PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA
SANS ANIMAUX DE LABORATOIRE
M E T H O D E SDE RECHERCHE
Protection SuiSSe deS AnimAux PSA
Avant-proposTout un pan de la population exprime de grandes réserves au
sujet des expérimentations animales, de leurs modalités en
particulier, mais aussi au vu de certaines de leurs motivations
comme, par exemple, lorsqu’il s’agit du développement de
produits cosmétiques. Il est difficile de dire si ces réserves re-
lèvent de considérations personnelles plutôt que de connais-
sances concrètes. Toujours est-il que le commun des mortels
n’a guère la possibilité de s’informer sur les conditions de
détention des animaux de laboratoire, sur la nature des ex-
périences que ceux-ci subissent et à quelles fins, ou sur leur
provenance. A la différence d’autres activités commerciales
portant sur les animaux – de l’élevage professionnel d’espè-
ces domestiques en passant par les zoos, les cirques et jusqu’à
l’agriculture – la détention d’animaux de laboratoire et les ex-
périmentations menées sur eux sont très jalousement tenues
à l’abri des regards du public.
Or ceci est gênant pour deux raisons:
1. Une part non négligeable de ces essais sur animaux sont
possibles grâce à l’argent des contribuables (universités, ins-
tituts). La population paie alors que l’accès à l’objet de son
investissement lui est pratiquement interdit.
2. Le domaine de ces expérimentations représente une sorte de
société fermée prenant la forme d’une «expertocratie» (scien-
tifiques, autorités), qui est en flagrante contradiction avec
les principes régissant l’Etat de droit libéral et démocratique,
dont le citoyen est l’organe suprême. En l’occurrence, cette
«expertocratie» prive le citoyen de ses droits et obligations et
le met sous tutelle.
La Protection Suisse des Animaux PSA considère donc l’in-
formation sur les expérimentations animales comme l’une de
ses tâches essentielles. Car seul un citoyen informé et majeur
peut assumer ses responsabilités face au sort réservé chaque
année à quelques 700’000 animaux de laboratoire utilisés et
exploités en Suisse jusqu’à ce que mort s’en suive.
Pour la présente publication, la directrice du Service spécia-
lisé Expérimentations animales, Mme Julika Fitzi-Rathgen,
Dr med. vet., a collecté les faits majeurs concernant ce genre
d’expériences. Dans cette publication est notamment traitée la
question de savoir si ces pratiques en cours à l’heure actuelle
sont véritablement incontournables. Par ailleurs, la brochure
donne un aperçu de la recherche sans expériences contrai-
gnantes pour les animaux.
Dr Hansuli Huber, dipl. ing. agr. ETH
Directeur de la section technique
Table des matièresA défaut d’animaux, quel doit être l’objet des expériences? 3
Méthodes de recherche sans animaux de laboratoire 3
Pourquoi les expérimentations animales n’ont aucun avenir 3
Les expériences sur animaux ne sont guère défendables au plan éthique 3
Les expérimentations animales peuvent être dangereuses 4
Utilité douteuse des expériences animales 5
Nos impôts affectés à des expérimentations douteuses 6
Les méthodes sans animaux de laboratoire: une science de qualité 7
Techniques in silico 7
Méthodes in vitro 8
Vue d’ensemble des possibilités 8
La validation et ses problèmes 10
Points critiques 11
Que se fait-il déjà? Histoires de succès de la recherche sans contraintes pour les animaux 12
L’avenir appartient aux méthodes sans recours aux animaux 14
Vaccins 16
Recherche fondamentale 16
Méthodes d’enseignement sans expérimentation animale les études et la formation 17
Pour une médecine éthiquement défendable et axée sur l’homme 18
Recherche clinique 18
Micro-dosage 19
Epidémiologie 19
Autopsies 20
Prévention 20
Abandon des expérimentations animales douteuses 21
Pourquoi encore des expériences sur animaux? 22
Réduction, substitution ou suppression? 22
L’avenir est dans la recherche sans animaux de laboratoire 23
Que peut faire chacun d’entre nous – Contacts et liens 23
Sources 24
Editeur
Protection Suisse des Animaux PSA
Dornacherstrasse 101, Case postale 461, 4008 Bâle
tél. 061 365 99 99, Fax 061 365 99 90
[email protected], www.protection-animaux.com; 2011
Texte adapté par Madame Julika Fitzi-Rathgen, Dr med. vet.
Service spécialisé Expérimentations animales, Protection Suisse des
Animaux PSA
Sur un projet de texte de Silke Bitz, Dipl. en biologie,
Corina Gericke, Dr med. vet., Ärzte gegen Tierversuche e.V.
3Protection SuiSSe deS AnimAux PSA 3
Chaque année, ce sont au bas mot 115
millions d’animaux1 qui souffrent et meu-
rent à l’échelle planétaire dans les labo-
ratoires de l’industrie chimique et phar-
maceutique, des Hautes écoles et d’autres
instituts de recherche. En Suisse, il s’agit
de près de 800’000 souris, rats, singes,
chiens, chats, lapins, cochons d’Inde et
autres animaux.2
Ces animaux sont empoisonnés, ir-
radiés, mutilés, traumatisés, infectés par
des virus, bactéries et parasites, ils doivent
endurer faim et soif; ils sont étouffés ou
subissent des électrochocs; on provoque
chez eux des infections, inflammations,
infarctus, attaques et cancers; des élec-
trodes sont implantées dans leur cerveau,
les os leur sont brisés, les yeux cousus, les
organes prélevés et réimplantés.
Au cours des expérimentations, les
animaux sont dégradés au point de deve-
nir des instruments de mesure jetés après
usage. Or les animaux ne sont pas des ma-
chines. Ils sont capables d’éprouver joie,
souffrance et peur ainsi que d’autres émo-
tions, pour ainsi dire comme les hommes.
Les animaux souffrent même davantage
que l’homme en situation comparable. En
effet, les humains peuvent assimiler intel-
lectuellement leur état, réfléchir à ce qui
leur arrive. Espoir et confiance permet-
tent de mieux supporter une situation. Par
contre, les animaux ne comprennent pas
ce qui se passe. Ils sont livrés sans défense
à la souffrance et à la sourde crainte.
L’attention et le respect portés à la vie,
à celle des animaux également, consti-
tuent l’exigence essentielle, en particu-
lier dans la pratique médicale et scien-
tifique. Et surtout, aucune fin ne sau-
rait justifier les moyens. Même si les ex-
périmentations animales présentent une
utilité pour l’homme, elles ne sauraient
être un procédé automatique, car la mal-
traitance de ces êtres est moralement inad-
missible. Il faut accorder aux animaux un
droit fondamental autonome, autrement
dit le droit à une vie sans souffrances et
conforme à leurs besoins.
Pourquoi les expérimentations animales n’ont aucun avenirelles ne sont guère défendables au plan éthique
Les animaux ne sont pas des instruments de mesure
Il nous est sans cesse répété que les ex-
périmentations animales sont nécessai-
res pour garantir la sûreté des produits
qui nous sont vendus et pour trouver de
nouveaux traitements destinés aux mala-
des. Mais en réalité ces expériences sont,
dans leur grande majorité, inappropriées
au moment de juger de l’efficacité et de la
dangerosité de substances pour l’être hu-
main. En attendant, toujours plus nom-
breux sont les scientifiques, politiciens et
citoyens qui reconnaissent que ces pra-
tiques ne tiennent pas leurs promesses
et que les résultats ne peuvent pas être
transposés sans autre à l’homme.
Pour leur part, les méthodes in vitro
sont plus fiables, plus efficaces et moins
chères que les expérimentations anima-
les; elles livrent de surcroît des résultats
vraiment probants pour l’homme. La re-
cherche sans recours aux animaux offre
aujourd’hui déjà un très large éventail de
possibilités.
Mais on attend toujours que s’opère
un véritable changement de paradigme.
En effet, l’expérimentation animale repré-
sente encore la «règle d’or» de la recher-
che; les projets en ce domaine reçoivent
toujours des subventions par millions ti-
rées de nos impôts alors que la recherche
moderne, sans essais sur animaux, ne fait
que vivoter.
La présente brochure explique pour-
quoi nous n’avons pas besoin d’une plé-
thore d’expériences sur animaux; elle
donne un aperçu des possibilités de la re-
cherche sans animaux de laboratoire et
traite des problèmes qu’il s’agit de maîtri-
ser lors de l’introduction de ces méthodes
scientifiques.
A défaut d’animaux, quel doit être l’objet des expériences?méthodes de recherche sans animaux de laboratoire
Protection SuiSSe deS AnimAux PSA4
Les expérimentations animales peuvent être dangereuses
Souvent, les humains et diverses espèces animales métabolisent très différemment certaines substances. C’est pourquoi les résultats d’expériences sur animaux ne sont généralement pas fiables.
Les résultats d’études cliniques, qui se font
généralement sur des personnes d’un âge
moyen, ne sont pas transposables aux en-
fants ou aux personnes âgées et il existe
même des différences entre hommes et
femmes. Si la transposition de résultats
est déjà problématique d’un homme à un
autre en raison de différences liées à l’âge
et au sexe, comment les résultats obtenus
sur des rats ou des poissons pourraient-ils
garantir une sécurité pour l’homme? Ce-
lui-ci se distingue principalement des di-
verses espèces animales sous l’angle de sa
constitution physique, des fonctions de
ses organes et du métabolisme. Transpo-
ser aux humains les résultats tirés d’expé-
riences sur les animaux s’avère donc sou-
vent problématique.
Ces expérimentations ne permettent
pas d’établir avec un degré suffisant de
sécurité quel sera l’effet d’une nouvelle
substance ou d’un agent chimique sur
l’espèce humaine. Est-ce que la substance
agit sur l’homme exactement comme chez
l’animal? Agit-elle autrement ou produit-
elle-même des effets contraires? Ce n’est
qu’au moment où un principe actif médi-
camenteux a été appliqué à l’homme que
l’on peut savoir si celui-ci réagit de façon
analogue à ce qui se produit chez l’ani-
mal. Se fier aux résultats de tels essais en
dépit de ces incertitudes peut avoir des
conséquences fatales. A cet égard, les in-
nombrables médicaments retirés du mar-
ché par suite d’effets secondaires graves
– quand ils ne sont pas mortels - sont
plus qu’éloquents. Lipobay®, Vioxx®, Tra-
sylol®, Acomplia® et TGN1412 ne sont en
fait que la pointe de l’iceberg. En Allema-
gne, selon des extrapolations, 58’000 dé-
cès par an sont imputables aux effets se-
condaires de médicaments; ce qui revient
à dire que pour la population suisse, au vu
du nombre supérieur de cas non recensés,
ces effets provoquent en moyenne le dé-
cès de 3500 personnes par an. En 2009,
Swissmedic a enregistré près de 5000 an-
nonces de réactions indésirables aux mé-
dicaments, et un lien concret existe avec
les effets secondaires dans 200 cas de dé-
Exemples de médicaments qui – jugés inoffensifs pour les animaux – ont été retirés du marché en raison de graves effets indésirables chez l’homme
TGN1412 Médicament agissant sur Défaillances la réponse immunitaire multiorganiques, amputations
Lipobay® Anti-cholestérol Destruction musculaire, cas mortels
Vioxx® Médicament antirhumatismal Infarctus du myocarde, attaques cérébrales, cas mortels
Trasylol® Anti-coagulant Défaillance des reins
Acomplia® Médicament pour maigrir Troubles psychiques, suicides
cès. Preuve à l’appui, le médicament a été
la cause du décès pour 165 d’entre eux.3
Inversement, personne ne sait
combien de médicaments jugés vala-
bles parviennent jamais sur le marché
parce qu’ils ont été éliminés prématuré-
ment sur la base d’expérimentations ani-
males trompeuses. Nous aurions été pri-
vés d’une foule de remèdes utiles tels que
l’aspirine, l’ibuprofène, l’insuline, la pé-
nicilline ou le phénobarbital si l’on s’était
déjà fié à l’époque à ce genre d’expérien-
ces. Ces substances causent de graves at-
teintes chez certaines espèces d’animaux
parce que les processus métaboliques sont
différents. Selon les procédés actuels,
la découverte de la substance n’aurait
tout simplement pas eu lieu!
Des chercheurs prétendent effectuer
des travaux sur les animaux pour le bien
de l’homme. En réalité, la plupart de ces
scientifiques et, en particulier, les entre-
prises pharmaceutiques poursuivent éga-
lement une politique d’entreprise forte-
ment axée sur les bénéfices. Parfois, on
ne recule même pas devant des machina-
tions douteuses. Il est notamment courant
d’offrir aux médecins des voyages pour
participer à des congrès et autres mani-
festations, afin qu’ils recommandent une
certaine préparation pharmaceutique.4
Pour tout nouveau médicament, des
dizaines de milliers d’animaux ont dû su-
bir des souffrances et mourir. Et souvent,
il ne s’agit même pas de produits qui font
avancer la médecine. Au contraire, sur près
5Protection SuiSSe deS AnimAux PSA
artère coronaire.
Les symptômes ainsi créés artificiel-
lement n’ont cependant pas grand-chose
à voir avec les maladies qui affectent
l’homme et qui sont supposés simuler. Des
aspects importants de l’apparition d’une
maladie tels que l’alimentation, les habi-
tudes de vie, le recours aux stupéfiants,
les effets nuisibles de l’environnement, le
stress, les facteurs psychiques et sociaux
sont ignorés dans ce genre de recherches,
dont les résultats prêtent fréquemment
à confusion et sont souvent sans perti-
nence.
En réalité, la recherche axée sur ces
expérimentations animales ne cesse de se
heurter à des échecs. En effet, 92% des
médicaments potentiels qui se sont ré-
Exemples où l’homme et l’animal réagissent différemment à diverses substances
Substance Homme Animal
Asbest cancer toléré par les rats, hamsters
Arsen toxique bien toléré par les moutons
Thalidomide malformations pas de malformations chez les animaux (sauf quelques espèces de singes et chez les lapins)
Cortisone tolérée malformations chez les souris
Morphine calmante stimulante chez les chats, les bœufs et les chevaux
Pénicilline bien tolérée effets nuisibles sur les cochons d’Inde, les lapins et les hamsters
Paracétamol bien toléré effet toxique pour les chats
Phénobarbital bien toléré cancer du foie chez les rats
Saccharine bien tolérée cancer de la vessie chez les rats mâles
utilité douteuse des expériences animalesComme la plupart des maladies hu-
maines n’apparaissent pas chez les ani-
maux, les symptômes sont imités de ma-
nière artificielle dans les dénommés «mo-
dèles d’animaux». Et pour déclencher un
Parkinson, par exemple, une neurotoxine
est inoculée dans la cervelle de singes, rats
ou souris, qui en détruit les cellules. Le
cancer est provoqué par des manipula-
tions génétiques ou l’injection de cellules
cancéreuses faites sur des souris. L’intro-
duction d’une aiguille dans une artère de
la cervelle d’une souris entraîne une atta-
que cérébrale. L’inoculation d’un toxique
détruisant les cellules de l’îlot pancréati-
que chez le rat provoque le diabète. Chez
les chiens, un infarctus du myocarde est
simulé par la pose d’une boucle sur une
de 2500 nouvelles demandes d’homolo-
gation de médicaments déposées chaque
année en Allemagne, une véritable inno-
vation n’apparaît que tous les deux ans. Et
les produits thérapeutiques vantés comme
des moyens miracles ne tiennent de loin
pas leurs promesses. Ainsi, par exemple, le
champion des ventes de Roche, l’Avastin®,
qui doit être inefficace contre le cancer du
sein et qui a également de graves effets se-
condaires.5 La majorité des préparations
existent déjà sous forme similaire ou ne
sont pas véritablement nécessaires. Dans
cette optique encore, la Société Bayer a
déclaré des symptômes de vieillesse nor-
maux chez l’homme comme étant un
«syndrome de déficience en testostérone»,
et ce dans le but de créer un nouveau mar-
ché pour une préparation hormonale. Plus
de 6500 médicaments submergent le mar-
ché suisse, contre plus de 60’000 en Al-
lemagne, et ils ont des conséquences peu
réjouissantes pour les dépenses privées et
étatiques affectées aux «coûts de la santé».
L’Organisation mondiale de la santé juge
que seulement 325 principes actifs sont
nécessaires pour traiter les maladies hu-
maines.6
Les effets secondaires dommageables
de substances ne sont pas toujours connus
puisque, fréquemment, seules des études
«positives» sont publiées alors que les re-
cherches «négatives» ne le sont pas.7 Lors-
que des effets secondaires graves, voire
souvent mortels, d’une préparation arri-
vent à la connaissance du public, les en-
treprises pharmaceutiques font tout pour
dissimuler ce fait ou pour l’embellir. Ainsi
en est-il du cas de l’antidépresseur Zo-
loft®, de la société Pfizer, qui peut entraî-
ner un renforcement de l’intention de se
suicider.8 Aux USA, des avertissements
ont été exprimés à ce propos. Quand bien
même l’effet secondaire fatal était connu
vélés efficaces et sûrs dans ce cadre ne
passent pas le cap de l’examen clinique9,
soit par manque d’efficacité, soit en rai-
son d’effets secondaires indésirables. Sur
les 8% des substances obtenant une auto-
risation, la moitié est à nouveau retirée
du marché ultérieurement, parce qu’elles
font apparaître chez les humains d’autres
effets secondaires qui sont graves, voire
mortels.10
Ainsi croyait-on tenir enfin, avec la
«découverte» de la souris cancéreuse, la
clé permettant de lutter contre des tu-
meurs malignes. Des chercheurs de l’Uni-
versité de Harvard avaient réussi, vers la
moitié des années quatre-vingt, à inoculer
un gène cancéreux humain dans le patri-
moine génétique de souris, de sorte que
depuis longtemps en Allemagne, il a été
sciemment passé sous silence pendant des
années dans la notice d’emballage.
Les expérimentations animales n’ap-
portent qu’une contribution marginale
au développement de nouvelles métho-
des de traitement. L’industrie pharmaceu-
tique procède également à ces expérien-
ces pour se prémunir contre des actions en
dommages-intérêts au cas où un produit
tournerait un peu mal, et parce que des
prescriptions légales imposent une partie
de ce type d’essais.
Protection SuiSSe deS AnimAux PSA6
D’innombrables «souris cancéreuses» ont déjà été «guéries». Mais les méthodes de traitement «couronnées de succès» dans l’expérimentation animale ont échoué chez l’homme.
Des études scientifiques remettent en
question l’utilité des expériences sur
animaux
Les opposants à ces types d’expériences
et les protecteurs des animaux ne sont
plus les seuls à remettre en cause l’uti-
lité de certaines de ces recherches; en ef-
fet, toujours plus nombreuses sont les
études scientifiques indépendantes qui le
font également. Elles prouvent que les ré-
sultats des expérimentations animales ne
concordent souvent pas avec les décou-
vertes faites sur l’homme et qu’elles sont
fréquemment non décisives pour l’appli-
cation clinique chez celui-ci.
Dans un travail récapitulatif en prove-
nance d’Angleterre, les résultats de diver-
ses méthodes de traitement ont été com-
parés sur des animaux et des patients, à
l’appui d’un article spécialisé sur le sujet.
Il n’y avait concordance que dans trois
des six tableaux symptomatiques analy-
sés. Pour l’autre moitié, les méthodes de
traitement étudiées étaient efficaces dans
l’expérimentation animale, mais elles ne
servaient à rien, ou étaient même domma-
geables pour l’homme.11
Dans une autre étude comparative,
une équipe de scientifiques britanniques
a constaté que les résultats des recherches
effectuées de la même manière chez les
animaux et les hommes divergeaient sou-
vent très nettement entre eux. Selon cette
étude, les résultats imprécis d’expérien-
ces sur animaux peuvent mettre en dan-
ger la vie de patients et sont d’ailleurs un
gaspillage des fonds affectés à la recher-
che.12
Une étude allemande a montré que sur
51 demandes d’expérimentation animale
approuvées en Bavière et analysées sous
l’angle de leur mise en œuvre clinique, il
était impossible de prouver, même après
dix ans, qu’un seul projet ait été mis en
œuvre en médecine humaine.13
les rongeurs ont développé précocement
des tumeurs. Cette souris manipulée géné-
tiquement a même fait l’objet d’un brevet
aux USA en 1988 et en Europe en 1992,
en tant que premier mammifère. Depuis
lors, des milliers de souris cancéreuses ont
été «guéries». Mais toutes les méthodes de
traitement ayant remporté du «succès»
chez ces rongeurs ont échoué jusqu’ici
chez les humains.
La recherche expérimentale sur ani-
maux annonce régulièrement en fanfare
une percée dans toutes les maladies pos-
sibles. En effet, dans ce contexte, telle ou
telle méthode de traitement se serait révé-
lée efficace dans la lutte contre la mala-
die d’Alzheimer, le Parkinson, la sclérose
multiple, le cancer, la sclérose des artè-
res, etc. Pourtant les espoirs des patients
concernés sont sans cesse déçus. On n’en-
tend plus jamais parler du remède miracle
qui avait été fêté. L’homme n’est pourtant
pas une souris pesant 70 kg.
nos impôts affectés à des expériences douteusesSans avoir été consultés et que cela
nous plaise ou non, nous subvention-
nons toutes les expérimentations anima-
les avec nos impôts. Quels sont les mon-
tants des fonds publics de la Confédéra-
tion et des cantons effectivement desti-
nés à cette recherche douteuse? Personne
n’a été en mesure de le dire exactement
jusqu’à présent. Il n’y a pas de statisti-
ques à ce sujet. Des dizaines de millions
de francs sont dépensés uniquement pour
la construction de nouveaux laboratoires
destinés à ces expériences. Le Fond Natio-
nal Suisse (FNS) de la recherche alimenté
par la Confédération investit environ 80
millions de francs par an dans la recher-
che biomédicale et finance donc chaque
année 500 projets impliquant des expé-
riences sur animaux. La Communauté al-
lemande de recherche (DFG), qui finance
en grande partie ce genre d’essais dans
le secteur des hautes écoles, dispose cha-
que année d’un budget d’env. 1,7 mil-
liard d’Euro, qui proviennent majoritai-
rement des caisses de l’Etat.14 Face à ces
montants, les subventions annuelles de la
Confédération, soit 425’000 francs versés
à la Fondation 3R, ou le soutien de l’Etat
allemand, de 2,5 à 4 millions d’Euro pour
la recherche sans animaux de laboratoire,
ont tout l’air d’une aumône.
7Protection SuiSSe deS AnimAux PSA
Une substance circule dans un liquide nu-
tritif via le «mini-être humain» artificiel.
L’effet sur les divers organes, son méta-
bolisme ainsi que l’apparition possible de
produits de désassimilation toxiques doi-
vent être testés de la sorte. Même des ma-
ladies humaines peuvent être simulées au
moyen de la microplaquette. L’équipe de
l’Université Cornell travaille à la simu-
lation de cancers. Des combinaisons de
substances peuvent être étudiées quant à
leur efficacité et leur sécurité dans les «or-
ganes» dotés de cellules cancéreuses de la
microplaquette. Les tests qui font souffrir
l’animal pendant des mois peuvent être
effectués à l’aide de microplaquettes en
l’espace d’un à deux jours seulement.15
Aux USA, les chercheurs du «Rensse-
laer Polytechnic Institute» de l’Université
de Berkeley en Californie ont développé
un biomicroprocesseur fait d’une combi-
naison d’algues et de cellules humaines
ou d’enzymes hépatiques. La substance à
tester est introduite dans le système et, à
l’aide d’une coloration, il est possible de
Les méthodes sans animaux de laboratoire relèvent d’une science de qualité
techniques in silico
Des microplaquettes sont pourvues de cellules humaines et fonctionnent comme un infime organisme.
Des méthodes informatiques sophisti-
quées peuvent fournir des informations
sur la structure, l’effet et la nocivité de
substances comme dans le cas de nou-
veaux médicaments ou de produits chimi-
ques. Des modèles informatiques tels que
QSAR (Quantitative Structure Activity
Relationship) se fondent sur des données
humaines. Moyennant intégration de la
structure moléculaire d’une substance, il
est possible d’en prédire l’effet probable.
D’autres modèles comme le CADD (Com-
puter-Assisted Drug Development) sont
utilisés par l’industrie pharmaceutique
pour écarter des substances potentielle-
ment inefficaces ou toxiques à un stade
précoce du développement d’un médica-
ment.
Une nouvelle puce ou microplaquette
combine des processus informatiques avec
des méthodes in vitro. Dans un système
découvert à l’Université Cornell aux USA,
des cellules humaines de l’estomac, de
l’intestin, du foie, du sang, des nerfs, etc.
sont implantées dans une microplaquette.
voir si un produit chimique est nuisible ou
si un médicament produit l’effet désiré.16
Au centre de biotechnologie et de bio-
médecine de Leipzig, un biomicroproces-
seur a été développé en trois dimensions,
qui fonctionne comme un mini-labora-
toire. Un morceau de tissu est placé dans
le biomicroprocesseur et un médicament
y est ajouté. Des électrodes y sont reliées
afin de conduire du courant à travers le
système. A l’aide de la résistance électri-
que, il est possible de juger de l’effet d’une
substance. A l’avenir, des médicaments
doivent être découverts de cette manière,
rapidement, de façon fiable et à moindres
coûts, pour lutter contre des tumeurs spé-
cifiques et permettre un traitement plus
ciblé des patients.17
Protection SuiSSe deS AnimAux PSA8
méthodes in vitro
Vue d’ensemble des possibilités
In vitro
(lat.: «dans une éprouvette»): Systèmes de
tests sur de la matière non sujette à la souf-
france, sous forme de cellules, tissus, prépa-
rations organiques, microorganismes, etc.
In vivo
(lat.: «sur un organisme vivant»):
Expériences pratiquées sur un organisme
vivant.
Nombre des méthodes existant aujourd’hui
pour la culture de cellules ne sont certes
pas en mesure de prédire comment réagira
un organisme complet, soit un être hu-
main dans son intégralité. Mais les expé-
rimentations animales ne le peuvent pas
plus. Chez les animaux, il s’agit pourtant
La recherche in vitro offre un grand
éventail de possibilités. Diverses mé-
thodes sont exposées ci-dessous, que
la recherche utilise à l’heure actuelle.
Toutes ne sont pas sans souffrance
animale, mais elles contribuent à ré-
duire le nombre d’animaux exposés à
la contrainte. Les méthodes les plus
défendables au plan éthique et les
plus appropriées au niveau scientifi-
que sont celles appliquées au maté-
riel humain.
Cultures de cellulesOn distingue entre cultures de cellules
primaires et permanentes. Les premières
sont tirées directement de l’organisme. La
plupart du temps, les animaux sont tués
à cet effet. Les cellules humaines, par ex.
du foie, de la peau, du cartilage ou de la
moelle osseuse, proviennent de «maté-
riaux de rebut» d’opérations cliniquement
nécessaires, de dons d’organes ainsi que
de placentas et de cordons ombilicaux ré-
coltés à l’occasion d’accouchements. Les
cellules primaires meurent après un cer-
tain temps. Leur culture n’est donc possi-
ble que temporairement.
Les cellules encore cultivables au bout
d’une longue période sont dénommées
cellules permanentes. Elles peuvent
de tout un organisme, mais ce n’est pas le
bon. Les méthodes se fondant sur des cel-
lules et tissus humains et combinées avec
des programmes informatiques spéciaux
donnent souvent, contrairement aux es-
sais sur animaux, des résultats plus précis
et plus éloquents.
L’effet médicinal d’une substance chimique peut être testé sur des cultures tridimension-nelles de cellules de peau humaine.
continuer à se diviser sans interruption et
sont capables de vivre presque «éternelle-
ment». C’est souvent le cas des tumeurs.
En tout état de cause, il y a plusieurs mil-
liers de lignées cellulaires diverses.
Grâce aux techniques les plus moder-
nes, il est même possible de «reconstituer»
aujourd’hui en éprouvette des structures
complexes du corps humain. Ainsi a-t-
on réussi à recréer la peau humaine avec
ses différentes couches cellulaires, tout
comme des tissus en trois dimensions du
cœur, du foie et de cartilages ou de vais-
seaux sanguins.
Sur des cellules du muscle cardiaque,
il y a aussi moyen d’étudier en éprouvette
des processus physiologiques et l’effet de
médicaments pour le cœur. La peau de la
cornée de l’œil humain peut être recons-
truite avec toutes ses couches. Des gouttes
pour les yeux peuvent être testées dans ce
cadre, par exemple.
Un système tiré de cellules du foie
humain convient bien aux essais à ef-
fectuer sur de nouveaux principes actifs
médicamenteux. Dans une étude compa-
rative, une substance anticancéreuse a
fait l’objet d’essais en parallèle avec une
étude clinique effectuée sur l’homme, sur
des rats et sur le système de cellules hépa-
tiques humaines. Les résultats des essais
sur l’homme et sur les cellules hépatiques
concordent. L’expérimentation animale a
donné un résultat trompeur.18
Coupes de tissusLes organes peuvent être coupés en tran-
ches très fines. Ces coupes proviennent
souvent d’animaux. Soit un animal est tué
pour prélever l’organe souhaité, soit des
résidus d’abattages sont utilisés. Par exem-
ple, dans le projet Sens-it-iv promu par
l’UE, la nocivité de substances respirées est
étudiée à l’aide de coupes de poumons de
rongeurs. Le tissu est traité au moyen d’une
substance et observé au microscope, pour
voir quels sont les interactions des cellu-
les. Mais on se sert également de tissus hu-
mains qui sont de toute façon récoltés à
partir des déchets d’opération.
Organes isolés/matériaux organiques provenant de l’abattageIl est notamment possible de tester sur des
organes isolés l’effet de produits chimi-
ques ou de médicaments potentiels. A cet
effet, des animaux sont abattus pour en
prélever les organes en question. Ceux-ci
conservent pendant un certain temps en-
core leur fonction naturelle hors de l’or-
ganisme.
9Protection SuiSSe deS AnimAux PSA
La Protection Suisse des Animaux
PSA se mobilise pour une science et
une recherche qui, autant que faire se
peut, atteignent leurs objectifs sans
avoir recours aux animaux.
Dans chacun des petits «puits» d’une dénommée plaque microtite croissent des cellules.
Les matériaux organiques provenant
de l’abattage peuvent aussi servir lorsqu’il
s’agit de dresser l’état d’une recherche. Au
lieu de contraindre des animaux vivants,
il y a moyen d’étudier sur des poumons
de porcs le mode de fonctionnement de
l’organe et les effets de la pollution, de
la fumée et des nanoparticules. Tester des
substances sur des matériaux provenant
de l’abattage comme la cornée de l’œil de
bœuf ou l’œil de poulet isolé permet de
dépister des substances nocives qui ne fe-
ront plus l’objet d’examens sur l’œil d’un
lapin vivant.
Œuf de pouleL’effet nocif de substances sur les yeux et
la muqueuse est vérifié au moyen du test
HET-CAM (test sur la membrane chorio-
allantoïde de l’œuf de poule). L’essai est
effectué sur des œufs incubés, avant le 10e
jour de la couvée. A cette fin, la substance
est déposée sur la membrane traversée par
des vaisseaux sanguins. Les apparitions
d’hémorragies et les modifications dans
les vaisseaux sanguins sont évaluées. Le
test HET-CAM a été développé à titre de
remplacement du test de Draize, où des
substances sont mises au contact de l’œil
de lapin pour en examiner l’effet sur les
muqueuses. Mais jusqu’à présent, le test
HET-CAM se limite à un usage partiel, en
tant qu’étape préliminaire aux essais ef-
fectués sur les lapins.
Microorganismes et pollensDe nombreux examens de la toxicité ou
de la nocivité possible de produits chimi-
ques peuvent être réalisés sur des bacté-
ries, des champignons et des pollens. En
pratique, on se sert en masse de ces pro-
cédés car ils sont rapides et très signi-
ficatifs. Par exemple, le test Ames, qui
porte le nom de son inventeur et agit sur
des salmonelles, est employé de manière
standard dans l’examen pharmacologique
pour déterminer si les principes actifs mé-
dicamenteux potentiels sont susceptibles
d’endommager le patrimoine génétique.
Diverses prescriptions de l’OCDE en ma-
tière d’essais sur l’effet modificateur du
patrimoine génétique se fondent sur des
tests pratiqués sur des bactéries ou des le-
vures. L’effet de substances toxiques sur
des pollens s’exprime par une inhibition
du développement du gamète mâle. En
fonction de la longueur des gamètes, il
est possible de tirer des conclusions sur le
degré de toxicité d’une substance.
Procédure analytiqueAntérieurement, d’innombrables expé-
riences sur animaux ont été faites pour le
diagnostic de maladies infectieuses ainsi
que pour l’analyse quantitative et qua-
litative de substances propres au corps,
comme l’insuline ou d’autres hormones.
Dans les années soixante et septante, on
a développé des procédures d’analyses qui
étaient bien plus précises et qui – effet ac-
cessoire – renonçaient aux expérimenta-
tions animales.
Dans la chromatographie liquide à
haute performance (HPLC), les diverses
propriétés chimiques de substances sont
étudiées. La procédure remplace à ce jour
en Allemagne une expérience très cruelle
menée sur des souris, où des moules sont
testées sous l’angle des poisons qui y sont
inoculés. Après plus de 25 ans de valida-
tion, cette procédure doit enfin être in-
troduite, dès juillet 2011, à l’échelle euro-
péenne.
Les radio-immuno-essais (RIA), les
enzymo-immuno-essais (ELISA) et les
tests immunofluorescents (IFT) permet-
tent de dépister des microorganismes, par
ex. des bactéries génératrices de maladies
ou des hormones.
Pourquoi les cellules anima-les sont le mauvais choixD’un point de vue scientifique, il n’est
guère pertinent de faire de la recherche
sur des cellules ou organes animaux, car
ces cellules proviennent d’un organisme
inapproprié et peuvent donc entraîner des
résultats erronés, lourds de conséquences.
Si par exemple une crème solaire est tes-
tée sur des cellules de peau provenant de
souris, on ne peut pas prévoir comment la
peau humaine ou les divers types de peau
vont réagir. Les différences sont bien trop
grandes dans la constitution des couches
de peau respectives des souris et des hu-
mains et quant à la sensibilité des types
de peau humaine. Les données relatives à
l’homme, et par conséquent significatives,
ne peuvent être acquises que par des es-
sais sans douleur sur du matériau humain
ou par des méthodes telles que celles dé-
crites sous le chapitre «Pour une méde-
cine éthiquement défendable est axée sur
l’homme» (page 18).
Protection SuiSSe deS AnimAux PSA10
ZEBET: le Service central de saisie et d’évaluation de méthodes de substitution et complémentaires à l’expérimentation animale est rattachée au Bundesinstitut für Risikobewertung (BfR) (Office fédéral de l’évaluation des risques) et a été fon-dée en 1989. C’est un institut scientifi-que dont la tâche est, spécialement dans le domaine des expériences sur animaux prescrites par la loi, de documenter, éva-luer des essais de substitution et de com-plément auxdites expériences, pour en re-commander ensuite l’application au plan national et international, jusqu’à leur avènement.
ECVAM: le Centre européen pour la va-lidation des méthodes alternatives (Euro-pean Centre for the Validation of Alter-native Methods) développe des procédu-res sans recours aux expériences sur ani-maux ou celles qui, tout au moins, rédui-sent le nombre et la souffrance des ani-maux concernés. L’ECVAM valide des mé-thodes d’essais et met tout en œuvre pour leur reconnaissance officielle. Les nouvel-les techniques sont documentées dans une banque de données.
OCDE: l’Organisation de coopération et de développement économiques (Organi-sation for Economic Cooperation and De-velopment) est une organisation interéta-tique dont le siège est à Paris, et qui réunit près de 30 pays industrialisés.
Au sein de l’OCDE, les gouvernements échangent entre eux, ils évoquent et met-tent au point des standards obligatoires au plan international. Dans ce cadre, des conventions et des directives contrai-gnantes sont notamment adoptées, telles que la Ligne directrice de l’OCDE pour les essais de produits chimiques, qui se fonde dans une large mesure sur des expérimen-tations animales. La reconnaissance par l’OCDE de procédures renonçant aux ani-maux de laboratoire pour tester les pro-duits chimiques au plan international est donc d’une grande importance car, pour la commercialisation d’une substance au-delà des frontières du pays ou de l’UE, des normes uniformes s’appliquent aux méthodes d’essais qui, dans le cas opti-mal, n’impliquent pas d’expériences sur animaux.
REACH est le règlement de l’UE sur l’en-registrement, l’évaluation, l’autorisation et les restrictions de produits chimiques. Cette réglementation entrée en vigueur en 2007 prescrit que, jusqu’en 2018, plu-sieurs milliers de produits chimiques doi-vent être vérifiés sous l’angle de leur toxi-cité. Des experts considèrent que 54 mil-lions d’animaux vivants seront utilisés pour REACH.
La validation et ses problèmesLa «méthode de l’expérimentation ani-male» est considérée depuis plus de cent ans comme la «règle d’or» de la science et a donc trouvé place dans d’innombrables lois, soi-disant pour protéger l’homme et l’environnement des effets dommageables qu’ils pourraient subir. A cette fin, nous connaissons par exemple en Suisse la loi sur les produits chimiques, la loi sur la protection de l’environnement et la loi sur la protection des eaux, la loi sur l’agricul-ture et la loi sur les produits thérapeuti-ques, ainsi que les ordonnances y relati-ves (sur les produits chimiques, les pro-duits biocides, la réduction des risques liés aux produits chimiques, sur les moyens de protection des végétaux et sur les produits thérapeutiques). Même dans l’UE et au plan international, il existe des prescrip-tions s’appliquant entre autre lorsqu’un produit doit être commercialisé hors de Suisse.
S’agissant notamment de la sécu-rité des produits chimiques, on trouve en Suisse, en Europe et au niveau internatio-nal des règles obligatoires concernant les essais et impliquant de nombreuses expé-rimentations animales. En Europe, c’est le programme des tests de substances chimi-ques REACH19, alors qu’au niveau inter-national, il existe des règles correspon-dantes de l’OCDE.20 Une grande partie des essais prescrits dans ces dispositions re-présentent des expériences sur animaux, en particulier dans la série des tests toxi-cologiques qui engendrent les plus lour-des contraintes pour ces êtres vivants.
Certaines des expérimentations ani-males inscrites dans ces dispositions de l’UE et de l’OCDE remontent aux années 1930–1940 et n’ont jamais été réexami-nées jusqu’ici sur le point de savoir si elles sont vraiment aptes à évaluer avec sécu-rité les risques pour la santé de l’homme.
Comme une véritable sécurité du consommateur ne devient réalité qu’après avoir passé par des tests bien conçus, sans animaux de laboratoire et portant sur des humains, il s’agit de libérer la voie aux méthodes scientifiquement fondées et éthiquement défendables. Mais pour ce faire, de grands obstacles doivent encore être franchis.
Car avant qu’une méthode exempte d’expériences animales soit reconnue of-ficiellement et entre dans les textes lé-gaux, elle doit franchir le cap de la procé-dure de validation, où elle sera examinée sous l’angle de son efficacité scientifique et de la fiabilité des résultats. En l’occur-rence, l’exécution d’une étude multicen-trique est une étape importante. La nou-velle méthode est alors testée dans divers laboratoires sur des substances connues, au moyen d’un processus uniforme, avant d’être évaluée de manière indépendante. Lorsqu’une méthode a été validée de la sorte, le travail se poursuit pour qu’elle soit reconnue par les autorités et inscrite dans les prescriptions légales. Et pour évi-ter qu’au vu des réglementations en vi-gueur, les expérimentations animales ne soit exécutées hors d’Europe, il est très important que des méthodes exemptes de telles expériences soient reconnues à l’échelle européenne et au plan interna-tional et que les règles en la matière soient harmonisées. Dans ces procédures, le Cen-tre européen pour la validation des mé-thodes alternatives (ECVAM) et le Service central de saisie et d’évaluation de métho-des de substitution et complémentaires à l’expérimentation animale (ZEBET) jouent un rôle capital.
Mais les expérimentations animales imposées aux fins de vérifier la sécurité ne sont en fait responsables que d’une petite partie de ces essais sur animaux. Durant les dernières années, leur part représentait en Suisse 20%. Les domaines de la recher-che sur les médicaments et de la recher-che fondamentale, qui englobent un large éventail des activités de recherche, ont des conséquences bien plus graves pour les animaux. En effet, dans cette catégorie se rangent les tests ne servant que le pur in-térêt de l’expérimentateur et dans lesquel-les les essais peuvent se faire presque à volonté sur les animaux. Vous trouverez des exemples à ce sujet dans le chapitre «Abandon des expériences animales dou-teuses» (p. 21). Depuis quelques années, ces expériences sont également à la mode dans le domaine du génie génétique, ce qui entraîne une augmentation massive du nombre de ces expérimentations.
11Protection SuiSSe deS AnimAux PSA
Points critiquesL’OCDE prétend que ses règles concernant
les essais ne doivent contenir que des mé-
thodes validées, autrement dit qui four-
nissent des résultats scientifiques fiables
et reproductibles. En théorie, cela n’est
pas seulement valable pour des métho-
des sans expérimentations animales (in
vitro), mais également pour celles qui y
ont recours (in vivo). Mais en pratique, ces
conditions ne sont pas respectées. Comme
auparavant, expérimentations animales
et méthodes dites alternatives sont éva-
luées selon deux poids et deux mesures.
Alors que les méthodes «alternatives» doi-
vent passer, de la phase du développement
jusqu’à l’application, au travers de très
longues et coûteuses études de validation
et d’essais multicentriques pour mettre à
l’épreuve leur valeur scientifique, les ex-
périmentations animales n’ont jamais été
soumises à pareille procédure.
Comme les essais sur animaux sont
utilisés depuis longtemps déjà, on justifie
leur pertinence et leur fiabilité par l’expé-
rience qui en a découlé. Cette méthode est
donc toujours considérée comme la «rè-
gle d’or», qui inspire davantage confiance
qu’une technique sans recours aux ani-
maux de laboratoire. Et ce quand bien
même il est prouvé scientifiquement que
les expériences animales sont fréquem-
ment non fiables et ne permettent pas de
tirer des conclusions sur les risques pré-
sentés par des produits chimiques pour
l’homme. Dès 1962 déjà, des doutes sont
apparus au sujet de la fiabilité des tests
pratiqués sur les yeux de lapin.21 Dans une
étude multicentrique effectuée en 197122,
il a été montré que le test de Draize révèle
dans ses résultats des fluctuations insou-
tenables, de sorte qu’il est non fiable et in-
justifié en tant que méthode scientifique
(voir encadré).
Dans une autre étude, les propriétés
cancérigènes de substances ont été com-
parées sur des rats et des souris. 46%
des substances testées étaient carcinogè-
nes chez les rats mais pas chez les sou-
ris ou inversement.23 Si déjà les résultats
ne concordent pas entre ces deux espèces
animales, comment s’étonner que l’on ne
puisse tirer aucune conclusion fiable pour
l’homme à l’appui des résultats d’expé-
rimentations animales? Ainsi, dans une
étude menée en 1983 sur 19 substances
Exemple de la non-fiabilité des expérimentations anima-les: le test de Draize sur l’œil du lapinDans une étude multicentrique22, il avait
déjà été établi dans les années septante
que le test effectué sur l’œil du lapin ne
permettait nullement des conclusions fia-
bles sur l’effet nocif de substances chimi-
ques.
Douze substances ont été étudiées
dans divers laboratoires au moyen du
test de Draize pour établir leur compati-
bilité avec la peau et les muqueuses. Les
résultats furent complètement différents.
Nombre de substances testées ont été clas-
sées par certains laboratoires comme «for-
tement irritantes», et «non irritantes» par
d’autres. La méthode ne satisfait donc pas
aux exigences fondamentales d’une mé-
thode scientifique et n’autorise aucune
déclaration fiable sur le danger encouru
par l’homme. La cause en est imputable à
la structure fondamentalement différente
de l’œil de l’homme et du lapin. Le lapin
a une triple paupière qui peut modifier le
contact entre la cornée et la substance tes-
tée. Le mécanisme lacrymal du lapin est
moins marqué que celui de l’homme, ce
qui engendre des différences dans la durée
de l’effet d’une substance. Par conséquent,
le réflexe du battement de paupière peut
ne pas se manifester pendant 20 minutes
chez le lapin, ce qui fait que la substance
demeure plus longtemps dans l’œil.
Les valeurs pH de l’humeur aqueuse
sont différentes (homme: pH 7,1 – 7,3; la-
pin: pH 8,2); il en va de même pour l’épais-
seur, la structure du tissu et les propriétés
biochimiques de la cornée du lapin et de
l’homme (épaisseur de la cornée humaine:
0,51 mm, lapin: 0,37 mm).
Lors du test de Draize, des produits chimiques sont appliqués sur l’œil du lapin. Le test n’est pas seulement d’une très grande cruauté, mais manque énormément de fiabilité.
notoirement cancérigènes pour l’être hu-
main, comme le dichlorvos et le lindane,
sept seulement ont provoqué un cancer
chez des rongeurs également. Le taux
d’erreur était donc de 63%.24 A l’inverse,
la saccharine a été classifiée à tort pen-
dant deux décennies comme étant can-
cérigène parce que des rongeurs mâles
ont développé un cancer de la vessie avec
cette substance. De nombreuses études
faites sur la population n’avaient nulle-
ment établi le risque de cancer pour cet
édulcorant. Malgré cela, l’administration
américaine en charge de la santé publi-
que, la FDA, a exigé qu’une mise en garde
figure sur les emballages de saccharine.
Ce n’est qu’en l’an 2000 que l’erreur a été
admise. L’urine des rats est d’une autre
composition que celle de l’homme.
Bien que l’expérimentation animale
soit, preuve à l’appui, une méthode dé-
ficiente et non fiable, les techniques sans
recours aux animaux sont mesurées à
cette aune et l’on attend qu’elles pro-
duisent les mêmes résultats. Et, parado-
xalement, on ne leur accorde une valeur
scientifique qu’à ce moment-là.
Protection SuiSSe deS AnimAux PSA12
Plus qu’une substitution
Que se fait-il déjà?Histoires de succès de la recherche sans contraintes pour les animaux
Le terme «alternatives» implique que les
essais sur animaux soient remplacés par
quelque chose d’autre. Or en réalité, les
méthodes sans animaux ne sont pas sim-
plement une substitution, mais elles re-
présentent un progrès par rapport aux
expérimentations animales. Dans les mi-
lieux scientifiques, le terme «alternatives»
est souvent utilisé aussi pour des techni-
ques qui ne remplacent pas lesdites ex-
périmentations, mais les réduisent ou
les affinent seulement. De telles métho-
des sont acceptables aux yeux de la Pro-
tection Suisse des Animaux PSA à titre
de transition, jusqu’au remplacement des
expériences sur animaux. Voir à ce sujet
le chapitre «Réduction, remplacement ou
suppression?» (p.22).
La coexistence des expériences anima-
les et des dénommées méthodes alternati-
ves constitue aussi un problème dans les
prescriptions régissant les essais. Ajouter
simplement à ces prescriptions une mé-
thode «alternative» en parallèle à l’expéri-
mentation animale comporte le danger de
voir les exécutants des essais s’en tenir à
la «bonne vieille méthode éprouvée» et ne
pas appliquer la nouvelle technique.
Dans les règles de l’OCDE en la ma-
tière, une série de tests in vitro est men-
tionnée en tant que véritable «alternative»
au test respectif in vivo, par exemple les
essais sur l’absorption de la peau, la cor-
rosivité de celle-ci et des tests pour étu-
dier des atteintes aux chromosomes. Mais
comme les deux méthodes coexistent, le
choix est laissé à l’exécutant quant aux
essais qu’il privilégie, ce qui défavorise
l’application de la méthode in vitro.
La pratique ne cesse de montrer qu’il
est tout à fait – voire précisément –
possible de faire des progrès médicaux
sans animaux. Toujours plus nombreux
sont les chercheurs qui reconnaissent
ce fait et qui se consacrent à des mé-
thodes innovantes, sans expérimenta-
tions animales.
Les anticorps monoclonaux sont des pro-
téines qui se lient à certains antigènes,
donc à des substances étrangères dans le
corps, et obligent le système immunitaire
à développer une défense. Ils jouent un
grand rôle dans le diagnostic et la thé-
rapie du cancer. La production des anti-
corps monoclonaux intervient générale-
ment dans le dénommé ascite de souris ou
chez le lapin. Dans la procédure utilisant
la souris, on réunit d’abord des globules
blancs de souris présentant des cellules
cancéreuses avec des hybridomes. Si l’on
injecte les hybridomes dans l’organisme
d’une souris, ceux-ci se multiplient pour
former une tumeur dans sa cavité abdo-
minale. Après quelques jours, le liquide
qui s’y est formé est retiré pour se procu-
rer les anticorps monoclonaux. Ce pro-
cédé cause d’immenses douleurs aux sou-
ris. qui finissent par mourir ou sont tuées.
Grâce à des systèmes in vitro de grande
valeur, qui ont été développés dans les
années 80 à 90, la production dans l’as-
cite de souris est, à quelques exceptions
près, interdite en Suisse, en Allemagne et
aux Pays-Bas. Toute une série de procé-
dés de culture tels que la «tecnomouse» ou
la «souris éprouvette» conservent la pre-
mière étape, soit l’acquisition des globu-
les blancs dans la souris. La production
des anticorps monoclonaux sous forme de
tumeur, liée à tant de souffrances, a lieu
dans des flacons de culture ou dans de
grands réservoirs contenant jusqu’à des
centaines de litres. Mais il existe déjà des
approches pour fabriquer des anticorps
monoclonaux sans aucun recours aux
animaux. Au lieu de souris ou de lapins,
des bactéries produisent les anticorps sou-
haités par la méthode dénommée «Phage
display library». C’est ainsi qu’à l’Univer-
sité de Genève, une technique a été ré-
cemment développée, qui permet de clo-
ner des anticorps au moyen de bactéries.
Dans une éprouvette, l’anticorps voulu est
isolé du mélange par «phage display» et
peut être produit ensuite en quantité il-
limitée. Grâce à ce procédé, il y a moyen
d’épargner à l’avenir en Suisse une par-
tie de la consommation de lapins, qui re-
présente chaque année quelque 6000 ani-
maux sacrifiés dans les essais.
Pour toutes les solutions d’infusion,
vaccins et autres substances injectés dans
le corps humain, il faut examiner s’ils
contiennent des substances pouvant dé-
clencher de la fièvre. Jusqu’à présent, la
substance est administrée à des lapins.
Pendant plusieurs heures, on vérifie si la
température monte. Et durant toute l’ex-
périence, les lapins sont entravés de ma-
nière à ne plus pouvoir bouger. Les résul-
tats ne sont pas fiables, car la température
des animaux peut être influencée par des
facteurs insaisissables et, en cas de répéti-
tion, elle présente de fortes variations.
Il est bien plus aisé de prouver la pré-
sence de pyrogènes dans le sang humain,
autrement dit de substances d’origine mi-
crobienne provoquant la fièvre, et ce à
l’appui de la réaction de cellules immu-
Au lieu d’injecter des solutions d’infusion (test pyrogène) dans le corps de lapins fixés dans des caisses, il est possible d’utiliser un test du sang humain pour découvrir des substances déclenchant la fièvre.
13Protection SuiSSe deS AnimAux PSA
nitaires. La substance à tester est ajou-
tée aux cultures cellulaires tirées du sang
humain. Les globules blancs répandent
le transmetteur interleukin 1ß lorsqu’ils
entrent en contact avec des éléments de
bactéries déclenchant la fièvre. La quan-
tité d’interleukin 1ß est mesurée tout à
fait automatiquement, à l’aide de réac-
tions chromatiques. On obtient des résul-
tats très précis et reproductibles, qui sont
directement significatifs pour l’homme.
Ce test pyrogène à partir du sang total
fut développé au début de 1990 déjà, à
l’Université de Constance. En dépit de ré-
sultats extraordinaires obtenus dans di-
verses études de validation, il n’est utilisé
qu’avec hésitation jusqu’à présent, mais
il est inscrit dès 2010 dans la Pharmaco-
pée européenne (Ph. Eur.). Il est dès lors
valable en Europe en tant que test pyro-
gène in vitro (IVPT) autorisé par les auto-
rités, et doit être utilisé en lieu et place
des expériences effectuées jusqu’ici sur
des lapins.
Dans le domaine du diagnostic, de très
nombreuses expérimentations animales
ont été remplacées au cours des dernières
décennies. Pour pouvoir introduire une
thérapie envisagée, il est important de dé-
couvrir si un patient (humain ou animal)
souffre d’une certaine maladie d’origine
bactérienne, virale ou parasitaire. Pour ti-
rer au clair une suspicion d’infection, des
échantillons sont prélevés sur le patient,
par ex. de la salive, du sang, de l’urine ou
des tissus, etc., et ils sont envoyés au la-
boratoire où des analyses sont entreprises.
En d’autres temps, ceci impliquait pres-
que toujours une expérimentation ani-
male. Après injection du matériau d’ana-
lyse dans un animal de laboratoire, des
symptômes typiques ou des modifications
des organes se manifestaient en cas de ré-
sultat positif, souvent accompagnées de
douleurs insoutenables pour l’animal. Si
le cas était négatif, autrement dit lorsque
le patient ne souffrait pas de la maladie
en question, l’animal ne présentait pas de
symptômes. Il existe aujourd’hui de nom-
breuses méthodes in vitro, mais les ani-
maux sont toujours utilisés pour le dia-
gnostic. A part quelques rares exceptions,
il n’existe pas de directives nationales ou
internationales précisant quelles sont les
techniques d’analyse à utiliser.
Il y a quelques décennies seulement,
d’innombrables expériences sur ani-
maux étaient effectuées pour découvrir si
un être humain souffrait du diabète. De
même, de pénibles expériences animales
étaient exécutées par le passé afin de dé-
tecter une maladie due à une déficience
en vitamines. Les tests prenaient énor-
mément de temps, n’étaient pas fiables
et présentaient un taux élevé d’erreurs.
Aujourd’hui, il existe des méthodes ana-
lytiques modernes permettant de diagnos-
tiquer rapidement et sûrement des mala-
dies humaines.
En 1930, on a découvert que des hor-
mones dans l’urine de femmes enceintes
après injection dans des xenopus laevis
(grenouilles africaines à griffes) déclen-
chaient une ponte des œufs en l’espace de
quelques heures. Le besoin en grenouilles
à griffes pour le constat de grossesses fut
énorme et a conduit cette espèce au bord
de l’extinction. Plus tard, les grenouilles
furent élevées en laboratoire pour satis-
faire la forte demande. A l’heure actuelle,
la détermination des hormones de gros-
sesse sans expérimentation animale ne
présente plus aucun problème.
Pendant des décennies, le dénommé
test de poissons a été exécuté pour dé-
terminer la toxicité d’eaux usées indus-
trielles et pour calculer les taxes liées
au déversement de telles eaux dans des
cours d’eau. La loi prescrivait ce test. En-
tre 30’000 et 50’000 poissons d’eau douce
ont dû laisser leur vie année après année,
endurant de cruelles souffrances. Le test
consistait à établir à partir de quelle dilu-
tion des eaux usées tous les poissons sujets
à expérience ne mourraient plus d’empoi-
sonnement après 48 heures. Depuis 1997
déjà, divers essais sans animaux,
fondés sur des bac-
téries ou des
L’utilisation de grenouilles africaines à grif-fes pour le test de grossesse appartient au passé, grâce à des procédures biochimiques.
Exemples tirés du domaine du diagnosticMaladie des perroquets: le test sur des souris était prescrit par la loi pour établir la preuve de l’agent pathogène de la psit-tacose (maladie des perroquets). L’échan-tillon d’urine ou organique était injecté dans la cavité abdominale de souris. Elles étaient tuées après une semaine afin d’in-jecter des parties du foie et de la rate dans d’autres souris. Ces animaux étaient éga-lement supprimés pour observer au mi-croscope les modifications typiques du foie et de la rate. A l’heure actuelle, plu-sieurs procédés de recherche et d’identi-fication sans recours aux expériences sur animaux sont disponibles, tels que les cultures de cellules ou des méthodes ana-lytiques.
Tuberculose: depuis plus de cent ans, les cochons d’Inde ont été utilisés pour le diagnostic de cette maladie. Le matériau à analyser, soit par exemple la salive, leur était injecté dans le flanc. Après 6 à 8 se-maines, les animaux étaient tués et analy-sés sous l’angle de modifications organi-ques spécifiques. Des techniques moder-nes impliquant des bouillons de culture spéciaux permettent aujourd’hui la mise en culture d’agents pathogènes de la tu-berculose. Dans les pays anglo-saxons, cette expérience sur animaux de labora-toire est interdite.
algues et qui réagissent tous de manière
plus sensible que le test de poissons sont
inscrits dans les ordonnances et auraient
dû remplacer ce dernier. Sur pression du
mouvement de la protection des animaux
et après de longues années de luttes, l’ex-
périmentation animale a enfin été rem-
placée en 2005 par un test sans poissons.
Pourquoi en dépit de l’existence de divers
procédés de substitution, le test de pois-
sons n’a-t-il pas été supprimé en 1997
déjà, et pourquoi a-t-il fallu développer
encore un autre test «alternatif», voilà qui
est incompréhensible. Alors que la base
légale est maintenant claire, le test de
poissons est toujours en usage partiel.
Protection SuiSSe deS AnimAux PSA14
L’avenir appartient aux méthodes sans recours aux animaux
Après addition d’une substance à tester, la croissance des cellules est analysée au microscope.
De nombreux exemples le montrent:
l’expérimentation animale ne pose pas
seulement un problème éthique, mais
conduit aussi à une impasse scientifique.
Les procédures évitant ces expériences
offrent au contraire une série d’avan-
tages sans concurrence. Si l’on voulait
échanger les rôles et exiger des expéri-
mentations animales qu’elles se mesu-
rent aux méthodes alternatives, aucun es-
sai sur animaux ne figurerait plus dans
les dispositions légales. Comme des études
comparatives n’ont cessé de le démontrer,
les expériences animales ne fournissent
pas de résultats reproductibles – contrai-
rement aux tests sans animaux – et ne
remplissent donc pas les critères d’une
reconnaissance de la part des autorités.
Malgré cela, elles sont toujours la règle,
comme, par exemple, dans le cas du test
de toxicité par l’influence de la lumière
solaire (phototoxicité). Parce qu’il n’y
avait pas de méthode uniforme reconnue
à cet effet, une expérience sur animaux a
été mise sur pied. Crèmes, lotions et autres
produits de soins corporels sont appliqués
sur la peau du dos rasé de lapins, cochons
d’Inde, rats ou souris. Puis les animaux
sont placés dans des tubes étroits pour
qu’ils ne puissent plus bouger et reçoi-
vent des rayons ultraviolets. A l’appui de
vagues observations des modifications de
la peau, des conclusions sont tirées au su-
jet de la toxicité. Cette technique inappro-
priée n’a jamais été mise à l’épreuve quant
à son efficacité, mais elle a trouvé sans
problème sa place dans les prescriptions
relatives aux essais. Et ce bien qu’existe,
preuve à l’appui, une meilleure méthode
sans expérience animale. Dans le test de
rouge 3T3, la substance est analysée dans
Grâce aux tests cellulaires automatisés, la toxicité de substances peut être analysée rapidement et de manière fiable.
15Protection SuiSSe deS AnimAux PSA
Les cellules sont cultivées dans l’étuve bactériologique.
Quelle est l’importance des systèmes in vitro par rapport à l’expérimentation animale?
Les systèmes in vitro bien mis au point
scientifiquement présentent toute
une série d’avantages imbattables en
comparaison des essais sur animaux.
Fiabilité:• des études au moyen de
cultures cellulaires et de tissus four-
nissent des résultats bien reproducti-
bles et manifestes, car il est possible
d’analyser par extraits isolés une in-
fluence toute spéciale ou une modifi-
cation spécifique alors que, dans l’ex-
périmentation animale, c’est l’ensem-
ble du processus qui est généralement
évalué, par ex. un empoisonnement ou
une atteinte. Ceci est surtout vrai pour
les études in vitro sur un matériau hu-
main, car le traitement (métabolisme)
d’une substance peut être très différent
entre l’animal et l’homme.
Sensibilité:• pour une part d’entre eux,
les systèmes in vitro réagissent net-
tement plus sensiblement aux effets
toxiques que l’animal vivant.
Coûts:• les études avec cultures cellu-
laires sont, une fois établies, nettement
moins onéreuses que les expériences
sur animaux.
Durée:• les analyses effectuées avec
des systèmes in vitro donnent des ré-
sultats au cours des heures qui suivent,
tandis que les études impliquant des
animaux peuvent durer des semaines,
des mois, voire des années.
Quantité:• les systèmes in vitro per-
mettent, en particulier dans les étu-
des toxicologiques, d’analyser parallè-
lement un grand nombre de produits
pharmaceutiques ou chimiques, alors
que les expérimentations animales
sont limitées sous cet angle.
des cultures cellulaires. Le nombre de cel-
lules mourant sous l’effet de la lumière
UV autorise des conclusions quant à la
toxicité. Cette technique donne des ré-
sultats très précis et reproductibles. Lors
de la validation de la méthode de culture
cellulaire, il s’est avéré que les résultats
des expérimentations animales étaient
si mauvais qu’ils ne pouvaient être pris
en compte pour une comparaison. Un
groupe de travail de l’OCDE a découvert
que les résultats d’essais sur animaux ne
concordaient que dans 40% des cas avec
les données connues chez l’homme.25 En
1991 déjà, l’OCDE a renoncé à harmoni-
ser cette expérimentation animale, vu les
Comparaison des coûts des expérimentations animales/méthodes in vitroTest de toxicité (exp. animale toxicologique) Coûts usuels (en CHF)
Exp. animale Test in vitro
Irritation oculaire 2100.– 1125.–
Effet corrosif sur la peau 2100.– 175.– à 975.–
Irritation oculaire sous influence de la lumière (phototoxicité) 11 800.– 1500.–
Atteinte au patrimoine génétique (mutation) 36 000.– 24 000.–
Atteinte au patrimoine génétique (échanges de chromatides sœurs) 26 500.– 9600.–
Atteinte au patrimoine génétique (synthèse DNS non planifiée) 38 500.– 13 200.–
Test pyrogène (substances provoquant la fièvre) 480.– 130.–
grandes faiblesses de ses tentatives. Fina-
lement, on est revenu aux données hu-
maines pour la comparaison dans la va-
lidation du test de rouge 3T3. Un dérou-
lement unique à ce jour dans la façon de
procéder à la validation.
Coûts et durée L’administration américaine EPA, en
charge de la protection de l’environne-
ment, et l’Institut national américain de
la santé (NIH) ont annoncé en 2008 qu’ils
voulaient tester à long terme des produits
chimiques et autres substances au moyen
de systèmes automatisés, sur une base de
cellules.26 Les expérimentations anima-
les étaient à leurs yeux non fiables, trop
onéreuses et trop longues. Ce qui prend
des semaines ou des mois dans les essais
sur animaux peut être réglé en l’espace de
quelques heures au moyen de tests auto-
matisés sur cellules. Des robots peuvent
analyser plusieurs milliers de substance
par jour. Ce qui serait tout simplement
impossible avec des expériences sur ani-
maux. Les deux administrations américai-
nes sont certaines qu’à l’avenir, les exa-
mens de toxicité seront uniquement faits
sans essais sur animaux.
Le tableau suivant donne une vue d’en-
semble des coûts usuels d’expérimen-
tations animales à des fins toxicologi-
ques, en comparaison des méthodes
in vitro correspondantes.27
Protection SuiSSe deS AnimAux PSA16
Vaccins
recherche fondamentale
Une fois sur le marché, les médicaments
ne peuvent plus faire l’objet de tests. Il
semble qu’il en aille autrement avec les
dénommés médicaments immunologi-
ques (IAM) tels que les vaccins et les sé-
rums immunologiques. En raison de fluc-
tuations naturelles dans le processus de
fabrication, chaque unité de production
(charge) doit être à nouveau soumise à un
essai. Des dispositions nationales et in-
ternationales fixent une série de critères
stricts pour l’examen de chaque charge.
Ainsi des expériences sur animaux doi-
vent être établies pour le contrôle de la pu-
reté, l’innocuité et l’efficacité des produits,
avant qu’une autorité étatique chargée du
contrôle donne le feu vert à la commer-
cialisation. Pour nombre d’IAM, des ani-
maux sont utilisés aux fins de contrôle de
la charge, mais aussi pour la fabrication.
Auparavant, des vaccins contre des ma-
ladies telles que la rage, la poliomyélite,
la maladie de Carré ou la peste porcine
étaient donc généralement fabriqués sur
l’animal. Aujourd’hui, la production de
vaccins a passé en majeure partie en mo-
dalité de cultures cellulaires. Pour certains
vaccins cependant, des œufs de poule in-
cubés sont employés, comme en particu-
lier dans la fabrication de divers vaccins
contre la grippe porcine en 2009.
Mais l’examen de l’efficacité dans les
contrôles de charge des vaccins est tou-
jours effectué en majeure partie sur des
animaux, qui en souffrent énormément.
Souris, cochons d’Inde ou hamsters re-
çoivent une injection du vaccin d’une
charge, une partie des animaux n’étant
pas vaccinée à titre de contrôle. Puis ils
sont infectés au moyen de l’agent patho-
gène en question afin d’établir si le vac-
cin est à même d’empêcher les symptômes
typiques de la maladie. La seule injection
de l’agent pathogène, qui intervient sou-
vent directement dans la cervelle, est une
torture. Les animaux déficients ou non
vaccinés subissent par ailleurs une mort
cruelle. Le test est critiqué même dans des
milieux spécialisés du fait de son impré-
cision.28
Il y a cependant des développements
positifs dans le contrôle des vaccins. C’est
ainsi que, par exemple, les tests ELISA,
qui permettent d’établir l’existence de cer-
taines protéines, ont été inscrits dans la
Pharmacopée européenne pour le contrôle
de vaccins contre le rouget du porc et le
tétanos.
Le terme «recherche fondamentale» re-
couvre des expériences et études desti-
nées à élargir les connaissances générales
en biologie et en médecine. Nombre d’ex-
périmentations animales dans le domaine
de la recherche fondamentale sont totale-
ment hors but et servent surtout les car-
rières de certains individus (voir chapitre
«Abandon des expériences animales dou-
teuses», p. 21). Mais il s’agit aussi, pour
une part, de la recherche sur des mala-
dies humaines et sur des approches thé-
rapeutiques. Comme à l’évidence les ani-
Un infarctus du myocarde est provoqué artificiellement chez un chien en bonne santé en posant une boucle sur une artère coronaire. En l’occurrence, les causes de l’infarctus chez un patient humain ne sont donc pas prises en considération.
maux de laboratoire ne souffrent généra-
lement pas de maladies humaines à étu-
dier, on se sert des dénommés «modèles
d’animaux». Ces termes signifient qu’il est
porté atteinte à un animal par voie chirur-
gicale, au plan toxique ou génétique, de
telle sorte qu’il manifeste les symptômes
de la maladie humaine. Pour déclencher
notamment des attaques épileptiques, des
rats ou des souris subissent des injections
toxiques ou des électrochocs. Dans le do-
maine de la recherche sur les attaques
cérébrales, des vaisseaux sanguins sont
ligaturés dans la cervelle de rats ou de
souris. A titre de «modèle» pour les ma-
ladies rhumatismales, un liquide irritant
est injecté dans les articulations des ge-
noux d’animaux afin d’y provoquer une
inflammation. Une boucle est posée sur
une artère coronaire de chien, qui peut
être serrée depuis l’extérieur pour pro-
voquer un infarctus du myocarde. Dans
la recherche contre le cancer, des souris
reçoivent une injection sous-cutanée de
cellules cancéreuses humaines. Souvent,
sont également utilisés des animaux gé-
nétiquement modifiés qui, par suite d’une
déficience naturelle ou d’un défaut géné-
tique créé intentionnellement, souffrent
de maladies comme le diabète, l’hyper-
tension, l’obésité ou le cancer.
Mais dans ce genre de recherche, des as-
pects essentiels de la maladie humaine sont
17Protection SuiSSe deS AnimAux PSA
méthodes d’enseignement sans expérimentation animale pour les études et la formationLes étudiants en biologie, en médecine
humaine et vétérinaire doivent exécuter,
dans de nombreuses universités et hautes
écoles, des expérimentations animales ou
des essais sur des animaux abattus. Dans
le stage pratique de physiologie, l’ensei-
gnement des processus vitaux naturels, les
essais classiques sur des grenouilles sont
toujours au premier plan. Depuis sa dé-
couverte en 1791, des générations d’étu-
diants dans le monde entier ont disséqué
des millions de grenouilles pour étudier
sur leurs muscles et nerfs les lois régissant
la physiologie. Même les dissections d’in-
sectes, vers de terre, escargots, poissons,
rats et autres animaux tués spécialement
à cette fin figurent au programme des étu-
des. D’un autre côté, il existe à l’heure ac-
tuelle plusieurs centaines de moyens di-
dactiques sans expérimentation animale.
Nombre d’universités misent déjà sur ces
innovations alors que d’autres s’entêtent
à poursuivre dans la voie de méthodes ar-
chaïques.
Des programmes informatiques inte-
ractifs permettent de reconstituer virtuel-
lement à l’écran les expériences classi-
ques sur grenouilles ainsi que de nom-
breux autres essais, voire des dissections.
La physiologie peut être apprise au moyen
d’expérimentations sans douleur sur son
propre corps. Par exemple, à l’aide d’une
procédure myographique, il est possible
de déterminer, au lieu de travailler à cet
effet sur un muscle de grenouille, les fais-
ceaux nerveux et musculaires sur le pouce
d’un étudiant. Des modèles d’opération en
plastique conviennent pour s’exercer à la
dextérité chirurgicale. Même pour appren-
dre l’anatomie des animaux, il n’est abso-
lument pas nécessaire d’en tuer spécia-
lement. Les animaux endormis pour des
raisons médicales ou trouvés morts peu-
vent très bien servir à cet effet. Lorsque de
tels animaux sont plastifiés, ils sont par
ailleurs conservables sans limite.
Un futur médecin apprend d’abord à
opérer en faisant des exercices sur un ca-
davre humain alors qu’un vétérinaire le
fait sur des animaux sans vie, décédés
naturellement ou endormis pour des rai-
sons médicales. A l’étape suivante, il as-
siste un chirurgien expérimenté jusqu’à ce
qu’il soit finalement en mesure de procé-
der lui-même aux opérations – d’abord
sous surveillance – sur le patient. C’est
la seule manière d’apprendre le métier de
chirurgien, et non pas en s’exerçant sur
des animaux de laboratoire.
Grâce aux simulations informatiques modernes, les fonctions de l’organe peuvent être présentées de façon claire.
totalement ignorés. La maladie de l’homme
est souvent un phénomène multifactoriel,
autrement dit, elle n’apparaît que par l’inte-
raction de nombreux facteurs physiques et
psychiques, sur une longue période. Il faut
citer à ce titre les effets de l’alimentation
et de l’environnement, une prédisposition
individuelle, le stress ainsi que des condi-
tions sociales les plus diverses. La maladie
humaine n’est donc nullement compara-
ble aux déficiences provoquées artificiel-
lement sur les animaux de laboratoire. En
conséquence, la recherche axée sur l’expé-
rimentation animale échoue dans la lutte
contre les maladies de civilisation actuel-
les que sont le cancer, les maladies car-
diaques et circulatoires, le diabète, le rhu-
matisme, etc.
La recherche des causes réelles des
maladies actuelles et les influences qu’il
faudrait exercer sur elles seraient donc
des éléments cruciaux, plutôt que de dé-
velopper sans cesse de nouveaux «modèles
d’animaux», d’ailleurs inutilisables (voir
chapitre «Pour une médecine éthiquement
défendable et axée sur l’homme» p. 18).
De surcroît, nombre de questions scien-
tifiques posées dans le cadre de la re-
cherche fondamentale peuvent être
étudiées grâce aux méthodes in vitro.
On citera simplement ici quelques
exemples:
Les cultures de cellules nerveuses permet-•
tent d’étudier la répartition de substances
neurotransmettrices du système nerveux
ainsi que leur influence pharmacologi-
que. Il est donc possible de rechercher des
médicaments dans le domaine de la ma-
ladie de Parkinson, de l’épilepsie et de la
recherche sur la douleur.
Il y a moyen d’étudier sur des cultures de •
cellules cancéreuses la propagation et la
croissance de tumeurs et de tester de nou-
veaux médicaments contre le cancer.
Les cultures cellulaires des divers types •
de cellules d’artères humaines peuvent
être utilisées dans la recherche sur l’arté-
riosclérose. Les artères sont fournies par
les transplantations de rein et de foie. En
conséquence, la cause et le traitement de
maladies des parois artérielles peuvent
faire l’objet de recherches par ce biais.
Les cellules de culture du muscle cardia-•
que conservent même en éprouvette leur
capacité à s’assembler. Les corrélations
physiologiques et l’efficacité de médica-
ments pour le cœur peuvent être testées
sur ces cellules.
Protection SuiSSe deS AnimAux PSA18
Pour une médecine éthiquement défendable et axée sur l’homme
recherche cliniqueUne grande partie des connaissances mé-
dicales actuelles se fondent sur la recher-
che clinique, qui est l’observation atten-
tive de personnes malades. Les études me-
nées sur des patients souffrant de trou-
bles du système immunitaire ont fourni
des informations-clés précieuses pour la
compréhension des réactions de défense
propres au corps. Les neuroscientifiques
portugais Antonio et Hanna Damasio ont
observé des patients présentant des at-
teintes au cerveau et ont mis en rapport
les modifications du comportement de ces
patients avec les parties endommagées de
cet organe.29 Ils ont fait des découvertes
importantes, notamment dans le domaine
des attaques cérébrales. Le couple de mé-
decins fait aujourd’hui partie des neuro-
logues les plus en vue au plan mondial.
Face à ce que font ces deux éminents neu-
rologues, il y a, par exemple, 25 substan-
ces tirées de la recherche impliquant des
expérimentations animales, qui réduisent
les atteintes dues aux attaques cérébrales
provoquées artificiellement sur des ani-
maux mais qui toutes, sans exception, se
révèlent inefficaces chez l’homme.30
Le développement de nombreux mé-
dicaments utiles s’appuie sur l’observa-
tion clinique. De cette façon, l’efficacité
du somnifère phénobarbital a été décou-
verte pour la thérapie de l’épilepsie, ainsi
que les substances tirées d’espèces de di-
gitale, soit la digoxine et la digitoxine,
pour le traitement de patients souffrant
de déficiences cardiaques. L’utilisation
de la chinidine tirée de l’écorce de l’ar-
bre à quinquina pour réguler les troubles
du rythme cardiaque s’est fondée sur l’ob-
servation du fait que la quinine, médi-
cament presque identique et utilisé pour
traiter la malaria, réduisait la fibrillation
chez un patient.
Bien d’autres découvertes décisives de
la médecine ne sont pas imputables aux
expériences sur animaux. Le stéthoscope
a été découvert en 1819 par le médecin
français René Laennec, après avoir roulé
une simple liasse de papier pour écouter le
bruit produit par la cage thoracique d’un
patient malade du cœur et des poumons.
Le chanteur d’opéra espagnol Patricio Ro-
driguez Garcia a été le premier à étudier
en 1855 l’anatomie du larynx humain, en
observant au moyen d’un miroir dentaire
le mouvement de son propre larynx alors
qu’il chantait. Il a reçu le titre de docteur
honoraire de l’Université de Königsberg
pour sa découverte du laryngoscope.31
Il existe aujourd’hui toute une sé-
rie d’appareils médicaux permettant une
recherche sûre et éthiquement défenda-
ble sur l’être humain. Appareils d’ana-
lyse sanguine, microscope électroni-
que, électrocardiographie (ECG), élec-
troencéphalographie (EEG), ultrasons, en-
doscopie, analyses ADN, etc. – toutes ces
techniques permettent des examens ap-
profondis de patients humains. Avec des
procédés modernes assistés par ordinateur
et fournissant une imagerie, comme la to-
mographie par résonance magnétique et
la tomographie par émission de positons,
des organes voire des fonctions d’un corps
vivant peuvent être présentés en trois di-
mensions. Même la mise en œuvre de sti-
muli nerveux dans le cerveau peut être
étudiée sans douleur sur des volontaires.
Ce mode de recherche fournit des données
pertinentes, qui peuvent réellement aider
des patients humains atteints notamment
de la maladie d’Alzheimer, du Parkinson
ou d’autres maladies neurologiques.
Par un procédé tomographique, des organes voire des fonctions de l’homme peuvent être présentés en trois dimensions.
19Protection SuiSSe deS AnimAux PSA
micro-dosage
epidemiologie
Le micro-dosage est une technique rela-
tivement nouvelle dans la recherche de
médicaments, où des volontaires se voient
administrer une dose extrêmement faible
d’un médicament potentiel. L’absorption,
la distribution, la métabolisation et l’éli-
mination de la substance sont mesurées
au moyen de techniques très sensibles.
Pour ce dénommé profil pharmacocy-
nétique d’un médicament, les méthodes
in vitro ne conviennent que sous certai-
nes conditions. Mais les expérimentations
animales effectuées normalement à cette
fin donnent tout aussi peu d’enseigne-
ments. Les diverses espèces animales et
les humains ont souvent un métabolisme
totalement différent. Par exemple, s’agis-
sant de l’aspirine, la demi-vie, autrement
dit la période durant laquelle la moitié
d’une dose est encore décelable dans le
sang, est de 20 à 24 heures chez l’homme.
Les chats ont besoin du double de cette
durée pour éliminer cette substance, de
sorte qu’en cas d’administration répétée,
le danger d’empoisonnement existe. Ad-
ministrer de l’aspirine à des chevaux est
vain, car chez cette espèce, elle est suppri-
mée et éliminée en une heure. Le micro-
dosage contourne ce problème et s’adresse
directement à l’être humain.
Un micro-dosage est si infime qu’il n’a
aucun effet pharmacologique sur le su-
jet de recherche. Il est défini comme le
centième de la dose considérée efficace
au plan thérapeutique ou, au maximum,
100 microgrammes; on choisira entre ces
deux options celle qui présente la dose la
plus infime.32 Par des analyses régulières
de sang et d’urine, le cheminement de la
substance à travers le corps est suivi. De-
puis quelques années seulement, il existe
des appareils de mesure suffisamment
sensibles pour déceler la présence d’infi-
mes quantités dans le corps. Si l’on jetait
un litre d’une substance à tester dans l’in-
tégralité des eaux des mers de la planète,
la spectrométrie de masse par accéléra-
teur (AMS) serait encore capable de détec-
ter cette substance.33 La preuve est pos-
sible par le marquage radioactif au C14,
la radioactivité étant si infime qu’elle ne
porte pas atteinte au sujet de recherche.
Pour des substances qui doivent produire
des effets dans le système nerveux cen-
tral, leur enrichissement peut se voir, no-
tamment dans le cerveau, au moyen de
la tomographie par émission de positons
(TEP).
Par épidémiologie, on entend les études
menées sur la population, autrement dit
les examens effectués sur des groupes de
personnes. De cette manière peuvent être
découvertes les corrélations entre certai-
nes maladies et le style de vie, ou les cir-
constances de vie de personnes, telles que
la nourriture, les habitudes et le travail.
L’épidémiologie s’est développée à partir
de l’observation de maladies infectieuses.
Au 19e siècle, on a pu identifier des si-
tuations intenables au plan hygiénique et
social comme étant les causes des foyers
épidémiques de l’époque. Sur la base des
résultats d’études épidémiologiques, des
mesures préventives ont été prises.
C’est ainsi qu’entre autre, le rapport
entre la fumée et le cancer a été découvert.
Dans les années 50, on doutait encore des
effets nocifs de la fumée, surtout au vu
des résultats des expérimentations anima-
les qui induisaient en erreur. L’évaluation
de 7000 études épidémiologiques dans le
«Surgeon General’s Report on Smoking
and Health» en 1964 ne laissa plus l’om-
bre d’un doute: fumer la cigarette provo-
que le cancer des poumons et la bronchite
chronique.34
Pendant des décennies, les proprié-
tés cancérigènes de l’amiante ont été
niées parce que les rats tolèrent nette-
ment mieux la substance que ne le font
les hommes. Il a été constaté dans une
étude que les humains sont quelque 300
fois plus sensibles à l’amiante que les rats.
Dans une autre étude, des rats ont dû res-
pirer une concentration cent fois plus éle-
vée d’amiante que les travailleurs expo-
sés à ce matériau pour contracter un can-
cer des poumons, voire une concentration
mille fois plus élevée pour développer un
cancer du péritoine et de la plèvre. Les
hamsters sont même plus insensibles en-
core à l’amiante.35 L’effet cancérigène de
l’amiante a été finalement découvert par
des études menées sur des travailleurs en
contact avec ce matériau.
Nos connaissances sur les voies de
transmission du VIH et sur les mesures
Ce sont des études menées sur la population qui ont révélé que l’apparition de maladies est fortement influencée par le mode de vie.
Protection SuiSSe deS AnimAux PSA20
protégeant du SIDA se fondent exclusive-
ment sur des études épidémiologiques.
L’étude épidémiologique certainement
la plus renommée et la plus ancienne est
l’Etude Framingham, dans le cadre de la-
quelle les habitants de la ville du même
nom au Massachusetts (USA) ont été ob-
servés depuis 1948 concernant leur état
cardio-vasculaire. Sur les 5209 citoyens
suivis initialement, la majorité d’entre
eux sont décédés dans l’intervalle, mais
l’étude a été poursuivie sur leurs enfants
et petits-enfants. Les données acquises
depuis plus de 60 ans maintenant ont
permis des découvertes révolutionnaires
concernant les facteurs de risque, l’appa-
rition, le développement et les conséquen-
ces de maladies cardio-vasculaires. Dans
les années 60 déjà, il était clair que la fu-
mée, un taux élevé de cholestérol, l’hy-
pertension, l’obésité, le manque de mou-
vement ainsi que des facteurs psychoso-
ciaux augmentaient le risque de maladies
cardio-vasculaires.36
Autopsies
Prévention
L’examen de personnes décédées permet
des conclusions sur l’apparition de ma-
ladies et sur les modifications subies de
ce fait par les organes. L’autopsie a été
de tout temps une source inestimable de
découvertes précieuses pour les scientifi-
ques. La pathologie, soit l’enseignement
tiré de l’apparition de maladies, a contri-
bué considérablement à la compréhension
de diverses d’entre elles, par ex. le diabète,
l’hépatite, l’appendicite, le typhus, l’in-
flammation chronique de l’intestin (coli-
tis ulcerosa), les insuffisances cardiaques
congénitales, l’hyperactivité de la glande
parathyroïdienne (hyperparathyroïdie).37
Les autopsies constituent un complément
important de la recherche clinique.
C’est une évolution dramatique que
de voir le nombre d’autopsies régresser
depuis des années.38 Les raisons en sont
d’ordre financier car, pour ce genre de re-
cherche, les fonds ne sont guère libérés; il
y a cependant aussi des facteurs sociaux
qui jouent leur rôle. En effet, bien que
l’examen de cadavres puisse sauver la vie
d’autres personnes, nombre de proches du
défunt rejettent l’autopsie, en particulier
pour les enfants.
Les principales causes de décès sont
aujourd’hui connues grâce aux études
épidémiologiques. La moitié des humains
du monde occidental meurent à l’heure
actuelle de maladies cardio-vasculaires
évitables, et un quart des suites d’un can-
cer. Plus des trois quarts des cancers sont
dus à la fumée, à une surconsommation
de viande et de graisse, aux polluants,
à l’alcool et à d’autres causes évitables.
Les facteurs de risque évitables des ma-
ladies cardio-vasculaires sont également
la fumée, l’alimentation riche en graisse
et l’alcool, hormis le stress, la surcharge
pondérale et le manque de mouvement.
Les trois quarts des Européens de
l’Ouest meurent de maladies dont les cau-
ses sont connues et évitables pour la plu-
part, et c’est là une preuve de l’incapa-
cité de la recherche par l’expérimentation
animale. Les mesures préventives pour-
raient sauver des millions de vies humai-
nes. Mais les fonds ne sont guère affectés
à cette fin. En lieu et place, l’argent du
contribuable est dilapidé pour rechercher
dans les gènes de souris les «causes» de ces
maladies de masse.
Un mode de vie plus sain permettrait d’éviter de nombreux cas de maladie.
21Protection SuiSSe deS AnimAux PSA
Celui qui croit que les expériences sur ani-
maux sont exclusivement pratiquées pour
développer de nouvelles thérapies pour des
malades est dans l’erreur totale. Nombre
de projets fondés sur l’expérimentation
animale, en particulier dans la recherche
fondamentale, n’ont même pas une pré-
tendue utilité pour la médecine. C’est gé-
néralement en vain que l’on en attend une
source de connaissances concrètes. La re-
cherche fondamentale, qui représente en
moyenne suisse 50% des expériences sur
animaux, se distingue nettement en cela
de la recherche appliquée. Il s’agit sou-
vent aussi d’empocher des fonds pour
la recherche, d’une pression exercée par
des chercheurs et, en premier lieu, d’une
question de publications. Plus longue est
en effet la liste des publications, plus les
fonds pour la recherche sont aisément ré-
coltés. La recherche devient alors un but
en soi. Ceux qui en subissent les souffran-
ces sont les animaux, mais nous aussi, les
contribuables qui finançons cette recher-
che douteuse effectuée au moyen d’expé-
rimentations animales très contraignan-
tes. Le Tribunal fédéral a stoppé en 2009
des expériences menées sur des singes à
l’Université de Zurich (ATF 135 II 405) et
avait signalé par là que, même dans le do-
maine de la recherche fondamentale, une
source de connaissances pouvait être at-
tendue sans qu’un résultat – pour autant
qu’il y en ait véritablement un – ne soit
disponible qu’au bout d’une chaîne d’ex-
périmentations animales supplémentai-
res; on peut espérer que les expériences
sur animaux, approuvées et exécutées
comme dans les exemples suivants, sont
désormais chose révolue:
A l’Université de Leipzig, il a été dé-•
couvert qu’une hibernation protège le
tissu nerveux des hamsters et peut no-
tamment prévenir la maladie d’Alzhei-
mer.39
A l’Institut fédéral de l’alimentation •
à Karslruhe, de la carotinoïde a été
mélangée au lait artificiel donné aux
veaux pour découvrir pourquoi les to-
mates et les melons étaient si bons pour
la santé humaine.40
Afin d’étudier les conséquences d’un •
traumatisme acoustique aigu sur l’oreille
interne de cochons d’Inde, l’Université
de Mainz a exposé les oreilles des ani-
maux au bruit de coups de fusils (156
+ - 4 Db). Puis les cochons d’Inde ont
été tués.41
A l’Institut de recherche sur les oiseaux •
à Wilhelmshaven, 22 goélands argentés
de la Mer du Nord ont été enfermés et
privés de nourriture pendant 22 jours.
Le but était de découvrir pendant com-
bien de temps les goélands pouvaient
jeûner.42
A Ulm, un groupe de chercheurs se pen-•
che depuis des années sur les effets de
la pesanteur sur le développement et le
biorythme de diverses espèces anima-
les. Dans ce cadre, un dispositif a été
construit, à l’aide duquel un scorpion
vivant peut être soumis des mois du-
rant à de longues mesures. L’animal est
fixé sur un plateau, sans pouvoir bou-
ger. Des électrodes sont placées sur les
yeux, les muscles des jambes, le cerveau
et le corps, qui mesurent constamment
les courants nerveux.43
A l’Institut de neurobiologie de l’EPF •
de Schwarzenbach, des recherches ont
été menées d’abord avec des souris et
des rats, puis avec des ouistitis (calli-
triches) dans des modèles de dépres-
sions causant de fortes contraintes. En
créant un isolement social chez les jeu-
nes animaux, ceux-ci ont fait des dé-
pressions: les bébés singes étaient sans
cesse retirés de leurs mères durant le
premier mois de leur vie et ils étaient
placés dans des cellules individuelles.
Les jeunes singes étaient morts de peur
à chaque séparation (en liberté dans la
nature, ce serait certainement la mort).
Des mois plus tard, les jeunes animaux
souffraient encore d’hypertension, de
modifications du comportement hor-
monal et de sévères troubles psychiques
agissant sur leur comportement. Le
Fonds national (FNS) a financé l’étude
par plus de 700 000 francs suisses.44
Dans 11 séries d’essais impliquant à •
chaque fois de nombreux singes, une
recherche portant sur le vertige est ef-
fectuée à la Clinique neurobiologique
pendant plus de dix ans, recherche qui
crée de fortes contraintes pour les ani-
maux. A cette occasion, un socle de ci-
ment est implanté dans le crâne, à tra-
vers lequel des sondes peuvent être in-
sérées de manière ciblée dans le cerveau
afin de mesurer les courants de celui-
ci. Après atteinte chirurgicale portée à
l’organe de l’équilibre dans l’oreille in-
terne des singes, ceux-ci sont spéciale-
ment sujets au vertige. Ils sont placés
dans une chambre noire sur une chaise
tournante qui pivote dans tous les sens.
Ce procédé cause chez les singes, en rai-
son du dommage subi par l’organe de
l’équilibre, les étourdissements les plus
violents et incontrôlables, de fortes nau-
sées et de pénibles sentiments de peur.
Les sondes mesurent les réactions dans
la zone du cerveau. Le Fonds national
(FNS) a financé l’étude par un montant
de près de 800’000 francs suisses. 44
De telles expérimentations animales aussi
douteuses peuvent être stoppées sans
dommage pour l’homme et l’animal car,
mis à part des coûts engendrés pour le
contribuable, elles n’apportent stricte-
ment rien!
Une multitude d’expériences suspec-
tes et insensées effectuées sur les animaux
sont documentées dans NewsTicker Tier-
versuche de la Protection Suisse des ani-
maux PSA (www.tierschutz.com/tierver
suche/index.html) et dans la banque de
données Internet (www.datenbank-tier
versuche.de).
Abandon des expérimentations animales douteuses
Protection SuiSSe deS AnimAux PSA22
Pourquoi encore des expériences sur animaux?
Réduction, substitution ou suppression?
Si les expérimentations animales donnent
d’aussi mauvais résultats et si les métho-
des in vitro sont bien meilleures, pourquoi
tant d’animaux doivent encore périr dans
des essais sur animaux?
Souvent, l’obstination crasse avec la-
quelle on se raccroche à l’expérimenta-
tion animale n’a aucun fondement scien-
tifique, mais se base essentiellement sur
la tradition, les directives internationales
(OCDE) et les législations. Il y a plus de
150 ans, le physiologue français Claude
Bernard (1813-1878) a joué un rôle décisif
à cet égard en faisant de ce genre d’expé-
riences la pierre angulaire de toute décou-
verte médicale et scientifique. Dans le sys-
tème scientifique, les maladies deviennent
des défauts techniques et les animaux des
instruments de mesure.
C’est d’ailleurs aussi la raison pour la-
quelle la qualité d’un chercheur n’est pas
mesurée au nombre de personnes qu’il a
aidées, mais à la quantité de ses publi-
cations spécialisées. Selon la devise «Pu-
blish or perish» (publier ou mourir), la
seule voie possible pour se profiler dans le
monde de la science est d’exhiber une lon-
gue liste de publications dans des revues
scientifiques renommées. Quant à la qua-
lité de celles-ci, elle est jugée à l’appui du
dénommé facteur d’impact; plus celui-ci
est élevé, plus la revue est lue, et meilleur
c’est pour la carrière. Les revues mettant
en exergue la recherche fondée sur l’ex-
périmentation animale ont les plus forts
facteurs d’impact. La recherche clinique et
sociologique est nettement moins en vue.
Le montant des fonds alloués à la recher-
che dépend de la liste des publications.
Ces fonds sont affectés à de nouvelles ex-
périences sur animaux qui, à leur tour, dé-
bouchent sur une nouvelle publication. Ce
système absurde se maintient lui-même et
engloutit des sommes faramineuses sous
forme de fonds de recherche, moyens de
tiers ou bourses, sans qu’il n’en résulte
quelque chose de pertinent ou d’applica-
ble pour des personnes malades.
Un autre problème réside dans la pro-
motion – qui manque de moyens finan-
ciers – de la recherche sans animaux de
laboratoire ainsi que dans les procédures
de validation qui n’en finissent pas, retar-
dant ou empêchant de la sorte l’utilisation
de méthodes in vitro.
Enfin, pour l’industrie pharmaceuti-
que, les expérimentations animales revê-
tent une fonction alibi. En effet, lorsqu’un
médicament commence à mal tourner, le
fabricant peut se référer aux études effec-
tuées sur des animaux, dans lesquelles les
effets secondaires ne sont pas apparus et,
par conséquent, il s’en lave les mains. De
nombreux essais sur animaux sont appré-
ciés aussi parce que grâce à eux, des résul-
tats peuvent être présentés, qui figurent
sur des listes de souhaits actualisables.
N’importe quel espèce animale et man-
dat d’expérimentation finiront bien par
donner les résultats souhaités – ne serait-
ce, au plus tard, qu’à l’aide d’un modèle
d’animal qui a fait l’objet d’une manipu-
lation génétique.
En 1959, le dénommé concept 3R a été
présenté par Russel et Burch. Les 3R si-
gnifient:
Replacement (remplacement):
l’expérimentation animale est rempla-
cée par une méthode sans recours aux
expériences sur animaux.
Reduction (réduction): au lieu de la
traditionnelle expérimentation ani-
male, une méthode est utilisée, qui di-
minue le nombre des expériences sur
animaux.
Refinement (réforme): mesures qui
réduisent les souffrances des animaux.
De meilleures conditions de détention
en font également partie.
Ce concept se fonde sur la reconnais-
sance du fait que l’expérimentation ani-
male est en principe une méthode perti-
nente. Mais un abandon de cette méthode
est malheureusement encore trop peu en-
visagé. Pour la Protection des Animaux
PSA, les R de Reduction et Refinement ne
sont donc acceptables qu’en tant qu’étape
intermédiaire, jusqu’au remplacement
(Replacement) d’une expérience sur ani-
maux. Car en tant que telle, celle-ci ne
fournit pas à la science et à la recher-
che la qualité requise sous l’angle de sa
valeur significative, telle qu’on peut l’at-
tendre aujourd’hui, qualité qu’il faudrait
pouvoir établir.
En réalité, il y a souvent lieu de rejeter
les expérimentations animales contrai-
gnantes et très contraignantes, non seule-
ment pour des raisons éthiques mais aussi
parce qu’il s’agit généralement d’une mé-
thode erronée qui, fréquemment, ne four-
nit guère de résultats transposables. L’as-
pect de la critique scientifique n’est pas
pris en compte comme il se doit dans la
philosophie 3R. Dans certains milieux
scientifiques, on parle également de «mé-
thodes alternatives» ou de «méthodes de
substitution ou complémentaires». Ces
formulations induisent elles aussi en er-
reur, car les méthodes scientifiques ne re-
présentent pas «seulement» un remplace-
ment mais aussi, à l’inverse des expérien-
ces sur animaux, une bonne science, d’un
haut niveau qualitatif.
23Protection SuiSSe deS AnimAux PSA
L’avenir est dans la recherche sans animaux de laboratoire La plupart des expérimentations anima-
les, en particulier celles qui sont contrai-
gnantes et très contraignantes pour les
animaux, sont dans une très large mesure
des méthodes d’essais sans valeur signi-
ficative et inutiles, des reliques de temps
révolus, qui ne devraient plus avoir leur
place au 21e siècle. Au lieu de s’en tenir
à des modèles d’expériences remontant
au 19e siècle, les techniques de recher-
che scientifique sans expériences sur ani-
maux et impliquant des études cliniques
sur l’homme ainsi que la prévention des
maladies doivent être intensifiées afin que
la médecine fasse davantage de progrès.
En dépit d’une aide financière dé-
ficiente, la recherche in vitro a réalisé
d’énormes progrès au cours des dernières
années. Nombre d’expérimentations ani-
males qui étaient considérées il y a peu
d’années encore comme absolument in-
contournables sont heureusement de l’his-
toire ancienne à l’heure actuelle. Ce qui
est encore inconcevable aujourd’hui peut
être la réalité de demain déjà. Le mouve-
ment de la protection des animaux a posé
la première pierre de l’édifice à construire
à cet effet. Sa pression exercée sans re-
lâche durant des décennies sur le monde
politique et scientifique a fait avancer
considérablement la recherche de métho-
des sans animaux de laboratoire. Chacun
d’entre nous peut contribuer à accélérer
encore cette évolution.
Que peut faire chacun d’entre nous?Informez-vous et informez autrui.
Ecrivez au Conseil fédéral, au Parlement et exigez l’aide financière et la reconnaissance accrues pour des procédures sans recours aux animaux ainsi qu’une interdiction légale des expérimen-tations animales qui sont douteuses, contraignantes et très contraignantes.
Soutenez notre travail en faveur d’une médecine et recherche modernes, sans expériences sur animaux. Vous trouverez de plus amples informations sur notre site Internet, sous la rubrique Expérimentations animales (www.protection-animaux.com).
Service spécialisé Expérimentations animales et génie génétique, Protection Suisse des Animaux PSA, Dr med. vet. Julika Fitzi-Rathgen, Dornacherstr. 101, 4008 Bâle, [email protected], www.protection-animaux.com
www.protection-animaux.com/experimentation•Cosmétiquesaveccœur;listedescommercesetdeslignesde produits cosmétiques sans expériences sur animaux ainsi que liste de produits cosmétiques fabriqués dans le respect des animaux•Expérimentationsanimalespourliquidesdevaisselle
Les informations suivantes sont disponibles uniquement en allemand: www.tierschutz.com/tierversuche•STSNewsTickerTierversuche•TierversuchsstatistikBundesamtfürVeterinärwesen(BVET)•BlicküberdieGrenzen:6.EU-Tierversuchsstatistik•TierversuchsstatistikdereuropäischenKommission•BerichtderEuropäischenKommissionzurStatistikder Tierversuche
www.protection-animaux.com/publications•FlyerPSA«Cosmétiquesaveccœur»•L’AMIDESANIMAUX–L’organeofficieldelaProtection Suisse des Animaux PSA, www.tierreport.ch•FlyerPSA«ForschungohneTierleid»(enallemend)
Autres liens•Altweb:CenterforAlternativestoanimalTesting, http://altweb.jhsph.edu•ÄrztegegenTierversuchee.V., www.aerzte-gegen-tierversuche.de•ÄrztinnenundÄrztefürTierschutzinderMedizin, www.aerztefuertierschutz.ch•AnimalfreeResearch,www.animalfree-research.org•ALTEX:Revuedesalternativesauxexpérimentations animales, www.altex.ch•OVF–Expérimentationsanimales, http://www.bvet.admin.ch/themen/tierschutz/00777/index. html?lang=fr•FondationRecherches3Rwww.forschung3r.ch
Informations PSA/contact expérimentations animales
Protection SuiSSe deS AnimAux PSA24Protection Suisse des Animaux PSA · Dornacherstrasse 101 · CH-4008 Bâle
tél. 061 365 99 99 · fax 061 365 99 90 · [email protected] · www.protection-animaux.com
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