N° d’ordre : ANNÉE 2014
THÈSE D'EXERCICE / UNIVERSITÉ DE RENNES 1FACULTÉ DE MEDECINE
sous le sceau de l’Université Européenne de Bretagne
THÈSE EN VUE DU
DIPLÔME D'ÉTAT DE DOCTEUR EN MEDECINE
présentée par
Hoel Charbonnelné le 16 août 1985 à Rennes
PLACE D'INTERNET AUPRÈS DES FEMMES DANS LA
RECHERCHE D'INFORMATION SUR LEUR GROSSESSE : ENQUÊTE QUANTITATIVE
RÉALISÉE DANS UNE MATERNITÉ BRETONNE DE
NIVEAU 2
Thèse soutenue à RENNESle 25 mars 2014
devant le jury composé de :
Patrice POULAINPU-PH, CHU Rennes / président
Françoise RIOUMCU-PH, CHU Rennes / Juge
Françoise TATTEVIN-FABLETMCU Associé, DMG Rennes / Juge
Brigitte GENDREMédecin généraliste / directeur de thèse
2
REMERCIEMENTS
Je tiens à remercier tout d’abord le professeur Patrice Poulain, de m’avoir fait
l’honneur de présider mon jury de thèse et de ses enseignements au cours de mes
études à la faculté de médecine de Rennes.
Merci au docteur Françoise Riou d'avoir accepté de faire partie de mon jury.
Merci au docteur Françoise Tattevin de sa participation à ce jury et de ses
enseignements au cours de mon cursus de médecine générale.
J'adresse mes plus vifs remerciements au docteur Brigitte Gendre qui a accepté de
diriger ma thèse. Je vous remercie de votre disponibilité et de vos conseils. Merci de
vos encouragements et de votre accueil.
Merci au docteur Olivier Bernard d'avoir accepté de co-diriger cette thèse. Je vous
remercie pour vos conseils éclairés et votre aide.
Merci au docteur Philippe Lefevre, chef de service de la maternité de Fougères de
m'avoir laissé mener cette étude auprès des patientes de son service.
Merci à mesdames Isabelle Razoir et Valérie Mekpoh, cadres sage-femmes de la
maternité de Fougères, pour votre aide et votre organisation qui m'ont permis de mener
cette étude.
Merci à l'équipe soignante de la maternité de Fougères pour votre aide pratique au bon
déroulement de cette étude.
Merci aux jeunes accouchées de la maternité de Fougères d'avoir pris le temps de
répondre à mes questions dans une période de leur vie forte en émotions.
Merci à Lauriane Le Roch, ma compagne, de m'avoir inspiré ce sujet intéressant par
ton utilisation d'internet pendant ta grossesse. Merci pour tes nombreuses heures de
relectures, tes corrections orthographiques et tes conseils stylistiques.
A Gaïa, ma fille, dont la vie fœtale et les questions qu'elle posait a inspiré cette
recherche.
3
PROFESSEURS DES UNIVERSITES - PRATICIENS HOSPITALIERSNOM Prénom AFFECTATION
ANNE-GALIBERT Marie Dominique Laboratoire de Biochimie et biologie moléculaire
BELAUD-ROTUREAU Marc-Antoine Service de cytologie génétique et biologie cellulaire
BELLISSANT Éric Pharmacologie
BELLOU Abdel Fédération d'accueil et de traitement des urgences
BELOEIL HélèneAnesthésiologie et Réanimation Chirurgicale, médecine d'urgence
BENDAVID Claude Laboratoire de Biochimie et biologie moléculaire
BENSALAH Karim Service d'Urologie
BONAN IsabelleMédecine physique et de réadaptation fonctionnelles
BONNET FabriceDépartement de médecine de l'adulte / Service d'endocrinologie
BOUDJEMA Karim Département de chirurgie viscérale
BOUGET Jacques Fédération d'accueil et de traitement des urgences
BOURGUET Patrick Service de Médecine Nucléaire - CRLCC
BRASSIER Gilles Neurochirurgie
BRETAGNE Jean-François Service des maladies de l'appareil digestif
BRISSOT Pierre Service des maladies du foie
BRISSOT Régine Médecine physique et de réadaptation
CARRE François Médecine du Sport
CATROS Véronique Biologie cellulaire
COLIMON Ronald Bactériologie-Virologie
CORBINEAU HervéChirurgie Thoracique et Cardio Vasculaire - CCP CHU
CUGGIA MarcBiostatistiques, Informatique Médicale et technologies de la communication
DARNAULT Pierre Anatomie Organogénèse
DAUBERT Jean-ClaudeDépartement de Cardiologie et Maladies Vasculaires
DAVID VéroniqueLaboratoire de génétique moléculaire et hormonologie
DE CREVOISIER Renaud Cancérologie et Radiothérapie - CRLCC.
DELAVAL Philippe Pneumologie
DESRUES Benoît Pneumologie
DEUGNIER Yves Service des maladies du foie
DONAL ErwanDépartement de cardiologie et maladies vasculaires Centre Cardio-Pneumologique
DRAPIER Dominique Psychiatrie d'adultes
DUPUY Alain Dermatologie
DUVAUFERRIER Régis Département de radiologie et d'imagerie médicale
ECOFFEY Claude Service d'Anesthésie-Réanimation Chirurgicale II
EDAN Gilles Clinique Neurologique
4
FEST ThierryLaboratoire d'Hématologie biologique et Immunologie
FREMOND Benjamin Chirurgie Infantile
GANDEMER Virginie Service de médecine de l'enfant et de l'adolescent
GANDON Yves Département de radiologie et d'imagerie médicale
GANGNEUX Jean-Pierre Parasitologie et Zoologie appliquée
GARIN Étienne Service de médecine nucléaire - CRLCC
GAUVRIT Jean-Yves Service de radiologie et d'imagerie médicale
GODEY Benoît O.R.L. et Chirurgie Maxillo-Faciale
GROSBOIS Bernard Département de médecine de l'adulte
GUEGAN Yvon Neurochirurgie
GUGGENBUHL PascalRhumatologie - Pôle Orthopédie, traumatologie, rhumatologie
GUIGUEN Claude Parasitologie
GUILLÉ François Directeur du CRLCC Centre Anti-Cancéreux
GUYADER Dominique Hépatologie, Gastro-Entérologie
HOUOT Roch Hématologie, Transfusion option Hématologie
HUSSON Jean Louis Chirurgie orthopédique et traumatologique
HUTEN Denis Fédération de chirurgie orthopédique
JEGO PatrickMédecine Interne ; gériatrie et biologie du vieillissement
JEGOUX Franck O.R.L. et Chirurgie Maxillo-Faciale
KAYAL Samer Bactériologie-Virologie
KERBRAT Pierre Cancérologie et Radiothérapie - CRLCC.
LAMY Thierry Hématologie Clinique CRLCC
LE BRETON HervéDépartement de Cardiologie et Maladies Vasculaires
LE GALL Édouard Pédiatrie
LE GUEUT MaryannickService de Médecine Légale et de médecine pénitentiaire
LE POGAMP Patrick Néphrologie
LE TULZO Yves Réanimation Médicale
LECLERCQ ChristopheDépartement de Cardiologie et Maladies Vasculaires
LECLERCQ Nathalie née RIOUXAnatomie et Cytologie Pathologiques - Pôle cellules et tissus
LEGUERRIER AlainDépartement de chirurgie thoracique et cardio-vasculaire CCP CHU
LEVEQUE Jean Gynécologie et Obstétrique
LIMEUL Jean-Yves(Professeur Associé des Universités de Médecine Générale) Département de Médecine Générale
MABO PhilippeDépartement de Cardiologie et Maladies Vasculaires CCP CHU
MALLEDANT Yannick Anesthésie-Réanimation I - SAMU 35
MEUNIER Bernard Chirurgie digestive
5
MICHELET ChristianClinique des Maladies Infectieuses et Réanimation Médicale
MILLET BrunoService de Psychiatrie adultes et de psychiatrie médicale CHGR
MOIRAND RomainUnité fonctionnelle d'Addictologie - Service gastro-entérologie
MORANDI Xavier Anatomie - Service de Neurochirurgie
MORTEMOUSQUE Bruno Ophtalmologie
MOSSER Jean Biochimie et Biologie Moléculaire
MOULINOUX Jacques Histologie-Embryologie-Cytogénétique
ODENT Sylvie Service de Génétique Médicale
OGER Emmanuel Pharmacologie Clinique
PERDRIGER Taleth Rhumatologie
PLADYS PatrickPôle médico-chirurgical de pédiatrie et de génétique clinique
POULAIN PatriceDépartement de Gynécologie-Obstétrique et Reproduction Humaine
RAOUL Jean-Luc Cancérologie-Radiothérapie - CRLCC
RAVEL Célia Nadège Cytologie et Histologie - Pôle cellules et tissus
RIFFAUD Laurent Neurochirurgie
ROCHCONGAR Pierre Médecine du Sport
ROUSSEY Michel Pédiatrie Génétique Médicale
SAINT-JALMES Hervé PRISM
SEGUIN PhilippeAnesthésiologie et Réanimation Chirurgicale -Pôle anesthésie réanimation - SAMU
SEMANA Gilbert INSERM 4917
SIPROUDHIS Laurent Service des maladies de l'appareil digestif
SOMME Dominique Service de médecine gériatrique LA TAUVRAIS
TARTE Karine INSERM 4917
TATTEVIN Pierre Maladies infectieuses, maladies tropicales
THOMAZEAU Hervé Chirurgie Orthopédique et Traumatologique
TORDJEMANN Sylvie née LUBART Pédopsychiatrie - Centre Médico-pédagogique
VERGER Christian Médecine et Santé au Travail - Centre Inti-Poison
VERHOYE Jean-PhilippeDépartement de chirurgie thoracique et cardia-vasculaire - CCP CHU
VERIN Marc Neurologie
VIEL Jean-François Épidémiologie, économie de la santé et prévention
VIGNEAU Cécile Service de néphrologie
VIOLAS PhilippeChirurgie Infantile - Pôle pédiatrique médico-chirurgical et génétique clinique
WATIER ÉricChirurgie Plastique, Reconstructrice et Esthétique ; Bryologie
WODEY Éric Service d'Anesthésie-Réanimation chirurgicale II
6
MAITRES DE CONFERENCES DES UNIVERSITES - PRATICIENS HOSPITALIERS
NOM Prénom AFFECTATION
AMIOT née BARUCH Laurence Hématologie
BEGUE Jean-Marc Physiologie Médicale
BEGUE-SIMON Anne-Marie Département de Santé Publique
CABILLIC Florian Biologie cellulaire - Pôle cellules et tissus
CAUBET Alain Médecine et Santé au Travail
DAMERON Olivier (Maître de Conférence) Laboratoire d'Informatique Médicale
DE TAYRAC Marie Biochimie et Biologie moléculaire
DECAUX OlivierMédecine Interne ; Gériatrie et Biologie du Vieillissement
DEGEILH Brigitte Parasitologie et Mycologie
DUBOURG Christèle Biochimie et Biologie moléculaire
GALLAND Françoise Endocrinologie, diabète, maladies métaboliques
GANGNEUX née ROBERT Florence Parasitologie et Mycologie
GUILLET Benoît Département d'Hématologie Immunologie
HAEGELEN Claire Anatomie Service de neurochirurgie
HUGÉ Sandrine née LAFAYE(Maître de conférence Associé des Universités de Médecine Générale)
Département de Médecine Générale
JAILLARD Sylvie Cytologie et Histologie
JOUNEAU Stéphane Pneumologie
LAVENU Audrey (Maître de Conférence) Biostatistique Laboratoire de pharmacologie
LAVIOLLE Bruno Pharmacologie
LE CALVE née LE FRANC Michèle Histologie-Embryologie et Cytogénétique
LE GALL FrançoisDépartement d'Anatomie et Cytologie Pathologiques
LE JEUNE-PRIGENT Florence Biophysique et médecine nucléaire
LE RUMEUR née FERRET Élisabeth Physiologie Médiale
MAHÉ Guillaume Chirurgie vasculaire, médecine vasculaire
MASSART née LE HERISSE Catherine Biochimie générale et enzymologie
MENARD Cédric Immunologie
MENER Éric Département de Médecine Générale
MILON née LE GUEN Joëlle Anatomie Organologie
MOREAU Caroline Biochimie et biologie moléculaire
MOUSSOUNI Fouina(Maître de Conférence)
INSERM U 49
7
MYHIE Didier(Maître de Conférence Associé des Universités de Médecine Générale)
Département de Médecine Générale
PANGAULT Céline Hématologie ; Transfusion
RENAUT Pierrick Département de Médecine Générale
REYMANN Jean-Michel Pharmacologie
RIOU Françoise Département de Santé Publique
ROPARS Mickaël Anatomie Organologie
SAULEAU Paul Neurologie 5ème étage
TADIÉ Jean Marc Réanimation médicale, Médecine d'urgence
TATTEVIN-FABLET Françoise (Maître de Conférences Associé des Universités de Médecine Générale)
Département de Médecine Générale
THOMAS Patricia née AMÉ Micro Environnement et Cancer - Immunologie
TURLIN BrunoDépartement d'Anatomie et Cytologie Pathologiques
VERDIER-LORNE Marie clémence Pharmacologie
VINCENT Pascal Bactériologie-Virologie
8
TABLE DES MATIÈRESI Introduction...............................................................................................................10
A Internet en France................................................................................................10
B Informations médicales sur internet.....................................................................10
C Internet, vision du médecin généraliste................................................................11
D Le médecin généraliste et la grossesse.................................................................11
E Sources d'informations sur la grossesse................................................................121 Presse...............................................................................................................122 Télévision.........................................................................................................133 Radio................................................................................................................134 Livre.................................................................................................................135 Amis, Famille...................................................................................................146 Brochures.........................................................................................................147 Sites web..........................................................................................................15
F Grossesse et Internet.............................................................................................17
G Fiabilité de l'information sur internet...................................................................18
II Matériel et méthode..................................................................................................20
A Schéma expérimental...........................................................................................20
B Réalisation du questionnaire................................................................................20
C Population............................................................................................................22
D Recueil des données.............................................................................................22
E Taille de l'échantillon............................................................................................23
F Analyse des données.............................................................................................23
III Résultats..................................................................................................................24
A Taux de réponse...................................................................................................24
B Caractéristiques démographiques de l'échantillon................................................25
C Source d'informations utilisée par les femmes pendant la grossesse....................27
D Utilisation d'internet par les femmes....................................................................29
E Perception de fiabilité de l'information................................................................35
F Internet et la relation avec le professionnel du suivi.............................................35
IV Discussion...............................................................................................................37
A Forces et faiblesses de l'étude..............................................................................37
B Résultats principaux.............................................................................................381 Sources d'informations.....................................................................................382 Fréquence de connexion à Internet pour des informations relatives à la grossesse..............................................................................................................39
9
3 Sujets recherchés par les patientes....................................................................404 Types de sites consultés....................................................................................405 Internet comme anxiolytique............................................................................426 Confiance dans l'information trouvée sur internet............................................427 Le professionnel de la santé et la patiente internaute........................................43
V Conclusion...............................................................................................................44
Bibliographie..............................................................................................................46
Annexes......................................................................................................................49
Annexe 1: Questionnaire.........................................................................................49
Annexe 2 : Note pour la maternité de Fougères......................................................51
INDEX DES ILLUSTRATIONS
figure 1: Diagramme de flux........................................................................................24
figure 2: Fréquence en pourcentage du recours à différentes sources d'information....28
figure 3: Distribution du nombre de connexions par trimestre.....................................29
figure 4: Nombre de connexions à un site internet par les femmes par trimestre.........30
figure 5: Sujets faisant l'objet de recherche sur internet exprimés en fréquence de citation.........................................................................................................................32
figure 6: Type de site utilisé pour retrouver l'information recherchée..........................33
INDEX DES TABLEAUX
Tableau 1: Caractéristiques de l’échantillon.................................................................26
Tableau 2: Sources d'informations...............................................................................27
Tableau 3: Fréquence de connexion à internet pour des questions relatives à la grossesse par trimestre (nombre de connexions)..........................................................29
Tableau 4: Type d'informations recherchées pendant la grossesse...............................31
Tableau 5: Types de sites consultés pendant la grossesse.............................................33
Tableau 6: Perception de la fiabilité de l'information trouvée......................................35
Tableau 7: Auto-perception de la capacité à juger la fiabilité de l'information.............35
10
I INTRODUCTION
A INTERNET EN FRANCE
En 2012, 78 % des français avaient accès à internet à leur domicile, ce taux d'accès
passe à 92 % pour la catégorie des 30-44 ans et 96 % pour les 15-29 ans. Ils n'étaient
que 56 % en 2007 (1). On assiste donc depuis ces dix dernières années à l'apparition
d'un nouveau média dans les ménages français, et cela de façon rapide.
Avec cette présence grandissante d'internet dans les foyers, la « fracture numérique »
des débuts tend à se réduire. Parmi les actifs occupés, l’écart entre cadres et ouvriers
s'est réduit de 43 points en 2007 à 15 points en 2012.
B INFORMATIONS MÉDICALES SUR INTERNET
Toujours dans l’enquête de l'INSEE sur les technologies de l’information et de la
communication de 2012 (1), « Rechercher des informations sur la santé » est la
troisième activité la plus citée comme activité la plus pratiquée sur internet après
« envoyer et recevoir des e-mail » et « accéder à son compte bancaire ». Dans
l’enquête Viavoice de janvier 2012 (2), un tiers des répondants déclare avoir cherché
de l'information médicale sur le Web.
En 2008, dans l’enquête Kiria-Philips (3), un français sur trois cite internet comme
source d'information prioritaire sur la santé, 58 % ont cité leur médecin. Le médecin
garde donc sa place de référent pour l'information médicale avec un usage d'internet
comme complément (4).
Le Web prend donc une place de plus en plus importante dans l'information de santé et
cette augmentation semble se poursuivre. La multitude de sites met à disposition une
quantité gigantesque d'informations disponibles gratuitement, instantanément pour
chacun.
Les patients semblent satisfaits de l'information qu'ils trouvent sur le Web. Un quart
d'entre eux déclare même qu'il leur est arrivé de ne pas consulter un médecin parce
qu'ils avaient trouvé en ligne de l'information qui leur avait parue suffisante, 47 % des
cadres déclarent ne pas avoir consulté pour ce motif (2). Les patients internautes
11
estiment que la consultation d’internet leur permet de mieux comprendre la maladie,
son traitement et, à un moindre degré, les aide à mieux se prendre en charge et à mieux
participer à la prise de décision concernant leur santé (5).
C INTERNET, VISION DU MÉDECIN GÉNÉRALISTE
Les médecins généralistes ne sont pas ignorants des pratiques de leurs patients puisque
69 % d'entre eux déclarent que les patients évoquent avec eux les informations
médicales ou de santé qu'ils ont trouvées sur internet. Néanmoins rares sont ceux qui
adoptent une posture pro-active sur ce sujet puisqu'ils ne sont que 15,5 % à
recommander des sites médicaux à leurs patients, 7 % à les interroger sur une
éventuelle recherche d'information sur le Web et 11 % leur donnent des conseils pour
qu'ils prennent des précautions dans leurs recherches en ligne (6).
Les sentiments des médecins sur l'information trouvée sur internet par leurs patients
sont mitigés : ils trouvent que ces informations parasitent la consultation en multipliant
les questions et explications (77,5%) mais permettent une meilleure adhésion au projet
de soin et une meilleure observance (65,2%) ainsi que l'ouverture d'un dialogue
constructif avec les patients. Certains ont l'impression d'être mis en concurrence avec
l'information trouvée par les patients (50,7%) (6).
Il se pourrait que les praticiens sous-estiment la proportion de leurs patients consultant
le Web pour des questions de santé car seuls 34 % le signalent à leur médecin (7).
D LE MÉDECIN GÉNÉRALISTE ET LA GROSSESSE
Le médecin généraliste est l'un des acteurs du suivi de grossesse en France. Il réalise
des déclarations de grossesse et est parfois l'acteur principal du suivi (8). C'est aussi
souvent un interlocuteur secondaire des femmes enceintes car il est souvent plus
accessible géographiquement et en terme de délai de rendez-vous que la sage-femme
ou le gynécologue-obstétricien qui suit la grossesse.
La recommandation de la Haute autorité de santé (HAS) pour le « Suivi et orientation
des femmes enceintes en fonction des situations à risque identifiées » de 2007 (9) le
cite comme pouvant prendre en charge le suivi d'une grossesse à bas risque.
12
Par sa position, l'information de la femme enceinte le concerne pleinement et la place
grandissante de ce nouveau média qu'est internet apparaît comme une donnée non
négligeable de cette information.
E SOURCES D'INFORMATIONS SUR LA GROSSESSE
Une grossesse est une expérience de vie unique. Pour beaucoup de femmes,
notamment les primigestes, c'est un moment où de nombreuses questions d'ordre
médical se posent. Et, puisque les patients concernés sont des jeunes et des femmes,
plus utilisatrices d'internet que les autres (2), la démocratisation du Web à d'autant plus
modifié les usages.
Pour répondre à ces questions posées par la grossesse, il existe une multitude de
médias disponibles. Quelle est la place d'internet dans la masse de sources
d'informations ?
Puisque la grossesse touche la plupart des femmes à un ou plusieurs moments de leur
vie et qu'elle suscite de nombreuses questions, les médias traditionnels traitent ce sujet
depuis de nombreuses années.
1 PRESSE
Le magazine mensuel Neuf Mois, publié depuis 2000 est, à notre connaissance, le seul
titre de presse française consacré uniquement à la grossesse. Il aborde de nombreuses
questions d'ordre médical ou psychologique relatives à la grossesse. En 2012 sa
diffusion était de 41 030 exemplaires par mois en moyenne (10). La rédaction est
constituée de journalistes mais médecins et sages-femmes sont omniprésents dans ses
pages. Comme beaucoup de titres de presse magazine, il déborde de publicité. On peut
donc se poser la question de l'indépendance de ce titre vis à vis de l’industrie des
biberons, des crèmes anti-vergetures et des laits infantiles. Il existe aussi de nombreux
titres de presse soit consacrés à la parentalité (Famili, Parents, InfoBebe, InfoCrèche)
soit consacrés à la santé en général qui traitent régulièrement de sujets liés à la
grossesse. La presse généraliste ainsi que la presse féminine, très lue, traitent aussi
souvent ce sujet dans leurs pages santé.
13
2 TÉLÉVISION
La télévision est le média de masse par excellence. Avec trois heures cinquante passées
en moyenne par jour (en 2012) devant la télévision (11), une information diffusée par
ce canal a une audience considérable. Il n'existe pas à notre connaissance d’émission
récurrente sur la grossesse mais ce sujet est abordé régulièrement dans les émissions
dont le sujet est la famille ou la santé. On a recensé « Les maternelles », sur France 5,
« Le magazine de la santé », sur la même chaîne. Des émissions ponctuelles sont
diffusées. Baby Boom, série de télé-réalité sur l'accouchement sur TF1, rassemble 1,6
millions de téléspectateurs lors de la diffusion de chaque épisode (12).
3 RADIO
Pour ce qui est de la radio, il n'existe pas d’émission spécifique au sujet mais
régulièrement, sur les différentes antennes, sont diffusés des reportages ou chroniques
sur la grossesse et l'accouchement.
Ces trois médias ont en commun un mode de communication unilatéral et un sujet
unique lors de chaque émission/article. Ils ne permettent pas de répondre à une
question spécifique que se posait la patiente, ou alors de façon fortuite. Leur utilisation
est donc bien différente d'internet où une question peut être posée sur un moteur de
recherche, via les forums ou les réseaux sociaux, et même de livres ou livrets de types
guides qui ont de multiples chapitres s’efforçant de répondre à la plupart des questions
posées par la grossesse.
4 LIVRE
Le livre, support d'information des plus classique, garde toujours une place importante
pendant la grossesse. Le 20 décembre 2013, la librairie en ligne Amazon.fr recense
5772 titres en français sur la grossesse (13), trois guides de grossesse figurent dans le
top 1000 des meilleures ventes, dont le célèbre J'attends un enfant de L.Pernoud (14–
16). Dans l'étude de H.A. Grimes (17), en Australie, les femmes interrogées citent les
livres comme source d'information la plus utile, même si ce média n'arrive qu'en
septième place dans le classement des sources les plus utilisées.
14
5 AMIS, FAMILLE
Le cercle amical et familial, historiquement le premier moyen d'information sur la
grossesse, garde encore une place de choix dans l'information sur la grossesse. Est-il
besoin de décrire le rôle des discussions entre mère et fille, entre sœurs ou amies. Ces
échanges de conseils et la transmission de savoir par l'oralité est encore, dans
beaucoup de pays, surtout ceux où les autres médias sont peu développés, la forme
principale d'information sur la grossesse et l'accouchement. Cette source est la
principale chez les femmes enceintes ayant de bas revenus aux États-Unis d’Amérique
(18).
6 BROCHURES
De l’information écrite est remise aux patientes. Souvent sous forme de brochure.
Différents organismes publiques ont publiés le leur. Le carnet de santé de maternité est
remis à la mère par le professionnel qui suit sa grossesse, il peut aussi être remis par la
caisse d'assurance maladie, par les services de PMI1 du conseil général, ou par la
mutuelle selon les départements. Il comprend, entre autres, des fiches d'information
pratique sur les examens à suivre, les soins, les services de préparation, les démarches
à entreprendre, assortis de messages de prévention.
L'assurance maladie édite un livret : « Ma maternité, je prépare l'arrivée de mon
enfant ». L’Institut national de prévention et d'éducation pour la santé (INPES) publie
lui, deux guides à l'attention des femmes enceintes, l'un sur l'alimentation pendant la
grossesse, l'autre sur l'allaitement maternel. Le Comité National de l'Enfance rédige
« Le livre bleu, l'enfant du premier âge », la diffusion de ce livret est financée
intégralement par de la publicité. Il est diffusé par de nombreux organismes publiques
et des professionnels de santé. Il contient des informations tant sur la grossesse que sur
la puériculture. Enfin, le « Happy baby book », donné dans des boites cadeaux
distribuées par des médecins et sages-femmes, il est édité par une entreprise privée :
Family Service. Ce guide est entièrement financé par la publicité.
1 Protection maternelle et infantile
15
À ces brochures distribuées nationalement s'ajoutent les différentes brochures locales,
publiées dans les maternités ainsi que des initiatives régionales ou départementales.
La femme enceinte se voit donc remettre une pile de livrets avec des informations
souvent redondantes, parfois contradictoires. Ces livrets, très nombreux, ne sont pas
lus en totalité. Distribués sans recommandations ni explications, leur impact est faible
(19).
7 SITES WEB
Google est de loin le premier moteur de recherche en France (20), c'est le plus souvent
le premier recours pour une recherche d'informations sur internet. Pour avoir un
panorama des sites proposés en première ligne aux patientes, nous avons soumis le
mot clé « grossesse » dans le moteur de recherche le 23 décembre 2013. Nous avons
pris la précaution d'utiliser une connexion anonymisée afin d'éviter que Google adapte
les résultats en fonction de l'utilisateur. La première place est tenue par le site
doctissimo.fr, pionnier du web-santé en France, il agrège à lui seul deux tiers des
recherches santé en France (21). La seconde place est occupée par le site
aufeminin.com, site de santé généraliste lui aussi.
Wikipédia arrive en troisième position avec un article assez documenté. Les trois
places suivantes sont occupées par des sites spécialisés dans la maternité :
enceinte.com, infobebe.com et mamanandco.fr. On note que sur les dix premiers
résultats proposés sur la première page, aucun ne renvoie vers un site institutionnel ou
universitaire.
Une seconde recherche a été réalisée avec des mots clés plus spécifiques. On simule la
recherche d'information sur le congé maternité. Les mots clés « congé maternité » ont
été soumis au moteur de recherche avec les mêmes précautions que lors de la première
recherche. Sur la première page, nous retrouvons la plupart des sites de la précédente
recherche avec infobebe.com, doctissimo.fr et wikipedia.fr dans le trio de tête. Là
encore, aucun site institutionnel n'est proposé en première page.
Les forums permettent de poser une question, lorsque la réponse n'a pas été trouvée sur
des pages web classiques. Ils permettent des échanges de type retours d’expériences.
16
Les réponses ne sont pas proposées par des professionnels de la santé. Ce type
d'information est à rapprocher de celle obtenue auprès du cercle amical ou familial
décrit auparavant. En France, Les forums de doctissimo.fr et aufeminin.com sont les
plus fréquentés. Sur le site doctissimo.fr, les pages forums sont plus consultées que les
pages d'articles (21).
Babycenter.fr, la version française du site américain babycenter.com est l'un des rares
site non institutionnel spécialisé dans la grossesse à posséder le label de qualité Health
On the Net (HON)2. Il respecte donc des règles de publication visant à diffuser une
information de qualité. Ce site est financé par le laboratoire américain Johnson &
Johnson.
L'information sur la grossesse est aussi diffusée par les institutions sociales et de santé.
Le site caf.fr3 et ameli.fr4 proposent des informations plutôt d'ordre administratif. Ces
sites sont mal référencés par les moteurs de recherche et l’information n'est pas
toujours facile à trouver. Pour des informations médicales, la HAS publie sur internet
des informations destinées aux femmes enceintes comme « Vous êtes enceinte et
l'accouchement c'est quand ? » ou « La césarienne : ce que toute femme enceinte
devrait savoir », là encore, l'information est difficilement accessible, mal référencée
sur les moteurs de recherche. Il existe aussi lecrat.org, pour les médicaments pendant
la grossesse. Le site est assez austère et difficile d'accès pour le grand public.
Le site du réseau périnatalité, perinat-france.org, délivre une information actualisée,
de bonne qualité. L'information est facilement accessible. Il ne souffre que d'un
mauvais référencement et d'être peu connu du grand public et des médecins. Les
sources de l'information sont disponibles et le site est certifié par HON code. Ce site
pourrait être conseillé par les médecins généralistes désirant orienter leurs patientes
vers un site de qualité.
L'INPES fait exception avec le « guide nutrition pendant et après la grossesse » qui
arrive en seconde position lors de la recherche des mots clés « alimentation » et
« grossesse ». Le site mangerbouger.fr de la même institution, créé dans le cadre du
2 Label expliqué dans le chapitre I G : Fiabilité de l'information sur internet p.183 Site internet de la caisse des allocations familiales4 Site internet de l'assurance maladie
17
PNNS5, arrive au-dessus des autres résultats dans l'encart publicitaire associé aux mots
clés précédents.
F GROSSESSE ET INTERNET
Depuis quelques années, les publications sur la recherche d'informations sur internet se
multiplient au plan international et national.
Les études récentes montrent une utilisation commune du Web pendant la grossesse
dans les pays occidentaux puisque les taux d'utilisation d'internet pour trouver des
informations relatives à la grossesse varient autour de 80 % (22–24). On note
néanmoins une publication australienne discordante avec 44 % d'utilisation (17).
Dans la littérature existante, on observe que ce sont les catégories socioculturelles
supérieures qui sont les plus utilisatrices, ce que l'on retrouvait pour la recherche
d'information de santé en général.
Les différences internationales sont significatives avec 44 % d'utilisation en Australie
(17) et 846 % d'utilisation retrouvée dans l'étude italienne (24).
En France, l'étude de d'A.-S. Leune retrouve 83,3 % d'utilisatrices en 2009, 78,7 % en
2011 dans la thèse d'I. Schweitzer-Leroy (25).
Les études publiées sur le sujet ont été réalisées soit en ligne, elles ne représentaient
donc que des patientes grandes utilisatrices d'internet (26), soit par des questionnaires
de salle d'attente, regroupant les données de patientes en début de grossesse avec celles
de patientes en post-partum (12 semaines d’aménorrhée à 6 semaines en post-partum
pour l'étude de A.S. Leune (23)). De plus ces études ont été réalisées dans des hôpitaux
de grandes villes avec une population différente de celle qu'on peut trouver dans des
maternités de régions plus rurales.
Notre étude concernera une population plus homogène par son mode de recrutement
des patientes et concernera un bassin de population moins urbain que dans les études
publiées.
5 Plan national nutrition santé6 Le taux de 95 % est cité dans le résumé de l'article. Il s'agit en fait du taux de recherches d'informations
relatives à la grossesse chez les patientes ayant accès à internet. Ce taux de 84 % a été calculé par mes soins à partir des données publiées.
18
G FIABILITÉ DE L'INFORMATION SUR INTERNET
La fiabilité de l'information est un problème récurrent quand on s'intéresse à
l'information de santé sur internet. En 2007 la Haute Autorité de Santé (HAS) a été
chargée par le législateur (27) d'établir une procédure de certification des sites
d'informatiques dédiés à la santé. Il en ressort qu'aucun outil de certification n'est
validé (28). Devant la multitude d'outils non validés, la HAS a mis en exergue les
« critères de qualité applicables aux sites Web consacrés à la santé ». Ces critères ont
été établis par la commission des Communautés européennes (29). La HAS a donc
retenu la fondation Health On the Net (HON) comme organisme certificateur. Celui-ci
répondait, en effet, aux critères de qualité édictés par la Commission européenne et
ceux de la HAS. Il est par ailleurs reconnu comme une référence internationale en
matière de certification de santé.
Les critères de certification de la HON sont critiqués, ainsi, la revue Prescrire n'a pas
demandé le renouvellement du Certificat HON expliquant qu'on trouve sous ce label
des sites d'informations de qualité mais aussi des sites aux sources de financement et
liens d’intérêts opaques, ou aux méthodes de tri et de production non explicites. Ils
reprochent aussi au label de n’offrir aucune garantie quant aux contenus, se limitant à
respecter certains principes de transparence (30). En France le site internet atoute.org a
lui aussi retiré le label HON de ses pages pour la même raison.
Le label HON, bien que ne garantissant pas une information fiable à 100 % permet
d'instaurer des principes minimums de publication de l'information par les principes de
transparence qu'elle exige. Reste le problème de la connaissance de ce label par le
grand public (6,23) et les professionnels (31). Les sites de santé leaders par leur
fréquentation en France n'ont pas ce label, ce qui démontre qu'un label de fiabilité n'est
pas un critère de choix pour la plupart des internautes.
La HAS elle-même, à la suite de l'évaluation de la certification des sites de santé (32),
a déclaré ne pas reconduire son partenariat avec la fondation HON à compter de juillet
2013. Elle conclut elle aussi à l’absence d'utilité pour les internautes même si cette
certification a permis d'améliorer la transparence et les pratiques éditoriales de certains
sites.
19
Elle compte faire évoluer sa mission vers un dispositif qui privilégie l'esprit critique
des internautes. Elle souhaite aussi améliorer la visibilité et la lisibilité des contenus
publics de santé sur internet. Elle travaille actuellement à la mise en place de
l'évolution sa mission (33).
20
II MATÉRIEL ET MÉTHODE
A SCHÉMA EXPÉRIMENTAL
Il s'agit d'une étude descriptive quantitative par questionnaire auto-administré ayant
pour but de recueillir des informations sur la recherche d'information sur la grossesse,
pendant la grossesse en précisant l'utilisation faite de ce nouveau média qu'est internet.
B RÉALISATION DU QUESTIONNAIRE
Le questionnaire a été réalisé pour cette thèse. Il est basé sur la littérature actuelle et
inclut des questions déjà utilisées dans des études sur le sujet.
Il comprend vingt et une questions : deux questions semi-ouvertes (1 et 5), une
question semi-ouverte en éventail et dix-huit questions fermées et est divisé en trois
parties. Il est reproduit en Annexe 1.
La première partie, proposée à toutes les patientes, concerne les sources d'informations
pour les questions relatives à la grossesse. Six items étaient proposés et un champ
« Autre (précisez) ». Les items sont inspirés de l'étude d'A.-S. Leune (23). La
deuxième question leur demandait si elles avaient accès à internet pendant leur
grossesse.
La seconde partie n'était proposée qu'aux femmes ayant eu accès à internet pendant
leur grossesse, la fréquence de connexions par trimestre était demandée. Une
différence de fréquence de connexions en fonction du terme a été évoquée dans
l'article de L. Gao (34) sur une population chinoise. En effet, 20,2 % des patientes
disaient se connecter, plus souvent au premier trimestre, 24,6 % au second trimestre et
15,8 % au troisième trimestre sans qu'il soit mentionné une étude statistique cherchant
une différence significative entre ces groupes. Dans l'étude M. Larsson en Suède (22),
la fréquence était plus importante au premier trimestre, là non plus aucune analyse
statistique n'est mentionnée. Les patientes devaient estimer leur fréquence de
connexion par mois, semaine ou jour pour chacun des trois trimestres, l'estimation de
la fréquence par mois a été abandonnée, les participantes de la phase pré-test trouvant
l'effort de rappel trop difficile. Les données ont été rapportées en nombre de
21
connexions trimestrielles (13 semaines ou 91,5 jours par trimestre) pour l'analyse
statistique.
Les thèmes de recherche d'information et le type de sites consultés étaient demandés
dans deux questions semi-ouvertes. On a interrogé les patientes sur leur perception de
la fiabilité des informations trouvées et sur leur capacité ressentie à juger cette
fiabilité. La question de la fiabilité de l'information a été étudiée en profondeur par G.
Chenais (26) mais l'étude date de six ans déjà.
Cinq questions ont exploré l'impact du Web dans la relation avec les professionnels de
santé. On a demandé aux patientes si elles se faisaient confirmer les informations
auprès d'eux, si une question soulevée par une information issue d'internet avait motivé
une consultation supplémentaire. On les a aussi interrogées sur une éventuelle attitude
pro-active du médecin ou de la sage-femme sur la recherche d'informations sur les
réseaux.
Une question a cherché à juger de l'impact positif ou négatif de l’utilisation d'internet
pour la grossesse sur l'anxiété des patientes.
La dernière question de cette partie demandait aux patientes si elles avaient consulté
leur médecin généraliste en plus du suivi normal de la grossesse. On a évoqué
l'hypothèse que l'impact positif ou négatif sur l'anxiété des patientes de la recherche
d'informations en ligne pouvait respectivement faire baisser ou augmenter le nombre
de consultations en médecine générale.
La troisième partie du questionnaire, proposée à toutes les patientes, visait une
description démographique de la population. La parité, l'âge, la nécessité d'un arrêt de
travail et sa durée, le ou les professionnels du suivi, le niveau d'étude, la profession et
l'existence d'une pathologie de la grossesse ont été demandés.
Le questionnaire a été pre-administré à quatre femmes ayant accouché depuis moins de
trois mois. Leurs remarques ont été prises en compte pour modifier la formulation des
questions qui pouvaient être mal comprises.
22
C POPULATION
Toutes les femmes accouchant à la maternité de Fougères entre le 24 juin 2013 et le 31
décembre 2013 ont reçu le questionnaire. La maternité de Fougères fait partie d'un
centre hospitalier public. Il s'agit d'une maternité de niveau 27 faisant 1000
accouchements par an environ (995 en 2012). Il n'existe pas d'autre maternité dans la
commune ou dans les communes environnantes. Fougères est une ville moyenne (19
820 habitants en 2009), industrielle, située dans une zone rurale, le pays de Fougères
(35).
La structure démographique de l'aire urbaine retrouve, pour les femmes de 25 à 54 ans
une proportion plus importante d'ouvrières (30,5%) et d'agricultrices (3,5%) que dans
la population nationale des femmes du même âge (respectivement 20,5 % et 1,5%), la
proportion de cadres (7,7%) et de personnes sans activité professionnelle (6,3 %) est
plus faible que dans la population nationale (respectivement 14,3 % et 10%) (36).
La ville de Fougères contient une zone urbaine sensible (ZUS), le quartier des
Cotterets, il s'agit d'un quartier défavorisé bénéficiant de mesures gouvernementales de
politique de la ville. Néanmoins le taux de pauvreté régional et départemental est
parmi les plus faibles de France (37).
Même s'il n'y avait pas de critères d’exclusion à proprement parler, de facto, l'absence
de maîtrise de la langue française ainsi que du langage écrit excluait la patiente de
l'étude puisqu'il s'agissait d'un questionnaire auto administré.
D RECUEIL DES DONNÉES
Toutes les femmes ayant accouché à la maternité de Fougères entre le 24 juin 2013 et
le 31 décembre 2013 se sont vu remettre le questionnaire dans le trousseau qui leur est
remis juste après la naissance. Elles devaient s’auto-administrer le questionnaire. En
fin de questionnaire, il leur était demandé de le remettre rempli au secrétariat de la
maternité. Il a été demandé à l'interne en stage à la maternité de rappeler l’existence de
ce questionnaire aux femmes lors de la visite de sortie afin d'augmenter le taux de
7 Dispose d'une unité d'obstétrique et d'une unité de néonatalogie : Prise en charge des grossesses à risque modéré et des nouveau-nés nécessitant une surveillance particulière, mais pas de soins en réanimation
23
réponse. Un texte explicatif a été affiché dans la salle du personnel afin que l'équipe
soignante puisse prendre connaissance de l'étude menée dans le service (Annexe 2).
E TAILLE DE L'ÉCHANTILLON
367 questionnaires ont été distribués entre le 24 juin et le 31 décembre 2013 soit sur
une période de six mois et sept jours. 157 questionnaires ont été remplis et rendus au
secrétariat de la maternité. Certains questionnaires ont été rendus incomplets,
notamment pour les questions relatives à la recherche d'informations sur le Web. Les
patientes n'ayant pas accès à internet n'y répondaient naturellement pas. Lorsque les
données manquaient pour une question, l'individu était exclu pour l'analyse statistique
concernant la question. Pour certaines questions l'échantillon est donc inférieur à 157
individus.
F ANALYSE DES DONNÉES
La saisie des réponses aux questionnaires a été réalisée à l'aide du logiciel LibreOffice
Calc.
Les données ont été analysées avec le logiciel R (38). Les graphiques ont été dessinés
à l'aide du même logiciel.
Fréquence, pourcentage, moyenne et écart-type ont été utilisés pour l'analyse
descriptive.
Des tests du chi2 et de Fisher ont servi à comparer l'accès à internet à des données
démographiques.
Des tests des signes de Wilcoxon ont été utilisé pour comparer les fréquences de
connexion entre les trimestres. La fréquence de connexion a été normalisée par
logarithme afin de pouvoir réaliser des tests paramétriques avec cette donnée. Après
vérification de la normalité de la distribution du logarithme de la fréquence de
connexion par un test de Shapiro-Wilk, des tests t de Student ont été réalisés.
Un test de corrélation de Kendall a été utilisé pour comparer le niveau d'étude à
l'utilisation de sources de média.
24
III RÉSULTATS
A TAUX DE RÉPONSE
Le questionnaire a été distribué à 367 patientes consécutives accouchant à la maternité
de Fougères entre le 24 juin et le 31 décembre 2013. 157 patientes ont rempli et rendu
le questionnaire et ont donc répondu aux questions de la partie 1 et 3 concernant les
sources d'information et les caractéristiques démographiques. Quinze patientes ont
déclaré ne pas avoir eu accès à internet pendant leur grossesse, deux y avaient accès
mais déclarent ne jamais l'utiliser pour rechercher des informations relatives à la
grossesse. 140 patientes ont répondu à la partie 2 concernant l’utilisation d'internet,
soit 89 % d'entre elles. La figure 1 représente la distribution des réponses.
figure 1: Diagramme de flux
Participantes éligibles367 (100%)
Réponse157 (43%)
Pas de recherche d'information
2 (1%)
Accès internet142 (90%)
Pas d'accès internet15 (10%)
Pas de réponse210 (57%)
Recherche d'information140 (99%)
25
B CARACTÉRISTIQUES DÉMOGRAPHIQUES DE L'ÉCHANTILLON
L'âge des 157 femmes est compris entre 20 et 42 ans (moyenne= 30,4, écart-type=4,7).
Le Tableau 1 représente les caractéristiques démographiques de l'échantillon. La
plupart des femmes ont fait des études supérieures (59%) et sont employées (48%). Un
peu plus d'un tiers des patientes sont primipares. La grossesse d'un quart des patientes
a été suivie au moins en partie par un médecin généraliste. La grande majorité des
grossesses n'a pas eu de complications (89%). Néanmoins, près de deux tiers des
patientes ont eu besoin d'un arrêt de travail pendant leur grossesse, plus de la moitié
pendant une période supérieure à une semaine.
Il n'a pas été trouvé de différence significative pour ce qui est de l'accès à internet en
fonction de la profession, du niveau d'étude, d'une complication de la grossesse, de la
parité ou de la durée de l’arrêt de travail (Test du chi2).
26
Tableau 1: Caractéristiques de l’échantillon
Caractéristiques n %
Âge (année) (M±SD) 30,4±4,7
Parité
Nullipare 58 38
Multipare 95 62
Déroulement de la grossesse
Normal 136 89
Complications 17 11
Niveau d'études :
Non scolarisée 1 1
Primaire 1 1
Collège, CAP, BEP 26 17
Lycée 34 22
Enseignement supérieur 91 59
Profession :
Agriculteur exploitant 3 2
Artisan, commerçant et chef d'entreprise 9 6
Cadre et profession intellectuelle supérieure 21 14
Profession intermédiaire 11 7
Employé 73 48
Ouvrier 10 7
Sans profession 24 16
Arrêt de travail :
Non 49 37
Oui, ≤ 7 jours 12 9
Oui, ≥ 8 jours 70 53
Médecin généraliste participant au suivi :
Oui 39 25
Non 114 75
27
C SOURCE D'INFORMATIONS UTILISÉE PAR LES FEMMES PENDANT LA GROSSESSE
La distribution des réponses est détaillée dans le Tableau 2. La source principale
d'information est naturellement le professionnel de santé (95%). 89 % des patientes ont
eu recours à internet. Le réseau amical et familial a aussi un place importante
comparable en terme de fréquence à l'utilisation du Web. 90 % des répondantes ont
déclaré avoir recours à leurs amis ou familles pour chercher des informations sur la
grossesse. Le livre ainsi que les livrets fournis par les organismes de santé, bien que
moins utilisés que le média sus-cité sont utilisés par près de trois quarts des
répondantes.
Le magazine a une place plutôt marginale, seulement 20 % des patientes déclarent
l'utiliser souvent ou toujours. La distribution est représentée sous forme graphique
dans la figure 2.
Tableau 2: Sources d'informations
Sources Toujours Souvent Parfois Jamais
Professionnels de santé 27(18%) 71(46 %) 49(32%) 7(5%)
Amis et famille 10(7 %) 69(45 %) 58(38 %) 16(10 %)
Internet / applications 8(5 %) 72(48 %) 57(38 %) 13(9 %)*
Livrets fournis par les organismes de santé 9(6 %) 54(36 %) 56(37 %) 31(21 %)
Livres 6(4 %) 45(30 %) 55(36 %) 46(30 %)
Magazines 1(1 %) 28(19 %) 54(36 %) 67(45 %)
* Taux d'utilisation d'internet différent de celui exprimé plus haut. 7 patientes n'ont pas répondu à cette question, 4 n'avaient pas utilisé internet, 3 oui.
28
Pour l'utilisation des sources d'informations, il n'a pas été retrouvé de profil de
patientes compte tenu de la catégorie socioprofessionnelle. Une corrélation positive a
été retrouvée entre le niveau d'étude et l'utilisation du livre (p=0,030, Tau=0,163), ainsi
que pour l'utilisation des livrets (p=0,031, Tau=0,158). Pour les autres médias, aucune
corrélation n'a été retrouvée avec le niveau d'étude.
figure 2: Fréquence en pourcentage du recours à différentes sources d'information
29
D UTILISATION D'INTERNET PAR LES FEMMES
La distribution de la fréquence de connexion est asymétrique. Le Tableau 4 détaille la
distribution et les figure 3 et figure 4 la représente sous forme graphique. La plupart
des patientes se connectent moins de trois fois par semaine pendant leur grossesse.
Tableau 3: Fréquence de connexion à internet pour des questions relatives à la grossesse par trimestre (nombre de connexions)
Trimestre Moyenne Médiane 1er quartile 3e quartile Minimum Maximum
1er trimestre 44,8 13 3 39 0 9152e trimestre 39,1 13 6 30 0 4573e trimestre 44,2 13 6 91,5 0 457Grossesse totale 129,1 46 18 124 1 1412
figure 3: Distribution du nombre de connexions par trimestre
30
figure 5: Distribution du nombre de connexions par trimestrefigure 4: Nombre de connexions à un site internet par les femmes par trimestre
31
Des tests des signes de Wilcoxon ont été réalisés pour comparer la fréquence de
connexion entre les trimestres. Aucune différence significative n'a été retrouvée. On
remarque que les médianes pour les trois trimestres sont identiques.
Les informations recherchées pendant la grossesse sont détaillées dans le Tableau 4.
Les deux sujets les plus recherchés sur internet sont le congé maternité et les
différentes allocations ainsi que des informations sur le développement du fœtus.
Près d'un tiers des patientes a cité l'alimentation, l'accouchement, les examens à
réaliser pendant la grossesse, la sexualité pendant la grossesse, les informations sur
une pathologie obstétricale, les informations de puériculture, le suivi recommandé, des
récits sur la grossesse et l'accouchement, ainsi que la douleur pendant l'accouchement.
Les sujets comme l’allaitement, le sport ou les voyages pendant la grossesse ne sont
que rarement l'objet de recherche sur internet, seulement 10 à 15 % des patientes ont
cité ces trois sujets. Le choix de la maternité n'est que rarement cité. Les proportions
de recherche de sujet sont représentées sous forme graphique sur la figure 6.
Tableau 4: Type d'informations recherchées pendant la grossesse
Type d'informations n %Congé maternité /allocations 102 75Développement du fœtus 94 69Alimentation 51 38Accouchement 50 37Examens 42 31Sexualité 41 30Pathologie 39 29Puériculture 39 29Suivi recommandé 37 27Récit 37 27Douleur 34 25Allaitement 22 16Sport 19 14Voyage 14 10Lieu d'accouchement 6 4
Sept patientes ont écrit dans l'espace « autre » de cette question, trois patientes ont cité
la recherche de prénom, une patiente a cité le thème des grossesses gémellaires, une le
32
sujet des variations de l'humeur. La dernière patiente a cité la recherche de vidéos sur
la grossesse.
Pour ce qui est des sources d'informations, les sites généralistes comme doctissimo.fr
et aufeminin.com sont de très loin les plus consultés. Les autres types de sites
n’arrivent que loin derrière. Les effectifs et proportions sont détaillés dans le Tableau 5
et représentés graphiquement dans la figure 7.
figure 6: Sujets faisant l'objet de recherche sur internet exprimés en fréquence de citation
33
Tableau 5: Types de sites consultés pendant la grossesse
Sites consultés : n (%) Jamais Parfois souventSites généralistes 7 (5 %) 59 (44 %) 69 (51 %)Forums 46 (36 %) 58 (45 %) 24 (19 %)Sites institutionnels 32 (25 %) 57 (44 %) 41 (32 %)Encyclopédie en ligne 96 (78 %) 20 (16 %) 7 (6 %)Applications pour smartphone 96 (73 %) 16 (12 %) 20 (15 %)Réseaux sociaux 110 (85 %) 10 (8 %) 10 (8 %)
Deux patientes se sont exprimés dans l'espace « autre » de cette question. Une citant
trois sites institutionnels : has-sante.fr, anses.fr et ordre-sages-femmes.fr. La seconde a
cité un site issu d'une association de patients, le site jumeaux-et-plus.fr.
figure 7: Type de site utilisé pour retrouver l'information recherchée
34
Un test exact de Fisher a été réalisé pour chercher une différence d'utilisation des
forums chez les femmes ayant eu une complication de leur grossesse, il n'a pas été
retrouvé de différence significative (p=0,08, RC8=0,27, IC995%[0,027 ; 1,283]).
8 Rapport des cotes ou Odds ratio en anglais9 Intervalle de confiance
35
E PERCEPTION DE FIABILITÉ DE L'INFORMATION
Les patientes sont en majorité satisfaites par la fiabilité de l'information, elles la jugent
souvent ou toujours fiable pour 71 % d'entre elles. De plus elles ont confiance en leur
capacité de jugement de ces informations puisque la majorité d'entre elles se sent
capable de juger la fiabilité de l'information retrouvée. (Tableau 6 et Tableau 7)
Tableau 6: Perception de la fiabilité de l'information trouvée
Information fiable retrouvée : Toujours Souvent Parfois JamaisPerception de la fiabilité de l'information trouvée
4 (3%) 92 (68%) 40 (29%) 0
Tableau 7: Auto-perception de la capacité à juger la fiabilité de l'information.
Complètement Plutôt oui Plutôt non Pas du toutCapacité à juger de la fiabilité
5 (4%) 91 (70%) 26 (20%) 8 (6%)
Concernant l'anxiété pouvant être générée pas l'utilisation d'internet, seules 13 %
(n=18) déclarent qu'une information trouvée en ligne a motivé une consultation. 67 %
(n=90) des femmes ont l'impression qu'internet n'a aucune influence sur leur anxiété et
27 % (n=36) trouvent que l'utilisation du Web pour trouver des informations relatives à
la grossesse les rend plus sereines Elles ne sont que 8 % (n=8) a déclarer que la
consultation d'internet les rend plus anxieuses.
Les patientes déclarant que l'utilisation d'internet les rend plus sereines se connectent
plus souvent que celles trouvant qu'internet n'a pas d'influence sur leur humeur. Le
nombre de connexions total moyen du groupe « Plus serein » est de 236,3, tandis que
dans le groupe « Pas d'influence » le nombre de connexions total moyen est de 83,6.
(p=0,0064 ; moyenne des logarithmes des groupes : « pas d'influence » : 3,74, « plus
serein » 4,57 ; IC95 % [0.2441 ; 1.4157]).
F INTERNET ET LA RELATION AVEC LE PROFESSIONNEL DU SUIVI
L'information fournie par les médecins ou les sages-femmes sur l'utilisation d'internet
est assez rare puisque seulement 16 % (n=21) des patientes signalent une telle
information. Elles ne sont que 4 % (n=5) a déclarer qu'on leur a conseillé des sites de
confiance. On note que si rares sont les professionnels à informer sur la recherche
d'informations sur internet, les patientes à attendre d'eux de l'information sur ce sujet
36
sont tout aussi rares puisque seulement 5 % (n=6) d'entre elles déclarent avoir une
attente d'information sur ce sujet.
Il n'a pas été retrouvé de corrélation entre la fréquence de connexion à internet et le
nombre de consultations en médecine générale liées à la grossesse en plus du suivi
recommandé (p=0,40 ; coefficient de corrélation=0,08 IC95%[-0,10 ; 0,25]).
Il n'existe pas non plus de différence significative de connexion entre les patientes
ayant trouvé une information anxiogène motivant une consultation d'un professionnel
de santé (p=0,44)
37
IV DISCUSSION
A FORCES ET FAIBLESSES DE L'ÉTUDE
Le taux de réponse au questionnaire étant peu élevé, il se pose la question de la
représentativité de l'échantillon. Les patientes n'ayant pas répondu se sentaient-elles
peu concernées par le questionnaire car peu utilisatrices d'internet ? Le questionnaire
s'adressait à toutes les patientes et les premières questions n'étaient pas centrées sur
l'utilisation d'internet pour éviter ce biais. Il est plus probable que bien des patientes,
dans les jours suivant la naissance étaient bien trop occupées par leur nouveau-né et
n'avaient pas le temps de répondre au questionnaire. Cette hypothèse est renforcée par
la constatation d'un nombre un peu moindre de nullipares (ou jeunes primipares) que
dans les données nationales (8). Ces nouvelles primipares étant probablement plus
occupées par leur nouveau-né et par un avenir plein de nouveautés que par la réponse
au questionnaire.
Cette étude étant réalisée via un auto-questionnaire en français, les patientes ayant des
difficultés de lecture ou de compréhension de la langue française n'ont pas pu
répondre. Les patientes illettrées ne sont probablement pas des utilisatrices d'internet,
ce média nécessitant de passer par l'écrit.
Il est donc probable que le taux d'utilisatrices d'internet soit inférieur dans le groupe
des non répondantes, ce groupe contenant les patientes ayant des difficultés avec l'écrit
ainsi que, fort probablement, celles ne se sentant pas concernées par un questionnaire
relatif à l’utilisation du Web.
Le point fort de cette étude est, par sa méthodologie, d'avoir rassemblé un échantillon
homogène. Toutes les patientes ont répondu au questionnaire dans la semaine suivant
l'accouchement. Les données de fréquence de connexions, pour le troisième trimestre
notamment, sont complètes. Cela n'aurait pas été possible avec un questionnaire de
salle d'attente avec des patientes répondant à différents termes de grossesse. Le biais
de mémorisation inhérent à ce genre d'étude interrogeant sur le comportement des
mois passés est donc homogène entre les patientes et n'affecte donc pas la
comparabilité des groupes.
38
Les données sur le nombre de connexions pendant la grossesse sont probablement
surestimées. En effet, les fréquences de connexions du troisième trimestre ont été
exprimées pour un trimestre de trois mois sans prise en compte d'éventuelle
prématurité ou postmaturité. La grossesse dure en moyenne moins de 39 semaines.
De plus, le critère de fréquence de connexions pour mesurer l'usage d'internet, bien
qu'utilisé dans d'autres études, n'est pas parfait. La durée de connexion serait plus
proche de la réalité. Par exemple, trois connexions de dix minutes seront
surreprésentées par rapport à une session de recherche d'informations de deux heures.
B RÉSULTATS PRINCIPAUX
1 SOURCES D'INFORMATIONS
Il apparaît que les sources d’informations sur la grossesse sont multiples. Le
professionnel de santé garde la confiance des femmes et naturellement celles-ci se
tournent vers lui pour trouver des réponses sur des questions liées à la grossesse. 95 %
des répondantes ont déclaré se tourner vers lui au moins parfois, 64 % déclarent se
tourner vers lui souvent ou toujours. Ces résultats concordent avec ceux trouvés dans
l'étude française de J. Letz en 2009 (39) où la consultation médicale est la première
source d'information des patientes. C'est aussi le cas dans une étude australienne où la
sage-femme est la plus souvent citée pour ce qui est des sources d'informations (17)
ainsi qu'en Espagne (40) où internet est cité après le médecin. Même pour les futurs
pères (41) le professionnel reste la référence. Contredisant les inquiétudes de certains
médecins (6), la relation médecin-patiente est encore très solide malgré l'utilisation
grandissante d'internet. Le Web est perçu par les patientes comme complémentaire aux
informations délivrées par le professionnel de santé et non comme une source
concurrente d'informations (42).
Le nombre de patientes utilisant internet pour des questions relatives à la grossesse est
très élevé, puisque 89 % des répondantes déclarent utiliser le Web pour répondre à des
questions sur leur grossesse. Ce nombre semble en augmentation puisque, pour les
études françaises, elles n'étaient que 83,3 % dans l'étude d'A.-S. Leune en 2009 (23),
78,7 % dans l'étude d'I. Schweitzer-Leroy en 2011 (25). Cette utilisation massive
39
d'internet pour des questions relatives à la grossesse se retrouve dans les études
internationales avec 84 % en Suède en 2007 (22), 84 % en Italie (24), 88,7 % dans
l'étude chinoise de L.Gao (34), les patientes chinoises sont issues d'une population de
classe moyenne à haut niveau d'éducation, non représentatif de la population générale
chinoise. En Turquie, en 2007, ce taux n'atteint que 45 % (42).
Nous n'avons pas retrouvé de différence significative pour l'usage d'internet en
fonction de l'âge, de la catégorie socio-économique, du niveau d'étude ou de la parité.
En effet, le faible taux de patientes non utilisatrices d'internet sur les 157 patientes
ayant répondu au questionnaire n'aurait pu isoler que des disparités majeures. L'étude
suédoise de M. Larsson et l'étude chinoise de L.Gao (22,34) n'avaient pas non plus
retrouvé de profil particulier. Des études nationales et internationales sur le sujet
retrouvent un profil de patientes primipares, de moins de 35 ans, issues de
l'enseignement supérieur et ayant une profession (17,23,25). L'usage d'internet se
démocratise tant que les différences d'utilisation entre les âges, groupes
socioprofessionnels et niveaux d'étude s’estompent.
L'information par le réseau amical et familial a une place comparable à celle d'internet
puisque 90 % des répondantes citent cette source. L'explosion de la cellule familiale
souvent dénoncée ne semble pas faire pâtir les échanges d'information autour de la
grossesse, à moins qu'elle ait été remplacée peu à peu par les échanges amicaux.
Les autres supports sont toujours très utilisés, avec 70% d'utilisatrices de livres et 79 %
d'utilisatrices de livrets fournis par les organismes de santé. Nous sommes peu étonnés
de retrouver une corrélation positive entre le niveau d'étude et le taux de recours à ces
médias papier. Même le support magazine est utilisé par beaucoup de patientes, 55%
d'entre elles déclarent l'utiliser au moins parfois.
L'étude australienne de Grimes et al (17) retrouvait dans l'ordre, après les informations
auprès de la sage-femme, le livret d'information, la famille et les amis puis internet et
les livres.
40
2 FRÉQUENCE DE CONNEXION À INTERNET POUR DES INFORMATIONS RELATIVES À LA GROSSESSE.
Nombreuses sont les patientes à se connecter au moins une fois à internet pour trouver
des informations relatives à leur grossesse. La fréquence à laquelle elles se connectent
a une distribution non normale. Si certaines patientes se connectent tous les jours,
celles-ci sont minoritaires. La moitié des patientes se connectent une fois par semaine
ou moins, 78 % d'entre elles moins de trois fois par semaine. Il n'existe pas de
différence significative de nombre de connexions entre les trimestres de grossesse.
Dans l'étude chinoise de L. Gao (34), la moyenne de connexion est de 7,41 par mois,
loin des 14,34 par mois (129,1/9) de notre étude. L'étude suédoise (22) avait retrouvé
une médiane à quatre connexions par mois assez proche de notre médiane à cinq par
mois (46/9). La seule étude française s'étant intéressée à la fréquence de connexion est
celle de J. Letz en 2009 (39). Malheureusement, celle-ci a demandé aux patientes le
nombre de connexions à internet en général sans spécifier si il s'agissait de recherches
concernant la grossesse. Les données ne sont donc pas comparables.
3 SUJETS RECHERCHÉS PAR LES PATIENTES
Les patientes ont plébiscité deux sujets, le congé maternité et le développement du
fœtus. L’intérêt important pour le développement fœtal est retrouvé nationalement et
internationalement dans toutes les études sur le sujet (22,34,39,40,44). L’intérêt
important pour des informations relatives au congé maternité ou aux allocations n'est
retrouvé que dans l'étude française d'A.-S Leune (23). Les patientes françaises
semblent souffrir d'un manque d'information sur ce sujet. Les autres sujets cités le sont
dans une proportion comparable aux études sus-citées à l’exception de l'allaitement
maternel, que seulement 16 % des patientes ont cité comme recherche réalisée. Ce
faible besoin d'information est à mettre en rapport avec la politique pro-active sur
l'allaitement maternel mise en place dans la maternité de Fougères où a été réalisée
l'étude. Le choix de la maternité n'a été que très rarement cité. N'ayant pas d'autre
maternité dans la ville ou dans les communes environnantes, les patientes n'ont pas
réellement le choix. Seules les patientes vivant assez loin de Fougères à équidistance
de deux ou trois maternités avaient un choix à effectuer.
41
4 TYPES DE SITES CONSULTÉS
Ce sont les sites généralistes comme doctissimo.fr et aufeminin.com qui sont les plus
consultés par les femmes. Ce résultat n'est pas étonnant compte tenu des chiffres de
fréquentation impressionnants de ces sites leaders du marché de l'information de santé
en France. Leur contenu ne répond pas aux critères de fiabilité HON recommandés par
la HAS pour les sites de santé. Les articles sont souvent signés par des professionnels
pour le site doctissimo.fr, en revanche, sur le site aufeminin.com, il n'y a parfois pas
d'auteur et lorsqu'il y en a un, il est impossible de connaître sa qualification. Les
références sont rares ou absentes. Ces sites ne s’embarrassent pas des critères de
fiabilité édictés par la HAS avec la fondation HON. De plus, leur financement étant
exclusivement publicitaire, le doute est permis concernant d'éventuels conflits
d’intérêts.
Les sites institutionnels sont également très utilisés puisque 75 % des patientes ont
déclaré s'en être servi au moins parfois. Ces sites ayant un financement public, le
risque de conflit d’intérêts est plus faible. Pour les informations administratives, on
recense les vitrines numériques des différents organismes (ameli.fr, caf.fr). Le site
mangerbouger.fr, de l'INPES est très bien réalisé et bien référencé par les moteurs de
recherche.
La nouveauté, en terme d'information sur la grossesse, est l'apparition des applications
pour smartphone. Près d'une patiente sur quatre déclare les utiliser au moins parfois.
Les applications comme Ma grossesse, Babycenter ou Grossesse, affichent plus de
100 000 téléchargements. Ces applications ont comme point commun d'annoncer
régulièrement, à partir de la date de début de grossesse entrée préalablement, l'état de
développement du fœtus, ainsi que des conseils divers. On rappelle que les
informations sur le développement du fœtus sont parmi les plus recherchées sur
internet par les femmes et ceci internationalement. L'utilisation de plus en plus
commune des smartphones qui se dessine, augure une utilisation croissante de ce genre
d'applications (45). A ce jour il n'existe pas d'application de ce type éditée par un
organisme public en France.
42
Les forums sont utilisés par beaucoup de patientes, notre étude n'a pas retrouvé
d'utilisation plus massive par les patientes signalant des complications de leur
grossesse comme retrouvé dans l'étude de A.-S Leune. L'effectif de patientes ayant eu
des complications était ici très faible (n=17). Il est toutefois très compréhensible que
ces patientes ayant eu des complications viennent chercher des réponses sur les
forums. Ceux-ci sont bien plus riches en contenu que les articles des sites de santé. Ils
permettent d'échanger et de trouver un soutien auprès d'autres mères (42). Cette
démarche compense la faiblesse du tissu associatif pour les problèmes médicaux en
France. Elle permet aussi de compenser le soutien familial qui est moins présent que
par le passé.
5 INTERNET COMME ANXIOLYTIQUE
Près d'un tiers des patientes déclare que l'utilisation d'internet pour faire des recherches
relatives à leur grossesse les rend plus sereine. Ces mêmes patientes se connectent en
moyenne plus souvent que les autres. L'impact positif de l'utilisation d'internet sur leur
humeur encourage donc les patientes à répéter leurs connexions. Si cet effet bénéfique
sur l'humeur avait été rapporté de nombreuses fois (23,26,39,40,44), c'est, à notre
connaissance la première fois qu'un lien avec le nombre de connexions est rapporté.
Toutefois, l'utilisation d'internet est une expérience anxiogène pour une minorité de
patientes (8%). De même, une patiente sur dix environ, déclare qu'une information
anxiogène trouvée en ligne a motivé une consultation. Il n'a pas été retrouvé de
corrélation entre le nombre de consultations en médecine générale en plus du suivi
recommandé et le nombre de connexions sur le Web. Il n'a pas été retrouvé non plus de
différence significative de connexions à internet entre les patientes ayant trouvé une
information anxiogène motivant une consultation et les autres.
6 CONFIANCE DANS L'INFORMATION TROUVÉE SUR INTERNET
Les patientes ont une impression de fiabilité de l'information pour la majorité d'entre
elles (71%). Cette confiance dans l’information est retrouvée avec des valeurs
semblables dans les études françaises et internationales (22,23,34,40,44). De plus,
celles-ci se sentent capables de juger de l'information puisque trois quarts d'entre elles
43
se sentent capables de juger la qualité de l'information. Ces chiffres sont à mettre en
perspective avec la perception de la fiabilité de l'information par les professionnels de
la grossesse. Seulement 52 % des sages-femmes interrogées (de pays occidentaux
anglophones principalement) estiment que la qualité de l'information sur internet est
bonne ou excellente (31). Cette méfiance semble justifiée au regard de l'étude d'E.
Donnola sur la qualité des sites médicaux sur internet en 2005 (46). Elle a évalué la
qualité de l'information publiée par 49 sites internet sur le sujet des nausées, des
vomissements et de la fièvre pendant la grossesse. Ainsi, 44 % des sites concernant la
fièvre chez la femme enceinte et 38 % de ceux traitant des nausées et vomissements de
la grossesse donnent des informations non conforme aux recommandation actuelles.
Elle estime que parmi ceux-ci, dix présentent un danger pour le grand public. Par
exemple, 4 sites ne contre-indiquent pas la prise d’ibuprofène ni d’anti-inflammatoires
non stéroïdiens en général à partir du sixième mois de grossesse.
La méconnaissance des critères de fiabilité de l'information en ligne par les femmes
(7,23) fait poser l'hypothèse d'une sur-estimation de leur capacité de jugement par les
patientes.
7 LE PROFESSIONNEL DE LA SANTÉ ET LA PATIENTE INTERNAUTE
Rares sont les patientes déclarant avoir reçu du médecin ou de la sage-femme qui suit
leur grossesse une information sur les recherches d'informations médicales sur internet
(16%), ce taux est cohérent avec celui des médecins généralistes donnant des conseils
de précaution dans les recherches (11%), même si les généralistes ne suivent qu'un
quart des grossesses en France (6). Ces mêmes médecins généralistes déclarent pour
15,5 % d'entre eux conseiller des sites de confiance. Ce taux est loin des 4 % de
patientes de notre étude ayant déclaré que le médecin qui suit leur grossesse leur a
conseillé des sites de confiance. Les médecins ne sont peut-être pas au fait des sites de
référence pour l’information des patientes enceintes. A l'étranger, près de la moitié des
sages-femmes recommande des sites internet (31).
Si les médecins interviennent peu auprès de leurs patientes pour les conseiller sur des
recherches sur internet, les patientes pour une grande majorité n'attendent pas d'eux
44
d'information sur ce sujet. Pourtant, compte tenu de la qualité variable des
informations disponibles, même en l'absence d'attente de la part de la patiente, il nous
semble qu'il est de la responsabilité du professionnel suivant une grossesse d'orienter
ses patientes afin que les recherches qu'elle fera sur internet trouvent des réponses
fiables. De plus, lorsque qu'un site est « prescrit » à un patient, celui-ci adhère à cette
« prescription » (47).
45
V CONCLUSION
En 2013, l'usage d'internet pour chercher des informations sur la grossesse est la
norme. La plupart des patientes s'y connectent régulièrement et ceci tout au long de la
grossesse. Ce média est utilisé en complémentarité avec d'autres sources
d'informations dont le professionnel de santé reste la principale.
Les informations sur le congé maternité et les allocations sont les plus recherchées ce
qui semble être une spécificité française. Le second sujet motivant beaucoup les
patientes à aller sur internet est le développement du fœtus.
Les sites les plus visités sont les sites généralistes non institutionnels. Ces sites sont les
mieux référencés par le moteur de recherche le plus utilisé en France. Pour la plupart,
ces sites ne satisfont pas aux critères nationaux et internationaux de présentation de
l'information qui visent à améliorer la fiabilité des données. L'utilisation d'applications
pour smartphone dédiées à l'information sur la grossesse apparaît comme un média
nouveau dont l'utilisation devrait devenir commune dans les années à venir.
Près d'un tiers des patientes voit internet comme un anxiolytique, ce qui engendre chez
ces dernières un nombre de connexions plus important.
Les patientes perçoivent les informations trouvées sur le réseau comme fiables. De
plus elles s'estiment capables de juger de cette fiabilité.
Enfin, rares sont les patientes qui ont été informées par leur médecin ou leur sage-
femme sur la recherche d'informations sur internet. On leur a encore plus rarement
conseillé des sites de confiance.
D'après nos recherches, les sites français de qualité pour l'information des patientes
sont le site perinat-france.org, pour des questions médicales et le site mangerbouger.fr
pour l'alimentation en particulier. Pour les informations administratives, les sites
ameli.fr et caf.fr sont adaptés. Ces deux derniers sites sont consultés spontanément par
les patientes, sans indication d'un professionnel.
Il nous semble important que les médecins comme les pouvoirs publics agissent pour
promouvoir une information de qualité sur internet. Ceci devra passer par une
46
recommandation de sites internet de qualité, l'optimisation du référencement des sites
institutionnels sur les moteurs de recherches, ainsi qu'une formation des patientes à
l'usage de la recherche d'informations de santé en ligne. La volonté de changement de
stratégie de la HAS pour promouvoir un web santé de qualité est bienvenue.
47
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50
ANNEXES
ANNEXE 1
QUESTIONNAIRE : INFORMATION DES FEMMES ENCEINTESMadame,Afin de réaliser la thèse qui conclura mes études de médecine, je m’intéresse à l'information des femmes enceintes pendant la grossesse, en particulier sur internet. Je vous serais reconnaissant de bien vouloir consacrer 5 minutes à ce questionnaire. Ce questionnaire est anonyme.
1 Lorsque vous vous posiez des questions sur votre grossesse, où alliez vous chercher des informations ?
Professionnel de santé (médecin, sage-femme) toujours souvent parfois jamaisAmis, famille toujours souvent parfois jamaisInternet / application pour smartphone toujours souvent parfois jamaisLivres toujours souvent parfois jamaisMagazines toujours souvent parfois jamaisLivrets fournis par les organismes de santé (le livre bleu, carnet de santé maternité, etc)
toujours souvent parfois jamais
Autre (précisez) …..................... toujours souvent parfois jamais
2 Avez-vous eu accès à internet pendant votre grossesse ?Oui NonSi vous n'avez pas utilisé internet pour des questions relatives à la grossesse, passez tout de suite à la question 15.
Si vous avez utilisé internet pour rechercher des réponses sur les questions que vous vous posiez pendant votre grossesse.3 À quelle fréquence vous connectiez vous à internet pour votre grossesse ?– Pendant le 1er trimestre : … fois par jour / semaine / mois (rayer la mention inutile)– Pendant le 2e trimestre : … fois par jour / semaine / mois (rayer la mention inutile)– Pendant le 3e trimestre : … fois par jour / semaine / mois (rayer la mention inutile)
4 Quels types d'informations recherchiez-vous pendant la grossesse ? (plusieurs réponses possibles)
Choix de la maternité où vous allez accoucher Voyage pendant la grossesseCongé maternité / allocations Vie sexuelle pendant la grossesseConseils alimentaires par rapport à la grossesse,
prise de poids Information quant à une maladie de la grossesse
ou de votre (futur) enfant Informations sur les différentes consultations de
la grossesse Informations sur les différents examens réalisés
au cours de la grossesse le développement du fœtus Type d’allaitement Informations sur l’accouchement Conseils pour votre (futur) bébé sur la douleur et le soulagement de la douleur Des récits sur la grossesse l'accouchementSport et activités au cours de la grossesse Autre (précisez) ...........
5 Quels types de sites consultiez-vous ?Sites généralistes : doctissimo.fr, aufeminin.com, etc. souvent parfois jamaisForums souvent parfois jamaisSites institutionnels : ameli.fr, caf.fr, etc. souvent parfois jamaisEncyclopédie en ligne : wikipedia.fr etc. souvent parfois jamaisApplication pour smartphone : ma grossesse, babybox, devenir maman, suivi de grossesse, etc.
souvent parfois jamais
Réseaux sociaux : facebook, twitter, etc. souvent parfois jamaisAutres : …................................. souvent parfois jamais
51
6 Trouvez-vous que les informations que vous avez trouvées étaient fiables ?Toujours Souvent Parfois Jamais
7 Vous sentez-vous capable de juger de la fiabilité d'une information de santé trouvée sur internet ?
Complètement Plutôt oui Plutôt non Pas du tout
8 Faites vous confirmer les informations que vous trouvez sur internet par un professionnel de santé ?
Toujours Souvent Parfois Jamais
9 Une information trouvée sur internet a-t-elle été source d’inquiétude au point de vous faire consulter un professionnel de santé ?
Oui Non
10 Le professionnel qui suit votre grossesse vous a-t-il informée sur la recherche d'informations sur internet ?
Oui Non
11 Vous a-t-il conseillé des sites de confiance ?Oui Non
12 Vous attendiez-vous à être orientée par le professionnel qui suit votre grossesse vers des sites internet de confiance ?
Oui Non
13 Globalement, trouvez-vous que les recherches que vous avez faites sur internetvous ont rendu plus anxieuse. n'ont pas influencé votre
humeur.Vous ont permis de vivre plus
sereinement votre grossesse.
14 Avez-vous consulté votre médecin généraliste en plus du suivi normal pour d'autres motifs en rapport avec la grossesse ? (Suivi normal : 1 consultation au premier trimestre puis 1 consultation par mois)
Non 1 ou plusieurs fois (combien?)......
Mieux vous connaître :15 Avant d'accoucher, aviez-vous des enfants ?Aucun enfant Oui, … enfant(s).
16 Votre grossesse s'est elle déroulée ?normalement avec complications (pathologie de la mère ou du fœtus : hypertension maternelle,
diabète de grossesse, retard de croissance, malformation fœtale...(ne pas tenir compte des éventuelles complications de l'accouchement)
17 Avez-vous eu un arrêt de travail pendant votre grossesse ?Non Oui, de 7 jours ou moins Oui, de 8 jours ou plus
18 Quel professionnel de santé a suivi votre grossesse ? (plusieurs réponses possibles)
Médecin généraliste Sage-femme Gynécologue Gynécologue accoucheur
19 Quel est votre âge?... ans.
20 Quel est votre niveau d'étude ?Non scolarisée Primaire Collège, CAP, BEP Lycée Enseignement supérieur
21 Votre profession :Agriculteur exploitant Artisan, commerçant et chef
d’entrepriseCadre et profession intellectuelle
supérieureProfession Intermédiaire Employé Ouvrier Sans profession
Merci de bien vouloir déposer le questionnaire rempli au secrétariat de la maternité.
52
ANNEXE 2
NOTE CONCERNANT LE QUESTIONNAIRE :« INFORMATION DES FEMMES ENCEINTES »
Madame, monsieur,je m'appelle Hoel CHARBONNEL, je suis interne en médecine générale et je réalise ma thèse sur l'information des femmes enceintes pendant la grossesse, en particulier sur internet.J'ai choisi la maternité de Fougères afin de réaliser cette étude.Des questionnaires seront distribués à toutes les femmes venant d'accoucher à la maternité de Fougères à partir du 24/06/2013 et ceci jusqu’à ce que 300 questionnaires soient distribués. Les femmes sont incitées à déposer le questionnaire rempli au secrétariat de la maternité.
Afin que l'étude se déroule au mieux, je vous serai reconnaissant de bien vouloir rappeler aux patientes l’existence de ce questionnaire.
Merci beaucoup de l'aide que vous voudrez bien apporter à mon étude.
Hoel CHARBONNEL
Contexte et justification du sujet :La grossesse est une période posant de nombreuses questions en particulier pour les primipares. Un besoin d'information se fait naturellement ressentir.Le médecin généraliste est un des acteurs du suivi de grossesse, réalisant parfois seul ce suivi ou étant parfois consulté en sus d'autres professionnels de la maternité.En 2012, 30 % des Français déclarent avoir recherché des informations médicales sur Internet. Les patients internautes estiment que la consultation d’Internet leur permet de mieux comprendre la maladie, son traitement et, à un moindre degré, les aide à mieux se prendre en charge et à mieux participer à la prise de décision concernant leur santé.Les femmes enceintes sont de grandes utilisatrices d'information médicale sur Internet puisque plus de 80 % d'entre elles déclarent utiliser Internet au cours de la grossesse.Depuis la fin du 20e siècle, la relation médecin-patient évolue, le médecin paternaliste laisse place au médecin conseillant, informant un patient qui fait ses propres choix. Cette évolution a été actée par la loi du 4 mars 2002. Dans ce contexte, il nous parait intéressant d'étudier les diverses sources d'information des patients, ceci afin de favoriser une bonne relation entre le médecin et le patient moderne. Que le médecin puisse se positionner devant ces patients ayant glané de nombreuses informations sur internet.La grossesse, par les nombreuses questions qu'elle pose, et parce qu'elle concerne un public jeune nous parait être une bonne approche pour traiter cette question.Objectif : Décrire la place d'internet dans la recherche d'information médicale sur la grossesse des femmes enceintes en 2013. Méthode : Étude descriptive rétrospective d'une cohorte de patientes hospitalisées dans les maternités d'Ille et vilaine :Résultats attendus, leur portée et retombées potentielles : On s’attend à une utilisation importante d'Internet comme source d'information sur la grossesse, notamment chez les primipares et les femmes de catégories socioculturelles élevées.Les informations apportées par cette enquête pourrons faciliter la relation entre le médecin et la patiente par une meilleure connaissance de la femme enceinte connectée. Le médecin pourra éventuellement conseiller aux femmes certains sites de confiance et l'aider à se retrouver dans la masse d'information fournie par internet.
U.F.R. DE MÉDECINE DE RENNESN°
CHARBONNEL, Hoel. - Place d'internet auprès des femmes dans la recherche d'information sur leur grossesse : Enquête quantitative réalisée dans une maternité bretonne de niveau 2.52 feuilles, 1 illustration, 6 graphiques, 7 tableaux, 30 cm.- Thèse : Médecine Générale ; Rennes 1; 2014 ; N° .Résumé français :Objectif : Décrire la place d'internet pour les femmes qui recherchent des informations médicales sur leur grossesse. Matériels et méthodes : 157 patientes ayant accouché entre le 24 juin et le 31 décembre 2013 dans une maternité bretonne de niveau 2 ont répondu à un auto-questionnaire anonyme. Résultats : La majorité des femmes (89%) utilise internet pour faire des recherches relatives à leur grossesse. Internet est utilisé en complément d'autres sources d'informations dont la principale est le professionnel de santé. Les thèmes les plus recherchés sont le congé maternité et les allocations ainsi que le développement du fœtus. Rares sont les patientes qui reçoivent de l'information sur les recherches sur internet de la part du professionnel qui suit leur grossesse. Conclusion : En 2013, en complément de l'information délivrée par les professionnels de santé, l'usage d'internet pendant la grossesse est la norme. Il serait souhaitable que les professionnels de la grossesse puissent orienter les patientes vers des sites leur assurant une information pertinente et de qualité. Résumé anglais :The role of Internet for women seeking pregnancy-related information : a quantitative study performed in a French maternity hospitalAim: to describe the role of Internet for women seeking pregnancy-related information.Materials and methods: 157 patients who gave birth between June 24 and December 31 2013 in a French maternity hospital in Brittany answered an anonymous questionnaire.Results: almost all women (89%) seek pregnancy-related information on the Web. Internet is used as a complement to other sources of information. The main source of information is the health care professional. The most searched topics are maternity leave, social benefit and fetal development. Only a few patients receive information about Internet seeking by their ante-natal care professional.Conclusion: in addition to the information delivered by the health care professional, the use of Internet for pregnancy-related information has become standard in 2013. It would be advisable that ante-natal care professional could inform patients about sites with relevant and reliable information.Rubrique de classement : MÉDECINE GÉNÉRALE
Mots-clés :GrossesseInternetInformationMédecins généralistesMaternités (hôpital)
Mots-clés anglais MeSH :PregnancyInternetInformationGeneral PractitionersHospitals, Maternity
JURY :
Président : Monsieur POULAIN Patrice
Assesseurs : Mme GENDRE Brigitte [directeur de thèse] Mme RIOU Françoise Mme TATTEVIN-FABLET Françoise
Adresses de l’auteur : 4 ter place Renault Morlière 53500 Erné[email protected]