L’AUTO-EVALUATION DE
L’ETABLISSEMENT SCOLAIRE :
DES OUTILS POUR l’ACTION
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Les établissements scolaires sont des lieux où les enseignants sont des évaluateurs naturels de
l’enseignement et des apprentissages. Ils sont formés pour poser des questions et chercher des
réponses. Ils évaluent de manière routinière les progrès de leurs élèves, parfois de façon intuitive
et informelle, comme en salle des professeurs.
Dans son sens réel, l’auto-évaluation n’a pas de commencement ni de fin : elle est toujours en
action. La tâche pour l’établissement est de mieux ancrer cette auto-évaluation informelle dans
une démarche mieux fondée sur une réflexion commune et sur des faits tangibles.
Il n’y pas de recettes miracles ni de solution magique pour mettre en œuvre une démarche d’auto-
évaluation. L’auto-évaluation est localisée dans plusieurs endroits de l’établissement et elle prend
des formes différentes mais elle devient une approche intégrée quand des connexions sont
établies pour séquencer et structurer des interprétations dispersées. L’auto-évaluation doit
permettre ainsi de trouver un juste équilibre entre les choses importantes et celles qui sont
périphériques, l’universel et le particulier, l’éphémère et le durable. C’est un processus micro-
politique au niveau de l’établissement scolaire.
« Le domaine de l’évaluation par les professionnels doit affronter une multiplicité de valeurs, de critères, de
méthodes, de mesures et d’intérêts. Après beaucoup d’expériences et de débats, il apparaît qu’une clé essentielle
consiste à collecter des données, et que de multiples valeurs et critères sont nécessaires pour juger du succès d’une
approche, que de multiples acteurs ont des intérêts différents, et que ces visions différentes doivent être représentées
dans la démarche d’évaluation »
La vie scolaire est composée d’une multiplicité de perspectives et le choix d’une démarche
d’évaluation exige une certaine compréhension de la complexité de l’établissement. Il ne s’agit pas
de travailler selon une procédure déterminée (par exemple, collecter, interpréter, et présenter des
données) mais de mettre en place un processus continu d’interprétation et de négociation.
Les établissements n’ont pas le temps d’évaluer chaque aspect de leurs activités parce que cela les
distrairait de leurs tâches essentielles. Le choix de ce qui doit être évalué doit être fait avec
précaution. Il ne sert à rien d’évaluer un domaine où les choses marchent bien et de négliger les
questions qui fâchent. Le domaine évalué ne doit pas correspondre non plus à la chasse gardée
d’un groupe d’intérêt particulier, que ce soit un domaine disciplinaire ou un secteur de
l’établissement.
Si l’on veut que l’auto-évaluation soit source d’innovation pédagogique, elle doit être un
processus participatif. A partir du moment où elle est conçue pour les élèves, les enseignants, et
les parents, elle doit les impliquer, eux ou leurs représentants, à toutes les étapes de la démarche.
Il est important de construire l’accord sur ce qui doit être évalué avant d’aller plus loin.
C’est sur cette base que s’est construit le projet SOCRATES « Evaluer la qualité dans l’éducation
scolaire » dont a été tiré un livre Self-evaluation in European Schools. A story of change (Mac Beath,
Schratz, Meuret, Jakobsen, 2000) [Trad : l’auto-évaluation dans les établissements scolaires
européens : une histoire du changement]. Il impliquait 101 établissements dans 18 pays, chacune
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présentant des caractéristiques différentes dans leur organisation et leurs fondements culturels.
Certaines étaient en avance dans leur réflexion sur l’auto-évaluation et d’autres pas. Tous les
établissements se sont joints au projet pour apprendre davantage et ils ont accepté d’utiliser les
mêmes outils et procédures. Trois modes opérationnels ont été privilégiés :
- L’usage d’un cadre de référence pour l’auto-évaluation de l’établissement scolaire
- Une série de recommandations contenant les outils à mettre en œuvre
- Le soutien d’un « ami critique »
Le cadre de référence pour l’auto-évaluation
C’est un instrument très simple conçu pour aider les établissements à sélectionner les domaines
qui lui sont importants. Le cadre de référence répertorie 12 domaines de la vie scolaire qui
peuvent être utilisés comme base de discussion pour améliorer le fonctionnement de
l’établissement et l’innovation pédagogique. Les acteurs de l’établissement peuvent en ajouter ou
en soustraire mais l’expérimentation sur les 18 pays a montré qu’ils s’agissaient de catégories
pertinentes et robustes.
Le cadre de référence pour l’auto-évaluation de l’établissement scolaire vise à :
- Promouvoir des discussions utiles et sérieuses parmi les participants à la démarche d’auto-
évaluation en les aidants à s’approprier une culture de l’enquête
- Obtenir une première image de l’établissement à travers le regard des enseignants, des
élèves, et des parents
- Aider à identifier les domaines prioritaires qui nécessitent une enquête plus approfondie
Le groupe d’auto-évaluation peut être présidé par un acteur de l’établissement ou par un
observateur externe qui agit comme un « ami critique ». Sa tâche est de guider les membres du
groupe à conduire l’évaluation selon le cadre de référence, en suscitant discussions et débat. La
tâche du groupe est de rechercher un consensus quand cela est possible mais d’éviter les
compromis et de respecter les désaccords. Le responsable du groupe doit aussi chercher à étayer
les discussions par des faits ou des éléments de preuve, en faisant attention que les jugements
s’appuient sur une information valide et vérifiable, et non pas selon des préjugés.
Les résultats du groupe ne sont pas définitifs mais servent à une démarche spécifique de
recherche d’éléments nouveaux dans les domaines choisis. Dans le projet international, les
établissements étaient invités à choisir 5 domaines pour une enquête approfondie, avec un choisi
au moins dans chaque grande thématique.
Le domaine peut être choisi pour des raisons différentes :
- Parce que les opinions sont très divergentes
- Parce qu’il y a une absence évidente de données
- Parce que c’est une faiblesse révélée de l’établissement
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- Parce que c’est un domaine prometteur où l’établissement peut faire encore des progrès
L’auto-évaluation n’est pas la fin mais le début du processus. Il propose un forum dans lequel les
chefs d’établissement, les enseignants, les élèves, et les parents peuvent exprimer leurs vues à
égalité en délaissant pour un temps leurs statuts et leurs positions officielles. Beaucoup
d’établissements dans le projet européen ont considéré qu’ils s’agissaient d’une expérience
« enrichissante », « stimulante », et « riche » parce qu’elle leur avait offert de nouvelles
perspectives et favorisé le dialogue.
Les outils pour l’auto-évaluation
Une fois les domaines d’enquête choisis, l’étape suivante consiste à utiliser les outils appropriés.
Les établissements dans le projet européen ont mobilisé une grande diversité de méthodes et ils
ont aussi parfois inventé leurs propres outils. Néanmoins, l’expérience montre que les outils ne
doivent pas être choisis de manière aléatoire mais en tenant compte de la nature de l’instrument,
de ce qu’il permet d’évaluer, et des limitations dans son usage. Il est peut être utile de se poser les
bonnes questions avant de privilégier telle ou telle méthode :
L’objectif Un outil pour faire quoi ?
Les conséquences Qui utilisera les résultats ?
Les effets détournés Quelles peuvent être les effets non désirés ?
La faisabilité Est-ce qu’il est possible de le faire ?
L’aspect pratique Est-ce que cela peut être mis facilement en pratique ?
Le temps Est-ce qu’il y a le temps pour cela ?
L’équilibre Est-ce que l’outil permet d’évaluer en surface ou en profondeur ?
Les données Quelles sont les données attendues ?
L’implication Qui sera impliqué dans la démarche ?
Le délai Combien de temps cela prendra pour avoir un retour ?
La démarche a plus de chances d’aboutir si les outils sont utilisés pour approfondir et
comprendre certains aspects, en rendant explicite ce qui était implicite ou simplement pris
comme une évidence.
L’ami critique
C’était l’un des aspects les plus stimulants du projet européen. Des amis furent désignés, ou
choisis par l’établissement, pour apporter une expertise extérieure à travers :
- La mise en place de la démarche d’auto-évaluation, en clarifiant les objectifs et en créant
un climat favorable au projet
- Une aide apportée pour l’appropriation du cadre de référence
- Un avis exprimé sur le choix des outils et sur leur usage
- Une aide dans la collecte et l’interprétation des données
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CADRE DE REFERENCE POUR L’AUTO-EVALUATION DE L’ETABLISSEMENT
SCOLAIRE
LA REUSSITE DES ELEVES
La réussite scolaire des élèves
Est-ce que les élèves, quand ils quittent l’établissement, ont un niveau suffisant dans la plupart
des savoirs scolaires ?
Par référence au niveau de départ des élèves, est-ce que leur progression est supérieure,
inférieure, ou égale à ce qui était attendu ?
Est-ce qu’en termes de réussite scolaire, l’établissement augmente ou réduit l’écart entre les
meilleurs et les moins bons élèves, les filles et les garçons ?
Le développement social et personnel des élèves
Comment l’établissement réussit-il à améliorer les qualités sociales des élèves telles que la
sociabilité, le sens de la coopération, les attitudes civiques, le respect, le sens de la solidarité,
l’équité ?
Dans quelle mesure l’établissement améliore-t-il les compétences non-académiques tels que la
capacité à travailler en équipe, à résoudre des problèmes, à prendre en compte la complexité, à
communiquer efficacement, à prendre des initiatives, à démontrer des capacités d’invention ?
Dans quelle mesure les élèves développent-ils ces attitudes et ses compétences à égalité ?
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Dans quelle mesure ces valeurs et ses objectifs sont-ils discutés et acceptés par l’équipe
pédagogique ?
L’orientation des élèves
Est-ce que les élèves sont bien orientés en quittant l’établissement ?
Dans quelle mesure leur orientation est appropriée à leur niveau de connaissances, de
compétences, et de développement personnel ?
Dans quelle mesure l’établissement a-t-il bien préparé les élèves à ces choix d’orientation ?
Est-ce que tous les élèves qui possèdent le même niveau de compétences et de connaissances ont,
sans considération de leur sexe, appartenance sociale, origine ethnique, les mêmes chances
d’orientation ?
LA VIE DANS LA CLASSE
Le temps comme ressource pour apprendre
Est-ce qu’il reste du temps pour apprendre en dehors de la gestion quotidienne de la classe et la
discipline ?
Est-ce qu’il existe des heures de classe perdues pour une raison ou pour une autre ? En raison de
certains problèmes de violence ou de discipline ?
Quel est l’écart de temps consacré à apprendre entre le meilleur élève et le moins bon ?
Combien de temps les élèves passent-ils sur leur travail à la maison ? Est-ce que ce temps est
productif ?
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Les conditions apprentissages et d’enseignement
Est-ce que les objectifs d’apprentissage et les critères de réussite sont clairs et compris par tous
les élèves et les enseignants ?
Quelles sont les procédures utilisées dans l’établissement pour assurer de bonnes conditions
d’enseignement et aider les enseignants rencontrant des difficultés ?
Est-ce que tous les élèves bénéficient des mêmes conditions d’apprentissage ?
L’aide aux élèves en difficultés
Est-ce que les élèves en difficultés sont détectés rapidement et de manière fiable ?
Est-ce que l’aide aux élèves en difficultés est efficace ?
Est-ce que les élèves bénéficiant d’un soutien scolaire sont ceux qui en ont le plus besoin ? Ou
est-ce seulement les élèves volontaires qui sont capables d’en profiter ?
Dans quelle mesure les difficultés d’apprentissage sont-elles liés aux conditions d’enseignement
ou d’organisation de l’établissement ?
LA VIE DANS L’ETABLISSEMENT SCOLAIRE
L’établissement scolaire comme lieu d’enseignement
Est-ce que les élèves sont organisés et groupés de façon à optimiser leurs chances de réussite ?
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Est-ce que les enseignants sont engagés au service de la réussite et du progrès de tous les élèves ?
Est-ce que les procédures existantes permettent aux enseignants d’être efficaces ?
Est-ce que les contenus scolaires sont bien adaptés aux besoins des élèves ?
Est-ce que les élèves considèrent que leurs enseignants leur sont utiles ?
L’établissement scolaire comme lieu de socialisation
Est-ce qu’il y a un climat de respect mutuel entre les élèves ?
Quelle est la qualité des relations entre les élèves et l’équipe pédagogique ?
Est-ce que l’établissement permet aux élèves de prendre des décisions et d’exercer des
responsabilités ?
Est-ce que les règles sont claires et acceptées ?
Est-ce que les récompenses et les sanctions sont mises en œuvre avec justice et équité ?
Plus généralement, est-ce que l’environnement social de l’établissement les aide dans leur
apprentissage et leur développement ?
L’établissement scolaire comme lieu professionnel
Comment l’établissement répond-il aux changements de son environnement ?
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Est-ce que l’établissement parvient à mettre en œuvre son projet ?
Quelle est la qualité des discussions internes et des procédures de décision ?
Est-ce qu’il y a des partenaires extérieurs mobilisés dans les discussions internes ?
Est-ce que la formation continue des enseignants répond à leurs besoins et à ceux de
l’établissement ?
Est-ce qu’il y a une aide suffisante pour les enseignants faisant face à des difficultés ?
L’ENVIRONNEMENT
L’établissement scolaire et les parents d’élèves
Est-ce que l’information donnée aux parents répond à leurs attentes ?
Est-ce que les parents d’élèves se sentent bien accueillis dans l’établissement ?
Est-ce qu’ils sont traités à égalité, indépendamment de leurs conditions sociales ?
Est-ce que les enseignants s’appuient sur les parents pour s’occuper des problèmes des élèves ?
Est-ce que les parents aident leurs enfants dans les apprentissages ? Est-ce que la politique de
l’établissement est suffisante pour les y aider ?
L’établissement scolaire et l’orientation des élèves
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Est-ce que l’établissement aide bien les élèves à développer leurs compétences pour la poursuite
d’études ?
Est-ce que l’établissement obtient bien auprès des institutions de l’enseignement secondaire et
supérieur, ou du monde professionnel, les informations et les ressources nécessaires ?
Est-ce que des liens sont créés et maintenus avec ces partenaires extérieurs ?
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GRILLE D’AUTO-EVALUATION DE L’ETABLISSEMENT SCOLAIRE
++ + - --
LA REUSSITE DES ELEVES
La réussite scolaire des élèves
Le développement social et personnel des élèves
L’orientation des élèves
LA VIE DANS LA CLASSE
Le temps comme ressource pour apprendre
Les conditions apprentissages et d’enseignement
L’aide aux élèves en difficultés
LA VIE DANS L’ETABLISSEMENT SCOLAIRE
L’établissement scolaire comme lieu d’enseignement
L’établissement scolaire comme lieu de socialisation
L’établissement scolaire comme lieu professionnel
L’ENVIRONNEMENT
L’établissement scolaire et les parents d’élèves
L’établissement scolaire et l’orientation des élèves
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METHODES POUR L’AUTO-EVALUATION DE L’ETABLISSEMENT SCOLAIRE
1. QUESTIONNER a. QUESTIONS ORALES (INTERVIEWS)
Interview ouvert (vs. fermé) Relatif au degré de liberté de
l’interviewé
L’interviewé peut répondre
librement sans que ces
réponses ne rentrent dans des
catégories pré-établies
Interview non-directif (vs
directif)
Relatif au degré de liberté de
l’interviewer
L’interviewer n’a pas une série
de questions préparées mais
les pose au fur et à mesure du
déroulement de l’entretien
Interview qualitatif (vs.
quantitatif)
Relatif à l’analyse des données
de l’interview
L’analyse est réalisée à des
techniques interprétatives
(analyse de discours, textuelle,
METHODES
Questionner
Observer
Sérier les
priorités
Collecter des
sources Discuter Jeux de
rôles
Mesurer
Imaginer
Tenir un
journal
Etablir un
profil
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etc)
b. QUESTIONS ECRITES (QUESTIONNAIRE)
Questions ouvertes et/ou fermées
Réponses simples et/ou réponses multiples
Echelles de préférence
Questionnaire papier ou en ligne sur internet
c. ENQUETER POUR RECUEILLIR DES DONNEES par exemple sur :
- le nombre d’enseignants participant à des actions de formation - le temps passé par les enseignants en dehors de la classe - le temps dévolu à des tâches de planification ou de coordination - le temps pris pour prendre des décisions - le temps passé avec les partenaires - le % des parents rencontrés chaque année - le temps dévolu aux relations avec les parents d’élèves - la connaissance des parents sur les décisions prises dans l’établissement - l’information des enseignants sur le travail à la maison des élèves - le pourcentage de lettres adressées au domicile des élèves pour absence ou pour
indiscipline - le pourcentage des appels téléphoniques selon leur destination
Autre exemples :
- la tenue d’un journal de bord par des enseignants ou des élèves récapitulant les événements de la journée et le temps passé dans leurs activités
- l’organisation d’un brain storming à plusieurs dans un groupe pour dégager les forces et les faiblesses dans un domaine spécifique (ex : les choses qui aident l’apprentissage/les choses qui freinent l’apprentissage, les choses qui participent d’un bon climat de l’établissement/ les choses qui participent d’un mauvais climat)
2. OBSERVER
Cela peut être un bon point de départ pour l’auto-évaluation parce que cela ne nécessite pas de
matériel spécifique. L’important est que cela implique non pas une pratique de classe mais
plusieurs personnes qui échangent ensuite entre elles.
- Observation visible ou cachée, libre ou centrée sur un objet précis - Une check-list peut aider à repérer les points précis à observer
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- L’observation peut se faire entre pairs (des enseignants vont s’observer mutuellement et discuter de leurs pratiques)
- Les élèves peuvent aussi être de bons observateurs, qui peuvent mettre en récit leurs expériences dans différents domaines
- Le suivi d’un élève, d’un enseignant, ou d’un chef d’établissement sur une ou plusieurs journées constitue aussi un dispositif d’observation
3. SERIER LES PRIORITES
Il est possible d’exposer quelques questions ou priorités essentielles à un groupe en leur
demandant de faire des choix prioritaires par exemple en ordonnant des cartes définies à l’avance
selon un ordre croissant ou décroissant. Voici un exemple de cartes qui peuvent être réalisées :
La vie quotidienne à l’école se
traduit par la tolérance et la
conscience de principes
démocratiques
Les enseignants se soucient
toujours du retour de leur
travail auprès des élèves
Il y a un consensus général sur
le degré de discipline à obtenir
et sur son maintien
Les enseignants coopèrent et
connaissent leurs atouts
respectifs pour s’entraider
Les enseignants discutent
entre eux en salle des
professeurs
Les conflits ne sont pas
occultés mais traités
ouvertement
Les erreurs sont utilisées
comme une chance de
progrès et de réussite
Le système d’information de
l’établissement est clair et
pertinent pour chacun
Les difficultés des enseignants
sont prises en compte
sérieusement
Les responsables de
l’établissement font en sorte
que les enseignants soient
soutenus et confiants dans
leur travail
L’établissement échange les
idées avec ses partenaires
L’établissement dispose de
ressources suffisantes en
termes d’équipements et
d’informatique
L’établissement est ouvert sur
son environnement et ses
partenaires
Les innovations pédagogiques
font l’objet d’un large
consensus
Le chef d’établissement est
bien investi dans
l’établissement et auprès des
enseignants
L’équipe non-enseignante est
bien intégrée dans la culture
de l’établissement
Les responsabilités sont
clairement partagées dans
l’établissement
L’établissement fait souvent
appel à l’extérieur pour
obtenir des conseils
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L’établissement a un projet
soutenu par l’ensemble de ses
partenaires
Le chef d’établissement est
conséquent dans son action
mais aussi suffisamment
flexible
Les horaires de début et de fin
de cours sont bien respectés
par les élèves et les
enseignants
4. COLLECTER DES SOURCES
Il y a beaucoup de données qui existent déjà dans l’établissement et qui sont souvent sous-
exploitées. Certains d’entre elles peuvent être un bon point de départ pour la discussion.
Voici une liste de documents qui permettent d’obtenir des sources pour la discussion :
- le registre des absences - les rapports d’activité - des exemples de travaux d’élèves - les minutes d’une réunion - des statistiques - des emplois du temps - des circulaires et textes officiels - de la correspondance - les agendas des rendez-vous - des articles de la presse locale
Une variante : un groupe de discussion peut constituer un portfolio en collectant des données sur
un thème précis et en les regroupant
5. DISCUTER
- Discussion entre pairs : les enseignants ou les élèves échangent entre eux sur un thème précis et à partir de critères préalablement définis
- Groupe à thème : des personnes de différents horizons se réunissent pour échanger entre eux sur un thème précis et à partir de critères préalablement définis
6. JEUX DE ROLES
- Ecriture d’un script : Les personnes inventent un script sur les situations qu’ils vivent au quotidien
- Réaction à un scénario : Les personnes expriment leur opinion et discutent à partir d’un scénario qui leur est soumis
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7. MESURER
Les indicateurs ne sont que des outils et ils ne donnent pas des « résultats scientifiques » mais des
indications sur des domaines possibles d’amélioration et de discussion. En plus des indicateurs
déjà disponibles pour l’établissement (indicateurs IPES), d’autres indicateurs peuvent être
construits pour l’auto-évaluation mais quelques recommandations méthodologiques s’imposent :
- il faut d’abord établir un inventaire des indicateurs existants et comprendre leur utilité - il peut être nécessaire de réaliser une première évaluation pour déterminer quels sont les
domaines où les indicateurs sont les plus utiles - il faut choisir des indicateurs pertinents et utiles selon l’adage « trop d’indicateurs tue
l’information) - il faut déterminer une procédure qui élaborera des catégories, décidera des conclusions à
communiquer à un auditoire plus large et quelles actions peuvent être entreprises. Une fois que les indicateurs sont déterminés, le plus dur reste à faire : les nourrir régulièrement !
8. IMAGINER
- Pour les élèves qui ont du mal à communiquer ou à exprimer leurs sentiments, l’évaluation non-
verbale (par exemple, à partir de dessins ou d’images imprimées) peut être très utile.
- La photo ou la vidéo peuvent constituer aussi des outils d’évaluation à condition que le travail des élèves par groupe soit bien encadré
Ces techniques possèdent plusieurs avantages :
- les élèves ne sont pas confrontés à un instrument préfabriqué dans lequel ils ne peuvent qu’exprimer leur accord ou leur désaccord
- cela permet de briser le mur du langage écrit qui constituent pour certains élèves un handicap
- l’évaluation permet de mettre en scène différents niveaux de réalité de la vie scolaire perçue par les élèves
- il tient compte des émotions des élèves
9. TENIR UN JOURNAL
C’est un compte rendu personnel qui rend compte des expériences de l’enseignant ou de l’élève.
Il a l’avantage d’aider les personnes à rendre compte de leurs habitudes, de leurs sentiments, de
leurs pensées ou à communiquer sur leur travail. Cela facilite aussi la prise de parole dans les
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réunions et permet de pointer certains événements ou faits non rapportés dans un cadre
d’évaluation plus rationnel.
10. ETABLIR UN PROFIL
Un profil aide à rendre visible les relations entre plusieurs facteurs, structures ou personnes. Il
peut éclairer une proximité ou une distance relative. Il prend le plus souvent la forme d’un dessin
ou d’un schéma qui rend la réalité plus accessible en réduisant sa complexité dans une forme
graphique.
Par exemple, pour établir un profil de l’environnement de l’établissement, il est possible de :
- dresser une liste de tous les contextes pertinents de l’établissement (structures, groupes, personnes)
- différencier l’environnement en fonction de leur importance pour l’établissement (sous la forme de cercles de plus ou moins grande taille présentés sur le graphique) ou de leur distance (rapprochement ou éloignement sur le graphique)
- décrire le relations entre l’environnement et l’établissement sous la forme de propositions (du type positif marqué d’un +, ou négatif marqué d’un 6, ou en collant plusieurs ***
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LE ROLE ET LA PLACE DE L’ « AMI CRITIQUE »
POUR L’AUTO-EVALUTION DE L’ETABLISSEMENT SCOLAIRE
Définition de l’ami critique : « Une personne de confiance qui pose des questions
dérangeantes, propose des données à étudier avec un autre regard et critique le travail déjà réalisé
comme un vrai ami. L’ami critique n’est pas neutre, mais il agit pour soutenir l’établissement et
pour le défendre, en travaillant avec l’encadrement et les enseignants pour les aider à améliorer
l’établissement avec la distance nécessaire. C’est une personne extérieure qui n’entretient aucune
familiarité avec les membres de l’établissement. »
Les qualités d’un « ami critique »
Ouverture Est-ce que l’ami critique est ouvert ou est-ce
qu’il a des arrière-pensées ?
Ecoute Est-ce que l’ami critique écoute bien les
besoins qui s’expriment dans l’établissement ?
Compréhension Est-ce que l’ami critique a une bonne
compréhension du contexte de
l’établissement ?
Pertinence Est-ce que l’ami critique formule des avis
utiles ?
Empathie Est-ce que l’ami critique est bien accepté par
les enseignants ?
Communication Est-ce que l’ami critique sait bien
communiquer ses idées dans l’établissement ?
Persuasion Est-ce que l’ami critique réussit à imposer ses
idées dans l’établissement ?
Innovation Est-ce que l’ami critique offre un bon soutien à
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l’établissement pour innover ?
Les différents rôles d’un « ami critique »
Conseiller scientifique Formule des avis utiles
Offre un tableau clair des forces et des faiblesses de l’établissement
Fournit des informations et des ressources utiles au projet d’établissement
Propose des méthodes et un soutien efficace
Donne des indications précises pour mettre en œuvre ses propositions
Fait partager ses connaissances
Rend le travail plus « professionnel »
Aide à la préparation de séminaires
Organisateur Modère les débats dans les réunions
Sait gérer le temps imparti
Aide à la mise en place du cadre de référence de l’auto-évaluation
Prépare les réunions et les synthèses
Commente les prises de position stratégiques
Fixe des objectifs clairs et concis
Accompagne efficacement le travail des différents groupes
Entraîneur Rassure les personnes et les encourage
Sait écouter
Donne de l’importance au projet d’établissement
Sait limiter l’ambition de certains participants
Aide à formuler de nouvelles idées
S’assure de la continuité du travail
Procède par étapes successives
Sait imprimer une direction
Aide à réduire les écarts et les différences
Aide à se centrer sur des thèmes ou des activités précises
Encourage la coopération
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Invite à réviser les outils lorsqu’ils sont défaillants
Facilitateur Sait gérer les émotions
Sait trouver un équilibre entre les questions personnelles et professionnelles
Met l’accent sur le contexte de l’établissement et l’enseignement
Facilite les relations interpersonnelles
Animateur de réseaux Construit des réseaux
Suggère d’autres partenaires possibles
Aide à la construction des équipes et à la coopération
Est la personne de référence pour l’IUFM ou
l’université
Arbitre Est capable de critiquer l’ « ordinaire » à partir d’une vision extérieure
Propose occasionnellement des contre-arguments
Multiplie les perspectives contre l’opinion d’un seul
Favorise la cohérence et le rapprochement des points de vue
Interpelle l’établissement sur ses aspects organisationnels
Analyse l’établissement en toute extériorité
Ce que doit faire ou non l’ « ami critique »
Oui Non
Etre attentif à son rôle
Avoir une attitude positive vis-à-vis de l’établissement
Ecouter et négocier
Encourager et soutenir la participation et la décision
Encourager le partage des idées
Etre trop rapide dans son jugement
Jouer un rôle trop directif
Proposer des solutions clés en main ou pas assez réfléchies
Entrer en conflit ou prendre partie pour un camp ou un autre
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Les garanties de succès de l’ « ami critique »
Plus la définition de la relation entre les responsables de l’établissement et l’ami critique est claire,
plus la collaboration est rendue facile sur le long terme
Si l’ami critique adopte une position de soutien et non de pilotage, l’établissement aura plus
d’opportunités pour mettre en œuvre son projet d’établissement
Bien que les établissements apprécient l’expertise de l’ami critique, il est davantage généraliste que
spécialiste dans certains domaines. Il peut être amené toutefois à jouer un rôle de spécialiste
quand cela lui est demandé.
Il est important que l’ami critique puisse travailler avec tout le monde, y compris les parents et les
élèves. Cela garantit une plus forte implication dans l’auto-évaluation de l’établissement scolaire.
L’impact de l’ami critique sera moindre s’il n’est pas intégré au travail quotidien de l’établissement
et s’il n’est pas disponible quand l’établissement a besoin d’un soutien.
L’ami critique a moins d’influence quand un inspecteur travaille de manière intensive avec
l’établissement. Il est alors important d’établir de bonnes relations entre l’ami critique et le corps
d’inspection.
S’il y a une culture positive de la critique dans l’établissement, l’ami critique pourra davantage
jouer son rôle.