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Page 1: L'HUMANITÉ - Jean-Pierre Baro

164 RUE AMBROISE CROIZAT93528 SAINT DENIS CEDEX - 01 49 22 73 29

25 MARS 13Quotidien Paris

OJD : 45827

Surface approx. (cm²) : 761N° de page : 18

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MONFORT3617475300503/XTT/OTO/1

Eléments de recherche : Toutes citations : - THEATRE SILVIA MONFORT ou LE SILVIA MONFORT-THEATRE ou LE MONFORT: uniquement lethéâtre à Paris 15ème - SILVIA MONFORT : uniquement en tant que comédienne

'^f ljLAiiture DISPARITIONCHINUA ACHEBE

Un des pètes de la litteratureafricaine moderne est décédé auxÉtats-Unis à l'âge de quatre-vingt-deux ans, a annonce vendredi sonéditeur. Publie en 1958, son premierroman, te monde s'effondre, devenuun livre-culte, avart fait connaîtrela culture igbo et les souffrancesdues à la colonisation britannique.

Woyzeck, un tout-couleurcomme les autres

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Un des pètes de la litteratureafricaine moderne est décédé auxÉtats-Unis à l'âge de quatre-vingt-deux ans, a annonce vendredi sonéditeur. Publie en 1958, son premierroman, te monde s'effondre, devenuun livre-culte, avart fait connaîtrela culture igbo et les souffrancesdues à la colonisation britannique.

Woyzeck, un tout-couleurcomme les autres

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Jean-PierreBaro présenteun Woyzeck(je n'arrive pasàp/ei/rerjquientremêle le récitdeBuchneretlamémoire de sonpère, travailleurimmigrésénégalais.

Les parents du met-teur en scène ontformé ce qu'onappelle un couplemixte Son père,

sénégalais, fait partie de lapremière génération des tra-vailleurs immigrés, les tout-couleur, littéralement « ceuxqui s'en vont et se perdent »,venus en France pour étudierDans les années 1970, c'est en-core une nouveauté Même sinul n'est certain qu'être uncouple mixte, aujourd'hui,soit une sinécure Cette figurepaternelle qu'il a peu connue lehante, le tourmente Alors il in-terroge sa mère, lui arrache unà un les souvenirs Le parallèleentre ce père, jamais à sa place,jamais au bon endroit, portantl'exil comme un fardeau, etWoyzeck s'impose comme uneévidence, une filiation qui ex-plose la temporalité et les lieuxde l'action Woyzeck n'est-ilpas un immigré dè l'intérieur*7

Un prolétaire maintenu dansun état d'asservissement etd'humiliation par toutes leshiérarchies7 La trajectoire dupère croise celle de Woyzeckdans cette lutte des classesqui ne dit jamais son nomLorsque le père, technicienqualifié dans l'aéronautique,débarque dans l'atelier desusines Dassault, on lui tendun balai, naturellement Leracisme pour l'un, le méprispour l'autre Et inversementC'est l'accumulation de ceshumiliations qui conduirontWoyzeck vers l'irrémédiable,le meurtre de sa maîtresse, etverront sombrer le père dansl'alcoolisme jusqu'à éprouver,comme son alter ego buchné-nen, des hallucinations, qui lesperdront tous deux

UNE CÉCILE COUSTIUAC

EPOUSTOUFLANTEJean-Pierre Baro s'empare

de la pièce de Woyzeck, ina-chevée, comme un matériauqu'il malaxe, reconfigure sanslui ôter son substrat pour l'en-tremêler au récit de la vie deson père Si l'entrée en matièrepeut sembler incertaine, dé-routante, au fur et à mesureque le spectacle s'installe, onest pris par les images quijaillissent sur le plateau, les dé-placements dansés des acteurs,et le rythme soutenu qui laisseentendre les deux narrations àla perfection Le monologuede la mère, porté par une Cé-cile Coustillac époustouflante,fait écho à brûle-pourpointaux fulgurances de Woyzeck,lui conférant une modernitéplus que salutaire, néces-saire Adama Diop incarneWoyzeck lin Woyzeck noir,docile, taiseux, qui retournerason bouillonnement intérieurcontre le seul être qui l'aime,pas contre ses bourreauxCette histoire de prolos, en dé-pit des deux siècles d'écart quiles séparent, éclaire brillam-ment ce « racisme social Iiéaux inégalités » que dénon-çait Buchner en son tempsDu juke-box qui trône sur leplateau, s échappent des mu-siques noires, des airs de jazzet des accents de soûl qui sur-gissent dans ce no man's landhabité par des fantômes Aufinal, il nous reste le souvenir'ainsi réhabilité du destin croiséde deux hommes anéantis parune lutte des classes sans mercidont ils ne connaissaient pastoutes les règles

MARIE-JOSE SIRACH

Ce spectacle a éte créé au CDNd'Orléans Au Montfort Théâtre,106, rue de Brancion, 75015 ParisJusqu'au 6 avnl Réservation auOI 56083388. Le 16 avnl, au théâtrede Comouaille, à Quimper

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Les parents du met-teur en scène ontformé ce qu'onappelle un couplemixte Son père,

sénégalais, fait partie de lapremière génération des tra-vailleurs immigrés, les tout-couleur, littéralement « ceuxqui s'en vont et se perdent »,venus en France pour étudierDans les années 1970, c'est en-core une nouveauté Même sinul n'est certain qu'être uncouple mixte, aujourd'hui,soit une sinécure Cette figurepaternelle qu'il a peu connue lehante, le tourmente Alors il in-terroge sa mère, lui arrache unà un les souvenirs Le parallèleentre ce père, jamais à sa place,jamais au bon endroit, portantl'exil comme un fardeau, etWoyzeck s'impose comme uneévidence, une filiation qui ex-plose la temporalité et les lieuxde l'action Woyzeck n'est-ilpas un immigré dè l'intérieur*7

Un prolétaire maintenu dansun état d'asservissement etd'humiliation par toutes leshiérarchies7 La trajectoire dupère croise celle de Woyzeckdans cette lutte des classesqui ne dit jamais son nomLorsque le père, technicienqualifié dans l'aéronautique,débarque dans l'atelier desusines Dassault, on lui tendun balai, naturellement Leracisme pour l'un, le méprispour l'autre Et inversementC'est l'accumulation de ceshumiliations qui conduirontWoyzeck vers l'irrémédiable,le meurtre de sa maîtresse, etverront sombrer le père dansl'alcoolisme jusqu'à éprouver,comme son alter ego buchné-nen, des hallucinations, qui lesperdront tous deux

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MARIE-JOSE SIRACH

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Un prolétaire maintenu dansun état d'asservissement etd'humiliation par toutes leshiérarchies7 La trajectoire dupère croise celle de Woyzeckdans cette lutte des classesqui ne dit jamais son nomLorsque le père, technicienqualifié dans l'aéronautique,débarque dans l'atelier desusines Dassault, on lui tendun balai, naturellement Leracisme pour l'un, le méprispour l'autre Et inversementC'est l'accumulation de ceshumiliations qui conduirontWoyzeck vers l'irrémédiable,le meurtre de sa maîtresse, etverront sombrer le père dansl'alcoolisme jusqu'à éprouver,comme son alter ego buchné-nen, des hallucinations, qui lesperdront tous deux

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MARIE-JOSE SIRACH

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Ce spectacle a éte créé au CDNd'Orléans Au Montfort Théâtre,106, rue de Brancion, 75015 ParisJusqu'au 6 avnl Réservation auOI 56083388. Le 16 avnl, au théâtrede Comouaille, à Quimper

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