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Ne paraît pas auxmois de juillet-août.

9, rue Berckmans1060 Bruxelles

IRANDES VOIX POURLES SANS VOIX

ISRAËLD’AMOURENCHAÎNÉES

NIGERIASPLENDEURS ET MISÈRES

SEPTEMBRE 2009 – N°456 – LE MENSUEL D’AMNESTY INTERNATIONAL

ACTUEL■ Israël : D’amour enchaînées■ Focus : Une convention contre les disparitions■ Insolites-Brèves

DOSSIERNigeria : Splendeurs et misères■ Vers une nouvelle guerre civile ?■ Une mosaïque explosive■ Des défenseurs aux abois■ On achève bien le Delta

MOUVEMENT■ Gros plan : La dignité en questions■ Des voix pour les sans voix

ISAVELIVES.BE■ Lettres du mois : Bosnie-Herzégovine,

Pakistan et Kosovo■ Bonnes nouvelles

CULTURE/AGENDA■ Une vie palestinienne■ Leçon d’héroïsme■ Le commissaire chez les Bozos

É D I T O R I A L

S O M M A I R E

Libertés! • Rue Berckmans, 9 – 1060 Bruxelles • Tél : 02 538 81 77 Fax : 02 537 37 29 • [email protected] • www.libertes.be • Éditrice responsable: ChristineBika • Rédacteur en chef: Pascal Fenaux • Comité de rédaction : Bruno Brioni, Thandiwe Cattier, Véronique Druant, Samuel Grumiau, Anne Lowyck,Brian May, Suzanne Welles • Ont collaboré à ce numéro : Gilles Bechet, Patricia Huon • Iconographie: Brian May • Maquette: RIF • Mise en page:

Gherthrude Schiffon • Impression (sur papier recyclé non blanchi) : Remy Roto • Couverture: Une habitante de Makoko transporte les maigres effetspersonnels qu’elle est parvenue à arracher de son logement détruit par les autorités de l’État. Lagos, 6 mai 2005. © George Osodi

CHANGEMENT D’ADRESSE – ATTESTATION FISCALE – MODIFICATION, ANNULATION OU NOUVELLE COTISATION DE

MEMBRE/DONATEUR(TRICE)Madame Michele Ligot : [email protected]

je change d’adresse (inscrire uniquement la nouvelle adresse)Nom: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Prénom: . . . . . . . . . . N° de membre: . . . . . . .Adresse: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . N° . . . . . bte . . . . . . . . . .Code postal: . . . . . Localité: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Tél (obligatoire): . . . . . . . . . . . . . . . E-mail: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Oui, j'adhère aux objectifs d'Amnesty et souhaite devenir membre

Je répartis le montant de : ma cotisation de mon abonnement sur toutel’année en complétant ce coupon et en le renvoyant à Amnesty International, 9 rue Berck-mans à 1060 Bruxelles. Tout montant qui dépassera 14,87 e (prix de la cotisation oude l'abonnement), sera considéré comme un «don», et par là-même jouira de la déduc-tibilité fiscale pour autant que ce supplément soit de 30 e ou plus.Je verse tous les mois, au départ de mon compte n° . . . . . . . . . . – . . . . . . . . . . . . . . lasomme de : 6 e 10 e 20 e . . . . . . . . e (ou tout autre montant demon choix) au profit du compte 001-2000070-06 de Amnesty International à partirdu . . . . . . . . . . et jusqu’à nouvel ordre. Je conserve le droit d’annuler ou de modi-fier cet ordre à tout moment. ou je verse en une fois le mandat de . . . . . . . . . . . . . . au compte 001-2000070-06Nom: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Prénom: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Date de naissance: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Adresse: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . N° . . . . . . . . bte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Code postal: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Localité: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Tél (obligatoire): . . . . . . . . . . . . . . . . E-mail: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Profession: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Date: . . . . . . . . Signature:

Ne rien inscrire dans cette case s.v.p. (réservé à l'organisme bancaire)

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En mars 2003, une coalition emmenée par les États-Unisenvahissait l’Irak et renversait le régime de SaddamHussein dont le parti Baas avait, 35 années durant, imposé

à l’ensemble des Irakiens un régime dictatorial parmi les plusféroces de la seconde moitié du XXe siècle. Le 10 juin 2003, la peinede mort était suspendue par l’Autorité provisoire de la Coalition,le gouvernement militaire mis sur pied par la coalition anglo-américaine. Cependant, 14 mois plus tard, le 8 août 2004, legouvernement irakien de transition rétablissait la peine capitaleet justifiait entre autres son choix par la vague de violence – poli-tique et crapuleuse – qui commençait à submerger l’Irak. Demême, élu lors des premières élections législatives libres dedécembre 2005 et investi en mai 2006, le gouvernement de coali-tion du Premier ministre Nouri al-Maliki n’a jamais daignéfournir d’informations dignes de ce nom sur ces exécutions, mêmes’il est évident que leur nombre va croissant et qu’une partied’entre elles ont lieu dans le plus grand secret. C’est ainsi que, le

10 juin dernier, ce ne sont pas moins de 19 personnes, y comprisune femme, qui ont été exécutées sans que cela fasse l’objet de lamoindre annonce officielle et après que les peines capitales aientété prononcées à l’issue de procès qui ne répondent pas auxnormes internationales en matière de procès équitables. Sous Saddam Hussein, la peine de mort était pratiquée à unevaste échelle et visait entre autres les opposants politiques duBaas : partis laïcs, organisations religieuses, dirigeants étudiants,journalistes, hommes d’affaires, déserteurs (durant le conflit Iran-Irak), etc. À l’époque, Amnesty International était bien en peined’établir avec précision le nombre – supposé élevé – de citoyensirakiens passés par les armes, entre autres lors de la terrible vaguede répression qui répondit au soulèvement des provinces majori-tairement arabes chiites dans le sud et kurdes dans le nord, auprintemps 1991, répression durant laquelle des dizaines de milliersd’Irakiens furent victimes de disparitions forcées. Un peu plus desix ans après le renversement du régime baasiste, la déconvenueest d’autant plus sévère que la ministre des… Droits de l’HommeWajdan Mikhaïl Salim s’est elle-même faite la promotrice d’unepeine capitale censée répondre aux vagues incessantes d’attentatsmassifs perpétrés contre la population civile... La conséquence enest qu’en juillet dernier, les estimations les plus fiables évaluaientà un millier le nombre d’Irakiens alignés dans les couloirs de lamort… ePascal Fenaux

Pour en savoir plus:A thousand people face the death penalty in Iraq (Index AI : MDE14/020/2009)

DANS LESGRIFFES DUTIGRE

Une Juive récemment divorcée montre les alliances dont elle peut désormais se séparer. Jérusalem, 2001. © Panos/Stuart Freedman

«Je me sens comme une otage, une esclave. Je neserai libre que quand il mourra.» Enferméependant de longues années dans un

mariage malheureux, cela fait maintenant dix ansqu’Aliza tente d’obtenir le divorce. En vain.Son cas est ainsi venu gonfler les statistiques desnombreuses femmes israéliennes coincées dans cettezone d’ombre, entre mariage et divorce. On les appelleles agounot, littéralement, les «ancrées», les «enchaî-nées». Lorsqu’elle raconte son histoire, cette joliequadragénaire semble envahie d’une grande lassi-tude. Elevée dans une famille juive ultra-orthodoxe,elle a épousé à 18 ans un homme plus âgé qu’elle. Uneunion arrangée par sa famille dans laquelle elle ne sesentira jamais à l’aise. Mais, rapidement, arrive lepremier enfant ; il y en aura six en tout. Aliza resterafinalement pendant 16 ans, malgré des violences répé-tées de la part de son mari.«J’avais peur. Il menaçait de me tuer si je partais», raconte-t-elle. Un jour, Aliza trouve enfin le courage de porterplainte et de demander le divorce. Les questions de lagarde des enfants, de la pension alimentaire et dupartage de la maison sont rapidement réglées par untribunal civil. Elle pense alors que son cauchemar estterminé. Il ne fait que commencer… Pour que ledivorce soit officiellement prononcé, il faut en effetpasser devant un tribunal rabbinique. En Israël, où lesdeux tiers de la population se disent pourtant nonpratiquants, il n’y a ni mariage, ni divorce civil. Selon la Loi judaïque, la Halakha, c’est l’homme quidoit remettre à sa femme l’acte de divorce, le gett. Etil doit le faire de son plein gré, sous peine de nullité.

S’il refuse ou disparaît sans laisser de traces, sa femmene pourra pas refaire sa vie. Si elle a des enfants avecun autre homme, ceux-ci (et toutes les générationsaprès eux !) seront considérés comme des mamzerim,des «bâtards», du point de vue de la religion. À l’inverse,un homme dont la femme refuserait de divorcer, peutprocréer à nouveau sans conséquences pour lesenfants, voire se remarier.Ces femmes seraient des milliers selon les associa-tions, qui comptabilisent aussi celles qui ont laissétomber par lassitude ou dont le mari a monnayé le gettcontre de l’argent ou la garde des enfants. Aliza aussia subi ces pressions. «À chaque fois que nous passionsdevant la cour, il avait de nouvelles exigences, témoigne-t-elle.Les rabbins me demandaient de tout accepter. Au final, ça m’acoûté une fortune et j’ai plusieurs fois pensé à abandonner.»Une loi de 1995 permet pourtant au tribunal rabbi-nique d’imposer des sanctions aux maris récalcitrants,telles que suspendre leur permis de conduire, bloquerleurs comptes bancaires, voire les envoyer en prison.Mais ces sanctions ne sont administrées que dans derares cas et seulement après de longues années derefus.L’an dernier, Aliza s’est finalement adressée au Centerfor Women’s Justice (CWJ), une association qui repré-sente des femmes agounot devant les tribunaux. «Lerefus d’un gett cause beaucoup de souffrances, expliqueSusan Weiss, l’avocate qui a fondé le CWJ. Nous demandonsdonc des dommages et intérêts aux maris, mais aussi parfoisà l’État d’Israël. On essaie ainsi de créer des précédents. Nousgagnons presque toujours, mais cela peut prendre plusieursannées. Il est aussi fréquent que des hommes acceptent fina-

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A C T U E L

HONDURASRÉPRESSIONLe 19 août, dans un rapport intitulé Honduras :Human rights crisis threatens, as violence and repres-sion increase (Index AI : AMR 37/004/2009), AI apublié une série de photos et de témoignagestémoignant des graves brutalités infligées parla police et l’armée à des manifestants dans lacapitale hondurienne, Tegucigalpa. Ces derniersdéfilaient pacifiquement contre le coup d’Étatperpétré le 28 juin avec le soutien des militaireset le renversement du président légitime JoséManuel Zelaya Rosales. e

TUNISIEÉTAT DE NON-DROITDans un rapport intitulé Au nom de la sécurité :Atteintes aux droits humains en Tunisie (MDE30/007/2008), publié en juin 2008, AmnestyInternational décrivait en détail une politiquesystématique d’arrestations arbitraires, dedétentions au secret, de disparitions forcées,d’actes de torture, de procès iniques (notam-ment devant des tribunaux militaires), deviolences carcérales, entre autres contre desressortissants tunisiens expulsés par des paysétrangers vers la Tunisie. Ce 20 août, AI a publiéun nouveau rapport : Tunisia: Continuing abuses inthe name of security (Index AI : MDE 30/010/2009).Or, «au nom de la sécurité» et de la lutte antiterro-riste, d’autres États s’entêtent pourtant àrenvoyer contre leur gré (ou à menacer derenvoyer) vers leur pays d’origine des ressortis-sants tunisiens qui risquent d’y subir latorture. e

HONGRIETRAQUE AUX ROMSLe 3 août, une Rom de 45 ans était tuée parballe dans le village de Kisléta (est de la Hongrie)et sa fille, âgée de 13 ans, était grièvementblessée lors d’une attaque survenue au lende-main des cérémonies hongroises marquant laJournée internationale de commémoration del’extermination des Roms par l’Allemagnenazie, le Porrajmos. Entre janvier 2008 et juin2009, le Centre européen pour les Droits desRoms (CEDR) a rassemblé des informations sur39 attaques dirigées contre des Roms ou contreleurs biens. Huit personnes ont perdu la vie aucours de cette période. La multiplication de cesattaques entretient un climat de peur et d’inti-midation que n’allègent pas les enquêtes bâcléesmenées par la police. e

YÉMENAFFRONTEMENTSCONFESSIONNELSC’est dans une indifférence internationale queles heurts se multiplient entre les forces gouver-nementales yéménites et les partisans deHussain Badr al Din al Huthi, dignitairechiite zaïdite décédé, au risque de nouvellesviolations flagrantes des droits humains,comme ce fut le cas jadis dans le gouvernorat deSaada. Depuis la reprise des affrontementsarmés à la mi-juillet, des milliers d’habitants deSaada et de sa région ont fui leurs foyers. L’aidehumanitaire n’arrive que difficilement, lesforces gouvernementales ayant pratiquementinterdit la zone aux journalistes et aux orga-nismes humanitaires. Selon certainesinformations, des dizaines de civils ont ététués. e

ISRAËL

D’AMOUR ENCHAÎNÉESEn Israël, si un époux juif refuse d’accorder à sa femme le divorce, rien ne peut dénouer les lienssacrés du mariage. Des milliers de femmes se retrouvent ainsi privées de leur liberté. Reportage.

Un couple d’Algériens manifeste aux côtés d’autres familles de disparus, àRelizane, un des épicentres des massacres et des disparitions durant la «saleguerre» de 1992-2002. Relizane, novembre 2000.

L’INSOLITE

A C T U E L

lement de divorcer pour ne pas payer et obtenir l’abandon despoursuites. Mais certains sont têtus : un homme est mortaprès avoir refusé de divorcer pendant plus de trente ans.»Lilakh, une puéricultrice de la banlieue de Tel-Aviv,s’est aussi adressée au CWJ, après plusieurs annéespassées à batailler seule face au tribunal rabbinique.«Pour moi, ce n’est pas une question de religion, je ne suis paspratiquante. Mais si je rencontrais quelqu’un, je voudraispouvoir me remarier. J’aurais aussi voulu avoir d’autresenfants. Mais aujourd’hui, à 44 ans, c’est trop tard…» Celafait également dix ans que Lilakh a demandé ledivorce après que son mari, devenu adepte d’unesecte mystique, eût essayé d’y entraîner leur fils aîné.«Lorsque j’ai saisi le tribunal, il a disparu. Après quelquesannées, les rabbins ont engagé un détective privé pour le retro-uver, explique-t-elle. Il a alors été amené, menotté, devantla cour. Mais le juge, constatant qu’il n’était pas là de sonplein gré, lui a dit de rentrer chez lui et de se représenter lasemaine suivante pour me remettre le gett. Il n’est jamaisrevenu…» A partir de là, Lilakh a constaté un revire-ment de situation. «Les rabbins voulaient que je laissetomber tout ce que j’avais obtenu auprès du tribunal civil,comme les questions de la garde des enfants ou de la pensionalimentaire – que je n’ai d’ailleurs jamais touchée – afinqu’ils puissent tout rejuger.»Une situation qui serait loin d’être exceptionnelle.«Certains rabbins ont l’impression que les tribunaux civils leur

ont ôté leurs prérogatives et on sent une vraie crispation»,constate Robyn Shames, directrice d’ICAR, l’Interna-tional Coalition for Aguna Rights. «Les ultra-orthodoxes ontde plus en plus de pouvoir dans la société israélienne etdans les tribunaux religieux. Avant de prononcer un divorce,il est maintenant fréquent que les rabbins demandent àl’époux ce qu’il veut en échange. Or, souvent, celui-ci n’auraitjamais pensé à exiger quoi que ce soit si on ne le lui avait passuggéré ! Si les femmes sont désormais plus indépendantesfinancièrement, parallèlement, les rabbins deviennent deplus en plus stricts, comme par réaction…» Un paradoxedans une société moderne où un mariage sur trois setermine par un divorce et où les unions libres sont enconstante augmentation.Depuis plusieurs années, des associations essayent desensibiliser l’opinion juive aux problèmes des agounot.Elles fournissent à ces femmes une assistance juri-dique, organisent des manifestations et font dulobbying à la Knesset, le Parlement israélien. Parmiles solutions, elles suggèrent notamment qu’unaccord prénuptial soit proposé aux jeunes époux.Beaucoup de militantes de ces associations sont elles-mêmes des Juives pratiquantes. C’est le cas deBatsheva Sherman, une jeune avocate dynamique,spécialisée dans la défense des agounot. «Je suis reli-gieuse, dit-elle, mais pour moi, la Loi judaïque ne devraitjamais entraîner de telles souffrances.» ePatricia Huon

4 Libertés ! Septembre 2009

Plus de soixante ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, les dispa-ritions forcées continuent d’être pratiquées dans de trop nombreux pays,y compris sur le continent européen, comme outil répressif, afin de museler

les dissidents et d’éliminer toute opposition politique, mais aussi pour persécuterdes minorités ethniques, religieuses ou politiques. Ces dernières années, dans lecadre de la «guerre contre le terrorisme», les États-Unis ont ainsi procédé, parfoisavec la complicité d’autres gouvernements, aux disparitions forcées. C’est dans cecontexte que l’Assemblée générale des Nations unies a adopté, le 20 décembre 2006,la Convention internationale pour la Protection de toutes les personnes contre lesdisparitions forcées.La Journée internationale des Personnes disparues, qui a eu lieu le dimanche30 août 2009, a pour but d’exiger que justice soit rendue aux victimes de dispa-ritions forcées. Des gouvernements du monde entier ont recours aux disparitionsforcées. En effet, il ne manque actuellement que 7 ratifications pour que laConvention entre en vigueur.Dans le cadre de la journée du 30 août, Amnesty lancedes actions ciblées sur le Burundi, le Cap-Vert, le Costa Rica, le Liban, le Maroc, lePakistan, le Paraguay, le Portugal, la Serbie et Timor Leste, pour qu’ils ratifient laditeConvention.Un des cas les plus tristement emblématiques reste l’Algérie. En 1992, l’annulationdes premières élections législatives multipartites (que le Front islamique du salutsemblait devoir remporter) provoqua un conflit interne atrocement sanglant.L’état d’urgence fut déclaré, le FIS interdit et le président «démissionné». Cherchant

F O C U S

LÉVITATION FAITE À DMITRISelon les lamas du temple d’Ivolginski Datsan, enBouriatie, le président russe Dmitri Medvedevs’est réincarné en déité bouddhiste, la Tarablanche, une des divinités les plus vénérées dupanthéon bouddhiste. Depuis le règne de Cathe-rine II de Russie (1729-1796), qui avait reconnu lebouddhisme comme religion d’État de l’Empire,tous les tsars ont été considérés comme une réin-carnation de cette déesse. Cette tradition s’étaitinterrompue sous l’ère soviétique. DmitriMedvedev est le premier chef d’État russe en acti-vité à se rendre en Bouriatie, une républiqueautonome de Sibérie à forte population boud-dhiste. La Tara blanche possède sept yeux : deuxau même endroit que les nôtres, un sur le front etquatre sur les pieds et les mains. Le divin présidenta rendu visite au vénérable lama Dacha DorjoItiguelov, mort en 1927 en «état de nirvana» etexhumé selon ses dernières volontés en 2002.Étonnamment conservée, la dépouille, en positiondu lotus, affiche une température de 19 degrés,qui passe à 34 degrés lors des prières. eD’aprèsCourrier International

UNE CONVENTIONCONTRE LESDISPARITIONS

à revendiquer par la violence la victoire électorale du FIS, des groupes arméss’en prirent aux institutions publiques et commirent ensuite des atteintes géné-ralisées aux droits humains : massacres de civils, enlèvements, viols et actes detorture. Les autorités algériennes jouèrent un rôle majeur dans l’escalade de laviolence, les forces de sécurité et des milices armées par l’État faisant disparaîtredes milliers de personnes, des hommes pour la plupart, et se rendant responsa-bles d’exécutions illégales, de détentions arbitraires et d’actes de torture à grandeéchelle. Aujourd’hui, les forces de sécurité commettent toujours des violations des droitshumains sans craindre de devoir rendre compte de leurs actes. Les mesures d’am-nistie dont le président Abdelaziz Bouteflika, au pouvoir depuis 1999, a été lepromoteur ont en outre été présentées comme une initiative positive en vue de«tourner la page» et de mettre fin à «la tragédie nationale». Or, le fait que les victimeset leur famille soient empêchées d’obtenir vérité, justice et réparation signifie queles auteurs de violations graves des droits humains peuvent continuer à perpétrerde tels crimes sans crainte de sanctions, tandis que les défenseurs de ces famillessont harcelés par les autorités. eS’INFORMER :Un legs d’ impunité : une menace pour l’avenir de l’Algérie (Index AI : MDE28/003/2009) AGIR :http://www.amnestyinternational.be/disparitions

Les disparitions forcées sont une constante dans l’histoire de la secondemoitié du XXe siècle. En 2006, l’Assemblée générale des Nations uniesadoptait la Convention internationale pour la Protection de toutes lespersonnes contre les disparitions forcées.

Libertés ! Septembre 2009 5

D O S S I E R

Le plus peuplé des pays du

continent africain est également

l’un des plus pauvres, du moins

l’un de ceux où les écarts sociaux,

économiques et

environnementaux sont parmi

les plus révoltants. Ce géant

multiethnique et

multiconfessionnel est secoué

depuis son indépendance (en

1960) par une alternance de

coups d’État militaires et de

retours cosmétiques à des

régimes civils et multipartites.

Dans le cadre de sa campagne

«Exigeons la dignité» et, plus

précisément, de ses démarches

en faveur d’une réelle

responsabilisation

(accountability) des pouvoirs

publics et des entreprises,

Amnesty a fait du Nigeria l’un

des pays les plus exemplatifs du

viol des droits économiques,

sociaux et culturels. Dans ce

pays, la défense des droits

humains se paie souvent au prix

fort.

Ce dossier devrait (du moins,

c’est à espérer) apporter une

certaine clarification et

compréhension des problèmes

politiques, économiques et

sociaux auxquels est confronté le

géant africain, le tout sous

l’angle des droits humains.

VERS UNE NOUVELLEGUERRE CIVILE ?Si son histoire a débuté avant la conquête européenne, le Nigeria contemporain etles tensions qui y opposent certains groupes ethniques et/ou religieux sontévidemment marqués de façon déterminante par la période coloniale britannique,le commerce des esclaves et, bien évidemment, l’exploitation intensive etinégalitaire du sous-sol, surtout dans le Delta du Niger.

L’histoire précoloniale du Nigeria estmarquée par le développement, du VIIe

au XIe siècle, des civilisations Haoussas(nord) et Yoroubas (sud-ouest). Ensuite, le nordde l’actuel Nigeria est dominé pendant sixsiècles par les empires du Kanem qui, à partirdu lac Tchad, profitent de leur position straté-gique au cœur des échanges économiquesentre les Berbères d’Afrique du Nord et lespeuples des régions forestières du sud.Au début du XIXe siècle, tandis que la pénétra-tion coloniale britannique à l’intérieur desterres (les ports côtiers ayant jusque-là servi au

trafic florissant d’esclaves vers le NouveauContinent) supplante la puissance colonialeportugaise, l’essentiel des régions majoritaire-ment musulmanes du nord se regroupent ausein du Califat de Sokoto. Presque simultané-ment (à partir de 1790), la Grande-Bretagneentame l’exploration de la région du Deltadu Niger et remonte vers le nord en instal-lant à l’intérieur des terres des comptoirscoloniaux privés supplantant les pouvoirsautochtones, comptoirs qui passent peu à peusous le contrôle direct du gouvernementbritannique.

NIGERIASPLENDEURS ET MISÈRES

lDes Nigériansassis le longd’une routeilluminée dejour comme denuit par le gazdes torchèresd’un village del’État de Rivers,dans le Delta.Akala-Olu,31 janvier 2008.© Kadir vanLohuizen/NOOR

ment fédéral qu’ils accusent de complicité dans la pollution de l’en-vironnement occasionnée par les activités d’extraction desmultinationales occidentales. Beaucoup d’observateurs se deman-dent si une guerre va éclater dans le Delta du Niger. Là-bas, lesmilitants du Mouvement pour l’Émancipation du Delta du Niger(Movement for the Emancipation of the Niger Delta ou MEND), ainsi que d’au-tres moins connus multiplient les enlèvements de membres dupersonnel des compagnies pétrolières, lesquelles récupèrent leursemployés occidentaux contre rançon. De même, les oléoducs sontpercés pour en détourner le contenu et les installations pétrolièressont régulièrement attaquées.Le MEND affirme protester contre les dégâts de l’extraction pétrolière(voir pages suivantes) sur l’environnement et, surtout, contre laredistribution éminemment inéquitable des revenus de l’industrie dupétrole. Ainsi, 48,5 % vont au gouvernement fédéral, 24 % aux Étatsfédérés et 20 % aux pouvoirs locaux, tandis que les autorités d’Abujaristournent 13 % supplémentaires aux États du Delta qui possèdentdes gisements onshore et offshore. Le nouveau président UmaruYar’Adua a certes promis de porter cette part à 25 %, mais la corrup-tion massive empêche la population de voir la couleur de cet argent,qui n’enrichit qu’une certaine frange de citoyens les mieux placés,tandis que les autres survivent avec moins d’un dollar par jour dansun environnement saccagé par la pollution.Grâce aux enlèvements et aux détournements de pétrole, les militantsdu MEND amassent de petites fortunes qu’ils affirment consacrerentièrement au bien de leur communauté. Lourdement armés etéquipés de vedettes rapides, ils pèsent de plus en plus sur les compa-gnies pétrolières, lesquelles font pression sur le gouvernementfédéral pour qu’il mette le paquet dans la répression. Les «justiciers»du MEND ont cela dit suscité d’autres vocations, celles de bandes degangsters qui travaillent pour leur propre compte et commencent à«exporter» la violence aux barges de forage et aux plates-formes d’ex-traction du Cameroun et de Guinée équatoriale. À ces violences, legouvernement nigérian répond au moyen de la Joint Military TaskForce (JTF), une division mixte composée de militaires et de policiers.Le 15 mai 2009, le MEND a déclaré une «guerre totale» en repré-sailles à des bombardements qui auraient fait des centaines de mortsparmi la population civile. Une Commission pour le Développement du Delta du Niger (NDDC)a été mise sur pied pour centraliser les demandes et coordonner lesopérations pour l’ensemble des 7 États du Delta : Abia, Akwa Ibom,Delta, Edo, Ondo, Rivers et Cross River, lesquels concentrent 30millions d’habitants. Depuis septembre 2008, un ministère spéci-fique pour le Delta est dirigé par Ufot Ekaette, originaire du Delta.Le ministère a également mis sur pied un comité technique de 45experts dirigé par Ledum Mittee, qui n’est autre que le président duMouvement pour la Survie du Peuple ogoni (MOSOP) créé par l’écri-vain Ken Saro-Wiwa (1). Si l’objectif du ministre est officiellement dedévelopper les infrastructures, son budget n’est pas considéré commeà la hauteur, tandis que le fait qu’il s’appuie sur la JTF laisse craindrele pire en matière de violation des droits humains. Le MEND ne dispose pour l’instant pas d’un chef charismatiquecapable de soulever des populations entières contre le pouvoir fédéralet les compagnies occidentales. Sans doute les violentes contre-offen-sives militaires nigérianes l’ont-elles quelque peu affaibli. Iln’empêche que, en l’absence de résultats économiques concrets,certains observateurs craignent que, si les villages décident de prendreles armes, le Delta replonge dans la période sanglante de la sécessiondu Biafra. Cette guerre civile (2) qui avait opposé le Biafra (proclaméindépendant par les régions igbos du sud-est du Nigeria) à l’armée fédé-rale avait, entre 1967 et 1970, entraîné la mort (par les armes et parla faim) de plus d’un million de personnes… ePascal Fenaux

(1) Coordinateur d’une campagne non-violente contre Shell et dénonçant les ravagesenvironnementaux de l’extraction pétrolière sur le Delta, cet écrivain a été condamnépar la justice nigériane au terme d’un procès largement dénoncé par les ONG etpendu en 1995.(2) James Brooke, «Few Traces of the Civil War Linger in Biafra», New York Times,14 juillet 1987.

En 1899, la Grande-Bretagne institue un Protectorat du «Nigeria duSud» (en référence au fleuve Niger) auquel est annexé en 1906 leterritoire de l’ancienne colonie portugaise de Lagos. En 1903, lessultans (musulmans) de Sokoto et de Foula (Nigeria du Nord) sontcontraints de faire allégeance après l’échec de soulèvements noyésdans le sang par le colonisateur britannique. Enfin, en 1914, lesprotectorats du Nord (majoritairement musulman) et du Sud (majo-ritairement chrétien et animiste) sont intégrés de force au sein d’unterritoire colonial unique, les Colony and Protectorate of Nigeria. Face àl’émergence de la revendication indépendantiste africaine, les Britan-niques dotent le pays d’un gouvernement représentatif en 1951 puisd’une Constitution fédérale en 1954.À l’aube de l’indépendance politique du Nigeria en 1960, la coloniecompte déjà 34 millions d’habitants (dont 12 000 colons britan-niques) et 250 «ethnies». Le pays le plus peuplé d’Afrique est alors diviséen 3 régions disposant d’une large autonomie. En 1966, un coupd’État militaire hisse au pouvoir le général Johnson Ironsi, d’origineIbo, qui est assassiné quelques mois plus tard. Les nouveaux putschistesaccroissent les pouvoirs du gouvernement fédéral, suppriment les troisrégions et les remplacent par 12 États fédérés. Les Ibos, ethnie majo-ritaire de l’est et du sud du pays, sont alors victimes de représaillesraciales sanglantes qui aboutissent en 1967 à la sécession de la répu-blique du Biafra, laquelle recouvre la quasi-totalité du Delta du Nigeret son sous-sol riche en hydrocarbures… Atroce, la guerre civiles’achève par la capitulation des indépendantistes le 12 janvier 1970.En 1975, un coup d’État amène Murtala Ramat Mohammed aupouvoir sans effusion de sang. Il promet un retour rapide à la démo-cratie, mais il est tué dans un coup d’État avorté et est remplacé parson second Olusegun Obasanjo. Une nouvelle Constitution estpromulguée en 1977 et Shehu Shagari emporte la victoire auxpremières élections de 1979. En 1983, un nouveau coup d’Étatreplonge le pays dans la dictature, celle du Conseil militaire suprême.En 1993, après des élections annulées par le gouvernement mili-taire, le général Sani Abacha arrive à la tête de l’État. À sa mortsoudaine en 1998, Abdulsalam Abubakar prend le pouvoir et réta-blit la constitution de 1979. En 1999, les premières électionsdémocratiques depuis 16 ans sont gagnées par Olusegun Obasanjo,lequel est réélu lors des élections contestées de 2003. En 2007, des élec-tions tout aussi sujettes à caution conduisent au pouvoir UmaruYar’Adua, certes civil, mais successeur désigné d’Olusegun Obasanjo.Le pays est soumis à de fortes tensions entre musulmans et chrétiens.Face au nord majoritaire et musulman, les Ibos du Nigeria constituentun contre-pouvoir récurrent et principalement implanté dans l’est etle sud. Les Ijaws, ethnie vivant dans le Delta du Niger d’où sontextraits les hydrocarbures, se sont quant à eux contre un gouverne-

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jCarte de la République du Biafra, dans le sud-est du Nigeria,proclamée indépendante lors de la guerre de sécession du Delta(1967-1970)

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Sur les plans ethnique, linguistique et confessionnel, le Nigeria peutse diviser globalement en trois zones : un nord majoritairementmusulman, un sud-ouest majoritairement chrétien et musulman,

et, enfin, un sud-est majoritairement chrétien.Dans les États du nord, qui couvrent les deux tiers du territoire nigérian, legroupe ethnique le plus nombreux est celui formé par les Haoussas et lesFoulanis (Peuls), dont l’écrasante majorité sont musulmans. Les autresprincipaux groupes ethniques du nord sont les Tivs et les Kanouris. Dans les États du sud-ouest, ce sont les Yoroubas qui constituent le groupeethnique et linguistique dominant. Plus de la moitié d’entre eux sont chré-tiens et environ un quart sont musulmans, le reste de la population dusud-ouest observant des cultes traditionnels qui ne relèvent ni de l’islam nidu christianisme.Enfin, dans les États du sud-est, ce sont les Igbos à dominante chrétienne quiforment le plus grand groupe ethnique. Si les Nigérians de rite catholiqueromain y sont de loin prédominants, on observe néanmoins une popularitécroissante des Églises protestantes pentecôtistes et autres. Dans le sud-est,il faut également compter avec les Efiks, les Ibibios, les Annangs et lesIjaws, ces derniers constituant le quatrième principal groupe ethniquenigérian.Dans ce patchwork hérité de la période coloniale britannique, c’est évidem-ment l’anglais qui sert de lingua franca entre les différents groupes ethniqueset, surtout, entre leurs élites. Cela dit, la connaissance de deux ou plusieurslangues nigérianes est très répandue. C’est sans surprise que les idiomes desHaoussas, des Yoroubas et des Igbos se révèlent être les langues les plususitées au Nigeria.À l’échelle du Nigeria, en l’absence de statistiques officielles et en faisantremarquer que certains considèrent que ces estimations sont destinées àsurreprésenter les États du nord dans la fédération, on estime que le paysle plus peuplé d’Afrique est composé de plus de 250 groupes ethniques, parmilesquelles quelques-unes seulement s’avèrent être les plus politiquementinfluentes. Les Haoussas et les Foulanis (Peuls) constituent 29% de la popu-

lation totale du Nigeria. Viennent ensuite les Yoroubas (20 %), les Igbos(20 %), les Ijaws (7 %), les Kanouris 4 % et les Tivs 3 %. Du point de vue reli-gieux, le dernier recensement, effectué en 1963, c.à.d. au lendemain del’indépendance, indiquait que 47 % des Nigérians étaient musulmans, que35% étaient chrétiens et qu’enfin 18% pratiquaient des cultes «traditionnels»,c.à.d. antérieurs aux missionarismes chrétiens et musulmans.L’islam est traditionnellement dominant dans toute l’Afrique de l’Ouest. Vusa forte densité de population, c’est sans surprise que le Nigeria a l’une desplus importantes populations musulmanes de cette région d’Afrique subsa-harienne. L’islam a pénétré le nord du Nigeria dès le XIe siècle est devenudominant dans les principales cités de la région dès le XVIe siècle, avant dese répandre dans les campagnes et dans les collines de la Middle Belt. Àl’aube de l’ère coloniale, le sheikh Usman Dan Fodio, un intellectuel et diri-geant politico-religieux, avait ainsi établi un califat (régime politique fondésur l’islam) dans le nord du Nigeria. Le régime colonial instauré par laGrande-Bretagne allait ensuite se contenter d’exercer un contrôle indirectdans le nord du Nigeria et dont les structures ne faisaient que coopterl’ancien califat. De nos jours, la tendance des États du nord à se réclamerde la charia pour ce qui est du pouvoir judiciaire et le droit de la famillerappelle évidemment le double système administratif et judiciaire misprivilégié à l’époque de la colonisation britannique.La sécession du Biafra en 1967-1970 et les troubles qui secouent actuellementla région du Delta ne sont pas des événements étrangers l’un à l’autre, loinde là. Les causes de la «guerre civile nigériane» étaient multiples etrenvoyaient principalement au fait que l’immense protectorat colonialcréé par la Grande-Bretagne était une construction «artificielle», sans anté-cédent historique et d’une extrême hétérogénéité. Cette hétérogénéitéétait rendue plus aiguë par la cohabitation forcée (colonisateur oblige)entre systèmes juridiques et aggravée par l’ascendant politique et démogra-phique du nord «musulman» sur le sud-ouest et le sud-est.Aujourd’hui, les violences qui secouent le Delta du Niger se déroulent toutbonnement dans les régions où fut proclamée en 1967 la République duBiafra. Le conflit porte bien évidemment sur l’inégalité excessive dans la redis-tribution des bénéfices de l’industrie pétrolière. Mais une autre sourcemajeure de tensions est néanmoins le ressentiment des élites du sud parrapport à un gouvernement central considéré comme au service premierdes régions musulmanes du nord. eP.F.

UNE MOSAÏQUE EXPLOSIVELe Nigeria constitue, avec la RDC et l’Afrique du Sud, l’un des pays les plushétérogènes des points de vue de la langue, de la confession et del’appartenance ethnique. Pour le meilleur comme pour le pire.

jDes membresd’une égliseévacuée de forcerecherchent leursbiens dans unimmeuble parmiles centainesd’autres rasés parles autorités.Lagos, 6 mai2005.© GeorgeOsodi

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Des prisons surpeuplées. Des milliers de Nigérians condamnés à despeines de prison démesurées au terme de procès iniques. Unsystème judiciaire corrompu et, qui plus est, laissé à la discrétion

de chacun des États qui composent la fédération nigériane et souventsoumis à la sourde influence des forces de police et de l’armée. Descondamnés à la peine capitale qui attendent pendant des années dans lescouloirs de la mort. C’est théoriquement contre ce constat terrible quedevrait œuvrer la Commission nationale des droits humains (CNDH).Or, le moins qu’on puisse dire, c’est que le gouvernement fédéral nigérianse montre tout sauf déterminé à garantir l’autorité, la liberté d’action etl’indépendance de la CNDH dans son travail de protection et promotiondes droits humains.En novembre 2007, le Conseil d’administration de la CNDH a été dissousavant la fin de son mandat. Le gouvernement n’a pas nommé de nouveauConseil d’administration, en dépit des obligations inscrites dans la Loi surla Commission nationale des droits humains qui prévoit la réunion unefois par mois au moins d’un conseil composé de neuf membres. LeConseil, nommé pour un mandat de quatre ans par le Président surrecommandation du Procureur général et ministre de la Justice de la Fédé-ration est théoriquement responsable du bon fonctionnement de laCommission.Or, le 18 mars 2008, Kehinde Ajoni, Secrétaire exécutive de la CNDH, aété relevée de ses fonctions par le Procureur général, Michael KaaseAondoakaa, lequel l’en a informée par courrier. Kehinde Ajoni avait éténommée pour cinq ans et son mandat ne devait arriver à échéance qu’en2011. Le président a nommé l’avocat Roland Awubare pour la remplacer.Selon une déclaration du ministre fédéral de la Justice, Kehinde Ajoniaurait officiellement été «rappelée au ministère». En vertu de l’article 4(2) dela Loi sur la CNDH, le président a tout pouvoir pour changer les membresdu Conseil d’administration, y compris son Secrétaire exécutif, «s’il consi-dère qu’il n’est pas dans l’intérêt général que l’un des membres reste en poste.»Cependant, cette déclaration ne précisant nulle part les motifs du renvoide Kehinde Ajoni, il y a tout lieu de considérer que ce renvoi soit toutbonnement arbitraire.

Au Nigeria, la défense des droits humains s’avère un exercice périlleux. Et ce nesont certainement pas les derniers développements juridiques et législatifsenregistrés ces derniers mois qui incitent à l’optimisme.

Déjà, le prédécesseur de Kehinde Ajoni, Bukhari Bello, avait été remplacéde la même manière en juin 2006, quatre ans avant la fin de son mandaten raison, semble-t-il, de son approche trop critique de la politique dugouvernement nigérian. Suite à ce remplacement spécieux, une instancede l’ONU, le Comité international de Coordination des Institutions natio-nales pour la Promotion et la Protection des Droits de l’Homme [ONU],n’avait plus autorisé le Nigeria à renouveler son adhésion.Cela n’entame manifestement pas la détermination de nombreux défen-seurs des droits humains. L’un d’entre eux est Patrick BarigbaloNaagbanton. Né dans l’État de Rivers, au Nigeria, il a suivi une formationde journaliste avant d’intégrer l’usine de la société Union Dicon Salt PLC,implantée à Port Harcourt, capitale de l’État de Rivers (dans le Delta),ancien haut lieu de la sécession du Biafra de 1967-1970 et foyer actuel deviolences et de vagues de répression. Patrick Barigbalo Naagbanton s’estsyndiqué et a été élu à la tête du Syndicat des Ouvriers maritimes duNigeria (MWUN), avant d’être licencié pour avoir milité en faveur del’amélioration des conditions de travail.Ayant fait adhérer de nombreux ouvriers à des groupes de défense desdroits humains et de la démocratie comme l’Organisation des libertéspubliques (CLO), la Campagne pour la Démocratie (CD) ou encore leComité nigérian de Défense des Droits humains (CDHR), Patrick Naag-banton a été à plusieurs reprises interpellé et harcelé durant la dictaturemilitaire. Arrêté en 1996, il a été maintenu à l’isolement pendant plus d’unmois. Membre du Bureau exécutif de l’Organisation des Libertés publiquesen tant que représentant de la région du Delta, il a également collaboréavec Environmental Rights Action / Les Amis de la Terre-Nigeria.Depuis la fin de 2005, il est responsable du Centre pour l’Environnement,les Droits humains et le Développement du Nigeria (CEHRD), dont l’ob-jectif est de réagir face aux problèmes qui se posent dans la région du deltadu Niger sur le plan de l’écologie, des droits humains, de la santé et dusous-développement. En proposant aux communautés rurales du Nigeriaune éducation et un soutien, le CEHRD leur permet d’acquérir desconnaissances sur leurs droits ainsi que des moyens d’agir.En reconnaissance pour son action en faveur de la promotion et de ladéfense des victimes d’atteintes aux droits humains au Nigeria, PatrickNaagbanton a reçu en 2001 le Prix des Droits de l’Homme de l’universitéd’Indianapolis. Enfin, en 2002, la section de l’État de Rivers de l’Organi-sation des Libertés publiques lui a décerné le Prix Saro-Wiwa. eP.F.

DES DÉFENSEURS AUX ABOIS

jClementNwankwo,un des plusanciensdéfenseursadoptés parAI, lors d’unevisite auSecrétariatinternational.Londres,1999. © AI

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Rendu public le 30 juin dernier, le rapport Nigeria. Petroleum, pollu-tion and poverty in the Niger Delta (Index AI : AFR 44/017/2009) décritcomment des décennies de pollution et de dégradation de l’envi-

ronnement causées par l’industrie pétrolière ont privé des centaines demilliers de personnes du droit à un niveau de vie décent, lequel passenotamment par un accès suffisant à la nourriture et à l’eau. Quant auxsalariés de cette industrie, ils sont tout simplement privés de leur droità gagner leur vie en travaillant, du droit à un environnement sain et dudroit à la santé.Rédigé entre autres par Marleen van Ruijven, d’Amnesty InternationalNederland, ce rapport souligne également que le gouvernement nigérianne parvient pas à faire assumer leurs responsabilités sociales et écologiquesaux compagnies pétrolières qui exploitent le sous-sol du Delta.Le Delta du Niger représente l’un des dix principaux écosystèmes marinsde zone côtière humide au monde et il abrite quelque 31 millions depersonnes. Il contient également d’importantes réserves d’hydrocar-bures, exploitées depuis des dizaines d’années par le gouvernement duNigeria et des compagnies pétrolières multinationales. Le Programme desNations unies pour le Développement (PNUD) décrit la région comme souf-frant «de la négligence administrative, d’infrastructures et de services sociaux entrain de s’effondrer, d’un fort taux de chômage, de la misère sociale, d’une pauvretéabjecte, d’une crasse repoussante et d’un conflit endémique». Cette pauvreté,qui contraste avec les richesses engendrées par le pétrole, est devenue l’undes exemples les plus frappants et les plus inquiétants de la «malédictiondes ressources».Ainsi, le pétrole a rapporté 600 milliards de dollars (environ 430 milliardsd’euros) depuis les années 1960. Or, les habitants vivant dans les zones deproduction doivent utiliser une eau polluée pour boire, cuisiner et se laver.Ils doivent aussi consommer du poisson contaminé par les hydrocar-bures et les toxines. Les déversements d’hydrocarbures et de déchetsnuisent gravement aux terres agricoles. À long terme, ils rendent lessols moins fertiles et font baisser la productivité, dans certains cas pourdes dizaines d’années. Bien souvent, les effets à long terme sapent la seulesource de subsistance d’une famille. Les représailles du gouvernement contre l’activisme et la violence arméede groupes comme le MEND font des populations locales les otages de la

Dans le cadre de sa campagne «Exigeons la dignité», Amnesty Internationalpubliait, le 30 juin 2009, un copieux rapport sur l’industrie pétrolière du Delta,laquelle n’a entraîné pour la majorité des habitants de la région quepaupérisation, conflits, violences, atteintes aux droits humains et désespoir.

violence et des châtiments collectifs, ce qui ne fait qu’accentuer la colèreet le ressentiment.Dans le Delta, les acteurs de l’industrie pétrolière sont à la fois l’État nigé-rian et les filiales de multinationales. Ainsi, Shell Petroleum DevelopmentCompany (Shell), une filiale de Royal Dutch Shell, est le principal exploitantonshore. La majorité des cas portés à la connaissance d’Amnesty Interna-tional et sur lesquels l’organisation a enquêté sont liés à Shell. Réagissantà ce rapport, Shell a adressé plusieurs déclarations par e-mail aux médiasnationaux et internationaux, déclarations contestées dès le 20 juilletpar Amnesty International (1).L’étendue de la pollution et des dégâts sur l’environnement n’a jamais étécorrectement évaluée. Les chiffres existants varient considérablement enfonction des sources, mais des centaines de fuites surviennent chaqueannée. D’après le PNUD, plus de 6 800 déversements ont été enregistrésentre 1976 et 2001. Selon l’Agence nationale pour la détection et la réac-tion aux déversements accidentels de pétrole, quelque 2 000 sites aumoins avaient besoin d’être nettoyés en raison d’une pollution liée auxhydrocarbures. Le nombre réel est peut-être plus élevé.Dans le Delta du Niger, le système réglementaire est très défaillant. LeNigeria dispose de lois et de règlements stipulant que les compagniesdoivent répondre aux normes internationales de «bonnes pratiques enmatière d’exploitation pétrolière» et d’autres outils législatifs et réglemen-taires qui protégent l’environnement, mais cette législation est peuappliquée. Les agences gouvernementales chargées de la faire respectersont inefficaces et sont, dans certains cas, prises dans des conflits d’inté-rêts.La Loi sur l’industrie pétrolière, actuellement examinée par les instanceslégislatives du pays, constitue la plus importante révision du cadre légalrégissant l’extraction de pétrole et de gaz au Nigeria jamais entaméedepuis le lancement des premières opérations commerciales dans lesannées 1960. À cette occasion, Amnesty a demandé, le 31 juillet, que lesautorités nigérianes y intègrent des normes et des mécanismes qui garan-tissent une meilleure protection des droits humains, économiques,sociaux et écologiques. eP. F.

POUR AGIR :Les compagnies pétrolières et le gouvernement nigérian doivent assainirl’industrie pétrolière dans le Delta du Niger :http://www.isavelives.be/fr/node/3787

(1) http://www.amnestyinternational.be/doc/article15026.html

ON ACHÈVE BIEN LE DELTA

jDu gaz brûle à l’horizond’Ebocha, un village del’État de Rivers, dans leDelta. © Kadir vanLohuizen/NOOR

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CERCLE PETER BENENSON

15 OCTOBRE -BRUXELLESPLUS DE DROITSHUMAINS =MOINS DE PAUVRETÉ

Une conférence organiséeen collaboration avec ATDQuart-Monde.En présence de Françoise

Tulkens et de Jacques Fierens.Françoise Tulkens est docteure en droit, licenciée encriminologie et agrégée de l’enseignement supé-rieur. Elle a enseigné pendant de nombreusesannées, tant en Belgique qu’à l’étranger. Depuis le1er novembre 1998, elle est juge de la Cour euro-péenne des Droits de l’Homme.Jacques Fierens est juriste, avocat et philosophe. Ilenseigne aux Facultés Notre-Dame de la Paix deNamur (FUNDP) et à l’Université de Liège (ULG). eÀ 20h00 à l’ULB (Solbosch), avenue Paul Héger, Bâtiment H.Entrée gratuite

6 ET 8 NOVEMBRE – BRUXELLESCONCERTS POUR AMNESTY INTERNATIONAL

Le Théâtre Royal de la Monnaie et Amnesty Interna-tional vous proposent Ein Deutsches Requiem, deJohannes Brahms.Bien qu’Ein Deutsches Requiem s’inscrive dans la tradi-tion des grands oratorios pour solistes, choeur etorchestre, il reste une oeuvre à part. Brahms n’optepas pour le texte en latin de la messe, mais il sélec-tionne quinze passages de la Bible protestante deLuther : «consolation» est le mot central de cettecomposition magistrale qui dépasse de loin lesdifférences entre religions. Ce bouleversant requiemest précédé par A Survivor from Warsaw qui, égale-ment, cherche à réconforter malgré la douleur.Dans un texte de sa plume, Schoenberg rappellel’horreur du ghetto de Varsovie. Pendant quelque sixminutes, le récitant et l’orchestre se conjurent l’unl’autre selon un rituel saisissant qui culmine dansun Shema Israël purificateur, la prière qui, matin etsoir, occupe une place centrale dans l’office reli-gieux juif.Une partie des entrées sera versée à Amnesty Inter-national. eÀ 20h00 au Palais des Beaux-Arts, Rue Ravenstein 23, 1000Bruxelles

FESTIV’ALIMENT-TERRESAINT-GILLES – 19 SEPTEMBRE

Musique, peinture, sculpture et projection de docu-mentaires : autant d’outils utilisés par leFestiv’Aliment-Terre pour promouvoir l’accès à laterre et le droit à l’alimentation. Un évènement qui se tiendra le 19 septembreprochain à la Maison du Peuple de Saint-Gilles et quiassocie la cellule ixelloise d’Amnesty Internationalà FIAN Belgium (FoodFfirst Information & ActionNetwork). Un festival joyeux et militant où l’interac-tivité avec le public prime sur le discoursmoralisateur. eMaison du Peuple, Parvis de Saint-Gilles 37, 1060 BruxellesRenseignements : http://www.festivalimenterre.be

Ce 29 août, une centaine de membres d’AIBF ont participé à une Université d’été articuléeautour de la campagne «Exigeons la dignité» (voir Libertés! n°455 de juin 2009). C’est dans lecadre monacal de la Maison Notre-Dame du Chant d’Oiseau, dans la commune bruxelloise deWoluwe-Saint-Pierre, que les militants et permanents d’Amnesty ont pris connaissance desgrandes lignes de cette campagne menée de 2009 à 2015. Outre une rencontre avec despersonnes vivant dans la pauvreté et organisée par ATD Quart Monde, cette journée du29 août fut aussi l’occasion de réfléchir sur la manière de renforcer l’impact de cette campagne au niveau local belge et de rencontrer plusieurs «pointures».Le juriste Jacques Fierens, des FUNDP et de l’ULG, a exposé les enjeux et défis de la liaisonentre systèmes de protection des droits humains et lutte contre la pauvreté. DominiqueDubourg, chercheuse à l’Instituut voor Tropische Geneeskunde d’Anvers, a abordé laproblématique de la mortalité maternelle, un des axes majeurs de cette campagne. Marleen van Ruijven, d’AI Nederland, a présenté le rapport d’Amnesty Petroleum, pollutionand poverty in the Niger Delta (Index AI : AFR 44/017/2009) dont elle est coauteure. Enfin,Natalia Alonso, du Bureau européen d’AI (AIEU) s’est longuement étendue sur lesdiscriminations tous azimuts dont sont victimes les Roms en Europe. Bref, une riche journéepour une campagne qui ne fait que commencer et dont la prochaine étape sera le démarragede la Caravane de la Dignité, dont le concept sera présenté le 17 octobre prochain.

G R O S P L A NUNIVERSITÉ D’ÉTÉ

LA DIGNITÉ EN QUESTIONS

jMarleen vanRuijven présentele rapportqu’elle acorédigé pourAmnestyInternationalsur l’impact del’exploitationdes ressourcespétrolières auNigeria, dans lecadre de lacampagne sur laresponsabilitésociale desentreprises. © Bruno Brioni

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FORMATIONSDE SEPTEMBRE ET OCTOBRE

12 septembre de 09h30 à 12h30Découvrir et s’orienter au sein d’Amnesty

12 septembre de 10h00 à 16h30 Les violences conjugales

26 septembre de 10h00 à 15h00 Terrorisme, sécurité et droits humains

3 octobre de 10h00 à 16h00 Dignité humaine et droits fondamentaux

10 octobre de 10h00 à 16h00 La protection internationale des droits fondamentaux

10 octobre de 09h30 à 16h30 Créer un groupe local

13 octobre de 19h00 à 22h00 Découvrir et s’orienter au sein d’Amnesty

24 octobre de 10h00 à 15h00 Union européenne et droits humains

Pour vous y inscrire et obtenir des détails concer-nant le contenu des modules, rendez-vous sur notresite Internet : http://www.amnesty.be/formations ePour tout renseignement, envoyez-nous un e-mail à [email protected] ou téléphonez-nous au 02 538 81 77, depréférence les mardi, jeudi et vendredi.

DEVENEZ FORMATEUR/TRICE BÉNÉVOLE POUR AMNESTY

Vous avez des aptitudes pédagogiques et, si possible,une expérience en formation d’adultes ? Vous êtesen mesure de concevoir des formations et d’uti-liser différents outils de communication etd’apprentissage ? Vous avez des capacités d’écoute,d’analyse et de synthèse ainsi que des compétencesen prise de parole en public et en gestion degroupes ?

Dans ce cas, votre profil correspond à celui quenous recherchons pour étoffer notre équipe deformateurs bénévoles ! Disponibilités : en soirée et le week-end (surtout lesamedi). Fréquence à définir en partie selon votreemploi du temps. e

Intéressé(e) ? Merci de bien vouloir nous envoyervotre curriculum vitae et une lettre de motivationpour le 15 octobre au plus tard à l’attention deSophie Ypersiel, par e-mail à [email protected] par courrier à Amnesty International Belgiquefrancophone, Service formations, Rue Berckmans 9à 1060 Bruxelles.

LE PETIT ÉCRAN DU MERCREDI23 SEPTEMBRE – À BRUXELLESALEXANDRALe petit écran reprend ses activités avec Alexandra duréalisateur russe Alexandre Sokurov. En pleinconflit tchétchène, une grand-mère rend visite à sonpetit-fils, officier dans l’armée russe. Elle va décou-vrir un autre monde, le courage des femmestchétchènes, l’absurdité de la guerre. Magnifiqueinterprétation de la grande actrice Galina Vich-nevskaia. e

Lieu : 9, rue Berckmans, 1060 Bruxelles – Accueil dès 19h00.Film à 19h30 – Durée : 01h32 – PAF : 3 eRenseignements : 02 538 81 77

lUne militante se presse devant les affiches de la campagne Dignité, dans les galeries de Notre-Damedu Chant d’Oiseau, petit joyau d’architecture néo-romane niché dans un écrin de verdure au cœur deBruxelles. © Bruno Brioni

lDominique Dubourg, de l’Institut de Médecine tropicale (Anvers) au plus fort de son exposé sur lamortalité maternelle. © Bruno Brioni

lTémoignages de personnes vivant dans la pauvreté présentés en compagnie d’un responsable d’ATDQuart Monde. © Bruno Brioni

12 Libertés ! Septembre 2009

M O U V E M E N T

L’élection présidentielle iranienne du 12 juindernier a été sanctionnée par des résultatsofficiels si suspects qu’ils ont déclenchédans tout le pays des manifestations pourobtenir un recomptage des voix, voire latenue d’un nouveau scrutin. Devant larépression implacable des manifestations,les sections d’Amnesty ont organisé un peupartout dans le monde le 25 juillet desrassemblements dans le cadre de l’IranGlobal Day of Action.

Le 12 juillet 2009, l’élection présidentielleiranienne débouchait sur la reconduction,dès le premier tour, du président sortant

Mahmoud Ahmadinejad. Manifestement, lescrutin a été entaché de fraudes organisées àgrande échelle et préparées de longue date, afin debarrer la voie au second tour aux candidats MirHossein Moussavi et Mehdi Kharroubi. Immé-diatement après l’annonce de la victoire deMahmoud Ahmadinejad dès le 1er tour avec 62,6%des suffrages exprimés contre 33,7 % pour sonprincipal concurrent Moussavi, les rues des prin-cipales villes d’Iran ont été envahies par desdizaines de milliers de manifestants pacifiquesdans le cadre des plus vastes mobilisationscitoyennes jamais observées depuis le renverse-ment du régime impérial des Pahlavis etl’avènement de la République islamique, il y atrente ans.Non contents d’arrêter des centaines de manifes-tants et à défaut de répondre en toutetransparence aux préoccupations des nombreuxIraniens qui soupçonnent que les résultats ontété truqués, le ministère iranien du Renseigne-ment et les autorités judiciaires cherchent depuislors à jeter le discrédit sur les militants des droitshumains et à les intimider en les accusant «d’at-teinte à la sécurité nationale» ou de «propagande contrele régime».Dans plus de 100 villes à travers le monde, dans lecadre de l’Iran Global Day of Action, de nombreusesassociations ont appelé à manifester le 25 juilletpour dénoncer les violations systématiques desdroits humains en Iran et témoigner de leursoutien au peuple iranien. Par cette journée d’ac-tion, les ONG de défense des droits humainsdemandaient que toute la lumière soit faite sur lesviolations graves et systématiques des droitshumains en Iran, que l’ONU envoie une missiond’enquête, que le gouvernement iranien rendedes comptes, que les autorités libèrent sans condi-tion toute personne emprisonnée en raison de sesengagements politiques, etc.À ce jour, hélas, force est de reconnaître que lesautorités iraniennes n’ont envoyé aucun signal

IRAN GLOBAL DAY OFACTION

DES VOIXPOUR LESSANS VOIX

positif. Certes, certains ressortissants étrangersou membres de corps diplomatiques ont étérelaxés. Mais, en proie à des dissensions internesde moins en moins feutrées, le régime iranien achoisi de frapper fort.Certes, confronté à une avalanche d’indices inquié-tants quant à de nombreux actes de torture,d’exécutions arbitraires et de viols dans plusieurscentres de détention, l’ayatollah Ali Khamenei,Guide suprême de la République et détenteur dupouvoir exécutif réel, a ordonné la fermeture ducentre de détention de Kahrizak et annoncé lerenvoi du directeur et de plusieurs gardiens de laprison pour violences à l’encontre de détenus. Ilfaut dire que Mohsen Rouhalamini, fils d’unconseiller du candidat à l’élection présidentielleMohsen Rezaei, est mort d’un arrêt cardiaque etd’une hémorragie pulmonaire deux semainesaprès son arrestation le 9 juillet. Détenu àKahrizak, il souffrait de plusieurs blessures dontcertaines, assez graves, au visage. Le Guidesuprême Ali Khamenei aurait demandé l’ouver-ture d’une enquête sur son décès.Cependant, alors que la communauté internatio-nale se mobilisait en faveur des manifestantspacifiques, pas moins de 115 exécutions, soit plusde deux exécutions en moyenne chaque jour, ontété pratiquées, ce qui représente une augmentationsignificative, même comparée au taux épouvanta-blement élevé d’exécutions qui a longtempscaractérisé le paysage des droits humains en Iran.Depuis le début 2009 jusqu’au 12 juin, AmnestyInternational a ainsi déjà enregistré pas moins de196 exécutions. Parmi les 115 exécutions réperto-riées depuis l’élection présidentielle du 12 juin, 14ont eu lieu le 2 juillet, 20 le 4 juillet, 13 le 14juillet et 24 autres le 5 août, jour de la prestationde serment… ePascal FenauxPOUR EN SAVOIR PLUS ET AGIR SUR L’IRAN :http://www.amnestyinternational.be/iran

SECRÉTARIAT NATIONAL AIBF

Rue Berckmans 9, 1060 Bruxelles 02 538 81 77Fax: 02 537 37 29www.amnesty.be

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RESPONSABLES RÉGIONAUX D’AMNESTY

BRABANT WALLON

Jean-Philippe CHENUchemin de la Terre Franche 131470 Genappe010 61 37 73 – [email protected]

BRUXELLES

Le poste de coordinateur est vacant !Pour des renseignements sur le profilrequis avant d’envoyer un CV, écrire àAntoine CAUDRON – Amnesty Interna-tional, rue Berckmans 9, 1060 Bruxelles ouenvoyer un e-mail à [email protected]

HAINAUT ORIENTAL

Nicole GROLETav. Elisabeth 6, 6001 Marcinelle071 43 78 40 – [email protected]

LIÈGE

Jean-Pierre ANDRÉ04 387 51 07 – [email protected] BIKAResponsable de la gestion de la perma-nence – C/O Bureau régional d’AI – rueSouverain Pont 11 – 4000 Liège – du lundiau vendredi de 13h30 à 17h3004 223 05 [email protected]

LUXEMBOURG

Daniel LIBIOULLEAvenue de la Toison d’Or 266900 Marche en Famenne084 31 51 [email protected]

NAMUR

Romilly VAN GULCKRue Vivier Anon 8, 5140 Sombreffe071 88 66 [email protected]

WALLONIE PICARDE

Marie NOËLRue Cheny 1, 7536 Vaulx069 77 66 13 – 0499 13 57 [email protected]

Ce sont aussi 80 groupes locaux qui, sur leterrain, font un travail d’action et desensibilisation aux droits humains. Pourvous y joindre, contactez votre régionale.

lManifestationdevantl’ambassaded’Iran, dans lecadre de l’IranGlobal Day ofAction.Bruxelles, 25 juillet 2009. © AI

Libertés ! Septembre 2009 13

I S A V E L I V E S . B E

Tomislav Matanovic, Croate, prêtrecatholique de Prijedor (Bosnie-Herzégo-vine), a été arrêté par la police locale le

24 août 1995. Il a passé la nuit dans un poste depolice, puis a été ramené chez ses parents lelendemain. Il a été assigné à résidence avec sonpère Josip et sa mère Bozena. Tous trois sontrestés en détention sous la garde de policiersjusqu’au 19 septembre, date à laquelle ils ont étéconduits au poste de police d’Urije. Ils ontensuite fait l’objet d’une disparition forcée. Enseptembre 2001, les restes de trois corpsmenottés ont été retrouvés au fond d’un puitsdans le village de Biscani. Des tests médicolé-gaux ont révélé qu’il s’agissait de TomislavMatanovic et de ses parents. Ils avaient été tuéspar balles, les coups de feu ayant été tirés depuisune faible distance et, selon les tests balistiques,par des armes policières. Les menottes retro-uvées sur ces corps étaient également du type decelles qu’utilise la police, ce qui donne à penserque les auteurs de l’exécution extrajudiciaire

des Matanovic étaient des policiers. Onze poli-ciers font actuellement l’objet d’une enquête. Ilaurait été établi que ce sont les dernièrespersonnes ayant vu la famille Matanovic en vie.Plus de dix ans après la fin de la guerre enBosnie-Herzégovine, au moins 13000 personnessont toujours portées disparues. Dans nombre decas, il s’agit de disparitions forcées. Les auteursde ces actes sont des militaires, des policiers etdes groupes paramilitaires impliqués dans laguerre de 1992-1995. e

MODÈLE DE LETTRE

Monsieur le Procureur général,Assigné à résidence en août 1995, Tomislav Matanovic, Croate, un prêtre catholique de Prijedor

(Bosnie-Herzégovine), et sa famille ont ensuite été conduits au poste de police d’Urije. Ils n’ont depuis lorsjamais reparu. Leurs corps ont été retrouvés menottés en septembre 2001. En tant quemembre/sympathisant(e) d’Amnesty International, je vous demande de conclure dans les meilleurs délais, encollaboration avec le ministère de l’Intérieur, l’enquête sur le meurtre de Tomislav Matanovic et de sesparents, et de déférer les responsables à la justice. Je vous prie d’agréer, Monsieur le Procureur général,l’expression de ma considération distinguée.

Signature : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Nom: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Adresse : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

LETTRE À ADRESSER À :Chief Prosecutor of Republika Srpska, Amor Bukic, Vladike Platona bb78000 Banja Luka, Bosnie-HerzégovineFax : +387 51 316 168 – Courriers électroniques : [email protected]

COPIE À ENVOYER À :Ambassade de Bosnie-Herzégovine, Rue Belliard, 15-17, 1040 BruxellesFax : 02 644 32 54 – E-mail : [email protected]

BOSNIE-HERZÉGOVINE

MEURTRED’UNPRÊTRE ETDE SAFAMILLE

BONNESNOUVELLESDans tous les pays du monde, des gens sont libérésgrâce au travail des membres d’Amnesty. Destémoignages émouvants nous parviennent desprisonniers libérés ou de leur famille. Ils montrentqu’une action de masse peut avoir des résultatspour un meilleur respect des droits humains.

BRÉSILPROTECTION ACCORDÉE

Le parlementaire Marcelo Freixoet son conseiller Vinicius Georgese sont enfin vus fournir uneprotection satisfaisante par lesautorités de Rio de Janeiro. Cesmesures font suite aux menacesde mort qu’ils ont reçues et à ladécouverte de projets de milicesparamilitaires visant à assassiner

ces deux personnes. Le secrétaire à la Sécurité publique del’État de Rio de Janeiro a indiqué que cette protectionserait maintenue aussi longtemps que nécessaire. e

ÉTATS-UNISMORT ÉLOIGNÉELe lundi 17 août 2009, la Cour suprême américaine aordonné une nouvelle audition de témoins pour TroyDavis, détenu dans le couloir de la mort depuis 18 ans. Laplus haute juridiction a ainsi décidé d’accorder unenouvelle opportunité à Troy Davis de prouver son innocenceavant que l’État de Géorgie ne l’exécute. Troy Davis a étéreconnu coupable du meurtre de policier Mark MacPhailvoici près de deux décennies au cours d’un procès sanspreuves matérielles. Sept des neuf témoins se sont depuislors rétractés ou ont modifié leurs premiers témoignagesdans des affidavits (déclarations sous serment), tandis quel’un des autres témoins est présumé être l’auteur réel.Depuis février 2007, Amnesty International mène unecampagne intensive pour obtenir une nouvelle audition detémoins, voire un nouveau procès, ainsi que la clémenceen faveur de Davis. Amnesty a ainsi collecté plusieurscentaines de milliers de signatures de pétitions et de lettresauprès de citoyens mais aussi de personnalités publiquesdans le monde entier. Amnesty International a toujoursdemandé que les éléments de preuve à décharge de TroyDavis et susceptibles de prouver son innocence soient prisen compte. La décision de la Cour suprême va dans cesens. e

BÉLARUS (BIÉLORUSSIE)EMANUEL ZELTSER LIBÉRÉLe 30 juin, Emanuel Zeltser a été gracié par le présidentbiélorusse, Alexandre Loukachenko. Il a été libéréquelques heures après. Emanuel Zeltser, ressortissantaméricain, avait été arrêté le 12 mars 2008 à son arrivéedans un aéroport de Biélorussie. Neuf jours plus tard, ilavait été inculpé d’«usage de faux documents». Il avait étécondamné le 11 août 2008 à trois ans d’emprisonnementpour «usage de faux documents officiels» et «espionnagecommercial», à l’issue d’un procès qui s’était déroulé àhuis clos. Un recours devant la Cour suprême de Biélorussielui avait été refusé le 31 octobre 2008, également lorsd’une audience à huis clos. e

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© Privé

© AI

Le 25 juin 2004, Atiq-ur Rehman,un scientifique travaillant pour laCommission pakistanaise à

l’Énergie atomique, est parti acheter dequoi préparer un repas pour les invitésde son mariage. Il devait se marier dans lajournée, mais n’est jamais rentré chez lui.Selon la police, il est en détention sous laresponsabilité d’un service de renseigne-ment. Fin 2001, le Pakistan s’est associé àla «guerre contre le terrorisme» menée par lesÉtats-Unis. Depuis, des centaines depersonnes soupçonnées de participation àdes activités terroristes ont fait l’objet d’ar-restations arbitraires et ont été incarcéréesdans des lieux de détention secrets. Sous-traits à la protection de la loi, ils nepeuvent rencontrer ni leurs proches nileurs avocats, ne sont présentés à aucune

instance judiciaire, et risquent la tortureet d’autres mauvais traitements. Lorsquela famille d’Atiq-ur Rehman s’est adresséeà la police locale, on lui a dit qu’elle nepouvait déposer une plainte. Il a donc étéporté disparu. Il semble que la police n’aitpas mené d’enquête sur cette disparition.Divers responsables ont reçu ses proches,mais se sont contentés de les orienter versun autre service. Des militaires de hautrang leur ont conseillé de se taire etd’éviter de faire du bruit autour de l’affaireou d’ouvrir une procédure judiciaire. Enjuin 2006, sa famille a adressé une requêteen habeas corpus à la haute cour de Lahore.Lors d’une audience devant la Coursuprême, le 11 mai 2007, le substitut duprocureur général a déclaré qu’Atiq-urRehman était introuvable. e

14 Libertés ! Septembre 2009

I S A V E L I V E S . B E

Daka Asani, membre de la mino-rité rom du Kosovo, a été enlevé aumarché d’Urosevac/Ferizaj le

1er août 1999. En 2000, sa dépouille a étéexhumée d’une tombe anonyme près dePristina. Les restes mortels de 176 autrespersonnes - Albanais du Kosovo, Serbes etRoms - ont également été retrouvés surce site. Le corps de Daka Asani a été iden-tifié grâce à des échantillons d’ADNfournis par sa famille. Sa dépouille a été remise à ses proches le1er décembre 2006. Il leur a été indiquéqu’il avait succombé à de multiples bles-sures par balles à la tête et au torse. Ils’agit d’un des milliers de cas de dispari-tions forcées et d’enlèvements qui ont eulieu au moment du conflit armé de 1999au Kosovo. Quelque 3 000 Albanais duKosovo ont disparu aux mains des auto-rités serbes, et environ 800 Serbes et Roms

ont été enlevés par l’Armée de libérationdu Kosovo (UÇK). La Mission d’administra-tion intérimaire des Nations unies auKosovo (MINUK) a initialement été chargéed’enquêter sur les cas de disparitionsforcées et d’enlèvements. Sous l’effet depressions exercées par Amnesty Interna-tional, la MINUK a ouvert des enquêtessur plusieurs cas. En décembre 2008, la mission de police etde justice de l’Union européenne, connuesous l’appellation EULEX, a repris les rênesdes enquêtes et des poursuites relativesaux crimes de guerre commis au Kosovo. Malgré les demandes répétées de safamille, l’enlèvement et la mort de DakaAsani n’ont jamais fait l’objet d’uneenquête. e

KOSOVO

ENLEVÉET TUÉ

TARIFS POSTAUXLettres (jusqu’à 50 grammes)Belgique: 0,59e; Europe: 0,90e; restedu monde: 1,05e. La surtaxe aérienneest incluse (étiquette requise).

COMMENT AGIR EFFICACEMENT ?Les cas exposés concernent des victimes de violations des droits humains dont s’occupe Amnesty International. Chaque appel compte.Un texte (à écrire ou à photocopier) vous est proposé pour chaque cas. Dans l’intérêt des victimes, écrivez en termes mesurés et cour-tois aux adresses indiquées. Ces lignes sont lues partout dans le monde par les quelque 1800000 membres d'Amnesty International.Elles sont reproduites dans de nombreux pays par des dizaines de journaux et constituent la clé de voûte de l'action du mouvement.

MODÈLE DE LETTRE

Le 25 juin 2004, Atiq-ur Rehman, un scientifique travaillant pour laCommission pakistanaise à l’Énergie atomique, est parti acheter de quoipréparer un repas pour les invités de son mariage. Il devait se marier dans lajournée, mais n’est jamais rentré chez lui. Selon la police, il est en détention sousla responsabilité d’un service de renseignement. En tant quemembre/sympathisant(e) d’Amnesty International, je vous demande, Monsieur lePremier ministre, d’informer la famille d’Atiq-ur Rehman du lieu où il se trouveet de le libérer dans les plus brefs délais, à moins qu’il ne soit inculpé d’uneinfraction dûment reconnue par la loi et jugé dans le cadre d’une procédureéquitable. Je vous prie d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de messentiments les plus respectueux..

Signature : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Nom: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Adresse : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

LETTRE À ADRESSER À :Prime Minister Gilani, Pakistan Secretariat, Constitution Avenue Islamabad, PakistanFax : +92-519213780

COPIE À ENVOYER À :Ambassade de la République islamique du PakistanAvenue Delleu, 571170 Bruxelles (Watermael-Boitsfort)Fax : 02.675.83.94E-mail : [email protected]

MODÈLE DE LETTRE

Monsieur, Daka Asani, membre de la minorité rom du Kosovo, a été enlevé au

marché d’Urosevac/Ferizaj le 1er août 1999. En 2000, sa dépouille a été exhuméed’une fosse commune découverte près de Pristina, parmi les restes de 176Albanais, Serbes et Roms du Kosovo. Il a succombé à de multiples blessures parballes à la tête et au torse. En tant que membre/sympathisant(e) d’AmnestyInternational, je vous demande que l’enlèvement et la mort de Daka Asanidonnent lieu à une enquête dans les meilleurs délais, et que les responsablesprésumés soient traduits en justice. Je vous prie, Monsieur, de croire en messentiments les meilleurs..

Signature : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Nom: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Adresse : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

LETTRE À ADRESSER À :Head of EULEX KosovoYves de KermabonSt. Mbreteresha Teuta 21Tauk BahqeRoad to GermiaP.O. Box 268PristinaKosovo Fax : +381 38 513 9333 E-mail : [email protected]

PAKISTAN

DISPARITION D’UNSCIENTIFIQUE

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A G E N D ATHÉÂTRE AU POCHELE LOCATAIRE

Kathy, une Lolita aux fausses dents entre deuxâges, persuade Mr Sloa-ne, un jeune hom- meaussi beau qu’amoral, de de venir son loca-taire. Laissé seul avec Sloane pour le divertir,Kemp le père de Kathy, re-connaît en lui lemeurtrier de son patron, toujours recherchépar la police. Sloane, entame un jeu de chat etde souris avec Kemp. La situation devient deplus en plus complexe quand Eddy le frèrelubrique de Kathy débarque... mettant toutce petit monde à sexe et à sang. Sloane, seretrouve très vite piégé entre les désirs posses-sifs du frère et de la soeur...En 1964, Le Locataire (Entertaining Mr Sloane)débarque comme une météorite sur la scènethéâtrale londonienne à une époque où lesexe est encore un sujet tabou. D’autant que cen’est que trois ans plus tard, en 1967, quel’homosexualité sera dépénalisée en Angle-terre.À l’évidence, le moteur de chacun des person-nages du Locataire, dénués de toute forme dehonte ou de culpabilité, est bien l’assouvisse-ment de leurs besoins immédiats... Joe Orton,avec un comique iconoclaste qui lui a valu laréputation du plus grand satiriste de théâtredes années 60, pulvérise d’un éclat de rirel’hypocrisie et la respectabilité tapies au coeurd’une société bien pensante et ouvre unebrèche vers un peu plus de tolérance.Il faudra attendre quelques années pour queles critiques de théâtre et le public commen-cent à mieux apprécier l’originalité del’écriture élégante, inquiétante et hilarantede Joe Orton. Joe Orton déclarait qu’il trouvaitles gens profondément mauvais, mais irrésis-tiblement drôles... et il le prouve. eDu 15 septembre au 17 octobre 2009 à 20h30 (relâche

les dimanches et lundis).

Bois de la Cambre, 1A Chemin du Gymnase - 1000

Bruxelles

Réservations : 02 649 17 27 ou

reservation@ poche.be

UNE VIEPALESTINIENNE

Ce n’est pas parce que l’on prend du recul qu’onabdique toute émotion. En portant à l’image desévénements marquants de sa vie de famille, le cinéaste

palestinien Elia Suleiman observe les événements à distanceavec humour et tendresse. Le contexte est dur. Commençantpar la traque des résistants palestiniens par les soldats juifs à Nazareth en 1948, il nous mène jusqu’à la viedifficile de la minorité arabe en Israël aujourd’hui. Au choc frontal, il préfère l’allusion. En amoureux du cinéma,il connaît la puissance de l’image et la force des silences. Jouant avec justesse du contrepoint musical, il truffeson film de chansons arabes populaires qu’écoutait son père. Adoptant toujours cette distance placide, il observele pillage d’une maison palestinienne par des soldats juifs ou la course-poursuite entre forces de sécurité etcombattants dans un couloir d’hôpital comme si c’était une chorégraphie. Avec finesse et peu de moyens, ilsait faire ressortir le dérisoire des rapports de pouvoir comme lorsque cet officiel israélien se réjouit avec sincé-rité que la chorale d’une école arabe remporte le prix de la chanson juive. Plus qu’un film historique, Le Tempsqu’il reste raconte les rapports humains au sein d’une famille, entre voisins. Les repas autour de la table de cuisine,les parties de pêche nocturne ou les théories délirantes du voisin se répètent au fil des époques pour devenirles motifs d’une fresque intime. Laisser de la place aux autres, c’est là une des conditions pour survivre au chaosde l’histoire. Staying Alive comme le glisse la dernière chanson du film. e Gilles BechetLe temps qu’il reste, d’Elia Suleiman, sortie nationale le 9 septembre

10 X 2 places sont offertes aux membres d’Amnesty et lecteurs de Libertés! Ces places sont valables dans tousles cinémas de Wallonie et de Bruxelles projetant Le temps qu’il reste, sur simple présentation d’un carton d’in-vitation. Pour obtenir ce dernier, il suffit d’envoyer un e-mail à [email protected] avec la mention «Suleiman».

LEÇON D’HÉROÏSME

Au printemps 1944, une affiche noire et rouge estplacardée sur les murs des villes de France. Ellemontre les visages de dix individus présentés

comme l’Armée du Crime. Les prétendus terroristes ainsidénoncés par le régime de Vichy sont les résistants du GroupeManouchian qui venaient d’être arrêtés et exécutés. Constituéen marge de la résistance, ce groupe rassemblait des Espa-gnols, des Italiens, des Arméniens et des Juifs d’Europecentrale qui haïssaient les nazis autant que ceux-ci haïssaient les Juifs et les communistes. En 1976, un filmde Frank Cassenti apportait une première vision dialectique et distanciée de ces événements. Touché par cettehistoire depuis son enfance, le réalisateur de Marius et Jeannette rêvait de la mettre en scène. Et de faire un filmde héros. En s’attachant au destin de quelques personnages, il raconte comment des révoltes individuelles sesont unifiées dans un combat commun. En ces temps de sectarisme religieux et culturel, Robert Guédiguianest convaincu que nous avons une leçon à recevoir de ces immigrés et réfugiés qui se sont battus pour un paysqui n’était pas le leur. Débordant de générosité, le film navigue entre la fougue et l’image d’Épinal, mais estporté par une distribution et une direction d’acteurs sans faille. Au milieu de cette reconstitution soignée, lavoix du speaker d’époque de Radio France, déversant toute sa bile policée, glace soudain le sang. Voilà contrequi se battaient ces jeunes gens propulsés malgré eux dans l’Histoire. e G.B.L’armée du Crime, Robert Guédiguian, sortie le 23 septembre

LE COMMISSAIRE CHEZ LESBOZOS

Rien de tel qu’un bon polar pour bien terminer ses vacances. En voici un, pleinde ruses et d’astuces, amusant, intelligent aussi car il nous en dit long surla réalité d’un pays, en l’occurrence, le Mali. Dans La Malédiction du Lamentin,

Moussa Kounaté envoie son héros favori, le commissaire Habib Keita, de la policecriminelle de Bamako, enquêter auprès de la tribu des Bozos, l’une des plusanciennes ethnies du pays. Les Bozos ont pour protecteur Maa, le Lamentin, géniedu fleuve Niger. Or, un affront terrible vient de lui être fait : un Blanc s’est mis entête de le pêcher pour l’exposer au zoo de Bamako, et ceci avec la complicité d’unBozo traître à son peuple. Ce qui a provoqué orages et tempête avec des allures defin du monde. Et la mort de deux personnes dont le vieux chef de la tribu. C’est ledépart d’une enquête policière captivante à laquelle va se mêler un souci quasi ethnographique car on y découvrela culture, la vie quotidienne d’une des populations du Mali dont les traditions sont très différentes de cellesde l’ethnie majoritaire, les Dogons. Enfant noir formé à l’«école des Blancs», le héros vit un cas de conscience,au cœur des tensions entre un pouvoir politique hérité de l’ère coloniale et un pouvoir détenu par les anciensqui veulent les traditions. eSuzanne WellesLa malédiction du Lamentin, Moussa Kounaté, Fayard Noir, 224 pages, 15,90 e

Libertés ! Septembre 2009 15

C U L T U R E

CECI EST UNE ARME DE LIBERATION MASSIVE.Participez aux actions urgentes d’Amnesty International et vous aussi faites de votre téléphone portable une arme...