Les leaders de la mobilisation citoyenne à Hongkong
LE MONDE | 29.09.2014 à 18h18 • Mis à jour le 29.09.2014 à 18h35
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Joshua Wong, 17 ans, est la figure de proue du mouvement étudiant de Hongkong. | REUTERS /
BOBBY YIP
Avec ses lunettes rectangulaires, et sa frange qui lui couvre le front, Joshua Wong, 17 ans, est la
figure de proue du mouvement étudiant de Hongkong, dont la mobilisation et le boycott des
classes, la semaine dernière, ont donné le coup d’envoi de la campagne de désobéissance civile
promis de longue date par les militants d’« Occupy Central with Love and Peace » (OCPL). Il fait
partie des trois leaders étudiants, aux côtés d’Alex Chow et de Lester Shum, le secrétaire général
de la Fédération des étudiants de Hongkong et son adjoint, détenus plus de 40 heures à partir de
vendredi soir pour avoir franchi les barricades érigées autour de Civic Square, dans le complexe
du gouvernement de Hongkong.
Lire aussi (édition abonnés) : L'insurrection pacifique de Hongkong contre Pékin
La nouvelle de leur arrestation pour « trouble à l’ordre public » et le refus du juge d’accorder une
libération sous caution ont sans doute contribué à faire grossir les rangs des manifestants pendant
le week-end, tandis que les parents de Joshua Wong, des militants prodémocratie, dénonçaient une
« persécution politique ». Les trois étudiants, dont les domiciles ont été perquisitionnés, ont
finalement été relâchés dimanche, mais des poursuites pourraient être engagées contre Joshua
Wong, a prévenu le département de la justice.
Diplômé au printemps dernier de son lycée, le United Christian College, un lycée privé anglican,
Joshua Wong est d’abord connu pour avoir mené, il y a deux ans, alors qu’il n’avait que 15 ans, le
mouvement lycéen contre l’introduction de l’éducation patriotique – l’amour de la Chine et du
Parti communiste – dans les programmes des écoles de Hongkong. Il assimilait ces cours à un
lavage de cerveau : « Ce genre de matière nécessite que les écoliers développent un attachement
émotionnel à la Chine. Or, il est impossible de voir les cas de Liu Xiaobo, d’Ai Weiwei (un
activiste et un artiste dissident ayant été en butte aux persécutions de Pékin) ou le scandale du lait
contaminé et d’être fier de son pays », avait-il alors expliqué.
Alex Chow, secrétaire général de la Fédération des étudiants de Hongkong, emporté par la police
le 27 septembre 2014. | REUTERS / BOBBY YIP
Pour mener son combat, le lycéen avait créé une association étudiante appelée Scholarism, qui fut
à l’origine des rassemblements spectaculaires ayant alors conduit à l’abandon du projet par le
gouvernement de Hongkong. En milieu de semaine dernière, le quotidien hongkongais Wen Wei
Po, connu pour ses positions pro-Pékin, a lourdement insisté sur les « connexions américaines » de
Joshua Wong dans un portrait à charge : les Etats-Unis, avance le journal en citant les rencontres
fréquentes entre M. Wong et les employés du consulat américain à Hongkong, auraient identifié il
y a trois ans le « potentiel » de Joshua Wong et en ont fait une « superstar de la politique ». Agé de
24 ans, Alex Chow étudie l’administration publique à l’Université chinoise de Hongkong. Il n’a
cessé de mobiliser les foules dans ses discours.
Le cardinal Joseph Zen lors d'une manifestation à Hongkong, le 24 septembre 2014. | REUTERS /
STRINGER/HONGKONG
Mais les manifestations en cours à Hongkong, sous la forme d’occupations de quartiers, ne sont
pas le seul apanage des étudiants. Le mouvement OCPL, qui prévoyait à l’origine de lancer un «
banquet citoyen » à Central, le quartier d’affaires de Hongkong, le 1er octobre, jour de la fête
nationale chinoise, a décidé d’avancer son calendrier afin de profiter de l’élan donné par la
mobilisation étudiante. L’annonce a été faite dans la nuit de samedi à dimanche par Benny Tai, son
principal animateur. Professeur de droit de l’Université de Hongkong, celui-ci a créé OCPL en
2013 avec le sociologue Chan Kin-man et le révérend Chu Yiu-Ming. En prélude à leur action
politique, ceux-ci s’étaient fait raser le crâne le 9 septembre, lors d’une cérémonie publique.
Lire aussi : Hongkong : pourquoi les parapluies se rebellent
Nombre des personnalités et politiciens du camp démocratique hongkongais ont participé aux sit-
in ou fait des apparitions au côté des manifestants ces derniers jours, de Martin Lee, le fondateur
du Parti démocrate, au cardinal Joseph Zen, 82 ans, en passant par le patron du groupe de presse
Next Media Jimmy Lai et le député activiste Leung Kwok-hung (alias « long hair »).