en partenariat avec leFederal European Register of Osteopaths
PROMOTION 2019Memoire n°
présenté et soutenu publiquement à Paris en octobre 2019par
Marine ROILLET
pour l’obtention duDiplôme en Ostéopathie (D. O.)
L'osteopathie et le système de sante
Directeur de mémoire Dominique LAUFER, Osteopathe D.O.
Président de Jury* Prenom NOM, titre éventuelAssesseurs* Prenom NOM, titre éventuel
Prenom NOM, titre éventuel
en partenariat avec leFederal European Register of Osteopaths
PROMOTION 2019Memoire n°
présenté et soutenu publiquement à Paris en octobre 2019par
Marine ROILLET
pour l’obtention duDiplôme en Ostéopathie (D. O.)
L'osteopathie et le système de sante
Directeur de mémoire Dominique LAUFER, Osteopathe D.O
Président de Jury* Prenom NOM, titre éventuelAssesseurs* Prenom NOM, titre éventuel
Prenom NOM, titre éventuel
Remerciements
Je voudrais tout d'abord remercier ma mère. Une femme qui n'a compté que sur elle-même pour se former, via ses nombreux cours de danse classique, de yoga et deFeldenkrais, et qui, au fil des années, est devenue une coach remarquable. Sesconnaissances sur le corps humain, sa mécanique et sa posture, me surprennent chaquejour …
Je remercie aussi mon père, qui m'a encouragé à continuer mes études et à me dirigervers l'ostéopathie malgré le fait que je n'ai pas trouvé ma voie tout de suite.
Je remercie ma grande sœur, Johanna, qui a toujours été là pour moi et qui m'a fait vivredes moments merveilleux pendant cette dernière année d'étude, et je l'en remerciesincèrement.
Je remercie Lune, Lionne, Mj et Oïka, mes tendres animaux, qui ne sontmalheureusement plus tous là aujourd'hui, mais qui sont et resteront toujours le rayon desoleil de ma vie.
Je remercie mes amis de promotion, Lucie, Camille, Ilann, Tiffany, Mehdi et Etienne,pour tous les moments que l'on a vécu pendant ces cinq si belles années d'étude.
Je remercie mes amis, Valentin Mathou et Mary-Ann Caule, pour avoir eu la gentillessede m'aider à traduire mon résumé en anglais.
Je remercie tous mes professeurs de l'IDO, qui m'ont tous énormément appris et que jen'oublierai pas.
Je remercie mon maître de mémoire, Dominique Laufer, qui, bien plus qu'un maître demémoire, est devenu un ami. J'ai effectué mon premier stage d'observation en deuxièmeannée chez lui, et j'ai découvert un homme extrêmement généreux. Je le remercie pourtoutes les nombreuses discussions passionnantes que l'on a eu toutes ces années, et pourtoute sa gentillesse.
Table des matières
Introduction...................................................................................................................7
1. Historique de l’ostéopathie et état des lieux de la santé................................................9
1.1. Historique de l'ostéopathie....................................................................................9
1.2. Les professions de santé, dichotomie professionnelle........................................12
1.3. Diplôme d’état, diplôme d’ostéopathe, titre d’ostéopathe, le flou pour les
étudiants et les patients...............................................................................................14
1.4. Le remboursement des consultations, sécurité sociale et mutuelles...................16
2. L'ostéopathie et les autres médecines..........................................................................16
2.1 L'ostéopathie, définition et concepts....................................................................16
2.2. L'ostéopathie et la kinésithérapie........................................................................19
2.3. L'ostéopathie et la chiropraxie ...........................................................................20
2.4. L'ostéopathie et la médecine prescriptive...........................................................21
3. Situation actuelle de l'ostéopathie, questionnement sur les faits historiques expliquant
sa situation ......................................................................................................................22
3.1 Une loi sans décrets, des décrets tardifs, imprécis et non entièrement souhaités 23
3.2 Les associations socio-professionnelles historiques défendant l'ostéopathie
exclusive.....................................................................................................................26
3.3 Conflits quant à l'appartenance de l'ostéopathie..................................................28
3.4 Rapport de l’Inspection Générale des Affaires Sociales (IGAS) de 2011...........32
3.5 Les décrets de 2014..............................................................................................33
3.6 Les rapports difficiles entre les ostéopathes exclusifs, les médecins et
kinésithérapeutes.........................................................................................................34
Conclusion..................................................................................................................42
Bibliographie : ...........................................................................................................45
« Comprendre c'est avant tout unifier »
Albert Camus, Le Mythe de Sisyphe
7
Introduction
« L'ostéopathie est une science, un art et une philosophie » (STILL, A.T, 1998, 136)
voici comment Andrew Taylor Still définissait l'ostéopathie, fondateur de ce concept.
Mais victime de son succès, l'ostéopathie devint rapidement une source de jalousies, de
conflits et de convoitises.
Elle fut tout d abord, jusqu’en 2002, l'apanage des médecins et de leur Ordre, qui se sont
appropriés son exclusivité. Gare à ceux qui pratiquaient l'ostéopathie sans être de leur
profession, ils étaient alors simplement poursuivis pour exercice illégal de la médecine !
Des syndicats, formés d ostéopathes exclusifs ou d ostéopathes ayant abandonné leur
profession antérieure de médecin ou de kinésithérapeute, se sont alors créés afin de
protéger l'ostéopathie et l'ostéopathie exclusive. Malheureusement, malgré leur
dévouement et ténacité, ils n’y parvinrent pas.
Année 2007, les décrets venant valider la loi de 2002, tombent. L’ostéopathie sera un
titre partagé ... Pourquoi cette sentence ?
L'ostéopathie, cette médecine manuelle si globaliste, a fini par en perdre certains.
Comment définir l'ostéopathie ? Comment la pratique-t-on ? Que soigne-t-elle ? Quelles
sont ses limites ? Quelle serait sa place dans le système de santé ? Comment l
enseigner ? Personne ne vint donner la même réponse. Les ostéopathes et leurs
syndicats ne sont pas arriver d'une même voix, le ministre n'a alors pu que publier des
décrets imprécis, tardant à arriver et non entièrement souhaités par les ostéopathes.
Puis de multiples décrets arrivèrent, au fil des années, ne faisant cessent que d'évoluer,
grâce à la persévérance de plusieurs syndicats d'ostéopathes exclusifs qui n'ont certes
pas gagné toutes les batailles mais pourtant, sans eux, nous n'en serions sûrement pas là
aujourd'hui.
Ce mémoire s'adresse aux étudiants, aux patients mais aussi à tous ceux qui veulent
comprendre et connaître les conflits internes touchant l'ostéopathie que nous ne pouvons
malheureusement pas connaître si nous ne nous informons pas, pourtant, celle-ci a des
8
enjeux qui sont encore bien actuels.
Retraçons l'histoire de l'ostéopathie, puis discutons son historique avec la législation,
appréhendons ses rapports conflictuels avec le système de santé, et enfin posons-nous
ces questions, pourquoi certains médecins et masseurs-kinésithérapeutes refusent
d'accepter qu'elle puisse être pratiquée par des ostéopathes exclusifs non professionnels
de santé en nous qualifiant de dangereux ? Existe-t-il vraiment une collaboration entre
professionnels de santé médecins et ostéopathes ? Peut-on vraiment pratiquer
l'ostéopathie à temps partiel tout en exerçant une autre profession de santé sans relayer
l'ostéopathie au seul rang d'outil en niant ainsi sa philosophie ? L'ostéopathie sera-t-elle
un jour admise parmi les professions de santé ? Qu'est-ce-qui l'en empêche ? A-t-elle
vraiment besoin de le devenir ?
Nous tenterons d'y répondre.
9
1. Historique de l’osteopathie et etat des lieux de la sante
1.1. Historique de l'ostéopathie
1.1.1 Prémices de l'ostéopathie dès l'Antiquité
La thérapie manuelle est apparue bien plus tôt qu’on ne le croit, l’homme utilisait ses
mains pour soulager, soigner dès l’aube des temps. Elle existait déjà dans l’antiquité et
était une thérapie déjà très appréciée, comme en témoigne un écrit de Solon, homme
politique et poète athénien en 600 avant J.C, dans son Elégie aux Muses sur le bonheur
et la justice, « Certains pratiquent l’art de Péon, dieu riche en remèdes, les médecins,
sans maîtriser le résultats. D’une moindre douleur surgit souvent un très grand mal,
sans qu’aucun puisse l’apaiser par des calmants. Mais tel patient qui souffre de
terribles maladies, on le touche des mains, et sa santé revient ».
Plus tard, Hippocrate, considéré comme le plus grand médecin de l’Antiquité en 400
avant J.C écrivait : « L’art de la thérapeutique manuelle est ancien. Je tiens en haute
estime ceux qui, génération après génération, me succéderaient et dont les travaux
contribueront au développement de l’art naturel de guérir ».
Nous pouvons aussi citer d’autres figures de la thérapie manuelle dont Galien, médecin
grec de l’Antiquité et Avicenne, philosophe et médecin médiéval persan.
Citons l’histoire de Galien et de Pausanias, géographe et voyageur de l’antiquité. Ce
dernier souffrait d’un mal méconnu de l’époque, une sensation d’engourdissement des
trois derniers doigts de la main suite à un accident de char. Galien, par ses
connaissances anatomiques, conclut que la racine nerveuse émergeant entre la septième
vertèbre cervicale et la première vertèbre thoracique, avait du être atteinte lors de
l’accident. En allant traiter cette zone de la colonne vertébrale, il réussit à traiter le mal
de Pausianas. Sa démarche, est comparable à celle d’un ostéopathe, mêlant
symptomatologie, anatomie, palpation et manipulation manuelle.
Vous me direz que l’on parle là de thérapie manuelle et non précisément d’ostéopathie ?
10
Et oui effectivement, l’ostéopathie n’est pas l’unique thérapie manuelle qui existe, mais
nous pouvons dire sans rougir, que ces récits historiques sont les racines de cette
thérapie manuelle que l’on appelle maintenant, l’ostéopathie.
1.1.2. Eclosion de l’ostéopathie
La médecine manuelle se transmettra au fil du temps, jusqu’à éclore à la fin du XIXe
siècle aux Etats Unis, par le médecin Andrew Taylor Still qui sera le concepteur de
l’ostéopathie. Né le 6 août 1828 en Virginie, d’un père pasteur, médecin et fermier
nommé Abram Still d’origine germano-anglaise, et d’une mère nommée Martha Moore
d’origine écossaise. Il étudie l’anatomie avec passion, en disséquant des centaines de
cadavres d’animaux et d’humains, et approfondissant sans cesse l’études des liens
existant entre les systèmes nerveux, vasculaires, osseux, et musculo-ligamentaires.
Le mensuel « Notre Temps » de 1996 relata anecdotiquement le déclic qui incita A.T
Still à penser la médecine de façon différente : « Andrew Still s'était levé de fort
méchante humeur, le cerveavu dynamité par de violentes migraines. Las, il se décida à
s'allonger sur son hamac. Oh ! Surprise ! En appuyant sa nuque sur l'une des cordes de
ce hamac, il nota que sa douleur s’atténuait. Quelques jours plus tard, même constat.
Cette fois, sur la corde d'une balançoire. Dès lors, une idée fulgura dans l'esprit de Still
et, de cette intuition, allait naître l'ostéopathie, une discipline qui part du principe que
toute affection s'accompagne parallèlement d'anomalies au niveau vertébrale et
articulaire ». (Site 1).
Mais ce n’est qu’à la suite du décès de ses trois enfants d’une méningite cérébro spinale
que Still douta du bien fondée de la médecine allopathique héroïque de cette époque qui
consistait en l’administration de différentes drogues comme le whisky, le mercure,
l’opium, et en l’utilisation différentes techniques comme la purge, la diète, la saignée
pour soigner les malades, des techniques et des drogues très agressives qui avaient en
plus des limites face aux maladies telles que le choléra, la dysenterie ou la méningite.
« Le corps de l'homme est la pharmacie de Dieu et comprend en lui même tous les
11
liquides, drogues, lubrifiants, opiacés, acides et antiacides, et toutes sortes de drogues
que la sagesse de Dieu a pensé nécessaires au bonheur et à la santé des humains »
(STILL, A.T, 1998, 164).
Cet évènement dramatique marqua un tournant majeur dans sa vie, et lui fit ouvrir les
yeux sur un système de soin différent. Il arrêta donc ses études de médecine au Kansas
collège of medecine and surgery, et n’obtint pas le diplôme. Il passa dix années à faire
des recherches, en disséquant des cadavres, mettant en exergue le fait que le corps
humain était pourvu de forces d’autoguérison naturelles pour lutter contre les maladies.
Still disait, «Chaque organe est un ouvrier compétent, membre de l'Union du Travail
Parfait. Chaque ouvrier ou organe doit être en parfaite santé, sinon quelques défauts
apparaîtront, des manquements dans la perfection de l'ouvrage au sein de l'ensemble
du système ou de la ville » (STILL, A.T, 2001, 29).
Tant que les différents tissus de l’organisme, notamment la charpente osseuse, étaient
dotés d’une bonne mobilité, le bon fonctionnement des différents systèmes du corps
humain ne pouvait que se faire naturellement (nerveux, circulatoire, musculo-
ligamentaire, digestif..).
Il développa alors finement sa palpation afin de pouvoir déterminer les moindres
blocages pouvant expliquer le fait que l’organisme n’arrivait plus, à un moment donné,
à maintenir son état de santé et à donc, laisser la maladie s’installer.
Dès 1870, il eut l’occasion de tester son autre médecine, et obtint des résultats. En effet,
il réussit à guérir plusieurs enfants de dysenterie, à traiter l’asthme, la fièvre, et de
nombreuses autres maladies alors que la médecine allopathique n’y parvenait pas, ou
peu mais à l’aide de moyens très agressifs comme dit précédemment. Il devint alors
évident pour Still que les maladies étaient dues à des causes primaires mécaniques. Il
déclara le 22 juin 1874 « Comme l’éclat d’un soleil, une vérité frappa mon esprit : par
l’étude, la recherche et l’observation, j’approchai graduellement une science qui serait
un grand bienfait dans le monde » (STILL, A.T, 1998, 74). L’ostéopathie est née.
12
1.1.3. Envol de l’ostéopathie
Still fonda la première école enseignant l’ostéopathie à Kirskville, dans l'Etat du
Missouri, en 1892, l’American School of Ostéopathy (ASO). Le succès de cette école
fût immédiat, entraînant l’ouverture de treize autres écoles d’ostéopathie en trois ans, de
1896 à 1899.
En 1897 est crée l'American Association for the Advancement of Osteopathie, acte
fondateur répondant au processus de légitimation de l'ostéopathie afin d'en clarifier sa
situation.
En 1915, John Martin Littlejohn, ancien élève de Stil, fonda en 1900 l'American
College of Osteopathy, Medicine and Surgery à Chicago puis la British School of
Osteopathy en 1915 à Londres.
Cette dernière sera le point d'entrée de l'ostéopathie en Europe.
Le concept ostéopathique arrivera en France, plus tard, via le docteur Lavezzari dans les
années 1920, l'ostéopathie n'est alors enseignée qu'à des médecins dans des écoles ou
facultés de médecines.
En 1996, l'ostéopathie est reconnue par le conseil national de l'ordre des médecins et
intégrée dans un diplôme inter-universitaire. Elle ne pourra être pratiquée que par des
médecins jusqu'en 2002.
1.2. Les professions de santé, dichotomie professionnelle
Les professions de santé sont définies par le code de la santé publique et y sont incluses
les professions médicales, et les professions paramédicales constituées des professions
de la pharmacie et des auxiliaires médicaux.
13
1.2.1. Les professions médicales
Les médecins, les chirurgiens dentistes et les sages femmes représentent les professions
médicales au sens du code de la santé publique. Ils peuvent intervenir en première
intention auprès du patient, signifiant qu’ils n’ont pas besoin de l’intervention préalable
d’un autre professionnel.
Les médecins disposent d'une habilitation générale et monopolistique à intervenir sur le
corps d'autrui contrairement aux chirurgiens dentistes et sages femmes qui sont quant à
eux des professions qui se voient reconnaître une habilitation spécialisée à intervenir sur
le corps d'autrui, ils sont en effet à champ de compétences limitées. Pour le chirurgien
dentiste, sa pratique médicale consistera au diagnostic et traitement uniquement des
maladies de la bouche, des dents, des maxillaires (article L373 du code de la santé
publique). Pour la sage-femme, sa pratique médicale consistera en la surveillance de la
grossesse, la surveillance et pratique de l'accouchement, les soins post-nataux de la
mère et du nouveau-né, la réalisation de consultations de contraception et le suivi
gynécologique (article L. 4151-1 du décret de 2014 du code de la santé publique).
1.2.2. Les professions paramédicales
Contrairement aux professions médicales, les professions paramédicales ne peuvent
intervenir auprès du patient que sur prescription médicale établie par un médecin.
1.2.2.1 Les professions de le pharmacie
Les pharmaciens et les préparateurs en pharmacie représentent les professions de la
pharmacie, une branche des professions paramédicales.
1.2.2.2 Les auxiliaires médicaux
Les infirmiers, kinésithérapeutes, podologues, ergothérapeutes, psychomotriciens,
orthophonistes, orthoptiste, aides soignants, ambulanciers, diététiciens, opticiens,
14
techniciens de laboratoire, et manipulateurs d’électroradiologie médicale représentent
les auxiliaires médicaux.
1.3. Diplôme d’état, diplôme d’ostéopathe, titre d’ostéopathe, le flou pour les étudiants et les patients
1.3.1. Le diplôme national et le diplôme d'état
Les diplômes nationaux, tels que le doctorat, la licence, le baccalauréat, le master sont
délivrés au nom de l’Etat par le ministère de l’éducation nationale, de l’enseignement
supérieur et de la recherche (Décret n°2018-367 du 18 mai 2018 - art.1).
Les diplômes nationaux tels que les diplômes d’état de kinésithérapeutes, de sage-
femmes sont également délivrés au nom de l’Etat (Décret n°2018-633 du 18 juillet 2018
- art.3).
Le diplôme d’état est un diplôme français requis pour l’exercice de professions
réglementées dans le champ de la santé, du social, du sport et de l’animation. Les
diplômes d’état sont délivrés par les établissements d’enseignement supérieur agrées par
l’Etat.
Ces diplômes sont des documents écrits qui attestent de la réussite d’une formation
suivie et sont remis aux étudiants par les universités ou par les établissements
d’enseignement supérieur.
Ainsi, on confère un titre professionnel au titulaire du diplôme (on donnera le titre de
bachelier au titulaire du baccalauréat, le titre de docteur pour le titulaire du doctorat…)
qui est une certification professionnelle d’état délivrée par le ministère du travail et
attestant que son titulaire maîtrise les compétences, aptitudes et connaissances
permettant l’exercice d’un métier (site 5).
Ces titres professionnels délivrés par l’Etat sont directement enregistrés au sein du
répertoire nationale de la certification professionnelle (RNCP). Ce répertoire garantit le
niveau de la qualification professionnelle et atteste que la formation ayant délivré ce
titre est reconnue par l’Etat.
15
1.3.2 Le diplôme d' école
Les diplômes universitaires (DU) ou d’établissement, sont quant à eux délivrés au nom
de l’établissement et non de l’Etat, ce ne sont pas des diplômes nationaux.
Les titulaires de ce diplôme peuvent bénéficier aussi d’un titre, mais contrairement aux
diplômes nationaux qui confèrent un titre professionnel directement enregistré au
répertoire nationale des certifications professionnelles (RNCP), l’établissement qui a
délivré le diplôme doit déposer un dossier à la commission nationale de la certification
professionnelle (CNCP) qui fera l’objet d’une décision ou non d’enregistrement du titre
professionnel par arrêté de la ministre du travail via un texte officiel publié au journal
officiel de la république française (JORF).
Si l’avis est favorable, il obtiendra un niveau de certification professionnel allant du
niveau V au niveau I :
-Le niveau V équivalent au CAP, BEP.
-Le niveau IV équivalent au baccalauréat.
-Le niveau III équivalent au diplôme d’études universitaires générales (DEUG) ou
bac+2.
-Le niveau II équivalent à la licence, master 1 ou bac+3 bac+4.
-Le niveau I équivalent au master, doctorat ou bac+5 minimum.
Le titre d'ostéopathe est un titre d'école, l'école dans laquelle ce titre a été obtenu devra
effectuer les étapes dites précédemment, et si l'école est reconnue par le ministère de la
santé et répond aux normes imposées par décret, elle pourra délivrer ce titre qui sera
inscrit au RNCP.
Ensuite l'usage du titre d’ostéopathe est subordonné à l'enregistrement sans frais des
diplômes, certificats, titres ou autorisations de ces professionnels auprès du préfet du
département de leur résidence professionnelle. Par conséquent, tous les ostéopathes
doivent se conformer à cette exigence et faire enregistrer leur diplôme auprès de leur
16
agence régionale de santé, pour faire légalement usage de leur titre professionnel
(articles 5 du décret n°2007-435). Comme dit précédemment, ce titre alors inscrit au
RNCP est donc un titre reconnu par l'Etat.
1.4. Le remboursement des consultations, sécurité sociale et mutuelles
L'ostéopathie est une profession rentrant dans le champ de la santé mais elle ne relève
pas du code de la santé publique, ainsi n'étant pas une profession de santé, aucun acte
d'ostéopathie ne peut donner lieu à un remboursement par la sécurité sociale.
L'ostéopathie ne peut être prescrite par un médecin pour donner lieu à un
remboursement.
Bien heureusement, certaines complémentaires santé (ou mutuelles) proposent une prise
en charge des consultations. En effet, l'ostéopathie, grâce à son efficacité concentrée sur
un faible nombre de séances, a séduit plusieurs mutuelles ou complémentaires santé. Il
s'agit alors d'une logique contractuelle d'assurance qui sera variable d'une compagnie à
l'autre.
2. L'osteopathie et les autres medecines
Dans cette partie, nous décrierons seulement les médecines manuelles semblables à
celle de l'ostéopathie ainsi que les médecines dont, les rapports tendus avec
l'ostéopathie, sont décriés depuis des années.
2.1 L'ostéopathie, définition et concepts
« Les praticiens justifiant d'un titre d'ostéopathe sont autorisés à pratiquer des
manipulations ayant pour seul but de prévenir ou de remédier à des troubles
fonctionnels du corps humain, à l'exclusion des pathologies organiques qui nécessitent
une intervention thérapeutique, médicale, chirurgicale, médicamenteuse ou par agents
physiques. Ces manipulations sont musculo-squelettiques et myo-fasciales,
exclusivement manuelles et externes. Ils ne peuvent agir lorsqu'il existe des symptômes
17
justifiant des examens para cliniques. Pour la prise en charge de ces troubles
fonctionnels, l'ostéopathe effectue des actes de manipulations et mobilisations non
instrumentales, directes et indirectes, non forcées, dans le respect des
recommandations de bonnes pratiques établies par la Haute Autorité de santé. »
(Article 1, décret n°2007-435 du 25 mars 2007).
De plus, l'ostéopathe ne pourra pas manipuler le crâne, la face et le rachis du nourrisson
de moins de 6 mois, ni le rachis cervical des patients sans un certificat de non contre
indication à la manipulation ostéopathique délivré par un médecin (Article 3, décret
n°2007-435 du 25 mars 2007). Voici ce qui en est, pour la définition de l'ostéopathie,
vue par les décrets.
Les grands principes de l'ostéopathie sont, quant à eux, basés sur un concept élaboré par
A.T Still :
- La maladie est le résultat de désordres physiologiques ayant pour cause des
anomalies anatomiques » (STILL, A.T, 2001, 23). Ceci sera le berceau d'un des grands
principes de l'ostéopathie, la structure gouverne la fonction.
Selon ce principe, tant que la mobilité articulaire est maintenue normale et harmonieuse,
la fonction associée ne pourra qu'être optimale, la maladie ne pourra donc se
developper.
- Pour l’ostéopathe, le fondement, c’est qu’à tout moment, la totalité du sang doit
circuler dans l’ensemble des parties, aller et venir dans tous les organes. Les organes
doivent en permanence disposer de sang pur et abondant. Le sang doit faire son œuvre
puis retourner au cœur et aux poumons pour y laisser ses impuretés, en ressortir purifié
pour recommencer son travail, cela pendant toute la vie. » (STILL, A.T, 2001, 29).
Ceci sera le berceau d'un autre grand principe Stilien, à savoir, la loi de l'artère suprême.
La vie dépend donc du sang et de ses composants fluidiques dans l'organisme humain,
les régions mal vascularisées deviennent des zones où la fonction est inhibée. Le rôle de
l'ostéopathe sera donc d'intervenir sur les structures nécessaires afin de rétablir la
fonction.
18
Irvin Korr, grand physiologiste américain ayant travaillé au Collège d’Ostéopathie et de
Chirurgie de Kirksville énonça très justement, « L'Homme est tout d'abord un cerveau
qui a besoin d'un système musculo-squelettique pour s'exprimer. Ce système en lui
même a besoin d'être nourri et débarrassé de ses impuretés : le sang joue ce rôle très
important. A son tour, le sang doit, lui aussi, être fabriqué, épuré, enrichi et doit
transporter tous les nutriments nécessaires au besoin de chaque cellule, c'est le rôle
unique de la machinerie viscérale que de répondre à ces nécessités. La colonne
vertébrale est l'axe de vie, soutien qui réunit par ses structures anatomiques propres
d'une part les structures de la moelle épinière, d'autre part le cerveau à toutes les
cellules du corps. » (Site 6).
- Ce qui nous permet de voir toutes les parties du corps comme étant reliées par le tissu
épithélial, musculaire, conjonctif et nerveux, et par un réseau vasculaire, un système
lymphatique et hormonal tient au concept de globalité. Ce concept nous permet de voir
l’homme-machine dans sa construction architectural (PASTEUR, Christophe, 24).
L'ostéopathe peut ainsi examiner un organe ou une zone algique, mais ce sera toujours
dans la prise en compte de la place de cet organe ou de cette zone dans l'entité entière
du corps humain.
- « Le cerveau de l’homme est la pharmacie de Dieu et comprend en lui-même tous les
liquides, toutes les drogues, tous les lubrifiants, tous les opiacés, tous les acides et
antiacides, et toutes sortes de médicaments que la sagesse de Dieu a jugé comme étant
nécessaires pour le bonheur et la santé de l’homme » (CHILA, Anthony, 2017, 14).
L'ostéopathie est donc une méthode diagnostique palpatoire à la recherche de
dysfonctions responsables d'un trouble fonctionnel, ainsi qu'une méthode de soins qui,
par des actions manuelles sur le tissu musculo-ligamentaire, nerveux, ainsi que sur les
structures osseuses et viscérales, a pour but de susciter, équilibrer ou faciliter une
réaction naturelle que le corps humain a en sa possession, afin de faire cesser les
troubles ostéo-articulaires, organiques ou fonctionnels constatés.
19
2.2. L'ostéopathie et la kinésithérapie
« La profession de masseur-kinésithérapeute consiste à pratiquer habituellement le
massage et la gymnastique médicale » (Article L4321-1, modifié par la Loi n°2002-303
du 4 mars 2002 – Art. 48).
« On entend par massage toute manoeuvre réalisée sur la peau, manuellement ou par
l'intermédiaire d'appareillages » (Article 1, Décret n°85-918 du 26 août 1985).
« On entend par gymnastique médicale la mise en oeuvre et la surveillance dans un but
thérapeutique des actes à visée de rééducation neuro-musculaire, corrective ou
compensatrice. Le masseur-kinésithérapeute utilise à cette fin les postures et les actes
de mobilisation articulaire passive aidée » (Article 2, Décret n°85-918 du 26 août
1985).
« Pour la mise en oeuvre de traitements prescrits par le médecin, le masseur-
kinésithérapeute est habilité à utiliser les techniques suivantes : Mobilisation manuelle
de toutes articulations, à l'exclusion des manoeuvres de force, notamment des
manipulations vertébrales et des réductions de déplacement osseux... (Article 6, Décret
n°85-918 du 26 août 1985).
L'ostéopathie se différencie donc de la kinésithérapie par :
– Sa recherche diagnostique. En effet, la kinésithérapie étant une profession de
santé paramédicale, celle ci est sous prescription médicale. De ce fait, le
médecin aura posé le diagnostic, et non pas le kinésithérapeute lui même,
contrairement à l'ostéopathe qui va entreprendre une démarche diagnostique afin
d'éliminer une pathologie qui ne serait pas de son ressort, puis de comprendre la
cause du mal de son patient.
– Son concept holistique. En effet, à savoir la prise en compte du patient dans sa
20
globalité. Le kinésithérapeute restera localement sur la zone algique, toujours
sous le diagnostic pré posé par le médecin.
– Ses outils. Le kinésithérapeute est tout comme l'ostéopathie, une thérapie
manuelle, mais celle-ci est non exclusive. En effet, le kinésithérapeute utilisera
aussi différents moyens physiques tels des courants électriques, des ultra-sons,
des infra rouges. Mais aussi des accessoires de musculation tels que l'électro-
stimulation, le vélo, les altères. (THILLIER, Emmanuelle, 2013, 22).
2.3. L'ostéopathie et la chiropraxie
La chiropraxie est née en 1895 avec le Dr Palmer, guérisseur et magnétiseur, à
l'occasion de la guérison de la surdité post traumatique d'un majordome via des
manipulations cervicales (DAVILLIER Catherine, 2001, 31). Il ouvrit sa première école
à Davenport en 1897, école calquée sur l'ostéopathie mais qui s'en différencia très vite
par ses théories, ses outils et ses techniques.
Sur le site de Société Franco-Européeenne de chiropractique (S.O.F.E.C) il est décrit
que l’exercice du chiropracteur consiste à prévenir, diagnostiquer et traiter les affections
biomécaniques neuro-musculo-articulaires, en particulier de la colonne vertébrale, et de
leurs conséquences. L’arsenal thérapeutique du chiropracteur est large, il comprend les
manipulations vertébrales et des membres (techniques à court bras de levier, basse
amplitude et faible vitesse de type thrust), les mobilisations, la flexion-distraction
(décompression discale), les techniques des tissus mous (tendons, muscles, ligaments),
les exercices thérapeutiques et techniques de physiothérapie.
Certaines techniques nécessitent un équipement particulier comme une table spéciale
munie de coussins mobiles (drops) qui descendent sous la pression pour améliorer
l'efficacité des ajustements. De plus, le chiropraticien utilise divers outils tels que la
thermothérapie, la cryothérapie, les ultrasons, l'électrostimulation des muscles, et le
laser (BARRY C., DUFAURE I., FALISSARD B., 2011, 14).
21
2.4. L'ostéopathie et la médecine prescriptive
D'après la définition encyclopédique de la médecine « la médecine est l'exercice de l'art
de guérir. C'est la profession du médecin ». En France, dans les facultés de médecine,
les étudiants sont formés à la médecine dite allopathique, médecine officiellement
reconnue. Selon les troubles présentés, les maladies sont classées, étiquetées puis un
traitement est institué. La cause de la maladie étant souvent obscure, il en découle un
traitement médicamenteux spécifique afin de traiter les symptômes et à postériori guérir
la maladie, le critère de guérison étant la disparition du symptôme.
Le médecin allopathe part dans l'esprit que la maladie est une agression contre laquelle
il faut lutter. L'ostéopathe pense quant à lui que la guérison ne peut venir que du corps
lui même. L'ostéopathe, en levant l'obstacle structurel qui perturbait la fonction, va
s'efforcer de rétablir la santé du patient en aidant le corps à retrouver sa capacité
naturelle d'autoguérison.
L'ostéopathie s'impose dans tous les cas de troubles fonctionnels mais également dans
des cas où la dysfonction somatique est impliquée mais non reconnue par la médecine
officielle.
Le traitement allopathique a ses indications dans les urgences et dans les cas où
l'organisme n'a plus la possibilité de s'autoguérir alors dans cas là, l'ostéopathie serait
certes insuffisante mais cependant utile. En effet, ne permettrait-elle pas au corps
d'utiliser au mieux ses ressources afin de ne nécessiter qu'une médication plus allégée ?
Le médecin, étant donné sa formation, ses traditions ne peut que difficilement accepter
et comprendre dans sa totalité la conception ostéopathique. Pourtant, de nos jours, les
médecins s'étant bien informés sur la thérapie ostéopathique, pourront recommander à
leurs malades de s'adresser à un ostéopathe, si leur condition l'exige, c'est à dire en
l'absence de pathologie organique intercurrente. En effet, 85.9% de médecins
généralistes recommanderaient l’ostéopathie pour certaines indications, quel que soit le
professionnel ostéopathe (HUMBERT, Guillaume, 2015, 67). Dans une autre étude de
22
2015 aussi, concernant la prise en charge d'une lombalgie commune par des médecins,
seuls 28% conseilleraient l'ostéopathie (PELTIER, Capucine, 2015, 20). Que pouvons-
nous en déduire ? Nous tenterons d'y répondrons par la suite.
3. Situation actuelle de l'osteopathie, questionnement sur les faits historiques expliquant sa situation
En France, l'ostéopathie n'est pas une profession de santé. L'ostéopathie est un titre
partagé. Bien que née à la fin du XIXè siècle aux Etats-Unis, elle ne sera reconnue par
le territoire Français qu'en 2002, relative aux droits des malades et à la qualité du
système de santé : « L'usage professionnel du titre d'ostéopathe ou de chiropracteur est
réservé aux personnes titulaires d'un diplôme sanctionnant une formation spécifique à
l'ostéopathie ou à la chiropraxie délivrée par un établissement de formation agréé par
le ministre chargé de la santé dans des conditions fixées par décret ». (Article 75, loi du
4 mars 2002).
En effet, l’ostéopathie est pratiquée sur le territoire national français depuis les années
1950 par la fondation de l'Ecole Française D'ostéopathie de Paul Gény, or, cette pratique
par un non médecin constituait, jusqu’à son organisation spécifique, l’infraction
d’exercice illégal de la médecine, « Ne peuvent être pratiqués que par les docteurs en
médecine, les actes médicaux suivants : Toute mobilisation forcée des articulations et
toute réduction de déplacement osseux, ainsi que toutes manipulations vertébrales, et,
d'une façon générale, tous les traitements dits d'ostéopathie, de spondylothérapie (ou
vertébrothérapie) et de chiropraxie... » (Article 1, Arrêté du 6 janvier 1962). Ce n'est
qu'après la loi n° 2002-303 du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et à la qualité
du système de santé que l 'ostéopathie n'a plus été exclusivement réservée aux
médecins.
Qu'en est-il exactement de cette loi du 25 mars 2002? Est-ce exactement ce que les
ostéopathes en attendaient ? Si non, quelles en sont les raisons ?
23
3.1 Une loi sans décrets, des décrets tardifs, imprécis et non entièrement souhaités
3.1.1 Définition d'une loi, d'un décret et d'un arrêté
La loi est votée par l’assemblée nationale et le sénat, qui constitue le parlement, selon la
procédure législative. Elle peut être soumise à un contrôle de constitutionnalité par le
conseil constitutionnel avant d’être promulguée et publiée au Journal Officiel par le
président de la république.
La loi se situe au dessus des décrets et des arrêtés dans la hiérarchie des textes et elle
n’est applicable qu’après la publication de ses décrets d’application.
Le décret est un acte décrété par le gouvernement sans consultation du parlement et qui
sera signé par le président de la République ou par le premier ministre. Les décrets
viennent préciser la loi et peuvent être complétés d’arrêtés ministériels.
L’arrêté est une décision administrative (ministres, préfets régionaux ou
départementaux, ou élus locaux tels que maires ou présidents de conseil) à portée
générale ou individuelle (spécifique d’une activité ou d’une zone géographique).
3.1.2 Loi du 4 mars 2002 et édiction tardifs de ses décrets d'application
La loi du 4 mars 2002 a reconnu la pratique de l'ostéopathie afin de pouvoir réglementer
une thérapeutique qui est plébiscitée par le public, mais qu'en est-il du décret
d'application ? En effet, comme dit précédemment, une loi n'est rien sans ses décrets
d'application. Il est d'ailleurs bien spécifié dans le texte de loi, « L'usage professionnel
du titre d'ostéopathe ou de chiropracteur est réservé aux personnes titulaires d'un
diplôme sanctionnant une formation spécifique à l'ostéopathie ou à la chiropraxie
délivrée par un établissement de formation agréé par le ministre chargé de la santé
dans des conditions fixées par décret … Un décret établit la liste des actes que les
praticiens justifiant du titre d'ostéopathe ou de chiropracteur sont autorisés à effectuer,
24
ainsi que les conditions dans lesquelles ils sont appelés à les accomplir » (Article 75,
loi du 2 mars 2002).
Il s’agissait d’une innovation extraordinaire, avec un effet libératoire sur l’ensemble des
professionnels exerçant l’ostéopathie en France. Pour la première fois, l'ostéopathie était
officiellement reconnue, après plus de cinquante années d’existence clandestine, elle
pouvait naître au grand jour. Pour un grand nombre d’ostéopathes, la bataille était
gagnée. Pensant que tout allait pouvoir découler sans heurts, ils n’avaient pas
conscience de l’importance de deux mots, qui placés aux bons endroits, allaient ralentir
magistralement le processus de réglementation de l’ostéopathie, « Par décret »
(DRUMARE, Jean-Edmond, 2013, 12).
Où sont les décrets qui viennent préciser cette loi ? Sans ses décrets indispensables à
l'application de cette loi, la profession d'ostéopathe n'existe tout bonnement pas.
La publication de cette loi a provoqué une augmentation du nombre de praticiens se
qualifiant d'ostéopathe, et une augmentation du nombre d'écoles qui, en l'absence de
toute réglementation définie par décrets, se sont déroulées en l'absence de tout contrôle,
ce qui n'est que contraire au principe de précaution et a terni la profession.
En mai 2005, Jean-Louis Faraut, président du Syndicat National des Ostéopathes de
France (S.N.O.F), soutenu par d'autres associations d'ostéopathes exclusifs tel que le
Registre des Ostéopathes de France (R.O.F) et l'Association Française d'Ostéopathie
(A.F.O), décide de solliciter le premier ministre afin d'édicter les décrets d'application.
L'hôtel Matignon (lieu de travail du gouvernement français) lui fait savoir que le dossier
a bien été transmis au ministre de la santé, mais alors pourquoi les décrets tardent-ils
encore à sortir ?
Car cette action n’était pas soutenue par l’ensemble de la profession que ce soit les
ostéopathes professionnels de santé ou les ostéopathes exclusifs. « Ces derniers
auraient préféré une voie plus diplomatique et craignaient qu’une décision trop abrupte
du Conseil d’Etat ne leur soit assez peu bénéfique au final. » (DRUMARE, Jean-
Edmond, 2013, 30). En effet, au niveau de la stratégie politique, les différentes
25
associations socio-professionnelles d’ostéopathes exclusifs, au nombre de cinq et non
pas de trois (que nous décrierons par la suite), ont des points de vue et des modes
d'action très différents voire divergents. Ainsi, le manque d'unité de ces associations ont
malheureusement fini par « irriter les hauts fonctionnaires membres du Conseil d’Etat.
Ils ne voulaient plus trop aborder le dossier ostéopathique » (DRUMARE, Jean-
Edmond, 2013, 30).
En juin 2005, le premier ministre n'ayant toujours pas statué sur l'adoption des décrets
d'application de la loi du 4 mars 2002 dans le délai des deux mois qui lui avait été
imparti, le S.N.O.F, toujours soutenu R.O.F et par l'A.F.O, décide de saisir le conseil
d'Etat afin de contraindre les pouvoirs publics à publier les décrets d'application de la loi
du 4 mars 2002, comportant la reconnaissance de la profession indépendante
d'ostéopathe (DRUMARE, Jean-Edmond, 2013, 30).
Il faudra attendre cinq ans, pour que les décrets d'application de cette loi soient enfin
publiés, en mars 2007. Or, ces textes ne définissaient ni la nature des actes pratiqués ni
le contenu précis de la formation aux concepts et à la pratique de l’ostéopathie. Dès la
parution des décrets, les écoles d’ostéopathie ont fleuri partout en France. Les premiers
décrets exigeaient peu de choses, l’enseignement était tiré vers le bas. Dans un premier
temps, l'agrément n'est accordé qu'à une quinzaine d'établissements pour une
cinquantaine de demandes. Mais les écoles n'ayant obtenu l'agrément, attaquent ce refus
devant le tribunal administratif, qui, devant l’imprécision de ces décrets, n'a pu faire
autrement que de leur donner raison. Ainsi, « Une trentaine d'écoles, toutes privées,
s'engouffrent alors dans la brèche, décrochant l'agrément par décision quasi
automatique du tribunal administratif qui ne porte, lui, pas attention à la qualité
pédagogique des projets. » (REY-LEFEBVRE, Le Monde, 2013).
L’afflux des contentieux ont ainsi conduit à des agréments ministériels alors que la
commission avait émis des avis défavorables, situation conduisant à une véritable
décrédibilisation de la procédure.
Ces décrets d'application de mars 2007, au léger goût amer, comprenaient :
26
– Des restrictions d'actes « Tout enseignement relatif à une approche viscérale ou
cranio-sacrée, à des pratiques se rapportant à la sphère urogénitale ainsi qu'à une
pratique de l'ostéopathie chez la femme enceinte est strictement exclu de la formation »
(Article 3, Arrêté du 25 mars 1007 relatif à la formation en ostéopathie)
– Une autorisation de formation en un minimum de trois années « Le diplôme
d'ostéopathe est délivré aux personnes ayant suivi une formation d'au moins 2 660
heures ou trois années » (Article 2, Décret du 25 mars 2007 relatif aux actes et aux
conditions d'exercice de l'ostéopathie).
– Une absence de référentiel sur les actes, ce qui a eu des conséquences
importantes quant au contenu même des programmes de formation et des structures
habilitées. L’article 2 fixe la durée minimale de formation à 2 660 heures et détermine la
part respective des enseignements théoriques à 1 425 heures réparties en 6 unités de
formation) et celle des enseignements théoriques et pratiques de l’ostéopathie fixés à 1
225 heures sans donner la moindre définition du contenu.
– En prime, il n'y a pas de création d'une vraie profession, mais d'un titre partagé
entre les professionnels exclusivement ostéopathes et les quatre autres professions de
santé (médecins, sages-femmes, infirmiers/infirmières et kinésithérapeutes) susceptibles
seulement d'inclure des techniques d'ostéopathie dans leur pratique. Or, ceci est
contraire aux principes de l'ostéopathie. « La France fait figure d'exception en ayant
crée ce titre partagé » (DUPRE-VIGNAUD, 2017, 24). Or, dans cette loi du 4 mars
2002, son article 75 concernant l’usage professionnel du titre d’ostéopathe n’a jamais
évoqué un partage du titre avec les professions de santé. Les décrets, en refusant de
réglementer une profession autonome d’ostéopathe, mais en créant ce partage du titre
avec les professions de santé, n’ont pas été conformes à l’esprit de la loi.
3.2 Les associations socio-professionnelles historiques défendant l'ostéopathie exclusive
Des associations se sont petit à petit crées, afin de défendre l'ostéopathie exclusive.
Comme le dit Bastien Zajec en citant Pierre Tricot dans son mémoire « Le fait que Still
ne nous ait pas laissé de description techniques peut nous gêner aujourd’hui, mais en
27
même temps, on peut y voir une manifestation de son génie. Un héritage technique
n’aurait pas manqué d’être un boulet pour l’ostéopathie, induisant de nombreux
conflits pour savoir qui est ou n’est pas ostéopathe, orthodoxe ou non. En mettant à ce
point l’accent sur la philosophie, il a laissé une grande liberté de manœuvre (si je puis
me permettre ce jeu de mots) à ces successeurs : être ostéopathe, ce n’est pas pratiquer
telle ou telle technique, mais respecter les concepts de base de l’ostéopathie, ce qui
n’est pas si facile que cela » (ZAJEC, Bastien, 2008, 77).
Cinq associations socioprofessionnelles défendant une ostéopathie exclusive et sans pré
requis se sont crées (MORAND, Ludovic 2007, 143) :
- Le R.O.F (Le Registre des Ostéopathes de France) fondé en 1981 par quatre
ostéopathes, R. Perronneaud-Ferré, J. Peyrière, J. Josse et R. Godefroy. Ce syndicat a
pour objectif de promouvoir l’Ostéopathie comme une nouvelle profession de santé,
indépendante. Il écarte ainsi les ostéopathes pratiquant la kinésithérapie (JOLY, Simon,
2016, 12).
- Le S.F.D.O (Le Syndicat Français des Ostéopathes de France) prend son
origine de l AFDO (Association Française de Défense de l'Ostéopathie) fondée en 1973.
Elle devient le SFDO suite à la loi 2002 et donc un syndicat profession afin d'accroitre
ses réseaux d'influence et de se positionner clairement.en tant qu'organisation
socioprofessionnelle. Le S.F.D.O veut défendre l’Ostéopathie comme profession
indépendante (JOLY, Simon, 2016, 13).
- L'UFOF (l'Union Fédérale des Ostéopathes de France) est fondée en 1987 et
prend ses origines de la Fédération Française des Ostéopathes (F.F.O) en 1976 et devint
la Fédération des Ostéopathes de France (F.O.F) en 1982 qui regroupait essentiellement
des kinés formés à l’Ostéopathie. L'U.F.O.F s’impose en défenseur des ostéopathes
détenteurs du DO et demandaient donc aux ostéopathes de se démarquer de la
kinésithérapie (JOLY, Simon, 2016, 14).
- L'AO (l'Académie d'ostéopathie) fondée en 1997. Cette académie a la volonté
de créer une banque de données afin de diffuser largement la culture ostéopathique et
créera donc la revue « Apostill » qui servira de tribune et de support de publication.
28
- Le SNOF (Le Syndicat National des Ostéopathes de France) fondé sur les
bases du S.O.K (Syndicat des Ostéopathes diplômés en Kinésithérapie). Le S.O.K est né
en 1989 par la volonté de D. Laufer, G. Roulier, D. Fourcade, P. Sereni, A. Domper, et
M. Fischer qui invita ensuite J-L Faraut et J-C Herniou. Le S.O.K voulait faire évoluer
l’Ostéopathie vers une profession unique, la médecin ostéopathe ni kiné ostéopathe
mais ostéopathe. Le S.O.K se retrouvera traduit en justice par le S.N.M.O (Syndicat
National des Médecins Ostéopathes) pour objet illicite et entraîna sa dissolution en
1997. Il devint alors le Syndicat National des Kinésithérapeutes Ostéopathistes
(S.N.K.O) portant exactement les mêmes revendications que le précédent et devient en
2002 le S.N.O.F qui s'illustra dans le combat juridique pour l’Ostéopathie exclusive et
dans la bataille contre la T.V.A. Notons que « le S.O.K était un syndicat, contrairement
aux autres organisations, qui étaient des associations régies par la loi de 1901,
permettant une plus grande représentativité et un accès facilité aux procédures
juridiques » (JOLY, Simon, 2016, 15).
3.3 Conflits quant à l'appartenance de l'ostéopathie
Ils existent une véritable lutte entre les différentes corporations autour de l'ostéopathie
qui ne date pas d'hier... Les médecins voient en Still un médecin allopathe et décrètent
donc que l'ostéopathie devrai leur revenir. Les kinésithérapeutes considèrent, quant à
eux, son invention comme une continuité évidente de leur profession (ZAJEC, Bastien,
2008, 77-78). Ce débat sur la légitimité de chacun face à la pratique de l'ostéopathie est
évidente, mais comme le souligne Bastien Zajec dans son mémoire : « Personne
n’accapare Still. Pourquoi ? Parce que ce dernier a eu le génie de ne pas baser son
idée sur la seule pratique mais sur l’esprit « (ZAJEC, Bastien, 2008, 78).
Depuis les années 1980, les masseurs-kinésithérapeutes et les ostéopathes qui exerçaient
l'ostéopathie, étaient poursuivis pour exercice illégal de la médecine par l'ordre des
médecins et par le Syndicat National des Médecins Ostéopathes. En effet, jusqu'en
2002, l'ostéopathie était, comme nous l'avons dit, réservée aux médecins « Ne peuvent
29
être pratiqués que par les docteurs en médecine : toute mobilisation forcée des
articulations et toute réduction de déplacement osseux, ainsi que toutes manipulations
vertébrales, et, d'une façon générale, tous les traitements dits d'ostéopathie, de
spondylothérapie (ou vertébrothérapie) et de chiropraxie » (Article 2, Arrêté du 6
janvier 1962 fixant la liste des actes médicaux ne pouvant être pratiqués que par des
médecins).
Beaucoup d'entre eux avaient choisi d'abandonner leur qualification antérieure de
masseur-kinésithérapeute. En effet, qu'ils soient des kinésithérapeutes pratiquant
l'ostéopathie ou juste des ostéopathes exclusifs, ils seraient poursuivis pour exercice
illégal de la médecine donc, pour les masseurs-kinésithérapeutes qui voulaient vraiment
exercer l'ostéopathie, ces derniers ont choisi d’abandonner leur qualification antérieure
et même d'être radié de leur ordre, par simple conviction, soucieux de voir reconnaître
leur spécificité, de revendiquer leur exercice exclusif de l'ostéopathie. Comme le dit un
ancien kinésithérapeute dans son mémoire d'obtention du diplôme d'ostéopathie,
« Même si la pratique ostéopathique a pu s’épanouir en grande partie au sein d’une
activité de kinésithérapie depuis une cinquantaine d’années, le concept, quand à lui, ne
semble pas y avoir trouvé sa place. Tant et si bien que certaines promotions de
kinésithérapeutes-ostéopathes ont vu de rares confrères se démarquer définitivement de
la kinésithérapie pour prendre l’ostéopathie à bras le corps et en faire une activité à
part entière » (ZAJEC, Bastien, 2008, 71).
En 1970, sont décrites dans le programme de Diplôme d’Etat des masso-
kinésithérapeutes les manipulations vertébrales contre les algies vertébrales et les
lésions ostéopathiques, ces derniers possèdent donc l'avantage de posséder des bases
scientifiques solides, une possibilité de mettre en pratique les techniques nouvellement
apprises sur leur patientèle. « Cependant, cela induit une dilution de l'Ostéopathie dans
la kiné, relayée au seul rang « d'outil », niant la philosophie de l'Ostéopathie » (JOLY,
Simon, 2016, 17).
« De plus, des membres de la FFMKR (Fédération Française des Masseurs
Kinésithérapeutes Rééducateurs) invoquent une filiation de type historique, en effet,
30
dans un article de Kiné Actualité n°871 de 2002, Jean François Dignat faisait par
exemple valoir le fait que les kinésithérapeutes sont à l’origine du développement de
l’ostéopathie en France et qu'ils sont du point de vue des techniques employées, les
héritiers de Still en ce qui concerne la dimension structurelle de l’ostéopathie. »
(MORAND, Ludovic, 2007, 87). Pour la FFMKR la kinésithérapie serait la continuité
de l’ostéopathie historique et qu'en d’autres termes, il s’agit de deux disciplines qu’il
n’y a pas lieu de distinguer (MORAND, Ludovic, 2007, 87).
Or, une étude faite par Dumoulin Céline en 2012 pour son diplôme de docteur en
médecine, auprès de médecins généralistes libéraux, soulève le problème « qu'un
médecin déclare avoir recours à l'ostéopathie un peu en réaction aux prises en charge
kinésithérapiques qui le laissent insatisfait : les séances sont courtes, la plupart du
temps le kiné va s'occuper de quelqu'un d'autre, il n'assiste pas. C'est un soucis pour
moi, dans ces cas là j'adresse à un ostéopathe » (DUMOULIN, Céline, 2012, 32).
« Les critiques envers les méthodes de travail actuelles des kinésithérapeutes sont
récurrentes au fils des entretiens : le kiné oublie qu'il est masseur-kiné. Les kinés
veulent du rendement. Ils veulent tous faire de l'ostéopathie, ils ne font plus de
rééducation. C'est une vraie catastrophe. C'est de plus en plus rare de trouver un bon
kiné qui fait de la vraie kinésithérapie et seulement de la kinésithérapie. »
(DUMOULIN, Céline, 2012, 32).
Ceci soulève un problème, à vouloir exercer deux professions, le kinésithérapeute ne
perdrait-il pas sa qualité première de kinésithérapeute ?
La loi de 2002 va confirmer et remettre en lumière l'ère de véritable conflit entre
l’ensemble des parties prenantes de l'ostéopathie, les ostéopathes exclusifs (anciens
kinésithérapeutes ou médecins ayant abandonné leur qualification, et donc ostéopathes
exclusifs et les ostéopathes exclusifs sans activités professionnelles de santé antérieure)
et les professionnels de santé.
Les professionnels de santé (médecins mais aussi les masseurs kinésithérapeutes), qui
ne voulaient quant à eux pas perdre leur qualification de médecins ou de
kinésithérapeutes, mais qui voulaient aussi pratiquer l'ostéopathie, ont contesté la
31
possibilité pour des non professionnels de santé d’être reconnus comme des
ostéopathes, « Pour l’Ordre National des Médecins, l’ostéopathie devrait être réservée
aux professionnels de santé et qu’un diagnostic ou une prescription médicale devrait
être préalable à toute manipulation ostéopathique » (GRIMAUD , Elodie, 2013, 15).
De plus, dans le rapport de l'Inspection Générale des Affaires Sociales il est dit : « Les
ostéopathes dits exclusifs, qui pour beaucoup d’entre eux avaient choisi d’abandonner
leur qualification antérieure de médecin ou le plus souvent de masseur
kinésithérapeute, soucieux de voir reconnaître leur spécificité, ont revendiqué
l’exclusivité de l’exercice de l’ostéopathie. Les professionnels de santé (médecins et
surtout masseurs kinésithérapeutes), qui au contraire ne voulaient pas perdre la qualité
d’ostéopathe et les revenus qu’ils tirent de cette qualification jugée intéressante, ont
contesté la possibilité pour des non professionnels de santé d’être reconnus comme des
thérapeutes » (DURAFFOURG, VERNEREY, 2010, 13).
Or, ces professionnels de santé qui pratiquent de l'ostéopathie en plus de leur profession,
ont-ils vraiment la conviction de l'ostéopathie en eux ? La ressentent-ils autant que les
ostéopathes exclusifs ? Pourquoi certains masseurs-kinésithérapeutes souhaitant devenir
ostéopathes dans les années 80 ont-ils demandé à être radié de leur ordre afin de
revendiquer leur pratique de l'ostéopathie exclusive alors que rien leur était imposé ? En
effet, dans tous les cas ils pouvaient être poursuivis pour exercice illégal de la médecine
qu'ils soient kinésithérapeutes pratiquant de l'ostéopathie ou juste ostéopathes. Certains
médecins de ces mêmes années demandèrent aussi d'abandonner leur qualification de
médecin afin de revendiquer l'exclusivité de leur pratique ostéopathique. Ces anciens
professionnels de santé ont souhaité abandonner leur ancienne qualification par
croyance pour l'ostéopathie.
Ainsi, l'administration chargée de la santé publique était bien embarrassée d’avoir à
réglementer des pratiques extérieures à son champ habituel. Pourtant, elle était obligée
de mettre en place une réglementation pour des non professionnels de santé exerçant
une profession à visée thérapeutique, hors du champ de l’assurance maladie.
32
Entre 2003 et 2004, un groupe de travail réuni à l’initiative du ministre en charge de la
santé a étudié les conditions de formation et d’exercice en ostéopathie et cela a permis
de mettre en exergue les nombreuses divergences qui opposent les ostéopathes
professionnels de santé (médecins mais surtout kinésithérapeutes) aux ostéopathes dits
exclusifs. Ces divergences, fondées principalement sur l’opposition des professionnels
de santé à vouloir reconnaître une qualification propre aux ostéopathes exclusifs, n’ont
malheureusement pas permis à l’administration de mettre en place un dispositif de
formation consensuel (Rapport de l'Inspection Générale des Affaires Sociales, 2010,
12).
3.4 Rapport de l’Inspection Générale des Affaires Sociales (IGAS) de 2011
Ce rapport est d'une grande avancée. Il va, en effet, mettre en exergue tous les litiges
rencontrés jusqu'en 2011 concernant l'ostéopathie et va tenter de les résoudre en
établissant des recommandations :
– Elaborer un référentiel de formation afin de progresser vers une harmonisation
des cursus entre toutes les écoles agréées afin de parvenir à des contenus pédagogiques
identiques pour chaque école, et au même nombre d'années d'étude afin d'assurer la
qualité de la formation et la sécurité des usagers (Rapport de l'GAS, 2011, 39).
– Définir des décrets plus pertinents, permettant à la commission et au ministre
décisionnaire, de garantir la qualité des écoles qu’ils agréent (Rapport de l'IGAS, 2011,
38).
– Faire disparaître la disparité des concepts ostéopathiques entre les écoles et
parmi les praticiens aussi (qu'ils soient exclusifs ou non) (Rapport de l'IGAS, 2011,
42).
– Retirer au conseil national de l’ordre des médecins la reconnaissance des
diplômes universitaires ou inter-universitaires dispensés par des UFR de médecine et
donnant à l’usage professionnel du titre d’ostéopathe, et céder cette mission aux
ministres chargés de la santé et de l'enseignement supérieur à qui cette décision revient
légitimement. « Recommandation n°16 : Les pouvoirs publics (ministres chargés de la
33
santé et de l’enseignement supérieur) doivent assurer par eux-mêmes la reconnaissance
des diplômes universitaires susceptibles d’ouvrir droit à l’usage professionnel du titre
d’ostéopathe » (Rapport de l'IGAS, 2011, 43).
– Faire cesser la concurrence déloyale que les professionnels de santé
conventionnés font aux ostéopathes exclusifs, et mettre ainsi fin à la possibilité pour un
praticien de santé de cumuler l’usage professionnel du titre d’ostéopathe et le
conventionnement avec l’assurance maladie (Rapport de l'IGAS, 2011, 42)
Ainsi, grâce à ce rapport, c'est en septembre et décembre 2014, qu'est parue une
nouvelle publication de décrets concernant la formation en ostéopathie et les agréments
des établissement.
3.5 Les décrets de 2014
La formation en ostéopathie est ainsi organisée dans le contexte réglementaire de la
politique de santé. Les écoles ont alors dû mettre en place les nouveaux programmes
afin de renouveler leur agrément, et ce pendant cinq ans. Les étudiants de la rentrée de
septembre 2015 ont donc été les premiers à suivre ces nouveaux décrets.
Or, selon l'étude réalisée par Grillet Suzon au cours de son mémoire sur
L’homogénéisation de la formation initiale en ostéopathie suite aux nouveaux décrets
de 2014, cette dernière en conclut la chose suivante. Certes, les écoles agréées ont
complètement respecté la formation théorique, en revanche concernant la formation
pratique, celle ci reste différente en fonction des écoles. Les écoles décident, par leur
équipe pédagogique, de leur propre programme et technicité. Ainsi, certaines écoles ne
feraient pas d’énergie musculaire ou encore de techniques faciales, d'autres écoles
favorisent au contraire l’apprentissage de techniques dites fonctionnelles. (GRILLET,
Suzon, 2016, 26).
Or, cela reste encore problématique. Si l'on apprend plutôt aux étudiants à pratiquer de
l’énergie musculaire ou du fascia, leur apprend-on quand même les techniques
structurelles ? Et inversement ?
34
En discutant avec mon maître de mémoire, Monsieur Laufer Dominique, ostéopathe
depuis une trentaine d'années maintenant, celui-ci me confia que les écoles des années
90 avaient aussi une grande disparité d'enseignements, autrement dit des écoles « pro-
structurelle » et d'autres « pro-tissulaire ». Or, cela est bien contraire au concept de
l'ostéopathie. Si l'ostéopathie se spécialise dans telle ou telle technique, est-ce encore de
l'ostéopathie ? L'ostéopathie est un tout. L'ostéopathie est structurelle, tissulaire,
musculaire, viscérale, et crânienne.
La spécialité ne serait-elle pas un antonyme de la globalité ?
Nous re citerons les dires d'un ancien kinésithérapeute citant Pierre Tricot dans son
mémoire « Le fait qu’il [Still] ne nous ait pas laissé de description techniques peut nous
gêner aujourd’hui, mais en même temps, on peut y voir une manifestation de son génie.
Un héritage technique n’aurait pas manqué d’être un boulet pour l’ostéopathie,
induisant de nombreux conflits pour savoir qui est ou n’est pas ostéopathe, orthodoxe
ou non. En mettant à ce point l’accent sur la philosophie, il a laissé une grande liberté
de manœuvre (si je puis me permettre ce jeu de mots) à ces successeurs : être
ostéopathe, ce n’est pas pratiquer telle ou telle technique, mais respecter les concepts
de base de l’ostéopathie, ce qui n’est pas si facile que cela (ZAJEC, Bastien 2008, 77).
3.6 Les rapports difficiles entre les ostéopathes exclusifs, les médecins et kinésithérapeutes
Cette querelle n'est pas récente, comme nous l'avons dit précédemment, elle date de la
naissance même de l'ostéopathie.
3.6.1 Le nombre d'années d'étude en cause
Les kinésithérapeutes passent un concours très sélectif afin d'accéder à un institut de
formation en masso-kinésithérapie (IFMK) après avoir fait souvent une à deux années
de préparation aux concours de masso-kinésithérapie alors que l'étudiant qui souhaite
faire des études d'ostéopathie peut accéder à une école d'ostéopathie sur simple dossier.
35
Jusqu'en 2017, ces concours d'entrées en IFMK étaient basés sur le même principe que
le concours d'entrée en deuxième année de médecine, c'est à dire sur une base de
questions à choix multiples (QCM) ou à choix unique (QCU). Ces QCM portaient sur la
biologie, la physique et la chimie. Ces étudiants réussissant cette sélection par QCM où
la rapidité, et le par cœur étaient à l'honneur, étaient ils forcément plus intelligents que
des étudiants ne réussissant pas ce type d'épreuve ? Réussir à être bon en QCM
nécessite d'avoir une méthodologie très particulière or les étudiants ne sont pas tous
égaux face à celle-ci. Où est le côté humain dans ces types de concours qui vont
sélectionner nos futurs thérapeutes ?
Dans une étude de Camille Collin, nous retrouvons un tableau récapitulatif concernant
la formation des professionnels de santé et des ostéopathes. Nous remarquons que les
étudiants ostéopathes ont 1200 heures de plus d'enseignements magistraux et de travaux
dirigés que les étudiants en kinésithérapie et que le nombre d'heures de formation
pratique clinique est équivalent. Plus globalement, les étudiants en médecine totalisent
10761 heures de cours magistraux, de TD et de pratique clinique, contre 4869 heures
pour les étudiants en ostéopathie et 3450 heures pour les étudiants en kinésithérapie
(COLLIN, Camille, 2017, 25). Ainsi, nous pouvons conclure que la formation en
ostéopathie est d'un niveau aussi élevé que celui des professions de santé, malgré
l'absence de concours d'entrée sélectif.
Pourtant, dans un communiqué de presse de 2014, le SNMKR (Syndicat National des
Masseurs Kinésithérapeutes Rééducateurs) rappelle ses positions : « L'ostéopathie doit
être réservée aux professionnels de santé. En effet, seule l'expérience, la main et
l'éthique du professionnel de santé permet de garantir au patient la qualité des soins et
sa sécurité » (Site 9).
Le Syndicat de Médecine Manuelle-Ostéopathie de France (SMMOF), explique quant à
lui, sur son site, la différence entre un médecin ostéopathe et un ostéopathe non
médecin. Pour ce syndicat, une des plus grandes différences est la durée des études et la
sélection à l’entrée : « Les médecins font 10 ans minimum d’études, les ostéopathes non
médecins font de 3 à 5-6 ans d’études » (GRIMAUD, Elodie, 2013, 9). Or, il ne détaille
pas le mode de qualification ou de certification. Le médecin ostéopathe est d’abord
36
médecin, et le SMMOF ne parle pas, dans la durée d’études, du temps consacré
réellement par les uns et par les autres à l’apprentissage du métier d’ostéopathe. Les
médecins, diplômés, peuvent être ostéopathes en réalisant un diplôme inter-universitaire
(DIU) de médecine manuelle-ostéopathie (MMO). Ce DIU se déroule sur 2 ans et le
nombre d’heures varie légèrement d’une université à l’autre (187h pour la faculté de
médecine de Paris Descartes et 300h environ pour la faculté de médecine de Lyon 1), à
raison de quelques heures par week ends, étalés sur deux ans.
« Le Syndicat National des Médecins Ostéopathes (SNMO) répond à la question sur
son site internet : « comment trouver un bon ostéopathe ? ». Là encore la durée des
études y est largement abordée. Le syndicat encourage implicitement à se diriger plus
vers un ostéopathe médecin : « la grosseur de "la caisse à outils" ne préjuge en rien de
la qualité de bon ou moins bon ostéopathe, cependant il paraît logique que plus on
dispose de connaissances, donc d’outils dans sa caisse, et plus on sait les mettre en
application au bon moment, et plus on s’approche du bon ostéopathe » (GRIMAUD,
Elodie, 2013, 10) . Là encore, ce syndicat ne parle pas du nombre d’heures
d’enseignement pratique et théorique de l’ostéopathie, mais seulement du nombre
d’années consacré à leurs années études en médecine.
« De même, les médecins diplômés sont 53% à penser que l’ostéopathie devrait être
pratiquée uniquement par des médecins, son usage étant dangereux en l’absence de
connaissances médicales. Chez les non diplômés, 15% sont du même avis, alors que
13% pensent qu’elle devrait être pratiquée par différents ostéopathes car ils ont une
grande diversité d’approche, et 6% par des ostéopathes exclusifs uniquement, car ils
ont une pratique importante de l’ostéopathie. Seuls 4 % des non diplômés pensent que
l’ostéopathie n’a pas sa place dans le système de soins car elle est inefficace et
dangereuse » (DUPRE-VIGNAUD, Philippine, 2017, 77).
De plus, selon le SNMO, il n'est pas conseillé pour un patient d'aller voir un ostéopathe
exclusif de par sa soi-disant non connaissance des pathologies médicales, opinion
largement partagée par les médecins (DUPRE-VIGNAUD, Philippine, 2017, 73). Or,
les écoles d’ostéopathie ont l’obligation d’enseigner la pathologie médicale. Tous les
37
ostéopathes sont donc, de ce fait, théoriquement en mesure de reconnaître une
pathologie. « L’ostéopathe, consultant de première intention, peut potentiellement être
amené à poser le diagnostic d’une maladie organique non diagnostiquée (assimilable à
un exercice illégal de la médecine) afin de pouvoir se déclarer incompétent tout comme
la réglementation l’impose. Il est tenu à l’obligation de poser un diagnostic différentiel
fiable de manière à exclure la nécessité d’examens para cliniques (…), il doit présenter
à son patient les soins qu’il peut prodiguer à raison de son état et lui expliquer les
risques inhérents aux manipulations qu’il est autorisé à pratiquer » (DAHDOUH, Fadi,
2011).
De plus, « Dans son analyse concernant les médecins ostéopathes exerçant au sein du
Service de Santé des Armées, et bien qu’il utilise un autre diagramme, Mathieu Sahut
évoque des résultats discordants : seuls 18% de ces médecins ont une pratique
quotidienne, 50% ayant une pratique hebdomadaire, et 32% une pratique mensuelle ou
inférieure » (DUPRE-VIGNAUD, Philippine, 2017, 73).
Dans son étude sur le recours des médecins généralistes à la médecine manuelle
ostéopathique en 2017 dans l'Eure et Seine Maritime, Clotilde Poupardin révèle que
seulement 17% de médecins, formés à la médecine manuelle ostéopathique, pratiquent
l'ostéopathie. Dans ces 17%, 21,21% la pratiquent à temps complet et 63,6% la pratique
seulement de manière ponctuelle (POUPARDIN, Clotilde, 2017, 27).
Pourquoi une pratique ostéopathique si peu présente chez les médecins ostéopathes ?
Comment un diplôme universitaire constitué seulement de quelques centaines d'heures
de formation ostéopathique pourrait-il changer un esprit médical en un esprit si
particulier qu'est l'esprit ostéopathique ?
En 2005, une étude a été faite dans la revue Prescrire (Organisme agréé pour le
développement professionnel continu) concernant l'examen clinique d'étudiants en
médecine en fin de deuxième cycle. Cet examen clinique concernait, entre autre, la
recherche à l'interrogatoire de signes fonctionnels digestifs et urinaires chez un patient
souffrant de douleurs abdominales, la localisation correcte des zones de percussion pour
38
la recherche des réflexes ostéo-tendineux, la palpation des aires ganglionnaires
superficielles, la mesure de la fréquence respiratoire, la localisation des pouls des
membres inférieurs. 1 étudiant sur 2 a échoué sur la recherche des signes fonctionnels et
des zones de percussion des réflexes. 1 étudiant sur 3 n'a pas palpé l'ensemble des aires
ganglionnaires ni n'a su mesurer la fréquence respiratoire d'un patient. Et 1 étudiant sur
4 n'a pas correctement localisé les pouls des membres inférieurs. Cette étude porte la
conclusion qu'il existe un fossé entre le savoir et le savoir faire et que « l’énergie des
étudiants en médecine est dirigée vers un bachotage de connaissances théoriques, tout
un pan de leur formation apparaît négligé. La maîtrise de divers gestes élémentaires de
l’examen clinique n’est pas assurée par ces études. Et cela questionne aussi sur
d’autres aspects pratiques de la formation tels que la relation avec les patients. »
(Revue Prescrire, 2015, tome 35 n°386, 933)
De plus, une étude de Benoit Genuyt pour sa thèse de doctorat en médecine en 2017
démontre que « 100% des médecins interrogés expriment leurs difficultés dans
l’exercice de l’examen clinique en médecine générale » (GENUYT, Benoit, 2017, 70) et
que « Les médecins interrogés ont tous exprimé des difficultés dans le traitement des
pathologies ostéoarticulaires fonctionnelles » (GENUYT, Benoit, 2017, 71).
La première intention peut rendre l’ostéopathie d’une certaine manière concurrente de la
médecine conventionnelle et de la kinésithérapie pour certains, quand elle peut devenir
une médecine complémentaire pour d’autres. Les médecins et les kinésithérapeutes
peuvent envoyer leurs patients vers un ostéopathe comme vers un spécialiste, comme
nous pouvons avoir besoin de renvoyer un patient vers un médecin pour des examens
complémentaires ou dans le cadre d’un diagnostic d’exclusion, ou vers un
kinésithérapeute pour une approche différente. On se retrouve dans une logique de
partenariat au même titre que des médecins collaborant entre spécialistes. Pour une
meilleure communication entre nous, il faudrait que nous puissions nous comprendre, et
pour cela il est important de connaître le métier de l’autre. « Mais cela ne suffit pas, il
faut également que les relations soient horizontales, et qu’il n’y ait pas de notion de
hiérarchie, ni de pouvoir. » (GRIMAUD, Elodie, 2013, 7).
39
3.6.2 Les a priori
Certains médecins redoutent les manipulations, certainement car ils ne savent pas ce
qu'elles sont réellement car, légitimement, un médecin, face à son patient, ne peut
conseiller un traitement dont il ne connaît pas les actions
« 24% des praticiens qui n’orientent pas leurs patients vers l’ostéopathie
reconnaissent que c’est par manque de connaissances de notre discipline, notamment
sur les champs d’application » (PAYARD, Clémence, 2013, 64).
« Quel que soit la spécialité du médecin, rares étaient ceux qui envoyaient plus de 30%
de leurs patients chez un ostéopathe. 54% des généralistes prescrivaient l’ostéopathie
dans 1 à 10% des cas traités, mais ils n’étaient que 24% à y envoyer plus de 30% de
leurs patients » (PELTIER, Capucine, 2015, 19).
De plus, dans leur étude, Camille Jacquemart et Elsa Schroeder évaluent que le premier
recours à l'ostéopathie se fait à 78% par le bouche à oreille (famille, amis) et moins de
8% par un professionnel de santé. Résultats « concordants avec la littérature »
(JACQUEMART C., SCHROEDER., 2017, 15, 31).
Or, « Ils expliquent (les médecins) cette situation par un manque d’informations et de
discussions interprofessionnelles et une méconnaissance des indications et contre
indications » (PELTIER, Capucine, 2015, 41).
En effet, l’image qui peut encore être véhiculée par l’ostéopathie comme quoi les
ostéopathes « replaceraient ce qui est déplacé » peut leur faire croire que l’on réalise un
mouvement forcé. Cette image peut s’expliquer par la définition que le Dr Robert
Maigne donne de la manipulation comme quoi la manipulation serait un mouvement
forcé, appliquée directement ou indirectement sur une articulation qui porte
brusquement les éléments articulaires au-delà de leur jeu physiologique habituel, sans
dépasser la limite qu’impose à leur mouvement l’anatomie. Ce serait une impulsion
brève, sèche, unique, qui doit être exécutée à partir de la fin du jeu passif normal qui
s’accompagnerait en général d’un bruit de craquement. Le terme manipulation est de ce
point de vue très problématique tant il sous entend comme déplacement de vertèbre !
40
Mais si on reprend l’article 1 du décret n°2007-435 du 25 mars 2007, il est mentionné
que « l’ostéopathe effectue des actes de manipulations et de mobilisations non
instrumentales, directes et indirectes, non forcées… » (Article 1, décret 25 mars 2007).
Rappelons, pour nos lecteurs, que la manipulation HVBA (Haute Vélocité Basse
Amplitude) que les ostéopathes peuvent effectuer, ne replace en aucun cas une vertèbre
déplacée.
Cette manipulation a une action sur les articulaires postérieurs de la vertèbre que
l'ostéopathe a senti comme en perte de mobilité, et non déplacée ! « Il n'y a ni
déplacement, ni remise en place, mais au contraire remise en mouvement »
(GUEULLETTE, Jean-Marie, 2014).
Pour nous représenter le craquement, nous pouvons imaginer l'effet d'une ventouse sur
une vitre, que l'on décolle, tout simplement.
Le bruit de craquement, provient d'un écartement brusque de ces articulations, par un
phénomène de cavitation et de bulles d'azote mises en torsion. Cette manipulation a
aussi une action sur les muscles spinaux, en effet, elle exercera une décontraction par
étirement direct du muscle, mais aussi, par voie neuro-réflexe via une impulsion d’un
dixième de seconde et qui permettra de lever un spasme musculaire. Elle aura aussi un
effet dit placebo que beaucoup d'entre nous connaissent, et qui permettra d'optimiser le
résultat.
3.6.3 Le manque de fondements scientifiques
Le conseil National de l'Ordre des masseurs-kinésithérapeutes rapporte dans leur
rapport sur l'ostéopathie crânienne que les thérapies du champ de l'ostéopathie crânienne
sont dépourvues de fondement scientifique et que « rien n'encourage aujourd'hui à la
mise en place de ces thérapies dans le cadre d'une prise en charge raisonnée de
patients » (CORTECS, 2015, 244). Pourtant ils disent plus haut, qu'il ne leur paraît pas
déraisonnable de considérer une certaine étude comme un argument en faveur de
l'efficacité de l'ostéopathie crânienne sur l'intensité de la douleur dans le cadre de la
cervicalgie chronique non spécifique (CORTECS, 2015, 243).
41
« L’Académie de médecine dans un rapport du 10 janvier 2006 émet un avis critique
sur l’ostéopathie et la chiropraxie qui « s’appuient … sur des a priori conceptuels
dénués de tout fondement scientifique » » (IGAS, 2010, 13).
« Notre diagnostic de la lésion ostéopathique ne pouvant s’appuyer sur des preuves
scientifiques à ce jour, notre discipline n’apparaît pas crédible aux yeux des médecins
qui pourraient être trop « cartésiens » comme le mentionne le Dr Patrick Romestaing »
(GRIMAUD, Elodie, 2013, 25).
Cela met en exergue un point sensible concernant l'ostéopathie. En effet, certaines de
nos pratiques ont des fondements ne correspondant pas aux données acquises de la
science. Pourtant la recherche scientifique ostéopathique s’enrichit sans pour autant que
les médecins en soient informés « Malheureusement, la presse médicale ne s'intéresse
pas au traitement ostéopathique en lui même ou à sa prescription. De très rares articles
sont parus dans « Prescrire » ou « Le quotidien du médecin ». La presse médicale
traite essentiellement des conditions d’exercice en insistant sur le manque de preuves
scientifiques et sur le risque. Or, il a été montré que la presse médicale est le principal
outil de formation des médecins généralistes. La participation de la presse médicale
pour proposer un guide de la prescription de l’ostéopathie « les principes, indications
et contre-indications de l’ostéopathie et comment s’en servir » serait probablement le
meilleur compromis à proposer pour aider les médecins généralistes le souhaitant »
(BINSON, Rachel, 2014, 45).
42
Conclusion
Depuis l'édiction des décrets de mars 2007, l'ostéopathie est devenue un titre partagé et,
par la même occasion, le centre de querelles entre les ostéopathes exclusifs d'un côté,
les médecins et les masseurs-kinésithérapeutes de l'autre.
Concernant le partage de titre. Les professionnels de santé qui pratiquent de
l'ostéopathie en plus de leur profession, la ressentent-ils donc autant que les ostéopathes
exclusifs ? Ont-ils vraiment la conviction de l'ostéopathie en eux ?
Pour les médecins, les chiffres auraient tendance à confirmer plutôt le fait
non puisque peu de médecins, formés à la médecine manuelle ostéopathique,
pratiqueraient l'ostéopathie. Peut-être parce que leurs patients sont principalement
atteint de pathologies organiques et qu'ils ne sont donc pas du champ de l'ostéopathie
me direz-vous ? Encore, une fois les chiffres auraient tendance à nous amener à
répondre négativement. Les différentes études prouvent qu'encore beaucoup de
prescription médicamenteuse (paracétamol, AINS) sont à relever, sans intervention
ostéopathique préalable afin de tenter d'éviter ceci. Les dires des patients le confirment.
Concernant la kinésithérapie, au vue des différentes études, nous
concluons qu'à vouloir exercer deux professions, le praticien aurait tendance à se noyer
dans sa pratique bi-professionnelle et à perdre sa qualité première de kinésithérapeute,
ce qui est très dommage.
Existe-t-il vraiment une collaboration entre professionnels de santé médecins et
ostéopathes ?
Selon les différentes études, nous concluons qu'encore peu de médecins
incluent un traitement ostéopathique par un praticien ostéopathe dans leur prise en
charge médicale. Mais cela serait encore dû, de nos jours, à un manque d'information
concernant notre pratique au cours de leurs études et par le non fondements
scientifiques de certains de nos concepts ostéopathiques et techniques. Or, étant une
profession jeune, et malgré le manque de recherches cliniques et de publications
scientifiques, la recherche ostéopathique s’enrichit pourtant bien de plus en plus au fil
43
des années. De plus, comme le dit si bien Philippe Fontaine, à propos des sciences
« Elles savent, écrit encore Karl Jaspers, qu'il existe une infinité de questions dont elles
ne détiendront jamais la réponse, et elles ne s'en cachent pas. Ainsi, le domaine de la
connaissance scientifique, caractérisé par l'exactitude contraignante et universellement
valable, ne peut pas être présenté comme constituant la vérité absolue. Prendre
conscience de cette inadéquation de la science à la vérité absolue, c'est réfléchir sur ce
qui constitue les limites mêmes des sciences. » (FONTAINE, Philippe, 2008, 76).
Quant à son futur, l'ostéopathie n'est et ne deviendra pas, à mon sens, une profession de
santé. En effet, si elle devait devenir une profession de santé, ce serait dans le champ
des professions médicales. Effectivement, si l'ostéopathie devenait une profession
paramédicale, elle perdrait la liberté qui la caractérise, et serait sous le contrôle médical
et de ses prescriptions. Ainsi, pourrait-elle devenir une profession médicale ? Si oui, elle
le serait au même titre que les médecins car comment pourrait-elle devenir une
profession médical à champ de compétence limité tel que les chirurgiens-dentistes et les
sages-femmes ? Elle ne le pourrait tout bonnement au vu d'un de ses concepts majeurs
qu'est, la globalité.
Malgré un chemin semé d'embûches, des syndicats représentant les ostéopathes
exclusifs se sont battus pour la reconnaissance de notre profession, pour qu'elle soit
reconnue et indépendante. Sans eux, et leur détermination, nous n'en serions pas là
aujourd'hui. Pourtant, si ces différents syndicats étaient unifiés, avec les mêmes
principes, l'avenir de l'ostéopathie ne pourrait qu'être assuré.
Pour affirmer cet avenir, il reste encore des choses que nous pouvons donc améliorer et
changer, c'est pour cela qu'il faut rester informé et être engagé ! Pour que la définition
de l'ostéopathie soit claire dans l'esprit des patients, des autres professions, mais aussi
dans notre esprit. Pour qu'il n'y ait plus ces distinctions d'apprentissage avec les écoles
pro-tissulaire et pro-structurelle car l'ostéopathie est un tout, l'ostéopathie est
structurelle, tissulaire, musculaire, viscérale, et crânienne. La spécialité ne serait-elle
pas un antonyme de la globalité ? Pour que l'on en finisse avec les abus de langage
44
quant aux mot « faire craquer », « vertèbre déplacée que nous allons replacer », et les
dérives de l'image ostéopathique avec le massage. Pour que l'on soutienne nos bons
rapports avec les médecins et les kinésithérapeutes en se présentant directement à eux
lorsque l'on s'installe, simplement en leur expliquant notre pratique, pour une meilleure
communication entre nous, pour faire naître un état de confiance, sans notion de
hiérarchie.
Pour cela, nous devons parler d'une même voix ! La création d'un code de déontologie
ainsi que d'un Ordre des ostéopathes, exclusifs, auxquels nous devrions adhérer, serait
peut-être la solution afin de fédérer les ostéopathes entre eux. Je précise volontairement
le terme « exclusif » car si cet Ordre comprenait tous les ostéopathes (exclusifs et non
exclusifs), j'ai bien peur que, n'étant pas des professionnels de santé, nous soyons
toujours hiérarchiquement en dessous des professionnels de santé et que donc, nous
serions en position de faiblesse vis à vis des décisions à prendre et de nos libertés.
L'écriture de ce mémoire a été une véritable prise de conscience pour moi.
Lorsque l'on commence des études d'ostéopathie, la principale problématique dont on
nous parle est la difficulté de notre installation future, la profession étant de plus en plus
saturée. Mais les conflits internes à l'ostéopathie et cette « politique ostéopathique »
m'étaient complètement inconnus or pour agir il faut être informé. Il serait intéressant
d'envisager une suite à ce mémoire, établir un questionnaire pour les étudiants afin
d'évaluer leur connaissance vis à vis de l'existence des différents syndicats, du pourquoi
de leur existence, des conflits internes... en vue de participer au partage de l'information.
Il faut que nous soyons engagés et unis ! Nous sommes les futurs ostéopathes qui
défendrons notre profession, et pour au mieux la défendre, il faut d'abord nous
connaître.
Je terminerais ce mémoire par une phrase issue des Pensées de Blaise Pascal, « La
multitude qui ne se réduit pas à l'unité est la confusion. L'unité qui ne dépend pas de la
multitude est tyrannie. »
45
Bibliographie :
CHILA, Antony, Traité d’ostéopathie, Paris, Edition De Boeck, traduction de la3eme édition, 2017
GUEULLETTE, Jean-Marie, L'ostéopathie une autre médecine, Presseuniversitaire de Rennes édition, Rennes, 2014
LEPERS Yves, Impertinente ostéopathie, Paris, Edition Broché, 2016
STILL, Andrew Taylor, Autobiographie, Vannes, Edition Sully, 1998
STILL, Andrew Taylor, Ostéopathie, Recherche et pratique, Vannes, EditionSully, 2001
TRICOT Pierre, GAISNON Laurent, Vie et œuvre d'Andrew Taylor Still, Paris,édition Broché, 2010
Articles :
Rapport de l'inspection générale des affaires sociales (IGAS), DURRAFOURGM., VERNEREY M., avril 2010
Trop d'écoles, trop de professionnels, l'ostéopathie fait figure d'exceptionfrançaise, REY-LEFEBVRE Isabelle, Le Monde, 11 octobre 2013
Evaluation de l'efficacité de la pratique de la chiropratique, BARRY C.,DUFAURE I., FALISSARD B., Revue de la littérature médicale scientifique et de lalittérature destinée aux professionnels, INSERM, 2011
Revue PRESCRIRE, Examen clinique : manque de savoir faire des étudiants,tome 35, n°386, décembre 2015, 933
Les ostéopathes en France en 2009 : pratique exclusive ou intermittente ?SNOF , Médecine Ostéopathique, 2009
L’ostéopathie, profession de santé ou activité de soins, MORET-BAILLY, revuede droit sanitaire et social, Sirey, Dalloz, 2009, 290-300
L'ostéopathie, quel chemin vers une profession de santé ?, DAHDOUH Fadi, laChambre de Ostéopathes, 28 mai 2011
L’ostéopathie, F. LE CORRE, S. TOFFALONI, Revue, Presses Universitairesde France, 2007
46
Bulletin du Syndicat National des Ostéopathes de France (SNOF), juin 2005
Qu'est ce que la science ? De la philosophie à la science : les origines de larationalité moderne, FONTAINE Philippe, Recherche en soin infirmier, Revue Cairn,2008
Masseurs-kinésithérapeute vs Ostéopathes : point de salut à attendre de la partdu Conseil d'Etat, Revue droit et santé n°72, MACRON Alain, 2016, 560-562
Le journal des Ostéopathes de France, février 2017
L'ostéopathie en France, une profession de santé en devenir, SFDO (SyndicatFrançais des Ostéopathes)
L'ostéopathie crânienne, rapport du collectif CORTECS sur une commande duconseil national de l'ordre des masseurs-kinésithérapeutes, octobre 2015
De l'invocation de l'urgence pour un nouveau diplôme d'ostéopathie, Revue droitet santé n°34, KUNTZ Jonathan, 2009, 171-173
Memoires :
La dimension humaine en ostéopathie et son analogie avec les médecinestraditionnelles, PASTEUR Christophe, FERO IDO
Tout, vraiment tout sur l'ostéopathie, THILLIER Emmanuelle, FERO IDO, 2013
Réflexions sur les échecs des manipulations vertébrales : à propos de 50observations, DAVILLIER Catherine, Thèse présentée pour le grade de docteur enMédecine, 2001
Analyse comparative des principales indications d'ostéopathie évoquées par lesmédecins généralistes et les trois principaux professionnels de l'ostéopathie enLorraine, HUMBERT Guillaume, Thèse pour obtenir le grade de docteur en médecine,2015
L'ostéopathie à portée de main des médecins ? , PELTIER Capucine, FEROIDO, 2015
L'ostéopathie saisie par la Jurisprudence, DRUMARE Jean-Edmond, Mémoirepour l'obtention du master 2 droit de la santé, médical et médico social, 2013
De la kinésithérapie à l'ostéopathie : identification des différences et identitésdifférentes, ZAJEC Bastien, Mémoire en vue de l'obtention du DO, 2008
47
L'ostéopathie en question, controverses autour de la légitimité des pratiques,MORAND Ludovic, Mémoire pour le diplôme de master 2 de sciences sociales, 2007
Evolution du statut des ostéopathes exclusifs en France, JOLY Simon, FEROIDO, 2016
Recours des médecins généralistes à l'ostéopathie : enquête auprès de médecinsgénéralistes de Loire Atlantique et Vendée, DUMOULIN Cécile, Thèse pour le diplômed'état de docteur en médecine, 2012
Médecins et ostéopathes : des rapports difficiles, GRIMAUD Elodie, Institut deformation supérieur en ostéopathie de Rennes, 2013
Ostéopathe, un jour professionnel de santé ? , COLLIN Camille, FERO IDO,2017
Les facteurs influençant la prescription et la pratique de l'ostéopathie, DUPRE-VIGNAUD Philippine, Thèse présentée pour le diplôme de docteur en médecine, 2017
Le recours des médecins généralistes à la médecine manuelle-ostéopathie . Étatdes lieux dans les départements de l’Eure et Seine-Maritime, POUPARDIN Clotilde,Thèse pour le doctorat en médecine, 2017
Apport de la médecine manuelle ostéopathique dans la prise en charge despathologies ostéo-articulaires en médecine générale, GENUYT Benoit, Thèse dedoctorat en médecine, 2017
La place de l'ostéopathie dans le parcours de soin du patient : Etat des lieux etperspectives, PAYARD Clémence, FERO IDO, 2013
Les freins à la prescription en ostéopathie en médecine générale, BINSONRachel, Thèse présentée pour le diplôme d'état de docteur en médecine, 2014
L'homogénéisation de la formation initiale en ostéopathie suite aux nouveauxdécrets, GRILLET Suzon, FERO IDO, 2016
Déterminants du recours à l'ostéopathie en première intention, enquête auprèsde la patientèle d'ostéopathes exclusifs en Haute-Garonne et Haute-Pyrénées,JACQUEMART Camille, SCHROEDER Elsa, Thèse pour le diplôme d'état de docteuren médecine, 2017
Sites :
https://www.osteopathe-syndicat.fr site 1 (Syndicat français des ostéopathes)
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http://www.legifrance.gouv.fr site 2 (Site officiel du service public de la diffusion dudroit. Lois, décrets, arrêtés)
https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F199, site 3 (Site officiel del'administration française)
http://www.cncp.gouv.fr site 4 (Site officiel)
https://travail-emploi.gouv.fr site 5 (Site officiel du Ministère du Travail)
http://profession-osteopathe.com site 6 (Médecine ostéopathique, Syndicat desOstéopathes exclusifs)
http://www.senat.fr/rap/r13-318/r13-3186.html?fbclid=IwAR3MFnw7-wFdV556czPjVYSosQC5tP7Ej-dqINexH_6z0V8cgZMXS-0fMHw site 7 (Site officieldu Sénat)
http://vertebre.com/la-chiropraxie-53 site 8 (Société scientifique dédiée à la chiropraxie)
https://snmkr.fr/osteopathie/ site 9 (Site du Syndicat National des MasseursKinésithérapeutes Réeducateurs)
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Table des matières
Introduction...................................................................................................................71. Historique de l’ostéopathie et état des lieux de la santé................................................9
1.1. Historique de l'ostéopathie....................................................................................9 1.1.1 Prémices de l'ostéopathie dès l'Antiquité......................................................9 1.1.3. Envol de l’ostéopathie................................................................................12
1.2. Les professions de santé, dichotomie professionnelle........................................12 1.2.1. Les professions médicales..........................................................................13 1.2.2. Les professions paramédicales...................................................................13
1.2.2.1 Les professions de le pharmacie.........................................................13 1.2.2.2 Les auxiliaires médicaux....................................................................13
1.3. Diplôme d’état, diplôme d’ostéopathe, titre d’ostéopathe, le flou pour les étudiants et les patients...............................................................................................14
1.3.1. Le diplôme national et le diplôme d'état....................................................14 1.3.2 Le diplôme d' école.....................................................................................15
1.4. Le remboursement des consultations, sécurité sociale et mutuelles...................162. L'ostéopathie et les autres médecines..........................................................................16
2.1 L'ostéopathie, définition et concepts....................................................................16 2.2. L'ostéopathie et la kinésithérapie........................................................................19 2.3. L'ostéopathie et la chiropraxie ...........................................................................20 2.4. L'ostéopathie et la médecine prescriptive...........................................................21
3. Situation actuelle de l'ostéopathie, questionnement sur les faits historiques expliquant sa situation ......................................................................................................................22
3.1 Une loi sans décrets, des décrets tardifs, imprécis et non entièrement souhaités 23 3.1.1 Définition d'une loi, d'un décret et d'un arrêté............................................23 3.1.2 Loi du 4 mars 2002 et édiction tardifs de ses décrets d'application............23
3.2 Les associations socio-professionnelles historiques défendant l'ostéopathie exclusive.....................................................................................................................26 3.3 Conflits quant à l'appartenance de l'ostéopathie..................................................28 3.4 Rapport de l’Inspection Générale des Affaires Sociales (IGAS) de 2011...........32 3.5 Les décrets de 2014..............................................................................................33 3.6 Les rapports difficiles entre les ostéopathes exclusifs, les médecins et kinésithérapeutes.........................................................................................................34
3.6.1 Le nombre d'années d'étude en cause..........................................................34 3.6.2 Les a priori..................................................................................................39 3.6.3 Le manque de fondements scientifiques.....................................................40
Conclusion..................................................................................................................42Bibliographie : ...........................................................................................................45
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Resume
« L'ostéopathie est un art, une science, une philosophie » (STILL, 1998, 136), voicicomment Andrew Taylor Still, son fondateur, définissait l'ostéopathie au XIXèmesiècle.Mais victime de son succès l'ostéopathie devint rapidement une source de conflit, dejalousie et de convoitise.Accaparée par les médecins, elle fût leur propriété jusqu'en 2002. Alors gare à ceux quipratiquaient l'ostéopathie sans être médecin, ils étaient alors simplement poursuivis pourexercice illégal de la médecine par l'Ordre des Médecins !Puis arriva la loi de 2002, suivie de multiples décrets qui n'ont eu de cesse qued'évoluer, au fil des années, grâce à la persévérance et ténacité de plusieurs syndicatsd'ostéopathes exclusifs qui n'ont certes pas gagner toutes les batailles mais pourtant,sans eux, nous n'en serions sûrement pas là aujourd'hui.Retraçons son histoire, puis discutons son historique avec la législation, appréhendonsses rapports conflictuels avec le système de santé, et enfin posons-nous ces questions :l'ostéopathie sera-t-elle un jour admise parmi les professions de santé ? Qu'est-ce-quil'en empêche ? A-t-elle vraiment besoin de le devenir ? Pourquoi certains médecins etkinésithérapeutes refusent d'accepter qu'elle puisse être pratiquée par des ostéopathesexclusifs non professionnels de santé ? Peut-on vraiment pratiquer l'ostéopathie à tempspartiel tout en exerçant une autre profession de santé sans relayer l'ostéopathie au seulrang d'outil (niant ainsi sa philosophie) ? Nous tenterons d'y répondre.
Abstract
« Ostepathy is an art, a science, a philosophy » (STILL, 1998, 138), here is howAndrew Taylor Still, its founder, defined osteopathy in the 19th Century.Nevertheless, victim of its success, osteopathy quickly became a source of conflict,jealousy and greed.Monopolized by the doctors, they made it their own property until 2002. So beware,those who practiced osteopathy without being a doctor, were simply sued for illegalexercise of medicine by doctor's order !Then came the 2002 law, followed by multiples decrees which continuously evolvedalthough the years, thanks to the dedication and tenacity of several exclusive syndicatesof osteopaths. Of course, they haven’t won all the battles, but without them, we wouldnot be where we stand today.Let’s go back in time and trace its history: let’s talk about its lawmaking chronical,understand its conflictual relation with the health system, and finally let’s ask ourselvesthese questions: will osteopathy be one day accepted among the health professions?What is preventing it? Does it really need to be accepted? Why do some doctors and
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physiotherapist do not accept that it can be practiced by exclusive non-healthprofessional osteopaths? Can we really practice part time osteopathy, while exercisinganother health profession without relaying to the sole rank of « tool » ? (denyingosteopathic philosophy). We will try to answer these questions.