ETUDE
LE MARCHE DU COLIS
TRANSFRONTALIER AU DEPART DE FRANCE POUR LES
BESOINS DU E-COMMERCE
Etudes économiques
Publiée le 01/06/17
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 1
MEMBRES DU COMITÉ DE PILOTAGE
Julien COULIER Arcep, Direction Courrier, Colis et Broadcast
Agathe PERONEAU Arcep, Direction Courrier, Colis et Broadcast
Francesco MATERIA Arcep, Direction Courrier, Colis et Broadcast
Baptiste AMAR Arcep, Direction Economie, Marchés et Numérique
Elisabeth CHEHU BEIS Arcep, Secrétariat général
Tantely JEANS Arcep, Direction Europe et International
Marc LEBRETON DGE, bureau des activités postales
Christel FIORINA DGE, bureau des activités postales
Alice METAYER-MATHIEU DGE, bureau de l’information économique et de la prospective
Thomas KASTELIK DGE, bureau du Commerce
L’étude a été réalisée par les cabinets de conseil :
PMP
32 boulevard Haussmann
75009 Paris, France
Tél. : +33 (0) 1 55 04 77 00
www.pmpconseil.com
LOGICITES
Tél. : +33 (0)7 77 94 63 02
www.logicites.fr
Consultants :
Caroline PONAL, PMP, Directrice de la mission ;
Jérôme LIBESKIND, Expert, fondateur de LOGICITES ;
François COUSI, PMP, Expert E-commerce, Chef de projet ;
Laura PAPET, PMP, Consultante.
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 10
Remerciements
Nous tenons à remercier les membres du Comité de Pilotage de l’Arcep et de la DGE qui ont
piloté la réalisation de notre étude et ont apporté leurs remarques, questions et suggestions
pour enrichir le contenu de nos travaux, ainsi que Madame Benhamou, membre du Collège
de l’Arcep. Nous remercions également l’ensemble des acteurs interviewés : les prestataires
de logistique colis export et en particulier les intervenants du groupe La Poste, l’ensemble
des e-marchands interviewés et les contributeurs à l’étude quantitative on-line réalisée :
Ebay, Etsy et Oxatis.
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 11
SOMMAIRE
SOMMAIRE 11
SYNTHESE 14
OBJECTIFS, MÉTHODOLOGIE ET PÉRIMETRE DE L’ÉTUDE 23
1. Rappel des objectifs 23 2. Définition du champ de l’étude 24 3. Phasage et méthodologie 25
ETUDE SUR LE MARCHE DU COLIS TRANSFRONTIERE AU DEPART DE FRANCE,
POUR LES BESOINS DU E-COMMERCE 27
PARTIE 1 : PANORAMA DES PRATIQUES ET DES BESOINS-CLEFS DES E-COMMERÇANTS
FRANÇAIS AYANT UNE ACTIVITE EXPORT 27
1. Etat des lieux du e-commerce et des e-commerçants français 27
1.1. Le e-commerce en France arrive aujourd’hui à maturité après une décennie de
croissance à deux chiffres 27
1.2. Quelques très gros sites réalisent la majeure partie du CA du e-commerce
français 28
1.3. Mais à côté de ces leaders, le marché de la vente e-commerce se caractérise
par un grand nombre de sites avec des profils variés 29
2. Les échanges transfrontières : un relai de croissance pour un e-commerce qui
arrive à maturité 33
2.1. L’e-commerce transfrontière représente actuellement 16% de l’e-commerce en
Europe. 33
2.2. L’export : déjà une réalité pour la majorité des e-commerçants français … 35
2.3. … mais un poids économique encore faible 36
3. Quels sont les besoins clefs et stratégies des e-commerçants pour
développer une activité export ? 37
3.1. Pour se développer à l’international, les e-commerçants ont besoin de s’appuyer
sur un large champ de compétences 37
3.2. Une pratique de l’export sans anticipation s’avère risquée si les acteurs ne sont
pas correctement accompagnés 39
3.3. Les attentes des consommateurs rendent critiques les compétences liées à la
logistique 43
3.4. Les différentes organisations logistiques 44
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 12
PARTIE 2 : EN FRANCE, LE MARCHE DE LA LIVRAISON EXPORT CONNAIT DE PROFONDES
TRANSFORMATIONS 51
1. Le groupe La Poste, une offre multiple, évolutive et prépondérante 53
1.1. Présentation des entités de La Poste 54
1.2. Présentation de l’offre proposée par ces différentes entités 55
1.3. Forces et faiblesses de l’offre du groupe La Poste 60
1.4. Adéquation de l’offre du groupe La Poste au regard des besoins exprimés par les
e-commerçants 63
2. Les offres des acteurs traditionnels de la livraison B to B et B to C (Points
relais et express) 64
2.1. Présentation des offres et services développés par les acteurs traditionnels de la
livraison B2B à destination du segment e-commerce 65
2.2. Les réseaux de points relais développent, de façon autonome ou sous l’impulsion
d’autres acteurs de la livraison, des solutions de livraison B2C export 70
3. Suite à l’essor du e-commerce, de nouvelles offres émergent et de nouveaux
acteurs se positionnent sur le marché de la livraison export 74
3.1. Différents modèles peuvent être déployés afin de faire baisser les coûts de
certaines offres de livraison 74
3.2. Des offres complémentaires aux offres classiques apparaissent, en particulier sur
l’enlèvement 79
3.3. Des marketplaces qui se positionnent en prestataires de services logistiques 79
4. Adéquation de l’offre à la demande et comparaison avec d’autres marchés
européens 83
PARTIE 3 : AUJOURD’HUI, DIFFERENTS FREINS A L’EXPORT PERSISTENT, EN PARTICULIER POUR
CERTAINS PROFILS DE E-COMMERÇANTS 88
1. Quels sont les freins à l’export rencontrés par les e-commerçants français ? 88
1.1. Le coût de l’offre de livraison export et la tarification pratiquée sont les premiers
freins évoqués par les e-commerçants 89
1.2. La couverture de l’offre reste incomplète, tant en termes de service que de
qualité 94
1.3. L’offre de livraison est complexe et mal connue (des offreurs comme des e-
commerçants), ce qui limite fortement son accessibilité 97
1.4. Les litiges liés au transport restent globalement peu fréquents, sauf vers certains
pays 99
1.5. La compréhension et la gestion des taxes et des procédures réglementaires est
une complexité supplémentaire, y compris vers les pays de l’UE 99
2. Aujourd’hui, comment les e-commerçants surmontent ces freins logistiques ?103
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 13
2.1. Construire une véritable stratégie export permet d’anticiper et de lever les freins
logistiques 103
2.2. Mutualiser les flux permet de faire baisser le coût de livraison 104
2.3. L’accès à des tarifs négociés se démocratise grâce au développement de
nouveaux services 105
3. Que se passe-t-il pour les autres acteurs ? 106
3.1. Certains critères d’activité du e-commerçant jouent un rôle prépondérant dans
l’importance et la diversité des freins rencontrés 106
3.2. De plus, certaines destinations concentrent un nombre important de contraintes
d’export 109
ANNEXES 112
ANNEXE 1 : Benchmark 112
1. Cartographie des offreurs 112 2. Analyse des offres à destination des petits et moyens e-commerçants 119 3. Conclusion du benchmark 128
ANNEXE 2 : Détail des entités et offres de La Poste 130
Annexe 3 : Solutions hors domicile et accessibilité des réseaux hors domicile 134
ANNEXE 4 : Taux des TVA pratiqués au sein de l’UE 136
ANNEXE 5 : Droits d’accises 137
ANNEXE 6 : Restitution de l’enquête en ligne 138
SIGLES 144
LEXIQUE 145
INDEX DES ILLUSTRATIONS 147
Index des tableaux 147
Index des figures 148
PERSONNALITÉS CONSULTÉES DANS LE CADRE DE L’ÉTUDE 150
BIBLIOGRAPHIE 153
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 14
SYNTHESE
I - Les e-commerçants français sont confrontés à des besoins de solutions
logistiques pour développer leur activité export
Depuis son apparition au milieu des années 1990, le e-commerce B2C a connu un fort
développement qui l’a amené à peser 65 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2015, soit
7% du commerce de détail en France. A côté des grands acteurs à forte notoriété
(Cdiscount, Fnac, Priceminister, eBay, La Redoute, etc.), le e-commerce français regroupe
près de 190 000 acteurs (source : FEVAD), qui pour 95% d’entre eux réalisent moins de 1
million d’€ de CA et sont implantés à 56% dans des villes de 20 000 habitants ou moins. Le
secteur est donc très polarisé entre acteurs de grandes tailles et petits e-commerçants.
Confrontés à un ralentissement de la croissance du marché e-commerce B2C français depuis
le début des années 2010 (Fevad), de nombreux e-commerçants français cherchent à
développer leur activité export comme relai de croissance.
L’e-commerce transfrontière, qui pèse déjà 16% du e-commerce européen et affiche des
perspectives de croissance élevées, présente un potentiel important à exploiter.
55% des e-commerçants français exportent d’ores et déjà hors de France. Cela concerne des
sites de toute taille et tout secteur, mais il reste encore très marginal et à développer : il
pèse moins de 5% des ventes (en volume) pour plus de 55% des e-commerçants qui le
pratiquent, et ces ventes sont très fortement focalisées sur la Belgique (pour 83% des sites
exportant – source : Enquête on-line PMP) et les pays frontaliers : Allemagne (pour 65% des
sites exportant), le Royaume-Uni (61%), l’Espagne (60%) et l’Italie (58%).
Les e-commerçants français restent en retard sur l’export par rapport à la moyenne de leurs
homologues européens, dont 61% pratiquent l’exportation et réalisent à l’étranger une part
plus importante de leurs ventes (45% réalisent entre 5% et 20% de leur CA à l’export). Face à
l’export, les e-commerçants français adoptent des stratégies commerciales et opérationnelles
en fonction de leurs capacités et compétences. Au premier stade du développement de
l’export, cette activité est pratiquée depuis un site unique en français, voire traduit en anglais.
Cette pratique est très majoritaire chez les petits e-commerçants. Le deuxième stade
consiste à développer un site dédié à chaque marché ciblé (ex : vente-privee.com). Un
troisième niveau de maturité consiste à disposer, pour les acteurs multicanaux, d’implantations
physiques locales. Pour les plus petits acteurs aux moyens très limités, exporter via une place
de marché (marketplace) reste la seule alternative à ces stratégies. 97% des e-marchands
professionnels français sur eBay ont ainsi une activité export.
Parmi l’ensemble des composantes du succès à l’export, la logistique est un des éléments clés,
permettant de réaliser la promesse de livraison au client. La livraison, tant sur les dimensions
coût que qualité, ressort en effet comme le principal facteur pouvant faciliter le
développement du e-commerce à l’export et à l’inverse le principal frein des clients réalisant
un achat e-commerce transfrontière (PayPal Cross-Border Consumer Research, 2015).
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 15
Pour livrer le client étranger, les gros commerçants ont généralement la capacité de mettre
en place des solutions logistiques compétitives telles que l’injection directe dans un réseau de
distribution local. Ils ont également pu utiliser leurs volumes pour obtenir des conditions de
prix et de service avantageuses de la part de leurs prestataires logistiques.
Les petits e-commerçants en revanche n’ont accès qu’à un choix de schémas logistiques
restreint de par leurs compétences et moyens limités. La Poste reste leur prestataire principal
mais non exclusif (pour 71% des petits acteurs), essentiellement par la proximité des points de
collecte et la méconnaissance des autres offres accessibles.
II - La réponse incomplète et insuffisante des offreurs traditionnels a entraîné
l’apparition de nouveaux types d’offres mais qui ne permettent pas à ce jour de
couvrir les besoins de l’ensemble des sites marchands
Parmi les prestataires de logistique colis export, La Poste propose l’offre de solutions la plus
large (petit paquet international, Delivengo, Colissimo, Chronopost, DPD). C’est également
l’offre la plus accessible, en particulier pour les petits e-commerçants du fait de la couverture
géographique de ses points de collecte (bureaux de poste)1. Les offres Colissimo et
Delivengo ont évolué pour s’adapter aux besoins des e-commerçants ces dernières années
(ainsi le développement de Colissimo Europe avec une tarification revue, une extension à 15
pays et des services de suivi et retour). Pour la Poste, le relais de croissance du e-commerce
est important face à la décroissance du courrier et l’essoufflement du e-commerce
domestique. Cette large offre souffre toutefois d’une complexité et d’un manque de visibilité,
provenant à la fois d’un éclatement entre plusieurs entités et d’une mise en avant faible dans
les bureaux de Poste, auxquels s’adressent en priorité les petits e-commerçants.
Les alternatives traditionnelles que sont les expressistes2 et monocolistes3 ont également bien
perçu le potentiel que représente le e-commerce export en matière d’activité de colis et le
risque potentiel à ne pas se positionner sur ce marché au côté de leurs gros clients. Ils
cherchent à développer leur part de marché avec de nouvelles offres adaptées et une
extension du maillage de la collecte par les réseaux de points relais qu’ils rachètent
progressivement. Malgré cela, leur couverture géographique reste largement insuffisante pour
atteindre l’ensemble des e-commerçants, en particulier sur les villes de moins de 20 000
habitants où sont localisés 56% de ces marchands4. Pour étendre leur couverture, ils se sont
rapprochés des réseaux de points relais : UPS a ainsi racheté Kiala, Hermès s’est allié à
Mondial Relay et DHL a pris une participation de 27,5% dans Relais Colis (La Redoute). Ces
réseaux cumulant plus de 22 000 points relais cherchent en effet à se positionner comme
points de collecte pour les e-commerçants. Mais leur cœur de cible reste les gros et parfois
1 article 2 - R-1-1, "les points de contact […] doivent permettre qu'au moins 99% de la population nationale et au moins 95% de la population de chaque département soit à moins de 10kilomètres." 2 Le terme « Expressiste » désigne les groupes spécialisés dans le transport express de colis, qui se sont parfois diversifiés dans d’autres
services 3 Le terme « Monocoliste » désigne les groupes traditionnellement spécialisés dans le transport de colis unitaires de moins de 30 kg, souvent
B to B et qui se sont diversifiés dans le B to C 4 D’après « le profil du e-commerçant – 2016 spécial TPE/PME », Oxatis/KPMG.
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 16
les moyens e-commerçants à potentiel de développement et sont encore insuffisamment
connus des petits et moyens e-commerçants.
C’est dans ce contexte que sont apparues récemment de nouvelles solutions visant à
répondre aux besoins de compétitivité et de facilité des petits e-commerçants : les
grossistes/comparateurs, les intégrateurs de colis et les prestataires du 1er kilomètre. Les
comparateurs et grossistes (Boxtal, Packlink…) cherchent à donner accès à ces petites
structures à des conditions tarifaires plus compétitives, par une consolidation des volumes, et
proposent des bouquets de services logistiques, informatiques et réglementaires pour assister
les marchands. Néanmoins les volumes encore limités de ces acteurs en démarrage,
notamment à côté des grands e-commerçants, ne leur confèrent pas toujours le poids
nécessaire pour mettre en place un partenariat avec La Poste, alors qu’ils comptent d’autres
acteurs parmi leurs partenaires (notamment expressistes).
Les intégrateurs (BtoCeurope, IMX...) opèrent un regroupement des flux et une massification
des expéditions, ce qui permet une réduction du prix du transport et de la livraison pour les
petits e-commerçants, mais avec un allongement du délai de livraison (augmentation du
nombre de ruptures de charge), ce qui reste intéressant pour les petits e-commerçants. De
gros e-commerçants comme Spartoo développent également cette prestation logistique aux
petits e-commerçants, pour rentabiliser leurs infrastructures.
Des acteurs comme Wing ou Cubyn offrent des services de logistique du 1er kilomètre
(enlèvement). Ils restent dépendants des transporteurs pour réaliser l’ensemble de la
prestation logistique et eux aussi éprouvent des difficultés à obtenir des tarifs compétitifs
avec tous les opérateurs de colis et transporteurs. D’autre part, leur couverture géographique
reste encore très limitée.
Ces nouvelles solutions sont confrontées à un quadruple manque : de visibilité face aux
acteurs traditionnels ultra-dominants, de maturité et connaissance logistique chez leurs clients
potentiels, les petits e-commerçants et de couverture à l’international qui nécessite de nouer
des partenariats avec des distributeurs locaux. Ils ont donc un effort de promotion et de
pédagogie important à réaliser, qui nécessite des moyens marketing conséquents et donc
des financements.
Parmi l’ensemble des nouveaux prestataires logistiques s’adressant aux e-commerçants et
notamment les petits, les places de marché (marketplaces) sont aujourd’hui les acteurs dont
l’activité se développe le mieux. Ils peuvent en effet s’appuyer à la fois sur une réelle
compétitivité prix et sur une base de clients e-marchands très importante. Tout d’abord, ils
disposent d’un volume qui leur permet d’obtenir auprès de l’ensemble des prestataires dont
La Poste des conditions très compétitives dont ils se servent pour proposer à leurs e-
commerçants des tarifs bien plus intéressants que si ces derniers passaient en direct par La
Poste ou les expressistes-monocolistes, tant sur le marché domestique qu’à l’export. Leur base
de clients importante (10 000 marchands sur Amazon.fr en janvier 2015 – dernier chiffre
publié à Amazon) leur donne un potentiel élevé de développement. De ce fait, une
marketplace comme Amazon peut se positionner comme une alternative aux logisticiens avec
son offre FBA (Fulfillment By Amazon : Expédition par Amazon) et notamment à La Poste, et
menacer à terme la position de cet opérateur. Ce d’autant qu’un groupe tel Amazon peut
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 17
fournir un service complet allant de la vitrine, la vente et la gestion de la transaction jusqu’à la
réalisation de la livraison, pouvant engendrer une situation de dépendance pour le petit e-
commerçant D’autres acteurs tels Ebay ou Etsy (A little market) qui ne réalisent pas de
prestation logistique, cherchent à se positionner en offrant des conditions négociées grâce
aux volumes cumulés qu’ils peuvent apporter aux opérateurs.
Malgré l’évolution et la diversification de l’offre, essentiellement au bénéfice des moyens et
gros e-commerçants, pour les petits e-commerçants, seul Amazon semble disposer du poids
et de l’organisation logistique, tant en France qu’à l’international, pour leur proposer une
véritable solution alternative complète. Face à cette menace, les grossistes et autres
comparateurs pourraient être une opportunité pour La Poste de conserver une part de marché
prépondérante sur le petit et moyen e-commerçant tant en France qu’à l’export.
Dans cette structuration de l’offre, La Poste est la seule entité disposant d’une offre
positionnée sur l’ensemble des profils d’e-commerçants. Les petits exportateurs, en particulier
dans les petites communes hors des grandes agglomérations, ont comme solutions
accessibles soit celles de La Poste, notamment Colissimo et Delivengo, soit celles des places
de marché, en tout premier lieu Amazon.
Cette structure d’offre accessible aux petits e-commerçants est moins large que dans
d’autres pays tels que le Royaume-Uni, tout particulièrement, et l’Allemagne, dans une
moindre mesure, où les offreurs alternatifs à l’acteur postal, tels que les spécialistes colis
(comme Yodel au Royaume-Uni qui détient environ 8% du marché du colis) et les
grossistes/intégrateurs (Parcel2go au Royaume-Uni, Packlink en Allemagne…) ont un poids et
une présence beaucoup plus développée.
III - Les petits e-commerçants restent donc confrontés à des freins logistiques
dans leur activité export, qui les amènent à restreindre leur activité et génèrent
des pertes de marchés.
La logistique constitue le 2ème frein à l’export rencontré par les e-commerçants français (pour
35% des acteurs), derrière la barrière de la langue (pour 40%) et nettement devant le
marketing (26%), la relation client (24%) et le paiement (22%), selon l’étude « Profil E-
commerçants 2016 » d’Oxatis/KPMG.
Cinq grands freins sont ressortis des entretiens menés avec 21 e-commerçants pratiquant
l’export, de tailles et de secteurs d’activité différents (textile-mode, cosmétiques,
décoration-ameublement, jeux-jouets, vins &spiritueux, électronique grand public) :
Le coût de la livraison export
La qualité et le contenu de l’offre (délais, suivi, retour)
La lisibilité et la facilité d’accès à l’offre
La gestion des risques liés à la livraison
En bordure de la logistique, la compréhension et la gestion des procédures
réglementaires et douanières
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 18
1 - Les e-commerçants rencontrent en premier lieu des freins dans l’opération de la logistique :
Le premier frein est le coût de cette logistique, pour 79% des e-commerçants interrogés
(étude on-line PMP), qui vient limiter la compétitivité prix de e-commerçants français face à
des e-commerçants d’autres pays tels que le Royaume-Uni et l’Allemagne où l’ouverture à la
concurrence est plus importante, permettant à un e-commerçant, même avec des volumes
faibles, de comparer plus facilement diverses offres de transport transfrontière. Cette
diversité plus forte de l’offre dans ces deux pays entraîne un accès plus facile et large aux
offres, aux conditions tarifaires et aux points de collecte. De ce fait, les petits e-commerçants
peuvent accéder à des offres parfois plus compétitives, via les grossistes/comparateurs, tout
particulièrement au Royaume-Uni, alors que les opérateurs postaux pratiquent des tarifs
comparables entre la France, le Royaume-Uni et l’Allemagne, selon le benchmark des offres
mené au cours de l’étude par PMP. En zone intra-Europe, les écarts constatés sont de l’ordre
de 15%, mais sur des destinations lointaines comme les Etats-Unis, des écarts de près de 50%
ont été constatés entre les meilleures offres françaises et anglaises. Il semble ainsi y avoir une
plus grande maturité dans l'envoi de colis transfrontière au départ du Royaume-Uni et de
l'Allemagne que de la France.
D’autre part, le surcoût de la logistique export par rapport à une expédition domestique (a
minima +50% par une expédition externalisée) restreint la capacité des e-commerçants
français à être compétitifs face à un concurrent local. L’injection directe en revanche permet
de diminuer cet écart de coût mais n’est accessible qu’à de très gros e-commerçants.
Le prix limite en particulier le potentiel d’export de produits pour lesquels l’appétence pour le
« made in France » est très forte, tels la mode ou la décoration, sur des marchés plus lointains
comme l’Asie ou les Etats-Unis (plus généralement, les e-commerçants d’autres pays
européens sont également confrontés à cette même problématique) Quel que soit le
prestataire retenu, les grilles tarifaires, combinant des effets de seuil importants à des
différences fortes par zone géographique sont en effet très pénalisantes pour des produits à
faible valeur volumique et/ou pondérale, sur des destinations hors Europe et même vers
l’Union Européenne dans certains cas (ameublement, brocante…). Un envoi vers les Etats-Unis
d’un colis de 2 kg d’une valeur de 75€ peut absorber les deux tiers de la marge sur coût
d’achat d’un e-commerçant (estimation PMP). Cet obstacle est ressenti de façon
particulièrement forte sur les secteurs où le rapport valeur / poids du produit est faible, tels
que le textile, l’alimentaire ou le mobilier-décoration de moyenne gamme.
2- La couverture des besoins par l’offre reste en outre incomplète, tant en termes de service
que de qualité
Les délais de livraison sont le 2ème obstacle logistique rencontré, pour 42% des e-
commerçants interrogés (étude on-line PMP). La livraison à J+1 devenant la norme au niveau
domestique, et la livraison à J0 se développant, ce sujet remonte dans la capacité des e-
commerçants à proposer leur offre sur les marchés exports pour les secteurs de moyenne
gamme où l’offre est assez internationale. Certains secteurs en revanche où les produits à
identité française sont recherchés, souffrent moins de ce frein même s’il demeure
(décoration, lingerie, antiquités).
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 19
La gestion des retours pose problème à des acteurs (3ème frein logistique cité, concernant
33% des acteurs interrogés) qui n’ont pas les capacités d’organiser un flux inverse des
produits depuis le client vers leur entrepôt, celui-ci restant encore compliqué à gérer même
pour les gros acteurs. Le traitement de ce flux retour est particulièrement handicapant dans
des secteurs comme l’habillement et pour des marchés importants comme l’Allemagne où
cette pratique est très ancrée chez les consommateurs (41% des consommateurs allemands
ont retourné un produit après achat en 2015). Sur ce sujet, les offres compétitives et
pratiques restent émergentes.
D’autre part, le suivi des colis, gage de maîtrise de la qualité, n’est pas accessible aux plus
petits acteurs sur toutes les solutions à leur portée (parce que ceux-ci n’ont pas connaissance
du service ou parce que le prix reste trop élevé), même sur des pays pourtant limitrophes et
significatifs, tels que l’Italie. Il est à noter que ce frein persiste malgré la mise en place
récente de l’E-commerce Interconnect Programme.
L’accès à une prestation d’enlèvement des colis reste un problème pour les petits e-
commerçants irréguliers, installés dans les villes de petite taille : dans beaucoup de ces villes,
les petits e-commerçants ne disposent encore que de La Poste qui propose ce service dans
le cadre d’un contrat comportant un coût fixe d’accès ; les plus petits e-commerçants, à
l’activité moins régulière, continuent donc à effectuer par eux-mêmes la livraison en bureau
de poste.
De plus, les petits e-commerçants sont encore fortement limités dans la palette d’offres de
livraison qu’ils sont à même de proposer à leurs clients, et notamment la livraison hors domicile.
Cette pratique est pourtant indispensable pour vendre sur toute l’Europe du Nord y compris
l’Allemagne (où la livraison au bureau, en point relais, chez le voisin ou en consignes est
ancrée dans les habitudes de livraison) : le fait de ne proposer qu’une seule solution de
livraison constitue en lui-même un frein au développement.
Le fait de ne pouvoir proposer l’ensemble des moyens de paiement constitue également un
frein pour exporter. Ainsi le développement sur des pays proches comme l’Italie, l’Espagne et
le Portugal, ou encore la Pologne, nécessite de proposer le paiement à la livraison, service
auquel les petits e-marchands n’ont pas accès avec des opérateurs comme Colissimo.
Certains de ces services opérationnels sont pourtant disponibles en option, tels que le suivi au
sein de l’offre Delivengo d’Asendia. Pour autant, l’accès des e-commerçants à ces services est
entravé à la fois par leur prix perçu comme étant élevé, mais également par une mise en avant
insuffisante de ces services chez leur opérateur principal, La Poste, due notamment à une
connaissance très hétérogène de l’offre par les personnels en contact avec ces marchands
dans les bureaux de Poste.
3- L’offre de livraison reste complexe et mal connue des petits e-commerçants, ce qui limite
fortement son accessibilité
Certaines offres restent complexes et peu lisibles pour les e-commerçants. Ainsi au sein du
groupe La Poste, plus de 10 offres co-existent, avec des contenus de service et des cibles
clients spécifiques, elles-mêmes comportant des grilles tarifaires qui ont été affinées afin de
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 20
permettre d’ajuster au mieux les tarifs. En corollaire, le petit e-commerçant aux compétences
logistiques parfois limitées a besoin d’être guidé pour trouver l’offre adaptée à ses besoins et
capacités.
Et ces offres sont parfois insuffisamment connues ou mises en avant par les offreurs eux-mêmes.
Les offres des grossistes / comparateurs5 et intégrateurs6, nouveaux acteurs, sont encore
communiquées de façon restreintes et ignorées des e-commerçants de petites villes. Et au
sein de La Poste, la maîtrise de l’offre est très hétérogène entre les bureaux de poste.
Avoir accès à plusieurs offres en simultané nécessite des développements informatiques, en
particulier pour gérer plusieurs solutions d’étiquetage (« seule l’offre La Poste ne nécessite
pas de tels développements »), ce qui reste un frein important pour beaucoup de petits e-
commerçants.
4- La gestion des risques liés à la livraison, bien que peu fréquents, est un obstacle pour l’import
vers certains pays
Lorsque l’option de livraison choisie ne comprend pas de remise contre signature, et
notamment dans les pays vers lesquels le suivi est incomplet, l’e-commerçant doit décider sur
une base déclarative de rembourser ou non le client en cas de perte. L’intérêt commercial et
de réputation peut l’amener à pratiquer le remboursement, dans la mesure où les sites leaders
(Fnac en France ou encore Amazon mondialement) pratiquent une politique de
remboursement assez ouverte. Certains pays semblent présenter des taux de litiges un peu
supérieurs, comme l’Italie, amenant des e-commerçants à suspendre leur activité vers ces
pays.
5- La réglementation et les taxes locales restent un frein majeur pour l’export de certains biens,
y compris en Europe
D’autre part, la réglementation export et les taxes locales restent un obstacle important pour
les petites structures, même au sein de l’Union Européenne. La documentation export est une
contrainte importante pour le e-commerce : elle ne pose aucun problème pour du
commerce de gros intra-européen mais est inadaptée à de l’export B2C de petites
quantités. Le paiement de droits ou taxes locaux tels que les droits d’accise ou les écotaxes
(Scandinavie…) représentent une complexité et un surcoût dissuasif pour les e-commerçants.
L’exportation de vin est ainsi très fortement réduite au sein même de l’Union Européenne,
5 Grossites/comparateurs Ces courtiers de la livraison négocient auprès de différentes sociétés de transport des
taux de remise importants, justifiés par des volumes d’achat. Le comparateur-grossiste n’intervient pas physiquement
sur la chaîne logistique de collecte et d’acheminement du colis, qui reste sous la responsabilité du transporteur choisi.
Il intervient toutefois commercialement et apporte de nombreux services à l’e-marchand :
6 Intégrateurs : Le second modèle est celui des intégrateurs qui apportent un regroupement physique des flux et une
expédition massifiée. Contrairement au modèle précédent, ce modèle intervient physiquement sur l’ensemble de la
chaîne logistique et le transport des colis.
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 21
alors qu’il s’agit d’un des produits phares de l’exportation française en général : la perte
d’opportunité est donc ici certainement très élevée. Au sein de l’Union Européenne,
l’hétérogénéité des niveaux de TVA est également une contrainte, du moins en théorie car
dans la pratique beaucoup de petits e-commerçants appliquent leur taux national
uniformément.
Hors de l’Union Européenne, les formalités douanières peuvent être un obstacle majeur,
comme par exemple en Russie, mais elles peuvent être également dissuasives sur certains
marchés a priori ouverts comme la Suisse et les Etats-Unis. Les réglementations nationales,
notamment sanitaires, de pays tels que les Etats-Unis et le Canada sont également perçues
comme très contraignantes.
6- L’export vers certains pays semble poser plus de difficultés aux petits e-commerçants
Alors que la Belgique, le Royaume-Uni ou l’Espagne sont des pays d’export importants, ils sont
très peu cités comme complexes par les e-commerçants (étude on-line PMP).
En revanche, l’Allemagne, l’Italie, les Etats-Unis et la Suisse ressortent comme présentant des
problèmes, logistiques ou réglementaires, parmi les pays important d’export e-commerce.
D’autres pays éloignés sont également cités comme générateurs de difficultés, tels que le
Canada, l’Australie, la Chine ou l’Arabie Saoudite. Plus près de la France, la Suède ressort
également malgré un faible niveau d’activité.
Ce que révèlent ces freins tarifaires et opérationnels, c’est avant tout une méconnaissance des
petits e-commerçants du secteur de l’export, qui s’illustre par différentes pratiques :
- un fort appui sur La Poste, qui est de très loin leur principal prestataire logistique
export. Au-delà du très large niveau de couverture des besoins par La Poste, la
plupart des petits e-commerçants ne sont pas familiers avec le monde des
expressistes et n’ont pas assez de compétence logistique pour s’ouvrir facilement aux
comparateurs et grossistes ;
- un recours encore limité aux nouveaux acteurs logistiques, comme les comparateurs /
grossistes et les places de marché, mais qui ne sont pas à même de répondre à
l’intégralité de leurs besoins de compétitivité et de leurs besoins opérationnels,
rendant d’autant plus pertinents les offres intégrées portées par les marketplaces
telles Fulfillment by Amazon (FBA) ;
- une méconnaissance des pays de destination : à la fois sur les aspects réglementaires
et les pratiques locales et de livraison, ce qui conduit les petits e-commerçants à ne
pas anticiper les besoins logistiques spécifiques à chaque destination ;
- une diminution ou même un abandon de l’activité export, soit en matière de gamme de
produits disponibles à l’export, soit en matière de pays ciblés : certains secteurs sont
donc particulièrement touchés, alors qu’ils représentent soit un potentiel très
important d’activité export (tel le vin, pour lequel il existe des problématiques
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 22
logistiques et règlementaires spécifiques), soit une niche de valeur (notamment les
antiquités/brocante dans la décoration).
A côté de ces freins opérationnels principalement logistiques, les petits e-commerçants
français manquent encore de moyens et de compétences, notamment marketing pour
développer le e-commerce export et ce d’autant plus que la barrière de la langue reste un
avantage concurrentiel pour les sites anglo-saxons.
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 23
OBJECTIFS, MÉTHODOLOGIE ET
PÉRIMETRE DE L’ÉTUDE
1. Rappel des objectifs
Le secteur de l’export apparaît comme un réel relai de croissance pour les e-commerçants
français. Dans une volonté de les soutenir dans leur développement, l’Autorité de régulation
des communications électroniques et des postes (Arcep) et la Direction Générale des
Entreprises (DGE) du ministère de l’Economie et des Finances ont souhaité s’associer pour
conduire une étude analytique sur le colis transfrontière, afin de comprendre les difficultés –
notamment logistiques - rencontrées par les e-commerçants, avec une attention particulière
sur les petits et moyens e-commerçants.
Au travers de cette étude, l’Arcep et la DGE ont souhaité améliorer leur connaissance, tant sur
le comportement des e-commerçants au regard de l’e-commerce transfrontière que sur l’offre
de transport proposée aussi bien par les opérateurs postaux que par les expressistes. L’offre de
transport est en effet très évolutive et la frontière entre « colis ordinaire » et « colis express
» tend en effet aujourd’hui à disparaître. L’offre des opérateurs postaux est connue de l’Arcep
pour ce qui relève du Service Universel Postal (colis de moins de 20kg déposés dans les
points de contacts de La Poste par des particuliers ou des petits e-commerçants) mais ne
représente qu’une partie du marché, essentiellement le marché « égrené ».
Cette étude doit permettre à l’Arcep et à la DGE d’identifier les pistes d’actions dans leurs
champs de compétence respectifs afin de lever les freins logistiques identifiés et d’orienter
certaines modifications législatives et réglementaires concernant le secteur du colis.
A ce titre, l’un des enjeux de l’étude est de présenter des conclusions et recommandations
tenant compte de l’hétérogénéité des e-commerçants français au regard :
De la maturité de la stratégie de développement à l’international (opportunisme ou
axe de développement sur lequel des moyens sont consacrés) ;
De la capacité commerciale (taille, niveau de compétence, pouvoir de négociation
avec les transporteurs). Ainsi, l’existence d’une direction logistique étoffée est
généralement l’apanage des grands acteurs, mais des acteurs plus modestes
pourraient également y trouver des opportunités de croissance ;
De la nature de l’offre de services au consommateur compte tenu du secteur d’activité
(gestion des retours, colis fragiles, …).
Les travaux menés par le groupement PMP – Logicités ont donc consisté à :
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 24
Etablir un diagnostic précis :
- De la situation des e-commerçants français, de leurs pratiques en termes de
e-commerce et de leurs besoins-clefs en matière de livraison transfrontière ;
- Du secteur du colis, des profils des acteurs et de leur positionnement sur le
marché ;
Identifier les grands enjeux et les stratégies des acteurs de l’offre de livraison, au
regard des besoins des e-commerçants et de la concurrence de nouveaux entrants
sur ce marché ;
Proposer une segmentation des e-commerçants français en termes de
problématiques et de freins logistiques rencontrés à l’export, en fonction de
différents critères (taille, volumes expédiés) ;
Dégager des recommandations détaillées et proposer des pistes de solutions afin de
lever les freins logistiques identifiés ;
Etablir des préconisations ciblées à destination de La Poste ;
Interroger les éléments d’analyse et les propositions formulées à la lumière du projet
de règlement en cours à la Commission Européenne.
La diversité des transporteurs en termes d’implantation géographique (lieux de collecte en
France, périmètre géographique desservi …) et de capacité à mutualiser les flux pour être
compétitif ou à passer des accords avec des transporteurs locaux a été intégrée à l’analyse.
2. Définition du champ de l’étude
L’e-commerce transfrontière fait l’objet de plusieurs définitions. Il désigne non seulement des
flux commerciaux et financiers mais aussi des flux logistiques, à l’export ou à l’import, entre la
France et les pays frontaliers ou le monde entier.
Le tableau suivant reprend les différents cas de figure qui peuvent correspondre à une
définition de l’e-commerce transfrontière, en présentant en bleu foncé le périmètre choisi
pour la présente étude.
Flux logistiques Flux commerciaux Flux financiers
Export Exportation au départ d’un
entrepôt situé en France
Procédures douanières
éventuelles
« Exportation » au départ d’un
site français ou d’une place de
marché située en France, le stock
n’étant pas nécessairement en
France
Exportation au départ
d’un site dont le stock est
en France mais sur un site
web situé dans un autre
pays
Import Importation au départ d’un
entrepôt situé hors de France
Procédures douanières
éventuelles
« Importation » au départ d’un
site web étranger, dont
l’entrepôt peut être en France
NC
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 25
Compte tenu des objectifs de l’étude, la définition retenue pour l’e-commerce transfrontière
est celle portant sur les flux logistiques à l’export.
L’étude s’est intéressée en particulier aux pays les plus significatifs en termes de potentiel
pour les e-commerçants français, qu’ils soient limitrophes ou pas au territoire géographique
français : ensemble de l’Europe y compris Russie, Amérique du Nord, grands pays d’Asie dont
Chine, Afrique.
3. Phasage et méthodologie
La mission a été menée en 3 phases, sur 9 mois, de juin 2016 à février 2016, en étroite
relation avec le Comité de pilotage :
Une phase préparatoire :
- élaboration d’une base documentaire (revue de littérature) ;
- constitution des panels d’acteurs à interviewer ;
- élaboration des outils d’analyse et des trames des supports ;
Une phase d’analyse :
- conduite d’entretiens auprès d’e-commerçants et analyse de la demande
en termes d’offre de livraison et de services logistiques export : besoins et
pratiques, freins rencontrés ;
- conduite d’entretiens auprès d’acteur du secteur de la livraison et des
services export (transporteurs, monocolistes, intégrateurs de solutions,
grossistes/comparateurs, marketplaces, etc.) et analyse de l’offre ;
- analyse comparative des besoins et de l’adéquation de l’offre à la
demande ;
- identification d’écarts à combler entre l’offre et la demande ;
- proposition de solutions ;
Une phase de synthèse de l’étude :
- formalisation des livrables de restitution : rapport complet, présentation
synthétique de l’étude ;
- élaboration d’un dossier de capitalisation des travaux de l’étude.
Différents outils ont permis la réalisation de la présente étude.
PMP/Logicités a basé son étude sur une importante analyse bibliographique du secteur (veille
presse spécialisée, articles de recherche, études issues d’acteurs institutionnels, bases de
données et statistiques : notamment FEVAD, Oxatis, E-commerce Europe).
Ont également été menés plus de quarante entretiens auprès de différents acteurs :
pour moitié auprès d’acteurs de la livraison (grossistes/comparateurs, expressistes,
transporteurs, acteurs postaux, etc.), y compris organismes professionnels (Fevad, E-
commerce Europe, Oxatis) et marketplaces (Ebay, Etsy) ;
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 26
pour moitié auprès d’e-commerçants ayant ou souhaitant développer une activité
export (depuis la microentreprise jusqu’à des acteurs importants du secteur).
Une enquête en ligne a été réalisée, entre septembre et novembre 2016, auprès de trois
populations distinctes d’e-commerçants français :
les e-commerçants français utilisant la plateforme Ebay, par l’intermédiaire d’une
newsletter envoyée le 30 Septembre 2016 ;
les e-commerçants français utilisant la plateforme Etsy, par l’intermédiaire d’articles
facebook sur la page Etsy Success ;
les e-commerçants de la base Oxatis, par l’intermédiaire d’un splashscreen diffusé par
e-mail.
L’approche de la compétitivité française a fait l’objet de benchmarks ciblés sur l’Allemagne, la
Belgique et Royaume-Uni, du fait de leur proximité de la France, mais aussi de leur niveau de
maturité apportant ainsi une pertinence à des éléments de comparaison. Ce benchmark s’est
attaché pour chacun des pays sélectionnés à :
proposer un panorama des offres de transport de colis à l’exportation ;
identifier les offres disponibles à destination des e-commerçants ;
analyser la compétitivité prix des offres de livraison identifiées, en simulant des envois
vers les USA et l’Italie ;
analyser quelques grandes caractéristiques de l’offre en comparaison avec celle
existant au départ de la France.
Le détail des résultats est présenté en annexe du présent rapport.
La problématique règlementaire a également été intégrée à l’étude, pour resituer le projet
de règlement en cours par rapport aux enjeux et freins rencontrés par les e-commerçants.
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 27
ETUDE SUR LE MARCHE DU COLIS
TRANSFRONTIERE AU DEPART DE FRANCE,
POUR LES BESOINS DU E-COMMERCE
PARTIE 1 : PANORAMA DES PRATIQUES ET DES BESOINS-CLEFS DES E-
COMMERÇANTS FRANÇAIS AYANT UNE ACTIVITE EXPORT
La partie suivante s’appuie sur un travail de revue de littérature, complété par une analyse des
données de l’enquête en ligne menée entre Septembre et Novembre 2016 (voir détails en
annexe) et des 24 entretiens auprès de e-commerçants menés entre Juillet et Octobre 2016.
Les sources utilisées sont détaillées en bas de page.
1. ETAT DES LIEUX DU E-COMMERCE ET DES E-COMMERÇANTS
FRANÇAIS
1.1. LE E-COMMERCE EN FRANCE ARRIVE AUJOURD’HUI A MATURITE APRES UNE
DECENNIE DE CROISSANCE A DEUX CHIFFRES
Apparu dans les années 1990, le e-commerce a connu une croissance forte au début des
années 2000 (> 30% par an). En France, si cette croissance ralentit aujourd’hui - le e-
commerce ayant atteint un certain degré de maturité - elle reste toutefois très supérieure
(près de 10%/an) au PIB français.
Figure 1 : Evolution du e-commerce et du m-commerce en France
(Sources : FEVAD et estimations E-commerce Europe pour l’année 2016)
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 28
Aujourd’hui, les achats sur internet sont entrés dans les habitudes de consommation des
français : au premier trimestre 2016, 78,3% des français ont déjà acheté en ligne7, l’achat en
ligne s’est d’autant plus intégré aux modes d’achat et de consommation qu’il devient mobile,
les internautes générant une proportion de plus en plus grande de leurs achats internet
depuis leurs mobiles (10,7%) et leurs tablettes (23%). Le m-commerce, c’est-à-dire l’achat en
ligne depuis un mobile ou une tablette, connait un développement important (+40% par an).
Avec en 2015 un CA de 64,9 milliards d’€ et un taux de croissance de 14,3%, selon les chiffres
publiés par la Fevad, la France est le 2nd marché européen de l’e-commerce, après le
Royaume-Uni et devant l’Allemagne.
D’après Xerfi8, le e-commerce en France devrait croître de 60% d’ici 2020, pour atteindre
90 milliards d’euros et représenter environ 6,5% de la consommation totale des ménages (la
Fevad établit ce chiffre à 7%). Cette tendance est encouragée par la multiplication des
points d’accès à internet (ordinateurs, smartphone, tablettes, télévisions), la hausse du nombre
de personnes connectées ou encore le développement de l’offre en ligne.
Le nombre de colis générés par l’e-commerce est une donnée très variable suivant les
sources : la Fevad estime ce chiffre à 450 millions en France9 ; l’étude Precepta Xerfi10
annonce un chiffre de 676 millions pour 2015. Cet écart témoigne d’une grande variabilité
des périmètres analysés et du manque de fiabilité des sources.
Les analyses de la Fevad montrent toutefois que le prix du panier moyen diminue d’environ
5% par an, cette évolution étant liée à la banalisation de l’achat sur internet. L’augmentation
du chiffre d’affaires et la baisse du panier permettent par conséquent d’évaluer le taux de
croissance réel du nombre de colis lié à l’e-commerce à environ 19% par an.
1.2. QUELQUES TRES GROS SITES REALISENT LA MAJEURE PARTIE DU CA DU E-
COMMERCE FRANÇAIS
Parmi les 15 plus gros e-commerçants présents en France (en nombre de visiteurs), on
retrouve bien évidemment les grandes marketplaces du secteur, Amazon en tête, mais
également des sites de la grande distribution (Carrefour, E.Leclerc, Leroy Merlin, Auchan) et
le site touristique de la SNCF : Voyages-SNCF.
Figure 2 : Top 15 des e-commerçants français en nombre de visiteurs uniques
au 1er trimestre 2016
(Source : Classement Médiamétrie 2016)
7 d’après la Fevad 8 Xerfi 2014, Le e-commerce en France à l’horizon 2020 9 D’après FEVAD, 2016 10 Etude Precepta Xerfi – décembre 2015
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 29
Parmi les quatre premiers sites du classement, deux d’entre eux ne sont pas des sites
français : Amazon (USA), et eBay (USA), deux marketplaces ayant réussi à atteindre une part
significative des consommateurs français (Amazon et eBay couvrent respectivement en
moyenne 37,9% et 17% des internautes français au premier semestre 2016).
Parmi les sites français les plus importants, certains ont d’ores et déjà acquis une dimension
européenne, et se retrouvent au sein du classement des 15 plus importants sites de e-
commerce européens en volume : notamment Cdiscount (6ème place), E. Leclerc (8ème place),
Carrefour (11ème place) et enfin Vente Privée (12ème place)11.
1.3. MAIS A COTE DE CES LEADERS, LE MARCHE DE LA VENTE E-COMMERCE SE
CARACTERISE PAR UN GRAND NOMBRE DE SITES AVEC DES PROFILS VARIES
Plusieurs constats peuvent être formulés quant aux e-commerçants français12 :
Profil :
D’après l’enquête réalisée par Oxatis, près de 40% des e-commerçants sont des « pure-
players » du net. Toutefois, perçu comme un relais de croissance réel face à un marché
domestique français plutôt en berne, de plus en plus de commerçants exploitant une
enseigne physique se tournent vers ce nouveau canal de vente (ils sont 28% en 2015,
toujours selon l’enquête réalisée par Oxatis).
D’après la FEVAD, près de 80% des sites français réalisent moins de 1 000 transactions par
an (figure 3), sur un total de 835 millions de transactions en ligne en 2015.
11 Source : Retail-index.com, 2016 12 D’après « le profil du e-commerçant – 2016 spécial TPE/PME », Oxatis/KPMG.
Figure 4 : Répartition des e-commerçants en fonction de leur CA annuel
(Source : FEVAD, 2016)
Figure 3 : Répartition des sites e-commerçants français en nombre de transactions annuelles
(Source : FEVAD, 2016)
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 30
De plus, 95,1% des sites auraient un chiffre d’affaires de moins d’1 million d’€ annuel (figure
4), ces mêmes sites représentant 15% du CA total du e-commerce (64,9 milliards d’€ en
2015). Les e-commerçants français sont donc très majoritairement de petits acteurs, en
progression constante ces dernières années.
Chaque année, environ 20 000 nouveaux sites marchands apparaissent en France. Il s’agit
souvent de nouveaux e-commerçants ou de commerces physiques qui souhaitent se
développer sur plusieurs canaux : l’e-commerce leur permet alors d’élargir leur périmètre
de chalandise.
Figure 5 : Evolution du nombre de sites e-commerce en France en milliers (Source : FEVAD, 2016)
Un autre aspect intéressant est la croissance rapide de l’e-commerce C2C : 60% des
internautes auraient notamment acheté ou vendu sur des sites permettant de mettre en
relation des particuliers au cours du premier semestre 201613. Alors que 39% des
acheteurs ont effectivement eu recours aux sites collaboratifs en 2015 (leboncoin,
vivastreet, mondebarras, …), ils étaient 62% à projeter d’y recourir en 2016 marquant un
très net engouement pour la pratique14, engouement qui n’a pas échappé aux
professionnels de plus en plus nombreux sur ces sites, pour certains historiquement
réservés à des transactions entre particuliers.
Localisation :
Plus de la moitié des e-commerçants français (56%) sont implantés dans des villes de
moins de 20 000 habitants15. Les e-commerçants installés dans les grandes agglomérations
sont minoritaires (14%). Pour ces derniers, la proximité géographique avec une partie
significative de leur clientèle est une opportunité de développer une réelle stratégie
multicanale, notamment grâce à une présence physique et des solutions click’n collect16.
La multi-et la cross- canalités17 semblent devenues des stratégies payantes, alors que 75%
des sites marchands ont pu générer grâce à leur présence en ligne, des ventes hors ligne.
13 Selon FEVAD, Chiffres clés 2016 14 Selon FEVAD, Chiffres clés 2016 15 D’après « le profil du e-commerçant – 2016 spécial TPE/PME », Oxatis/KPMG. 16 Le click’n collect consiste à retirer dans un point de vente physique des produits achetés sur le site internet de la même enseigne 17 Stratégie cross-canal : stratégie de distribution mettant à profit plusieurs canaux simultanément notamment points de vente physiques et e-
commerce. Contrairement à la stratégie cross canal, la stratégie multicanale consiste à développer plusieurs canaux de ventes indépendants.
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 31
Secteurs d’activité :
Le e-commerce B2C représente aujourd’hui 7% du commerce de détail B2C français, ce
chiffre masquant une forte disparité des taux de pénétration du canal e-commerce selon
les typologies de produits. De façon sectorielle, celui-ci s’est déjà étendu aux principaux
pans du B2C et notamment au tourisme, à l’habillement / chaussures et textiles de maison
ainsi qu’à l’équipement de la maison et aux produits culturels. En 2015, le tourisme est le
secteur qui dégage le plus de chiffre d’affaires par le biais d’internet avec une CA estimé
à 18,3 milliards d'euros (42% du e-commerce en France).
Figure 6 : Taux de pénétration et CA du E-commerce par secteur en 2015 en France
(Source : Fevad, 2016)
Pourtant, les principaux secteurs d’activité des petits et moyens e-commerçants français sont
la culture et les loisirs (12,7%), l’équipement de la maison / jardin (12,2%) et l’habillement
(11,7%), suivis de près par la beauté et le bien-être (9%)18, en perte de vitesse ces dernières
années.19 Pour autant, la question reste de savoir si ces secteurs sont effectivement les plus
aptes à générer des flux d’exportation.
Les secteurs dans lesquels se développent la plupart des e-commerçants français ne sont ainsi
pas exactement les secteurs au sein desquels le taux de pénétration e-commerce est le plus
important.
Les sites français sont en croissance, plutôt de petite taille et interviennent sur des secteurs
variés. De plus, on observe un engouement pour l’e-commerce C2C, renforcé par l’essor de
grandes marketplaces telles Ebay ou Etsy. Afin de préciser cette première segmentation, une
enquête en ligne a été réalisée, entre Septembre et Octobre 2016, auprès d’un large panel
18 D’après « le profil du e-commerçant – 2016 spécial TPE/PME », Oxatis/KPMG 19 La différence entre ces chiffres et ceux mentionnés dans la figure 6 tient au fait que la figure 6 traite du taux de pénétration par secteur de
façon globale alors que ces chiffres concernent les principaux secteurs en nombre d’e-marchands.
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 32
de petits e-commerçants (envoi par mail et réseaux sociaux auprès de vendeurs eBay, Etsy et
de collaborateurs Oxatis).
Le panel ainsi sélectionné a permis d’affiner la compréhension des profils et des pratiques des
petits sites e-commerce français, et en particulier ceux commercialisant via une ou plusieurs
marketplaces (moitié du panel).
Le détail de la méthodologie employée est présenté ci-dessous :
Les questions adressées permettent ainsi de compléter les thématiques abordées au sein de
l’enquête Oxatis, en approfondissant plus particulièrement le sujet de l’export et de sa
logistique.
Le panel ainsi constitué permet d’obtenir un retour (108 réponses au total) de la population
suivante :
Les répondants sont à 78% des entreprises de 1 ou 2 salariés, et à 95,7% des entreprises de
moins de 10 salariés, leur chiffre d’affaires global est à 90% inférieur au million d’euros. Parmi
eux, 79% ont déjà entamé une activité export.
Les résultats de cette enquête seront utilisés dans l’ensemble du présent document, afin
d’appuyer les propos recueillis lors des 24 entretiens bilatéraux conduits auprès de e-
commerçants.
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 33
2. LES ECHANGES TRANSFRONTIERES : UN RELAI DE CROISSANCE
POUR UN E-COMMERCE QUI ARRIVE A MATURITE
2.1. L’E-COMMERCE TRANSFRONTIERE REPRESENTE ACTUELLEMENT 16% DE L’E-
COMMERCE EN EUROPE20.
Le marché du e-commerce européen présente un CA élevé estimé pour 2016 à 509,9
milliards d’euros21 .
Pour 2016, B2C E-commerce (fédération européenne du e-commerce, dont la FEVAD est
membre) prévoit la répartition suivante : le Royaume-Uni (plus d’un tiers du montant total
avec 173,7 Mds€), la France (71,4 Mds€) et l’Allemagne (66,9 Mds€) représentent ensemble
environ 62% du total tandis que les dix premiers pays représentent quant à eux 86% du
total22.
Figure 7 : Parts des pays européens dans l’achat en ligne B2C
(Source : Ecommerce Europe, European B2C E-commerce Report 2016)
Dans ce marché, l’e-commerce transfrontière représente actuellement 16% de l’e-commerce
en Europe selon Forrester et Ecommerce Europe (« European B2C E-commerce Report
2016 »).
Néanmoins le poids des achats e-commerce réalisés par les consommateurs d’un pays auprès
de sites e-commerce étrangers est très hétérogène, comme l’illustre la figure 8 :
les consommateurs des petits pays, notamment Luxembourg, Malte, Finlande, Belgique,
et Chypre, auront tendance à acheter facilement sur les sites web d’autres pays, faute
d’offre suffisamment large chez eux. C’est également le cas de consommateurs de
pays africains ou du Moyen-Orient, qui profiteront d’offres importantes de sites
étrangers ;
enfin le consommateur français a recours à des sites e-commerçants étrangers pour
20% environ de son volume d’achats (les données disponibles ne permettent pas de
20 Forrester : Western european online crossborder retail sales forecast 2013 to 2018, juin 2015 21 Ecommerce Europe, « European B2C E-commerce Report 2016 » 22 Ecommerce Europe, « European B2C E-commerce Report 2016 »
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 34
distinguer les achats inconscients sur un site étranger traduit en français des achats
conscients réalisés sur un site étranger).
Figure 8 : Part, par pays de l’Europe des 28, des achats e-commerce réalisés à l’étranger en 2015
(Source : Ecommerce Europe, « European B2C E-commerce Report 2016 »)
En 2015, 16% des européens (Europe des 28, Islande et Norvège) ont acheté un bien via
internet, hors de leur pays de résidence mais au sein de l’Union, soit une augmentation de
33% de la pratique par rapport à l’année 201323.
Parmi les pays européen, l’Espagne, l’Italie et les Pays-Bas présentent les plus forts potentiels
de développement d’achats on-line sur des sites étrangers (croissance prévisionnelle 2016
respectivement de 28%, 20%, et 11%24).
Les principaux potentiels de développement sont25 :
le Moyen Orient : de 15 à 35% d’augmentation des dépenses effectuées sur des sites
e-commerce étrangers selon les pays ;
l’Amérique Latine : de 30 à 41% d’augmentation selon les pays ;
l’Afrique : de 42 à 85% d’augmentation selon les pays ;
l’Asie Pacifique : de 2 à 79% d’augmentation selon les pays.
Figure 9 : Top 2 des pays présentant le
potentiel de croissance annuelle du e-
commerce transfrontière le plus élevé
par continent (Source: PayPal Cross-
Border Consumer Research 2015)
23 D’après « le profil du e-commerçant – 2016 spécial TPE/PME », Oxatis/KPMG. 24 PayPal Cross-Border Consumer Research 2015 25 PayPal Cross-Border Consumer Research 2015
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 35
2.2. L’EXPORT : DEJA UNE REALITE POUR LA MAJORITE DES E-COMMERÇANTS
FRANÇAIS …
Plus d’un site e-commerçant français sur deux vend aujourd’hui à des clients étrangers26, et la
tendance à l’export est en croissance y compris pour les TPE/PME (+3 points par rapport à
2014) : à ce jour, 13% des entreprises e-commerce TPE/PME déclarent vouloir développer
leur site à l’international. Pour les autres, l’export reste un projet à court ou moyen terme
(8%)27, n’est pas envisagé pour le moment, ou a été abandonné suite aux difficultés
rencontrées. La part des e-commerçants qui exportent est ainsi 4,5 fois supérieure à celle
des petites et moyennes entreprises n’utilisant pas le canal internet.
Pour ces acteurs, les pays de prédilection restent avant tout européens, et notamment
frontaliers28 : c’est la Belgique qui représente le premier marché (pour 73% des 402 acteurs
interrogés dans le cadre de l’enquête menée par Oxatis auprès des petits et moyens e-
commerçants français29). Celle-ci présente en effet des facilités linguistiques, juridiques,
règlementaires et logistiques pour une entreprise implantée en France. Ce chiffre est
également lié à une appétence particulière des consommateurs belges pour l’achat sur des
sites e-commerce français. Arrivent ensuite l’Espagne, le Royaume-Uni, l’Allemagne et l’Italie.
Le cas de la Belgique est particulièrement intéressant30 : alors que les marchés nationaux
évoluent très rapidement, celle-ci se place parmi les pays connaissant la plus forte croissance
du secteur e-commerce avec 15 places gagnées au classement mondial des marchés e-
commerce, et l’un des potentiels de croissance du secteur les plus élevés.
La position dominante de la Belgique dans les destinations à l’export des e-commerçants
français, alors même que ce pays ne représente que 2% de la population de l’Union
Européenne, témoigne toutefois d’un manque de maturité de l’e-commerce transfrontière.
Pour de nombreux e-commerçants et transporteurs interrogés durant cette étude, la
Belgique ne constitue pas vraiment un territoire d’exportation. Cette situation résulte de la
taille réduite du pays et des habitudes des consommateurs belges, notamment à Bruxelles et
en Wallonie, d’acheter sur des sites français.
Ces différents constats se retrouvent dans les réponses collectées dans le cadre de l’enquête
en ligne :
- les pays limitrophes de la France sont dans l’ensemble les destinations les plus
fréquentes et la Belgique est une destination d’export pour 83% des entreprises ;
- les Etats-Unis et le Canada sont des destinations d’export privilégiées, y compris
par rapport à certains pays européens non limitrophes ;
- l’export vers d’autres zones reste marginal : Asie, Afrique, Moyen Orient
26 50% des adhérents de la FEVAD, 55% des petits sites d’après « le profil du e-commerce – 2016 spécial TPE/PME », Oxatis/KPMG 27 D’après « le profil du e-commerçant – 2016 spécial TPE/PME », Oxatis/KPMG. – 28 D’après « le profil du e-commerçant – 2016 spécial TPE/PME », Oxatis/KPMG 29 D’après « le profil du e-commerçant – 2016 spécial TPE/PME », Oxatis/KPMG 30 publication annuelle d’A.T. Kearney « Global RetailpubPayPal Cross-Border Consumer Research 2015Retail E-commerce Index »
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 36
Figure 10 : Résultats de l'enquête en ligne PMP - Destinations export
2.3. … MAIS UN POIDS ECONOMIQUE ENCORE FAIBLE
Le manque de maturité de l’e-commerce transfrontière s’illustre également à travers le faible
poids de celui-ci dans le CA e-commerce.
Figure 11 : Comparaison de la répartition des e-commerçants français et européens en fonction de leur part de CA réalisé à l’export (sources : INSEE, 2014 et Ecommerce barometer, Ecommerce Foundation)
Ainsi en France l’e-commerce transfrontière reste peu significatif en termes de chiffre d’affaires
(< 5% du CA) pour plus de la moitié des e-commerçants, contre 28% seulement des e-
commerçants européens. A contrario, le pourcentage de e-commerçants réalisant plus de
20% de leur CA e-commerce à l’étranger est sensiblement similaire pour la France et
l’Europe. Le passage d’une vente occasionnelle et opportuniste à une véritable stratégie de
développement à l’export semble plus difficile pour les e-commerçants français.
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 37
L’enquête en ligne réalisée s’adresse aux e-commerçants ayant une activité export : parmi les
répondants ils sont 80% à pratiquer cette activité. Pourtant, parmi eux, la moitié des
répondants réalise moins de 5% de son activité de vente e-commerce à l’export (75% font
moins de 20%) : l’export, bien qu’étant une réalité pour tous, concerne encore une faible part
de l’activité globale.
Pour 94%, les colis exportés représentent ainsi moins de 1 000 envois annuels, c’est-à-dire
moins de 83 envois par mois (ou environ 21 par semaine), pour un poids moyen de moins de
2kg pour près de 80% d’entre eux.
Figure 12 : Résultats de l'enquête en ligne PMP - Activité export
3. QUELS SONT LES BESOINS CLEFS ET STRATEGIES DES E-
COMMERÇANTS POUR DEVELOPPER UNE ACTIVITE EXPORT ?
3.1. POUR SE DEVELOPPER A L’INTERNATIONAL, LES E-COMMERÇANTS ONT BESOIN DE
S’APPUYER SUR UN LARGE CHAMP DE COMPETENCES
Chez les petits et moyens e-commerçants, les motivations poussant à se lancer dans la vente
par internet relèvent principalement d’une volonté de toucher une clientèle plus large, en
augmentant leur visibilité, et voir ainsi leur chiffre d’affaires croître31.
Pour des entreprises souvent unipersonnelles, le manque de temps est une contrainte forte
dans le développement d’une activité complexe. Les besoins clefs exprimés par les petits et
moyens e-commerçants français en vue du développement d’une activité export concernent
avant tout l’acquisition de nouvelles compétences (linguistiques, juridiques, logistiques). En
31 D’après « le profil du e-commerçant – 2016 spécial TPE/PME », Oxatis/KPMG.
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 38
particulier, les principaux challenges pour les petites et moyennes structures sont la langue
(pour 40% des acteurs interrogés), suivie de près par la logistique (pour 35%)32. La figure 13
reprend les grandes familles de prérequis et les compétences nécessaires correspondantes.
Figure 13 : Prérequis pour le lancement d’une activité export et compétences associées (Source PMP/Logicités)
Il faut ici préciser que la langue est à l’origine d’un avantage concurrentiel évident des e-
commerçants britanniques, qui peuvent, avec un site uniquement en anglais, exporter
facilement dans le monde entier. C’est aussi une des raisons qui poussent de nombreux e-
commerçants français à n’exporter que dans les pays francophones, en premier lieu desquels
la Belgique, de très nombreux sites marchands français n’étant pas traduits.
De nombreuses particularités locales et culturelles sont à prendre en compte afin de démarrer
une activité à l’export :
- Diversité des pratiques de paiement des achats en ligne :
Alors que l’utilisation de la carte bancaire (crédit et débit) pour régler dès la commande est
largement répandue au Danemark, en France, au Royaume-Uni, et aux Etats Unis (le reste des
paiements étant généralement traité via PayPal), certains pays pratiquent le paiement en
cash d’un token à valider par internet pour régler sa commande (système Multibanco au
Portugal), le paiement à la livraison (notamment la Finlande, l’Espagne ou l’Italie), le transfert
bancaire en ligne (Pays-Bas, Finlande, Suède) ou encore le paiement hors ligne après
réception de la facture (Allemagne, Suède, Norvège)33.
Ces différentes pratiques locales de paiement des achats on-line peuvent avoir des
conséquences sur le niveau de risque financier porté par le e-commerçant (refus de la
marchandise expédiée pour les commandes réglées post expédition, prise en charge de
32 D’après « le profil du e-commerçant – 2016 spécial TPE/PME », Oxatis/KPMG. 33 OC&C Report, « The Global Retail e-mpire, the internationalisation of eCommerce », 2014
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 39
l’expédition retour ou destruction des marchandises non acceptées) et sur l’organisation
logistique à mettre en place.
Sur ce point, deux pays se singularisent particulièrement :
- En Italie de nombreux clients sont encore attentifs à la possibilité de payer leurs
achats à la réception (cash on delivery), ce qui implique de faire appel à un
transporteur qui propose également un service de gestion des paiements (seuls BRT
et SDA apportent ce service de façon exhaustive en Italie) ;
- En Allemagne, les consommateurs sont habitués depuis longtemps à retourner des
produits, le paiement s’effectuant post réception uniquement pour les produits
conservés. Cette pratique implique de proposer au client un service de retour.
- Particularités liées aux pratiques de livraison :
De même, certains pays ont développé une forte pratique de la réception de colis hors
domicile. Ainsi, la livraison vers les Pays-Bas, les pays nordiques, l’Allemagne ou encore
l’Autriche nécessite de proposer une solution de livraison hors domicile. Pourtant, la grande
majorité des e-commerçants entamant le développement d’une activité export vers l’un de
ces pays ne propose que rarement ce type de solutions de livraison : parmi les 110 personnes
rencontrées et interrogées34, seules 22% des entreprises exportant en Allemagne ont mis en
place une offre de livraison hors domicile.
La diversité des modes de consommation et de retrait dans un même pays nécessite, afin
d’améliorer ses ventes sur internet, de proposer plusieurs solutions de livraison, laissant ainsi le
choix au consommateur. Dans les faits, peu de petits e-commerçants proposent directement
plusieurs solutions.
3.2. UNE PRATIQUE DE L’EXPORT SANS ANTICIPATION S’AVERE RISQUEE SI LES ACTEURS
NE SONT PAS CORRECTEMENT ACCOMPAGNES
Si le site web de l’e-commerçant dispose d’une visibilité mondiale (par exemple à travers
certaines marketplaces), Il peut alors être sollicité pour expédier dans un pays donné et
analyse la problématique à cette occasion. Une mauvaise expérience dans un pays peut être
dans ce cas un élément déclencheur pour arrêter l’exportation dans le pays donné et par
conséquent pratiquer le géo-blocking (la suppression d’une ou plusieurs destinations dans les
possibilités de livraison d’un site e-commerce).
- Opérer depuis son propre site e- commerçant français
C’est le premier niveau de développement export, pour la plupart des sites de petite et
moyenne tailles. L’activité export peut être générée par un site mono-lingue (français), pour
les plus petits. Mais de plus en plus d’acteurs e-commerce visant un développement à
l’international déploient une version en anglais de leur site.
34 91 réponses obtenues au questionnaire en ligne et 19 e-commerçants rencontrés
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 40
- S’appuyer sur un dispositif multi-sites, couvrant les principaux pays visés
C’est le deuxième niveau de développement à l’international. Cette stratégie a notamment
été mise en place par les pure-players français dès les années 2000, comme Pixmania, qui
avait basé son développement européen sur une adaptation de son site aux principaux pays
et aux principales langues visées sur l’Europe (anglais, allemand, néerlandais, italien, espagnol,
langues scandinaves, …)
- S’appuyer sur une présence physique locale
Cette solution constitue le troisième stade rencontré dans le développement à l’international.
Développer une stratégie export à partir d’un relais local se révèle sensiblement plus aisé :
Une implantation physique locale, qu’elle soit détenue en propre ou qu’elle appartienne à un
distributeur de la marque permet de donner une visibilité supplémentaire sur place et de
profiter des synergies possibles entre la vente physique et la vente dématérialisée (par
exemple en proposant des offres de livraison en click and collect, des retours en boutique,
etc).
C’est le modèle choisi par de nombreux grands groupes français, notamment multi-canaux
(Fnac…) mais aussi pure players e-commerce (Ventes-privées…), comme ID Group (Okaïdi,
Obaïbi, Eveil&Jeux, Jacadi…) qui démarre le développement d’une activité export en
implantant un réseau de magasin dont un hub, puis ouvre un site e-commerce local.
Ce choix est également celui des e-commerçants de taille plus modeste, qui testent
l’appétence d’un marché national en démarrant d’abord par une distribution physique, via un
réseau de revendeurs locaux : (ex d’Aïny parmi les personnes interviewées).
Certains groupes choisissent cette stratégie uniquement sur certains marchés éloignés ou
complexes, comme l’Asie ou l’Amérique du Nord. Dans certains cas, comme celui du vin, c’est
une solution qui peut être choisie pour des pays européens, afin de réduire le coût de
gestion administrative des droits et taxes (nous détaillerons plus loin le sujet du vin, en partie
3 du présent rapport).
- Développer sa visibilité par l’intermédiaire de marketplaces
Pour les plus petits e-commerçants disposant de moyens très limités, cette option est un
tremplin par rapport aux scénarios de déploiement en multi-sites ou en présence physique.
Figure 14 : Poids des places de marché auprès des petits et moyens e-commerçants français en %
d’utilisation parmi les répondants (Source : étude Oxatis/KPMG)
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 41
Le passage par une marketplace permet un accès simplifié au marché mondial. Ainsi, 29% des
e-commerçants français vendraient via une marketplace. Parmi les entrepreneurs interviewés
dans le cadre de l’étude Oxatis/KPMG : 61% déclarent vendre via eBay, et 56% via Amazon
plaçant ces deux marketplaces en tête du panel.
Développer sa propre marketplace est devenu une stratégie largement répandue chez les e-
commerçants les plus importants (à l’image de Fastbooking lancé par Accor Hôtels par
exemple). Ce nouvel outil permet de proposer une offre élargie en limitant les coûts
d’infrastructures. La généralisation de ce type de solutions, en particulier chez les e-
commerçants les plus importants, s’explique également par le dynamisme d’acteurs proposant
des solutions de marketplace : c’est le cas de Mirakl, Wiazaplace, Text Master, Izberg,
Boutwik ou encore Cocolabs, qui accompagnent les grands sites dans le développement de
plateformes35.
De cette façon, l’ensemble des acteurs arrive à tirer parti de la situation :
- d’une part les plus gros e-commerçants assoient leur position dominante sur le marché
en s’appuyant sur l’offre proposée par les petits et moyens e-commerçants ;
- d’autre part les petits et moyens e-commerçants, n’ayant pas la taille critique pour
qu’il soit payant de lancer un site ou une marketplace propres, profitent d’une visibilité
élargie. Ceux-ci font également jouer la concurrence entre les différentes
plateformes en multipliant l’utilisation de ces « vitrines » pour décupler leur visibilité.
Les critères de choix de l’une ou l’autre des marketplaces présentes en France
diffèrent en fonction de l’image recherchée par le vendeur, des services proposés
par la marketplace, et de son engagement dans certains combats (par exemple, lutte
contre la contrefaçon). Ainsi, certaines marketplaces sont qualifiées de
« généralistes », alors que d’autres sont plus « typées » : par exemple Cdiscount
présente une offre low-cost, la FNAC quant à elle donne une image de qualité
supérieure, etc. Pour autant, la marketplace peut également présenter un risque de
dépendance forte pour les plus petits acteurs, dès lors qu’elle propose des services
intégrant l’ensemble des prestations, depuis la vente jusqu’à la livraison.
Au-delà de cet accès au marché grand public de pays étrangers, l’engouement pour les
marketplaces, en particulier auprès des acteurs de taille petite à moyenne, s’explique
également par des services aujourd’hui largement proposés au sein des différentes
marketplaces :
- la traduction automatique en différentes langues ;
- des services de conseil juridique (expertise sur les réglementations douanières) ;
- ponctuellement, des partenariats avec des acteurs du marché de l’offre logistique :
Envoismoinscher et Mondial Relay pour eBay et B2CEurope pour Amazon.
Ainsi, en 2014, 97% des PME françaises présentes sur la plateforme eBay en 2014 auraient
exporté au total, grâce à l’audience multinationale de cette marketplace, vers 203 marchés
nationaux36 : en moyenne, chacune de ces entreprises vendrait ses produits vers 17 pays
35 « Marketplace, la source de croissance pour les e-marchands », Ecommercemag.fr, SALGUES F., 3/10/2016 36 d’après le rapport sur l’activité des PME françaises en ligne en 2015 publié par Ebay
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 42
différents chaque année alors que les entreprises européennes traditionnelles n’exporteraient
en moyenne que vers 4 pays.
Ce modèle semble s’inscrire dans la durée alors que 71% des entreprises ayant entamé une
activité export au sein d’eBay la poursuivent après 3 ans (ce chiffre serait de 16% seulement
pour les entreprises traditionnelles) 5.
La marketplace reste néanmoins encore perçue comme un simple canal de vente, et encore
peu comme un partenaire logistique. Au sein de l’enquête en ligne, plus de la moitié des
répondants commercialise ses produits via une ou plusieurs marketplaces :
- Seuls 15% des e-commerçants interrogés utilisent les services logistiques (stock)
proposés par les marketplaces, et seulement 8% le transport. En revanche, les
solutions de paiement et d’aide au pilotage des ventes sont très largement
utilisées.
- Presque la moitié des e-commerçants juge que l’offre de services des marketplaces
ne répond pas pleinement à leurs attentes.
- Chez les plus gros acteurs, une logique de capture de la relation avec le client et
d’intégration des compétences
Derrière ces stratégies de développement à l’international, les plus importants acteurs du e-
commerce cherchent à se développer sur les différents maillons de la chaîne de valeur, afin
de capturer le maximum de la valeur ajoutée d’une part, mais aussi de fidéliser leurs clients en
les « attachant » par une gamme de services complète en mode « guichet unique ».
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 43
Les sites marchands spécialisés cherchent à occuper l’ensemble de la chaine de valeur en
contact avec le client, du moteur de recherche à la distribution : c’est notamment le cas de
gros retailers comme Spartoo qui a progressivement internalisé les différentes compétences
de la chaîne de valeur.
3.3. LES ATTENTES DES CONSOMMATEURS RENDENT CRITIQUES LES COMPETENCES
LIEES A LA LOGISTIQUE
Les besoins et contraintes des e-commerçants vis-à-vis du lancement d’une activité export
sont également à analyser à la lumière
des demandes des consommateurs
finaux.
Selon une récente enquête publiée
par PayPal (et réalisée par l’institut
Ipsos)37 : séduire le consommateur
(face à un article « national » vendu
lui aussi en ligne) demande de
satisfaire les contraintes suivantes :
Figure 15 : Facteurs incitatifs et barrières de l'achat dans un pays étranger (Source : Enquête
Ipsos/Paypal)
Ainsi, au sein des facteurs incitatifs comme des barrières, le client accorde une attention toute
particulière à la logistique (en rouge), qui joue un rôle primordial dans le développement
d’une activité export : la livraison (coût, délai, sûreté), les retours, le service client sont autant
d’objets d’attention spécifiques des consommateurs.
Le coût de livraison
En particulier, le coût de livraison arrive en tête des facteurs incitatifs comme des
barrières, faisant de celui-ci le critère d’attention principal tant des consommateurs dans
le choix de leur site que des e-commerçants dans la sélection d’une offre de livraison.
La décision de facturer ou non toute ou partie du coût de la livraison est laissé à la libre
appréciation du e-commerçant qui prend en compte différents facteurs de décision
(valeur du panier, probabilité de devoir gérer un retour, positionnement de la marque, …).
Pour les e-commerçants choisissant de refacturer un coût de livraison celui-ci ne reflète
généralement pas le coût facturé au e-commerçant par son prestataire logistique. Ce
choix a un impact sur la compétitivité de l’offre du e-commerçant d’autant plus qu’Amazon
37 D’après PayPal, 2015, « PayPal cross border consumer research 2015 », enquête réalisée entre septembre et octobre 2015 auprès de 23,354
adultes de 29 pays.
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 44
promeut l’idée d’une livraison gratuite (Amazon Premium, Amazon Prime Now, ... gratuites
en contrepartie d’un abonnement annuel).
Les retours
De même la gestion des retours, et leur gratuité est un facteur incitatif important
d’achat. Ainsi, proposer au client une gestion simplifiée des retours devient une obligation
pour l’e-commerçant, en particulier au regard des critères suivants :
Le secteur d’activité :
Le textile et l’habillement sont directement concernés. Plus les produits sont chers, plus les
taux de retours sont élevés, notamment dans la chaussure ou le prêt-à-porter. Certains
produits spécifiques, comme les jeans, costumes ou vestes en cuir, connaissent des taux de
retour élevés (de 15 à 25%). Par contre, les sites de ventes privées connaissent des taux de
retour faibles (moins de 10%) et les parfums ou l’alimentaire, des taux de retours quasiment
nuls.
Le pays de destination :
Pour les pays hors UE se pose le problème des droits de douane, compliqués à récupérer,
mais aussi du statut du produit retourné vis-à-vis de la douane française. Enfin, sauf s’il est
massifié, le coût du transport retour correspond plus ou moins à celui du transport aller.
Donc assez logiquement, plus le pays est lointain, c’est à dire avec un coût de transport
élevé, plus le risque financier lié aux retours est important.
Le produit lui-même :
Certains produits se prêtent mal à un retour. A titre d’exemple, les produits de décoration
nécessitent du fait de leur fragilité un emballage spécifique. Comme nous le précise, l’un
des e-commerçants rencontrés, « de nombreux produits s’endommagent durant le
retour », parfois du fait d’un défaut d’emballage, d’où le choix souvent fait par l’e-
commerçant d’abandonner le produit sur place, générant ainsi une perte totale (coût de
fabrication, coût d’expédition, …).
Certains e-commerçants ont donc décidé d’arrêter l’export de certaines typologies de
produits du fait de coûts de logistique trop importants : c’est notamment le cas pour les
marchandises de gros volumes (par exemple meubles). Lorsque le coût de transport retour
devient prohibitif au regard du panier, d’autres préfèrent rembourser le client sans rapatrier le
produit.
3.4. LES DIFFERENTES ORGANISATIONS LOGISTIQUES
Il est possible de découper la chaîne de l’export e-commerce en différents segments,
présentés dans la figure ci-dessous (figure 16). La suite de ce rapport s’intéressera en
particulier aux segments de la chaîne export e-commerce liés à la logistique pure, c’est-à-
dire la préparation, le transport, le dernier kilomètre, l’éventuel flux retour.
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 45
Figure 16 : Schéma des différentes étapes de la chaîne logistique e-commerce export (Source : PMP/Logicités)
Chez les petits et moyens e-commerçants exportateurs, la gestion des étapes de transport
pur (en vert) est très souvent confiée à un tiers.
Deux grandes catégories de pratiques peuvent être observées : l’injection directe ou le
recours à un opérateur de colis.
- Le recours à un opérateur de colis
La première solution, la plus communément utilisée par tous les petits e-commerçants en
fonction de leur volume quotidien pour un pays donné, est de contracter avec un opérateur
du colis, donc du réseau postal ou un expressiste / monocoliste, voire un réseau de points
relais.
Dans ce cas, le schéma logistique est le suivant :
Figure 17 : Schéma de livraison vers un pays européen dans un réseau de distribution de colis (Source : PMP/Logicités)
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 46
Si l’e-commerçant propose plusieurs solutions de transport vers le pays concerné, par
exemple un réseau colis standard, une solution express et une solution de points relais, il peut
être amené à décliner plusieurs schémas de ce type en fonction de chaque solution
proposée.
- L’injection directe
Les réseaux de transport sont à ce jour essentiellement des réseaux physiques nationaux, qui
proposent souvent des offres internationales, à l’instar des expressistes. Ces réseaux sont
organisés en points de collecte (les agences), hubs inter-régions ou inter-pays (parfois
segmentés entre international routier et aérien), puis agences de distribution. Ces réseaux en
étoile sont rarement des réseaux multi-pays. Les expressistes, par leur organisation puissante,
disposent de réseaux dans tous les pays. Ce n’est pas encore le cas de GLS et Hermes, qui
ont une présence encore partielle, même si leurs réseaux tendent à se développer.
Pour ce qui concerne le territoire français, la plupart des réseaux restent des réseaux
nationaux, le « passage de la frontière » subsistant et nécessitant de faire appel à un autre
réseau.
Cette logique de réseau national incite de nombreux e-commerçants à mettre en place des
solutions de transport en injection directe. L’injection directe consiste à massifier des flux à
partir d’un emplacement d’origine (par exemple un entrepôt e-commerce), à les acheminer
directement vers le hub dans le pays de destination, et à utiliser un réseau de distribution local.
Cette solution permet de réduire de façon considérable les prix du transport pour au moins
deux raisons
l’e-commerçant effectue directement la massification sans faire appel à un tiers (le
réseau de colis) ;
l’e-commerçant négocie localement le transport et peut ainsi mettre en concurrence
différents réseaux de distribution présents dans le pays cible.
L’injection directe peut être schématisée de la façon suivante :
Figure 18 : Schéma d’injection directe vers un pays européen (Source : PMP/Logicités)
L’injection directe peut uniquement être pratiquée dès l’existence d’un flux régulier vers un
pays représentant quotidiennement (ou tous les deux jours au maximum) 2 à 3 palettes
complètes et plus. Si l’on considère, cette donnée étant extrêmement fluctuante, qu’une
palette correspond à 50 colis, cela signifie que cette solution est envisageable pour au
minimum 100 colis par jour vers un pays étranger, donc de l’ordre de 25 000 colis par an. Si
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 47
on se réfère aux chiffres de la FEVAD, moins de 5% des e-commerçants français atteignent ce
volume de commandes, on parle donc bien des gros sites e-commerce uniquement.
Les grands e-commerçants font tous le choix de l’injection directe dès que le volume par
pays concerné leur permet de mettre en place ce principe. Il s’applique à tous les pays
européens mais peut aussi se décliner pour des flux plus lointains, en utilisant alors le fret
maritime.
La mise en place d’une traction en injection directe permet de bénéficier de tarifs de livraison
préférentiels
Les gros e-commerçants, par le volume qu’ils génèrent ou peuvent espérer générer dans un
futur proche en exportant sur une zone définie, disposent d’un pouvoir de négociation
important. Ils ont également nécessairement déjà mis en place des partenariats avec des
transporteurs sur le marché national et des conditions négociées pouvant les aider à obtenir,
dès le démarrage d’une activité sur un pays étranger, des conditions satisfaisantes.
Si le volume devient conséquent sur un pays donné, ils peuvent mettre en place des solutions
de transport en injection directe, leur permettant d’acheter le transport aux conditions
locales. En effet, dans certains grands pays européens comme l’Allemagne ou le Royaume-
Uni, les solutions locales de livraison sont commercialisées à des prix inférieurs à la France ;
cette différence peut, dès un volume minimum atteint, permettre de compenser une partie du
prix d’acheminement vers le pays.
Les opérateurs impliqués sont de deux types :
pour la traction, il s’agit d’un transporteur de groupage international ayant mis en
place des lignes quotidiennes vers le pays concerné. Les principaux transporteurs au
départ de la France sont DB Schenker, Kuhne + Nagel, Dachser, Heppner, Geodis,
etc. ;
l’opérateur local est un spécialiste local de la distribution de colis au particulier. A
titre d’exemple, une solution d’injection directe vers l’Italie pourra permettre d’injecter
sur le réseau local de BRT ou SDA. En Espagne, l’e-commerçant pourra choisir Correos,
mais aussi Seur, ASM, ou Celeritas. Chaque pays européen dispose d’une offre locale
de transport de colis avec 2 à 5 opérateurs majeurs qui seront dans ce cas mis en
concurrence.
Dans les faits, la majorité des acteurs n’élabore pas de stratégies particulières et répondent
aux demandes au cas par cas : Il s’agit souvent de reproduire un schéma logistique connu, en
étendant la solution logistique sélectionnée pour la France aux envois à l’export.
Ainsi, dans de nombreux entretiens menés, le « réflexe », une fois la demande
d’acheminement d’un client étranger reçue, consiste à se tourner en priorité vers l’acteur qui
gère les flux existants nationalement (souvent La Poste pour les plus petits acteurs).
Cet acteur peut également être un prestataire logistique intégré (tel Viapost), si l’entreprise
a fait le choix de l’externalisation logistique pour l’activité BtoC France. De cette façon, l’e-
commerçant possède un pouvoir de négociation non négligeable pour étendre le périmètre
sous-traité et y intégrer l’activité export. Le passage par un unique prestataire représente une
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 48
solution comportant de nombreux avantages, tant au niveau des développements du Système
d’Information nécessaires à l’instauration de la solution (qui restent relativement identiques, à
l’inverse lorsqu’une nouvelle offre est choisie, la mise en place d’évolutions SI spécifiques est
très souvent nécessaire), qu’au niveau du règlement des litiges, et des services
complémentaires proposés (suivi, SAV, service client).
Ces différents modèles logistiques peuvent ainsi cohabiter : Un e-commerçant peut par
exemple générer des volumes importants en injection directe sur de la livraison standard et
proposer une solution express, qui sera réalisée suivant le premier schéma (contractualisation
avec un opérateur proposant une solution intégrée), correspondant à des petits volumes.
Dans les faits, on observe différents degrés d’externalisation des segments de la chaine
logistique export, certains e-commerçants continuant de garder la main sur certaines
activités, par exemple :
chez les e-commerçants faisant état de flux réduits, c’est notamment la préparation
du colis ou encore l’enlèvement (qui devient un transport vers un hub) qui restent
internalisés ;
chez les majors de l’e-commerce, le développement de compétences en matière de
transport conduit parfois à une internalisation progressive de l’ensemble des
segments.
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 49
Bien que les e-commerçants français soient en très forte majorité de petites structures, plus de
la moitié d’entre eux réalisent déjà des ventes à l’export.
Néanmoins, le poids de l’export dans le CA e-commerce des acteurs reste faible pour une
grande majorité d’entre eux (53% réalisent moins de 5% à l’export d’après enquête en ligne
PMP), notamment au regard des moyennes européennes. En outre pour les petites structures
les ventes à l’export sont majoritairement réalisées en Belgique qui présente des facilités
linguistiques, juridiques, règlementaires et logistiques pour un e-commerçant français et dont
les consommateurs sont très matures quant à l’achat on-line sur des sites étrangers, illustrant
un manque de maturité.
Si le e-commerce transfrontière présente des opportunités de développement significatives
en Europe mais également dans le monde, il suppose néanmoins de maitriser un certain
nombre de compétences.
Les principaux besoins des e-commerçants français concernent d’une part la langue, qui
freine le développement du e-commerce transfrontière, de très nombreux sites marchands
français n’étant pas traduits, d’autres part les compétences relevant de la logistique, celle-ci
pouvant présenter un risque financier important si elle n’est pas maitrisée :
Prise en compte des pratiques locales d’achat (mode de paiement ou de retrait des
colis) et de leur impact sur la livraison,
Gestion des retours
Maitrise du coût de livraison (et de retour de la marchandise le cas échéant
Si certaines de ces compétences peuvent être développées en interne, et nécessitent de se
former, d’autres au contraire demandent des capacités techniques et des infrastructures
adaptées : c’est en particulier le cas du segment logistique. De fait, ce sont les plus petits e-
commerçants qui sont les plus concernés par ces différents besoins.
De plus, de nombreux éléments de l’expérience client ayant trait à la logistique arrivent en
tête des préoccupations du consommateur final (et notamment le prix) ce qui la rend
d’autant plus critique pour l’e-commerçant dans un marché mondialisé dans lequel il est en
concurrence avec à la fois des e-commerçants locaux et des enseignes physiques.
Ainsi, parmi les e-commerçants, deux postures opposées vis-à-vis du développement d’une
activité export e-commerce se dégagent ; elles dépendent notamment de la connaissance et
des compétences de l’e-commerçant en matière d’export, de la typologie de produits traités
et des pays d’exportation :
une posture offensive adoptée par ceux ayant pour objectif clair de se développer à
l’international et qui réussissent à mettre en place des stratégies variées pour arriver à
atteindre cet objectif : passage par une marketplace, développement d’un réseau de
distribution physique international s’appuyant sur des partenaires locaux, , etc. ;
une posture opportuniste adoptée par ceux n’ayant pas de stratégie de
développement à l’export mais qui reçoivent des sollicitations de clients situés à
l’étranger et décident d’y répondre.
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 50
Plusieurs solutions peuvent être exploitées par le e-commerçant pour assurer la livraison
export : l’injection directe, le recours à un monocoliste ou à un expressiste. Ces différentes
solutions, proposées par des acteurs distincts, présentent des caractéristiques, des tarifs et
une qualité de service différents.
Quelques interrogations subsistent alors :
La faiblesse relative des exportations e-commerce françaises s’explique-t-elle par
l’accès des e-commerçants de ces pays à une offre logistique différente ? Ou y a-t-il
d’autres causes qui entrent en jeu ? Quel est l’importance de la logistique parmi
l’ensemble des facteurs de difficultés à l’export ?
L’offre proposée varie-t-elle en fonction des profils d’e-commerçants ?
Dans quelle mesure les e-commerçants peuvent-ils accéder à une offre
correspondant à leurs besoins ?
Si non, quels sont les besoins qui restent non couverts et comment cela influence la
stratégie logistique et plus généralement la stratégie export mise en place par les e-
commerçants ?
Dans la partie suivante, l’étude s’intéresse au marché de la livraison, à ses acteurs, et aux offres
développées, en particulier à destination des petits et moyens e-commerçants souhaitant
exporter leurs marchandises vers de nouveaux marchés. Dans une troisième partie, l’étude se
concentre sur les freins rencontrés par les e-commerçants et sur les stratégies logistiques
mises en place.
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 51
PARTIE 2 : EN FRANCE, LE MARCHE DE LA LIVRAISON EXPORT
CONNAIT DE PROFONDES TRANSFORMATIONS
Cette partie s’appuie à la fois sur un travail de revue de littérature, complété par une analyse
des données de l’enquête en ligne menée entre Septembre et Novembre 2016 (voir détails
en annexe) et des 21 entretiens auprès de e-commerçants menés entre Juillet et Octobre
2016. Les citations issues des entretiens sont anonymes et restituées en italique, entre
guillemets.
Le développement du e-commerce engendre une augmentation importante du volume de
colis expédiés. Ainsi, la livraison B2C e-commerce devient progressivement une part
significative de l’activité de l’ensemble des acteurs de la livraison, qui développent des offres
adaptées, notamment à l’export.
Ces offres peuvent être rassemblées en quatre catégories bien distinctes :
- les offres de livraison dites « classiques », portées en particulier par les acteurs
postaux nationaux tels La Poste ;
- les offres express, développées par des acteurs privés internationaux, spécialistes de
l’export ; il faut toutefois mentionner que les acteurs de l’express proposent également
en complément de leur offre express des offres standards, qui se rapprochent ainsi en
terme de service de la première catégorie.
- les offres de livraison au départ des points relais ;
- les nouvelles offres de livraisons, provenant de grossistes, comparateurs ou intégrateurs
de solutions ;
Ces différents types d’offres sont partiellement ou en totalité portées par différentes familles
d’acteurs (voir figure 19) :
- les places de marché, qui interviennent principalement sur les premiers segments de
la chaine logistique : sélection du mode de livraison, paiement de la commande, …
même si l’offre en services complémentaires (y compris logistiques) se développe de
plus en plus ;
- les acteurs du colis (B2B, B2C, expressistes, acteurs postaux) : ces acteurs
interviennent sur plusieurs segments de la chaîne logistique export et apportent de ce
fait une offre composée de nombreux services, adaptés à différentes typologies de
clients ;
- les prestataires logistiques : ces acteurs sont spécialistes du segment B2B et sont
capables d’offrir une offre intégrée (depuis la gestion du stock jusqu’à la livraison) ou
segmentée (comme c’est le cas de l’injection directe par exemple) ;
- les solutions premier ou dernier kilomètre : ces solutions sont globalement récentes et
portées par de nouveaux acteurs ;
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 52
Ainsi, l’ensemble de l’offre de livraison est caractérisé par son évolution rapide, afin de
s’adapter à la croissance du marché du colis transfrontière, mais aussi à la diversité des acteurs.
Figure 19 : Positionnement des différents acteurs sur la chaîne logistique export (Source : PMP/Logicités)
Souvent positionnés sur les marchés correspondant aux grands e-commerçants, les
opérateurs semblent clairement développer une stratégie visant à capter le marché des
petits et moyens e-commerçants.
Les raisons sont souvent multiples :
le segment des petits e-commerçants est un segment de croissance ;
il permet de dégager des marges plus élevées, dans un secteur très concurrentiel
marqué par une tendance à la baisse des prix : les principaux sites e-commerce usent
de leurs volumes pour négocier les tarifs de livraison assez bas pour leur permettre
d’offrir celle-ci à leurs clients alors que les plus petits e-commerçants utilisent
massivement les offres de La Poste et n’accèdent pas à des remises : le coût du
transport varie très fortement en fonction des volumes exportés. Ainsi, le segment e-
commerce représenté par les plus petits acteurs (15% du CA) est considéré comme
porteur des meilleures marges, même si les volumes unitaires restent faibles ;
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 53
le marché des gros e-commerçants est déjà saturé.
Ce marché des petits et moyens e-commerçants, du fait de profils et de besoins particuliers,
permet aussi l’émergence d’offres nouvelles.
Ainsi, on observe aujourd’hui une modification de l’offre et des services proposés par les
acteurs historiques de la livraison, qui développent progressivement des offres adaptées aux
plus petits acteurs.
D’autres acteurs, souvent nouveaux, viennent compléter l’offre existante en développant des
services spécifiques, souvent positionnés sur des segments précis de la chaîne logistique
export, qui cristallisent les difficultés des petits acteurs : c’est par exemple le cas de la
collecte (appelée également enlèvement ou premier kilomètre).
1. LE GROUPE LA POSTE, UNE OFFRE MULTIPLE,
EVOLUTIVE ET PREPONDERANTE
L’opérateur postal occupe logiquement une place prépondérante, comme dans la
plupart des pays, la distribution du colis. L’e-commerce devrait rapidement constituer le
principal marché de La Poste, pour le secteur du colis avec 50% de l’activité, selon La Poste38.
Le nombre de colis « classiques » distribués par La Poste en 2015 est de 274 millions39, en
progression de 1,86% par rapport à 2014. Ce chiffre intègre le colis national et international.
Ce taux de croissance reste faible au regard de l’évolution du marché du colis. La croissance
de l’e-commerce, d’environ 14% par an en France et la diminution régulière du prix du panier
moyen d’environ 5% par an laisse penser que le volume de colis augmente chaque année
d’environ 19%. La part de marché du Groupe La Poste diminue donc, malgré la bonne santé
retrouvée et un taux de croissance de 1,6% en 2015 (activité colis).
Elle reste toutefois, pour ce qui concerne le colis, extrêmement importante par rapport à
celle de l’opérateur postal dans la plupart des pays européens. Dans le cadre des entretiens
conduits, PostEurop indiquait à ce propos que, dans de nombreux pays membres de cette
association, la part de marché de l’opérateur postal national n’atteint sur le segment du colis
que 10 à 20%. Elle est au-delà de 60% en France. L’étude de benchmark effectué sur 3 pays
européens voisins (la Belgique, l’Allemagne et le Royaume-Uni) montre également que le
poids de l’opérateur postal en charge du service universel sur le marché du colis est plus
important en France que dans les autres pays analysés. Certains interlocuteurs rencontrés lors
de cette étude parlent de situation de « monopole ». Bien évidemment, ce terme est
inexact au regard de la concurrence existante dans le secteur, il s’agit plutôt d’une position
prépondérante.
La Poste dispose toutefois d’un avantage majeur sur ces concurrents rappelé par la plupart
des acteurs interrogés : la couverture géographique du réseau de bureaux de Poste, cette
situation se retrouvant dans les autres pays étudiés.
38 Document de référence 2015 Groupe La Poste 39 Document de référence 2015 Groupe La Poste
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 54
1.1. PRESENTATION DES ENTITES DE LA POSTE
Le groupe La Poste est organisé en cinq branches distinctes (détaillées dans la figure ci-
dessus) dont deux ont une activité en lien avec l’export de colis, depuis la France : Services-
Courrier-Colis et Geopost.
Ces deux branches concentrent différentes entités (ou marques). Parmi elles, nous nous
intéresserons en particulier aux entités présentes sur le marché de l’export de colis depuis la
France, c’est-à-dire :
- La branche Services-Courrier-Colis (48,6% du CA du groupe), qui comprend
notamment les entités suivantes :
o La Poste, acteur postal national, proposant des offres à destination des petits
expéditeurs ;
o Asendia, joint-venture entre le groupe La Poste et Swiss Post, proposant des
offres de livraison à destination de la France et de la Suisse ;
o Viapost, prestataire logistique du groupe, intervenant dès la gestion de stock,
jusqu’à la livraison finale, y compris à l’international, par l’intermédiaire d’autres
entités du groupe.
- La branche Geopost (24,3% du CA du groupe), et son réseau DPD group :
o DPD et Chronopost (au départ de France), offres de livraison au départ de
France, s’appuyant sur le réseau DPD ;
o SEUR, prestataire de livraison en Espagne ;
o Interlink Express, prestataire de livraison au Royaume-Uni ;
o Pickup, réseau européen de point relais et consignes de retrait.
L’ensemble des entités citées fait l’objet d’une description plus large en Annexe 2.
Geopost est ainsi le 2ème opérateur européen de livraison de colis express, après DHL,
avec 11% de part de marché. La branche réalise aujourd’hui 78% de son chiffre
d’affaires hors de France (3,8 milliards €) et distribue environ 1 milliard de colis par
an.
Figure 20 : Branches et entités du groupe La Poste
(Source : PMP/Logicités, d’après http://legroupe.laposte.fr/profil/le-groupe-en-bref/l-
essentiel)
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 55
Figure 21 : Positionnement des différentes entités sur la chaine logistique export (Source : PMP/Logicités)
A travers ces différentes branches et entités, le groupe La Poste a construit progressivement
un positionnement sur l’ensemble de la chaîne logistique export grâce à la mise en place de
différents réseaux et offres (figure 21).
1.2. PRESENTATION DE L’OFFRE PROPOSEE PAR CES DIFFERENTES ENTITES
L’offre du groupe La Poste est multiple, évolutive et s’adresse à toutes les catégories d’e-
commerçants. Elle est la résultante des énormes efforts entrepris par le groupe afin de
consolider sa place sur son marché national et de lui donner une dimension européenne, que
très peu d’opérateurs postaux peuvent prétendre atteindre.
Nous détaillerons ci-après les différentes composantes de l’offre du groupe La Poste, en
fonction des entités auxquelles elles se rattachent : La Poste, Asendia, Chronopost et DPD.
Produits et services Lettre
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 56
Tableau 1 : Présentation des offres service universel distribuées par La Poste (hors Colissimo)
Tableau 2 : Présentation des offres hors service universel La Poste
Les offres commercialisées par La Poste se décomposent en 11 déclinaisons pouvant être
rassemblées en deux groupes distincts :
- Les offres relevant du service universel :
Elles s’adressent aux expéditeurs de petits colis (moins de 20kg) et offrent une qualité
de service standard : la préparation de l’envoi, l’enlèvement sont laissés à l’expéditeur
(qui doit venir déposer les colis au guichet d’un bureau de poste), il n’y a pas de
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 57
service retour prévu. Le suivi est limité aux offres recommandées, vers certains pays
uniquement (15 seulement).
Parmi les acteurs du e-commerce auxquels nous nous intéressons, ces offres
s’adressent aux expéditeurs gérant de faibles volumes d’envoi, des petits colis et ayant
fait le choix d’une qualité de service standard.
- Les offres ne relevant pas du service universel :
Cette seconde famille d’offres s’adresse à une plus grande variété de profils
d’expéditeurs : les colis traités peuvent aller jusqu’à 30kg, certains services
comprennent des emballages prêts à expédier, un enlèvement à domicile, un suivi des
expéditions, etc. La qualité de l’offre répond mieux aux besoins qu’affichent les e-
commerçants, cependant il n’existe toujours pas de service retour intégré et les tarifs
sont relativement élevés.
Cette offre s’adresse en priorité à des expéditeurs occasionnels, souhaitant faire
parvenir tout type de colis avec une bonne qualité de service. Elle convient par
exemple aux e-commerçants traitant des paniers de valeur assez élevée, souhaitant
envoyer occasionnellement des colis à des clients domiciliés hors de France.
Au vu des prix publics affichés (cf benchmark en annexe) , déclinés en différentes
tranches (dont le nombre peut aller de 3 à 60), cette offre ne peut pas répondre aux
demandes de petits e-commerçants (n’ayant pas toujours accès à des remises)
souhaitant développer une activité régulière d’export de marchandises de faible valeur.
- L’offre développée par Asendia (Profil Delivengo)
Tableau 3 : Présentation de l’offre Delivengo Profil
Cette offre s’appuie sur le paquet international de la poste mais permet, grâce à Delivengo
profil, accessible à partir d’un certain volume journalier expédié (aujourd’hui 30 colis/jour
mais prochainement 8 colis/jour), de bénéficier de remises et d’un service « business » :
1 interface de gestion (type Expeditor de Colissimo)
Génération d’étiquettes avec ou sans suivi
Collecte quotidienne (incluse dans les tarifs, fonction du lieu),
2 modes livraison :
o Rapide : J+3 à J+8 selon le pays de destination
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 58
o Economique : au-delà de J+8
Livraison : uniquement boîte à lettres
Tracking de bout en bout sur une vingtaine de destinations
Tarifs dépendant de la volumétrie
Pas de retour ;
Cette offre lancée en 2016 s’adresse avant tout aux e-commerçants en proposant des
solutions de livraison peu coûteuses (tarifs inférieurs à Colissimo), spécialement adaptées aux
volumes d’envoi réguliers, relativement légers (moins de 2kg) et de faible valeur. Cette offre
comprend l’enlèvement et le suivi (optionnel) de la marchandise. Elle permet de livrer dans la
plupart des pays, avec des délais relativement courts.
- L’offre Colissimo est en pleine mutation
L’offre Colissimo se décompose en deux catégories, relevant ou non du service
universel :
o L’offre relevant du service universel (envois inférieurs à 20kg) est distribuée en
bureaux de poste, le client dépose ainsi directement son colis au guichet ;
o L’offre disponible en ligne (https://www.colissimo.entreprise.laposte.fr) se
décline en différentes variantes Europe et Monde, avec ou sans signature, à
domicile ou en point relais. Dans ce cas, le client peut également avoir
recours à un enlèvement des colis à l’adresse de son choix. Cette option
supplémentaire doit faire l’objet d’un contrat spécifique pour la collecte,
facturée en sus. L’offre s’accompagne d’outils permettant une gestion à
domicile de l’envoi : des solutions d’affranchissement en ligne, une machine à
Tableau 4 : Détail de l'offre Colissimo (Source : information site La Poste)
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 59
affranchir. Des options et offres complémentaires sont proposées : Colissimo
retour (depuis les bureaux de poste), assurances, avis de réception, suivi vers
certaines destinations, etc. Cette offre a ainsi fortement évolué et s’est
enrichie sur les dernières années, notamment grâce au digital.
L’offre Colissimo Europe (Domicile et Point retrait) s’appuie sur les réseaux :
o DPD, ainsi le service Predict est par exemple disponible (outil de suivi pour le
client qui peut suivre et reprogrammer sa livraison, et modifier ses informations
à tout instant) ;
o Bpost, pour assurer la livraison en Belgique ;
o Seur en Espagne ;
o Post AG en Autriche ;
o Chrono PT au Portugal.
L’offre Colissimo, dans sa nouvelle version, est destinée aux e-commerçants de toute
taille, et donc notamment aux petits e-commerçants dont elle est au final la principale
solution. L’objectif annoncé est « de multiplier par trois l’activité export entre 2014 et
2020 ». En particulier, Colissimo entend offrir des « options clés en main pour les
petits e-commerçants » : pas de développement nécessaire à faire sur son site, une
offre accessible dès le 1er colis (pas de restriction de volume minimal), outils de
gestion tels Coliship (affranchissement, gestion de carnet d’adresses, édition
d’étiquettes, etc), service client. Dans sa formule 2016, l’offre s’accompagne d’un
guide export complet, présentant pays par pays les contraintes douanières et
règlementaires, les délais, les options disponibles.
Les deux activités (« export entreprise » et « guichet export ») « arrivent aujourd’hui à
équilibre, gérant respectivement 4 millions de colis chacune ».
Pourtant, il reste encore une harmonisation à conduire sur les informations
communiquées au travers des différents sites internet :
o Les offres présentées sur le site de La Poste ne portent pas la même
dénomination que celles du site Colissimo : alors que le site de La Poste
présente encore les offres « Colissimo International », les « options Colissimo
International » et l’offre « Colissimo prêt-à-envoyer », celui de Colissimo ne
mentionne que les offres Domicile (avec ou sans signature), Point Retrait et
Retour.
o Les offres « Expert » et « Access » qui sont normalement remplacées par
« Domicile » continuent à être mentionnées sur les documents de
communication de l’offre sur le site de La Poste.
o
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 60
- Les offres Chronopost et DPD s’adressent principalement aux gros e-commerçants
Le groupe La Poste propose également des offres de livraison transfrontière via sa
branche Geopost, commercialisées sous les entités :
o Chronopost (voir tableau ci-après), qui propose des offres express dans le
monde ciblant prioritairement les e-commerçants expédiant entre 1 et 200
colis mensuels ;
o DPD, acteur historiquement tourné vers les solutions B2B qui propose
aujourd’hui des solutions de livraison B2C à l’international (Predict, Relais,
Classic Europe, Classic Intercontinental) pour les gros acteurs (flux supérieurs à
200 colis mensuels). La logique de cet acteur consiste à développer « des
offres sur mesure » s’adaptant à l’ensemble des besoins exprimés. De fait, la
clientèle cible reste « les plus gros e-commerçants ».
1.3. FORCES ET FAIBLESSES DE L’OFFRE DU GROUPE LA POSTE
L’offre de livraison transfrontière du groupe La Poste présente des atouts incontestables, mais
aussi des risques qu’il convient de mentionner.
Ses principales forces sont les suivantes :
Une infrastructure permettant un accès facilité à l’offre grâce à l’existence d’un
maillage très fin du territoire pour la gestion de la collecte. De nombreux petits e-
marchands interrogés ont d’ailleurs confirmé que La Poste est le partenaire naturel
pour l’e-commerce transfrontière du fait de la présence locale du bureau de poste.
La Poste dispose en effet d’une multitude de points de collecte sur le territoire. Les
petits e-marchands peuvent ainsi sans difficulté déposer quotidiennement leurs colis
ou faire organiser un service de collecte, parfois commune avec celle du courrier : Le
groupe La Poste dispose ainsi de 9 254 bureaux de poste. Ce maillage du territoire
est complété par le réseau Pickup, premier réseau de points relais en France avec
7800 emplacements. De nouveaux points de contact viennent compléter cette offre
très étendue : les pickup stores (dont le premier a été ouvert en septembre 2016,
dans la région parisienne) et les consignes, actuellement essentiellement positionnées
en Ile-de-France.
Tableau 5 : Détail de l'offre Chronopost (source : site chronopost)
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 61
Une offre Colissimo avec une couverture internationale très large : 80 pays, avec suivi.
Et engagement de délai sur 26 destinations.
une offre Colissimo Europe en mutation rapide, qui prend en compte les besoins des
consommateurs des différents pays cible et une intégration informatique des données
de suivi colis (généralisation du système Predict) ;
des offres express (Chronopost) et petit paquet postal correspondant à des besoins
spécifiques dans l’e-commerce transfrontière ;
une offre développée par Asendia correspondant aux besoins des e-commerçants
moyens à gros, souhaitant acheminer des marchandises de faible volume et faible
valeur à l’international ;
un réseau européen structuré qui fait de DPD le second acteur européen du colis
après DHL. La puissance de DPD en fait un acteur important et un partenaire de
nombreux moyens et gros e-marchands, sur un marché très concurrentiel.
Figure 22 : Trois catalogues accessibles de présentation des tarifs 2016
Toutefois, l’offre du groupe La Poste présente certaines faiblesses, qui peuvent devenir à
terme des risques :
Une offre en bureaux de poste qui, bien qu’adaptée aux petits e-commerçants, reste
encore peu lisible :
o une offre trop peu lisible : le e-commerçant doit de lui-même s’orienter dans
la globalité de l’offre à destination des professionnels qui est multiple et
complexe ;
o l’information est disséminée sur différents sites et différents catalogues40
(présentés en figure 22) ;
40 Le catalogue « Principaux tarifs au départ de France Métropolitaine à compter du 1er mai 2016 », accessible via le site La Poste, espace
professionnels, le catalogue « Tarifs 2016, Courrier Colis Entreprise, Principaux tarifs au départ de France Métropolitaine au 1er Janvier
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 62
o l’information sur les taux de remise pratiqués n’est pas toujours facilement
accessible41 : alors que Chronopost affiche des taux de remise « de 10%
accordés à partir de 4 envois par mois », « de 20% pour 10 à 19 envois », et
ainsi de suite, Colissimo ne communique pas pour l’instant sur des taux de
remise à partir de seuils d’envois ;
o les offres proposées à cette clientèle de petits professionnels comprennent un
accompagnement encore limité : pas toujours de conseiller attitré, peu
d’informations en bureau de poste, pas d’appui ni d’apport d’expertise dans le
développement de l’export, pas de fidélisation ;
La Poste a fait évoluer son offre dernièrement afin de répondre plus spécifiquement
aux besoins de la livraison e-commerce :
o DPD propose une offre très complète, avec une large palette de services et à
des coûts compétitifs, dans une logique de sur-mesure. Cependant, celle-ci
s’adresse en premier lieu aux acteurs générateurs de flux B to B, dont plutôt
des flux multi-colis (plusieurs colis par expédition) et aux plus gros e-
commerçants. Toutefois, DPD est d’abord un réseau d’acteurs nationaux du
transport : Sa part de marché est hétérogène suivant les pays. Elle est très
élevée en Allemagne mais plus faible en Belgique. Ainsi, les gros e-marchands
peuvent choisir DPD dans certains pays et pas dans d’autres.
o Chronopost porte une offre particulièrement adaptée aux envois B2C e-
commerce, mais celle-ci reste chère et limitée de fait, aux expéditeurs gérant
de gros volumes qui sont les seuls à même de négocier les prix ;
o L’offre Colissimo, ouverte à tous les profils d’e-commerçants a évolué ces
dernières années pour s’adapter aux besoins export des e-commerçants, tant
en termes de services proposés qu’en termes de tarifs (avec Colissimo Europe
notamment) ; l’offre peut être encore étendue (retour sur 20 pays ; Colissimo
Europe de 6 à 15 pays pour fin 2016) et les possibilités de remises plus visibles
en réseau pour être accessibles aux petits e-commerçants.
o Enfin, l’offre développée par Asendia apporte une réponse pertinente à ces
différentes faiblesses mais n’est pour l’instant pas encore accessible aux plus
petits acteurs (minimum de 30 envois/jour), celle-ci va cependant évoluer
prochainement afin d’être proposée dès un seuil de 8 colis/jour (Janvier
2017) ;
Des organisations distinctes, qui entrent parfois en concurrence, rendant l’offre assez
peu lisible pour un client professionnel (sites internet distincts, pas de récapitulatif du
panel d’offres en fonction de critères d’envois).
2016 » accessible depuis La Poste Solution Business, le catalogue « Principaux Tarifs colis départ de France métropolitaine, 1er mai 2016 »
accessible via le site colissimo 41 Selon visites client mystère réalisées par PMP sur septembre 2016
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 63
1.4. ADEQUATION DE L’OFFRE DU GROUPE LA POSTE AU REGARD DES BESOINS
EXPRIMES PAR LES E-COMMERÇANTS
Le groupe La Poste, en plus d’être l’acteur prépondérant de la livraison de colis en France, a
pris une position européenne en étant présent dans la plupart des pays, avec un réseau
constitué d’acteurs nationaux puissants.
Figure 23 : Positionnement des offres de La Poste vis-à-vis des différents profils e-commerçants et solutions de prédilection choisies par les plus petits acteurs
Les solutions proposées constituent une gamme complète, qui va du petit paquet postal à
l’express, s’adressant à l’ensemble des profils d’exportateurs, tant en termes de volumes
exportés que de valeur panier (cf figure 23).
Au regard des besoins du e-commerce, l’offre adresse l’ensemble des segments : du très petit
e-commerçant aux plus grands acteurs. Si l’on se focalise sur les petits e-commerçants, traitant
de petits volumes de commandes mensuels, l’offre proposée exclut DPD. Celui-ci doit donc
choisir entre Chronopost, Colissimo ou le Service universel :
- Le service universel ne permet pas d’automatisation de l’envoi, qui doit être préparé
et déposé dans un guichet ;
- L’offre Colissimo s’adresse directement aux besoins du petit e-commerçant, lui
proposant une série de services clé en main, pourtant celle-ci reste chère et
complexe, en particulier lorsqu’on prend en compte l’enlèvement (contrat de
collecte) ;
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 64
- L’offre Chronopost est une offre express, qui s’adresse en priorité aux e-
commerçants :
o traitant de petits volumes mais des paniers de valeur élevés ;
o traitant d’important volumes et pouvant accéder à des remises importantes.
o Cette offre n’est pas disponible dans tous les bureaux de poste (notamment
en milieu rural)
- L’offre Asendia s’adressera prochainement aux moyens e-commerçants (à partir de 8
colis/jour dès janvier 2017)
Dans les faits, il apparait que les deux produits phares sélectionnés par les plus petits e-
commerçants (à près de 71% d’après l’enquête en ligne réalisée) sont l’offre Colissimo et le
petit paquet prioritaire international (à 50% chacun sur l’ensemble des destinations, mais
Colissimo est choisi prioritairement en Europe alors que le petit paquet et l’offre phare du
grand export).
La Poste a ainsi clairement développé son offre de colis export, pour tirer profit du potentiel
de ce marché afin de générer de la croissance, face à la baisse drastique d’autres activités
postales historiques.
Elle dispose d’atouts forts avec sa part de marché, son offre Colissimo et son important
maillage territorial qui lui permet de collecter les colis de l’ensemble des petits e-
commerçants situés majoritairement dans des petites villes de moins de 20 000 habitants.
Cependant, le potentiel du marché du colis e-commerce export attire de nombreux acteurs,
traditionnels et nouveaux. L’enjeu pour La Poste est tout d’abord d’accroître encore sa
compétitivité pour, en tant qu’acteur majeur, accompagner et favoriser la croissance du e-
commerce export. Il est aussi de se positionner, toujours de par sa position de leader
dominant, face aux nouveaux entrants qui peuvent à la fois être ses concurrents et ses clients.
2. LES OFFRES DES ACTEURS TRADITIONNELS DE LA
LIVRAISON B TO B ET B TO C (POINTS RELAIS ET
EXPRESS)
La croissance du marché du colis B2C a amené l’ensemble des acteurs B2B à
s’intéresser à la livraison de colis en B2C : par choix, dans une posture de conquête d’un
nouveau marché ou par nécessité, dans une posture défensive et afin de répondre aux
besoins de leurs clients historiques B2B investissant ce secteur.
Certains, sans même choisir cet axe stratégique, ont vu leur nombre de colis B2C augmenter
naturellement alors qu’une partie de leurs clients traditionnels ouvraient des sites e-
commerce et souhaitaient être en mesure de livrer leurs clients.
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 65
2.1. PRESENTATION DES OFFRES ET SERVICES DEVELOPPES PAR LES ACTEURS
TRADITIONNELS DE LA LIVRAISON B2B A DESTINATION DU SEGMENT E-COMMERCE
Hormis DPD et Chronopost, dont les offres ont été décrites ci-dessus, les principaux acteurs
du secteur sont les suivants :
- TNT Express et Fedex ne traitent que marginalement le segment de la livraison e-
commerce transfrontière
En France, TNT express a développé une clientèle e-commerce, ce qui n’est pas le cas dans
les autres pays européens excepté l’Italie. TNT réalise en France environ 10% de son Chiffre
d’Affaires dans le secteur de l’e-commerce, ce qui reste en deçà des niveaux atteints par ses
principaux concurrents. Cette activité est essentiellement constituée d’expéditions
nationales.
Malgré le rachat par Fedex, qui lui confère un positionnement et « une envergure
internationale aujourd’hui peu présente », « l’export e-commerce n’a pour le moment pas été
la stratégie de TNT ». Sur ce segment, le groupe « n’a pas d’offre et n’est pas attractif », les
activités export traitées actuellement sont essentiellement des opportunités, en général
d’accompagnement de clients, en utilisant l’offre B2B européenne
Pourtant, le rachat de TNT par Fedex pourrait amener à la mise en place d’une offre
spécifique au secteur du e-commerce : Si l’offre de TNT en France est essentiellement
nationale, ce n’est pas du tout le cas de Fedex qui dispose d’une offre d’express aérien pour
le monde entier au départ de la France.
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 66
Prestataire Nom de
l’offre
Profil de e-
marchand
ciblé
Services proposés (suivi,…) Niveau de
qualité
Typologie de
marchandises ciblée
TNT
express
TNT express Exportateur
petit à
intermédiaire
Livraison door to door 24-48 h
en Europe et 2 à 5 jours dans
le reste du monde avec
plusieurs services : dans la
journée, avant 12h, avant 10 h,
avant 9 h
Plusieurs
services
express +
service
economy
Valeur intermédiaire à
importante service
jusqu’à 210 kg
Fedex Fedex
International
Economy
Exportateur
petit à
intermédiaire
ou gros
Offre de livraison express 2 à
5 jours en Europe (route) et 3
à 6 jours dans le reste du
monde
Service
economy peu
urgent
Valeur intermédiaire à
importante service
jusqu’à 68 kg
Fedex Fedex
Priority,
Europe First,
International
First
Exportateur
petit à
intermédiaire
ou gros
Europe : le lendemain, dans la
journée, avant 9h, 9h30, 10h,
12 selon le service et les villes
Reste du monde : entre J+1
matin et J+4 selon le pays et
la ville
Express aérien Valeur élevée
GLS GLS Flex
delivery
Exportateur
intermédiaire à
gros
40 pays européens
2 à 4 jours
Standard Tous colis standard
moins de 31,5 kg
Tableau 6 : Description des offres TNT Fedex et GLS
- GLS s’intéresse en priorité aux plus gros acteurs de l’e-commerce
GLS est un acteur B to B, qui a progressivement développé une activité B to C : celle-ci
représente aujourd’hui entre le quart et le tiers de l'activité mais est encore traitée avec une
structure B to B. L’acteur dispose d’un réseau européen dense et est souvent présent dans
différents pays de façon plus importante qu'en France et a donc une stratégie qui déborde
de l'Europe : Il vient par exemple de racheter un opérateur aux USA.
GLS se positionne comme un des acteurs majeurs du colis en Europe, au même titre que DPD
ou DHL. GLS appartient à Royal Mail Group, qui possède également la solution de transport
express Parcelforce. GLS a noué un partenariat avec Mondial Relay, essentiellement afin de
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 67
déposer les colis en cas d'échec à la livraison en France. Il a également récemment mis en
place un service Flex Delivery Service, qui est proche du système Predict de La Poste.
GLS apporte une solution intégrée de distribution de colis au départ de la France vers 40
pays européens. L’acteur transporte aujourd’hui 436 millions de colis par an et développe
progressivement son réseau en dehors de l’Europe : Il vient par exemple d’acquérir une
société de transport express aux Etats-Unis, la société GSO.
Spécialisé dans les flux B2B, GLS a maintenant une part significative de son activité dans la
distribution e-commerce (environ 30%). Comme de nombreux acteurs du secteur, il cible
prioritairement des gros et moyens e-commerçants et apporte une solution 2-4 jours sur
l’Europe au départ de la France.
- Derrière un faible engouement affiché pour l’e-commerce, UPS étend progressivement
son offre à destination des petits e-commerçants en Europe
Pour UPS, le e-commerce « n’est pas un axe stratégique de
développement ». Ceux-ci ciblent « en priorité les gros acteurs », et
notamment leurs principaux « clients actuels B2B qui démarrent un
business à l’export ».
Pourtant, le développement de l’e-commerce justifie aujourd’hui le
rachat du réseau Kiala, afin de pouvoir proposer la livraison hors
domicile. C’est « une des priorités d’UPS », qui dispose déjà d’environ
15 000 points relais dans 8 pays européens.
De plus, l’acteur lance dès Novembre 2016 en France l’offre UPS Today,
qui cible précisément le créneau des petits e-commerçants. La principale
faiblesse de l’offre actuelle d’UPS est sa complexité : de nombreuses
lignes tarifaires et de très nombreuses options amenant des suppléments,
parmi elles : la livraison résidentielle (livraison à domicile).
Grâce aux taux de remise consentis, et sur lesquels UPS communique très largement, les petits
e-commerçants pourront bénéficier de tarifs réellement avantageux, dès les premiers colis :
« 1) 5% de crédit sur votre total de dépenses mensuelles si vous dépassez £40, à utiliser lors
de vos prochains achats, et 10% de credit si vous dépassez £100.
« Nous allons ouvrir en
novembre 2016 un
nouveau service, déjà
présent dans 4 pays), à
destination des petits e-
marchands. Ce service
UPS Today, utilisera
notamment les points
relais Kiala. Il est basé sur
une offre simple et des
prix agressifs »
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 68
2) A partir de 2 colis achetés, vous gagnez £1 par colis supplémentaire, sans limite de volume
(exemple : 10 colis vous font gagner £9 de crédit) »42
L’accent a été mis sur la lisibilité de la tarification, qui se répartit en 3 segments :
porte à porte ;
point relais vers domicile (dépose des colis en points relais Kiala/UPS Access Point) ;
point relais vers point relais.
Des programmes de remises/fidélisation en fonction du volume mais aussi en fonction du
nombre de colis collectés simultanément permettent d’inciter les e-marchands à regrouper
les expéditions et augmenter les volumes. Des remises sont également appliquées si la
dépose est effectuée en points relais ou la collecte par le consommateur final.
L’offre, qui est d’ores et déjà en place en Grande-Bretagne, Italie, Espagne et Pays-Bas, cible
en priorité les e-commerçants « expédiant entre 5 et 30 colis par mois ». Afin d’adresser au
mieux le segment des petits e-commerçants, la commercialisation de cette offre a nécessité
un partenariat avec un des plus importants « grossistes / comparateurs » européens,
Parcel2go, et l’on peut supposer que celle-ci sera également proposée en France via Boxtal,
qui est déjà partenaire d’UPS.
Prestataire Nom de l’offre Profil de e-
marchand ciblé
Services proposés (suivi,…) Niveau de
qualité
Typologie de
marchandises ciblée
UPS UPS Standard Exportateur petit
à intermédiaire
Offre porte à porte de messagerie
européenne (30 pays)
2 à 5 jours en Europe
Expéditions
peu urgentes
Jusqu’à 30kg
UPS UPS Express Exportateur petit,
intermédiaire ou
gros
Offre de livraison express 1 à 3
jours selon les pays (Express
saver) dans le monde ; service J+1
avant 10h30 en Europe (Express)
et dans certains pays (J+1 ou J+2)
et J+1 avant 9h (express plus) en
Europe et dans certains pays ou
villes (J+1 ou J+2)
Express aérien Jusqu’à 70 kg
UPS UPS Expedited Exportateur petit,
intermédiaire ou
gros
Offre de livraison sans urgence
dans le monde entier
Livraison planifiée
Expéditions
peu urgentes
Jusqu’à 70 kg
UPS avec
Parcel2go
UPS Today Petit exportateur 3 services : door to door, point
relais to door, point relais à point
relais
Options limitées
Grille de prix simplifiée
Remises en fonction du volume
4 niveaux de service en fonction
du délai : Standard, Express Saver,
Express, Express plus
Plusieurs
services
express
Valeur intermédiaire à
importante
Tableau 7 : Description des offres UPS
42 Site internet UPS Today UK
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 69
- DHL entend se positionner, par l’intermédiaire de Relais Colis, sur le segment des petits
acteurs du e-commerce
La France est le 5ème marché au niveau mondial pour l’entreprise qui y détient 33% de parts
de marché pour le segment express43. De plus, l’expressiste fait état d’une progression de
22% des expéditions traitées en France en 2016.
Récemment, DHL est entré au capital de Relais Colis (le groupe détient actuellement 27,5%
de Relais Colis et probablement plus à terme). Dans le même temps, Relais Colis, afin de se
moderniser, avait besoin d'une forte augmentation de capital pour mener le vaste plan de
modernisation que l’acteur s’est fixé et qui nécessite un investissement de 40 millions €.
A l’instar du groupe La Poste, DHL propose deux offres principales au départ de la France :
une offre express (DHL express) et une offre spécifique B to C, DHL Parcel :
- DHL Express apporte, selon les pays et les villes, des services d’express aérien dans le
monde entier, avec de nombreuses options.
Le site web permet à une entreprise ou un particulier d’acheter en ligne directement
les expéditions, en bénéficiant d’un tarif internet. Les comptes « entreprise »
permettent très rapidement d’accéder à des niveaux de remise élevés. DHL Express
entend développer son offre à destination du e-commerce, en proposant par exemple
la livraison en point relais (il a finalisé une prise de participation minoritaire de 27,5%
au capital de Relais Colis, qu’il devrait racheter complètement d’ici 2020) et
consignes (il met notamment en place un réseau SwipBox en partenariat avec
Franprix et Total et travaille en partenariat avec Inpost).
- DHL a développé, spécifiquement pour l’e-commerce, l’entité DHL Parcel (ex Global
Mail). Cette sous-structure du groupe, rattachée à la branche poste et colis, « cible
des e-commerçants de toute taille mais en priorité le top 100 », expédiant vers les
principaux pays européens. DHL Parcel apporte en Europe, au départ de la France
une offre compétitive avec un délai de 1 à 3 jours (sauf zones éloignées). DHL Parcel
propose des solutions sur mesure aux e-commerçants : les prix sont négociés en
fonction du nombre de colis, de la typologie des colis et des pays. Ils privilégient
l'injection directe, si les volumes le permettent, vers des partenaires locaux, souvent
issus du réseau DHL mais pas nécessairement. DHL Parcel est très présent sur les flux à
destination de l’Allemagne, du Benelux, mais aussi de l’Espagne et de l’Italie.
En dehors de l’Europe, la marque correspondante est DHL e-commerce.
43 « DHL dopé par l’explosion du e-commerce », Supply Chain Magazine, 30/09/2016
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 70
Pour accompagner le développement massif des flux par voie aérienne, et notamment en
direction de l’Asie, l’entreprise prévoit de développer ses propres hubs aériens à Roissy et à
Lyon (St Exupéry).
Prestataire Nom de
l’offre
Profil de e-
marchand
ciblé
Services proposés (suivi,…) Niveau de
qualité
Typologie de
marchandises ciblée
DHL
Express
DHL express
Worldwide
Exportateur
petit,
intermédiaire
ou gros
Offre de livraison express 1 à
5 jours selon les pays (service
rapide) dans le monde ;
service J+1 avant 9 h et J+1
avant 12h (service prioritaire)
pour certains pays
Express aérien Valeur importante et
urgence
DHL
Express
DHL
economy
select
Exportateur
petit à
intermédiaire
Offre porte à porte de
messagerie européenne
2 à 5 jours en Europe
Expéditions
peu urgentes
Produits plus
volumineux jusqu’à
250 kg
DHL Parcel DHL Parcel Exportateur
intermédiaire à
important
Offre de livraison en Europe
avec injection directe
1 à 3 jours
Offre sur-
mesure
Jusqu’à 30kg
Tableau 8 : Description des offres DHL
2.2. LES RESEAUX DE POINTS RELAIS DEVELOPPENT, DE FAÇON AUTONOME OU SOUS
L’IMPULSION D’AUTRES ACTEURS DE LA LIVRAISON, DES SOLUTIONS DE LIVRAISON
B2C EXPORT
Afin de se positionner sur le segment B2C en proposant une réponse adaptée aux demandes
des consommateurs (voir partie 1), les acteurs traditionnels de la livraison B2B, B2C et express
sont aujourd’hui forcés de disposer d’offre de livraison hors domicile. C’est ainsi que les
différents réseaux de distribution de colis développés au moment de la vente par
correspondance (VPC), entament aujourd’hui un développement :
- à la fois vers le e-commerce international, sous l’impulsion de leurs principaux
actionnaires : les grands acteurs de la livraison ;
- mais également d’offre de livraison C to C, en devenant par exemple les partenaires
de marketplaces telles Ebay.
Les principaux acteurs de solutions hors domicile présents en France sont Relais Colis (DHL),
Pickup, Mondial Relay (GLS) et Kiala (UPS Access Point). Il faut ajouter à ces quatre acteurs le
développement d’InPost avec son réseau de consignes Abricolis.
Ces différents réseaux ont aujourd’hui une fonction essentielle de distribution et de collecte
des retours sur le territoire français et pas nécessairement d’expédition transfrontière. Ils
rassemblent au total 22 000 points auxquels il faut ajouter les 2000 points Casino (points
relais Cdiscount) ainsi que les 700 consignes Abricolis (InPost) en zone urbaine utilisées par
Mondial Relay.
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 71
D’autres opérateurs de consigne émergent, notamment Pickup, qui considère son réseau de
consignes comme un complément au réseau de points relais, et Amazon. Les consignes
Amazon (environ 400 en France octobre 2016 mais plus de 1000 au Royaume-Uni) n’ont pas
actuellement d’activité transfrontière mais pourraient en avoir une à moyen terme.
En additionnant ces différents chiffres, ce sont ainsi plus de 25 000 points de contact (relais
ou consignes) déployés sur le territoire. Ce chiffre est en constante augmentation, à l’instar
des autres pays européens.
Au-delà du développement intrinsèque des réseaux mentionnés, il est possible que de
nouveaux acteurs, tels Amazon, développent leur propre réseau de points relais en
complément des consignes.
Même s’ils ne permettent pas un maillage du territoire aussi fin que les bureaux de poste, ces
réseaux représentent une réelle concurrence du modèle de La Poste, et permettent d’imaginer
de nouveaux modèles logistiques, en particulier sur le segment de la collecte.
- Les réseaux de points relais proposent des solutions de gestion des retours
Figure 24 : Chaîne de gestion des retours via un point relais (Source : PMP/Logicités)
Ce fonctionnement permet à l’e-commerçant de réduire le coût du transport retour (surtout
si une partie du coût du retour – le trajet local - est à la charge de l’e-consommateur) en
massifiant le retour vers l’entrepôt central en France (injection directe inversée), mais
également de :
pouvoir rembourser rapidement le client dès le contrôle de la marchandise en retour
effectué dans l’entrepôt local ;
disposer d’une adresse locale, qui simplifie ses relations avec l’internaute et établit une
relation de confiance.
La gestion des retours fait donc partie du business model de l’e-commerçant et constitue un
frein qui peut être géré en trouvant un partenariat avec une des sociétés spécialisées dans la
gestion des retours.
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 72
- Les réseaux de points relais développent de nouvelles offres de livraison à destination
des e-commerçants
Mondial Relay, qui est affilié au groupe Hermes, est intégré à une offre de transport
européenne.
L’acteur connait « une croissance forte sur la livraison e-commerce transfrontière : 12 à 13%
en 2016 » et entend asseoir aujourd’hui sa position sur ce segment en mettant en place une
offre à destination des petits e-commerçants, qu’il « cible spécifiquement depuis deux ans » :
les e-commerçants déposent dans les points relais les colis, qui sont récupérés dans le cadre
du réseau de collecte des retours et sont acheminés au travers du réseau Hermes. Cette offre
au départ de la France cible actuellement 8 des principaux pays européens. Les offres de
livraison sont à domicile ou hors domicile suivant les pays.
Pour Mondial Relay, les solutions de livraison, de collecte et de gestion des retours hors
domicile sont les vraies solutions de demain pour les petits acteurs du e-commerce : l’offre
développée propose par exemple « des tarifs identiques pour livrer, depuis la France, en
France ou en Belgique ».
Figure 25 : Schéma de livraison transfrontière par le réseau Mondial Relay (Source : PMP/Logicités)
- De façon similaire, InPost et son réseau de consignes Abricolis étudie le
développement d’une activité transfrontière au départ de la France à moyen terme.
- Relais Colis vient de mettre en place une offre à destination des petits e-marchands,
dénommée SMART, en utilisant les point relais comme points de collecte de
proximité. L’objectif affiché de Relais Colis est de passer de 50 clients (des gros e-
commerçants) à 2000 clients en seulement quatre ans.
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 73
Prestataire Réseaux Nom de l’offre Typologie de
marchandises ciblée
Mondial Relay 36 000 points relais dans 16 pays (5 300 en
France) Mondial Relay
Europarcel Colis de moins de 30 kg
Relais Colis 5 100 points relais en France et Belgique
uniquement (Europe prévu mi 2017) Relais Colis
direct Colis de moins de 30 kg
InPost Réseau Abricolis (700 points en France,
présent dans plus de 20 pays44)
En cours d’étude
Pickup Réseau pickup (27450 points dans 19 pays
d’Europe, 6 500 points en France) Navette Pickup
en France Petits paquets
(50*50cm)
Kiala 6 700 points relais propres et 13 000 avec
UPS Access Point (4 000 points en France) Colis de moins de 30 kg
Tableau 9 : Récapitulatif des offres de livraison export point relais disponibles en France et détail de leur accessibilité, hors celles de La Poste
Pour concurrencer La Poste, certains grands acteurs de l’express et de la livraison B2B
construisent un positionnement stratégique leur permettant d’adresser le segment des e-
commerçants :
- Certains se concentrent sur les plus gros clients, ou ceux traitant des paniers de valeur
élevée, qui sont les seuls à même d’engendrer des marges suffisantes ;
- Plusieurs développent des offres à destination des petits e-commerçants (USP Today,
Smart…), en concurrence directe avec les offres de La Poste telles Chronopost ou
encore Colissimo ;
- La plupart construisent progressivement un réseau logistique intégré, s’appuyant
notamment sur des facilités de points relais, leur permettant – outre le fait de
proposer une livraison hors domicile- de se positionner sur la collecte et la gestion
des retours. Ces offres nouvelles ou en gestation constitueront une concurrence
directe aux offres de La Poste, au départ du réseau des bureaux de Poste. Elles
transforment également le rôle des points relais, auparavant exclusivement utilisés pour
le retrait de colis par des particuliers et la dépose des retours, en point de collecte,
permettant d’une part d’apporter une réponse à la demande des e-commerçants, et
d’autre part de proposer aux commerces adhérents des services complémentaires.
Mais aucun réseau de point relais n’approche ni le nombre de points de contact ni le
maillage territorial du réseau La Poste. Leur accès à la majorité des sites e-commerce
qui sont situé dans des villes de moins de 20 000 habitants reste encore limité, et de
44 Source : http://emailing.we-agency.fr/InPost/DP-Inpost-2015-BD.pdf
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 74
ce fait, leur capacité à proposer une alternative à La Poste en enlèvement et
distribution de colis.
- Enfin, d’autres acteurs historiques restent encore en marge de cette dynamique, mais
pourraient, à terme, être forcés de se positionner s’ils souhaitent conserver leurs
clients B2B.
Les offres développées sont encore en gestation et n’adressent que de façon plus ou moins
complète les besoins exprimés par les e-commerçants. Hormis le groupe La Poste, aucun
acteur ne peut aujourd’hui témoigner d’une offre couvrant l’ensemble des profils et des besoins
du e-commerce transfrontière, au départ de la France.
Le groupe La Poste conserve pour l’instant sa position dominante sur ce secteur, alors qu’une
nouvelle forme de concurrence émerge, portée par des acteurs plus ou moins éloignés du
secteur de la livraison, ainsi que par de nouveaux acteurs ayant perçu les faiblesses de l’offre
globale actuelle.
3. SUITE A L’ESSOR DU E-COMMERCE, DE NOUVELLES
OFFRES EMERGENT ET DE NOUVEAUX ACTEURS SE
POSITIONNENT SUR LE MARCHE DE LA LIVRAISON
EXPORT
L’essor de l’e-commerce, l’atomisation des flux suite au développement à l’export
de nombreux petits e-commerçants, les perspectives de volumes et de marges
plus élevés, les besoins et freins non encore couverts par l’offre des acteurs
historiques ont permis l’émergence de nouveaux modèles de livraison de colis.
Parmi les besoins non couverts, les nouvelles offres tentent d’apporter une réponse aux
problématiques suivantes :
- le niveau de prix de la livraison, soit par des solutions de négociations des prix auprès
d’acteurs historiques de la livraison, soit par la massification de flux afin de proposer
de l’injection directe aux plus petits acteurs ;
- la gestion du « premier kilomètre » (collecte, enlèvement), qui reste encore un
véritable point faible de l’offre actuelle ;
- des offres et services clé-en-main, dépassant très largement la seule livraison
transfrontière et permettant aux plus petits acteurs d’externaliser la majorité de leurs
activités.
3.1. DIFFERENTS MODELES PEUVENT ETRE DEPLOYES AFIN DE FAIRE BAISSER LES COUTS
DE CERTAINES OFFRES DE LIVRAISON
- Les « grossistes » ouvrent aux petits e-commerçants des offres de livraison (classiques à
express) qui leur étaient jusqu’alors inaccessibles
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 75
Ces courtiers de la livraison négocient auprès de différentes sociétés de transport des taux
de remise importants, justifiés par des volumes d’achat : ils ciblent en priorité les petits et
moyens e-marchands, dont le volume ne permet pas à lui seul d’accéder à des taux de remise
significatifs et permettent ainsi l’accès à des tarifs réduits pour la livraison de colis
transfrontière.
Si l’offre de ces grossistes en France reste moins
développée que dans d’autres pays, notamment le
Royaume-Uni et l’Allemagne, de nombreuses sociétés
démarrent aujourd’hui une activité sur ce modèle :
Envoimoinscher (devenu Boxtal), Packlink, Mesenvois.fr
(service de Neopost), Upela, Letmeship, …
Le modèle économique de ces acteurs est le suivant : Ils
conservent environ 15% du prix pour le fonctionnement de
leur modèle économique et rétrocèdent la différence à
l’e-commerçant. Le comparateur-grossiste n’intervient pas
physiquement sur la chaîne logistique de collecte et
d’acheminement du colis, qui reste sous la responsabilité du transporteur choisi. Il intervient
toutefois commercialement et apporte de nombreux services à l’e-marchand :
un service client conseillant l’e-commerçant sur les contraintes réglementaires et
douanières des différents marchés export, « le point fort » pour certaines de ces
plateformes ;
un accompagnement des e-commerçants dans le choix d’une solution adaptée à
chaque pays, au-delà du seul critère prix : ces acteurs se proposent ainsi d’aider leurs
clients « à savoir quels transporteurs activer selon les pays » et « quels moyens de
paiement fonctionnent » ;
des solutions de retour de certaines plateformes qui « savent
gérer des flux en sens inverses » ;
des plug-in permettant de connecter directement l’offre de
transport sur un site internet et de sélectionner les solutions
proposées ;
des algorithmes précis de calcul des prix de transport
permettant la comparaison entre les acteurs.
La réussite à terme de ces modèles est aussi probablement de ne pas
concentrer l’offre uniquement sur le prix de colis, mais d’y associer des
services, notamment informatiques.
Un autre ensemble d’intermédiaires se dirigeant progressivement vers ce modèle est celui des
prestataires logistiques, qui interviennent sur la tenue du stock de clients, notamment e-
commerçants, et les opérations de préparation de commandes.
Les principaux d’entre eux sont Viapost (groupe La Poste), L4 logistics, ADS, XPO, ID Logistics,
Groupe Labatut, Crosslog, Denjean, SED Logistique. Ceux-ci complètent souvent leur offre
« Les comparateurs
constituent un bon
compromis pour les petits e-
marchands. Le modèle n’est
pas certain sur le long terme.
Tout dépend de la politique
des transporteurs »
Monocoliste européen
« Les solutions alternatives à
l’express que nous
proposons sont
essentiellement les points
relais »
Comparateur/grossiste français
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 76
par la revente de contrats de transport. Ils jouent sur ce segment un rôle de « grossistes ». En
effet, ils négocient avec les opérateurs, dont La Poste, des conditions économiques
spécifiques et conservent une partie de cette remise, l’autre partie bénéficiant à l’e-
commerçant. Cette revente de transport avec une marge constitue souvent une part
significative de la rentabilité des prestataires logistiques e-commerce.
Le rôle des acteurs historiques de la livraison de colis dans la réussite de ce modèle
économique est essentiel. Certains acteurs comme les expressistes y voient un intérêt,
notamment celui d’atteindre une clientèle atomisée sans investissement marketing et
commercial, et ouvrent leurs conditions à la négociation. Mais la Poste, semblent hésitante à
aider la réussite de ces modèles qui entrent en
concurrence avec leur propre offre, et à ouvrir réellement
son offre Colissimo à la négociation avec ces acteurs .
En effet, la plupart des solutions de transport e-commerce
(notamment expressistes et points relais, mais aussi
solutions locales de livraison du dernier kilomètre)
adhèrent aujourd’hui à ce mode de fonctionnement sauf
une : Colissimo, qui semble très hésitant, ne rétrocédant
au maximum qu’un pourcentage de l’ordre de 5% qui ne permet pas aux grossistes de
concéder un taux de remise.
Les raisons de cette position de La Poste semblent être les suivantes :
ces flux sont atomisés et non centralisés, ne justifiant pas la même politique
commerciale que pour des flux massifiés comme ceux des prestataires logistiques ;
ces comparateurs ciblent directement la clientèle captive des bureaux de Poste et ne
lui apporte pas de valeur ajoutée ni clientèle nouvelle.
En réponse, les comparateurs-grossistes peuvent accepter cette situation et proposer l’offre
Colissimo, ce qui leur permet de proposer un panel complet
de solutions à leurs clients, à perte, ou bien refuser de
proposer ce service. Dans le second cas, le pari reste risqué
pour les grossistes qui se privent d’une offre particulièrement
significative - car largement connue - pour les petits e-
commerçants français, qui « utilisent Colissimo, sans vraiment
savoir qu’il y a d’autres possibilités ».
Le principal frein au développement de ces modèles est ainsi
leur faible visibilité auprès du marché qu’ils souhaitent adresser. Pour contourner cette
difficulté, certains acteurs s’allient avec des places de marché, qui bénéficient quant à elles
d’une image de partenaire solide pour le développement de la vente transfrontière aux yeux
de nombreux petits e-commerçants.
C’est par exemple le cas de Boxtal (qui vient de lever 7M€ pour se développer à
l’international45) qui se focalise sur les vendeurs des marketplaces afin de les aider à choisir le
meilleur transporteur, de prendre en charge le contrat, le suivi en temps réel et le service
45 Journal du Net, FAUCONNIER F., 13/09/2016 « Les petits e-commerçants prennent les armes »
« Colissimo ne nous
consent que 5% de
remise. Nous ne pouvons
donc pas consentir de
remise à nos clients »
Grossiste français
« Il y a un quasi-monopole de La Poste,
qui refuse de jouer le jeu avec les
comparateurs. Le marché du colis est
verrouillé et cela ne profite pas à l’e-
marchand, qui aurait intérêt à être au
Royaume-Uni »
Grossiste français
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 77
client. Parmi les services additionnels à venir, on retrouve des outils d’analyse de vente et
l’enlèvement. Afin de mieux adresser cette cible, Boxtal, déjà partenaire d’eBay, est en train
de se lier à Amazon, Cdiscount, Priceminister et ManoMano. Enfin, Boxtal mise sur le
développement des services, au-delà de l’offre tarifaire : assurance, simplification de
l’intégration de transporteurs. Il joue pleinement son rôle de commissionnaire de transport.
- Les intégrateurs de colis, un modèle de massification des flux permettant à des petits e-
commerçants de partager l’injection directe
Le second modèle est celui des intégrateurs qui apportent un regroupement physique des flux
et une expédition massifiée. Contrairement au modèle précédent, ce modèle intervient
physiquement sur l’ensemble de la chaîne logistique et le transport des colis.
C’est par exemple le cas de Btoceurope, qui met en place avec Amazon une offre
dénommée « Ship Your Parcel ». Cette offre permet à un e-commerçant, d’expédier à
l’étranger à partir d’une solution de transport en injection directe mise en place par le réseau
Btoceurope, qui dispose pour cela d’entrepôts dans différents pays.
Le schéma logistique est le suivant :
Figure 26 : Modèle d’envoi proposé par BtoCeurope, avec son offre « Ship Your Parcel », Source Site
web https://www.shipyourparcel.eu/
Ce schéma augmente le nombre de ruptures de charges et allonge le délai de livraison
(nécessité de passer par un hub à Roissy), qui est ainsi de 5 à 7 jours au départ de la France,
vers les principales destinations européennes. Cependant, il permet une réduction sensible du
prix du transport.
La solution d’acheminement mise en place par Btoceurope est celle de l’utilisation inversée
de la logistique de collecte des retours en France.
Ce modèle est également un des modèles mis en place par le groupe IMX46, avec sa solution
Happy Post, qui permet à des e-commerçants de remettre leurs
colis à un point Mondial Relay. Ces colis étiquetés sont ensuite
acheminés vers un hub IMX à Paris (Pantin) et réacheminés en
injection directe vers un hub d’un partenaire à l’étranger. Comme
la solution précédente, celle-ci permet de collecter des flux de
façon diffuse en utilisant les points relais, et de les acheminer dans
le cadre d’un réseau de transport en place. Cette massification
46 IMX est un opérateur alternatif : Il a une histoire dans la distribution de magazines à l'export, puis de B to B. Le B to C export est
relativement récent (depuis 2008 seulement) et reste assez modeste. Toutes activités confondues (l'offre d'IMX est très large), IMX a 40
personnes et 21 millions € de CA.
« Nous sommes
aujourd’hui environ 40%
moins cher que Colissimo»
Intégrateur français
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 78
permet la réduction du coût du transport, en contrepartie d’un allongement des délais.
Une autre solution intéressante, imaginée par certains opérateurs tels IMX est la consolidation
de plusieurs achats à destination du même client à l’étranger. Ainsi, un client dans un pays
étranger peut commander des produits sur plusieurs sites e-commerce français et utiliser une
adresse virtuelle de livraison chez IMX. IMX consolide ces achats et n’effectue qu’une seule
expédition. Ce service, prévu à l’origine pour des expatriés, d’où son nom Colisexpat.com est
maintenant destiné à des consommateurs locaux. Le service changera de nom et s’appellera
« Shop & Forward ».
L’offre développée par Spartoo (qui est un e-commerçant) est très emblématique. Disposant
de flux importants en injection directe au départ de son entrepôt de Lyon, Spartoo a décidé
de créer une filiale, TooPost, dont le rôle est de « capter des flux complémentaires »
transfrontières et de « les réunir avec les flux de Spartoo ». Ces flux sont « acheminés
quotidiennement vers Lyon », certains venant de la région mais d’autres d’assez loin (Orléans
par exemple) et sont rassemblés avec ceux de Spartoo. Cela permet à Spartoo de massifier
encore un peu plus ses flux, donc de réduire le coût d’injection ; mais également à des e-
commerçants de bénéficier de l’importance des volumes dont dispose Spartoo afin
d’atteindre des niveaux tarifaires très réduits.
Un modèle assez proche est celui de Spring, filiale de Post NL, qui choisit, essentiellement à
destination de l’Asie et de l’Amérique, de capter des flux e-commerce en France qui sont
acheminés via le hub d’Amsterdam. Le schéma de distribution proposé par Spring pour des e-
commerçants vers les pays d’Asie est le suivant (le hub de Singapour peut aussi être celui de
Hong Kong) :
Figure 27 : Schéma de livraison vers un pays asiatique dans le réseau Spring (Source : PMP/Logicités)
Ces offres ciblent spécifiquement les petits e-commerçants, avec la complexité d’une
collecte atomisée et dispersée. Les petits e-commerçants, et en particulier ceux traitant des
paniers de valeur moyenne faible, sont en effet peu sensibles à un allongement des délais, en
contrepartie d’une plus grande accessibilité tarifaire.
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 79
3.2. DES OFFRES COMPLEMENTAIRES AUX OFFRES CLASSIQUES APPARAISSENT, EN
PARTICULIER SUR L’ENLEVEMENT
Si les prestataires logistiques s’adressent prioritairement aux grands et moyens e-
commerçants, les plus petits acteurs rencontrent encore des difficultés sur ce premier
segment de la chaîne.
Pour répondre à ce besoin, certains acteurs se lancent dans des solutions intermédiaires du
« premier kilomètre », comme Wing ou Cubyn. Ces prestataires proposent à leurs clients une
collecte des produits non emballés par coursier, un acheminement vers un atelier d’emballage
local, puis une remise à un transporteur dont ils auront négocié les conditions : de la même
façon que pour les grossistes, tous les acteurs de la livraison n’entendent pas s’associer de la
même façon à ces nouveaux modèles. Alors que « DHL consent des remises de l’ordre de 30
à 40% », Colissimo persiste à « limiter les taux de remise à 5% environ ».
Ces offres de transport concernent la France, mais aussi l’exportation.
Enlèvement, emballage et injection : telles sont les propositions de Wing, à destination des
petits e-commerçants. Wing sous-traite ainsi toutes les étapes de la chaîne à ses partenaires
(sociétés de coursier pour la collecte, logisticien pour l'emballage) et « facture le transport
ainsi qu’un frais fixe de 0 à 2 euros par colis ». De plus, les flux sont ainsi massifiés, ce qui
permet à l’entreprise de bénéficier de « rabais [qu’elle peut] répercuter sur [ses] clients ».
Tout comme Boxtal, la cible privilégiée est « avant tout le moyen e-commerçant et les
magasins physiques » qui n’ont pas les moyens de gérer tout seuls leur logistique export. Tout
comme Boxtal, Wing souhaite établir des partenariats privilégiés avec les marketplaces :
Amazon adresse déjà à Wing ses marchands trop petits pour utiliser FBA et Etsy propose un
module en marque blanche, qui est également en phase de test avec une centaine de
vendeurs Cdiscount47.
La limite principale de ce modèle est sa couverture limitée, réduite aujourd’hui aux grandes
agglomérations. Même si l’offre peut être étendue à des zones périurbaines, il semble peu
probable qu’elle soit un jour en mesure de couvrir les zones peu denses et rurales, au sein
desquelles sont implantés environ un tiers des e-commerçants français.
3.3. DES MARKETPLACES QUI SE POSITIONNENT EN PRESTATAIRES DE SERVICES
LOGISTIQUES
La compétition entre marketplaces est complète, en particulier entre Amazon et Alibaba qui
se disputent la place de première marketplace mondiale. Dans cette optique, elles axent leur
développement sur le e-commerce transfrontière, notamment depuis les grands marchés de
production de biens (et en premier lieu la Chine) vers les plus grands marchés de
consommateurs (c’est-à-dire l’Europe). La principale conséquence de cet affrontement pour
les e-commerçants français comme européens est le développement d’une concurrence à
prix cassés (livraison comprise), de produits asiatiques et principalement chinois.
47 Journal du Net, FAUCONNIER F., 13/09/2016 « Les petits e-commerçants prennent les armes »
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 80
Catégorie de produits Redevance mensuelle Commission Autre
Les pures marketplaces
eBay Très variées : Collections
et antiquités, auto/moto,
mode, tech, maison et
jardins, etc..
De gratuite (30cts facturé
par article publié) à 250
Livres/mois (pour listing
illimité)
A partir de 5%
(électronique) jusqu’à 11%
(habillement)
1,4-3,4% de commission
sur les paiements via
PayPal
PriceMinister-
Rakuten
Culture, informatique,
mode, maison, sport et
loisirs, téléphonie, image
et son
De 39 à 499 €/mois De 4,5 à 19% en fonction
des produits et du niveau
d’abonnement
Frais de gestion
Etsy 0,20 livres par article publié 3,5% frais de transaction
Les marketplaces des sites marchands
Fnac.com Livre, musique, gros et
petit électroménager,
sport et loisir, instruments
de musique, bricolage…
Abonnement mensuel à
39,99 €
De 8 à 14% en fonction de
la catégorie et si
neuf/occasions
C le marché
(Cdiscount)
Jouets, DVD, musique,
animalerie, puériculture,
décoration
Abonnement mensuel à 39€ De 4,5 à 20% en fonction
de la catégorie produit
Amazon.fr Livres, musique, auto moto,
ordinateurs, gros
électroménager,
bricolage, TV, jeux vidéo,
etc…
39€ /mois + supplément à
l’article pour le service de
stockage « Fulfilled by
Amazon »
A partir de 5% jusqu’à 45%
sur les accessoires pour
les produits Amazon. 13%
sur l’électronique, 28% sur
les bijoux…
Frais de picking et
emballage :
0,80livres/produit
Frais de distribution :
0,27livres pour une
enveloppe, 4,57livres pour
un colis de 12kg
Asos Habillement 20 livres 20%
La Redoute Gros électroménager,
mode, sportswear, jouet
49,90€/mois 15% en moyenne
RueduCommerce Maison, jardin, bricolate,
mode et beauté, sport et
loisirs
Gratuit
Tableau 10 : Les grands modèles de marketplaces (services et facturation)48
Alors que le modèle traditionnel de la marketplace laisse le marchand gérer lui-même son
stock et l’expédition de ses marchandises, les marketplaces ont bien compris que la livraison
était -pour elles aussi- l’un des principaux freins à la vente transfrontière. En se positionnant
comme prestataire de services logistiques, certaines marketplaces étendent leurs
compétences sur la chaîne de valeur de la vente export.
Pour ce faire, les stratégies sont différentes :
48 D’après OC&C Report et Ecommercemag.fr « Marketplace, la source de croissance pour les e-marchands », SALGUES F., publié le 3
Octobre 2016
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 81
- eBay ne possède ni stock ni entrepôt, et met en place des partenariats afin de
sélectionner, négocier et proposer différentes solutions de transport (accès à des tarifs
négociés auprès de Boxtal et solutions de livraison hors domicile via Mondial Relay,
pour des expéditions depuis la France, partout en Europe) ;
- Tmall Global / Alibaba vient également de signer un partenariat avec La Poste pour
l’ouverture d’une Boutique France (Août 2016), appuyant ainsi les acteurs du e-
commerce français dans la pénétration du marché de consommateurs chinois. La
marketplace aide les e-commerçants à sélectionner certains produits, à traduire leur
présentation et assurent la mise en ligne. La Poste assure la collecte, l'acheminement,
le dédouanement et la distribution des colis jusqu'au domicile de l'acheteur. La Poste,
qui investit 1 million d’euros de campagne marketing pour faire connaitre ces
marques, entend elle-aussi se positionner sur une plus grande partie de la chaîne de
valeur e-commerce et resserrer ses liens avec Alibaba. Si cette expérimentation se
révèle fructueuse, la Poste compte répliquer l’initiative en Russie et en Afrique de
l’Ouest.49
- Alibaba développe son bras logistique Cainiao : contrairement à Amazon, il s’agit là
d’une activité de data, visant à connecter les marchands avec des logisticiens et
transporteurs de tous les pays. Le groupe entend également adresser le segment du
e-commerce rural, et se consacrer au développement du e-commerce export des
PME50 ;
- Amazon s’étend progressivement sur la chaîne logistique en proposant de plus en plus
de services à ses partenaires : Grâce à sa position monopolistique, l’acteur impulse un
modèle de livraison au sein du e-commerce : plus vite (avec Prime Now), partout,
gratuitement ;
Amazon créé ainsi une habitude auprès de ses clients : la plateforme a déjà lancé son
service Borderless Fulfillment permettant aux acheteurs français, britanniques et
allemands (membres Amazon Prime) de bénéficier de livraison gratuite sous deux
jours (y compris lorsque la commande provient d’un autre pays que le leur). Pour ce
faire, Amazon développe son réseau d’infrastructures de stockage dans l’ensemble
des pays européens.
En parallèle, Amazon pousse son offre « Fulfilled by Amazon » auprès de ses 2 millions
de vendeurs dans le monde, dont plus de 10 000 en France (chiffre datant de début
2015 donc certainement très inférieur à la réalité fin 2016) : pour ce faire, elle n’hésite
pas à fermer des comptes vendeurs, au motif que leur qualité de service ne répond
pas aux critères de la plateforme51. L’offre, qui a progressé de 65% en 201652 permet
au vendeur une externalisation complète de la logistique : transfert d’une partie du
stock à Amazon (en particulier sur les références les plus demandées) : le e-
commerçant peut ainsi suivre à tout moment l’état de son stock et est relancé dès que
nombre de références au sein du stock Amazon devient trop faible. Ce schéma
49 Journal du Net, FAUCONNIER F., 13/09/2016 « Les petits e-commerçants prennent les armes » 50 Journal du Net, FAUCONNIER F., 17/06/16 « Alibaba- Nous voulons accueillir 100 millions de PME sur nos marketplaces » 51 Journal du Net, FAUCONNIER F., 05/02/16, « Comment le géant Amazon écrase l’e-commerce français» 52 Journal du Net, FAUCONNIER F., 05/01/15, « 2 millions de marchands vendent sur la marketplace d’Amazon »
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 82
permet de soulager l’e-commerçant d’une partie de ses tâches logistiques, de
raccourcir les délais de livraison et de mieux gérer le stock et les commandes. Pour
être à même de proposer ce type de service, Amazon développe ainsi ses capacités
de stockage et de gestion logistique (emballage, étiquetage, etc), en particulier près
des gros hubs de transports nationaux. Amazon se lance ainsi dans la mise en place
d’une infrastructure logistique massive, en France comme en Europe : Amazon a pris une
participation dans l’opérateur de colis Yodel au Royaume-Uni et dans Colis Privé en
France, et met petit à petit en place une logistique internationale (location de 20
avions cargos par un accord avec Air Transport Services…). La place de marché peut
également s’appuyer sur près de 150 entrepôts dans le monde.
Amazon a également récemment mis en place un service de livraison de colis en
Europe à prix réduits en partenariat avec BtoCeurope (service « ship your parcel »).
Ce service permet, à titre d’exemple, d’expédier un colis de 2kg en Espagne pour
11,95 € alors que le tarif Colissimo est de 15,08 €, soit 20% de moins.
Parmi les marketplaces, il est à noter qu’Amazon possède
une avance considérable sur les autres acteurs en termes
de services d’accompagnement et de gestion
(notamment logistique) proposés à ses vendeurs. Ainsi,
57% des petits e-commerçants interrogés dans le cadre
de l’étude53 regrettent que les marketplaces avec
lesquelles ils travaillent ne couvrent pas aujourd’hui
l’ensemble de leurs besoins vis-à-vis de l’export.
Le positionnement et la stratégie d’Amazon présentent un risque réel pour le groupe La Poste :
La Poste, qui conserve, en 2015, 64% des parts de marché dans le transport de colis (en
volume, hors Chronopost) bénéficie des importants volumes générés par Amazon. La
plateforme représente aujourd’hui près de 9% des volumes traités par La Poste, ce qui en fait
son principal client. Amazon, qui traite avec La Poste pour la moitié de ses livraisons en
France entend faire baisser cette dépendance, de même qu’elle s’efforce de réduire sa
dépendance vis-à-vis des grands expressistes mondiaux. Mais surtout, Amazon entend bien se
positionner fortement sur ce marché du colis en plein essor, non seulement dans le cadre de
sa stratégie de développement de ses revenus B2B (qui constituent aujourd’hui l’essentiel de
sa rentabilité), mais aussi par nécessité pour absorber par des revenus les énormes
investissements opérationnels et logistiques consentis (Amazon a investi en Europe 16
milliards de $ dans ses infrastructures opérationnelles et logistiques en Europe depuis 2010).
53 Sur les 70 e-commerçants commercialisant une partie de leurs marchandises via des marketplaces (notamment Etsy et Ebay),
« Les marketplaces
constituent un formidable
levier pour aider les e-
marchands à exporter »
Monocoliste européen
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 83
4. ADEQUATION DE L’OFFRE A LA DEMANDE ET
COMPARAISON AVEC D’AUTRES MARCHES
EUROPEENS
L’analyse de l’ensemble de l’offre de livraison actuelle permet de dresser
différents constats :
• L’ensemble de l’offre de livraison est accessible aux gros exportateurs (>50 colis/jour
à l’export)
• Pour les petits exportateurs, être situé en milieu urbain permet de bénéficier de
compléments d’offres intéressants : enlèvement, intégration plus facile à des flux
existants
• Les petits exportateurs situés en milieu peu dense (rural) ont un accès restreint à l’offre,
en dessous de 30 colis mensuels ceux-ci ont uniquement accès aux offres La Poste et
Colissimo
Figure 28 : L'accès à l'offre est limité à la fois par les volumes exportés mais également par l'implantation du e-commerçant
Le benchmark effectué sur plusieurs pays européens (Allemagne, Royaume-Uni et Belgique)
fait l’objet d’une note annexée à ce dossier (annexe 1).
L’Allemagne, le Royaume-Uni et la Belgique ont été choisis car ils sont, en tant que pays
voisins, directement concurrents de la France sur le plan de l’e-commerce transfrontière.
Les analyses permettent notamment de constater :
Une place de l’opérateur postal en charge du service universel moins prédominante
sur le marché national, que celle de La Poste en France. Les marchés semblent donc
« Il y a aujourd’hui une vraie
défaillance d’offre pour les
petits e-commerçants et
cela va changer »
Réseau de points relais
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 84
plus ouverts à la concurrence, même si les principaux concurrents sont des sociétés
issues d’autres opérateurs postaux ;
Une place plus importante des comparateurs / grossistes d’offres de transport,
notamment en Allemagne et surtout au Royaume-Uni : Ces modèles existent dans ces
deux pays depuis une dizaine d’années et ont manifestement atteint des volumes et
des moyens de négociation des prix significatifs.
Un accès à l’offre qui semble plus facile pour des petits-e-commerçants en Allemagne
et au Royaume-Uni avec notamment un rôle important joué par les points relais de
proximité, mais aussi les consignes (en Belgique). Ces deux pays ont connu une
profonde transformation de leur réseau de bureaux de Poste. Les réseaux de points
de proximité, tels les points relais ont ainsi profité de cette réorganisation pour
implanter et développer leurs réseaux.
Des tarifs publics assez comparables même si, sur certaines destinations ou certains
services (comme le petit paquet au départ de l’Allemagne), des différences peuvent
apparaître.
Un choix d’offres et donc de prix sans commune mesure sur les sites comparateurs
britanniques, qui permet, sur certaines destinations - notamment en dehors de
l’Europe - de bénéficier de tarifs beaucoup moins élevés qu’au départ de la France.
Cette étude montre qu’au-delà des tarifs faciaux affichés publiquement apparaissent
d’autres offres très compétitives, plus larges, qui laissent à l’e-commerçant un large
choix de solutions et de prix.
« Nous aimerions bien faire plus d’export mais il nous
faut construire une offre. Il est compliqué d’atteindre les
postes européennes, les réseaux sont assez fermés.
Nous devrons à terme mettre en place des solutions
d’injection directe »
Monocoliste français
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 85
Au regard des cibles de e-commerçants (en volume de colis mensuels exportés) adressées
par les différentes offres développées, il apparait que deux catégories d’offreurs sont
réellement à même de proposer une solution de colis export à l’ensemble des petits et moyens
e-commerçants : La Poste et les marketplaces.
Figure 29 : Positionnement des différentes familles d’acteurs au regard des profils d’e-commerçants
En France, La Poste reste encore un acteur de poids, y compris sur le secteur du colis où celle-
ci est incontournable. Sa grande visibilité, en particulier auprès des petits e-commerçants peu
habitués aux problématiques de la livraison (et de l’export en particulier), la couverture très
étendue de son offre, et son réseau extrêmement développé de bureaux de poste lui
confèrent des avantages certains pour capter ces nouveaux exportateurs de colis. Pourtant,
elle semble aujourd’hui dans une position fragile : le nombre d’options et de services, ainsi
que l’éclatement entre différentes structures nuisent à la lisibilité de l’offre.
L’enjeu principal pour le groupe La Poste est d’accompagner la croissance du secteur du colis
export, alors que les activités courrier et colis nationales ralentissent, en préservant sa part de
marché sur ce secteur face au développement rapide des autres acteurs.
Les autres acteurs historiques de la livraison B2B s’engagent de plus en plus dans le créneau
de la livraison export e-commerce : A l’origine positionnés sur les plus gros e-commerçants,
ils tentent aujourd’hui de séduire des acteurs qui, même s’ils représentent encore des volumes
exportés réduits, peuvent devenir les principaux acteurs de demain. Inspirés par le modèle
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 86
développé par La Poste, ceux-ci tentent de construire des réseaux de collecte et de livraison,
en s’adossant à des partenaires ou par une prise de participation au sein de réseaux de
points relais leur permettant d’étendre leur positionnement à la collecte de colis égrenés sur
l’ensemble du territoire, pour laquelle ils ne disposent aujourd’hui pas de solution en propre.
L’enjeu principal pour ces acteurs est d’une part de conserver leurs importants clients actuels,
et d’autre part de capter une partie des volumes de colis expédiés à l’international.
Les nouveaux entrants de ce marché de la livraison B2C, tels que les grossistes viennent
répondre à des besoins non couverts par l’offre existante.
L’enjeu principal pour ces acteurs est d’arriver à se développer rapidement en volume sur ce
marché, en captant une cible de e-commerçants (en particuliers petits). Pour ce faire, ils ont
besoin de pouvoir négocier des conditions compétitives sur l’ensemble de l’offre de livraison
et en particulier celle de Colissimo, qui reste incontournable.
Bénéficiant d’une image très favorable auprès des e-commerçants, certains gros acteurs du
e-commerce et en particulier les marketplaces, se positionnent progressivement sur la chaîne
logistique en développant des solutions et services à destination des petits e-commerçants.
L’enjeu majeur est d’augmenter la rentabilité de leurs modèles et de fidéliser les e-
commerçants qui opèrent sur leur plateforme.
Plusieurs questions peuvent alors émerger de cette analyse :
Quelle sera la position et la réaction de La Poste face à la mise en place d’offres
fortement concurrentielles, portée par des acteurs reconnus de la livraison ? En
particulier, comment réussira-t-elle à valoriser son réseau de 17 000 bureaux de
poste ?
Comment les « retardataires » de l’export de colis e-commerce entendent-ils
rattraper ce retard : quelle sera l’offre à venir de Fedex suite au rachat de TNT ? Cet
opérateur -majeur sur le plan du colis transfrontière dans le monde- prévoit-il de
mettre en place une offre à destination des petits et moyens e-marchands ? Quelle
sera la position de GLS, acteur européen majeur, filiale de Royal Mail, qui est déjà
partenaire du réseau Mondial Relay ?
Quelle sera la stratégie d’Amazon, qui développe son propre réseau de consignes et
pourrait, via Colis Privé ou d’autres formes de réseaux mettre en place son offre
physique de collecte et expédition de colis en contournant les opérateurs
traditionnels du secteur
Quel sera l’impact de potentiels nouveaux réseaux de collecte que représentent les
points relais ?
o Quels sont les leviers possibles afin de densifier et « professionnaliser » les
points relais et en faire de véritables points locaux de collecte de colis et de
services permettant de contribuer au développement de l’e-commerce, y
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 87
compris transfrontière, et de rendre performante l’offre des 3 opérateurs
souhaitant utiliser ce réseau à cet effet ?
o Dans ce contexte, quel sera le rôle du réseau Pickup de Geopost, qui est le
réseau de points relais le plus dense en France avec 7 800 points et qui a lui
aussi lancé l’offre « la navette » permettant la livraison de relais à relais en
France ?
o Ces réseaux de collecte permettront-ils de mieux répondre aux besoins des
e-commerçants ?
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 88
PARTIE 3 : AUJOURD’HUI, DIFFERENTS FREINS A L’EXPORT PERSISTENT,
EN PARTICULIER POUR CERTAINS PROFILS DE E-COMMERÇANTS
Cette partie s’appuie à la fois sur un travail de revue de littérature, une analyse des données
de l’enquête en ligne menée entre Septembre et Novembre 2016 (voir détails en annexe), 21
entretiens auprès de e-commerçants menés entre Juillet et Octobre 2016 et un benchmark
des marchés de la livraison dans trois pays européens (Belgique, Allemagne, Royaume-Uni).
Les citations issues des entretiens sont anonymes et restituées en italique, entre guillemets.
De nouveaux acteurs sont apparus depuis peu sur le marché de la livraison. En se positionnant
sur des segments encore non couverts de la chaine export, ces acteurs portent une
proposition de valeur différente, adressant en particulier les besoins des petits e-
commerçants.
Malgré l’apparition de ces nouvelles offres, certains freins à l’export persistent, de nature et
d’importance différentes : ceux-ci seront détaillés dans le premier temps de cette partie.
Dans un second temps, seront décrites les différentes stratégies de livraison export mises en
place par les e-commerçants pour surmonter ces difficultés.
L’étude s’attachera également à préciser quels sont les segments du marché des e-
commerçants (typologies de produits, destinations) souffrant le plus de difficultés, à les
caractériser et à en préciser les conséquences.
1. QUELS SONT LES FREINS A L’EXPORT RENCONTRES PAR LES E-
COMMERÇANTS FRANÇAIS ?
A travers les entretiens, recherches documentaires et enquêtes réalisés, cinq grandes familles
de freins liés à la livraison ont été identifiées :
Le coût et la tarification de l’offre de livraison export ;
La couverture de l’offre en termes de service et de qualité ;
La lisibilité et la facilité d’accès à l’offre ;
La compréhension et la gestion des taxes et procédures réglementaires ;
La gestion des risques liés à la livraison.
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 89
Figure 30 : Grandes familles de freins rencontrés par les e-commerçants français et verbatims issus des entretiens et enquêtes menés (Source : PMP/Logicités)
Dans la suite de l’étude, les différentes familles de freins sont présentées en fonction de leur
impact sur le développement des pratiques d’export, du plus au moins pénalisant, selon une
classification établie à partir de l’analyse des entretiens et enquêtes réalisés.
1.1. LE COUT DE L’OFFRE DE LIVRAISON EXPORT ET LA TARIFICATION PRATIQUEE SONT
LES PREMIERS FREINS EVOQUES PAR LES E-COMMERÇANTS
- Le coût de livraison reste encore trop élevé pour permettre la compétitivité de tout
type d’envoi de marchandises et pour tout type d’acteurs
De très nombreux e-commerçants mettent en avant le coût global de livraison comme frein
principal à l’export.
« Le coût du transport est de
très loin le frein n°1, notamment
vers l’Allemagne ou l’Autriche »
e-commerçant spécialisé dans la
vente d’antiquités
« Le recommandé international ne coûte
qu’1€ de moins pour l’Europe par rapport
à la même expédition aux Etats-Unis »
« le coût de la livraison est le frein n°1, les
e-commerçants chinois expédient pour
seulement 1€ »
e-commerçant spécialisé dans la lingerie
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 90
Figure 31 : Synthèse du benchmark (Source : PMP/Logicités, détails en Annexe)
Le benchmark réalisé sur l’Allemagne, la Belgique et le Royaume Uni afin d’analyser la
compétitivité prix des offres de livraison identifiées, en simulant des envois vers les USA et
l’Italie met en lumière une différence de compétitivité :
- sur le paquet postal, les offres dont dispose un e-
commerçant français sont globalement moins
compétitives par rapport aux offres allemandes et
anglaises :
o un paquet postal envoyé en Italie au
départ de l’Allemagne revient environ 10% moins cher
qu’en France s’il fait moins de 1 kg et 30% moins cher s’il
fait moins de 2 kg. Pour un envoi vers les Etats Unis, le
prix au départ de l’Allemagne est supérieur à celui de la
France pour un paquet de 1 kg mais inférieur pour un
paquet de 2 kg
o les prix du paquet postal au Royaume-Uni
sont assez proches de celui de la France pour un envoi
en Italie malgré une évidente différence de distance qui pourrait
justifier un coût plus élevé. Ils sont en revanche beaucoup plus compétitifs
pour un envoi aux Etats Unis (20% inférieur à la France pour un paquet de 1
kg).
- sur le service de colis standard (type Colissimo et équivalent), les offres sont plus
homogènes en termes de prix ;
« La Poste a un bon
service mais les prix
sont élevés et
constituent un frein à
l’exportation »
e-commerçant
spécialisé dans les
chaussures haut de
gamme, notamment
vendues aux Etats-
Unis et en Asie.
« Le coût,
notamment de
la collecte et
de
l’acheminemen
t, est le frein n°1.
L’Allemagne et
le Royaume-Uni
offrent plus de
possibilités que
la France »
Grossiste français
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 91
- en revanche certains pays et notamment l’Allemagne bénéficie d’un accès direct et
transparent à des prix remisés pour un volume
relativement faible de colis
o dès 50 colis par an, la Poste
allemande propose des taux de remise
disponibles sur le site internet faisant passer le
tarif pour un colis vers les pays de l’EU de 16,99
€ à 14,98 € à partir de 50 colis par an et à
13,90 € pour un achat direct de
l’affranchissement sur internet.
o En France, le seuil à partir
duquel des remises sont possibles n’est pas
toujours communiqué aux e-commerçants.
Ce benchmark confirme le différentiel, dans tous les pays, des prix export avec les prix
nationaux. Mais les prix faciaux présentés dans les tarifs publiés, ne sont pas nécessairement
tous très différenciants d’un pays à l’autre. Ils masquent toutefois la réalité des prix
« discount » proposés sur les plates-formes des comparateurs de prix et les taux de remise
pratiqués de façon générale par les opérateurs de l’express. Ils montrent également
l’étendue du choix à la disposition des e-marchands, souvent plus important qu’en France.
Tableau 11 : Récapitulatif des comparatifs de prix sur le produit petit paquet et les offres équivalentes à Colissimo en Allemagne et au Royaume-Uni
- L’impact du coût de livraison sur l’exportation dépend cependant de plusieurs facteurs
- La valeur du panier et donc le ratio coût livraison / valeur du panier :
- Les caractéristiques intrinsèques du produit :
Le poids du produit qui influe directement sur le coût de livraison peut également
constituer un frein à l’export. Ainsi, l’exportation de vin sur
internet, en dehors du fait d’être pénalisée par les aspects
fiscaux et douaniers, est pénalisée par le poids, qui génère
un coût de transport élevé.
Même si cela a pour conséquence d’alléger les effets de
seuil, la multiplicité des tranches de poids rendent l’offre
« Nous renonçons à exporter
certains produits comme les
canapés, les coûts de
transport étant trop élevés »
Gros e-commerçant pure
player exportant des
meubles/ déco
« Aujourd’hui, lorsqu’on discute avec
UPS, le tarif proposé de la France vers
UK est de 10 €. Du UK vers UK, il est de
3 €. Cela signifie que le transport
France – UK est facturé 7 € alors que
dans la pratique, il ne coûte qu'1 €. Il
y a donc énormément de marge sur
le transport transfrontière »
Gros e-commerçant pure player de
l’habillement
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 92
peu lisible et les coûts difficiles à anticiper : celles-ci sont d’autant plus difficiles à
maîtriser pour l’e-commerçant qu’il n’a pas nécessairement une bonne maîtrise des
poids unitaires des produits et encore moins lors de commandes multi-articles. Il est
donc amené à adapter sa propre tarification en fonction de règles qu’il établira lui-
même et de son risque au regard des poids réels appliqués par le transporteur.
A noter que pour le grand export, c’est le poids volumique (ou volumétrique) qui est
pris en compte dans les grilles tarifaires proposées. Certains produits peu lourds mais
volumineux peuvent ainsi se voir appliquer des coûts de transport élevés. Par exemple,
DHL calcule ses tarifs de poids volumétrique sur la base du calcul suivant : d’après ses
dimensions, un colis est apparenté à une catégorie de poids précise qui se calcule de
la façon suivante longueur x largeur x hauteur / 5000 ; donc un colis de 20 x 20 x 20
sera apparenté à un envoi de 8000/5000 soit 1,6kg au minimum, quel que soit son
poids réel, ce qui est extrêmement pénalisant pour des marchandises légères mais
volumineuses.
On peut également citer comme élément impactant le coût de livraison, la nécessaire
fraicheur du produit ou sa fragilité qui peuvent justifier un emballage spécifique et un
service de transport adapté. Ainsi, l’export de produits frais tels que la viande impose
des emballages isothermes avec une durée de vie de 2 jours et donc un transport
express, ce qui freine le développement à l’export de ce secteur émergent de l’e-
commerce.
- Le modèle économique du site e-commerce
Ces exemples montrent que l’impact du coût de livraison n’est pas homogène selon les
acteurs : il dépend de la valeur du panier, de la typologie des produits mais
également du modèle commercial de l’entreprise.
L’impact du coût de livraison sera d’autant plus important
que le panier aura une valeur réduite. En effet, deux cas de
figure existent quant à la prise en charge de ce coût :
- Soit ce coût est refacturé à l’internaute, et dans ce cas
un surcoût transport trop élevé vient renchérir trop
fortement le coût total d’achat par l’internaute et le
dissuade de réaliser son achat. C’est notamment ce qui
est souvent pratiqué sur les marketplaces, comme
eBay : les prix des produits sont souvent attractifs mais
compensés par un coût du transport supporté en
totalité par le client.
- Soit ce coût n’est pas refacturé et est supporté par le marchand, auquel cas un coût
trop élevé vient dégrader voire supprimer sa marge.
Ainsi, un e-commerçant dont le panier moyen est de faible valeur aura de grandes
difficultés à supporter un coût élevé de livraison export, ou à le faire supporter par son
client.
« Le coût de livraison
n’est pas réellement
un frein pour nous,
nos paniers moyens
sont compris entre
200 et 300 € »
e-commerçant
exportant de la
technologie de
pointe
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 93
- L’accès à certaines offres est sujet à un effet seuil important lié aux volumes
Les offres les plus compétitives de livraison de colis transfrontière sont celles utilisant
le modèle de l’injection directe. Pour la plupart des e-commerçants, qui génèrent un
faible nombre de colis par jour, ces offres ne sont pas accessibles.
Pour ceux possédant des volumes relativement importants, le coût d’approche reste une
difficulté, notamment avant d’avoir atteint le seuil volumique permettant de pratiquer
l’injection directe qui offre des prix relativement compétitifs. Ainsi, en phase de
démarrage, les e-commerçants choisissent souvent d’autres solutions ce qui renchérit
nécessairement le coût global.
Une fois ce seuil atteint, le coût de la livraison peut être du même ordre de grandeur, pour
des pays européens voisins, que celui pratiqué pour des expéditions nationales
Par exemple, le coût de l’expédition de colis vers l’Allemagne n’est pas nécessairement
plus élevé qu’en France pour une organisation logistique en injection directe basée sur
d’importants volumes quotidiens vers un seul pays. Le tableau suivant présente une
comparaison d’un coût de livraison nationale négocié (avec un opérateur de solution
bout-en-bout comme par exemple Colissimo) avec un coût de livraison en Allemagne en
injection directe négocié lui-aussi54 :
Tableau 12 : Exemple de structure de coûts pour le e-commerçant pour un colis d’environ 1 kg
Tri Injection Livraison à
domicile
Total
France
France
4€ à 6€ 4€ à 6€
France
Allemagne
0,20€ à 0,30€ 0,30€ à 1,00€ 3€ à 4€ 3,50€ à 5,30€
D’après le benchmark réalisé (voir Annexe 1) le même résultat serait obtenu pour une
comparaison avec une expédition vers le Royaume-Uni (avec un coût d’injection plus
élevé mais un coût de livraison terminale plus faible) ou vers la Belgique (coût quasiment
similaire au coût France). En revanche, le coût d’expédition vers l’Italie est plus élevé.
- Les tarifs des solutions express ou standard vers certaines zones géographiques s’avèrent
pénalisants
Afin de satisfaire les attentes des clients, l’e-commerçant
est souvent amené à proposer plusieurs solutions de
livraison dont une solution express, à coût élevé, mais
garantissant un délai court. Limiter l’offre de livraison à
54 Source : Entretiens avec des opérateurs privés pratiquant l’injection directe
« En Chine, il faut livrer en 3 jours
ce qui implique de devoir passer
par une marketplace ou
d’instaurer un réseau local de
partenaires ou un hub»
Grand e-commerçant pratiquant
le grand export
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 94
des solutions économiques de transport généralement plus lentes constitue ainsi un frein à la
compétitivité commerciale de l’e-commerçant et ce d’autant plus que l’exportateur e-
commerçant est le plus souvent en concurrence avec des sites marchands locaux et bien
évidemment des solutions d’achat en points de vente physiques.
A partir d’une certaine distance, les délais des offres classiques deviennent pénalisants,
pour autant les offres express restent très coûteuses ce qui ne laisse que peu d’alternative
aux e-commerçants français et impacte leur compétitivité.
De même, l’expédition d’un colis de 2 kg vers les Etats-Unis revient, sur le tarif Colissimo
International non remisé à 31,86 € HT, auquel s’ajoutent les éventuelles surtaxes de poids
volumique. Si l’on considère le panier moyen e-commerce de 75,5 €55, ce coût du
transport correspond à 42% du prix du produit. Ce ratio déjà important est encore plus
marqué avec une tarification express. Un tel prix d’expédition ne peut se justifier que sur
un panier élevé ou un produit spécifique et recherché localement.
Ces tarifs élevés pénalisent en particulier les petits e-commerçants, qui ne bénéficient pas
de remise substantielle, mais aussi les produits à faible valeur unitaire ou les produits avec
un poids volumique important.
Parmi les pays régulièrement cités, qui constituent néanmoins des marchés export réels
pour les e-commerçants, nous retrouvons : les USA, le Brésil, la Chine.
1.2. LA COUVERTURE DE L’OFFRE RESTE INCOMPLETE, TANT EN TERMES DE SERVICE QUE
DE QUALITE
La qualité de service apparaît comme problématique pour 29% des petits e-commerçants
interrogés (résultats du benchmark, détails en annexe 6).
- Le suivi du colis reste un service incontournable pour l’ensemble des e-commerçants
L’option d’envoi suivi est une nécessité incontournable pour
la grande majorité des e-commerçants rencontrés. Chez
les e-commerçants moyens et gros, le suivi du colis (et
l’information du consommateur qu’il permet) est un élément
clé de la qualité et de la relation client. Pour autant, ce
type d’option n’est pas disponible dans tous les pays, en
fonction des opérateurs de livraison sélectionnés et/ou de
la typologie (et donc du prix) de l’offre choisie : Par
exemple, la Poste propose l’option suivi sur une vingtaine de pays seulement.
Suite à la mise en place de « l'E-Commerce Interconnect Program », tous les grands
opérateurs postaux de l'Union européenne ont aujourd’hui interconnecté leurs réseaux et
sont à même d’assurer le suivi des envois. Pourtant, les offres de base proposées, comme
l’offre classique d’Asendia, n’intègrent pas le suivi dans l’offre de base, il est proposé comme
une option. La disponibilité de cette option qui se présente sous la forme d’étiquettes de
suivi est importante pour les e-commercants et pourrait être améliorée.
55 source FEVAD, 2ème trimestre 2016
« Il est nécessaire d’aller en
bureau de poste pour avoir
un scan d’envoi »
Petit e-commerçant
commercialisant via une
marketplace
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 95
- L’enlèvement des marchandises n’est proposé qu’à une partie de la clientèle
Parmi les différents petits e-commerçants
rencontrés, ceux bénéficiant de services de collecte
inclus dans leur offre de livraison restent
relativement peu nombreux. C’est essentiellement le
volume expédié de façon journalière qui vient
conditionner l’organisation de l’enlèvement par le
transporteur choisi : certains acteurs choisissent de
ne pas proposer l’enlèvement aux e-commerçants
ayant de trop faibles volumes à exporter. La Poste
propose sur le plan national différents services de
collecte, qui constituent un contrat spécifique avec
un coût significatif fixe et souvent pénalisant.
Lorsque les e-commerçants sont contraints de gérer en propre ce segment de la chaine
logistique, ceux-ci viennent directement déposer leurs colis tous les jours en bureaux de
poste, ce qui peut engendrer des difficultés et des coûts supplémentaires selon
l’éloignement du stock par rapport au point de dépôt et l’attente éventuelle. D’autre part,
nombre de bureaux de Poste, notamment en milieu rural, sont soumis à des horaires de
dépôt restreints (heure limite de dépôt à 11 h pour certains bureaux ouverts uniquement le
matin), des jours de fermeture, impliquant souvent un ou deux jours supplémentaires dans
la chaîne logistique. Certains points de contact limitent le poids des colis remis,
nécessitant un déplacement vers un autre bureau de Poste.
- Les retours
Figure 32 : Proportion des acheteurs ayant retourné un produit en 2015 (Source : Postnord)
La facturation de la logistique retour au client permet de
limiter cette pratique mais peut également impacter les
ventes, « les consommateurs étant attachés à ce
service, en particulier dans certains pays où le retour
est ancré dans les pratiques d’achat ». Si la logistique
retour est laissée au client (sans passage par un
prestataire), « elle implique de fournir à celui-ci
l’ensemble des outils nécessaires à la préparation de l’envoi » : déclarations douanières,
« Je vais moi-même déposer
mes colis en bureau de poste,
tous les jours, ce qui prend du
temps […] je suis obligée de
déposer avant 11h sinon les
colis partent le lendemain »
Petit e-commerçant
commercialisant de
l’habillement via une
marketplace
« Les retours sont une
difficulté majeure lorsqu’on
exporte vers l’Allemagne »
Petit e-commerçant du
secteur de l’habillement
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 96
étiquetage, emballage. Dans certains cas, le retour engendre des contraintes de
conditionnement auxquelles le client peut difficilement faire face seul.
En outre, lorsque les retours sont aux frais des
clients, l’offre choisie par ce dernier pour
effectuer le retour est en général la moins chère
(pas de suivi, pas d’assurance, délais longs) ;
pour autant, l’entreprise doit être en mesure de
livrer à nouveau rapidement le client avec un
produit lui convenant « ce qui implique souvent
de relancer un envoi » alors que le produit
retourné n’a pas encore été réceptionné par
l’entreprise.
Dans certains cas, le produit retourné n’arrive jamais à destination ; pour autant, il est très
difficile pour le e-commerçant de déterminer si ceci est dû au client ou au transporteur, et
de récupérer le produit.
A noter qu’en raison de problèmes récurrents
dans la gestion des retours, certains pays tels
l’Italie ont interdit les retours hors magasins,
ce qui peut être un vrai frein à l’achat. Le
retour en magasin permet en effet une
gestion beaucoup plus aisée : le contrôle
peut être fait directement par un
collaborateur de l’entreprise, ce qui limite
d’autant le problème des responsabilités
entre client et transporteur.
S’y ajoutent les aspects réglementaires, fiscaux et douaniers. Le droit du consommateur,
même s’il ne constitue pas l’objet de la présente étude, à des impacts directs sur la
politique de retour : Certaines dispositions ont été harmonisées, notamment le délai de
rétractation mais ce n’est pas le cas de la prise en charge par le vendeur des frais de
transport retour. De plus, des droits de douanes viennent parfois s’ajouter aux coûts de la
logistique retour, ce qui peut inciter le e-commerçant à abandonner le produit sur place.
- La gestion du paiement à la livraison n’est pas accessible à tous les e-commerçants
Cette fonctionnalité e-commerce est indispensable pour se développer sur des pays
proches comme l’Italie, l’Espagne et le Portugal. Mais les petits e-marchands, qui ne sont
pas physiquement implantés ou n’ont pas de relai dans ces pays, n’ont pas accès à ce
service avec des opérateurs à leur portée comme Colissimo.
A titre d’exemple56, les moyens de paiement les plus plébiscités par les consommateurs
sont, après le paiement par carte bancaire en ligne :
56 Source : Postnord
« Certains produits nécessitent un
emballage sous vide afin de
diminuer le volume […] c’est
impossible de laisser la gestion du
retour au client »
Gros e-commerçant du secteur de
l’habillement
« Lorsque mon client américain me
renvoie une paire de chaussures il
choisit une offre lente, si je veux qu’il
reçoive la nouvelle paire dans un délai
correct, je dois souvent relancer la
production d’une paire »
Fabricant de chaussures ayant une
forte demande américaine pour
certains modèles
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 97
- PayPal arrive en 2ème position au Royaume-Uni, aux Pays-Bas, en France, Espagne
et Italie,
- Le paiement avec une facture à terme, arrive en 2ème position en Allemagne
- Le paiement en espèces à la livraison, arrive en 2ème position en Pologne, et en
3ème position en Espagne, Italie
Les e-commerçants méconnaissent souvent les pratiques culturelles et locales de
consommation. Cependant, ce rôle de conseil et d’accompagnement que pourraient jouer
les acteurs historiques de la livraison en guidant les e-commerçants vers les services et
options les plus adaptés est peu développé, par exemple au sein de l’offre La Poste, mais
également chez d’autres opérateurs de transport de colis.
1.3. L’OFFRE DE LIVRAISON EST COMPLEXE ET MAL CONNUE (DES OFFREURS COMME
DES E-COMMERÇANTS), CE QUI LIMITE FORTEMENT SON ACCESSIBILITE
- Une offre parfois complexe et peu lisible pour l’e-commerçant
La segmentation des offres, en fonction des profils d’exportateurs, reste encore floue : La
Poste propose ainsi près de 12 offres différentes, depuis une offre classique « low cost »
proposée par Asendia, jusqu’aux offres premium « sur-mesure » développées par DPD.
Certaines offres présentent des contraintes d’accès fondées sur le volume journalier
exporté : contrairement aux autres offres de La Poste, les offres DPD ne sont pas
disponibles en libre-service, leurs tarifs et leurs descriptions ne sont donc pas publics.
Elles demandent de passer par un conseiller DPD qui filtre les clients, au regard de
différentes caractéristiques (en premier lieu desquelles le volume journalier exporté dans
chaque pays).
Les offres classiques en « libre-service » (depuis le petit paquet postal jusqu’aux offres
Colissimo et Chronopost) s’adressent à une cible de clientèle large et ne comprennent pas
de documentation particulière, ciblée sur les besoins spécifiques que le e-commerçant
pourrait avoir (en fonction de son secteur, de la typologie de marchandise exportée, des
pays de destination ciblés, etc.).
Les offres des autres transporteurs (y compris
expressistes) sont tout aussi complexes : nombre de
services, conditions générales, cas spécifiques, pays,
tranches de poids, etc. Cependant, elles sont vendues
par des professionnels dont le rôle est d’accompagner
le client dans la sélection de l’offre adéquate.
Enfin, la multiplicité des services additionnels et options
proposés contribue également à dégrader la lisibilité de l’offre.
« L’offre de livraison ? […]
pléthore, peu lisible et peu
claire »
Petit e-commerçant
commercialisant via une
marketplace
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 98
La comparaison des offres de Colissimo et du service comparable DHL Deutsche Post
permet de mieux appréhender le sujet de la lisibilité de la tarification pour un e-
commerçant :
L’offre de Colissimo International comprend, jusqu’à 5 kg, 6 tranches de poids et 6 zones
(dont 4 pour l’UE), soit 36 prix différents. La grille de prix DHL Deutsche Post comprend 1
tranche de poids (0 à 5 kg) et 4 zones dont une seule pour l’Union Européenne. Il en est
de même pour BPost au départ de la Belgique qui répartit toutefois les pays de l’UE sur
deux zones.
- Une offre mal connue… des offreurs eux-mêmes
Dans le cadre des offres développées, les
acteurs de la livraison ne proposent que peu
ou pas de service d’accompagnement des e-
commerçants dans le choix de la meilleure
offre. De plus, différents e-commerçants
relèvent le manque de connaissance des
vendeurs rencontrés. Ainsi, il devient d’autant
plus difficile de choisir l’offre la plus
pertinente.
Entre théorie et pratique, même si certaines
offres, options et services existent, ils ne sont pas toujours mis en avant par les offreurs et
ne sont donc pas toujours connus par les e-commerçants. Certains choisissent des offres
mal adaptées à leurs besoins (par exemple des offres pour les particuliers), ne comprenant
pas des options qu’ils jugent pourtant essentielles (le suivi). Ils répondent alors mal aux
demandes du client final, et induisent un mécontentement de la part des e-commerçants.
En conséquence, certains choisissent d’abandonner l’exportation vers certains pays pour
des raisons de logistique, ou de passer à des offres très premiums souvent vendues à des
tarifs très élevés : dans tous les cas, ceci freine la progression du développement de
l’export.
- Les impacts Système d’Information de certaines offres en limitent l’accès
Les offres de livraison proposées par les expressistes
impliquent une mise en place complexe : notamment
la réalisation de chantiers informatiques tant « front
office » (ce qui est visible sur le site web par
l’internaute) que « back office » (le suivi interne des
expéditions). Ceux-ci prennent « environ 4 mois »,
pour une entreprise dotée de compétences en
systèmes d’information, ce qui n’est pas le cas de
beaucoup de e-commerçants de petite taille.
« les employés de La Poste ne
connaissent pas bien les offres et
services La Poste pro […] : la
possibilité d’envoi vers un pays […]
les tarifs des différents services et
options »
Petit e-commerçant commercialisant
via une marketplace
« En France, les seules offres ne
nécessitant pas d’évolution
majeure en termes de SI et
d’étiquetage sont les offres de La
Poste »
Spécialiste de la logistique export
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 99
1.4. LES LITIGES LIES AU TRANSPORT RESTENT GLOBALEMENT PEU FREQUENTS, SAUF
VERS CERTAINS PAYS
Les litiges sur la livraison de marchandise constituent un important sujet de préoccupation
pour les e-commerçants : lorsque l’option de livraison choisie ne comprend pas de remise
contre signature (actant la vérification entre transporteur et client que la marchandise n’a
pas subi de dommages lors du trajet), les plaintes des clients concernant des marchandises
endommagées ou non livrées s’appuient uniquement sur du déclaratif et ne peuvent pas
être contrôlées par le e-commerçant. Celui-ci doit bien souvent rembourser le client ou
lui faire parvenir une nouvelle marchandise. La remise contre signature n’est pas à elle
seule une garantie de contrôle de la marchandise. En effet, la productivité imposée dans
la livraison ne permet que rarement au transporteur de rester sur place si le client souhaite
vérifier l’état du produit livré.
Certains pays sont régulièrement cités comme problématiques : C’est le cas de l’Italie, ou
d’Israël, qui sont cités comme pays où le colis peut être perdu. C’est également le cas de
la Corée du Sud, dont les douanes peuvent confisquer certains produits (expérience
d’IdealWine). Pour certains e-commerçants rencontré, l’occurrence élevée de
problématiques de fraudes ou de vols vers certaines destinations a conduit à la mise en
place de géo-blocking, c’est notamment le cas pour des pays africains.
Figure 33 : Pays les plus régulièrement mentionnés dans le cadre de l’enquête en ligne PMP
D’autres freins, non logistiques mais directement liés sont régulièrement cités par les e-
commerçants, en particulier sur certaines typologies de produits :
1.5. LA COMPREHENSION ET LA GESTION DES TAXES ET DES PROCEDURES
REGLEMENTAIRES EST UNE COMPLEXITE SUPPLEMENTAIRE, Y COMPRIS VERS LES
PAYS DE L’UE
Parmi les principales contraintes exprimées et identifiées, le sujet réglementaire apparait
comme l’un des principaux freins de développement d’une activité e-commerce export, en
particulier pour certains types de produits, comme les boissons alcoolisées.
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 100
La réglementation sur l’export B2C diffère de celle en vigueur sur les flux exports B2B : au
niveau mondial, les cadres réglementaires sont relativement peu homogènes et le manque de
prévisibilité des flux lié à l’instantanéité de la vente e-commerce ne permet pas
d’industrialiser les pratiques en anticipant les formalités déclaratives ou douanières : Les e-
commerçants sont forcés de traiter le sujet réglementaire au cas par cas (par exemple en
reproduisant à chaque envoi l’ensemble des documents déclaratifs), ce qui engendre des
coûts unitaires considérables, une perte de temps et une frustration en cas d’échec.
- Des freins réglementaires et douaniers viennent freiner le développement de l’export,
en particulier vers certains pays …
Comme le présente le tableau ci-dessous, les contraintes douanières et réglementaires
auxquelles l’ensemble des marchandises et des acteurs sont aujourd’hui sujets, rendent
l’export difficile vers certains pays du grand export :
Tableau 13 : Détail des freins et des profils d’e-commerçants prioritairement concernés (Source : Entretiens)
Freins Détails Où / pour quoi en
particulier ?
Les taxes
Les régimes de
TVA
- Payée par le consommateur, au taux
en vigueur dans son pays de
résidence
Tous les pays
Les autres taxes - Ecotaxes (application principe
pollueur/payeur),
- Droits d’accises (impôt indirect
perçu sur la consommation et le
commerce d’alcool, du tabac, du
pétrole),
- Accords d’échanges en vigueur avec
certains pays (taxes moins élevées)
mais nécessite une traçabilité totale
du produit (et une production 100%
européenne voire française),
Tous les pays
Les déclarations
d’export et de
douanes
Formalités
douanières et
déclaratives
- Formalités douanières des deux pays
à remplir (origine et destination) :
déclaration d’exportation qui peut
être remplie via téléprocédure
(DELTA) ou par l’intermédiaire d’un
professionnel du dédouanement,
- Passage par un commissionnaire en
douane nécessaire
Tous les pays, y compris les
pays proches de l’UE comme
la Suisse
Etats-Unis, Afrique, Asie
nécessitent des autorisations
complémentaires rendant
souvent préférable
d’installer une filiale sur
place
Les
réglementations
nationales
Réglementations
sanitaires
- Non homogénéité des
réglementations sanitaires
Strictes notamment USA,
Canada
Protection et
Droit du
consommateur
Hétérogénéité des délais de
rétractation et de retour des produits
Allemagne notamment
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 101
- ….y compris en Europe
Tableau 14 : Détail des freins au sein de l’UE et des profils d’e-commerçants prioritairement concernés
(Source : Entretiens)
Pour autant, et malgré une volonté de se diriger vers un marché unique européen, les flux
e-commerce B2C intra-union ne sont pas exempts de telles difficultés, les pays-membres
étant par exemple libres dans la mise en place des niveaux de droits et de taxes
exigibles :
Freins Exemples
Des niveaux
de taxes
non
homogènes
La TVA :
- TVA facturée au client, au taux pratiqué dans le pays de destination (peut
varier fortement en fonction de la typologie de marchandise et des pays : les
taux de TVA pratiqués sont présentés en Annexe 2).
- Lorsque le e-commerçant choisit de réaliser une marge sur le prix de la
livraison, celle-ci est également soumise à TVA, à hauteur de 20%.
Eco-taxes (par exemple pays d’Europe du Nord)
Des
déclarations
d’export et
de douanes
nécessaires
- Nomination d’un représentant fiscal local,
- Déclaration d’Echange de Biens (DEB) obligatoire au-delà de 10 000€ de
marchandises exportées
- Un secteur particulièrement touché par
ces contraintes réglementaires : le vin
Le vin français fait état d’un constat alarmant
quant aux quantités exportées en e-commerce
(B2C) par rapport aux volumes échangés en
B2B : plus de 30% des vins français sont
exportés mais quasiment zéro en e-commerce,
uniquement du fait de la réglementation, y
compris européenne (les exportations
françaises de vin représentent 7,9 milliards €
dont 54% vers l’UE).
L’importance des enjeux représentés par ce secteur, qui emploie 142 000 viticulteurs,
habitués pour nombre d’entre eux à la vente directe, nous amène à en effectuer une analyse
plus fine.
Les difficultés réglementaires, déjà nombreuses pour des flux B2B, sont exacerbées lorsqu’on
ambitionne des échanges en B2C, et donc pour les flux e-commerce : En effet, selon la
directive 2008/118/CE du Conseil du 1-Décembre 2008 de l’Union Européenne, l’alcool et
les boissons alcooliques sont soumis à accise (comme les huiles minérales et le tabacs
manufacturés).
« On refuse les commandes en provenance d’autres
pays [Suisse, Pologne, Portugal] car ça demande
d’avoir des représentants fiscaux locaux. Le coût [de
cette représentation] a été estimé à 15€ par
commande traitée, même avec une mise en
concurrence, auxquels s’ajoutent des coûts fixes de
gestion interne»
Exportateur de vin de taille moyenne (30 colis par
jour, vers Belgique, Espagne et Italie)
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 102
Or les pays européens ont gardé une
souveraineté sur les droits d’accises, qu’ils
appliquent selon leur bon vouloir, rendant
l’exportation B2C de vins français plus ou
moins facile : l’Allemagne et l’Italie
pratiquent des taux nuls contrairement à
la Belgique, au Royaume-Uni ou à l’Irlande
(cf. annexe 4). Ainsi la facturation et la
circulation des vins en B2C implique de
passer par un représentant fiscal ou un
mandataire ad hoc, ce qui n’est pas
financièrement viable pour un petit producteur.
Les droits d’accises, contrairement à la TVA, ne sont pas reportés sur le consommateur final.
Dans le cas du vin, ceux-ci sont très souvent payés deux fois, dans le pays d’origine et dans
celui de destination. Il est possible
pour l’entreprise de demander un
remboursement a posteriori auprès de
la douane mais ceci reste
consommateur de temps. Les e-
commerçants interrogés préfèrent
assumer deux fois le coût des taxes.
Selon les e-commerçants interrogés,
« le régime d’accise européen reste
encore trop complexe et freine
considérablement les exportations ».
En conclusion, pour de nombreux e-commerçants, les coûts logistiques pèsent encore de
façon trop importante sur la rentabilité du modèle d’export, en particulier lorsque les volumes
exportés restent réduits, ou que le coût logistique de traitement d’un colis est élevé (en
particulier le cas pour les marchandises de gros volume, pour les marchandises fragiles ou
particulières -tel l’alcool-, de poids important ou vers le grand export). Certains marchés à
l’export (vers certains pays et/ou pour certaines marchandises) restent encore trop coûteux à
honorer.
L’offre à destination des e-commerçants, bien que variée, ne répond pas toujours aux
demandes et aux besoins spécifiques de chacun.
Les services proposés ne couvrent pas l’ensemble des besoins exprimés (en termes de suivi,
d’enlèvement, de prise en compte des spécificités locales) qui sont autant de facteurs
augmentant les risques liés à la livraison et les coûts de traitement, et diminuent l’attractivité
générale du produit.
« la représentation fiscale est un problème
majeur […] il n’existe pas de prestataire capable
d’assurer une gestion fiscale sur plusieurs pays
[…] L’unique solution est de contractualiser
localement et individuellement avec différents
représentants […] ça implique une comptabilité
précise sur les produits soumis à accise, les
déclarations mensuelles, les droits acquittés et
suspendus »
Gros exportateurs de vin français, avec volumes
de flux importants (>100 colis/jour)
« Certains pays présentent des réglementations trop
complexes. […] En Suisse par exemple, le montant des
taxes dépend du degré d’alcool. La Belgique, bien que
représentant l’un des marchés les plus intéressants pour
les exportateurs de vin, pratique des taux de droits
d’accises particulièrement élevés, qui viennent
absorber les marges dégagées »
Pure-player exportant d’importants volumes de vin
(>100 colis jour)
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 103
Les obstacles réglementaires et douaniers perdurent, même au sein de l’Union Européenne.
Alors que les freins au commerce B2B intracommunautaire ont été très largement levés par
les différents traités européens, la législation en découlant et la jurisprudence, le commerce
B2C transfrontière est encore un sujet d’harmonisation en chantier.
Plusieurs e-commerçants interrogés font état du « manque d’une documentation claire et
succincte », présentant l’ensemble des contraintes et des particularités liées à l’export, par
pays. La gestion individuelle de ces problématiques représente, selon eux, un
« investissement colossal » et se révèle « source d’épuisement ».
L’absence de conseil et d’accompagnement, y compris dans le choix d’une offre par rapport à
une autre reste un point faible majeur de l’offre. Ceci est d’autant plus vrai pour les offres à
destination des clients les plus petits, ne possédant pas de compétences liées à l’export et
ayant donc le plus besoin d’un accompagnement. La vente des offres commercialisées par La
Poste relève de conseillers trop peu formés au sujet de l’export et aux spécificités des offres
professionnelles. De plus, certaines offres présentent des complexités techniques de mise en
place telles qu’elles sortent de fait du champ des possibles pour nombre de petits acteurs.
Ainsi la plupart des e-commerçants qui démarrent une activité export n’ont accès qu’à un
périmètre réduit de l’offre de livraison : parce qu’ils n’ont pas de volumes suffisants, n’ont pas
les compétences techniques ou parce que les offres proposées restent trop chères. Pourtant,
ce sont souvent les moins bien formés aux problématiques de l’export, et les moins bien
informés des contraintes spécifiques à prendre en compte selon les pays (en particulier
juridiques, douanières, réglementaires). Pour certaines typologies de produits, telles le vin, ou
vers certaines destinations : réussir à exporter relève de l’exploit, tant les obstacles sont
nombreux.
Dans bien des cas, c’est une fois que les flux sont mis en place que le e-commerçant prend
conscience de l’ensemble des difficultés. A ce stade, il peut aussi bien réussir à se diriger seul
vers une solution satisfaisante que renoncer.
2. AUJOURD’HUI, COMMENT LES E-COMMERÇANTS
SURMONTENT CES FREINS LOGISTIQUES ?
Pour les e-commerçants adoptant une posture offensive, le chemin à parcourir pour installer
une réelle logistique export, satisfaisante pour tous, peut être long et semé d’embuches.
Comme nous venons de le voir, les coûts restent élevés, tous n’ont pas accès à l’intégralité de
l’offre et celle-ci est encore mal connue.
2.1. CONSTRUIRE UNE VERITABLE STRATEGIE EXPORT PERMET D’ANTICIPER ET DE LEVER
LES FREINS LOGISTIQUES
L’anticipation est particulièrement importante sur les axes suivants :
Décider du périmètre des produits que l’on souhaite exporter, et de l’évolution de ce
périmètre dans le temps, en fonction des contraintes liées à l’export de tels produits ;
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 104
Décider d’un lieu d’implantation de stock : local ou au départ de la France. Malgré le
coût évident d’un stock local, certains groupes effectuent ce choix dans différents cas
de figure tels que déploiement du site dans un pays lointain (Chine par exemple),
produits différents dans le pays cible, nécessité de délais très courts de livraison pour
des raisons commerciales. Il ne s’agit plus là d’exportation, mais d’implantation de
filiale dans un pays étranger.
Définir une stratégie de développement. Le déploiement d’un site web dans un pays
représente un véritable investissement, notamment marketing et communication afin
de faire connaître ce site auprès d’une large population, ce qui nécessite du temps.
Certains groupes font alors le choix d’acquisition de site local, disposant déjà d’une
forte notoriété et d’une clientèle et leur permettant de gagner du temps dans le
déploiement de leur site.
Construire une stratégie de transport dans le temps :
- Sélectionner, négocier et mettre en place des solutions de transport afin de
proposer des offres de livraison adaptées : Il s’agit souvent de plusieurs
solutions de transport, en fonction du service et du volume prévu sur le pays
concerné. Un service express nécessitera une négociation de prix et un appel
d’offres auprès d’expressistes, ou la négociation directe avec le partenaire qui
gère les volumes en national. Une solution d’injection directe, dépendant de
volumes minimaux, nécessitera une négociation locale dans le pays et la mise
en place d’une traction quotidienne. Les solutions de transport nécessiteront
de mettre en place des « chantiers » informatiques tant « front office » (ce
qui est visible sur le site web pour l’internaute) que « back office » (le suivi
interne des expéditions).
- Si la montée en puissance des volumes dans un pays nécessite du temps, il sera
alors nécessaire de prévoir une solution de transport provisoire, en attendant
de pouvoir amortir le coût de l’injection directe. Cette solution provisoire peut
consister à traiter avec un opérateur de colis national proposant une solution
« standard » sur l’international.
- Organiser la gestion des retours. Il s’agira ici, notamment si le secteur est un
fort générateur de retours, de mettre en place une solution locale dans le
pays. Si les volumes sont faibles, un retour direct peut être envisageable mais
nécessitera un processus précis facilitant cette opération pour le
consommateur.
2.2. MUTUALISER LES FLUX PERMET DE FAIRE BAISSER LE COUT DE LIVRAISON
La massification des flux peut être réalisée de différentes façons :
Une approche naturelle pour débuter l’exportation dans l’e-commerce est de se rapprocher
du transporteur gérant les flux nationaux et de convenir avec lui d’une tarification des flux
internationaux, en collectant de façon massifiée les deux flux. Les réactions des transporteurs
et notamment de la Poste, ne sont pas toujours homogènes notamment concernant
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 105
l’application du taux de remise « national » à des flux naissants internationaux. Si la collecte
physique groupée des deux flux ne pose pas de difficultés, l’obtention de taux de remise sur
Colissimo International semble indépendante du taux de remise appliquée sur Colissimo
France et donc nécessairement sujette à négociation.
Autre démarche possible, le flux B2C peut être adjoint à un flux similaire existant, par exemple
B2B. En effet, de nombreux groupes disposent de solutions en place pour des flux B2B vers
différents pays (approvisionnement de points de vente, d’entrepôts locaux, de filiales, de
distributeurs). Le développement d’un site B2C à l’étranger peut se greffer sur ces flux B2B,
pour le transport d’approche a minima. La consolidation des flux permet de réduire le coût
du transport d’approche dans le pays et faciliter une solution d’injection directe.
Une troisième approche consiste à développer une activité export en s’appuyant sur un
réseau physique déjà en place : C’est une solution souvent choisie par des e-commerçants
possédant un réseau de points de vente propre ou distribuant via un réseau de partenaires à
l’étranger. Il s’agit alors de prélever le produit commandé non pas au départ d’un entrepôt
central, mais au départ d’un magasin local, permettant de réduire le coût du transport mais
aussi le délai, qui peut aller jusqu’à quelques heures seulement s’il s’agit de la zone de
proximité.
Une autre solution consiste à mutualiser des flux entre e-commerçants, permettant par
exemple de mettre en place de l’injection directe partagée. Ainsi, si l’augmentation interne
des volumes de transport est insuffisante pour atteindre un prix de transport au niveau
souhaité, une des solutions consiste à attirer d’autres flux sur la même organisation en place :
C’est par exemple le modèle développé par Spartoo (avec sa filiale Toopost), qui a choisi de
filialiser le transport, d’en faire un savoir-faire vendable à d’autres e-commerçants et ainsi de
massifier les flux. Selon un important e-commerçant rencontré, la traction permettrait de
diviser jusqu’à 4 fois les prix proposés par DHL depuis la France vers l’Italie, et ce à partir d’1
palette par semaine.
Cette action de consolidation interne est également proposée par d’autres acteurs,
notamment des marketplaces qui proposent des services tels que « Fulfilled by Amazon ». Les
gains procurés par cette massification des flux permettent une baisse des coûts de transport
mais constituent également un modèle économique intéressant pour la marketplace, qui
créée de cette façon une certaine dépendance des e-commerçants à ses services.
2.3. L’ACCES A DES TARIFS NEGOCIES SE DEMOCRATISE GRACE AU DEVELOPPEMENT
DE NOUVEAUX SERVICES
Développés dans de nombreux secteurs d’activités en créant des « centrales d’achat », ce
mode d’achat basé sur le regroupement d’acteurs disposant de volumes unitaires permettant,
en les regroupant, de mieux négocier les prix d’achat, reste peu développé dans l’e-
commerce en raison de l’éclatement de la collecte et du manque de concurrence au niveau
de l’offre, La Poste, représentant près des 2/3 du marché du colis.
Nous pouvons toutefois imaginer que de tels regroupement de volumes, à des fins de
négociation tarifaire, se développeront dans les années qui viennent. Les supports de
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 106
négociation peuvent peut-être être constitués par les clubs e-commerce, qui existent dans
de nombreuses régions.
Certains e-commerçants parviennent à mettre en place des stratégies, notamment
logistiques, leur permettant d’appréhender une partie des nombreux freins existants, afin de
mieux les contourner.
Ces acteurs sont généralement :
ceux qui ont déjà des volumes conséquents : les gros e-commerçants n’ont
globalement pas de problème,
ceux qui anticipent et connaissent les problématiques export,
ceux qui ont identifiés des partenaires pouvant les accompagner dans leur démarche
de développement.
De fait, de nombreux e-commerçants restent en marge de ces stratégies de contournement.
3. QUE SE PASSE-T-IL POUR LES AUTRES ACTEURS ?
Pour les petites et moyennes structures, développer une activité export nécessite de faire
appel à de nombreuses compétences, dont la logistique et le transport font rarement parties.
Ainsi, les petits e-commerçants apprennent souvent les difficultés de l’exportation en
l’expérimentant, ce qui s’avère compliqué et coûteux.
3.1. CERTAINS CRITERES D’ACTIVITE DU E-COMMERÇANT JOUENT UN ROLE
PREPONDERANT DANS L’IMPORTANCE ET LA DIVERSITE DES FREINS RENCONTRES
Au-delà des pays de destination choisis, les freins rencontrés par les e-commerçants sont en
particulier conditionnés par un ensemble de critères liés à l’activité de ceux-ci.
En particulier, les critères suivants semblent jouer un rôle prépondérant dans les difficultés
rencontrées :
Figure 34 : Critères caractérisant l’activité
des e-commerçants : Profil et Produit
(Source : PMP/Logicités)
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 107
Ces critères ne sont pas tous équivalents et influent sur l’export à des niveaux différents :
l’homogénéité des marchandises exportées ;
les caractéristiques du colis ;
les typologies de produits ;
la valeur du contenu du colis.
Ils viennent tous influer sur la part du prix total d’un bien exporté qui sert à couvrir les coûts de
transport (ie. ratio coût de livraison/valeur du panier).
La posture dans laquelle s’inscrit l’e-commerçant vis-à-vis de l’export : son degré
d’anticipation des freins et de lucidité sur les compétences nécessaires (qu’il devra aller
chercher en interne ou en externe) est un second facteur primordial, permettant d’expliquer
les freins rencontrés.
Enfin, l’évolution des volumes exportés conditionne l’évolution de la stratégie logistique :
1. De nombreux acteurs disent ainsi démarrer l’activité export avec le prestataire qu’ils
connaissent le mieux et avec lequel ils ont l’habitude de travailler (soit sur la France,
soit pour des flux B2B déjà en place).
2. Dans un deuxième temps, l’amélioration de la qualité de service (la prise en compte
des particularités locales et culturelles de livraison, la réduction des délais, la volonté
de proposer à leurs clients différents niveaux/types d’offres de livraison) et la
réduction nécessaire des coûts de livraison les incitent à identifier et traiter avec des
prestataires locaux, différents en fonction des destinations.
3. Enfin, une fois que des volumes conséquents sont établis et stabilisés, la mise en place
d’une traction régulière en injection directe vers des partenaires de livraison locaux
permet de diminuer significativement les délais et coûts de livraison.
Il est à noter que selon l’accompagnement dont ceux-ci bénéficient dans le développement
de leur activité, les acteurs passent de façon plus ou moins rapide de l’une à l’autre des
étapes présentées ci-avant.
Le tableau ci-dessous permet de segmenter les différents profils d’acteurs en fonction des
critères suivants :
- La part du prix total d’un panier envoyé alloué à la livraison, qui dépend elle-même de
la typologie de produit et donc du secteur ;
- Les compétences logistiques, corrélées à la taille de l’e-commerçant ;
- Les volumes exportés ;
et de présenter les principaux leviers disponibles pour diminuer les contraintes (notamment
économiques) liées à la livraison :
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 108
Figure 35 : Segmentation des différents profils d’exportateurs
Si les gros acteurs bénéficient d’un volume permettant la mise en place de solutions dédiées
et disposent d’un pouvoir de négociation, il n’en est pas de même pour les petits
exportateurs. Ce facteur est aggravé par l’effet éventuel lié à la valeur du panier, donc la
capacité à absorber le coût du transport ou à le rendre acceptable par le consommateur.
A chacune de ces catégories correspondent des leviers différents pour faire baisser les coûts
logistiques (facteurs de dégradation du ratio) :
les plus petits exportateurs sont fortement contraints par la taille souvent réduite de
leur structure, par des volumes d’export ne leur permettant pas d’industrialiser la
pratique et les conduisant à prendre en charge en propre de nombreux segments du
process logistique (voir figure 35). Leur unique marge de manœuvre réside dans la
massification des flux (mutualisation avec des flux B2B ou avec les flux d’autres acteurs)
ou dans le choix d’une offre de livraison dégradée (délais plus longs, absence de suivi,
etc.) et donc moins chère ;
les exportateurs de taille moyenne, peuvent faire valoir des flux relativement
conséquents auprès des « offreurs » afin de négocier une offre de livraison
préférentielle, éventuellement un enlèvement à domicile, des solutions logistiques
automatisées (outils d’étiquetages, etc.). Ceux-ci peuvent commencer à imaginer une
réelle stratégie logistique et à développer des compétences en ce sens. A partir d’un
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 109
certain volume vers une unique destination, il leur est possible de pratiquer de
l’injection directe ;
les plus gros exportateurs bénéficient de compétences logistiques complètes
(internalisées ou externalisées), leurs volumes d’export importants leur permettent de
négocier férocement les tarifs avec les offreurs et d’acheter le transport localement.
Pour les plus importants d’entre eux, l’offre de livraison est imaginée « sur-mesure ». Au
final, la logistique ne constitue pas un frein réel pour eux.
De ce fait, les freins rencontrés sont d’autant plus importants pour certains secteurs d’activité
spécifiques :
- L’alimentaire présente différents désavantages : des valeurs panier faibles, des
volumes parfois importants ;
- L’habillement « mass market » présente les mêmes désavantages auxquels s’ajoutent
des taux de retour élevés ;
Les encombrants (meubles, décoration), le gros électronique et l’électroménager « mass
market » sont principalement pénalisés par des volumes très importants, difficiles et donc
coûteux à exporter.
3.2. DE PLUS, CERTAINES DESTINATIONS CONCENTRENT UN NOMBRE IMPORTANT DE
CONTRAINTES D’EXPORT
La destination finale du colis joue également un rôle majeur dans les freins rencontrés par l’e-
commerçant. Certains pays se révèlent compliqués pour l’ensemble des e-commerçants, c’est
le cas des USA, de la Chine, du Canada ; alors que d’autres présentent des freins ciblés sur
une catégorie de marchandise précise :
Tableau 15 : Freins identifiés en fonction des destinations et profils d’e-commerçants concernés
(source : Entretiens dans le cadre de l’étude PMP/LOGICITES)
Destinations Freins particuliers Conséquences Profils d’e-
commerçants les plus
touchés
Allemagne Taux record de retours produit,
notamment habillement et
chaussures
Solution de gestion des retours
nécessaire
Secteur de
l’habillement et des
chaussures
Suisse, Sénégal,
Côte d’Ivoire,
Maghreb
Contraintes réglementaires fortes
/ UE : nomenclature douanière à
coller sur chaque colis
Traitement logistique coûteux
malgré la proximité des
destinations, nécessité de
passer par des
commissionnaires en douanes,
Tous
DOM TOM,
Grand Export
Pour le transport aérien, le critère
de tarification est le poids
volumique
Tarifs d’envoi élevés, poids du
coût de la logistique dans le
coût total du panier livré peut
être prohibitif
Marchandises avec un
volume/poids
importants
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 110
Le transport constitue un des maillons-clés de la chaîne de l’e-commerce. Son impact est
bien évidemment essentiel même si les e-commerçants mettent également en avant d’autres
freins : éléments de réglementation, de frais de douane, de langue, de complexité des
paiements, d’habitudes de consommation différentes.
Lorsque non anticipés, les freins logistiques se révèlent avec la mise en place des premiers flux
export. Ceux-ci peuvent être l’occasion d’appréhender les limites du modèle mis en place et
de le corriger :
ainsi, œuvrer à l’augmentation du panier moyen peut permettre de mieux absorber les
obstacles liés aux coûts de l’exportation ;
adapter certains produits au marché local ou modifier la gamme proposée afin de
limiter les risques peut constituer une stratégie.
Le premier frein identifié par nombre d’e-commerçants, notamment les plus petits d’entre
eux, est le coût du transport qui suffit souvent à décourager les initiatives d’exportation. Ce
coût et donc le frein qu’il engendre, diffèrent très fortement en fonction de la typologie des
e-commerçants, des produits distribués et bien sûr du pays d’export.
D’autres dimensions opérationnelles telles que l’absence de suivi, indispensable pour les e-
commerçants aux processus logistiques structurés, sont également un obstacle important, qui
peut être levé par une amélioration chez les prestataires logistiques et une meilleure
harmonisation et coordination entre eux.
La gestion du paiement à la livraison constitue un blocage total à l’entrée sur des pays
proches et à fort potentiel comme l’Italie ou l’Espagne.
Les retours ont été identifiés comme un des importants freins au développement du e-
commerce transfrontière pour le secteur de l’habillement et de la chaussure. Les importants
taux de retours, le coût du transport, le risque de dégradation ou de perte des produits
perturbent le modèle économique et incitent certains e-commerçants à décider de ne pas
expédier vers certains pays.
Les plus petits exportateurs, bénéficiant de compétences logistiques limitées et de volumes
ne leur permettant pas de massifier leur flux sont d’autant plus confrontés à ces difficultés.
La valeur du panier, corrélée au secteur de vente du e-commerçant est également un facteur
significatif.
Le manque d’accompagnement et la posture adoptée par l’e-commerçant, la part des coûts
logistiques dans le prix total du panier livré, et l’évolution des volumes exportés sont autant de
facteurs influençant les freins rencontrés par les e-commerçants.
De fait, les acteurs les plus en difficultés sont bien souvent :
- les plus petits, ne bénéficiant pas de compétences internes ;
- les plus novices face au sujet de l’export, qui entament le développement de cette
activité ;
- les acteurs traitant avec des marchandises engendrant des complexités logistiques
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 111
- les acteurs dont la localisation ne permet l’accès qu’à une offre d’enlèvement et de
transport restreinte
Enfin, des difficultés supplémentaires viennent compliquer l’exportation vers certaines
destinations particulières : les USA, la Chine, le Canada.
Pour nombre d’e-commerçants, l’exportation est source de complexité, de coût, de risques, de
perte de temps. Ce sont souvent les petites entreprises, qui ne savent pas comment s’y prendre
et auprès de qui s’adresser qui rencontrent le plus de difficultés. Lorsqu’elles décident de
satisfaire une demande d’exportation, une mauvaise expérience suffit à prendre une décision
brutale, comme cela a pu souvent être évoqué dans le cadre des entretiens menés : « je ne
vends plus dans ce pays » et à prendre une position de geo-blocking.
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 112
ANNEXES
ANNEXE 1 : Benchmark
Dans le cadre de l’étude sur l’e-commerce transfrontière, nous avons comparé les offres
existantes au départ de la Belgique, de l’Allemagne et du Royaume-Uni par rapport à celles
disponibles en France. Ceci permet d’évaluer les possibilités d’envoi à l’export en fonction du
pays de résidence et de conclure sur les éventuelles différences qui avantageraient les e-
commerçants situés dans un pays par rapport à ceux situés dans un autre.
Ce travail de benchmark exclut volontairement les offres pour les très gros e-marchands, qui
fonctionnent dans tous les pays par injection directe.
1. Cartographie des offreurs
1. Segmentation des offres de livraison colis par pays analysé
Au-delà de l’analyse acteurs intervenant sur ce marché, il a semblé intéressant de
comprendre les offres existantes de livraisons de colis dans les trois pays étudiés, en termes
de produits et de services.
Afin d’apporter plus de lisibilité à la comparaison des offres, celles-ci ont été séparées en
trois catégories elles-mêmes segmentées en fonction de typologies de services :
Offres de livraison à domicile de colis ;
Offres de livraison « hors domicile » ;
Offres hybrides portées par des modèles d’intermédiaires appelés comparateurs ou
intégrateurs de flux ;
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 113
1) offres de
livraison à
domicile
Expressistes internationaux et monocolistes
Ces deux métiers de colis express et standard ont été regroupés, les services
proposés pour les e-marchands ayant tendance à se rapprocher, ceci pour
plusieurs raisons :
- Les expressistes proposent tous des offres de livraison standard, plus
lentes (route), en complément des offres express traditionnelles
(aérien) ;
- Les délais de livraison proposés par les monocolistes sont aujourd’hui
assez réduits afin de répondre à la demande et se rapprochent des
offres standards des expressistes.
Nota : Le rachat de TNT par FEDEX n’est pas encore effectif sur le plan
commercial et opérationnel, justifiant de faire figurer dans les tableaux les
deux enseignes.
Autres opérateurs transfrontières et postes nationales
Acteurs à implantation locales
2) offres de
livraison hors
domicile
Bureaux de poste
Ils ont partout un double rôle :
- de collecte des colis pour le particulier (colis en instance mais aussi
réception directe des colis, le bureau de poste jouant alors le rôle de
point relais)
- de dépose des colis pour expédition à la fois pour les particuliers et
les petits e-marchands
Consignes automatiques de retrait de colis (ou parfois d’expédition)
Points relais
Ils constituent la 1ère solution de retrait des colis hors domicile. Les grands
réseaux de colis, développent leur propre réseau dans tous les pays
concernés. Certains groupes ont choisi de mettre en place des partenariats
avec des acteurs locaux.
3)Comparateurs,
intégrateurs de
flux
Sont regroupées dans cette catégorie les solutions permettant à un e-
marchand, souvent de petite taille, d’accéder à l’offre des gros transporteurs
et expressistes et ainsi de bénéficier de tarifs négociés.
Cette offre est à la fois domestique et transfrontière
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 114
2. Le Royaume Uni et l’Allemagne présentent un marché du colis plus
compétitif et plus ouvert que la France et la Belgique
Pour chacun des trois pays analysés, les principales offres proposées sont récapitulées ci-
dessous :
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 115
Les principales remarques concernant l’analyse des offres sont les suivantes :
Des offres de livraison export à domicile plus matures qu’en France :
- Dans les 3 pays analysés, l’offre des expressistes internationaux et des
monocolistes est portée par les mêmes acteurs, à l’exception d’Hermes, qui
n’affiche pas de présence en propre en Belgique pour le moment. Les
acteurs mentionnés ont tous plusieurs offres transfrontières, en fonction de
la qualité de service exigée et du niveau de prix recherché ;
- Au Royaume-Uni et en Allemagne en particulier, les offres de livraison
transfrontière sont largement développées et les différentes catégories
d’acteurs sont plus étoffées :
Les acteurs postaux alternatifs (Postmodern en Allemagne),
Les acteurs présents sur des niches (par exemple Asendia sur le
petit paquet postal), sur des offres en injection directe (DHL Parcel,
Spring, Packetport par exemple)
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 116
Et d’autres acteurs locaux importants tel Yodel au Royaume-Uni,
devenu en quelques années le 2nd acteur national, en s’adressant
particulièrement aux e-commerçants/commerçants multi-canaux
de toutes tailles (y c. petits e-commerçants).
- Des acteurs innovants à implantation locale viennent compléter ces offres : Il
s’agit souvent de start-ups disposant d’offres de livraison spécifiques
(livraison sur rendez-vous, livraison écologique, etc.). L’une des solutions les
plus innovantes est celle de Doddle au Royaume-Uni, qui a créé une
centaine d’espaces dédiés, souvent dans les gares, permettant le retrait et
l’expédition de colis. Le client a ainsi accès aux offres domestiques et
transfrontières de différents transporteurs référencés.
De la même façon, les offres export hors domicile sont également plus développées au
Royaume Uni et en Allemagne qu’en France ou en Belgique :
o En effet il existe entre 5 et 6 réseaux de points relais par pays, soit plus qu’en
France (4 réseaux).
l’Allemagne est le pays le mieux équipé, avec plus de 40 000 points
relais, soit près du double de la France ;
Le Royaume-Uni compte environ 30 000 points relais ;
- D’autre part, les consignes de retrait de colis se développent à un rythme
différent dans les pays analysés :
L’Allemagne est un précurseur, avec le réseau de Packstation (2750
emplacements). A noter l’émergence de Parcellock qui développe
des consignes individuelles ou d’immeubles afin de collecter les
colis des 3 transporteurs qui sont ses actionnaires (GLS, DPD et
Hermes) et les premières consignes d’Amazon ;
Au Royaume Uni, InPost et Amazon regroupent à eux deux plus de
2000 consignes ;
En Belgique comme en France, les consignes sont encore peu
développées ; à noter que les 150 consignes de Bpost permettent
également à des particuliers ou petits e-marchands d’envoyer
directement des colis ou de les retourner, y compris en expédition
transfrontière.
- Et en l’Allemagne, les bureaux de poste sont souvent équipés de machines
permettant de faciliter la dépose des colis (cf. 1000 paketbox implanté
dans les bureaux de poste allemands)
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 117
Enfin, l’analyse du positionnement de l’acteur postal en charge du Service Universel Postal
dans chacun des pays par rapport aux autres acteurs du colis permet compléter l’analyse des
marchés nationaux du colis :
Dans tous les pays, l’opérateur postal conserve une part importante du marché du colis
sur son périmètre national mais l’ouverture à la concurrence est plus importante dans les
3 pays analysés qu’en France : la part de marché de l’opérateur national sur le colis
domestique varie de 38% au Royaume -Uni à 42 % en Belgique et en Allemagne, elle
est supérieure à 60% en France pour le groupe La Poste.
Les groupes qui profitent le plus de l’ouverture à la concurrence sont les Postes elles-
mêmes. En effet, les groupes les plus présents sur le marché du colis en Europe sont
- DHL (poste allemande),
- DPD (poste française),
- GLS (poste britannique),
- Post NL (poste néerlandaise) qui développe sous sa marque propre ses
activités en Belgique, d’abord en Flandres et depuis peu en Wallonie, mais
aussi, au travers de sa filiale Spring, des offres d’injection directe vers l’Asie
et l’Amérique au départ de plusieurs pays européens via son hub
néerlandais,
- BPost dans une moindre mesure, qui renforce ses activités dans le colis à
destination de l’Amérique, Asie et Australie. Le rachat possible de Post NL
par Bpost pourrait toutefois réduire la concurrence sur le marché belge.
Parmi les autres acteurs :
Le principal opérateur non postal qui semble conquérir des parts de marché
importantes est Hermes, en Allemagne, mais aussi au Royaume-Uni et en France
(Mondial Relay). Les autres opérateurs importants, à l’instar de Colis Privé en France,
conservent essentiellement une position sur leur marché national.
Les expressistes ont par nature un rôle à jouer dans les échanges transfrontières. Leur
importance reste toutefois relative dans le domaine de l’e-commerce, à l’exception
d’UPS en Allemagne, en comparaison avec les autres acteurs et notamment les acteurs
postaux.
Des offres de comparateurs /intégrateurs de flux qui explosent en Allemagne et
surtout au Royaume-Uni :
- Développées depuis une dizaine d’années au Royaume-Uni avec de
nombreux acteurs, tels Parcel2go, ces solutions semblent avoir acquis une
importance significative sur ce marché du colis transfrontière à destination
des particuliers et petit-e-marchands.
- En Allemagne, les comparateurs semblent également capter une part de
marché significative.
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 118
La présence sur les marchés anglais et allemands d’acteurs plus nombreux et plus matures
génère un niveau de compétition plus élevé dans ces pays qu’en Belgique et qu’en France. Un
des principaux impacts est une part de marché plus basse de l’acteur postal historique, tout
particulièrement au Royaume-Uni : 36% contre plus de 60% estimés pour La Poste sur le
marché français du colis, comme l’illustre le tableau ci-dessous. Il est à noter au Royaume-Uni
la deuxième place sur le marché prise par un nouvel acteur spécialisé, Yodel, devant les
expressistes et monocolistes, qui témoigne du dynamisme concurrentiel et en particulier des
nouveaux acteurs.
(note : le marché belge voit également une part plus faible de son acteur historique, qui
provient de la part importante prise par PostNL, l’acteur postal néerlandais voisin, de par les
forts liens économiques au sein de l’ensemble du Bénélux).
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 119
Le rôle de l’opérateur postal national est moins important au Royaume-Uni, et dans une
moindre mesure en Allemagne, qu’en France. De fait, ces deux marchés nationaux sont
plus ouverts à la concurrence, y compris sur les offres de livraison de colis à l’export.
Ceci permet aux e-commerçants de disposer d’un large choix d’offres de livraison
export ;
Les offres hors domicile sont plus densément développées au Royaume-Uni et en
Allemagne qu’en France, avec un rôle de collecte des colis qui offre une diversité de
solutions plus importante en particulier pour les petits e-commerçants.
Les comparateurs / intégrateurs de flux et leur multiplicité au Royaume-Uni apportent
des solutions nouvelles à destination des petits e-commerçants et leur donnent accès
à des tarifs plus compétitifs que les offres standard auxquelles ils ont accès en direct
auprès des grands acteurs postaux et expressistes – monocolistes.
2. Analyse des offres à destination des petits et moyens e-
commerçants
1. Analyse qualitative des offres
Les différences de structure de marché et de concurrence sur chaque marché national,
décrites plus haut, génèrent des différences dans l’offre spécifique à destination des petits et
moyens e-commerçants dans les pays étudiés.
Les services sont relativement identiques en ce qui concerne le délai et l’information,
bien que certains critères d’accès subsistent (DPD ou GLS ne permettent pas
d’accéder à l’ensemble des services à partir du premier colis dans tous les pays : par
exemple, le service GLS d’édition d’étiquettes n’est disponible qu’en Allemagne). Des
efforts majeurs ont en effet été effectués par les opérateurs pour homogénéiser le
niveau de service sur ces grands pays européens.
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 120
L’une des principales différences entre les 4 pays est celle de l’accès physique à
l’offre, c’est-à-dire la collecte : Dans les 3 pays analysés, les opérateurs postaux
disposent d’un réseau, soit en propre, soit par le biais de points postaux dans les
commerces :
En Belgique, Bpost dispose de 1250 points répartis de façon égale entre bureaux
de Poste et points poste dans les commerces.
En Allemagne, Deutsche Post a transformé son réseau pour disposer à travers le
pays d’un réseau dense de bureaux de poste à l’intérieur des commerces, et de
points relais, de même que de consignes automatiques
Au Royaume-Uni, les 11 500 bureaux de Poste sont essentiellement gérés par des
partenaires, souvent des groupes de supermarchés comme Tesco ou WHSmith. Ce
réseau de proximité a la particularité d’être beaucoup moins souvent situé en
centre-ville qu’en France.
Ces réseaux sont complétés par les réseaux de points relais et de consignes qui
vont progressivement permettre l’expédition de colis, comme c’est déjà le cas en
Belgique et au Royaume-Uni :
- Le réseau InPost au Royaume-Uni permet d’expédier des colis, mais uniquement
en domestique.
- Les 150 consignes Bpost en Belgique permettent d’expédier des colis a priori
également à l’étranger. Cette fonctionnalité n’existe pas encore en France.
2. Analyse des conditions tarifaires
Enfin, semble être un critère de différenciation entre les offres d’expédition export
de colis au départ des 4 pays. En effet, les entretiens effectués ont permis de
collecter de nombreuses informations qualitatives indiquant que le coût de
l’expédition de colis transfrontière serait plus élevé en France que dans les pays
voisins.
« Les tarifs au départ de la France sont
très élevés. C’est extrêmement pénalisant
par rapport aux pays voisins, UK
notamment et dans une moindre mesure
l’Allemagne »
Comparateur d’offre français
« Le coût, notamment de la collecte et de
l’acheminement, est un vrai frein pour les petits e-
marchands. L’Allemagne et le Royaume-Uni offrent
beaucoup plus de possibilités que la France. En
France, il n’y a que La Poste. La Belgique est au
niveau de la France »
Intégrateur de solutions e-commerces français
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 121
Afin de confirmer cette assertion, nous avons pu comparer les tarifications des offres entre
les différents pays et avec celles pratiquées en France.
Méthodologie : l’analyse s’appuie sur des comparaisons d’envois de colis vers 2 pays
hors périmètre étudié : l’un européen, l’Italie, l’autre hors Europe, les Etats-Unis.
Elle a également pris en compte deux tranches de poids, moins de 1 kg et moins de 2
kg auxquelles ont été appliquées successivement différents tarifs correspondant à
différentes offres.
Les tarifs permettant d’effectuer cette analyse sont ceux disponibles sur internet, donc
publics. Ils ne prennent pas en compte les négociations tarifaires spécifiques. Celle-ci
porte sur différents produits : le paquet postal, le colis standard. Dans un deuxième
temps, l’accès aux taux de remise a été analysé.
1- Comparaison tarifaire sur deux produits homogènes
Comparaison sur le paquet postal
Ce service d’envoi de paquets de moins de 2 kg est identique dans tous les pays et
permet une comparaison facile :
France Allemagne UK Belgique
paquet postal
DHL
Päckchen
Royal Mail
Economy
small parcel
Bpost
bpack
Colis 1 kg vers Italie 10,30 € 9,00 € 9,84 € 11,70 €
Colis 1 kg vers Etats-Unis 12,40 € 16,00 € 9,84 € 11,70 €
Colis 2 kg vers Italie 13,00 € 9,00 € 15,90 € 23,40 €
Colis 2 kg vers Etats-Unis 18,65 € 16,00 € 15,90 € 23,40 €
Cette analyse permet de constater que par rapport aux e-commerçants anglais et
allemands (respectivement 1er et 3ème marchés e-commerce européens), les offres
dont disposent un e-commerçant français sont globalement moins compétitives :
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 122
Un paquet postal envoyé en Italie au départ de l’Allemagne revient environ 10%
moins cher qu’en France s’il fait moins de 1 kg et 30% moins cher s’il fait moins de 2
kg. Pour un envoi vers les Etats Unis, le prix au départ de l’Allemagne est supérieur
à celui de la France pour un paquet de 1 kg et inférieur pour un paquet de 2 kg
Les prix du paquet postal au Royaume-Uni sont assez proches de ceux de la France
pour un envoi en Italie malgré une évidente différence de distance qui pourrait
justifier un coût plus élevé. Ils sont en revanche beaucoup plus compétitifs pour un
envoi aux Etats Unis (20% inférieur à la France pour un paquet de 1 kg).
En revanche, le même paquet expédié de Belgique revient sensiblement plus cher
qu’en France.
Comparaison sur le colis standard
Différents services standards pour lesquels les tarifs étaient accessibles ont ensuite pu
être comparés :
France Allemagne
* format XS
(0,10 x 0,15 x
0,2)
** XS (longueur
+ côté le plus
court < 35 cm)
Colissimo
expert
(HT)
Mondial
Relay
(Hermes)
***
Mondial
Relay
prix HT
0-10
colis /
jour
DHL
Paket
Hermes
* GLS **
Colis 1 kg vers
Italie 13,69 11,20 9,33 16,99 9,79 15,40
Colis 2 kg vers
Italie 15,08 12,30 10,25 16,99 9,79 15,40
Colis 1 kg vers
Etats-Unis 23,23 35,99 NC
Colis 2 kg vers
Etats-Unis 31,86 35,99 NC
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 123
UK Belgique
*** somme
des côtés
< 150 cm
**** pas de
TVA pour
les colis
de moins
de 10 kg
Taux de
change
£/€ : 1,20
Royal
Tracked
& signed
Parcelforce
Global
value (€
HT)
Yodel
(€
HT)
Hermes
(€ HT)
Interlink
direct
(DPD)
Bpost
tarif
public****
GLS
**
Colis 1 kg vers
Italie 14,94 32,46 19,15 14,24 24,00 32,80 15,60
Colis 2 kg vers
Italie 19,92 32,46 20,32 14,24 24,00 32,80 15,60
Colis 1 kg vers
Etats-Unis 20,58 35,88 N/A 26,21 65,60 N/A
Colis 2 kg vers
Etats-Unis 27,24 41,88 N/A 31,00 65,60 N/A
Cette analyse des tarifs publics permet de constater que :
- Si pour un colis de 1 kg, les tarifs accessibles aux e-commerçants français sont
plus compétitifs que ceux disponibles au Royaume-Uni, Allemagne et Belgique
vers l’Italie,
- Pour un colis de 2 kg, l’Allemagne, pays avec une situation géographique
comparable à la France pour le marché italien, est plus compétitive pour
exporter vers l’Italie.
- Pour un export vers les Etats-Unis, les e-commerçants britanniques bénéficient
de conditions tarifaires inférieures à leurs homologues français (écart de -10%
à -15%). L’Allemagne et la Belgique apparaissent comme très peu compétitifs
sur cette destination export.
Au-delà des tarifs publics, l’accès à des taux remisés et les niveaux de remise
accessibles sont également susceptibles de créer des écarts de compétitivité.
2- Comparaison d’accès aux taux de remise
Accès direct à des taux de remise
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 124
La transparence sur l’accès aux taux remisés est un élément important dans la
compréhension de la tarification. En effet, les entretiens avec des e-marchands en
France ont montré que certains d’entre eux n’avaient pas connaissance d’existence de
taux remisés. Les visites de bureaux de Poste en France ont permis de constater que
l’application de taux remisés faisait l’objet de négociations et restait assez opaque
contrairement aux offres auxquels les e-commerçants anglais, allemands et belges
semblent avoir accès.
Ainsi, la poste allemande (DHL) propose dès 50 colis par an, des taux de remise
standards et très visibles qui sont affichés sur le site internet.
Le tarif de 16,99 € pour un colis vers les pays de l’EU passe à 14,98 € à partir de
50 colis par an et à 13,90 € pour un achat direct de l’affranchissement sur internet.
Cette remise ne concerne que les destinations de l’UE. Seule une remise d’1 € est
accordée pour les Etats-Unis du fait de l’achat sur internet (34,99 € au lieu de
35,99 €).
Taux remisés sur le site web de la Deutsche Post
Accès à des taux de remise au travers des comparateurs / grossistes
Les analyses effectuées ci-dessus sur les tarifs publics n’intègrent pas l’importance des
solutions alternatives d’accès à l’offre que sont les comparateurs / intégrateurs
d’offres de transport. Il convient donc de vérifier si, au départ du Royaume-Uni, de
l’Allemagne ou de la Belgique, des offres identiques ou comparables peuvent être
obtenues sur les principaux sites de comparaison d’offres de transport.
Ont donc été analysés les tarifs des offres proposées sur différents sites comparateurs
vers l’Italie puis vers les Etats Unis, afin d’évaluer les conséquences en termes de choix
et d’accès offertes par ces acteurs. Ainsi, il apparait que dans les différents pays, les
comparateurs de prix permettent, dès le premier colis, d’arriver à des taux de remise
significatifs.
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 125
Les résultats sont présentés ci-dessous :
- Expédition d’un colis vers l’Italie :
1) Au départ de Londres :
Parcel2go, pour un colis d’1 kg de Londres à Milan propose pas moins de 23 offres
différentes, en provenance de plusieurs transporteurs : TNT, Parcelforce, Hermes, DPD,
Asendia, Fedex, UPS, InPost, Paketport, Global Courier.
o Le tarif le plus bas, est proposé par Hermes avec 9,65£ (environ 11,58 €) ou
8,80 £ sans assurance (10,56 €).
o Ce tarif est environ 20% inférieur à celui de Colissimo malgré la différence de
distance. Les résultats sont identiques avec un colis de 2 kg et un prix similaire
soit pour cette tranche de poids une différence de 30% avec Colissimo.
Le comparateur Parcel Monkey apporte des solutions quelque peu différentes, à partir
de 13,15 £ (soit 15,78 €).
Offres vers
l’Italie au
départ de
Londres (site
Parcel2go) : 23
offres à partir
de 1,58€
Offres vers
l’Italie au
départ de
Londres (site
Parcel
Monkey) : 20
offres à partir
de 15,78 €
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 126
Il est intéressant de comparer les prix pratiqués sur le même service Parcelforce Global
priority (4 jours) de Londres à Milan :
Prix public 44,82 €
Prix avec programme fidélité Reward4U (pas applicable
sur ce service)
44,82 €
Parcel2go 18,81 €
Parcel Monkey 19,80 €
Ceci se vérifie également en Allemagne :
2) Au départ de Francfort :
Le site Paketda proposera une offre plus large qui débute, si l’on exclue les
services de Deutsche Post, qui ne sont pas remisés, à partir de 13,51 € pour un
poids de 1 kg.
3) Au départ de Bruxelles
En Belgique, ces acteurs ne sont pas aussi performants dans les offres et tarifs
proposés : Upela ne propose que des solutions express à partir de 41,87 €
(Fedex)
4) Au départ de Paris :
Cette même destination a été simulée sur le site Envoimoinscher.com au départ
de Paris.
Ce site propose pour l’Italie une expédition d’un colis de 1 kg, par Happy Post à
seulement 9,31 € (vs 13,69€ pour le tarif public Colissimo Expert, soit -32%). Le
colis de 2 kg est proposé par la même solution de transport à 10,31 € (vs 15,08€
pour le tarif public Colissimo Expert, soit – 32%). Ces prix sont inférieurs ou
similaires à ceux proposés par Parcel2go au départ de Londres.
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 127
Ainsi, pour ce qui concerne l’envoi d’un colis de 1 kg vers l’Italie, nous constatons :
- Que les comparateurs permettent d’accéder à des tarifs beaucoup plus
intéressants et compétitifs pour les petits e-commerçants, tout particulièrement
au Royaume-Uni et en France (environ -30% sur notre benchmark).
- Que le nombre de solutions proposées est plus important au Royaume-Uni que
dans les autres pays et notamment en France, ce qui laisse à l’e-marchand plus
de choix et de possibilités de trouver un tarif compétitif sur ses différentes
destinations.
- Expédition d’un colis vers les Etats-Unis :
La même analyse a été effectuée avec pour destination les Etats-Unis (New York),
avec une expédition d’un colis de 1 kg et de 2 kg.
1) Au départ de Londres :
Le site Parcel2go propose 18 offres différentes de USPS (US Post Office), UPS, DPD,
Parcelforce, Fedex, Packetport, Impact Express, TNT, Global Courier.
Le tarif le plus bas pour 1 kg, celui de USPS, est de seulement 9,99 £ soit 12,00 €. La
différence avec les tarifs standards au départ de la France sont énormes, du simple au
double voire du simple au triple. Le tarif pour un colis de 2 kg est de 14,99 £ soit
18,00 €, là aussi beaucoup moins cher que les tarifs standard.
Le site Parcel Monkey propose 20 solutions à partir de 20 € pour 1 kg et 24,70 € pour
2 kg.
2) Au départ de Francfort :
Le site Paketda propose 5 offres. Si l’on exclue la maxibrief (lettre) et le petit paquet
postal, qui sont très compétitifs, le premier prix proposé est de 26,99 €.
3) Au départ de Bruxelles :
Le site Upela propose 3 solutions d’express à partir de 93 €
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 128
4) Au départ de Paris :
Cette même destination a été simulée sur le site Envoimoinscher.com au départ de
Paris.
Pour un colis de 1 kg de Paris à New-York, il est proposé 9 offres de 47 € à 301 €. Le
premier prix est celui proposé par Fedex, qui propose également pour un colis de 2
kg un tarif de 54 €.
Pour ce qui concerne l’envoi d’un colis de 1 kg vers les Etats-Unis, nous constatons
donc :
- Que le nombre de solutions proposées est beaucoup plus important au
Royaume-Uni que dans les autres pays, ce qui laisse plus de choix à l’e-
marchand.
- Que les remises proposées sont très importantes au Royaume-Uni et permettent
d’obtenir de meilleurs tarifs, notamment par rapport aux e-commerçants
français : 12€ vs 47€ pour un colis de 1 kg ,ce qui génère un écart de
compétitivité.
- L’Allemagne et la Belgique sont moins compétitives que le Royaume-Uni et la
France.
Le développement important du segment des comparateurs de prix, notamment au Royaume-
Uni, génère bien des écarts tarifaires significatifs, non seulement entre les offres publiques et
les offres remisées, pour les petits e-commerçants, mais aussi entre les pays.
3. Conclusion du benchmark
L’analyse effectuée montre que les différences d’offre ne se situent pas nécessairement sur les
tarifs publics mais sur trois axes qui semblent essentiels dans l’accessibilité et la compétitivité
de l’offre :
L’offre de colis transfrontière semble plus accessible et plus diffusée en Allemagne et
au Royaume-Uni qu’en France, de par la diversité des points de collecte, la visibilité
des offres dans ces points de collecte, et l’accessibilité à une variété d’offres plus
grande sur internet.
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 129
Les offres proposées aux e-marchands sont clairement plus nombreuses au Royaume-
Uni que dans les autres pays. Ceci est dû à l’importance du marché du colis
britannique, mais également à une ouverture plus ancienne à la concurrence. L’e-
marchand bénéficie alors d’un choix de solutions ou d’intermédiaires très large.
La compétitivité de l’offre passe par le développement des différents segments d’offre
et notamment des nouveaux segments que sont les intégrateurs / grossistes, qui
proposent un choix très large de solutions très agressives sur le plan tarifaire. Ceci est
particulièrement vrai pour le grand export et notamment l’exemple étudié des Etats-
Unis où le Royaume-Uni propose des tarifs nettement plus compétitifs que les tarifs
accessibles en France, alors que sur un pays comme l’Italie, les offres des
comparateurs français, encore peu développés, montrent déjà une bonne
compétitivité. Les tarifs publics ne semblent donc pas être le bon élément de
comparaison pour mesurer la compétitivité des tarifs accessibles aux petits e-
commerçants.
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 130
ANNEXE 2 : Détail des entités et offres de La Poste
Petit paquet Postal.
Le petit paquet postal s’adresse à l’envoi de produits de faible valeur unitaire (en général pas
de suivi). La tarification est faible pour les premières tranches de poids (100 et 250
grammes). Une cotation dédiée peut être effectuée à partir de 2000 colis par an.
Le délai d’acheminement du petit paquet est de 2 à 5 jours en Europe et de 10 à 12 jours en
dehors de l’Europe. Le service dessert le monde entier au départ de le France.
Les expéditions transfrontières transitent par le hub de Roissy. Elles sont ensuite acheminées
vers l’opérateur postal du pays concerné. Asendia est toutefois libre de choisir un autre
opérateur en fonction des conditions.
Le service du petit paquet postal s’adresse à tous types d’e-marchands, notamment les petits.
Ce produit est en concurrence avec des produits équivalents dans d’autres pays. L’étude de
benchmark effectuée montre que le produit identique au départ de l’Allemagne est tarifé
entre 10 et 20% moins cher.
Colissimo
L’offre Colissimo est scindée en 2 services distincts à destination des entreprises. Le volume
d’affaire de Colissimo à l’international reste assez modeste au regard de la part de marché
de La Poste mais est en forte croissance.
Il représente un enjeu majeur pour La Poste, qui vient de décliner une offre à destination de
certains pays européens avec un service performant et une politique tarifaire plus agressive.
L’offre export entreprise (hors guichet) représente 4 millions de colis par an et 64 millions €57
Mais ce volume augmente d’environ 50% par an. Il faut ici noter que l’offre Colissimo
International au départ des guichets de Poste représente 113 millions € pour un nombre de
colis identique. Il s’agit ici d’une cible de particuliers mais aussi probablement de TPE utilisant
le guichet comme moyen d’achat des colis, le prix pratiqué en guichet restant sensiblement
supérieur à celui négocié avec les entreprises.
En incluant l’Outre-mer, Colissimo livre 11 millions de colis à l’international, ce qui ne
représente que 4% du nombre total de colis gérés par La Poste, mettant ainsi en évidence
l’important potentiel de développement.
o Colissimo International
L’offre Colissimo International couvre l’envoi de colis dans le monde entier. Les délais sont de
J+2 à J+9 et garantis pour 28 destinations, essentiellement européennes, mais aussi Etats-
Unis, Chine, Australie, Japon, Corée.
Il n’y a pas de minimum d’envoi.
57 Source : entretien La Poste, Emmanuelle Bosc Haddad
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 131
L’offre est disponible en bureau de Poste ou éventuellement via le service collecte mis en
place.
Les tarifs sont négociables, via la force de vente « à partir de quelques milliers de colis par
an ». La négociation peut permettre d’obtenir 5 ou 10% de remise ou plus en fonction du
volume. Un compte Colissimo entreprise peut être ouvert « à partir de 1500 € par an ». Les
avis sont assez divergents sur le périmètre de négociation de l’offre Colissimo International et
notamment sur le fait que le taux de remise intègre ou pas le volume de colis transporté en
national (sur ce point, Colissimo a mentionné séparer les deux négociations alors que certains
de ses concurrents indiquent le contraire).
Colissimo International utilise le réseau des opérateurs postaux.
Le benchmark effectué auprès de 3 pays et notamment l’Allemagne et le Royaume Uni fait
apparaître un manque de transparence de la tarification. Ainsi, en Allemagne et au Royaume-
Uni, les tarifs internationaux sont très souvent affichés et en libre-service dans les bureaux de
Poste, ce qui n’est pas nécessairement le cas en France.
Des taux de remise sont accessibles, notamment en Allemagne à partir de seulement 200
colis par an.
o Colissimo Europe
L’offre Colissimo Europe est très récente et en cours de déploiement. Elle consiste à offrir
aux e-marchands la même offre que celle de Colissimo France (choix de solutions de
livraison à domicile, en point retrait, solution de retour, accès à l’offre Predict, notifications e-
mail ou SMS, accès à la Colissimo Box) pour l’export vers les pays européens. Elle met
notamment en place des solutions hors domicile dans les différents pays en tenant compte
des habitudes locales (retrait en bureau de Poste, points relais, consignes, livraison chez le
voisin, etc.).
Cette offre concerne les colis de moins de 30 kg (20 kg en point relais).
Elle est à ce jour déclinée sur 5 pays européens : Belgique, Royaume-Uni, Allemagne,
Espagne et Pays-Bas. En fin d’année 2016, cette offre sera étendue à plusieurs autres pays :
Italie, Finlande, pays baltes, Luxembourg, Portugal, Autriche, Hongrie, Tchéquie, Slovaquie,
Slovénie, Pologne, Irlande. En 2017, cette offre devrait être élargie aux Etats-Unis, Suisse et
Grèce.
Le délai de livraison est de J+3 en général, parfois jusqu’à J+7 pour des destinations
lointaines.
La collecte peut être effectuée avec la collecte courrier-colis habituelle.
L’offre Colissimo Europe est accessible aux e-marchands à partir de « quelques milliers de
colis par an ».
A l’exception de la Belgique (accord avec B Post), l’offre Colissimo Europe s’appuie sur le
réseau DPD.
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 132
L’offre Colissimo Europe est annoncée à un tarif plus faible que le service Colissimo expert
« standard » International (différence de 2 € pour la livraison à domicile et un peu moins
pour la livraison hors domicile »58 -
DPD
DPD se positionne clairement comme un des principaux réseaux européens de distribution de
colis B to B et B to C. Le réseau s’est constitué par le rachat de sociétés de distribution de
colis locales (Seur en Espagne, Interlink en Grande-Bretagne, etc .). DPD a des filiales dans
23 pays européens et a mis en place des partenariats, des franchises ou a pris des
participations dans des acteurs de la livraison de colis dans de nombreux autres pays.
DPD a transporté en 2015 1 milliard de colis au travers de son réseau européen. Ce chiffre
correspond à une part de marché annoncée de 13,2%. L’offre transfrontière ne correspond
qu’à une partie du volume mentionné, DPD étant avant tout un réseau constitué d’acteurs
disposant d’une part de marché significative sur leurs territoires nationaux.
Le positionnement de l’offre transfrontière au départ de la France est un service 48-72 heures
au départ de la France, 30 à 50% moins cher qu’un expressiste. L’e-commerce représente
30% de l’activité de DPD, qui est à l’origine un acteur du colis B to B.
Le déploiement du réseau se confirme encore en 2016 avec l’implantation d’un nouveau hub
de 20 000 m² à Birmingham ayant une capacité de traitement de 72 000 colis par heure59.
Celui-ci sera un des plus grands centres de tri d’Europe. Le groupe, qui a déjà une position
de choix au sein du marché du colis britannique, avec 211 millions de colis annuels distribués
sur le territoire, devrait ainsi asseoir sa position.
DPD est également l’un des utilisateurs de la solution Predict, créée en 2010 et qui sera
prochainement étendue à l’ensemble de l’Europe. Nouveau service du même type : DPD
lance actuellement au Royaume-Uni « Precise », un nouvel outil de suivi qui permet de choisir
et contrôler sa livraison (et de choisir parmi plusieurs fenêtres d’1h). Ainsi, couplé à l’offre de
livraison en consignes « PickUp » le réseau DPD permettrait d’atteindre en solutions hors
domicile 93% de la population britannique en 10mn.
Néanmoins, DPD reste un service premium à destination de clients premiums avant tout dont
la cible principale est « le gros e-commerçant ».
L’objectif de DPD est de créer en Europe un réseau de livraison de colis totalement intégré,
avec une offre domicile, une offre hors domicile, la gestion des retours et les services
informatiques de suivi et communication.
Dans les 23 pays dans lesquels DPD est présent, l’opérateur se situe parmi les 3 premiers
prestataires de livraison de colis, ceci confirmant la présence de Geopost comme un des
grands réseaux de distribution de colis en Europe.
DPD gère des grands et moyens comptes au départ de la France. Il organise l’enlèvement et
maîtrise la distribution.
58 Entretien La Poste et Conférence Colissimo salon e-commerce 2016. 59 « Pas de Brexit avec le e-commerce », 08/07/2016, L’officiel des transporteurs
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 133
D’autres clients choisissent de faire de l’injection directe dans un pays, par exemple
l’Allemagne, et de négocier directement avec DPD Allemagne la distribution dans le pays. Ce
choix est souvent effectué pour des raisons économiques.
Chronopost
Chronopost apporte à l’international des solutions de livraison express (1 à 2 jours dans les
grandes villes européennes, 1 à 3 jours dans le reste du monde) et des solutions de livraison
(2 à 4 jours en Europe).
Pour l’express, Chronopost a mis en place son propre réseau avec des partenariats
(notamment Sodexi-Air France et DHL). Concernant l’offre Europe standard, elle utilise le
réseau DPD.
Le tarif entreprise de Chronopost est très rapidement négociable : à partir de seulement 4
colis par mois, une remise de 10% peut être appliquée ; cette remise passe à 20% entre 10 et
19 envois, puis 30% voire plus.
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 134
Annexe 3 : Solutions hors domicile et accessibilité
des réseaux hors domicile
Rappel des caractéristiques des principales offres hors domicile :
Mondial Relay Relais Colis Inpost Pickup Kiala
Particulier :
-Petit Max 64cm
x 40cm x 10cm
(Longueur x
largeur x Hauteur)
et son max poids
20kg
-Standard la
somme des côtés
du colis (Longueur
+ largeur +
Hauteur) ne peut
excéder 150 cm
et son poids 30
KG (longueur
maximum limitée
à 120cm)
Offre pro :
en point relais,
home,
drive (en
agences)
(Pas de pré-
requis de volume,
des colis jusqu’à
130 kg)
9 pays d’Europe
-Chez moi
Solution
disponible
Home + poids
supérieur à
40kg et 2.5m
-Devant chez
moi
Solution Home
poids compris
entre 40 et
70kg
-Près de chez
moi
Solutions
express ou
standard Max
20kg 1.7M
Solution max
pour les colis
compris entre
20 et 40 kg,
2.5M
Solution Drive
poids compris
en tre 40 et
70kg
En France
-Petit: 8 cm
(hauteur) x 38
cm (largeur) x
64 cm
(longueur)
-Moyen: 19
cm (hauteur) x
38 cm
(largeur) x 64
cm (longueur)
-Grand: 38
cm (hauteur )
x 38 cm
(largeur) x 64
cm (longueur).
un colis ne
doit pas
dépasser 20
kg.
Présent dans
15 pays
d’Europe
Navette Pick up
Le colis doit pouvoir
se glisser dans les
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disponibles dans les
relais Pickup
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par 50cm).
Livraison express
(24h) ou rapide (48h)
de colis issus du e-
commerce ou de la
vente à distance en
relais Pickup
28 500 relais dans 23
pays
N.C
Présent dans 5
pays d’Europe
(possible
d’envoyer au
depart de la
Belgique des
colis)
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 135
Accessibilité des points relais ( le plus proche)
Paris
75011
Quiberon
56170
4 963 hab.
(2014)
12490
Saint Rome
de Tarn
05600
Guillestre
80650
Vignacourt
Mondial
Relay
0 km
(Paris 11e)
0 km
(Quiberon)
9,55 km
(Saint
Affrique)
0 km
(Guillestre)
5,64 km
(Flesselles)
Relais
Colis
0 km
(Paris 11e)
0 km
(Quiberon)
9,55 km
(Saint
Affrique)
3, 7 km
(Eygliers)
9,1 km
(Flixecourt)
InPost
0 km
37km
(Lanester)
16 km
(Millau)
44 km le
(Gap)
16km
(Salouel)
Pickup
0 km
(Paris)
0 km
(Quiberon)
8,9 km
(Saint
Rome de
Tarn)
0 km
(Guillestre)
0 km
(Vignacourt)
Kiala
0 km
(Paris)
11km
(Carnac)
10km
(Saint
Afrique)
3km 5km
La
Poste
0 km
Source : sites internet
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 136
ANNEXE 4 : Taux des TVA pratiqués au sein de l’UE
Une grande disparité des TVA en Europe
(source : Worldbank, IMF, PWC and Ecommerce Foundation, 2016)
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 137
ANNEXE 5 : Droits d’accises
Tableau 16 : Détail des taux standards et réduits des droits d’accises tels que pratiqués par les membres de l’Union Européenne (source : Excise Duty Tables Alcoholic Beverage, July 2016)
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 138
ANNEXE 6 : Restitution de l’enquête en ligne
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 139
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Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 141
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SIGLES
DGE Direction générale des Entreprises
B2C Business to Customer
C2C Customer to Customer
B2B2C Business to Business to Customer
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 145
LEXIQUE
B2B : d’entreprise à entreprise
C2C : d’individu (client) à individu (client)
Cross canal : Le cross-canal est une stratégie répandue dans le secteur de l'e-commerce,
consistant à placer le client au coeur de l'enseigne, indépendamment du canal de
distribution qu'il utilise. Il permet aux différents canaux de distribution d'une entreprise
(magasin physique, catalogue, site web, etc.) de fonctionner ensemble plutôt que de se
concurrencer.60
Colis égrené : Colis directement déposé en point de contact Poste et bénéficiant du service
universel postal
Collecte : Action de collecter, de réunir des colis en vue de leur expédition
Expressiste : Groupe de transport disposant d’une offre de services de transport express.
Injection directe : Forme d’expédition de colis visant à massifier le transport vers un hub situé
dans un autre pays, puis à transférer les expéditions vers un transporteur de colis local.
Internaliser : traiter certaines activités d’un process en propre
Marketplace : Place de marché e-commerce. Les grands sites marchands désignent sous le
terme de marketplace l’espace qu’ils réservent sur leur site à des vendeurs indépendants
moyennant une commission prélevée sur leurs ventes.
Monocoliste : Groupe de transport spécialisé dans la livraison de colis unitaires,
généralement de moins de 30 kg ou 31,5 kg
Multi canal : Caractéristique d'une stratégie de distribution qui recourt à plusieurs canaux
(physiques et/ou virtuels) de distribution en parallèle. L'objectif d'une stratégie multicanal est
d'aboutir à la combinaison la plus synergique possible, mais qui demeure cohérente aux yeux
de la cible. Il faut avant tout éviter une concurrence cannibale entre canaux.61
Point relais : Le point relais est l'appellation attribuée au service de proximité lié au
commerce électronique. Il s'agit en effet d'un commerce de proximité utilisé comme lieu et
service de distribution de colis pour des opérateurs de réseaux.62
Programme Interconnect : Programme mis en place par 24 membres de l’International Post
Corporation afin d’assurer un suivi et une traçabilité totale des envois entre les différents
opérateurs.
Pure Player : L'expression fut utilisée à l'origine pour désigner une entreprise dont l'activité
était exclusivement menée sur l'Internet. Par extension, elle permet de désigner une
60 Source e-commerce magazine 61 Source e-commerce magazine 62 Source e-commerce magazine
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 146
entreprise qui concentre ses activités sur un seul métier ou en tout cas sur un seul secteur
d'activité.63
63 Source e-commerce magazine
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 147
INDEX DES ILLUSTRATIONS
Index des tableaux
Tableau 1 : Présentation des offres service universel distribuées par La Poste (hors Colissimo) ___ 56
Tableau 2 : Présentation des offres hors service universel La Poste _____________________ 56
Tableau 3 : Présentation de l’offre Delivengo Profil _______________________________ 57
Tableau 4 : Détail de l'offre Colissimo (Source : information site La Poste) ________________ 58
Tableau 5 : Détail de l'offre Chronopost (source : site chronopost) ____________________ 60
Tableau 6 : Description des offres TNT Fedex et GLS ______________________________ 66
Tableau 7 : Description des offres UPS _______________________________________ 68
Tableau 8 : Description des offres DHL _______________________________________ 70
Tableau 9 : Récapitulatif des offres de livraison export point relais disponibles en France, hors
celles de La Poste _____________________________________________________ 73
Tableau 10 : Les grands modèles de marketplaces (services et facturation) _______________ 80
Tableau 11 : Récapitulatif des comparatifs de prix sur le produit petit paquet et les offres
équivalentes à Colissimo en Allemagne et au Royaume-Uni __________________________ 91
Tableau 12 : Exemple de structure de coûts pour le e-commerçant pour un colis d’environ 1 kg _ 93
Tableau 13 : Détail des freins et des profils d’e-commerçants prioritairement concernés
(Source : Entretiens) ___________________________________________________ 100
Tableau 14 : Détail des freins au sein de l’UE et des profils d’e-commerçants prioritairement
concernés _________________________________________________________ 101
Tableau 15 : Freins identifiés en fonction des destinations et profils d’e-commerçants
concernés _________________________________________________________ 109
Tableau 16 : Détail des taux standards et réduits des droits d’accises tels que pratiqués par
les membres de l’Union Européenne (source : Excise Duty Tables Alcoholic Beverage, July
2016) _____________________________________________________________ 137
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 148
Index des figures
Figure 1 : Evolution du e-commerce et du m-commerce en France ........................................................... 27
Figure 2 : Top 15 des e-commerçants français en nombre de visiteurs uniques au 1er trimestre
2016 ................................................................................................................................................................................ 28
Figure 3 : Répartition des sites e-commerçants français en nombre de transactions annuelles ........29
Figure 4 : Répartition des e-commerçants en fonction de leur CA annuel ...............................................29
Figure 5 : Evolution du nombre de sites e-commerce en France en milliers (Source : FEVAD,
2016) ............................................................................................................................................................................. 30
Figure 6 : Taux de pénétration et CA du E-commerce par secteur en 2015 en France ........................ 31
Figure 7 : Parts des pays européens dans l’achat en ligne B2C ................................................................... 33
Figure 8 : Part, par pays de l’Europe des 28, des achats e-commerce réalisés à l’étranger en
2015 ................................................................................................................................................................................ 34
Figure 9 : Top 2 des pays présentant le potentiel de croissance annuelle du e-commerce
transfrontière le plus élevé par continent (Source: PayPal Cross-Border Consumer Research
2015) ............................................................................................................................................................................... 34
Figure 10 : Résultats de l'enquête en ligne PMP - Destinations export ...................................................... 36
Figure 11 : Comparaison de la répartition des e-commerçants français et européens en
fonction de leur part de CA réalisé à l’export (sources : INSEE, 2014 et Ecommerce
barometer, Ecommerce Foundation) .................................................................................................................... 36
Figure 12 : Résultats de l'enquête en ligne PMP - Activité export ............................................................... 37
Figure 13 : Prérequis pour le lancement d’une activité export et compétences associées
(Source PMP/Logicités) ............................................................................................................................................ 38
Figure 14 : Poids des places de marché auprès des petits et moyens e-commerçants français
en % d’utilisation parmi les répondants (Source : étude Oxatis/KPMG) ................................................... 40
Figure 15 : Facteurs incitatifs et barrières de l'achat dans un pays étranger (Source : Enquête
Ipsos/Paypal) ............................................................................................................................................................... 43
Figure 16 : Schéma des différentes étapes de la chaîne logistique e-commerce export
(Source : PMP/Logicités) ......................................................................................................................................... 45
Figure 17 : Schéma de livraison vers un pays européen dans un réseau de distribution de colis
(Source : PMP/Logicités) ......................................................................................................................................... 45
Figure 18 : Schéma d’injection directe vers un pays européen (Source : PMP/Logicités) ................... 46
Figure 19 : Positionnement des différents acteurs sur la chaîne logistique export (Source :
PMP/Logicités) ............................................................................................................................................................ 52
Figure 20 : Branches et entités du groupe La Poste ........................................................................................ 54
Figure 21 : Positionnement des différentes entités sur la chaine logistique export (Source :
PMP/Logicités) ............................................................................................................................................................ 55
Figure 22 : Trois catalogues accessibles de présentation des tarifs 2016 .................................................61
Figure 23 : Positionnement des offres de La Poste vis-à-vis des différents profils e-
commerçants et solutions de prédilection choisies par les plus petits acteurs ....................................... 63
Figure 24 : Chaîne de gestion des retours via un point relais (Source : PMP/Logicités) ...................... 71
Figure 25 : Schéma de livraison transfrontière par le réseau Mondial Relay (Source :
PMP/Logicités) ............................................................................................................................................................ 72
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 149
Figure 26 : Modèle d’envoi proposé par BtoCeurope, avec son offre « Ship Your Parcel »,
Source Site web https://www.shipyourparcel.eu/ .......................................................................................... 77
Figure 27 : Schéma de livraison vers un pays asiatique dans le réseau Spring (Source :
PMP/Logicités) ............................................................................................................................................................ 78
Figure 28 : L'accès à l'offre est limité à la fois par les volumes exportés mais également par
l'implantation du e-commerçant ............................................................................................................................ 83
Figure 29 : Positionnement des différentes familles d’acteurs au regard des profils d’e-
commerçants ................................................................................................................................................................ 85
Figure 30 : Grandes familles de freins rencontrés par les e-commerçants français et
verbatims issus des entretiens et enquêtes menés (Source : PMP/Logicités) .......................................... 89
Figure 31 : Synthèse du benchmark (Source : PMP/Logicités, détails en Annexe) ................................. 90
Figure 32 : Proportion des acheteurs ayant retourné un produit en 2015 (Source : Postnord) ...........95
Figure 33 : Pays les plus régulièrement mentionnés dans le cadre de l’enquête en ligne PMP ......... 99
Figure 34 : Critères caractérisant l’activité des e-commerçants : Profil et Produit (Source :
PMP/Logicités) .......................................................................................................................................................... 106
Figure 35 : Segmentation des différents profils d’exportateurs ................................................................. 108
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 150
PERSONNALITÉS CONSULTÉES DANS LE
CADRE DE L’ÉTUDE
Adrien Fernandez-Baca Cubyn, CEO
Agathe Molinar Lemon Curve, CEO
Alexis Antoszkiewicz Asendia, Directeur France
Angela Steen Etsy, Responsable Relations Institutionnelles
Antoine Aguhlon La botte gardiane, Directeur Général
Antoine Caby TNT express, Directeur marketing et expérience clients
Antoine Pottiez Mondial Relay, Président
Antoine Sentenac Wing, Co-fondateur
Arnaud Mollin Champmarket, CEO
Aurelien Gascoin BtoCEurope.eu, Directeur Général France
Aurore Szabo Bellota bellota, ex-directeur communication et évènements
Bertrand Pineau FEVAD, Membre de l’observatoire logistique e-commerce,
responsable veille, Innovation et Développement
Bertrand Toulemonde ID Group, Directeur Logistique
Botond Szebeny PostEurop, Secrétaire Général
Catherine Coppo Groupe La Poste, Directrice des Affaires Européennes
Charlotte Cheynard Ebay, Responsable Relations Institutionnelles
Christophe Poutiers Bazarchic, Directeur Supply Chain
Cristina Garcia Spring, Regional Business Development Manager
Cyril Artur du Plessis Salesupply, Developement & Marketing Director
Cyrille Jomand IdealWine, Directeur logistique et multicanal
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 151
Daniel Joutard Aïny, CEO
Eddy Richauvet Shoprunback, CEO et fondateur
Edouard Barreiro UPS, Public affairs director West Europe
Emmanuelle Bosc-Haddad Colissimo, Directrice Marketing & Activité Comptant
Eric Berner DGE, Adjoint au Chef de Bureau, Service pour la performance
compétitive
Eric Paumier Colis Privé, Président
Farouk Belmadadi Expert logistique
Francis Lazarz Chanel Parfums Beauté, Directeur logistique international
Franck Guellerin Borderlinx, VP sales and business development
Frédéric Dallois Sovereign 18, Dirigeant
Giovanni Fiorilli Ebay, Responsable Shipping pour la zone France-
Espagne-Italie
Isabelle Bonin Le vert logis, Fondatrice
Jean-Sébastien Léridon Relais Colis, Directeur Général
Julien Van Damme Envoismoinscher (Boxtal), Responsable relations transporteurs
Laurent Cayet IMX, CEO
Loïc Duflot DGE, Service de l’économie numérique
M. Blanchin Poteries du Monde, Fondateur
Marc Schillacci Oxatis, Directeur Général
Mathilde Hardy Packlink, Marketing Manager
Olivier Tsalpatouros DPD Group, Vice-président aux affaires européennes
Patrick Chambon Parrot, Directeur Marketing Digital International
Paul Lorne Spartoo, co-fondateur, Directeur Général
Soizic Lecornu MyZazie, Dirigeante
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 152
Stéphane Maurin Brandalley, Responsable logistique et transports
Stéphane Toutain Mesenvois.fr, Neopost, Responsable E-commerce, Web et
Télévente
Thierry Klopp DHL Parcel, Président-Directeur Général
Valentine Puiseux France gourmet diffusion (ventealapropriete.com), Secrétaire
Générale
Walter Trezek Ecommerce Europe, Vice-Chair of the e-Logistics Working
Group
Yann Carron de la Carrière Envoismoincher (Boxtal), Directeur Marketing et Expérience
Client
Etude sur le marché du colis transfrontière au départ de France, pour les besoins du e-commerce 153
BIBLIOGRAPHIE
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s'approprient le dernier kilomètre »
o FAUCONNIER F., 02/09/2016, « Pour les points relais et e-marchands, l'heure
des consignes automatiques a sonné »
o JOURNO F., 18/09/2016, « Il est urgent d'adopter une omni-logistique »
L’expansion
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frontière du e-commerce »
L’officiel des transporteurs
o S. B., 08/07/2016, « Pas de brexit avec le e-commerce »
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marché »
o LECLERC M., 13/09/2016, « Des centaines de casiers Amazon débarquent
dans les supermarchés Morrisons »
o CHENEVOY C., 22/09/2016, « Chronopost étoffe son offre Predict et rajoute
la possibilité de géolocaliser son colis et expérimente la livraison sur rendez-
vous ainsi que la dépose en lieu sûr. Des services qui répondent aux attentes
des clients, permettant aux e-commerçants d’améliorer la satisfaction client et
au prestataire logistique de réduire les coûts »
Mydigitalweek
o 15/04/2016, « E-COMMERCE Transfontalier - Hausse des transactions »
Pointsdevente.fr
o 04/07/2016, n°1197, « Commerce augmenté, parcours unifié »
Supply Chain Magazine
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Voxlog
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en 2015 », Mai 2015
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o France B2C E-commerce Report 2016
o European B2C E-commerce Report 2016
o Mai 2016, « Cross-Border E-Commerce Barometer 2016 »
- FEVAD
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