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LA VOIX DUCOMBATTANTLA VOIX DUCOMBATTANT

Le magazine de l’Union nationale des combattants

Pour solde detout compte p.3

Éditorial Le coup de cœur de la rédactionMédecins pendant laguerre d’Indochine p. 2

Mémoire combattanteEnfants de troupe sousl’Occupation p. 34

HistoireNovembre 1956 : les dessous de l’expédition de Suez p. 26

Ces lieux de mémoire

vivanteCes lieux

de mémoirevivante

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Éditorial

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La Voix du Combattant18, rue Vézelay ­ 75008 ParisTél. : 01.53.89.04.28Fax : 01.53.89.04.29.

Directeur de la publication :Pierre Saint­MacaryRédactrice en chef : Béatrice GendronLa Voix du Combattant est éditée par l’Union Nationale des Combattants. Président général de l’UNC : Pierre Saint­Macary. Association reconnued’utilité publique par décret du 20 mai 1920. Siège social : 18, rue Vézelay ­ 75008 Paris.Mise en page : Patricia ChibaneComité de rédaction : Pierre Antoine, Pierre Saint­Macary, Gérard Beaumont­Senn, HenriChemin, Gérard Colliot, Henry Dutailly, Éric Euzen,Philippe Schmitt.

Premier n° paru le 13 juillet 1919Commission CPPAP :N° 1117-A-06249 - ISSN : 2104-9416Date du dernier dépôt légal :OCTOBRE 2016

Impression : Imaye, 96, boulevard Henri-Becquerel,53000 LavalPublicité : Mistral Media, 365, rue de Vaugirard -75015 Paris, Tél. : 01.40.02.99.00 - Fax : 01.40.02.99.01.

Reproduction des textes et des illustrations interdite sans accord préalable.

Ont collaboré à ce numéro : Patrick Allix, Pierre Antoine, Oswald Calegari, Gérard Colliot, Henry Dutailly, Éric Euzen, Alain Guth, Christian Lapaque, Catherine Perel, Philippe Procot, Michel Richaud, Franck Roger, Philippe Schmitt, Madeleine Stocanne, et les cellules communication du 1er RHP, de la Brigade de Sapeurs-Pompiers de Paris, du centre européen du résistant déporté-site de l’ancien camp de Natzweiler-Struthof.

Ce numéro comporte deux encarts, déclarés en Presse + :• Trésor du patrimoine L’homme moderne, 32 pages, • Trésor du patrimoine, Traditions du Périgord, 4 pages.

COUVERTURE : © Charles Habib. Jean Villeret, résistant déporté, lors de la veillée auxflambeaux du Struthof, le 25 juin 2016.

L’Union nationale des combattants a demandéavec insistance au gouvernement actuel que soitmis fin à cette iniquité qui consiste à refuser d’ac­corder la carte du combattant aux militaires pré­

sents en Algérie de 1962 à 1964. Le prétexte de cerefus, historiquement erroné, est que la guerre d’Al­gérie s’est terminée le 19 mars 1962. Quel revirementsurprenant ! En avril 2008, un groupe de sénateursdont MM. Todeschini et Masseret (actuel et anciensecrétaire d’État aux Anciens combattants), à l’époquesensibles à cette injustice, avaient déposé une pro­position de loi «visant à attribuer la carte du com­battant aux soldats engagés en Algérie après les accordsd’Évian du 2juillet 1962 jusqu’au1er juillet 1964». (Sénat­Session2007­2008­proposition n°294).Or jusqu’à présent seuls ceux quiétaient “ à cheva l” sur cettepériode ont obtenu leur carte du combattant, 50 ansaprès. Notre association avait signalé, à plusieursreprises, le climat d’insécurité et la reconnaissance de“Mort pour la France” d’au moins 540 soldats danscette période trouble post­indépendance qui justifiait,d’un commun accord entre les deux pays, la présencedes troupes françaises. Le président de la Républiquelors de la dernière journée des harkis a d’ailleursreconnu à son tour les exactions et les massacres sur­venus après le 19 mars 1962. Où est la cohérence ? Comment le gouvernementa­t­il pu, une fois de plus, négliger dans le budget 2017 cegeste de reconnaissance envers tous ces combattants(dont les plus jeunes ont 72 ans !) que la France avaitcontinué à envoyer en Algérie pour des missions de sécu­risation ? Elle leur refuse toujours la dignité d’être desanciens combattants à part entière, pouvant jouir de tous

leurs droits notamment dela retrai te du combattant ?Est­ce un oubli ou enquel que sor te une er ­reur de jeu nes se commele se cré taire d’État sem­blerait justifier son revi­rement par rapport à sa pro position de loi de 2008.Est­ce plutôt plutôt la crainte de réactions de quel ­ques uns, idéologiquement ancrés dans leur certitudeque la guerre d’Algérie s’est “ miraculeusement ”achevée un certain 19 mars 1962 ? À noter d’ail­leurs pour ces derniers que les cartes du combat­

tant pour les combats du Maroc et de Tunisie ont étéattribuées plusieurs années après l’indépendance,alors que la dangerosité était bien moindre. Enfinlorsque l’on sait que l’impact financier d’une tellemesure correspond à peine au prix d’une fan­zoneau dernier Euro de foot on peut s’interroger sur l’at­tention accordée à ceux qui ont porté les armes auservice de la France à cette époque. Et si le gouvernement le souhaitait, en attribuantcette carte il pourrait enfin clore ce dossier de lareconnaissance de l’ensemble des combattants d’Al­gérie. Un geste de justice et d’apaisement pour cesderniers. À noter que durant leur audition devantla commission de la défense de l’Assemblée natio­nale, de nombreuses associations ont appuyé cettedemande de l’UNC d’une carte du combattant attri­buée au titre des Opex.

Pour solde de tout compte…Le mot du président par Pierre Saint-Macary

L’UNC avait signalé, à plusieurs reprises, le climat d’insécurité et la reconnaissance de “Mort pour la France” d’au moins 540 soldats

dans cette période trouble post-indépendance qui justifiait, d’un commun accordentre les deux pays, la présence des troupes françaises.

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4 La Voix du Combattant novembre 2016

Ilssont neuf sites en France, emblématiques de lamémoire combattante de notre pays, propriétés duministère de la Défense : la nécropole de Fleury-devant-Douaumont et la Tranchée des Baïonnettes

sur le champ de bataille de Verdun, la nécropole nationale deNotre-Dame-de-Lorette, le Mémorial de la France combattanteau Mont-Valérien, l’ancien camp de concentration du Struthof, lemémorial du débarquement de Provence du Mont-Faron, laprison de Montluc, le mémorial des martyrs de la déportation surl’Ile de la Cité à Paris, le mémorial des guerres d’Indochine àFréjus et le mémorial des victimes de la Guerre d’Algérie et descombats du Maroc et de la Tunisie du Quai Branly à Paris. Qu’ilsévoquent les deux premiers conflits mondiaux ou les guerres d’In-dochine et d’Algérie, ils sont gérés par l’Office national desanciens combattants et des victimes de guerre (Onac-VG) qui enassure l’entretien, la rénovation, la valorisation et la promotion.Grâce à d’importants partenariats noués avec des témoins histo-riques, des universités, des associations locales, ces sites privilé-giés de notre mémoire nationale se veulent aussi des centresd’information et de documentation, mais également des vecteursdes valeurs citoyennes de notre pays. Ces hauts lieux de lamémoire nationale font l’objet du dossier de cette édition, et tout

au long de cette année, La Voix duCombattant se propose de les fairedécouvrir à ses lecteurs.À lire également dans cette édition,Le Coup de cœur de la rédactionconsacré à quelques témoignagesde médecins pendant la guerred’Indochine. L’action du service desanté des armées dans ce conflitlointain est encore largementméconnue, et l’ouvrage “Médecinsen guerre, Indochine 1946-1954”, envoyé à la rédaction par unefidèle lectrice, nous permet de mettre en lumière l’héroïsme etl’abnégation de ces hommes qui, au plus près des combattants,ont partagé leur sort tragique, de la boue de Diên Biên Phu auxaffres de la captivité. Deux autres témoignages enfin nous éclai-rent ce mois-ci sur les débuts de la guerre d’Algérie dans les Aurèset sur la vie des enfants de troupe sous l’Occupation. Plus quejamais, La Voix du Combattant reste fidèle à sa vocation d’êtreune parcelle de la mémoire vivante de notre histoire nationale.

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© Ecpad

Sommaire

par Béatrice Gendron

© B. G.

© Charles Habib

Le mot de la rédactrice en chef

2 Le coup de cœur de la rédactionMédecins en Indochine

3 Éditorial

4 Sommaire

6 Arrêt sur images

7 Actualités

11 Libre propos

12 DossierLes hauts lieux de la mémoire nationale

14 Actualité des unités

15 Éditions régionales

23 La rubrique juridique et sociale

25 La rubrique reconversion 2.0

26 HistoireL’expédition de Suez

28 Regards sur 1914-1918• L’art dans les tranchées• Le général Berthelot

30 Recherches

32 Témoignagne AFN1er novembre 1954, l’assassinat du caïd de M’Chounèche

34 Mémoire combattanteMa vie dans les enfants de troupes

36 Vie de l’UNC

40 Lettres & images

41 Nos adhérents prennent la plume

42 Courrier des lecteurs

43 Jeux

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Actualités

8 La Voix du Combattant novembre 2016

C’était l’un de ses engagements de cam­pagne. Le président de la République areconnu, le 25 septembre dernier, la res­ponsabilité des gouvernements français

dans l’abandon des harkis. François Hollande ad’abord procédé à un rappel historique : « Pendantla Guerre d’Algérie, pour contrôler un territoirede plus de 2 millions de kilomètres carrés qu’ellene pouvait pas soumettre, l’Armée française arecruté des supplétifs parmi la population. Plusde 200000 hom mes ont alors servi sous l’uniformefrançais. Ils étaient des Moghaznis, des tirailleurs,des spahis, des membres des forces régulières,des groupes mobiles de sécurité, des groupes d’au­todéfense, des sections administratives spéciali­sées... Nous les avons tous en mémoire sous lenom de Harkis.Vous étiez de ceux­là. Vous vousétiez mis sous le drapeau tricolore. Ce choix a liéà jamais votre destin à celui de la France. Lorsquele cessez­le­feu a été signé le 19 mars 1962, à lasuite des accords d’Évian, ces Harkis, c’est­à­direvous, avaient confiance en la France, parce quevous vous étiez battus pour elle, et vous n’imagi­

niez pas qu’elle puisse vous abandonner. C’estpourtant ce qui s’est produit. Le gouvernementde l’époque a refusé d’organiser le rapatriementdes Harkis vers la métropole. La France a alorsmanqué à sa promesse. Elle a tourné le dos à desfamilles qui étaient pourtant françaises. Beau­coup, désarmées, furent livrées à elles­mêmes etsacrifiées. D’autres espéraient en la France pourêtre reçus, et débarquèrent, malgré les instruc­tions officielles, sans ressources, sans attaches, etfurent accueillis dans des conditions indignes.

Journée nationale d’hommage aux harkis et autres membres des formations supplétives

Un destin « à jamais lié avec celui de la France »

Le harkiHenri Pefferkorn, président de la section UNCde Vernouillet (78) a servi dans un régimentdans lequel il y avait des harkis. Ahmed Djebablia était un harki qui s’était beaucoupattaché à Henri. En 2009, celui­ci lui a écrit un petit poème.

À Ahmed DjebabliaHommage te soit rendu, à toi, oh, l’AlgérienQui s’est battu pour nous, peut-être mort pour rien.On t’avait surnommé, macache la confianceTu étais un harki et tu aimais la France.Tu me suivais partout car tu me connaissaisPour toi, j’étais le chef, j’étais celui qui sait.En quittant ton pays du jour au lendemainOn t’a abandonné dans de bien viles mains.Aujourd’hui, quand je vois la haine et la violenceJe ne peux m’empêcher d’avoir mauvaise conscience.

Le 25 septembre dernier s’est tenue la cérémonie nationale d’hommage aux harkis et autres membres des formations supplétives, dans la cour de l’hôtel national desInvalides à Paris, présidée par le chef de l’État, en présence de Jean-Marc Todeschini,secrétaire d’État aux Anciens combattants et à la mémoire.

© Arthur Smet

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Actualités

La Voix du Combattant novembre 2016 9

Regroupés dans des camps en grand nombre, ilsy restèrent pendant des années. Ils furent astreintsà des travaux pénibles dans des forêts, sans pers­pective professionnelle. La prise en compte deleurs droits fut longue à obtenir. Et leurs enfantsont souffert de ne pas être pleinement intégrésdans la République ».Le président de la République a ensuite ajouté:« Je reconnais les responsabilités des gouverne­ments français dans l’abandon des Harkis, desmassacres de ceux restés en Algérie, et des condi­tions d’accueil inhumaines des fa mil les transfé­rées dans les camps en France. Telle est la posi­tion de la France. La République a mis du temps,trop de temps, pour réparer. Il a fallu attendre1974, 12 ans après la fin de la Guerre d’Algérie,pour que votre statut d’anciens combattantsvous fût enfin accordé. Je veux rappeler que pourles Harkis restés en Algérie, il a fallu attendre2010 pour qu’il en soit ainsi. À partir de 1987,une série d’aides spécifiques a été mise en place,et constamment améliorée, la dernière fois en2014 par le gouvernement de Manuel Valls. Demême, il a fallu attendre la loi du 11 juin 1994pour que « la République française témoigne sareconnaissance envers les rapatriés anciens mem­bres des formations supplétives ou assimilés ouvictimes de la captivité en Algérie pour les sacri­fices qu’ils ont consentis ». Le chemin de la répa­ration et de la reconnaissance a été long pour lesHarkis. Il a fallu que vos associations interviennentconstamment auprès des pouvoirs publics. Il afallu aussi que vos enfants, parfois vos petits­enfants, prennent à leur tour la parole, et parfoiss’insurgent. Il a fallu que vous mobilisiez toutevotre énergie pour que la France vous entende,et vous accorde ce qu’elle aurait dû vous don­ner depuis bien longtemps. Et d’abord, la recon­naissance et la réparation ».

Un bilan d’étape du Plan HarkisPour le secrétaire d’État aux anciens combat­tants et à la Mémoire, cette journée a été l’oc­casion de faire un point sur le plan harkis,annoncé le 25 septembre 2014 et qui sedécline en 10 mesures concrètesEn matière de reconnaissance et d’actionsmémorielles, les comités régionaux de concer­tation ont été créés dans chaque région.Depuis 2016 ces comités se réunissent dans lecadre des 13 nouvelles régions, sous la prési­dence des préfets de région. L’identificationdes 69 hameaux de forestage dans lesquelsont vécu et travaillé les familles de harkis aété achevée, et 34 plaques commémorativesont été apposées en 2015 et 2016. L’identifi­cation des lieux d’inhumation se poursuit,notamment sur le camp de Rivesaltes. L’ex­position Parcours de harkis et de leurs familles,créée en 2014, a été présentée dans tous lesdépartements métropolitains. Des formationspour mieux recueillir les témoignages des har­kis sont proposées aux cadres des services

départementaux et des préfectures. Elles por­tent notamment sur l’histoire des harkis etdes rapatriés.En matière de réparation et l’intégrationsociale, la promotion des enfants harkis à tra­vers le dispositif des emplois réservés a permisle recrutement de 757 personnes depuis 2008.La revalorisation de l’allocation de reconnais­sance des harkis et veuves est effective. Unepremière augmentation a eu lieu en 2015,avec une revalorisation par an et par personnede 167 €. Une seconde augmentation a étéproposée au Parlement lors de la discussion depréparation du budget 2017. L’aide au rachatde trimestres de cotisation retraite pour desenfants de harkis. Les dispositifs d’aide à laformation professionnelle ont été cassés parune décision du Conseil d’Etat suite à la saisined’une association minoritaire mais très active.Les mesures annoncées ont trouvé une concré­tisation immédiate dans le budget de 2015.En effet, il a prévu non seulement le maintiende l’ensemble des mesures en faveur des har­kis et des rapatriés, mais surtout a vu sa dota­tion progresser de 6% par rapport à 2014 (àhauteur de 17,2 M€), soit une revalorisation del’allocation de reconnaissance de 167 € paran, la plus grosse revalorisation depuis la créa­tion de l’allocation dans son format actuel.Ce plan est le fruit d’une nouvelle méthodede concertation avec les harkis et leurs proches

inaugurée par le secrétaire d’État aux Ancienscombattants et à la Mémoire. Ce dernier adécidé de créer une structure permanente deconcertation avec les représentants des asso­ciations d’anciens supplétifs, le G12 harkis. LeG12 harkis se réunit régulièrement en pré­sence du Secrétaire d’Etat aux Anciens com­battants et à la Mémoire, afin de faire remon­ter du terrain les problèmes se posant auxharkis et à leurs familles, notamment dansl’application des mesures existantes. Elle per­met également aux représentants associatifsde formuler des revendications qui leur sontcommunes, à partir desquelles les actions duprésent plan ont été élaborées.L’UNC se réjouit du fait que le président de laRépublique ait enfin reconnu « les responsa­bilités des gouvernements français dans l’aban­don des harkis, les massacres de ceux restés enAlgérie et les conditions d’accueil inhumainesde ceux rapatriés en métropole », regrettanttoutefois le temps perdu puisqu’il s’agissaitd’une promesse de 2012 ! Elle attend main­tenant que cette reconnaissance soit actée,dans les plus brefs délais, par des mesures deréparations adaptées. Dans un souci de cohé­rence et de paix des mémoires, l’UNC sou­haite que l’on renonce à célébrer le 19 mars,date qui marque justement le début des mas­sacres de harkis. n B.G.

© Présidence de la République

Une Légion d’honneur méritéeLe 14 juillet 2016, le chef de corps du 1er régiment de Tirailleurs à Epinal (Vosges), a remisla Légion d’honneur à Mohamed Kecher, adhérent de l’UNC­88. Engagé volontaire à l’âgede 18 ans en 1957 au titre du 7e régiment de Tirailleurs algériens, continuellement enopérations dans les Aurès­Nemencha, il est cité à l’ordre du régiment en juin 1959 eten mai 1961. Rengagé le 6 mars 1962, il fait mouvement sur la métropole avec sonrégiment suite au cessez­le­feu. « Ce sont les états de service d’un brave homme ayantchoisi la France en 1962, exemplaire comme musulman, respectant les valeurs de notreRépublique tout en ayant conservé sa religion au moment où tant de jeunes les rejet­tent », se félicite Oswald Calégari, président départemental de l’UNC­88. B.G.

© UNC-88

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Dossier

12 La Voix du Combattant novembre 2016

Ces lieux de mémoire vivanteIls sont neuf sites en France, à rappeler la mémoire des différents conflits, de laPremière Guerre mondiale à la guerred’Algérie. Ces hauts lieux de la mémoirenationale, propriétés du ministère de la Défense, sont gérés par l’Onac-VG qui en assure l’entretien, la rénovation et la valorisation.

De la prison de Montluc (Rhône) aumémorial des morts pour la Fran ceen Indochine à Fréjus (Var) en pas­sant par la nécropole de Notre­

Dame de Lorette (Pas­de­Calais) et l’ancien campde concentration du Struthof (Bas­Rhin), ils rap­pellent un épisode de l’histoire combattante denotre pays. Leur liste est définie par un arrêté demars 2014 qui établit deux critère principaux : cessites ont un caractère national emblématique d’unaspect des conflits contemporains et ils apprtien­nent au ministère de la Défense. Deux de ces sitesconcernent la Première Guerre mondiale (la nécro­pole nationale de Notre­Dame de Lorette, et lecimetière national de Fleury­devant­Douaumontauquel est adjointe la tranchée des Baïonnettesdans la Meuse, sur le champ de bataille de Verdun).Cinq sites rappellent la Seconde Guerre mondiale: l’ancien camp de concentration de Natzweiler­Struthof en Alsace, le Mont­Valérien (Hauts­de­Seine), le mémorial des martyrs de la Déportationde l’Île de la Cité à Paris, le mémorial du débar­quement de Provence du Mont­Faron à Toulonet le mémorial de la prison de Montluc à Lyon.Enfin, les guerres dites de décolonisation sont ellesaussi représentées, avec le Mémorial des guerresen Indochine à Fréjus, et le mémorial national dela guerre d’Algérie et des combats du Maroc etde la Tunisie au quai Branly à Paris.À l’origine de ces sites, il y a la volonté gaulliennede constituer un lieu symbolisant et unifiant à

l’échelle nationale la mémoire de la France com­battante. Aujourd’hui, ces hauts lieux sont notam­ment connus du grand public par le biais des com­mémorations qui s’y tiennent à des datessymboliques, telles que le 5­Décembre au QuaiBranly, le 18­Juin au Mont­Valérien, le 8­Juin à Fré­jus, le dernier dimanche d’avril au mémorial desmartyrs de la Déportation, le 16­Octobre à Notre­Dame de Lorette où reposent également les sol­dats inconnus des guerres d’Indochine et d’Algé­rie, mais également par le travail des équipes del’Onac­VG qui en font des vecteurs de la mémoirenationale et des valeurs de la République.

L’entretien et la rénovation des hauts lieux de lamémoire nationaleLes assistants de maîtrise d’œuvre et les équipesde l’Onac­VG présentes en permanence sur leshauts lieux pilotent les travaux de rénovation et devalorisation.. Ainsi actuellement, c’est en particu­lier le Mémorial du Mont­Faron qui fait l’objetd’un chantier de rénovation de grande ampleur. Cefort de mousqueterie du XIXe siècle a été agrandien 1964 pour devenir le Mémorial du débarque­ment de Provence, inauguré le 15 août 1964 lorsdu 20e anniversaire de ce second acte de la libé­ration du territoire national par le général de Gaulle.Lors d’une venue au Mont­Faron le 15 août 2014pour les célébrations du 70e anniversaire du débar­quement de Provence, François Hollande avaitannoncé la rénovation du site. Le camp du Struthofa également bénéficié d’un programme de réno­vation, concernant plus précisément les baraquescrématoire et cellulaire. L’enjeu de la restaurationconsistait à conserver de façon pérenne les bâti­ments historiques du camp. Elle a rendu accessi­ble (en visite guidée) la partie du bâtiment cré­matoire fermée au public depuis 2003 pour desraisons de sécurité. Un tremblement de terre enavait fragilisé le sol. Ainsi, les visiteurs peuvent à pré­sent (re)découvrir une partie essentielle du camp :les espaces dédiés aux admissions des déportés, quimarquaient leur entrée dans le système concen­trationnaire par un processus de déshumanisa­tion parfaitement organisé. Les travaux se pour­suivent à la nécropole nationale et au monument“Aux héros et martyrs de la déportation” (2016),puis à la chambre à gaz et aux miradors (2017). Éga­lement en projet pour 2017, l’aménagement d’unbâtiment d’accueil du public au poste de garde dela prison de Montluc.

À ces travaux d’entretien et de rénovation dessites vient s’ajouter une politique de valorisationsystématique visant à les faire connaître et à en fairede véritables lieux de recueillement bien sûr, maisaussi d’enseignement et de réflexion. Ainsi la réno­vation du Mont­Faron s’accompagne d’un réamé­nagement muséographique qui a d’abord néces­sité un inventaire précis des collections.

La valorisation et le rayonnement des hauts lieuxde la mémoire nationale« La volonté du ministère de la Défense est claire:il s’agit d’adosser à chacun de ces lieux un centred’interprétation ou un lieu d’information, afin d’enfaire aussi des vecteurs de transmission des valeurscitoyennes », résume Franck Beaupérin, chargéd’études à la direction générale de l’Onac­VG.Objectif : faire de ces lieux des vecteurs demémoire au niveau national, les ancrer dans leurterritoire au cœur d’un réseau de mémoire et lesfaire découvrir aux visiteurs. Ainsi plus de 180000d’entre eux passent chaque année les portes duCentre européen du résistant déporté du campde concentration du Struthof. Le Centre euro­péen, inauguré en novembre 2005, présente l’his­toire des Résistances qui, dans toute l’Europe, sedressèrent contre la domination fasciste et nazieet montre l’implacable organisation de mise àmort du système concentrationnaire nazi. Ils sontenviron 20000 visiteurs à découvrir chaque année

Des timbres pour se souvenir

L’Onac­VG et La Poste sortent une planchede neuf timbres, à l’image de chacun desneuf haut lieux de la mémoire nationale. Acommander sur www.laposte.fr / boutiqueCollection Mémoire de Pierres. Le Mont-Valérien.

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le Mont­Valérien et son Mémorial de la Francecombattante, où le centre d’information, construitdans le prolongement du pavillon des gardiens,permet un meilleur accueil du public. Ouvert àtous, sans prise de rendez­vous préalable, cetespace a pour but de susciter l’intérêt pour lavisite du site et faciliter la mise à jour des listes defusillés. Conçu sous la forme d’un espace multi­média, le centre d’information permet d’accé­der aux bases de données de fusillés d’Ile­de­France, via des bornes interactives, avec la liste desnoms, accompagnés de numérisations de lettres,photographies, documents d’archives se rappor­tant à chaque individu. À la prison de Montluc, quiaccueille de 10000 à 15000 visiteurs chaqueannée, des panneaux affichés dans les cellulesretracent le parcours des internés. Le site entre­tient des liens privilégiés avec des rescapés quiviennent régulièrement au Mémorial de la pri­son de Montluc témoigner de leurs parcours. Surdemande de l’enseignant, et selon la disponibilitédes témoins, des rencontres peuvent être orga­nisées en complément de la visite du Mémorial.En complément des visites guidées, des atelierspédagogiques sont proposés pour les groupesscolaires. Ils permettent d’approfondir des thé­matiques liées au rôle de Montluc, aux politiquesantisémites et à la répression politique. Carl’Onac­VG, pour faire vivre ces hauts lieux de lamémoire nationale, développe de nombreuxpartenariats locaux avec des universités, asso­ciations, collectivités locales, afin de faire rayon­ner davantage ces sites et les valeurs qu’ils per­pétuent. Le public jeune est particulièrementvisé. A titre d’exemple, un concours de BD estorganisé avec le Mémorial de Montluc, et lecamp du Struthof accueille chaque année leslauréats du Concours national de la Résistance etde la Déportation. Quant aux troupes de soldatsqui viennent à Paris dans le cadre de l’opérationSentinelle, elles bénéficient, dans le cadre deleurs loisirs, d’une visite du Mémorial des mar­tyrs de la Déportation de l’Île de la Cité.Ainsi, les neufs hauts lieux de la mémoire natio­nale contribuent à faire connaître l’histoire denotre pays et des hommes qui en ont écrit l’his­ toire, mais aussi à transmettre les valeurs qui ontpoussé nombre de ces hommes au sacrificesuprême. Chacun de ces sites mérite une visite,c’est pourquoi ils feront tous l’objet de focus spé­cifiques dans les prochaines éditions de La Voixdu Combattant. De plus, les douves de l’hôtelnational des Invalides à Paris accueilleront pro­chainement une exposition photographiquedédiée. n Béatrice Gendron

+ d’infosChacun des hauts lieux de la mémoire natio­nale de l’Onac­VG fera l’objet d’un article spé­cifique dans les prochaines éditions de La Voixdu Combattant. D’ici­là, voici quelques pointsde contacts utiles.• Le camp de concentration du Struthof à Natz­weiler et le centre européen du résistantdéporté: route Départementale 130, 67130Natzwiller, www.struthof.fr• Mémorial de la prison de Montluc : de sep­tembre à juin, ouverture du mercredi au samedide 14h à 17h30, visite guidée les après­midi à15h30. En juillet et août, ouverture du mardi ausamedi de 9h à 12h et de 14h à 17h30. Visite gui­dée à 10h30 et 15h30. Entrée libre, possibilité devisites de groupe sur réservation. Toutes lesinfos sont sur le site internet www.memorial­montluc.fr

• Mémorial du débarquement allié de Pro­vence au Mont­Faron à Toulon. Réouverture aupublic prévue au printemps 2017.• Mémorial national de la guerre d’Algérie etdes combats du Maroc et de la Tunisie : quaiBranly, Paris VIIe.• Mémorial de la France combattante et Mont­Valérien : Avenue du Professeur Léon Bernard­ 92150 Suresnes. Toutes les infos pratiquessont sur le site internet www.mont­valerien.fr• Mémorial des guerres d’Indochine à Fréjus :avenue du général Calliès, Route nationale 7,83600 Fréjus. Ouvert tous les jours de 10h à

17h30 (salle pédagogique fermée le mardi).• Mémorial des martyrs de la Déportationde l’Île de la Cité : square de l’Ile­de­France,Paris IVe, ouvert tous les jours sauf le lundi,accès extérieur et crypte : accès libre tousles jours. Visite gratuite.• Nécropole nationale de Fleury et tranchée desbaïonnettes : depuis Verdun : prendre la D 964puis la D 913B.

• Nécropole nationale Notre­Dame de Lorette :Chemin du Mont­de­Lorette, 62153 Ablain­Saint­Nazaire.

Dossier

La Voix du Combattant novembre 2016

L’ancien camp de concentrationdu Struthof (Bas-Rhin).

© Elsa Valnot ­ CERD

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La prison de Montluc

La nécropole de Notre-Dame de Lorette

La tranchée des baïonnettes.

Monument juif de la nécropole de Fleury.

© PHOTOS B.G. SAUF MENTION CONTRAIRE.

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