jusqu’au mois de mai 1940. Il est nommé au service de presse du ministère de la guerre à

Paris. Il voit l’effondrement militaire français et l’exode.

Page 44: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

43

De retour à Lorient au début du mois de juin, après avoir été réformé pour raisons de

santé, il reprend la direction du journal. Le personnel est réduit et le Nouvelliste est soumis à

une commission locale de censure.

Le 21 juin 1940 les troupes allemandes arrivent. Lors du baroud d’honneur au

carrefour des Cinq Chemins à Guidel Alexandre Cathrine est présent. Selon ses propres

termes « en tant que journaliste et parce que ses collaborateurs avaient la trouille. » Il dit être

intervenu21 auprès des forces allemandes pour empêcher le bombardement de Lorient.

Au lendemain de la déclaration d’indépendance de la Bretagne par les autonomistes

bretons à Pontivy Cathrine réagit en publiant un éditorial « Sous l’occupation notre

profession de foi, France d’abord ». Le censeur allemand s’étant absenté, invité à un rendez-

vous galant ménagé par le directeur du Nouvelliste.

La Kommandantur n’apprécie pas du tout cette prise de position et menace Cathrine

de déportation. Le censeur allemand est remplacé par un « Alsacien » décidé à contrôler de

près le contenu du journal.

Dans un premier temps le directeur du Nouvelliste s’accommode de la situation, il a de

bonne relation avec le commandant allemand Thièle et son adjoint le capitaine Rochman.

Il fait confiance aux choix du maréchal Pétain mais reste hostile à l’égard des

autonomistes bretons, il gêne les plans des Allemands. Il est convoqué en novembre 1940 à

Angers aux bureaux de la Propaganda-Staffel Sud-West. Il maintient son attitude insoumise

face au nouveau chef de la Propaganda-Aussenstelle à Vannes et en octobre 1941, campant

sur ses positions, il est molesté par un censeur allemand22.

Il a remis sa démission en tant que directeur du Nouvelliste en février 1941.

Le Nouvelliste continue de paraître avec la même rédaction. Un jugement du tribunal

de commerce nomme Saulnier au titre d’administrateur-gérant en l’absence de responsable

légale.

17 Lorient Hebdo n° 77 / semaine du 21 au 27 septembre 1974 / p 12.

18 Hisard (C), Histoire de la spoliation de la presse française (1944-1955), La Librairie Française,

Paris, 1955. ( 494 p) ( p 124-127)

Page 45: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

44

Le 21 septembre 1941 il reçoit une notification d’un ordre d’expulsion de Bretagne

pour s’être montré hostile et avoir résisté aux autorités allemandes.

Interné dans un premier temps au camp de Segré23 (Maine et Loire), il rejoint sa

famille à Paris. Il se trouve en résidence surveillée, contraint à pointer quotidiennement à la

Gestapo, jusqu’à la Libération.

Les organismes de propagande allemande contrôlent désormais totalement la société

de Presse de Basse Bretagne. Alexandre Cathrine n’étant plus là, les responsables du journal

se plient sans opposition aux directives de l’occupant.

Début août 1944, après la libération de Vannes, le Nouvelliste est interdit de parution

par le nouveau pouvoir qui s’installe. Il va être remplacé par La Liberté du Morbihan, dirigée

par Paul Chenailler, dit colonel Morice dans la résistance.

Aux lendemains de la Libération, après 7 mois de prison préventive, lors du procès

d’épuration du Nouvelliste, Cathrine est condamné, malgré son refus de collaboration, à

120 000 francs d’amende et cinq ans d’indignité nationale, pour n’avoir pas sabordé son

journal dès 1940. En outre, les biens de « La Société de Presse de Basse Bretagne » sont

confisqués à hauteur de 20 % de leurs valeurs.

En 1944, Alexandre Cathrine ne possède plus que 690 actions, son épouse 7 000. Son

ancien collaborateur et successeur à la présidence du groupe, Marcel-Gabriel Borde en détient

7 028 ; ces parts lui auraient été confiées par Cathrine pour éviter d’avoir à les céder aux

Allemands. Le reste du capital est réparti, pour 2 000 actions à la Société en commandite du

Petit Parisien et d’Editions à Paris, 80 à l’office de publicité du Petit Parisien, le solde est

réparti entre de petits et moyens porteurs.

Alexandre Cathrine qui proteste énergiquement n’en a pas finis avec les règlements de

compte de l’épuration. Après enquête, il a été découvert qu’il a fait personnellement

commerce avec les Allemands. Il a vendu les vins de sa cave aux troupes d’occupation qui

avaient réquisitionné son domicile lorientais. Le procès s’ouvre le 15 mars 1946. Cathrine est

condamné à cinq ans de prison et à la confiscation du quart de ses biens. La peine est atténuée

ultérieurement par une mesure de grâce.

19 Interview d’Alexandre Catherine dans Lorient Hebdo n°76 et 77 (semaines du 14 et du 21

septembre 1974), pages 12 à 14.

Page 46: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

45

Alexandre Cathrine, doublement atteint par les procès d’épuration, réagit au sortir de

la prison par la création du « Groupement National de la Presse Spoliée Injustement

Condamnée », il est particulièrement virulent dans sa demande de révision de son procès de

presse.

Mais, faut-il ne retenir que cet épilogue un peu trouble pour cerner la personnalité de

ce bouillant personnage de la vie lorientaise ?

Le Nouvelliste est indissociable de la famille Cathrine. Alexandre père, puis fils

avaient leur vision de ce que devait être la presse morbihannaise d’information. Ils l’ont

appliquée par l’intermédiaire de leur journal qui a bénéficié d’une réelle popularité dans la

population de la région lorientaise.

La méthode Cathrine : un journal d’information impartial

Dès le début, le journal s’affiche comme un organe apportant de « l’information pure

et simple et de l’impartialité absolue ». Alexandre Cathrine, père, proclame avec vigueur ce

credo.

Michel Denis dans l’introduction à la Bibliographie de la presse française politique et

d’information générale 1865 - 1944 / 56 Morbihan24 écrit que Le Nouvelliste est un organe

républicain modéré, qui se donne les apparences de l’impartialité.

Le journal traite à chaud l’événementiel national et local, et il est rare que des

chroniques de fond abordent les problèmes de société. Il évoque la vie politique sans

s’engager dans ses propos et traite les sujets sensibles sous forme de revue de presse.

Le succès relativement précoce du Nouvelliste peut inciter à penser que le lectorat

morbihannais semble apprécier ce journal sans polémiques ouvertes où les luttes de partis

passent au second plan.

La formules de base, apporter un maximum de nouvelles locales et nationales, diffuser

annonces et publicité est appliquée sans éclat particulier. Rares sont les titres tapageurs. Seuls

20 Coisel (N), Bibliographie de la presse française politique et d’information générale 1865 - 1944 /

56 Morbihan, Paris, Bibliothèque Nationale, 1977.

Page 47: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

46

des faits particulièrement marquants sont mis en avant, comme une émeute ou une

catastrophe.

La neutralité comme profession de foi

Le journal lorientais souhaite s’inscrire dans une démarche complétant l’éducation

des citoyens, diffusant l’information à tous, non plus réservée à l’élite. Attachée à la notion de

quatrième pouvoir, la rédaction du Nouvelliste se réfère à la déontologie des journalistes, à

leurs droits et à leurs devoirs envers la société.

Le Nouvelliste se veut être rapporteur de la vie de la cité, organe d’information dans

lequel le grand public peut se retrouver et se forger son opinion à l’éclairage général des faits

et non le propagandiste d’une idéologie partisane, ou le reflet des idées de son propriétaire.

Alexandre Cathrine, fils, en 192625 déclare : « A côté des journaux à tendance

politique, qui limitent la documentation de leur lecteur – et par conséquent leur faculté

d’appréciation – en ne leur présentant qu’une de toute question, il y a place pour un organe

hautement impartial qui, traitant ses lecteurs en personne majeures, mettrait sous leurs yeux

les divers points de vue qui s’affrontent sur le terrain politique et sans peser sur leur décision

par son argumentation, leur laisserait la liberté de juger et de conclure ».

Les journaux d’opinion qui ont une grande influence dans le débat idéologique sous la

Troisième République visent un public restreint. Le lectorat populaire préfère se référer à un

journal généraliste, qui présente une revue de presse relatant les débats politiques et l’avis de

l’opinion publique. Le Nouvelliste s’inspire de ce constat.

La conduite éditoriale du Nouvelliste se place sous l’égide de la neutralité. Pour la

rédaction du journal cette formule doit présenter avec honnêteté intellectuelle les débats de

société, même s’ils peuvent être dérangeant. En effet, les journalistes n’hésitent pas à faire

état de leur point de vue, mais généralement en cherchant à ne pas choquer leur lectorat.

Le Nouvelliste est une entreprise de presse qui souhaite réussir et être diffusée auprès

d’un large public. Il va donc utiliser les ficelles des journaux populaires d’information, rédiger

des articles faciles à lire, sur des sujets qui touchent le plus grand nombre, adopter un prix

21 sous la législature du Cartel des Gauches

Page 48: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

47

plancher. Les progrès de la presse répondent à une soif de lire des populations, résultat du

développement de l’instruction publique.

La formule d’un journal départemental d’information indépendant des partis semble

réussir, le Nouvelliste trouve son équilibre financier, par ses ventes. Sa popularité attire les

annonceurs, les insertions publicitaires compensent la faible marge bénéficiaire du prix de

l’exemplaire. Le journal s’inscrit dans la logique de presse initiée par Emile Girardin.

Cette formule déontologique fonctionne en adéquation avec une logique commerciale

aboutissant à une domination du Nouvelliste à Lorient. Bien qu’il rejette l’étiquette de

mercantile, force est de constater qu’il devient une entreprise de presse solidement implantée

au niveau départemental.

Créée en 1929 la société anonyme « Presse de Basse Bretagne » gère le Nouvelliste,

quotidien du soir tire alors jusqu’à 36 000 exemplaires. Elle édite et assure la

commercialisation de diverses publications, tels l’almanach du Nouvelliste.

Le Nouvelliste devient l’unique quotidien d’information morbihannais, publiant à

partir des années vingt, trois éditions hebdomadaires périphériques (L’Ouest Républicain,

L’Eclair du Finistère, Le Petit Lorientais).

Neutralité, impartialité : vœux pieux, tactique de marketing ou engagement déguisé

d’un centrisme républicain, il est difficile de faire la part des choses.

Cette ligne directrice hors des partis doit être confrontée à l’épreuve du siècle. Est-ce

que cette philosophie politique originellement proche des orléanistes va respecter son

impartialité affichée tout au long de l’existence du Nouvelliste ?

L’impartialité du Nouvelliste à l’épreuve de son temps

L’absence d’engagement idéologique est une réalité pour le Nouvelliste. Le fait de

porter à la connaissance des lecteurs ou non telle ou telle nouvelle est déjà en soi un choix.

Information, désinformation ou pression médiatique, rien n’est innocent, quel que soit le fond

du commentaire.

Afin d’évaluer la sensibilité de la ligne éditoriale politique du journal une série

d’exemple est pris. Ce sondage non exhaustif est forcément basé sur l’arbitraire du choix des

Page 49: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

48

thèmes. Cependant il donne un aperçu de la façon dont le journal aborde la vie politique

nationale ou locale.

Le 27 juin 1889, en première page paraît un article s’adressant aux électeurs et

s’intitulant « Manifeste de la Droite ». Mais, ce document électoral plaidant contre la majorité

républicaine reste un cas unique. De plus, il n’est pas signé par la rédaction.

En 1891 (20/03/1891) dans la rubrique Nouvelles du Jour, on peut y lire un article

portant sur « La fortune des juifs ». Le Nouvelliste reprend des informations issues de l’Ami

des campagnes. Ce type de propos reste (avant 1940) un cas isolé et pendant l’affaire Dreyfus

le journal lorientais garde une ligne très neutre, ne reprenant jamais à son compte les prises de

positions pro ou anti-dreyfusardes des journaux parisiens.

Le 20 août 1893 Le Nouvelliste, en première page, publie un article de Gaston Routier

à propos de « L’opinion du pays – En Bretagne » après la parution de l’Encyclique pontificale

de Léon XIII, Au milieu des sollicitudes. Le journaliste interroge un curé de campagne, une

châtelaine, le Maire républicain de Pontivy, M Fagot, industriel, un paysan, le Maire de

Locmalo. Le texte débute ainsi : « L’Encyclique pontificale a été diversement accueillie en

Bretagne : avec plaisir par le jeune clergé, sans enthousiasme, mais avec obéissance par le

haut clergé ; la noblesse a un peu boudé, elle boude encore ! Quant au peuple ! Il semble

l’ignorer totalement. »

A propos des élections législatives de septembre 1893 Le Nouvelliste fait une revue

des journaux morbihannais en citant les différentes prises de position de chacun sans que lui

s’engage.

Mais le souci « d’impartialité » du Nouvelliste ne le mettait pas à l’abri des critiques

d’autres organes de presse.

Le 9 avril 1894, une polémique se développe avec Le Phare de Bretagne à propos de

la grève des typographes et de leurs revendications salariales. Déjà en 1893 le gérant du

Phare, Mazéas avait été condamné pour diffamation (extrait des minutes du greffe du tribunal

civil de Lorient / Le Nouvelliste du 27/07/1893), le 23 avril 1893, il avait publié « A L’Avenir,

organe du tintammaresque Baumal. Les Cathrine et les Baumal…ces deux exploiteurs qui

n’ont d’autres soucis que celui de rogner le pain de leurs ouvriers pour édifier leur fortune. Au

pilori les affameurs ! ».

Lors des élections municipales du 3 mai 1896, il évoque la bataille électorale, « le

réveil des électeurs lorientais ». Il présente les prises de position de la presse locale d’opinion,

Page 50: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

49

celles du Phare de Bretagne, de L’Avenir de la Bretagne, face à celles de La Croix du

Morbihan et du Morbihannais.

Les conflits sociaux sont couverts par le Nouvelliste, notamment quant il y a émeute.

C’est particulièrement le cas en août 1903, lors des grèves des ouvriers-paysans des Forges

d’Hennebont.

L’année suivante, le 2 juin 1904, le journal titre : « Graves incidents – bris et incendie

/ L’Anarchie se dessine ». Après deux mois de grève, une manifestation d’ouvriers

menuisiers, charpentiers et maçons se terminait violemment à Lorient, par l’incendie du

chantier Moreau. Les propos du Nouvelliste à ce sujet étaient ceux d’un journal modéré,

relatant ces événements en déplorant les dégâts causés, mais sans enflammer les passions.

Toutefois cette impartialité politique ne l’empêche pas de prendre des positions pour

défendre Lorient. Le 22 janvier 1920, il publie une lettre ouverte au Ministre de la Marine, à

propos de la question du port militaire de Lorient et du démantèlement de l’arsenal.

Son engagement dans la vie économique de l’époque lui vaut en 1925, la Médaille

d’Honneur de la Ligue Maritime et Coloniale.

On peut parfois discerner un écho favorable à la cause régionaliste bretonne. C’est

ainsi que dans son numéro du 25 septembre 1915, en première page est publié un article

intitulé « Le régionalisme en Bretagne » ou autre exemple, dans le journal du 19 août 1926 il

relate le congrès du Bleun-Brug.

Mais à l’inverse, les séparatistes bretons ne sont pas du tout appréciés. Dans le journal

du vendredi 5 avril 1935, page 5, dans « La croix gammée de Breiz Atao », on y dénonce

clairement la collusion des autonomistes et des nazis.

Au mois de mai 1925, après la victoire du bloc des gauches aux élections municipales

à Lorient, il est à remarquer que plusieurs collaborateurs du Nouvelliste ont été élus sur cette

liste. Les noms de Le Bourgo (1er adjoint), Svob (socialiste unifié, Maire de Lorient), le Dr

Roux et Brangoulo.

Cependant, la ligne éditoriale du Nouvelliste garde son orientation d’impartialité

politique. Cette idéologie sera réaffirmée dans son numéro spécial à l’occasion du

changement de format du journal en 1926.

Le Nouvelliste apporte dans son numéro du 4 mai 1928 un témoignage intéressant sur

la vie politique dans le Morbihan. Dans un article intitulé « Coup d’œil rétrospectif sur les

Page 51: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

50

élections morbihannaises » il nous donne l’ensemble des résultats des élections législatives de

toutes les circonscriptions du Morbihan de 1881 à 1928.

En 1929, Alexandre Cathrine fils est à la tête du journal depuis 9 ans. A l’occasion des

élections municipales du mois de mai le Nouvelliste se félicite d’avoir « coopéré à l’éducation

civique des citoyens en mettant sous leurs yeux tous les documents de nature à les éclairer et

à leur permettre de se faire eux-mêmes une opinion personnelle sur les questions débattues. »

Le Nouvelliste se dit « républicain et démocrate », il souhaite « une République

Démocratique et Populaire », il s’en remet à la souveraineté du peuple et au verdict des

suffrages.

En 1935 Le Nouvelliste déroge à son impartialité politique le 1er mai 1935 en faisant

l’éloge de la municipalité sortante : « L’œuvre féconde de la municipalité Jules Le Grand. Le

chapeau de l’article est sans ambiguïté : « Un souci de l’intérêt des lorientais – Une gestion

sage et prudente des finances de la ville – Des réalisations sociales bienfaisantes – Des

travaux d’urbanisme d’une importance considérable – Une sollicitude agissante à l’égard de

nos sociétés sportives, telle est en résumé l’œuvre de la municipalité sortante. »

Jules Le Grand avait été élu en 1929 à la tête de la liste de la Fédération Républicaine,

Radicale et Radicale-Socialiste. En 1935, il se retire du jeu politique local.

Puis le jeudi 14 novembre 1935, le Nouvelliste interviewe Louis L’Hévéder, député

socialiste de Lorient « pour un tour d’horizon politique ». Celui-ci sur une demi-page

développe ses idées.

En 1936 le Nouvelliste maintient sa neutralité, il présente les résultats du premier tour

des élections législatives (28/04/1936) sans faire de commentaires particuliers. Le 04 avril, il

lance un grand concours de pronostics : « Quels seront les huit députés du Morbihan ? » ; le

premier prix est « Une chambre à coucher moderne… ».

Mais après les résultats nationaux, il est possible de sentir peut-être une certaine

réticence aux nouvelles orientations politiques. Le 8 mai il présente « Le programme d’action

du Front Populaire ». Le titre de cet article de première page est : « Une première expérience

collectiviste va-t-elle être tentée en France ».

Le 30 mai il signale « L’agitation ouvrière dans la banlieue de Paris », puis le 5 juin il

évoque d’une façon neutre que « Le conflit ouvrier s’est étendu aux principaux centres

industriels de province. ». Le 6 juin, en première page il informe : « M. Léon Blum a formé

son ministère. ».

Le 9 juin dans une revue de presse il fait écho des différents points de vue sur les

grèves en cours et fait le point sur celles-ci dans ses colonnes. Le 13 juin, il relate les projets

Page 52: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

51

sociaux (congés payés…semaine des 40 heures…) présentés devant la Chambre « La

manifestation du rassemblement populaire » sans prendre parti, le 16 il rend compte de « La

manifestation du rassemblement populaire » de Lorient : « Elle s’est déroulée dans le plus

grand calme, sous un soleil d’été. » Ce changement de ton dénote-t-il alors un écho favorable

à l’évolution sociale du pays ? Le 18 juin en première page l’intervention de Léon Blum,

« Notre but est de développer dans le pays la capacité d’achat et de consommation… », est

inscrite en gros caractères.

L’économie française est aussi au cœur de l’actualité. Le 27 septembre 1936 on peut

lire en première page « Un accord franco-américain détache le franc de l’or –Convoqué

d’urgence, le parlement se prononce lundi sur le taux de la dévaluation…Les réactions de

l’opinion sont très diverses… »

Dans le domaine de la politique étrangère, le Nouvelliste reflète les lourds nuages

annonciateurs de la guerre qui se prépare inéluctablement.

En 1933, dans la rubrique Libres opinions de nos compatriotes, un professeur

d’Allemand, M. Le Paih, écrit un texte intitulé « Causes présentes et profondes du succès de

l’hitlérisme »

Les choses se précisent, c’est ainsi que le 12 septembre 1936, en première page, on

trouve à gauche, « L’annonce du combat décisif mondial », un article qui relate la clôture du

congrès du parti national-socialiste, à droite « La situation politique et militaire en Espagne ».

En 1940, dans l’immense détresse de la débâcle le journal continue à paraître, puis

quand Lorient est occupé par les troupes allemandes Le Nouvelliste devient très rapidement le

relais par lequel le nouvel ordre est imposé.

La position de neutralité politique du quotidien du soir lorientais ne fait pas obstacle à

la collaboration passive ou le soutien de la politique du Maréchal Pétain.

Le journal soumis aux contraintes de la propagande allemande reste jusqu’à la veille

de la libération de Vannes, où le Nouvelliste était réfugié depuis 1943, le fidèle relais de

l’information officielle de l’occupant et de Vichy.

A la Libération le Nouvelliste est muselé, clôturant ainsi la parution de cet organe de

presse lorientais ce 5 août 1944.

Page 53: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

52

Le journal de Lorient et du Morbihan

Si l’intérêt du Nouvelliste reste mineur dans le champ politique, en général, c’est avant

tout sur le terrain de la proximité que le journal prend sa consistance.

Dès l’origine il s’annonce Journal des intérêts du département, diffusant les arrêtés

administratifs territoriaux et les nominations dans les différents corps de l’Etat et du clergé.

Journal des faits locaux, il relate les faits divers, informe sur l’état civil et les comptes

rendus des tribunaux.

Journal maritime, agricole, industriel et commercial, il annonce les nominations et

les arrêtés concernant la marine marchande et le mouvement des ports, les cours des céréales,

le résultat des concours et des comices, les adjudications du département.

Il se veut également littéraire et récréatif, publiant en feuilleton les romanciers en

vogue. Il se présente enfin comme un organe de publicité efficace.

Alexandre Cathrine, père, proclame dans la profession de foi du premier numéro,

« enregistrer tout ce qui est capable d’intéresser les lecteurs, à quelques partis qu’ils

appartiennent…Le Nouvelliste du Morbihan doit être le journal des intérêts du département,

le journal des faits locaux, le journal maritime, le journal agricole, le journal industriel et

commercial, enfin le journal populaire et récréatif. »

Le Nouvelliste propose une synthèse des informations nationales. Il donne les prises de

position des journaux parisiens, et diffuse les nouvelles internationales des agences de presse.

Les éléments qu’il communique dans tous les détails sont les nouvelles de proximité.

La rédaction rassemble les informations de la journée. Les faits d’importance locale et les

nouvelles relatives aux différentes communes du Morbihan, et plus particulièrement à Lorient,

sont la matière première privilégiée.

Le cadre lorientais favorable

Le Nouvelliste du Morbihan est plus qu’une simple raison sociale. Son esprit est à

chercher dans la richesse du monde éditorial à Lorient sous la Troisième République. La vie

de la presse locale est foisonnante, éditeurs imprimeurs répondent à la demande d’un lectorat

en développement.

A Lorient les ouvriers, employés, commerçants, militaires, et les marins en tout genre

font une ville jeune, à la population active, renouvelée en partie par la rotation des effectifs et

des fonctionnaires. L’agglomération est une zone urbaine attractive pour la campagne

Page 54: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

53

environnante, un bassin d’emploi intégré dans un réseau de villes moyennes côtières et

intérieures.

Sous la Troisième République Lorient n’a rien à voir avec un gros bourg rural. C’est

une ville dont l’extension portuaire force la mutation.

La vie de la cité n’est pas figée par le poids ou le pouvoir d’une bourgeoisie

sclérosante; la vie culturelle, sociale et politique y est active, les esprits sont ouverts, c’est un

terreau idéal pour la presse locale.

Un journal diffusé à Lorient trouve un public dans les campagnes environnantes,

drainées par l’activité économique de la cité, et dans les villes du département où l’on n’est

pas indifférent aux nouvelles du port de Basse Bretagne.

Entre les deux guerres Le Nouvelliste, qui paraît quotidiennement le soir, se veut

comme « une lettre intime que les Lorientais écrivent aux Lorientais pour leur donner des

nouvelles de leur quartier, des nouvelles des membres de leur famille, des nouvelles de leurs

amis et de leurs compatriotes, et aussi donner des avis et des conseils susceptibles de les

renseigner et de les guider dans leurs activités de chaque jour ? »

Le Nouvelliste a l’ambition d’être un journal populaire d’information, c’est dans ce

besoin de toucher un public large qu’il faut chercher l’idée qui va structurer sa ligne

éditoriale. La rédaction du journal a donc le souci de forger une image de sérieux et

d’honnêteté au regard de l’information diffusée. Le résultat est la production d’un organe de

presse dans lequel le public se retrouve.

Journal populaire local et généraliste, il est une chronique fidèle de ce qui a composé

la vie de la cité et des ports de Lorient. La vie urbaine qui est évoquée dans ces 58 années a

disparu. L’agglomération reconstruite après la guerre a perdu la quasi-totalité de son

patrimoine architectural civil, des pans entiers de sa mémoire culturelle sont partis en fumée.

Toute la richesse de la vie éditoriale d’avant-guerre a été effacée.

Les collections de presse préservées, notamment celle du Nouvelliste deviennent une

source historique essentielle. Elles deviennent un patrimoine, un ensemble à préserver, à

transmettre aux générations futures.

Après avoir très succinctement évoqué les grands traits de caractère qui ont animé la

ligne éditoriale du journal, voyons quelles formes a pris cet organe de presse au fil du temps.

Page 55: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

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1 – 3 L’HISTOIRE MATERIELLE DU NOUVELLISTE

Le Nouvelliste du Morbihan est un journal bihebdomadaire du 30 décembre 1886

jusqu’au mois de décembre 1904. Il devient trihebdomadaire jusqu’au 5 août 1914, puis

quotidien pendant la Grande Guerre jusqu’au terme de sa parution le 5 août 1944.

Le journal paraît dans un premier temps sur un petit format à 4 colonnes. Il s’élargit à

5 colonnes en août 1893, puis passe à 6 le 19 octobre 1899. Le Nouvelliste est tiré sur 4 pages

jusqu’au mois d’août 1914. Pendant la guerre il paraît généralement sur 2 pages.

En 1921 il reprend progressivement sa forme à 4 pages. A partir de mars 1926 il est

publié sous un format plus réduit, sur 6 à 8 pages (voire plus pour certains numéros, 12 à 16

pages). Il conserve cette formule jusqu’à l’occupation en 1940.

Le 30 janvier 1943 Le Nouvelliste se réfugie à Vannes pour continuer de paraître

malgré la destruction de Lorient par les bombardements. Son format et sa pagination sont

réduits.

Le dernier numéro du Nouvelliste date du 05 août 1944. Le Morbihan libéré lui

succède provisoirement le 6 août.

Le parcours du Nouvelliste

L'histoire matérielle du Nouvelliste est intimement liée aux progrès techniques de

l'imprimerie et à la politique éditoriale suivie par Le Nouvelliste tout au long de son existence.

Le lancement du journal

Le premier numéro qui paraît le jeudi 30 décembre 1886 est confectionné le 26 et 27.

Il est imprimé le 28 par l’Imprimerie Lorientaise ; l’ancienne imprimerie du Courrier de

Bretagne dont le gérant est A. Guyomar.

Le journal, bihebdomadaire à 10 centimes, démarre son existence, daté du mardi et du

vendredi.

Page 56: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

55

Le Nouvelliste du Morbihan prend pour sous-titre Organe des intérêts du département

– Feuille d’annonces Judiciaires et Commerciales26. Il reprend le numérotage d’année du

Courrier de Bretagne (28e année). Ce n’est qu’en janvier 1911 qu’il prend une nouvelle

numérotation d’exemplaires. Le Nouvelliste paraît alors avec sa propre numérotation

annuelle, rétrogradant de la 48e à la 25e année.

Les rubriques du journal en 1887

Dans la forme, les nouvelles sont structurées en rubriques.

Page une se trouvent, Dernière heure, Nouvelles du jour, Chronique départementale

et le feuilleton.

Page deux et trois, la suite des nouvelles du Morbihan, des chroniques, les faits divers

et des informations locales, telles : chemin de fer d’Orléans, Tribunal correctionnel de

Lorient, Etat civil de Lorient, Etat civil de Pontivy, Marine, Conseil municipal.

Page quatre sont placées les annonces judiciaires et commerciales.

Durant les années qui suivent le journal garde la même forme, les pages intérieures

s’étoffent avec l’ensemble des éléments ayant trait à la vie locale et aux faits divers le

feuilleton et les rubriques « Variétés, Chronique lorientaise », « Marine ».

La dernière page est toujours réservée à la publicité.

1893, cinq colonnes à la une

Journal grand public, il doit répondre dans la forme et le fond à la demande de son

lectorat, s'il ne veut pas fléchir face à la concurrence. Le matériel et les ateliers servant à la

fabrication du journal vont changer en fonction de la montée en puissance du titre.

La recherche de la rapidité d'exécution, de la réalisation d'un périodique aussi attractif

que possible, la réduction du coût de production (le journal est vendu 5 centimes en 1914),

vont impliquer un investissement conséquent dans un système d'imprimerie moderne.

26 Publication sur quatre pages de 42 x 30 cm, puis 45 x 32 cm à partir d’octobre 1887.

Page 57: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

56

En 1892, Le Nouvelliste a déménagé de ses ateliers trop exigus du 100 rue du Port27, il

s’est s’installé dans un immeuble 93 rue du Port ; ce n°93 est devenu par la suite le n° 87.

Le succès du Nouvelliste se confirme, il étoffe son contenu, le 6 août 1893, il

augmente son format. Il est imprimé sur des feuilles de 53 x 40 cm, sur quatre pages à cinq

colonnes. L’intitulé du journal est modifié pour devenir Journal d’information –Feuille

d’annonces Judiciaires et Commerciales. Mais, une baisse sensible de la qualité du papier est

à noter, et de nombreux défauts d’impressions sont relevés. Au niveau de la présentation

générale, la mise en page est plus tassée et le titrage reste minimaliste.

La progression des ventes du Nouvelliste est constante. De 1000 puis 2000 en 1887, le

tirage monte à 5000, 6000, puis 10 000 exemplaires.

1900, le tournant s’amorce

Le jeudi 19 octobre 1899 le format change à nouveau. Il est publié toujours sur quatre

pages, mais sur 6 colonnes ; le tirage passe à 15 000 exemplaires ; il atteint 20 000 après

1900.

Le Nouvelliste agrandi offre plus de contenu au détriment d’une mise en page dense.

Les rubriques s’étoffent.

En première page « Au jour le jour » est une rubrique qui reprend les informations nationales

et internationales, ainsi que les faits divers. La « Chronique locale » diffuse les nouvelles

concernant Lorient, notamment dans les domaines de la vie politique, économique, sociale,

culturelle et tout ce qui compose le quotidien. Le feuilleton est placé en bas de page.

En page deux, la « Chronique locale » continue puis cède la place, aux « Dépêches du

jour » (les dernières nouvelles), puis à la « Chronique départementale ». Cette rubrique donne

les informations générales du Morbihan et les renseignements utiles (horaires des marées,

foires…).

Les nouvelles concernant les villes du département s’étalent sur les deux pages

intérieures, de Ploemeur à Malestroit. En dernière page se trouvent la publicité, les annonces

légales et celles des particuliers.

22 Dans ce bâtiment en 1926 se trouvait le café Victor-Massé. En 1936, il porte l’enseigne de La Cigale

Bar : un buste de Gutenberg marquait le souvenir de son ancienne destination.

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1904 – 1914 Vers un Nouvelliste quotidien

En décembre 1904, le tirage du Nouvelliste devient trihebdomadaire.

Le journal sort le lundi soir, daté du mardi, le mercredi soir, daté du jeudi et le

vendredi soir, daté du dimanche. Des agrandissements et une modernisation du matériel sont

nécessaires, les ateliers sont installés dans un immeuble 18 place Bisson à Lorient.

Paraissant trois fois la semaine le tirage au numéro baisse quelque peu. Il faiblit à

peine une année pour se rétablir à 20 000, passant de 40 à 60 000 journaux par semaine.

En ce début de siècle sa mise en page reste austère; la première photographie

reproduite dans le Nouvelliste date de 190628 et il faut attendre le jeudi 10 janvier 1935, pour

y voir une série de clichés en page intérieure, rapportant un fait divers, « L'horrible tragédie

de Kerenster ». Une galerie de 10 vues, en noir et blanc, expose le meurtrier mort, et divers

détails du drame.

Le Nouvelliste du Morbihan est devenu au fil des ans un pavé indigeste à la mise en

page étouffée.

Sur six colonnes les articles se suivent sans aération.. La taille des caractères d’imprimerie a

été réduite. En réaction à cette dérive le 1er janvier 1914 le Nouvelliste du Morbihan annonce

son intention de produire pour le printemps « le journal de la famille tri-hebdomadaire à 6 et

8 pages, dans le format à six colonnes des journaux de Paris ». Cette intention de proposer un

contenu plus équilibré disposant d'une mise en page plus agréable se conjugue avec

l’acquisition de nouvelles machines d’imprimerie.

Le premier numéro à 6 pages sort à la veille de la mobilisation. Des restrictions de

consommation de papier sont établies et pendant la guerre le journal est généralement

imprimé sur deux pages, à partir du 4 août. La presse doit adapter son format à la pénurie de

papier et à la mobilisation d’une grande partie de ses ouvriers.

Pendant la guerre le tirage du Nouvelliste est désormais quotidien. Les nouvelles locales sont

réduites ou absentes au profit des informations plus générales et des nouvelles de la guerre,

sous le contrôle de la censure.

23 Cette photographie de 6 sur 8 cm, paraît sur une colonne ; elle nous montre Fortuné Guézel,

quartier-maître mécanicien de Quiberon, mort dans le naufrage du sous-marin Lutin à Bizerte le 16

octobre 1906.

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Evolution de la mise en page 1891 –1914

Page 60: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

59

Le journal malgré les difficultés met un point d’honneur à paraître régulièrement,

s’attachant à donner au jour le jour les nouvelles de tous les fronts sur lesquels se battent les

morbihannais.

Le 28 septembre 1917, le titre du Nouvelliste évolue pour devenir Le Nouvelliste du

Morbihan – Journal Républicain – Feuille d’Annonce Judiciaires et Commerciales.

Le nouvelliste de Lorient, L’Ouest Maritime : ersatz du Nouvelliste du

Morbihan.

De septembre 1917, à avril 1920 Le Nouvelliste du Morbihan paraît alternativement

avec Le Nouvelliste de Lorient et L’Ouest Maritime.

Ces trois journaux sont imprimés par l’Imprimerie du Nouvelliste de Lorient, du

Nouvelliste du Morbihan, et de L’Ouest Maritime, dont le directeur-gérant est Alexandre

Cathrine

Le directeur-gérant du Nouvelliste du Morbihan est Charles Cathrine

Le directeur-gérant de L’Ouest Maritime est Ernest Bion29

Le directeur-gérant du Nouvelliste de Lorient est Alain Cathrine.

Cette parution sous trois titres différents permet à Alexandre Cathrine de contourner la

réglementation régissant la consommation de papier journal. Il réussit ainsi à perpétuer un

tirage quotidien déguisé.

Des explications sont fournies par le journal lui-même sur ce subterfuge. Le vendredi

09 avril 1920, dans la Chronique locale, il est écrit : « Après avoir géré les intérêts généraux

de la presse et assuré la répartition du papier journal, depuis plus de deux ans, l’«Office

national de la presse » vient de disparaître…Ses décisions, pendant qu’il fonctionnait avaient

force de loi…Lors de l’augmentation du prix des journaux, afin de maintenir le principe du

journal à un sou, nos lecteurs savent que le Nouvelliste du Morbihan fit paraître

alternativement, Le Nouvelliste de Lorient et L’Ouest Maritime…A la suite de la réunion

d’hier mercredi, l’«Office » ayant vécu, les décrets sur la presse sont de fait abrogés. Les

journaux redevenus libres pourront paraître sur le nombre de pages et au prix qui leur plaira,

à la condition que le papier ne manque pas…Aussi le Nouvelliste du Morbihan reprend t’il

24 Ernest Bion, contremaître typographe au Nouvelliste depuis sa fondation, président honoraire de la

Société de Secours Mutuels L’Industrielle (fondée par Charles Cathrine), décoré de la Médaille du

Travail.

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dès aujourd’hui son titre si connu dans le Morbihan et si apprécié par nos concitoyens depuis

trente-quatre ans. »

En 1921 le journal reprend progressivement sa forme à 4 pages.

.

Entre les deux guerres. Le Nouvelliste du Morbihan – Journal Républicain

Quotidien

Après la prise en main du journal par Alexandre Cathrine, fils, en novembre 1920, une

certaine évolution se fait sentir dans la présentation, le titrage est moins minimaliste. Des

illustrations sont ajoutées en première page (dessin, cartes), mais globalement la lisibilité reste

peu attractive. La présentation doit évoluer vers un journal plus agréable à la lecture, s’il veut

maintenir son succès, face aux autres journaux qui modernisent leur mise en page.

La rédaction est assurée par Paul Fauchoux, compagnon de régiment du directeur.

Les rubriques du journal dans les années 20

La première page relate les informations nationales et internationales, avec les faits

divers nationaux. La deuxième est consacrée à Lorient. La troisième est pour Vannes, les

diverses informations concernant le Morbihan (la zone sud morbihannaise en général Vannes,

Auray, Hennebont, Lochrist, Plouay, Languidic…), on y évoque aussi les environs de Lorient,

les nouvelles régionales, le sport dans le Morbihan, le théâtre, le chant, la musique, les

syndicats et société, la rubrique des pertes et trouvailles, l’état civil de Lorient et de

l’arrondissement. Les annonces et la publicité restent sur la quatrième page.

L’affirmation d’un journal quotidien solidement implanté

Le dimanche 17 avril 1921, le titre évolue une fois encore, Le Nouvelliste du

Morbihan, devient Journal Républicain Quotidien – Feuille d’annonces Judiciaires et

Commerciales.

Le bandeau en haut de la première page change, la date est insérée dans un carré en

haut à droite et le prix du numéro est affiché, 10 centimes.

Mais il faut attendre l’automne 1921 pour trouver un journal dont la présentation devient plus

claire et plus aérée ; les articles sont titrés, et sous-titrés lisiblement, il y a même des chapeaux

notamment pour les informations internationales, quelques illustrations égayent l’ensemble,

mais les photographies restent assez rares.

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Evolution de la mise en page 1922 -1936

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Le Nouvelliste du Morbihan au début des années 1920 étend son influence hors de

Lorient. Il fonde deux bihebdomadaires, l’Ouest Républicain et l’Eclair du Finistère.

L’Ouest Républicain est créé en 1919 et l’Eclair du Finistère en 1923. Ces deux

journaux d’information dans le ton du Nouvelliste visent les populations rurales, côtières et

urbaines du sud de la Bretagne. Ils paraissent jusqu’en 1942.

1926 Le Nouvelliste nouvelle formule

Le dernier changement marquant du Nouvelliste a lieu le 8 mars 1926, grâce à de

nouvelles machines.

Il est publié, format 51 x 37 cm sur 6 à 8 pages (voir plus pour certains numéro 12 à 16 pages)

jusqu’à l’Occupation allemande de l’été 1940.

1928 Le Supplément Illustré du Nouvelliste.

Le samedi 25 février 1928 sort le premier numéro du Supplément Illustré du

Nouvelliste. Ce titre se veut un grand magazine local, abondamment illustré. Il paraît sur 8

pages, le samedi, au prix de 50 centimes. Le Nouvelliste du Morbihan. Supplément

hebdomadaire illustré est publié jusqu’au 28 avril 1929.

Dans le premier numéro on peut lire : « …Le Nouvelliste franchit aujourd’hui une

nouvelle étape en créant son Supplément illustré. Ses lecteurs y trouveront de semaine en

semaine, la reproduction photographique des principaux événements locaux et régionaux ; ils

y trouveront les portraits des personnalités lorientaises et morbihannaises ; les informations

de la semaine seront ainsi complétées par les documents photographiques se rapportant aux

évènements récents. Le Supplément comprendra également une partie littéraire et

humoristique très soignée, de nombreuses distractions et jeux d’esprit.

Toutes les mesures ont été prises pour que l’exécution parfaite de la partie

photographique fasse du Nouvelliste-Illustré un document précieux pour la vie locale et

régionale, document que l’on aura plaisir et intérêt à conserver… »

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Les années trente : vers un journal moderne

Le 26 septembre 1929, le titre du Nouvelliste change une dernière fois pour devenir Le

Nouvelliste du Morbihan – Quotidien Républicain – Feuille d’Annonce Judiciaires et

Commerciales

Dans les années trente la présentation du journal est devenue plus claire. Titres,

illustrations, mise en page aérée, publicités disséminées à chaque page font du Nouvelliste un

journal moderne.

En première page on traite des nouvelles internationales et françaises, accompagnées de

photographies.

Page deux, sont placés les dernières actualités, sous la rubrique « Dernière Heure ».

On y trouve aussi les informations utilitaires concernant Lorient, météo, horaires divers, état

civil, bulletin nécrologique.

Dans les pages suivantes suivent des articles concernant principalement l’agglomération

lorientaise et ses environs, le port de pêche, les faits divers, la vie politique, les nouvelles de

proximité, des renseignements divers, des chroniques de fond. Les informations

départementales sont placées à la suite, elles sont relativement succinctes.

Sur les deux dernières pages, il est question de la marine nationale (mutation, décoration,

promotion, mouvement de la flotte…) puis enfin du sport. Les deux feuilletons en cours sont

placés en bas des pages de fin.

Et la guerre arriva…

A partir de septembre 1939, le nombre de pages du Nouvelliste est réduit, passant de

10 pages à 4 pages.

Fin juin 1940, après la débâcle, le journal continue à paraître régulièrement, soutenu

en cela par l’organisation de propagande allemande. A partir de 1943, et son déménagement à

Vannes, le format du journal change et sa pagination est réduite en 1944 à deux feuillets de 32

x 26 cm. Le journal disparaît en août 1944 dans l’effervescence de la Libération.

L’aventure du Nouvelliste la plus marquante est celle de la réalisation d’un quotidien

du soir. Attardons-nous sur l’élaboration du journal.

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La fabrication du Nouvelliste du Morbihan, quotidien du soir.

La rédaction du journal

Le succès venant, le journal renforce son équipe rédactionnelle. Aux lendemains de la

grande guerre le Nouvelliste est devenu quotidien du soir, fidèle à son orientation première.

L’équipe rédactionnelle.

Aux premières années l’équipe rédactionnelle est restreinte, à la mesure de l’organe

local qu’est le Nouvelliste.

Le journal nous donne en 1893 la liste de ses rédacteurs et chroniqueurs. Nous y trouvons

(noms véritables ou d’emprunt) Alexandre Cathrine, René (ou Renan) Saïb30, Manrique,

Plumpt, Paul Lorans, Cato, Francis Eva, Yan Carnel, Johël d’Armor. Le bureau du journal a

pour correspondant-rédacteur Hermine Boistael.

La notoriété du Nouvelliste s’affirme au début du vingtième siècle. Il rayonne au

niveau départemental, bien que son cœur de cible reste le pays de Lorient.

En 1936, l’équipe de la rédaction du Nouvelliste est composée comme suit :

- Philoux : rédacteur en chef, informations générales,

- Perthuis : informations locales,

- Fauchoux : informations régionales et chronique sportive,

- Imbault : chronique judiciaire, informations maritimes,

- René Michel : marine militaire, critique théâtrale,

- Berdel : informations maritimes.

Les chefs des agences hors Lorient sont messieurs Régnier pour Vannes, Rouyer pour

Quimperlé et Sevette pour Pontivy.

25 Renan Saïb, pseudonyme d'André Degoul, conservateur de la bibliothèque municipale de Lorient de

1933 à 1939. Après le décès d'Alexandre Cathrine, père, en 1920, il est rédacteur en chef du

Nouvelliste jusqu'en 1923.( voir l'article sur A. Degoul dans le Nouvelliste du 14/12/1932 et sa

biographie dans Un siècle de journalisme breton de Lucien Raoult)

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Le journal du soir démarre quotidiennement (sauf le dimanche) dès 7 heures. C’est le

moment de la première réunion de rédaction.

1926

Les sources d’informations

La matière essentielle du journal, les nouvelle locales sont fournies par les reporters ou

chroniqueurs. Ils couvrent au plus près tout ce qui se passe à Lorient.

Les journalistes sont répartis par catégories d'information, marine, faits divers, sport

ou par zones territoriales, les quartiers de Lorient et les cantons d'arrondissement. Disposant

parfois d’une automobile, ils couvrent l’actualité de leur secteur « le calepin à la main et la

montre en poche. »

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Une équipe de chroniqueurs, se fait l’écho de la vie de l’agglomération lorientaise.

Parmi ces collaborateurs , les plus connus sont :

- Le Bourgo (Propos d'un lorientais),

- Jean Bernard (chronique d'actualité),

- Florian-La Porte et G. Toudouze (hydrographie et marine),

- Gauthier et René Maurice (chronique littéraire),

- Emile Gilles, de Pontivy (chronique de chez nous, documentation touristique),

- Auzat, vétérinaire, C.M.A (questions agricoles et d'élevage),

- Jacques Péricard (chronique des anciens combattants),

- Henri de Forges, Jean Plémeur, Jacques Crépy, Degoul (Renan Saïb).

Au niveau du département le Nouvelliste reçoit les articles envoyés par des

correspondants locaux, présents dans la quasi-totalité des communes du Morbihan. De

Vannes, Pontivy, Ploërmel, Hennebont, Auray, Le Palais, Plouay, etc, ils tissent un réseau de

renseignement très dense.

D’autres chroniqueurs relatent les faits se déroulant à Paris, Brest, Toulon, Cherbourg,

Rochefort.

Les informations générales concernant la France, les colonies et le reste du monde

proviennent des agences de presse françaises et étrangères ou de correspondants. Le

Nouvelliste reste en contact avec toutes les régions du globe 24 h sur 24.

La volonté est de coller à l'actualité locale et régionale, et de précéder les journaux

parisiens sur l’information nationale.

Pendant l'affaire Dreyfus, le Nouvelliste créée un système d'informations spéciales qui

met ses lecteurs au courant de ses diverses phases, vingt-quatre heures avant l'arrivée des

titres de la capitale

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Organisation de la partie rédactionnelle.

Sur le bureau du secrétaire de la rédaction s'accumule la « copie », les informations

adressées par une partie des 342 correspondants du Nouvelliste.

Les feuilles d'agences qui résument les événements de la veille et de la nuit, et celles des

chroniqueurs s’empilent.

1936

La rédaction se répartit thématiquement les sujets : informations générales, rubrique

lorientaise ou locale, régionales, informations militaires et maritimes, chronique judiciaire,

sport, rubriques diverses.

Les nouvelles s’accumulent sans hiérarchisation. Un tri est réalisé au fur et à mesure.

Les informations sont classées chronologiquement, et par un ordre d'importance.

Dans un deuxième temps l'accent est mis sur chacune d'elles et un titre est choisi ; il

est plus ou moins apparent, selon la hiérarchisation de l'information.

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Un des soucis affichés du Nouvelliste est la véracité. La rapidité de transmission des

informations, dès cette époque, nuit souvent à la précision de celles-ci, et parfois les démentis

succèdent aux communiqués. En règle générale, un recoupement des nouvelles et le contrôle

de la source est opéré. La rédaction opère une confrontation entre les nouvelles des feuilles

d'agence, les plis spéciaux, télégraphes ou appels téléphoniques de ses correspondants, les

« hors sac » avec ce qui a déjà été imprimé au cours de la nuit par les divers journaux du

matin.

Après cette première sélection, les informations sont mises en ordre, intégrant les

nouvelles qui lui arrivent tout au long de la journée, et les précisions de dernière minute, les

échos de la vie parlementaire, des informations de l’étranger, les cotations de la bourse, les

résultats sportifs.

Au cours des heures de la matinée arrivent les comptes-rendus des rédacteurs locaux :

faits divers, tribunal correctionnel, conseil de guerre, conférences, concerts, nouvelles du Port

et de l'arsenal.

Tri final de la copie, mise au point et bouclage.

Vers midi, la rédaction fait le point en intégrant les informations des correspondants de

Paris et des divers arrondissements maritimes. Un filtrage et une hiérarchisation de l'actualité

sont opérés de façon à bien doser ce qui va remplir les colonnes du journal ; choix forcément

arbitraire.

Après déjeuner, la « Dernière Heure » sonne. Le sténographe a pris les

communications des agences, sur les événements de la journée. Le temps qui passe fait

monter la pression au sein de la rédaction, il est temps de « boucler » la dernière page.

Cependant une information exceptionnelle peut à tout moment remettre en cause la

mise en page ou si la nouvelle est d’importance nécessiter une seconde édition.

Les feuilles de copie préparées sont passées à l’imprimerie, entre les mains du metteur

en page, chef de l'atelier de composition.

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L'imprimerie du journal.

L’imprimerie du Nouvelliste.

L’histoire matérielle du Nouvelliste est rythmée par la mise en place régulière de

nouveaux matériels qui suivent les progrès techniques dans le domaine de l’édition.

Le personnel des ateliers en 1936

Outre le journal l’imprimerie du Nouvelliste propose ses services aux particuliers, aux

professionnels et aux administrations. Elle fournit des imprimés pour le commerce, des cartes

de visite, des travaux pour les administrations, des affiches de tous formats….

Le journal qui paraît le 30 décembre 1886 est publié en petit format de quatre

colonnes. Les débuts sont assez difficiles, le Nouvelliste est imprimé sur une machine à un

cylindre qui peut tirer 800 exemplaires à l’heure.

Au début de son existence Le Nouvelliste est imprimé par L’imprimerie Lorientaise

(imprimerie de l’ancien Courrier de Bretagne), 100 rue du Port, le gérant est A. Guyomar.

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L’imprimerie de Cathrine et Guyomar est en 1889 la seule « maison » à Lorient qui

possède des presses Marinoni marchant à la vapeur.

A partir du 8 septembre de cette année là, L’imprimerie Lorientaise, « ancienne

maison Cathrine et Guyomar » devient celle de « Alexandre Cathrine, Successeur ».

En août 1893 le Nouvelliste évolue, le format est agrandi, l'impression se fait sur 5

colonnes. Il est tiré sur une nouvelle machine, une presse Marinoni, qui donne 3 600 numéros

à l’heure. Le tirage commence à 17 heures et ne se termine pas avant 21 heures. Les ateliers

disposent quelques mois plus tard d’une machine à réaction à 2 cylindres.

1926

La première rotative

En 1898 l’imprimerie du Nouvelliste acquiert sa première rotative, une Marinoni,

produisant à l’heure 12 000 exemplaires pliés. Cette machine est mise en service le 1er

octobre. En 1926 elle est encore montée dans les ateliers de l’imprimerie et en 1936 elle se

trouve dans les ateliers de secours, 11 rue Bodélio.

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Le Nouvelliste est un des premiers journaux de la presse provinciale à employer cette

machine, qui est à l’époque la plus perfectionnée du matériel d’imprimerie. A partir du jeudi

19 octobre 1899, il paraît sous un nouveau format, passant de 5 à six colonnes (59 x 47 cm).

La tendance est alors aux grands journaux. L’objectif est de rajouter du texte et d'employer

des caractères d'imprimerie plus lisibles. Le tirage bihebdomadaire est alors de 15 000

exemplaires.

La réalisation du journal passe par l'étape première de la composition. Cette opération

a pour objet de matérialiser les textes destinés à être imprimés.

Deux périodes marquent l'évolution technologique du journal, la composition manuelle, puis à

partir de 1911 la composition mécanique, l'emploi de linotypes. A la fin du dix-neuvième

siècle le Nouvelliste use toujours de la composition typographique manuelle, héritage de la

technique mise au point par Gutenberg. La composition manuelle est un frein à la vitesse à

laquelle est fabriqué le journal.

L’exécution de cette phase nécessite un personnel très compétent. Un ouvrier

typographe lève les lettres à la main au rythme de 800 lettres heure, soit au maximum 50

lignes de journal

La rotative Marinoni permet de sortir les journaux pliés et comptés. La feuille

imprimée est coupée. Les exemplaires comptés sont amassés et pliés en quantité déterminée à

l'arrière de la machine sur une table destinée à la recevoir. En une heure la rotative tire et plie

12 000 exemplaires.

Le Nouvelliste est remis plié en huit aux dépositaires, de manière à ce que le lecteur

puisse lire le Nouvelliste grand format, sans avoir à déployer une grande feuille. Pour lire le

Nouvelliste de sa première page à la quatrième, il suffit de quatre mouvements, alors qu'un

journal plié selon l'ancienne méthode exigeait, pour être lu avec la même commodité douze

ou quinze pliages et dépliages successifs.

Une évolution technique continue : la composition mécanique, un gain de

productivité

En 1911 le Nouvelliste met en service ses deux premières linotypes.

Les linotypes du Nouvelliste

Evolution technique majeure elle améliore la rapidité d'exécution, fournissant des

blocs métalliques correspondant à une ligne de caractères justifiés automatiquement.

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1926

Autre avantage de la machine à composer, elle fournit constamment du caractère neuf,

et simplifie beaucoup la manipulation au moment de la mise en page.

Les machines linotypes du modèle en service au journal ont été construites par la

Mergenthaler31 Linotype Company de New York, représenté par la Société Linotype

Française de Paris. La machine linotype compose et fond automatiquement les caractères

typographiques par clichés de lignes entières. Les machines habituellement en service sont à

deux et trois magasins, ce qui permet, à l'aide d'un coup de levier, de passer d'un caractère à

l'autre en changeant le jeu de matrices. Les sous-titres sont composés à la machine. Les titres

seuls, comme d'ailleurs les annonces, restent composés à la main.

Ces machines permettent un gain réel de productivité. Les lignes tombent à la vitesse

maximale de 7 000 caractères typographiques à l'heure par machine. Les linotypes permettent,

s'il le faut, de publier le même jour, à cinq heures du soir, les événements qui se passent

jusqu'à une heure avant.

Au lendemain de la guerre, trois nouvelles linotypes viennent constituer avec les deux

premières un groupe capable de répondre à toutes les exigences. L'évolution matérielle est le

31 Horloger d'origine allemande installé aux Etats Unis - modèle mis au point définitivement en 1891.

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reflet de l’importance économique du groupe de « Presse de Basse Bretagne », en 1936

s'alignent, devant les marbres 10 linotypes, dont deux à chauffage électrique.

La reproduction photographique

Du système Baudot au bélinographe.

Le Français Emile Baudot met au point le premier télescripteur. Si le texte peut être

transmis par ce système il faut attendre le début du vingtième siècle pour faire passer les

images par le canal des signaux électriques. En 1907, le Français Edouard Belin crée un

appareil qui permet par ses signaux analogiques de transmettre des photos à distance, il s’agit

du bélinographe. Son premier essai se fait sur la ligne Paris-Lyon-Bordeaux. Le transmetteur

portatif entre en service en 1913, le premier reportage photographique est transmis de Lyon à

Paris en 1914. Les Etats-Unis sont joints en 1920. En août 1921 le premier bélinogramme par

radio est expédié de la station américaine d’Annapolis vers les laboratoires de Malmaison.

L’utilisation des ondes hertziennes permet une diffusion tout azimut du texte et des images.

L’occasion manquée de 1914

En 1914, l’imprimerie du Nouvelliste est dotée de nouvelles machines.

Elle reçoit de nouvelles linotypes et une rotative pouvant tirer le journal à 4, 6 et 8

pages, à raison de 24 000 exemplaires à l'heure, collés, pliés à trois plis et comptés. Des

machines accessoires et une clicherie moderne sont également achetées en vue de proposer

une nouvelle formule du journal à 6 pages, et sans doute le passage au tirage quotidien. Les

ateliers agrandis vont tripler de surface. La seconde rotative est montée en juillet.

Mais la guerre stoppe net l’évolution technique du journal. Le Nouvelliste bridé à

deux pages réagit en paraissant quotidiennement.

L’imprimerie du quotidien du soir

L’investissement dans la modernisation du matériel se fait en parallèle avec le

développement du journal.

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En 1926 la rotative Marinoni de 1914 est remplacée par une puissante machine

pouvant imprimer jusqu’à 36 000 journaux à l’heure, en plusieurs couleurs, sur 16 pages

illustrées.

Construite par la société Winkler-Fallert à Berne (Suisse), elle est montée en janvier

1926 dans les ateliers de la place Bisson, à Lorient. L’imprimerie du Nouvelliste est la

première en France à recevoir ce modèle.

Le quotidien du soir prend une nouvelle envergure. Le journal s’est installé dans de

nouveaux locaux plus vastes et a été doté de matériel très performant. La manière de travailler

a changé, les imprimeurs se sont adaptés à leurs machines neuves.

L’évolution du travail

Chaque ouvrier linotypiste compose la copie qui lui a été confiée et porte l'ensemble

des lignes composées sur un marbre.

Un ouvrier typographe habille cette composition, lui confectionne à la main le titre qui

manque, lui donne les interlignes nécessaires pour que le titre ne paraisse ni trop blanc ni trop

écrasé et la place sur un étroit et long plateau de métal, appelé la galée.

Ces caractères sont encrés à l'aide d'un petit rouleau, puis une feuille est imprimée afin

d'en faire une épreuve.

Epreuve et copie passent sur le bureau des correcteurs, tandis que la composition passe

sur le marbre du metteur en page.

L’épreuve est alors soumise à une correction rapide, parfois se glissent quelques

coquilles.

L'épreuve retourne munie d'indications techniques aux mains du linotypiste qui

compose à nouveau la ligne dans laquelle une correction a été signalée. Cette ligne revient

avec la copie sur le marbre, et la correction est effectuée.

Le metteur en page coiffe le paquet d'un titre, puis bourre vivement les six colonnes

qui sont enfermées parallèlement dans le châssis sur le marbre, une table de métal poli ; elles

sont rapidement justifiées.

A ce moment une dernière épreuve est prise, c’est la morasse ; elle est vérifiée, la

page est prête.

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Le metteur en page a pris les paquets de composition et les a alignés par page, classés

et mis dans les formes. Ces cadres doivent recevoir la matière pour chaque page. Remplis de

texte, ils pèsent à peu près 80 kilos.

Les formes passent à la clicherie.

L'opération du clichage consiste à reproduire les formes typographiques en cliché

semi-cylindrique et d'un seul bloc destiné à être placé sur les machines rotatives.

Une fois en possession de la forme que vient de lui remettre le metteur en pages, le

clicheur en prend l'empreinte en creux sur le flan, au moyen d'une puissante presse à mouler32.

Un séchoir électrique durcit le flan.

L'empreinte est mise dans un moule cylindrique destiné à recevoir la coulée de métal,

alliage de plomb 84 %, antimoine 14 %, étain 2 %, maintenu en fusion dans un grand creuset

électrique. Ce métal reproduit donc exactement sous une forme semi-cylindrique, l'empreinte

que le flan a prise de la forme : c'est le cliché.

Retiré du moule, des échoppeurs le saisissent à l'aide de morceaux de cuir, et avec des

ciseaux et des maillets, ils enlèvent les bavures produites par les équerres du moule.

Le cliché passe ensuite dans un compresseur qui égalise son épaisseur. On l'arrose

pour le refroidir, on le brosse et on le passe aux rotativistes qui le fixent à sa place sur les

cylindres de la machine.

Ces opérations prennent en moyenne une bonne demi-heure par cliché.

Certains perfectionnements permettent d'abréger ce temps presque de moitié : une

machine prend l'empreinte, le cliché est détaché du lingot par deux ouvriers et une autre

machine le termine.

La clicherie du Nouvelliste est la première en Province en 1926 à être équipée de cet

appareil moderne et compact. Il n'a guère plus d'un mètre de côté. Cette machine fond

électriquement une tonne de métal, coule le cliché, le remet aux rotativistes, prêt à être fixé

sur les cylindres. Entre le moment où le flan est introduit dans la fondeuse et celui où le cliché

tout prêt en sort, il s'est écoulé entre trente et cinquante secondes.

32 pressions atteignant 500 tonnes

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Les rotatives sont lancées.

Le demi-cylindre de plomb du cliché est fixé sur l'un des nombreux rouleaux de la

rotative. Deux de ces demi-cylindres enveloppent complètement le rouleau dont ils forment

l'écorce.

Le cliché ainsi terminé est fixé sur les cylindres de la rotative, il en faut deux par pages

; la machine est prête à rouler.

Ce rouleau avec les deux clichés se met à tourner. D'un côté, il roule appuyé contre un

rouleau d'encre, de l'autre il serre le papier qui glisse à travers les deux cylindres de la

rotative.

Les rotatives sont alors lancées. Les journaux sortent, coupés, collés et comptés par

paquet de 50. Ils sortent prêts à être vendus, à la vitesse de 500 à la minute, 30 000 à l'heure33.

Les volumineuses bobines de papier sont absorbées en quelques minutes.

La rotative du journal est paramétrée pour imprimer de 4 à 16 pages en noir et en

plusieurs couleurs.

Le pliage varie selon la destination du journal. Ainsi les numéros devant être livrés

aux kiosques sont simplement pliés en deux dans le sens de la largeur, tandis que ceux

destinés à la mise sous bande et au service des abonnés sont pliés en quatre. Il est possible,

sans interrompre le tirage, de modifier le mode de pliage.

Le papier journal

Le papier servant au Nouvelliste arrive par bateaux, qui débarquent sur les quais de

Lorient. Le chargement de papier est entreposé immédiatement dans des hangars aménagés

pour cet usage.

Le papier journal est enroulé en bobines dont le poids varie de 175 à 300 kilos. A titre

d’anecdote, un chroniqueur estime en 1936 que tirage annuel du Nouvelliste déroulé bout à

bout représente un ruban de 40 000 kilomètres.

26 Les rotatives des journaux nationaux à la même époque sont capables de tirer 100 à 120 000

exemplaires, collés, pliés et comptés par paquets.

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La distribution du Nouvelliste

Tirage du Nouvelliste.

En 1898, le Nouvelliste paraissant trois fois par semaine tire à 25 000 exemplaires.

Dans ses colonnes il revendique 50 000 lecteurs par tirage.

D’après les déclarations de dépôt légal de la Société Anonyme de la Presse de Basse-

Bretagne, qui édite le Nouvelliste du Morbihan,

- le 23 décembre 1930, le journal a tiré 15 540 exemplaires,

- le11 octobre 1933 à 19 200,

- le 20 août 1935 à 15 000

- les 20, 21 et 23 mars 1940 à19000

Cependant le tirage peut être plus élevé selon l’actualité ; le chiffre de 36 000

exemplaires est avancé.

Le dépôt légal était adressé par la poste, en quatre exemplaires à Monsieur le Préfet

du Morbihan, à la régie du dépôt légal, 1er division, Vannes.

La vente du journal

Le Nouvelliste à la recherche de son public

Aux alentours de 1900, après avoir gagné son lectorat dans l’agglomération

lorientaise, le Nouvelliste cherche à se diffuser d’une façon plus soutenue dans les campagnes

et les bourgs. Il propose l’abonnement au journal comme un investissement rentable sous

plusieurs aspects. Les petites annonces sont présentées comme autant d’opportunités de

réaliser de bonnes affaires. Les cours des produits agricoles permettent de vendre et d’acheter

au bon prix. Le journal est présenté comme un élément éducatif permettant à ceux qui ont été

à l’école de ne pas sombrer dans l’illettrisme. Enfin, source d’information, il apporte la

connaissance indispensable pour ne pas se faire rouler par « crédulité et ignorance ».

« …Donc chers lecteurs, abonnez-vous au Nouvelliste ! Que chaque localité, chaque

bourg, chaque village ait son Nouvelliste ! Pour les gens dont la bourse est petite, toute petite,

qu’ils se mettent dans le même village, à deux à trois, pour payer un abonnement : cela ne

fera jamais que l’argent d’une chopine de cidre une moins par semaine !… »

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Question de prix.

L’abonnement annuel est, pour le Morbihan, à 7 francs en 1887, à 5,50 francs en 1893,

à 7 francs en 1905, à 25 francs en 1922 et à 60 francs en 1930.

A l’origine, le journal daté du jeudi et du dimanche. Il est vendu, de 1886 à 1893, à 10

centimes le numéro (deux sous), comme tous les autres journaux. Son prix est revu à la baisse,

concurrence oblige, il passe à cinq centimes.

A la fin de la Première Guerre mondiale, à partir de juin 1918, le prix change selon le

titre et le jour de distribution :

-le dimanche, Le Nouvelliste du Morbihan est à 5 centimes,

- le mardi L’Ouest Maritime est à 10 centimes,

- le mercredi Le Nouvelliste de Lorient est à 10 centimes,

- le jeudi Le Nouvelliste du Morbihan est à 10 centimes,

- le vendredi L’Ouest Maritime est à 5 centimes,

- le samedi Le Nouvelliste de Lorient est à 5 centimes.

En 1921 il passe quotidiennement à 10 centimes.

En avril 1924, il est à 15 centimes. La raison invoquée est la hausse du prix des

matières premières et l’augmentation des frais généraux. En 1926, il monte à 20 centimes,

puis en juillet à 25 centimes.

Un article du Nouvelliste du dimanche 20 mai justifie la hausse : « Avant 1914, les

journaux étaient vendus 5 centimes, le papier coûtait 28 à 30 francs les 100 kg, l’encre 0,45

franc le kg. En 1928, le papier est à 180 francs les 100 kg, l’encre à 3 francs le kg. Le prix

des journaux a été multiplié par 5 alors que le coût de la matière première était multiplié par

6 ou 7, sans compter le train de hausse lié à l’augmentation de l’indice du prix de la vie

(salaire, impôts). Le prix de revient d’un journal de 6 pages est de 0,20 francs à Paris, et

0,175 francs en Province, à ce prix il faut rajouter les frais de distribution ».

Le budget de fonctionnement du journal est conséquent.

Le personnel est relativement nombreux et qualifié. Comme Le Nouvelliste ne dispose pas de

financement autre que celui qu'il réalise par ses ventes et la publicité, il se doit d’avoir un prix

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calculé au plus juste ; équilibrant d’un côté marge bénéficiaire et frais de gestion, de l’autre sa

compétitivité face à la concurrence.

En 1935, le prix est toujours de 25 centimes, en 1943 il est d’un franc.

1926 –1936 La vente

Page 82: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

81

La vente, le départ des exemplaires

A la sortie de la rotative, les exemplaires tirés vont vers le service des ventes et celui

des expéditions

Les journaux destinés à l'expédition sont pris en charge par les plieurs. Ils mettent sous

bande ceux qui sont destinés aux abonnés et préparent rapidement les exemplaires réservés

aux correspondants des diverses communes du Morbihan.

Le service des départs s’active pour ne pas manquer l’heure de la poste, ni le départ

des trains pour Auray, Vannes, Questembert, Malestroit-Ploermel, Auray-Pontivy, Queven,

Pont-Scorff, Plouay, Le Faouët, Gourin, Quimperlé, Bannalec, Rosporden, Quimper, etc.…

Ce service dispose lui aussi, de sa machinerie, une adressotype, qui coupe, compte et

imprime mécaniquement les bandes d’envoi et les listes d’adresses.

Les abonnés du Nouvelliste sont servis par un service spécial qui assure le routage des

journaux. Le Nouvelliste est diffusé à l’étranger et dans les colonies par la poste aérienne et

les longs-courriers océaniques.

Les vendeurs prennent en charge leur provision, trois ou quatre cents numéros, puis

ils partent à travers l’agglomération lorientaise et vont porter leur papier de Port Louis à

Page 83: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

82

Keryado, de Lanester à Ploemeur, aux milliers de lecteurs qui attendent impatiemment leur

journal.

A l’heure de la vente du Nouvelliste les acheteurs se pressent dans le hall du journal,

autour des kiosques et des dépôts. Les crieurs parcourent les rues de la ville et s’arrêtent aux

portes des maisons.

Les crieurs d’antan

Les premières années du Nouvelliste le journal se vendait beaucoup par des crieurs.

Le premier juin 1893, Johël d’Armor publiait un article à propos des crieurs de

journaux. Il évoque les annonces faites, le boniment : « Y a un chien écrasé ! Y a un homme

tombé dans le bassin ! Et puis y a encore une voiture qu’a chaviré… ».

Il regrette que cet usage ait été réduit depuis 1889 par la municipalité, « puisque

défense est faite aux vendeurs des publications lorientaises de crier autres choses que le titre,

sous prétexte qu’ils troublent la paix publique, que cela forme de graves inconvénients… »

Dans un extrait de la chronique de « la vie lorientaise, il y a cinquante ans et plus », du

08 juillet 1934, on évoque la vente du journal. « Les jours où le Nouvelliste paraissait, les

groupes étaient toujours plus nombreux. Une heure à l’avance des estafettes s’avançaient sur

le milieu du cours, pour le plaisir d’annoncer sa venue deux minutes à l’avance.

Quand le vendeur du journal local, le père Prévot, arrivait toujours pressé, la voix

éraillée, la barbe en fleur et les cheveux en broussaille sur la nuque, il était l’objet d’une

petite ovation qui le flattait et le faisait sourire. Il remettait un exemplaire à chaque groupe,

et poursuivait sa route d’un pas rapide, vers la rue de Brest, où il faisait cent fois la navette

d’un trottoir à l’autre, pour servir ses clients.

Et jusqu’au soir, les « Sénateurs » et les « Députés » réunis en cercle dans leur groupe

respectif, écoutaient attentivement la lecture du journal, puis commentaient les nouvelles. »

Page 84: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

83

1926

Les points de vente

En 1901, un article faisant la publicité du Clocher Breton (revue littéraire) nous donne

des points de vente du Nouvelliste. Ils sont situés, pour Lorient, à la papeterie du Nouvelliste,

93 rue du Port, à la librairie du Petit Journal, cours de la Bôve, au kiosque du Pont-tournant,

cours des Quais et de l’avenue Cottenseau, cours de Chazelles. A Vannes on le trouve au

bureau de tabac Mounic, rue des Douves du Port, à Quimperlé à la librairie Terrier.

Les points de vente du Nouvelliste à Lorient en 1926.

Le Nouvelliste est mis en vente tous les soirs à Lorient. Le journal, en mars 1926

publie la liste de ses points de vente.

Page 85: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

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Quartier de Kerentrech Quartier de Nouvelle-Ville

Kiosque à Calvin Kiosque rue Carnot

Kiosque place de l’Yser Tabac 73, rue Carnot

Kiosque cours Chazelles (angle rue Beauvais) Epicerie rue La Bourdonnais

Kiosque cours Chazelles (angle rue du

Cimetière)

Tabac 16, rue de Carnel

Kiosque cours Chazelles (angle rue Georges

Collier

Epicerie 11, rue de Carnel

Kiosque cours Chazelles (angle place du

Morbihan)

Tabac à Kergroise

Epicerie avenue de la Marne

Quartier de Merville Ville centre – Intra-Muros

Kiosque place Jules Ferry Kiosque place d’Armes

Kiosque Groupe scolaire Tabac 96, rue du Port

Kiosque angle rue Claire Droneau Librairie 67, rue du Port

Tabac 47, avenue Jean Jaurès Tabac 60, rue du Port

Poste 57, avenue Jean Jaurès Librairie cours de la Bôve

Epicerie 93, rue du Poteau Tabac cours de la Bôve

Epicerie 9, rue de Larmor Kiosque place Saint Louis

Tabac-Epicerie à la « Puce qui renifle » Kiosque place Bisson

Tabac à Villeneuve Kiosque place Alsace Lorraine

Kiosque place Ploemeur

Bazar rue du Morbihan (coin rue Saint Pierre)

Boulla, rue de la Patrie

Commune de Larmor

Boulangerie Philippe

Page 86: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

85

Services de l’administration 1936.

Zone d’influence et impact de la publicité paraissant dans le Nouvelliste.

Il est important de pouvoir évaluer la zone d’influence du Nouvelliste. Cet intérêt est

double, jauger la pénétration du journal dans la région et estimer l’intérêt que peuvent trouver

des annonceurs à publier leur publicité dans ce média. N’oublions pas que le journal est

financé en partie par ce système.

Les premières années les zones géographiques locales évoquées dans les pages du

Nouvelliste, hormis Lorient et sa région, s’étendent sur l’ensemble des arrondissements du

Morbihan selon les rubriques et l’actualité.

Le proche Finistère, Quimperlé, n’est évoqué qu’à l’occasion du Pardon des Oiseaux,

en forêt de Carnoët (fête fréquentée par de nombreux Lorientais).

Dans les années vingt, la zone d’influence du Nouvelliste est complétée par celle de

l’Ouest Républicain et par L’Eclair du Finistère. Ces deux titres revendiquant 35 000 familles

rurales abonnées dans le Morbihan et dans le Finistère.

Si l’on rajoute les 20 000 acheteurs quotidiens du Nouvelliste, on arrive à un potentiel

de près de 55 000 journaux par tirage pour la Société anonyme de la Presse de Basse-

Bretagne.

Page 87: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

86

Le Nouvelliste dans sa rubrique « Annonces populaires du Nouvelliste » propose en

1938 que les annonces passées dans le Nouvelliste, soient relayées dans L’Ouest-Républicain

et L’Eclair du Finistère.

En 1926, la rédaction du Nouvelliste vante l’intérêt de faire publier sa publicité dans

les pages de son journal. L’argumentaire optimise la position des journaux de la société de

presse de Basse Bretagne.

« Nos journaux sont les seuls quotidiens ou bihebdomadaires rédigés et imprimés dans

ce grand centre commercial, agricole, industriel et maritime que constituent Lorient et la

Basse-Bretagne. Les autres quotidiens mis en vente dans nos régions viennent des centres

dont les intérêts économiques ne concordent pas forcément pas avec ceux que nous défendons

dans le Nouvelliste du Morbihan, l’Ouest Républicain et l’Eclair du Finistère.

C’est ce qui donne à notre journal, ainsi qu’à ses frères cadets l’ Ouest Républicain et

l’Eclair du Finistère, une influence considérable et fait de leur publicité la meilleure,

incontestablement, de toute la Basse-Bretagne, cette région riche et en plein essor

économique, où le goût de l’outillage et du confortable se développe constamment, que

peuplent 800 000 habitants et où chaque année un million de touristes passent ou séjournent.

La valeur de notre publicité est constatée tous les jours par les commerçants de notre

région et par le grand public lui-même.

Les habitants de Lorient, du Morbihan et du Sud-Finistère savent, par une expérience

de tous les jours, quels sont les journaux les plus lus, et c’est à ceux-là que naturellement ils

s’adressent lorsqu’ils cherchent un emploi ou un employé, qu’ils veulent vendre ou acheter un

immeuble, un fonds de commerce ou quelque produit. Ils reconnaissent dans le Nouvelliste du

Morbihan, l’Ouest Républicain et l’Eclair du Finistère les intermédiaires indispensables dans

les transactions petites ou grandes.

Que l’on songe à l’importance de la région dans laquelle nos journaux sont lus – une

des rares en France où la population soit en augmentation constante – et où on se rend

compte de l’intérêt qu’il présente pour tout homme d’affaire.

Nos services de publicité sont d’ailleurs à la disposition des commerçants et

industriels pour leur présenter des devis et leur tracer un plan de campagne pour la publicité

d’une maison ou d’un produit. Il suffira pour cela de s’adresser à M. Saulnier, chef de ces

services.

Page 88: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

87

En outre, notre service artistique, dirigé par M. Fred Régnier, leur établira tous les

projets d’affiches, dessin ou composition destinés soit à la publicité, soit à l’illustration. »

La vision de Lorient et sa région, du Sud de la Bretagne est celle d’un bassin

économique actif et attractif à l’image que se donne Le Nouvelliste.

Les immeubles du Nouvelliste, les banquets du personnel du journal

Autre aspect de la vie matérielle du journal, celui de l’immobilier.

Le Nouvelliste dans les années 30, occupe, au centre de Lorient, trois immeubles qui

vont du 18 de la place Bisson au 6 de la rue Bodélio.

Sur la place Bisson s’ouvrent la salle des dépêches, les guichets des abonnements, des

petites annonces et de l’imprimerie. Au milieu des années vingt, trois postes de radio sont

installés dans la salle des dépêches pour y donner des auditions publiques des émissions de

Paris, Londres, Toulouse, Barcelone, etc…

Au rez-de-chaussée du n°4, rue Bodélio, se trouvent les bureaux de la direction et du

secrétariat. Au premier, dans deux vastes salles, se situe la rédaction.

Au 6 rue Bodélio le rez-de-chaussée est occupé par le service des ventes et le bureau

des correcteurs. Au premier se trouvent le salon de réception et les bureaux de la publicité.

L’espace situé entre ces trois immeubles, les Halles et la Caisse d’Epargne, est occupé

par les services commerciaux, la comptabilité, l’imprimerie, l’atelier des linotypes, les

rotatives, le service des départs, etc…

L’ensemble des services est relié par téléphone. Les communications du Nouvelliste

avec l’extérieur sont assurées par un standard.

Aux 9 et 11 rue Bodélio sont les garages et les hangars contenant les réserves de

papier.

Aux étages de ces différents immeubles se trouvent les logements d’une bonne partie

du personnel.

Page 89: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

88

Visite des ateliers et vie associative

Les personnes qui désirent visiter les installations du Nouvelliste sont reçues le mardi

et le vendredi par un guide.

Le Nouvelliste se propose de mettre à la disposition des différents groupements, pour

leur réunion de comité, sur réservation auprès du secrétaire général du Nouvelliste, « un

bureau-salon, chauffé, éclairé et muni du téléphone » ; ce bureau étant situé 6 rue Bodélio, au

premier étage.

La grande famille du Nouvelliste : le banquet promenade annuel du personnel du journal

Le banquet annuel du Nouvelliste a lieu au mois de février, c’est une fête offerte par le

conseil d’administration du journal aux ouvriers et employés, ainsi qu’à leur famille.

A la fin du mois de mai une sortie et un banquet sont organisés à l’occasion de la

Saint-Jean-Porte-Latine. Ce banquet-promenade de l’atelier du Nouvelliste est financé par une

cagnotte. La tradition démarre semble t-il en 1930.

Des banquets sont organisés ponctuellement par la direction du journal, à l’occasion

d’un événement marquant (remise de Légion d’Honneur, mariage…). C’est l’occasion de

réaliser une certaine forme conviviale et paternaliste de communication interne à l’entreprise

où toasts portés et discours sont échangés dans une ambiance détendue.

L’histoire matérielle du Nouvelliste est une trame sur laquelle va se tisser au jour le

jour le récit de la vie lorientaise et morbihannaise rendue compte par le journal.

Page 90: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

89

1 – 4 LE NOUVELLISTE DU MORBIHAN, REFLET DE LA MEMOIRE

COLLECTIVE D’UNE VILLE.

Le Nouvelliste, c’est une évidence, est le miroir de la société qu’il informe. Il filtre et

pèse les événements à l’aune de la mentalité de son temps. Le journal présente ce qui est

censé avoir de l’importance aux yeux de ses contemporains. La collection du Nouvelliste,

longue mémoire du quotidien fixé numéro après numéro sur des milliers de pages, est un

patrimoine de l’écrit et une source historique de premier plan.

Au fil du temps qui passe, les informations transmises par cet organe de presse

présentent ce qui compose la vie au jour le jour, avec son ensemble hétéroclite de faits

majeurs et mineurs. Le Nouvelliste nous présente la chronique d’une cité disparue, celle du

Lorient d’avant 1943.

Il serait hors de propos dans ce travail de vouloir thématiser ou disséquer la somme

d’informations contenues dans la collection du Nouvelliste. Toutefois il peut être utile de

présenter une galerie d’exemples relevés au fil du récolement de la collection dont le contenu

est facilement retrouvable dans les cédéroms du journal.

Galeries d’exemples de thèmes traités par le Nouvelliste au fil du

temps.

La crise lorientaise.

Un sujet revient régulièrement dans les colonnes du Nouvelliste : la crise Lorientaise.

Le 14 mai 1893, on évoque dans la chronique départementale « La crise Lorientaise ».

On y découvre un Lorient découragé avec un commerce en perte de vitesse, la diminution

d’activité de l’arsenal.

En titre le 13 novembre 1890 on peut lire : « Suppression du port de Lorient ». Trente-

six ans plus tard, le 11 septembre 1926, dans la rubrique Dernière heure on peut lire : « Le

conseil des ministres décide la suppression du port de Lorient », avec notamment la

disparition de l’arsenal…

Page 91: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

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Le journal se fait l’écho d’autres crises, qui secouent Lorient. Ainsi, il titre en

première page le 24 juin 1904 « Graves Incidents – Bris et incendie – L’anarchie se dessine.

Le 12 septembre 1911 à propos de la « cherté des vivres » il fait état de « Manifestations

violentes – 50 gendarmes et agents interviennent – les cultivateurs vont boycotter le marché –

la bourse du travail fait appel aux ménagères lorientaises ». En 1913 la «question sardinière»

est d’actualité dans un article du 4 mars.

Le développement de Lorient.

A la fin du XIXe siècle Lorient étouffe dans son intra-muros. Ses faubourgs présentent

un caractère semi-rural et restent à distance, par un no man’s land, des limites de la place

militaire de Lorient.

Yan Carnel dans la Chronique lorientaise du 11 juillet 1889, titrée « Voyage au-dessus de

Lorient – Ascension de la Tour Saint-Louis » décrit Lorient : « A nos pieds enfin, au-dessous

de nous, la ville ! Ah mes amis, comme c’est laid ! sombres ! Quels affreux pâtés de maisons

inégales et sombres ! Quelles petites rues ! Et le port qu’il est petit !. »

Les évolutions de l’arsenal et des grands travaux urbains sont traitées, tels le 13 mars

1913 « la disparition de la cale couverte » ou la vente de lots à bâtir dans le quartier de

Nouvelle Ville (28 octobre 1913).

Le quotidien se fait l’écho des mutations économiques de Lorient, c’est ainsi que le 28

septembre 1926 il annonce la première foire exposition de Basse-Bretagne ouvrant ses portes

à Lorient.

Dans cette logique de dynamisme économique, le premier avril 1925, le syndicat

d’initiative de Lorient est constitué.

Dès avril 1919 Le Nouvelliste rend compte du projet de port de pêche de Lorient-

Kéroman. En septembre de cette même année dans le mémoire descriptif de l’enquête d’utilité

publique il publie le plan de l’achèvement complet de Lorient Kéroman. Ce document donne

un aperçu de ce qu’aurait été le développement portuaire de Lorient, sans la construction de la

base de sous-marins. A l’emplacement des bunkers il y aurait eu une gare et plus à l’ouest

vers « Kérolé » un second bassin.

Page 92: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

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La zone portuaire de Keroman telle qu’elle était prévue en 1919

Dans un article du 3 avril 1926, à propos de « la pêche hauturière à Lorient » le journal

décrit l’armement et le fonctionnement de « la compagnie lorientaise de chalutage à vapeur ».

Le 1er juin 1927 « Les grandes fêtes d’inauguration du port de pêche de Lorient-

Kéroman » sont annoncées. Le comité des fêtes du port a élaboré un ensemble de festivités

musicales et sportives lors de ses réunions à la brasserie de « L’Univers ». Les notabilités

locales, dont le maire, le secrétaire de la ligue Maritime et coloniale, des industriels, des

mareyeurs et le directeur du Nouvelliste participent à cette fête marquante pour l’évolution

socio-économique de Lorient.

Le 16 juillet 1927 le journal reproduit l’article sur le port de pêche rédigé par Robert-

Muller, professeur à l’Ecole des Hautes Etudes Commerciales, paru dans les Annales de

Géographie : « Le nouveau port de pêche de Lorient – Chalutage et charbon. ». Le slip-way

est réceptionné officiellement en janvier 1932 (14/01/1932).

Page 93: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

92

Le port de Lorient en 1927

16 / 07 / 1927 – Le nouveau port de pêche de Lorient – chalutage et charbon

Page 94: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

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Le 16 novembre 1927, le journal lorientais, dans le cadre du plan d’embellissement de

la ville, publie un texte signé du « Redressement français » intitulé « Pour le plus grand

Lorient ». Ce document redéfinit le développement urbain de Lorient, notamment en ce qui

concerne l’emplacement du centre ville et le tracé des axes de circulation. Le plan de ce

nouveau Lorient ressemble à celui qui sera rebâti après guerre et le tracé des routes

périphériques est quasiment le même que celui mis en place bien plus tard.

Dans le journal du 31 octobre 1936 il est question du port de commerce « Le

prolongement du quai de Kergroise ». Le ton est sans fausse modestie « comment on mène

une œuvre de géant…l’avancement des travaux. »

La Chambre de Commerce est inaugurée à la fin du mois de novembre 1931

(1/12/1931).

Le 25 août 1935, le Nouvelliste annonce que « Lorient aura bientôt un aérodrome de

50 hectares – Il serait installé à Lann-Bihoué situé entre le bourg de Ploemeur et la route de

Quimperlé. »

La démographie.

Le Nouvelliste apporte régulièrement, au fil des recensements, des informations sur les

évolutions démographiques locales, départementales ou régionales.

Dans le journal du 27 mars 188734, la chronique départementale fournit les chiffres de

la population du Morbihan ; chiffres repris dans le journal du premier mars 1894.

En 1901, à propos du peuplement de la ville de Lorient, le Nouvelliste évoque à

l’occasion des recensements effectués le profil et l’historique démographique de la cité

( 14/04/1901).

En 1936, le 11 septembre le journal donne sous forme de graphique illustré la courbe

de croissance du peuplement du département du Morbihan depuis 1801 ; 401 215 habitants en

1801 – 542 248 en 1936.

Le 16 juillet 1937, un article nous informe sur le mouvement de la population en

Bretagne.

27 Lorient intra-muros 23 809 / extra-muros 16 246 / total 39 055

Page 95: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

94

Le développement et l’aménagement de Lorient prévu en 1927

16 / 11 / 1927

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Projet de 1926 / La chambre de commerce

11 septembre 1936

Page 97: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

96

Les problèmes sanitaires de Lorient.

En novembre et décembre 1892, Lorient est touché par une épidémie « cholériforme »,

les foyers ont pour origine des « maisons mal tenues » dans le bas de Kerentrech et Caudan.

Des mesures d’hygiène sont prises et les locaux sont désinfectés au grésil pour faire reculer la

menace sanitaire.

En 1903 (9/07/1903), un autre chroniqueur, Johël d’Armor, dans une chanson ayant

pour titre « Miasmes bassinants » (sur l’air de Cadet Roussel).

«Lorient est vraiment la ville

A laquelle on n’peut rien envier,

Pas plus le virgule-bacille,

Que toutes les odeurs d’évier.

Après la fièvre typhoïde

On r’nifle d’la vas’putride…

Ah ! ah ! ah ! oui vraiment

Ca n’sent pas la rose à Lorient. »

Le bassin du port avait été vidé, et la vase complètement à découvert exhalait les

odeurs nauséabondes d’une ville sans égout collectif, d’où des problèmes d’hygiène publique.

Le 24 avril 1924, dans la rubrique Petits propos de la Bôve, un article intitulé « La cité

des plaisirs » se moque de certains comités proposant des projets de fêtes et évoque les

problèmes d’hygiène publique d’une façon humoristique : « Sortie solennelle de la première

fosse septique enguirlandée de fleurs... entourées de rescapés de la tuberculose et de la

typhoïde…les ménagères de leurs fenêtres secouant sur la tête des passants les poussières,

puces punaises…exercices du seau de ruisseau…et du balai récalcitrant…feux d’artifice

odorant et antiseptique… »

Le Nouvelliste du12 septembre 1918 relate deux menaces d’épidémies qui touchent la

population, l’arrivée de la tristement célèbre grippe, et la dysenterie. Léo Le Bourgo, dans sa

chronique locale du 19, évoque l’influenza, la grippe espagnole.

Le journal peut-être le révélateur de problèmes de santé publique de la région. Ainsi,

en pleine guerre, en août 1915 il publie une série d’articles en première page ayant pour titre

« L’alcoolisme et la folie dans le Morbihan ». L’auteur en est « le docteur Privat de Fortuné,

directeur de l’asile de Lesvellec ». Une succession d’exemples vient étayer un bien triste

bilan.

Page 98: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

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Les grandes tragédies.

Le journal relate les catastrophes, les drames de la mer touchent particulièrement son

lectorat.

Le 30 septembre 1930 une tempête particulièrement meurtrière est relatée : « Nos

pêcheurs en deuil – une fois de plus la mer prélève sur nos populations morbihannaises un

lourd tribu de victimes ».

Parfois certaines grandes tragédies communiquées restent dans la mémoire collective.

Ainsi, dans la rubrique « Dernière heure » page 3, du mardi 16 avril 1912 on y apprend le

« Naufrage d’un grand paquebot – Un terrible naufrage s’est produit la nuit dernière non

loin de Terre Neuve. Le nouveau paquebot géant Titanic de la compagnie anglaise White Star

Line, mesurant 240 mètres de longueur a heurté un banc de glace et a coulé… ».

Le journal est aussi le témoin direct des drames européens de son temps. Le 9 mai

1934, « Les conséquences navrantes de la guerre des deux Espagnes - 86 réfugiés basques ont

débarqué ce matin à Lorient…puis ont été dirigés ver l’hôpital maritime de Port Louis où

l’intendance pourvoit à leur subsistance ».

La grande guerre

Le 30 juillet 1914, la déclaration de guerre de l’Autriche-Hongrie à la Serbie est

annoncée en première page. Dans son numéro du 2 août 1914, le titre « La mobilisation est

décrétée » barre la première page, plus bas on peut lire : « Assassinat de Jaurès », le 5 le

journal annonce « L’Allemagne a déclaré la guerre à la France – Ouverture des hostilités ».

Le mardi 04 août Le Nouvelliste annonce à ses lecteurs : « Les événements vont nous

obliger, selon toute probabilité, comme tous nos confrères, à modifier le format de notre

journal. La raison en est que le papier devient rare, la plus grande partie des trains de

marchandises étant mobilisés et d’autre part, presque tous les ouvriers étant rappelés sous les

armes. Le Nouvelliste du Morbihan n’en paraîtra pas moins à ses heures habituelles, peut-

être même tous les jours, suivant la gravité des circonstances.

L’appel au calme a été entendu de nos concitoyens. La situation est grave, il est vrai,

mais les lorientais ont compris qu’il s’agit de la grandeur, de la prospérité et de la dignité de

notre pays.

Page 99: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

98

Quoi qu’il arrive, Le Nouvelliste du Morbihan, fidèle à ses principes, tiendra ses

lecteurs au courant de tous les événements qui pourront survenir. »

Le journal devient quotidien, malgré les difficultés de toutes sortes, pour tenir ses

lecteurs au courant des évolutions du conflit et publier dans le plus bref délai le communiqué

de 15 h, ainsi que les nouvelles particulières des Morbihannais au front, et les avis

administratifs.

La nature des informations relatée par le journal change pendant la guerre les

informations locales sont considérablement réduites pour donner les nouvelles du front, du

reste du pays et les évolutions internationales. La censure contrôle les articles qui paraissent,

et parfois laisse certains blancs.

Après avoir analysé « les causes de la guerre », « la défense du territoire »,

« l’assassinat de Jaurès » début août 1914, c’est aussi l’occasion de publier l’historique du 62e

régiment d’infanterie (du 09/08 au 17/10/1914).

Les premiers récits de combats sont publiés en novembre et la prise de conscience de

la tragédie meurtrière apparaît dans un article daté du 20/11/1914, rédigé par le docteur Aslan

« De la mort brusque ». Une prédiction à propos du conflit, écrite en breton, est publiée le

surlendemain.

La guerre s’enterre « La guerre des taupes », également signé du Dr Aslan est publié le

27 novembre 1914. L’emploi des gaz y est déjà évoqué…Puis en décembre on peut lire « Les

bénéfices de la guerre », « Du courage militaire ».

Le 28 janvier 1915 on écrit « comment on se défend contre les sous-marins », puis au

mois de mai « Les gaz asphyxiants », « Les poilus ».

Le samedi 22 juillet on relate les combats des fusiliers marins de Lorient au cimetière

de Dixmude. Ces combats sont repris sous forme de feuilleton « Dixmude / 7 octobre – 10

novembre 1914 ».

Le 14 mars 1916 le Nouvelliste présente l’inauguration de l’école de rééducation

professionnelle des mutilés, Villa Julia, 12 rue Jules Simon. Le 16 juillet on annonce la mort

du Duc de Rohan à Verdun.

Page 100: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

99

Le 4 octobre 1917, le président de la République vient à Lorient pour décorer de la

légion d’honneur et de la médaille militaire l’équipage du voilier Kléber qui s’est battu contre

un sous-marin allemand au large des Glénans le 6 septembre.

Ce sujet est repris par L’Illustration du samedi 13 octobre 1917. Le traitement de

l’information diffère notablement par les illustrations photographiques qui manquent au

Nouvelliste.

Faits divers, anecdotes, vie quotidienne, événements.

Le Nouvelliste informe la population de Lorient, ses dépêches sont-elles objectives,

vérifiées ? On peut parfois en douter, à moins que ce ne soit un canular…

Le 24 mai 1888 on peut lire dans la rubrique, Faits Divers : « Une femme qui accouche

d’un cheval…On écrit à la Lombarde de Milan : A Vicolo-Mercanti, la fille d’un riche

carrossier, marié à un cocher, était enceinte. Elle n’en continuait pas moins à s’occuper des

chevaux. Hier elle a accouché d’un cheval. Elle est morte des suites de l’accouchement. Le

petit cheval vit. Le malheureux mari a été pris d’une fièvre violente et il est mourant. »

Le Nouvelliste rend compte des faits divers. Il fait paraître à l’occasion des titres à

sensation sur les affaires qui vont impressionner l’opinion publique.

Le premier meurtre marquant est repris le 16 octobre 1887, il s’agit de l’assassinat

d’un facteur à Pont-Scorff.

La liste des crimes et délit est longue de 1887 à 1944. Pour mémoire on peut trouver

ainsi la description le 27 mars 1892 de l’exécution capitale du nommé David. « Le crime

d’une mère – A-t-elle ébouillanté son enfant » (29/03/1921). « Horrible drame de la folie à la

Villeneuve – Un aiguilleur de la gare de Lorient égorge trois femmes (24/04/1921). « Une

Belliloise décapitée par le train en gare de Lorient »(9/02/1926). Le 28 février 1936 le journal

relate « Une série de crimes atroces »… « pour lui voler 73 francs un gamin de 16 ans achève

sa grand’mère en lui enfonçant un pieu dans la bouche ».

Le journal reprend aussi les meurtres « nationaux », en novembre 1921, il relate « Le

procès Landru », en octobre 1924 celui de Seznec.

Certaines affaires locales ont des retentissements nationaux : au mois de mai 1934,

puis à l’occasion du procès de juin 1935 le journal fait écho à l’affaire du Loch, au crime de

Michel Henriot.

Page 101: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

100

Mais, généralement, le quotidien des faits divers est moins sanguinaire : « La

vengeance du Bat d’Af, Le Journalier trop violent, Vols de vêtements, Quatuor de boit-sans-

soif… ».

L’information locale, les événements festifs trouvent place en pages intérieures du

Nouvelliste.

Fêtes populaires et loisirs

Dans son numéro du 12 juillet 1900 le journal annonce le programme du 14 juillet à

Lorient :

« - le 13 au soir : concerts sur la place Alsace Lorraine par la musique du 62e de

Ligne et place de la Liberté à Kerentrech par la musique des sapeurs-pompiers. Puis à 9 h 30

c’est la retraite en musique et aux flambeaux…

- le 14 à partir de 8 heures du matin salves d’artillerie et sonneries des cloches, à 8

heures revue des troupes de terre et de mer, des sapeurs-pompiers de la ville et des douaniers

par le vice-amiral, commandant en chef, préfet maritime. A partir de 14 heures au vélodrome

des glacis démarrent les divertissements publics : fête vélocipédique et de gymnastique,

concert par la musique des sapeurs-pompiers, lancement de montgolfières. Dans les quartiers

de Kerentrech, Merville et Carnel se déroulent des fêtes populaires (jeu de boule, mât de

cocagne, course en sac, en brouette, etc…). A 8 heures commence le concert sur la Bôve par

la musique d’artillerie de marine. Les illuminations ont lieu à l’Hôtel de ville, au Théâtre,

place Alsace Lorraine, place d’Armes, à la Préfecture maritime, place de la Liberté, et au

groupe scolaire de Merville. A 21 h 30 c’est la grande retraite aux flambeaux puis de 22 h à

minuit sur la place Alsace Lorraine la soirée se termine par le grand bal populaire « qui sera

illuminé à giorno ». Cet ensemble de festivités est proposé par le Maire, M. L’Helgouach.

Les fêtes et les célébrations évoluent : le 2 février1936 « Demain s’ouvre à la salle des

fêtes l’exposition Morbihannaise du travail »

Les loisirs des Lorientais sont évoqués régulièrement avec les promenades

dominicales vers le Finistère tout proche ( article du15 mai 1921 « Assemblées de St-Maurice

et de Toulfouën)

Page 102: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

101

Parfois Le Nouvelliste laisse la place dans ses colonnes à des reportages, des récits

d’excursion dans les environ de Lorient, par exemple, le 16 août 1891, Renan Saïb (André

Degoul) dans les pages deux et trois nous raconte sa promenade à Arzano ou celle à Pont-

Aven le 8 novembre 1891. C’est à chaque fois un récit descriptif précis et plein de charme qui

dépeint une Bretagne vivant au rythme des chars à banc.

Le témoin de sa société.

Les affaires d’infanticides reviennent fréquemment dans les comptes rendus des

tribunaux d’assise, les premières années de parution du journal (infanticides rue du Pont le 23

avril 1891, le 30 juin à Kéroman, le 19 septembre à Keryado35…).

Si elles soulignent, la misère de la condition féminine, une étude plus précise devrait

déterminer si ce phénomène est caractéristique de l’époque ou si le journal donne un effet

loupe à une pratique marginale.

Autre archaïsme, on aborde, dans le journal du 12 juillet 1891, dans Les Nouvelles du

Jour – La réforme des domaines congéables. A la fin du XIXe siècle, en Bretagne survit cette

tradition du foncier rural hérité de l’Ancien Régime. En 190436, à ce propos, on trouve une

annonce relative à la vente sur saisie immobilière en un seul lot des édifices et superficie

d’une tenue à domaine congéable située à Kerorch en la commune de Plouharnel.

Le journal est aussi source d’anecdotes plaisantes, durant l’époque de la prohibition

aux USA, « En Amérique sèche », à l’occasion d’une compétition d’athlétisme en

Pennsylvanie « des athlètes français veulent boire du vin ou ils ne courront pas. »

L’actualité du temps passé a parfois des échos très actuels. L’exemple peut être pris

dans le journal du dimanche 28 mars 1926. En première page est publié un article intitulé

« Les étrangers chez nous », on y prône l’expulsion hors des frontières nationales des

étrangers condamnés pour crime ou délit de droit commun.

28 A l’automne 1893 l’orthographe de Keriado devient Keryado.

29 17 février 1904

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102

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103

Le journal est aussi l’observateur de l’actualité des arts en Bretagne. Un article du 13

avril 1922 nous présente « L’exposition des Arts appliqués à Rennes », il évoque ainsi « Les

exposants morbihannais » et leur production (peinture, broderie, mobilier, sculpture…).

On peut découvrir certains passages de personnages célèbres. Le 10 septembre 1905,

Buffalo Bill était à Lorient. Il arrivait par trois trains spéciaux, avec 500 chevaux et 800

hommes. Le spectacle avait lieu au champ de manœuvre.

La publicité

La publicité qui paraît au fil des jours est révélatrice des évolutions sociologiques

générales ou locales. Des médicaments, des cosmétiques, des vêtements, des bicyclettes puis

des automobiles s’inscrivent dans la rubrique des réclames.

Publicité « Pâques 1926 »

Page 105: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

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A titre anecdotique, on peut relever qu’en janvier 1925 apparaissent pour la première

fois à Lorient les « pâtes aux œufs frais Lustucru ». Plus localement, au printemps 1926, on

peut remarquer cet argument publicitaire « Les Chaussures Boisselier – 12, rue des Fontaines

– Lorient…On parle breton ».

Les exemples se comptent par milliers, tout au long des 58 années de parution du

journal. Une analyse de cet ensemble pourrait permettre de relever les habitudes de

consommation de la population, et son niveau de vie.

Dans son numéro du 23 juin 1936, une information publicitaire pour les « applications

de l’électricité » nous donne le budget familial « chez le Français moyen ». Un graphique de

type camembert nous détaille les dépenses : 63,1 % pour l’alimentation, 32,4 % pour le loyer,

les impôts, les vêtements, 3,7 % pour le chauffage et 0,8 % pour l’éclairage électrique

L’histoire locale.

Les pages du Nouvelliste, tout au long de son existence, accueillent les historiens

locaux pour y narrer Lorient.

Le dimanche 2 août 1891 on peut apprendre dans la Chronique départementale

(Ephémérides historiques lorientaises, recueillies et annotées par M. Jégou, juge de paix de

Lorient, auteur de l’Histoire de la fondation de Lorient et de Lorient port de guerre.) l’origine

du nom de Lorient par un extrait du registre des baptêmes de Ploemeur du 2 août 1667, qui

rapporte la naissance d’un enfant dont le père était charpentier travaillant à L’Oriental.

Le 5 octobre 1909 Léo Le Bourgo propose un texte sur Lorient en 1709. En juin 1912

il présente « L’historique des rues de Lorient » ; ce document est repris dans un ouvrage

publié ultérieurement. Fin 1917 il annote « Le Morbihan et Lorient / 1824 – 1825 – Lettres

morbihannaises», « La compagnie de Indes »et « Lorient –son histoire ».

Le 27 août 1911, on peut lire un article sur « les premiers pompiers lorientais – 1709 /

1771 ». Le 27 mai 1916 il s’agit de « La croix de la Perrière – 1710 ». Le 24 juin 1916 on y

traite « Des pontons de Lorient » ayant servi à emprisonner les Communards en 1871. Le 16

septembre 1916 il est question des origines du pardon de Saint Cornély, à Carnac. Dans le

journal du 8 juin 1917 on peut apprendre que la clé de la Bastille est au manoir de Mount

Vernon (demeure de Washington – cadeau de La Fayette).

Page 106: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

105

En 1922, (mercredi 23 mars et jeudi 24) le journal reprend « la causerie de M. Labes,

Maire de Lorient » dont le sujet est « De la fondation de Lorient à 1750 ».

Louis Chaumeil (professeur agrégé d’histoire au lycée de Lorient) intervient

régulièrement dans les pages du Nouvelliste à propos de l’histoire de sa ville [ La levée du

siège de Lorient, le 4 octobre 1932 - Le pavage des rues lorientaises et l’histoire de Lorient, le

27 novembre 1932 – Abrégé de l’histoire de Lorient le 23 mars 1936 ]

Les fêtes de la « Victoire » sont l’occasion pour le journal d’évoquer le débarquement

des troupes anglaises de 1746.

La première évocation du siège de Lorient de 1746 par le journal est relatée le 5

octobre 1890, thème repris par Yan Carnel dans la « chronique lorientaise » du 16 octobre

1890.

Albert Macé évoque en première page du dimanche 5 et jeudi 9 octobre 1890

« L’attaque des Anglais contre la ville de Lorient et le pillage de Quiberon ».

Le 5 octobre 1924 le sujet est à nouveau abordé : « Les fêtes de la Victoire ».

Le sujet est repris au mois d’août 1928 par une série d’articles de P. Diverrès

(professeur au Pays de Galles) à partir d’archives britanniques. Puis le 20 septembre 1928 le

journal publie des extraits de « La Flotte Hollando-Anglaise sur les côtes méridionales de

Bretagne au XVIIe et au XVIIIe siècle » du R.P François Marie (Lorient, Imprimerie

Chamaillard 1883).

Le dimanche 5 octobre 1924 le comité des fêtes de l’alliance du commerce et de

l’industrie organise « Les grandes fêtes de la victoire », c’est l’occasion pour le Nouvelliste de

relater une fois encore cet événement « glorieux » du passé de Lorient.

Dans le numéro du 26 novembre 1931 on fait état de l’ouvrage de l’Abbé Le Cam sur

le siège de Lorient.

La bibliothèque municipale et Le Nouvelliste du Morbihan

Le Nouvelliste rend compte au fil de ses journaux de la vie culturelle lorientaise et

notamment de la bibliothèque municipale de Lorient.

Il rend compte régulièrement des acquisitions de la bibliothèque municipale. (voir

pour l’exemple la1ere page du 5 avril 1894).

Dans le numéro du 1er janvier 1918 de L’Ouest Maritime (variante du Nouvelliste de

1917 à 1921) l’ancêtre de la bibliothèque est évoqué dans un article à propos du « premier

Page 107: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

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annuaire de Lorient et du Morbihan » de Le Coat-Saint-Haouen publié en 180437 : « Il n’y

avait pas de bibliothèque, mais seulement un établissement connu sous le nom de « Chambre

Littéraire. Cette bibliothèque n’était pas publique, mais chacun des membres de la Société

pouvait à volonté, lire, emprunter des livres, et même amener un étranger. »

Des articles traitent de la bibliothèque de Lorient, le 29 mai 1931 « La grande pitié des

bibliothèques de France et de celle de Lorient en particulier », le 24 mars 1934 « Notre

bibliothèque municipale ».

Dans un texte intitulé « Au royaume des livres » du 7 novembre 1936 on peut y lire la

description et le fonctionnement de cet établissement : « le fonds composé de 26 000 ouvrages

est alors consulté quotidiennement par une cinquantaine de lecteurs, essentiellement des

habitués « vieux messieurs et quelques dames… ».

Au titre de liaison entre le journal lorientais et la bibliothèque de Lorient, deux

personnages, Léo Le Bourgo ou André Degoul qui ont été tous deux collaborateurs du

Nouvelliste et conservateurs de la bibliothèque municipale de Lorient.

Léo Le Bourgo.

Léo Le Bourgo (19/03/1886 – 30/03/1932) a collaboré de nombreuses années au

Nouvelliste du Morbihan. Il rédige la rubrique « Propos d’un Lorientais » et de nombreux

articles sur l’histoire de Lorient.

Passionné de Lorient, Docteur es lettres, professeur de seconde au Lycée Dupuy de

Lôme, membre du parti socialiste (S.F.I.O), il est élu en 1914 dans la municipalité de M

Esvelin. Il devient conservateur de la bibliothèque municipale de Lorient jusqu’en 1932.

En mai 1925 il devient conseiller municipal à Lorient, élu sur la liste du Bloc de

Gauche. Il va donc faire partie de la municipalité socialiste de M Svob, comme 1er adjoint. Il

est président de l’Amicale du Lycée de Lorient, de l’Entente universitaire du Morbihan, de la

Régionale des professeurs chargés de cours de l’Académie de Rennes. Il est aussi

conférencier à la Ligue des Droits de l’Homme, à l’Université populaire, et au Comité de

Défense Laïque.

30 En 1776, avait paru L’Almanach Oriental, publié par Baudoin imprimeur-éditeur.

Page 108: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

107

André Degoul

André Degoul est le second personnage emblématique des liens qui existent entre le

milieu culturel local, la bibliothèque municipale de Lorient et le Nouvelliste. Ces rapports

prennent corps avec la nomination d’André Degoul comme bibliothécaire de la ville en

décembre 1932.

La vie d’André Degoul est relatée dans un article du 14 décembre 1932. « Nul

événement ne pouvait plus émouvoir notre vieille maison, où il fut l’un des meilleurs ouvriers

de la première heure, l’un de ses plus fidèles rédacteurs, où il est demeuré l’un des amis les

plus sûrs. »

André, Pierre Dégoul est né à Lorient le 12 février 1870, il sera professeur de

mathématiques.

Il devient collaborateur au Nouvelliste en 1893, sous le pseudonyme de René ou

Renan Saïb. Il est chargé de la chronique théâtrale. En 1895, avec son épouse Madeleine

Desroseaux, il fonde le Clocher Breton, cette publication dure jusqu’en 1915. Il participe

activement au mouvement régionaliste breton.

Il se fait remarquer par son action en vue de conserver le menhir de Locmariaquer en

Bretagne. Il collabore à la création de l’U.R.B à Morlaix en 1898 où il est élu secrétaire de la

section littérature. Avec sa revue il milite pour tisser des liens d’amitié avec les autres nations

celtes. En contact avec le Congrès Pan celtique, il anime une série de conférences sur la

Bretagne. Il fait publier celle, donnée le 1er février 1901 à la société de géographie de Lorient,

intitulée « La Bretagne et les pays celtiques ». On lui donne le nom d’An Hader (le semeur)

lors de son entrée au Collège des Bardes.

Grand admirateur de Brizeux, il est président du Comité des fêtes organisées pour le

centenaire de la naissance du grand poète de Lorient.

En 1911, lors de l’affaire de St-Renan, il suit les dissidents et adhère à la F.R.B où il

est secrétaire de la commission « littérature bretonne de langue française » Après la fin de la

parution du Clocher Breton, il reste dans l’ombre du mouvement régionaliste, mais continue à

collaborer à la rédaction du Nouvelliste.

Page 109: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

108

Conservateur de la Bibliothèque municipale de Lorient, il reçoit la médaille d’argent

de la prévoyance sociale en qualité d ’administrateur de la Caisse d’épargne de Lorient. Il est

également le Président de la section lorientaise des Hospitaliers Sauveteurs Bretons.

Après la mort de Madeleine Desroseaux, en 1939, il se retire chez un de ses fils à

Luçon. Il publie en 1943-44, sous le titre « Sur les chemins de Bretagne », les meilleures

pièces de l’œuvre poétique de son épouse. Il meurt le 7 septembre 1946.

Les écrivains trouvent une tribune naturelle dans les pages du Nouvelliste, notamment

sous la forme du feuilleton.

Le feuilleton.

Le feuilleton avait été une idée d’Emile Girardin. Il publiait en « tranche » le roman

d’un auteur en vogue. L’intérêt est que le lecteur voulant connaître la suite achète le journal la

fois suivante. Le premier feuilleton paraît le 23 octobre 1836, La vieille fille de Honoré

Balzac.

Le Nouvelliste, reprenant ce que faisaient ses prédécesseurs, publie un feuilleton dès le

début de l’année 1887.

Le journal à cette époque est, pour les familles modestes, un des rares contacts avec

l’écrit, hormis pour les enfants par l’école.

Les feuilletons des journaux sont une fenêtre ouverte sur la littérature. Cette prose est

une des rares distractions, facile d’accès et bon marché. Cette littérature, qui rentre dans

presque tous les foyers, imprègne l’esprit collectif des populations.

Destiné au public populaire, il faut une écriture facile d’accès, du suspens et des

rebondissements et même parfois quelques larmes. Certains des ces feuilletons sont tirés de

romans ou le sont devenus, d’autres n’ont jamais été édités sous une autre forme ; par

conséquent le journal est la seule trace de leur existence.

Ceci démontre, une fois encore, l’intérêt que représente la presse ancienne locale

conservée. Ce patrimoine écrit mineur est un trésor, il apporte un regard par l’intérieur sur le

vécu de notre société.

Des inconnus pour nous, peut-être célèbres en leur temps, côtoient des auteurs de

renom, Sophronime Loudier, Paul Féval, Pierre Maël, Anatole Le Bras…

Page 110: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

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Afin d’illustrer cet argument, le relevé des feuilletons qui ont paru dans Le Nouvelliste

durant ses quarante premières années est placé en annexe du mémoire.

* *

*

Le Nouvelliste reflet de la culture populaire est aussi celui de la mémoire occultée,

celle d’une période qui fit table rase du passé.

1 – 5 LES ANNEES NOIRES DU NOUVELLISTE

Au mois de septembre 1934 (article du Nouvelliste du 11/09/1934 – Le personnel du

Nouvelliste à Saint-Rivalain) Alexandre Cathrine, à l’occasion de sa nomination au grade

d’officier de la Légion d’Honneur, a invité l’ensemble de son personnel à une fête dans sa

propriété de Saint-Rivalain en Melrand. Il termine son discours par une devise prémonitoire :

travail, famille, patrie…

1940 L’occupation allemande

A partir de l’été 1940, Alexandre Cathrine, fils, se trouve à la tête d’un journal

contrôlé par la propagande allemande. Le Nouvelliste s’engage sur la voie de la collaboration,

celle dictée par le Maréchal Pétain. Le journal disparaît à la Libération, remplacé par Le

Morbihan Libéré, puis par La Liberté du Morbihan.

Le 22 juin 1940 le commandant en chef des troupes allemandes, Welcker, fait publier

ses prescriptions « A la population lorientaise » dans les colonnes du Nouvelliste. « La ville

est occupée par les troupes allemandes. J’espère que le calme et l’ordre régneront. Le travail

et la vie économique continuent et ne seront pas troublés. Chacun a le devoir d’éviter des

actes irréfléchis… ». Il annonce que l’entrée à Lorient de l’armée allemandes se fera « ce soir

après 18 heures ».

Dès le début de l’occupation un officier allemand s’installe au Nouvelliste en qualité

de censeur, accompagné d’un interprète. Le journal lorientais continue de paraître

Page 111: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

110

régulièrement avec l’aval du sous-préfet Bousquet désigné comme gouverneur, Svob, Maire

de Lorient et Civel, président de la Chambre de Commerce.

Le 7 juillet, au lendemain de la déclaration d’indépendance de la Bretagne par le Parti

National Breton à Pontivy Alexandre Cathrine réagit en publiant un éditorial.

« Notre profession de foi : France d’abord ! ».

« Notre profession de foi : France d’abord !

Mission délicate, mais utile.

Depuis le 21 juin, Lorient se trouve sous l’occupation allemande.

Cette situation a entraîné pour Le Nouvelliste des conséquences…Comme ses

confrères dans toutes les villes occupées, notre journal relève du contrôle des autorités

allemandes…

Autant que quiconque nous ressentons douloureusement la défaite de notre pays et

nous nous trouvons en face d’un état de fait devant lequel nous ne pouvons que nous incliner.

Quelques lecteurs mal informés…tentent de nuire à notre journal …en propageant des

rumeurs selon lesquels Le Nouvelliste serait devenu un journal pro-allemand qui ne publie

que des communiqués allemands.

Nous tenons à protester une fois pour toutes contre ces allégations stupides et

mensongères.

Nous avons ici la prétention de faire tout notre devoir de Français, et nous ne

reconnaissons à personne le droit de juger autrement.

Dans les circonstances actuelles, nous assumons une mission particulièrement

délicate et dont nul ne soupçonne les difficultés.

Privé de toutes relations avec les agences et les milieux officiels français, de même

qu’avec nos correspondants de Paris et des principaux centres de France, nous ne disposons

plus d’aucune de nos sources ordinaires d’information.

Si nous avions obéi à notre premier mouvement, nous eussions cessé de paraître en

présence de la difficulté et du danger de notre tâche.

Cependant, cet abandon nous apparaissait comme une désertion.

Nous avons continué, en redoublant d’effort, pour informer des centaines de milliers

de lecteurs du sud de la Bretagne…

Page 112: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

111

Les communiqués des autorités allemandes.

Seuls ceux qui ont intérêt à nous nuire pourraient nous reprocher de publier les

communiqués de l’autorité allemande. Ils n’en ont pas le droit.

Tous les gens doués d’un minimum d’intelligence et d’un peu de bonne foi savent que

cette publication constitue pour nous une obligation…

…En ce qui concerne tous les communiqués que nous sommes amenés à insérer, nous

dégageons entièrement notre responsabilité. Il en est de même des informations générales

dont nous indiquons scrupuleusement les sources et dont nous nous efforçons de dégager,

pour les lecteurs du Nouvelliste, l’essentiel de ce qu’ils doivent savoir pour ne pas être tenus

dans l’ignorance totale de la vie nationale et internationale…

Bretagne, province française.

Il nous faut aussi, dès aujourd’hui fixer notre attitude en ce qui concerne une autre

question très importante : celle de la Bretagne…

…Nous ne suivons pas, et nous ne suivrons jamais le Parti National Breton, ni

d’autres groupements quels qu’ils soient qui voudraient faire de la Bretagne, un état

autonome.

A aucun prix nous ne voulons être séparatistes.

Nous entendons rester Bretons et Français et nous considérons que la Bretagne doit

continuer à être partie intégrante de la France…

…Cela ne signifie pas que nous pensions que tout va pour le mieux dans la meilleure

des Bretagnes…Si nous estimons que la Bretagne doit rester française, nous sommes loin

d’être hostile à un mouvement régionaliste basé sur une conception intelligente du

fédéralisme que nous avons préconisé depuis plus de cinquante ans… »

L’article se conclut ainsi : « Nous continuerons au Nouvelliste à informer loyalement

nos lecteurs dans la mesure des moyens qui restent à notre disposition…

Nous poursuivons notre mission en nous souvenant que nous sommes des Bretons,

mais aussi des Français.

Vive la France !

Vive la Bretagne, province française !

Pour le conseil d’administration, la direction et la rédaction du Nouvelliste du

Morbihan - Alexandre Cathrine - Directeur général - Officier de la légion d’Honneur -

Ancien Combattant - Croix de guerre (5 citations). »

Page 113: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

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Page 114: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

113

Les journaux sous le contrôle de la Propaganda Abteilung

Après la défaite de juin 1940, l’armée allemande contrôle les journaux dans la zone

d’occupation. La presse passe sous le droit pénal allemand ; une ordonnance interdit l’édition,

la diffusion de tracts, la publication de journaux pouvant être nuisibles au Reich.

Pendant l’Occupation la presse est directement contrôlée. La Propaganda Abteilung

est vigilante sur la nature de l’information à diffuser.

En zone Sud, le gouvernement de Vichy, dès le 22 novembre 1940 demande aux

directeurs des journaux de défendre la politique de collaboration. Une étroite censure est

instaurée, l’autorisation préalable est rétablie, le rationnement de papier est organisé, le format

est réduit de 50%. La Loi du 2 juin 1941 interdit aux juifs toute profession journalistique.

Un ensemble de mesures renforce le contrôle de la presse pour assurer la

communication et l’image de la politique du Maréchal Pétain ; des fonctionnaires vont jusqu’à

décider de la mise en page des informations.

Peu à peu la mise sous tutelle de la presse française est totale, les autorités allemandes

et le régime de Vichy contrôlent tout ce qui concerne les journaux, la fabrication, les finances

et l’information.

Les Allemands considèrent la presse comme le meilleur véhicule de leur propagande.

Les populations achètent ces journaux sous influence. Ils sont l’unique moyen d’avoir des

nouvelles locales, les arrêtés préfectoraux, les prix des denrées et la réglementation du

ravitaillement.

Les services de la Censure.

La propagande, d'après Hitler, devait par la séduction et par des propos simples et

frappants amener les masses à adhérer au régime nazi. Le rôle de la propagande était de

contrôler les esprits. Cette action nécessitait une stricte censure de la presse et de tous les

autres modes d'information : afin de ne pas laisser le champ à la critique ou à la libre pensée.

C'est à cette fin que fut mise sur pied en avril 1940 la Propaganda -Abteilung. Elle relève dans

un premier temps de la section Ic du service de renseignement de l'armée. En 1942, elle est

rattachée au commandement militaire. Elle possède des services régionaux dans chacune des

quatre zones (Bezirke) d'occupation : les Propaganda-Staffeln. En 1942, cette dernière

contrôle 22 journaux quotidiens d'un tirage global de 1 250 000 exemplaires, 150

hebdomadaires et plus de 500 mensuels.

Page 115: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

114

Le poids de la propagande nazie se fait rapidement sentir sur le Nouvelliste. Le 15

septembre 1940, sur toute la page trois est repris le « discours du Führer prononcé au palais

des sports de Berlin pour l’inauguration de la VIIIe campagne du secours d’hiver. »

Lorient au cœur de la tragédie

Le 29 septembre 1940, Le Nouvelliste relate le premier bombardement aérien anglais

sur Lorient : « L’attaque perfide de cette nuit a fait un grand nombre de victimes parmi notre

population civile…Tragique bilan…Au début de cet après-midi, le bilan de l’attaque aérienne

anglaise s’établissait pour Lorient et sa population civile : tués, 23 / disparus, 1 / le nombre

des blessés connus dépasse 25 / une quinzaine d’immeubles sont entièrement détruits / une

centaine d’autres immeubles ont été touchés par des projectiles et sont considérés comme

partiellement habitables / plusieurs centaines de Lorientais sont sans abris. »

Ce premier raid aérien marque Lorient comme zone de guerre, après que la

Kriegsmarine a établi sa base de sous-marins. Les bunkers géants dont la construction se

profile vont sceller le destin tragique de Lorient au début de 1943, et, après août 1944,

transformer la ville en ligne de front jusqu’au 10 mai 1945.

L’antisémitisme relayé par le Nouvelliste.

Le 13 octobre, on peut lire dans Le Nouvelliste « Une affiche spéciale désignera les

entreprises juives…Judisches geschaeft – Entreprise juive…On trouve ces pancartes au

Nouvelliste au prix de 5 francs. »

Le 19 octobre, paraît en première page : « Le statut des juifs a été publié ce matin ».

Le lendemain, un article du Nouvelliste titre « Autour du statut des juifs / Réaction

nécessaire de Défense Nationale ». Le contenu est clairement antisémite : « …Le problème

juif ne se limite pas seulement à la France…cette race répandue de par le monde ne s’est

jamais laissée assimiler…dans le même pays depuis plusieurs générations, les juifs peuvent

avoir adopté la langue ; ils n’en restent pas moins Juifs…La minorité juive tendait à

s’emparer des principaux leviers de commande sur le plan intellectuel, artistique, politique et

financier…

Dans sa détresse actuelle, la France doit placer son espoir dans le développement de

son génie national authentique, et le retour à ses traditions. Elle doit donc réserver les

Page 116: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

115

fonctions sociales d’autorité, de gestion, de formation des intelligences, d’orientation de

l’opinion, aux Français dont les ancêtres sont issus de notre glèbe. »

Le 27 juin 1942 un article du Nouvelliste apporte des précisions sur « le port de l’étoile

juive ».

Printemps 1941, exil discret d’Alexandre Cathrine

Les premiers mois de l’occupation Alexandre Cathrine est en bons termes avec les

troupes d’occupation, mais à partir de 1941, hostile aux autonomistes bretons soutenus par les

Allemands, il rechigne de plus en plus à se soumettre ; comme cela est évoqué dans le

chapitre le concernant.

Il quitte la direction de la Société de Presse de Basse-Bretagne et demeure en

résidence surveillée loin de Lorient. Remplacé par un homme de confiance Marcel-Gabriel

Borde de mai à septembre 1941, il voit échapper toute influence sur ses journaux par la prise

en main par Saulnier, plus complaisant avec l’occupant.

Aucun de ces changements n’est relaté dans le Nouvelliste. La rédaction continue son

travail avec fatalisme, le journal lorientais s’est fait le relais sans état d’âme ni conviction de

l’information officielle depuis l’armistice. En 1940 le rédacteur en chef Charles. Bihan, il

cède la place en 1942 à Amédé. Juhel. Il va suivre la ligne du Maréchal Pétain et de Pierre

Laval jusqu’à la libération. Il est arrêté le 4 août 1944.

La collaboration

Le samedi 12 octobre 1940, s’étalant sur toute la première page : « Le Maréchal

Pétain expose à la Nation les grandes lignes de la Révolution Nationale…La Charte de la

France nouvelle », puis, le 1er novembre : « Après la rencontre historique de Tours / C’est

moi seul que l’histoire jugera a déclaré hier soir le Maréchal Pétain…C’est dans l’honneur

que j’entre dans la voie de la collaboration…La collaboration franco-allemande, premier pas

vers la collaboration européenne. »

En janvier 1941 on voit dans les pages du Nouvelliste une publicité, en allemand, pour

le Pariser Zeitung, Das grosse tägliche informationsblatt mit Politik, Kultur, Sport,

Unterhaltung, Wirtschaft (preis : 2 franken) / Le grand quotidien d’information / politique,

sports, arts et littérature, économie et finances. A partir du 15 janvier – En vente partout.

La bonne entente avec l’occupant s’étale donc ainsi en toute bonne conscience.

Page 117: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

116

Le cours événementiel de la guerre est relaté selon les normes de la propagande

allemande ; le 17 mars 1942 on peut apprendre qu’Hitler annonce que « les hordes

bolcheviques seront anéanties au cours de l’été prochain ».

L’attaque des commandos anglais sur Saint Nazaire est relaté le 29 mars 1942 :

« grave échec d’une tentative anglaise de débarquement dans la baie de Saint Nazaire… ».

La bataille de l’Atlantique, dont Lorient est un des pivots essentiels, emplit les

colonnes du journal, les chiffres des tonnages alliés coulés sont fournis : « Au cours du mois

de mai (1942) les sous-marins allemands ont coulé 140 navires marchands alliés jaugeant

777 400 tonnes… ».

Dans le rapport d’activité du XXVe Corps d’Armée Allemand qui occupe la Bretagne,

on peut lire le commentaire suivant38 : « …la presse française fait ressortir particulièrement

les succès des sous-marins allemands. » Un peu plus tard39, il est noté : « La suppression de

la ligne de démarcation fait l’objet de manchettes et est accueillie très favorablement…tous

les journaux prennent position contre les actes de sabotage… »

Le dimanche 29 novembre 1942, à propos du drame de Toulon et de la disparition de

la zone « libre » il est déclaré dans le Nouvelliste : « Des généraux et des amiraux français

ayant une fois de plus manqué aux engagements qu’ils avaient pris sur l’honneur, le

chancelier Hitler ordonne l’occupation du camp retranché de Toulon et la démobilisation de

l’armée d’Armistice ». Ce titre était suivi d’un message du Führer au Maréchal Pétain.

Quelques jours plus tard une déclaration de Pierre Laval, relayée par la rédaction du

Nouvelliste, précise : « C’est une guerre de religion. La victoire de l’Allemagne empêchera

notre civilisation de sombrer dans le communisme. La victoire des Américains serait le

triomphe des Juifs et des communistes… »

Les actions de la Résistance sont parfois évoquées. Le vendredi 11 septembre 1942 il

est fait mention de « trois attentats terroristes » perpétrés à Lorient (23 h 20 – Le Francisme, 0

h 45 – La Légion Tricolore, 2 h 10 – Commissariat spécial).

31 3 décembre 1942

32 le 2 mars 1943

Page 118: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

117

Une base allemande très discrète.

A propos de la construction de la base des sous-marins de Lorient et des travaux sous

le contrôle de l’Organisation Todt, le Nouvelliste reste très discret.

Le 10 février 1942, dans une courte biographie du « Docteur Todt » publié à

l’occasion de sa disparition dans un accident d’avion la base des sous-marins est évoquée à

mots couverts : « …Mais en particulier à Lorient, nous avons pu nous rendre compte des

gigantesques réalisations du Dr Todt et de ses collaborateurs. Sans trahir des secrets d’ordre

militaire, on peut dire que des travaux de cette importance auraient nécessité en France (sic)

un temps beaucoup plus long et que la concentration dans les mains des techniciens de toutes

les branches de la construction a donné de très bons résultats. Les bâtiments de béton armé

surgissent littéralement de terre… »

Par contre, le secret s’estompe lorsque que les circonstances donnent la primauté à la

diffusion de communiqués aux ouvriers français, la Kriegsmarine annonce le 22 janvier 1943,

au cœur des vagues de bombardements sur Lorient.

« Avis aux ouvriers de la Kriegsmarinewerft

1° ) Vous devez recommencer le travail sans délai.

2° ) En cas d’alerte vous serez prévenus à l’avance.

3° ) Les abris allemands seront toujours à votre disposition.

4 °) Les ouvriers travaillant à la Kriegsmarinewerft toucheront une prime dont le

montant atteindra la valeur de deux semaines…Tous les ouvriers occupés par les firmes

allemandes travaillant pour la Kriegsmarinewerft toucheront aussi la prime sus-indiquée…

…LE TRAVAIL DOIT ETRE REPRIS SANS DELAI.

Lorient le 20 janvier 1943. - Le directeur général de la Kriegsmarinewerft. »

Un peu plus bas sur la même page :

« Manœuvres, mécaniciens, ajusteurs, interprètes, selliers, couvreurs, femmes de

ménage, serveuses, cuisiniers et cuisinières et parmi les démobilisés seulement : chauffeurs

d’autos. / Logement et nourriture assurés après embauche. Les postulants qui s’engageront

au cours de la première semaine qui suivra la parution de la présente annonce seront

gratifiés d’une bonification spéciale. S’adresser :

KRIEGSMARINEWERFT

ARBEITERAMT DE LORIENT

Bureau d’embauche français

10, place Bisson.

Page 119: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

118

1943 destruction de Lorient, l’exil du Nouvelliste

Dans un des derniers numéros du Nouvelliste publié à Lorient, le témoignage d’un

journaliste Jean Klein nous apporte des éléments sur le désespoir et le découragement

ressentis par les Lorientais durement touchés par la guerre.

« Quelle vie !…

Voilà deux mots que l’on entend sortir de bien des bouches…

Le destin nous a accablé. Beaucoup d’entre nous ont tout perdu.

La ruine et la mort planent sur notre malheureuse citée, au-dessus de laquelle elles

constituent un écran lugubre qui absorbe la lumière de venir et l’empêche de venir jusqu’à

nous.

Dans les rues, sur les routes encombrées, partout les visages des Lorientais portent

l’empreinte indélébile de la catastrophe qui nous a frappé….

…Soyons donc fier et fort dans le malheur. Acceptons avec stoïcisme les épreuves que

nous subissons et envisageons avec calme et courage celle que nous prépare l’avenir.

Nos maisons se sont effondrées, nos foyers ne sont plus que des pierres noircies et

fumantes. En quelques heures, se sont engloutis les fruits péniblement accumulés de toute une

vie de labeur. Nos écoles, nos hôpitaux, nos églises gisent en un indescriptible chaos,

tragiques linceul des membres brisés, des corps déchiquetés, morcelés, sanglant de plus d’une

centaine de nos amis, de nos parents…

…Attachons-nous à retrouver le calme et le sang-froid qui sont l’apanage des esprits

forts et biens équilibrés. Nous reconstruirons nos maisons, nous retrouverons nos foyers

impitoyablement dispersés, nous travaillerons sans jamais douter de nous-mêmes ni du

résulta final.

Nos glorieux ancêtres nous ont laissé un patrimoine de gloire au quel nous devons

faire honneur pour que dans l’avenir, nos fils puissent à leur tour puiser dans notre souvenir,

les forces vives de leur existence, et trouver dans l’exemple des sacrifiés de janvier 1943, la

continuité des vertus millénaire d’une race puissante entre toutes…

Et jamais plus, m’entendez-vous, JAMAIS, vos bouches de Celtes endurcis par les

deuils, les souffrances et les privations ne devront laisser échapper ces deux mots qui

engendrent le découragement : « Quelle vie ! »

Jean Klein »

Page 120: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

119

Si la fatalité et la brutalité de la guerre sont en toile de fond dans ce qu’écrit

l’éditorialiste, il est nullement fait mention des forces militaires ayant causé ces dégâts. Doit-

on déduire que cette non-citation de l’aviation alliée indique que les Lorientais étaient bien

conscients de la responsabilité des Allemands et que leur machine de guerre installée au cœur

et à la périphérie de Lorient marquait leur ville comme une cible.

Certes, à la fin du texte il est fait mention « de la continuité millénaire d’une race

puissante entre toute », celle des Celtes. Cela semble plus être du ressort de la rhétorique

qu’un argument raciste ou autonomiste breton.

C’est un texte qui semble révélateur, à ce tournant de la guerre, et dans des

circonstances particulièrement pénibles pour la population civile. Le Nouvelliste n’est pas

engagé dans l’idéologie de la collaboration, mais subit la pression de l’occupant et relate au

mieux les informations qu’il peut contrôler.

Le samedi 30 janvier 1943 le Nouvelliste du Morbihan annonce que les services du

journal fonctionnent désormais à Vannes.

« Le Nouvelliste du Morbihan paraît à Vannes.

Avec un personnel réduit replié…le Nouvelliste paraît aujourd’hui pour la première

fois à Vannes.

Ce n’est pas sans serrement de cœur qu’une partie de la rédaction et du personnel

technique de notre journal a quitté les salles et les ateliers, constamment améliorés où la

plupart d'entre eux ont travaillé des années durant.

Ce n’est pas sans tristesse qu’ils ont laissé derrière eux une ville d’autant plus chère

qu’elle est meurtrie.

Les circonstances nécessitent impérieusement ce sacrifice. Pour que le Nouvelliste pût

continuer l’œuvre à laquelle ses collaborateurs se sont consacrés avec passion depuis sa

fondation, il fallait assurer sa parution régulière et normale… »

Le Nouvelliste s’organise dans la précarité. La Kommandantur fait déménager le

matériel du journal pour l’installer à Vannes à l’imprimerie Mahéo, 5 place du Champ de

Foire.

L’organe de presse des Lorientais, touché de plein fouet par les destructions, a replié

l’ensemble de ses services. Il réussit, malgré tout, le tour de force de reparaître, mais la

Page 121: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

120

distribution du journal délocalisé est totalement à restructurer, les abonnés doivent attendre un

certain temps avant de recevoir, à nouveau régulièrement leur journal.

Transformé par la force des choses en l’organe de presse d’une communauté dispersée

le Nouvelliste apporte aux sinistrés lorientais des renseignements pratiques après la

destruction de leur ville.

Mais, devenu un organe de la propagande efficace de l’occupant, car très lu, il en

diffuse fidèlement les communiqués militaires : « Les armées du front de l’Est ont repoussé

toutes les attaques massives des Soviets…L’héroïque résistance des défenseurs de

Stalingrad… L’Allemagne en guerre – La mobilisation de la main-d’œuvre pour la guerre

totale ».

La situation matérielle du journal s’est améliorée, le mercredi 3 mars 1943 la rédaction

du Nouvelliste communique, confirmant son nouveau rôle.

« A nos lecteurs, à nos abonnés, à nos dépositaires. (administration 10, rue Joseph Le

Brix, rédaction 5, place du Champ de Foire / Vannes),

Un mois vient de passer. Un mois au cours duquel le Nouvelliste du Morbihan, replié

à Vannes, a connu des difficultés dont il faut être du « bâtiment » pour mesurer l’ampleur.

Notre premier soin, en arrivant dans notre ville d’adoption, a été d’assurer la

parution régulière de notre journal. Ce n’était pas tâche aisée avec les moyens dont nous

disposions et, si le Nouvelliste a justifié son titre de quotidien, il n’a pu le faire qu’en

sacrifiant une grande partie de son tirage.

Ainsi s’explique que des milliers de nos lecteurs répartis dans tous les coins du

Morbihan et du Finistère aient été momentanément privés de leur journal ; ainsi s’explique

aussi l’interruption de nos services aux abonnés…

…Aujourd’hui après un mois d’effort persévérant, le Nouvelliste du Morbihan paraît

sur un format agrandi, dont nous ne savons pas nous-mêmes combien de temps il le

conservera, et dans des conditions qui lui permette de reprendre son tirage normal…

…Outre son rôle d’informateur, le Nouvelliste doit jouer, en ces circonstances

douloureuses, un rôle sinon plus élevé, du moins plus humain : celui de trait d’union entre

tous ses lecteurs que l’exode a dispersés, mais qu’a uni le malheur commun. Ce rôle, il est

décidé à le remplir de toutes ses forces et avec tout l’amour qui l’attache à sa ville en ruines,

toute la sollicitude affectueuse qui le lie à ses compatriotes…

…Que nul n’hésite à nous faire part de ses suggestions et de toutes les nouvelles qui

peuvent intéresser la vie des réfugiés. Que chacun conserve présente à l’esprit cette vérité

Page 122: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

121

qu’à son exemple des milliers de ses compatriotes attendent d’être renseignés sur le sort de

parents, d’amis ou même simplement de compatriotes.

Ainsi dans le cadre de ses informations générales et de ses informations

départementales dont il ne sous-estime pas l’importance et auxquelles il continuera

d’apporter tous ses soins, le Nouvelliste du Morbihan restera avec l’aide de ses lecteurs, le

Nouvelliste de Lorient, reflet de la vie locale et trait d’union de milliers de Lorientais. »

Août 1944, la fin du journal

Le vendredi 04 août 1944 le Nouvelliste évoque une dernière fois « La bataille sur le

front d’invasion ». Les nouvelles sont celles des communiqués allemands.

Le samedi 05 août, le ton change radicalement « Nous sommes libérés ! », le journal

annonce la libération de Vannes la veille, « M. le préfet Constant a hissé les trois couleurs sur

la façade de la préfecture ».

Jean Klein, dans un éditorial, écrit : « …Pendant ces dures années d’occupation, vous

avez dû subir passivement la loi souvent brutale, de l’occupant. Vous ne pouviez pas

extérioriser vos sentiments…

Ceux qui aujourd’hui, écrivent librement, dans ce journal étaient eux aussi sous le

joug d’une censure qui leur interdisait le moindre écart.

Aujourd’hui, ce cauchemar est terminé ….

Nous sommes libres, entendez-vous, libres !…

Ce journal sera désormais, le reflet exact de vos pensées à tous et à toutes…

Mais avant de terminer ce « papier », hâtivement écrit, je vous demande à tous,

comme le font par ailleurs le colonel Morice, chef des Forces Françaises de l’Intérieur du

département du Morbihan, et M. Constant, Préfet du Morbihan, de conserver votre calme et

votre dignité… »

Le Nouvelliste, porte-parole de l’occupant doit se taire. Le pays après quatre ans de

fractures idéologiques, de lâcheté, de courage ou d’héroïsme de dernière heure, ne peut laisser

de place au double langage. Le journal, coupable, bien que non responsable n’a plus le droit

d’exister. Les responsables de presse, d’avant 1939, vont dénoncer la spoliation dont ils sont

victimes ; leurs successeurs, membres de la Résistance, les accusant de trahison. La France

qui renaît se doit d’avoir des titres de journaux qui reflètent la victoire et son honneur

retrouvé.

Page 123: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

122

L’avant-dernier numéro du Nouvelliste

Page 124: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

123

Le Morbihan libéré.

Le lendemain 06 août, le Nouvelliste cédait la place à un autre journal, Le Morbihan

Libéré, au sous-titre Tous unis – Pour la Patrie – Face à l’ennemi.

Jean Le Duigou, en première page explique ainsi l’apparition de ce journal :

« …Vingt quatre heures se sont passées que le spectre de l’occupation ennemie s’est

évanoui dans l’aube miraculeuse de notre libération. Et déjà dans le Morbihan la main de la

justice s’abat lourdement, et d’abord sur notre profession.

Je n’ai pas, ici, on le comprendra, ni à juger, ni à accabler.

Dans le Morbihan, comme ailleurs, tous les journaux qui ont paru sous l’occupation

allemande sont frappés d’interdiction.

Cette extrême rigueur qui frappe pareillement tous les organes où la Résistance a

trouvé de nombreux militants et martyrs, est un gage de l’esprit vraiment rénovateur qui

marque dès le début l’ère de la libération…

Le journal est devenu le pain quotidien de l’esprit, aussi indispensable que l’autre, on

l’a vu pendant quatre ans et quelque indigeste qu’il fut pareillement devenu. Le Morbihan

libéré démarre ce soir. Ses prétentions sont modestes. Ses moyens et sa durée limitée. C’est

un organe de transition qui s’efforcera de pourvoir, avec les moyens du bord, aux nécessités

d’une information haletante… »

Le dimanche 20 août 1944 paraît le dernier numéro (n°14) du Morbihan Libéré. Jean

Le Duigou annonce : « Lundi, Le Morbihan Libéré paraîtra sous son titre définitif La Liberté

du Morbihan » ; une page de l’histoire de la presse du Morbihan était tournée.

Page 125: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

124

Août 1944, l’après Nouvelliste

Page 126: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

125

Le procès d’épuration du Nouvelliste

Le contexte général

La Libération génère la création d’une multitude de nouveaux quotidiens, tant à Paris

qu’en province, remplaçant ceux qui ont collaboré. Ouest France remplace l’Ouest Eclair et

La Liberté du Morbihan succède au Nouvelliste du Morbihan.

La liberté de la presse est rétablie, mais une ordonnance du 30 septembre 1944 qui

règle provisoirement le régime de la presse a pour principal objet d’empêcher la parution des

organes ayant subsisté sous l’Occupation. L’interdiction s’applique à l’usage du titre et à

l’utilisation des installations et de l’outillage. Les propriétaires des journaux sont dépossédés

de leur bien qui sont placés sous séquestre. Les locaux et les machines sont attribuées à titre

locatif aux organes de presse issus de la Résistance.

Deux ordonnances de janvier 1945 confirment la suppression des titres ayant paru sous

l’Occupation, car ayant servi à la propagande nazie. Ils sont considérés comme traîtres à la

Patrie. Seuls des journaux bénéficiant de non-lieux lors des procès d’épuration pourront

reparaître sous leur forme initiale. Une ordonnance de mars 1945 fixe à nouveau les

conditions d’épuration de la presse française et fixe les conditions d’obtention d’une carte de

journaliste. Aux lendemains de la Libération les nouveaux titres paraissent sous format réduit

en raison de graves difficultés d’approvisionnement en papier.

Le cas du Nouvelliste

Fin juin 1940, le journal est soumis aux contraintes de la propagande allemande. Il

reste jusqu’à la veille de la libération de Vannes, le fidèle relais de l’information officielle de

l’occupant et de Vichy.

Au printemps 1945 démarre à Vannes le procès d’épuration mettant en cause la société

d’édition du Nouvelliste pour collaboration et profits avec l’ennemi.

Des débats confus, une atmosphère pesante, des magistrats ayant siégé sous

l’occupation, ne mettent pas en évidence de culpabilité flagrante, mais soulignent une absence

d’esprit de résistance. La rédaction du journal n’a jamais tenté de contourner la propagande ou

la censure.

Page 127: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

126

Au terme de son existence légale, la société est en bonne santé financière. La guerre

n’a pas freiné ses activités. Le chiffre d’affaires réalisé par l’imprimerie s’est élevé à trente

millions de francs, dont six avec l’occupant.

Le comité de confiscation des profits illicites du Morbihan prononce le 1er juin 1945,

une confiscation de 3 254 594 francs, et une amende de 14 097 480 francs. En outre, il lui est

reproché d’avoir bénéficié des largesses de l’Office allemand des papiers, d’avoir bénéficié

d’une dotation de papier, cartonnage, et matériaux divers plus importante que ses concurrents.

De plus, au terme du procès le 8 novembre 1945, les biens de « La Société de Presse

de Basse Bretagne » sont confisqués à hauteur de 20 % de leur valeur.

Alexandre Cathrine, comme cela est évoqué dans le chapitre le concernant, est

condamné, le 26 juillet 1945 à 120 000 francs d’amende et cinq ans d’indignité nationale.

Saulnier le responsable en titre de la Société de Presse de Basse-Bretagne depuis

septembre 1941, sur qui pèsent des charges de collaboration avec l’ennemi, écope de six ans

de travaux forcés. Il est soumis à l’indignité nationale à vie et à la confiscation de ses biens.

**

*

La messe est dite, le Nouvelliste est désormais une collection morte. Ce titre archivé

est le témoin du passé. La vie du journal reflète l’histoire de la presse d’information en

Bretagne, sous la Troisième République. Cet ensemble documentaire sur Lorient et le

Morbihan prend une valeur de patrimoine et de conservatoire de la mémoire collective.

Mais cet héritage fragilisé par la nature même de son support, le papier journal, est en

péril. Il va être au cœur de l’enjeu d’une opération de sauvegarde et de diffusion de la presse

ancienne régionale bretonne.

Page 128: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

127

II Le plan de microfilmage et de numérisation de la Presse ancienne du Morbihan, une opération d’envergure pour la sauvegarde et la diffusion du patrimoine écrit.

La presse ancienne, véritable patrimoine écrit, est une source documentaire pour

l’histoire. Mais les journaux conservés par les centres d’archives et les bibliothèques sont

condamnés à disparaître, rongés par un feu silencieux.

Une action de sauvegarde de ce type d’imprimés, au plan départemental, ne peut

s’envisager que sous la forme d’un partenariat entre les différentes institutions culturelles. Il

est nécessaire de mobiliser des moyens financiers et techniques importants.

Il faut pouvoir à la fois conserver les collections archivées, afin de la transmettre aux

générations qui nous suivent et de les communiquer au public d’aujourd’hui.

La préservation de l’écrit par le transfert sur un support de substitution passe par la

combinaison de deux moyens, le microfilmage et la numérisation.

Le microfilmage assure la conservation. Les journaux originaux sont photographiés, le

risque de la perte du texte est écarté.

La numérisation fixe ces images sur un support électronique. Certaines institutions

n’ont retenu que cette formule, mais un doute subsiste sur le devenir de ce type d’archivage à

long terme. Le microfilmage, en premier lieu, assure la sécurité d’un transfert sur un support

analogique dont la longévité est garantie.

C’est en adoptant cette stratégie à double volet que le plan de microfilmage et de

numérisation de la presse ancienne du Morbihan a été établi.

Page 129: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

128

2 – 1 LES COLLECTIONS DE PRESSE ANCIENNE DE LA MEDIATHEQUE DE

LORIENT : UN PATRIMOINE VIVANT.

La bibliothèque municipale de Lorient s’est constituée au cours du XIXe siècle, sans

avoir bénéficié des apports de collections des saisies révolutionnaires.

Elle a dans un premier temps fonction d’archives de la mairie, puis évolue comme

pôle documentaire par l’acquisition, financée par le gouvernement en 1834, de certains

ouvrages de référence (Grand et Nouvel Atlas physique, Atlas de l’hydrographie française,

Histoire des guerres civiles, Trésor de la langue grecque…).

En 1835 des crédits sont demandés pour la reliure de conservation et pour la fondation

d’une bibliothèque. En 1837, le maire propose la création d’un poste d’archiviste –

bibliothécaire.

La bibliothèque prend corps en 1842. La municipalité de Lorient dote l’Hôtel de Ville

d’un magasin destiné aux livres donnés par l’Etat pour accompagner le développement du

collège royal.

Le 6 juillet 1844, Lorient rachète les 1 562 volumes de la Chambre de Lecture créée

en 1783 par la bourgeoisie du Siècle des Lumières. Mais en 1846, la bibliothèque n’est pas

encore ouverte au public, ne disposant pas de fonds suffisant pour ses frais d’installation.

Il faut attendre le Second Empire, 1860, pour que la bibliothèque ouvre régulièrement,

avec à sa direction un responsable permanent. A la fin du siècle elle enrichit son fonds, par la

donation Guieysse, de 1 000 volumes40.

La constitution des collections de presse par la bibliothèque municipale de Lorient

s’organise sous l’égide du premier bibliothécaire en titre. Le plus ancien des journaux locaux

archivés dont il est fait mention est Les Affiches de Lorient de 182941 et L’Abeille de 1842.

33 Cité dans les différents historiques de la bibliothèques municipales de Lorient.

34 Journal cité dans le rapport de stage de Claudien Havard – CAPES 1981 CPR de Rennes / ce titre

n’est plus présent dans les collections archivées en 1998.

Page 130: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

129

L’intérêt des bibliothécaires de Lorient pour la conservation de la presse s’affirme

sous la direction de Léo Le Bourgo, puis André Degoul, tous deux, tour à tour, collaborateur

du Nouvelliste du Morbihan, puis bibliothécaire municipal à Lorient.

La collection de presse locale de la bibliothèque de Lorient est reconnue, exploitée par

les historiens, les journalistes, elle est consultée par le public, au fur et à mesure de sa

constitution.

« La tombe des journaux lorientais »

Le jeudi 4 février 1932 un journaliste du Nouvelliste du Morbihan, J.-M. Simon, fait

paraître un article intitulé « La tombe des journaux lorientais », les sous-titres en sont « La

collection de la presse locale à notre bibliothèque - Organes du passé et du présent -

Leur conservation - Qui les consulte ? »

Ce texte écrit il y a près de 70 ans, reconnaît aux collections de presse locale

constituées et conservées par la bibliothèque municipale de Lorient leur valeur de patrimoine

culturel et historique. C’est en effet un patrimoine issu du travail d’archivage par des

bibliothécaires soucieux de la conservation de leurs collections et de l'accessibilité au public

de cette source documentaire.

Le contenu intégral de cet article est repris, il pose déjà les fondements de la logique

qui a initié la mise en place du plan de microfilmage et de numérisation de la presse ancienne

du Morbihan.

« Je ne sais plus quel écrivain à dit un jour qu'un « journal c'était la vie en marche. »

On pourrait ajouter : « de la vie qui passe », de la vie qui serait oubliée si, quotidiennement,

ne sortaient des machines d’imprimerie les feuilles de papier blanches, couvertes de lettres

noires constituant des articles, des chroniques, des informations.

Les fouilles et les découvertes de Pompéï ont plus fait pour nous initier à la vie

romaine que tous les ouvrages réunis des annalistes, des poètes, des prosateurs latins. Aussi

bien, dans les temps à venir, celui qui tâchera de connaître à fond l’histoire intime de notre

pays, devra la chercher non dans les « mémoires » publiés par nos grands hommes, – ou

prétendus tel, – mais dans les collections des journaux. Cela surtout au point de vue local, et

de « la petite histoire », à laquelle Michelet rendait hommage, qu’il appréciait, reconnaissant

qu’elle lui avait fourni la part la plus considérable de sa documentation.

Page 131: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

130

Or, cette petite histoire, les journaux locaux l’enregistrent, heure par heure, pour

ainsi dire, datant les faits, signalant les rues où ils se déroulent. Lorsqu’en 2932, un érudit

désirera publier un article sur le réveillon de 1932, avec quel plaisir amusé ne découvrira-t-il

pas le compte rendu de la Correctionnelle de lundi et lira-t-il pas l’aventure de la demoiselle

du Royal-Dancing ? Si, dans cent ans, un technicien de marine marchande veut se

documenter sur le mouvement de nos ports de commerce et de pêche, c’est encore dans les

journaux qu’il puisera ses renseignements.

LES COLLECTIONS.

Mais, nous demanderont de nombreux lecteurs, qui collectionne les journaux ? Un

journal, on l’achète, on le lit… Et puis, la feuille de papier suit sa destinée vers la

destruction. Elle sert à envelopper des marchandises de toutes sortes, à maints usages. On

peut affirmer que personne ne garde les journaux. Aussi, les collections sont-elles

excessivement rares. On ne les trouve complètes, ou à peu près complètes que dans les

bureaux des vieux organes comme le « Nouvelliste du Morbihan » et dans les bibliothèques.

A LA BIBLIOTHEQUE

Les bibliothèques de nos villes départementales sont les tombes des journaux locaux,

tombes s’ouvrant de temps à autre, au gré des curieux et des chercheurs.

La bibliothèque de Lorient possède une magnifique collection bien entretenue, bien

classée. Elle est installée au deuxième étage. Reliées ou sous de solides couvertures, toutes les

feuilles lorientaises qui sont nées et sont mortes, toutes celles encore de ce monde apportant

chaque soir un exemplaire au tas grossissant, sont là dans des casiers spéciaux, les mettant

autant que possible à l’abri de la poussière et de la dent des rongeurs, des… rats de

bibliothèques, les vrais rats.

Nous voyons-là : l’Abeille de Lorient (1866 à 1872), le Courrier de Bretagne (1859 à

1886), le Journal du Morbihan (1871 à 1879), l’Avenir de Bretagne (1886 à 1896), le Phare

de Bretagne, la Croix du Morbihan, la Liberté Morbihannaise, le Morbihannais (1879 à

1905), et encore : la République du Morbihan, la Dépêche de Lorient, la Vérité Lorientaise,

le Réveil du Morbihan (1903 à 1905), le Petit Lorientais, l’Indépendant de Bretagne, etc…,

etc…, toutes feuilles disparues, après une existence de quelques semaines ou de quelques

années, dont les noms seraient totalement oubliés si la bibliothèque n’avait pas ces

collections.

Naturellement, le Nouvelliste du Morbihan, plus vivant que jamais, lui détient le

record puisqu’il figure à la Bibliothèque depuis le 2 janvier 1887.

Page 132: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

131

LA CONSERVATION.

On veille à la bibliothèque de Lorient avec un soin jaloux, une sollicitude réelle, sur la

conservation des journaux locaux. Les collections, nous l’avons dit, sont en excellent état, – à

part peut-être une ou deux années, et cela pour des causes indépendantes des bibliothécaires

– bien classées, déposées en sûreté. Bien plus, un jeu de fiches a été établi, véritable état-civil

des journaux, portant indication de leurs dates de parution et de cessation, les noms des

directeurs et des imprimeurs. Cette richesse d’histoire locale est ainsi mise, de façon

méthodique, à la disposition du public.

QUI CONSULTE LES COLLECTIONS ?

Au cours de notre petite enquête, nous demandons à M. Jaffré, la sympathique sous-

bibliothécaire dont tous les habitués de notre établissement municipal reconnaissent

l’amabilité, toujours prête à rendre service à qui s’adresse à elle :

– Les collections des journaux sont-elles fréquemment consultées ? …

– Assez, nous répond M. Jaffré …Par des érudits locaux, par des lorientais ayant à

procéder à des recherches sur leur famille, et surtout par… Devinez ? …

– ? ? ?

– Par des journalistes, ajoute M. Jaffré…

Et ce renseignement n’est pas pour nous déplaire… Osons espérer que, dans des

siècles futurs des confrères viendront fouiller dans nos articles et s’y documenter…

Confraternité posthume, de notre part, mais sympathie de métier tout de même !

J.-M. Simon. »

Bilan de l’état du fonds

La Médiathèque de Lorient conserve un ensemble de titres de journaux morbihannais,

véritables rescapés de la Seconde Guerre mondiale.

Le tableau ci-dessous présente la cinquantaine de titres de périodiques anciens

archivés dans les réserves de l’établissement au démarrage du plan de microfilmage et de

numérisation42.

35 Cette liste n’est plus à jour en 2001, car la bibliothécaire, responsable du fonds breton mène une

politique d’acquisition active, et le fonds des collections patrimoniales s’enrichit régulièrement ; telle

l’arrivée récente du Clocher breton (1895-1915)d’André Degoul et Madeleine des Roseaux.

Page 133: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

132

Titre Années

Le Journal de Lorient

Patriote Breton

L’Union démocratique

L’Abeille de Lorient

Gazette de la Bretagne

Gazette du Morbihan

Journal du Morbihan

1847 à 1848

1848

1848 à 1849

1849 à 1868

1869

1871 à 1872

1872 à 1879

Journaux regroupés sous

l’intitulé

L’Abeille

Le Morbihannais

1879 à 1917

il y a des n° manquants

dans la collection

Courrier des campagnes

1872 à 1907

il y a des n° manquants

dans la collection

La Vérité Lorientaise 1898

La Démocratie du Morbihan 1909 à 1910

L’Echo du Morbihan

La Croix du Morbihan

1908

1908

il y a des n° manquants

dans la collection

L’Action Républicaine 1908 à 1911

La Liberté 1886 à 1893

Le Petit Phare 1888

Avenir du Morbihan 1871 à 1890 il y a des n° manquants

dans la collection

Phare du Morbihan

Phare de Bretagne

1879

1881 à 1896

Page 134: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

133

L’Indépendant 1890 - 1892

L’indépendance Républicaine 1912 à 1913

1914

Le progrès du Morbihan 1887 à 1888

La Croix du Morbihan et la Liberté du

Morbihan

La Croix du Morbihan

1893 à 1895

1898

1899 à 1906

L’Union Libérale du Morbihan 1905 à 1907

Le Rappel du Morbihan

1899 à 1900

1911 à 1914

1926 à 1927

1928 à 1938

La Bretagne

L’Union Agricole du Finistère

1886 à 1887

1886

Union Républicaine du Morbihan

Araok

1911 à 1914

1914

La République du Morbihan 1898 à 1901

Courrier de Bretagne 1859 à 1868

1869 à 1886

Le Télégramme

Le Lorientais et le Télégramme réunis

1891 à 1893

1893

L’Avenir de Lorient

L’Avenir de Bretagne

1887

1887 à 1890

1896 à 1901

Tribune du Morbihan

Avant-Garde du Morbihan

La Vérité Lorientaise

La Cloche d’Alarme

La Classe ouvrière

Les Nouvelles Lorientaises

1898

1897 à 1898

1898 à 1899

1902

1902

1899

collections incomplètes

Page 135: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

134

Le Nouvelliste du Morbihan

1887 à

décembre 1941

Journal quotidien depuis

juillet 1921 ; bi ou tri-

hebdomadaire

précédemment

il y a des n° manquant dans

la collection : de janvier à

juin 1919 (entre autres)

La Bretagne touristique (mensuel) 1922 à 1939 il y a des n° manquants

dans la collection

Gwalarn 1925 à 1944

L’Heure bretonne 1940 à 1944 il y a des n° manquants

dans la collection

Dihunamb 1905 à 1944

Breiz Atao (bimensuel) 1927 à 1939

1947

il y a des n° manquants

dans la collection

L’Illustration ( hebdomadaire)

(nota : ce titre n’est concerné par le

plan de microfilmage et de

numérisation)

1914 à 1942 il y a des n° manquants

dans la collection

L’état des collections archivées à la Médiathèque de Lorient

En 1998, lors du lancement de la préparation des collections pour le plan de

microfilmage et de numérisation de la presse ancienne du Morbihan, un constat a pu être

dressé.

Les journaux, devenus très fragiles, ne supportent pratiquement plus aucune

manipulation. Leurs formats les rendent mal commodes à manipuler, ils se déchirent

facilement. Les documents les plus anciens ou les plus consultés sont dans un état d’usure très

avancé.

De plus, ces périodiques ont été imprimés sur des papiers acides qui partent peu à peu

en poussière avec le temps.

Page 136: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

135

Etat des collections des périodiques anciens

de la Médiathèque

consultables par le

public avec précaution

62,00%

non consultables trop

fragiles

38,00%

2 – 2 LE PLAN DE MICROFILMAGE ET DE NUMERISATION DE LA PRESSE

MORBIHANNAISE.

La prise de conscience du problème de la conservation

La presse archivée est intensément consultée, surtout depuis quelques décennies. Mais

la fragilité de ce support a conduit très tôt la bibliothèque municipale de Lorient à prendre des

mesures de sauvegarde.

En 1982, le rapport Desgrave sur le patrimoine des bibliothèques françaises constatait

l’ampleur de la gravité des dégradations subies par les fonds de périodiques anciens,

notamment la presse des XIXe et XXe siècles.

La première réponse permettant la sauvegarde et la consultation passait par le

microfilmage et la mise en place d’un partenariat entre les bibliothèques municipales, les

Archives départementales et la Bibliothèque Nationale.

Les opérations régionales de microfilmage en cours en 1998.

Le département du Morbihan met en route en 1998 le plan de microfilmage et de

numérisation de sa presse ancienne. Deux partenaires, les Archives départementales du

Morbihan et la Médiathèque de Lorient mettent en commun leurs collections ; après une

Page 137: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

136

préparation des journaux (récolement, balisage, conditionnement), il sera procédé au

microfilmage puis à la numérisation des microfilms.

A l’échelle régionale, des opérations régionales de microfilmage ont été réalisées ou

sont en cours entre autres dans les Pyrénées-Atlantiques, les Pays de la Loire, les Côtes

d’Armor, l’Ille et Vilaine et le Finistère.

L’évolution de la technique et le développement de l’informatique permet un nouveau

moyen de diffusion de l’image archivée, la numérisation. C’est dans ce cadre que s’inscrit le

plan départemental de microfilmage et de numérisation des périodiques anciens du Morbihan.

L’engagement de la municipalité de Lorient et de la Médiathèque.

En novembre 1994, le conseil municipal avait adopté l’idée d’un programme de

microfilmage de la collection du Nouvelliste du Morbihan, conservée par la Médiathèque.

Cette intention initiale était entérinée le 26 juin 1997, par la décision de s’inscrire dans

la mise en route du plan de microfilmage et de numérisation des collections de la presse

ancienne du Morbihan.

Le plan de microfilmage et de numérisation des collections de la presse ancienne du

Morbihan n’est pas une opération isolée menée par la Médiathèque, mais une action

engageant d’autres partenaires, en premier lieu les Archives Départementales du Morbihan

(pour le compte du département du Morbihan), également détentrices de collections, la DRAC

Bretagne, la Région Bretagne, le Service Historique de la Marine de Lorient, et l’Université

de Bretagne Sud.

Page 138: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

137

La convention départementale du plan de microfilmage et de numérisation des périodiques

anciens.

Le 24 décembre 1997, la convention relative au plan départemental de microfilmage et

numérisation des périodiques anciens était signée entre les partenaires précédemment cités.

Ce document fait le constat suivant :

Considérant

- l’intérêt de mener et de développer une politique de sauvegarde des fonds

patrimoniaux concernant le département du Morbihan

- l’état des collections de périodiques anciens, la nécessité de les préserver et de

faciliter leur consultation dans l’ensemble des établissements du département

- l’intérêt de mettre ce patrimoine écrit à la disposition du public en utilisant les

possibilités offertes par les technologies du microfilmage et de la numérisation

- le développement de la recherche historique, notamment universitaire

- l’importance des collections de périodiques anciens conservés dans la bibliothèque

municipale de Lorient, la Médiathèque ainsi qu’aux Archives départementales du Morbihan.

Les articles de la convention.

La convention définit les objectifs et la mise en œuvre des moyens en 10 articles.

Dans l’article 1, il est écrit qu’une opération de microfilmage et de numérisation de

périodiques anciens conservés dans les bibliothèques municipales ainsi qu’aux Archives

départementales du Morbihan est mise en place pour cinq ans à compter de l’année 1997.

De fait deux établissements apportent leurs collections de journaux conservés, la

Médiathèque de Lorient et les Archives départementales du Morbihan. Les autres partenaires

Page 139: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

138

actifs, le service historique de la Marine, la bibliothèque universitaire de l’UBS participent à

l’opération mais ne disposent pas de ce type d’archives.

Dans l’article 2, le département a été désigné comme maître d’ouvrage de l’opération.

Il en délègue l’exécution à la direction des Archives départementales qui en assurera la

maîtrise d’œuvre. En conséquence, le Conseil général aura à lancer les appels d’offre,

conclure les marchés, ordonner les dépenses, collecter les recettes et veiller à la bonne

exécution du marché.

Dans cette opération la Médiathèque de Lorient s’intègre dans une action pluri-

partenariale de conservation et de diffusion de document d’envergure nationale en partenariat

avec le département et de l’Etat.

Dans l’article 3, la préparation des collections est évoquée. La bibliothèque qui

conserve la principale collection, doit, en collaboration avec les Archives départementales,

effectuer les recherches bibliographiques, le classement, la collation, et le complément des

collections à sauvegarder.

Il est possible que la Bibliothèque Nationale de France puisse apporter son concours

pour compléter les lacunes dans les collections. Mais, cette possibilité est relativement

contraignante financièrement et pratiquement ; le mieux étant de s’assurer auparavant du bon

état des journaux disponibles sur le département.

L’article 4 de la convention stipule que l’ensemble de l’opération donnera lieu à la

confection de copies, destinées aux partenaires du plan, à savoir :

- une matrice de microfilm, une copie de deuxième génération, un disque optique de

sauvegarde et un disque optique de consultation aux fins de duplication seront confiées aux

Archives départementales.

- un disque optique de consultation est prévu pour l’Université de Bretagne Sud, un

pour le Service historique de la Marine de Lorient, et un pour la Médiathèque de Lorient.

- en cas de complément, une copie de consultation de ce complément sous forme de

disque optique destiné à la bibliothèque détentrice de la collection, si elle est autre que les

signataires de la convention.

Les Archives départementales assurent le rôle de conservateur des archives originales

de la sauvegarde sur microfilm des collections.

Page 140: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

139

Il est à noter qu'après les opérations de photographie, les bibliothèques détentrices des

collections papier récupèrent leur bien.

L’article 5 règle le point concernant les droits de copie de la sauvegarde des

collections des périodiques anciens. Chacun des partenaires s’en remet au détenteur de la

principale collection pour autoriser la copie du microfilm de la collection concernée, sous

forme de duplication de microfilm ou sous forme numérisée, les droits d’éventuels ayant droit

étant réservés. Ces copies ne pourront être destinées qu’à un usage sans but lucratif.

L’article 6 précise qu'il est convenu de fixer le prix de ces copies en ajoutant

uniquement des coûts de gestion au prix de la duplication.

L’article 7 met en perspective l’usage de ces collections sauvegardées pour la

recherche. En effet, l’Etat s’engage à faire figurer l’ensemble des microfilms réalisés dans le

catalogue collectif des périodiques microfilmés et, le cas échéant, dans celui des périodiques

numérisés.

Les articles 8 et 9 concernent les points financiers de ce plan qui s’étalent sur 5

années.

L’article 10 prévoit la possibilité pour un autre partenaire de participer au plan de

sauvegarde et de diffusion des périodiques anciens, sous réserve de l’accord des signataires

de la convention.

Un engagement financier entre les différents partenaires sur 5 ans.

Le projet global porte sur 230 000 vues numérisées, pour un coût estimé

à 1 600 000 F.

Le budget annuel est de 320 000 F.

La répartition globale des charges financières par partenaire est :

- de 400 000 F pour le Ministère de la Culture

- de 96 000 F pour le Ministère de la Défense

- de 400 000 F pour la Région

- de 504 000 F pour le département

Page 141: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

140

- de 104 000 F pour la Ville de Lorient43

- de 96 000 F pour l’Université de Bretagne Sud.

Répartion des charges financières pour le plan de microfilmage et de

numérisation des périodiques anciens du Morbihan.

Région Bretagne

25,00%

Ministère de la Culture

25,00%

Département du

Morbihan

31,50%

Ministère de la Défense

(SHM)

6,00%Ville de Lorient

(Médiathèque)

6,50%

Université

de Bretagne Sud

6,00%

1

100 800 F

80 000 F

80 000 F

20 800 F

19 200 F

19 200 F

0 F 20 000 F 40 000 F 60 000 F 80 000 F 100 000 F 120 000 F

1

Répartion financières au plan de microfilmage et de numérisation des

périodiques anciens du Morbihan,

par année.

Université de Bretagne Sud

Ministère de la Défense (SHM)

Ville de Lorient (Médiathèque)

Région Bretagne

Ministère de la Culture

Département du Morbihan

36 chiffre n’incluant pas les frais de personnels, pour assurer la préparation des collections

Page 142: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

141

L’intervention des prestataires de services.

Le plan de microfilmage et de numérisation des périodiques anciens du Morbihan est

un marché public, dont l’exécution doit durer cinq ans. Le choix des entreprises prestataires

de service se fait sous forme d’appel d’offre.

Le marché est scindé en 3 types d’opérations, 3 lots. Chaque lot répond à un cahier

des charges très précis.

L’objet du lot 1 est le microfilmage de la presse ancienne du Morbihan avec la

fourniture d’un négatif de première génération et d’un négatif de deuxième génération. Les

microfilms seront des films argentiques de 35 mm, sous la forme de bobine de 30 m. Il est

prévu de traiter de 80 000 à 200 000 images.

L’objet du lot 2 est la numérisation d’image d’archives se présentant sous forme de

microfilms et d’écriture résultant des numérisations sur des disques optiques compacts.

Six CD-ROM seront tirés par microfilms digitalisés. Les images seront numérisées en

noir et blanc avec une définition de 300 à 400 DPI.

L’objet du troisième lot concerne la fourniture d’un logiciel de visualisation des

disques optiques compacts.

Il est souhaité que la lecture des informations numérisées soit simple à l’utilisation,

que l’encombrement des commandes à l’écran soit faible, que l’installation de ces logiciels

soit aisée à effectuer sur les postes de consultation.

Page 143: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

142

2 – 3 LE RECOLEMENT DES COLLECTIONS DE JOURNAUX ANCIENS DU

MORBIHAN

Un travail en partenariat avec les Archives départementales du Morbihan.

La mise en œuvre du plan de sauvegarde de la presse ancienne du Morbihan passait

par l’étape initiale de l’inventaire des collections.

Les Archives départementales du Morbihan et la Médiathèque de Lorient ont décidé

de mettre en commun leurs fonds de périodiques anciens de manière à reconstituer

l’intégralité des différentes collections à microfilmer.

Les collections de la Médiathèque de Lorient et des Archives départementales du

Morbihan ont été mobilisées et préparées.

Les collections des Archives départementales du Morbihan apportent 140 titres de

périodiques d’information concernant le Morbihan. De L’Abeille de 1842 au Morbihan Libéré

d’août 1944.

Nota : la liste des titres engagés se trouve en annexe du mémoire

L’exemple de la préparation des collections du Nouvelliste du Morbihan

La première étape du plan de microfilmage et de numérisation de la presse ancienne

du Morbihan est la préparation des collections en vue du microfilmage, puis de la

numérisation.

L’opération de préparation des collections papier est essentielle. Etant donné la

dégradation rapide des journaux, le travail de contrôle de l’intégrité des collections, le soin

avec lequel on s’efforce de reconstituer une collection complète, ne sera possible qu’une seule

fois.

Le récolement des collections est fait une fois pour toutes. La collection préparée,

balisée est microfilmée.

C’est ensuite le microfilm qui devient l’archive à préserver, le microfilm étant devenu le

support de conservation pour ce patrimoine écrit. De plus, sur le microfilm se trouve la

Page 144: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

143

collection constituée de l’assemblage de plusieurs collections afin d’en reconstituer une seule,

la plus complète.

Les journaux originaux seront bien évidemment conservés dans les meilleures

conditions, mais ils ne seront plus communiqués au public. Il est prévu que chacun des

partenaires ayant versé ses collections récupère son bien.

Le plan de microfilmage et de numérisation est une action engageant les collections

des périodiques anciens des Archives départementales du Morbihan et de la Médiathèque de

Lorient ; l’apport des collections de la Bibliothèque Nationale de France est également

envisagé.

L’exemple choisi pour illustrer cette opération est Le Nouvelliste du Morbihan,

archivé par les Archives départementales du Morbihan et de la Médiathèque de Lorient.

Le plan de microfilmage et de numérisation de la presse ancienne du Morbihan, est

une action lourde engageant la Médiathèque de Lorient. Il s’intègre dans une mise en

perspective des nouvelles technologies de l’information dans la sauvegarde et la diffusion du

patrimoine écrit.

Le récolement du Nouvelliste.

La Médiathèque de Lorient s’est engagée à préparer ce titre. Le travail sur les

collections originales du Nouvelliste du Morbihan a été effectué de mai 1998 à janvier 2000.

La tache initiale était la préparation des collections du Nouvelliste du Morbihan dans

l’optique de la phase de microfilmage. Le travail s’est fait en parallèle sur les deux collections

principales.

La collection de référence, choisie après évaluation de l’état global des documents

originaux, est celle des Archives départementales du Morbihan, la collection secondaire,

servant de recours est celle de la Médiathèque de Lorient.

Une grille de lecture permettant de répertorier les anomalies et les défauts à prendre en

compte a donc été mise au point.

Page 145: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

144

Bilan de la préparation des collections du Nouvelliste du Morbihan.

Le travail de récolement des deux collections de référence, celles des AD 56 et de la

Médiathèque de Lorient a pu permettre de reconstituer une collection la plus complète

possible. Cependant, il a été relevé des carences sur au moins 204 pages ; j’exclus de cette

somme les numéros du Nouvelliste dont la parution n’est pas certaine.

On peut être certain que 49 années de la collection sont à 100 % complètes par

l’assemblage des deux collections principales. Quatre années pour les quelles il manquait 9

numéros ont été complétées par l’apport de la collection archivée par Presse Océan. (1886 –

un seul numéro daté du 30 décembre – n’est pas considérée comme une année de parution).

Cinq années ont quelques numéros ayant certains défauts de lisibilité, mais ne nécessitant pas

l’apport d’une troisième collection.

Neuf années de collection ont des numéros supposés manquants ou des pages supposés

disparues. Cela reste à confirmer par l’apport d’une autre collection, celle de Presse Océan ou

de la BNF. ( 5 n° en 1918-1919, 1 n° en 1923, 1 n° en 1931, 1 n° en 1934, 4 n° en 1939, 2 n°

en 1942, 23 n° en 1943, 6 n° en 1944)

En ce qui concerne la parution du Supplément Hebdomadaire Illustré, les carences de

la collection sont à combler par l’apport d’éléments de la BNF. Il manque 32 numéros sur les

62 parus.

Nombre de

pages

vérifiées

Nombre de

pages à

microfilmer

( correction de

lisibilité,

multiples

parutions)

Nombres de

pages contre

vérifiées

dans la

collection de la

Médiathèque

Nombres de

pages ayant

un défaut

notable à

reprendre

dans la

collection de

Lorient

Nombre de pages à reprendre

dans une autre collection

60094 60164 3668 1566 204

100 % 100,12 %44 6,10 % 2,61% 0,34 %

37 Certaines pages, selon la nature du défaut, nécessitent d’être microfilmée en deux exemplaires. Une

page provenant de la collection de la Médiathèque de Lorient, l’autre des Archives départementales du

Morbihan.

Page 146: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

145

Nota :les années 1942, 1943, 1944 sont à compléter par l'apport d'une 3e collection

Au terme du travail de vérification des journaux, il fallait préparer la reconstitution

matérielle de l’intégralité de la collection du Nouvelliste. C’est à dire, assembler à la

collection de référence, celle des Archives départementales du Morbihan, les feuillets

manquants ou détériorés provenant de la collection jumelle de la Médiathèque de Lorient, et

dans certains cas des éléments d’une troisième collection. Le but était de présenter au

microfilmage la collection du Nouvelliste la plus complète possible.

L’ensemble des éléments combinés des collections du Nouvelliste du Morbihan des

Archives départementales du Morbihan et de la Médiathèque de Lorient ont été préparés.

(avec l’apport de quelques éléments de la collection du Nouvelliste du Morbihan provenant

des archives de Presse Océan)

La collection intégrale du Nouvelliste du Morbihan démarre le 30 décembre 1886, elle

s’achève le 20 août 1944. (nota : à partir du 6 août 1944 le titre change et devient Le

Morbihan Libéré, précurseur de La Liberté du Morbihan)

2 – 4 LES NOUVELLES TECHNOLOGIES DE L’INFORMATION ET DE LA

COMMUNICATION AU SERVICE DE LA SAUVEGARDE ET DE LA DIFFUSION DU

PATRIMOINE DE L’ECRIT.

La sauvegarde du fonds : les différentes possibilités

La conservation des collections

Conserver les collections afin d'être en mesure de les communiquer et de les

transmettre aux générations futures constitue l'une des missions fondamentales des

bibliothèques

L’archivage et la communication des périodiques anciens nécessitent la maîtrise de

différentes techniques.

Les différents problèmes techniques que pose la conservation des périodiques anciens

sont abordés par un ouvrage publié en 1998 par le Ministère de La Culture et de la

Communication / Direction du Livre et de la Lecture, intitulé, Recommandations techniques

pour la conservation des collections patrimoniales des bibliothèques / Conservation des

Page 147: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

146

collections patrimoniales des bibliothèques / Protection et mise en valeur du patrimoine des

bibliothèques de France. La rédaction de cette somme technique s’est faite sous la

coordination scientifique de Jean-Marie Arnoult, inspecteur général des bibliothèques.

Trois chapitres de cet ouvrage présentent des réponses techniques posées par les

problématiques soulevées par plan départemental de microfilmage et de numérisation de la

presse ancienne du Morbihan.

La préservation des journaux ( chapitre 8) a été traitée par Else Delaunay, La

reproduction des documents patrimoniaux : problématique générale (chap 11) a été abordé

par Jacques Deville et La numérisation des documents patrimoniaux (chap 13) par Gaëlle

Bequet.

Les bibliothèques sont confrontées à la détérioration des collections due à l’acidité du

papier qui s’autodétruit. Les solutions techniques élaborées pour enrayer ce fléau existent,

microfilmage et/ou numérisation des documents, désacidification de masse du papier.

La préservation des journaux anciens

Les ouvrages imprimés depuis la moitié du 19e siècle sont en papier à pâte de bois

dont l’acidité ronge inexorablement les fibres de cellulose au fil des années. Les papiers des

journaux ont été faits de pâte à papier mécanique, dont la lignite n'a pas été éliminée.

La conservation des journaux pose un certain nombre de problèmes matériels. Leur

stockage demande des conditions de température, d’hygrométrie et d’éclairage spécifique.

Les magasins doivent conserver une température à 18° C. L’atmosphère des réserves

doit avoir une humidité relative entre 45 et 55 %, à l'abri de la lumière, de la poussière et de

la pollution atmosphérique.

Le conditionnement des journaux doit se faire à plat, non pliés, ni ficelés en paquets.

La reliure dans le cas des journaux présente certains inconvénients, du fait de la nature

médiocre du papier et de leur grand format.

Page 148: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

147

La reliure mobile est un système mieux adapté et moins onéreux. Ce dispositif permet

de recevoir les journaux assemblés au moyen de pinces qui sont elles-mêmes fixées à la

reliure par des tringles.

Ce système n’oblige pas à débrocher les journaux pour le microfilmage, il suffit de les

déboîter pour les extraire, ils sont intacts, sans couture ni colle.

Les journaux qui ne sont plus consultés peuvent être archivés dans des boîtes de

conservation en matériau neutre adaptées à leur format, prévu pour un stockage à plat.

La solution qui permet de pouvoir sauvegarder ce patrimoine écrit en grand danger de

disparition passe par son transfert sur un support plus durable.

Utilisation d’une méthode fiable et éprouvée : le microfilm.

Le microfilmage est la technique qui s’impose pour toute politique de préservation

d’une certaine ampleur.

Le microfilm est un phototype en rouleau composé d'un ensemble de microcopies

permettant de conserver l’image des documents sous un très faible volume. Son invention

remonte aux origines de la photographie, en 1853.

Le microfilm n’est pas créateur de document, c’est une simple modalité d’emploi de la

photographie appliquée essentiellement à la reproduction des textes ou des dessins Cependant

il prend une place prééminente lorsque le document original n’est plus disponible, il devient

alors une source documentaire à part entière.

Utilisation du microfilm dans les archives et dans les bibliothèques.

Le microfilm est un support fiable pour le transfert de l’écrit face à la détérioration du

support papier.

Tout document est périssable. Quel que soit le type d’écrit, l’information est

dépendante du support. L’histoire est fertile en exemples de disparitions brutales par fait de

guerre, vol, pillage, par négligence, accident ou par la volonté délibérée d’effacer certaines

mémoires. L’usure du temps, les mauvaises conditions de conservation, la consultation par le

public fragilisent le papier.

Page 149: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

148

Le microfilmage est un moyen utilisé pour parer aux dangers de disparition des

documents, c’est un instrument de sécurité pour la sauvegarde des fonds.

Le rôle du microfilm dans la sauvegarde et la diffusion

des collections de journaux.

Le microfilmage permet de sauvegarder ces sources documentaires et de reconstituer

l’intégralité des collections, par un travail de collectage sous forme microfilmée.

La Bibliothèque Nationale a entrepris un vaste plan de microfilmage dès la fin des

années cinquante concernant des collections de journaux et périodiques anciens ou modernes.

Les archives fixées sur pellicules permettent de reconstituer des collections qui

n’existaient pas sous forme papier. L’assemblage de collections dépareillées est réalisé sur

microfilm sans spolier les centres d’archives ou les bibliothèques détentrices des originaux.

Le microfilm assure la garantie d'une conservation de longue durée. Il restitue une

image fidèle de l'original et reste d'un coût abordable au niveau de sa fabrication et de sa

consultation.

La technique de microfilmage est bien plus rapide, et bien moins coûteuse que la

restauration papier. La microforme permet de retirer de l’accès au public le document original

tout en rendant possible sa consultation. De plus, il est avéré qu’un microfilm argentique peut

se conserver plusieurs siècles, soit bien plus longtemps que le papier moderne.

C’est un procédé simple et éprouvé, qui permet la multiplication du nombre

d’exemplaires du document, ce qui rend possible la diffusion d’ouvrages rares ou fragilisés.

Le microfilm peut également être dupliqué sous forme de photographies ou de photocopies.

Actuellement, la solution la plus avantageuse demeure la reproduction sur microfilm

argentique 35 mm, noir et blanc, non cranté et non blipé. Les films utilisés sont des émulsions

gélatino-argentique, sur support triacétate ou polyester à pouvoir de résolution de 400 lignes

au millimètre.

Page 150: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

149

Des informations sont intégrées à la bobine concernant l’identification et la

signalisation des documents reproduits suivant les indications de la bibliothèque conservant

les documents, ainsi que sur le support.

Les partenaires45 engagés dans le plan de microfilmage et de numérisation de la

presse ancienne du Morbihan ainsi que le façonnier du film sont mentionnés. Une liste des

numéros manquants ou détériorés est annexée et codifiée, un balisage chronologique est

effectué, indiquant le mois et l’année selon le cas.

Au cours de la prise de vue, la planéité des journaux est maintenue, les éventuelles

transparences des documents sont palliées en plaçant une feuille noire derrière la page à

reproduire.

L’entreprise qui effectue le microfilmage doit éviter de débrocher les journaux des

reliures, sauf cas particulier. En l’occurrence les deux établissements qui possèdent les

collections, les Archives départementales du Morbihan et la Médiathèque de Lorient, ont

préparé et vérifié les journaux pour éviter ce genre de manipulation pouvant altérer la

conservation des documents source.

Les périodiques sont généralement reproduits à raison d’une à deux pages par image,

en mode 1A (1 page par image), lecture verticale, pour les grands formats ; pour les journaux

de dimensions plus modestes (la hauteur ne dépassant pas 45 cm) en mode 2B (2 pages par

image), lecture horizontale. Les taux de réduction sont conformes aux valeurs de la norme NF

Z43-051.

En cas de réfection d’images défectueuses46, les images réinsérées le seront par

collage ou soudure thermique. Il est prévu qu’il n’y aura pas plus de 36 images refilmées,

pour un film de 30 m / 700 images.

La conservation du microfilm.

La conservation des microfilms doit se faire en archivant le film de sécurité dans un

lieu autre que celui où se trouvent les collections originales et les copies de duplication et de

consultation. Il est bien évidemment nécessaire de respecter de bonnes conditions climatiques

de stockage.

38 Ministère de la Culture, Ministère de la Défense, la Région Bretagne, le Département du Morbihan,

la Ville de Lorient, l’Université de Bretagne-Sud.

39 Les corrections éventuelles sont à la charge du façonnier.

Page 151: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

150

Le microfilm de première génération est livré en bobines de 30 m. Le film est enroulé

sur un noyau de matériau résistant à la corrosion, ne détériorant pas le film, non inflammable

et imputrescible. Le symbole « début » est placé à l’extrémité externe du rouleau. Les spires

du film s'arrêtent à au moins 6,35 mm du bord extérieur des joues pleines de la bobine.

Le film est enroulé d’une bande de papier neutre, à l’exclusion de tout bracelet de

caoutchouc. Il est placé dans une boîte en matériaux neutres (métal, carton, plastique) portant

une étiquette reprenant les indications d’identification des documents reproduits.

Le microfilm de seconde génération est livré en bobines de 30 m, suivant les mêmes

caractéristiques que le négatif de première génération.

Des vérifications et des contrôles sont réalisés à toutes les étapes de fabrication du

microfilm : contenu, lacunes, qualité optique du film. Les négatifs originaux sont contrôlés

avant tirage de l’internégatif.

Les Archives départementales du Morbihan ont un délai de cinq ans pour renvoyer à

l’entreprise contractante les films défectueux. Les défauts envisagés sont relatifs à la non-

conformité du support, une omission de transfert de documents originaux ou des altérations

du film (tâches, traces) dues à de mauvaises manipulations de l’entreprise concernée.

Le transport et la conservation des collections se fait sous la responsabilité du

prestataire de service ; celui-ci devant souscrire une assurance adaptée.

Le second volet du plan de conservation de la presse ancienne du Morbihan est la

numérisation des microfilms.

La numérisation des microfilms

La numérisation consiste à transformer l’archive microfilmée en image électronique. ,

Stockés dans une mémoire de masse les documents sont facilement accessibles sur l’écran

d’un ordinateur.

Outre les problèmes d’ordre technique, les doutes sur la pérennité de ce patrimoine

virtuel, le projet de numérisation soulève également des questions juridiques.

Le plan de microfilmage et de numérisation de la presse ancienne du Morbihan prévoit

la numérisation des microfilms selon un cahier des charges bien précis.

Page 152: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

151

L’opération est traitée par une entreprise choisie après l’ouverture d’un marché

public.. Le contractant s’engage à numériser chaque image, correctement orientée, de

supprimer les marges et de recadrer l’image si nécessaire.

Les fichiers numériques inscrits sont produits sur des CD-ROM. Il est prévu la gravure

de 6 CD-ROM par microfilm numérisé. Les images microfilmées sont numérisées selon la

qualité des documents d’origine de façon à ce que la lisibilité soit la meilleure possible, sans

qu’il soit besoin de les retravailler.

Elles sont acquises en noir et blanc, selon les densités de hautes définitions, 400 DPI ;.

la taille des images allant de 2900 à 3500 pixels pour la plus grande dimension et 2000 à 2400

pixels pour la plus petite dimension.

La méthode de compression retenue à l’origine est la compression de type 4 de l’UIT.

Le format de fichier retenu est le format TIFF (version 6).

Toutes les images de microfilm sont numérisées, images de périodiques et images de

pages de répertoire et indications préalables.

Les fichiers images sont plein cadre. Tous les bords inutiles sont supprimés et les

images présentant un décalage important sont recentrées.

Les fichiers inscrits sont livrés sur support CD.R de type WORM (write once read

many). Ces CD.R sont conformes aux normes ISO/IEC 9660 niveau 2 (Volume and File

Structure of CD-R for information interchange) et ISO/IEC 10149 : 1989 (Data interchange

on read – only 120 mm optical data disk)

La numérisation est entreprise après la livraison des bobines de microfilm par les

Archives départementales du Morbihan selon un ordre défini. La livraison des microfilms est

accompagnée d’une liste des microfilms qui contient la référence

L’entreprise qui numérise fournit un rapport de production reprenant les éléments

techniques de la numérisation et les carences éventuelles.

Les CD-R sont vérifiés à la livraison et évalués conformément aux normes en vigueur.

Les tests sont effectués par sondage. Tout problème d’altération de lisibilité de l’information

ou de décomptage de fichier entraîne le rejet des lots incriminés ; l’objectif final de la

numérisation étant d’offrir une image de même qualité que celle microfilmée. Un délai de

Page 153: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

152

cinq années court pour valider définitivement les CD.R. Les produits non conformes sont

rendus pour être refait conformément au cahier des charges.

Le numériseur s’engage à ne pas reproduire ou diffuser les microfilms confiés, ni à

dupliquer plus de CD.R que prévu.

Le protocole technique

Lorsque l'on numérise une image intermédiaire tel que les microformes, il faut

s'attendre à une minime dégradation de l'image d'un substitut à l'autre.

Les scanners de microformes sont automatisés ; il suffit de paramétrer et de régler le

positionnement des vues. Les numériseurs automatisés permettent de traiter rapidement une

grande quantité de vues (plus de 100 000 vues en une semaine chez un prestataire). Plus le

volume à traiter est important, plus les coûts sont faibles.

Avant la livraison au numériseur, le contrôle de qualité des microformes est assez

long, il faut développer la bobine pour pouvoir la vérifier, et en cas d'erreurs, les

manipulations (découpage, insertion, recollage) prennent du temps. Des tests permettent de

juger de leur état, propreté des films, rayure, lacunes. En effet il serait inefficace de constater

des défectuosités après coup.

Les prises de vues des microfilms peuvent être qualité variable ; il faut parfois

reparamétrer le scanner, en particulier quand le pas entre deux vues n'est pas identique. On

vérifiera aussi la lisibilité, surtout celle liée à la qualité des encres.

Outre la préparation technique, un inventaire précis des documents est exigé. Chaque

bobine est identifiée par son numéro d'inventaire et par tout code de classement susceptible

d'entrer dans le nommage des fichiers, on détaillera pour chaque bobine le nombre de vues ou

on en donnera au moins une approximation.

Il est nécessaire de spécifier au prestataire chargé de la numérisation si chaque vue du

microfilm reproduit une ou deux pages du document, lui indiquer le positionnement du texte

par rapport au film (horizontal ou vertical) et dans la mesure du possible, les changements

éventuels d'échelle en cours de bobine.

Lors du microfilmage du document original, le rapport de réduction a été inscrit sur le

film afin de pouvoir réaliser ultérieurement un tirage en grandeur originale. Lors de la

Page 154: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

153

numérisation il faut que la restitution soit encore possible. Sur les microfilms, les échelles de

réduction47 les plus courantes sont 1/10, 1/12, 1/16, 1/18, 1/22, 1/24.

Après la numérisation elle-même, un deuxième contrôle garantit la correspondance

entre les numéros de vues du microfilm et des fichiers numériques.

Une table de correspondance doit être établie entre les vues numériques et les pages du

document original, comme si l'on numérisait directement ce dernier. Lorsque le microfilm

comporte des pavés optiques (blips), cette opération est simplifiée puisque l'identification de

chaque vue est déjà réalisée sur le microfilm

A terme, la numérisation de la presse ancienne doit permettre une évolution des

données archivées. Une première campagne de numérisation va fournir un stock de données

brutes qu'il serait souhaitable d’indexer pour toute exploitation documentaire ; étant donné le

volume à traiter (60 000 pages, rien que pour la collection du Nouvelliste), le chantier de

l’indexation des archives numériques peut être un des grands chantiers du XXIe siècle dans le

domaine documentaire.

La préservation des collections numériques

L'archivage des fichiers

Pour assurer la conservation et la diffusion des documents, ceux-ci doivent être

enregistrés et stockés en suivant des normes qui amélioreront leur longévité.

Les limites à la pérennité des collections numériques

Les collections numériques posent dès leur conception la question de la préservation

des documents électroniques. Les systèmes informatiques, dans toutes leurs composantes,

évoluent de manière rapide. Il faut donc réfléchir dès le début de l'opération de numérisation à

une stratégie de conservation.

40 Les normes relatives au rapport de réduction sont regroupées dans la norme NF Z 43-051.

Page 155: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

154

La conservation n'est plus statique, elle devient dynamique, intégrant plusieurs

facteurs :

- l'intégrité des données codées

- l'utilisation de méthodes de compression avec perte

- l'espérance de vie difficilement prévisible des supports optiques

- l'obsolescence des matériels et des logiciels. La lecture des fichiers numériques reste

étroitement liée aux logiciels dont les évolutions rapides ne garantissent pas la restitution des

fichiers anciens.

Quelles mesures de conservation ?

Trois solutions sont proposées aujourd'hui pour conserver les données numériques : la

conservation du matériel, l’émulation, la migration

La première solution consiste à conserver, en même temps que le fichier, l'ordinateur

et les programmes ayant servi à la production du document. Cette méthode n'est toutefois

guère envisageable car elle implique de maintenir en fonction du matériel périmé.

La deuxième solution est d'élaborer des programmes permettant d'émuler, c'est-à-dire

d'imiter, des programmes plus anciens afin de lire les fichiers qui sont conservés dans leurs

formats d'origine. Cette solution est complexe et coûteuse et souvent impossible si les

logiciels étaient couplés à des matériels spécifiques.

La troisième solution, la migration des données est le transfert périodique des données

numériques d'une configuration matérielle et logicielle à une autre ou d'une génération

d'ordinateurs à la suivante. L'objectif de la migration est de conserver l'intégrité des

documents numériques et de perpétuer la capacité des usagers à les retrouver, les afficher et

les utiliser alors même que la technologie évolue

Elaboration d’un plan de conservation.

L'élaboration d’un plan de conservation doit se faire selon la nature des collections

numériques et leurs spécificités. Pour chaque document, il faut de préciser quels logiciels et

systèmes d'exploitation, quel matériel en assure l'accès.

Dans ces conditions, il est préférable de poser des priorités qui prendront en compte :

- les moyens en personnel ainsi que les moyens financiers affectés à la conservation

des collections numériques

Page 156: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

155

- le plan de développement des collections

- le classement des fichiers numériques par ordre d'estimation de leurs consultations

par le public

- le format de conservation adapté

- les mesures de conservation éventuellement déjà prises par un autre établissement

pour le même type de document

- l'évolution technique des logiciels et des appareils de lecture.

Les supports numériques et leur conservation

Si la durée de vie de la microforme est sûre, dans de bonnes conditions de

conservation, il en est autrement pour les supports numériques.

Il existe trois types de support utilisables pour le stockage et la circulation des

documents numérisés. Leurs caractéristiques techniques sont différentes.

Les supports optiques DON, CD, DVD :

DON : les disques optiques numériques sont inscriptibles progressivement et

régulièrement, ils sont utilisés pour la collecte des données :

- DON réinscriptible pour lequel il existe deux technologies : le disque magnéto-optique

(MO), et le disque à changement de phase ou Phase Disk (PD)

- DON-WORM (Write Once Read Many ) : fragile, durée de vie environ 5 ans.

(inscriptible une seule fois en un endroit donné du disque - disque de 30 (10 à 16 Go de

capacité) ou 35.5 (25 Go) cm destiné à l'archivage de masse)

CD : les disques compacts sont inscriptibles en une seule opération et sont utilisés

pour la diffusion des données :

- CD-ROM (Compact Disc Read Only Memory) : durée de vie du CD-ROM, entre 10 et 20

ans environ. Uniquement accessible en lecture.

- CD-RW : réinscriptible jusqu'à 650 Mo, c'est la version effaçable du CD.

- CD-R (appelé également CD-WORM) : compatible avec le CD-ROM. Aussi fragile que le

CD-WORM.

Le CD non réinscriptible ne doit pas être considéré comme un support de conservation

à long terme. Avec le temps, l’information se détériore.

Page 157: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

156

Il existe des CD en verre dont la durée de vie est estimée à une centaine d’années voire

davantage -le caractère pérenne du verre se double d'une résistance aux chocs. Le coût assez

élevé de ce support devant être apprécié sur le long terme et le niveau de sécurité qu'il induit

DVD (Digital Versatil Disk) : le dernier-né des supports appelé vraisemblablement à

supplanter le CD, grâce à sa grande capacité de stockage jusqu’à 9 Go contre 650 Mo pour le

CD.

Mais pour l’instant, le choix n’est pas définitivement arrêté sur un seul type de DVD

standard.

Il se décline en plusieurs versions, mais chacune d'entre elles nécessite un type de

cartouche spécifique ou de lecteur :

- DVD-Vidéo utilisé pour la diffusion de films

- DVD-ROM utilisé pour des applications multimédia informatiques (équivalent du DVD-

Vidéo) disque préenregistré en usine / seule la lecture est possible / 12 cm / capacité de 9,4

Go.

- DVD-R inscriptible une fois (comme le WORM), et supporte plusieurs modes

d'enregistrements (12 cm ; capacité de 7,9 Go / inscriptible mais non effaçable ; sauvegarde

de données non compressées)

- DVD-RAM est la version enregistrable et effaçable du DVD.

La conservation des supports

L'espérance de vie des documents électroniques sera d'autant plus longue que l'on aura

pris garde aux conditions de conservation des supports.

En premier lieu, il est impératif de réaliser une copie de sauvegarde, pour éviter toute

dégradation irrémédiable.

Les magasins48 devront éviter les variations de température et d'humidité. Il est

également nécessaire de réduire l'exposition des supports aux champs magnétiques.

41 La norme ISO/CD 16111, à l'étude en 1998, concerne les conditions de stockage des disques

optiques. Elle précise notamment les conditions environnementales de conservation, les gaz nocifs aux

différentes composantes des disques, les conditions de stockage dans les boîtiers et sur les étagères.

Page 158: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

157

Dans le temps il faut prévoir un contrôle régulier des données stockées et prévoir la

migration de celles-ci sur de nouveaux supports.

Ce support présente une grande densité d'information. Toute altération, même légère, à

un endroit donné du disque peut compromettre la lecture d'un grand nombre de données.

Il faut éviter de rayer le cédérom, de l’exposer à la lumière du soleil, de le mettre en

contact avec des produits de nettoyage, de le laisser en dehors de sa boîte de protection.

La communication des journaux numérisés

Les données destinées à la diffusion stockées sur CD-ROM. Pour permettre l'accès

direct automatisé, il est possible d’envisager des disques durs de grande capacité ou

l’utilisation d’un juke-box dont la capacité est variable. Elle peut aller de 50 à 1400 disques.

Pour l'utilisation dans un juke-box, il est recommandé d'utiliser des boîtiers internes.

La visualisation des images numérisées

Il est prévu la fourniture d’un logiciel de visualisation des images numérisées. Cet

outil doit permettre une lecture des documents par le public.

Le logiciel doit être simple à mettre en œuvre sans formation préalable des utilisateurs.

Les noms de fichiers servant à l’indexation des images, l’affichage doit être rapide. La

recherche se fait par critère du titre, de l’année, du mois ou du numéro de l’image

électronique ; les possibilités de navigation chronologique et le zoom sur l’image étant

intégrées. L’impression totale ou partielle de l’image est prévue, avec notamment la datation

du document.

Le problème de la fourniture d’un tel logiciel est le coût et le nombre de licences

d’exploitation attribuées par le concepteur du produit.

Actuellement, on s’oriente plutôt vers des solutions en interne, en liant une base de

données établie à partir des images numérisées avec un logiciel de visualisation simplifié.

De plus, la mise à disposition sur Internet fait évoluer le projet initial vers une plus

large ouverture au public.

Page 159: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

158

Aspects juridiques de la numérisation et de la communication des documents.

Toute création qui fait œuvre d'originalité (œuvre écrite, musicale, photographique,

typographique...) est protégée par des droits d'auteur :

- les droits patrimoniaux

- le droit moral de l'auteur

Durée des droits patrimoniaux

- un seul auteur : jusqu'à 70 ans après son décès

- une œuvre de collaboration : 70 ans après la mort du dernier auteur

- une œuvre collective : 70 ans après la publication

Durée du droit moral de l'auteur

En France le droit moral de l'auteur est perpétuel il concerne :

- le droit à la paternité (mention du nom de l'auteur obligatoire)

- le droit au respect de l'œuvre (ne pas porter atteinte à l'intégrité de l'œuvre)

Numérisation et droit

Deux cas se présentent :

a) Les œuvres tombées dans le domaine public ;

b) Les œuvres protégées par le droit d'auteur.

Œuvres tombées dans le domaine public

Les œuvres peuvent être librement exploitées lorsque la durée des droits patrimoniaux

a été respectée, il faut cependant veiller à ne pas porter atteinte au droit moral de l'auteur.

Œuvres protégées par le droit d'auteur

Les fonds des bibliothèques sont constitués en partie de documents divers qui sont

protégés par le droit d'auteur.

Page 160: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

159

Le droit de reproduction et de diffusion impliquent une autorisation des titulaires des

droits d'exploitation et de représentation.

La constitution et l’exploitation d’un fonds numérique soulèvent des questions

juridiques liées à l'acquisition des droits.

L'acquisition des droits numériques implique, en premier lieu, une réflexion relative à

la spécificité de ces droits, notamment au regard des éléments constitutifs des monopoles

intellectuels : droit moral, et droits patrimoniaux.

La spécificité des droits numériques apparaît à un double titre : ils mettent

inévitablement en jeu l'un des attributs du doit moral (le droit au respect), et rendent impropre

la distinction classique des droits patrimoniaux entre droit de reproduction et droit de

représentation.

« Sanctuaire de sa conscience » le droit moral de l'auteur est solidement ancré dans la

tradition humaniste du droit de la propriété littéraire et artistique français, qui en fait un droit

perpétuel, imprescriptible, inaliénable. Consacré par les tribunaux parisiens dès le début du

19ème Siècle, le droit moral n'a pas fléchi, face à toutes les transformations des techniques de

diffusion ou de création des œuvres : photographie, enregistrement phonographique,

cinématographe, radiodiffusion, vidéographie, - autant de termes qui ont, en leur temps,

monopolisé l'attention des spécialistes du droit d'auteur.

Défini aux articles L.121-1, L.121-2 et L.121-4 du Code de la Propriété Intellectuelle

(abréviation C.P.I), le droit moral comporte plusieurs attributs : droit de divulgation, le droit

de repentir ou de retrait, le droit à la paternité, et surtout, le droit au respect de l'œuvre.

La spécificité des droits numériques apparaît également au regard des droits

patrimoniaux, impliquant un problème de qualification.

L'acte de numérisation se caractérise par la codification de l'œuvre (à partir d'un

support analogique) en langage binaire, et la fixation de ce langage sur un support numérique

( disque dur d'ordinateur, en premier lieu ).

Cet acte entre dans la définition large de la reproduction, proposée par l'article L.122-3

du Code de la Propriété Intellectuelle : il s'agit d'une " fixation matérielle de l'œuvre " par un "

procédé " qui permet de " la communiquer au public d'une manière indirecte ". Or, selon

l'article L.122-4 du C.P.I., toute reproduction, même partielle de l'œuvre, faite sans le

Page 161: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

160

consentement de l'auteur est illicite. En clair, c'est une contrefaçon, passible des sanctions

pénales prévues par les articles 335-1 et suivants du C.P.I.

Se pose un problème d'interprétation de l'article L-122-3 du C.P.I, qui prend une acuité

particulière avec la numérisation : l'autorisation de l'auteur doit-elle être demandée lorsque la

numérisation n'a pas pour but immédiat la communication au public de l'œuvre ? Il s'agit de la

question de la qualification des pratiques de stockage numérique.

Le stockage numérique réalisé dans un but d'archivage est souvent considéré par ses

utilisateurs comme une phase neutre. Il s'agit d'une opération intermédiaire seule la

reproduction éventuelle en aval, sur tout autre support (exemple : CD Rom ou chargement

serveur numérique), tombant sous le coup du monopole.

Puisque l'acte de numérisation suppose par nature une exploitation ultérieure,

l'autorisation du titulaire des droits doit donc être requise. En parallèle, une autorisation

donnée à ce titre, moyennant rémunération, ne saurait se limiter à la reproduction numérique

sans permettre l'exploitation ultérieure de l'œuvre numérisée.

Par ailleurs, un contrat autorisant la numérisation, en vue d'une exploitation future

dont les modes de rémunération seront discutés ultérieurement par les parties, est un avant

contrat, de nature synallagmatique : ainsi en est-il des protocoles passés par certains

Etablissements publics avec les représentants des auteurs, en vue de commencer les

opérations de stockage.

Il s'agit d'avant contrats, appelés contrats cadres, car ils ont pour effet de faire en sorte

que les parties négocient de nouveaux contrats sur la base de leur premier accord.

Dans la mesure où l'on admet que la numérisation, à titre de stockage, est en elle-

même soumise au monopole de reproduction, l'on peut se demander si un tel contrat cadre est

valable. N’est-il pas en lui-même un contrat d'exploitation des droits d'auteurs, et, en ce sens,

soumis au formalisme rigoureux de l'article L.131-3 du C.P.I ?

(c'est à dire que le domaine d'exploitation des droits cédés doit être délimité quant à son

étendue et à sa destination, quant au lieu et quant à la durée)

Pour éviter toutes contestations relatives à la conclusion de contrats-cadres trop

imprécis, les parties doivent dès le premier stade, c'est à dire au moment de la constitution du

fonds, en déterminer les modes d'exploitation conformément aux dispositions de l'article

L.131-3 du C.P.I., et s'entendre sur la rémunération de l'auteur.

Mais puisque la justification de l'autorisation du titulaire des droits, pour le stockage

numérique, repose sur la communication ultérieure du fonds au public, il convient de se

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161

demander si cette communication est couverte par l'autorisation au titre du seul droit de

reproduction.

Communication de l'œuvre numérisée :

La communication de l'œuvre numérisée au public, quelles qu'en soient les modalités,

implique son affichage sur un écran d'ordinateur.

L'affichage sur écran constitue une reproduction ou une représentation.

Pour les tenants du droit de reproduction, l'affichage serait, conformément à l'article L

112-3 du C.P.I., une fixation matérielle de l'œuvre par un procédé qui permet de la

communiquer au public. En effet, l'œuvre serait bel et bien fixée, fût-ce un court instant, sur la

mémoire vive de l'ordinateur.

Pour d'autres, l'affichage constitue un moyen de représentation par télédiffusion, au

sens de l'article L.122-2 2° du C.P.I., c'est à dire communication au public au moyen de

diffusion par tout procédé de télécommunication de sons, d'images, de documents. La

question n'est pas encore résolue, et les opinions doctrinales divergent.

L'apparition sur écran est considérée comme une reproduction et une représentation.

Les contrats

La cession expresse paraît de prime abord, la plus naturelle : le producteur va s'assurer

du consentement personnel de ses cocontractants, et des contrats répondant aux conditions de

formes et de fond, tant du droit commun des obligations que des textes spéciaux du Code de

la Propriété Intellectuelle, sera conclu. Il n'y a là, a priori, aucune spécificité particulière

lorsque l'objet du contrat portera sur des droits numériques.

Il est parfois difficile de déterminer les titulaires de droits numériques avec lesquels il

convient de négocier. De fait, l'auteur de l'œuvre n'est pas nécessairement le titulaire des

droits d'exploitation numériques. Ainsi, les journalistes salariés sont censés avoir cédé leurs

droits à leur employeur (interprétation a contrario de l'article L.121-8 al.2 du CPI).

L'exploitation de l'œuvre sur réseau numérique externe, à usage du grand public, doit

faire l'objet d'une stipulation expresse au titre du droit de destination des reproductions et

représentations numériques.

Page 163: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

162

Le plan de microfilmage et de numérisation de la presse ancienne du

Morbihan : une logique de diffusion du patrimoine écrit.

Les objectifs du plan départemental de microfilmage et de numérisation de la presse

ancienne du Morbihan sont de résoudre les problèmes de sauvegarde des collections et d’en

faciliter l’accès.

La stratégie de cette opération passe par quatre phases, le récolement des collections,

la conservation sous microforme et sa numérisation puis la mise en accès direct au public

dans l’ensemble des bibliothèques partenaires.

C’est une procédure lourde et longue à mettre en œuvre, rendant indisponibles les

collections pendant les opérations techniques de sauvegarde.

La numérisation des journaux anciens facilite leur diffusion. Les périodiques peuvent

être consultés, à partir d’un micro-ordinateur seul ou connecté à un réseau. Les journaux,

convertis en données numériques, sont reproductibles sans altération sur divers types de

supports ( disque dur, CD-ROM, papier ). La distance n’est plus un frein à la transmission de

l’information.

Une formule évoluée devrait permettre, dans le futur, d’indexer ces journaux

numérisés, de rendre possible une multitude d’interrogations (nom de personne, lieux,

sujets...). Une telle base de données faciliterait la recherche historique.

Cependant cette nouvelle technologie, très performante pour la communication, ne

peut encore être considérée comme un moyen de conservation fiable, du fait des incertitudes

sur la conservation des données dans le temps. Il est donc plus prudent de recourir au

microfilmage des documents comme moyen de sauvegarde, même si le procédé alourdit le

coût.

Page 164: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

163

L’archivage numérique permet d'allier l'accès le plus large à l'information et la

préservation de la source documentaire. Il rend possible un enrichissement culturel pour le

plus grand nombre par la multiplication des points d’accès à l’information. La numérisation

ouvre de nouvelles perspectives aux fonds dormants des réserves.

C’est un élément pertinent et novateur dans une politique globale de gestion de notre

héritage culturel. Cette nouvelle forme d’accès au patrimoine écrit est un enjeu de démocratie

pour l’accès au savoir. Facteur moderne de la constitution d’un corpus pour l’histoire de

demain, il peut fournir des éléments objectifs sauvegardés dans leurs globalités, librement

mis à la disposition du public.

Dans une perspective à long terme, éclairée en cela par l’histoire contemporaine

(manipulation de l’information, mensonges, oublis volontaires), comment peut-on garantir un

accès libre, durable et organisé à l'information ainsi conservée ? C’est dans ce sens que

l’ensemble des partenaires du plan se sont engagés dans la double voie de la conservation et

de l’accessibilité de l’information.

Pour mener à bien cette tache, la ville de Lorient a recruté, pour la Médiathèque, une

personne chargée de la conservation des collections sur papier avec transfert des contenus sur

des supports de substitution et mise en valeur de ce patrimoine auprès du public.

A terme, la Médiathèque de Lorient va ainsi pouvoir réorganiser ses réserves pour une

conservation optimale des documents originaux (ceux-ci n’étant plus consultés). De plus,

cette expérience, dans le domaine des nouvelles technologies de l’information et de la

communication, lui permet de mener d’autres procédures de numérisation de documents,

notamment le fonds d’un photographe de presse de la Liberté du Morbihan ( Gaby Le Cam ).

CONCLUSION GENERALE

Du journal à l’écran.

Les pages du Nouvelliste, aisément lisibles sur des écrans larges, sont imprimables sur

grand format. La boucle est bouclée, le document écrit sur du papier fragile, maintenant

digitalisé, peut reprendre à la demande sa forme quasi-initiale.

Page 165: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

164

La presse locale ancienne est le reflet d’un vécu, d’un territoire et d’une population.

Sa consultation, libérée de la contrainte, de la rareté et de la fragilité de son support, permet

au public de se plonger dans ce qui composait le quotidien du passé.

L’aventure du Nouvelliste du Morbihan se perpétue. Journal d’envergure

départementale, il se révèle être un des rares témoins de Lorient sous la Troisième

République.

Le Nouvelliste, titre phare du Lorient sous la Troisième République, a bénéficié du

plan de microfilmage et de numérisation de la presse ancienne du Morbihan. Le transfert sur

le support numérique, sa mise à disposition au public, sa diffusion sur Internet offrent une

véritable renaissance à cet organe de presse.

Cette collection morte, en grand danger de disparition, revit et sort de l’ombre des

magasins pour apparaître sur l’écran lumineux des postes informatiques.

Ce retour parmi nous du Nouvelliste va nous permettre d’explorer cette partie du

patrimoine écrit populaire. Ce peut être une chance de nous réapproprier notre mémoire

collective. La grande facilité de diffusion et de reproduction est une chance formidable pour

éviter que restent dans l’oubli des pans entiers de notre histoire locale contemporaine.

Le développement des nouvelles technologies de l’information est devenu un outil de

premier plan dans la logique de démocratisation de l’accès au patrimoine écrit, tout en

permettant d’optimiser sa transmission aux générations futures.

Page 166: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

165

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Page 172: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

171

L’aventure du Nouvelliste du Morbihan.

Du journal à l’écran.

Avant-propos ......................................................................................................................................................... 1

La presse lorientaise de la Révolution à la Seconde Guerre mondiale. ............................................................ 4

Les sources .................................................................................................................................................... 5

Lignages éditoriaux des journaux lorientais ....................................................................................................... 7

Les groupes de presse ......................................................................................................................................... 7

L’Abeille – Le Morbihannais – La Croix du Morbihan ....................................................................... 8

Le Phare de Bretagne ........................................................................................................................... 9

L’Avenir de la Bretagne ..................................................................................................................... 10

Fédération républicaine indépendante ................................................................................................ 11

Le Nouvelliste du Morbihan .............................................................................................................. 12

Idéologies des organes politiques et d’information de la presse lorientaise. .................................................. 13

I L’AVENTURE DU NOUVELLISTE DU MORBIHAN ............................................. 20

Une histoire du Nouvelliste du Morbihan : les sources .................................................................................... 20

1 - 1 Un titre : Le Nouvelliste du Morbihan ..................................................................................................... 21

La galerie des ancêtres. .................................................................................................................................... 21

Le Nouvelliste du Morbihan de 1883. .............................................................................................................. 23

Un nouveau journal à Lorient ............................................................................................................................ 23

Le Nouvelliste du Morbihan ............................................................................................................................. 24

Jeudi 30 décembre 1886 : lancement du Nouvelliste du Morbihan d’Alexandre Cathrine ......................... 26

Pourquoi ne pas prolonger le titre d’origine ? .................................................................................................. 26

L’idée d’un journal indépendant ...................................................................................................................... 27

La presse de Province sous la Troisième République ...................................................................................... 28

La concurrence ................................................................................................................................................. 30

La concurrence lorientaise ...................................................................................................................... 31

S’il n’en reste qu’un… ............................................................................................................................ 32

L’union fait la force ................................................................................................................................ 34

Le syndicat de la presse morbihannaise. ............................................................................................ 34

Une résonance nationale : le Congrès du Syndicat des Quotidiens de Province ................................ 35

A la fin des années 30 Le Nouvelliste du Morbihan est à son apogée. ............................................... 35

Page 173: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

172

1 – 2 La dynastie Cathrine ................................................................................................................................. 35

Alexandre Cathrine père, le fondateur. ............................................................................................................. 36

Charles Cathrine, le frère du fondateur. ........................................................................................................... 38

Alexandre Cathrine, fils, le successeur. ............................................................................................................ 38

La Presse de Basse Bretagne S.A. ...................................................................................................... 40

1932, Cathrine, le retour. ................................................................................................................... 41

La drôle de guerre d’Alexandre Cathrine. .......................................................................................... 42

La méthode Cathrine : un journal d’information impartial............................................................................... 45

La neutralité comme profession de foi ............................................................................................... 46

L’impartialité du Nouvelliste à l’épreuve de son temps ..................................................................... 47

Le journal de Lorient et du Morbihan ................................................................................................ 52

Le cadre lorientais favorable .............................................................................................................. 52

1 – 3 L’histoire matérielle du Nouvelliste ........................................................................................................ 54

Le parcours du Nouvelliste ............................................................................................................................... 54

Le lancement du journal .............................................................................................................................. 54

1893, cinq colonnes à la une ........................................................................................................................ 55

1900, le tournant s’amorce .......................................................................................................................... 56

1904 – 1914 Vers un Nouvelliste quotidien ............................................................................................. 57

Le nouvelliste de Lorient, L’Ouest Maritime : ersatz du Nouvelliste du Morbihan. ................................... 59

Entre les deux guerres. Le Nouvelliste du Morbihan – Journal Républicain Quotidien ............................. 60

1926 Le Nouvelliste nouvelle formule ........................................................................................................ 62

1928 Le Supplément Illustré du Nouvelliste. ............................................................................................. 62

Les années trente : vers un journal moderne ................................................................................................ 63

Et la guerre arriva… .................................................................................................................................... 63

La fabrication du Nouvelliste du Morbihan, quotidien du soir......................................................................... 64

La rédaction du journal ................................................................................................................................ 64

Les sources d’informations .......................................................................................................................... 65

Organisation de la partie rédactionnelle. ..................................................................................................... 67

L'imprimerie du journal. ................................................................................................................................... 69

La première rotative..................................................................................................................................... 70

Une évolution technique continue : la composition mécanique, un gain de productivité ............................ 71

La reproduction photographique.................................................................................................................. 73

L’occasion manquée de 1914 ...................................................................................................................... 73

L’imprimerie du quotidien du soir ............................................................................................................... 73

L’évolution du travail ......................................................................................................................... 74

Le papier journal .......................................................................................................................................... 76

La distribution du Nouvelliste .......................................................................................................................... 78

Tirage du Nouvelliste. .................................................................................................................................. 78

La vente du journal ...................................................................................................................................... 78

Le Nouvelliste à la recherche de son public............................................................................................ 78

Question de prix. ..................................................................................................................................... 79

La vente, le départ des exemplaires ........................................................................................................ 81

Les crieurs d’antan .................................................................................................................................. 82

Les points de vente ................................................................................................................................. 83

Zone d’influence et impact de la publicité paraissant dans le Nouvelliste. ................................................. 85

Les immeubles du Nouvelliste, les banquets du personnel du journal ........................................................ 87

Page 174: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

173

1 – 4 Le Nouvelliste du Morbihan, reflet de la mémoire collective d’une ville. ............................................ 89

Galeries d’exemples de thèmes traités par le Nouvelliste au fil du temps. ....................................................... 89

La crise lorientaise. ................................................................................................................................. 89

Le développement de Lorient. ................................................................................................................ 90

La démographie. ..................................................................................................................................... 93

Les problèmes sanitaires de Lorient........................................................................................................ 96

Les grandes tragédies. ............................................................................................................................ 97

La grande guerre ..................................................................................................................................... 97

Faits divers, anecdotes, vie quotidienne, événements. ............................................................................ 99

Fêtes populaires et loisirs ...................................................................................................................... 100

Le témoin de sa société. ........................................................................................................................ 101

La publicité ........................................................................................................................................... 103

L’histoire locale. ................................................................................................................................... 104

La bibliothèque municipale et Le Nouvelliste du Morbihan ................................................................. 105

Léo Le Bourgo. ................................................................................................................................ 106

André Degoul ................................................................................................................................... 107

Le feuilleton. ......................................................................................................................................... 108

1 – 5 Les années noires du Nouvelliste ............................................................................................................ 109

1940 L’occupation allemande ............................................................................................................... 109

« Notre profession de foi : France d’abord ! ». ................................................................................ 110

Les journaux sous le contrôle de la Propaganda Abteilung ............................................................. 113

Lorient au cœur de la tragédie .............................................................................................................. 114

L’antisémitisme relayé par le Nouvelliste. ....................................................................................... 114

Printemps 1941, exil discret d’Alexandre Cathrine .............................................................................. 115

La collaboration .................................................................................................................................... 115

Une base allemande très discrète. ......................................................................................................... 117

1943 destruction de Lorient, l’exil du Nouvelliste ................................................................................ 118

Août 1944, la fin du journal ........................................................................................................................... 121

Le Morbihan libéré. .............................................................................................................................. 123

Août 1944, l’après Nouvelliste .................................................................................................................. 124

Le procès d’épuration du Nouvelliste ........................................................................................................ 125

Le contexte général ............................................................................................................................... 125

Le cas du Nouvelliste ............................................................................................................................ 125

Page 175: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

174

II LE PLAN DE MICROFILMAGE ET DE NUMERISATION DE LA PRESSE ANCIENNE DU MORBIHAN, UNE OPERATION D’ENVERGURE POUR LA SAUVEGARDE ET LA DIFFUSION DU PATRIMOINE ECRIT. ............................ 127

2 – 1 Les collections de presse ancienne de la Médiathèque de Lorient : un patrimoine vivant. .............. 128

« La tombe des journaux lorientais » ................................................................................................... 129

Bilan de l’état du fonds .............................................................................................................................. 131

L’état des collections archivées à la Médiathèque de Lorient ................................................................... 134

2 – 2 Le plan de microfilmage et de numérisation de la presse morbihannaise. ......................................... 135

La prise de conscience du problème de la conservation ............................................................................ 135

Les opérations régionales de microfilmage en cours en 1998. ............................................................. 135

L’engagement de la municipalité de Lorient et de la Médiathèque. .......................................................... 136

La convention départementale du plan de microfilmage et de numérisation des périodiques anciens. 137

L’intervention des prestataires de services. .......................................................................................... 141

2 – 3 Le récolement des collections de journaux anciens du Morbihan ..................................................... 142

Un travail en partenariat avec les Archives départementales du Morbihan. .............................................. 142

L’exemple de la préparation des collections du Nouvelliste du Morbihan ................................................ 142

Le récolement du Nouvelliste. ................................................................................................................... 143

Bilan de la préparation des collections du Nouvelliste du Morbihan. ....................................................... 144

2 – 4 Les nouvelles technologies de l’information et de la communication au service de la sauvegarde et de

la diffusion du patrimoine de l’écrit. ............................................................................................................... 145

La sauvegarde du fonds : les différentes possibilités ................................................................................. 145

La conservation des collections ............................................................................................................ 145

La préservation des journaux anciens ................................................................................................... 146

Utilisation d’une méthode fiable et éprouvée : le microfilm. ............................................................... 147

Utilisation du microfilm dans les archives et dans les bibliothèques. .............................................. 147

Le rôle du microfilm dans la sauvegarde et la diffusion .................................................................. 148

des collections de journaux. ............................................................................................................. 148

La conservation du microfilm. ......................................................................................................... 149

La numérisation des microfilms ....................................................................................................... 150

Le protocole technique ..................................................................................................................... 152

La préservation des collections numériques .............................................................................................. 153

Les limites à la pérennité des collections numériques .......................................................................... 153

Les supports numériques et leur conservation ...................................................................................... 155

La communication des journaux numérisés ............................................................................................... 157

La visualisation des images numérisées................................................................................................ 157

Aspects juridiques de la numérisation et de la communication des documents. ................................... 158

Numérisation et droit ................................................................................................................... 158

Le plan de microfilmage et de numérisation de la presse ancienne du Morbihan : une logique de diffusion du

patrimoine écrit. ............................................................................................................................................. 162

Conclusion générale .......................................................................................................................................... 163

Du journal à l’écran. ............................................................................................................................. 163

Page 176: L’aventure du Nouvelliste du Morbihan. Du journal à l’écran

175

Bibliographie ..................................................................................................................................................... 165

Lorient sous la IIIe République. ...................................................................................................................... 165

La presse en France sous la Troisième République ........................................................................................ 165

La presse en Morbihan sous la IIIe République. ............................................................................................. 166

La presse à Lorient, des origines à la Seconde Guerre Mondiale. .................................................................. 167

La bibliothèque municipale de Lorient : historique - fonds de presse ancienne. ............................................ 167

Le plan de microfilmage et de numérisation de la presse ancienne du Morbihan .......................................... 168