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L’université tunisienne

Diagnostic et mise en route d’une réflexion

Atf Azzouna

24/03/13

Parmi les causes de l’échec des anciennes réformes (4)

1. L’absence de Démocratie Des nominations politiques de structures non représentatives, Police

Cause de tous les malheurs de l’universitéRéforme imposée, structures de recherches non transparentes

Carte universitaire déséquilibrée, gouvernance absente

Une démocratisation meilleure

Elections des directeurs et des présidents des universités

Insuffisante à cause de la vision que l’on a de la démocratie: légitimer l’exercice de son pouvoir par le résultat des élections, puis oublier

ceux qui les ont élus

Due aussi à l’absence de l’équilibre des pouvoirs

2. La privation pour longtemps de l’approche participative

Comportement qui développe la transparence et éduque en même temps à la démocratie

Conséquence de l’absence de vraie démocratie

L’accord signé entre le MESRS et la FGESRSCommissions tripartites de réflexion formant une pyramide

NationaleUniversitaires

Institutionnelles

Occasion à saisir comme étape primordiale pour espérer

la réussite de notre réforme prochaine

Répercussions graves sur :

Les contenus redondants en formation et en recherche,

Le cloisonnement très fort alors que l’approche systémique deplus en plus nécessaire avec le développement des méga-disciplines;

la formation en général éloignée des demandes…

L’absence de formation civique

Une évaluation très quantitative des candidats au métier

3. Le manque de coordination et de visibilité entre les universités, au sein d’une même université, avec

les ministères concernés, avec le milieu socioéconomique

4. Analyse épistémologique des anciennes réformes

de la recherche

de l’enseignant

de l’étudiant toujours oublié alors qu’il est au cœur du systèmeéducatif

des disciplines et de leurs méthodologies d’enseignement

La formation au métier

L’évaluation

Toutes les anciennes réformes n’ont pas été évaluées

Une évaluation objective et globale permet la problématisation de ce qui marche et ce qui ne marche pas au niveau :

Réflexion axée sur l’aspect humain

4 éléments essentiels et qui demandent moins dedépenses, mais plus de volonté institutionnelle etpolitique:

Le statut de l’étudiant

Le statut de l’enseignant

La formation au métier d’enseignant

Les contenus et les méthodologies

4 axes de réflexion sur la réforme:•Le système des études•Le système de recherche•La carte universitaire•La gouvernance

Un bac spécialisé très tôt dévaluant les Lettres et les ScienceshumainesDu bac, orientation selon un calcul débile de score:hiérarchisation en sciences nobles dures, et sciences peu nobleshumainesUn système de coefficients renforçant ce classementUn guide de l’étudiant foisonnant de parcours sans sens etbrouillant les pistesDes disciplines dites « optionnelles » très raresUn cloisonnement disciplinaire intense et décontextualiséUn manque considérable de formation au métier

Le statut de l’étudiant

Récepteur, privé de possibilité de réflexion et d’esprit critique

« On ne nait pas « individu », on le devient en surmontant …la tyrannie des idées reçues » Finkirlkraut, 1987

C’est le point de départ et le point d’aboutissement de l’éducation

Le verbe éduquer:

•Point de départ: faire sortir l’individu en moi, par un processus interne«l’individu qui pense»

•Point d’arrivée: faire devenir l’individu, par un processus de constructionpersonnel de sa propre vie

Le savoir ne doit pas être une simple collecte de connaissances mais une expérience de vie

par la capacité à choisir au-delà des savoirs imposés, dogmatiques, imprégnés d’utililitarisme

Si l’étudiant ne participe pas réellement aux choix de sa formation, ilsera un diplômé sans compétences et sans motivations. Il ne sera paslui-même.

disciplinaire: valorisation des disciplines dites modernes

de l’appliqué sur le fondamental

La spécialisation: arme à double tranchant car elle encourage le chauvinisme

Une réflexion doit aller dans le sens de• L’interdisciplinarité dans ces mégadisciplines comme l’écologie:développement de voies éco-réformatrices de nos modes de penséepour embrasser dans sa complexité la relation entre l’humanité et lanature et prendre conscience de la communauté de notre destin surnotre « Terre-mère »

La Spécialisation est certes nécessaire pour la maitrise d’un savoir,Mais, le cloisonnement produit plus de cécité que de lucidité et doit être pallié parune approche systémique surtout avec le développement des méga-disciplinespuisque déjà:La démarcation s’estompe entre sciences et techniques vers les technosciencesLa démarcation disparait entre sciences fondamentales et appliquéesJe peux dire qu’elle s’estompe aussi entre sciences et sciences humaines

Le statut de l’enseignantseul détenteur d’un savoir spécialisé positiviste et pragmatique

• L’enseignement supérieur a toujours souffert de l’étouffement del’utilitarisme des connaissances, exigé par la société même dansdes savoirs censés être éducateurs par excellence, comme leslangues ou l’éducation civique. Devrait-on ajouter àl’enseignement supérieur, le concept éducation souvent oublié?

• Une réflexion sur les deux acteurs principaux du système éducatifdoit se faire

• L’institution éducative doit être un lieu de proposition, de créationet de projection d’idées, au lieu d’être un lieu de distribution desavoirs outils qui fabriquent des modèles ne s’exprimant que sousles masques du conformisme

Conclusion sur les statuts de l’étudiant et de l’enseignant

Morin propose de mettre en place une « réforme de l’être » dans satrinité humaine: Individu, Partie d’une espèce, Partie d’unesociété, Qui doit développer son auto-conscience.

La formation aux métiers bien qu’essayée reste en deçà des espérances

Les compétences aux métiers sont actuellement assuréesessentiellement dans des modules transversaux comme:Les droits de l’HommeLes langues (uniquement l’anglais!!)Les C2iLa culture, gestion et création de l’entreprise

Ces modules restent insuffisantsDésertés par les étudiantsManquent de stages pratiquesManquent de formation continue valorisanteManquent d’une évaluation qualitative

La formation au métier: un autre défi éducatif

La réforme universitaire doit tenir compte de ces problèmes et cibler

Une formation obligatoire indépendante de la formation diplômantequi doit être certificative et comprendre:

Des disciplines fondamentales partagées entre les différentsparcours: les droits de l’Homme et de l’environnement, leslangues, l’informatique, les TICE auxquelles doivent être ajoutésl’épistémologie et l’éthique

Des disciplines spécifiques à chaque métier

Un stage pratique: Formation pratique par Coaching:

Réfléchir à leur mode d’évaluation dans le sens de

promouvoir un mode de recrutement tenant compte des

valeurs morales du candidat et de ses aptitudes à la

bienveillance, à son souci de justice et d’équité.

La formation au métier d’enseignant

La connaissance libre nous rend citoyen

Les contenus de la réforme

un savoir ne peut-être utile que s’il fait partie intégrante de la

carte conceptuelle de l’étudiant : pour cela l’étudiant doit le

construire lui-même

La connaissance doit être un acte libre, une fin en soi détachée

des besoins,

Aristote: « une passion naturelle »

Astolfi disait: « la saveur du savoir » car savoir dérive de saveur

• L’avalanche des contenus disciplinaires

très diversifiés et détachés de tout contexte social où chacun veutimposer ses choix. Normal chez les scientifiques qui sont par essencepositivistes, ne développent que le côté considéré à tord commeneutre, stabilisé, établi du savoir

• Le déterminisme du savoir scientifique en particulier

Séparation entre sciences et sciences humaines dès le 19ème S: lemythe des données quantitatives, souvent cloisonnées, n’a cesséd’augmenter au dépens des données qualitatives discutables

C’est la querelle éternelle entre le déterminisme des sciences dites dures et l’indéterminisme des sciences moins dures

Deux problèmes ont émergé de l’ancienne réforme:

Chercher les réponses dans la question éthique:

Comment harmoniser entre l’être et le connaitre?

Comment faire pour choisir dans cette avalanche?Comment concilier entre le déterminisme et l’indéterminisme sans

diminuer l’objectivité scientifique?

Aborder les sciences autrement que positivistes peut participerà l’éducation à des compétences différentes, particulièrementà l’incertitude et au risque, qui nous rapprochent au lieu denous éloigner des sciences engagées, humaines etsociales, chargées de choix éthiques

Ne plus présenter les sciences sous forme de cataloguesinterminables qui cachent la complexité de la démarcheexpérimentale vivante par essence, sous un langageabouti, distinct de ses applications, chargé de morale, dedevoir-être qui oublie l’être et ses choix

Accompagner l’étudiant dans son auto-conscientisation: l’aiderà rechercher son individualité, à découvrir ses potentialités enlui faisant découvrir de nouveaux besoins et désirs

Augmenter le nombre des options, par rapport aux unitésfondamentales et donner l’occasion à l’étudiant de choisir

•Pour Avalanche des contenus disciplinaires

Affaiblir l’entreprise des sciences modernes qui use de l’éthique del’objectivité pour vivre dans le mensonge du progrès utilitaire aubien être

En développant le débat scientifique argumenté en classe considéréà tord comme le propre des experts des sciences. Ce travail permetde s’affranchir de la rationalité utilitaire vers des finalités plusnobles sur la vie, la mort, le destin entre les deux et la nature, etceci est possible dans beaucoup de disciplines socialement vives

En développant par ce biais, l’esprit critique qui permet de faire deschoix et de développer le principe de responsabilité

Le déterminisme scientifique remet en cause notre liberté ce quipeut expliquer le malaise dans le rapport au savoir et efface ledésir des connaissances

•Pour le Déterminisme contre indéterminisme

Conclusion sur les contenus de la réforme

Formation souplePermettant une orientation progressive vers

Choix multiples: fond, Appl Mobilité potentielle facile

L’étudiant peut apprendre la démocratie participative par

l’exercice de son rôle de citoyen dans le choix de sa

formation

L’enseignant exercera aussi son rôle de citoyen dans sa

méthode démocratique de construction du savoir et

dans l’accompagnement de l’étudiant

C’est la connaissance de notre connaissance, lequestionnement des sciences sur elles-mêmes, uneremontée aux hommes qui ont produit les sciences dans lapassion, la créativité, l’imagination, le conflit, en parcourantdes idéaux, des pistes parfois fausses

L’épistémologie est le moyen de relier les savoirs aux hommes et d’harmoniser

entre l’être et le connaitre

Cette culture scientifique est très utile en éducation pour plusieursraisons:

Elle ressort le côté humain camouflé dans le savoir jugé neutre; ellemontre la rencontre des expériences au lieu de prendre desrésultats finis; elle développe un questionnement problématisantvis-à-vis du savoir,

Elle développe donc:

Une vision critique sur le savoir

Une reconnaissance de la liberté de l’esprit

Un positionnement de nos idées et un regard critique sur lesinnovations

L’éveil et le réveil du citoyen, ce qui régénèrerait la pensée politiquequi régénèrerait à son tour la vocation militante pourappréhender les problèmes planétaires (selon Morin)

approche relativiste pour les deux: •la première réduit le dogmatisme, vers une vision critique surle savoir vivant•La seconde, réduit l’effet de la vérité absolue, vers plusieursvérités

Ce qui peut développer Les principes de tolérance et de solidarité Et libérer de l’esclavage à une science toute faite

Elles permettent qu’on soit le constructeur de son devenir quidonne un sentiment de confiance, d’estime desoi, d’autonomie, de vie

« Vivre c’est choisir »Choisir c’est être autonome: c’est le défi de la réforme

Une relation étroite s’établit entre l’épistémologie et l’éthique

Le savoir du 21ème siècle: un véritable pouvoir « un savoir post-normal » à cause de son lienavec le progrès social et économique de l’humanité, un savoir qui colle au développementsans limite du capitalisme

Une des questions essentielles de nos démocraties est la maitrise du savoir et dupouvoir qu’il confère:Le droit au savoir est un droit universel, que dire lorsqu’il devient un pouvoir

Une des priorités de l’université: être accessible à tous toute la vie et procurer:Un savoir académique pour former les spécialistesUn savoir médiatisé pour informer le public largeUn espace de débat éthique et épistémologique autour des questions controverséesUn espace de formation continue à la carteUn espace de formation aux métiers

Le statut de l’université

L’université éloignée des préoccupations sociales

La saveur du savoir est le défi éducatif

Si l’université devient une organisation relai avec les différents acteurs sociaux

•Où se réalise l’éveil philosophique du citoyen et son éducation à la démocratie participative

Où se développe la créativité et le foisonnement d’idéesOù la pratique éthique devient la règle