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MOHAMED EL AYOUBI

LES MERVEILLES DU RIF

CONTES BERBRES Narrs par Faima n Muberur

dition bilingue Berbre - franais Tamazit-tafransist

Publication of the M.TH. Houtsma Stiching Utrecht 2000

TABLE DES MATIRES

Remerciements Introduction Prsentation du corpus La biographie de la conteuse Le pays et le parler des Ayt Weryeghel Systme de transcription Remarques sur la transcription Bibliographie Les contes et leur traduction Conte 1 Danfus n dnayen wumaen Les deux frres Conte 2 Danfus n dawa useffa Les deux fils du voleur Conte 3 Danfus n bu-seba izegifen La bte sept ttes Conte 4 Danfus n ma d wecma-s Omar et sa sur Conte 5 Danfus n seba wumaen d wecma-sen Les sept frres et leur sur Conte 6 Danfus n ziza d Tulisfi Aziza et Tulisfi Conte 7 Danfus n Nunza m-dnifas Nunja m Tnifas Conte 8 Danfus n dnayen debriin Les deux jeunes filles

Conte 9 Danfus n Refqi d Rajj Le Fqih et le Hajj Conte 10 Danfus n Ttewdiyye uzegid Le testament du roi Conte 11 Danfus n ma Kippus Omar Kippus Conte 12 Danfus n draa n debriin Les trois jeunes filles Conte 13 Danfus n Ralla lila d mar Bumehdiyya Ralla lila et Omar Bumehdiyya Conte 14 Danfus n sulan n Bab Lhind Le sultan de Bab-Lhind Conte 15 Danfus n emmi Yeya t-tiie u weza Aemmi Yehya et la gazelle des plaines

LA BIOGRAPHIE DE LA CONTEUSE

Le nom complet de notre conteuse est Faima n Cayeb n mar n Tiyeb, connue par Faima n Muberur. Cest un personnage merveilleux pour qui jai beaucoup dadmiration. En t 1997, lorsque je lui ai demand de me raconter lhistoire de sa vie, elle na pas hsit un instant. Ne en 1910 Ayt difa, dans la rgion des Ayt Weryaghel (province dAl Hoceima), le pays de son pre. Quant sa mre, elle est originaire des Ayt ziz prs de Tamasint. Belle tait encore toute petite quand ses parents se sparrent cause des conflits qui opposrent son pre sa belle-famille en Ayt ziz. A cette poque (1910-1921) le Rif vivait des conflits tribaux (Ledawat)1. Leur maison paternelle Ayt difa fut brle, cause dune histoire de vengeance. Elle quitta son village en compagnie de son pre pour migrer chez les Ayt Yeeft : Je me souviens des temps des conflits tribaux (Arrifublik)(2), les gens sentre-tuaient. Nos ennemis ont brl notre maison Ayt difa. Nous tions obligs de quitter notre pays pour nous installer chez les Ayt Yeeft. Elle se souvient de la pntration europenne au dbut du XX sicle (1910-1926) et de lopposition farouche mene par les populations des Ayt Weryaghel contre les forces coloniales franaises et espagnoles. Son pre a t port disparu dans lune des attaques menes par la gurilla rifaine. Mme Muberur tmoigne de cette poque : Jtais encore toute petite quand mon pre rejoignit les troupes de la gurilla dans un endroit qui sappelait Bdia en compagnie de mon oncle Mohamed que je surnommais xari Ciwec. Ce dernier est revenu, quant mon pre, il y est rest. Je suis alle chez lui, pour me renseigner sur le sort de mon pre. Je lui ai demand : Mon oncle Ciwec ! O avez-vous laiss mon pre ? Il me rpondit : Ma chre fille, ton pre est all faire les vendanges. Mon pre depuis, je ne lai jamais revu ! Orpheline, elle quitta Ayt Yeeft en compagnie de son oncle Ciwec pour sinstaller Tamasint, auprs de sa mre. La relation entre Mme Muberur et son oncle Ciwec, la source de ses contes, tait trs affectueuse. Cest Tamasint que Mme Muberur passa son enfance et une partie de sa jeunesse. Sous ses yeux elle voyait passer les prisonniers dAbdelkrim2 : Les prisonniers de Mmis n Ssi ebdekrim passaient par l o jhabitais (Tamasint) et se dirigeaient vers un endroit qui sappelait Talalt (Darac). La vie est la mme que se soit pour un musulman ou pour un chrtien. Ils taient bien traits, ils leur donnaient un peu de

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Terme emprunt larabe, il dsigne lpoque des vendettas. Cest Abdelkrim qui mit fin cette anarchie et ses vengeances en interdisant la porte des armes, sauf sil sagissait de combattre les envahisseurs franais et espagnol et fit dmolir toutes les petites tours (Icebrawen) construites aux alentours des maisons, o les hommes se plaaient pour tirer sur leurs ennemies. 2 Mohamed Ben Abdelkrim El Khattabi (Ajdir, 1882-Le Caire, 1963), connu chez les Rifains par Mmis n Ssi ebdelkrim ou par son nom de guerre Mulay Muend, fils dun cadi de la plus puissante tribu du Rif central, les Ayt Weryaghel, instaura en 1923 la Rpublique du Rif.

caroube dans des paniers. Je me souviens galement de son dpart en exil (1926), et de la pntration coloniale dans notre pays. Faima n Muberur, lunique fille de ses parents mena une vie difficile. Elle na pas d connatre son pre. Aprs que sa mre ft remarie par son oncle, elle la suivit Ayt Mend Uyeya. Trs jeune, elle pousa un homme originaire de Swani. Ce dernier mourut quelque mois aprs le mariage. Elle retourna auprs de sa mre chez les Ayt Mend Uyeya. Elle fut remarie un Weryaghli de Sidi Buxiyyar, o elle passa des moments difficiles avec sa bellefamille. Elle migra en compagnie de son mari et de ses deux fils Mohamed et Ali vers le Gharb3. Reste veuve avec deux enfants dans une rgion arabophone, elle quitta la ferme o travaillait son dfunt mari pour essayer de trouver de laide auprs des autorits dAzila. Elle se prsenta devant un responsable local (Lmuraqib) pour lui demander une aide au logement : Je me suis prsente dans son bureau, il avait un interprte qui lui traduisait en arabe marocain ce que je disais en tamazight4 : Iwa a Lalla daba nredd lik ! (Je te donnerai ma rponse aprs !), me rpondit-il. ce jour, jattends toujours sa rponse ! Elle sinstalla avec ses deux fils Larache dans un foyer. Elle vit avec les quelques francs que lui rapportait la vente du bois : Le matin laube, je sortais ramasser du bois, je le vendais sept-huit francs (rbaat). Cela me permettait de nourrir mes enfants et de faire des conomies en mettant un peu dargent de ct. Aprs un autre sjour Beni Hassan, grce Dieu le misricordieux, jai trouv en fin mon village Aza emza, la terre de mon dfunt mari o je me suis installe pour moccuper de lducation de mes enfants ! travers sa propre histoire, lhistoire dune simple femme rifaine, notre conteuse nous amne comprendre la situation politique et socioculturelle de la rgion des Ayt Weryaghel pendant plus dun sicle (Arrifublik5 ou Ledawat, la pntration coloniale, Abdelkrim, la famine, Iqebbaren, etc.) Ces vnements ont fortement marqu lhistoire de cette rgion au moment o le Rif attirait lattention du monde entier. Mme Muberur nous rsume lhistoire de sa vie mouvante et celle de sa rgion en commentant : Jai 87 ans, je vous raconte ma vie et les vnements historiques dont je suis tmoin. Jai une trs bonne mmoire. Je me souviens de la pntration coloniale, de la fuite quon avait prise, dAbdelkrim et de son exil (1926), je me souviens des bombardements davions (Iqebbaren 1958-1959)Jai une grande histoire. Jai vcu dans des priodes trs difficiles. Lenfer, je lai vcu sur terre, si un autre enfer existe, quil soit le bienvenu ! Je peux dire que dans ma vie jai connu lenfer et que jy ai vcu et Dieu merci ! Cest a lhistoire de ma vie et ce que jai vcu. Et Dieu accomplit sa volont. Actuellement, la conteuse ge de 90 ans, vit entre Tamasint et la ville dAl Hoceima.

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Plaine du nord-ouest du Maroc, en bordure de lAtlantique, traverse par loued Sebou. Ancienne zone de marcages, connue par son sol riche, ses villes principales sont Knitra, Ksar el Kbir, Larache, Azila et Sidi Kacem. 4 cette poque, les Rifains qui migraient au Gharb avaient beaucoup de difficults pour matriser larabe marocain. Cest le cas de notre conteuse monolingue Faima n Muberur. 5 Arrifublik est lquivalent de Siba qui dsigne lanarchie tribale et qui est loppos de Lmekhzen. Historiquement cest la priode antrieure 1921. Voir D. M. Hart : De Ripublik Rpublique : Les institutions sociopolitiques rifaines et les rformes dAbdelkrim, in Abdelkrim et la Rpublique du Rif, Paris, 1976, 33-45.

DANFUST 1

Danfus n danyen wumaen AZIT KUM !1 Dnayen idsen Iwa yatah d umaen, izz a-s g fus-ines, itis mli, a-s izz n defrux. Izzen ineqq-i zzu, a-s seba n dawa-ines. Yallah, yallah, ur ietteq uma-s, a-s arzeq astallah awlayllah. Uma-s ineqq-i zzu. Kulsi tetten mir arbi ren a dmu, u teffen u tidfen. zizes-nni labas lihum. Nenin ineqq-in zzu msaken. a-s izzen iteffe switti, iz izemm-ed sway ixaien, itxiyya-ien itessa ze g-sen. Itawi-asen-d ieddiwen i yen iren a dmu. Iwa yata, zid nhar-a, zid diwe ssa... edd u ineffe edd (ZEG WAMI DEGA DDENYA, DEWWI-ANE DDENYA.) Waha, ikka ziz-es-nni, a-s iz ufunas issa, issufe-i a -iseddeq i zzmae: Alaylaha illa llah, ma tsemu i rx insaellah. Aya zzmae ! Qa wen ia ieren afunas-a, a -nwezze fabu. Netta yata isenned amya, isenned meskin. Mir ieddiwen x uqemmum-ines, mir duayend. Iqqim ikmes meskin u frux-nni. Iwa ruxa nenin usin-d ir fran d fran, edrend ixef-nsen, rux ad eren afunas-nni. Walu seba idsen, zid yallah ssa, zid yallah ssa, u zemman. A d-ihedd x-sen ad ig : HUW ! A en-isiyyeb s wassawen. Ggaman afunas-nni. Netta yata meskin. Inna-s: Mri ssne ira a y-ig ziz-I dasa, ra nnes ataf kka ad ere afunas-in. Uxa gin x-s: Kay,kay! Zzmae ruxa, kkin x-s dasarif, eken x-s, ssebriqqimen2 (QA ZEG WAMI DEGA DDENYA, IGA USEBRIQQEM A WRADI): A fran ! a fran ! Ara-id a t ad mux inna wumam ! Min inna ? Inna-k : Mri a ad ay-yews ziz-i dasa, ad ere afunas-a.

Irah ruxa ziz-es-nni issenser-i. Inna-s: Kka, mix id ay-dfeed da ag zzmae. Kka a traed a tnaqed...Wata. Kka er-i, ad akge dnayen dseqqa! I s-inna ziz-es-nni.

Iwa netta ikka afrux-nni g-s zzu (QA ZZU D AEFFAN).Ikka, yallah, yallahImsemma swit, swit, switTtaq iksi afunas-nni uxa yessas-i, uxa iqezz-i. Iqezze afunas-nni ier-i, uxa barqen seba-nni, yen i x-s ieken. Qqimen barqen urah, dduni deqqim dessqa. ()

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azit-kum ! Je vais vous conter une histoire ! : cest la formule par laquelle souvrent les contes chez les Ayt Weryaghel. 2 Faire semblant, tre hypocrite.

Conte 1

Les deux frresJe vais vous conter une histoire ! Il tait une fois deux frres. Lun des deux qui avait une fille, tait trs riche et vivait confortablement. Lautre avait sept enfants et vivaient tous dans la misre. Le premier qui tait nanti dune immense fortune, ne portait aucun secours son frre. Le misrable et ses enfants qui ne se nourrissaient que dherbe, passaient leur temps allongs sur le sol. Ils ne sortaient jamais sauf le fils an qui allait de temps en temps dehors afin de rcuprer des fripes, pour les raccommoder et sen vtir. Il ramenait des pinards sauvages pour nourrir ses frres et ses surs qui restaient allongs terre. Les jours passrent Ctait chacun pour soi, lun ne portait secours lautre (DEPUIS QUE LE MONDE EXISTE, LINDIVIDUALISME PRIME.) Le riche avait un taureau agressif. Il dcida de le sacrifier et den faire don aux habitants du village. Il dclara publiquement : Il ny a de Dieu que Dieu, vous nentendrez que du bien, si Dieu le veut ! Je madresse vous tous. Celui qui arrivera terrasser ce taureau, je lui en offrirai une part. Son neveu qui avait sa famille charge, tait allong, dvtu et barbouill dpinards. Tous les hommes forts du village staient prsents pour combattre le taureau. Ils taient sept. Ils luttrent, luttrent sans pouvoir le faire tomber. Le taureau les menaait en meuglant : Huw ! , les encornant et les jetant terre. Ils ne purent le vaincre. Si mon oncle men donnait une part, moi aussi, je combattrais ce taureau, dit le neveu. Les villageois se mirent rire : Kay, Kay ! Tous lapplaudirent en se moquant de lui et lui dirent avec hypocrisie (DEPUIS LA NUIT DES TEMPS, LHYPOCRISIE EXISTE) : Vas-y ! Vas-y ! Eh ! Toi ! dirent-ils la cousine. Tu as entendu ton cousin ? Qua-t-il dit ? demanda-t-elle. Il a dit : Si mon oncle men donne une part, je combattrai ce taureau lui rapportrent les sept lutteurs. Va-ten ! pourquoi me dshonores-tu devant les villageois ? Allez dguerpis ! Et dun air ironique, ajouta : Vas-y, lve-toi et fais-le tomber, je ten donnerai deux parts !

Loncle entendant cela, se dirigea vers le malheureux, le secoua violemment et lui cria : -

Le jeune garon se leva. Malgr la faim (LA FAIM EST INSUPORTABLE), il lutta contre le taureau, sapprocha de lui, lentement se colla contre lui et subitement le prit par les cornes et le renversa. Il remporta le combat. Les sept lutteurs qui se moquaient de lui, en restrent bouche be. Il y eut un silence terrible. ()

Etudes et Documents Berbe`res, 15-16, 1998 : pp. 249-267

` DEUX CONTES BERBERES DU RIF DANS LE PARLER DES AYT WERYAGHEL 1recueillis, transcrits 2 et traduits par Mohamed El Ayoubi

Dinfas, a wrad-i d ttarix-nneg, d awar-nneg aqdim. Eawden-aneg-tend ^- ^ rejdud. Nes umi i day-nnan infas-a, ira ead gig t-takkuh-. Xari ira ga-s ^ ^ ^ - ^ .t - r dmanin sna, ^eeqer n demzi uxa ksig-tend. ^uxa, teawdeg-tend huma ad r ^ - . . qqimend i jjir i d-igguren 3... ^ Les contes, mes ls : cest notre histoire, cest la tradition orale de notre peuple. Ils sont contes par nos ancetres. Jetais encore toute petite quand mon oncle 4, age de 80 ans, me les a contes. Je les ai memorises, maintenant je les conte a` mon tour pour les transmettre aux generations a` venir... FATIMA N MUBEHRUR . .

1. Signalons que ces deux textes, font partie dun recueil de contes berbe` res du Rif en ` pre paration, qui fera lobjet dune publication en version bilingue berbere-francais. Il sagit dun corpus dune vingtaine de contes que nous avons recueillis dans la re gion des Ayt Weryaghel du Rif central, entre 1990 et 1997. 2. La notation adopte e dans ces textes est une transcription dinspiration phonologique qui ` tient compte a la fois, des symboles de lA.P.I, la tradition berberisante de la notation et les travaux re cents dans ce domaine, pour rendre la lecture des textes plus pratique et mieux adaptee ` ` a la langue berbere. Tout en conservant la re alisation re elle des traits phonetiques et phonologiques du parler rifain des Ayt Weryaghel [Ayt Wayager], dont je suis locuteur natif. ^ 3. Extrait de lautobiographie de Fatima n Mubehrur : une vieille femme rifaine, monolingue, . . ` ne e en 1910 a Ayt Hdifa, lun des cinq Khoms de la tribu des Ayt Weryaghel. Elle a ve cu les . ` grands e ve nements historiques du Rif, du de but de ce sie` cle jusqua nos jours : le de barquement colonial espagnol en 1912, les conits tribaux, la re volution dAbdelkarim El Khattabi (19211926), le soule` vement des populations rifaines (1958-1959), etc. Mubehrur est une conteuse extraordinaire : une merveilleuse artisane de la langue archa que. . Elle nous transmit une langue parle e tre` s ancienne, particulie` rement riche, extre mement rythme e et tre` s harmonieuse. 4. Il sagit ici de Mohamed n Bouzelmad, loncle de la conteuse.

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CONTE 1

Danfust n sebea wumaten d wecma-tsen 5 - Hajit-kum 6 ! .

-t Iz n demga- zik ira ga-s sebea n dawa-ines. D iwetman s sebea, qqae ^ -n-d- dewren d- yagazen. Iz n nha- deksi s ddqer, d- tef asgun a taru. mg a ^ - et. . . . - -^ - --h a ddha wayefrani, mara daw-ed NNan-as dawa-ines : Nesnin a na . ^ ^ - .dahamust gg-aneg-d bandu d asemrar a d-nedwer. Mara daw-ed ahamus ^^ ^ ^ - .. - . - o - - a neaq. Dseg-asen demgat n ezizigg-aneg-d bandu d azegg ag a nugu - t -sen. -t Iwa dekka yemma-tsen dez Dexreq ga-s dhamust. Drah demga- n ^ - na. -. - - . o ezizi-tsen degga-sen bandu d azegg ag. Wami --zrin, nnan-as : Qa t. - -n eaqen. yemma-tneg daw-ed afrux eawed ! Iwa ugu -. -must-nni temgu, teffeg swit a bara. QQand-as dhamusin n - Debda dha - -- -. -. neden : KKa ssa a m-zzreg n sebea n ayetma-s. A trah ad as-t deawed i ^ . . - yemma-s. Deqqar-as : LLa a dsa-inu, lla. Wami d-demga t-tahudrit, . - -debda teffeg dzeddm-ed. QQand-as dhamusin : Iwa rux ra d ssem ^ ^ - --. dessawared a m-zzreg n sebea n ayetma-s ! ^^ - yemma-s denna-s : A yemma ixessa ad ay-demmred mizi gig d Drah a ^- . zzreg n sebea n ayetma. Mux id ay-dewwqee nes ? Denna-s yemma-s : ^ - - . A yegi hennu ! Qa ga-m sebea n ayetma-m. Wami ga kkag s ddqer-inem, ^ -g a d aweg dahamust. NNan-ay ayetma-m : Mara t-tahamust ggira tnadu ^ ^ . . . . aneg-d bandu d asemrar a d-nedwer. Mara d ahamus gg-aneg-d bandu d ^^ ^ ^ - .-t azeggoag a neaq. Wami ga dxerqed sem t-tahamust, drah demga- n eziz^ . . - em degga-sen bandu d azeggoag eaqen. Denna-s nettat : Aya yemma hennu ! Ixessa ad awdeg ayetma-nni gi . . - mani ma gan. Denna-s : Iwa aya dsa-inu, wi ga sem issiwden a si n . ayetma-m ? Denna-s : Iwa a ralla yemma ! Ad awdeg, ad awdeg a y^ . - - . - -zug. -Denna-s yemma-s : t ayetma-nni. Ad ugug ag desmeg--nneg a x-sen a - Iwa a yegi ma a tettiqed gi desmeg--nneg ? Denna-s yegi-s : LLa ad t - ^ nnyeg x uyis nig x usadun uxa ad ugug. Ruxen desseqsa dismeg-, dennat - s : Ma aki-s drahed ? Dara x-s denna-s : Yih. - . ` 5. Nous avons recueilli ce conte a Al Hoceima en mars 1994. La narration de ce conte est assure e par Fatima n Mubehrur. . . 6. Hajit-kum ! Je vais vous conter une histoire ! : cest la formule, par laquelle souvrent les . contes chez les Ayt Weryaghel.

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Iwa dessabu-y-as yemma-s anina. Dessugur-it ag t-tesmeg-. Ugund t - x idan. Ad t wsind i ddenya. Dafruxt-nni denya x uyis, dismeg- deggu . - - -nd ad ugund... Ad - dini desmegt : - Da ad - nnyeg ! DDa ad - ugu as D. . . - . -- nnyeg ! Ad igg unina-nni : Trenn, trenn... ! Ad as dini nettat : Ad xedreg . - - -^ a tinig i ralla-m. ^ - iwda-yas unina-nni. A tugu a tugu ad as-dini desmegt : DDa ad Ikka . . . - -- - - - nnyeg ! DDa ad nnyeg ! _U ssa manis id igga swit : Trenn ! Denna-s . . -defruxt-nni : Ad xedreg a tinig i ralla-m. Dugu, dugu deawed-as eawed. ^ .^ - - - - - Denna-s : DDa a d nnyeg ! Anina-nni issged, walu rhiss-ines. Sa ^. . . . - -^ dekka dessedr-it. Ruxen denya desmeg-. Dafruxt-nni deqqim deggu x t . - idan. . GGund, ggund... Hta wami und dnayen dariwin w-waman. Iz n dara - ^ . - ^ ssiridend g-s dsemrarin, isten ssiridend g-s dbarkanin. Iwa dekka desmegt ^^ - - - - -- dessrir-as i defruxt-nni gi dara n dsemgin, nettat i ixef-ines dessd gi dara n - - ^^ - ^ - - - ^ dhuriyyin. Iwa dafruxt-nni, -en igan t-tahurit d wecma-tsen i yebrigen-nni t . --. -^ dedwer t-tabarkand. Dismeg--nni dedwer t-tasemrac. Denya x uyis. Aqa t ^ - - ^ - - - ^ rux erayen ad xedrend. ^ ^ ^ . - Wami ga xedrend. Und sebea n dudrin, sebea y-agazen, sebea n . -^ - -- en zeg-s, bbuhelen s demgarin : D ddsa yekmer ! Iwa rqan-t id, fah ^ ^ . t wecma-tsen. Masa qa dara-sen-t t-tismeg-. Nettat deqqar-as : Ah ! qa . -mara dessedha-d azakuk-inem ad am-gaseg. A tesmun azakuk-ines ^ . . - -- defruxt-nni. Qa deggoed, uxa a x-s deqqen dakembust. Iwa nha-nni qa - - - demmunsu akid-sen din. Dudessa-ines, denna-sen desmeg- : LLa ay t - -wes a bara iksan, a tess ag yitan, a tettes ayetma hennu ! Ta a trah a ta . . . .. ag yenyan. Dafruxt-nni walu dugi a tessiwer. Iwa ammen id as ggin. ^ SSawasen-t i yeksan, ssessan-t ag yitan, ssudusent ag yenyan. Ten ig gan d . . wecma-tsen s lmeequl. Iwa zid, zid a tugu a tsah meskina. Sebea yeksan, qa sebea y-agazen. . - - mi ga dexder a iz-n wemkan, a tesguyyiw ad as deqqa : S . - - ^ - uga, euga a dazrut-a ! 7 . -t Mani-s d ga zag dadda- n baba d yemma ? . ar-i sebea n ayetma SSessan-ay ag yitan . SSudusen-ay ag yenyan . . -

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Din iz uyis d adehsu, wenni qa ifared. Setta n neden, tawwahen-d qewsen . . . - - 7. Chant chante par la jeune lle, lhe ro ne de ce conte avec une me lodie rifaine tre` s ancienne.

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-t a dadda-. Uxa neqqen-t s uemud. QQan-as : A yegi-s n rehram ! mani -en t ^. --wsed ? Mani ten dewwid ? Deqqar-asen nettat : LLa, lla qa wwig-ten da - a w-emkan-nni id ay-dennim. QQan-as netnin : LLa, i maga qewsen ammin ? SSaten-t meskina. - Ikka iz n nha ag iz ikesbeh, drah a tsah iksan-nni am lebda. Duri x .- . - . . - ^ dezrut-nni debda desguyyiw : - . -- uga, euga a dazrut-a ! . -t Mani-s d ga zag dadda- n ba ba d yemma ? . ar-i sebea n ayetma SSessan-ay ag yitan . SSudusen-ay ag yenyan . . -

e g

Deqqim dekks-d a temsed. Ieda-d ssin iz umessebrid, itwara ga-s ^ . - aseewaw immut-as gi deuwwat, dgaru-it g uhsi. Iwa sa iseg qqae min . . -. Irah inna-sen i yewdan-nni deqqa : . - t t Dismeg--nkum qa u degi bu t-tismeg-. - -? Magadeqqa... ga-s aseewaw itnus-as x ifadden. Qa ha min deqqa, ha min deqqa, ha min -

Rahen a dezrut-nni, un deqqa : . - . uga, euga a dazrut-a ! . -t Mani-s d ga zag dadda- n ba ba d yemma ? . ar-i sebea n ayetma SSessan-ay ag yitan . SSudusen-ay ag yenyan . . -

e g

Segen-as yenni s sebea. Irah ga-s umezyan-nsen yenna-s : Maga . . -d amya a yegi ? Denna-s : Qa nes d wecma-tkum. Wami id xerqeg deqqa ^ - -- o d raga i kum d-iggin bandu d azegg ag, dugum-d deaqem-d. Iwa bdand - ^- - - -qqand-ay dhamusin a m-zzreg n sebea n ayetma-s. Uxa sseqsig yemma ^ -. mizi gig nes d zzreg n sebea n ayetma. Uxa deawed-ay mux demsa. Wami - ^ - -t id-usig ag t-tesmeg--nneg a x-kum azug, nxedr-d a dnayen dariwin. Ist n - ^ -^ -d-ay gi. ten n- dsemgin, dewreg tdbarkanin, ist n dsemrarin. Nes dess -- - ^^ - ^ tabarkand. Nettat dess-d i ixef-ines gi -en n dhuriyyin dedwer t-tasemras. t ^ ^ - -- -. - - -t man Qa d nnes ig gan d wecma-tkum nsenniyet. Mara u duminem nnadu^ . - - ten miga yega useewaw : ma d nnes, ma d nettat ? - Iwa yugu yawweh, inna-send i demgarin-nni : Xayellah nhar-a gasend . . 252

i yaziden ggend seksu. edrend sway amensi, aki-neg dess desmeg--nneg t .. -^ - meskina. Zeg wami id dusa u ki-neg dessi si, u ki-neg defrih si . - . Wami d-swez - end demgarin-nni amensi, grind-as-d i defruxt-nni. d NNand-as : Arahid a Mbaka-nneg aki-neg demmunswed. Deqqar. - asen desmeg--nni : LLa ay ayetma hennu ahdam-t a tess g umkant . ines. NNan-as : LLa nhar-a a d tas a tess aki-neg, qa zeg wami id dusa ma dessa aki-neg. Negga g-s rfuter gi desmeg--nneg. Nettat t ^ . tennirid : LLa, lla ay ayetma ! NNan-as : LLa walu a tess aki-neg nhar-a . Iwa heddand mmunswen, qessan. NNan-asend : . .. .. - Xayellah a dibrigin awind-id a nza izakuken-nkend nhar-a ! . - - -^ t Denna-sen desmeg- : Ay ayetma hennu ! min ga dzam rux g zakuk ? - -. ^ - . -s-as-d uzakuk g fadden. NNanDafruxt-nni dekkes dakembust, imma - - - - as : I sem a frana ? Denna-sen : Lla, lla ! Iwa kksen-as dakembust, ^ - - - - un azakuk n desmeg- iqez ee-d iqez ee-d. NNan-as : Xya d ssem ig gan t z z - - t t-tismeg- ! Ih ya weddi ! Uxa dexxrid-aneg gi wecma-tneg. Xza min . - ^ dxedmed ! Sem t-tismext n baba-tneg, dusid-d ga-neg zeema dewwid- - - - -- - - t aneg-d wecma-tneg deggid rx. Uxa amux ga-neg d-dusid t-tismeg- n - ^ - -baba-tneg, ammen iga ki-neg dirid. A tessed, a teswed, a tased, a tegged - - - ^mux dexsed. I wecma-tneg immi id as deggid amya ? - Iwa sa nnan-as i defruxt-nni : A wecma ! mux tused ad as negg i -a t . - rux ? Denna-sen : Ay ayetma hennu u xiseg urah. Xseg a x-s dessekem ^ ^ - - . asten x-i dessek nettat : a tseddem zeg zakuk a drar uyis-nkum, a tharkem . - -gi ttehrik uganim, ad ksig iges a --ggeg t-tasrit, a zeg-s eyag. NNan-as : t ^. . - Waxxa ! Iwa ammen id as ggin. Sedden-t ga drir uyis, harken-t gi ttehrik uganim. . . - Kur aseqsiq iwwi aksum-ines. Iqqim ufus deggi-t t-tasrit teeya g-s. Qa ead ^ ^t-tamezyand. . - ^ Iwa ixreq wecma-tneg d tta ! Rux a nawweh a dmu- a nza baba-tneg d ^ . - t . - - -- - -gazen, sebea n yemma-tneg. Iwa kkan ugun. Sebea y-eksan, sebea y-a -demgarin d ihamusen. QQimen ggun, ggun wwden a rwest ubrid denna-s i ^ . - -. - . eziz-s : Aya eziz-i Hemmu ! aya eziz-i Hemmu ! . . Min sem yugen ? Aya eziz-i Hemmu ttug dasrit-inu ! . - ^253

e

-^ Ugu rux aya wecma, a nawweh a nxder uxa ad am-ggeg -en n neden. t . . . - ^ --s dewreg ! LLa, lla, Nes a ga - ^ Iwa dedwer a desrit-nni. Wami deswizzed a t-id-deksi, dedwer-as t.. . - - ^ - ^- - - - ^tamza. Dettef-it, uxa dewwi-t-id ag ufus. Deqqim defruxt-nni deqqa : . - .. Aya yis aneggaru ! Aya yis amzgaru ! Ini-as i eziz-i Hemmu : . Dasrit-inu dedwer-ay t-tagu ! ^^ -

Yis-nni qa d adehsu, yeggu ur itesri si. Yen nneden segen-as desguyyiw ^ . . - -nen. Iwa ixreq : A wlay llah ! wecma-tneg yu-gi-t si ! Wami ga-sen ha ^ . dexder, dedwer damza-nni d akessud. Dettef-it defruxt-nni g fus amux ^ - - ^- . - .. mara teeya g-s. Iqqar-as eziz-es : ^ A wecma ndar-it ! . LLa, a eziz-i hennu ! a t-ksig, a g-s eyag. . Iwa degg-it g uhsi-ines. Deqqim deggu, nettat deddem-it g eeddis. . - Deqqar-as : Aya eziz-i hennu teddem-ay ! . Aya wecma ndar-it. . LLa, a eziz-i hennu ! . Wami ga xedren sarfen x ddsa-nsen, x yemma-tsen d baba-tsen. Un . - - - -^ ddunit dfah. Igas baba-tsen i yfunasen. Igga-sen sta i dawa-ines. Sebea n .- - . -- . -gazen, sebea y-eksan d ihamusen. Iz n ^efrahet t r demgarin, sebea y-a . -- . tameqrand. Iead-ed z maeet-nsen qqae. SSin, swin, ag dmeddit, denna-s z . - defruxt-nni : A eziz-i hennu akid-i ssudseg dasrit-inu. . . - ^ GG-it a wecma arawan. LLa, lla ! A tettes akid-i. .. Iwa sa iwdan-nni qqae awwhen. KKan netnin ad ttsen, dessudes-it . . . - .. -n-d ag ikesbeh un dz akid-s. KKa iyyef-it. Damza denga dafruxt-nni. .- . - . Ha nes kkig-d ssiha d ssiha ! 8

` 8. Ha nes kkig-d ssiha d ssiha ! Je suis passe par ci par la cest la formule, par laquelle se terminent les contes chez les Ayt Weryaghel.

254

TRADUCTION Les sept fre`res et leur sur

Je vais vous conter une histoire ! ` Jadis, une femme eut sept enfants males, tous parvenus a lage adulte. Un jour, alors quelle e tait enceinte et sur le point daccoucher, ses enfants lui ` dirent : O ! me` re, nous allons jusqua cette montagne. Si tu accouches dune lle, tu mettras un signal blanc pour que nous revenions. Si cest un garc on, ce sera un signal rouge pour que nous partions. ` La femme de leur oncle les entendit. Finalement, la me` re donna naissance a une lle. Mais la femme de leur oncle mit un signal rouge. De` s quils le virent, ils se dirent : Notre me` re a encore mis au monde un garc on ; et ils se loigne` rent. ` ` La lle commenc a a grandir et a sortir dehors. Les autres lles lui dirent : ` Eloigne-toi dici, malheur de ses sept fre` res. Elle alla raconter cela a sa me` re. Mais non ma che rie ! dit la me` re. ` Quand elle devint jeune femme, elle commenc a a sortir pour ramasser le ` bois. Les lles lui dirent : Me me toi tu commences a faire linte ressante, malheur de ses sept fre` res. Elle revint vers sa me` re et lui dit : Me` re, il faut que tu me dises en quoi je suis le malheur de mes sept fre` res ? Comment est-ce arrive ? Sa me` re lui dit : Che` re lle, tu as sept fre` res, Quand je tais enceinte de toi, je souhaitais avoir une lle. Tes fre` res mont dit : Si cest une lle, mets un drapeau blanc pour quon revienne. Si cest un garc on, mets un drapeau rouge pour quon parte ! Quand tu es ne e, la femme de ton oncle a mis un drapeau rouge, alors ils partirent. ` ` O ! me` re che rie, il faut que je trouve mes fre` res la ou ils sont, dit la jeune lle. ` O ! ma che rie, qui va temmener jusqua tes fre` res ? ` ` Ma me` re, je suis sure darriver jusqua mes fre` res, jirai avec notre esclave a leur recherche. O ! ma lle est-ce que tu as conance en notre esclave ? dit la me` re. Sa lle lui re pondit : Non ! Je vais monter sur notre cheval ou sur notre mulet et je partirai. ` ` ` A ce moment-la, la me` re demanda a lesclave : 255

Veux-tu partir avec elle ? Oui, re torqua lesclave. ` La me` re mit a la jeune lle une clochette sur le dos et la t accompagner par lesclave. Elles partirent, la lle montant le cheval, alors que lesclave la suivait ` a pied. Elles marche` rent pendant un moment et lesclave lui dit : Descends que je monte ! ` La clochette se mit a tinter : Ding ! ding !... La lle lui dit : ` Quand je retournerai je le dirais a ta ma tresse. ` Elles continue` rent a marcher. Il arriva que la clochette tomba. Lesclave lui dit : ` Descend que je monte a mon tour ! On ne savait pas dou venait un petit ding ! ` ` De` s que jarriverai, je le dirais a ta ma tresse, dit la jeune lle. Elles marche` rent, elles marche` rent (longtemps) et lesclave lui dit encore : Descends que je monte ! La clochette ne tinta point, alors lesclave la t descendre, et prit sa place. ` ` ` Quant a la lle, elle se mit a marcher a pied. Elles marche` rent longtemps ` jusqua ce quelles trouve` rent deux fontaines : dans lune se lavaient les femmes blanches, dans lautre, les esclaves. Pour la rafra chir, lesclave lava la lle de sa ma tresse dans la fontaine des esclaves. Par contre, elle, se lava dans celle des femmes blanches. Alors la jeune lle, la sur des sept jeunes hommes, devint noire. Tandis que lesclave devint ` blanche. Elle monta le cheval a la place de la lle et elles continue` rent leur chemin. ` Elles arrive` rent a un endroit ou elles trouve` rent sept maisons, sept hommes, ` sept femmes, tout un village. On les accueillit et les sept hommes furent informe s quils avaient une sur et sen re jouirent. ` Lesclave dit a la jeune lle : Va-t-en ! Si tu fais para tre lombre de tes cheveux, je te tuerai. La jeune lle eut tellement peur quelle rangea bien ses cheveux et les cacha ` avec son foulard. Ce jour la, elle d na avec eux. ` Le lendemain, lesclave leur dit : Mes chers fre` res ! celle-la, elle va garder les ` chevaux dehors, elle mangera avec les chiens et dormira a cote des pierres du foyer. La lle, celle qui e tait leur vraie sur nosa pas parler, alors elle garda les 256

` chevaux, mangea avec les chiens et dormit a cote du foyer. Au moment ou elle ` ` alla garder les sept chevaux des sept hommes, elle arriva a un endroit et ` commenc a a dire en criant : Ele`ve-toi ! Ele`ve-toi ! O, rocher ! Dou` est-ce que je peux voir la maison de mon pe`re et de ma me`re Jai sept fre`res Ils me font manger avec les chiens Ils me font dormir a` cote des pierres de foyer.

` Lun des sept chevaux e tait sourd et paissait bien ; les six autres revinrent a la maison avec le ventre creux. Alors, ils la frappe` rent en lui disant : Batarde ! Ou les as-tu garde s ? ou les as-tu emmene s ? ` ` ` Je les ai emmene s a lendroit que vous maviez indique , dit la lle. Ils re plique` rent : Non ! Et pourquoi ont-ils le ventre creux ? Ils la frappe` rent, la pauvre. Un jour, tot le matin, elle alla garder les chevaux comme dhabitude, elle ` monta sur le rocher et commenc a a crier : Ele`ve-toi ! Ele`ve-toi ! O, rocher ! Dou` est-ce que je peux voir la maison de mon pe`re et de ma me`re Jai sept fre`res Ils me font manger avec les chiens Ils me font dormir a` cote des pierres de foyer.

` Elle sassit pour se peigner les cheveux, un pie ton passa par-la et vit que ses ` cheveux sallongeaient jusqua la ceinture et elle les rangea dans son giron. Il e couta tout ce quelle dit et alla vers ces fre` res et leur dit : Ecoutez ! Votre esclave nest pas une vraie esclave ! Pourquoi ? Il leur re pondit : ` Elle a des cheveux qui lui arrivent jusquaux genoux et voila ce quelle dit... Ils partirent vers le rocher et le coute` rent dire : Ele`ve-toi ! Ele`ve-toi ! O, rocher ! Dou` est-ce que je peux voir la maison de mon pe`re et de ma me`re Jai sept fre`res Ils me font manger avec les chiens Ils me font dormir a` cote des pierres de foyer.

Le cadet alla vers elle et lui dit : Pourquoi dites-vous c a, ma lle ? Elle lui re pondit : Je suis votre sur, quand je suis ne e, cest la femme de mon oncle qui vous a mis le signal rouge pour que vous partiez. Alors, les lles 257

` ` commence` rent a me dire Malheur de ses sept fre` res ! Jai demande a ma me` re : Pourquoi suis-je le malheur de mes sept fre` res ? Elle me raconta tout. ` Lorsque je suis parti avec notre esclave a votre recherche, nous nous ` sommes arre te es a deux fontaines. Une pour les femmes blanches et lautre pour les esclaves. Elle ma lave dans celle des esclaves, alors je suis devenue ` noire. Quant a elle, elle sest lave e dans lautre et elle devint blanche. Cest moi votre vraie sur. Si vous en doutez encore, regardez laquelle de nous a des cheveux long : elle ou moi ? Il retourna chez lui et dit aux femmes : Sil vous pla t, aujourdhui vous e gorgerez des coqs et pre parez-nous un bon couscous pour le d ner, pour que notre pauvre esclave puisse d ner avec nous ce soir. Depuis son arrive e, elle na ni mange avec nous, ni eu la moindre joie. ` A lheure de d ner, ils invite` rent la jeune lle pour quelle d ne avec eux. ` Lesclave leur dit : Non ! Non ! Mes chers fre` res. Laissez-la manger a sa place . Ils re pondirent : Non, aujourdhui, elle d ne avec nous. Depuis son arrive e, ` elle na pas mange avec nous. Nous avons commis une faute a le gard de notre esclave. ` Quant a elle, elle insistait : Non, non mes fre` res ! Ils re pondirent : Non. Ce soir, il faut quon d ne tous ensemble. Alors, ils d ne` rent ensemble. Au cours de la soire e, ils leur demande` rent : Jeunes lles, sil vous pla t ! Nous voulons voir vos cheveux. Lesclave leur dit : O ! Chers fre` res, quest-ce que vous comptez trouver dans nos cheveux ? La jeune lle ota son foulard, ses cheveux se re pandirent jusquaux genoux. ` Ils demande` rent a lesclave : Et toi ? Elle re pondit : Non ! non ! Alors ils lui enleve` rent le foulard et trouve` rent quelle avait des cheveux cre pus. Ils lui dirent : Eh ! Bien, cest toi la vraie esclave, tu nas pas honte ! Tu ` as fait du tort a notre propre sur. Regarde ce que tu as fait ? Tu es lesclave de notre pe` re, tu e tais venue chez nous faire le bien. Alors tu devais vivre avec nous, comme tu e tais chez mon pe` re : Tu e tais nourrie, loge e et blanchie. Tu faisais comme tu voulais. Et notre sur, pourquoi las-tu rendue comme c a ? ` Enn, ils dirent a la jeune lle : Notre sur ! Quest-ce que tu veux quon fasse ` de celle-la ? La sur re pondit : Mes chers fre` res, je veux quelle souffre comme jai ` ` souffert a cause delle : vous allez lattacher par ses cheveux a la queue du cheval et je ferai une poupe e avec le reste de ses os pour jouer. Daccord, lui dirent-ils. 258

` Ils lattache` rent a la queue du cheval, son corps fut e cartele et il resta un os de sa main avec lequel elle fabriqua une poupe e. Maintenant que les sept hommes avaient retrouve leur vraie sur, ils dirent : Nous allons retourner chez nos parents. Alors, ils partirent. Sept chevaux, sept hommes, sept femmes et leur enfants. Ils marche` rent, ils marche` rent... Au ` milieu du chemin, la jeune lle dit a son fre` re a ne : O ! Mon oncle Hemmou ! mon oncle Hemmou ! Quest-ce que tu as ? Mon oncle Hemmou, jai oublie ma poupe e. ` Ma sur, continue a marcher. Lorsquon arrivera, je ten offrirai une autre. Non, non, je retournerai pour la ramener. Elle retourna sur ses pas. Au moment ou elle se pencha pour la prendre, la poupe e se transforma en une ogresse. Elle lemmena par la main et la jeune lle criait : O ! Dernier cheval ! ! Premier cheval ! O Dites a` mon oncle 9 Hemmou : Ma poupee cest transformee en ogresse.

` Le cheval qui e tait sourd, continua a marcher. Tandis que les six autres lentendirent crier, alors ils sarre te` rent. Les fre` res furent pris dun doute : O ! Mon Dieu ! Il y a quelque chose qui ` arrive a notre sur ! Lorsquils arrive` rent, logresse se transforma en baton, la jeune lle le tenait ` a sa main comme si elle jouait avec. Son fre` re lui dit : Jette-le ma sur. Non, mon cher oncle, je la prendrai pour jouer avec. ` Alors, elle le mit sous ses ve tements et continua a marcher. Il arriva que logresse la mordit et la jeune lle cria : O ! Mon cher oncle elle ma mordue. Jette-la, lui dit-il. Non mon oncle ! ` Quand ils arrive` rent a leur village tout le monde fut content. Le pe` re e gorgea des bufs pour fe ter le retour de ses sept ls, avec leur sept femmes et leur enfants. Il invita tout le village, et ce fut une grande fe te. Ils mange` rent et passe` rent une bonne soire e.9. Oncle : signie ici grand fre` re .

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` La jeune lle se leva pour dormir et elle dit a son fre` re : Je vais dormir avec ma poupe e. Eloigne-la de toi, lui re pondit-il. Non, elle dormira avec moi. Quand tout le monde rentra chez lui, ils se leve` rent pour dormir. Le lendemain, ils trouve` rent la jeune lle morte, e trangle e par logresse. Je suis passe par-ci par-la` !...

CONTE 2

Danfust n dnayen debrigin 10 - - -^Hajit-kum ! .

-t - Iz n demga- gi zik ira ga-s dnayen yessi-s. Ist ga-s yemma-s u ga-s baba - ^ s, ist ga-s baba-s u ga-s yemma-s. Iz n dwara, desqad-itend a d-agmend ^ - -, denna-send : Ten ga- yezgun a tagem aman, -a tess aman zeg ugza rqeddid 11 ag baba-s . ^ - Dabib- dewsa-s dagund, yegi-s dewsa-s daqegac. Xedrend a wegza. . - - -t - - - Yegi-s dessu-d aman, dusi-d a tess rqeddid ag baba-s. Dabib- iwwi-yas ^ - - -t - - - ugza dagund. Dugu meskina dettbee-it. Dufa si imeksawen awsen, denna- sen : Ay imeksawen ! Ay imeksawen ! A henna ma u dezrim bu dagund . - . - dekki-d ssa ? SSeaq-aneg digetten-nneg, ad am-t-nemmer. ^ - .. Dettf-ed, dah qqae dgaw-asend digetten-nni. NNan-as netnin : - .. - . -- .. - -yin. Ah sseqsa awessa . -h ga-s, denna-s : Da . - A xari ! A xari ! A henna ma u dezrid bu dagund dekki-d ssa ? ^ ^ . - . - Fessed-ay ad am-t-mmreg. ^ Dettef-it-id debby-as meskina, dheyyed-as dissin zeg uzegif-ines. - .. - - -. ` ` 10. Recueilli a Al Hoceima en septembre 1990 aupres de Fatima n Mubehrur. . 11. Rqeddid : de signe les morceaux de viande de conserve se che s au soleil. -

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Inna-s uwessa-nni : -t -t . . _Ah a dadda--in ; dadda- n damza, ga : A xaci Cefrih u Cefriha 12 ! . - . Wami dewwed degra : . - efrih u Cefriha ! A xaci Cefrih u Cefriha ! . . A xaci C . . Deffg-ed demza, denna-s : - . Wi id ay-yesfahen, yessfah-it rebbi ! . . - ga-m da bu dagund ? D nnes a henna ! Ma u . - - - Yih a henna aqa-t da. . Qber ma a t-ssidef, denna-s : - ^ - -t Manis ga dekked ? Ma zi dewwu- n desgenn nig zi -en n dferwin ? t - A xaci hennu ! ra baba, ra yemma, ad kkeg zi -en n desgenn. t ^ - - ^ . - - zi ten n dferwin a yeg-i hennu. . Wellah hta a tekked g ^ . Dessidef-it ar uxxam, denna-s demza : - . Ma a tessed seksu, ma a tessed dissin ? -- - A xaci hennu ! ra baba, ra yemma, ad sseg dissin. ^ - - ^ . Ag-am a dsa-inu, wellah u dessid g- seksu. - - - Dessa deswa, denna-s demza : - . t A dsa-inu ! Ma a teddad gi desraft igriwen, ma gi -en n ddheb ? .. -- -g gi ten igriwen. A xaci hennu ! ra baba, ra yemma, ad dda ^ - - ^ . .. - -- dedd-d g- gi ten n ddheb. . Wellah a yeg-i hennu ! u - - .. -sa ! Haya min d asDessedr-it gi desraft n ddheb. Haya min d as-da . dewsa ! Dedwer qqae tseesie, dreqq. Denna-s : - - ^ - Ma a tenyed x ugyur ahida, ma x wen miga gan idan ? ^ . . A xaci hennu ! ra baba, ra yemma, ad nyeg x wen ahida. ^ - - ^ . . - . LLa a yegi hennu ! Wellah u denyid g- x ugyur miga gan idan. ^ . Denna-s eawed : Ma a teksid statu, ma a teksid dagund ? - - . . - - - A xaci hennu ! ra baba, ra yemma, ad ksig dagund ? ^ - - ^ . - - . . 12. Sha u Friha au lieu de Cefrih u Cefriha : dans une autre version du me me conte que jai . . ` recueilli en janvier 1995 a Al Hoceima, conte cette fois-ci par une jeune femme.

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. Wellah a yegi hta ad am-useg statu. . . -n, dessek-it a tawweh a daddat. Nettat, Desseny-it x ugyur miga gan ida ^ . . - deggu, deggu... Izr-it uyazid, igga : . .. ^ Qi qi hi !... Raga dewwi-d guggu 13 ! -t-nni : Denna-s demga-bbi a tused i aba-k ussen ! Raga-k dewwi-d xixxi 14 ! ^ Ih ya a - - - Igga uqzin :^ aw eaw !... Raga dewwi-d guggu ! Ih ya abbi a tewsed i aba-k ssea ! dewwi-d xixxi ! Igga yigid : ^ GGeb, ggeb !... Raga dewwi-d guggu ! -bbi a tewsed i aba-k d-zi ! dewwi-d xixxi ! Ih ya a - - - . -rf-ed, dexder aki-s daqq temmsaga. Ih ya dsa-inu dabibtNettat dsa . -- - ^ - - - -inu ! Ih ya dsa-inu ! Mani ira degid ? Zeema, dessniemir dfah-as. Du-t ^- . ^ - hant u senna ! -t Yallah, yallah... edan wussan usin-d. Denna-send demga--nni : Aga-h a tagmend. Ten d-ga-yezgun a- tas, a tess -rqeddid ag aba-s ! kend, a . ^ -bibt, ruxa dews-as daqegac. Yegi-s dews-as dagund. Ugund, yallah, Da - - - ^ - - t yallah... a wegza-nni. Dabib- dugm-ed, dawh-ed. Yegi-s yewwi-yas ugza - -- - - . dagund-nni. Dekka x imeksawen-nni d yenni. Denna-sen : - A ymeksawen ! A ymeksawen ! Mu dezrim bu dagund dekki-d ssa ? - . - - -q-aneg digetten-a ad am-t-nemmer. A weddi nezri-t, ssea ^ . - .. Nettat desseaq-asen-tend, kur ist mani dessek baba-s. NNan-as : ^ -- - uwessa-yin ! _Ah a . -h ga-s, denna-s : Da . - -

e

A xari ! A xari ! Mu dezrid bu dagund dekki-d ssa ? ^ ^ - . - Sfessed-ay ad am-t-mmreg. ^ Dettef-d, dfessed awessa-nni, dharat. Inna-s : - .. - -t Iwa, ah a dadda--in, ga : A xaci Ceqrih u Ceqriha ! . . . 13. guggu : langage enfantin qui de signe les jouets, dans ce texte, il est utilise pour designer lor. 14. xixxi : langage enfantin qui de signe les ordures.

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- -t Dah a dadda--nni, a damza-nni degra : - . - . A xaci Ceqrih u Ceqriha ! A xaci Ceqrih u Ceqriha ! . . . . -hen, yesqah-it rebbi ? Maga ? Wi d ay-isqa . . D nnes. Min tused ? Tus eg dagund. - -t t Desseqsa-t : Ma a tekked zi dewwu- n desgenn nig zi -en n dferwin ? - - t S baba, s yemma, am-kkeg zi -en n desgenn ! - - Wellah, u yekki baba-m g- ssin a sem-sukend. - Dessekk-it ssin. denna-s : Ma a tessed seksu, ma a tessed dissin ? - - - Yak ! S baba, s yemma, ad am-sseg dissin ! - - igezz baba-m g- tin-a. Wellah, u . . - Waha, denna-s : t Ma a teddad gi desraft igriwen ? Ma gi -en n ddheb ? .. -- - -g gi ten igriwen ! S baba, s yemma, ad am-g dda .. - -- yedri baba-m g- gi ta. Wellah, u - - . -, ma x wen miga gan idan ? - Ma a tenyed x ugyur ahida ^ . . S baba, s yemma, ad am-nyeg x wen ahida ! . - Wellah, u yenyi baba-m g- x wenni. - Denna-s eawed : Ma a teksid statu, ma a teksid dagund ? - - . . - - - S baba, s yemma, ad am-ksig dagund ! - - Wellah u yeksi baba-m g- -enni. t - - Dessedr-it gi desraft igriwen, dasa-s isiduden, dessgezz-as digudma.. . . . - - -win, deuwwed-as igriwen, desseny-it x ugyur ahida, dewsa-s dagund, uxa ^ . - . . - dessqad-it i yemma-s. Deggu, deggu... Igga uyazid : .. ^aga dewwi-d xixxi ! Qi qi hi... ! R -t Denna-s demga--nni : Ih ya abbi a tused i aba-k ussen ! dewwi-d guggu ! - - 263

Aqa-t da, yallah adf-ed. -

Igga uqzin : ^ eaw eaw... ! Raga dewwi-d xixxi ! -bbi a tewsed i aba-k ssea ! dewwi-d guggu ! Ih ya a Igga yigid : ^ GGeb, ggeb... ! Raga dewwi-d xixxi ! -bbi a tewsed i aba-k d-zi ! dewwi-d guggu ! Ih ya a - - - . -reb. Nettat ira tseeear, dennaHta wami ki-s d-dexder, du-t qqae dessu ^. . - - ^- ^ -t s : Ha ya dsa-inu ! Ha ya dsa-inu ! Deksi-t, dettka-t gi dyennu- 15, - - zeema sek a t-tfekk. Dettka-t hta wami t-dessa dmessi qqae. Nettat ira . - - ^ deara x degmas, denna-s : DDehked a yegi-s n rehram, ddehked ! Fek^. . . .- .. .- keg-sem yak ! Nettat dehhada-yas aqemmum, netnind wwdand-id. .. . -Ha nes kkig-d ssiha d ssiha !

TRADUCTION Le conte des deux jeunes llesJe vais vous conter une histoire ! Une femme avait une lle, et une autre qui ne le tait que par adoption, car ce tait la lle de son e poux. Un jour elle leur dit : celle qui rame` nera de leau la premie` re aura le privile` ge de manger de la viande avec son pe` re . ` ` ` Elle tendit la cruche a la premie` re, un tamis a la deuxie` me puis les envoya a ` ` la rivie` re chercher de leau. Sa lle fut la premie` re a revenir, quant a la ` deuxie` me, son tamis fut emporte par le courant. Elle se mit a longer la rivie` re an de la re cupe rer. Sur son chemin, elle rencontra des bergers et leur demanda : Bergers ! Avez-vous vu un tamis emporte par leau ? Les bergers lui re pondirent : Nous ne le te dirons que si tu nous rame` nes nos che` vres. Elle retrouva les che` vres et les ramena. ` Demande a ce sage, lui te dira ou se trouve ton tamis, lui dirent les bergers. ` Elle se dirigea vers lhomme et lui dit : Sage homme ! Aurais-tu vu mon tamis, leau me la emporte ? Je ne te re pondrais pas que si tu me de barrasses des puces qui me rongent le corps, dit-il.-t ` 15. dayennu- : petit four en terre qui sert uniquement a la cuisson du pain. -

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La jeune sexe cuta, et lhomme lui dit : Vas vers cette maison et appelle : Ma tante Cefrih u Cefriha ! Ma tante . . Cefrih u Cefriha ! . . ` De` s quelle arriva, elle se mit a he ler linte resse e, et sentendit re pondre par logresse : Celui qui me contente aujourdhui, que Dieu le contente. Cest moi tante Cefriha, aurais-tu vu mon tamis ? . Oui ma lle, je lai ici. Par quelle porte veux-tu entrer ? celle en planches ou celle en aiguilles ? lui demanda logresse, avant de la faire entrer. Telle une orpheline, jentrerai par la porte en aiguilles. Tu nentreras que par la porte en planches. La jeune lle entra. Que de sires-tu manger ? du couscous ou des puces ! demanda logresse. Telle lorpheline, par ma me` re, je mangerai des puces. Ma lle ! cest du couscous que tu mangeras. Quand elle eut ni de manger ; logresse lui demanda : Veux-tu descendre dans la cave des serpents ou dans celle dor ? Telle une orpheline, je descendrai dans la cave des serpents. Non, ma lle ! tu ne descendrais que dans la cave dor. Elle descendit dans la cave. Quand elle remonta, elle e tait ve tue comme une princesse, pare e dor et dargent. ` Logresse lui demanda a nouveau : Veux-tu monter lane boiteux ou lane vigoureux ? Telle une orpheline, je monterai lane boiteux. Non, ma lle ! tu monteras lane vigoureux. Elle ajouta : ` ` Veux-tu emporter le tamis a fond de me tal ou celui a fond de soie ? ` Telle une orpheline, je prendrai le tamis a fond de me tal. ` La jeune lle prit le tamis a fond de soie, pare e dor et retourna chez elle. ` son arrive e, le coq se leva et clama : A ki ki hi !... ma ma tresse rame` ne avec elle de lor. Une femme lentendit et lui dit : 265

Ferme ton bec ! que le chacal te manges, ta ma tresse a plutot ramene des ordures. Le chien aboya et exclama aussi : Wa ! Wa ! ma ma tresse rame` ne de lor. Que la rage te prenne, elle rame` ne des ordures, lui dit la femme. ` Le chevreau cria a son tour : Geb ! geb !... Ma ma tresse rame` ne de lor. Que Dieu te casse les pattes ! ta ma tresse rame` ne des ordures. La jeune lle passa le seuil de la porte, et la femme vit que les dires du coq, du chien et du chevreau e taient fonde s. Elle lui dit : O ! viens ma che` re lle ! Ou ` e tais-tu donc ? Lon sinquie tait pour toi ! ` Ainsi les jours passe` rent, et la femme demanda de nouveau a ses deux lles ` daller chercher de leau. Cette fois-ci, elle tendit a sa lle le tamis, et remis la ` cruche a lautre. ` La lle de son mari rapporta de leau et rentra. Tandis que lautre partit a la recherche du tamis emporte par la rivie` re. Sur son chemin elle rencontra des bergers et leur demanda : Bergers ! Avez-vous vu un tamis emporte par leau ? Les bergers lui re pondirent : Nous ne le te dirons que si tu jettes nos moutons dans la rivie` re. Quand elle eut exe cute leur demande, ils lui dirent : ` Demande a ce sage, lui te dira ou se trouve ton tamis. ` Elle se dirigea vers lhomme et lui dit : Sage homme ! Aurais-tu vu mon tamis, leau me la emporte ? Je ne te re pondrais pas que si tu me de barrasses des puces qui me rongent le corps, dit-il. La jeune lle lui cassa la te te en lui donnant des coups, et lhomme lui dit : Va vers cette maison et appelle : Ma tante Ceqrih u Ceqriha ! Ma tante Ceqrih . . . eqriha ! uC . ` De` s quelle arriva, elle se mit a he ler linte resse e, et sentendit re pondre par logresse : Celui qui me rend malheureux que Dieu le rende malheureux. Aurais-tu vu mon tamis ? Ne serait-il pas chez toi ? demanda la lle. ` Avant que logresse ne linvite a entrer, elle lentendit demander : Par quelle porte veux-tu entrer ? par la porte en planches ou celle en aiguilles ? 266

Moi, jai ma me` re et mon pe` re, jentrerai par la porte en planches. Tu nentreras que par la porte en bois. La lle entra et logresse lui dit : Que veux-tu manger ? Couscous ou puces ? Moi, jai une me` re et un pe` re, je mangerai du couscous. Tu ne mangeras que des puces, dit logresse. ` La lle mangea les puces et elle lui demanda a nouveau : ` Veux-tu descendre dans la cave a serpents ou celle dor ? Moi, jai ma me` re et mon pe` re, jirai dans la cave dor. ` Tu niras que dans la cave a serpents. dit-elle. Elle descendit dans la cave. Lorsquelle remonta ses ve tement e taient lace re s ` et sales, logresse la t monter sur lane boiteux, lui remit le tamis a fond de me tal et la renvoya chez elle. ` ` A son arrive e, le coq se moqua delle et commenc a a crier : Ki ki hi ! Ma ma tresse rame` ne des ordures. La ma tresse de la maison lui dit : Ferme ton bec ! ma lle a ramene de lor, que le chacal te mange ! Le chien aboya et exclama aussi : Wa Wa ! Ma ma tresse rame` ne des ordures. Que la rage te prenne, ma lle rame` ne de lor, dit la femme. ` Le chevreau cria a son tour : Geb ! geb... ! ma ma tresse rame` ne des ordures. Que Dieu te casse les pattes ! ma lle rame` ne de lor. Lorsque la me` re aperc ut sa lle ve tue comme une mise rable et sale, elle la mit dans le four, la brula et la re duit en cendres. Au milieu du tas, il ne restait que ses dents blanches qui brillaient et sa me` re lui dit : Batarde ! Et tu ris en plus !... Elle essaya de lui fermer la bouche, toutes les dents de la jeune lle tombe` rent. Je suis passe par-ci par-la` !... MOHAMED EL AYOUBI

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