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Supplément gratuit au journal le Courrier de lʼOuest du Jeudi 14 février

85 Angevinsdisent leur passion

pour leur ville

Mon ANGERSà moi

« J’aime Angers, croyez-le bien ! »Frédéric Béatse, maire d’Angers, aime le stade Jean-Bouin, le théâtre du Quai, mais aussi la Roseraie.

Quels sont vos lieux favoris à Angers ?

Ce sont des lieux dans lesquels j’ai vécudes moments forts, je pense bien entenduà Jean Bouin que je fréquente depuis tou-jours, mais également au Quai. Autant pourles spectacles que pour la vue incroyablesur les bords de Maine. J’aime aussi beau-coup le quartier de la Roseraie où mon en-gagement au service des Angevins s’estfaçonné et qui a connu une rénovation re-marquable autour de l’arrivée du tram-way… La liste serait donc longue, maisj’aime Angers, croyez-le bien !

Quel quartier habitez-vous et comment l’avez-vous choisi ?

J’habite le quartier LaFayette, après avoir longtemps vécu dansle secteur Eblé. C’est principalement pourdes raisons professionnelles que j’ai choisid’habiter près de la gare. Pratique aussipour ma famille qui peut se déplacer faci-lement sur toute la ville. C’est un quartieroù mes enfants grandissent et sont scola-risés et se plaisent beaucoup.Tous les quartiers d’Angers ont leurcharme, leur histoire, leur propre iden-tité. La Fayette a beaucoup évolué ces der-nières années. Ici, comme ailleurs dans laville, l’arrivée du tramway a transformél’espace public. Et puis, je vois se dévelop-per avec intérêt, dans le quartier, les réali-sations prévues dans le cadre de « Gare + »ou demain lorsque le commissariat quit-tera la Place La Fayette. C’est un lieu pleinde vie et de projets ! »

Qu’est ce qui manque à Angers pour êtreplus agréable à vivre ?

Angers est souvent classée pour la qualitéde la vie, c’est un signe que nous avons uncadre de vie très privilégié que je souhaitemaintenir à tout prix ! Je pense que plu-sieurs grands projets que nous conduisonssont de nature à améliorer la vie de tous lesAngevins, comme La Cité (au Doyenné)pour les associations, ou bien notre futurespace aqualudique, sur les Hauts deSaint-Aubin, très attendu par les familles.On peut évoquer la seconde ligne de tram-way, nécessaire elle aussi. Je suis égale-ment très désireux de voir la mise enœuvre de notre grand projet de ville : la re-conquête des rives de la Maine. Tous cesprojets dépendront bien sûr de la situationéconomique qui guidera nos choix :chaque euro dépensé doit servir à créer del’emploi et je sais que les Angevins sont at-tentifs à l’utilisation des deniers publics ! »

Ils sont commerçants, artistes, sportifs,militants associatifs, enseignants…Femmes et hommes, à la fois acteurs et

spectateurs de leur ville. Angers, ils l’aimentet ils en parlent chaque dimanche dans lescolonnes du Courrier de l’Ouest. Leur An-gers à eux, c’est notre Angers à nous.Ces témoins privilégiés se trouvent au-jourd’hui réunis dans ces quelques pages.Ils décrivent des lieux et des ambiances,des souvenirs, des images et à travers cesévocations, ils se racontent eux-mêmes. Ilsnous racontent aussi une ville dont ils nousfont apparaître toutes les richesses.Car si Angers est riche de son patrimoine,elle l’est surtout de ces « gens d’ici » ouvenus d’ailleurs, qui ont choisi d’y vivre etd’y déployer leur énergie. Ce rendez-voushebdomadaire dans nos colonnes leurrend hommage.Les mots que ces Angevins posent sur laville nous aident à ne pas nous en lasser. Ilsnous incitent à rester éveillés, les yeuxgrands ouverts sur notre environnement.

Et ce qui frappe à la lecture de leurs témoi-gnages, c’est une grande sérénité. Angersest un « refuge », « une douceur », « uneville qui apaise ». Un peu « endormie », re-grettent certains ; « elle se réveille » répon-dent d’autres qui soulignent combien sa vieculturelle est intense.Cet état d’esprit et cet art de vivre suppo-sent que le plus grand nombre en soitconscient. À chacun d’œuvrer pour les pré-server. La Journée de la participation (1)nous offre l’occasion de réfléchir à notrecadre de vie, de nous exprimer et de nousinvestir.Bonne lecture et bonnes balades à traversla ville.

La rédaction du Courrier de l’Ouest

(1) : La journée de la participation citoyennese déroulera le samedi 16 février, de 9 h 30à 18 h, au centre des congrès d’Angers. Ellesera l’occasion de découvrir l’engagementdes habitants dans la ville autour desgrands projets mais aussi de la solidarité,des quartiers ou encore de la santé.

Leur Angers à eux

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Propos recueillis par :Anne-Marie d’ARGENTRÉ, Philippe BARRÉ, Arnaud BOTREL, Vincent BOUCAULT, Lucile CANTET, Émilie CHASSEVANT,Jean-Philippe COLOMBET, Baptiste CROCHET, Cécile DUBOIS, Isoline FONTAINE, Coralie GANIVET, Bertrand GUYOMAR,Marie HÉRAULT, Benjamin JULIENNE, Mélanie LE BELLER, Thibaut LENGAIGNE, Marie-Jeanne LE ROUX, Fanny LIGNEAU,Jean-Yves LIGNEL, Emeline MARTINEAU, Jean-François MATER, Didier PAILLAT, Anthony PASCO, Mireille PUAU,Christophe RICCI, Sébastien ROCHARD, Philippe RUBION.Photographes :François BAGLIN - Antonio BOZZARDI - Josselin CLAIR - Laurent COMBET - Michel DURIGNEUX - Jérôme HURTSEL -Vincent MICHEL - Yolande MIGNOT - Coralie PILARD - Jean-Marie PORCHER.

Frédéric Béatse, maire d’Angers : “Tous les quartiers d’Angers ont leur charme, leur histoire, leur propre identité.”

« Angers, c’est mamaison ! »Ramzi Aburedwan, fondateur de l’association Al Kamandjâti, se sent bien dans la ville où il a appris la musique.

vin, et maintenant je peux dire que cetteville, c’est ma maison. J’éprouve le mêmesentiment quand je viens à Angers etquand je retourne à Ramallah. Quand jesuis à Angers, Ramallah ne me manquepas, et l’inverse est vrai aussi. C’est vrai-ment la même chose pour moi.J’ai vu la ville évoluer avec les années, sur-tout avec le tramway qui la rend encoreplus agréable, je trouve. Mon regret, c’estqu’elle soit un peu renfermée sur elle-même, contrairement à d’autres villes

commeNantes par exemple, ou Paris biensûr. Le jumelage avec Bamako, c’est trèsbien,mais la ville devrait s’ouvrir aumondeentier, elle en tirerait une vraie richesse. Jene sens pas qu’il y ait un véritable objectifdans ce domaine, les gens se contententd’intégrer ce qui existe déjà.Mon espoir, c’est que je viens de rencon-trer le maire de la ville, et qu’il m’a parutrès ouvert. Pour parler de mon expé-rience personnelle, j’ai fait environ 300connaissances, ici, à Angers, au travers Al

Kamandjâti. Parmi ces Angevins, environ10 % d’entre eux sont venus avec moi enPalestine et se sont impliquée dans l’asso-ciation. Il y a donc une dynamique qui s’estcréée à travers ces contacts et cet espritd’ouverture.Il faut s’ouvrir à d’autres pays, d’autres ré-gions dumonde. La vie internationale, c’estimportant, et je ne fais pas depolitique en disant ça.

Je suis arrivé pour la pre-mière fois à Angers en1998, en provenance di-recte de Palestine. Je suis

venu ici pour faire mes études musicales,au sein du conservatoire. Quelque tempsauparavant, Richard Lowry, directeur duconservatoire, était venu jouer en Pales-tine avec des musiciens classiques. Il avaitla possibilité de proposer à des jeunes Pa-lestiniens de venir étudier à Angers.J’ai été choisi avec un ami, parmi 21 candi-dats. A l’époque, j’avais un apprentissage li-mité de la musique. Il n’y avait pas deviolon alto à Ramallah, et encoremoins deprofesseur de contrebasse pour mon ca-marade. Nous étions tous deux très moti-vés en arrivant ici.Cette ville, pour moi, ça a été le choc, dansle bon sens du terme. Quand j’allais pren-dre mes cours au Conservatoire, toutm’impressionnait : la taille de l’établisse-ment, tous ces enfants qui venaient avecleur instrument, je n’avais jamais vu cela enPalestine.

« Tombé amoureuxde cette ville »J’avais 18 ans quand je suis arrivé, et je suissorti du conservatoire d’Angers avec un di-plôme d’études musicales en alto. Au dé-part, j’habitais à La Pointe-Bouchemaine,ensuite place Romain, et d’autres apparte-ments encore dans la ville. Chaque été, jeretournais voir ma famille en Palestine. Jecrois que je peux dire que je suis tombéamoureux de la ville d’Angers.Je suis quelqu’un de curieux, et d’enthou-siaste aussi. Mon apprentissage du françaiss’est fait avec les gens d’ici, ça nem’a jamaisdérangé qu’on me corrige, et c’est la ren-contre avec les autres qui m’a toujoursmotivé au départ pour faire les choses. Aubout de 3-4 ans, j’étais parfaitement ange-

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« Cette ville, pour moi, ça a été le choc, dans le bon sens du terme… Tout m’impressionnait… »

Marion BlanchardAncienne nageuse« Je connaissais très peu la ville avantd’y vivre. Je suis originaire de laRoche-sur-Yon. Mais j’ai tout de suiteeu une très bonne impression. C’estune ville à taille humaine. Autant direquemon environnement a changé. Jen’étais pas habituée à vivre au milieude maisons à colombages, de ruecommerçantes, de places piétonnes,de marchés… La ville est chargéed’histoire. C’est même apaisant. Celane veut pas dire que je n’apprécie pasnon plus les monuments récents. Jetrouve par exemple le théâtre LeQuaimagnifique. »

Gérard BosséPsychosociologue« Angers est une ville entre-deux. C’estça la douceur angevine : ni trop petiteni trop grande ; ni trop chaude ni tropfroid ; entre la ville et la campagne.Mais parfois, elle peut être unpeu ambiguë et risque de manquerd’ambition, d’aspérité. Moi, je vis à Re-culée, mais par intermittence. J’ai faitbeaucoup de missions en Afrique etaux Antilles. J’éprouve toujours lemême plaisir de rentrer. Quand j’ar-rive à la gare, j’ai commeunpetit rituel.Je traverse le centre-ville. Ce n’est pasexplicable mais je suis content de re-trouver ma ville. »

Malik BoussaadResponsable du Boléro« Au début des années 1980, mes pa-rents ont déménagé dans les tours, enface de l’Arboretum. Il n’y avait pas derond-point, mais juste un grand carre-four. Il y avait des accidents tout letemps… En l’espace de 15-20 ans, lemi-lieude lanuit apasmal changé. J’ai l’im-pressionqu’il y amoinsd’endroits festifset que les gens sortent différemment.Globalement, je trouveque lavilleestdeplus en plus agréable. Les aménage-mentsencentre-ville sontune réussite.On ne se souvient pratiquement plus àquoi ressemblait laplaceduRalliement,avant les travaux… »

Nicole BureauGroupe pédestre angevin« Après avoir obtenu mon diplômed’infirmière à Poitiers, Je suis arrivéeà Angers en 1961. Jeme souviens avoirtout de suite trouvé la ville jolie etsympa. J’aime beaucoup cette pierreblanche qu’est le tuffeau. Une villeblanche, donc, mais aussi très verte.En pleine ville on a quand même leJardin des Plantes et même le Jardindu Mail. Près de chez moi, j’ai égale-ment le Parc du Pin qui est très agréa-ble. Je le traverse pour me rendre aumarché de la place La Fayette. Pro-duits frais, fruits et légumes… jen’achète qu’aux cultivateurs d’ici. »

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Alphonse KonatéPercussionniste malien« Mon premier voyage à Angers, je l’aifait dans le cadre d’un échange sco-laire, en 1999. J’étais stupéfait par lesmonuments de la ville. Nous avionsfait une de nos premières prome-nades près du château. Et je me suisposé la question : « Comment leshommes ont-ils pu monter tout ça ? »Ce grand château et ses piliers im-menses, et puis la cathédrale ! Je suiscatholique pratiquant, et je n’avais ja-mais vu d’édifice de cette taille… Puisje suis revenu. C’est à ce moment-làque j’ai vraiment découvert la ville. Lecampus mais aussi le centre-ville. »

Christian BeziauDirige le Lac deMaine« Parmi les 20 premières villes deFrance, c’est la seule à disposer d’un es-pace naturel de 220 hectares aussiproche du centre. Plusieurs endroitssont végétalement à bout de souffle. Ona lancé une campagne sur dix ans pourremplacer les arbres crevés. Quand onnettoie et qu’on ouvre un nouveau sec-teur, les gens s’y engouffrent aussitôt etfinissent par l’user irrémédiablement.La ville a beaucoup évolué. Quand jesuis arrivé ici, elle n’était pas propre.Sous Jean Monnier, beaucoup de mo-numents ont été remis en valeur. Laville s’est embellie. »

Michaël JuretClub de hockey« La ville ne se réduit pas pour moi àsa patinoire et à mes bureaux. J’aigrandi à La Roseraie. C’est un plaisird’en voir l’évolution actuelle. J’y pos-sède des attaches professionnelles,tout comme à Monplaisir. Je me repré-sente Angers comme une force tran-quille. A titre personnel, j’adoreraisvoir les voies sur berge recouvertes.En tant que chef d’entreprise possé-dant des locaux sur le tracé du tram-way, je me posais pas mal de questionssur les gênes occasionnées. Au final, jeme rends compte que cela a permis debien aérer les rues concernées. »

Bart KiewietEx-président de l’OCVV(1)

« Je suis arrivé à Angers le 7 janvier1997. Je m’en souviendrai toujours caril avait beaucoup neigé. Tout le mondem’a dit : c’est exceptionnel, anormal, vula douceur angevine. Culturellement,il y a beaucoup d’offres. Moi qui aimel’opéra, je trouve que le programmed’Angers-Nantes Opéra est très cor-rect. Je vais souvent au cinéma.Cependant, c’est une ville très provin-ciale. Vue des Pays-Bas, Angers est uneville peu connue, à part dans les mi-lieux horticoles. C’est une ville très at-tirante, avec de très beaux parcs. »(1) Office communautaire des variétés végétales

« C’est une ville à la campagne »Laurent Petit, pâtissier, a fait de sa boutique de la rue Saint-Aubin une adresse incontournable.

Le plus souvent possible, je pars à pied dechez moi et je vais courir au parc Saint-Nicolas. Le dimanche, c’est un peu l’auto-route des joggeurs ! Le grand intérêt d’An-gers, c’est que la ville a su conserver desespaces verts, elle mérite bien sa réputa-tion de ville du végétal. Quel que soit l’en-droit où ils habitent, les Angevins onttoujours un parc à proximité de chez eux :le parc Saint-Nicolas, le parc de Pigne-rolles, le parc du Hutreau… L’été, on prendles vélos et on file sur l’île Saint-Aubin.

C’est une grande bouffée d’oxygène. Deloin, on aperçoit les immeubles de Mon-plaisir et pourtant il n’y a aucun bruit : An-gers, c’est une ville à la campagne ! On peutdire aussi que l’arrivée du tram a embellila ville. Je regrette juste que la Place du Ral-liement soit si froide. Il n’y a pas de fleurs,c’est dommage, alors que Place Sainte-Croix par exemple, on a de belles potées,des lauriers.Dans mon quartier rue Saint-Aubin, tout lemonde se connaît. On prend des nouvelles

de la famille, des enfants. Au début, quandje me suis installé, je trouvais que les An-gevins avaient une carapace. Ils me sem-blaient froids, assez méfiants. Après, quandon les connaît, ils sont charmants. À Angers,ma femme et moi nous avons trouvé unbon équilibre. Un quartier animé de cen-tre-ville avec une boutique où l’on reçoitle public, et quand on est cheznous à la maison, des mo-ments paisibles en famillepour profiter des enfants.

J’ai démarré mon appren-tissage à 15 ans et demi àAngers, à la pâtisserie lePetit Lord qui était située

dans le haut de la rue Saint-Aubin. Des an-nées plus tard, j’ai fait le grand pas enm’installant à mon compte dans la mêmerue, mais tout en bas. J’ai repris une pâtis-serie qui est sans doute la plus vieille d’An-gers, puisqu’elle existait déjà en 1880. Dèsmon installation, j’ai choisi de changer l’en-seigne, la Pâtisserie Nantaise, pour celle dePâtisserie Laurent Petit. C’est courant au-jourd’hui, mais à l’époque, cela ne se faisaitpas beaucoup de personnaliser.Ma famille est originaire de Chalonnes-sur-Loire, et celle de mon épouse de laPossonnière : seule la Loire nous séparait !C’est un grand bonheur que ma femmeCorinne travaille avec moi. C’est elle quivalide tous les produits. Nous sommesconnus pour avoir une pâtisserie très co-lorée. C’est elle qui a travaillé sur cette idéed’avoir une palette multicolore avec diffé-rents glaçages agréables à l’œil.

« Tout ce qu’il faut commecommerces de proximité »Ce que j’aime à Angers, c’est sa tranquillité,c’est vraiment une caractéristique de laville. J’habite le quartier Verneau Capucins,on a eu la chance de trouver facilementune maison avec un jardin. Nous avonstout ce qu’il faut comme commerces deproximité… Le voisinage est charmant, j’aibeaucoup de plaisir à discuter avec lesgens de mon quartier. Mon voisin Georges,qui travaillait au service des espaces vertsde la ville, me donne des conseils de jardi-nage. Grâce à lui, j’ai planté plein d’arbres !Dans mon jardin exposé au Sud, j’ai desoliviers, des lauriers roses, des phœnix etchamérops. Pour le plaisir, j’ai aussi un toutpetit potager

« Au début, je trouvais que les Angevins avaient une carapace. Ils me semblaient froids, assez méfiants. ».

« Son passé est riche et prestigieux »François-Régis Bataille, directeur de l’institut de cancérologie, aime l’Histoire et le grand vin. Ici, il est gâté.

seur d’histologie. Son laboratoire à la fa-culté de médecine donne sur la rueHaute-de-Reculée. Ce nom me troublait.D’après ce que j’ai pu retrouver dans lesbouquins, c’est lié au fait que les bergesde la Maine ont dû être remontées pouréviter l’accostage des drakkars qui re-montaient la Loire à cette époque !Les temps étaient durs pour les Carolin-giens (VIII-Xe siècles) : ils devaient luttercontre les invasions des Vikings et desBretons… L’histoire se reflète bien sûrdans les quartiers. Je pense à celui de laCité, au pied du château, qui s’étendjusqu’à la cathédrale, avec sa magnifiquemontée. J’ai découvert aussi, pas plus tardque cet été, le musée David-d’Angers, rueToussaint. J’ai été sidéré par la beauté decette galerie. J’ai repéré notamment la re-production d’un panneau qui existe à Bé-ziers. Il représente la scène d’une œuvre

d’Aristophane, un poète comique grec duVe siècle av. J.-C.. Elle montre le philo-sophe Socrates, dont il se moquait, perdudans ses pensées. Mais j’imagine que lesvisiteurs sont davantage attirés par la ré-plique de la statue monumentale de JeanBart, installée à Dunkerque.Mon travail m’offre très peu de temps libre.Ma vie sociale n’est donc pas forcémenttrès riche. Il y a un endroit où j’aime biendéjeuner. C’est au restaurant « Ma cam-pagne », sur les bords de la Maine, près del’hôpital. Les gérants sont charmants et lavue sur la Maine permet de décompresserfacilement. J’imagine les drakkars remon-ter la rivière. Il faut dire que les bateaux quinaviguent leur ressemblent beaucoup.Cette ville est globalement très attractivepar son charme et sa qualité de vie. Lapoussée démographique dans cette régionn’est d’ailleurs pas un hasard. J’espère au

passage qu’on aura assez d’argent pourcontinuer à bien soigner tous ces gens ! J’aifait une autre grande découverte enAnjou : celle du chenin. Je suis devenu fan.C’est un cépage exceptionnel. J’ai un faibleévidemment pour le savennières. Mes en-fants m’ont offert récemment une bou-teille de Nicolas Joly, un adepte de labiodynamie. Son vin est fabuleux.C’est le reproche que je pourrais faire auxAngevins. Ils se plaignent souvent parexemple de l’arrogance des Nantais. Maisfont-ils tout ce qu’il faut pour actionner euxaussi les leviers qui leur permettraient dese distinguer, comme l’histoire dont ils onthérité ou la qualité des vins de leur terroir ?J’en doute. Est-il normal de devoir venir àAngers pour apprendre qu’ilexiste ici des vins blancs parmiles meilleurs au monde ?

Depuis la fusion de l’ex-Centre Paul-Papin avec lecentre de lutte contre lecancer de Nantes, en fé-

vrier 2011, je suis devenu un Nanto-Angevin. Je partage mon temps entre cesdeux très belles villes. Je sens bien qu’ilpersiste entre elles une rivalité. La peurque l’une puisse l’emporter sur l’autre,quel que soit le domaine. Ça peut générerun climat délétère. C’est d’autant plusdommage que les élus locaux sont eux trèsfavorables aux projets communs. À chaquefois que c’est possible, il faut réunir lesmoyens plutôt que d’affaiblir les deuxcamps, distants seulement de 80 km.Au niveau de la cancérologie, on peut êtrefier d’avoir participé à cette démarche.Comme me semble cohérente et perti-nente, désormais, la vision de projets àl’échelle métropolitaine, associant Angers,Nantes et Rennes.

« J’imagine les drakkarsremonter la Maine »Je m’intéresse beaucoup à l’histoire et, à cetitre, Angers n’a rien à envier à ses voisines.Son passé, au moins jusqu’à la Renais-sance, est riche et prestigieux. Moi qui suisanglophile, je connais évidemment la dy-nastie des Plantagenêts sur le bout desdoigts. Je viens aussi de lire une biographiesur le duc Arthur Wellesley de Wellington.J’y ai appris qu’il avait fait son éducationpendant deux ans à Angers, à partir de1886, dans l’ancienne école royale d’équi-tation qui avait une renommée au moinseuropéenne.C’est un personnage important : il a quandmême protégé les Français des velléitésprussiennes lors du Traité de Vienne. J’aitendance à observer mon environnementsous l’angle de l’histoire. Un autre exem-ple : j’ai un copain au CHU qui est profes-

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« Je m’intéresse beaucoup à l’histoire et, à ce titre, Angers n’a rien à envier à ses voisines. Son passé est riche et prestigieux. »

Claude ChevalierDirecteur de collèges« Ce qui m’a frappé à mon arrivée etme frappe toujours, c’est la tranquil-lité. Les nouvelles familles qui vien-nent s’installer me le disent aussi. Levégétal très présent contribue à cetapaisement. Les places, les jardins pu-blics, les lieux de spectacle sont, à mesyeux, autant de lieux de quiétude. Jecite volontiers l’exemple de la place dela Paix, située dans La Doutre. Elle esten pleine ville, mais on n’y entendaucun bruit. Quelle quiétude ! Ici, lesgens se voient. Ils ne se croisent pascomme des zombies. La qualité de viefavorise ces rencontres. »

Gérard DezaireLes Amis du Petit Anjou« Angers, je ne l’ai pas choisi. J’y aigrandi, j’y ai fait mes études, j’y ai tra-vaillé, j’y passe ma retraite. C’est unedes villes les plus agréables que jeconnaisse. Elle n’est pas trop grande.C’est un petit monde à l’échelle hu-maine et on y trouve l’essentiel : la qua-lité de vie dans sa simplicité sans lesartifices des grandes villes. Comme jesuis très attaché au patrimoine, je suissensible aux monuments historiquesde la ville. Un endroit qui me plaîtbeaucoup c’est la place Saint-Éloi. Lemusée des Beaux-Arts et la tour Saint-Aubin offrent un cadre magnifique. »

Didier DupuyRestaurateur« Je suis né dans une caravane, placede la Rochefoucauld. C’est peut-êtrepour ça que je suis attaché à ce lieu.J’aime la place quand elle est animéependant la Foire Saint-Martin. C’est unlieu de fête. Je me suis sédentarisé en2000 et j’ai ouvert plusieurs restau-rants. Aujourd’hui, je cours quatre foispar semaine, à Pignerolle, au Lac deMaine, et au moins deux fois à l’étangSaint-Nicolas. C’est un lieu d’exception.Ce site est quasi en centre-ville. C’estun endroit que j’affectionne. À l’autom-ne, on a l’impression d’être au Canada.L’été, c’est le sud de la France. »

Jilali HamhamEcrivain« J’ai grandi rue Raoul-Ponchon, àcheval entre le quartier Verneau, long-temps surnommé « Chicago », et la ruedes Petites Pannes, ce qu’on appelaitla « cité bourgeoise ». C’était un lieufraternel, avec beaucoup de diversitémais pas de différences. Je garde unsouvenir très précis d’une des placescentrales de Verneau, avec un mur oùétait dessiné un but de football. Lestags ont peu à peu remplacé le dessindu but, dont un très célèbre quiconcernait Lebreton, le super-flic del’époque. J’ai un rapport charnel avecAngers, c’est un tatouage indélébile. »

« L’histoire humaine me fascine »Jean-Pierre Benoît, spécialiste des « nanomédicaments », et chercheur est aussi un passionné d’Histoire.

toire mais aussi sa gastronomie car on ymange extrêmement bien. Paradoxale-ment, il y a très peu de plats typiques, hor-mis peut-être le beurre blanc, les rillaudsou le crémet d’anjou. Ma cantine, c’est lerestaurant universitaire de Saint-Serge quiest d’ailleurs très correct. J’emmène ausside temps en temps des invités au Relais,près de la gare, ou à l’Auberge Belle Rive,au bord de laMaine. Avecmon épouse, ons’est offert les deux restaurants étoilés :Une île et Favre d’Anne.Si je devais habiter dans un autre quartierque le mien, je choisirais sans doute LaDoutre. C’est un lieu à la fois chargé d’his-toire et aéré, situé pour ne rien gâcher prèsdu CHU où je travaille. Je suis attiré par lesvieilles pierres alors que je me suis faitconstruire paradoxalement une maisonmoderne avenue René-Gasnier… Je mesuis baladé récemment un soir dans la

Cité. J’avais rendez-vous dans les salonsDonadieu. Il faisait un temps de cochon. Jen’ai croisé personne dans les ruelles.C’était presque inquiétant ! Je ne pensaispas qu’il pouvait régner un tel calme enplein centre-ville.On peut considérer Angers comme uneville moderne sur le plan du développe-ment durable. Ici, on en parle et on le fait.Il suffit d’observer l’aménagement des es-paces verts ou encore les efforts en ma-tière de tri des déchets.En terme d’enseignement supérieur, ellen’a pas non plus à rougir avec 33 000 étu-diants, des équipements et des outils mo-dernes. J’ai quandmêmeun regret : quandon creuse dans le sous-sol avant de dé-marrer une construction, on tombepresque à chaque fois sur des trésors ar-chéologiques. Angers est une des placesfortes du Grand Ouest dans ce domaine.

Je suis depuis toujours unpassionné d’histoire. Avantde débarquer par hasardà Angers en octobre 1988,

je ne connaissais de cette ville que sonchâteau. Je l’avais visité quand j’étais en-fant, avec mes parents. Il m’avait ébloui.Dans chacune demes lettres au pèreNoël,je demandais en effet un château fort. Enjouet, il y a généralement quatre tours. Là,d’un seul coup, j’en avais 17 sous les yeux !J’avais été interloqué.C’est un double symbole. Dans le labora-toire que je dirige, on essaie en effet d’ame-ner des molécules médicamenteusesdirectement sur la tumeur cancéreusemalgré les barrières à traverser. Comme lesremparts d’une forteresse… Je suis né auMans mais j’ai passé les neuf dixièmes dema vie dans la région ligérienne, de Toursà Angers en passant par Orléans, à l’excep-tion d’une parenthèse de sept ans dans lacapitale. Ce sont des villes très nuancées,tout en demi-teinte, sans excès. Cette at-mosphère se ressent dans le caractère deshabitants : ils sont diplomates, ronds, leschoses se font avec eux dans l’harmonieplus que dans l’opposition.

« Le tempérament localmanque d’audace »Sur le plan professionnel, ce n’est pas sansposer problème. J’ai parfois envie de fairebouger les choses. Le tempérament localmanque un peu d’audace, de prise derisque. Les Angevins n’aiment pas se faireremarquer. C’est l’une des explications dudéficit d’image dont souffre notre terri-toire. Ça me chagrine car même si Angersintra-muros reste une petite ville, elle pos-sède de nombreux atouts quimériteraientd’être mis davantage en valeur.Je ne rate jamais l’occasion de la faireconnaître à l’extérieur, à travers son his-

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« On peut considérer Angers comme une ville moderne sur le plan du développement durable. Ici, on en parle et on le fait. »

Catherine LesseurConservatrice retraitée« Je suis arrivée à Angers en 1975. Dèsles premières expositions, on a com-pris que le public angevin répondaitprésent. La première chose qui m’asauté aux yeux en arrivant à Angers, cesont les camélias et les magnolias enville. Ensuite j’ai découvert qu’ici toutest proche de tout. J’ai toujours vécudans la ville. Elle est suffisammentgrande pour y rester anonyme, maison y croise presque toujours des gensque l’on connaît. Au premier abord, onpeut trouver que la population d’ici estmoins chaleureuse que dans le sud,mais elle y gagne en sensibilité. »

Bruno LetellierUrbaniste« J’ai un rapport très fort avec cetteville car je suis angevin et que j’habitele centre-ville depuis 38 ans. La villeelle-même, son ambiance, le fait quece soit une ville moyenne… Tout çaparticipe, je crois, à un espace urbainde grande qualité. La place Imbach,celle où j’habite, est de mon point devue représentative des quartiers quisont tout à fait conviviaux. Malheureu-sement, le patrimoine industriel a qua-siment disparu. Angers était une villefortement industrielle au XIXe siècle, ily avait beaucoupd’usines.Maintenant,il n’y en a plus une seule. »

Daniel MartinaProfesseur« D’emblée, la ville nous a énormé-ment plu. Avec son caractère apaisé etsa vie culturelle intense, elle nous cor-respondait. Quand on aime l’opéra, ladanse et le cinéma, on ne peut rêvermieux. Avoir une telle qualité et unetelle proximité, c’est exceptionnel. Etpour nous, c’est vital ; j’ai rapidementprismes habitudes au cinéma Les 400Coups. Même pendantmes années deprésidence à l’Université, j’y allais ré-gulièrement. Je vais y aller plus souventdésormais. Angers est une ville d’équi-libre. À taille humaine, c’est un lieucommun de le dire, mais c’est si vrai. »

Louis MathieuLe cinéma parlant« Nous sommesdes privilégiés. L’offreculturelle proposée est très diversifiéeet d’un haut niveau. Il y en a pour tousles goûts : le cinéma,mais aussi le théâ-tre, lamusique ou encore la danse. Ona ainsi la chance d’avoir une offre cul-turelle comparable à celle d’une trèsgrande ville. Pour le cinéma, jeme sou-viens de la visite du réalisateur Ber-trandTavernier qui disait aux jeunes enparlant des 400 coups : « Est-ce quevous vous rendez compte qu’il y a dansle monde des continents entiers quin’ont pas la possibilité d’avoir une sallecomme celle-là ? »

C’est vraiment dommage qu’il n’y ait pasde musée consacré à ces découvertes,comme Le Mans a su le faire. On en re-vient toujours à ça : la peur sans doute defaire le mauvais choix, même si la périodedifficile que nous vivons, je le concède,nécessite de faire des arbitrages. On le voitdès qu’un projet ambitieux est lancé : çafreine aussitôt des quatre fers pour éviterqu’il se réalise.Au collège, je rêvais de devenir archéo-logue. Mais je me suis rendu compte queje n’étais pas assez littéraire. J’ai fini parmediriger par hasard vers des études depharmacie. Il existe finalement un pointcommun entre ces deux activités : le tra-vail de recherche. L’une est tournée versle passé, l’autre vers des appli-cations futures. Dans un sensou dans l’autre, l’histoire hu-maine me fascine.

« C’est une terre de surprises »Clodine Bonnet de l’association Porte-plume, estime que la ville regorge de surprises, à condition de les chercher.

la place du Ralliement en est un contre-exemple. Minérale, sans âme… il manquede la verdure. Les seules couleurs sontcelles du tram.Mais je ne perçois pas Angers qu’au seulprisme de son patrimoine végétal. Celapasse par les lieux de lecture. J’apprécie labibliothèque Jean-Vilar, avec laquelle jepossède des liens particuliers, car elle hé-berge l’association Porte-Plume.Je m’efforce de toujours approfondir la dé-couverte de la ville. Pour cela, quoi de

mieux que les nombreuses sorties, gra-tuites ou peu chères, qui y sont organisées,comme l’Art à deux pas, ou les visites desparcs et jardins ? On peut aussi se prome-ner soi-même. Je sélectionne les endroitsdans lesquels je me sens bien et je veuxêtre surprise.Comme avec le Quai, par exemple. Malgrésa stature imposante, on peut s’en empa-rer, car il y a de la vie en son sein. Je necompte plus les innombrables ruelles etimpasses de la Doutre. Boulevard Desca-

zeaux, j’ai même repéré un garage qui estaménagé dans un ancien théâtre.On y voit les voitures au rez-de chaussée…et juste au-dessus, les balcons du théâtre.Quel contraste ! Non loin de l’avenue Pas-teur se trouve ce que j’appelle le quartierdes Lutins, dans lequel on trouve plein demosaïques sur les maisons. On y trouve dedrôles et de jolies façades. À condition quel’on se donne la peine de cher-cher, Angers est vraiment uneterre de surprises.

J’éprouve une tendressepour le château. Quand jesuis arrivée à Angers, monappartement, situé dans la

Doutre, donnait directement sur ce mo-nument. De l’extérieur, on dirait une for-teresse impénétrable. Mais il s’y passetoujours quelque chose. Il y a plein dechoses et de gens à connaître : la tapisse-rie de l’Apocalypse, le Logis royal, desfleurs foisonnantes… et le personnel, queje connais à force de visites ! Si je m’yrends moins souvent qu’à une époque, j’yreste très attachée. C’est un lieu de calmedans le bouillonnement de la ville. J’aibeaucoup écrit sur le château, j’y ai beau-coup pris de photos…Habitant désormais dans le quartier de lagare, je suis plus éloignée du château… etplus proche du parc de l’Arboretum. J’y re-trouve le même calme qu’au château, no-tamment dans le côté zen imprimé parl’eau et la serre du jardin des Cinq Sens.Cela me donne aussi des idées pour orga-niser des ateliers d’écriture.

« Les endroits dans lesquelsje veux être surprise »De saison en saison, les jardiniers inno-vent : là encore, on trouve constammentdes surprises. Je m’y sens mieux qu’au jar-din des Plantes, à plus petite échelle. Sansdénigrer ce dernier, bien au contraire, c’estencore mieux à l’Arboretum ! C’est commese sentir dans son propre jardin.Juste à côté de chez moi, j’adore me res-sourcer au parc du Pin. Quand j’ai besoinde m’évader, besoin d’une récréation aumilieu de mes écritures, je vais à ce parc, etje regarde les enfants jouer. Des fois, je mesurprends même à écrire. La coupure avecl’écriture n’est alors pas si nette…Si la ville n’était pas aussi verte et aussibelle, je n’y serais jamais restée, même si

Mon Angers à moi... 7

« Dans le parc de l’Arboretum, je retrouve le même calme qu’au château, notamment dans la serre du jardin des Cinq Sens. »

Jean-Michel MonnierProfesseur enœnologie« Cette ville, j’ai appris à la connaîtredans deux quartiers populaires : Belle-Beille puis Monplaisir, où mon pèreétait directeur d’un foyer de jeunestravailleurs. J’avais 11 ans quand il a étéélu maire. Le week-end, un de sesplaisirs était d’aller voir l’évolution deschantiers qu’il avait lancés. C’est ainsique j’ai vu se construire le quartier dulac de Maine… Je me rappelle de la vi-site de Mme Mendès France venue dé-voiler le buste de son mari sur la placequi porte son nom. Je ne sais pas si jevois la ville à travers ce prisme, mais jeressens une certaine fierté. »

Vincent MorilleCommerçant« Quand je suis arrivé dans la Doutre,j’avais 19 ans. J’étais commerçant dansl’âme, mais j’avais un métier de com-merçant de rue. Je me trouve en adé-quation parfaite avec mon quotidien,proche de mes clients. La Doutre, c’està part à Angers. Quand tu habites ici,tout le monde est piéton. Une famille asouvent deux voitures. Les familles icin’en ont qu’une seule. Les gens viventdifféremment. Les adultes sont à trot-tinette pour aller au travail ! Les enfantsfont les courses avec le porte-monnaiedes parents, ils vont à l’école seuls.C’est une toute autre qualité de vie. »

StéphaneMoulinEntraîneur du SCO« Quand j’ai démarré ma carrière defootballeur, on s’entraînait au stade Ber-tin. Maintenant, on y vient qu’occasion-nellement. Moi, je continue de m’ybalader en famille. J’adore ce cadre.C’est un lieu totalement atypique, trèsressourçant, propice au bien-être.J’aime passer du temps à Angers. Sur-tout dans le centre. Cette ville a un côtécharmant. Je pense aux abords du Quaiou à la place Sainte-Croix avec la maisond’Adam. Ma seule réserve, c’est la placedu Ralliement. Contrairement au reste,elle manque de verdure et de couleur.Elle est un peu trop bétonnée. »

Jo PintureArtiste peintre« Je connais tous les tours et détours dela ville. L’ultra-centre d’Angers est toutpetit, on fait tout à pied. C’est un village,j’y connais tout le monde, tout lemonde m’y connaît. Il y a encore despetits coins secrets, insoupçonnés. J’aihabité derrière le théâtre du Rallie-ment, tout en haut. De nos fenêtres, onvoyait les zincs sur les toits des immeu-bles, on avait l’impression d’être à Paris.Ma fille adorait regarder les artistes ré-péter dans les escaliers de secours duthéâtre. Avec la neige, l’hiver, on avaitl’impression d’être dans le film « Le roiet l’oiseau ». J’adorais cette vue. »

« Jeme sens ici chez moi »Gonzalo Fuentes-Ogaz, d’origine chilienne, est le bassiste du groupe Lemon Queen. Il s’est établi, ici, en 1995.

d’un pays où la culture est dévastée, je voisque dans une petite ville, il existe unestructure déjà si importante et si sérieusequi soutient le rock, tous les styles émer-gents, alternatifs, la chanson française, lejazz… C’est pour moi l’une des plus bellessalles de musiques actuelles en France.Depuis, j’ai eu la chance d’y jouer plusieursfois.Trois groupes ont marqué, à l’heure ac-tuelle, ma vie professionnelle : Alafia (mu-sique franco-malgache) avec qui je suisresté quatre ans. Trafmen, formation depop rock d’Angers que j’ai montée avec unpartenaire : Lancelot. C’est un très beauprojet qui a duré deux ans. Et LemonQueen (électro pop rock) ; nous sommes

quatre, tous Angevins.En décembre 2010, on a postulé au parrai-nage du Chabada et on a été pris. On rou-lait sur une départementale et, du faitd’être parrainé, on se retrouve sur une au-toroute, on trace la route super vite. Jevoyage donc quand je jouemais je suis trèscontent de rentrer à Angers car je m’y res-source. J’aime beaucoup le centre-villeavec ses bars et ses restos, on y a vécu dixans dans un appartement avec ma com-pagne. Or, nous avons deux chats et je vou-lais absolument qu’ils se sentent libresdans un jardin. On habite aujourd’hui unemaison du XVIe dans la Doutre, et on esttrès contents. Dans cette ville, il y a unesorte de magie, quelque chose qui sort du

commun. Je suis passionné par cette ré-gion. C’est une histoire d’amour vraiment.Il y a une sensation de bien-être à habiterici. J’ai des images d’Angers : j’y vois lapierre, l’histoire et la jeunesse. Il y a lepassé et le futur qui se rencontrent.Angers c’est aussi pourmoi le respect de laculture et des arts. On le ressent tous lesjours à travers cette extraordinaire propo-sition culturelle que nous avons et lesstructures qui existent sur place, les asso-ciations qui font beaucoup… C’est bond’être artiste dans une ville commeAngers.Après, il y a des problèmes commepartout,il ne faut pas se voiler la face.Mais on est quand mêmesuper privilégiés.

Quand j’ai vu la Loire, j’aihalluciné. Je suis tombéamoureux de cette ma-gnifique région. Je l’ai dé-

couverte lorsque je suis arrivé en 1994 àSaumur, où vivaient les parents de monex-copine. Elle a repris des études à la facde Belle-Beille et, en septembre 1995, ons’est installé à Angers dans la rue Florent-Cornilleau pas très loin de la prison. Toutde suite, le châteaum’a impressionné et j’aitrouvé le centre-ville d’une grande beauté.Je dis toujours à mes potes, quand on ha-bite à Angers, on a l’impression d’être tou-jours en vacances !

« Le respect de la cultureet des arts »J’ai d’abord fait des petits boulots à droiteà gauche, puis un poste de professeur demusique s’est libéré à l’école PhilippeMajede Saumur. J’y suis resté deux ans. C’est là,qu’en 1998, j’ai décidé de me consacreruniquement à la musique : je suis devenumusicien professionnel. J’ai fait une pre-mière formation de trois mois, suivie d’unstage au Chabada ; j’avais besoin d’une in-troduction, de connaître l’histoire de l’artet de la culture en France, la structurationdu secteur, comment ça fonctionne. Et làj’ai halluciné de voir comment tout étaitstructuré sur ce plan-là : c’est fabuleux. J’aipassé, de mon côté, les 25 premières an-nées de ma vie à Santiago du Chili dansune dictature, celle de Pinochet, très mé-prisante. J’avais 22 ans quand elle a cessé.Et c’est en arrivant en France que j’ai réa-lisé la gravité de ce qui s’était passé.Au Chabada, j’ai effectué un stage d’unmois et demi dans la section administra-tion et comptabilité. J’ai été accueilli par ledirecteur administratif François Jonquet,j’ai découvert une personne extraordinairequi m’a beaucoup appris. Moi qui arrive

Mon Angers à moi... 8

« Pour un étranger qui vient de loin, je me sens ici chez moi. Après, j’aime les voyages mais je suis Angevin dans mon cœur. »

Michel RaclinUrbaniste« La Doutre figure parmi mes pre-miers souvenirs. Mes parents y habi-taient. J’ai aussi en tête le quartier deFrémur, où je suis né et où se trou-vaient mes grands-parents. Un quar-tier que j’aimais beaucoup. On allaitaux mûres dans les petits chemins. LaRoseraie n’existait pas encore. Je croisque ma passion pour les transportsurbains remonte à cette époque. Plustard, le fait d’avoir travaillé à l’Agenced’urbanismed’Angersm’a appris à voirrespirer la ville, Aujourd’hui, je suisconvaincu que les rives de la Mainedoivent devenir piétonnes. »

Steve SavidanAncien footballeur« Avec le tramway, Angers est entrédans une nouvelle ère. Je l’ai bien vu àValenciennes. Cette ville était mori-bonde. Elle est devenue colorée. Ilsuffit d’observer déjà les transforma-tions à la Roseraie. C’est devenu unquartier bobo. De nouvelles famillesviennent s’y installer parce que les lo-gements y sont moins chers que dansle centre. Il y adix ans, ellesne l’auraientmêmepas imaginé. J’aime lesmarchés,en particulier celui de La Fayette. Laplace du Ralliement manque à mongoût de volumes. Elle ressemble à uneimmense pierre tombale. »

Pierre-Yves SouriceGérant de Jo Bithume« Angers a quelque chose de spécial.Ony revient toujours.Moi qui ai pasmalvoyagé, j’ai toujours été heureux de re-venir. C’est une ville-aimant. On y estresté longtempsavec lesThugs (grouperock des années 90 dans lequel il étaitbassiste, N.D.L.R.). Ce que j’aime à An-gers, c’est qu’elle a su évoluer. Il y a eudu travail de fait, et pas seulement encentre-ville mais aussi dans les quar-tiers. L’arrivéedu tramwayadésenclavécertaines zones.Mais il faut avouer quel’offre culturelle est très bonne. On ledoit pourbeaucoupau travail des asso-ciations de quartier. »

Antony TaillefaitProfesseur de droit« Bien quema vie professionnellem’aitamenéà travaillerailleurs, j’habite icide-puis26ans !Pourmoi, c’estunevillepai-sible où on a envie que ses enfantsgrandissent. En disant cela, j’ai bienconscience de donner un point de vuede privilégié car cette ville n’est sûre-ment pas paisible quand on est touchépar la pauvreté. On voit les effets de lacrise sur les campus : on y croise desgensdeplusenplus jeunesqui vivent làet se réfugient sous lesmarches. Ils sontd’ailleurs bien accueillis par les étu-diants qui n’hésitent pas à les aider. »

« Cette ville est mon refuge »Michel Galloyer célèbre boulanger-pâtissier savoure la douceur angevine, dans une vie frénétique.

si elle avait été plus importante, je m’y se-raismoins plu. Ce que j’aime surtout beau-coup à Angers, c’est le quartier de la gare,là où je suis arrivé après avoir vendu LeTrianon rue Lenepveu. Dans les quartiersde la gare, il y a tout. Il y a de bonnes bou-langeries, les fleuristes, les charcuteries,les boucheries, les bistrots, les bonnesbrasseries… C’est aussi l’endroit, où, quandon sort, le TGV est à deux secondes. Il nenous manque rien ici. Pour moi, c’est lequartier numéro un d’Angers. Je suis donctrès content d’obliger les étrangers à venirici. Je leur fais beaucoup découvrir la ville.Je vais d’ailleurs recevoir mes partenaireschinois ici et les emmener voir le châteaudeBrissac et celui d’Angers parce que poureux, c’est ce qui est important. J’aimed’ailleurs beaucoup le château d’Angerscar il est symbolique de la ville avec lestapisseries notamment.

J’aime aussi beaucoup le quartier de laDoutre parce que, comme je ne le connaispas beaucoup, j’y découvre toujours denouvelles choses. Et puis il faut dire que laDoutre, avec le Quai, ça c’est arrangé, c’estmieux qu’avant. Mais j’aime me promenerpartout. Quand j’ai du temps pour moi,j’aime aller à Bouchemaine, à la Pointe.C’est la finition d’Angers finalement. Après,j’aime aussi beaucoup aller sur la vallée dela Loire car c’est naturellement beau. Maisj’ai très peu de temps libre pour ça, je tra-vaille beaucoup. Ilme faudrait huit jours aulieu de sept. Entre le train, la voiture etl’avion, je fais 80000 kilomètres par an. Ducoup, Angers est un refuge. Tout part tou-jours d’Angers, mes partenaires financierssont ici, et j’aime y revenir. C’est une villequi me ressource et où je me sens bien.C’est une ville douce à vivre. Ce n’est pasforcément une qualité,mais ce n’est pas un

Je suis arrivé de l’Orne enseptembre 1976. J’ai crééLe Trianon cette mêmeannée, une pâtisserie très

connue jusqu’en 2007 quand j’ai vendu.Dans le même temps, j’ai lancé les Gre-niers à Pain en 1998. Le premier était àBoulogne-Billancourt, le second à Paris etle troisième ici, à Angers gare. Je suis arrivéà Angers comme ça, au hasard. Je neconnaissais pas du tout et puis j’ai eu lachance de créer cette boîte, Le Trianon, quiest devenue un must de la ville, l’endroitoù les Angevins allaient. C’est grâce à An-gers que je me suis posé et c’est certaine-ment la ville que je connais le mieuxaujourd’hui. C’est là où j’ai passé le plusclair demon temps, où j’ai faitmes rencon-tres, où médiatiquement j’ai été connu etoù j’ai développémes affaires. Car le siègedes Greniers à Pain se trouve à Angers,bien que ce soit un gros groupe qui ras-semble une trentaine de boulangeries.J’oblige donc les étrangers à venir à Angerset non à Paris. Tout ça parce qu’Angers estma ville, que je la connais bien et que j’yconnais aussi beaucoup demonde.

« La douceur angevinen’est pas unmythe »Angers est pour moi une ville qui repré-sente le calme. La douceur angevine n’estpas un mythe. Ce n’est pas forcément cequ’on aime le mieux mais je trouve quec’est une ville reposante. Ce n’est pas uneville qui est envahie par l’industrie, ce quin’est pas une bonne chose pour tousmaisc’est comme ça.C’est aussi une ville qui va vite, une ville quicircule bien. Elle est imposante puisquec’est la 16e ville de France mais la périphé-rie est petite du fait qu’il n’y ait pas beau-coup de grosses industries. C’est une villeà taille humaine en somme. Peut-être que

Mon Angers à moi... 9

« Le nom Michel Galloyer, parmi d’autres évidemment, fait un peu partie de la culture angevine. »

défaut. Jeme suis habitué à ce rythme. An-gers, c’estma ville d’adoption, la ville où j’aitout eu finalement,même la Légion d’hon-neur. C’est donc une ville qui m’a toutdonné. J’ai été longtemps rue Lenepveu,c’est une rue que j’aime beaucoup pour yavoir lancéma première affaire. Je dis tou-jours que si je devais me réinstaller, ça se-rait là-bas. Je crois que l’on s’habitue à unerue où l’on a grandi.Le tramway, alors qu’au départ je n’enétais pas partisan, a rendu la ville plusbelle. On aime ou on n’aime pasmais c’estplus beau qu’avant. Il y a plus d’espacesverts donc c’est un peu mieux. Ce que jetrouve demoins beau qu’avant par contre,c’est la rue d’Alsace. Je trouve qu’elle estplus triste maintenant. C’estpareil pour la place du Rallie-ment. Elle est un peu tristou-nette mais ça va s’arranger.

Jacky AiraudCoiffeur« Quand je suis arrivé en 1978, j’ai re-marqué la dimension humaine de laville. L’architecture aussi, on sent qu’il yauncontextehistorique. Etpuis l’activitécommerciale, l’activité tout court : c’estune ville où ça bouge. Autre point im-portant : la proximité de Paris. Profes-sionnellement, c’était facile pour sedéplacer, rencontrer les fournisseurs,suivre également des formations.Aujourd’hui, je trouve que tout lecontexte duQuai est très agréable avec,en face, le châteauet la cathédrale.Onadeux symboles qui sont forts, deuxépoques qui sont signées. »

Ch. BarbieuxLes Vitrines d’Angers« Je suis arrivé à Angers en août 1976,à l’âge de 16 ans et demi, avecmes pa-rents et mes six frères et sœurs (unhuitième allait naître ici). D’emblée, j’aiété frappé par le château et ses tours.Quand on apprend ensuite qu’ellesavaient été rabotées des deux tiers, onse dit que ce devait être très impres-sionnant. On a beaucoup critiqué lepassage du tramway dans le centre,mais mon beau-père m’a fait remar-quer que l’ancien tram y passait aussi,autrefois. Il faut s’habituer aux poteauxd’alimentation électrique, mais ça neme choque pas plus que ça. »

Daniel BesnehardLe Nouveau Théâtre« Je ne garde pas de choc de la décou-verte d’Angers. C’est une ville qui neprovoque pas de sursaut, mais quivous prend calmement. Une réalitéqui a sans doute à voir avec la fameusemais assez juste douceur angevine,une modération finalement assezagréable car, du point de vue de l’ar-tiste, elle permet de garder une libertéprofonde vis-à-vis des tutelles poli-tiques. C’est un peu dur, mais je diraisqu’Angers est une ville à la neutralitébrillante : elle ne déçoit pas, car ellen’étonne pas. Et puis, il y a un diamant,une perle : les 400 Coups ! »

Joël BlandinEx-président de la CCI« Cette ville, je lui dois tout : ma nais-sance dans le centre-ville, mes étudesaux Arts et Métiers et Claudette, mafemme. C’est une ville harmonieuse,équilibrée. Les parcs ont rythmé mavie. Le jardin du Mail, c’était le tempsde mon enfance avec ces petits ba-teaux qu’on faisait naviguer sur le bas-sin. A l’adolescence, quand j’habitaisavenue Patton, c’était le parc de la Ga-renne. On y jouait aux cow-boys. En-suite, ce fut le jardin des Plantes où j’aiéchangémes premiers baisers. Adulte,on est davantage attiré par les jardinsbotaniques, comme l’Arboretum. »

« LaDoutre… J’aime son côté village »Philippe Gohard a intégré Jo Bithume en 1996. Il est l’un des coauteurs de la création « FarWest 2037 ».

droit, c’est le cabernet, une petite tartinede rillettes, le soleil. Concernant Jo Bi-thume, j’y suis rentré en 1996 : la compa-gnie avait besoin d’unmusicien arrangeur.J’ai fait la dernière année d’« Oceano Sata-nas » avant de collaborer, de 1997 à 2000,au spectacle « HelloMister Jo ». J’ai intégréla fanfare quand elle a été créée : j’y ai jouéde 1999 à 2001. Il y a eu ensuite la créationdu « Songe », où j’étais à la foismusicien etcomédien, puis « Victor Frankenstein ».Quand j’ai rencontré la compagnie, ce quim’a plu, c’est le fait de pouvoir évoluer àl’extérieur : mon grand-père travaillait surles lignes haute tension et, quand j’étaisgamin, il m’emmenait dehors avec lui, on

était souvent partis. Socialement, c’estaussi une aventure collective très forte : surles spectacles, on se retrouve à 15, 20 per-sonnes et tout le mondemet à la main à lapâte. Il n’y a pas de cloisonnement entremusiciens, techniciens et comédiens, çaforme un tout.Au sein de Jo Bithume, je bosse aussi de-puis plusieurs années avec une trapéziste :nous formons le duo Traz. Depuis 2007, jem’occupais également de l’orchestreéphémère, qui faisait l’ouverture et la fer-meture des Accroche-cœurs à Angers.Aujourd’hui, je prépare quelque chosepour moi : mon propre CD. Angers, je neme verrais pas vivre ailleurs, même si tout

dépend des opportunités ; je pourrai par-tir, bien sûr, pour une expérience profes-sionnelle.J’ai eu l’occasion de vivre aussi à Toulousemais j’apprécie, ici, la taille de la ville. LeMaine-et-Loire, par ailleurs, est un des dé-partements où il y a le plus de cours d’eau,et il y a beaucoup d’endroits à la campagneautour d’Angers. La Loire, laMaine, la placede la Paix dans La Doutre, le jardin desPlantes, le parc de la Garenne… sont tousdifférents,mais tous beaux. J’espère, enfin,que la ville d’Angers ne nouslaissera pas tomber, la compa-gnie connaît encore actuelle-ment des difficultés.

J’ai grandi rue Garnierdans La Doutre. C’est unendroit tranquille, assezcalme. La passion de la

musique m’est venue vers 14-15 ans ; jesuis parti en camp d’ados dans les Alpes :là-bas je suis tombé sur un disque de soul-musique regroupant des créations d’ar-tistes nord-américains des années 60.Quand je suis rentré chez moi, je l’aiacheté, ainsi que toute la musique qui dé-coulait de ça : le rythm’n blues et le blues.Dans ma chambre, j’avais un piano à moi-tié désaccordé, j’ai cherché à voir com-ment ça se goupillait. Je prenais des courschez un petit bonhomme, rue du Haras,on a fini par se faire des bœufs tous lesdeux. Je m’étais aussi monté une batterie,et j’ai appris tout seul.Je suis rentré en seconde au lycée Joa-chim-du-Bellay en arts plastiques Ça neme convenait pas, alors j’ai arrêté. J’ai faitdes petits boulots, avant de commencer àjouer avec des copains. Dans les années80, on amonté un groupe EmmaZita, aveclequel on a tourné en France et pasmal enSuisse. Par la suite, j’ai joué aussi avec LesOccidentaux ; avec Jean-Phi Vergneau, di-recteur technique auQuai, on a égalementfait deux CD. C’est par son intermédiaireque j’ai connu la compagnie Jo Bithume.

« C’est une aventurecollective très forte »Aujourd’hui, j’habite toujours dans LaDoutre. Il y a là plus un côté village queville. J’en ai pour cinq minutes à me ren-dre dans le centre-ville Avec mon vélo,j’aime emprunter les petits chemins. Encinq minutes, je suis également sur l’îleSaint-Aubin.Depuis que les quais ont été aménagés, onpeut y aller en vélo très rapidement. Ce quime plaît ? Le café sur l’île, le bac… Cet en-

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« Avec mon vélo, j’aime emprunter les petits chemins. En cinq minutes, je suis également sur l’île Saint-Aubin. ».

Claudine ThomasBâtonnier« C’est une ville où l’on respire. Il y a del’air, de la lumière, de l’eau…Lesmonu-ments sont exceptionnels : j’ai emmenédes dizaines d’amis visiter le château.Mais la ville est aussi tournée vers l’ave-nir : je trouve le théâtre du Quai trèsréussi. La gare estmagnifique ! J’en suismême fière quand je vais y accueillirquelqu’un. En revanche, je n’aime pasdu tout la nouvelleplaceduRalliement.Elle est grise, ce qui est un comblepourune capitale du végétal. L’exception,c’est lebâtimentdesGaleries Lafayette :Il est extraordinaire. Depuis mon en-fance, la coupoleme fascine. »

Nicolas VaidieAnimateur de NRJ Angers« Dèsmon arrivée à Angers, j’ai tout desuite trouvé cette ville agréable. Il fautdire qu’en tant qu’animateur radio, onest directement en contact avec les ac-teurs de la vie locale. Donc on est trèsvite intégré. Mon boulot c’est d’être auservice des gens. Et ça peut prendredes formes différentes. On promeutdes événements étudiants notammentNotre flashmobplace du Ralliement aattiré près de 2 500personnes. J’en rê-vais. Il y avait quelque chose d’abouti.Comme quoi, il y a moyen de fédérerles gens. Ils ne pourraient être que cu-rieux mais ils s’impliquent vraiment. »

SophieWeygandConservatrice« J’ai passé ici une grande partie demon enfance et de mon adolescence.Après mes études à Rennes, je suisrevenue. Très vite, j’ai décidé de m’ins-taller dans le quartier de La Doutre, oùje vis encore. Il est très animé, jour etnuit et offre un cadre de vie très agréa-ble. Il garde un côté populaire, uneconvivialité très forte : les gens separlentet se connaissent. Cequime frappechezles Angevins, c’est leur côté « mezzo-tanno » : ils n’aiment pas trop l’excentri-cité… Mais cela ne m’étonne pas, c’estunepetite ville deprovince, très conser-vatrice, même si elle l’est moins. »

Jacky BlossierRestaurateur« Quand je suis arrivé de Sarrignépour reprendre les Caves du Rallie-ment, les gens ne savaient pas se direbonjour. Au printemps et en été, laplace porte vraiment bien son nom.C’est le point de ralliement. En décem-bre, j’aime voir les grands yeux des en-fants qui viennent aumarché de Noël.On voudrait que la place soit belle toutle temps. Cela reste unmagnifique en-droit. On ne peut pas rêver mieuxcomme emplacement. La place abeaucoup d’allure, par son architec-ture, ses bâtiments, son théâtre. »

« Angers a toujours su s’embellir »Xavier Massé, administrateur du festival Premiers Plans, raconte la ville qu’il côtoie au quotidien.

fisamment de calme. J’aime beaucoup merendre place de l’Europe, à l’occasion dumarché le dimanche.J’aime aussi beaucoup les parcs, commecelui de la Garenne ou le parc des pins,petit, mais très sympathique. J’emmènemafille à la Galerie sonore, où l’on peut dé-couvrir lamusique dumonde avec des ins-truments. J’aime me poser quelquesinstants au Jardin des plantes.L’île Saint-Aubin est aussi un endroit trèsprivilégié et bucolique. Il y a notamment uncafé formidable à l’entrée, de l’autre côtédu bac. Le Muséum d’histoire naturelle a

un charme fou et est d’autant plus d’actua-lité aujourd’hui alors que l’on parle de bio-diversité. J’ai suivi des cours de dessin àl’école des Beaux-Arts et à chaque fois quej’y retourne, c’est un excellent souvenir.J’aime aussi le château d’Angers avec sonambiance particulière et la tapisserie del’Apocalypse.Aujourd’hui, le tramway est un élémentd’embellissement de la ville et un très bonchoix pour l’avenir. Il rendra la ville plusagréable et sera encore là dans 20 ans. Ilfaut voir le tramway pratique et indispen-sable dans quelques années. C’est une in-

citation très concrète à laisser tomber noshabitudes d’automobilistes.À Angers, il y a plein de choses à faire et àvoir. C’est une ville qui a toujours su s’em-bellir, que j’affectionne particulièrement etdans laquelle je me trouve bien.C’est une ville qui est de plus en plus belleet qui reste à dimension humaine. On peutpar exemple s’échapper facilement pouraller sur les bords de Loire. À un quartd’heure d’ici, il y a des coins trèschampêtres.

Le cinéma Les 400 coupsest un lieu plus que spécialpourmoi. Avant, j’allais auClub, qui se trouve dans le

quartier Pasteur. J’ai découvert les filmstrès tôt dans cette salle puisque j’habitais àcôté. Ici, j’aime à peu près tout : son empla-cement, sa programmation, sa philoso-phie, son histoire, les gens qui y travaillent,les nouvelles salles… C’est un lieu qui faitpartie de mon quotidien. J’y ai des souve-nirs très forts et nombreux. C’est ici que j’aidébuté dans le cinéma et que l’on m’a faitconfiance. C’était un pari tellement inté-ressant et tellement excitant qu’il était trèsfacile d’être capté par l’aventure.Le quartier autour du cinéma, je l’adore. J’yvis beaucoup de choses, j’y rencontrebeaucoup de gens. C’est une chance detravailler dans ce quartier vivant et j’enprofite tous les jours. Les rues sont agréa-bles car il y a beaucoup de restaurants etde bars. C’est toujours un plaisir pour moideme rendre dans la rue des Deux-Haies.J’ai trouvé quelques restaurants commeL’Entracte, derrière le théâtre ou Au bonlaboureur, place Imbach. Un restaurant oùse retrouvent beaucoup de personnes quitravaillent sur le chantier.J’aime beaucoup l’ensemble de la ville quiva de la cité au Centre des congrès.

« Le tramway, élémentd’embellissement »J’ai beaucoup de points de repères, desouvenirs. J’ai vécu rue Boisnet, rue Saint-Laud, rue Chaperonnière, rue du Mail… Lecentre-ville, je le vis au quotidien dansmon travail. Ce qui est très agréable, c’estqu’on se trouve à proximité des choses, laville est relativement dense.Aujourd’hui, je vis du côté de l’anciennecaserneDesjardins. C’est totalement diffé-rent du centremais très agréable, avec suf-

Mon Angers à moi... 11

« C’est ici que j’ai débuté dans le cinéma et que l’on m’a fait confiance. C’était un pari tellement excitant… »

Alain BordereauPhotographe amateur« C’est un bon terrain d’aventuresavec un beau patrimoine. Je n’arrêtepas de découvrir de nouveaux lieux. Jefouille et je fouine toujours. Je trouveles Angevins unpeu timides. Ils ne sontpas prétentieux ou froids mais ils ontpeur de déranger. Il y a 40 ans que jevis ici. J’ai été 25 ans préparateur à lapharmaciemutualiste. J’y suis toujoursallé à vélo, jamais en bagnole. Je voyaisl’évolution, les travaux de la trémieavec l’autoroute. Je prenais des cli-chés. J’allais dans la cité faire des pho-tos en noir et blanc de mes enfantsque je déguisais en poulbots. »

Jacky CharruaultDirecteur de l’ESEO(1)

« J’ai habité successivement rue Des-jardins, rue de Brissac, rue Célestin-Port… N’ayant pas de voiture, je faisaistout à pied. Pendant cette période, jeme suis bien attaché, à Angers. Et toutnaturellement, quand je me suismarié, j’y suis resté.Il y a un « bien vivre» dans cette ville. Je trouve qu’Angersa grandi harmonieusement, grâce àcette option : garder la verdure en ville,c’est un plus pour moi… On ne dit pasassez qu’il y a ici des talents et descompétences dans tous les domaines.On est trop modestes. » (1) Ecole supè-rieure d’electronique de l’ouest.

Christophe DavyProducteur de concerts« J’ai vécu toutema jeunesse à Angers.On a habité d’abord aux Capucins, oùla campagne était juste derrière les im-meubles ; puis assez vite au 69, rueSaint-Nicolas. J’ai fait toute ma scola-rité ici. C’est à 16 ans que j’ai connu lesmusiciens des Thugs (groupe rock an-gevin, NDLR). Angers a toujours étémabase de travail. Dès le tout début desannées 90, on a commencé à commu-niquer par mails, et maintenant ça nepose plus aucun problème de travail-ler depuis Angers. Avec le TGV, on estvite rendus à Paris. Angers est beau-coupmoins cher à vivre. »

Juho JokinenHockeyeur aux Ducs« À la base, j’avais signé pour huitmois.J’étais loin dem’imaginer que j’y seraisencore treize ans plus tard. J’ai connuet connais encore un vrai plaisir devivre et de jouer. Au sein des Ducs, ilse dégage une atmosphère familiale,que l’on retrouve aussi dans la ville. Etje ne dis pas seulement cela parce quej’ai une famille, aujourd’hui composéede quatre enfants, avec Stéphanie, macompagne. En fin de compte, la ville etle club se ressemblent : ni trop grandsni trop petits. Ils sont à dimension fa-miliale. Ça reste dans une sorte d’es-prit village ! »

« C’ est une ville qui m’apaise »Jean-Pierre Meriel, responsable de l’insertion pour les Restos du cœur, a trouvé un endroit serein où s’établir.

qui me plaît surtout, c’est qu’Angers estune grande ville, mais on peut y vivre se-reinement.Après 1998, je suis reparti à Paris à la Direc-tion de la PJJ au ministère de la Justice, oùj’ai terminé ma carrière en 2006. En 2007,j’ai fait un voyage initiatique pour retrouverle Vietnam ; après quoi, jeme suis dit : c’està Angers que j’ai envie de vivre et d’être,avec ma compagne. C’est là que j’ai enviede m’investir socialement.Cettemême année, je suis entré aux Restosdu cœur. Il y avait eu pour moi plusieurschoses marquantes : l’appel en 1954 del’abbé Pierre, j’en ai des images très fortes ;les jeunes qui partaient à la mer en busavec le Secours populaire ; j’étais par ail-leurs un fan absolu de Coluche. Je trouvescandaleux que dans une société commela nôtre les gens aient encore des difficul-tés pour se nourrir.

Aujourd’hui, Angers représente pour moil’installation des racines. Mes parentssont décédés, et je me suis constitué, àcôté de mes enfants qui vivent vers laCharente-Maritime, un enracinementlocal. Je n’ai pas été étonné dem’installerici, les tours du château étaient dans mamémoire depuis l’enfance. Je m’y suissenti bien et, dans toutes les villes que j’aitraversées, c’est la seule où j’ai véritable-ment eu plaisir à flâner, à regarder les fa-çades, et à me promener.Je me déplace assez peu en voiture, je mebalade surtout à pied, et le nez en l’air. Ilm’arrive de croiser des bénéficiaires desRestos, qui me disent volontiers bonjour,on discute. J’apprécie beaucoup les ruellesqui vont du château à la cathédrale, la Dou-tre, la Maison Bleue, la place Romain : iciaussi on a une vie de quartier ; quand ons’installe à une terrasse de café, on s’aper-

Je suis né en 1946 à Vinhen Indochine, d’un pèrefrançais et d’une mèremétisse. J’ai eu très long-

temps une espèce d’absence d’enracine-ment, je ne savais pas très bien d’où j’étais.Fin 1946, mes parents ont pris le bateaupour venir s’installer en France. Mon pèreest décédé alors que j’avais dix-onze ans etmamère ne nous a jamais parlé de l’Indo-chine ; je n’avais pas la possibilité de meraccrocher à des racines. En 1968, j’ai passéle concours de l’éducation surveillée, l’an-cienne PJJ (Protection judiciaire de la jeu-nesse). C’était juste après les événementsde mai, et des stigmates étaient encoreprésents dans les rues de Paris. J’ai fait unecarrière très classique de fonctionnaire et,par le biais des mutations et des avance-ments, j’ai beaucoup déménagé, essentiel-lement en France. J’ai eu six ou septaffectations, plutôt dans l’Ouest, Niort, LaRochelle, Orléans, Bourges… De 1994 à1998, j’ai effectué mon premier séjour àAngers, où j’étais directeur départementalde la protection judiciaire de la jeunesse ;c’est là que j’ai rencontré ma deuxièmecompagne qui, elle, est Angevine.

« c’est une ville quin’est pas agressive »Enfant, déjà, je passais par Angers pouraller en vacances et j’étais en admirationdevant les tours du château avec leur su-perposition de gris et de blanc. J’aimebeaucoup la perspective que l’on a sur l’es-planade qui surplombe la Maine (la Pro-menade du bout du monde, N.D.L.R.) ; àcertainsmoments de la journée, la lumièreest assez superbe et c’est un endroit plutôtcalme et tranquille. J’aime aussi le jardin duMail et des Plantes et, pour la vie de quar-tier et commerçante qui y règne, la placede la Visitation et celle de la Madeleine. Ce

Mon Angers à moi... 12

« Je n’ai pas été étonné de m’installer ici, les tours du château étaient dans ma mémoire depuis l’enfance.»

Alain FouquetAvocat« On m’avait dit que c’était une villebourgeoise, où il était difficile de fairesa place. Je crois que c’est tout lecontraire. C’est typiquement une villede classemoyenne, avec ce que ça veutdire dedynamisme, de combat. Angersa quelque chose d’américain (rires) : sion travaille, si on bosse, on peut y arri-ver. Ce n’est pas une ville douce. En-core une fois, c’est une cité de combat.En revanche, on y passe de doucesheures angevines. Je connais plein degens qui ont un ou deux souvenirs ex-traordinaires d’ici. C’est une ville oùune douce heure peut advenir. »

Olivier AuriacFootballeur« Avecmon épouse, on aime bien em-mener nos enfants au jardin du Mailou au jardin des Plantes. Côté ville,j’aime flâner dans les rues piétonnes.J’ai aussi un grand besoin de nature.Nous habitons actuellement au sud dela ville. J’aime me balader en famille,avec le chien, observer les vols d’oi-seaux et la brume matinale qui enve-loppe la Loire. Dans tous les endroitsoù je suis passé, il y avait lamer ou pasloin : Royan où je suis né, Bordeaux oùj’ai été formé puis Brest. Ici, je suiscette fois au bord d’un grand fleuve.L’eau, décidément, me suit partout. »

Bernard DelépinePasteur« Notre première impression, quandnous sommes arrivés à Angers a ététrès positive. Nous avons tout de suiteapprécié les nombreux espaces verts,les très beaux parcs comme le jardinduMail, le jardin des Plantes ou l’étangSaint-Nicolas. Quand j’ai besoin deprendre du recul, je vais aux Ardoi-sières, un site reposant et un peu sau-vage. Quand je veux prier pour la ville,je vais sur la Roche de Mûrs (à Mûrs-Erigné, NDLR) qui offre un superbepanorama sur les tours du château, unlieu cependant plus tumultueux avecle périphérique en dessous. »

J.-P. BocquelPeintre« J’ai découvert Angers… sous l’uni-forme ! Enseignant en arts plastiques àThionville, mon impression a été tel-lement bonne que j’ai demandé mamutation pour Angers… C’est ainsi queje suis devenu professeur d’arts plas-tiques au collège Chevreul jusqu’à laretraite. Sur le plan architectural, cetteville est remarquable. Le château, lesgrands jardins, le boulevard Foch…Tout cela en fait une ville aérée, où onse sent bien. Et puis dans le domaineartistique, la création du salon d’An-gers au début des années 80, a été dé-terminante pour nous, les artistes. »

çoit que tout le monde se connaît. Il y aplein de petits lieux comme ça à Angers oùles gens s’interpellent, se connaissant parleur prénom…Il existe ici une vie assez dense. Moi quine suis pas naturellement d’un tempéra-ment serein, c’est une ville qui m’apaise,qui n’est pas agressive. Si j’étais très in-quiet avec les travaux du tramway, jetrouve que la réalisation est superbe.J’aime beaucoup le tram et les perspec-tives qui se sont dégagées.Angers est un endroit où j’ai également eul’occasion de coopérer avec un certainnombre d’associations et je trouve quel’harmonie règne. Il y a, dans cette ville, unecapacité à travailler ensemble et, ça, c’estremarquable. J’ai découvertaussi qu’il y avait beaucoup desolidarité, j’ai été surpris par lacapacité des gens à donner.

« Rendre leurs sites aux Angevins »Anita Nouteau, photographe, aimerait utiliser plus facilement les décors qu’offre le patrimoine de la ville.

maine, où tout le monde se connaît. Àelle-même, la ville forme une grande fa-mille. Il y a toujours quelqu’un qui connaîtquelqu’un. Il n’est pas rare que les gensme disent reconnaître une personne enphoto dans mon studio.Ainsi tout fonctionne au bouche à oreille.Et c’est ça pour n’importe quel commerce.Mais c’est à double tranchant. Cela obligeà être toujours au top, à être toujoursagréable. De toute façon, il faut communi-quer. C’est indispensable. 60%duportrait,c’est de la communication. Je vois passertoutes les générations d’Angevins ici, dunouveau-né aux personnes âgées. C’est lemari qui amène ses enfants pour faire unesurprise à sa femme. Ce sont les enfantsqui viennent se faire prendre en photopour faire un cadeau aux grands-parents.J’ai aussi des personnes âgées qui viennent

parce que leurs enfants veulent un beauportrait d’eux. Je les prends le plus souventen noir et blanc, parce que c’est intempo-rel. Le noir et blanc s’intègremieux dans laplupart des intérieurs.Sans la couleur, on va beaucoup plusdans l’essentiel des expressions. On faitabstraction de tous les artifices.La plupartdemes photos sont faites en studio. Il fautdire qu’on ne fait plus ce qu’on veut dansla rue. Si on voit un joli gamin, on ne peutplus le photographier comme ça, à causedu droit à l’image.On ne peut plus faire du Doisneau. Et àpartir du moment où vous vous ramenezavec un pied photo, vous êtes considérécomme un photographe professionnel eton vous ferme les portes, parce que vousavez une activité lucrative. Vous ne pouvezpas vous installer où vous voulez. Je ne

peux pas prendre de jeunesmariés dans lacour du château sans demander d’autori-sation. Quand je vois la belle salle parque-tée et restaurée du Grand Théâtre, je suisfrustrée de ne pas pouvoir y faire des pho-tos. C’est pareil au musée des Beaux-Arts.Les preneurs d’images de la ville devraientêtre autorisés à photographier les Ange-vins dans ces lieux publics.C’est leur ville. Je trouve ça dommagequ’on ne puisse pas y accéder. Il y a de su-perbes décors dont on se prive. J’ai dû ap-prendre à faire sans nos monuments. Jeveux bien entendre que ce n’est pas sim-ple à organiser et qu’il faut des photo-graphes hyper rigoureux pour encadrerles gens. Mais c’est quandmême dommage.

Moi, ce que j’aime à An-gers, c’est la vieille ville.J’aime m’enfoncer dansles vieilles rues de la Dou-

tre, parce que c’est calme. Et parce qu’il ya une âme dans ces vieilles pierres. Je ren-tre dans les ruelles et je choisis les ma-tières. Les vieilles pierres, les pavés. Parceque le bitume, c’est moche. Pour faire desphotos, il vaut mieux de l’authentique.C’est plus joli. La fête des Accroche-cœursen septembre est vraiment sympa car ellepermet d’aller dans des lieux qu’on neconnaît pas. Par exemple, je ne m’étais ja-mais permise de rentrer dans le jardin desBeaux-Arts. J’aime bien aussi la placeSaint-Eloi, devant le musée des Beaux-Arts, sans doute parce qu’elle n’est pasnon plus encombrée de voitures.À ce niveau-là, le tramway rend le centre-ville encore plus agréable. Le chantier aperturbé beaucoup de commerces, c’estvrai. Mais de toute façon, maintenant, c’estfait. Cela ne sert à rien d’épiloguer. On avécu le pire.Angers passe pour être une ville bour-geoise. Au secours ! Non ! Les Angevins nesont pas des bourgeois. Ce sont des gensordinaires. Il y a sûrement des bourgeois,mais il n’y en a pas plus qu’à Nantes.

« Des décorsdont on se prive »Quand on voit le centre-ville de Nantes,c’est largement aussi hautain qu’à Angers.On a des grandes familles à Angers. C’estvrai que je photographie des familles dequatre ou cinq enfants. C’est peut-être cecôté traditionnel qui fait dire ça. Mais çam’agace, cette étiquette qu’on leur met.Les Angevins sont abordables. Ils saventreconnaître la qualité de vie qu’ils ont. Ona une ville d’une bonne grandeur. Il est fa-cile d’y vivre. C’est une ville à taille hu-

Mon Angers à moi... 13

« Angers passe pour être une ville bourgeoise. Au secours ! Non ! Les Angevins ne sont pas des bourgeois. »

Guillaume CahourJournaliste à M6« Ici, ma vie a donc beaucoup tournéautour de la place du Ralliement où setrouvait Fréquence 1. Je faisais des al-lers-retours entre mon collège-lycéeJeanne d’Arc et la radio Oxygène. J’yreviens régulièrement avec plaisir. Jefais beaucoup de courses dans le cen-tre d’Angers. C’est plus humain et re-posant qu’à Paris. Longtemps, j’aitrouvé qu’Angers était une « belle en-dormie ». Mais j’ai l’impression que laville se réveille. Le jardin du Mail estl’œuvre magnifique de jardiniers-artistes. Il aurait pu inspirer quelquespeintres impressionnistes. »

C. de NigremontAccroche-cœurs« C’est une ville mystérieuse. Je mesuis, par mes études, beaucoup inté-ressé aux abbayes et aux églises. L’his-toire me sert énormément dans montravail, j’ai besoin de petites anecdotespour tenir le public en haleine. Je saispar exemple que derrière les boiseriesde la cathédrale, il y a de somptueusespeintures. J’adore cette idée. On saitqu’il y a quelque chose de fascinant,mais on ne le voit pas. La Doutre étaitun peu comme ça dans les annéesquatre-vingt. J’y ai habité au momentoù ce n’était qu’un village, fait de tré-sors pas encore découverts. »

F.-X. TasselUrbaniste« Angers a la chance d’avoir deux cen-tres historiques avec, aumilieu, une ri-vière. Le problème, c’est qu’en faisantles voies sur berges, on a cassé le port.Si on veut un centre-ville qui soitagréable, il faut supprimer la circula-tion de transit. La moitié du trafic n’arien à faire dans le centre-ville. J’aimeemmener les gens sur la promenadede Reculée, pour leur montrer lesbarques le long de laMaine. J’appréciela cale de la Savatte pour y prendre unverre. J’adore les points hauts de laville comme la terrasse au dernierétage du parking Saint-Laud. »

J.-F. FribaultL’Abri de la Providence« C’est à l’âge de 28 ans que je me suisinstallé à Angers. J’habitais alors rueBeaurepaire, et j’étais éducateur auRelais du Bois-l’Abbé, structure dispa-rue. A la fin des années 70, on a vuvraiment la ville se transformer, c’estlà qu’elle s’est débarrassée de sonimage un peu « catho vieille France ».Une des richesses d’Angers, pourmoi,reste sa vie associative. L’Angevin d’il ya 30-40 ans était plutôt quelqu’un defermé, peu communicatif. Les chosesont changé grâce au brassage des po-pulations. Angers est désormais bienancré dans la vie d’aujourd’hui. »

« C’est un peu le théâtre dema vie »Marie Pasquier anime l’Atelier de la cité. Angers, pour elle, c’est une vie de théâtre et le théâtre de sa vie.

vestir dans le théâtre de rue. À l’époque,c’était plus facile que maintenant. On estpartis plusieurs étés en carriole sur lesroutes de la Bretagne.Je ne peux pas dire que j’éprouve un sen-timent particulier par rapport à Angers,comme quelqu’un qui arriverait de l’exté-rieur. En fait, Angers c’est un peu le théâtrede ma vie. Ce que j’aime ici, c’est ce qui esteffectivement en lien avec mon histoire.Tous les jours depuis 24 ans, je viens de-puis Bauné, où j’habite maintenant, à l’Ate-lier de la cité, en face le château. Celacontinue toujours à me plaire. C’est aussi

une ville dans laquelle on peut tout faire àpied. Cela m’amuse de suivre les trajetsempruntés par les touristes. J’ai l’impres-sion d’être moi-même une touriste. Angersa de beaux atouts : de vieilles pierres, laCité. Par contre, l’architecture du Quai nem’emballe pas trop.Avec le forum, on a voulu mettre dedansce qui devait rester dehors. Mais globale-ment, il n’y a pas lieu de se plaindre del’offre culturelle, même si je déplore quele Centre national de danse contempo-raine ne soit plus aussi tourné vers lesAngevins qu’auparavant. Malgré tout, je

remarque que la programmation cultu-relle sur l’ensemble de l’agglomération neprend pas beaucoup de risques. Elle viseà plaire. Beaucoup d’artistes ne trouventplus de lieux où se produire.L’Atelier de la Cité est de plus en plus sol-licité. C’est un espace de liberté. Ils y vien-nent roder leur spectacle. J’ai l’impressiond’apporter ma pierre à l’édifice, d’être unpetit boulon, sans lequel peut-être l’en-semble ne pourrait peut-êtreplus marcher.

À part deux ans commecomédienne dans unetroupe de Mont-de-Mar-san, j’ai toujours vécu à

Angers. Je suis née rue de la Madeleine.Notre maison était quasiment en face duthéâtre de quartier, qui avait de vraiesloges. À l’époque, il y avait une troupe re-nommée dans la lignée des patronages etdu mouvement Ames vaillantes. Mon pèrey jouait souvent. Toute gamine, j’allais levoir. Une fois, il a joué le méchant dans leBossu et il mourait à la fin de la pièce. J’aicrié : « Papa est mort ». Moi-même, j’ai étéfigurante. Je me souviens qu’un accessoi-riste jetait des confettis blancs pour imiterla neige qui tombe. Or le théâtre de la Ma-deleine a été détruit par un incendie, il n’ajamais été reconstruit.

« J’ai l’impression d’êtremoi-même une touriste »Près de la maison, il y avait la tour du Dia-ble. Au XIXe siècle, un jeune amoureux yfaisait des scènes obscènes à une jeune re-ligieuse dont il était amoureux. Il était fou.On nous disait que c’était un lieu peu re-commandable. C’était une des histoires ra-contées par l’historien et homme dethéâtre René Rabault qui vivait rue Chèvre.Sa famille avait un magasin de décor dethéâtre juste en face la maison où nousavons emménagé quand j’ai eu sept ans.Jusqu’à ce que je parte de la maison, nousn’avons jamais eu la télévision. Avec mesparents, nous allions souvent au théâtre duRalliement. J’y ai vu des opérettes. Nous al-lions aussi au Festival d’Anjou. C’est de làque me vient l’amour du théâtre. Il ne m’ajamais quitté.À 18 ans, j’ai commencé des cours dedanse, tout en travaillant comme éduca-trice spécialisée dans l’enfance inadaptée.Mais rapidement, j’ai commencé à m’in-

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« Cela m’amuse de suivre les trajets empruntés par les touristes. J’ai l’impression d’être moi-même une touriste. »

J.-L. GaignardTerre des sciences« La ville est caractérisée par deuxcouleurs dominantes, le blanc du tuf-feau et le bleu de l’ardoise ; elle estmarquée par le vert du végétal trèsbien installé dans l’ensemble du terri-toire, avec un regret cependant surl’axe Alsace-Ralliement-Roë, très mi-néral. Enfin, Angers, c’est bien évidem-ment le végétal ; une histoire qui acommencé avec le roi René qui a em-mené en Anjou un certain nombre deplantes qui se sont bien acclimatées.De mon point de vue, le végétal pour-rait être encore plus intégré. Desroutes du végétal seraient à créer… »

G. Massin-Le GoffConservateur desantiquités et objets d’art« J’aime cette ville ancrée sur ses coursd’eau : entre cette Loire qu’elle n’agres-se pas et cette Maine qu’elle tente derespecter. Depuis celle-ci, une archi-tecture de huit siècles structure la ville :le château, la tour Saint-Aubin, la ca-thédrale, l’abbaye du Ronceray… C’estune ville fabuleuse, qui compte dansl’histoire de la France. Qu’en retient-on ? Qu’il y a eu les Plantagenêts, le roiRené et Jean Monnier. Mais il y aquand même une école angevined’architecture, de peinture. »

Eric JabolPhotographe« Je suis arrivé à Angers avec ma famillejuste avant Noël. Le temps était à la gri-saille, il faisait froid… Ça nous a donnéun coup au moral, nous qui arrivionsd’Aix-en-Provence. Pourtant, nousavions choisi de revenir dans la régioncar nous sommes des gens de la Loire.C’est ma passion pour le cheval qui m’apermis de m’y sentir à l’aise très vite.Angers était idéal pour aller faire desphotos de chevaux que ce soit auCadre noir ou aux courses du Lion-d’Angers. Aujourd’hui, je suis très atta-ché à la ville. Ce qui m’étonne encore,c’est la végétation omniprésente. »

Jacques-Guy PetitHistorien« Angers, pour moi, c’est d’abord sonuniversité qui s’est beaucoup déve-loppée depuis 1970, avec maintenant20 000 étudiants, plus de 1 000 ensei-gnants-chercheurs et personnels di-vers, des centres de recherchereconnus, des facultés dynamiquescomme la médecine. Angers a beau-coup bougé, bien que l’écart se soitcreusé avec Nantes qui a profité de saplace de métropole régionale. C’estune ville provinciale moyenne, équili-brée qui a son propre dynamisme. Il ya une vie culturelle intense : théâtre,musique, danse, cinéma, festivals… »

« Tousmes potes vivent ici, alors… »Gilles Poirie, régisseur de l’émission de télé « Tous ensemble », rit de ses « petites habitudes d’Angevin ».

goire-Bordillon. Il y a le boulanger juste àcôté et plein de petits commerces. Pourmon vin, je prendsma voiture, je vais chezOlivier Cousin à Martigné-Briand. Et enpassant, je vais cherchermes rillettes d’oiechez mon copain Jean-Marie Beduneau àla Jumellière. Formidable ! Quand je vais àParis pour l’émission, je fournis tout lemonde en rillettes !Je suis bien ici. Il suffit que je sorte de chezmoi, j’ai la lumière, et la vue sur le château.Formidable ! Non ? Le seul problème duquartier de la Doutre, c’est la circulation.Traverser les ponts et remonter le château,à certaines heures, il faut son bâton de pè-

lerin… Je suis passionnéde vieilles voitures,surtout de Citroën et deMéhari. En cemo-ment, on en restaure une, avec des co-pains, dans un atelier qu’on a près de laRoseraie. On a aussi une deux-chevaux etunemini cooper.Pendant les travaux du tramway, j’étais lepremier à râler. Maintenant je trouve çavraiment pratique. J’ai un petit atelier où jerestaure mes voitures près de la Roseraieet je vais souvent voir des copains à Avrillé.Pourmoi, le tramwayme sert bien. J’auraisà faire dans un autre coin de la ville, je râ-lerais bien sûr, mais pour moi, c’est vrai-ment bien. Je suis content de voir que la

commune de Sainte-Gemmes s’ouvre etse développe depuis quelques années.Avec ses kilomètres de rives sur la Loire, jepense qu’elle a un potentiel de malade !C’est pareil pour les bords de Maine à An-gers. Les quais sont bien aménagés côtéDoutre. Quand l’esplanade le sera aussi del’autre, ça sera terrible, tant pour le com-merce que pour le tourisme. Tout ça pourdire que je suis bien ici et que je n’auraispas l’idée d’aller vivre ailleurs. Du reste,tous mes potes sont ici. Alors…

J’ai vécu toute mon en-fance à Sainte-Gemmes-sur-Loire. Mes copainsde classe étaient l’écri-

vain Marc Béziau et le vigneron OlivierCousin. De cette enfance, je n’ai que desbons souvenirs. À l’époque, venir à An-gers, c’était « venir en ville ». Je faisais laroute à vélo, pour aller au cinéma, ou sur-tout pour faire de l’aviron à Angers Nau-tique. J’ai eu de la chance. Je n’étais pas unpassionné de l’école, mais la vie m’a per-mis de voyager beaucoup.D’abord dans toutes les communes du dé-partement, en tant quedessinateur à l’Officedépartemental d’HLM, puis dans lemondeentier quand j’ai monté une entreprise devitrerie-peinture, et que je travaillais surles chantiers de restauration de monu-ments historiques, au Louvre, à Saint-Lau-rent-du-Maroni, à Pointe-à-Pitre…

« Le tramway,c’est vraiment pratique »Mafille qui est aussi allée à l’école à Sainte-Gemmes et qui se trouve aujourd’hui réa-lisatrice à « Tous ensemble » m’a sollicitépour travailler avec elle, comme régisseur.C’est commeun renvoi d’ascenseur (rires).Je lui ai payé ses études, et elle me fait tra-vailler. Ellem’a dit « Papa, j’ai besoin de toipour un boulot qui te correspond à mer-veille ! » Sur les chantiers, je veille à tout,je dois penser à tout et savoir tout faire.C’est crevant, mais passionnant…Aujourd’hui, j’habite dans la Doutre, ce quin’est pas le quartier le plus désagréable.C’est ici que je viens me ressourcer. J’aimêmeune toute petite terrasse, où je peuxsortir le barbecue l’été. J’ai mes petites ha-bitudes : le petit café du samedi matin auPicpuces, puis marché aux puces, debonne heure, place Imbach, avant de fairemes courses au marché de la place Gré-

Mon Angers à moi... 15

« Je suis bien ici. Il suffit que je sorte de chez moi, j’ai la lumière, et la vue sur le château. Formidable ! Non ? »

Jean BrodeurArchéologue« Pour les archéologues, Angers estune mine d’or, mais une mine mal ex-ploitée. En 2000, quand j’ai organisédes portes ouvertes à la gare Saint-Laud, on m’avait prédit qu’il n’y auraitpersonne.Ona accueilli 3 800visiteurset même refusé du monde. Les Ange-vins sont très intéresséspar l’archéolo-gie. Mes découvertes disparaissent aufur et à mesure que je les découvre. Etencore, je suis privilégié car j’ai le tempsde voir quelque chose, pas l’ensembledes Angevins. J’aimerais tellement leurfaire partager mes découvertes. Ils nedemandent que ça. »

J.-C. GuyonMalvoyant« Angers est pour moi la deuxièmeplus belle ville aumonde. AprèsDakar,où je suis né. Angers est une ville à labonne taille. C’est un bon compromisentre la grande ville et le petit village.Onne s’y sent pas perdu. Je perds pro-gressivement la vue et je sais qu’unjour je serai totalement aveugle. Pourme déplacer, j’ai une carte d’Angersdans la tête. Je connais les rues parcœur. Pour traverser des lieux, je suisla masse. Le reste du temps, j’utilisebeaucoup mes oreilles. J’aime beau-coup les rues pavées d’Angers. Jemarche beaucoup. »

Isabelle LabeyrieGrand reporter« À l’adolescence puis lors de mesétudes, j’ai eu l’impression que mesenvies trouvaient toujours une ré-ponse, comme si la ville accompa-gnait les besoins de jeunes. Lorsquej’étais étudiante, je sortais plutôt ducôté de la Catho, car j’avais un appar-tement rue de la Madeleine. On pas-sait beaucoup de temps les uns chezles autres, ou dans les bars de la rueSaint-Laud. Avec le recul, je trouveque la « douceur angevine » n’est pasune expression galvaudée. La vie estfacilitée par la taille de la ville… C’estune ville apaisante. »

Jean-Louis LipariLe train touristique« Ce qui me plaît dans cette ville c’estque c’est une grande métropole maiselle a su garder un côté rural, simple,sympathique. J’apprécie plusieurs pe-tits quartiers : le quartier très réduit dela rue Cubain et la rue de l’asile Saint-Josephoù les voitures ne circulent pas.Il ressemble à un village composé depetites maisons pimpantes. Le centrehistorique et les quais qui arborent deplus en plus un esprit avant-gardistesont également très agréables. D’ail-leurs, les voyageurs du petit train tou-ristique apprécient toujours le trajetqui les conduit au cœur de la ville. »

« On trouve de l’inattendu partout »Élise Roy et Claire Planchenault sont Greeters, une association qui permet de découvrir la ville différemment.

qui y règne. Le Comptoir des livres, rueSaint-Maurille compte parmimes endroitspréférés.C’est un petit resto où tout est fait maison,avec des livres sur tous les murs. On peutles lire sur place ou les acheter pour un ou

deux euros. Je suis revenue avec bonheurà Angers après quelques années passées àParis pour le boulot.La plupart des gens qu’on emmène en« greet » sont surpris par sa beauté, parson côté accessible et sans contrainte. À

Je suis Choletaise et j’aifait mes études à Nantes,explique Élise Roy. ll y atrois ans, j’ai suivi mon

compagnon pour habiter Angers. Depuisl’année dernière, nous sommes dans lequartier Lafayette. Je nem’attendais pas àun tel charme !Je suis très attentive au patrimoine archi-tectural et ici, je suis servie : on y découvredes maisons typiques du XIXe siècle. Aubeau milieu de ce quartier, j’ai trouvé leparc du Pin et son château. J’ai dû passerune bonne vingtaine de fois devant avantde découvrir ce coin de nature en pleineville. Tout y est intime, coupé de la vie ur-baine. Pour moi, ça fait vraiment parti desendroits insolites d’Angers.Quand on est Greeters, on a les yeux par-tout, prêts à découvrir l’inattendu. À An-gers, on en trouve partout. Même lesquartiers les plus connus recèlent desurprises.

« La Doutre, un villagehors du temps »J’aime la place de la Visitation. Avec sesboulangers, son boucher et son froma-ger, on a l’impression d’être dans unvillage. Il y a peu, j’y ai déniché une bou-tique où déguster de l’huile d’olive et duvinaigre de sept ans d’âge !En tant que Greeters, je partage mes lieuxde prédilection comme certains restau-rants qui ne payent pas de mine mais quiréservent des découvertes, comme leCoup d’Feu, rue Cordelle. On y mangebien et le décor y est captivant : on a l’im-pression d’être plongé dans un polar.Depuis un an, j’habite dans la Doutre,confie Claire Planchenault. J’ai toujoursl’impression d’y être dans un village horsdu temps. J’adore les bords deMaine, poury bouquiner, pour l’ambiance particulière

Mon Angers à moi... 16

Les qualités d’un bon Greeter : « Être curieux, aimer sa ville et vouloir la faire partager, communiquer et rencontrer ! »

Lucie Plessis,Bibliothécaire« Globalement, Angers pour moi vadans le bons sens. L’offre culturelle esttrès riche avec le Quai, la rénovationdumusée des Beaux-Arts, le Chabada,les 400 Coups aussi. Ce qui manque,c’est une dynamique dans le domainedes initiatives privées. Il manque unlieu phare pour l’art contemporain. Ona ce qu’il faut pour former les artistes,mais ensuite, on laisse les plasticiensmontrer eux-mêmes leur travail. Desvilles plus petites, comme Château-Gontier oumêmeCéret dans les Pyré-nées, ont ouvert un centre d’artcontemporain, et pas Angers. »

I. Martin-KrummHabitante de la Doutre« Je n’ai pas choisi Angers mais je nevoudrais pas le quitter. J’ai débarquéen 1963. La ville a beaucoup d’atouts àcommencer par une vie culturelle trèsdense. On peut aller à l’opéra, voir duthéâtre, de la musique. J’aime beau-coup mon petit coin à moi, dans laDoutre. J’ai acheté cette maison mi-toyenne avec l’hôtel des Pénitentesalors que l’endroit tombait en ruine. Ily avait toujours des squatteurs dans leslieux. Mes amis me disaient que j’étaisfolle dem’installer làmais j’aimais biencette vieille maison angevine. Je nepourrais pas l’abandonner… »

Maryse MassonPoétesse« J’aime beaucoup Angers. J’ai vécu àLaval pendant dix ans. C’est trop petit.Par exemple, il n’y a pas de séance decinéma l’après-midi. Ou pour moi quiavais connu la bibliothèque Toussaintavant, la bibliothèque municipale la-valloise m’a semblé ridicule… Angers,c’est ma ville de naissance. Je trouvequ’elle a une dimension à taille hu-maine qui me convient. Elle n’est passi petite que tout le monde vousconnaît et n’a pas le côté mégalopoleimpersonnelle de Nantes. J’aime quetout soit à proximité sans que ce soitétouffant. Il fait bon vivre ici. »

Fanny MaujeanEspaces verts municipaux« Nantaise d’origine, je suis très atta-chée au Grand Ouest. C’est une op-portunité professionnelle qui m’aamenée à m’installer ici. Les Angevinsdisposent de 34m² d’espaces verts parhabitant. C’est un ratio intéressant. Deplus, on sait que chaque année, il y a500 000 passages au jardin desPlantes. J’aime beaucoup la prome-nade de Reculée car je suis citadinemais en même temps, j’aime beau-coup la nature. J’aime aussi la ville,pour son côté culturel, son architec-ture et son patrimoine, ses musées,ses cinémas, ses théâtres… »

Angers, il y a la gastronomie, le vin, la pierreet la nature. C’est une ville qui possèdetoutes les caractéristiques de l’Anjou ».

« Il y a ici une vraie vie culturelle »Étienne Davodeau, dessinateur de BD, aime croquer la vie rurale et profiter de la vie culturelle angevine.

repaire. C’est une librairie qui arrive à pro-poser un choix éclairé, aussi bien de labande dessinée traditionnelle que des li-vres plus contemporains.

« Premiers Plans est unfestival intelligent »J’ai toujours beaucoupdessiné, depuis queje suis tout petit. C’est pourmoi une activiténaturelle et quotidienne, comme mangeret dormir. Je suis complètement autodi-dacte, je n’ai jamais pris de cours de dessin.Ce n’est qu’en commençant mes études àl’université de Rennes que pour la pre-mière fois j’ai pris des cours d’art plastique,et rencontré d’autres personnes passion-

nées elles aussi de bande dessinée.J’aime bien utiliser comme matière pre-mière des choses que j’ai immédiatementà portée de lamain. Celam’incite à inscriremes livres en Anjou, dansmon environne-ment immédiat. J’ai dessiné mon premierlivre « L’homme qui n’aimait pas les ar-bres » à Saint-Jean-de-la-Croix, un cadremagnifique entre la Loire et le Louet.« Rural ! » se passe tout près de Rablay, àChanzeaux. C’est une BD reportage, un do-cumentaire qui raconte comment troispaysans voient leur ferme coupée en deuxpar la construction de l’autoroute Angers-Cholet. « La Chute de Vélo », qui est unefiction, se passe dans une maison qui se

Je suis né dans le Maine-et-Loire, dans le petit vil-lage de Botz-en-Mauges.J’habite aujourd’hui à Ra-

blay-sur-Layon, au milieu des vignes. Jevais souvent à Angers, c’est une ville quimeconvient bien. Elle permet d’aller facile-ment à Paris, ou au-delà si je dois prendrel’avion. J’aime vivre à la campagne, tout enayant à côté de moi une ville qui soit unpoint de départ pour aller plus loin. Angersremplit parfaitement ce rôle.La ville évolue, cela fait plaisir à voir. Onqualifie souvent Angers de belle ville en-dormie,mais je trouve qu’il y a ici une vraievie culturelle. Le festival Premiers Planspar exemple, est un vrai festival de cinéma,ambitieux et intelligent. J’y suis allé cetteannée dans le cadre d’un débat avec Sol-veig Anspach, la productrice qui a adaptéau cinéma mon livre « Lulu femme nue ».Ce qui est nouveau, c’est que les cinéastestrouvent désormais chez les auteurs debande dessinée des choses qui peuventêtre adaptées. Le tournage a eu lieu àSaint-Gilles-Croix-de-Vie et aux Sables-d’Olonne, le film est actuellement enphase demontage. J’ai validé le scénario etj’ai fait confiance à la réalisatrice. Son adap-tation m’intéresse car on trouve quelquechose de différent par rapport au livre.C’est une autre Lulu que celle que j’ai des-sinée, mais ces deux Lulu sont destinées àbien s’entendre !Premiers Plans contribue à la notoriétéd’Angers pour le cinéma, de même que leChabada pour la musique. Du côté de labande dessinée, il y a pas mal d’auteurs àAngers, commeMarc-AntoineMathieu. Sanotoriété dépasse largement les frontièresde l’Anjou. Il existe une activité forte d’au-teurs angevins autour de la bande dessi-née, c’est un domaine culturel actif. Ontrouve aussi de nombreuses librairies.J’apprécie le Repaire des héros, rue Beau-

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Michel BouyerSyndicaliste« Angers, c’est une ville où on a l’im-pression que tout lemonde se connaîtunpeu. C’est unepetite ville,mais c’estaussi une grande qui s’ignore. Onpense la traverser en cinq minutes,alors qu’en fait, elle est plus large qu’onne le pense. J’y suis né. Je l’ai vue gran-dir et embellir petit à petit. Objective-ment, il est agréable d’y circuler, avecdes endroits, des quartiers qui valent lecoup. Mine de rien, Angers a son Boutdu Monde ! Il y a des lieux très fortsdans cette ville. Le château en fait éga-lement partie. C’est un monument quim’a toujours impressionné. ».

Michel EdouardLes navettes fluviales« Je me souviens que, quand la Maineétait gelée,monpèrem’y emmenait enluge. Avec mes copains, je ramassaisdes rainettes dans des champs quisont devenus le parc Balzac. Je suisentré en apprentissage à 14 anscomme mécanicien dans un garagerue Saint-Maurille. J’essayais des voi-tures place du Ralliement. J’avaismêmedescendu lesmarches de la ca-thédrale en 4-chevaux, un truc inima-ginable aujourd’hui, mais dans lesannées 1960, tout était permis J’aimaisbien la place du Ralliement. Mais elle aperdu son âme. »

trouve dans le village à deux pas de chezmoi. Le livre « Les Ignorants », publié en2012, a pour cadre les coteaux du Layon,juste au-dessus de ma maison. Il s’agit durécit d’une initiation croisée avecmon voi-sin le vigneron Richard Leroy, qui travaillela vigne en biodynamie. C’est un reportageautobiographique, j’ai vraiment travaillé lavigne et lui a découvert avecmoi lemondede la BD, rien n’est inventé. Finalement, jecrois qu’un bon auteur de bande dessinéeest d’abord un narrateur. Si on est un ex-cellent dessinateur et qu’on nesait pas raconter une histoire,cela ne suffit pas. La bandedessinée, c’est un récit où l’ondoit emporter le lecteur.

S. JousseaumePhotographe« A Paris et ailleurs, on ne parle pas dela douceur angevine pour rien. Et puisc’est une ville patrimoniale, et j’aimeles lieux avec de beaux bâtiments. Ceque j’apprécie aussi, c’est qu’il y a pasmal d’événements. Ce sont des tempsforts où les gens se sentent mobilisés.C’est une ville où jeme sens bien, c’estpeut-être aussi la proximité de laLoire… Ici, je me sens apaisée, j’ai la li-berté pour réfléchir, il y a une am-biance de sérénité et de calme. Quandje vais à Paris, ma ville d’origine, jeperds mes automatismes, et je mesens bousculée de partout ! »

Y. ThibaudeauAmateur de vélo« La ville a fait de gros efforts pour laprotection des cyclistes, mais bien sûril reste encore des choses à amélioreren terme de pistes cyclables. J’aimeraipouvoir faire le tour des ponts de laMaine à vélo. Angers est une ville oùl’on peut respirer, où il y a de l’espace.C’est rare pour une agglomération decette taille. En très peu de temps, onpeut se retrouver en pleine campagne.Il y a une grande qualité de vie, c’estimportant et on ne retrouve pas ça ail-leurs. De nombreux cyclistes que j’aiformés reviennent ici, parce qu’ils s’ysentent bien. »

« Premiers Plans contribue à la notoriété d’Angers pour le cinéma, de même que le Chabada pour la musique. »

« Une ville où il fait bon vivre »Philippe Descamps, chef du pôle Femme-Mère-Enfant au CHU, apprécie la douceur de vivre angevine.

caractère paisible et la beauté. Angers offreune qualité de vie peu commune et on nepeut qu’être frappé par sa richesse histo-rique et la beauté des environs. Découvriren famille les bords de Loire en vélo, le vi-gnoble de Savennières, le site ardoisier deTrélazé ou les chemins de halage de laMaine sont des moments privilégiés. J’ai lachance d’accueillir régulièrement des col-lègues étrangers, et c’est toujours une joiede leur fairedécouvrir la tapisseriede l’Apo-calypse, le musée Jean-Lurçat ou le grenierSaint-Jean. J’ai eu le privilège de rencontrerdes artistes comme Grau-Garriga, ou d’au-tres personnalités étonnantes comme JoPiton, Patrick Beaudouin ou Pierre Bise, quisont des viticulteurs hors pair.Depuismon arrivée en novembre 1996, j’aivécu une aventure exceptionnelle sur leplan professionnel et humain, ayant eu lapossibilité de créer une équipe et de dé-

velopper avec elle tous les domaines de lagynécologie-obstétrique.Nous aidons les femmes lorsqu’elles ontdes difficultés à concevoir (avec l’assis-tance médicale à la procréation), puislorsqu’elles sont enceintes avec un suivispécifique des grossesses pathologiques,sans oublier le dépistage des malforma-tions grâce à l’échographie fœtale.

4 298 naissances en 2012Au sein de cette maternité, nous avons ac-cueilli 4 298 naissances en 2012. Lors del’inauguration des nouvelles salles d’ac-couchement en septembre 2011, les mé-dias ont souligné la qualité des locaux etdes moyens mis à la disposition des pa-tientes. Lamaternité propose 11 salles d’ac-couchement dont deux salles dites“physiologiques” permettant aux patientes

d’accoucher sans médicalisation, en com-pagnie d’une sage-femme. L’activité duservice comprend aussi la chirurgie gyné-cologique et oncologique : cancers du sein,cancers de l’utérus et des ovaires, inconti-nence urinaire et prolapsus, fibromes, etc.La plupart des interventions, y comprispour les cancers, se font désormais parcœlioscopie ou par les voies naturelles.Au sein du CHU, il y a un vrai travail en ré-seau avec les pédiatres, les généticiens, lesanatomo-pathologistes, les oncologues etles radiologues. J’ai la chance que l’institu-tion m’ait donné les moyens de dévelop-per ce service, et je suis particulièrementfier de contribuer avec mes collègues à larenommée d’Angers via les colloques quenous organisons, les articles oules livres que nous écrivons.

Nous sommes arrivés avecma femme il y a 16 ans, sansvraiment connaître An-gers, notre premier fils

était alors âgé de 6 mois.Depuis nous avons eudeux autres garçons.Angers est une ville universitaire où il faitbon vivre et élever ses enfants. Il n’y a pasde gros problèmes d’insécurité, par rap-port à ce qui peut se passer dans certainesgrandes villes. Nous habitons au centre-ville, près de la place du Ralliement. C’estun endroit où nous nous sentons bien.Le TGV est essentiel pour moi car je merends très souvent à Paris pour mon tra-vail. Je prends le tram à côté de chez moiou devant l’hôpital, et en 90minutes je suisàMontparnasse. J’apprécie beaucoup la si-tuation géographique de la ville égalementproche de l’Océan. Angers est par ailleursune ville très axée sur la vie culturelle, avecbeaucoup de concerts, d’expos, d’événe-ments artistiques. Les Accroche-cœurs, lefestival Premiers Plans et le festival d’Anjousont des incontournables. J’aimebeaucoupla vieille ville, le château, et surtout la pro-menade du bout dumonde, avec cette vueexceptionnelle et paisible sur le quai desCarmes, la Maine et la cité.

« C’est une joie de fairedécouvrir l’Apocalypse »Il faut aussi citer la galerie David-d’Angers,particulièrement spectaculaire, et la placeSaint-Éloi, véritable joyau du centre-ville,cernée par le musée des Beaux-Arts et laTour Saint-Aubin. Lamagnifique sculptured’IgorMitoraj en son centre est commeunbijou dans son écrin. Cette place, avec sesaccès confidentiels et une architecture ex-traordinaire, évoque pour moi une scènede théâtre ou un opéra, une “commediadell’arte” angevine ! Il faut savoir s’y arrêter,regarder autour de soi et en apprécier le

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Maurice NadonPaysagiste« Angers tel que je l’aime, c’est la partiede la ville qui n’est pas polluée par lesgrandes bâtisses. La cité angevine perdson identité d’image dans l’hypercen-tre. Toute la zone qui se situe entre leboulevard Foch, le boulevard Carnotet le boulevard duRoi-René, c’est l’hy-percentre sans centre. Sur la place duRalliement par exemple, il n’y a pasd’élément mis en valeur. Il suffiraitd’un arbre séculaire à la place des ar-bres nomades pour donner une iden-tité au lieu. Pourtant, je vis dansl’hypercentre depuis 20 ans. Cela dit,j’aime beaucoup cette ville… »

Nicolas BidetLes Accroche-cœurs« Je suis Angevin depuis 39 ans. Avecles Farfadas, j’ai beaucoup voyagé enFrance et à l’étranger. À chaque foisque je revenais, j’appréciais de retrou-ver mes repères, mon chez-moi. Jeconnais beaucoup d’Angevins qui sesont expatriés et qui sont revenus vivreici. J’aime cette ville pour son Histoire,sa richesse architecturalemais surtoutpour son échelle. Ici on a très viteaccès à la nature. Je vis en apparte-ment dans la Doutre et j’apprécie depouvoir prendre les vélos avec mesenfants et de me retrouver sur lesquais en uneminute. »

Andrew PainterPeintre anglais« Cela fait 20 ans que je suis à Angers.Je n’ai pas cherché à rester dans lacommunauté anglophone. Je ne vou-lais pas rester en dehors de la vie an-gevine. Ce quim’a frappé quand je suisarrivé, c’est qu’Angers et les alentourssont vraiment le fief de la dynastie desPlantagenêts. Cette histoire fait vrai-ment partie de la culture de la région.La ville pourrait envisager un grandtravail pour attirer les personnes inté-ressées par cette partie de l’histoire.Les gens en France ne connaissent pastrès bien Angers. On me demandesouvent où se trouve cette ville. »

T. HörnschemeyerEx-ambassadriced’Osnabrück« L’Angevin est plutôt réservé au pre-mier contact. Mais par personnes in-terposées, on finit par faire desconnaissances. Ils sont ensuite assezcurieux même si peu maîtrisent malangue. J’ai l’impression de vivre dansle sud. J’ai une sympathie pour le lycéeSainte-Agnès, ses enseignants et sesélèves. C’est dans cet établissementque j’ai effectué mon premier séjour.Il est très ouvert sur l’international. An-gers est une ville de bonne taille. Lechâteau n’est pas lemonument le plusbeau, à mes yeux. Il est trop masculin.Je préfère largement celui de Brissac. »

Philippe Descamps aime la galerie David d’Angers, la place Saint Éloi et la Tour Saint-Aubin.

« Elle a tout d’une grande »Emmanuel Picot, président de la société Evolis, estime qu’Angers a des atouts mais ne sait pas le faire savoir.

Nous avons démarré dans la zone deBeaucouzé avec un bâtiment de 280 m2.Aujourd’hui, nous disposons de 7 500 m2

de locaux, nous avons créé un outil indus-triel qui nous ressemble, et nous étudionsune possibilité d’extension.À Angers, les transports sont un point fort.Le TGV, c’est primordial, nous sommes àseulement 1 h 30 de Paris en train. SansTGV, Evolis ne serait pas là ! Il est facile derejoindre Roissy pour les déplacements àl’étranger. C’est aussi un atout d’être àproximité de l’autoroute, et à une heurede la mer !Angers a tout d’une grande, mais elle a dumal à le dire et à le faire savoir. Sur le planéconomique, sportif, culturel, associatif, laville a beaucoup d’atouts. Il y a de trèsbelles équipes sportives. Regardez les

Ducs, le SCO, la Vaillante ! C’est aussi uneville d’eau et d’histoire. Depuis le toit duthéâtre, on a une vue magnifique sur laMaine et la ville historique. Pourtant An-gers n’a pas l’aura qu’elle devrait avoir.Certains événements culturels pourraientavoir un écho national et même internatio-nal. Je pense aux Accroche-cœurs, au fes-tival Premiers Plans. Ou encore à lamanifestation Vélo Vintage, une idée origi-nale. Toutes ces initiatives pourraient avoirdavantage d’écho, être encore mieux misesen valeur.

« Attirer les talents »La douceur angevine, c’est bien pour seressourcer, mais ça ne suffit pas pour atti-rer les talents qui feront le dynamisme de

demain ! C’est vrai que l’on a la chanced’avoir un très bon bassin d’étudiants tech-niques, avec des écoles de qualité commel’ESEO, l’Istia… Je n’ai pas de problèmepour trouver un ingénieur en électro-nique, mécanique, développement logi-ciel, il y a une vraie expertise. Mais quandje veux recruter pour des fonctions com-merciales ou marketing à un niveau inter-national, c’est plus difficile. Là, Angers a undéficit d’image fort, par rapport à d’autresgrandes villes. On a du mal à attirer dumonde. Je suis fier d’être angevin, c’est uneville formidable, elle a tout pour séduire,mais elle ne le fait pas savoir. Il faut se tour-ner vers l’avenir et avoir plusd’ambition.

Avec une production deprès de 40 000 systèmesd’impression pour cartesplastiques en 2012, nous

nous positionnons dans le peloton de têtemondial. Plus de 90 % de notre chiffred’affaires se fait à l’export, dans 125 pays.Nous avons deux filiales logistiques ettechniques à Miami et Singapour, mais de-puis l’origine, la totalité de notre gammeest assemblée sur le site de Beaucouzé.Nous n’avons pas l’intention de créer unsite de production ailleurs, car nous ne fa-briquons pas de très gros volumes. Noussommes sur un marché de niche, avecbeaucoup de modèles différents et d’op-tions afin de répondre aux besoins de per-sonnalisation de nos clients. C’est cemodèle économique à forte valeur ajou-tée, qui nous permet de continuer à pro-duire ici, à Angers.

« De très belles équipessportives »J’aime bien dire que l’arrivée d’Evolis à An-gers a débuté avec le siècle, en jan-vier 2000. Nous étions 5 associés, dontplusieurs étaient originaires de l’ouest, etnous cherchions un site entre Nantes etAngers. De mon côté, j’avoue que j’auraisbien penché pour Biarritz, car j’ai des ori-gines familiales dans le sud ouest. Mais ducôté paternel, j’ai aussi des racines enAnjou, je ne suis pas un pur produit d’im-portation. Ma grand-mère paternelle estnée à Angers, mon père et mon grand-père sont de Cholet. J’ai passé beaucoupde vacances d’été dans la maison de fa-mille au Longeron, à côté de Cholet, j’y aides souvenirs d’enfance. L’Anjou est donc,pour une part de moi-même, un retouraux sources.À Angers, quand Evolis s’est installé, l’ac-cueil a été très chaleureux et enthousiaste.

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Denis PéanAuteur-compositeur« J’ai appris à connaître Angers quandje suis entré au lycée David. J’y venaisen Mobylette depuis Sorges. Avantcela, j’allais rarement en ville : justepour acheter un costume ou pour voirles illuminations de Noël. Il y a une vieculturelle intéressante à Angers mais ilmanque de vie musicale et de cafés-concerts. Au prétexte de limiter lesnuisances, il y a eu des mesures de ré-torsion exagérées. Plus généralement,je trouve que les villes se ressemblentde plus en plus, avec les mêmes en-seignes et les mêmes pavés partout.J’aspire à plus de poésie. »

Julien PlardPilote demontgolfière« Ce qui est très appréciable du fait demon métier, c’est de pouvoir observerla vie aussi bien à 1 000 mètres d’alti-tude qu’au sol, comme tout le monde.C’est une petite ville étudiante quej’aime beaucoup et où il se passe pleinde choses. Des événements commeles Accroche-Cœurs ou la Fête de lamusique font évoluer la ville dans lebon sens. Et en tant d’adepte de mu-sique et d’art de rue, je ne peux que lesapprécier à leur juste valeur. Il y a éga-lement de bonnes petites scènes,comme le Chabada. Et un cinéma trèscharmant : Les 400 coups. »

Yves RichardCentre des Trois-Mâts« Je suis arrivé pour la première fois àAngers en 1976. J’avais 24 ans. Je trouvequ’Angers reste une ville très cloison-née culturellement. Les gens s’y cô-toient, s’y croisent, sans jamais serencontrer, ni faire des choses ensem-ble. Mais surtout, cette ville est fasci-nante pour le vert, pour son rapportavec la végétation. Je nourris une pas-sion pour le parc de l’Arboretum, quiest un trésor rarissime dans une ville.J’adore aussi l’île Saint-Aubin. Tout çaest très proche. On peut y aller à vélo.Et subitement, on n’est plus en ville.On est ailleurs ! »

Arash SaeidiPatron de bar« Le souvenir le plus ancien que j’aid’Angers, c’est quand j’étais tout petit,après mon arrivée de Téhéran avec lafamille. J’aime cette ville parce qu’ellea un côté pas trop prétentieux, etagréable. La ville est plus dynamiquequ’avant Le patrimoine a été bien misen valeur, les façades ont été réno-vées, les rues piétonnes dont je suis unfarouche partisan se sont dévelop-pées. Ça met de la vie dans le centre-ville. Le tram est une bonne chose,regardez la rue de la Roë, elle n’estplus tristounette, ça lui ouvre d’autresperspectives. Vivement la 2e ligne ! »

Emmanuel Picot estime que l’accueil qui lui a été réservé a été “ chaleureux et enthousiaste. ”


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