Paul Klee
Source gallica.bnf.fr / Bibliothque de l'INHA
Crevel, Ren (1900-1935). Paul Klee. 1930.
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COLLECTIONS
LES PEINTRES NOUVEAUXLES SCULPTEURS NOUVEAUXLES GRAVEURS NOUVEAUX
La collection des Peintres nouveaux , commenceen 1919, est la premire en date des collections documen-taires bon march sur l'art contemporain..En dpit del'lvation des prix de fabrication, elle demeure la moinschre, en mme temps que la plus complte, la plusvarie et la plus impartiale, car elle fait place toutes lesvaleurs expressives de l'art d'aujourd'hui, en dehors detout parti pris d'cole. Les peintres trangers y ont leurplace marque.
D'aprs les mmes principes et sous la mme direction,nous avons commenc deux sries nouvelles, l'une consa-cre aux Sculpteurs, l'autre aux Graveurs nouveaux dontla partie documentaire est particulirement intressante.
Confies des crivains hautement qualifis, les tudescritiques sont accompagnes de renseignements srs, leplus souvent indits. Enfin, la srie de portraits gravs parle matre xylographe Georges Aubert forme une iconogra-phie aussi exacte qu'attrayante, la plupart tant faits sp-cialement, et souvent d'aprs un dessin de l'artiste mmeauquel la brochure est consacre.
il parat au moins un volume par mois.
DITIONDE LUXEIl est tir de chaque volume 165 exemplairesnumrots (dont 15hors commerce)sur papier pur fll Lafumapour le texte et sur beau
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PEINTRES NOUVEAUX
REN CREVEL
PAUL KLEEa PORTRAIT aGRAV SUR BOIS PAR GEORGES AUBEttO^T
BIBLIOGRAPHIE
ZAHNL. Paul Klee, Leben,Werk, Geistmit 68 Abb.,Kiepenheuer,Postdam 1920.
v. WEDDERKOPH. Paul Klee mit 33 Abb., Junge KunsiKeinfyhardt&Biermann, Leipzig1920
HAUSENSTEINW. KairuanoderEine CeschichtevomMaderKlee undder Kunst diesesZeitalters mit 43 Abb. Piper Munich 1921.
GROHMANNW. Paul Klee avecdes articlesde Aragon,Crevel,Eluard,Lurat, Soufpault,Tzava, Vitrac, avec 64 planchesen hliotype,64documentsreproduits,Editionsdes Cahiersd'Art, Paris 1929.
Paul KLEE. PdagogischesSkizzenbuch,BauhausbcherII mit87 Abbildungen,Mnchen 1927.
IL ATTIRDECETOUVRAGE: 115 EXEMPLAIRES,LE TEXTESURPAPIERDEPURFILLAFUMA,LESREPRODUCTIONSSURBEAUPAPIERCOUCH,AVECUNEPREUVESURCHINEDUPORTRAITSIGNEPAR
L'ARTISTE
Tous droits de reproduction et de traduction rservspour tous pays y compris la Russie.
Copyright by Librairie Gallimard 1930.
Le plus brave des hommes, oserait-il regarder, enplein dans les yeux, un hippocampe, point d'interroga-tion tte de cheval, tout droit jailli des profondeurs la surface du rve?
Ce beau fils des mers, plus vertical dans son ascen-sion qu'un lift dernier cri, ce Centaure dont la simple
4prsence trouble au point que tout doive tre remis enquestion, quel autre symboliserait mieux l'uvre deKlee? l
Or, compars ce fatal et solitaire petit Pgase, com-bien moins redoutables nous apparaissent les masto-dontes pesamment affirms.
C'est que toujours il y a eu, et toujours, il y aura,une quelconque Ralit pour servir de bergre au mons-trueux troupeau.
Paissent en paix les baleines parmi les plus glacesdes steppes liquides.
Si j'en crois mes souvenirs du temps d'histoire natu-relle, ces bonnes grosses mres, aussi peu fortes pourplonger que les dondons des plages petites bourgeoi-ses, parce qu'elles n'ont point (telles ces dites don-dons) l'hiver venu, la ressource des magasins o chif-fonner rubans, soies et galons, crachent de grandsjets qui mtamorphosent l'eau en panaches jumeauxdes plumes, d'un si bel effet sur les galurins rgio-nalistes, au fin fond du fin fond des provinces, car,Dieu merci, les sous-prftes, les notairesses, les colo-nelles n'ont point toutes, malgr le sicle, perdu le sensde majest.
Baleine, impratrice des ocans polaires, comme larose est la reine des fleurs, et le poireau l'asperge dupauvre, aimable ctac, souveraine sans prince con-sort, gante trop sage pour aller chercher midi qua-torze heures, entre vos banquises, vous vous pavanez,libre de toute crise de conscience, et vous engraissezplus et mieux qu'une reine Batave, car les icebergsvous pargnent toute tentation, mme de tulipes.
Parce que votre destin est d'apparat, persuade quetout va pour le mieux dans le meilleur des mondes,vous concluez: chacun son mtier. C'est que vous avezplus d'un tour dans votre sac main et vous aimez les
5dictons. Or, aussi mondaine et frivole avec vos pro-verbes que M. de La Rochefoucault avec ses maximes,vous oubliez que les uns et les autres se retournentcomme des gants. Parlez de mtier. Les enfants desvilles sont assez maigres pour avoir le droit de vousrpondre qu'il n'en existe que de sots. Et, en fait,depuis que la science moderne a bien voulu nousapprendre que les vaches, elles-mmes, taient sujettes la tuberculose, il ne nous importe gure qu'ellessoient un peu plus ou un peu moins mal gardes.
Nous n'aimons ni les asperges du pauvre, ni les poi-reaux du riche.
Arrach le masque des mtaphores faciles, nous trou-verons de belles inj ures pour vitrioler la sagesse desnations.
Et surtout il ne faut plus de cette sensiblerie donts'endimanchent les pseudo-intellectuels, les pseudo-ar-tistes.
Nous avons dj une belle vengeance, une belle joiepositive puisque les gouffres que votre peur fait sem-blant de ddaigner, baleine, fleurissent de trs subtilsmystres.
Les scaphandriers d'Europe, il est vrai, ont les doigtsbien lourds et les plongeurs polynsiens, qui chappentau martyre des semelles de plomb, n'aiment cueillir,dans leur promenade entre les flots, que les perles dou-ces, rondes, l'image des paupires de leur sommeilingnu.
Ds lors, comment ne point appeler miracle, PaulKlee, cette excursion au plus secret des mers d'o voustes revenu, avec, dans le creux des paumes, un trsorde micas, de comtes, de cristaux, une moisson d'hal-lucinants varechs et le reflet des villes englouties.
Tout ce que vous avez rapport des abmes se rvle
6digne, en transparence, des poissons dentels. Les cra-bes, oui, les crabes eux-mmes ont des ailes.
Un peintre a ouvert les poings et, d'entre les lumi-res de ses doigts d'incroyables volires se sont chap-pes qui peuplent, maintenant, les toiles dociles, pourleur bonheur, cette magie.
Et c'est pourquoi, pas une ligne, si tnue soit-elle, quin'ait sa qualit frissonnante.Les traits d'ongles qui corchrent, au gr d'un
caprice cyclopen, roches et galets, tous les graffitide l'au-del, les cratures d'hypnose et les fleurs d'ec-toplasme ont t dessines, photographies, sans rused'clairage, sans frauduleux romantisme, ni mensongegrandiloquent d'expression.
Et voil bien la plus intime et aussi la plus exactesurralit.Un pinceau devenu aimant, le labyrinthe du rve,
soudain magntis, se droule en longs anneaux.Combien timide la lgende qui faisait obir la voix
d'Orphe les btes froces, car, maintenant, plantes etpierres s'meuvent, ne savent plus demeurer immo-biles.
Monde en marche, univers de brindilles palpitantes,fourmilires libres de toute police, de toute con-trainte, parce que les yeux des squales en ont con-templ la naissance, un rythme souverain, hors descadres, hors du temps, de l'espace, prcipite les troisrgnes de cette cration.Alors, coutez-moi, baleines et vous aussi tous autres
mgalomanes, coutez-moi et rappelez-vous, ces ani-maux fabuleux qui se fussent volontiers nourris deressorts boudins pour crotre encore en long et enlarge, ces monstres prhistoriques, niais ne savoirque faire de leur peau, n'ont, et c'est toute justice,laiss sur notre globe que le souvenir de leur squelette.
7Et pourtant, l'aube des ges, la famille Diplodocusdevait bien se croire destine rgner sur ce globe,usque ad vitam ternam.
Je ne suis ni prophte ni prdicateur, mais je puisvous dire qu'il y aura des puces jusqu'au jour du juge-ment, cependant que l'ultime rej eton de la famille Di-plodocus qui devait si bien mpriser les cousins Mam-mouth, et, plus forte raison, les lphants, ses parentspauvres, le dernier et le plus colossal des fabuleuxquadrupdes, dis-je, si l'envie m'en prend, je n'ai qu'me rendre au Musum pour lui chatouiller les os.
Paul Klee, parce que vous avez libr les infinimentpetits cet hiver, les aoutats chanteront voix de sirneet l'Europe et les deux Amriques enfin rougiront des'tre laiss sduire par le systme mtrique. Il nes'agit non plus de cder la tentation du nbuleuxCrient que les enqutes de la grande presse et desrevues distingues, les paradoxes de la philosophiesalonnire ont mis la mode.
Cote de Bourse qui fleure l'encre d'imprimerie ouNirvana parfum au papier d'Armnie, c'est, sinon tropbeau, du moins trop facile pour tre honnte.
On connat l'image chre M. Maeterlinck, des deuxlobes du cerveau, l'oriental et l'occidental, l'un l'au-tre, comme de juste, impntrables.
Cette mtaphore, qu'on et crue inoffensive en sonaimable simplicit, fait qu'on exhorte l'Ouest rver del'Est. Il parat d'autre part, que l'Orient achte l'Occi-dent des fusils, des chapeaux, des faux-cols en cellu-lod, des tire-chaussettes et des romans psychologiques.Il faut donc noter que ces impntrables sont, quoiquesans espoir, comme Hlose d'Ablard, amoureux l'unde l'autre.
Europe, Asie.
8Les plus optimistes en esprent un couple, dont,l'union pourrait tre clbre par une de ces chan-sons du genre de celle qui, aprs avoir gaillardementaffirm :
La gaine est faite pour le couteau,conclut :
Et la fille pour le garon.***
Or, bien que Paul Klee, avec trois grains de sable,nous ait prouv que les gratte-ciel de New-York, lesGaleries Lafayette de Paris, l'tonnante boulimie noc-tambule de Berlin, les enseignes lumineuses de Lon-dres, ne sont rien pour les yeux de l'esprit, rien pourles oreilles de l'imagination, bien qu'il ait fait claterdes yeux illimits au front des plus minuscules cratu-res et, en dpit des algues, par lui libres de tout roc,malgr tant d'tres, de vgtaux, de choses moins pos-sibles nier dans leur impondrable surralit quenos maisons, nos becs de gaz, nos cafs et la viandedes amours quotidiennes ou hebdomadaires, selon desressources des tempraments civiliss, tout le mer-veilleux qu'il dispense ne doit pas tre abtardi, per-verti, utilis pour l'une ou l'autre cause.
Nous nous refusons de voir en lui un de ces fakirssimplistes. Il est le contraire mme de ces initis demusic-hall ou prophtes pour vieille vierge britanniqueet thosophe.Libre donc au jeune Europen de chanter la toute
neuve et dj classique chanson de ses inquitudes,libre l'Adonis cosmtiqu de clbrer son amour desvalises, du sleeping, de la vitesse, et que son frrebronz des antipodes joue au Bouddha mort ou vivant,
9la phrasologie des journalistes rhteurs, les distinc-tions des critiques et leurs propos sophistiqus, tantd'architecture en plein vide ne saurait prvaloir contreune goutte de spontanit.
Paul Klee, oriental?Oui, sans doute, puisque certains de ses tableaux
semblent tisss en hommage aux plus fraches visionsdes Mille et une Nuits.
Mais qu'il nous mne au milieu des parterres, con-duit par des alles secrtes la caverne dont l'ge depierre anima les parois d'aurochs, de rennes. Et l'onrevient les bras chargs d'un bouquet de fossiles,cueillis l'ombre incandescente des arbres de sel.
L'uvre de Klee est un muse complet du rve.Le seul muse sans poussire.La cendre elle-mme s'y fait prairie autour des
villages en miniature, comme en btissent les enfantsavec leur jeux de constructions.L'espace, ce vieux prjug est enfin dnonc puisque
des cosmogonies serviront de rues, et, la Voie lactede fleuve ce paradis lilliputien et magnifique dont lesanimaux et leurs hommes, tout de nerfs, saluent l'in-cendie des poissons volants.
A cette lumire, il n'est point de cailloux qui veuil-lent encore faire la tte dure, la sourde oreille.
Partout ce sont des closions surprenantes.Et par ce que sur l'ongle de son pouce un peintre
sut dessiner des murailles faire rver de Babyloneet de Palmyre, au plafond de leur chambre, les mala-des qui ont lu dans ses toiles sauront pour se vengerde la fivre, du silence, de l'immobilit, dcouvrir deskilomtres et des kilomtres d'histoires. Un petit mor-ceau de pltre caill, il n'en faut pas plus pour quesoient dvoils les plus vertigineux secrets.
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Paul Klee le sait que ne tentrent ni les arabesques,ni la virtuosit.
La matire la plus simple, mots ou couleurs, sert detruchement entre l'au-del et le voyant. La posie estla dcouverte des rapports insouponns d'un lment un autre. Le peintre dou de posie, dans la plussche gomtrie saura trouver les chelles pour sesplonges. Il monte, descend, remonte et, au plus hautpalier, parce que la clef a t perdue de cette portequi devait s'ouvrir mme le ciel, mme le vent,Paul Klee n'aura qu' regarder par le trou de la ser-rure, pour dcouvrir, dans deux centimtres carrsbants, un monde d'toiles que les hommes croyaientperdu.
Il n'y a plus de mesure. J'entends que les unitsde longueur, poids, capacit, ne sauraient servir demesures. Nous ne croyons plus au systme mtrique.Nul ne saurait auner les rves, les dsirs.
***
Bien mieux, je ne crois plus mme ces lieux com-muns mtaphoriques dont notre paresse avait coutumede se rgaler sans craindre la surprise.
A vingt-neuf ans bien sonns, je commence mme ne plus croire au corbeau, oiseau de malheur, depuisque, ce matin, un de ces nevermore, non au cham-branle de ma porte, mais sur mon balcon est venuse poser.Le sombre personnage avait un bec du plus beau
jaune, dit serin. Il tait si bien bott de rouge, que mal-gr moi, j'ai pens une paradoxale marie, dont,parmi les tulles, le visage apparatrait maquill d'me-raude et les pieds chausss de violet.
Ce corbeau des altitudes rpond au dconcertant
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surnom de Choucas, comme s'il n'tait qu'une demi-mondaine cocanomane.
Dcidment, les conservateurs exagrent, et, s'ilsont le moindre sens de justice, enfin, ils ne s'tonne-ront point que Paul Klee mprise les montagnes sommet de 4.810 mtres, les chutes du Niagara et tousles animaux rputation trop bien tablie mme s'ilspassent pour froces, tels les lions, ces commis-voya-geurs du dsert cravate Lavallire.
Que le romantisme, au got du jour clbre fer-railles, ciment arm et toutes ces mtallurgies qui pr-tendent au record du saut en longueur, Paul Klee,libre de tout vertige, suit un simple cheveu jet entreciel et terre. Son il a saisi le miracle des couleurs,tout le miracle de toutes les couleurs, dans une goutted'eau, la simple, la fameuse goutte d'eau qui fait d-border le vase, l'ocan et, au jour de glorieuse colre,l'insondable rsignation des hommes.
La peinture de Paul Klee s'affirme d'aprs le dluge,d'aprs celui que nous esprons, pour achever le travailsi incomplet de l'autre.Et vive l'inondation.
En hommage un pote vous avez eu raison, PaulKlee, de ddier cette chelle rouge perdue au sein del'ther tourterelle.
Cette chelle, voil bien l'escalier, le seul qui puissenous mener jusqu'au tremplin d'o nous sauterons, \pieds joints, dans l'impossible, puisqu'il s'agit enfin dedcrocher la lune.
Mais, si la maison qu'habitent les poissons s'appelleaquarium, et, palmarium, celle qui abrite les palmiers,en souvenir des pches miraculeuses, des grouillants
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poissons devenus bouquets d'astres, j'appellerai ciel-arium, le palais dont chacune de vos toiles est unechambre.
Alors, mme exil au pays de l'habitude, des hommesen chair et en os, des montagnes en pierres et enarbres trop vridiques, il n'y a qu' fermer les yeux,comme au temps de l'enfance, lorsqu'on dcouvre quele noir c'est un mensonge, car, sous les paupires her-mtiquement closes, mille feux minuscules et cepen-dant plus grands que nos toiles patentes, s'allument.
Touchante fraternit des potes.Pour illustrer la dlicate et puissante magie de Paul
Klee, chante ce vers de Saint-Lger-Lger :
Et le soleil n'est pas nomm, mais sa puissance est[parmi nous.
Ren CREVEL.
Leysin, octobre 1929.
BIOGRAPHIE DE KLEEd'aprs les indications de l'artiste.
Paul Klee naquit le 18 dcembre 1879, dans un petit paysprs de Berne (Suisse). Son pre tait chef d'orchestre etprofesseur l'Ecole Normale. Les familles des parents taientdoues pour la musique; des dessinateurs ne se trouvent quedans la parent maternelle. Ce fut aussi la grand'mre duct maternel qui, la premire, incita le jeune Paul dessineret colorier ses dessins. A l'ge de sept ans, il eut d'unexcellent professeur, ses premires leons de violon, et iltrouva chez lui l'occasion de feuilleter les monographies deKnackfuss. A dix ans, il commena dessiner des paysagesd'aprs des revues et d'aprs nature. Il continua dessiner et peindre en amateur jusqu'au dbut de ses tudes plussrieuses. Dj, il jouait du violon avec tant de talent qu'onle laissa cooprer aux auditions de l'orchestre municipal. C'tait
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un brave petit orchestre, ambitieux, qui s'aventurait mme jus-qu' jouer des symphonies de Brahms qu'il excutait d'ailleursavec plus d'enthousiasme que de matrise.Il va sans dire que le pre, quoiqu'il tolrt ces penchants
artistiques, jugeait indispensable que son fils termint bour-geoisement son lyce. Le fils en jugeait autrement, mais nan-moins, il tint bon jusqu'au baccalaurat, pass avec succs.Voici venir l'heure dcisive pour la direction de sa vie. Bon
bourgeois ou artiste? Artiste, bien entendu. Un nouveau pro-blme surgit: peintre ou musicien? Les parents le laissentlibre dans sa dcision; la mre, videmment, aurait prfrfaire de son fils un musicien. Mais un artiste ne doit se fierqu' son instinct. Or, celui-ci lui dconseillait la musique. Envrit, il ne savait rien du dveloppement qu'avait pris lapeinture cette poque, mais la musique lui paraissait alorspeu fertile en possibilits cratrices. Il choisit la peinture.Cette dcision prise, et plein de confiance dans les forces
inconnues qu'il sentait dans son me, il se rendit Munich enoctobre 1898 pour y consulter Lfftz, directeur de l'Acadmiedes Beaux-Arts. Celui-ci loua les dessins de paysages queKlee, lui montra, mais il lui conseilla de commencer par tra-vailler dans l'atelier de Knirr. Le jeune homme suivit le con-seil et n'eut pas s'en repentir. A l'atelier, il trouva avanttout la vie facile avec de bons camarades et Munich lui offritles thtres et les concerts, jouissances inoues.On apprciait son talent et l'enseignement du matre qui ten-
dait au libre dveloppement des lves, convenait admirable-ment son temprament. De sorte qu'il n'entra pas chezStuck l'Acadmie avant sa troisime anne d'tudes. Stuck,en vritable acadmicien, visait avant tout la matrise de laforme. Ce qu'on apprenait le mieux chez Stuck, c'tait le des-sin. Quant la couleur, on ne s'y perfectionnait gure. Klee,de temps en temps, faisait une apparition chez Knirr, o leton tait plus gai et plus libre, et o le dessin et la cari-cature taient l'ordre du jour.En octobre 1901, Klee, accompagn de Hermann Haller, fit
son plerinage en Italie, en vritable lve des Beaux-Arts.Rome le rendit pensif. C'est l que, pour la premire fois, il com-mena rflchir srieusement sur son art. En plus, sa situationconomique exigeait une prcision plus nette de ses rves; carKlee tait fianc. Gnes l'impressionna d'une faon dramatique,tandis que Rome, plus pique, ne l'influena que graduellement.Mais ce fut l'art byzantin qui le secoua le plus au premier
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contact. Plus tard, Naples, Porto d'Anzio et Florence,d'autres visions le proccuprent d'une manire plus intense.C'est ainsi que la quatrime anne d'tudes prit son cours.
L'Italie devint pour lui une leon d'histoire pleine de vie,et sa qualit d'pigone se rvla lui piteusement. Il tcha decombattre son pessimisme en s'ironisant lui-mme.C'est dans cet tat d'me qu'il dbuta par ces gravures si
satiriques des annes 1903-1906.Il vivait alors tranquillementdans la maison de ses parents, Berne, n'interrompant quede temps autre la monotonie de ce sjour par de brefsvoyages Paris, Munich et Berlin. La Mnchner Sezes-sion exposa pour la premire fois des gravures de Klee.Dans ce mme t 1906,Klee se maria et alla s'tablir dfini-tivement Munich.Ce qu'il avait appris Paris et Berlin le rendit mcon-
tent du style austre de ses premires uvres et le poussa une certaine dtente qui se manifesta dans ses peinturescontre verre (fixs). C'est ainsi qu'il essaya de l'impression-nisme, d'ailleurs sans trouver de solution satisfaisante. A ctdes tudes d'aprs nature, il donnait libre cours sa fan-taisie. Ernst Sonderegger attira son attention sur les oeuvresde James Ensor. Ses peintures l'impressionnrent profond-ment et le poussrent se chercher lui-mme. Il continuaitnanmoins ses tudes d'aprs nature, et il ne l'a jamaisregrett.L'anne 1908 lui fit connatre l'uvre de van Gogh. 1909
amena la grande exposition de Mares. En plus, Czanneentra dans son horizon. Sans doute van Gogh l'impressionnadavantage; mais il y dpista le ct pathologique, tandis queCzanne s'imposait lui comme inspirateur.En 1910, Klee fit une exposition ambulante en Suisse.En 1911, W. Michel arrangea la premire exposition collec-
tive chez Thannhauser. L, Klee vit les toiles de Matisse quile remurent d'une faon trange. De plus, il entra en rela-tions avec Auguste Macke, Kandinsky et Franz Marc. Kan-dinsky l'introduisit dans le cercle du Blaue Reiter . C'estl'anne des illustrations de Candide .En 1912,l'action rvolutionnaire des Picasso, des Rousseau et
d'autres, l'attira Paris.En rapport constant avec les artistes d'avant-garde en Alle-
magne et en France, Klee affermissait ses tendances person-nelles et finit par acqurir une harmonie de la vision. Matissesurtout l'aida dcouvrir sa propre qualit de coloriste. C'est
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lui qu'il dut la comprhension des principes essentiels de lapeinture moderne. Pour les mettre en pratique, il lui fallut dessujets qu'il esprait rencontrer dans la nature africaine.Accompagn de Macke, il partit pour la Tunisie en 1914. Il ytrouva sa voie. Le moment tait bien choisi: le voyage taitprpar par ses relations avec Kandinsky et Marc. Dj aupa-ravant, il avait eu de petits succs. La socit artistique du(( Sturm de Berlin et les marchands de tableaux de Munich(Thannhauseret Goltz) s'occuprent de lui. L'anne 1915fut desplus productives en aquarelles. Ce n'est qu'en 1916 que laguerre interrompit cette vie studieuse et calme. En 1919, il re-donna libre cours son dsir ardent de travail. C'est surtoutla formule de sa petite peinture l'huile qui se prcisa cettepoque.En 1920,il est nomm professeur au Bauhaus Weimar.
(Depuis 1926, le Bauhaus se trouve Dessau).Le grand succs lui tomba du ciel comme un fruit mr. Il
s'en rjouit dans le calme de sa solitude riche de travail,rvant, produisant, jouant du violon.En 1922, grande exposition des uvres de Klee la Natio-
nalgalerie de Berlin; en 1928 et 1929, aux galeries Flechtheim Berlin et Dusseldorf; en 1929, chez Georges Bernheim etCie, rue du Faubourg-Saint-Honor, Paris, et au a Centaure , Bruxelles; en mars 1930, au Museum of Modem Art , New-York.Aujourd'hui, on trouve des toiles de Klee la National-
galerie de Berlin et aux muses de Barmen, de Dresde, deDusseldorf, de Francfort, de Mannheim et de Weimar; ses aqua-relles dans presque tous les muses d'Allemagne, au Detroit ArtInstitute et au Kunsthaus de Zurich.Des toiles de Klee se trouvent dans des collections parti-
culires Berlin, chez M. Flechtheim et le baron Simolin, Barmen, chez M. Rudolf Ibach; Brunswick, chez M. Ralfs; Crfeld, chez M. Herman Lange et le Dr Raemisch; Colo-gne, chez MM. Alfred Tietz et Werner Vohwinkel; Dresde,chez Mme Bienert; Dsseldorf chez le Dr Cohen, conserva-teur du Muse, et M. Alex Voemal, Gdeborg (Sude), chezGabrielsoi; Berne, chez Mme Buergi-Bigler; Zurich, chezM. Streiff; New-York, chez M. Gallatin (Muse d'Art vivant)et Ernest Hemingway; Dtroit, chez M. Valentiner, le direc-teur du Muse; Paris, chez MM. Georges Bernheim, PaulEluard, Alphonse Kann, G. Meunier, Marcel Monteux, KurtMettler et le vicomte de Noailles; Versailles, chez la princesseBassiano.
Company.
ATABLE1907
Collection
Paul
Strecker,
Paris.
Tischgeseschaft.
Sail-Boats.
BATEAUX
AVOILES
1916
Collection
Voemel-Suermondt,
Dusseldorf.
Segelboote.
19
LE PAYSAGEA LA LETTRE R1919
Landscapewith the letterR. Mviscede Francfort. Landschaftmit R.
PAYSAGE
AUX
OISEAUX
BLEUS
1919
Landscape
with
blue-birds.
NeDJ-
York.
Museum
For
living
art.
Landschaft
milblauen
Vogeln.
21
The Bud.
LE BOURGEON1920
CollectionHermannLange, Crefeld. Die Knospe.
The
Cold
city.
LAVILLE
FROIDE
1921
Muse
deMannheim.
DieKalte
Stadt.
23
LA MACHINEA GAZOUILLER1922
Nationalgalerie,Berlin.The twittering-machine Die Zwifschermaschine.
24
DAMEAU VOILE1922
Lady with a vail. CollectionAlphonseKann, Paris. Dame im Schleier.
IntheMadow.
DANS
LA
PRAIRIE1923
Collection
P.Eluard,
Paris.
Auf
derWiese.
AUTOUR
DU
POISSON
1925
Around
theFish.
Muse
deDresde.
Um
den
Fisch.
27
PETIT PAYSAGEDE DUNES1926
Little landscapewith dunes. Musede Dusseldorf. KleineOvenenlandschaft.
L'OISEAU
PEP
1926
The
bird
Pep.
Collection
Mme
Burgi,
Berne.
Der
Vogel
Pep
29
JARDIN DE COUVENT1926
The cloistergarden. CollectionOilo Ralfs, Brunswick. Klostergarten.
30
CANTATRICEDE L'OPRA-COMIQUE1927
CollectionLudwigKalzenellenbogen,Berlin.The sopranoof theOpra-Comique. Sangerinder KomischenOper.
31
L'ESPRIT QUI BOIT ET JOUE1927
CollectionHermannLange,Crefeld.The Spirit that drinks and gambles. GeistbeiWein und Spiel.
32
The Fool of the depths.
LE FOU DE L'ABIME1927
CollectionBruno Sfreiff, Zurich. Narrder Tiefe
33
LES LIMITESDE LA RAISON1927
Collectionpart. AlfredFlechtheim, Berlin.The limitsof Reason. Grenzendes Verstandes.
ENTRE
DU
PORT
DE
P.F.
Entrance
oftheport
ofP.F.
1927
Hafeneinfahrt
von
P.F.
Collection
Vicomte
deNoailles,
Paris.
The
Fishing-boat.
VAPEUR
DE
PCHE
1928
Collection
N.St.Wollf,
New-
York.
Fischdampfer.
Passing
thepalace.
EN
PASSANT
DEVANT
LEPALAIS
1928
Collection
Erich
Raemisch,
Crefeld.
Am
Palast
vorbei.
39
Fool inthe Trance.
FOU EN TRANSE1928
CollectionWilly Strecker,Wiesbaden. Narr in Trance.
BATEAUX
AVOILES
DANS
LE
PORT
1928
Sail-Boats
intheport.
Collection
Alfred
Tietz,
Cologne.
Segelschiffe
imHafen.
Sensitive
boats.
BATEAUX
SENSIBLES1928
Collection
Alphonse
Kann,
Paris.
Sensible
Schiffe.
The
catand
thebird.
LE
CHAT
ET
L'OISEAU
1928
Berlin,
Galerie
Flechtheim.
Ka'ze
und
Vogel.
47
ROUTE PRINCIPALEET ROUTESLATRALES1928
CollectionWernerVowinckel, Cologne.The main road and the byeroads. Hauplwegund Nebenwege.
49
Girl with Flags.
FILLE PAVOISE1928
CollectionKrtMettler,Paris. BeflaggtesMdchen.
51
The ennemies.
LES ENNEMIS1928
CollectionPierreDavid Weill,Paris. Abgeneigte.
53
MAISONSDANSLE VERT1928
CollectionHoffmann-Stehlin,Bruxelles.Housesin ihe open. Huserim Grnen.
55
COLLINE DE CHATEAU
Thecastle onthe hill,1929
Galerie Flechtheim,Berlin. Burggel.
57
L'RECTIONDU MONUMENT1929
CollectionErnestHemingwayNew-York.The buildingof the monument. Monumentin Arbeit.
59
The loastrider.
LE CAVALIERERRANT1929
GalerieFlechtheim,Berlin. VersprengterReiter.
61
The clown.
LE CLOWN1929
CollectionIda Bienert,Dresden. Der Clown.
Egyptian
village.
VILLAGE
GYPTIEN1929
Collection
Mme
deRoques,
Berlin.
Aegyptisches
Dorf.
LES PEINTRES NOUVEAUX
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