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LE VISAGE RETROUVÉ DE

VINCENT VAN GOGH

NICÉPHORE

CAHIER DE PHOTOGRAPHIES

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LE VISAGE RETROUVÉ DE

VINCENT VAN GOGH

Enquête sur un cartonphotographique dévoilant

son visage d’adulte

STUDIOS ROBESPIERRE

MONTREUIL

MMXV

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Nicéphore, cahier de photographies, ISSN 2263-2069se trouve à Montreuil, aux Studios Robespierre et dans le monde virtuel sur le site www. nicephore .com

Sous la direction de Serge PlantureuxEnglish résumé : Ali Deniz OzkanPhotogravure: Gilles BerquetStudios Robespierre, 71 rue Robespierre 93100 Montreuil [email protected]

“J’ai soixante ou quatre-vingt mètres carrés de murailles à décorer dansla salle de répétitions. J’ai songé aussi aux autres jeunes, ceux qui peignent ousculptent des merveilles quelquefois et les gardent dans leurs greniers. Voulez-vous leur adresser un appel dans votre Cri ?”

"I have some sixty or eighty square meters of walls to be decorated inthe rehearsal room. I also thought about the other young people, those whopaint or sculpt wonders and keep them in their attics. Do you want to sendthem a call in your Cri? "

André Antoine, Le Cri du Peuple, 7 septembre 1887

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AU LECTEURUne image anonyme surgit tout-à-coup au milieu d’une maison que l’on vide par un matinbreton pluvieux de mars 2010. Des indices ténus, quelques lettres éparses mais sur la mêmeétagère, une inscription pince-sans-rire de Paul valéry, un tampon peu lisible dans l’angle ducarton noir, motivèrent une enquête sur l’identité des personnages présents sur cettephotographie.

Le fumeur de pipe en bonnet sera le premier à être reconnu. La prise de vue a interrompu uneconversation entre lui et cinq autres hommes. Debout, car il est chez lui, le personnage centrala réussi sa mise en scène. A son coté un homme aux cheveux blancs arbore sa légion d’honneur.Face au premier mentionné et pareillement accoutré de pantalons bouffants, un homme jeunedéfie l'objectif. Un autre homme tient une pipe de la main gauche. Aussi mal "fagotté" que lepremier, sa veste est fermée par un seul bouton, son bonnet en poils de lapin est visible aumilieu des verres. On n'ose imaginer qu’il ait accepté de se laisser photographier. Et pourtant,à l'évidence, cela ne peut être que lui.

La conversation peut reprendre.

A NOTE TO THE READER

An anonymous image unearthed in a house sale on a rainy morning in Brittany, March Breton2010. Tenuous clues, but a few scattered letters on the same shelf, an ironic comment by PaulValéry, somewhat legible stamp in the corner of black cardboard, enough to start an investigationinto the identity of the six characters on this photograph.

The bonnet pipe smoker will be the first to be recognized. The photographic session interrupteda conversation between him and five other men. Standing, because he is at home, the centralcharacter has a successful staging. At his side a white-haired man flaunts his legion of honor.Facing the first mentioned and likewise dressed in baggy pants, a young man defies the goal.

Another man holds a pipe in his left hand. Even more casually dressed than the first, his jacketis closed by a single button, his cap in rabbit fur is visible among the glasses. We cannot imaginethat he has agreed to be photographed. Yet, obviously, it can only be him.

The conversation can resume.

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Tampon sec en léger relief présent sur la surface du carton qui nous mène aubrevet : “pour un carton photographique imbibé d’huile et séché au four, puismis en couleur des deux côtés et remis au four, ensuite poli avec de la pierre

ponce pilée et mis au four, enfin poli avec du tripoli, verni et séché au four".

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I. ANALYSE MATÉRIELLE

Deux cartons photographiquesun tampon, un brevet d’invention

des lettres, une provenance

LABORATOIRE PHOTOCEROS

MMXIV

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NICÉPHORE, CAHIER DE PHOTOGRAPHIES 8

Première mention de l’amphitype, une image photographiquesimultanément perceptible comme négative ou positive est due à Sir JohnHerschell (1844).

John Hershel, “Contributions to Actino-Chemistry. On the Amphitype, aNew Photographic Process,” Athenaeum, #886 (Oct., 19, 1844), 954.

A photographic process, described by Sir John Herschel, by which wereproduced pictures that were simultaneously positive and negative.

Melanograph is a trade name for a photo printed on paper using the sameprocess as the ambrotype and tintype. Despite the poor quality ofmelanograph images, their inexpensive cost still makes the process a choiceof photographers in some parts of the world today.

Puis Sir Talbot (1851)

Adolphe Martin 1853

Les Américains prennent un brevet surle support verre en 1854.

Une fine plaque de tôle recouverted'un vernis noir et d'une émulsion aucollodion produisait après expositionet développement une image positivedirecte.

Le pannotype ou panotype est unevariante de photographie au collodionsur une toile cirée, parfois sur du cuir.

Le carton photographique de Mérienneest de la même famille.

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191

1.

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9 LFERROTYPE, AMPHITYPE, MELANOGRAPHE

“Gautier-Martin, encadrements, art. de photographie, cartons photogra-phiques, épreuve directe, brev. s.g.d.g., Ménilmontant, 28”.

(Annuaire et almanach du commerce, de l'industrie, etc... 1862)

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Le 4 avril 1861, le sieur Mérienne, (Frédéric), voyageur de commerce, àParis, rue des Solitaires, n" 7, territoire de Belleville, dépose une demandede brevet d’invention pour un carton photographique imbibé d’huile etséché au four, puis mis en couleur des deux côtés et remis au four, ensuitepoli avec de la pierre ponce pilée et mis au four, enfin poli avec du tripoli,verni et séché au four. Inventeur oublié depuis près de 150 ans, Mérienneressurgit du passé grâce à la mise au jour de deux photographies réaliséesà partir de sa technique. Une enquête menée principalement aux Archivesde Paris a permis de retrouver la trace de cet innovateur méconnu. Le 6janvier 1857, Frédéric Mérienne, signalé comme gainier et résidant 7 rued’Ambroise, épouse Alexandrine Joséphine Langlassé. Né le 29 juillet 1832,le futur est natif de Genève. Ses parents sont Michel Mérienne et ElisabethHappish. Sans plus de précision1.

De son côté, le Dictionnaire des photographes de Jean-Marie Voignierindique deux photographesportant ce patronyme : F. Mérienne, photographeen activité à Mazamet (Tarn), rue de la Tonne, dans les années 1880 et, J.Guillaume Mérienne, photographe en activité à Grenoble (Isère), 4, rueLafayette, où il exerce des années 1860 au début des années, 1870, enassociation avec Léon, puis, Léon seul, après 1870.

Nous retrouvons la trace de Jean Guillaume Mérienne à Paris en 1888, oùil décède sur le 9e arrondissement, le 28 octobre 1888. Il est le fils de MichelMérienne et Elisabeth Happish, né à Genève, en 1825, et est signalé commecomptable.

Frédéric et Guillaume Mérienne sont donc frères et nés à Geneve. FrédéricMérienne invente en 1861, un procédé photographique qu’il dépose. Sonfrère ouvre un atelier de photographie à Grenable vers 1861 puis revient àParis, ou il décède en 1888 dans le 9e arrondissement.

1 Actes reconstitués de l’état civil de Paris, Mariage Mérienne-Langlassé, 6 janv. 1857, Archives de Paris,

5MI1 2291

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Remarque importante : l’image est inversée comme sur la plupart des ferrotypes et despanotypes, ainsi que l’explique avec précision Sabrina Esmeraldo dans le VocabulaireTechnique de la Photographie, pages 37 à 43.

En particulier, quand nous remettons l’image dane le sens correct de lecture, le rubande la légion d’honneur va retrouver sa place au revers de l’homme à cheveux gris quenous allons identifier plus loin

11 LE BREVET DE FRÉDÉRIC MÉRIENNE

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6 PERSONNAGES

AK éb VVg

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right reading of the reversed collodion

AA fJD Pg

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Vincent Van Gogh en conversation avec Paul Gauguin et Émile Bernard,Félix Jobbé-Duval, Arnold Koning, debout: André Antoine. Paris, 96 rue Blanche, vers décembre 1887

Mélanotype, image positive directe au collodion sur carton photographiqueimperméabilisé, 88x119 mm, cachet “Gautier Martin breveté SGDG”.

Cette photographie exceptionnelle est l'une des rares connues à ce jour de Vincent VanGogh. Assis autour de lui : Paul Gauguin et Émile Bernard, qui ont séjourné à Pont-Aven, portent tous deux le "bragou berr", pantalon court et légèrement bouffanttraditionnel de cette région. Assis à côté de Gauguin, le peintre breton Félix JobbéDuval, son vieil ami intime qui lui a indiqué Pont-Aven.

Paul Gauguin n’est à Paris que pendant quelques semaines de la mi-novembre 1887aux environs de la fin janvier suivant. Émile Bernard, Félix Jobbé-Duval, André Antoineet Arnold Koning sont également présents dans ce court intervalle. Vincent Van Goghne part pour Arles qu'en février 1888.

Ils se retrouvent dans la cour du 96, rue Blanche où André Antoine, créateur du Théâtre-Libre avait convié les jeunes artistes novateurs à exposer dans sa nouvelle salle derépétition. Trois artistes ont répondu à l’appel relayé dans le Cri du Peuple du 7septembre précédent : Georges Seurat, Paul Signac et Vincent Van Gogh pour qui cetteparticipation représente l’aboutissement de son séjour parisien.

À cette occasion, Vincent Van Gogh accepte de poser avec ses amis. Il a déposé soncurieux chapeau en “poil de lapin” au beau milieu de la table. Avant son arrivée à Paris,il a voulu rendre son aspect physique plus attirant et a fait refaire toute sa dentition. Cen’est qu’après cette “opération esthétique” qu’il a entamé sa longue série d’autoportraits.

En retrait, portant une casquette, on distingue peut-être Arnold Koning, qui vientd'exposer avec le Groupe du Petit Boulevard.

Ce collodion intime et émouvant, retrouvé dans l’archive d’un grand libraire des annéesfolles, nous dévoile ce groupe d'amis conversant.

Ils sont en train de révolutionner le monde de l'art.

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Vincent Van Gogh in conversation with Paul Gauguin and Émile Bernard,Félix Jobbé-Duval, Arnold Koning, standing: André Antoine Paris, 96 rue Blanche, about December 1887

Melanotype, direct reversed positive with sensitized collodion on waterproofedcardboard, 88x119 mm, stamped “Gautier Martin breveté”, recto.

This exceptional reversed photograph is one of the rare known pictures of Van Gogh.Sitting around him: Paul Gauguin and Emile Bernard, wearing the ‘bragou-berr”, atraditional garment from Pont-Aven where they’ve stayed.

Sitting next to Gauguin, the painter Félix Jobbé Duval, an old friend who told him aboutPont-Aven.

Paul Gauguin is in Paris for a few weeks from mid-november 1887 until the 26th ofJanuary. Émile Bernard, Félix Jobbé-Duval, André Antoine and Arnold Koning were alsopresent during this short period. Vincent Van Gogh leaves for Arles only in February1888.

They meet in the courtyard of the 96 rue Blanche, where André Antoine, founder of theThéâtre-Libre had invited the pioneering young artists, painters and sculptors, to exhibittheir works in his new rehearsal hall. Three artists have replied positively to the appealpublished in the Cri du Peuple the preceding 7th of September: Georges Seurat, PaulSignac and Vincent Van Gogh for whom this exhibition is the culmination of his sojournin Paris.

On this occasion, Vincent Van Gogh accepts to pose with his friends. He has put hiscurious fur hat at the center of the table. He wanted to look his best in Paris and had hiswhole dentition remade sometime earlier.

Only after this “cosmetic surgery” did he start his series of self-portraits. Standing aside,wearing a hat, is probably Arnold Koning, who had just finished his exhibition with thepainters of the Petit Boulevard.

This intimate and moving collodion, found in the archive of a Parisian bookdealer of1920’s, reveals a group of friends in conversation.

They are bringing a revolution to the world of Art.

15 VAN GOGH EN CONVERSATION

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VINCENT VAN GOGH (1853-1890)

À Paris Vincent Van Gogh va déployer une énergie considérable pourrencontrer les peintres et puiser de nouvelles sources d’inspiration. L’art desimpressionnistes marque une rupture décisive avec tout ce qu’il avait vuauparavant. Il découvre aussi le monde des estampes japonaises etemprunte aux uns et aux autres, sans sectarisme.

Son allure, celle d’un « bouvier à la toque de fourrure » tel que le décritGauguin, contraste avec son incroyable érudition. Sa gentillesse et sa grandeintelligence vont très vite lui permettre de devenir l’ami de tous. Vincentest un habitué de la boutique du père Tanguy, il y rencontre de nombreuxpeintres d’avant-garde. De longues conversations animées se prolongentdans les cafés et auberges autour de Montmartre. Le divisionnisme de Seuratet Signac animait Paris. Vincent est conquis «Seurat est le chef» dit-il. Ilexpose avec lui 96 rue Blanche, essuyant ainsi les critiques de Bernard quiavait horreur des divisionnistes... Vincent, lui, rêvait d’une associationd’artistes et ne comprenait pas ces « désastreuses guerres civiles ». Sontableau “Jardin avec amoureux” y sera encore accroché en mai 1888, troismois après son départ.

Russel

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17 VINCENT VAN GOGH

Self-portrait with Bandaged Ear, Arles, January 1889

Oil on canvas, 51×45 cm, Leigh b. block collection, Chicago (reversed).

Preliminary note: six men around the table, three carry a hat, another (ÉmileBernard) has a hat placed on his knees. The curious fur cap casually placedin the middle of the table can only correspond to the last two characters.Could the white-haired man decorated with the Legion of Honour (Jobbé-Duval) have such a bad education ? The two pipes with their metal ring also seem to fit. Finally, both coats arebuttoned by one button only.

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PAUL GAUGUIN (1848-1903)

En 1886, Paul Gauguin rencontre pour la première fois Emile Bernard àPont-Aven et Vincent Van Gogh à Paris.

A l’automne 1887, après un voyage éprouvant à Panama puis à laMartinique avec Charles Laval, il rentre à Paris et visite l’expositionorganisée par Vincent au Restaurant du Chalet (peintres du Petit Boulevard: Van Gogh, Toulouse Lautrec, Bernard, Koning, Anquetin).

Gauguin a déjà 15 ans de peinture à son actif lorsqu’il visite cetteexposition. Vincent lui propose alors d’échanger deux de ses tableauxcontre l’un des siens.

Il reverra Vincent et Théo Van Gogh plusieurs fois durant cet hiver 87. Théolui achètera quelques toiles et céramiques. A son départ pour Arles, Vincentest devenu son ami.

Au début de l’année 88 il choisira Pont Aven pour peindre et se refaire unesanté (crises de dysenterie et paludisme contractés à la Martinique). Bernardl’y rejoindra début août.

Bonnet d’astrakhan, moustache et barbiche, pantalons et bottes. Al’exposition de 1889, Paul Gauguin apparaît dans un costume original(cape, bonnet d’astrakan). Gauguin participe activement à la constructionde cette image.

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“Naguère, il avait étonné Paris avec un bonnet d'astrakan et une houppelande defourrure attachée de plaques ciselées “ Et dans la rue, marchant de son pas d'ancienmatelot, lourd, balancé et sûr, à travers la foule parisienne, il parlait peu, visiblementobsédé par tout ce mouvement incohérent, tâchant d'occuper ailleurs sa pensée. Maisil n'échappait pas à la curiosité des passants, que ses dehors étonnaient. il avaitcomposé, inventé son costume en haine, peut-on dire, du normal costume moderne,— ce costume bizarre qu'a si pittoresquement décrit Armand Seguin : « Ce bonnetd'astrakan, cette énorme houppelande bleu foncé que maintenaient des ciseluresprécieuses, et sous lesquels il apparaissait aux Parisiens un Magyar somptueux etgigantesque, un Rembrandt de 1635, lorsqu'il allait entement, gravement, s'appuyantde sa main gantée de blanc, cerclée d'argent, sur la canne qu'il avait décorée. »

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19 PAUL GAUGUIN

PAUL GAUGUIN (1848-1903)Self-portrait with palette, 1893-1894

Oil on canvas, 71x92 cm, private collection.

Paul Gauguin meets Émile Bernard for the first time in Pont-Aven in August 1886. In November1887, after a tiring trip to Panama and the Martinique with Charles Laval, he returns to Paris,quite sick, and visits the exhibition organized by Vincent in the Restaurant du Chalet, avenuedu Clichy (painters of the Petit Boulevard: Toulouse-Lautrec, Van Gogh, Bernard, Anquetin andKoning). Gauguin already has 15 years of painting under his belt when he visits this exhibition.Vincent proposes 2 of his paintings an in exchange for one of Gauguin’s.

Gauguin meets Vincent and Theo several times during the winter of 1887. Theo buys a fewpaintings and ceramics from Gauguin. By the time he leaves for Arles, Vincent has become hisfriend, Paul addresses him with a “my dear Vincent”. At the beginning of the new year, onJanuary 26th, Gauguin chooses Pont-Aven to paint and recover. gauguin suffered for severalmonths from the after-effects of the malaria, dysentery and hepatitis he had contractedduring his trip to Panama and Martinique with the painter Charles Laval (from April toOctober 1887). See exhib. cat. Washington 1988, p. 45.

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ÉMILE BERNARD (1868-1941)

Le benjamin de la bande ; il rencontre Paul Gauguin sur les conseils deSchuffenecker à Pont-Aven durant l’été 1886 alors qu’il fait à pied le tourde la Bretagne. Il est renvoyé de l’atelier Cormon : “L’élève renvoyé vintprendre congé de ses camarades le jour même où Vincent, dans ses tenueshabituelles de plombier zingueur à toque de fourrure, avait commencé àtravailler sous les rires...” (Cf. David Haziot. Van Gogh)

Bernard sera le grand ami, le compagnon de Vincent en cette année 1887.Ils se rencontrent souvent chez Tanguy et à Asnières, où les parents deBernard possèdent une maison. Ils vont exposer ensemble au café LeTambourin, tenu par l’ancien modèle Agostina Segatori, puis au restaurantdu Chalet, avec le groupe du Petit Boulevard. Fin 87, Bernard va tenter deconvaincre Vincent de partir à Pont-Aven, où il désirait aller peindre ; maisVincent ne le suivra pas en Bretagne.

Lettre de Gauguin à Van Gogh (septembre1888) : “J’étudie le petit bernard que jeconnais moins que vous; je crois que vouslui ferez du bien et il en a besoin. Il anaturellement souffert et il débute dans lavie rempli de fiel, entrainé à voir lemauvais côté de l’homme... “

Emile Bernard publie les lettres de VanGogh chez Volard en 1911 et vend lesmêmes lettres en 1928 à la baronneMyriam de Rotschild (Cf INHA) et la lettreà l’éditeur américain Cooper.

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21 ÉMILE BERNARD

“Celui-ci c'est Bernard”, Paris, 1889

Ink on paper “Le synthétisme, un cauchemar !” attributed by Schuffenecker to Paul gauguin,probably by émile bernard, folio 18, in the “Album gauguin” (Paris ; musée du Louvredépartement des Arts graphiques).

The youngest of the group, he meets Paul Gauguin in Pont-Aven through Émile Schuffeneckerduring the summer of 1886 while he is touring Brittany by foot.

He often crosses Vincent’s path at Père Tanguy’s shop (Julien Tanguy, 1825-1894) and theyregularly go for walks from Montmartre to Asnières, then an enjoyable resort where his parentshad a house. Émile is the real great friend, the fellow of Vincent in the year 1887.

They exhibit together, first in the café Le Tambourin, managed by the former model AgostinaSegatori ,then at the Restaurant du Chalet with the painters of the Petit Boulevard. Toward theend of 1887, Émile will try to convince Vincent to join him on a trip to Pont-Aven where hewants to paint again. He also tries to convince him to give up his exhibition with Signac andSeurat in the rehearsal hall of André Antoine, 96, rue Blanche, in vain.

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FÉLIX JOBBÉ-DUVAL (1821-1889)

Peintre originaire de Carhaix (Finistère), Félix Jobbé-Duval parcourt laBretagne depuis les années 1860 et connaît déjà la Pension Gloanec. C’estun proche du père Tanguy, breton et comme lui, rallié à la Commune.

Il porte un ruban de la légion d’honneur, qui lui a été décerné en 1861.

Gauguin le fréquente depuis son retour de Copenhague et Jobbé lui sous-loue son pavillon rue de Carcel en 1880. Son fils Clovis sera en pensionchez les Jobbé à la fin de l’année. Jobbé-Duval sera également le témoinde l’acte de naissance de son fils Jean René en 1881.

“La rue Jobbé-Duval est une voie publique située dans le 15earrondissement de Paris. Longue de 243 m, elle débute au 40 rue Dombasleet se termine au 23 rue des Morillons.”

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23 FÉLIX JOBBÉ DUVAL , UN PROCHE DE GAUGUIN

Photographic portrait in 1879

No vintage print found, from an institutional scan.

Painter from Carhaix (Finistère), Felix has been travelling through Brittany since the 1860’s andknows the Gloanec Hostel really well. He is also a close friend of Père Tanguy, Breton like him,and an old Communard.

He is wearing the badge of the Legion of Honour on the left side of his jacket, awarded in 1861.Important confirmation that the image was reversed due to the photographic process, a directpositive image.

Gauguin subleased him a floor of his Pavilion on the rue de Carcel in 1880. Jobbé Duval alsowitnessed the birth of his first son, Jean-René Gauguin in 1881.

Jobbé-Duval passed away on April 3rd, 1889. The Paris administration named after him a streetopened in 1912:

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ARNOLD KONING (1860-1941)

Le « jeune Koning », comme l’appellera Vincent, arrive à Paris en septembre1887. Il expose avec Vincent et le groupe du Petit Boulevard au GrandBouillon restaurant du Chalet en cette fin de l’automne. 0 dix minutes àpied de la rue Blanche.

Les frères Van Gogh prennent en sympathie ce jeune peintre fraichementdébarqué des Pays Bas. Après le départ de Vincent pour Arles, Théohébergera Koning, rue Lepic du 14 mars au 30 mai 1888.

“Tu rendrais sûrement service à notre ami Koning en le laissant rester avectoi – sa visite chez Rivet doit lui avoir prouvé que ce n’est pas nous quil’ayons mal conseillé. En cas que tu voudrais le prendre – et il me sembleque ce serait un debrouillage pour lui, seulement il faudrait clairements’expliquer avec le père de façon que tu n’aies pas de responsabilités,indirectes mêmes.–

Si tu vois Bernard dis lui alors que jusqu’à présent j’ai à payer plus cher qu’àPont aven mais qu’ici je crois qu’en restant en garni avec les bourgeois ildoit y avoir des économies à faire, ce que je cherche, et dès que j’auraivérifié je lui écrirai ce qui me paraîtra la moyenne des dépenses.”

I think that I’ll be getting a young painter, “Koning”, to come and live with me at thebeginning of next month. He isn’t nearly as skilful as Vincent, but it will be morecompanionable than being on my own.(Theo van Gogh to Willemien van Gogh. Paris, 24 and 26 February 1888 (FR b914).

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25 ARNOLD KONING

Comparison with a photographic wedding portrait, 1893

No vintage print found, from a family wedding picture with Maria Catharina Heeley.

The “young Koning” as Vincent nicknamed him, arrives to Paris in September 1887.

He instantly exhibits with Vincent and the group of the Petit Boulevard.

The Van Gogh brothers show sympathy to this young painter recently arrived from theNetherlands. After Vincent’s departure for Arles, Theo would even host Koning in the rue Lepic,from March 14th to May 30th 1888, on the same bed where his brother had slept: Amice Koning,van Theo vernemende dat gij naar Holland terug gaat wilde ik u een woordje schrijven omafscheid te nemen... [My dear friend Koning, learning from Theo that you’re going back toHolland, I wanted to drop you a line to say farewell. Well, old chap, I’ll often think about ourbeing together in Paris, and I’m sure we’ll hear from you when you’re back in Holland. It’s verygood that you’re returning hale and hearty.

If you should come back next year, come and have a look around here too. I wish you could seethe colour here.]” (Vincent van Gogh to Arnold Koning, Arles, Tuesday, 29 or Wednesday, 30May 1888). Dear friend Koning did not answer.

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ANDRÉ ANTOINE (1868-1941)

Comédien et metteur en scène, cet ancien « employé du gaz » arévolutionné le monde du théâtre en inventant le Théâtre libre en 1887. Ledébut de cette aventure se déroule du côté de la Butte et, en septembre1887, les voilà installés au 96, rue Blanche, dans un grand atelier, avec unescalier indépendant au fond de la cour et un « gentil salon fumoir ». «Nous avons un siège social et c’est une admiration ingénue des auteurs etdes jeunes gens qui prennent déjà l’habitude de monter tous les soirsbavarder... » - Antoine, « Mes souvenirs sur le théâtre libre ».

Désireux de faire partager sa salle à des artistes afin de leur permettred’exposer gratuitement, il fait publier un texte dans Le Cri du Peuple, débutseptembre. Signac, Seurat et Van Gogh organisent début décembre uneexposition de quelques toiles dans ce lieu d’avant-garde.

Une auberge, au joli nom d’Auberge Blanche occupe également un localau rez-de-chaussée, dans la cour.

D’autres peintres comme Lautrec, Rivière, Forain... illustreront par la suiteles programmes de ce théâtre d’art.

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27 ANDRÉ ANTOINE

Portrait as a Theater Director, Paris, 1893

No vintage print found, digitized by getty Image® without original credit.

André Antoine was a clerk at the Paris Gas Utility and worked in the Archer Theatre when heasked to produce a dramatisation of a novel by Émile Zola. The amateur group refused it, so hedecided to create his own theatre to realize his vision of the proper development of dramaticart.

« I have sixty or eighty square metres of wall to decorate in the rehearsing hall. I thought aboutthe others, youg ones, those who paint and those who sculpt marvels sometimes and keep themin their attics. Would you please make a call for them in your Cri ? » André Antoine in Le Cri duPeuple, 7 th september 1887

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Le cyclamen est une plante de jardin qui fleurit àpartir de l’automne et jusqu’au coeur de l’hiver.Elle pousse aussi dans l’herbe des sous-bois oudans les endroits plutôt à l’ombre.

Cyclamen is a garden plant that blooms fromautumn to midwinter.

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L’ENQUÊTE

Témoins, reconstitution de la scène, signalements et habitudes des personnages

enquête de voisinage

MONTREUIL

STUDIOS ROBESPIERRE

MMXIV

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L’escalier actuel a succédé en 1922 à l’ancien, il est détaché du mur pour laisser la lumière pénétrer une loge deconcierge et un palier a permis de réhausser de quelques marches le très singulier accès aux étages de l’immeuble.

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LE THÉATRE LIBRE D’ANDRÉ ANTOINE

Derrière la façade du n°96, rue Blanche dans un atelier au fond de la cour,André Antoine (1851-1943) effectua ses premiers essais de metteur enscène. Cet employé de la Compagnie du gaz révolutionna le théâtrefrançais. Son Théâtre libre proposa pour la première fois au public parisiendes grands auteurs étrangers : Ibsen, Strindberg, Tolstoï, Tourgueniev et desœuvres inédites d'écrivains français : Les Goncourt, Maupassant, Zola,Catulle Mendès, Daudet, Villiers de l'Isle-Adam, Claudel, J.Renard, HenryBernstein. Adepte des théories naturalistes, il prône un art populaire etouvrira la voie à de nombreux prosélytes.

Ces répétitions avaient commencé début septembre 1887 dans le “vaste”local du 96, rue Blanche. Les deux pièces de cet ancien atelier de modisteétaient à la fois le siège social du Théâtre-Libre, une salle de répétitions etun lieu de rendez-vous. En novenbre André Antoine autorisa quelquespeintres à y accrocher des toiles.

André Antoine’s Théâtre-Libre starts in early 1887 in Montmartre. In September, he rents his ownworkshop for the rehearsals with an independent staircase at 96 rue Blanche:

“We have a headquarter and it is an honest admiration of the authors and young ones who tookon the habit of going upstairs to chat…” André Antoine, Mes souvenirs sur le Théâtre Libre. Aninn, with the beautiful name of “Auberge Blanche” is on the ground floor, the entrance is fromthe interior of the porch.

“Théâtre-Libre was a théâtre d'essai, a workshop theatre, where plays were produced whetherthey would perform at the box office or not. It was also a stage for new writing, the subjectmatter or form of which had been rejected in other theatres.

Over a 7-year period, until 1894, the Théâtre-Libre staged some 111 plays. His work hadenormous influence on the french stage, as well as on similar companies elsewhere in Europe,such as the Independent Theatre Society in London and the freie bühne in germany”(Wikipedia).

31 LE THÉATRE LIBRE D’ANDRÉ ANTOINE

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Monsieur Dumas actuel propriétaire du 96 rue Blanche nous a fort aimablementcommuniqué une pièce intéressante.

Dans les années 1870 le rez-de-chaussée du 96 été occupé par une auberge portant lenom poétique d'Auberge blanche. Or elle n'avait pas d'entrée sur la rue, le trottoir estd'ailleurs en pente, l'entrée étant sous le porche, les habitants des étages supérieursdevaient emprunter un escalier assez peu fonctionnel dans la cour. Cet escalier a étérefait au début du XXe siècle sans réellement résoudre tous les problèmes d'accès. Onobserve encore aujourd'hui l'entrée de la cave en dessous et les différentes proportions.Les représentations avaient lieu dans différents théâtres qui acceptaient d’acceuillir latroupe d’André Antoine pendant les jours de relaâche.

La cour du 96 aujourd’hui, l’entrée de l’auberge était sous le porche, un curieux et inhabituel escalieren saillie mène au étages supérieurs et l’escalier indépendant menant à la salle de répétition au fond

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QUELQUES EXTRAITS DES SOUVENIRS D’ANDRE ANTOINE :

Jeunesse : "Réservant tout mon argent auxjournaux et aux livres, je ne déjeunais pas, bienentendu, de sorte que chaque jour, entre midiet une heure, j'occupais ce loisir à longer lesquais, le nez dans les boîtes des bouquinistes.De temps en temps, la grille des Beaux-Artss'ouvrait pour quelque exposition, celle deManet, mort récemment, une rétrospectived'Henri Regnault, tué à Buzenval, ou lesconcours du Prix de Rome. Cette vision del'œuvre vivante et saine du peintre du PèreLathuile me pénétra fortement....

31 mai 1887. La presse est venue au grand complet... tout le personneldramatique du Figaro et aussi beaucoup de camarades du Parnasse, JeanRichepin, François Coppée, Catulle Mendès, Paul Arène... Ollendorff,Carjat... assis côte à côte sur nos pauvres bancs de bois. Le local s'est trouvébeaucoup trop petit pour une assistance pareille, et comme nous n'avonspas de foyer, pendant les entr'actes, tous ces brillants Parisiens se tenaientdevant la porte, en plein air, sur l'escalier montant du passage de l'Elysée-dcs-Beaux-Arts (auj. rue André-Antoine) à la rue des Abbesses...

3 septembre 1887. — Gomment avons-nous fait ? je n'en sais plus rien ;mais nous voici installés, 96, rue Blanche, dans un grand atelier, avec unescalier indépendant au fond de la cour et un gentil salon-fumoir.... Nousavons un siège social et c'est une admiration ingénue des auteurs et desjeunes gens qui prennent déjà l'habitude de monter tous les soirs bavarderet s'enquérir du commencement prochain des répétitions.

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16 janvier 1888. — Le local de nos répétitions, rue Blanche, soulève lacuriosité. Nous serions vite envahis, si je n'avais, dès le début, décidé que,seuls, les auteurs et les artistes de la maison en auraient l'accès. Grâce àcette réserve, le coin demeure intime ; on ne s'y retrouve qu'entre soi. Lagrande salle du fond est consacrée au travail des répétitions, que lesconfrères des auteurs qui vont passer peuvent suivre, mais dans le plusgrand silence. A l'entrée, nous avons une pièce pour causer, bavarder et fumer. Presque tous les soirs, à présent, l'assistance est nombreuse et, ce qui est assez émouvant, c'est l'atmosphère de cordialité et de solidarité dans laquelle tous ces jeunes gens mettent en commun leurs ambitions et leurs espoirs.”

La salle de répétition au premier étage avait une forme triangulaire et surtout unescalier indépendant qui existe encore et qui figure à gauche sur ce plan du rez-de chaussée bâtiment sur cour de 1975.

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35 LE THÉATRE LIBRE D’ANDRÉ ANTOINE

L’APPEL LANCÉ DANS LE CRI DU PEUPLE

Le 3 septembre, Antoine inaugure le siège social de son Théâtre Libre, au96 de la rue Blanche, local promis dans la brochure bleue, et découvertpar E. Paz. Le jour-même ou le lendemain, André Antoine écrit à Paul Alexis,journaliste au Cri du Peuple, journal révolutionnaire qui reparaît depuis1883 et est dirigé par Séverine depuis la disparition de Jules Vallès :

“Mon cher Trublot

J’ai soixante ou quatre-vingt mètres carrés de murailles à décorer dansla salle de répétitions. J’ai songé aussi aux autres jeunes, ceux qui peignentou sculptent des merveilles quelquefois et les gardent dans leurs greniers.Voulez-vous leur adresser un appel dans votre Cri ?

Chez moi, ils viendront accrocher la toile faite, et comme je vais avoirun va-et-vient de gens chics, ce sera une exposition très modeste, mais peut-être utile. Songez que j’ai sur ma liste d’abonnement déjà des princes etdes millionnaires. Il suffira qu’un bout de toile leur tape dans l’œil pourqu’ils l’achètent. Les artistes enlèveront cela quand ça leur plaira.

N’est-ce pas que l’idée est bonne ? Et qu’elle sera peut-être utile pourtout le monde ? Pas besoin de cadres, je veux garder, à ce siège social duThéâtre-Libre, un caractère purement artistique et pas du tout bourgeois.— On y fera des choses d’art de toutes les manières. — Que ces jeunesgens se mettent en rapport avec moi, un bout de lettre, 42 rue deDunkerque (1) n’est-ce pas ?

Merci et bien votre, A. Antoine”

Alexis reproduisit cet appel d’Antoine dans le numéro daté du 7 septembre1887 accompagné de son approbation efficace et rédigée dans le style sicaractéristique du journal :”V’là qu’est fait mon fiston. Et v’là un gas

(1)André Antoine va bientôt quitter sa “mansarde de la rue de Dunkerque” pour établir son lit de campdans la salle de répétition de la rue blanche.

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d’attaque, c’t Antoine, et qui mérite d’réussir., et qui réussira, j’y prédis. Desidées géniales, un esprit d'organisation extraordinaire et une volonté, n'vousdis qu'ça. Vous vous doutez pas que d'puis un an qu'le Théâtre Libre est enfondation — son secrétaire — a écrit quelqu'chose comme 1.500babillardes.

Oui, les peintres — et les sculpteurs aussi — n’manqueront pointd’venir embellir l’siège d’notr’ Théâtre-Libre. Mézigue garantit les impression-nisses”. (Voir aussi : Francis Pruner, Les luttes d'Antoine: au Théâtre libre,M. J. Minard, 1964.

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37 L’APPEL DANS LE CRI

L’aspect de la salle de répétition,aujourd’hui des locaux syndicaux defonctionnaires territoriaux, nous a étéconservé par un tableau de 1889

Le petit frère d’André, Jules Antoine,ne fait pas de théatre, mais il estproche des milieux artistiquesanarchistes de ces années 1880, quisuivent l’amnisitie des Communardsvotée en 1880.

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Jules Antoine (par Daniel Danzon*, d’après les archives et souvenirs familiaux)

Jean-baptiste Jules Antoine naît le 21 mai 1863 dans une famille de métayers desenvirons de Limoges. Ses parents Pierre-françois Antoine et Louise-Philippine Mamoussisont déjà un fils de 5 ans, André. Leur père, Pierre-françois a une belle écriture, on abesoin de copistes à Paris et la famille monte à la capitale en 1868. Pierre-françois seraemployé à la Compagnie Parisienne d’Eclairage et de Chauffage par le gaz. Il y resteratoute sa vie. Louise-Philippine mettra trois autres enfants au monde : Marthe, Paul, puisMarie-Marthe. Ils sont installés place des Vosges, et Jules va à l’école communalecongréganiste de l’impasse du béarn. La guerre, puis le siège de Paris par les Prussiensvont les toucher durement. La petite Marthe meurt de la rougeole, les traces sanglantesde la répression marquent les deux jeunes frères.

André, qui se passionne pour la littérature et le théâtre, abandonne l’école et travailleavec son père à la compagnie du gaz. On reporte sur Jules les espoirs d’ascension sociale.Jules obtient son certificat d’études primaires et une bourse de 74 francs. Il entre commejeune commis dans le cabinet de l’architecte Léon Rivière, qui le pousse à s’inscrire àl’école nationale des arts décoratifs. Il a 13 ans. La famille déménage rue de Sèvres, oùelle a pour voisine Madame Hanotelle, couturière, qui élève seule ses 5 enfants, dontPauline, la benjamine. En 1883, Jules est reçu à l’école nationale des beaux arts. Il suitles cours du soir d’architecture.

*Daniel Danzon, encadreur et arrière-petit-fils de Jules Antoine, a organisé une remarquable expositiondes photographies sans son magasin d’encadreur, Cadre Exquis, rue Doudeauvile.

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39 LES PHOTOGRAPHIES DE JULES ANTOINE

André est en conflit permanent avec sa mère. Il quitte le foyer et se consacre à satroupe de théatre amateur, qui deviendra “Le Théâtre Libre”. Il épouse Marie Rampondont il a un fils, Henri. Il les quittera bientôt pour une comédienne de sa troupe.

Jules est l’élément rassurant, raisonnable, conciliant. Il aide financièrement son frère,et tente des médiations entre les parents et le “fils indigne”. À l’inverse, André tente delui faire intégrer sa troupe : Jules est un beau jeune homme, avide de littérature et d’idéesnouvelles, mais il ne fera que lui dessiner quelques décors. Jules se rêve artiste peintre; il a sympathisé avec le milieu artistique libertaire que fréquente son frère. Le peintreMaximilien Luce devient son ami*, il présente firmin gémier à André, qui l’engage danssa troupe. Jules porte le béret et une canne en jonc. Son engagement dans le mouvementanarchiste se limitera à aller manger de la tête de veau place de la concorde les vendredisaints, en hommage au Chevalier de la barre.

En 1888, Jules épouse Pauline, la fille de la voisine. Ils partent en voyage de noces enNormandie, au Mont Saint Michel, où il peint de jolies aquarelles. Ils s’installent rue deLille. En 1890, il est (brillamment) reçu à l’examen de commissaire voyer de la ville deParis, service chargé du patrimoine architectural après les grands travaux. Il tire un traitsur ses ambitions artistiques et se consacre à sa carrière et à sa famille. Il gardecependant d’étroites relations avec le monde artistique en écrivant sur la peinture dansla revue Art et Critiques2. Il fréquente le salon de Théo Van gogh, soutient les néo-im-pressionnistes tout en ironisant sur leur intransigeance théorique.

Leur fils Jean naît en 1892. La même année, André a un second fils, André-Paul, avecPauline, sa compagne comédienne, alors qu’il est toujours marié avec Marie. C’est larupture entre les deux Pauline, l’épouse de Jules refusant de saluer la compagne d’André.Les deux frères se voient presque en cachette. Après des années de misère, Andrédevient “le grand Antoine”, et révolutionne l’art théatral. Le Tout-Paris littéraire seprécipite au “Théâtre Libre”, où sont créées les pièces d’Ibsen, de Strinberg, de Zola.

Leur fille Marthe naît un an plus tard, en 1893. La famille s’installe au cœur du 14e

arrondissement alors en plein chantier. Jules y construit trois immeubles. Trois immeublesd’angle, sans vis-à-vis. La rue boissonnade est prolongée, en expropriant une parcelledes jardins du couvent de St Vincent de Paul. Le boulevard d’Enfer devient boulevardRaspail.

* en même temps que georges Tardif.

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Si Jules a abandonné la peinture, il se passionne toujours pour la photographie.L’appartement et le balcon du boulevard Raspail deviennent son studio personnel. (Dansla rue voisine, la rue campagne première, habite alors Eugène Atget, photographe duvieux Paris.) Pour Jules, la photographie est une affaire de famille. Il va capter tous lesaspects de la vie enfantine grâce à ses deux modèles, on ne peut plus conciliants.

Jules gravit les échelons, c’est la consécration pour André, et les deux familles seréconcilient. Ils partent en vacances en Normandie, à grandville, puis à Camaret. Lesmilliers de plaques photographiques s’entassent dans des boîtes.

Les enfants ont grandi. Jean, Marthe et leur cousin André-Paul vivent en plein la “belleépoque”. André-Paul les entraîne aux premières et chez Maxim’s, où ils font les 400coups. Les garçons fument un peu l’opium, et si Jean est un brillant élève architecte,Jules vit très mal de voir son fils devenir un dandy. Marthe, elle, est une élève rêveusedes premières classes pour filles du lycée fénelon. Et puis le malheur. Jean meurt d’unepéritonite en 1912.

Deux ans plus tard, Jules commence un journal de guerre où il écrit, le 1er août 1914“Après 44 ans, nous voici de nouveau en guerre ! Nous sommes très déprimés, depuisce matin j’ai la gorge serrée et pense à mon pauvre Jean qui devrait être sous lesdrapeaux avec son cousin André. Quelle douleur s’il était encore là et pourtant combiencette douleur me semble douce à côté de ce que j’ai passé depuis deux ans ! La guerrequi va se faire m’épouvante. Quelle boucherie ! Que de misères et de ruines ! Et puisquelles conséquences ? Que va-t-il rester de toute cette jeunesse ? “

Henri, le fils aîné d’André, engagé dans l’anarchisme et le théatre militant, meut aufront (après avoir été blessé deux fois.) André-Paul, blessé lui aussi, s’est fiancé à Marthequi, restée à Paris, accompagne son père sur les lieux des bombardements.

Jules, Pauline et Marthe ont quitté la rue Léopold Robert après la mort de Jean. Ilshabitent d’abord rue Denfert Rochereau (qui n’est pas encore une avenue) puis loueun bel appartement au 56 boulevard Saint Michel, à l’angle de la rue Monsieur le Prince.Un cinquième étage avec encore un balcon, d’où l’on domine la cime des marronniers.Après la guerre, André-Paul rompt avec sa cousine Marthe, “pour ne pas la rendremalheureuse” dit-il. Pauline s’enferme dans le deuil, Jules travaille, et gravit les échelons.André a perdu le théâtre de l’Odéon, et s’est lancé dans le cinéma.

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41 LES PHOTOGRAPHIES DE JULES ANTOINE

En 1922, Jules est nommé architecte voyer divisionnaire de 1ère classe. Il pense terminersa carrière comme architecte en chef, mais malgré ses états de service il n’obtient pasle poste, (peut être à cause de son passé pacifiste.) Il quitte désabusé l’administration,et se consacre à la gérance d’immeubles.

Jules avait rangé ses appareils photographiques après la mort de Jean. Il les ressort en1929, à la naissance de sa première petite fille. Marthe a épousé sur le tard Carlo, unjeune italien, avec qui elle aura deux filles. Mais Carlo quitte femme et enfants à ladéclaration de guerre pour rejoindre l’Italie mussolinienne. Jules abandonne son cabinetà un neveu du côté de Pauline. André est ruiné. Jules l’héberge dans la maison qu’il aachetée au Pouliguen, près de guérande. En 1942, Sacha guitry organise une soirée enl’honneur d’André au théâtre de l’Odéon, Jules reste dehors, refusant d’entrer dans lasalle où se trouvent des officiers allemands. Jules devient ardent gaulliste.

L’appartement du boulevard saint Michel abrite le couple Antoine, Marthe et ses deuxfilles, et plus tard, les maris de ses filles, et les 5 enfants de celles-ci. Pauline a disparuen 1942, et André en 1943, dans la maison de son frère. Jules s’est éteint paisiblementen 1948, après une dernière dispute avec sa petite-fille à propos de Picasso, dont iltrouvait qu’il “gâchait son talent”.

Jules, éphémère critique d’art et amateur photographe, frère du créateur du ThéatreAntoine, a laissé au fond d’un placard des milliers de plaques de verres.

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Francoise Lucbert est la première à étudier lesarticles de Jules Antoine dans sa thèse : Entre le Voiret le Dire, La critique d'art des ecrivains dans la pressesymboliste en france de 1882 & 1906 (Université deMontréal, septembre 1998). Elle y analyse la revueArt et critique, hebdomadaire animé par ledramaturge Jean Jullien (avec E. Pichot) qui permetaux écrivains et aux peintres d'exposer leurs théorieslitteraires et artistiques : Saunier. Antoine, Germain,Denis, Fencon, Verhaeren, Christophe, Lecomte,Sertat, Darzens, Marquet de Vasselot, Jacquelin. Larédaction est 7 rue des Canettes et la revue qui naîtavec l’exposition universelle paraît du 1er juin 1889au 26 mars 1892 (n°95).

“Aucun dictionnaire ne mentionne ce critique d'art qui est le frère cadet d'AndréAntoine, le fondateur du Théâtre-Libre. J'ai retrouvé sa trace dans I'ouvrage que le filsdu célèbre metteur en scene naturaliste consacre à Antoine père et fils. Souvenirs deParis littéraire et théatral, 1900-1939, Paris, R. Julliard, 1962, p. 83.

Proches des artistes anarchistes, “Jules Antoine, le frère cadet du fondateur du Théâtre-Libre, partage I'opinion [d’Alphonse germain du besoin de révolutionner la politiqueculturelle et artistique de l’état français (Pourquoi l’état favorise t-il un art officiel ?)].

Ayant lui-même reçu une formation a l’école des beaux-arts, le critique d'art attitré deArt et Critique s'oppose à I'enseignement des professeurs trop conservateurs et se réjouitde la fermeture temporaire de I'atelier du peintre académique Leon bonnat en 1890.Réfractaire à toutes les politiques d'exclusion pratiquées par I'lnstitut, Antoine écrit unarticle en faveur de I'admission des femmes a l’école au moment où ces dernièresréclament publiquement le droit de recevoir la même formation artistique que leshommes. Art et Critique est I'un des seuls périodiques du temps à s'intéressersérieusement au sort des artistes feminins : en plus de faire paraître des comptes-rendussur les expositions annuelles de I'Union des femmes peintres et sculpteurs, I'hebdo-madaire publie une lettre de protestation dans laquelle I'artiste gabrielle Louis contesteI'idée selon laquelle les femmes sont incapables de produire de l'art.

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Mais ce type d1interêt concerne moins les revendications feminines en elles-mêmesque la critique des institutions nationales ; Antoine embrasse la cause des femmespeintres et sculpteurs parce que cela constitue une façon comme une autre de contesterle système etabli. En réalite, tous les moyens sont bons pour protester contre le systemeofficiel et c'est à ce titre que les périodiques symbolistes apportent leur soutien auxinitiatives personnelles pouvant porter atteinte à l'hégémonie de I'administrationpublique en matiere de beaux-arts.”

Jules Antoine fournit un article à chaque numéro tant que Jean Jullien en est le rédacteuren chef, du n°1 au n°83. Voici quelquesuns de ses articles représentatifs :

Les Difformes et les malades dans l’art n°2, 8 juin 1889, p. 67

Tribune libre (sur félicien Rops) n°10, 3 août 1889, p. 159

Exposition retrospective de I'art francais, n°17, 22 septembre 1889,

Impressionistes et Synthétistes n°24, 9 Nov. 1889.

Les Salons n°49, 3 mai 1890, pp. 273-275.

Exposition de M. J. f. Raffaelli, n° 54, 7 juin 1890, pp. 363-365

Les Peintres néo-impressionnistes n° 63, 9 août 1890 (Van gogh et Signac)

À l’école des beaux-Arts, n° 70, 27 septembre 1890, p. 620

Les femmes peintres et sculpteurs n° 91, 27 février 1892, p.109

Jules Antoine participe en fait chaque semaine à la revue tant que son ami Jullien ladirige, jusqu’à son appel à l’aide du n°84, daté du 3 janvier 1891. Ensuite on ne trouveplus qu’un ou deux articles dans les numéros 85 à 95.

Jules Antoine écrit par ailleurs en 1891 dans La Plume : “Cest avec une satisfactionprofonde que nous voyons enfin I'anarchie régner dans le monde des artistes” (“Le Salondes Champs-Élysées”, La Plume, n° 81, ler juin 1891, p. 189).

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Librairie Ronald Davis, 160 Rue du faubourg Saint-Honoré

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45 UN LIBRAIRE NOMMÉ DAVIS

LA PROVENANCE : UN LIBRAIRE NOMMÉ DAVIS“Ronald Davis (1886-1931) était un petit éditeur indépendant, installé d’abord aun° 71 de la rue de Rennes. Sa Société générale d'imprimerie et d'édition publia, entre1920 et 1931, plus de trente livres à tirages limités. Il s'agissait principalementd'ouvrages littéraires de Claudel, Jarry, Rimbaud et Valéry, et si Davis ne tomba pascomplètement dans l'oubli, et que l'histoire de sa vie fût étudiée, ce fut grâce auxéditions des œuvres de Valéry.

Roger Stoddard, un bibliothécaire américain enthousiaste, admirateur de Valéry, futintrigué par cet éditeur enveloppé de mystère, et il entreprit des recherches. Celles-ci le menèrent, après quelques impasses, jusqu'au collectionneur Jacques Guérin,qui lui raconta l'histoire de Davis et de Madame de Rothschild :

Pendant la Première Guerre mondiale, RonaldDavis, un Anglais d’origine juive, alors soldaten France, tomba amoureux d’une Françaiseet s’installa à Paris, où il ouvrit une petitelibrairie en 1920. Un jour, Alexandrine deRothschild (1884-1965), femme riche,volontaire, dominante et puissante, apparentéeà la grande famille de banquiers, entra dansson magasin. Elle devint une fidèle cliente,Davis achetant des ouvrages importants à desventes aux enchères, qui enrichirent sacollection bibliophile déjà imposante. Grâce àMadame de Rothschild, le commerce de Davisprospéra, et il acquit une certaine notoriété.Cependant, sa principale cliente posait desexigences, lui ordonnant, par exemple,d'établir sa librairie plus près de chez elle, leFaubourg Saint Honoré devenant par la suite

sa base d'opération.

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Davis était lui-même collectionneur, notamment d’ouvrages de Baudelaire, dont ilappréciait beaucoup les œuvres, avant même son émigration en France. Madamede Rothschild lui permit de se constituer une collection respectable. En plus de cettepassion, de l’édition de livres et de la gérance de la librairie, Davis participa, pendantune courte période, à la revue Commerce, dont Adrienne Monnier, libraire, éditeur,gérante d'un salon, fut l'initiatrice. Elle mit fin à ses activités de secrétaire à larédaction au bout du premier numéro, suite à une dispute avec Jean Paul Fargue,passant le relais à Davis à l’automne 1924… pas pour très longtemps, car celui-citrouva la mort dans son club de sport de la rue Daru, le mercredi 26 août 1931,d'une manière peu héroïque, suite à un coup de crosse de golf.

NICÉPHORE, CAHIER DE PHOTOGRAPHIES 46

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Si l'on zoome sur la vie de Ronald Davis, toute une 'armée' de collectionneurs delivres apparaît alors. Madame de Rothschild, collectionneuse, fit en sorte que lecommerçant Ronald Davis pût se constituer lui-même une collection (qui fut achetéepar d'autres bibliophiles après sa mort), et par ailleurs, qu'il pût éditer des livres,pouvant à leur tour être collectionnés...”

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Reproduction photographique d’une dédicace de Paul Valéry, que le libraire RonaldDavis avait réalisée et conservée après avoir vendu le livre (collection privée).

47 UN LIBRAIRE NOMMÉ DAVIS

Références : Collection Louis Koopman (notice de Dignimont commenté)Roger E. Stoddard, “À Ronald Davis qui Vend le Pire et Garde le Meilleur pour soi”,dans: Gazette of the Grolier club, 43 (1991), p. 25-48

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LE SECOND PORTRAIT SUR “CARTON PHOTOGRAPHIQUE”

Carton photographique de plus grandes dimensions, 174x127 mm contre90x118 mm, portant le même tampon “gautier Martin, breveté SgDg”.

Il a été trouvé lui aussi dans les papiers de Ronald Davis en même tempsque l’autre mais dans une chemise séparée, et sans indications. Onremarque la place laissé par un clou, ce qui suppose qu’il a été accrochéde la plus simple façon sur un mur.

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Identification du mobilier

right reading of the reversed collodion

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49 FÉLIX JOBBÉ DUVAL

Comparaison avec le portrait de Signac par Seurat, et deux portraits de Signac en 1881et 1894, aimablement communiqués par les archives Paul Signac.

Comparaison avec différents portraits d’André Antoine

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Pourquoi Paul Signac pose-t-il seul accoudé à la même table ? La dispute avec ÉmileBernard (page de droite) a certainement été violente car elle va susciter une trèslongue lettre de Vincent Van Gogh. Ci-contre, une photographie aimablementcommuniquée par le musée de Pont-Aven représente un groupe de peintres quelquesannées plus tard : l'un d'entre eux porte exactement la même tenue qu'EmileBernard, empreuntée aux tenues traditionnelles du Pays de l'Aven. Même veste,même "bragou berr", pantalon bouffant, rentré dans des bottes.

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This document kindly providedby the Pont-Aven museumrepresents a group of painterssome years later: one of themhas exactly the same outfit thatEmile bernard. Even jacket,even "bragou berr" baggytrousers, tucked into boots.

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“Mon cher copain Bernard,

Je sens le besoin de te demander pardon de t’avoir lâché sibrusquement l’autre jour. Ce que par la présente je fais donc sans tarder...

Je suis moi tout de même allé chez Guillaumin, mais dans la soirée,et j’ai pensé que peut-être toi ne sais pas son adresse qui est 13 Quaid’Anjou. Je crois que comme homme Guillaumin a les idées mieux en placeque les autres et que si tous étaient comme lui on produirait davantage debonnes choses et aurait moins de temps et d’envie de se manger le nez.

Je persiste à croire que, non pas parce que moi je t’ai engueulé maisparce que cela deviendra ta propre conviction, je persiste à croire que tut’apercevras que dans les ateliers non seulement on n’apprend pas grandchose quant à la peinture mais encore pas grand chose de bien en tant quesavoir vivre. Et qu’on se trouve obligé d’apprendre à vivre comme à peindresans avoir recours aux vieux trucs et trompe l’oeil d’intrigants.

Je ne pense pas que ton portrait de toi-meme sera ton dernier ni tonmeilleur – quoique en somme ce soit terriblement toi.

Dites donc – en somme ce que je cherchais l’autre jour à t’expliquerrevient à ceci.– Pour eviter les généralités permets moi de prendre unexemple sur le vif. — Si tu es brouillé avec un peintre, par exemple avecSignac et qu’en conséquence de cela tu dis — si Signac expose là oùj’expose je retire mes toiles — et si tu le dénigres, alors il me semble quetu agis pas aussi bien que tu pourrais agir.

Car il est mieux d’y regarder longtemps avant de juger si categorique-ment et de refléchir, la réflection nous faisant apercevoir à nous-même, encas de brouille, pour notre propre compte autant de torts que notreadversaire et à celui ci autant de raison d’être que nous puissions en desirerpour nous.

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Si donc tu as deja réflechi que Signac et les autres qui font du pointilléfont avec cela assez souvent de très belles choses — Au lieu de dénigrercelles-là il faut surtout en cas de brouille les estimer et en parler avecsympathie.

Sans cela on devient sectaire étroit soi-même et l’équivalent de ceuxqui n’estiment pour rien les autres et se croient les seuls justes.

Ceci s’étend même aux académiciens car prends par exemple untableau de Fantin Latour – surtout l’ensemble de son œuvre. — Eh bien —voila quelqu’un qui ne s’est pas insurgé et est-ce que cela l’empêche, ce jene sais quoi de calme et de juste qu’il a, d’être un des caracteres les plusindépendants existants.

Volontiers je ferai mon possible pour faire que ce que l’on acommencé dans la salle réussisse mais je crois que la premiere conditionpour réussir c’est de laisser là les petites jalousies, il n’y a que l’union quifait la force.

L’intérêt commun vaut bien qu’on y sacrifie l’égoisme, le chacun poursoi.

Je te serre bien la main”.

Vincent

(Lettre de Vincent van Gogh à Émile Bernard, sans date mais unanimement acceptéecomme datant de la période des deux expositions de fin novembre, décembre 1887,l’une au restaurant-bal public du Chalet et l’autre dans la salle de répétition d’AndréAntoine).

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NICÉPHORE, CAHIER DE PHOTOGRAPHIES 54

“J’ai dû dépenser aussitôt la lettre reçue presque tout pour des couleurs et des toileset je voudrais bien qu’il te fusse possible de m’envoyer encore quelque chose de cesjours ci. Le tableau du jardin avec amoureux est au Theatre Libre. Boyer l’encadreura toujours encore une lithographie, le vieillard à tête chauve.” “Tableau du jardindes amoureux” (JH 1258)

Ce square porte le nom de l'ancien propriétaire du château, le marquis Marc Renéde Voyer d'Argenson qui faisait parti d'un vaste domaine. La ville d'Asnières se rendpropriétaire du château en 1926, et lui donne ce nom en 1932. Le parc en 2015 :Rue du Château - quai du Docteur Dervaux Surface : 8 400 m². Sept platanes d'unehauteur de 30 mètres de haut, vieux depuis presque deux siècles donne unedimension particulière. Sans oublier ses magnifiques statues, sont pont fleuris, sesessences rares…tout y est fait pour une ambiance romantique et poétique.

Page 55: Nicephore 3e cahier van gogh 0515

55 L’EXPOSITION DU FOYER DU THÉATRE LIBRE

ÉLÉMENTS DE

RECONSTITUTION DE L’EXPOSITIONDE LA SALLE DE RÉPÉTITION

DU THÉÂTRE LIBRE EN 1887

Quinze toiles exposées ?

une seule vendue

MONTREUIL

STUDIOS ROBESPIERRE

MMXV

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tableau de signac vendu à

tableau de Seurat

tableau retiré de Bernard ? autoportrai

NICÉPHORE, CAHIER DE PHOTOGRAPHIES 56

3 tableaux de VVG ?

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it cruel ?

57 L’EXPOSITION DU FOYER DU THÉATRE LIBRE

Paul Gauguin to Vincent van Gogh (believed to be still in Paris) end of February 1888.

Mon cher Vincent,“Je voulais écrire à votre frère mais je sais que vous vous voyez tous les jours1 et je crainsde l’ennuyer, occupé comme il est depuis le matin jusqu’au soir par les affaires. Je suisparti pour travailler en bretagne, (toujours la rage de peindre), et j’avais bon espoird’avoir les fonds pour celà. Le peu que j’ai vendu a servi à payer les quelques dettescriardes et dans un mois je vais me trouver sans rien. Zéro, c’est une force négative.

Je ne veux pas presser votre frère mais un petit mot de vous à ce sujet me tranquiliseraitou du moins me ferait patienter. Mon dieu que les questions d’argent sont terribles pourun artiste !

Et s’il faut faire des rabais ne craignez pas, pourvu que je trouve quelques fonds.— Jeviens de passer 15 jours dans le lit, repris par la fièvre et je recommence à travailler. Sije peux étaler 5 à 6 mois je crois que je rapporterai quelques bonnes toiles. — Un motde réponse encourageant si c’est possible. —

Tout à vous, Paul gauguin

Pont Aven chez Made gloanec, finistère

Amsterdam, Van gogh Museum, inv. no. b839 V/1962

Date: The letter dates from no later than 1 March, since Theo had to send it on fromParis and Vincent says in letter 582 of around 2 March that he has meanwhile receivedit. Moreover, he does not mention gauguin’s letter in his letter to Theo of aroundMonday, 27 february (letter 580). We, like Merlhès, have therefore dated it on or aboutWednesday, 29 february 1888. See Correspondance gauguin 1984, p. 172.

Additional: Vincent sent this letter to Theo for him to read, together with letter 583. fromll. 3-4 it appears that gauguin assumed that the brothers were still living together. Hehad consequently sent the letter to Theo’s address, and Theo had apparently sent it onunopened. Vincent says in letter 582 that in future Theo can open his mail.

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NICÉPHORE, CAHIER DE PHOTOGRAPHIES 58

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ÉLÉMENTS DE

RECONSTITUTION DE L’EXPOSITIONDU PETIT BOULEVARD DE 1887

(Grand Bouillon-Restaurant du Chalet

43, avenue de Clichy)

Cent toiles exposées ?

une de Bernard vendue ?

MONTREUIL

STUDIOS ROBESPIERRE

MMXV

59 L’EXPOSITION DU FOYER DU THÉATRE LIBRE

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Dispute Bernard SignacUn Cauchemar

Discussion et interprétation du dessincaricature

Ci-contre, Émile Bernard en 1892

NICÉPHORE, CAHIER DE PHOTOGRAPHIES 62

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63 L’EXPOSITION DU FOYER DU THÉATRE LIBRE

Dessin de Bernard

annoté par Mme SchuffeneckerAlbum di t Gauguin des dessins retrouvés dans sa champbre chezSchuffenecker après son départ.

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Paul

Gau

guin

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LE PEINTRE AU BONNET D’ASTRAKHAN

Essai chronologique sur les portraits photographiques de Paul Gauguin

1887

Profil à la casquette

1891 en costume breton

1893

Gauguin de profil

Pont-Aven 1894 avec Anna la avanaise

Le mariage

Portrait avec le Fez

Portrait retrouvé par le Télégramme

MONTREUIL

STUDIOS ROBESPIERRE

Page 66: Nicephore 3e cahier van gogh 0515

NICÉPHORE, CAHIER DE PHOTOGRAPHIES 66

LES PORTRAITS DE JEUNESSE

18661.1

Paul Gauguin (né le 7juin 1848 à Paris —mort le 8 mai 1903, àAtuona, Hiva Oa, ÎlesMarquises)

Premier essaiiconographique :Kuno Mittelstädt, DieSelbstbildnisse Paulgauguin, Berlin, 1966

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67 PORTRAITS DE PAUL GAUGUIN

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NICÉPHORE, CAHIER DE PHOTOGRAPHIES 68

Paul Gauguin (né le 7 juin 1848 à Paris — mort le 8 mai 1903, àAtuona, Hiva Oa, Îles Marquises)

LES PORTRAITS DE BOUTET DE MONVEL

18912.1

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69 PORTRAITS DE PAUL GAUGUIN

Page 70: Nicephore 3e cahier van gogh 0515

NICÉPHORE, CAHIER DE PHOTOGRAPHIES 70

LES PORTRAITS À PARIS

18663.1

Page 71: Nicephore 3e cahier van gogh 0515

71 PORTRAITS DE PAUL GAUGUIN

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Page 74: Nicephore 3e cahier van gogh 0515

NICÉPHORE, CAHIER DE PHOTOGRAPHIES 74

LES PORTRAITS À TAHITI

18904.1

Page 75: Nicephore 3e cahier van gogh 0515

75 PORTRAITS DE PAUL GAUGUIN

Page 76: Nicephore 3e cahier van gogh 0515

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LE PEINTRE ET LES AUTOPORTRAITS

Essai chronologique sur les portraits de Vincent van Gogh

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Les portraits et autoportraits sont rassemblés par périodes, et présentés dansl’ordre chronologique reconstitué. On reproduit pour chaque portrait la notice de laremarquable étude iconographique publiée par le Musée d’Amsterdam.

L’ Iconographie de Vincent Van Gogh , établie par ée ici.

Abbréviations utilisées :

JH : Jan Hulsker, Van Gogh en zijn weg, Het Complete Werk, Meulenhoff/Landshoff,1978WM : notices de Cposition Baudelaire / Paris, BHVP

Amsterdam : pour le Musée d’AmsterdamArles : pour les collections de la Bibliothèque nationale de France Orsay : pour la documentation du Musée d’Orsay

I’m seeing about getting my teeth put right again. I have no fewer than 10 teeth that I’veeither lost or am losing. And that’s too many and too disagreeable, and besides it makesme look as though I’m over 40, which puts me at too much of a disadvantage.So I’ve decided to have them seen to. It’s a business that will cost me 100 francs, but itcan be done now while I’m drawing more easily than at any other time — and I’ve hadthe bad teeth cut down, and just paid about half in advance. I was told at the same timethat I ought to look after my stomach, because it’s not right. It’s certainly not got anybetter since I’ve been here. But it’s something if one knows where the problem lies, anda great deal can be done about it with a little energy. It’s not pleasant, but what must bemust be, and one must see that one stays alive and see one saves some strength if onewants to make paintings. I thought that my teeth were bad for another reason, and Ididn’t know that my stomach had deteriorated to such an extent. You may say this isstupid, but one sometimes has to choose between two evils and is stuck on one side oron the other. 2r:5 It was the last month that I’ve had a lot of trouble with it — I alsostarted to cough all the time, bring up phlegm &c., so that I became worried. But we’ll

NICÉPHORE, CAHIER DE PHOTOGRAPHIES 78

Page 79: Nicephore 3e cahier van gogh 0515

PORTRAITS DE JEUNESSE VINCENT À TREIZE ANS, 1866VINCENT À DIX-SEPT ANS, 1871

SELF PORTRAITS , 1886

JOHN PETER RUSSEL OIL ON CANVAS, 1886

HENRI DE TOULOUSE LAUTERC , 1887

SELF PORTRAITS , 1887SELF PORTRAITS , 1887

LUCIEN PISSARO CONVERSATION WITH FENEON, 1887

DERNIÈRE SÉANCE, CHEZ CARJAT L’IMAGE DU DÉSESPOIR 1866

1.11.2

VVG

JPR

HTL

VVG

LP

7.1

On connaît à ce jour deux portraits photographiques de jeunesse, et vingt-huitautoportraits du peintre né à Groot-Zundert (Hollande) le 30 mars 1853 et mort à Auvers-sur-Oise (France) le 29 juillet 1890

79 ESSAI CHRONOLOGIQUE

Page 80: Nicephore 3e cahier van gogh 0515

LES PORTRAITS D’ENFANCE18661871

ousof.

Localisation de l’épreuve d’époque : Amsterdam ?

Vincent à l’age de treize ans, WM, page 703Vincent à l’age de dix-huit ans, WM, page 705

Suite à sa mauvaise alimentation due à la misère dans leBorinage, Vincent a perdu une dizaine de dents. En plus deson allure de pauvre hère mal habillé, son sourire édentédevait faire fuir les gens.Si jusque-là, il ne prêtait que peu d’importance à sonapparence, arrivé à Anvers, dans une grande ville, Vincentéprouve le besoin de se soigner et de se rendre plusprésentable.

«Quant à mon physique, il s’agit de l’embellir un peu. Onest en train de rafistoler ma denture. J’ai perdu une dizainede dents. C’est trop, ça me gêne. Ça me donne l’air d’avoirplus de quarante ans et ça me fait tort. J’ai donc décidé d’yporter remède ».

A Paris, quelques mois après son arrivée, il se fait de nouveau

NICÉPHORE, CAHIER DE PHOTOGRAPHIES 80

Page 81: Nicephore 3e cahier van gogh 0515

81 PREMIÈRE SÉANCE, CHEZ NADAR

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Avant de réparer sa machoire

Page 82: Nicephore 3e cahier van gogh 0515

Unique épreuve d’époque connue, surpapier aristotype, 132x160 mm, annotéede la main de Bernard à l’encre :“asnières, mon portrait en 1886”,montage postérieur sur lequel une maindifférente (de la famille d’Émile Bernard?) a ajouté après 1940 : “émile bernarden conversation avec Vincent Van goghsur les Quais de la Seine à Asnières. En1887 tous deux firent une toile intitulée“Le Pont d’Asnières” que l’on aperçoitdans le fond de cette photographie.”

collection privée.

JH

Walther-Metzger, page ?

NICÉPHORE, CAHIER DE PHOTOGRAPHIES 82

CERCLE D’ÉMILE BERNARDPORTRAIT SUR LE QUAI

ASNIÈRES, 1886

“bovendien had Van gogh een hekel aanhet medium fotografie en wilde hij nooit opde foto. Van de drie foto's die in het verledenvan hem zijn opgedoken waren er twee uitzijn kindertijd. Slechts één foto toont eenvolwassen Van gogh, in het gezelschap vanEmile bernard. Maar daarop zijn slechts deruggen van de mannen te zien, terwijl ze aanhet water zitten“ (Musée Van Goghd’Amsterdam).

Page 83: Nicephore 3e cahier van gogh 0515

83 SUR LES QUAIS D’ASNIÈRES

Page 84: Nicephore 3e cahier van gogh 0515

oil on canvas, cm

.

JH 1248

JH 1299

JH 1304Walther-Metzger, page ?

NICÉPHORE, CAHIER DE PHOTOGRAPHIES

VINCENT VAN GOGH

SELF-PORTRAITSPARIS, 1886

Page 85: Nicephore 3e cahier van gogh 0515

85 AUTOPORTRAITS DE 1886

Page 86: Nicephore 3e cahier van gogh 0515

oil on canvas, 60.1 cm x 45.6 cmVan Gogh Museum, Amsterdam (Vincent van Gogh Foundation)

The Australian painter John Peter Russell got to know Vincent at Fernand Cormon’sstudio. He painted this portrait of his friend in 1886 in a conventional, realistic style. Itis clearly influenced by photography, although the face and the hand still showImpressionist touches.

The portrait was not so dark originally. Another artist, Archibald Standish Hartrick, metVan Gogh at Russell’s studio. He later recalled: ‘[Russell] had just completed that portraitof him in a striped blue suit.’ You can indeed just make out a few little blue stripes atthe lower edge of the painting. Analysis has revealed, moreover, that the words ‘Vincent,in friendship’ were painted in red over Van Gogh’s head.

In Hartrick’s view, this was the most accurate portrait of Van Gogh – more realistic thanthe likenesses done by other artists or any of Vincent’s self-portraits. Van Gogh was veryattached to it. Years later, he wrote to Theo: ‘take good care of my portrait by Russell,which means a lot to me.

Walther-Metzger, page 711

About Russel and Montmartre : “In Paris on 8 February 1888 he married Auguste Rodin'sbeautiful Italian model Marianna Antoinetta Mattiocco. “

NICÉPHORE, CAHIER DE PHOTOGRAPHIES 86

JOHN PETER RUSSELL (1858-1930)VINCENT VAN GOGH

PARIS, 1886

Page 87: Nicephore 3e cahier van gogh 0515

87 PORTRAOT PEINT PAR JOHN PETER RUSSELL

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Page 88: Nicephore 3e cahier van gogh 0515

chalk on cardboard, 57 cm x 46 cmVan Gogh Museum, Amsterdam (Vincent van Gogh Foundation)

According to the artist Paul Signac, Vincent van Gogh rounded off every day in the bar,where the ‘absinthes and brandies would follow each other in quick succession’. VanGogh himself later admitted that he was ‘almost an alcoholic’ by the time he left forArles . Henri de Toulouse-Lautrec had good reason, therefore, for sketching his friendat a table with a glass of absinthe.

The French painter met Van Gogh, who was ten years older than him, at FernandCormon’s studio, where they were both taking lessons. They probably worked togetherintensively for a while, as the style and technique of their paintings in this period lookvery similar.

Toulouse-Lautrec sprang to his friend’s defence at the exhibition of ‘Les Vingt’ in Brusselsin early 1890. Van Gogh had submitted six paintings, which caused a furore during theopening. Toulouse-Lautrec was so angry about some of the negative comments he heardabout Vincent’s work that he almost got into a fight with another artist. The two paintersmight have seen each other one last time a few months later, when Van Gogh left Saint-Rémy and travelled to Auvers-sur-Oise via Paris. Little else is known about theirfriendship.

Walther-Metzger, page

NICÉPHORE, CAHIER DE PHOTOGRAPHIES 88

HENRI DE TOULOUSE-LAUTREC (1830)VINCENT VAN GOGH

PARIS, 1887

HTL

Page 89: Nicephore 3e cahier van gogh 0515

89 PORTRAOT PEINT PAR HENRI DE TOULOUSE LAUTREC

Mus

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Page 90: Nicephore 3e cahier van gogh 0515

oil on cardboard, 41 cm x 33 cmVan Gogh Museum

Oil on cardboard, 32,8 x 24 cmKröller-Müller Museum

pencil, pen and ink, on paper, 31.1 cm x 24.4 cmVan Gogh Museum

Walther-Metzger, page

NICÉPHORE, CAHIER DE PHOTOGRAPHIES 90

VINCENT VAN GOGH (1853 - 1890)SELF PORTRAITS

PARIS, SPRING 1887

Page 91: Nicephore 3e cahier van gogh 0515

91 PREMIÈRES SÉANCES, CHEZ NADAR

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Page 92: Nicephore 3e cahier van gogh 0515

‘People say – and I’m quitewilling to believe it – that it’sdifficult to know oneself – but it’snot easy to paint oneself either’,Van Gogh once wrote to hisbrother Theo.

Left : August 1887JH 1353

Right : september 1887oil on canvas, 44.5 cm x 37.2 cmVan Gogh Museum

JH 1353Walther-Metzger, page

NICÉPHORE, CAHIER DE PHOTOGRAPHIES 92

VINCENT VAN GOGH (1853 - 1890)SELF-PORTRAIT WITH GREY FELT HATPARIS, SUMMER-AUTOMN 1887

Page 93: Nicephore 3e cahier van gogh 0515

93 PREMIÈRES SÉANCES, CHEZ NADAR

Van

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Page 94: Nicephore 3e cahier van gogh 0515

Vincent in Conversation

carton photographique

.

NICÉPHORE, CAHIER DE PHOTOGRAPHIES 94

JULES ANTOINE (ATTR. )VINCENT VAN GOGH IN CONVERSATION WITH FRENCH PAINTERS

PARIS DECEMBER 1887

Page 95: Nicephore 3e cahier van gogh 0515

95 PORTRAIT PRIS PAR EUGÈNE BOCH

Page 96: Nicephore 3e cahier van gogh 0515

Vincent in Conversation with Félix Fénéon

Black crayon on paper(Oxford, Ashmolean Museum)

Félix Fénéon et Vincent van Gogh.

Félix Fénéon qui selon Apollinaire "n'a jamais été très prodigue de sa prose"cessapresque d'écrire sur l'art en 1891, mais il continua jusqu'à sa mort à soutenir les peintresde l'Ecole moderne..

Le véritable inventeur de "Twitter", il innove dans le journal "Le Matin" une formulejournalistique jusqu'alors inconnue : "Les Nouvelles en trois lignes" comprenant entre130 et 135 signes typographiques maximum en style télégraphique !

On peut lire avec intéret le livre de Daniel Grojnowski, Aux commencements du riremoderne. L'esprit fumiste, José Corti, Paris, 1997 .

Walther-Metzger, page

NICÉPHORE, CAHIER DE PHOTOGRAPHIES 96

LUCIEN PISSARO

VINCENT VAN GOGH IN CONVERSATION WITH FÉLIX FÉNÉON

PARIS WINTER 1887/1888

Page 97: Nicephore 3e cahier van gogh 0515

97 PORTRAIT PRIS PAR EUGÈNE BOCH

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Page 98: Nicephore 3e cahier van gogh 0515

Vincent van Goghin Arlesphoto owned by Eugene BochVincent van Gogh and Eugene Boch were both students at the atelier Cormoneven though they did not attend painting classes at the same time.

trouvé sur le site Villeroy et Boch une photo de Vincent Van Gogh, prise à Arles parEugène Boch en juillet/aout 1888.Pourquoi est-elle si peu connue, est-elle aussi contestée ?Cette photo montre un Van Gogh ressemblant , avec un visage plus émacié (il souffrede l'estomac depuis son arrivée à Arles et se nourrit mal).Mais les proportions du visage sont les mêmes.

NICÉPHORE, CAHIER DE PHOTOGRAPHIES 98

CIRCLE OF EUGÈNE BOCH

VINCENT BLESSÉ ET RASÉ, DE PROFILARLES JUILLET/AOUT 1888

Page 99: Nicephore 3e cahier van gogh 0515

99 PORTRAIT PRIS PAR EUGÈNE BOCH

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Page 100: Nicephore 3e cahier van gogh 0515

affiche de l'exposition au "café des arts, volpini directeur"Paris, Imprimerie Watelet, [juin 1889]AFFICHE DE L'EXPOSITION AU "CAFÉ DES ARTS, VOLPINI DIRECTEUR" PARIS, IMPRIMERIE WATELET, [JUIN 1889]Affiche à l'italienne, 287 x 400 mm, imprimée en noir sur fond blanc à rayureshorizontales orangées, sur papier pelure.

Page 101: Nicephore 3e cahier van gogh 0515

D’UN ISME L’AUTREÉLÉMENTS DE CHRONOLOGIE

1884-1889

Pointillisme, Chromo-Luminarisme, Impressionisme,

Confettisme, Cloisonisme, Divisionisme, Synthetisme,

Néo-Impressionisme, Néo-Réalisme, Néo-Traditionalisme

MONTREUIL

STUDIOS ROBESPIERRE

MMXV

Page 102: Nicephore 3e cahier van gogh 0515

UNe baignade à Asnières. Peint pendant l’été et l’automne 1883 pargeorges-Pierre Seurat (Paris 2 décembre 1859 - Paris 29 mars 1891),pionnier de la technique de chromo-luminarisme, ou peinture optique,appelée plus couramment pointillisme ou divisionnisme. Exposé en 1884Achetée par félix féneon.

Ses six œuvres principales, peintures définitivespour lesquelles Seurat a réalisé plusieurs dessinset esquisses peintes qu'on retrouve aujourd'huidans quelques collections publiques sontréalisées entre 1884 et 1891 (son décès subit).

NICÉPHORE, CAHIER DE PHOTOGRAPHIES 102

1883

Page 103: Nicephore 3e cahier van gogh 0515

103 D’UN ISME L’AUTRE 1886-1889

Le divisionnisme (aussi appelé chromo-luminarisme) est une techniquepicturale qui consiste à appliquer sur un support de petites taches decouleur pure juxtaposées. De fait est une variante plus technique d'un autrestyle, le pointillisme, qui se définit spécifiquement par l'utilisation de pointsde peinture et ne se concentrant pas forcément sur la séparation descouleurs. La différence entre les deux techniques est que les coups depinceau des divisionnistes sont plus longs et plus fluctuants que ceux despointillistes comme Seurat ou Signac qui projettent des petits points decouleur sur leur toile.

Alors qu'auparavant les mélanges de couleur s'opéraient sur la palette dupeintre, les divisionnistes juxtaposent deux couleurs pures directement surla toile. Ainsi une petite tache bleue posée à côté d'une petite tache jaunedonne l'impression du vert sur la rétine de l'observateur.

Page 104: Nicephore 3e cahier van gogh 0515

1886. Société anonyme

“En mai et juin 1886 eut lieu rue Laffitte, a Paris, la huitieme et derniereexposition de la Societe anonyme des Artistes Peintres, Sculpteurs, graveurs,etc., egalement connus sous le nom de Peintres independants.

Edgar Degas en etait l’un des participants, avec d’autres collegues reunisau sein de cette association d’artistes pour lesquels le terme d’«impression-nistes» s’etait impose des leur premiere apparition publique en 1874.L’artiste age de cinquante et un ans y presentait un ensemble d’œuvres quigravitait autour d’un noyau forme par une suite de tableaux au pastelfigurant des femmes a leur toilette.

C’est a georges Seurat qu’il revint cependant de faire cette fois-ci sensation,avec son chef-d’œuvre pointilliste Un dimanche a la grande Jatte, une toilegrand format que le jeune peintre venait de realiser entre 1884 et 1886. Auterme de l’exposition, cette communaute d’artistes hommes et femmesrassembles par les circonstances avait definitivement perdu sa raison d’etre.

Claude Monet et Pierre Auguste Renoir s’en etaient deja ecartes au debutde la decennie. Desormais, ce sont aussi les membres constituant le cœurvif du groupe, parmi lesquels Degas et Camille Pissarro, qui iront leur proprechemin.” (Martin Schwander)

1886

NICÉPHORE, CAHIER DE PHOTOGRAPHIES 104

Page 105: Nicephore 3e cahier van gogh 0515

20 août 27 septembre 1886. Formation du groupe néo-ImpressionnisteIIe exposition de la Société des Artistes IndépendantsSeurat, Pissaro, Signac, Angrand, Dubois-Pillet, Henri-Edmand Cross,Baraquement B, rue des Tuileries.

Juillet-Septembre 1886. Bernard rencontre Gauguin à Pont-Aven

Janvier 1887 Bernard rencontre Signac

12 mars 1887. vente atelier Signac ?

Juillet 1887 Bernard à Pont-Aven. Gauguin en Martinique, revient malade

Juillet 1887. Exposition au Tambourin d’Agostina Segatori (Ancône 1841 -Paris 1910). Vincent van Gogh réalisa un accrochage de ses œuvres etcelles de ses amis Paul Gauguin, Guillaume Anquetin et Emile Bernard.Cette exposition rencontrera plus de succès car c'est à cette occasion queEmile Bernard et Guillaume Anquetin vont vendre leurs œuvres pour lapremière fois.

7 septembre 1887. Appel d’André Antoine dans le Cri du Peuple : mise àdisposition de la salle de répétition.

Novembre 1887. Exposition du Grand Bouillon. Chalet. Bernard vendune oeuvre.Pot de grès et pomme, premier essai de synthétisme.

105 D’UN ISME L’AUTRE 1886-1889

Page 106: Nicephore 3e cahier van gogh 0515

1887

NICÉPHORE, CAHIER DE PHOTOGRAPHIES 106

1888

Probablement début décembre 1887 : “Mon cher copain Bernard,je sens le besoin de te demander pardon de t’avoir lâché si brusquementl’autre jour. Ce que par la présente je fais donc sans tarder. .. Si tu es brouilléavec un peintre, par exemple avec Signac et qu’en consequence de cela tudis – si Signac expose là où j’expose je retire mes toiles – et si tu le dénigres,... Je te serre bien la main. Vincent

4 janvier 1888. Gauguin remet un reçu daté et signé à Theo van Gogh, quilui achète 3 tableaux dont toile marquiniquaise pour 900 Frs. Céramiques?

16 janvier 1888. André Antoine ne veut plus des peintres qui dérangent lesrépétitions

18 février 1888 Vincent van Gogh prend le train pour Arles

2 mars 1888 Intéressante vente aux enchères. “La vente au profit de MlleMarguerite Pillet, fille de M. Charles Pillet, l'ancien commissaire-priseur,mort récemment, est définitivement fixée aux 2 et 3 mars. Elle aura lieu àl'hôtel Drouot. Les dons et œuvres d'art sont reçus chez M. Mannheim, 7,rue Saint-Georges. Nous ne saurions trop chaleureusement inviter lesretardataires à adresser le plus tôt possible, à M. Charles Mannheim, lesobjets qu'ils destinent à cette vente digne de tout intérêt”.

At the Pillet sale in Paris (Hôtel Drouot, 2 and 3 March 1888; Lugt 1938-1987, no. 47127) Theo had bought a drawing by Georges Seurat for 16francs; it was Woman singing in a café-chantant, 1887 (Amsterdam, VanGogh Museum). Ill. 424 [424]. See exhib. cat. Amsterdam 1999, p. 179.

Page 107: Nicephore 3e cahier van gogh 0515

It emerges from a letter from Lucien Pissarro to his father Camille of 12March 1888 that Theo was not at the sale in person, but got Emile Bernardto buy the drawing for him: (il a fait acheter par le petit Bernard le dessinque Seurat y avait mis, il a été payé tres bon marché, car tu sais comme ilest chien, il n’y était pas sans quoi je serai rentré pour bavarder avec lui eten apprende le prix (‘he had young Bernard buy the drawing that Seurathad put in the sale, it fetched very little, because you know how stingy heis, he wasn’t there, otherwise I would have gone back to chat to him andfind out the price’). See Letters of Pissarro 1993, pp. 105-106.

Chevreul et théories impressionnistes

Mai 1888 : Le Cloisonnisme ou “le dessin affirmant la couleur et la couleuraffirmant le dessin” (Dujardin, Revue indépendante)

“Quand la couleur est à sa richesse, la forme est à sa plénitude... Peindre,c’est enregistrer ses sensations colorées” (paroles de Cézanne rapportéespar Émile Bernard)

1888 ? “Les japonais ont le goût naturel de la synthèse, un instinctmerveilleux des ressources de la couleur, une connaissance approfonduedes lois de leur harmonie et une délicatesse infinie à varier leur emploi”(Gonse, Le Japon Artistique)

Émile Bernard : Bretonnes dans la prairie verte, “en peignant de mémoire,j’avais l’avantage d’abolir l’inutile complication des formes et des tons. Il

107 D’UN ISME L’AUTRE 1887-1889

1888

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restait un schéma du spectacle regardé” (Émile Bernard, Souvenirs)

Paul Gauguin : La Vision après le sermon

Août 1888 : “Un conseil, ne peignez pas trop d’après nature, l’art est uneabstraction, tirez-la de la nature en rêvant devant... mes derniers travauxsont en bonne marche et je crois que vous trouverez une note particulièreou plutôt l’affirmation de mes recherches antérieures ou synthèse d’uneforme et d’une couleur en ne considérant que la dominante” (Gauguin àÉmile Schuffenecker, 14 août 1888)

Émile Bernard : Un cauchemar, caricature

Vincent Van Gogh : La Salle de danse des folies arlésiennes

DANS L’OMBRE DE LA TOUR EIFFEL

Il n’y a pas eu seulement la seconde internationale, il y a eu aussi le caféVolpini.

Théo ne veut pas que Vincent expose encore dans un café : Le Café Volpini

“Il était naturel que la synthèse conduisit l’artiste au Symbole” (Meurise,

1889

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Gauguin 1903)

“Synthétiser, ce n’est pas nécessairement simplifier dans le sens desupprimer certaines parties de l’objet, c’est simplifier dans le sens de lerendre intelligible. C’est en somme hiérarchiser...” (Maurice Denis, )

“La synthèse consiste à faire rentrer toutes les formes dans le petit nombrede formes que nous sommes capables de penser” (Sérusier, )

23 Février 1891. Rupture définitive de Bernard avec Gauguin, à Drouot ! 1891

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NICÉPHORE, CAHIER DE PHOTOGRAPHIES 110

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1851

1854

111 D’UN ISME L’AUTRE 1887-1889

1849

1 Stéphaimard, page 109.

Les amis, les témoins qui auraient pu être sur la photo

Georges Seurat

Le critique Félix Fénéon

Trublot (Le Cri du Peuple)

Emile Schuffenecker hébergeait Gauguin depuis son retour de la Martinique mi-novembre 1887. C'est par son intermédiaire que ce dernier fera la connaissance dujeune Bernard lors d'un séjour à Pont-Aven, en 1886. A cette époque, Théo van Goghlui rend fréquemment visite. Durant l'hiver 87-88, Théo, sans doute accompagné deVincent se rendra chez Schuffenecker, au 29 rue Boulard, pour procéder à un échangede toiles entre Gauguin et Vincent.

Augé

Théo van Gogh habite avec Vincent à quelques centaines de mètres de la rue Blanche,au 54, rue Lepic. Peu après l'arrivée de Vincent à Paris, il va lui présenter ses amis, lespeintres Camille et Lucien Pissarro. Il partagera ensuite l'enthousiasme de son frère pourles peintres du "petit Boulevard". Théo fera la connaissance de l'ami de Vincent : EmileBernard et achètera à Gauguin pour 900 francs de toiles et de céramiques en janvier1888. Après le départ de Vincent pour Arles, il hébergera le jeune Koning durant leséjour de ce dernier à Paris.

Toulouse-LautrecLautrec restera l'un des fidèles amis de Vincent. Il réalisera un portrait de lui au pastel.Il montre Vincent de profil, devant un verre d'absinthe, dans l'un de ces cafés parisiensoù il aimait tant converser.Vincent lui rendait fréquemment visite dans son atelier. Il tentait parfois de présenterses toiles à la petite compagnie d'amis qui s'y réunissaient une fois par semaine.

de Haan

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Louis Anquetin. Outre Bernard, chez Cormon, Vincent Van Gogh fera aussi laconnaissance de Louis Anquetin et de Toulouse-Lautrec.

Maximilien Luce

Adolphe Willette. C'est lui qui a réalisé le programme du Théâtre Libre pour la saison 1888/1889.Il habite dans le quartier.Proche d'André Antoine qui dira quelques années plus tard de lui, après avoir acheté lapeinture originale du Moulin de la Galette à la future vente du Chat noir : « Willettesera un jour au Louvre, à côté de Watteau » (André Antoine, 1906).

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Vincent le connaissait et écrit à son frère en avril 1888 qu'il regrette de ne pasavoir pu voir l'exposition de Willette.

Julien Tanguy (Le Père Tanguy, 1825-1894), proche de Jobbé-Duval, Breton etrallié comme lui aux idéaux de la Commune, a occupé une place importantedans le quotidien de Vincent Van Gogh durant ces années parisiennes.Ancien employé des chemins de fer, le père Tanguy était devenu marchand decouleurs. Sa boutique du 14, rue Clauzel, (à quelques centaines de mètres de larue Blanche) était le lieu de rendez-vous et d'exposition de cette nouvellegénération d'artistes. Bon enfant et généreux, l'ami Tanguy faisait souvent créditaux peintres peu fortunés. C'est chez Tanguy que Vincent Van Gogh retrouvaitEmile Bernard, Pissarro, Guillaumin, Lautrec... c'est là aussi qu'il croisa Cézanne.Vincent aimait la loyauté et la générosité de Tanguy mais il était aussi

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NICÉPHORE, CAHIER DE PHOTOGRAPHIES 114

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115 TABLEAU SYNOPTIQUE ET CHRONOSYNTHÉTIQUE

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Achevé d’imprimer le 05 juin 2015, surles presses de IGO, chemin des Amours au Poiré sur Vie, ce

troisième numéro de Nicéphore a été tiré à 900 exemplaires dont400 réservés aux abonnés souscripteurs, présents ou à venir, et 100

aux auteurs des articles.

«Très-jeunes, mes yeux remplis d’images peintes ou gravées n’avaient jamais pu serassasier, et je crois que les mondes pourraient finir, impavidum ferient, avant que jedevienne iconoclaste».

Charles Baudelaire, «La Reine des facultés», Salon de 1859

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