RACLEES ET RISEES
Poème de Lamber Savigneux
© Lamber Savigneux 2011* Textes et peinture
rives brutales vers l’ouest
clair
racle
et arides
vents lisses
et craquent
mais je crois
qu’à force
elles
construisent
une barrière
de fer
à force de chercher à détacher l’air
à force de forcer la terre à lâcher l’air …
à force que l’air s’infiltre dans nos têtes
les paroles sous couvert
et les fossés
et l’habitude des bombes
finissent par ouvrir en soi
comme un chemin
par se retourner contre soi
contre la paix
le poids de l’enfance
d’un silence
et l’attente d’une rosée
ce sont nos yeux qui s’éteignent
le fer et les paroles qui ferment
les cris entament le corps
les rêves ne savent plus rêver
et l’esprit
ne parvient qu’à retourner vers les lieux de la blessure
alors peut être il ne faut plus chanter
il faut baisser les bras
ramener à soi le sol
et commencer à partir
loin d’une bouche close
vers cette ligne verte
qu’une voile promet
et en chemin tout jeter à l’eau
pour une bouffée
l’espérance
et troquer son chapeau contre une semence de l’arbre
une senteur d’eucalyptus
une errance Rapa Nui
un sentier
et tout oublier
s’oublier
au fond du bleu de l’eau
la trace le chemin au lendemain
mais maintenir l’ébouriffement
soi et le chemin
support terrien
continue la trace et le chemin
Oui, mais la guerre est finie, Fleur, finir
c’est imposer par le silence la voix forte
de nos vies là-bas au creux de nos
verts si elles le veulent l’essentiel de
nos vies détourneront le poison que les
aciers promettent les vies de tôle qui
enserrent nous les jetterons sans un
regard brodequins de ciment nous
cueillerons le brin d’herbe et le
porterons à nos lèvres et nous
murmurerons
tombera le fer et la violence insensée constructeurs d’enfer tordeurs de vie penser et rêver libre
dans le vent je lancerai
c’est un chant qui va très profond en moi
simple mais vrai
Plonge
et me dit de m’en remettre aux étoiles à l’étrave d’un bateau
aux branches d’une fougère et au cri d’un oiseau
écarquiller les yeux en silence laisser l’écho répercuter
sève de cœur parvenu à mes pieds
(âme pieds)
consulter la roche et le feu en dessous
(âme au fond)
puis laisser le tout remonter vers les yeux
fort au regard
âme main
de nouveau pouvoir chanter ou danser – est-ce se taire
et s’empreindre de la baie