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Jeudi 31 mars 2016 - N° 2144 - Hebdomadaire - 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX - Prix : 0,80 euro

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2 • Les Nouvelles 31 mars 2016

BORDEAUX MÉTROPOLE

Après une mutualisation des services qui a engendré près de 1000 déménage-ments d’agents communaux et métropolitains depuis le 1er janvier, Max Guichard a une nouvelle fois tiré la sonnette d’alarme, lors du dernier conseil métropolitain : la situation sociale à Bordeaux-Métropole est plus qu’inquiétante.

« Depuis des mois, vous me répondez que la mutualisation des services se passe parfaitement bien, autant à la Métropole que dans nos communes. Les choses ont d’ailleurs été tellement bien préparées que vous voilà contraints, monsieur Juppé, d’installer 40 agents sur le terrain d’un stade municipal à Bor-deaux Nord, dans des bâtiments modulaires, pour une durée indéterminée. Les agents concernés ont très peu apprécié, je peux vous l’affirmer, d’être ballotés comme ils l’ont été et d’être placés dans de telles conditions de travail. Mais vous allez certainement me dire qu’il vaut mieux travailler dans un Algeco que rien…

L’ambiance que vous trouverez sur le stade Alfred-Daney est cependant la même que celle qui règne dans la tour de Mériadeck et dans de nombreux services communs et métropolitains : l’inquiétude a souvent laissé place au ras-le-bol face à des surcharges de travail importantes et des incertitudes encore fortes. Comme nous l’avions annoncé depuis plusieurs conseils, les instances paritaires et notamment le CHSCT ont été alertés sur des situations de souffrance très préoccupantes. Il est, je tiens à le dire, parfaitement anormal d’en arriver à de telles situations alors que les syndicats préviennent depuis des mois que cette mutualisation se fait à marche forcée et que le bureau métropolitain avait lui-même évoqué des risques psycho-sociaux importants.

Je sais, pour finir, que la CFDT a fait appel à vous, monsieur le Président, pour revenir sur des aspects qu’ils jugent inacceptables dans la méthode comme dans les finalités. Vous leur répondrez certainement. Je crois surtout qu’il est plus que temps de donner les moyens et l’écoute nécessaire aux instances paritaires sur ces sujets. »

MUTUALISATION

Alerte sociale à Bordeaux Métropole

Le dernier conseil de métropole a décidé d’une augmentation significative (entre 7 et 9 %) de la taxe d’enlèvement des ordures ménagères (TEOM). Une logique comptable socialement pénalisante et écologiquement inefficace, que Jean-Claude Feugas a dénoncée, au nom du groupe des élus-es communistes.

« Une hausse de cette taxe d’enlèvement des ordures ménagères (TEOM) aggraverait encore le budget des familles déjà pénalisées par l’austérité mise en œuvre par les gouvernements successifs. Depuis 10 ans, le groupe des élus-es communistes a été à l’initiative du gel de cette taxe. Après dialogues intergroupes, la mandature précédente permettait ce consensus politique. La nouvelle majorité de la Métropole impose une augmentation sur les zones de collecte en lien avec le type de fréquence.

Cette hausse peut paraître “légère” pour certains-es des élus-es mais ce sont encore les usagers qui supporteront les hausses de tarifs. Ce sujet devrait susciter un long débat sur les diverses responsabilités qui entrent en jeu pour déterminer le coût complet de collecte et du traitement des déchets. Une chose est sûre  : les usagers ne sont pas récompensés à la hauteur de leur inves-tissement écologiquement responsable. Car ils participent activement au tri sélectif, au compostage, mais ils subissent la suppression du lavage des bacs par restriction budgétaire dite “économie communautaire”. Et dans certaines communes, ils ont vu la fréquence du ramassage réduite.

C’est d’autant plus injuste que la question des véritables producteurs de déchets importants n’est pas abordée. On devrait, en effet, chercher à réduire à la “source” la quantité et la nocivité des déchets. Or leur participation financière à la hauteur nécessaire, hors pression des lobbies, éviterait un transfert du coût vers les usagers.

Des pistes existent : moduler les contributions financières des industriels aux éco-organismes chargés du prélèvement et de son usage en fonction des critères d’éco-conception ; une taxation des emballages ménagers et autres plus contraignante pour développer de nouveaux modes de conception et de production ; axer la recherche sur le développement de produits de substitution qui soit source d’une production moindre de déchets et prenant en compte la fin de vie de chaque produit (recyclage, valorisation…).

Certes la loi sur le Grenelle 1, portant sur les déchets a amorcé une avancée mais force est de constater que des progrès importants peuvent et doivent être faits avec la volonté nécessaire des gouvernements. Il est possible d’épargner le budget des ménages, mais il faut pour cela s’opposer fermement aux puissants lobbies de l’industrie dans ce domaine.

Monsieur le Président, notre Métropole a un programme local de prévention des “déchets ménagers et assimilés” sérieux et important dans ses objectifs aussi. Afin que leur traitement ait un budget alimenté par des aides proportionnelles à l’investissement qualitatif nécessaire, il faut s’employer à trouver des finance-ments en priorité du côté des industriels.

Notre groupe votera donc contre cette augmentation de la TEOM. »

TAXE SUR LES DÉCHETS

Affronter les lobbies de l’industrie pour épargner le budget des ménages

Inscription obligatoire à [email protected] à 10h : Ecole de la Magistrature, en face du Palais de Justice (Tram A Palais de Justice) - Parvis des droits de l’hommeDurée : 2h - Tarif(s) : 10.00 €Un nouveau parcours «  Chartrons créole  » sera proposé par l’association Mémoire et Partage pendant 2 ans. Lancement le dimanche 8 mai 2016.

DIMANCHE 3 AVRIL 2016

Dernière visite « Bordeaux Nègre »

La question mérite aujourd’hui d’être posée, et elle est posée de façon de plus en plus forte et insistante par les populations, les ouvriers viticoles et certains viticulteurs. Dans le Médoc, un deuxième débat sur cette question a encore rencontré un franc succès.

Marie-Lys Bibeyran, ouvrière viticole de Listrac Médoc a perdu son frère en 2009 à l’âge de 47 ans des suites d’un cancer lié aux pesticides. Elle organisait, avec la nouvelle associa-tion Collectif Info Médoc Pesticides, un deuxième débat après celui qui s’était tenu à Cussac-Fort-Médoc avec succès.Près de 300 personnes étaient réunie à Listrac, dans un contexte de mise en accusation forte des pesticides sur la santé publique, tout d’abord aux abord des écoles avec cette enquête qui a décelé de très nombreuses traces de résidus de pesticides dans les cheveux des enfants d’une école de Gironde, puis l’émission d’Elise Lucet, Cash Investigation qui a pointé du doigt notre département comme un des plus gros consomma-teur de pesticides en France.

Marie-Lys avait invité des méde-cins, des avocats qui sont aux côtés des familles de victimes des pes-ticides, et un agriculteur bio pour convaincre qu’on pouvait passer en

bio en gagnant en qualité et sans vivre moins bien.En prélude à cette réunion, le film de Guillaume Godin « Pesticides, mon amour » était projeté montrant plu-sieurs viticulteurs en Côte d’Or ayant refusé le traitement obligatoire contre la maladie de la flavescence dorée imposée par l’État et les préfectures. Ce film témoigne d’un empoison-nement généralisé imposé par les autorités publiques pour protéger des intérêts économiques. On s’aperçoit pourtant, à travers le témoignage d’un viticulteur bio, que des solutions alternatives existent, moins toxiques pour traiter de cette maladie, contagieuse certes, mais à la progression lente.Le débat s’est engagé ensuite dans la salle entre viticulteurs, riverains et ouvriers viticoles. Un représentant du CIVB était également présent pour dire à la salle qu’il n’avait pas de com-pétences pour savoir si les molécules utilisées dans les traitements étaient toxiques ce qui créa un malaise dans le public.Tous les autres intervenants s’ac-cordent à dire que les traitements sont toxiques pour la santé et qu’il faut faire différemment. Mais comment ? Les avis divergent et les viticulteurs sont en attente de réponses et de solutions. Tout d’abord il faut convaincre que le bio est viable. Aujourd’hui les

viticulteurs passés en bio ont fait la preuve de la qualité de leur vin mais beaucoup restent frileux à franchir le pas. Enfin a été pointé lors de ce débat les carences en formation. Comment faire évoluer les forma-tions initiales pour faire changer les façons d’appréhender les techniques viticoles ? Rien ne changera sans une réelle volonté de dénoncer les politiques de traitement actuelles et impulser une formation différente dès les lycées agricoles. Enfin, a été pointé la grande responsabilité de l’Etat dans l’octroi des autorisations de mise sur le marché d’un certain nombre de produits chimiques dont la dangerosité est avérée. En conclusion de ce débat, chacun s’accorde à dire que les coupables sont les firmes de la chimie, avec la complicité des autorités publiques encore aujourd’hui. De lourds enjeux économiques liés à la viticulture en Bordelais ont imposé longtemps une omerta. Aujourd’hui les langues se délient, pour autant tout le monde n’est pas convaincu que le bio est l’avenir, certains défendant un trai-tement raisonné.L’image et la renommée de nos appellations prestigieuses sont en jeu. La profession commence à en prendre conscience. La viticulture est à la croisée des chemins.D’autres comportements, d’autres techniques agricoles et viticoles bannissant les pesticides sont indis-pensables pour la santé publique. Comme l’amiante il y a quelques années, nous sommes aujourd’hui en train de nous rendre compte des dégâts considérables chez nombre d’ouvriers agricoles, dans le silence complice de nombre d’institutions. Il faut stopper cette spirale infernale et savoir réparer, en déclarant ces mala-dies en maladies professionnelles, ce que les médecins ont le plus grand mal à faire.

Stéphane Le Bot

DÉBAT À LISTRAC MÉDOC

Nos prestigieux vignobles sont-ils en train de nous empoisonner ?

ACTUALITÉ

À BORDEAUX LE 24 MARS 2016

Si cette mobilisation in-termédiaire contre la loi Travail était moins spec-taculaire par le nombre, elle l’était par la déter-mination des personnes mobilisées, la diversité et la créativité pour exprimer la nécessité de réinventer le travail.

Photo et photo de couverture : Yves Nicoleau

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Les Nouvelles 31 mars 2016 • 3

EditorialACTUALITÉ

Loi travail : jeunes, salariés, retraités, ensemble pour le retrait

De « Hollande, arrête ta Khomri », en passant par la banderole de tête de la manif du 24 mars, « la nuit, c’est fait pour baiser, pas pour travailler  », les slogans qui accompagnent les manifestations depuis le 9 mars fourmillent d’inventivité. L’humour parcourt les manifs, stimulant les raisons de se mobiliser contre des projets de vie « Kleenex ».À mille lieux de ce mouvement, le cynisme tient la corde sur le perron de Matignon. Malgré un « nettoyage cosmétique », la loi El Khomri poursuit sur la même lancée, neutraliser le coût des heures supplémentaires au-delà de 35 heures, faciliter les licenciements « nécessaires à la sauvegarde et la compétitivité des entreprises ». Mais la journée nationale d’action du 31 mars pour le retrait de la loi Travail, préparée par une multitude de ren-contres, de débats dans les facs, les entreprises, sur les marchés, avec ses voisins a fait raisonner dans tout le pays le rejet d’une société d’insécurité généralisée, les oppositions entre les titulaires de CDI aux titulaires de CDD, des salariés aux indépendants.

LES JEUX NE SONT PAS FAITS, TOUT MONTRE QUE L’ON PEUT OBTENIR LE RETRAIT.

En relais avec la population mobilisée, les élus du Front de Gauche, à l’Assemblée Nationale, portent des propositions alternatives et les défendent pied à pied.En effet, la société a bougé, les technologies ont évolué, il n’est pas inopportun de revoir le Code du Travail, de l’adapter et en même temps de conquérir des droits nouveaux comme la dimi-nution du temps de travail, d’envisager un salaire pour tous avec des périodes de formation et de travail effectif.Réinventer le travail et les sécurités qui vont avec, pour les salariés, c’est pour cet enjeu de société que le Parti communiste français s’engage avec sa campagne : « Zéro chômeurs, pour une société de partage ».

Claude MellierMembre du Comité exécutif du PCF 33

vice-présidente de la CUB

TRAVAIL

Vivement demain !

DÉPUTÉS FRONT DE GAUCHE

Projet de loi travail : « on ne négociera pas le niveau de précarité »

Nous écrivons ces lignes à la veille de la grande journée de mobili-sation du 31 mars. Plus de 180 rassemblements sont prévus dans toute la France. Depuis le 9 mars, lycéens, étudiants, salariés, chô-meurs, précaires… effectuent un travail de fourmis pour faire monter la pression. « Nous ne serons jamais de la chair à patrons » affirme le comité de mobilisation de Bordeaux Victoire dans un appel à poursuivre la mobilisation au delà du 31 mars.

Le 24 mars, dernier rendez-vous intermédiaire avant la grande journée de la mobilisation contre la loi Travail, à Bordeaux, les lycéens et étudiants avaient préféré travailler à élargir la mobilisation que de manifester. Ils étaient quelques uns, tout de même, à accompagner les militants syndicaux, politiques et les citoyens mobilisés.Des jeunes et étudiants communistes expliquent le long travail d’informa-tion, d’échange, d’argumentation, d’organisation dans les lycées et les facs où de nombreux étudiants sont en période d’examens.Luciana, 18 ans, étudiante en théâtre, pense qu’il faudrait trouver des formes attractives pour informer les jeunes qui sont « noyés sous les informations » et « n’ont pas l’expérience de vie, de lutte pour faire le tri ». « Je ne dis pas ça que sur la loi Travail, précise-t-elle. La politique et les jeunes, ça ne marche pas trop. Pourtant les jeunes sont bien plus nombreux qu’on ne le croit à s’y intéresser. L’éducation nationale devrait transmettre, au minimum, une culture de base de la politique. »Pas d’expérience de vie ? Ça dépend pour qui. Boris Teruel, sociologue, af-

firme dans l’Humanité du 30 mars que 10 à 20 % des lycéens ont une activité rémunérée régulière. « Ils sont mainte-nus dans des situations de relégation et de domination, ajoute le sociologue, alors même que, pour la première fois de l’histoire, cette génération maîtrise plus que les adultes un outil central de l’orga-nisation des société : le numérique ». Ces jeunes « ont envie d’un message politique d’espoir. Ils veulent sortir de l’ idée qu’ils vont grandir dans un monde de chômage où tout est joué d’avance ». Ce n’est pas gagné pour le message d’espoir, en tout cas pas du côté du gouvernement.Afin de couper court à un grand mouvement de la jeunesse contre la précarité, Manuel Valls a annoncé, au lendemain de la manifestation du 9 mars, que la « garantie jeunes » devien-drait un droit universel. Celle-ci avait été lancée à Bondy, en octobre 2013, par Jean-Marc Ayrault. Figurant dans le plan quinquennal de lutte contre la pauvreté, cette mesure était destinée aux 900 000 jeunes qui ne sont ni en étude, ni en emploi, ni en formation dans notre pays. En échange d’une allocation de 461,26 € par mois, les jeunes précaires qui en bénéficient s’engagent à suivre un accompagne-ment personnalisé pendant un an au sein d’une mission locale, des ateliers collectifs pour mieux connaître le fonctionnement des entreprises, et à multiplier les expériences profession-nelles, via des stages, des emplois aidés ou des formations.Cette mesure deviendrait donc un « droit universel » pour l’ensemble des jeunes précaires. Mais vu les finan-cements prévus, le gouvernement ne l’étendra qu’à 100 000 jeunes en 2016 et 200 000 en 2017.

Du côté de la mission locale de Bondy où on a expérimenté le dispositif, on ne croit pas à la solution miracle pour l’insertion des jeunes. Il n’y a pas de « solution unique », ni de « prêt à porter » pour résoudre de tels niveaux de précarité. « Tant qu’on laissera en place des mécanismes qui produisent le chômage de masse, qui excluent 120 000 enfants chaque année du système scolaire, on ne résoudra pas le problème », affirme Samir Hariche, directeur de la mission locale dans l’Humanité. « La société doit s’ interroger sur la question du travail et sur la place qu’elle accorde aux jeunes. Voulons-nous une société où chacun peut participer à son niveau ou une société qui exclut un pan entier de la population ? Le travail, c’est aussi un mode d’appar-tenance à la société, au même titre que les droits attachés aux citoyens. C’est un bien commun, qui doit être partagé. Tant que l’on ne choisira pas un mode de production qui favorise l’emploi, on n’y arrivera pas. »Et quand on ne veut pas que la société s’interroge, on sort les matraques. De Paris à Nantes, en passant par Mar-seille, les dénonciations d’agressions se sont multipliées depuis les mani-festations du jeudi 24 mars. Au-delà du cas médiatisé du jeune Adan, de nombreux élèves du lycée Bergson, dans le 19e arrondissement de Paris, ont été victimes d’une féroce répression, d’insultes et même de menaces de mort et de viol, selon certains témoignages. Plusieurs plaintes ont été déposées par des parents d’élèves. Et la FCPE demande qu’une « véritable enquête » soit menée.Pendant ce temps-là, première à défendre le projet de réforme du Code du travail devant la commission des Affaires sociales de l’Assemblée natio-nale, Myriam El Khomri n’eut pas un mot, mardi, pour la contestation du texte. Au contraire, la ministre du Travail a de nouveau assuré devant la commission qui recevra aussi Medef et syndicats, que son projet s’inscrivait « dans la cohérence » entamée depuis le début du quinquennat, et s’est félicitée d’un texte qui « a trouvé son équilibre » dans la concertation avec les syndicats réformistes et qui doit permettre d’en finir avec un « Code du travail illi-sible »… Vivement demain !

Christelle Danglot

Communiqué du 25 mars 2016Après un mois de mobilisation, le projet de loi travail a été présenté le jeudi 24 mars en Conseil des ministres. Les députés du Front de Gauche confirment leur demande de retrait de ce texte régressif qui marque un recul historique pour les protections des travailleurs et une méconnaissance des réalités du monde de l’entreprise.Les aménagements en trompe l’oeil apportés à cette réforme, le 15 mars suite à un dialogue de façade, ne sauraient faire oublier la philosophie générale de ce texte. L’inversion de la hiérarchie des normes sociales, dont l’expression est la toute puissance de

l’accord d’entreprise, reste le pivot essentiel de cette réforme. Parallè-lement, les dispositions relatives au licenciement économique comme celles sur le référendum d’entreprise consacrent l’affaiblissement des protec-tions individuelles et collectives dont le Code du travail est le garant.À l’inverse, les contreparties en termes de sécurité pour les salariés sont tou-jours absentes. Le compte personnel d’activité ne peut en rien être comparé à la mise en place d’une sécurité sociale professionnelle, pourtant devenue essentielle pour faire face aux nouveaux défis économiques et sociaux.Que valent deux pages d’améliora-

tion contre 130 pages de régressions sociales ? Loin de simplifier le droit du travail et de créer des emplois, cette réforme aura pour conséquence un éparpillement du droit du travail et une mise en concurrence généralisée entre les salariés, les chômeurs et les précaires.Bien décidés à ne pas se soumettre à une simple négociation du niveau de précarité, les députés du Front de Gauche prolongeront la mobilisation de la rue par la bataille parlementaire.Nous porterons devant l’Assemblée nationale des propositions alternatives fortes pour conquérir de nouveaux droits sociaux.

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4 • Les Nouvelles 31 mars 2016

L’EUROPE EN DÉBAT

MAITE MOLA, IZQUIERDA UNIDA, PGE

Occuper les rues, gagner les institutionsINTRO(Intervention en français)Parler de l’Europe est complexe avec, maintenant, la terrible crise huma-nitaire des réfugiés. Le capitalisme, l’impérialisme essaient d’utiliser tout ça contre la gauche, de manière très larvée. L’UE serait un désastre, c’est d’ailleurs vrai. Mais qu’est-ce que c’est l’UE ? C’est les chefs d’état ? Si c’était l’UE de ces réfugiés, ce ne serait pas la même que celle que nous font Hollande, Rajoy, etc. Le discours anti-européen, du retour aux états-nations, c’est le discours de l’extrême droite. Nous, les commu-nistes, les internationalistes, nous avons toujours pensé que la lutte des classes est plus simple à mener dans des espaces plus larges. Je défends la thèse que nous devons construire une Europe complètement différente, une Europe sociale et démocratique, pas raciste, pas xénophobe, où les femmes auraient les mêmes droits que les hommes, et je laisse de côté celle de copains, que je respecte, qui pensent que l’on doit retourner aux états-nations. Pierre Laurent est président du PGE, je suppose donc que vous savez qu’y sont représentés des pays qui ne sont pas membres de l’UE. Par exemple il y a un parti russe et un parti moldave, car nous avons une ambition plus large que celle des marchés. Nous voulons autre chose. Nous avons une liste de 12 partis qui veulent entrer dans la gauche

européenne. Au début nous étions 7, aujourd’hui 32. Nous fonctionnons par consensus et nous montrons ainsi que la gauche, ce n’est pas que des divisions, nous pouvons nous mettre d’accord pour faire des propositions, travailler des alternatives. Nous ne faisons pas des réunions de stricte coordination où chacun raconte ce qu’il se passe dans son pays. Nous essayons de faire un travail européen car nous pensons que nous sommes capables de donner des alternatives. Nous avons fait un plan de travail pour dire que la crise européenne n’est pas seulement financière, elle est humanitaire. En Espagne nous avons en ce moment 13 millions de personnes qui vivent en dessous du seuil de pauvreté, c’est presque 3 millions de plus que toute la population de la Grèce. 80 % sont des femmes. Le nombre de suicides a augmenté de manière brutale en Grèce, en Espagne, notamment chez les femmes âgées qui ne veulent pas demander à manger à leurs enfants, leurs petits-enfants. Le SIDA et les grossesses non désirées ont augmenté car les gens n’ont plus les moyens d’acheter de quoi se protéger… Ça, ce n’est pas une crise financière, c’est une énorme crise humanitaire. C’est aussi une crise de la démocratie. Ce qui est en train de se passer en France, il y a 10 ans, je n’aurais jamais cru que ça pouvait se passer. Je me réfère notamment à l’extrême droite. Et si on m’avait dit, il y a 3 ans, qu’en Allemagne, dans un land, l’extrême droite pourrait atteindre 16-17 % et être la deuxième force, j’aurais beaucoup douté que ce soit possible.Nous avons aussi une énorme crise des valeurs. Tout ce qui se réfère aux valeurs de paix, de la solidarité n’intéresse pas. Une gauche « esthé-tique » qui dit tout ce qui est mal, qui dénonce et ne s’implique pas dans les 2 dimensions fondamen-

tales que sont les institutions et les rues, c’est une gauche qui peut avoir 10 % comme le bloc au Portugal, par exemple ou 8 % comme Die Linke en Allemagne, c’est très bien comme résultat, mais avec ça, tu ne peux rien changer dans ton pays. Il est donc nécessaire que nous, les com-munistes, nous impliquions dans les mouvements sociaux pour résoudre les problèmes, pas seulement à long terme. On peut parler du socialisme mais on doit résoudre les problèmes à court terme aussi.Quand on parle de la Grèce, on parle du gouvernement Syriza. Mais ce n’est pas le gouvernement Syriza seulement, car ils ont dû accepter des forces de droite pour pouvoir gouverner. C’est le même problème qu’au Venezuela ou en Argentine. Le gouvernement, ce n’est pas le pouvoir parce que le pouvoir, c’est l’argent. Le problème est que si nous ne sommes pas capables d’avoir le pouvoir, nous ne serons pas capable de résoudre les problèmes des personnes.Alors avoir un plan, un programme pour défendre les services publics, la création d’emploi, pour développer l’égalité hommes-femmes… c’est aujourd’hui complètement révolu-tionnaire. Nous pouvons avoir tout ça en tête, ce que nous voulons pour lutter contre l’austérité, sur les tous les traités de Maastricht à Lisbonne, pour changer complètement ça mais à partir de questions concrètes, d’objectifs concrets. En Espagne, nous avons fait une énorme manifestation pour le droit à l’avortement. Il y avait 500 000 per-sonnes et beaucoup d’hommes dans cette manifestation. On disait que la France était morte, qu’il n’y avait pas de mobilisation et pourtant vous avez fait une grosse manifestation le 9 mars. Mais nous ne pouvons pas laisser les gens dans la frustration. On manifeste et après ? Nous devons

travailler à un programme, nous devons chercher avec qui travailler.Nous devons nous impliquer dans le mouvement syndical, associatif, pas pour leur dire ce qu’ils doivent faire mais pour y être, y travailler.Il faut oublier complètement le sectarisme. Si nous avons des points concrets sur lesquels travailler, alors nous devons travailler. Nous devons occuper les rues et nous devons essayer aussi d’occuper les institu-tions. Si nous n’avons pas les deux, nous n’avons pas de poids. Nous devons changer le rapport de force au niveau européen.Au Portugal, c’est très intéressant la situation. C’est vrai que c’est un parti socialiste et qu’il n’est pas merveilleux mais ils sont obligés de prendre des mesures puisqu’ils dépendent du vote du parti communiste portugais. En Espagne, c’est plus compliqué, mais au moins nous sommes sortis de l’alternance. Maintenant il faut voir si ça aboutit à un gouvernement de gauche car si ça n’aboutit pas à ça, on a un problème. C’est intéressant ce qui se passe aussi en Irlande. En Angleterre, on a Corbyn alors qu’on avait l’impression qu’il ne pouvait y avoir que la droite et la moins droite au gouvernement.C’est notre devoir de militants de gauche, de militants communistes, d’avoir un programme, de chercher des alliés. On peut faire un front électoral, un front pour travailler ou un parti, peu importe. Ce que je sais c’est que dans un moment où on est confronté à une telle crise humani-taire, on ne peut pas rester dans les grandes théories, on doit occuper les rues, essayer de faire quelque chose au niveau européen, comme on doit le faire au niveau de la France, des régions et pourquoi pas du monde. Le débat doit continuer là-dessus et je suis sûre que vous l’aurez pendant votre congrès.

Dans le cadre de la préparation de son prochain congrès, le PCF a décidé d’ouvrir des espaces de débat pour rouvrir les portes à l’espoir avec toutes les forces citoyennes, associatives, syndicales disponibles. Dans cet esprit, la fédération de la Gironde a organisé trois débats thématiques. Vous pouvez lire dans ce dossier le compte-rendu du premier débat qui s’est déroulé le 16 mars à Bègles autour de la question : « Quelle Europe des peuples face à la dictature de la finance ? »Y étaient invités les intervenants sui-vants : Jean-Luc Gasnier, responsable ATTAC Gironde, Alain Delmas, syndi-caliste CGT, responsable des affaires internationales, Maïté Mola, vice-pré-sidente du Parti de la gauche euro-péenne (PGE) et membre d’Izquierda Unida et Frédéric Boccara, économiste et membre du conseil national du PCF.Nous publions ici l’essentiel de leurs interventions. Celles-ci étant déjà bien nourries, le débat qui a suivi a surtout porté sur la bataille idéologique. Cer-tains regrettent qu’on laisse la bataille de la souveraineté nationale au Front national ou qu’on ne remette pas directement en cause les institutions européennes. « Le but n’est pas de changer l’Europe mais d’en finir avec le capitalisme » rappelle Maité, mais on ne va pas trouver «  la baguette magique qui changerait tout » affirme un autre intervenant. Mais on peut « s’appuyer sur du concret pour mener cette bataille idéologique  », «  tordre le cou du dogme de la dette », « tra-vailler aux convergences », « ne pas sous-estimer les luttes actuelles dans plusieurs pays », « retrouver confiance en la capacité des peuples à se prendre en main »…

En tant que syndicalistes, nous tra-vaillons ces questions de l’Europe, à partir des territoires où vivent des femmes et des hommes. Tout est fait pour qu’on n’y comprenne rien, la gouvernance européenne, le tout pacte, la stratégie 2020… On est vraiment face à des poli-tiques libérales faites par des tech-nocrates et on prive les citoyens de pouvoir intervenir.Il est donc important de s’emparer de ces questions, de les travailler de manière à pouvoir à la fois informer, faire la démonstration de l’ineffica-cité de ces politiques, les combattre et faire des propositions pour une Europe des peuples, de la coopéra-tion, etc.En Aquitaine, nous avons créé un partenariat, il y a dix ans, avec 4 pays (une région d’Allemagne, une d’Italie, une de Pologne et une d’Es-pagne). Nous travaillons ensemble

sur des projets comme la question du travail des jeunes, sur la place des femmes dans la société, dans nos régions et dans nos organisations, un projet autour de l’automobile et, là, nous allons travailler sur la stratégie de l’UE 2020. Jusqu’en novembre dernier, j’étais vice-président du Conseil économique et social fran-çais et j’ai siégé pendant 5 ans au comité de pilotage sur la stratégie UE 2020 à Bruxelles. Cette stratégie « Europe 2020 » avait été mise en place en 2010 par le Conseil européen qui est donc composé des chefs d’états. Quand elle a été mise en place, Barroso allait arriver, il y avait eu des luttes, un rapport de force qui faisait que la dimension sociale ne pouvait pas être évacuée. Donc, ils ont essayé de calmer le climat social avec 5 objectifs : 75 % de taux d’emploi des 15-34 ans, lutter contre la misère

en diminuant de 20 millions la pauvreté en Europe, 3 % du PIB à la Recherche et au Développement. Pas un seul objectif n’a été atteint. On est passé de 116 millions d’hommes et de femmes dans la pauvreté en Europe à 121 millions. Chaque point a été un échec. Mais c’est normal puisque cette stratégie a été soumise d’abord aux politiques budgétaires, à l’examen de croissance, aux semestres européens qui développaient des politiques d’austérité et donc créaient les conditions de ne pas atteindre ces objectifs.Alors en Aquitaine, avec nos homolo-gues des 5 régions, nous avons décidé de prendre trois points de cette stra-tégie et de les confronter aux réalités de nos territoires en articulant ces objectifs et la nécessité de développer des services publics de proximité.Cela permet de travailler avec des femmes et des hommes dans les

entreprises, les syndicats pour qu’ils s’approprient ces enjeux-là et qu’ils puissent peser sur ces questions. Le rapport que nous avons fait sur la stratégie Europe 2020 a été voté à l’unanimité au Conseil, avec des points très critiques sur les politiques d’austérité. Nous avons analysé le plan d’investissement Junker. Ce dernier parle d’un plan d’investisse-ment d’un montant de 315 milliards d’euros et arrive avec 25 milliards d’euros sur la table. Ça veut dire qu’il faut que les marchés financent le reste mais si c’est le cas, ils vont choisir les projets. Vous pouvez vous douter que ça ne va pas être des projets qui vont répondre d’abord aux besoins de femmes et des hommes dans les territoires mais avant tout au marché, donc à un retour financier sur les investissements qu’ils auront fait.Par contre, la Confédération euro-péenne des syndicats propose un

plan d’investissement sur 10 ans, à hauteur de 2 % du PIB par an qui pourrait dégager 11 millions d’em-plois sur les 10 ans. Nous sommes encore loin des besoins mais déjà plus sur la même longueur d’onde.Au niveau de la Région, nous tra-vaillons également, au travers du secteur transfrontalier, avec le comité syndical interrégional qui est une émanation de la Confédération européenne des syndicats (la CGT y est rentrée dans les années 2000, auparavant, les autres syndicats s’y opposaient), donc avec la CFDT, FO, l’UNSA et la CFTC, de loin, sur un observatoire transfrontalier de l’emploi. Nous travaillons sur le logement. Nous avons aussi réuni les syndicats et les inspecteurs du Travail des deux côtés de la frontière pour travailler sur les questions des travailleurs détachés.

ALAIN DELMAS, SYNDICALISTE CGT, RESPONSABLE DES AFFAIRES INTERNATIONALES

Aborder les questions européennes à partir des territoires

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Les Nouvelles 31 mars 2016 • 5

L’EUROPE EN DÉBAT

La dictature des marchés se manifeste tous les jours. On s’en est mieux rendu compte quand le gouvernement Tsipras, en Grèce, a dû renoncer aux réformes annoncées à la population pour se plier au diktat de l’Europe. Mais elle est permanente et insi-dieuse depuis les années 80 avec une économie financiarisée qui recherche le profit à court terme. On est passé d’une économie du partage entre actionnaires et salariés, avec le com-promis fordiste des années 70, à un nouveau partage de type patrimonial avec une recherche de profit pour rémunérer les actionnaires en priorité. Les richesses vont au capital et non au travail. Les travailleurs ont perdu 10 % de valeur ajoutée.Cette évolution a été accompagnée de mesures de restrictions budgétaires sur les budgets publics dans les pays les plus endettés d’abord. La dette publique a augmenté, en Grèce no-tamment, à la suite de la crise de 2008. La spéculation a abouti à une hausse des taux d’intérêts vis-à-vis de l’État et fait monter la dette, entraînant des mesures d’austérité et la privatisation de pans entiers de l’économie. Les pays les plus endettés peuvent de moins en moins faire face à leurs échéances imposées par les financiers.Cette financiarisation de l’économie et cette spéculation ont des consé-quences lourdes pour les populations les plus défavorisées qui souffrent le plus de la restriction des finances publiques. C’est l’État qui devrait assurer une certaine redistribution pour que ces populations puissent accéder à l’éducation, à la santé, aux retraites, etc.Mais nous avons fait le constat que l’économie libérale détruit les biens publics et abouti à ce que 1 % des individus de la planète détiennent en patrimoine l’équivalent de ce que possèdent les 99 % restant.Comment faire face ? ATTAC s’est créé justement pour proposer la taxa-tion des transactions financières, pour décourager la spéculation, les mouve-ments de capitaux. Pour l’instant, elle n’est pas mise en place. On parle d’une éventuelle taxation des capitaux pour 2017. Une dizaine de pays d’Europe se serait, à priori, entendue à ce sujet. Les actions seraient taxées à 0,1 % mais les produits dérivés, qui rapportent le plus aux banques françaises comme la BNP, ne seraient taxés qu’à hauteur de 0,01 %. Or ce sont ces produits,

justement, qui contribuent au détour-nement de l’argent. On fait travailler l’argent pour l’argent. C’est vraiment cette spéculation financière qu’il faut essayer de frapper au cœur pour que la monnaie ne serve pas les intérêts de la finance mais redevienne un ins-trument social, pour le peuple, pour faciliter les échanges. Aujourd’hui, la monnaie, paradoxalement, devient un instrument de limitation des échanges puisque quand on n’a pas d’argent, on est exclu de l’échange marchand. La masse monétaire mondiale est désor-mais consacrée à la spéculation. Seuls 2 à 3 % de cette masse font tourner l’économie réelle, le reste c’est de l’argent qui tourne dans les banques.C’est un impératif d’imposer la taxa-tion aux gouvernements et de ce point de vue, le gouvernement français est très défaillant. Il freine des quatre fers pour éviter la taxation à un niveau significatif des banques françaises.Il faut aussi impérativement réclamer la séparation des banques d’affaires et des banques de dépôt, dans la mesure où ça fait courir un risque très important sur les citoyens, les banques d’État. Autre point de bataille, la position des profits réels des entreprises. Beaucoup de multinationales sont implantées dans des paradis fiscaux ou dans des pays à fiscalité avantageuse. Cet évitement fiscal prive de ressources les budgets des pays européens. On estime l’évasion fiscale et l’évitement fiscal en Europe à 1 000 milliards d’€, environ 100 milliards pour la France. Une lutte se met en place mais elle n’est pas suffisante pour imposer une volonté politique européenne d’harmonisation fiscale.Autre piste enfin, c’est d’encourager l’économie sociale et solidaire pour essayer de lutter de façon citoyenne. Les formes d’économie de produc-tion, d’échange, qui mettent en place des systèmes coopératifs, des systèmes solidaires, des systèmes de production plus respectueuses de l’environnement sont évidemment à encourager. Dans ce cadre là, on peut soutenir les monnaies locales, qui sont complémentaires et sont un moyen de redynamiser le tissu local et faire en sorte que les échanges soient relocalisés. On peut produire, échan-ger, redistribuer au niveau local. Elles peuvent être un moyen de remettre dans le circuit des populations jusque là exclues des échanges marchands.

FRÉDÉRIC BOCCARA, ÉCONOMISTE, MEMBRE DU CONSEIL NATIONAL DU PCF

L’argent au service du peuple

JEAN-LUC GASNIER, PRÉSIDENT D’ATTAC 33

Taxer les transactions financières

Nous sommes dans une nouvelle phase de la lutte depuis le coup qu’ont pris les Grecs. Nous avons pu constater qu’une banque euro-péenne ne fait pas que parler, elle agit, elle étrangle les peuples, c’est pire que des tanks.Quelle pourrait être une nouvelle Europe ? Une Europe des alliances, de la coopération. Il faut combattre les nationalismes et l’intégration fédéraliste, européiste. Il faut profiter de la prise de conscience avant qu’elle ne retombe, sur la perception du rôle central de la banque européenne. Syriza, avant même d’accéder au pouvoir, disait que pour arriver au pouvoir, il faut être au gouvernement mais, une fois au gouvernement, ce n’est pas sûr qu’on ait le pouvoir parce qu’il y a les banques. Cette Europe ne va pas parce qu’elle est dominée par les marchés finan-ciers : austérité, antidémocratie, chô-mage massif, précarité, pauvreté, mise en concurrence généralisée interne et externe, spéculation maximum et renforcée, alimentée par la BCE.Mélenchon dit que Merkel sert les intérêts du peuple allemand, je pense que c’est criminel de dire ça. Elle ne sert pas les intérêts du peuple allemand. La misère, la pauvreté ont explosé en Allemagne. Il y a une question France/Allemagne, dire ça c’est renvoyer nationalisme contre nationalisme. Mais le peuple alle-mand veut aussi que l’argent serve au développement économique, c’est une bataille qu’on doit mener ensemble, pas sans le peuple allemand. Nous ne voulons pas lâcher sur cette question parce que c’est avec le peuple qu’on doit construire une autre Europe, parce qu’il en faut une d’Europe, face à la mondialisation, face à cette révolution qu’on appelle numérique, face aux savoirs mondialisés, face au défi du chômage de masse. Il faut maîtriser la concurrence pour qu’elle ne détruise pas les hommes. On nous disait qu’avec cette Europe, on allait éviter les guerres entre les pays. Nous disions qu’ils feraient une guerre sociale et nous avions raison. Les banques centrales ne pouvaient pas résister face à l’énormité de la finance et au dollar aussi. Il y a donc besoin de trouver des formes institutionnelles où on fait ensemble. La réalité, c’est qu’on produit en-semble. La moitié des salariés en France travaille directement dans une multinationale (48 %, source Insee) sans parler des sous-traitants. Face à la fiscalité et à la façon de faire de ces multinationales, on ne va pas faire de construction internationale ? Il faut aussi partager les recherches, les connaissances. Dans l’aéronautique,

il arrive que les techniciens de 17 pays travaillent en même temps sur le même logiciel. C’est vrai dans de nombreux domaines. Et les pollu-tions ? Comment on peut parler des pollutions sans faire ensemble ?Donc, la grande question c’est de construire une Europe sociale mais il ne faut pas séparer les objectifs sociaux des moyens financiers, culturels et du pouvoir. Si dans les objectifs sociaux de l’Europe, on remplace « concur-rence libre et non faussée » par « coopéra-tion et sécurisation de tous les moments de la vie », ça change complètement. Nous ne voulons ni nationalisme ni européisme. Nous défendons l’idée d’une confédération avec des pays associés, qui partagent, et où l’impul-sion vient des peuples. On essaie de nous enfermer dans un débat euro ou pas euro alors que la question est de sortir des marchés financiers qui nous étranglent pour une autre utilisation de la BCE et de l’euro. L’État français a une dette pour la-quelle il rembourse l’argent emprunté et les intérêts. Ceux-ci représentent à eux seuls, chaque année, environs 45 milliards d’euros. C’est un budget de l’Éducation nationale. C’est un vrai scandale. Il y a un véritable enjeu autour des conditions auxquelles les marchés financiers prêtent l’argent. C’est la même chose en Espagne, en Grèce. Vous imaginez le ballon d’oxygène si on supprime ces taux d’intérêts ? Idem pour les communes. Donc, plutôt que de demander une annulation de la dette, qui serait complexe, exigeons que la Banque centrale prête à 0 % à partir de nos luttes locales !Il faut des dépenses nouvelles dans les services publics, c’est aussi de nouveaux emplois, dans la recherche-formation, le logement, la santé et pour des productions nouvelles qui demandent de la recherche et de l’investissement pour porter de l’emploi à nouveau. Les gens peuvent comprendre ça. D’ailleurs les forces politiques qui montent sont celles qui parlent des banques : Podemos, Corbyn, Sanders… Les gens savent que si on parle des banques on est dans le vrai.Que fait la Banque européenne actuellement ? Elle met plein d’argent à disposition mais sans conditions, donc elle le donne aux banques qui font de l’argent avec. Il faut donc mettre des conditions. On a créé de l’argent, il faut y mettre un sens politique et démocratique, ce n’est pas juste une question technique, c’est une grande question, une question de civilisation.Par exemple, il y a l’« assouplissement quantitatif » (quantitative easing en

anglais) : la banque européenne a créé, chaque mois, 60 milliards d’€, au total, ça faisait 1 140 milliards d’€, avec lesquels elle a racheté des titres de dette aux banques et elles font ce qu’elles veulent avec cet argent-là. Voilà ce qu’elles ont fait : exportation de capitaux, délocalisation, spécula-tion, placements financiers, quelques investissements dans les pays pour supprimer des emplois, des fusions juteuses… Ça ne va pas ! Il faut que la BCE utilise cet argent pour dévelop-per les services publics. Ce que nous proposons donc, c’est un fonds euro-péens de développement des services publics. C’est la revendication la plus immédiate qui peut être populaire. Ce fonds européen serait intercalé entre la BCE et les États nationaux. Il recevrait l’argent de la BC à 0 % et rachèterait les titres de dette des États si, et seulement si, derrière ces titres de dette, il y a des dépenses qui développent les services publics et l’emploi. On ne change pas les trai-tés, on crée une nouvelle chose dans laquelle on met de la démocratie. La gouvernance de ce fonds se ferait avec des parlementaires européens, des parlementaires nationaux, des repré-sentants syndicaux, avec même une possibilité de saisine par le terrain sur des projets de services publics d’une certaine importance. Et les titres de dettes publiques resteraient dans le cadre du fonds européens au lieu de circuler sur les marchés financiers et donc d’être liés à la spéculation.Les traités européens ne l’inter-disent pas, ils interdisent de prêter directement de banque à État, c’est l’article 123-1 du traité de Lisbonne. Mais l’article 123-2 dit, la Banque centrale peut racheter des titres à des institutions financières publiques, c’est ce fonds européen. Ça pourrait relancer la demande car on a une crise financière qui vient en Europe et, en même temps, comme ça développe la recherche, la formation, les services publics, ça améliore l’offre.Du côté des entreprises aussi l’argent doit servir à développer de l’emploi. Au niveau de la nation et des régions, il faut donc aussi changer le cré-dit. Pas seulement nationaliser les banques mais faire un autre crédit à l’investissement. Quand celui-ci développe l’emploi, on applique un taux à 0 %, quand il développe la formation ou l’écologie, on applique un taux très bas, sinon on “cogne”. Ça revient à baisser le coût du capital au lieu de baisser le coût du travail. Le coût du capital dans les entreprises françaises, si on prend les dividendes et les intérêts de banques, c’est deux fois les cotisations sociales payées par les entreprises. 300 milliards pour les dividendes et intérêts de banques, 156

milliards pour les cotisations sociales effectives, payées par les entreprises. En Europe, c’est à peu près 2 500 milliards de coût du capital pour 1 800 milliards pour les cotisations sociales. Alors, lequel il faut baisser ? Cette question du coût du capital est majeure pour rendre possible d’autres dépenses qui vont permettre de s’engager sur un chemin de progrès qui nécessite, bien sûr, d’autres ins-titutions, d’autres pouvoirs dans les entreprises et à tous les niveaux pour développer les coopérations, maîtriser l’utilisation de l’argent.On nous dit qu’il vaudrait mieux sortir de l’euro, en réalité, la ques-tion n’est pas une histoire de taux

de change, la question est d’utiliser autrement l’argent et ne pas se faire la guerre entre pays, la guerre écono-mique renforcée.Si on veut bousculer le débat, il faut imposer des idées, des batailles. Notre culture, ce n’est pas les primaires, notre culture c’est les idées et les luttes. Il faut donc rendre incon-tournables les questions de l’argent dans la plate-forme, le pôle public bancaire, la BCE, quel argent pour les services publics, quel pouvoir des travailleurs sur les licenciements, voilà de grandes questions qu’on doit faire monter dans la bataille contre la loi El Khomri, dans les batailles sociales, elles peuvent faire bouger les lignes.

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INTERNATIONAL

FAUX. Les immigrés sont une très bonne affaire pour l’économie française. Selon une étude réalisée en 2010 par des chercheurs de l’université de Lille pour le compte du ministère des Affaires sociales, les immigrés ont reçu en 2009 de la part de l’Etat 47,9 milliards d’euros mais ont reversé 60,3 milliards. Par conséquent un solde très positif de 12,4 milliards d’euros pour les finances publiques.

Ce résultat est issu de la comparaison entre les différents postes de dépense de l’État (retraite, aides au logement, RMI, allocations chômage et fami-liales, prestations de santé, etc.) et les sommes reversées au budget de l’État par le travail des immigrés (impôt sur le revenu, impôt sur le patrimoine, impôts et taxes à la consommation, impôts locaux, CRDS et CSG, coti-sations sociales, etc.).

LE VRAI DU FAUX

L’immigration coûte cher ?

Emilien Urbach, chargé des ques-tions migratoires au journal l’Hu-manité, démonte ce mensonge qui vise à alimenter la peur et à justifier des politiques dictées par une idéologie d’extrême droite.

Avec plus de 3 800 personnes noyées en 2015 en cherchant à traverser la Méditerranée, le nombre de per-sonnes ayant trouvé la mort sur le chemin de l’exil dépassera, en 2016, les 30 000 depuis l’an 2000. Au lieu de prendre la mesure de ce funeste décompte les Etats membres de l’Union européenne confirment, de sommets en conseils, leurs politiques xénophobes et sécuritaires. À coup de chiffres alarmistes, les défenseurs de l’Europe forteresse feignent de faire face à une crise migratoire sans précédent. Mais les chiffres disent autre chose. Il y a, à ce jour, autant de demandeurs d’asile par habitant de l’UE qu’il y en avait au début des années 1990. Et, dans le monde, le nombre de personnes sous mandat de protection du Haut commissariat aux réfugiés des Nations unies est le même qu’en 1995.En effet, en 2015, plus de 60 millions de nos semblables ont été contraints de quitter leur foyer à cause de la guerre et de la pauvreté. Mais les pays riches, de par leurs logiques de dominations économiques et militaires, en sont les principaux responsables. 58 % des demandeurs d’asile, l’an passé, venaient des zones

de conflits où les armées occidentales sont les plus engagées : Syrie, Afgha-nistan et Irak. Et pourtant, 86 % des migrations se font du sud vers le sud. Le Liban reste le pays qui accueille le plus grand nombre d’exilés, avec 209 réfugiés pour 1 000 habitants. En Allemagne, par exemple, ce rapport est de 6 pour 1 000. Et de 5 pour 1 000, en France.La prétendue invasion que subirait l’Europe est un mythe. Pire, c’est un mensonge qui vise à alimenter la peur et à justifier des politiques dictées par une idéologie d’extrême droite. Si les images de bidonvilles dans le nord, de campements en plein Paris ou sur les côtes mentonnaises inondent nos écrans de télévision, c’est qu’en France, comme dans les autres pays de l’UE, les dirigeants font le choix de l’égoïsme contre nos valeurs de fraternité.»Déjà en septembre 2015, lors de la Fête de l’Humanité, Pierre Laurent, secrétaire national du PCF, appelait l’Etat à « prendre ses responsabilités aux côtés des centaines de communes, des milliers de citoyens et d’associations volontaires » pour que la France se montre « digne de son devoir de solidarité ». Il précisait que l’accueil de « 24 000 réfugiés, 1 000 euros par réfugié », soit « 24 millions d’euros en deux ans, ce n’est pas à la hauteur ». « La vente d’un seul Rafale, c’est 94 millions d’euros, hors taxes ! »

MIGRANTS

Le mythe de l’invasion

GRÈCE

La solidarité populaire

Le top 10 des nationalités qui représente 90% des arrivées

ATTENTATS

Europe, Irak, PakistanBruxelles

Dès la nouvelle des attentats du 29 mars à Bruxelles qui ont fait 31 morts et quelque 200 blessés, le Parti communiste français les a condamnés « comme tous ceux perpétrés en France, au Proche-Orient, au Maghreb et en Afrique au long de ces dernières années avec le but d’entretenir des situations de violence, de guerre et de désta-bilisation ».Il exprimait « sa profonde peine devant ce monstrueux carnage », et assurait de « toute sa solidarité et son soutien les familles des victimes, les habitant-e-s de Bruxelles et la population de Belgique tout entière ».Pour le PCF, « ce drame appelle plus que jamais à une plus grande solidarité et une détermination politique pour non seulement retrouver et arrêter les meurtriers comme les commanditaires mais aussi à apporter des réponses politiques durables à ce qui nourrit les filières criminelles qui veulent importer un climat de guerre en Europe et qui l’entretiennent partout ailleurs ».La responsabilité de nos gouverne-ments et de l’UE est « de revoir la logique de leurs politiques interna-tionales qui restent cantonnées à des réponses militaires au détriment des solutions politiques ».« Le travail de la police et de la justice pour démanteler les réseaux et filières, pour stopper les donneurs d’ordre et les soutiens sera déterminant, et doit se dérouler dans le respect absolu des droits et libertés, individuelles et collectives, fondamentales, contre tous ceux, à commencer par les commanditaires des attentats, qui veulent les déstabiliser. »Les autorités belges sont vivement cri-tiquées pour n’avoir pas tout fait pour arrêter les suspects avant qu’ils passent à l’acte. Pour faire « toute la lumière » sur ces réseaux, les enquêteurs franco-belges attendent beaucoup du suspect-clé du 13 novembre arrêté à Bruxelles après plus de quatre mois de cavale. La France a demandé qu’il lui soit remis, ce à quoi il ne s’oppose plus après un refus initial.

Irak.

Un attentat suicide, à l’issue d’un match de football, perpétré le 26 mars à Iskandariya et revendiqué par l’EI, a fait 32 morts et 84 bles-sés. Il fait suite à une série d’attentats comme celui de début mars, qualifié d’attaque la plus meurtrière depuis le début de l’année en Irak, qui a tué 61 personnes. Le maire du village,

Ahmed Shaker, a été tué, de même que l’un de ses gardes du corps et au moins cinq membres des forces de sécurité.

Pakistan.

72 personnes, la plupart des femmes et des enfants, ont péri le 27 mars dans un attentat-suicide dans un parc bondé de Lahore, grande ville de l’est du Pakistan, où des chrétiens célébraient les fêtes de Pâques. Le dernier bilan faisait état de 340 blessés.Une faction du mouvement taliban pakistanais a revendiqué lundi l’atten-tat affirmant avoir voulu viser ainsi les chrétiens et disant se préparer à mener de nouvelles attaques, y compris contre des établissements scolaires.Le dernier bilan de cette attaque fait état de 72 morts et 340 blessés, a indiqué une porte-parole des services de secours, Deeba Shahnaz. Un deuil de trois jours a été décrété dans la province du Pundjab, dont Lahore est la capitale.En janvier, un attentat contre l’univer-sité a fait au moins 21 morts, un an après un massacre des talibans dans une école de la même région, lancée en représailles à l’opération Zarb-e-Azb, vaste offensive antiterroriste actuelle-ment menée par l’armée dans les zones tribales du nord-ouest frontalières de l’Afghanistan.

Violence(s)

Sur son blog, Jean-Emmanuel Du-coin pousse la réflexion sur la nécessité de comprendre.« Quel est le point de basculement vers cette “conversion” absurde et nihiliste, qui pousse des jeunes souvent sans his-toire à entrer dans une sorte de logique meurtrière, les conduisant au passage à l’acte le plus terrifiant que nous puissions imaginer, ou à émigrer dans un pays en guerre qu’ils ne connaissent que par la propagande véhiculée sur des réseaux sociaux, pour y mourir la plupart du temps ? Ceux qui pensent détenir une seule explication devraient commencer par se taire. »

Comprendre.

Le simplisme explicatif cache toujours ou presque des arrière-pensées peu avouables. La réalité se situe ailleurs, dans une zone grise. Exemple : une partie des terroristes des attentats du 13 Novembre étaient des individus soudainement radicalisés, sans adhé-sion ni pratique religieuse clairement identifiée, ce qui, vous l’avez compris,

tord le cou à la thèse exclusivement « religieuse » du djihadisme. Comme le racontait voilà quelques se-maines l’anthropologue Loïc Le Pape : « Ce que l’on sait des jeunes convertis partis en Syrie ou en Irak, c’est que leurs conversions se sont réalisées sans aucune médiation cléricale. (…) Ce sont parfois des conversions qui se produisent “en ligne”, sans intermédiaire identifié. Ces nouveaux convertis prônent une radi-calité assumée, flirtent avec l’ illégalité, avouent leur volonté de quitter un pays mécréant et corrupteur, et marquent leur intérêt pour une guerre de civilisa-tion fantasmée. » Ainsi, pas de profil type. Mais une attirance réelle et partagée pour la violence, le vrai dénominateur commun. Même le déterminisme social - le vivier de « recrutement » se situe essentiellement dans les zones les plus pauvres de nos sociétés - est parfois battu en brèche. Une partie des « combattants » français partis en Syrie recensés avaient en effet trouvé une place, souvent modeste, mais honorable. La forme d’« engagement » radical à laquelle nous sommes confrontés surprend donc par sa nouveauté. Elle ne s’apparente ni à une conver-sion religieuse classique ni à un militantisme sectaire. Quand l’« État islamique » tente de mettre en place une vision théologique, ceux qui s’en revendiquent en sont loin. Comme l’affirme Loïc Le Pape : « Les jeunes convertis à l’EI se basent sur une lecture réductrice et violente des préceptes de l’ islam et allient des croyances millé-naristes et apocalyptiques à une vision conspirationniste : les juifs, l’Occident, les Illuminati, etc. » Conclusion : il n’y a pas un bascule-ment, mais des basculements. »

L’intégralité :www.humanite.fr/violences-602993

Une pétition, dont le PCF soutient la démarche, a été lancée pour que les habitants des îles grecques obtiennent le prix Nobel de la paix. Elle réclame une reconnaissance internationale de cette solidarité.Depuis des mois des milliers de réfu-giés, fuyant les guerres en Syrie, en Irak, en Afghanistan ou dans la corne de l’Afrique, débarquent en Grèce. Alors qu’en Europe les frontières se ferment les unes après les autres,

dans les îles de la mer Egée, les Grecs, étranglés depuis des années par les politiques d’austérité, n’hésitent pas à apporter leur solidarité à ces réfugiés.Sur l’île de Lesbos, près de 130 000 personnes sont arrivées depuis le début de l’année, dont 36 % sont des mineurs. La première semaine du mois de mars, plus de 1 800 per-sonnes débarquaient chaque jour. La capacité d’accueil de l’île est limitée à 7 000 places réparties entre les centres

ouverts par l’État et ceux mis en place par des citoyens venus de toute l’Eu-rope. Mille à deux mille personnes embarquent quotidiennement sur les ferries en direction d’Athènes.Pétition sur :

Vote that the Greek Islands Receive the Nobel Peace Prize for their Contributions Aiding the Refugee Crisis !

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Les Nouvelles 31 mars 2016 • 7

PCF

Plus de 200 personnes étaient pré-sentes pour le « Grand Oral » de Pierre Laurent, invité de Sciences Po Bordeaux, le 25 mars en fin d’après-midi pour répondre à des questions se rapportant à l’his-toire du mouvement communiste en France, à celles portant plus spécifiquement sur le PCF, hier et aujourd’hui et, au-delà, aider à mieux comprendre les combats actuels du PCF et son ambition pour le futur, en France et dans le monde. Voici une version très syn-thétique de l’échange de questions et de réponses.

L’invité de Science po a d’abord rendu hommage à Charb, dessinateur de Charlie Hebdo victime des attentats de janvier 2015, qui se revendiquait com-muniste et participait régulièrement à la Fête de l’Humanité. « Résister est une leçon à conserver face à ceux qui veulent nous voir abandonner nos libertés », a ajouté Pierre Laurent.

Les plus beaux moments de l’histoire du PCF ?Pierre Laurent. Il n’y a pas de conquête sociale qui ne soit marquée d’une manière ou d’une autre par le communisme. Il y a la lutte contre le fascisme en Espagne, la résistance en France, les acquis du Front populaire en 36, l’engagement solidaire contre les crimes coloniaux…

La mise en commun des moyens de production tou-jours un objectif ? P.L. Mon livre, « 99 % », fait suite à un rapport d’Oxfam Internatio-nal indiquant qu’ 1 % de la popula-tion mondiale possède autant que les 99 % restant. L’appropriation sociale des richesses est nécessaire. Face au capital, il faut des services publics mais aussi des formes diversifiées telles que l’économie sociale et solidaire, les coopératives…

La lutte des classes est-elle toujours d’actualité ? P.L. Le milliardaire Warren Buffett a déclaré qu’il « existe bel et bien une lutte de classes », il a ajouté : « c’est nous qui

sommes en train de la gagner ».

Existe-t-il des exemples de régimes communistes qui ont réussis ? P.L. En Amérique Latine, tout le monde rend hommage au système de santé et d’éducation à Cuba. La Sécu-rité sociale est une idée communiste. Le communisme n’est pas un régime, c’est le mouvement des sociétés qui s’émancipent de toutes les aliénations.

Quelles influences sur Cuba avec l’ouverture économique ? Le sort des prisonniers poli-tiques à Cuba va être réglé ? P.L. Cuba a beaucoup souffert de l’enfermement imposé par l’embargo américain. Le modèle capitaliste peut chercher à s’imposer mais Cuba saura faire perdurer son originalité. L’UE vient de signer un accord avec la Turquie où les opposants sont emprisonnés, assassinés. F. Hollande vient de décorer un personnage qui décapite poètes et opposants en Arabie Saoudite

Le PCF, un parti révolution-naire ? P.L. Oui. L’avenir appartient au dépassement du capitalisme, celui-ci est une impasse aux problèmes actuels. L’heure est à l’invention d’une autre société. Inventer une société de solidarité pas de précarité, en particu-lier pour les jeunes.

L’égalité ? Notre devise a-t-elle encore un sens ? P.L. Plus que jamais, en particu-lier pour ce qui concerne l’égalité homme/femme.L’égalité salariale est-elle possible ? Il ne s’agit pas d’une égalité où tout le monde gagne la même chose. Aller vers une échelle de 1 à 10 peut être un objectif réaliste alors qu’au contraire, actuellement, les inégalités explosent.

Et la méritocratie ? Comment justifier les inégalités de situa-tion ? P.L. Je n’y crois pas. Tout le monde a des capacités, des idées. Les inégalités

actuelles n’ont pas de rapport avec le travail fourni. Des fortunes se bâtissent sur l’exploitation du travail d’autrui.

Quelle est la raison de la chute du parti dans les résultats électoraux, 1,93 % des voix en 2007 à la présidentielle ? P.L. L’élection présidentielle est difficile pour nous. L’échec des pays de l’Est pèse. Mais aussi les échecs de la gauche depuis 81. Avec des programmes de gauche, systémati-quement trahis par le PS.

Des différences entre un mili-tant du PCF et un militant du PG ? P.L. Beaucoup de choses rassemblent les militants. Les différences se situent dans le rapport au chef. Je ne suis pas le « patron du PCF ». Il faut arrêter de déléguer ses pouvoirs, il faut les exercer.

Jean-Luc Mélenchon a an-noncé sa candidature en 2017. Peut-il faire marche arrière. Le veut-il ? P.L. Je souhaite construire collective-ment l’alternative. Hollande ou Valls ne peuvent plus porter les couleurs de la gauche. Le but est d’éviter un 2e tour entre la droite et l’extrême-droite. Un programme qui rassemble les forces du Front de Gauche, les écolos, les socialistes, tous ceux qui sont dans la rue contre la loi El Khomri doit être construit, puis une candidature qui ait l’assise la plus large doit être trouvée.

Cette annonce cause-t-elle du tort au Front de gauche ? P.L. Le Front de Gauche existe pour que la gauche ce ne soit plus dire une chose et en faire une autre. Son ambition n’est pas de faire 8 ou 10 %.

Pourquoi vous n’êtes pas candidat ? P.L. Il faut construire le processus col-lectif pour éviter 7 ou 8 candidats de gauche à l’élection présidentielle, pour avoir un candidat qui puisse réussir.

Pourquoi le vote ouvrier va au FN alors que le PCF porte historiquement les revendi-cations ouvrières ? Pourquoi vos idées ne prospèrent pas alors qu’avec la crise, il y a un boulevard ? P.L. Le vote ouvrier va avant tout à l’abstention. La concurrence entre les travailleurs est organisée par ceux qui cherchent à faire de l’argent sur le monde ouvrier. Le boulevard ouvert est celui du racisme, de la xénophobie et de la guerre.

La gauche radicale peut-elle redevenir populaire comme en Espagne ou en Grèce ? P.L. Le mouvement contre la loi El Khomri est porteur d’espoir. Les forces pour construire une gauche radicale sont très nombreuses mais il y a un travail de division permanent.

Une primaire de gauche avec le PS un oxymore ? P.L. Il n’y a rien de plus urgent que de réunir toutes les forces qui ont voté Hollande en 2012. Dans l’hémicycle, E. Macron se tourne toujours vers la droite. Il tourne le dos à la gauche au sens propre comme au figuré.

Que faire pour favoriser l’em-ploi ? P.L. Une grande politique d’inves-tissements s’impose dans la nouvelle industrialisation, l’environnement, le social. Il faut investir dans le secteur ferroviaire, les services publics, la recherche, le développement.

Que pensez-vous du revenu universel ? P.L. Il ne faut pas baisser la garde sur les salaires. Il faut un minimum à tout le monde mais il existe un risque de tirer tout le monde vers le bas. Le PCF veut créer la sécurité sociale de l’emploi et de la formation. Les fonds qui le permettront sont déjà donnés aux entreprises pour, soit disant créer de l’emploi, mais en vain.

Le PCF n’a pas été à l’initia-tive de la pétition contre la loi El Khomri. Pourquoi ce manque d’initiative ? P.L. Nous devons mieux manier les nouveaux outils que sont Internet et les réseaux sociaux. Tant mieux si la mobilisation est diverse. Si elle est forte, cette loi ne passera pas.

Relancer la croissance est-il un but en soi ? P.L. Un certain type de croissance nous a menés à la crise de 2008, celui qui privilégie le profit. Un développe-ment social et écologique avec de nou-veaux indicateurs doit être recherché. La logique de consommation n’est pas pilotée par le besoin social. Les circuits courts doivent être développés, les prix calculés avec les coûts réels de production et non par la spéculation.

Le 27 mars 1980, George Marchais déclarait que l’im-migration posait de graves problèmes et qu’il fallait stop-per l’immigration officielle et clandestine. Qu’en pensez-vous ? P.L. À cette période, dans les défilés, « Français, Immigrés, mêmes pa-trons, mêmes combats » entendait-on. L’immigration était pensée comme passagère. Elle est devenue structu-relle. Le monde de demain sera un monde où les travailleurs, les étudiants circuleront.

Pierre Gattaz souhaite égale-ment accueillir les immigrés. Seriez-vous d’accord ? P.L. Pour certains, il s’agit de faire travailler les migrants de l’Europe 25 % moins cher que les Français.

L’Europe tourne-t-elle le dos aux migrants et à l’idée même de l’Europe ? Et la situation en Syrie ? P.L. L’hyper concurrence est en train de tuer l’idée de l’Europe. Le PCF ne plaide pas pour une dislocation de l’Europe mais pour une Europe solidaire et coopérative.Sur la Syrie, des solutions politiques, des moyens diplomatiques auraient du être privilégiés. Daech est le résul-tat de la guerre en Irak. Il faut faire taire les armes. La guerre produit des monstres. On doit aussi arrêter de financer les terroristes.

Pourquoi s’opposer à l’état d’urgence le 19 novembre ? P.L. L’état d’urgence doit être bref et exceptionnel. Empêcher les actes terroristes ne peut conduire à limiter simplement le pouvoir judiciaire. La réponse ne peut pas être que sécuritaire.

SCIENCES PO BORDEAUX

Le Grand oral avec Pierre Laurent

SouscriptionIls ont donné un total de 435 €Mme DANEY Gisèle, Villenave-d’Ornon Mme PALACIN Françoise, Villenave-d’OrnonM. DESCHAMPS Michel, Pessac

M. BRUANT Pierre, BordeauxM. BASQUE Gérard, BèglesM. FRANCO Francis, BassensCellule du PCF Lormont

Page 8: Nouvelles N° 2144

8 • Les Nouvelles 31 mars 2016

CULTURES & SOLIDARITÉS

Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest S.A.S. au capital de 37 000 eurosAssociés (à parts égales) : L. Chollon, F. Mellier, S. LabordeDirecteur de la publication : Frédéric MellierAbonnement 1 an : 25 euros. Abonnement de soutien : 40 eurosRédaction, composition, impression : S.A.S. Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest15, rue Furtado - 33800 BORDEAUXTél. 05 56 91 45 06 - Fax 05 56 92 61 01 - Annonces légales : [email protected]é : [email protected] - Redaction/Proposition d’article : [email protected] nbso.frCommission paritaire de presse : 0113 C 85932

@nvlbxLes nouvelles de bordeaux

AVIS RECTIFICATIF

RESEAULUTION245 rue Lecocq33000 Bordeaux

RCS Bordeaux Immatriculation en cours

Rectificatif à l’annonce parue dans le jour-nal N° 2141du 10 mars 2016 concernant la constitution de la SASU Réseaulution

Au lieu de lire :Capital social est fixé à : 2 745 €Il y a lieu de lire :Le capital social est fixé à : 1 000 €

Pour avis,

ANNONCES LÉGALES

Etude de Maîtres Mathieu MASSIELoïc DELPERIER – Clément BALLADE

15 Route de LéognanBP 40096

33172 Gradignan Cédex

Rectificatif à l’annonce parue dans le journal N° 2137 du 11 février 2016 concernant la constitution de la société civile immobilière dénommée : NATU-RAN’IMMOAu lieu de lire :Le siège social est fixé à : BORDEAUX (33800), 331 Boulevard Jean Jacques BOSCIl y a lieu de lire :Le siège social est fixé à : CAPIAN (33550) 52 chemin de Lavergne.

Pour avis,Le notaire

Appel des associations : CAURI, Comité Aquitaine du mouvement burkinabé des droits de l’homme et des peuples, Cie Uz&Coutumes, MRAP 33, UJFP, Survie Gironde.Hommage aux victimes du géno-cide des Tutsis rwandais : d’avril à juillet 1994, un million de sœurs et frères humains massacrés.

• 12h : Cérémonie au Pont de pierre de Bordeaux : allocution, chants, jets de fleurs en souvenir de ceux et celles qui ont été noyés dans les rivières et les lacs du Rwanda et marche silencieuse vers la mairie de Bordeaux.Puis à la Chapelle de Mussonville (Bègles– tram C) :• 13h30 : Pique-nique.

• 15h30 : Film de Jean-Christophe Klotz « Kigali, des images pour un massacre » et discussion.• 17h30 : Discours du député-maire Noël Mamère et des représentants des associations. • 18h : Témoignages, musiques, lectures, chants.• 19h30 : Clôture

LE 7 AVRIL 2016

XXIIe commémoration du génocide des Tutsis rwandais

Espaces Marx partage un stand avec l’Institut CGT d’Histoire Social et les éditions du Serpolet. Quartier Sainte-Croix à Bordeaux (prés de la Gare Saint-Jean). Verre de l’Amitié 19h vendredi 1er avril . Tout le programme de l’Escale du Livre 2016 sur www.escaledulivre.comL’association y accueillira de nom-breux auteur-e-s régionaux : Isabelle Garo, Jean-Paul Abribat, Jean-Claude Gillet, André Paillaugue, Georges Durou, Jeanne Uteau, Karfa Sira Diallo, Michel Cabannes, André Rosevegue, Marie Estripeaut-Bourjac, Jean Casset, Jean-Marie Harribey, Josette Touzet, Pierre Sartor, Joël Guerin, François Gwenet et avec les éditions Du Serpolet : Madeleine Lenoble, Catherine Guillery, Danielle Labatsuzan, Lysiane Rolland, (vous retrouverez la plupart d’entre eux à

l’Espace Livres de la Fête de l’Huma 33 les 21 et 22 mai prochains.) Par ailleurs Espace Marx présent et associé à une Table-ronde, le samedi à partir de 14h autour du thème : « Marx est-il encore utile à l’action politique ? » « Marx philosophe, Marx politique : Figure considérable du XIXe siècle, connu dans le monde entier, aussi admiré que controversé, Karl Marx nous appelle à l’ intelligence, à la compréhension du monde tout autant qu’à l’action pour sa transformation. Qu’a-t-il toujours à nous dire ? Quel apport est encore ou toujours le sien ? A quoi nous invite-t-il ? » Avec la participation de : Isabelle Garo, philosophe, « Marx politique », édition La Dispute, Livre sous la direction de Jean-Numa Ducange et Isabelle Garo, 2015,

Jean-Marie Harribey, économiste, « La richesse, la valeur et l’ inestimable. Fondements d’une critique socioécolo-gique de l’économie capitaliste », Paris, Les liens qui libèrent, 2013 Jean-Paul Abribat, sociologue et psychanalyste, « Scène privée dans la scène de l’Histoire, Entretiens avec Jean-Paul Abribat » 2016, aux éditions Les Nouvelles de Bordeaux, Vincent Taconet, professeur de Lettres Classiques, vice-Président d’Espaces Marx Aquitaine-Bor-deaux-Gironde.

ESPACES MARX

l’Escale du Livre de BordeauxLes 1, 2 et 3 avril 2016 – stand L40

CANÉJAN

Festival Populaire des Graves1ère édition, entrée gratuite.9 avril 2016, salle du lac vert à CanéjanVide-Greniers - Débats - Buvette - Concerts à 20h

Lettre à un écrivain Pas plus que votre copine, je ne perçois les libellules au fond du jardin, proche de l’étang, et avant même de vous avoir lu tout le w.end qui a suivi, je suis tombée, j’ai chu, amoureuse de vous.

J’avais prévenu la libraire que je n’aimais pas le noir, mais elle a trouvé les mots pour me donner envie. Quant bien même, je serais venu à votre dédicace, la soutenant dans sa lutte quotidienne de maintenir son magasin culturel dans cette petite ville ravagée par la pauvreté et les grandes surfaces.

Rien n’aurait pu me faire louper ce rdv, j’y ai emmené ma grande copine, la mienne à moi, ma grande amie en vérité. Elle n’était pas super en forme et je l’ai trainée à la librairie plutôt que notre bistrot favori.

Il faisait beau ce samedi, je crois le premier beau jour, le chaud cette année, et j’avais envie d’être bien avec la sensation que rien ne m’atteindrait. Une journée baguette magique.

C’est depuis l’entrée de la librairie, la chute, la porte à peine ouverte, la main encore sur la clenche que je me suis pris les pieds dans ce paillasson illusoire. Une sensation étonnante, agréable, suffisamment rare et exceptionnelle pour que je décide de la savou-rer. Je vous entends supposer la folie. J’ai d’abord décidé, dans un accès non choisi consciemment de cacher ce trouble, un retour violent à la case lycéenne, timide et hésitante.

« oh mais il est jeune… ». Ces yeux bleus, entre deux rayonnages de livres, au fond du magasin. Impos-sible de me reprendre. Peut-être ai-je alors imploré que tous les passants se précipitent dans la librairie en espérant votre signature. J’aurais eu tout le loisir alors de vous observer un moment avant de glisser mon livre, osant quémander un autographe.

Je n’ai croisé que la libraire, « mais il est jeune !… » remarque aussi absurde que fausse, n’ayant trouvé rien d’autre dans ce trouble, trop rapide, imprévu, que de botter en touche mes émotions. L’âge, le vôtre, je ne l’avais pas envisagé un seul instant. Peut-être avais-je repensé à mon ami Boris, 30 ans, qui signait son livre ici quelques semaines plus tôt ou bien est-ce le noir de votre roman qui m’annonçait plutôt la vieillesse toute relative du maitre du genre, Didier Daeninck.

Je n’avais anticipé aucune caractéristique physique, trop noir de toutes façons. Un blanc cousu de noir, ce noir que j’avais quitté et ne veux plus approcher. Je suis redevenue rose, pas le délavé de la politique, auquel cas je serais ce vermillon sanguinolant, un arc-en-ciel plus que camaïeu de ciel gris, le ciel bleu aperçu du fond de la mine plus que le fond lui-même vu du ciel.

Et pourtant il a fallu que je m’asseye. Je me suis mise à hauteur de ces yeux, vous m’aviez proposé votre siège. Je vous avais écouté discuter avec les futurs lecteurs, je vous écoutais sans parler, vous regardais sans être vue, je voulais comprendre.

Ces yeux bleus ? Comment être si noir, et ma chute continuait : vos coccinelles, escargots et sangliers décrits dans cette obscurité humaine. L’effet d’une boule de neige, une avalanche de désir sur piste noire, rien ne m’entravait dans ce délire émotionnel. Un exercice de style habituel me diriez-vous et par-fois, l’espace d’un court instant, un rêve d’absolu.

CHRONIQUE

par Jeanne R.M.

LES AMIS DE L’ORMÉE

Cabaret 2016 Chants de labeurVendredi 8 et samedi 9 avril à 19h30, entrée 10€, 12 rue A. de Musset, Ambarès et Lagrave, renseignements et réservation : [email protected]

Chorale des Amis de l’Ormée, direction Claire BeaudouinAccents de Broadway : Bernstein, Gershwin…Claire, soprano et Adrien, pianoTrouver Charlie : Swing et Be bopGilles, Serge et Looper