L’hôpital tunisien de demain Rapport
de séminaire
Tunis, Hôtel Golden Tulip Gammarth, 25 octobre 2016
Mardi 25 Octobre 2016Hôtel Golden Tulip Gammarth
Quelle Tunisie dans 10 ans ? Programme du séminaire stratégique:
08.30 - 09:00 : 09:00 - 09:15 :
09:15 - 09:30 :
09:30 - 09:45 :
09:45 - 10:00 :
Accueil et enregistrement
Mot de bienvenue de Dr. Hatem Ben Salem, Directeur Général de lʼITES.
Allocution du Dr. Semira Merai, Ministre de la Santé.
Dr. Hardy Ostry, Représentant de la KAS.
Pause café
10:00 - 12:00 :
14:00 - 17:00 : Atelier 1 :
Atelier 2 :
Atelier 3 :
Nb :
TRAVAUX EN ATELIERS
L̓ hôpital, un lieu de séjour : Présidents de la séance : Mme. Sonya Khayat et le Dr. Khaldoun Bardi.
L'hôpital, structure de soins intégrée dans un réseau de prestataires : Présidents de la séance : Dr. Hedi Achouri et M. Mohamed Hedi Amamou.
L'hôpital, un condensé de technologies en évolution rapide : Présidents de la séance : Mme. Soumaya Ben Letaïfa et le Dr. Ali Harmel.
Atelier 4 : L'hôpital, entreprise économique :Présidents de la séance : M. Jamel Hakim et M. Mekki Medimagh.
Atelier 5 : L'hôpital, structure sociale :Présidents de la séance : Mme Aouatef Boughnim et le Pr. Jalel Gargouri.
La pause café se déroulera durant les ateliers.
12:00 -13:00 : Débat17:00 -17:30 :
Clôture.
Restitution
SEANCE PLENIERE
Intervention du Pr. Nabiha Falfoul Borsali :« Le système de santé en Tunisie : Situation et réforme ».
Intervention du Dr. Mohamed Dhraief : « Infrastructure Hospitalière en Tunisie : État des Lieux ».
Intervention du Dr. Bernhard Wedeking : « Les principes du système de santé en Allemagne ».
Introduction au cadre général de la conférence présentée par le Pr. Noureddine Bouzouaya, Président du comité de pilotage du séminaire, « lʼhôpital tunisien de demain».
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13:00 -14:00 : Déjeuner17:30 :
L’hôpital tunisien de demain
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L’HÔPITAL TUNISIEN DE DEMAIN
Dans le cadre de son étude stratégique " Quelle Tunisie dans dix ans ? ", l'Institut
Tunisien des Études Stratégiques (ITES) a organisé, en collaboration avec la fondation
allemande Konrad Adenauer Stiftung (KAS), un séminaire stratégique portant sur le
thème : " L’hôpital tunisien de demain ".
Cette rencontre qui s’est tenue le mardi 25 octobre 2016 à l’hôtel Golden Tulip –
Gammarth, a réuni les acteurs clés du système de santé à l’échelle nationale ainsi que
des experts internationaux.
Ce séminaire a constitué un forum d’échanges et de débat avec les décideurs impliqués
dans la réforme de l’hôpital.
Il a comporté une série de conférences introductives et d’ateliers de travail qui ont
permis d’établir un état des lieux du milieu hospitalier en Tunisie, de dégager les
priorités stratégiques à mettre en œuvre sur le court terme et d’alimenter la réflexion
dans le cadre des travaux stratégiques et prospectifs pilotés par l'ITES, notamment
l’étude globale, inclusive et participative "Quelle Tunisie dans dix ans ?".
Les différents ateliers organisés lors de ce séminaire ont porté sur les aspects suivants :
L'hôpital, un lieu de séjour
L'hôpital, structure de soins intégrée dans un réseau de prestataires
L'hôpital, un condensé de
technologies en évolution
rapide
L'hôpital, structure
sociale
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I. L’hôpital, un lieu de séjour
L’atelier de travail consacré à la thématique de l’hôpital en tant que lieu de séjour
a contribué à poser les problématiques essentielles et à identifier les actions à
mettre en oeuvre pour pallier les contraintes et apporter les réponses aux
questions posées par les participants.
1- Problématiques
a) Quelle est la place de l’hôpital dans le système de santé ?
b) Un hôpital pour tous ou deux hôpitaux par types de malades différents ?
2- Les changements critiques
a) Attentes des usagers : accueil/continuité, etc.
b) Evolution des technologies médicales au sens large ;
c) Ecosystème dynamique ;
d) Une architecture qui est en déphasage par rapport au fonctionnement ;
e) De l’hospitalisation classique vers une hospitalisation de jour et à domicile ;
f) Professionnalisme ;
g) Hygiène hospitalière.
3- Actions à mettre en œuvre
a) Réorganisation de l'offre de soins dans le cadre d'un plan de développement
global et régional (inclusif et solidaire entre les régions et entre les
générations) ;
b) Instauration de mécanismes d’évaluation : normes et standardisation/
tableau de bord ;
c) Mise en place d’un système d'information intégré ;
d) Partenariat public/privé ;
e) Hôpital : lieu de vie durable intégré dans son milieu ;
f) Financement basé sur la performance.
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II. L'hôpital, structure de soins intégrée dans un réseau de
prestataires
Dans le même état d’esprit, le second atelier consacré à l’intégration des soins s’est
penché sur l’identification des changements critiques, les inerties et les actions à
entreprendre.
1- Les Changements Critiques
a) Facteurs humains :
• Les motivations, les comportements et le sentiment d’appartenance des
professionnels de santé ;
• Les comportements de la population, sa confiance dans les structures de
soins & culture citoyenne.
b) Les transitions socioculturelles et économiques et les capacités d’adaptation des
hôpitaux ;
c) La volonté politique variant à chaque changement de ministre ;
d) Les moyens financiers aléatoires face à une situation d’insuffisance de liquidités
conjugués au déficit structurel de financement des hôpitaux publics ;
e) Les limites de la solidarité nationale pour la santé ?
2- Les Inerties
a) Le statut de fonctionnaire public des professionnels de santé ;
b) Cloisonnement et organisation de l’hôpital en silos professionnels ;
c) Les résistances aux changements des professionnels de santé et de leurs
organisations professionnelles ;
d) Les capacités réduites de mise en œuvre et de suivi des programmes et actions
élaborés ;
e) L’absence de leadership ;
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f) Absence de tout moyen de valorisation de l’effort et de sanction de la faute ;
g) Instabilité politique ;
h) Dégradation de la valeur du service public et faible partage des valeurs
organisationnelles.
3- Actions à mettre en œuvre
a) Elaborer une politique/stratégie nationale de santé :
b) Promouvoir la compétitivité de l’hôpital dans la perspective de l'exportation
des services de santé ;
c) Développer le recours au savoir et aux données factuelles probantes dans les
pratiques professionnelles, éléments importants dans tout processus
d'accréditation et d'amélioration de l’attractivité de l’hôpital ;
d) Mettre en place un système d’information sanitaire et informatiser le dossier
médical pour qu’il soit unique et partagé (y compris l’archivage électronique) ;
e) Se préparer à la nouvelle dynamique de décentralisation et de régionalisation
prévue par la Constitution :
Concertée, participative et
inclusive
Ecrite et publiée
Consensuelle
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• Redéfinir les limites de la région sanitaire ;
• Créer des Pôles de santé par région sanitaire (district) offrant des services
spécialisés de 3ème ligne ;
f) Redéfinir les rôles, missions et activités des niveaux hospitaliers : hôpitaux de
circonscription, régionaux et universitaires ;
g) Promouvoir la gouvernance hospitalière, managériale et clinique afin qu’elle
soit de plus en plus fédérative et centrée sur les patients, en particulier :
• Développer la gestion et la coordination des soins au sein d’une
institution pour qu’ils soient de qualité ;
• Evoluer vers une gestion basée sur les résultats et développer la gestion
des performances ;
• Recentrer l’hôpital autour du patient en veillant à la proximité dans le
cadre d’un parcours intégré de soins ;
• Promouvoir les alternatives à l’hospitalisation classique, notamment
l’hospitalisation à domicile, en assurant les mesures d’accompagnement
nécessaires ;
• Donner les moyens à l’hôpital pour qu’il constitue ses propres réseaux ;
• Promouvoir les partenariats externes de l’hôpital en particulier avec la
communauté scientifique.
h) Favoriser et institutionnaliser le « Développement Professionnel Continu » en
particulier dans les domaines de la communication et de l’éthique ;
i) Concevoir et mettre en œuvre les mécanismes qui permettent de développer les
capacités des patients (et leur entourage immédiat) pour qu’ils soient de réels
partenaires de soins tout au long de leur prise en charge (empowerment) ;
j) Développer le soutien social aux patients dans leurs parcours de soins,
notamment à travers les institutions dédiées et les organisations de la société
civile ;
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k) Améliorer la qualité et la sécurité des services dans le cadre des procédures
d’accréditation, en veillant à développer les capacités de l’Instance Nationale
d’Accréditation en Santé (INA Santé) ;
l) Généraliser la formation en Médecine (santé) de famille, organiser sa pratique
et adapter son organisation et son fonctionnement afin de mieux gérer les
parcours de soins, en prévoyant l’adaptation nécessaire de toute l’équipe de
santé ;
m) Promouvoir le Partenariat Public/ Privé dans le cadre d’une approche gagnant-
gagnant suffisamment flexible pour s’adapter à tous les cas particuliers ;
n) Motiver les professionnels de santé pour les retenir dans le secteur public en
adoptant des mesures incitatives ;
o) Améliorer l’accès physique et financier aux soins et aux services en veillant
notamment à la disponibilité des médicaments et des ressources technologiques
opérationnelles ;
p) Revisiter l’organisation et les modes de fonctionnement du transport sanitaire
pour le normaliser et améliorer son efficacité.
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Des rendez-vous à distance
Télémédecine et téléradiologie
Un système de régulation de la disponibilité des lits d’hospitalisation dans les
régions
Circuit du patient au sein d’un établissement pour
faciliter l’accomplissement des procédures administratives
Coordination inter-régionale
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III. L’Hôpital, structure sociale
Comprendre les enjeux de la communication aux différents niveaux de
l’organisation hospitalière permet, en retour, de mieux cerner les impacts des
changements. Ce troisième atelier de travail a ainsi permis aux participants
d’identifier les changements critiques à entreprendre et les actions à mettre en
œuvre.
1- Les Changements Critiques
a) Améliorer la charte du patient (droits et devoirs)1 :
Droit du patient à :
b) Agir sur l’encombrement des espaces ;
c) Améliorer la capacité d’adaptation des professionnels : volet management et
volet psycho-social ;
d) Instaurer de nouvelles méthodes de prise en charge et des alternatives à
l’hospitalisation complète ;
L’information
La communication
L’orientation
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e) Impliquer la société civile, comme l’association des patients.
2- Actions à mettre en œuvre
a) Revoir la charte dans le cadre d’une approche participative afin qu’elle soit
abordable et accessible aux intéressés ;
b) Sensibiliser et organiser des cycles de formation en la matière avec un suivi du
changement de comportement ;
c) Elargir la consultation sur toute la journée ;
d) Etablir un système des rendez-vous à distance et développer/exploiter les trois
niveaux de soins ;
e) Renforcer la formation initiale et continue en associant tous les professionnels
de la santé : médicaux, juxta-médicaux, paramédicaux, administratifs, etc.
f) Développer ou créer :
Hôpital de jour Chirurgie
ambulatoire Hospitalisation
à domicile Famille
d’accueil
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g) S’intéresser, entre autres, à :
h) Bénévolat.
IV. L'hôpital, un condensé de technologies en évolution rapide
L’atelier consacré à l’évolution de la technologie hospitalière a abouti à
l’identification des facteurs de changement et des actions à mettre en œuvre.
1- Facteurs de changement
a) Facteurs règlementaires
• Règlementation : importance d’un cadre règlementaire en Tunisie pour la
pratique de la télémédecine et pour l'Hébergement et le traitement des
Données Personnelles Médicales. Ce cadre devrait être conforme aux
réglementations en vigueur avec les pays vers lesquels l'export des services
de santé sera envisagé ;
• Normalisation : importance de normes nationales aussi bien pour la
gestion de l'Hôpital que pour la qualité des services qui seront fournis par
l’Hôpital ;
La participation à la vie sociale
La participation à l’Education des patients
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• Confidentialité des informations (cloud souverain).
b) Facteurs humains
• Education et « Empowerment » du patient. Cela se décline autour de deux
axes principaux : la prévention et une responsabilisation du patient dans la
prise en charge de ses propres maladies (par exemple : maladies chroniques
ou les maladies longues durées). Formation des
gestionnaires/administrateurs publics/ personnel médical et paramédical
aux nouvelles technologies/ les meilleures pratiques de gestion/ l’hygiène/
la propreté/ aux normes internationales.
• Gouvernance : gestion des APO ; qui fait quoi, comment, pourquoi ?
c) Facteurs technologiques
• Santé : capitaliser sur l’accès au mobile pour s'appuyer sur les technologies
mobiles afin d'offrir des services liés à la santé de qualité optimale et
accessibles à tous de n’importe quel lieu ;
• E-santé : s'appuyer sur les technologies des TICS pour offrir des services liés
à la santé ;
• Télésanté : promouvoir l'information autour de la santé sur des supports tels
que le wew ;
• Télé services pour faciliter au patient l'entrée en contact avec les
Etablissements de Santé de référence ;
• Robotisation.
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2- Actions à mettre en œuvre
a) Diffusion des valeurs solidarité, équité, éthique et mise en place du dossier patient
unique ;
b) Définir une vision globale centrée sur le patient et sur son parcours de soins : de la
prévention à la prise en charge sanitaire et au suivi. Dans cette vision, il est essentiel
de consolider les structures de base et intermédiaires afin d'éviter que les patients
aient recours systématiquement aux CHU, qui sont des centres de spécialités,
(désengorgement des CHU) ;
c) Mapping de l’écosystème : patients, établissements de soins (les 3 lignes de santé),
cliniques, médecine de ville, personnel administratif, médical, paramédical,
familles des patients, pharmacies, organismes payeurs, etc.
d) Numérisation : systèmes robustes, fiables, sécurisés et confidentiels pour fluidifier
les relations entre les différents intervenants du parcours du patient ;
e) Robotisation au niveau chirurgicale ;
f) Améliorer les conditions d’accueil, RDV à distance, etc.
g) Développer la télémédecine pour :
a. Offrir des services de soins de meilleure qualité à des coûts mieux maîtrisés ;
b. Réduire le gap entre hôpitaux de la côte saturés et ceux des régions ;
c. Réduire le problème de manque de spécialistes en régions.
h) Former le personnel en gestion des équipements ;
i) Mise en place de normes nationales pour la bonne gouvernance et jeter les bases
d’une nouvelle notoriété internationale ;
j) Développer la médecine de famille pour désengorger les 3èmes lignes ;
k) Mettre en place des réglementations sur l'hébergement et le traitement des données
de santé et la télémédecine.