RecheRcheAgRonomiqueSuiSSe
F é v r i e r 2 0 1 3 | N u m é r o 2
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Production animale Engraissement de poulets et de lapins de chair suisses; rejets d’azote, de phosphore
et de potassium Pages 60 et 92
Production végétale Apports en éléments nutritifs sur le blé d’automne – à partir de quand deviennent-ils
limitants? Page 74
Eclairage Surfaces nécessaires à l'alimentation de l’agglomération bâloise mises en image Page 88
Dans l’engraissement de poulets et de lapins de chair, les rejets d’azote, de phosphore et de potassium sont impor-tants. Deux chercheurs (ALP-Haras et HAFL) ont analysé les teneurs en éléments nutritifs dans les aliments pour ani-maux, la viande et les rejets de poulets et de lapins de chair de production suisse. Leurs résultats sont résumés dans deux article du présent numéro. (Photo: Bell AG, Zell)
ImpressumRecherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz est une publication des stations de recherche agronomique Agroscope et de leurs partenaires. Cette publication paraît en allemand et en français. Elle s’adresse aux scientifiques, spécialistes de la recherche et de l’industrie, enseignants, organisations de conseil et de vulgarisation, offices cantonaux et fédéraux, praticiens, politiciens et autres personnes intéressées.
EditeurAgroscope
Partenairesb Agroscope (stations de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW;
Agroscope Liebefeld-Posieux et Haras national suisse ALP-Haras; Agroscope Reckenholz-Tänikon ART)
b Office fédéral de l’agriculture OFAG, Berneb Haute école des sciences agronomiques forestières et alimentaires HAFL, Zollikofenb Centrale de vulgarisation AGRIDEA, Lausanne et Lindau b Ecole polytechnique fédérale de Zurich ETH Zürich,
Département des Sciences des Systèmes de l'Environnement
Rédaction Andrea Leuenberger-Minger, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP, Case postale 64, 1725 Posieux, Tél. +41 26 407 72 21, Fax +41 26 407 73 00, e-mail: [email protected]
Judith Auer, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, Case postale 1012, 1260 Nyon 1, e-mail: [email protected]
Team de rédaction Président: Jean-Philippe Mayor (Directeur général ACW), Sibylle Willi (ACW), Evelyne Fasnacht (ALP-Haras), Etel Keller-Doroszlai (ART), Karin Bovigny-Ackermann (OFAG), Beat Huber-Eicher (HAFL), Esther Weiss (AGRIDEA), Brigitte Dorn (ETH Zürich)
AbonnementsTarifsRevue: CHF 61.–*, TVA et frais de port compris(étranger + CHF 20.– frais de port), en ligne: CHF 61.–** Tarifs réduits voir: www.rechercheagronomiquesuisse.ch
AdresseNicole Boschung, Recherche Agronomique Suisse/Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP, Case postale 64, 1725 Posieux, tél. +41 26 407 72 21, Fax +41 26 407 73 00, e-mail: [email protected]
Changement d'adressee-mail: [email protected], Fax +41 31 325 50 58
Internet www.rechercheagronomiquesuisse.chwww.agrarforschungschweiz.ch
ISSN infosISSN 1663 – 7917 (imprimé)ISSN 1663 – 7925 (en ligne)Titre: Recherche Agronomique SuisseTitre abrégé: Rech. Agron. Suisse
© Copyright Agroscope. Tous droits de reproduction et de traduction réservés. Toute reproduction ou traduction, partielle ou intégrale, doit faire l’objet d’un accord avec la rédaction.
Indexé: Web of Science, CAB Abstracts, AGRIS
59 Editorial
Production animale
60 Performances en production cunicole suisse et
rejets d’azote, de phosphore et de potassium
Patrick Schlegel et Harald Menzi
Environnement
68 Symbiontes et arthropodes – quelles
implications pour la lutte biologique?
Alexandre Aebi et Renate Zindel
Production végétale
74 Apports en éléments nutritifs sur le blé
d’automne – à partir de quand deviennent-ils
limitants?
Lucie Gunst, Walter Richner, Paul Mäder et
Jochen Mayer
Production végétale
82 Sensibilité initiale de la septoriose du blé aux
fongicides SDHI (carboxamides)
Stéphanie Schürch et Thibaut Cordette
Eclairage
88 Surfaces nécessaires à l'alimentation de
l’agglomération bâloise mises en image
Adrian Moser et Claude Lüscher
Eclairage
92 Teneurs en azote et en minéraux des
poulets de chair
Patrick Schlegel et Harald Menzi
Eclairage
96 L’agriculture brésilienne a le vent en poupe
Urs Gantner
99 Portrait
100 Actualités
103 Manifestations
Listes variétales Encarts Listes recommandées des variétés de soja
et pois protéagineux pour la récolte 2013 Raphaël Charles et Jürg Hiltbrunner Liste recommandée des variétés de tournesol pour la récolte 2013 Didier Pellet Liste recommandée des variétés de maïs pour la récolte 2013 Alice Baux, Jürg Hiltbrunner, Jean-François
Collaud, Ulrich Buchmann et Mario Bertossa
SommaireFévrier 2013 | Numéro 2
Editorial
59Recherche Agronomique Suisse 4 (2): 59, 2013
R & D dans la culture du colza: coup d’œil dans le rétroviseur et perspectives
Chère lectrice, cher lecteur,
En Suisse, les surfaces de colza ont augmenté de 60 % ces 15 dernières années.
Si l’utilisation industrielle de l’huile de colza comme bio carburant contribue
à son expansion au niveau européen et mondial, c’est l’usage principalement
alimentaire qui soutient son développement en Suisse.
A l’heure où Agroscope organise un symposium international sur le colza
du 28 avril au 1er mai 2013 à Changins, revenons sur l’évolution de la culture
en Suisse et sur les résultats obtenus par Agroscope pour améliorer la pro-
ductivité du colza et la qualité de son huile.
Les rendements du colza ont progressé de 5 dt/ha en 12 ans et sont com-
parables à ceux obtenus en France, même si un quart des surfaces est cultivé
en Suisse en «extenso». Le choix des variétés les mieux adaptées à nos condi-
tions a significativement contribué à cette progression de productivité.
L’adoption rapide de variétés hybrides par les agriculteurs suisses (87 % des
surfaces en 2006, contre 25 % en France) a permis de réduire de 40 % les
densités de semis élevées pratiquées antérieurement. Pour tenir compte
de la progression des rendements, la norme de fumure azotée du colza a
été relevée de 20 unités et atteint aujourd’hui, sous certaines conditions,
160 kg N/ha. Avec la baisse bienvenue des polluants soufrés dans l’air, des
apports de 30 ou 60 kg S/ha sont désormais souvent nécessaires pour éviter
les carences. Malgré l’affinement de ces techniques et d’autres succès en
protection des végétaux, des variations annuelles de rendement de plus de
30 % restent encore difficiles à maîtriser. La météo durant la période de flo-
raison du colza (rayonnement/température) explique la moitié de cette
variabilité.
En matière de qualité, la composition en acides gras de l’huile est essen-
tielle. La teneur élevée en Omega-3 (8 à 10 %) du colza classique pour la
cuisine froide est bénéfique pour la santé humaine. Le colza HOLL repré-
sente aujourd’hui 30 % des surfaces. Pour résister aux hautes températures
de la friture, son huile doit avoir une teneur en Omega-3 aussi basse et stable
que possible (actuellement 2,5 à 3 % ). On sait maintenant que le contrôle
des repousses de colza classique dans un champ de colza HOLL et la tempé-
rature durant la croissance du grain sont les deux facteurs qui influencent le
plus la teneur en Omega-3, donc la qualité et la valeur du produit.
Ces prochaines années, il s’agira d’obtenir des teneurs inférieures à 2 %
d’Omega-3 pour le colza HOLL, grâce à de nouvelles variétés, un contrôle
encore plus efficace des repousses de colza classique et une meilleure com-
préhension des effets du climat sur la synthèse des acides gras. Pour les deux
segments de marché, la proportion de colza dans la rotation devra être redé-
finie et des techniques culturales toujours plus économes en intrants déve-
loppées. A plus long terme, la R&D d’Agroscope devra contribuer à d’autres
améliorations pour une agriculture compétitive et une alimentation saine
au profit de notre société.
Didier Pellet, chef de groupe Céréales panifiables, Oléagi-neux, Pomme de terre; Agroscope ACW
60 Recherche Agronomique Suisse 4 (2): 60–67, 2013
I n t r o d u c t i o n
Au cours des 20 dernières années, la détention profes-
sionnelle de lapins s’est profondément modifiée en rai-
son de la production séparée de l’élevage et de l’engrais-
sement. De plus, avec l’apparition de grandes unités de
production cunicole, le flux en éléments nutritifs de
l’azote (N), du phosphore (P) et du potassium (K) issu de
cette branche de production peut représenter une part
essentielle des flux en éléments nutritifs de l’exploita-
tion agricole. Les rejets d’éléments nutritifs s’appuient,
selon les «Données de base pour la fumure des grandes
cultures et des herbages» (Sinaj et al. 2009), sur des
calculs de 1990 effectués à partir de données provenant
d’exploitations cunicoles mixtes et sans consommation
de fourrage. Certes, des valeurs séparées pour les lapines
et les lapins d’engraissement ont été dérivées plus tard,
mais sans l’intégration de nouvelles données de produc-
tion ou d’indications relatives à l’alimentation (Agridea
et OFAG 2010).
Ce travail visait à relever, par le biais d’une enquête,
les flux en éléments nutritifs de la production cunicole
professionnelle. Les teneurs en éléments nutritifs des
rations et des lapins prêts à l’abattage ont été rééva-
luées et les rejets de N, de P et de K ont été calculés
séparément pour l’élevage et l’engraissement.
M a t é r i e l e t m é t h o d e s
La présente enquête a été menée auprès de sept exploita-
tions d’élevage et douze exploitations d’engraissement,
affiliées à deux organisations de production. Sur chaque
exploitation, on a recensé des données de production
(mode de détention, génétique, alimentation et perfor-
mances) de même que le nombre d’animaux et de places
utilisées. Les données de production suivantes ont été
relevées: a) poids vif (PV) moyen des lapines, cycle de sail-
lie, nombre de portées par an, quantité de fourrage et
d’aliment concentré distribuée par an, b) âge de sevrage
des lapereaux, PV au sevrage, quantité de fourrage et
d’aliment concentré distribuée par an, c) âge et PV des
lapereaux lors du transfert à l’engraissement, nombre
d’animaux transférés par an à l’engraissement, quantité
de fourrage et d’aliment concentré distribuée par an, d)
taux de remontes, quantité de fourrage et d’aliment
concentré distribuée par an, e) nombre de places utilisées
par des lapins d’engraissement, rotations annuelles, jours
Portée de lapereaux nouveaux-nés. (Photo: ALP-Haras)
Patrick Schlegel1 et Harald Menzi2
1Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP-Haras, 1725 Posieux, Suisse2Haute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires HAFL, 3052 Zollikofen, Suisse
Renseignements: Patrick Schlegel, e-mail: [email protected], tél. +41 26 407 72 75
Performances en production cunicole suisse et rejets d’azote, de phosphore et de potassium
P r o d u c t i o n a n i m a l e
Performances en production cunicole suisse et rejets d’azote, de phosphore et de potassium | Production animale
61
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é
Recherche Agronomique Suisse 4 (2): 60–67, 2013
Ce travail visait à relever, par le biais d’une
enquête, la consommation de fourrage et les
rejets d’azote (N), de phosphore (P) et de
potassium (K) dans des exploitations d’éle-
vage et d’engraissement cunicole profession-
nel. Les lapines avaient en moyenne 6,4
portées par an. Les lapereaux étaient sevrés
entre 24 et 35 jours en fonction du mode de
détention post-sevrage. En engraissement,
5,2 rotations ont été effectuées par an, un
poids à l’abattage de 2,9 kg a été obtenu
avec un gain de poids de 42 g/jour et un
indice de consommation de 4,17. Basées sur
la matière fraîche, les teneurs corporelles en
N, en P et en K s’élevaient à respectivement
30,4, 6,5 et 3,1 g/kg et les teneurs alimen-
taires à des valeurs entre 21,4 et 23,8 g N, 5,0
et 6,0 g P et entre 13,5 et 14,9 g K selon la
catégorie animale. La part de fourrage dans
la ration était de 20 % chez les lapines, 15 %
chez les remontes et 9 % chez les lapins
d’engraissement. Les rejets annuels de N et
de P se sont révélés plus bas dans l’élevage
et plus élevés dans l’engraissement que les
valeurs utilisées jusqu’à présent. Les rejets
annuels de K étaient sensiblement plus
élevés dans la production cunicole que
supposé jusqu’à présent.
de vide sanitaire, âge et PV des animaux en début et en
fin d’engraissement, taux de mortalité. Dans chaque
exploitation, des échantillons des aliments concentrés dis-
tribués ont été prélevés et analysés quant à leur teneur en
matière sèche (MS), en N, en P et en K.
Les rejets d’éléments nutritifs (N, P et K) ont été
déterminés au moyen d’un bilan import/export pour
chaque exploitation, en tenant compte des données
relatives à l’alimentation et aux performances spéci-
fiques de chacune d’elles. Dans les exploitations d’éle-
vage, la quantité de fourrage et d’aliment concentré
distribuée aux lapines et aux lapereaux a été prise en
compte pour l’import d’éléments nutritifs. Le PV des
lapereaux lors du transfert à l’engraissement a été quant
à lui pris en compte pour l’export d’éléments nutritifs.
Dans les exploitations d’engraissement, c’est le PV de
début d’engraissement et la quantité de fourrage et
d’aliment concentré distribuée qui ont été pris en
compte pour l’import d’éléments nutritifs et, pour
l’export d’éléments nutritifs, le PV de fin d’engraisse-
ment, les jours d’engraissement et le taux de mortalité.
La différence entre import et export d’éléments nutri-
tifs représente la quantité rejetée d’éléments nutritifs
issue de la production cunicole et accumulée sur l’exploi-
tation agricole. Pour toutes les exploitations, les mêmes
teneurs ont été utilisées pour le fourrage (foin extenso
avec 69 g MA, 2 g P, 17 g K/kg MF) et pour les animaux.
Les rejets d’éléments nutritifs ont été calculés pour
quatre catégories: «lapine», «remonte âgée de < 100
jours», «remonte âgée de > 100 jours» et «lapin d’en-
graissement». Les rejets annuels d’éléments nutritifs des
exploitations d’élevage ont été indiqués, pour les
lapines, par lapine et par an ou par 100 lapereaux trans-
férés à l’engraissement et, pour les remontes, par ani-
mal ou par lapine. Quant aux rejets annuels en éléments
nutritifs des exploitations d’engraissement, ils ont été
indiqués par place d’engraissement et par an de même
que par 100 animaux vendus.
La teneur en éléments nutritifs des lapins a été
déterminée sur quatre lapins prélevés à l’abattoir (corps
entiers, y compris abats, saignés, peau séparée du corps,
congelés). Le sang n’a pas été récupéré. Avant la prépa-
ration des échantillons, les corps et les peaux ont été
pesés. Les corps ont été dépecés en petits morceaux,
congelés avec de l’azote liquide puis finement moulus
(1 mm). Chaque morceau de corps moulu a été lyophilisé
puis rassemblé en un seul échantillon par animal. Un
échantillon a été coupé dans chaque peau de lapin. Les
échantillons de corps et de peau ont été analysés quant
à leur matière sèche (MS) et leurs teneurs en cendres
brutes (CB), en N, en Ca, en P, en Mg, en K, en Na, en Cu,
en Fe, en Mn et en Zn.
par kg MS par kg MF
Ø e-type Ø e-type norme1
MS [g] 333 38
N [g] 91,3 10,8 30,4 3,6 25,0
CE [g] 113,0 19,1 37,6 6,4
Ca [g] 30,1 5,9 10,0 1,9
P [g] 19,5 3,1 6,5 1,0 5,0
Mg [g] 1,3 0,3 0,4 0,1
Na [g] 3,5 0,6 1,2 0,2
K [g] 9,2 0,9 3,1 0,3 2,0
Cu [mg] 9,0 2,7 3,0 0,9
Fe [mg] 111,9 23,1 37,2 7,7
Mn [mg] 11,2 3,9 3,7 1,3
Zn [mg] 82,1 15,3 27,3 5,11Agridea et OFAG, 2010.
Tableau 1 | Teneur corporelle de lapins d'engraissement
Production animale | Performances en production cunicole suisse et rejets d’azote, de phosphore et de potassium
62 Recherche Agronomique Suisse 4 (2): 60–67, 2013
Après incinération, la teneur minérale a été analysée par
spectrométrie d’émission optique à plasma et couplage
inductif (ICP-OES, Optima 7300 DV Perkin-Elmer, Waal-
tham, USA). La teneur en N a été déterminée après diges-
tion du matériel (Digestor, Foss; Suède) au moyen de la
méthode de Kjeldahl (Kjeltec 2400/2460, Foss, Suède). La
MS et les cendres brutes ont été déterminées à une seule
reprise, les teneurs en minéraux et en N à deux reprises et
la teneur en N de la peau à quatre reprises.
R é s u l t a t s e t d i s c u s s i o n
Performances de production
Les performances de production des exploitations d’éle-
vage figurent dans le tableau 2. Les exploitations d’éle-
vage ayant participé à l’enquête (fig. 1) se différencient,
selon l’organisation de production à laquelle elles sont
affiliées, par le mode de détention (individuel ou en
groupe) et la génétique (hybrides Zika et Hycole). Après
Figure 1 | Lapines détenues en groupe. (Photo: ALP-Haras)
unité Ø e-type Min Max norme1
Lapines
PV [kg] 4,6 0,4 4,0 5,1
Cycle de saillie [Jours] 38 7 32 51
Mises bas [N/lapine/an] 6,4 1,1 4,5 7,8
Laperaux sevrés [N/lapine/an] 45 10 33 60 40
Age de sevrage [Jours] 28 4 24 35
PV laperaux sevrés [kg] 0,60 0,18 0,45 0,90 0,60
Consommation [g/jour] 376 54 274 446 400
Lapereaux sevrés Nombre [N/lapine/an] 44 9 33 57
Consommation [g/jour] 89 28 66 128
Gain de poids [g/jour] 29 6 22 35
IC 3,17 0,98 1,89 4,04 3,20
Age début engraissement [Jours] 33 3 28 36
PV début engraissement [kg] 0,74 0,13 0,50 0,90 0,60
Remontes< 100 jours d'âge
Nombre [N/lapine/an] 0,36 0,16 0,12 0,46
Consommation [g/jour] 125 15 111 143
Remontes> 100 jours d'âge
Nombre [N/lapine/an] 0,23 0,13 0,04 0,30
Consommation [g/jour] 405 26 373 4341Agridea et OFAG, 2010.
Tableau 2 | Performances de production des élevages cunicoles
Performances en production cunicole suisse et rejets d’azote, de phosphore et de potassium | Production animale
63Recherche Agronomique Suisse 4 (2): 60–67, 2013
sa grande variabilité (22 %). Lors du transfert à l’engrais-
sement, le PV des lapins dépendait de l’âge et de la
durée de séjour dans la nurserie. La remonte de lapines
a été réalisée soit par élevage au sein même de l’exploi-
tation (taux moyen: 60 %) et/ou par l’achat de jeunes
lapines non portantes (âgées d’environ 100 jours).
Les exploitations d’engraissement ayant participé à
l’étude (fig. 3) détenaient leurs lapins en groupes avec
un système de stabulation particulièrement respectueux
des animaux (SRPA). La génétique utilisée étaient majo-
le sevrage, les lapins ont été transférés directement dans
les bâtiments d’engraissement (âge de sevrage entre 30
et 35 jours) ou détenus 6 à 11 jours supplémentaires
dans une «nurserie» (âge de sevrage entre 24 à 26 jours;
catégorie animale: lapereaux, fig. 2) avant d’être trans-
férés dans les bâtiments d’engraissement. Le nombre de
lapins sevrés par lapine et par an (Y) dépendait surtout
du cycle de saillie ou du nombre de portées (Y = 10,5 +
0,92 × cycle de saillie, P = 0,08, R2 = 0,48; Y = 5,3 + 6,3 ×
nombre de portées, P = 0,06, R2 = 0,53), ce qui explique
Figure 2 | Lapereaux détenus en nurserie durant une à deux semaines. (Photo: ALP-Haras)
unité Ø e-type Min Max norme1
Animaux vendus [N/an] 2562 1243 987 5401
Rotations [N/an] 5,2 0,2 5,0 5,5 8,0
Durée d'engraissement [jours/rotation] 53,3 6,3 42,6 63,0
Vide sanitaire2 [jours entre rotations] 17,5 5,6 10,0 28,0
PV début engraissement [kg/animal] 0,73 0,11 0,60 0,92
PV fin engraissement [kg/animal] 2,94 0,18 2,58 3,20
Gain de poids [g/animal/jour] 42,0 6,4 33,5 59,4 49,0
Consommation3 [g/animal/jour] 175 35 134 254 210
IC 4,17 0,59 3,25 5,50 4,29
Mortalité [%] 9,3 3,5 1,8 14,0
Production de PV4 [kg/place/an] 11,4 1,2 9,4 13,91Agridea et OFAG, 2010. 2Vide sanitaire = (365 - durée d'engraissement × rotations) / rotations. 3Dès la 2e semaine d'engraissement, le taux de mortalité était pris en compte pour la détermination des consommations. 4Production de PV = Gain de poids × durée d'engraissement × rotations.
Tableau 3 | Performances de production en engraissement cunicole
Production animale | Performances en production cunicole suisse et rejets d’azote, de phosphore et de potassium
64 Recherche Agronomique Suisse 4 (2): 60–67, 2013
ritairement l’hybride Zika, à l’exception de deux
exploitations qui détenaient l’hybride Hycole. Les per-
formances de production des 12 exploitations d’en-
graissement figurent dans le tableau 3. La consomma-
tion, le taux de mortalité et les jours de vide sanitaire
présentent des coefficients de variation de plus de
20 %. La variation du taux de mortalité et de la consom-
mation alimentaire a été influencée par une exploita-
tion en particulier qui possédait un nouveau bâtiment
d’engraissement, dans lequel les souillures, les bacté-
ries et d’autres facteurs de stress immunitaires ne
s’étaient pas encore établis et qui ont fort probable-
ment contribué à un taux de mortalité faible et à une
consommation élevée. L’indice de consommation
(consommation alimentaire/gain de poids, IC) pré-
sente un coefficient de variation de 15 %. Celui-ci a été
influencé par une exploitation en particulier, dans
laquelle la consommation de fourrage était impor-
tante (35 g/animal/jour). La taille des exploitations
(nombre d’animaux vendus par an) n’a pas exercé d’in-
fluence sur les données de production.
Teneurs et consommation de fourrage
Les lapins pesaient 2,78 ± 0,19 kg et leurs teneurs en élé-
ments nutritifs figurent dans le tableau 1. Les teneurs
corporelles en N, en P et en K étaient légèrement plus
élevées que les valeurs utilisées jusqu’à présent (respecti-
vement 25, 5 et 2 g/kg PV, Agridea et OFAG, 2010). Ces
dernières se situent toutefois dans l’intervalle des écarts
types respectifs.
Comparées aux teneurs utilisées jusqu’à présent
pour le calcul des bilans (Agridea et OFAG 2010), les
teneurs des rations d’élevage (tabl. 4) étaient infé-
rieures de 12 % pour N et de 20 % pour P, et supérieures
Figure 3 | Lapins engraissés en groupe. (Photo: ALP-Haras)
Performances en production cunicole suisse et rejets d’azote, de phosphore et de potassium | Production animale
65Recherche Agronomique Suisse 4 (2): 60–67, 2013
Rejets des exploitations d’élevage
Les rejets annuels d’éléments nutritifs des lapines étaient
accrus en fonction de l’augmentation du nombre de por-
tées. Les rejets annuels de N et de P des lapines étaient
de respectivement 19 et 25 % plus bas que les valeurs
d’Agridea et de l’OFAG (2010), mais de respectivement
31 et 9 % plus élevés que les données communiquées par
Qualinova (2008). Il en va de même lorsque les rejets
sont exprimés par 100 lapereaux transférés à l’engraisse-
ment. Les différences des teneurs alimentaires et le PV
supérieur de 18 % des lapereaux sont les raisons princi-
pales pouvant expliquer les différences avec les valeurs
d’Agridea et de l’OFAG (2010). La part rejetée de N, de P
et de K ingérés par les lapines est de respectivement 71,
75 et 95 %. Les rejets d’éléments nutritifs et la consom-
mation de fourrage des remontes âgées de <100 jours
s’élevaient en moyenne à 16,8 kg N, 3,9 kg P 11,7 kg K et
à 1,39 dt MS par 100 animaux et correspondaient aux
rejets des lapins d’engraissement. Les rejets de N, de P et
de K et la consommation de fourrage des remontes
entre le sevrage et la 1re mise bas (remontes âgées de <
100 jours et remontes âgées de > 100 jours) ne s’élevaient
respectivement qu'à 4,9, 4,4, 5,2 et 3,1 % de ceux des
lapines et se situaient dans l’intervalle de variation des
valeurs relatives aux lapines.
Rejets des exploitations d’engraissement
Chez les lapins d’engraissement, les rejets annuels de N,
de P et de K présentaient des coefficients de variation
élevés (de 20 à 22 %). L’indice de consommation (IC) a
influencé ces rejets de façon linéaire (N [kg / 100 ani-
de 50 % pour K. Quant aux rations d’engraissement
(tabl. 4), les teneurs étaient inférieures de 10 % pour N
et P et supérieures de 54 % pour K par rapport aux
teneurs utilisées jusqu’à présent pour le calcul des
bilans (Agridea et OFAG 2010). Autrefois, la distri-
bution de fourrage, qui est caractérisé par des teneurs
en N et en P plus basses et en K plus élevées que les
aliments concentrés, était négligeable dans la produc-
tion cunicole, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui. Avec
6,0 ± 0,2 g P / kg MF dans la ration d’engraissement
(~ 88 % MS), on dispose encore de suffisamment de
marge pour réduire les apports en P, car selon Lebas et
al. (1998), aucun effet négatif sur la croissance et la
résistance à la rupture de l’os n’a été observé avec une
teneur alimentaire passant de 6,6 à 3,0 g P/kg. De
même, Renouf et al. (2009) n’ont pas constaté de réper-
cussion négative sur la croissance des lapins lorsque la
ration d’engraissement était réduite de 6,0 à 3,5 g P/kg
MF (~88 % MS). En revanche, les rejets de P ont été
réduits de 50 %.
La consommation de fourrage et les rejets d’élé-
ments nutritifs des lapines (y compris les lapereaux),
des remontes (âgées de >100 jours jusqu’à la 1re mise
bas) et des lapins d’engraissement figurent dans le
tableau 5. La part de fourrage de la ration s’élevait à
20 ± 9 % chez les lapines, à 14 ± 4 % chez les remontes
âgées de >100 jours et à 8,9 ± 5 % chez les lapins d’en-
graissement. La variabilité des quantités de fourrage
distribuées était toutefois élevée: 40 % chez les lapines,
63 % chez les remontes et 51 % dans les exploitations
d’engraissement.
Ø e-type Min Max norme1
Lapines
N 23,0 1,5 20,1 24,8 26,2
P 5,6 0,3 5,0 5,9 6,7
K 13,5 1,8 10,7 14,8 9,0
Lapereaux sevrés
N 23,6 0,4 23,3 24,1
P 5,2 0,1 5,1 5,4
K 14,9 0,1 14,9 15,0
Remontes
N 21,4 1,3 20,3 23,3
P 5,0 0,2 4,7 5,2
K 14,3 1,5 11,5 15,1
Engraissement
N 23,8 0,7 22,4 24,7 26,2
P 6,0 0,2 5,5 6,3 6,7
K 13,8 1,2 10,1 14,6 9,01Agridea et OFAG, 2010.
Tableau 4 | Teneurs des rations alimentaires [g/kg MF]
66
Production animale | Performances en production cunicole suisse et rejets d’azote, de phosphore et de potassium
Recherche Agronomique Suisse 4 (2): 60–67, 2013
maux] = 3,85 × IC (P<0,001, R2 = 0,99, ETR = 1,7; P [kg /
100 animaux] = 1,03 × IC (P<0,001, R2 = 0,99, ETR = 0,48;
K [kg / 100 animaux] = 2,92 × IC (P<0,001, R2 = 0,99, ETR
= 1,25). Les rejets de N, de P et de K des lapins d’engrais-
sement (par place et par an) étaient de respectivement
31, 33 et 139 % plus élevés que les valeurs d’Agridea et
de l’OFAG (2010). Le nombre de rotations annuelles plus
élevé (5,2 contre 4,0 chez Agridea et l’OFAG, 2010)
explique ces différences. Toutefois, lorsque les rejets
sont exprimés sur la base de 100 animaux vendus, les
rejets de N et de P étaient comparables (respectivement
de + 8 et + 6 %), mais les rejets en K étaient sensiblement
plus élevés (+ 88 %) par rapport à ceux d’Agridea et de
l’OFAG (2010). Les rejets d’éléments nutritifs des lapins
d’engraissement étaient comparables aux valeurs com-
muniquées par Qualinova (2008). La part rejetée de N,
de P et de K ingérés par les lapins d’engraissement est de
respectivement 59, 65 et 93 %.
C o n c l u s i o n s
•• Les résultats de cette enquête montrent que les
teneurs corporelles en N, en P et en K des lapins
d’engraissement étaient légèrement plus élevées que
les valeurs utilisées jusqu’à présent.
•• Les teneurs en N et en P des rations étaient plus basses
et la teneur en K plus élevée que les valeurs utilisées
jusqu’à présent. La part de fourrage dans la ration cor-
respondait à respectivement 20, 15 et 9 % chez les
lapines, les remontes âgées de >100 jours et les lapins
d’engraissement.
•• Dans l’élevage, les rejets annuels de N et de P étaient
plus bas et dans l’engraissement plus élevés que les
valeurs utilisées jusqu’à présent.
•• Les rejets annuels de K étaient sensiblement plus
élevés dans la production cunicole que supposé
jusqu’à présent. n
unité Ø e-type Min Max norme1
Lapines
Par animal
N [kg/an] 2,58 0,64 1,76 3,26 3,20
P [kg/an] 0,65 0,14 0,41 0,78 0,86
K [kg/an] 2,05 0,53 1,05 2,55 1,27
Fourrage [dt MS/an] 0,363 0,158 0,147 0,585 0,000
Par 100 lapereaux transférés en en-
graissement
N [kg] 6,07 1,91 3,23 9,61 8,00
P [kg] 1,51 0,43 0,91 2,30 2,15
K [kg] 4,74 1,28 3,15 6,77 3,17
Fourrage [dt MS] 0,829 0,325 0,383 1,183 0,000
Remontes > 100 jours d'âge à 1re mise bas
Par animal
N [kg] 0,252 0,068 0,192 0,320
P [kg] 0,060 0,015 0,042 0,075
K [kg] 0,258 0,059 0,181 0,313
Fourrage [dt MS] 0,023 0,006 0,016 0,031
Par lapine
N [kg/an] 0,062 0,039 0,008 0,091
P [kg/an] 0,014 0,009 0,002 0,021
K [kg/an] 0,065 0,039 0,008 0,095
Fourrage [dt MS/an] 0,006 0,004 0,001 0,009
Engraissement
Par 100 animaux
N [kg] 15,22 3,21 8,87 20,88 14,10
P [kg] 4,12 0,91 2,51 5,77 3,90
K [kg] 12,04 2,38 8,54 16,92 6,40
Fourrage2 [dt MS] 0,820 0,467 0,221 2,086 0,000
Par place d'engraissement
N [kg/an] 0,79 0,17 0,44 1,04 0,60
P [kg/an] 0,21 0,05 0,13 0,29 0,16
K [kg/an] 0,62 0,13 0,43 0,85 0,26
Fourrage2 [dt MS/an] 0,042 0,023 0,011 0,104 0,0001Agridea et OFAG, 2010. 2Dès la 2e semaine d'engraissement, le taux de mortalité était pris en compte pour la détermination des consommations.
Tableau 5 | Consommation de fourrage et rejets en éléments nutritifs en production cunicole
67
Performances en production cunicole suisse et rejets d’azote, de phosphore et de potassium | Production animale
Ria
ssu
nto
Sum
mar
y
Rabbit breeding and excretions of
nitrogen, phosphorus and potassium
The aim of this study was to evaluate,
by means of a survey, the forage
intake and nitrogen (N), phosphorus
(P) and potassium (K) excretions in
breeding and fattening rabbit farms.
The does produced an average of
6,4 litters a year and kittens were
weaned between 24 and 35 days. In
the fattening units, 5,2 stock rotations
were accomplished a year and a final
weight of 2,9 kg was reached with an
average gain of 42 g/d and a feed
conversion ratio 4,17. Based on fresh
matter, the N, P and K contents of
rabbits were respectively 30,4, 6,5 and
3,1 g/kg. The dietary contents ranged
between 21,4 and 23,8 g N, 5,0 and
6,0 g P and between 13,5 and 14,9 g K
depending on the animal category.
Forage intake represented 20, 15 and
9 % of total intake by does, young
breeding stock and fattening rabbits
respectively. The annual excretion of N
and P was lower than the currently
used standards in rabbit breeding but
higher in rabbit fattening. The annual
K excretion was considerably higher
than currently believed in cuniculture.
Key words: rabbit, excretion, nitrogen,
phosphorus, potassium.
Produzione svizzera di conigli e
emissioni di azoto, fosforo e potassio
L'obiettivo di questo lavoro era di
rilevare, attraverso un'indagine tra le
aziende, il consumo di foraggio grezzo
e le emissioni di azoto (N), fosforo (P) e
potassio (K) nella produzione di conigli
professionalmente ripartita tra
allevamento e ingrasso. Ogni anno le
coniglie da allevamento registravano
in media 6,4 nidiate. Gli animali
giovani, a seconda della detenzione,
sono stati venduti a un'età tra 24 e
35 giorni. Nell'ingrasso, sono stati
eseguiti mediamente 5,2 cicli con una
crescita media di 42 g al giorno,
raggiungendo un peso finale di 2,9 kg
e una valorizzazione di 4,17. Sulla base
della sostanza fresca il contenuto
corporeo in azoto, fosforo e potassio
ammontava a 30.4, 6,4 e 3,1 g/kg e nei
foraggi a dipendenza della categoria di
animale tra 21,4 e 23,8 g di N, 5,0 e
6,0 g di P e 13,5 e 14,9 g di K. La parte
di foraggio grezzo nella razione per
coniglie da allevamento, rimonte e
conigli da ingrasso è stato rispettiva-
mente del 20, 15 e 9 per cento. I valori
annuali di azoto e fosforo nelle
deiezioni erano, contrariamente ai
valori finora utilizzati, inferiori
nell'allevamento, mentre risultavano-
superiori nell'ingrasso e quelli di
potassio erano notevolmente superiori
nella produzione di conigli rispetto a
quanto finora supposto.
Recherche Agronomique Suisse 4 (2): 60–67, 2013
Bibliographie b Agridea et Office fédéral de l‘agriculture, 2010. Guide Suisse-Bilanz 1.8, 1 – 24.
b Agroscope, 2009. Données de base pour la fumure des grandes cultures et des herbages (DBF-GCH). Revue suisse d’Agriculture 41 (1), 1–98.
b Lebas F., Lamboley-Gaüzère B., Delmas D. & Auvergne A., 1998. Inci-dence du taux de phosphore alimentaire sur la croissance des lapins, leurs caractéristiques à l'abattage et la résistance mécanique des os. 7èmes Journ. Rech. Cunicole, 171–174.
b Qualinova, 2008. Lettre à l’Office fédéral de l’agriculture «Anfrage Beurteilung Nährstoffbilanz Kaninchen». 12.09.2008.
b Renouf B., Mascot N. & Picot A., 2009. Réduction des apports de phos-phore et de protéines dans l'alimentation des lapins en engraissement: In-térêt zootechnique et environnemental. Cuniculture Magazine 36, 9–11.
68 Recherche Agronomique Suisse 4 (2): 68–73, 2013
I n t r o d u c t i o n
De nombreux arthropodes sont responsables de pertes
économiques importantes en agriculture. L’émergence
ou la réémergence de ravageurs de cultures représente
un défi continu pour l’agriculture et l’environnement.
La lutte biologique, qui consiste en l’utilisation des
ennemis naturels (arthropodes, nématodes, bactéries,
champignons ou virus) des ravageurs de culture, est
couramment utilisée en Suisse, avec 53 espèces homolo-
guées à ce jour.
La majorité des arthropodes vivent en association
avec de nombreuses bactéries endosymbiontiques (bac-
téries vivant à l’intérieur des cellules de leurs hôtes, sou-
vent dans les tissus reproducteurs, voir fig. 1). Par
exemple, les endosymbiontes (ES) Wolbachia et Cardi-
nium infectent 66 % et 7 % (Zindel et al. 2011) des
espèces d’insectes. En outre, 52 % des espèces de cocci-
nelles (plusieurs espèces sont utilisées comme auxiliaires
contre les pucerons) seraient infectées par au moins une
des bactéries suivante: Wolbachia, Rickettsia ou Spiro-
plasma (Weinert et al. 2007). Les relations entre arthro-
podes et bactéries sont de plusieurs types. Les sym-
biontes obligatoires (ou primaires) sont impliqués dans
les fonctions vitales de leurs hôtes. La perte de ces bac-
téries signifierait donc la mort de leurs hôtes. Par
exemple, Buchnera aphidicola, le symbionte obligatoire
du puceron du pois Acyrthosiphon pisum, lui fournit des
acides aminés essentiels, absents de son régime alimen-
taire. Au contraire, les symbiontes facultatifs (ou secon-
daires), dont font partie les ES, ne sont pas indispen-
sables à leur hôte; leur présence peut avoir un effet
neutre, positif ou négatif sur la nutrition, reproduction
ou la survie de leur hôte.
Certains ES sont connus pour leur influence sur la
stratégie reproductive de leurs hôtes (O’Neill et al. 1997).
Comme ces bactéries sont transmises verticalement (de
la mère à sa descendance), elles ont développé diffé-
rentes stratégies afin de favoriser la reproduction des
femelles infectées par rapport aux femelles non-infec-
tées et de favoriser ainsi leur propre transmission. A
l’image d’une souche de Wolbachia infectant un acarien
phytophage du genre Bryobia, certains ES sont capables
de transformer une espèce se reproduisant de manière
sexuée en une espèce parthénogénétique (asexuée ou
clonale). D’autres bactéries on le pouvoir d’empêcher le
développement d’embryons issus du croisement entre
mâles infectés et femelles non-infectées en induisant
une incompatibilité cytoplasmique. Un tel phénomène a
été décrit chez le parasitoïde hyménoptère Encarsia per-
gandiella infecté par Cardinium. Toujours dans le monde
des parasitoïdes, une souche de Cardinium est capable
de transformer un individu de l’espèce Encarsia hispida
génétiquement mâle en une femelle fonctionnelle. Cet
effet est appelé féminisation. Chez les arthropodes
déposant leurs œufs de manière groupée, les individus
fraîchement éclos représentent souvent un premier
repas apprécié pour de jeunes larves. Chez la coccinelle
Adalia bipunctata, plusieurs bactéries héritées de la
mère tuent sélectivement les embryons mâles. Cet
apport de nourriture permet au femelles, issues de la
même mère infectée, de se développer plus rapidement
et de ce fait augmente leur compétitivité par rapport
aux femelles issues de mères non-infectées.
Une autre stratégie pour se propager au sein de la
population de son hôte est de se rendre indispensable à
Le régime alimentaire de l'acarien Rhizoglyphus robini dépend de la composition de son microbiome.
Alexandre Aebi1 et Renate Zindel2
1Université de Neuchâtel, 2000 Neuchâtel, Suisse2Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, 8046 Zurich, Suisse
Renseignements: Alexandre Aebi, e-mail: [email protected], tél. +41 32 718 31 47
Symbiontes et arthropodes – quelles implications pour la lutte biologique?
E n v i r o n n e m e n t
Symbiontes et arthropodes – quelles implications pour la lutte biologique? | Environnement
69
Rés
um
é
Recherche Agronomique Suisse 4 (2): 68–73, 2013
La majorité des arthropodes vivent en associa-
tion avec de nombreuses bactéries. Alors que
certaines bactéries sont impliquées dans les
fonctions vitales de leurs hôtes, d’autres ne
leur sont pas indispensables et leur présence
peut avoir un effet neutre, positif ou négatif
sur la nutrition, reproduction ou la survie de
leur hôtes. Certains endosymbiontes sont
connus pour leur influence sur la stratégie
reproductive de leurs hôtes. Transmises
verticalement, ces bactéries ont développé
différentes stratégies pour favoriser la
reproduction des femelles infectées par
rapport aux femelles non-infectées et favoriser
ainsi leur propre transmission. Une autre
stratégie pour se propager au sein de la
population de son hôte est de se rendre
indispensable à celui-ci. En protégeant leurs
hôtes contre certains ennemis naturels les
endosymbiontes favorisent leur maintien et
leur propagation dans leur population. Les
endosymbiontes peuvent donc fortement
influencer le succès d’un programme de lutte
biologique. Cet article explique comment les
endosymbiontes peuvent influencer la mise en
œuvre d’un programme de lutte biologique,
donne quelques exemples pratiques et
propose une marche à suivre afin d’identifier
les potentiels problèmes liés à leur présence.
celui-ci. En conférant à leurs hôtes une protection contre
certains ennemis naturels comme des parasitoïdes
hyménoptères, des nématodes, des champignons
entomo-pathogènes, des bactéries, ou des virus, les ES
favorisent leur maintien et leur propagation dans leur
population. Certain ES seraient impliqués dans le déve-
loppement de résistances de leurs hôtes contres certains
pesticides et même dans certains mécanismes d’adapta-
tion à des conditions environnementales défavorables à
leurs hôtes (Zindel et al. 2011).
Les ES peuvent donc fortement influencer le succès
d’un programme de lutte biologique. Ces sous-loca-
taires influents peuvent non seulement affecter l’éle-
vage d’auxiliaires de luttes biologique (en modifiant le
mode de reproduction de leurs hôtes) mais également
influencer les interactions entre les agents de lutte bio-
logique et leurs ravageurs de culture cible (induction de
résistances contre certains ennemis naturels). Cet article,
basé sur une «review» de Zindel et al. (2011) publiée
dans le Journal of Applied Ecology, explique comment
les ES peuvent jouer un rôle dans la mise en œuvre d’un
programme de lutte biologique, donne quelques
exemples pratiques en lien avec la lutte biologique en
Suisse (tabl. 1) et propose une marche à suivre afin
d’identifier les potentiels problèmes liés à leur présence.
Induction de parthénogenèse et lutte biologique
Certains hyménoptères parasitoïdes et acariens préda-
teurs sont d’importants auxiliaires de lutte biologique.
Le déterminisme du sexe des certaines espèces apparte-
Des informations pour la lutte biologique
Un catalogue gratuit, décrivant les associa-
tions connues entre les agents de lutte biolo-
gique les plus utilisés en Suisse et en Europe
(EPPO Standard on Safe Use of Biological
Control -PM6/3 – Version 2010) et plusieurs ES
connus est publié sur le site internet «Sym-
bionts in Control: Un catalogue d’auxiliaires de
lutte biologique et leurs symbiontes». Accès:
http://www.symbiontsincontrol.ch. Ce site in-
ternet a été développé afin d’informer les pra-
ticiens de la lutte biologiques sur les effets
méconnus des ES sur les arthropodes et de leur
fournir des outils afin de détecter leur pré-
sence dans le matériel utilisé dans un pro-
gramme de lutte biologique.
nant à ces ordres est déterminé génétiquement. Dans
ces groupes d’organismes haplo-diploïdes, les mâles sont
haploïdes (1 set de chromosomes) et se développent à
partir d’œufs non fécondés. Les femelles quant à elles
sont diploïdes (2 sets de chromosomes) et leurs œufs
sont généralement fécondés. L’induction de parthéno-
genèse pourrait augmenter le taux d’accroissement de
population et faciliter l’élevage en masse de ces orga-
nismes en rendant les mâles obsolètes. L’induction de
parthénogenèse par des ES pourrait fortement influen-
cer le succès d’un programme de lutte biologique si les
mâles et les femelles d’une espèce d’auxiliaire diffèrent
dans leur efficacité à diminuer la population de l’espèce
cible. Dans la plupart des cas (chez les hyménoptères
parasitoïdes par exemple), seules les femelles jouent un
rôle direct dans le contrôle d’une espèce nuisible (ovipo-
sition dans ou sur un individu de l’espèce cible). Les
mâles ne seraient alors utiles que pour fertiliser les
femelles. Théoriquement, une population d’hyménop-
tères parthénogénétiques d’une taille donnée aurait
donc la capacité de parasiter deux fois plus d’hôtes
Environnement | Symbiontes et arthropodes – quelles implications pour la lutte biologique?
70 Recherche Agronomique Suisse 4 (2): 68–73, 2013
qu’une population sexuée (si le sex-ratio est 50 %: 50 %).
Un agent de lutte biologique peut avoir un effet indési-
rable sur l’environnement (Bigler et al. 2006). Par
exemple, une espèce de parasitoïde sexuée introduite
dans un nouvel environnement pourrait former des
hybrides avec des espèces natives et de ce fait affecter
l’intégrité génétique de ces dernières. La formation
d’hybrides avec des espèces natives figure parmi les
effets non cibles sur l’environnement liés à l’introduc-
tion d’agents de lutte biologique. L’utilisation d’auxi-
liaires parthénogénétiques éviterait dès lors ce risque.
Toutefois, l’utilisation d’espèces parthénogénétiques
présente également des désavantages. En effet, il a été
démontré que le taux de reproduction était plus élevé
chez les lignées sexuées que chez une lignée asexuée en
raison du fort taux de mortalité des juvéniles infectés par
Wolbachia ou du délai imposé par l’ES sur le temps de
développement. Les nombreuses discussions en cours sur
l’évolution et la maintenance de reproduction sexuée et
asexuée illustrent parfaitement les avantages et désa-
vantages liés aux deux modes de reproduction.
A ce jour, nous savons que Wolbachia, Cardinium et
Rickettsia sont capables d’induire une parthénogenèse
chez leurs hôtes. Lors d’élevages industriels d’espèces
haplo-diploïdes, nous recommandons aux praticiens
d’évaluer les effets potentiels de ces ES sur les popula-
tions d’agents de lutte biologique. En effet, en présence
de parthénogenèse induite par un ES, un lâcher de
femelles uniquement s’avérerai plus efficace qu’un
lâcher de mâles et de femelles. De plus, l’utilisation d’an-
tibiotiques pour se débarrasser de bactéries pathogènes
dans un élevage pourrait affecter ces ES bénéfiques.
Incompatibilité cytoplasmique et lutte biologique
L’incompatibilité cytoplasmique inhibe le développe-
ment des embryons issus du croisement entre un mâle
infecté et une femelle non-infectée et peut donc être
considéré comme une stratégie de stérilisation de popu-
lation de ravageurs de culture (analogue à la technique
de l’insecte stérile). La mouche méditerranéenne Cerati-
tis capitata cause d’importants dégâts aux cultures de
nombreux pays. Des chercheurs grecs ont réussi à injec-
ter une souche de Wolbachia (obtenue à partir d’hémo-
lymphe de la mouche à fruit Rhagoletis cerasi, infectée)
induisant une incompatibilité cytoplasmique à C. capi-
tata. La bactérie s’est propagée dans la population de
laboratoire et de nombreux mâles infectés ont pu être
produits. Ainsi, en inondant une population test avec
des mâles porteurs de Wolbachia, ils ont réussi à dimi-
nuer la taille de cette population de C. capitata en labo-
ratoire (Zabalou et al. 2004). Des recherches sont en
cours afin d’évaluer le potentiel de cette nouvelle straté-
gie de stérilisation de ravageurs de cultures en condi-
tions naturelles.L’induction d’incompatibilité cytoplasmique par des
ES peut aussi avoir un effet indirect sur un programme
de lutte biologique par augmentation. Si le but est
d’augmenter la population d’auxiliaires de lutte biolo-
gique naturellement présents dans un milieu donné, la
présence de tels ES chez les individus élevés en masse et
relâchés dans la nature pourrait empêcher tout croise-
ment entre individus natifs et individus relâchés. De plus,
la présence d’ES dans certaines souches de laboratoire
d’agents de lutte biologique pourrait poser des pro-
blèmes lors d’échanges de matériel entre différents
laboratoires ou site de production. En effet, un grand
nombre d’échanges de matériel biologique ont lieu pour
répondre aux demandes du marché mais aussi afin de
rafraîchir les populations d’auxiliaires. La présence d’ES
induisant une incompatibilité cytoplasmique, dans une
des souches mises en contact, pourrait amener à une
diminution importante de la population de laboratoire.
Protection contre les stresses abiotiques
Une protection contre des stress abiotiques peut être
induite par des ES, augmentant ainsi la survie de leur
hôtes dans certaines conditions environnementales. Un
bon exemple est décrit chez la tique Ixodes scapularis,
chez laquelle la bactérie pathogène Anaplasma phago-
cytophillum (l’agent de l’anaplasmose humaine) induit
l’expression de protéines aux propriétés antigel, favori-
Figure 1 | Bactéries (en rouge) à l’intérieur d’un œuf de l’acarien Rhizoglyphus robini. La technique FISH (Fluorescent In Situ Hybridi-zation) permet de visualiser des bactéries dans les tissus de son hôte.
Symbiontes et arthropodes – quelles implications pour la lutte biologique? | Environnement
71Recherche Agronomique Suisse 4 (2): 68–73, 2013
Protection contre des parasitoïdes hyménoptères
Des microbes peuvent interagir afin de protéger leur
hôte contre ses ennemis naturels. La présence de
quelques ES chez le puceron du pois protège ce dernier
contre Aphidius ervi, un parasitoïde hyménoptère. Cet
auxiliaire est utilisé dans le monde entier pour contrôler
les populations de pucerons attaquants divers légumes
et plantes ornementales. En 2003, des chercheurs améri-
cains ont démontré que les différences de résistances
contre le parasitoïde chez différentes souches de puce-
rons étaient dues à différents niveaux d’infections par
des ES secondaires (Oliver et al. 2003). Ils ont mis en évi-
sant la survie des tiques à basse température (Neela-
kanta et al. 2010). Bien entendu, dans ce cas, la bactérie
est un pathogène favorisant sa capacité vectorielle en
influençant la survie de son hôte. Chez le puceron du
pois Acyrthosiphon pisum, le symbionte Serratia sym-
biotica protège son hôte en cas de choc thermique en
lui fournissant rapidement des métabolites essentiels
provenant de sa propre lyse cellulaire (Burke et al.
2009). Au contraire, la présence de Rickettsia chez la
mouche blanche Bemisia tabaci peut diminuer la résis-
tance de cette dernière à certains pesticides (Kontseda-
lov et al. 2008).
Espèce Taxonomie Endosymbiontes et effets connus
Insecta
Adalia bipunctata Coccinelidae, Coleoptera W , R et S: mort sélective des mâle
Anthocoris nemoralis Anthocoridae, Hemiptera Aucun ES connu à ce jour
Aphelinus abdominalis Aphelinidae, Hymenoptera Aucun ES connu à ce jour
Aphidius colemani* Braconidae, HymenopteraW: effet inconnu
Regiella insecticola: protège son hôte (puceron) contre A. colemaniAphidius ervi* Braconidae, Hymenoptera Hamiltonella defensa: protège son hôte (puceron) contre A. erviAphidoletes aphidimyza Cecidomyidae, Diptera Aucun ES connu à ce jour
Cryptolaemus montrouzieri Coccinelidae, Coleoptera Aucun ES connu à ce jour
Dacnusa sibirica Braconidae, Hymenoptera Aucun ES connu à ce jour
Diglyphus isaea Hymenoptera, Eulophidae W: effet inconnu
Encyrtus lecaniorum Encyrtidae, Hymenoptera Aucun ES connu à ce jour
Eretmocerus eremicus Hymenoptera (Aphelinidae) Aucun ES connu à ce jour
Eretmocerus mundus Hymenoptera (Aphelinidae) W: induction de parthénogenèse
Feltiella acarisuga Cecidomyiidae, Diptera Aucun ES connu à ce jour
Habrobracon hebetor Braconidae, Hymenoptera Aucun ES connu à ce jour
Lariophagus distinguendus Pteromalidae, Hymenoptera Aucun ES connu à ce jour
Leptomastidea abnormis Encyrtidae, Hymenoptera Aucun ES connu à ce jour
Leptomastix dactylopii Encyrtidae, Hymenoptera Aucun ES connu à ce jour
Macrolophus caliginosus Miridae, HeteropteraW: induction d’incompatibilité cytoplasmique démontrée chez
Macrolophus pygmaeus, une espèce souvent commercialisée sous le nom de M. caliginosus**
Metaphycus helvolus Encyrtidae, Hymenoptera Aucun ES connu à ce jour
Orius insidiosus Anthocoridae, Hemiptera Aucun ES connu à ce jour
Orius laevigatus Anthocoridae, Hemiptera W: effet inconnu
Orius majusculus Anthocoridae, Hemiptera Aucun ES connu à ce jour
Pseudaphycus maculipennis Encyrtidae, Hymenoptera Aucun ES connu à ce jour
Trichogramma brassicae Bezdenko Hymenoptera (Trichogrammatidae). W: induction de parthénogenèse
Trichogramma cacoeciae Hymenoptera (Trichogrammatidae) W: induction de parthénogenèse, diminution de la «fitness»
Trichogramma evanescens Hymenoptera (Trichogrammatidae) Aucun ES connu à ce jour
Acarina
Amblyseius californicus Phytoseiidae, Mesostigmata Aucun ES connu à ce jour
Amblyseius cucumeris Phytoseiidae, Mesostigmata R*** : effet inconnu
Amblyseius degenerans Phytoseiidae, Mesostigmata Aucun ES connu à ce jour
Amblyseus barkeri (mackenziei) Phytoseiidae, Mesostigmata Aucun ES connu à ce jour
Phytoseiulus persimilis Phytoseiidae, Mesostigmata Aucun ES connu à ce jour
Typhlodromips swirskii Phytoseiidae, Mesostigmata R ***: effet inconnu
Hypoaspis aculeifer Laelapidae, MesostigmataS*** : effet inconnu
C*** : effet inconnu
Hypoaspis miles Laelapidae, Mesostigmata S*** : effet inconnu
*ES= endosymbionte, W= Wolbachia, R= Rickettsia, S= Spiroplasma. **Machtelinckx T et al. (2009). ***Zindel et Aebi (données non publiées).
Tableau 1 | Endosymbiontes et effets connus présents chez les espèces d’insectes et d’acariens utilisées comme agents de lutte biologique en Suisse ou chez le ravageur de culture qui lui est associé
72
Environnement | Symbiontes et arthropodes – quelles implications pour la lutte biologique?
Recherche Agronomique Suisse 4 (2): 68–73, 2013
dence que les bactéries Hamiltonella defensa et Regiella
insecticola induisent une résistance contre A. ervi en
empêchant ses larves de se développer. Des études
récentes ont montré que des toxines capables de tuer les
larves étaient produites par H. defensa et le virus bacté-
riophage qui lui est associé (Oliver et al. 2009). La pré-
sence de ces microbes peut donc influencer le taux de
résistance des pucerons et considérablement influencer
le succès d’un programme de lutte biologique utilisant A.
ervi sur le terrain.
Protection contre des nématodes
Plusieurs espèces d’arthropodes sont attaquées par
des nématodes. Par exemple, Drosophila neotestacea
devient stérile si les femelles sont infectées par le néma-
tode Howardula aoronymphibium. Récemment, il a été
démontré que l’ES Spiroplasma confère une protection
contre le nématode en assurant le développement de
la plupart des œufs produits par des drosophiles
femelles infectées. Au vu de l’avantage sélectif conféré
par sa présence, Spiroplasma s’est rapidement propa-
gée au sein de la population de H. aoronymphibium
(Jaenike et al. 2010).
Protection contre des champignons entomo-pathogènes
Les champignons entomo-pathogènes tel que Beauveria
bassiana infectent un grand nombre d’arthropodes.
Beauveria bassiana est très utilisé comme auxiliaire de
lutte biologique contre de nombreuses espèces d’in-
sectes nuisibles appartenant à une grande variété
d’ordres. Une étude de laboratoire sur la mouche à fruits
Drosophila melanogaster a démontré que le nombre
d’individus survivant à une infection par le champignon
B. bassiana était trois fois supérieur en présence de l’ES
Wolbachia. Les individus portant cet ES étaient donc pro-
tégés contre le champignon. De plus, la présence de l’ES
était corrélée à une modification de la préférence de
substrat d’oviposition et les mâles infectés jouissaient
d’un meilleur succès reproductif (Panteleev et al. 2007).
Protection contre des virus
Plusieurs virus causent une mortalité importante chez les
insectes. Wolbachia peut également modifier la résis-
tance de son hôte contre ces agents pathogènes, utilisés
eux aussi comme agents de lutte biologique. Drosophila
melanogaster a été utilisée comme modèle pour l’étude
de la résistance des arthropodes aux virus. Deux groupes
de recherche ont indépendamment démontré une résis-
tance induite par Wolbachia contre le virus «Drosophila
C Virus», et trois virus ARN («Cricket Paralysis Virus»,
«Nora Virus» et «Flock House Virus» ; Hedges et al. 2008;
Teixeira et al. 2008). A ce jour, les mécanismes de telles
inductions de résistance n’est pas connu. Il est très pro-
bable que de telles interactions entre bactéries symbio-
tiques et virus pathogènes soient courantes dans la
nature, car les deux groupes de micro-organismes coha-
bitent dans l’espace intracellulaire.
C o n c l u s i o n s
De nombreux facteurs biotiques et abiotiques peuvent
affecter n’importe quel agent de lutte biologique ou
arthropode nuisible, et de ce fait fortement influencer le
succès d’un programme de lutte biologique.
La présence et les interactions entre microbes (bacté-
ries et virus) au sein des arthropodes impliqués repré-
sentent probablement un des facteurs les plus variables
et les plus sous-estimés. En effet, les ES sont connus pour
i) pouvoir influencer la dynamique de population de
leurs hôtes (agent de lutte biologique ou ravageurs de
culture), ii) jouer un rôle dans l’évolution de résistances
contre des agents de lutte biologique communément
utilisés, iii) induire une résistance contre les pesticides et
iv) modifier la tolérance de leurs hôtes à des conditions
environnementales stressantes.
Nous suggérons donc d’inclure des études sur la pré-
sence et l’influence éventuelles d’ES dans le développe-
ment et la mise en œuvre de programmes de lutte bio-
logique. Les microbes associés à des agents de lutte
biologique sont considérés comme des contaminants
qui pourraient influencer l’efficacité de l’agent de lutte
biologique. La forte incidence des endosymbiontes
décris dans la littérature et la grande diversité des
agents de lutte biologique suggèrent que les effets
observés pour l’instant ne représentent que la pointe
de l’iceberg. Le tableau 1 démontre que 41 % des
insectes et acariens utilisés dans des programmes de
lutte biologique en Suisse sont infecté par un ou plu-
sieurs ES et pour la moitié de ceux-ci (soit 21% des
espèces utilisées), un effet décrit ci-dessus a été démon-
tré. Pour ces raisons, nous encourageons la coopération
entre les praticiens de lutte biologique et les scienti-
fiques afin d’évaluer la présence d’ES qui pourrait affec-
ter l’efficacité d’agent de lutte biologique positivement
ou négativement. n
73
Symbiontes et arthropodes – quelles implications pour la lutte biologique? | Environnement
Ria
ssu
nto
Sum
mar
y
Symbionts and arthropods – potential implications for
biological control
Most arthropod species live in association with numerous
bacteria. Their interactions can have different outcomes.
While some bacteria are crucial for their host’s survival,
others are facultative and their presence can have a
negative, positive or neutral effect on the nutrition,
reproduction or survival of their host. Some endosymbi-
onts (such as Wolbachia for example) are known as
reproduction manipulators. Vertically transmitted, these
bacteria developed several strategies (such as partheno-
genesis induction, cytoplasmic incompatibility) to increase
the transmission of infected females in their host popula-
tion, in comparison to un-infected females. Another way
to ensure its propagation is to become crucially needed
by its host. By protecting their host against natural
enemies such as hymenopteran parasitoids, nematodes,
entomopathogenic fungi, bacteria or viruses, endosymbi-
onts achieved this goal. Endosymbionts may then greatly
influence biological control programs. These influential
house mates may not only affect the rearing of beneficial
arthropods (by altering their reproduction mode) but also
influence their interactions with target crop pest species
(by inducing resistances for example). This paper explains
how endosymbionts may influence biological control and
provides practical examples and a protocol to follow to
identify problems associated to their presence.
Key words: symbiont, arthropod, biological control.
Simbionti e artropodi – quali implicazioni per
la lotta biologica?
La maggioranza degli artropodi vive in simbiosi
con numerosi batteri. Alcuni di essisono implicati
nelle funzioni vitali dei loro ospiti, mentre altri
non sono indispensabili e la loro presenza può
avere un effetto neutro, positivo o negativo su
nutrizione, riproduzione o sopravvivenza dei loro
ospiti. Alcuni endosimbionti sono conosciuti per
l'influenza che esercitano sulla strategia riprodut-
tiva dei loro ospiti. Trasmessi verticalmente,
questi batteri hanno sviluppato strategie
differenti per favorire la riproduzione delle
femmine infette rispetto a quelle non infette così
da agevolare la loro propria trasmissione.
Un'altra strategia per propagarsi in seno alla
popolazione del proprio ospite è rendersi
indispensabili per quest'ultimo. Proteggendolo
contro determinati nemici naturali gli endosim-
bionti assicurano contemporaneamente la loro
permanenza e propagazione in seno alla popola-
zione. Gli endosimbionti possono quindi influen-
zare significativamente il successo di un pro-
gramma di lotta biologica. Il presente articolo
spiega come gli endosimbionti possono agire
sull'attuazione di un programma di lotta biolo-
gica, fornendo alcuni esempi pratici e illustrando
come procedere per identificare i potenziali
problemi legati alla loro presenza.
Recherche Agronomique Suisse 4 (2): 68–73, 2013
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74 Recherche Agronomique Suisse 4 (2): 74–81, 2013
Blé d'automne dans l'essai DOC. (Photo: ART)
Lucie Gunst1, Walter Richner1, Paul Mäder2 et Jochen Mayer1 1Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, 8046 Zurich, Suisse2Institut de recherche de l’agriculture biologique FiBL, 5070 Frick, Suisse
Renseignements: Lucie Gunst, e-mail: [email protected], tél. +41 44 377 74 31
Apports en éléments nutritifs sur le blé d’automne – à partir de quand deviennent-ils limitants?
I n t r o d u c t i o n
Le but de l’essai comparatif DOC mis en place depuis
1978 à Therwil BL est de comparer un système biolo-
gique-dynamique (D), un système organique-biologique
(O), un système conventionnel (C; fumure organique
minérale) et un système conventionnel-minéral (M;
fumure exclusivement minérale) dans la perspective de
la production durable et de la fertilité du sol (tabl. 1).
L’essai joue sur deux niveaux de fumure (tabl. 1).
Les rendements se différencient nettement entre les
niveaux de fumure ainsi qu’entre les systèmes de cultures
biologiques et conventionnels. Avec le blé d’automne, les
différences de rendement étaient de l’ordre de 15 %
entre les procédés biologiques et conventionnels (Gunst
et al. 2007). Les différences de rendement étaient légère-
ment moins prononcées entre les niveaux de fumure des
procédés conventionnels (C1 vs. C2) qu’entre ceux de pro-
cédés biologiques (O1/D1 vs. O2/D2; Jossi et al. 2009).
Dans l’agriculture biologique, on admet que l’azote (N)
est le facteur limitant des rendements et que les autres
éléments nutritifs essentiels comme le phosphore (P), le
potassium (K), le magnésium (Mg) et le calcium (Ca)
peuvent être réintroduits en grande partie par les engrais
de ferme ou puisés dans le sol (Berry et al. 2002).
Le projet avait pour objectif d’étudier l’approvision-
nement du blé d’automne en éléments nutritifs dans
l’essai DOC pendant les quatre premières périodes d’asso-
lement de 1978 à 2005 et de réunir des informations sur
l’effet limitant des éléments nutritifs dans les systèmes
culturaux biologiques. Pour y parvenir, les chercheurs ont
analysé et comparé l’absorption d’éléments nutritifs et
les teneurs en éléments nutritifs des grains et de la paille.
Pour compléter, les teneurs en phosphore, potassium et
magnésium disponibles pour les plantes ont également
été relevées dans la couche superficielle du sol.
M a t é r i e l e t m é t h o d e s
Dans l’essai comparatif DOC, l’assolement, le choix des
variétés et le travail sont identiques dans tous les procé-
dés. La fertilisation, la protection des plantes et le
contrôle des adventices sont spécifiques aux systèmes
culturaux dans les procédés conventionnels et biolo-
giques (détails de l’essai, voir Gunst et al. 2007 et tabl. 1).
Exploitation du blé d‘automne
Durant les années étudiées, les variétés de blé d’au-
tomne cultivées étaient les suivantes: Probus (1979,
1983), Sardona (1986, 1989, 1990), Ramosa (1993),
Tamaro (1996, 1997, 2000, 2002) et Titlis (2003). Les
semences des systèmes C et M ont été traitées, dans les
systèmes bio D, O et dans le procédé N0, par contre, la
quantité de semences a été augmentée de 5 à 20 %.
Seules les parcelles de blé avec des pommes de terre
comme précédent cultural ont été évaluées car cette
séquence d’assolement a pu être suivie sur l’ensemble de
la période.
En moyenne, on a épandu du compost de fumier et
du lisier (10 t/ha/an; 21 m3/ha/an) dans le système D2, du
lisier (20 m3/ha/an) dans le système O2 et des tourteaux
de ricin (763 kg/ha/an) durant les trois premières années.
Les systèmes C et M ont reçu des apports d’azote, de
P r o d u c t i o n v é g é t a l e
Apports en éléments nutritifs sur le blé d’automne – à partir de quand deviennent-ils limitants? | Production végétale
75
Rés
um
é
Recherche Agronomique Suisse 4 (2): 74–81, 2013
L’essai longue durée DOC visant à comparer les
systèmes culturaux a permis notamment d’étudier
les effets des apports en éléments nutritifs sur le
blé d’automne de 1978 à 2003. Il doit fournir des
informations sur le rôle joué par les éléments
nutritifs sur le niveau des rendements dans les
systèmes d’agriculture biologique.
Des différences de rendements considérables
entre les systèmes culturaux «biologiques» et
«conventionnels» et les niveaux de fertilisation
ont pu être expliquées essentiellement par
l’approvisionnement des plantes en éléments
nutritifs, notamment en azote. Le phosphore a pu
être exclu des facteurs co-limitants car l’approvi-
sionnement du sol en phosphore était suffisant
dans tous les procédés DOC pendant toute la
durée de l’essai. Les analyses de la paille et des
grains ont indiqué des valeurs élevées en phos-
phore et de faibles différences, ce qui confirme les
résultats du sol.
Le potassium par contre a pu être identifié comme
étant un facteur co-limitant de l’azote, dans les
procédés bio avec niveau de fertilisation réduit ainsi
que dans la parcelle témoin non fertilisée. La
différence entre les teneurs en potassium dans la
biomasse superficielle et le potassium disponible
dans le sol l’indiquait également. Toutefois, les
systèmes biodynamique et bioorganique montraient
un apport équilibré en potassium avec un niveau de
fumure élevé. Par conséquent, avec un niveau de
fumure de ce type, les deux systèmes biologiques
peuvent être considérés comme durables.
phosphore et de potassium sous forme minérale (tabl. 2).
Il faut savoir que la quantité d’azote minérale appliquée
dans le système C était de 65 % plus élevée que dans les
systèmes D et O. La quantité d’azote épandue lors du
premier apport a été mesurée en déduisant les réserves
de Nmin dans le sol au début de la période de végéta-
tion. Dans les systèmes D, O et dans le procédé N0, la
protection des plantes s’est limitée à la lutte mécanique
contre les adventices à l’aide d’une herse et à l’applica-
tion de produits biodynamiques dans les systèmes D et
N0. Dans les systèmes C et M, une application d’herbi-
cides et une application de régulateurs de croissance ont
été pratiquées, ainsi qu’un à deux traitements avec des
fongicides.
Prélèvement d’échantillons et analyses
Les échantillons ont toujours été prélevés lors de la
récolte. Après séchage et nettoyage des parties souillées,
des barbes et des glumes, les grains et la paille ont été
moulus et les teneurs en éléments nutritifs analysées. La
teneur en azote a été déterminée selon Dumas, les
teneurs en phosphore par spectrophotométrie et celles
de potassium, de magnésium et de calcium par ICP-OES
selon l’extraction des cendres dans HCl. Les teneurs en
éléments nutritifs disponibles dans le sol (0–20 cm) ont
été déterminées selon les méthodes de référence des
stations de recherche Agroscope pour le phosphore, le
potassium dans des extraits de CO2, pour le magnésium
dans des extraits de CaCl2 (Agroscope 2011).
Site et climat: Therwil BL, 300 m ü. M., 9,5 °C, 792 mmSol: terre parabrune profonde sur loess, légèrement à pseudogleyStructure de l’essai: carré latin, quatre répétitions, trois assolements identiques, mis en place parallèlement, mais décalés dans le tempsRéalisation: Agroscope ART et FiBL
Systèmes culturaux D O C M
Exploitation Biologique-dynamique Organique-biologique Conventionnel2Conventionnel2, apport d’engrais
minéraux uniquement1
Forme d’engrais de ferme Compost de fumier / Lisier Fumier décomposé / Lisier Fumier frais / Lisier Aucun engrais de ferme
Fertilisation selon les directives DBF-GCH (2), 1,4 UGBF3 D2 O2 C2 M2
Demi-fertilisation (1), 0,7 UGBF D1 O1 C1
Sans fumure N0
Tableau 1 | Site, structure de l'essai, systèmes culturaux et assolement de l'essai DOC
1Depuis 1985, auparavant sans fertilisation, 2depuis 1985 intégré et depuis 1999 exploité selon les directives des prestations écologiques requises, 31re et 2e période d’assolement
(1978–1991): 1,2 resp. 0,6 UGBF, 4Etudié: blé d’automne 1 avec précédent cultural unique, pommes de terre, 1978–2005.
Périodes d’assolement (PA) de 1978 à 2005:1re PA 1978–1984 2e PA 1985–1991 3e PA 1992–1998 4e PA1999–2005Pommes de terre Pommes de terre Pommes de terre Pommes de terre Blé d’automne 14 Blé d’automne 14 Blé d’automne 14 Blé d’automne 14 Chou blanc Betteraves rouges Betteraves rouges Soja Blé d’automne 2 Blé d’automne 2 Blé d’automne 2 Maïs ensilage Orge d’automne Orge d’automne Prairie temporaire 1 Blé d’automne 2 Prairie temporaire 1 Prairie temporaire 1 Prairie temporaire 2 Prairie temporaire 1 Prairie temporaire 2 Prairie temporaire 2 Prairie temporaire 3 Prairie temporaire 2
Production végétale | Apports en éléments nutritifs sur le blé d’automne – à partir de quand deviennent-ils limitants?
76 Recherche Agronomique Suisse 4 (2): 74–81, 2013
Dépouillement des données de l’essai
A partir des teneurs en éléments nutritifs des grains et
de la paille, la teneur globale de la biomasse superfi-
cielle récoltée a été calculée d’après les teneurs moyennes
pondérées des grains et de la paille. Les systèmes D1/O1
et D2/O2 ainsi que C2/M2 n’affichaient aucune diffé-
rence de teneurs d’un niveau de fumure à l’autre. C’est
pourquoi la représentation s’appuie sur la moyenne des
teneurs. Le taux annuel de variation des éléments nutri-
tifs disponibles dans le sol (P, K et Mg) a été déterminé à
partir de la différence entre les teneurs moyennes du sol
en 2000, 2002 et 2003 après la culture du blé d’automne
et la teneur initiale en 1977. L’état des éléments nutritifs
du sol dans les différents systèmes culturaux a été évalué
selon les directives DBF-GCH 2009. Les teneurs en élé-
ments nutritifs du blé ont été évaluées à l’aide d’une
analyse de variance à deux facteurs (facteurs année x sys-
tème cultural). Les moyennes ont été comparées au
moyen du test de Newman-Keuls.
R é s u l t a t s e t d i s c u s s i o n
Fertilisation et absorption d’éléments nutritifs
Ce sont les systèmes C2, M2 et D2 qui ont reçu les quantités
d’éléments nutritifs les plus élevées (tabl. 2). A noter que
dans le système D, les engrais de ferme plus riches en élé-
ments nutritifs, qui provenaient de fermes situées dans des
régions où les sols sont riches en calcaire, se sont traduits
par des apports moyens en azote, potassium et magnésium
plus élevés dans le procédé D2 que dans C2. En 1999, un
apport de chaux (2680 kg CaCO3 ha–1; tabl. 2) a permis de
corriger le pH dans C1, C2 et M2. Sans cet apport supplé-
mentaire de chaux, les apports de calcium par le biais des
engrais auraient également été plus élevés dans le procédé
D2. L’apport d’azote minéral dans le système O correspon-
dait à celui du système D. En revanche, les apports d’azote
total et de potassium étaient inférieurs de 50 % à ceux du
système D, ceux de phosphore de 70 %, et ceux de calcium
et de magnésium d’environ 85 %. C’est la conséquence de
l’emploi de compost de fumier dans le système D et du
lisier plutôt pauvre en éléments nutritifs dans la 3e période
d’assolement (1993, 1996, 1997) utilisé dans le système O.
De même, en ce qui concerne l’absorption d’éléments
nutritifs issus de la biomasse superficielle (grains et paille;
fig. 1 a–f), les systèmes C2 et M2 affichaient souvent les
valeurs les plus élevées et le procédé N0 les valeurs les plus
basses. L’absorption d’éléments nutritifs ne se distinguait
pratiquement pas dans les deux systèmes bio contraire-
ment à l’apport d’éléments nutritifs. En dépit des diffé-
rences de rendements, tous les systèmes ont assimilé
approximativement la même quantité de calcium et de
magnésium.
En général, tous éléments nutritifs confondus, l’absorp-
tion d’éléments nutritifs était plus importante au niveau
de fumure 2 qu’au niveau 1. Avec le système C, ce phéno-
mène était plus marqué (niveau 1: 81 % du niveau 2) que
dans les deux systèmes bio (niveau 1: 87 % de niveau 2).
Avec le procédé N0, l’absorption d’éléments nutritifs
représentait encore 65 % des systèmes D2 et O2 et 52 %
des systèmes C2 et M2. C’est pour le potassium que la
différence entre les niveaux de fumure était la plus
importante; elle était moins élevée pour l’azote et le
phosphore et faible pour le calcium et le magnésium.
Une augmentation de la fertilisation se traduisait donc
par une augmentation de l’absorption de potassium, de
phosphore et d‘azote, mais avait peu d’influence sur
l’absorption de calcium et de magnésium. Les faibles dif-
férences entre les systèmes et les niveaux de fumure en
ce qui concerne l’absorption de calcium et de magnésium
peuvent s’expliquer par le bon approvisionnement du sol
(tabl. 6). Il est possible aussi qu’avec un apport accru en
potassium, il se soit produit des interactions antago-
nistes (concurrence des ions) ; ces dernières ont conduit à
une absorption relativement limitée de calcium et de
magnésium dans les procédés C2 et M2 caractérisés par
une importante fumure en potassium. (Spiess et al. 1993).
Les calculs des rapports entre apport et absorption
des éléments nutritifs dans tous les procédés confirment
les constats précédents. Ils indiquent des corrélations
significatives pour l’azote total, l’azote minéral, le phos-
phore et le potassium avec des coefficients de corréla-
tion compris entre r = 0,53 et r = 0,65 (tabl. 3). Le rapport
était plus faible pour le magnésium et le calcium (r = 0,44
resp. r = 0,29).
Les bilans apports-prélèvements pour le blé (fig. 1 a–f)
montrent si la fumure était en mesure de couvrir le besoin
en éléments nutritifs. En cas de bilans négatifs (valeurs au-
dessus de la ligne de séparation), d’autres sources d’élé-
Quantité d'éléments nutritifs kg ha-1
N N P K Ca Mg
total minéral
N0 0 0 0 0 0 0
D1 40 10 9 56 70 9
O1 20 10 3 29 5 2
C1 30 30 18 51 88* 4
D2 80 20 18 112 139 19
O2 40 21 5 58 10 4
C2 59 59 35 101 175* 8
M2 81 81 30 118 165* 11
*Dans les procédés M2, C2, C1, un total de 2680 kg ha-1 de CaCO3 a été épandu en deux apports en 1999 sous forme de chaux d'acide carbonique (= 1070 kg ha-1 Ca).
Tableau 2 | Quantités d'éléments nutritifs apportés par les engrais (moyenne de la période 1979 – 2003) dans le blé d'automne 1 avec pommes de terre comme précédent cultural dans différents systèmes culturaux de l'essai DOC
Apports en éléments nutritifs sur le blé d’automne – à partir de quand deviennent-ils limitants? | Production végétale
77Recherche Agronomique Suisse 4 (2): 74–81, 2013
toujours positifs et O1 et O2 toujours négatifs. Cela vient
des apports de chaux dans les systèmes C et M et du com-
post riche en calcium dans le système D.
Si l’on associe les résultats de l’absorption d’éléments
nutritifs avec les soldes des bilans, il est probable que l’ap-
provisionnement en éléments nutritifs ait un effet limitant
sur les rendements, dans le cas de l’azote, du phosphore et
du potassium. Cela devrait transparaître dans les teneurs
en éléments nutritifs des produits de récolte ainsi que dans
les éléments nutritifs disponibles dans le sol.
Teneurs en éléments nutritifs dans les grains et la paille
Hormis la teneur en phosphore, les teneurs moyennes en
éléments nutritifs de la biomasse superficielle (teneurs
moyennes du grain et de la paille) se distinguaient consi-
dérablement les unes des autres pour tous les systèmes
et sur l’ensemble de la durée de l’essai (tabl. 4; fig. 2 a–e).
ments nutritifs doivent être trouvées comme les réserves
du sol ou les légumineuses fixant l’azote. Les bilans étaient
toujours négatifs pour l’azote, ce qui s’explique d’une part,
par les apports supplémentaires en azote par les légumi-
neuses fixant l’azote, apports disponibles indirectement
via l’azote fourni par le sol, et d’autre part par le dépôt
atmosphérique d’azote. Les bilans du phosphore étaient
positifs pour C2 et M2. Le niveau 1 de fumure, plus faible,
ainsi que les systèmes bio, affichaient tous des soldes
négatifs de phosphore. La situation était identique pour
le potassium et le magnésium: les systèmes C2 et M2
affichent des soldes positifs et négatifs, tandis que les
systèmes O2 et O1 affichent uniquement des soldes
négatifs. Pour D2, les bilans sont en revanche presque
toujours positifs, ce qui vient des apports d’engrais net-
tement plus élevés. Le calcium varie considérablement
entre les systèmes C1, C2, M2, D2 et D1 avec des bilans
0 20 40 60 80
100 120 140 160 180 200 220 240
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 110 120 130 140
Abso
rptio
n en
kg
ha-¹
Fertilisation en kg ha-¹
Azote total
A0
20 40 60 80
100 120 140 160 180 200 220 240
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 110 120 130 140
Azote minéral
B
0
5
10
15
20
25
30
35
0 10 20 30 40 50 60
Abso
rptio
n en
kg
ha-¹
Fertilisation en kg ha-¹
Phosphore
C
0 20 40 60 80
100 120 140 160 180 200
0 20 40 60 80 100 120 140 160 180 200
Abso
rptio
n en
kg
ha-¹
Fertilisation en kg ha-¹
Potassium
D
0
5
10
15
20
25
30
35
0 50 100 150 200 250 300 350
Calcium
E
0
2
4
6
8
10
12
14
16
0 5 10 15 20 25 30 35 40
Magnésium
M2 K2 O2 D2 K1 O1 D1 N0
FFertilisation en kg ha-¹
Fertilisation en kg ha-¹
Fertilisation en kg ha-¹
Abso
rptio
n en
kg
ha-¹
Abso
rptio
n en
kg
ha-¹
Abso
rptio
n en
kg
ha-¹
+ +
+
+
+
+
– –
––
– –
Figure 1 a-f | Quantités annuelles d'éléments nutritifs apportés et absorption d'éléments nutritifs par le blé d'automne dans différents systèmes culturaux de l'essai DOC. (le côté "+" de la ligne correspond à un bilan positif des éléments nutritifs, le côté "–" à un bilan négatif)
Production végétale | Apports en éléments nutritifs sur le blé d’automne – à partir de quand deviennent-ils limitants?
78 Recherche Agronomique Suisse 4 (2): 74–81, 2013
C’est avec le potassium que les influences du système
sont les plus nettes. Là, les teneurs en potassium suivent
l’intensité d’exploitation: C2/M2 affichent la teneur la
plus élevée avec 9,3 g kg–1 de MS, tandis que les teneurs
de D2/O2 ne représentent que 82 % de C2/M2, celles de
D1/O1 68 % et celles de N0 54 %. Il est étonnant de
constater que les teneurs en phosphore ne sont influen-
cées que par C2/M2, tandis que les autres systèmes et le
procédé N0 présentent les mêmes concentrations. Le cal-
cium et le magnésium réagissent indifféremment et
atteignent les valeurs les plus élevées dans le procédé N0.
Avec l’augmentation de l’intensité de fumure, les teneurs
de calcium et de magnésium ont tendance à baisser dans
les procédés biologiques entre les niveaux de fumure 1
et 2. Les fortes teneurs en calcium dans les systèmes
C2/ M2 sont dues aux apports en chaux. Le fait que les
teneurs en calcium et en magnésium diminuent plus l’in-
tensité augmente peut s’expliquer par l’effet de dilution
suite à des rendements plus élevés en biomasse et est
sans doute associé à des effets antagonistes en cas d’ap-
port élevé en potassium (D2/O2; C2/M2).
Les teneurs en azote présentent des différences
moindres, le procédé N0 étant celui qui affiche les deu-
xièmes plus hautes teneurs. Lorsque les plantes ont
atteint la maturité nécessaire au battage, ces teneurs
ne donnent que des informations relatives sur l’appro-
visionnement des cultures en éléments nutritifs. Ainsi,
les systèmes C2/M2 étaient dans l’ensemble les mieux
approvisionnés, mais le procédé N0 non fertilisé depuis
1978 affichait des teneurs en azote relativement éle-
vées bien que les rendements en grains n’aient repré-
senté en moyenne que 67 % de ceux de C2. Cela peut
s’expliquer par la formation des rendements dans les
cultures de blé. Dans le procédé N0 et les procédés bio,
l’approvisionnement modéré des jeunes plantes de blé
en azote au début de la période de végétation s’est tra-
duit par une densité plus faible du peuplement. Aux
stades de développement ultérieurs, les plantes dispo-
saient toutefois d’une quantité suffisante d’azote. Cela
a entraîné des teneurs relativement élevées en azote
avec des rendements très faibles. On peut expliquer de
la même manière la teneur plus élevée en azote des
systèmes bio avec un niveau de fumure réduit (D1/O1)
par rapport à ceux qui affichent un niveau de fumure
plus élevé (D2/O2).
Par conséquent, les différences des teneurs de potas-
sium indiquent en premier lieu une co-limitation des ren-
dements de blé par le potassium et l’azote. Afin de confir-
mer cette hypothèse, les teneurs en phosphore, potassium
et magnésium ont été comparées avec les valeurs indica-
tives de l’agriculture suisse (DBF-GCH, Flisch et al. 2009).
Les teneurs en éléments nutritifs qui sont mentionnées
dans le tableau 60a de cette publication sont des valeurs
moyennes tirées des données compilées à l’issue des
Elément nutritif Coefficient de corrélation
N total 0,53
N minéral 0,65
P 0,62
K 0,55
Ca 0,29
Mg 0,44
Tableau 3 | Coefficients de corrélation du rapport entre la quantité d'éléments nutritifs contenus dans les engrais et les éléments nut-ritifs absorbés par le blé dans la biomasse superficielle du sol
N P K Ca Mg
g/kg MS
%g/kg MS
%g/kg MS
%g/kg MS
%g/kg MS
%
N0 13,64 b 94 2,06 b 93 5,03 d 54 2,39 a 100 0,97 a 100
D1/O1 13,22 c 91 2,08 b 94 6,27 c 68 1,94 c 81 0,92 b 95
D2/O2 12,92 d 89 2,07 b 93 7,59 b 82 1,81 d 76 0,87 d 90
C2/M2 14,51 a 100 2,21 a 100 9,28 a 100 2,04 b 85 0,90 c 92
Analyse de variance ** P<0,01; test Newman Keul: P=0,05
Procédé ** ** ** ** **
Année ** ** ** ** **
Procédé*Année ** ** ** ** **
Tableau 4 | Teneurs moyennes totales des éléments nutritifs de la biomasse superficielle, calculées comme teneurs pondérées des éléments nutritifs des grains et de la paille de blé d'automne (années 1979–2003), dans différents systèmes culturaux de l'essai DOC
Le tableau indique les moyennes des systèmes D1/O1, D2/O2 et C2/M2. Différentes lettres dans les colonnes indiquent des différences de moyennes significatives.
Apports en éléments nutritifs sur le blé d’automne – à partir de quand deviennent-ils limitants? | Production végétale
79Recherche Agronomique Suisse 4 (2): 74–81, 2013
paille qui atteignaient 5,3 g kg–1 MS dans le procédé N0 se
situaient nettement en dessous de la teneur minimale de
6,8 g kg–1 MS. Dans les procédés D1/O1 avec 7,4 g kg–1 MS
et D2/O2 avec 9,4 g kg–1 MS, elles se situaient en dessous
de la moyenne de 10,5 g kg–1 MS malgré des apports éle-
vés en potassium dans D2.
Eléments nutritifs disponibles pour les plantes dans le sol
Les éléments nutritifs disponibles dans le sol confirment
les résultats des analyses de plantes. Pour le phosphore,
essais des stations de recherche. La plage de teneurs indi-
quée montre dans quelle fourchette se situent les teneurs
des éléments nutritifs des cultures en Suisse. Le phos-
phore et le magnésium sont généralement accumulés
dans les grains, le potassium en revanche essentiellement
dans la paille. Les teneurs en phosphore et en magnésium
des grains de tous les procédés étaient proches de la
moyenne DBF-GCH, en tout cas dans la fourchette obser-
vée avec les conditions typiques de la Suisse (tabl. 5; Spiess
et al. 1995). Par contre, les teneurs en potassium de la
0.5
1,0
1,5
2,0
2,5
3,0
3,5
Pro Pro Sar Sar Sar Ram Tam Tam Tam Tam Tit
1979 1983 1986 1989 1990 1993 1996 1997 2000 2002 2003
Calcium
D
6
8
10
12
14
16
18
Pro Pro Sar Sar Sar Ram Tam Tam Tam Tam Tit
1979 1983 1986 1989 1990 1993 1996 1997 2000 2002 2003
Tene
ur e
n g
kg-¹
MS Azote
A
0,2 0,4 0,6 0,8 1,0 1,2 1,4 1.6
Pro Pro Sar Sar Sar Ram Tam Tam Tam Tam Tit
1979 1983 1986 1989 1990 1993 1996 1997 2000 2002 2003
Magnésium
C2/M2 D2/O2 D1/O1 N0
E
0,5
1,0
1,5
2,0
2,5
3,0
Pro Pro Sar Sar Sar Ram Tam Tam Tam Tam Tit
1979 1983 1986 1989 1990 1993 1996 1997 2000 2002 2003
Phosphore
B
0 2 4 6 8
10 12 14
Pro Pro Sar Sar Sar Ram Tam Tam Tam Tam Tit
1979 1983 1986 1989 1990 1993 1996 1997 2000 2002 2003
Potassium
C
Tene
ur e
n g
kg-¹
MS
Tene
ur e
n g
kg-¹
MS
Tene
ur e
n g
kg-¹
MS
Tene
ur e
n g
kg-¹
MS
Figure 2 a-e | Evolution dans le temps des teneurs totales en éléments nutritifs de la biomasse superficielle récoltée, calcu-lées comme teneurs pondérées des éléments nutritifs des grains et de la paille de blé d'automne dans les années 1979–2003, dans différents systèmes culturaux de l'essai DOC. Le tableau indique les moyennes des systèmes D1/O1, D2/O2 und C2/M2 par an. Pro: Probus, Sar: Sardona, Ram: Ramosa, Tam: Tamaro, Tit: Titlis.
GrainsN
GrainsP
GrainsK
GrainsCa
GrainsMg
PailleN
PailleP
PailleK
PailleCa
PailleMg
g/kg MS g/kg MS
N0 24,3 4,0 4,7 0,6 1,3 6,6 0,7 5,3 3,6 0,8
D1/O1 24,8 4,2 4,5 0,5 1,4 5,9 0,8 7,4 2,9 0,6
D2/O2 25,1 4,2 4,4 0,4 1,3 6,1 0,9 9,4 2,6 0,6
C2/M2 26,7 4,2 4,4 0,4 1,3 7,1 1,0 12,3 3,0 0,7
DBF-GCH Valeur moyenne 23,8 4,2 4,2 – 1,4 3,6 0,9 10,5 – 0,8
DBF-GCH min. 17,6 3,6 2,9 – 0,9 3,5 0,5 6,8 – 0,7
DBF-GCH max. 29,4 5,2 5,9 – 1,4 8,2 1,5 14,7 – 1,2
Tableau 5 | Teneurs moyennes des éléments nutritifs dans les grains et la paille et valeurs comparables des DBF-GCH 2009 (Flisch et al. 2009)
80
Production végétale | Apports en éléments nutritifs sur le blé d’automne – à partir de quand deviennent-ils limitants?
Recherche Agronomique Suisse 4 (2): 74–81, 2013
les teneurs moyennes des années 2000 à 2003 avec
niveau de fumure 2 se situent dans tous les systèmes
dans la classe de fertilité C (suffisant; Flisch et al. 2009;
tabl. 6). Avec un niveau de fumure 1, les valeurs
atteignent la classe de fertilité B (modéré) même avec le
procédé N0. Cette valeur est généralement considérée
comme suffisante pour le niveau de rendement de l’agri-
culture biologique (Kolbe et Schuster 2011). Cela n’est
pas étonnant, car les teneurs du sol en phosphore au
début de l’essai en 1977 se situaient également à un
niveau très élevé (classe de fertilité D, riche). Cependant
au niveau de fumure 2, on observe une baisse continue
par rapport à l’état initial. Ce n’est donc qu’une question
de temps pour que l’approvisionnement en phosphore
ait un effet limitant pour la croissance des plantes
(tabl. 6). Dans le procédé N0 et au niveau de fumure 1,
on a observé une nette baisse du magnésium disponible
tandis qu’au niveau de fumure 2, les valeurs sont prati-
quement restées constantes. Toutefois, les sols étaient
tellement bien pourvus en magnésium qu’aujourd’hui
encore, ils sont classés dans la catégorie C. Il n’y a que
dans le procédé N0 que les teneurs ont baissé au point
de passer dans la classe de fertilité B. La situation est
totalement différente pour le potassium. Au début de
l’essai, les teneurs en potassium disponible se situaient
déjà à un niveau bas (classe de fertilité B). Au niveau de
fumure 2, les teneurs ont même pu être légèrement rele-
vées. Il faut cependant noter que ce phénomène était le
plus marqué dans les deux systèmes bio D2 et O2. Cepen-
dant les teneurs ont considérablement baissé avec le
niveau de fumure 1 et dans le procédé N0 pour passer
dans le classe de fertilité A. Au niveau de fumure 1, elles
n’atteignaient plus qu’environ 50 % des valeurs du
niveau 2 et 30 % avec le procédé N0.
C o n c l u s i o n s
Pour le blé d’automne de l’essai DOC, les différences
autant dans les systèmes culturaux (D, O, C, M) que dans
les niveaux de fumure ont une influence capitale sur les
rendements. Ils dépendent avant tout de l’approvision-
nement des plantes en azote, sachant que ce sont sur-
tout les formes minérales d’engrais azoté qui contri-
buent à différencier les rendements. Le phosphore a pu
être exclu des facteurs co-limitants, car l’approvisionne-
ment en phosphore se situait à un haut niveau au début
de l’essai. Malgré une baisse continue des éléments
nutritifs disponibles dans le sol, en 2003, l’approvision-
nement en phosphore est resté correct avec le niveau de
fumure élevé et suffisant avec le niveau de fumure bas.
La faible différence des teneurs en phosphore de la
paille et des grains confirme ce constat.
Par contre, le potassium a pu être identifié comme
étant un facteur co-limitant de l’azote dans les cultures
de blé, en cas d’apport réduit dans les procédés bio au
niveau de fumure 1 et dans le procédé N0. C’est ce qu’in-
dique la différence entre les teneurs de potassium dans la
biomasse superficielle et les teneurs de potassium dispo-
nible dans le sol. Oberson et al. (2012) aboutissent à des
résultats comparables dans leur étude sur la fixation bio-
logique de N2 et le caractère limitant des éléments nutri-
tifs dans la croissance du trèfle dans la prairie temporaire
de l’essai DOC. Il faut toutefois souligner que les procé-
dés bio au niveau de fumure 2 (soit 1,4 UGBF/ha) pré-
sentent un approvisionnement équilibré en potassium et
que les deux systèmes biologiques peuvent être considé-
rés comme durables avec ce niveau de fumure. Dans ce
cas, l’amélioration des rendements passe essentiellement
par une amélioration de l’alimentation en azote. n
P: K: Mg:
1977Classede fer-tilité
2003Classede fer-tilité
Variati-on
taux/an1977
Classede fer-tilité
2003Classede fer-tilité
Variati-on
taux/an1977
Classede fer-tilité
2003Classede fer-tilité
Variati-on
taux/an
mg/kg mg/kg mg/kg mg/kg mg/kg mg/kg
N0 2,4 D 0,3 B -0,08 7,1 B 3,0 A -0,15 95,4 C 60,6 B -1,29
D1 2,4 D 0,5 B -0,07 7,0 B 5,7 A -0,05 100,2 C 82,0 C -0,67
O1 2,7 D 0,4 B -0,08 8,1 B 5,5 A -0,10 94,3 C 79,8 C -0,54
C1 2,8 D 0,6 B -0,08 7,8 B 5,0 A -0,10 94,2 C 72,3 C -0,81
D2 2,5 D 1,0 C -0,05 6,9 B 10,7 B 0,14 101,5 C 97,8 C -0,14
O2 2,6 D 0,9 C -0,06 7,7 B 10,3 B 0,10 92,9 C 99,0 C 0,23
C2 2,6 D 1,4 C -0,04 7,5 B 8,8 B 0,05 94,2 C 91,7 C -0,09
M2 2,4 D 0,9 C -0,06 6,8 B 9,8 B 0,11 98,3 C 101,3 C 0,11
Tableau 6 | Teneurs en éléments nutritifs du sol en mg/kg et classe de fertilité selon DBF-GCH 2009 (Flisch et al. 2009) pour 1977 et pour la moyenne des années 2000–2003 ainsi que variation annuelle des teneurs 1977–2003
L'approvisionnement du sol en éléments nutritifs a été représenté à l'aide des classes de fertilité A=pauvre, B=modéré C=suffisant D=riche; teneur moyenne en argile 15–20%.
81
Apports en éléments nutritifs sur le blé d’automne – à partir de quand deviennent-ils limitants? | Production végétale
Ria
ssu
nto
Sum
mar
y
Recherche Agronomique Suisse 4 (2): 74–81, 2013
Bibliographie b Agroscope, 2011. Schweizerische Referenzmethoden der Eidg. landw. Forschungsanstalten, Band 1.
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DOC trial: nutrient supply in winter wheat –
where is the deficit?
The nutrient supply of winter wheat was one of
the topics investigated by the DOC long-term
system comparison from 1978 to 2003. The aim of
this trial is to provide evidence of nutrient-related
yield limitations in organic farming systems.
Substantial differences in yield between «organic»
and «conventional» farming systems and different
fertilisation intensities were primarily attributed to
the delivery of nutrients – in particular, nitrogen – to
the plants. Because the soil phosphorus supply was
adequate in all DOC systems over the entire trial
period, phosphorus was ruled out as a co-limiting
factor. The plant analyses of straw and grain
exhibited high figures and a low differentiation for
phosphorus, thus confirming the soil findings.
By contrast, potassium was identified along with
nitrogen as a co-limiting factor in the organic
systems at the low fertilisation intensity and in the
unfertilised control. This was indicated by the
differentiation of potassium content in the
above-ground biomass and the available soil
potassium content. Despite this, both the bio-
dynamic and bio-organic system exhibited a
balanced potassium supply at the high fertilisation
intensity. Both bio-systems may therefore be
considered sustainable at this fertilisation intensity.
Key words: farming systems, organic farming,
wheat, plant nutrition, nutrient limitation.
Esperimento DOC: approvvigionamento in
sostanze nutritive nelle colture di frumento
autunnale - dove si evidenziano limitazioni?
Il confronto tra sistemi su lungo periodo DOC si è
concentrato anche sull'analisi dell'approvvigiona-
mento in sostanze nutritive delle colture di
frumento autunnale dal 1978 al 2003, al fine di
fornire indicazioni sulle limitazioni di resa ricondu-
cibili alle sostanze nutritive nei sistemi agricoli
biologici.
I notevoli scarti di resa tra sistemi agricoli «biolo-
gici» e «convenzionali» e il livello di concimazione
hanno potuto essere essenzialmente ricondotti
all'approvvigionamento in sostanze nutritive delle
piante, soprattutto in azoto. È stato escluso il
ruolo di fattore co-limitante del fosforo, poiché il
tenore di fosforo del suolo risultava sufficiente
per tutta la durata dell'esperimento in tutti i
processi DOC. Le analisi effettuate su paglia e
chicchi indicano valori elevati di fosforo e una
bassa differenziazione, confermando quindi i
risultati ottenuti dall'analisi del suolo.
Il potassio, invece, è stato identificato quale fattore
co-limitante dell'approvvigionamento in azoto nei
processi biologici a basso livello di concimazione e
nelle superfici di controllo non concimate. Ciò è
confermato dalla differenziazione dei tenori di
potassio nella biomassa superficiale e quelli
disponibili nel suolo. Tuttavia il sistema biologico-
dinamico e quello biologico-organico indicavano
un approvvigionamento di potassio equilibrato a
un livello di concimazione elevato. Entrambi i
sistemi biologici possono pertanto essere ritenuti
sostenibili a questo livello di concimazione.
82 Recherche Agronomique Suisse 4 (2): 82–87, 2013
En Suisse, la moitié des céréales panifiables sont protégées contre les maladies foliaires par une application de fongicide.
I n t r o d u c t i o n
La septoriose est une des plus importantes maladies fon-
giques du blé sous nos latitudes. La gestion de cette
maladie est basée sur la culture de variétés peu sensibles,
sur le travail du sol et sur l’application de fongicides. En
Suisse, la moitié de la surface dédiée aux céréales pani-
fiables est cultivée en mode conventionnel et est donc
protégée contre les maladies foliaires par pulvérisation
d’un produit fongicide. L’un des agents pathogènes de
la septoriose est Mycosphaerella graminicola (Fuckel)
J. Schröt., aussi connu sous le nom de sa forme asexuée,
Septoria tritici Rob. in Desm. Jusqu’à récemment, deux
groupes de matières actives étaient utilisés pour lutter
contre cette maladie: les Qol (Quinone Outside Inhibi-
tors; strobilurines) et les DMI (Demethylation Inhibitors;
dont les triazoles). Une mutation ponctuelle conférant
la résistance aux QoI est rapidement apparue dans les
populations de M. graminicola, rendant l’efficacité de
ce groupe aléatoire. Le pathogène s’est aussi adapté
Stéphanie Schürch1 et Thibaut Cordette2
1Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 1260 Nyon, Suisse2Université de Picardie Jules Vernes, 80000 Amiens, France
Renseignements: Stéphanie Schürch, e-mail: [email protected], tél. +41 22 363 43 75
Sensibilité initiale de la septoriose du blé aux fongicides SDHI (carboxamides)
P r o d u c t i o n v é g é t a l e
Sensibilité initiale de la septoriose du blé aux fongicides SDHI (carboxamides) | Production végétale
83
Rés
um
é
Recherche Agronomique Suisse 4 (2): 82–87, 2013
Une nouvelle famille de fongicides, les
carboxamides (ou SDHI), est disponible
depuis peu pour lutter contre la septoriose
du blé. Le risque de développement de
résistances chez Mycosphaerella graminicola
vis-à-vis de cette famille est estimé moyen à
élevé. Des précautions d’utilisation sont
donc nécessaires pour conserver le plus
longtemps possible l’efficacité des carboxa-
mides. Un suivi de la résistance pourrait être
nécessaire si l’efficacité au champ n’est plus
satisfaisante. Dans ce but, un protocole a été
établi pour tester la sensibilité des souches à
grande échelle. La sensibilité initiale de
117 souches de ce pathogène vis-à-vis de
trois matières actives de la famille des SDHI
a été évaluée in vitro. Ces données forment
une «ligne de base» et pourront au besoin
servir de point de comparaison. Dans un
premier temps, pour prévenir et freiner le
développement des résistances, les carboxa-
mides ne sont appliquées sur céréales
qu’une fois par culture et ne sont utilisées
qu’en mélange avec des matières actives
appartenant à un autre groupe de résistance.
aux DMI par une perte de sensibilité graduelle, ce qui
peut se traduire au champ par une érosion de l’effica-
cité des produits. Pour gérer ces phénomènes de résis-
tance, le chlorothalonil, une matière active multi-sites,
est régulièrement utilisé comme partenaire de mélange.
Dès 2010, des fongicides à base de SDHI (Succinate
Dehydrogenase Inhibitors) sont apparus sur le marché
pour lutter contre la septoriose. Les SDHI, aussi appelés
carboxamides, sont en fait une ancienne famille de fon-
gicides utilisés depuis les années 1970 pour traiter les
semences contre les Basidiomycètes (agents du charbon
ou de la carie, par exemple; Rheinheimer 2012). La plus
ancienne molécule de cette famille encore utilisée
aujourd’hui est la carboxine, mise sur le marché en 1968.
La découverte du boscalid en 2003 a donné un nouvel
élan à cette famille puisque cette molécule est aussi
active contre les Ascomycètes. Cet élargissement du
spectre d’activité a rendu possible l’utilisation des SDHI
contre les maladies foliaires des céréales. Ceci a suscité un
regain d’intérêt consécutif des firmes phytopharmaceu-
tiques pour cette famille et conduit au développement
de nouvelles molécules, comme l’isopyrazam ou le
bixafen. Vu le développement de résistances aux QoI et
DMI, disposer d’un nouvel outil pour lutter contre la sep-
toriose est intéressant. A ce jour, aucune souche de M.
graminicola résistante aux carboxamides n’a été détectée
en champ (FRAC 2012), mais des mutants résistants ont pu
être obtenus en laboratoire (Skinner et al. 1998; Fraaije et
al. 2012). De plus, des souches résistantes ont été trouvées
au champ pour plusieurs autres pathogènes comme
Botrytis cinerea ou Sclerotinia sclerotiorum (FRAC 2012).
Les carboxamides inhibent au niveau des mitochon-
dries un enzyme de la chaîne respiratoire (complexe II);
un maillon indispensable de la production d’énergie
dans les cellules fongiques. Chez les souches résistantes,
cet enzyme est légèrement modifié (substitution d’un
ou plusieurs acides aminés) de façon à ce que la molé-
cule fongicide ne puisse plus se lier correctement à son
site d’action. Le risque de développement de résistance
chez M. graminicola vis-à-vis des SDHI est estimé moyen
à élevé. Pour suivre l’évolution de la résistance chez ce
pathogène, la sensibilité initiale (ligne de base) doit être
connue. Ce point de départ est important pour évaluer
l’efficacité des mesures de gestion de la résistance.
Le but de la présente étude était de mettre au point
dans notre laboratoire un test de sensibilité à grande
échelle et de définir la ligne de base pour trois molé-
cules appartenant aux SDHI: le boscalid, le bixafen et
l’isopyrazam. Si, à l’avenir, une analyse de la résistance
s’avérait nécessaire suite à d’éventuels doutes sur l’effi-
cacité de ces molécules, un point de comparaison est
disponible.
Production végétale | Sensibilité initiale de la septoriose du blé aux fongicides SDHI (carboxamides)
84 Recherche Agronomique Suisse 4 (2): 82–87, 2013
M a t é r i e l e t m é t h o d e s
Un total de 127 souches de M. graminicola ont été iso-
lées à partir de lésions foliaires. En 2008, le matériel
végétal (variété Arina) provenait de Changins (VD) et
Goumoëns-la-Ville (VD); en 2011, de ces deux mêmes
lieux (variétés Arina et Tapidor) ainsi que de Satigny
(variétés Zinal et Levis). Pour les tests de sensibilité
(méthodologie d’après G. Stammler BASF, modifiée), les
souches ont été incubées 7 jours sur yeast-malt-agar
(YMA: 4 g d’extrait de levure, 4 g d’extrait de malt, 4 g
de saccharose, 15 g d’agar, dans 1 l d’eau bidistillée,
50 mg d’auréomycine). La croissance levuriforme a été
encouragée par exposition aux UV proches. Des spores
prélevées à l’aide d’un coton-tige ont été mises en sus-
pension dans un milieu liquide yeast-bacto-glycerol dou-
blement concentré (YBG: 20 g d’extrait de levure, 20 g
de bacto peptone, 40 ml de glycérol dans 1 l d’eau bidis-
tillée). La concentration des spores a été ajustée à
1,6 × 104 spores/ml.
Chacune des trois matières actives (Fluka) a été dis-
soute dans du diméthylsulfoxyde (DMSO) pour obtenir
une solution mère à 1 g/l. Les concentrations finales des
substances actives étaient de 0, 0,03, 0,1, 0,3, 1, 3, 6,5 et
10 µg/ml avec une concentration constante de DMSO à
1 %. Dans des plaques de microtitration 96 puits, 50 µl de
suspension de spores ont été mises en contact avec 50 µl
de solution fongicide. Chaque test comportait un
témoin négatif (milieu YBG sans spores) et a été répété
trois fois. Après 7 jours d’incubation à 18 °C dans l’obscu-
rité et sous agitation constante, la croissance a été éva-
luée par mesure de l’absorbance à 405 nm à l’aide d’un
lecteur de plaque (MRX Reader, Dynex technologies). La
sensibilité aux fongicides a été définie par la quantité de
substance inhibant la croissance de 50 % (EC50), elle-
même déterminée par une régression logistique à
quatre paramètres (fig. 1) effectuée avec XLSTAT (Ver-
sion 2011.2.04, Addinsoft 1995 – 2011).
R é s u l t a t s
La méthodologie a été adaptée afin d’obtenir des résul-
tats fiables et reproductibles. Les tests de sensibilité ont
été effectués en plaques de microtitration ce qui a rendu
possible l’étude d’un relativement grand nombre (117)
de souches de M. graminicola. Une plus grande quantité
de boscalid était nécessaire pour inhiber la croissance de
50 % (EC50 entre 0,093 et 0,919 µg/ml, moyenne 0,388 µg/
0
0,2
0,4
0,6
0,8
1
1,2
1,4
1,6
1,8
0,01 0,1 1 10
Dens
ité o
ptiq
ue à
405
nm
Concentration en boscalid (µg/ml)
EC50 = 0,395 µg/ml
Figure 1 | Croissance de Mycosphaerella graminicola (souche 11-02) à sept concentrations de boscalid (ronds bleus) et EC50 (triangle jaune), calculée par régression logistique (modèle = ligne noire).
Sensibilité initiale de la septoriose du blé aux fongicides SDHI (carboxamides) | Production végétale
85Recherche Agronomique Suisse 4 (2): 82–87, 2013
ml) par rapport aux deux autres matières actives (Krus-
kal–Wallis K = 98,3, P < 0,0001; fig. 2). Le bixafen (EC50
entre 0,030 et 0,638 µg/ml, moyenne 0,217 µg/ml) était
un peu moins efficace in vitro que l’isopyrazam (EC50
entre 0,018 et 0,626 µg/ml, moyenne 0,161 µg/ml). Il n’y
avait pas de différence significative entre les deux
années de prélèvement, 2008 et 2011. La résistance aux
strobilurines des 46 souches collectées en 2008 était pré-
alablement connue. Les souches résistantes et les souches
sensibles aux strobilurines ne présentaient pas de profil
de sensibilité aux carboxamides significativement diffé-
rent. Entre carboxamides, par contre, la sensibilité était
corrélée. La sensibilité au bixafen était liée le plus forte-
ment à celle à l’isopyrazam (R2 = 0,47, P < 0,0001; fig. 3),
alors que la corrélation entre boscalid et isopyrazam (R2
= 0,31, P < 0,0001) était un peu moins forte et celle entre
bixafen et boscalid (R2 = 0,17, P < 0,0001) la plus faible.
D i s c u s s i o n
Un protocole adapté à notre laboratoire et la sensibilité
initiale aux carboxamides de souches suisses de M. gra-
minicola ont été établis. Cette ligne de base est un point
de comparaison indispensable à toute étude de sensibi-
lité future. La fourchette de concentration de fongicide
utilisée était adaptée à la sensibilité de la population.
L’ajout de deux concentrations supplémentaires entre
0,1 et 1 µg/ml permettrait une estimation plus précise
des EC50. Réunir les conditions induisant une croissance
levuriforme et homogène (conditions indispensables à
une mesure quantitative) de M. graminicola dans des
puits de 6,5 mm de diamètre est relativement délicat.
Les EC50 obtenues (moyennes et fourchettes) corres-
pondent à celles décrites pour des souches de M. grami-
nicola d’autres provenances (Sierotzki et al. 2010; Fraaije
et al. 2012). Les fourchettes sont relativement larges.
Une plus grande quantité de boscalid que de bixafen ou
d’isopyrazam est nécessaire pour inhiber la croissance
des souches. Selon un modèle structural des interactions
entre les carboxamides et leur cible, l’affinité (force de
liaison) du boscalid avec les protéines du complexe II
serait inférieure à celles des deux autres molécules
(Fraaije et al. 2012). Nous n’avons pas observé de résis-
tance croisée entre les strobilurines et les carboxamides;
deux familles de fongicides ayant un mode d’action dif-
férent. Par contre, la sensibilité aux carboxamides était
intercorrélée, ce qui s’explique facilement vu que les
trois molécules ont la même cible et le même mode
d’action. On parle de sensibilité croisée. Pratiquement,
cela signifie que si une souche venait à développer une
résistance à une molécule, elle serait aussi résistante aux
deux autres.
Changins Goumoëns Changins Goumoëns Satigny 0
0,1
0,2
0,3
0,4
0,5
0,6
0,7
0,8
0,9
1
EC50
Bos
calid
(µg/
ml)
2008 2011
n=22 n=24 n=21 n=19 n=31
A
Changins Goumoëns Changins Goumoëns Satigny 0
0,1
0,2
0,3
0,4
0,5
0,6
0,7
0.8
0,9
1
EC50
Bix
afen
(µg/
ml)
2008 2011
n=22 n=24 n=21 n=19 n=31
B
Changins Goumoëns Changins Goumoëns Satigny
EC50
Isop
yraz
am (µ
g/m
l)
2008 2011
C
n=22 n=24 n=21 n=19 n=31
0
0,1
0,2
0,3
0,4
0,5
0,6
0,7
0,8
0,9
1
Figure 2 | Sensibilité de cinq populations de M. graminicola au (A) boscalid, (B) bixafen et (C) isopyrazam. (Boîtes à moustaches: 50 % des données dans le rectangle, ligne horizontale = médiane, croix rouge = moyenne).
Changins Goumoëns Changins Goumoëns Satigny 0
0,1
0,2
0,3
0,4
0,5
0,6
0,7
0,8
0,9
1
EC50
Bos
calid
(µg/
ml)
2008 2011
n=22 n=24 n=21 n=19 n=31
A
Changins Goumoëns Changins Goumoëns Satigny 0
0,1
0,2
0,3
0,4
0,5
0,6
0,7
0.8
0,9
1
EC50
Bix
afen
(µg/
ml)
2008 2011
n=22 n=24 n=21 n=19 n=31
B
Changins Goumoëns Changins Goumoëns Satigny
EC50
Isop
yraz
am (µ
g/m
l)
2008 2011
C
n=22 n=24 n=21 n=19 n=31
0
0,1
0,2
0,3
0,4
0,5
0,6
0,7
0,8
0,9
1
Changins Goumoëns Changins Goumoëns Satigny 0
0,1
0,2
0,3
0,4
0,5
0,6
0,7
0,8
0,9
1
EC50
Bos
calid
(µg/
ml)
2008 2011
n=22 n=24 n=21 n=19 n=31
A
Changins Goumoëns Changins Goumoëns Satigny 0
0,1
0,2
0,3
0,4
0,5
0,6
0,7
0.8
0,9
1
EC50
Bix
afen
(µg/
ml)
2008 2011
n=22 n=24 n=21 n=19 n=31
B
Changins Goumoëns Changins Goumoëns Satigny
EC50
Isop
yraz
am (µ
g/m
l)
2008 2011
C
n=22 n=24 n=21 n=19 n=31
0
0,1
0,2
0,3
0,4
0,5
0,6
0,7
0,8
0,9
1
86
Production végétale | Sensibilité initiale de la septoriose du blé aux fongicides SDHI (carboxamides)
Recherche Agronomique Suisse 4 (2): 82–87, 2013
Des mesures ont été prises pour limiter le risque de déve-
loppement de résistance dans les populations naturelles
de M. graminicola. Les carboxamides ne sont pas
employées seules pour lutter contre la septoriose, mais
en mélange avec des triazoles qui ont un mode d’action
différent et avec lesquelles il n’y a pas de résistance croi-
sée. L’application est limitée à un seul traitement contre
les maladies foliaires sur céréales. Ces deux mesures
devraient être suffisantes pour limiter le risque de proli-
fération des souches résistantes et conserver à long
terme l’efficacité des carboxamides. n
0
0,1
0,2
0,3
0,4
0,5
0,6
0,7
0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7
EC 50
Isop
yraz
am (µ
g/m
l)
EC50 Bixafen (µg/ml)
Figure 3 | Sensibilité croisée entre bixafen et isopyrazam chez M. graminicola (régression linéaire y = 0,55x + 0,04; n = 111).
87
Sensibilité initiale de la septoriose du blé aux fongicides SDHI (carboxamides) | Production végétale
Ria
ssu
nto
Sum
mar
y
Recherche Agronomique Suisse 4 (2): 82–87, 2013
Bibliographie b Fraaije B. A., Bayon C., Atkins S., Cools H. J., Lucas J. A. & Fraaije M. W., 2012. Risk assessment studies on succinate dehydrogenase inhibitors, the new weapons in the battle to control Septoria leaf blotch in wheat. Molecular Plant Pathology 13 (3), 263–275.
b FRAC, 2012. Succinate dehydrogenase inhibitor (SDHI) working group. Minutes of the 5th meeting on December 6, 2011. Accès: http://www.frac.info [6 novembre 2012].
b Rheinheimer J., 2012. Succinate dehydrogenase inhibitors: anilides. In: Modern crop protection compounds (éd. W. Krämer, U. Schirmer, P. Jeschke & M. Witschel). Wiley, Weinheim, 627-639.
b Sierotzki H., Frey R., Morchoisne M., Olaya G., Mösch M. & Scalliet G., 2010. Sensitivity of fungal pathogens to SDHI fungicides. In: Modern fun-gicides and antifungal compounds VI (éd. H. W. Dehne, H. B. Deising, U. Gisi, K. H. Kuck, P. E. Russel & H. Lyr). DPG, Braunschweig, 179–186.
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Baseline sensitivity of septoria leaf
blotch to SDHI fungicides
Since recently, a new class of fungi-
cides is available to control Septoria
leaf blotch of wheat, the so-called
carboxamides or SDHI. The risk of
resistance development in
Mycosphaerella graminicola to SDHI
fungicides is estimated to be medium
to high. Therefore the implementation
of an anti-resistance strategy is
necessary to preserve the efficacy of
these fungicides. Sensitivity studies
may be necessary in case field efficacy
weakens. Thus, a method was estab-
lished to conduct large-scale sensitivity
tests in our laboratory. The sensitivity
to three SDHI active substances
(boscalid, bixafen and isopyrazam) of
117 Swiss M. graminicola strains was
measured in vitro. These data describe
the «baseline sensitivity» (initial
sensitivity level prior to the introduc-
tion of the fungicides) and may be
used in case of control failures to
detect potential shifts in sensitivity. At
the moment, to prevent resistance
emergence and build up, SDHI fungi-
cides are applied on cereals only once
per crop and are used only in mixtures
with partners having a different mode
of action.
Key words: EC50, baseline sensitivity,
resistance, septoria leaf blotch, wheat.
Sensibilità iniziale ai fungicidi SDHI
(carbossamidici) della septoriosi del
frumento
E’ da poco disponibile una nuova
famiglia di fungicidi, i carbossamidici o
SDHI per lottare contro la septoriosi
del frumento. Il rischio di sviluppare
delle resistenze nella Mycosphaerella
graminicola verso questa famiglia è
stimato da medio a elevato. E’ dunque
necessario prendere delle precauzioni
nell’uso per conservare il più lungo
possibile l’efficacia dei carbossamidici.
Un monitoraggio delle resistenze
potrebbe essere necessario se l’effica-
cia in campo non è più soddisfacente.
A questo scopo è stato stabilito un
protocollo per testare su larga scala la
sensibilità dei ceppi. La sensibilità
iniziale di 117 ceppi di questo pato-
geno verso tre sostanze attive della
famiglia dei SDHI è stata valutata in
vitro. Questi dati formano una «linea
di base» e potrebbero, al bisogno,
servire come punto di confronto. Per
prevenire e frenare, in un primo
tempo, lo sviluppo di resistenze, i
carbossamidici sono applicati su cereali
solo una volta per coltura e sono
utilizzati unicamente miscelati con
delle sostanze attive appartenenti a un
altro gruppo di resistenza.
88 Recherche Agronomique Suisse 4 (2): 88–91, 2013
La question de l’approvisionnement en denrées alimen-
taires joue de nouveau un rôle plus important. La Suisse
peut-elle nourrir sa population actuelle de façon suffi-
sante sur la base de l’alimentation actuelle? Quelle est
la surface nécessaire moyenne pour nourrir une per-
sonne en Suisse? Cette surface peut-elle être optimisée
par un régime alimentaire adapté? Comment se réparti-
raient les surfaces nécessaires pour nourrir la popula-
tion de l’agglomération de Bâle, si toutes les denrées
alimentaires devaient être produites localement? Tel
était en résumé le thème d’un travail de Master à la
Haute école spécialisée de la Suisse du nord-ouest. Une
grande importance a été accordée sur la visualisation de
la surface nécessaire, donc sur des cartes.
Hypothèses
Des calculs effectués par la Haute école spécialisée ont
démontré qu’une personne aurait besoin d’une surface
agricole de 1’800 m² pour son alimentation actuelle
(sans boissons). Ceci est valable pour les denrées pro-
duites en Suisse sur la base de rendements actuels
moyens. Ainsi, l’alimentation d’une personne nécessite-
rait 47 % de la surface pour la production herbagère,
51 % pour les grandes cultures et 2 % pour l’approvision-
nement en fruits. Au total et en incluant les surfaces her-
bagères, près de 80 % de la surface nécessaire seraient
voués à une production fourragère (fig. 1).
D’emblée, il a fallu développer un modèle basé sur
des méthodes de géoinformatique et des dates géoma-
tisées, pour pouvoir répartir correctement la surface
agricole à disposition sur la population locale. Faute de
données plus précises quant à l’aptitude du sol, le
modèle est basé sur des données fournies par la statis-
tique suisse de la superficie. Les surfaces répertoriées
ont été allouées de façon itérative en se basant entre
autres sur les distances afin de minimiser les transports.
Dans le cas de l’agglomération de Bâle, une surface
nécessaire pour nourrir 500 000 personnes a dû être
allouée. Il fallait s’attendre à ce que la surface nécessaire
dépasse de loin l’étendue de l’agglomération elle-même.
Le nouveau modèle a permis de dresser des cartes
qui montrent assez bien quelle serait l’étendue de la sur-
face nécessaire si l’on se basait sur l’alimentation actuelle.
La figure 2 montre donc l’extension de cette surface
nécessaire pour nourrir un demi-million de personnes
vivant dans l’agglomération bâloise. Il faut préciser que
les personnes vivant en dehors de l’agglomération n’ont
pas été prises en considération. Le modèle considère
que les surfaces extérieures à l’agglomération sont inha-
bitées... En outre, la limite du système a été définie
(frontières avec la France et l’Allemagne), car sans cette
restriction le modèle se serait dispersé au nord. Il s’avère
que le modèle peut être transposé sur d’autres régions.
Deux scénariosDans la deuxième partie du travail, il s’agissait d’optimiser
le régime alimentaire actuel, essentiellement, en rédui-
sant la surface individuelle tout en respectant les aspects
nutritionnels physiologiques. Deux scénarios ont été cal-
culés; le premier avait pour but de réduire la surface indi-
viduelle nécessaire au strict minimum. En réduisant la part
de produits animaux et en les remplaçant par des cultures,
la surface nécessaire individuelle a pu être réduite de près
Adrian Moser1 et Claude Lüscher2
1Service de géoinformation Bâle-Ville, 4001 Bâle, Suisse2Haute école spécialisée de la Suisse du nord-ouest (FHNW), 4132 Muttenz, Suisse
Renseignements: Adrian Moser, e-mail: [email protected], tél. +41 61 267 92 67
Surfaces nécessaires à l'alimentation de l’agglomération bâloise mises en image
E c l a i r a g e
Pour nourrir une personne, la surface d'une table ne suffit pas. (Photo: Christian Koch/Ruth Schürmann tiré du Magazin Umwelt 2/2010)
Surfaces nécessaires à l'alimentation de l’agglomération bâloise mises en image | Eclairage
89Recherche Agronomique Suisse 4 (2): 88–91, 2013
de 40 % à quelques 1100 m2 par personne (fig. 3). C’est
surtout la surface herbagère qui s’est vue réduite.
La figure 4 montre la surface nécessaire pour nourrir
la population de l’agglomération de Bâle sur la base
d’un régime alimentaire optimisé (visant une surface
minimale). La surface herbagère de l’agglomération-
même suffirait presque pour couvrir les besoins en pro-
duits laitiers et en viande, tandis que la surface néces-
saire pour les grandes cultures s’étendrait toujours bien
au-delà des limites de l’agglomération.
Ce régime alimentaire presque végétarien ne corres-
pond pas vraiment aux coutumes suisses. C’est pourquoi,
dans un deuxième scénario, on a essayé d’atteindre une
meilleure utilisation des surfaces agricoles à disposition.
Etant donné la situation géographique dans le Jura
tabulaire, la Suisse du nord-ouest possède beaucoup de
surfaces qui ne peuvent être utilisées raisonnablement
que pour la production herbagère. Un régime alimen-
taire adapté devrait forcément prévoir une partie plus
importante de produits laitiers et de viande, puisque
dans le cas contraire on ne respecterait pas vraiment le
potentiel producteur des monts jurassiens. Ceci ne cor-
respondrait pas non plus à une politique de sécurité ali-
mentaire judicieuse.
grandes cultures
22%
fruits1%
produits laitiers30%
viande bovine
23%
viande de porc17%
volaille3% œufs
4% !"#$%&'()*"+,-./%0+Surface totale 1764m²
Figure 1 | Parts des surfaces pour la production des divers pro-duits agricoles par rapport à la surface totale nécessaire pour l’ali-mentation actuelle d’une personne.
Figure 2 | Surfaces nécessaires pour nourrir la population de l’agglomération bâloise sur la base de l’alimentation actuelle, la surface totale étant divisée en surfaces herbagères, surfaces de grandes cultures et vergers. Les surfaces résidentielles, les forêts ainsi que les surfaces non agricoles ont été éclipsées. Mise à part la frontière avec l’étranger, aucune autre restriction n’a été prise en compte.
grands cultures44%
fruits2%
produits laitiers38%
viande bovine
1% viande de porc
12% volaille
0% œufs3%
!"#$%&'()*"+,-./%0+Surface totale 1087m²
Figure 3 | Parts des surfaces pour la production des divers produits par rapport à la surface nécessaire totale pour une personne, sur la base d’un régime alimentaire optimisé (visant une surface minimale).
Régime alimentaire actuel en Suisse
aucune restriction spatiale
totalpar
personne
utilisation [ha] m2
grandes cultures 45 377 918surfaces herbagères 40 399 816arboriculture 1236 25Surface totale 86 952 1759
Légende
grandes cultures
surfaces herbagères
vergers
Eclairage | Surfaces nécessaires à l'alimentation de l’agglomération bâloise mises en image
90 Recherche Agronomique Suisse 4 (2): 88–91, 2013
La ration de produits laitiers a donc été augmentée de
10 %, et la consommation de viande a été réduite de
25 %. Seule la viande de bœuf a été choisie, parce que la
race bovine est particulièrement adaptée à une utilisa-
tion judicieuse des pâturages souvent très raides.
La surface totale a été augmentée de 15 % environ à
2000 m2 par personne, en respectant autant que possible
les exigences d’une alimentation physiologiquement
acceptable basée sur des recommandations officielles.
En comparaison avec le régime alimentaire actuel, la part
des surfaces nécessaires à la production de viande aug-
mente, ainsi que celle des cultures légèrement. Les sur-
faces nécessaires pour la production de viande porcine et
pour la volaille se voient fortement réduites (fig. 5).
La figure 6 démontre que la surface cultivée atteint
à peu près la même étendue que celle du calcul de base
(fig. 2). Ceci s’explique par le fait, que tant qu’il reste
de la surface herbagère pour couvrir les besoins de
consommation en viande, une partie de la surface
cultivée doit servir comme prairie artificielle (sinon il
faudrait importer du fourrage). C’est seulement à par-
tir du moment où toute la surface herbagère aura été
allouée que les terres cultivées pourront être utilisées
exclusivement à la production des cultures. Même si la
surface totale augmente de 15 %, les régions recou-
vertes par l’utilisation agricole demeurent à un niveau
semblable à celui d’aujourd’hui; donc ce régime ali-
mentaire adapté respecte beaucoup mieux les condi-
tions de production naturelles sans occuper davantage
de surfaces.
Optimisation possible de l’utilisation des surfaces
L’étude montre de manière exemplaire où se situerait la
surface agricole nécessaire pour la population de l’agglo-
mération de Bâle, si tous les produits alimentaires étaient
cultivés en Suisse. De plus, ces produits devraient être culti-
vés à proximité de l’agglomération pour éviter de longs
transports. Le régime alimentaire actuel pourrait donc être
amélioré en ce qui concerne l’utilisation des surfaces ainsi
Figure 4 | Surfaces nécessaires pour alimenter la population de l’agglomération bâloise sur la base d’une alimenta-tion minimale, divisées en surfaces herbagères, cultures et vergers. Les surfaces résidentielles, les forêts ainsi que les surfaces non agricoles ont été éclipsées. Mise à part la frontière avec l’étranger, aucune autre restriction n’a été prise en compte.
grandes cultures
18% fruits2%
produits laitieres28%
viande bovine38%
viande de porc12%
volaille1% œufs
1% !"#$%&'()*"+,-./%0+Surface totale 2025m²
Figure 5 | Parts des surfaces pour la production des divers produits par rapport à la surface nécessaire totale, sur la base d’une alimentation avec optimisation de la surface.
Régime alimentaire visant une surface minimale
aucune restriction spatiale
totalpar
personneutilisation [ha] m2
grandes cultures 36 430 737surfaces herbagères 15 347 310arboriculture 1236 25Surface totale 53 013 1072
Légende
grandes cultures
surfaces herbagères
vergers
Surfaces nécessaires à l'alimentation de l’agglomération bâloise mises en image | Eclairage
91Recherche Agronomique Suisse 4 (2): 88–91, 2013
Le modèle a ses défauts: les données de la statistique
suisse de la superficie étaient les seules à disposition
pour évaluer le potentiel de production, en raison d’un
manque de données pédologiques plus détaillées. La
production de viande bovine ne correspond pas à la réa-
lité suisse, où normalement on engraisse les bêtes.
Quant aux ruminants, seule la race bovine a été abordée,
toute autre race aurait compliqué les choses. Malgré
tout, le modèle permet une approche réaliste et peut
être transposé à d’autres régions.
C’est important puisqu’il faut rendre conscients les
hommes au sujet de la surface cultivable nécessaire pour
produire du pain et de la viande. n
que d’un point de vue alimentaire (par exemple réduire la
consommation de viande). Un deuxième point concerne
l’optimisation des surfaces nécessaires à un régime alimen-
taire défini et les conditions de production agricole locales.
Les terres cultivées en Suisse sont limitées. En rédui-
sant la part des prairies artificielles dans la rotation des
cultures, en minimisant les pertes ou en modifiant le
régime alimentaire, on arriverait à nourrir davantage de
personnes avec la même surface agricole. Un point impor-
tant concerne l’adaptation des modes de productions
actuels, surtout par un régime de fourrage des ruminants
basé sur de l’herbe et une réduction de la ration en four-
rages concentrés (cultures, mais ensilé): on pourrait donc
utiliser le potentiel producteur de la surface donnée de
façon plus judicieuse.
Tous les calculs ont été effectués sur la base d’une pro-
duction conventionnelle. Une comparaison entre celle-ci
et la production biologique par exemple ne faisait pas
partie de la thèse.
Perspectives
Le nouveau modèle permet de calculer et de visualiser
des modes d’alimentation divers et d’imaginer des scé-
narios variés, avec des régimes alimentaires très diffé-
rents, et pour des régions et des populations plus ou
moins grandes. Il est possible de «diriger» la production
agricole dans l’une ou l’autre direction.
La thèse de Master d’Adrian Moser, ingénieur en géomatique et Master of Advanced Studies Umwelttechnik und –management, a été réalisée dans le cadre d’une formation post-grade en matière de protection d’environnement à la Haute école spécialisée de la Suisse du nord-ouest à Muttenz, Bâle-Campagne. Un groupe de travail a accompagné cette étude dont faisaient partie des spécialistes de l’Office fédéral de l’agriculture OFAG et des deux Office d’agriculture des can-tons de Bâle-Ville et de Bâle-Campagne. Claude Lüscher enseigne au sein de cette formation et a accompagné l’étude.
Bibliographie b Adrian Moser; Ernährungsfläche der Agglomeration Basel – ein Versuch
der Visualisierung: Masterthesis, Fachhochschule Nordwestschweiz, MAS-U, Muttenz, 2011/2012 (non publiée).
Figure 6 | Surfaces nécessaires pour alimenter la population de l’agglomération bâloise avec un régime alimentaire optimisé, respectant le potentiel d’utilisation du Jura. Les surfaces résidentielles, les forêts ainsi que les surfaces non agricoles ont été éclipsées. Aucune restriction n’a été prise en compte à l’exception de la frontière.
Régime alimentaire avec optimisation de la surface
aucune restriction spatiale
totalpar
personneutilisation [ha] m2
grandes cultures 37 418 757surfaces herbagères 61 341 1241arboriculture 2224 45Surface totale 100 983 2043
Légende
grandes cultures
surfaces herbagères
vergers
92 Recherche Agronomique Suisse 4 (2): 92–95, 2013
Figure 1 | Pesée du matériel frais pour la détermination de la matière sèche. (Photo: ALP-Haras)
Patrick Schlegel1 et Harald Menzi2
1Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP Haras, 1725 Posieux, Suisse2Haute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires HAFL, 3052 Zollikofen, Suisse
Renseignements: Patrick Schlegel, e-mail: [email protected], tél. +41 26 407 72 75
Teneurs en azote et en minéraux des poulets de chair
E c l a i r a g e
Ce travail avait pour objectif de déterminer les teneurs
en minéraux et en azote des poulets de chair. Les don-
nées de 27 poulets de chair élevés selon 4 programmes
d’engraissement indiquent que les teneurs corporelles
en matière sèche et en azote augmentent en fonction
du poids vif des animaux, tandis que celle en sodium
baisse. Pour un poulet de 2 kg, correspondant à un
poids usuel d’abattage des poulets âgés d’environ
37 jours, les teneurs corporelles en azote, en calcium,
en phosphore et en potassium s’élèvent à respective-
ment 29,1, 7,1 et 5,8 g/kg de poids vif et les teneurs en
cuivre et en zinc à respectivement 1,7 et 21,3 mg/kg de
poids vif.
Les rejets d’azote (N), de phosphore (P) et de potassium
(K) des poulets de chair ont été récemment réévalués
(Menzi et Schlegel 2009; Agroscope 2009). Cette évalua-
tion s’effectue par un bilan import-export. La quantité
d’éléments ingérés moins la quantité d’éléments fixés
par les poulets de chair lorsque ceux-ci sont vendus par
l’exploitation, donne la quantité d’éléments rejetés par
les animaux. Les teneurs en N, en P et en K de poulets
utilisées jusqu’à présent pour les calculs de bilans nutri-
tifs s’élevaitent à respectivement 26, 5,2 et 2,4 g / kg de
poids vif (Agroscope 2009). Ces données proviennent
d’une étude réalisée en 1974 (Furrer et Stauffer 1975).
Or, la production de poulets de chair s’est profondément
modifiée au cours des 40 dernières années (génétique,
alimentation, performances,…), ce qui justifie de nou-
velles analyses pour déterminer les teneurs corporelles
des poulets. La production de poulets de chair suisse est,
pour l’essentiel, effectuée de manière contractuelles
selon des programmes d’engraissement prédéfinis, tels
que coquelets, engraissement court et engraissement
normal. Les poulets engraissés selon ces programmes
sont abattus à un poids vif de respectivement 800, 1650
et 2150 g. L’engraissement extensif représente 8,5 % de
la production suisse (Aviforum 2010).
Ce travail avait pour objectif de déterminer les
teneurs en azote et en minéraux des poulets de chair.
M a t é r i e l e t m é t h o d e s
Vingt-sept poulets de chair engraissés ont été utilisés
pour cette étude. Les critères de sélection des poulets
étaient les suivants: programme d’engraissement, orga-
nisation de production et exploitation agricole. Les pou-
lets prélevés étaient en bonne santé et avaient un poids
vif représentatif de l’élevage dont ils étaient issus. Les
animaux provenaient de 14 exploitations agricoles, affi-
liées à quatre organisations de production et ont été
engraissés selon quatre programmes (coquelets, engrais-
sement court, normal et extensif). Les teneurs en énergie
métabolisable (EM), en matière azotée (MA) et en P des
aliments distribués ont été communiquées par les orga-
Teneurs en azote et en minéraux des poulets de chair | Eclairage
93Recherche Agronomique Suisse 4 (2): 92–95, 2013
nisations de production. La teneur en N des aliments a
été calculée en divisant la teneur en MA par 6,25.
Les poulets tués ont été pesés alors qu’ils étaient
chauds ou légèrement refroidis (ce qui correspond au PV).
Ils ont ensuite été broyés dans un hachoir à viande, pesés
puis congelés (fig. 1). La masse congelée a été lyophilisée
et la teneur en matière sèche de celle-ci déterminée (fig.
2). Chaque masse corporelle lyophilisée a été moulue
(1 mm) afin d’obtenir une poudre homogène destinée à
la réalisation des analyses chimiques. La teneur en eau
résiduelle a été déterminée par gravimétrie (THG 601,
LECO). La teneur en N quant à elle a été dosée par la
méthode de Kjeldahl (Kjeltec 2400/2460, Foss, Suède)
une fois le matériel digéré (Digestor, Foss; Suède). La
teneur corporelle en MA a été obtenue en multipliant la
teneur en N par 6,38. Après incinération, les minéraux (Ca,
P, Mg, K, Na, Cu, Fe, Mn et Zn) ont été déterminés par
spectrométrie (ICP-OES Optima 7300 DV Perkin-Elmer,
Waaltham, USA). Toutes les analyses ont été effectuées à
deux reprises, à l’exception de celles de la matière sèche
(une seule fois) et de N (quatre fois).
Pour chaque animal, les éléments nutritifs analysés ont
été calculés par kg de PV en matière sèche (MS) et en
matière fraîche (MF). Une analyse de régression a été
effectuée pour évaluer l’effet du poids vif sur les teneurs
corporelles (Systat 2007).
R é s u l t a t s e t d i s c u s s i o n
Les teneurs moyennes en EM, en MA et en P des aliments
distribués (aliment de démarrage, de croissance et de fini-
tion) figurent dans le tableau 1 selon les programmes
d’engraissement. Les teneurs étaient semblables entre
organisations de production.
Les races Hubbard et JA étaient représentées en
engraissement extensif alors que seule la race Ross
(Hybride 308 et PM3) figurait dans les autres programmes
d’engraissement. Le poids vif moyen des coquelets (n = 6),
des poulets en engraissement court (n = 7), normal (n = 8)
et extensif (n = 6) était de respectivement 0,84 ± 0,05 kg,
1,47 ± 0,22 kg, 2,09 ± 0,20 kg et 2,19 ± 0,27 kg. Le PV mini-
mal et maximal était de respectivement 0,80 kg et 2,44 kg.
Programme d'engraissement
EM [MJ/kg] MA [g/kg] P [g/kg]
Dém. Croiss. Fin. Dém. Croiss. Fin. Dém. Croiss. Fin.
Coquelets
12,6 13,0 13,0
225 189 190 6,5 5,7 5,5
Court 223 205 198 6,5 5,6 5,4
Normal 223 191 192 6,5 5,6 5,5
Extensif 216 198 200 6,4 5,5 5,5
Tableau 1 | Valeur nutritive des aliments démarrage, croissance et finition pour poulets de chair
Par kg PV en MS Par kg PV en MF
Ø e-type Min Médiane Max Ø e-type Min Médiane Max
MS [g] 350 19 323 346 391
MA [g] 523 28 473 517 583 183 10 169 181 200
N [g] 82,0 4,3 74,2 81,0 91,4 28,7 1,5 26,4 28,4 31,4
CE [g] 81,6 6,9 70,0 80,8 98,7 28,6 2,7 24,0 27,8 34,8
Ca [g] 19,8 2,3 15,7 19,4 25,2 6,9 0,9 5,2 6,7 8,9
P [g] 16,4 1,9 13,8 16,0 21,8 5,7 0,7 4,7 5,6 7,7
Mg [g] 0,98 0,06 0,87 0,97 1,11 0,34 0,02 0,31 0,35 0,39
K [g] 7,50 0,56 6,18 7,55 8,48 2,62 0,11 2,36 2,60 2,83
Na [g] 3,16 0,32 2,61 3,12 3,76 1,10 0,07 0,92 1,09 1,23
Cu [mg] 5,15 1,41 2,83 5,08 7,41 1,80 0,49 0,97 1,69 2,79
Fe [mg] 236 155 106 168 654 82 53 40 59 218
Mn [mg] 9,7 4,0 3,5 10,5 17,3 3,4 1,4 1,3 3,5 6,2
Zn [mg] 60,5 5,7 50,9 60,2 76,0 21,8 4,0 17,8 21,0 39,8
Tableau 2 | Statistique descriptive de la teneur en matière sèche, en matière azotée et minérale du poulet
Eclairage | Teneurs en azote et en minéraux des poulets de chair
94 Recherche Agronomique Suisse 4 (2): 92–95, 2013
Les teneurs moyennes en éléments nutritifs des poulets
de chair figure dans le tableau 2, indépendamment du
programme d’engraissement et du PV. Etant donné que
les PV ne présentaient pas de distribution normale
(Anderson-Darling: P = 0,045; Shapiro-Wilk: P = 0,02),
une distorsion des teneurs moyennes est possible
Figure 2 | Matériel séché et moulu prêt pour les analyses chimiques. (Photo: ALP-Haras)
Selon la matière fraîche Selon la matière sèche
Modèle PV PV2 R2 ET PV PV2 R2 ET
MS [g]Coeff. 313 22
0,998 30,7P *** *
N [g]Coeff. 26,5 1,3
0,998 2,1081,3
0,997 0,91P *** * *** n.s.
Ca [g]Coeff. 7,10
0,987 0,15919,8
0,988 0,43P *** n.s. *** n.s.
P [g]Coeff. 5,83
0,990 0,11416,3
0,989 0,33P *** n.s. *** n.s.
Mg [g]Coeff. 0,35
0,997 0,0040,97
0,996 0,012P *** n.s. *** n.s.
K [g]Coeff. 2,62
0,998 0,0228,19 -1,22
0,996 0,318P *** n.s. *** *
Na [g]Coeff. 1,20 -0,06
0,997 0,1163,82 -1,11
0,995 0,139P *** * *** ***
Cu [mg]Coeff. 1,74
0,929 0,0984,87
0,936 0,260P *** n.s. *** n.s.
Fe [mg]Coeff. 84
0,727 10,1232
0,716 28,7P * n.s. *** n.s.
Mn [mg]Coeff. 3,36
0,844 0,2839,37
0,841 0,799P + n.s. *** n.s.
Zn [mg]Coeff. 21,3
0,990 0,4259,5
0,990 1,18P *** n.s. *** n.s.
R2: Coefficient de détermination; ET: Erreur type; ***: P < 0,001; **: P<0,01 *: P<0,05; +: P<0,10; n.s.: P>0,10
Tableau 3 | Export en éléments nutritifs de poulets de chair en fonction du poids vif [kg]
0
20
40
60
80
0,0 0,5 1,0 1,5 2,0 2,5 3,0
Expo
rt e
n N
[g]
Poids vif [kg]
0
4
8
12
16
20
0,0 0,5 1,0 1,5 2,0 2,5 3,0
Expo
rt e
n P
[g]
Poids vif [kg]
Figure 3 | Export en azote et en phosphore en fonction du poids vif.
Teneurs en azote et en minéraux des poulets de chair | Eclairage
95Recherche Agronomique Suisse 4 (2): 92–95, 2013
(tabl. 2), raison pour laquelle les teneurs corporelles ont
été converties en quantité exportée (en g/animal) et
reportées en fonction du PV en MS ou en MF (tabl.3,
exemple avec N et P sous fig. 3). Basés sur la MS, les
exports en K (effet quadratique, P < 0,001) et en Na
(effet quadratique, P < 0,05) s’abaissaient avec un PV
croissant. Basé sur la MF, l’export en MS et en N aug-
mentait avec le PV croissant alors que celui en Na
s’abaissait (effets quadratiques, P < 0,05). Ainsi, les
teneurs en MS et en N augmentent et celle en Na baisse
avec l’accroissement du PV des poulets, tandis que celles
d’autres éléments, tels que le P et le K, restent constantes
(fig. 4). Un poulet de 2 kg PV, correspondant à un poids
de vente usuel d’un engraissement normal (environ 37
jours d’âge) exporte 58,2 g de N (26,5 g N/kg PV × 2,0 kg
PV + 1,3 g N / kg PV2 × 2,02 kg PV = 58,2 g N, tabl. 3), ce
qui représente 29,1 g N/kg PV (58,2/2 = 29,1 g N/kg PV).
La teneur corporelle en N selon Hadorn (1994), Bregen-
dahl et al. (2002), Hemme (2004), Fatufe et Rode-
hutscord (2005) et Javadi et al. (2007) est légèrement
supérieure à la valeur utilisée jusqu’à aujourd’hui en
Suisse, soit 26 g/kg PV (Agroscope 2009), et légèrement
inférieure aux données de la présente étude. La teneur
corporelle en P de 5,8 g/kg PV (tabl. 3) est d’environ
35 % plus élevée que celle de coquelets légers (530 g),
selon Hemme (2004), ou de poulets de chair de 40 jours
d’âge (Nys et al. 1997).
Bibliographie b Agroscope, 2009. Données de base pour la fumure des grandes cultures et des herbages (DBF-GCH). Revue suisse d’Agriculture 2, 1–100.
b Aviforum 2010. Informations personnelles. b Bregendahl K., Sell J. L. & Zimmerman D. R., 2002. Prediction of whole-body composition from the whole-body dry matter percentage of three-eek-old broiler chicks. Poultry Sci. 81, 1168–1171.
b Fatufe A. A. & Rodehutscord M., 2005. Growth, body composition and marginal efficiency of methionine utilization are affected by nonessential amino acid nitrogen supplementation in male broiler chicken. Poultry Sci. 84, 1584–1592.
b Furrer O. J. & Stauffer W., 1975. Menge und Zusammensetzung des in der Geflügelhaltung anfallenden Düngers. Schweiz. Landw. Monatshefte 53, 368–376.
b Hadorn R., 1994. Einfluss unterschiedlicher Nahrungsfaserträger (Soja und Hirseschalen) im Vergleich zu Weizenquellstärke auf die Nährstoff- und Energieverwertung von wachsenden Schweinen und Broilern. Disser-tation ETH, N° 10946.
100
150
200
250
300
350
400
0
5
10
15
20
25
30
0,0 0,5 1,0 1,5 2,0 2,5 3,0
Tene
ur e
n N
, P e
t K [g
/ kg
PV]
Poids vif [kg]
N P K MS
Tene
ur e
n M
S [g
/ kg
PV]
Figure 4 | Teneurs en MS, N, P, K [g/kg PV] de poulets de chair en fonction du poids vif.
C o n c l u s i o n s
La présente étude sur les teneurs corporelles de poulets
de chair a démontré que:
•• basées sur la MS, les teneurs en K et en Na s’abais-
saient en fonction de l’accroissement du PV;
•• la teneur en MS augmentait en fonction de l’accroisse-
ment du PV;
•• basées sur la MS, les teneurs en N et en Na s’abais-
saient en fonction de l’accroissement du PV;
•• la teneur en N, en P et en K de poulets de chair pesant
2 kg s’élevait à respectivement 29,1, 5,8 et 2,6 g / kg
PV. Ces valeurs sont supérieures de respectivement
12 %, 12 % et 8 % à celles utilisées jusqu’à présent. n
b Hemme A., 2004. Untersuchungen an Broilern zum Einfluss verschiedener anorganischer P-Quellen im Futter auf Leistung, P-Retention, P-Gehalte im Blut sowie die Zusammensetzung und Bruchfestigkeit von Knochen. Thesis, Hannover, Deutschland.
b Javadi M., Geelen M. J. H., Everts H., Hovenier R., Javadi S., Kappert H. & Beynen A. C., 2007. Effect of dietary conjugated linoleic acid on body composition and energy balance in broiler chickens. Brit. J. of Nutr. 98, 1152–1158.
b Menzi H. & Schlegel P., 2009. Neue Hofdüngernormen für das Geflügel. Schweizerische Geflügelzeitung 4, 14–15.
b Nys Y., Guivarc’h F. & Chadi M., 1997. Variation de la composition des carcasses de poulets de chair en phosphore, en fonction de l’âge, du sexe et de la lignée. Journées de la Recherche Avicole 2, 177–180.
b Systat, 2007. Systat version 12.02. Systat Inc., Chicago, U.S.A.
96 Recherche Agronomique Suisse 4 (2): 96–98, 2013
L’agriculture brésilienne, axée sur les exportations,
est moderne, efficiente et compétitive. Ce pays d’Amé-
rique du Sud est le troisième exportateur mondial de
produits agricoles. Le Brésil dispose de 338 millions
d’hectares de terres fertiles, dont 90 millions d’hec-
tares encore en friche. L’agriculture brésilienne
contribue notablement à la création de valeur ajou-
tée dans les régions rurales. En revanche, la défores-
tation à grande échelle et l’affectation à la culture
des terres défrichées sont écologiquement contes-
tables. L’atout majeur de l’agriculture brésilienne est
qu’elle repose sur une recherche agronomique dyna-
mique1.
En été 2012, j’ai participé à la Conférence internationale
des agro-économistes, qui s’est tenue au Brésil, et j’ai
ensuite parcouru le pays. Le présent rapport est basé sur
les documents de la conférence.
Le secteur agroalimentaire brésilien
En 2010, le secteur agroalimentaire brésilien a contri-
bué pour 22 % au produit intérieur brut (PIB), employé
37 % de la main-d’œuvre du pays et constitué plus de
38 % des exportations.
Ces dernières années, le Brésil a considérablement élargi
sa production agricole. En 1991, la production céréalière
s’est élevée à 60 millions de tonnes sur environ 38 millions
d’hectares. Pour 2012, on s’attend à une production de
162 millions de tonnes sur 51 millions d’hectares. Le gain
pour la production agricole devrait excéder 150 milliards
US$. La production de viande, en particulier de viande de
volaille, a elle aussi considérablement augmenté.
Ces dernières années, l’énergie agricole s’est elle
aussi remarquablement développée. L’utilisation des
biocarburants progresse, au Brésil comme dans d’autres
pays, ce qui explique l’essor de la demande de canne à
sucre et, parallèlement, de bioénergie. La plantation
d’essences à croissance rapide sur une surface de 6,5 mil-
lions d’hectares soutient l’approvisionnement énergé-
tique et permet de couvrir en premier lieu la demande
de l’industrie sidérurgique en charbon de bois.
En 2011, le secteur agroalimentaire a exporté pour
près de 95 milliards US$ et en 2012, le total des exporta-
tions devrait dépasser les 100 milliards US$ en termes de
valeur, chiffres qui confirment la compétitivité du sec-
teur agricole brésilien.
Pâturage dans le Pantanal. (Photo: Urs Gantner, OFAG)
Urs Gantner, Office fédéral de l’agriculture, 3003 Berne, Suisse
Renseignements: Urs Gantner, e-mail: [email protected], tél. +41 31 322 25 74
L’agriculture brésilienne a le vent en poupe
E c l a i r a g e
1Geraldo Bueno et al., Brazilian agriculture, development and changes, Embrapa, Brasilia, DF 2012.
L’agriculture brésilienne a le vent en poupe | Eclairage
97Recherche Agronomique Suisse 4 (2): 96–98, 2013
Le Brésil s’est hissé au rang de premier exportateur mon-
dial de sucre, de café, de jus d’orange et de bioénergie.
Entre-temps, ce pays est également devenu le principal
exportateur de viande de volaille.
Le potentiel de production de l’agriculture brési-
lienne est jugé considérable. On estime ainsi que par-
tant de la période 2008/2009, la production de canne à
sucre, de maïs et de soja augmentera de près de 2,5 %
par an d’ici 2019/2020. Grâce à l’intensification de la pro-
duction, on peut escompter deux, voire trois récoltes par
an, et une augmentation des rendements par hectare.
Selon les données officielles fournies par le Ministère de
l’agriculture, de l’élevage et de l’alimentation, l’exten-
sion des surfaces cultivables ne sera désormais plus que
de 0,7 % par an. L’intention est ici clairement de limiter
la déforestation.
Source de valeur ajoutée dans les régions rurales
La part de l’agriculture au PIB du Brésil s’élève actuelle-
ment à environ 6 %, ce qui correspond approximative-
ment à 180 milliards R$ (1 euro = 2,38 R$). Les ressources
sont toutefois très inégalement réparties: 0,4 % seule-
ment des exploitations agricoles génèrent près de 49 %
des recettes de l’agriculture. La taille des exploitations
familiales est en moyenne de 18 hectares (2006), alors
que celle des exploitations non familiales est d’au moins
313 hectares. Aussi, 90 % des exploitations familiales sont
qualifiées de «très pauvres».
Protection du climat
Le Brésil a promulgué une loi sur la protection du climat
en 2009. D’ici 2020, le secteur agricole (y compris la pro-
duction de biocarburants) devra réduire ses émissions
polluantes de 226 mégatonnes d’équivalents-CO2, ce qui
correspond à 21,5 % de la diminution totale envisagée.
Une série d’objectifs ont été fixés, entre autres l’intensi-
fication de l’économie pastorale aux fins de stopper la
déforestation et le développement de systèmes climat-
compatibles de gestion forestière, d’élevage et de
culture des champs intégrée (sans labour).
Le déboisement a régressé de 75 % entre 2003/2004
et 2008/2009. Il est actuellement d’environ 7000 km2 par
an. Le Brésil veut réduire la déforestation de 80 % d’ici
2020, promouvoir l’utilisation des biocarburants et
développer les énergies renouvelables.
Production durable
La question de la durabilité fait l’objet de discussions
intensives, principalement au sujet de la production
d’éthanol. Au Brésil, le carburant produit à partir de la
canne à sucre est ainsi jugé clairement plus durable que
celui tiré du maïs (US). L’éthanol tiré de la canne à sucre
est le biocarburant qui a le rendement énergétique le
plus élevé à l’hectare. Neuf litres au moins de bioéthanol
peuvent être extraits par litre d’éthanol utilisé pour la
production de canne à sucre. Aucune autre matière pre-
mière agricole ne permet actuellement d’obtenir un tel
gain énergétique. La production d’éthanol à partir de la
canne à sucre génère ainsi près de deux fois plus d’éner-
gie qu’investie dans la production de canne à sucre. Le
Brésil prévoit de couvrir plus de 70 % de ses besoins en
carburant avec de l’éthanol et d’augmenter ses exporta-
tions d’éthanol à 8,3 billions de litres d’ici 2017. Le pays
attend de la production d’éthanol qu’elle génère des
emplois et des recettes supplémentaires ainsi qu’une
meilleure répartition des revenus dans le secteur agri-
cole. Les autres avantages mis en avant sont la diversifi-
cation de la production d’énergie et la réduction des gaz
à effet de serre.
Le rôle clé de la recherche agronomiqueLe Brésil attache une grande importance à la recherche
agronomique appliquée, la science et la technologie
ayant pour mission de dynamiser la production agricole.
Produit Production Exportation Principal acheteur
Sucre 1 1 Russie
Café 1 1 USA
Jus d’orange 1 1 Belgique
Soja 2 2 Chine
Viande de bœuf 2 3 Russie
Alcool 2 1 USA
Viande de volaille 3 1 Japon
Maïs 4 4 Iran
Viande de porc 4 4 Russie
Source: Ministério da Agricultura, Pecuária e Abastecimento (Mapa, AGE; Brésil).
Tableau 1 | Importance du Brésil en termes de production mondiale et d’exportations
Eclairage | L’agriculture brésilienne a le vent en poupe
98 Recherche Agronomique Suisse 4 (2): 96–98, 2013
Le Brésil peut ainsi être qualifié à juste titre de pays pion-
nier en matière d’agriculture tropicale.
Le Brésil investit 1,6 % de son PIB dans la recherche,
dont 12 % dans la recherche agronomique, ce qui sou-
ligne l’importance de cette dernière. La recherche agro-
nomique brésilienne mise sur les innovations qu’elle vise
à imposer sur le marché également. Elle accorde une
importance particulière au développement des connais-
sances technologiques, de même qu’à la collaboration
bilatérale et aux accords multilatéraux dans ce domaine.
Une importance nettement accrue est également accor-
dée à la protection de l’environnement. Les scientifiques
prônent ainsi la nécessité d’une agriculture «plus verte».
L’agriculture doit devenir économe en ressources
(resource-saving), climatiquement plus ingénieuse (cli-
mate smart) et les émissions de dioxyde de carbone
doivent être réduites. Il convient de plus d’exploiter
durablement les forêts. Les autres défis que le pays se
propose de relever sont l’amélioration de la compétiti-
vité, l’augmentation de la production, la promotion de
la recherche et du développement ainsi que le transfert
des technologies et l’échange et la mise en application
des connaissances.
C o n c l u s i o n s
L’agriculture brésilienne va poursuivre son développe-
ment, grâce surtout à l’augmentation de la productivité.
La recherche scientifique remplit à cet égard une mission
essentielle: contribuer à l’élargissement de la production
des denrées vitales food, feed, fiber et biofuel (produits
alimentaires, aliments pour animaux, fibres et biocarbu-
rants). L’intensification des systèmes pastoraux aura une
importance capitale dans ce contexte. Selon les déclara-
tions officielles, cela se fera dans une perspective de
durabilité.
Au cours de ces dernières années, le Brésil a prouvé
qu’une agriculture efficiente et compétitive est possible
dans les tropiques. Il est aujourd’hui en mesure de faire
bénéficier d’autres pays de sa riche expérience, notam-
ment l’Afrique subsaharienne. Le Brésil a pris la décision
d’orienter son agriculture vers la durabilité et aussi
d’améliorer la formation de sa population rurale.
Le potentiel de production de l’agriculture brési-
lienne est considérable. Le Brésil va continuer de s’affir-
mer sur les marchés mondiaux et augmenter ses parts de
marché. Ce faisant, il va apporter sa contribution à la
réduction de la faim dans le monde et à la stabilisation
des prix mondiaux. n
Capacité de production agricole
Les principaux facteurs influant sur la capacité
de production sont le capital humain, les nou-
velles technologies et leur diffusion, ainsi que
des ressources naturelles en quantité suffi-
sante et des conditions climatiques et météo-
rologiques favorables. Aussi le Brésil met-il
l’accent sur la formation, initiale et continue.
Les conditions météorologiques permettent
au moins une, et parfois jusqu’à trois récoltes,
dans les régions climatiquement favorisées du
pays. Grâce à de nouvelles technologies, la
production a pu être considérablement aug-
mentée, ce qui est illustré ci-après par deux
exemples.
Fixation biologique de l’azote: dans le cadre
du programme brésilien de sélection des sojas,
les variétés de soja utilisées sont sélectionnées
depuis les années 60 en fonction de leur possi-
bilité de fixation biologique de l’azote. La sé-
lection de nouvelles variétés a permis de dimi-
nuer les coûts de production et la charge envi-
ronnementale. C’est grâce à la sélection de ces
nouvelles variétés plus performantes que le
Brésil est passé au rang de deuxième produc-
teur mondial de fèves de soja.
Développement de la savane brésilienne (Cerrado): grâce à la mise en œuvre judi-
cieuse de nouvelles technologies, le Cerrado
est devenu une région de premier plan en ma-
tière de production céréalière et d’élevage de
bovins. L’amélioration de la fertilité des sols,
de nouvelles variétés végétales et de nou-
veaux hybrides végétaux, le choix de systèmes
de culture sans labour ainsi que de systèmes de
culture et d’élevage intégrés ont joué un rôle
clé dans ce développement. De 1970 à 1990, les
efforts ont surtout porté sur l’extension de la
surface agricole utile. Par la suite, c’est la pro-
duction qui s’est accrue, principalement grâce
à l’augmentation des rendements. Les repré-
sentants des milieux agricoles font aussi valoir
que des rendements plus élevés permettent de
préserver la végétation et la forêt tropicale
d’origine.
99Recherche Agronomique Suisse 4 (2): 99, 2013
P o r t r a i t
Enfant de l’Ajoie, Patrick Schlegel a grandi dans une
ferme à proximité de Courgenay. Dès sa plus tendre
enfance, il développe une forte affinité avec le milieu
agricole qui l’a tout naturellement amené à faire des
études d’agronomie à l’EPFZ.
Esprit optimiste, aiguisé par la curiosité, il témoigne
très tôt d’un féroce appétit de découverte, en particulier
du monde. Tout jeune étudiant au lycée de Porrentruy, il
saisit l’occasion qui lui est offerte de faire une année
d’échange linguistique au Texas. La confrontation avec
l’art de vivre texan est un choc culturel saisissant pour le
jeune gymnasien. Pendant ses études d’agronomie
entre 1994 et 1999, la fièvre du voyage et la passion de
la découverte le reprennent et le conduiront en Austra-
lie pour un stage dans une exploitation agricole avec
vaches allaitantes et moutons mérinos. Son diplôme
d’ingénieur agronome en poche, Patrick Schlegel
débute sa carrière professionnelle dans une entreprise
active dans le développement d’additifs alimentaires
pour animaux de rente, notamment des oligo-éléments.
Pour coordonner la recherche en alimentation animale
et rencontrer ses clients, il sillonne l’Europe, l’Amérique
du Nord et l’Afrique du Sud, conjuguant ainsi sa passion
des voyages et son activité professionnelle.
Après huit ans de «pérégrinations professionnelles»,
Patrick Schlegel désire relever un nouveau challenge. La
recherche l’attire. Il débute alors un travail de doctorat à
l’INRA et, parallèlement, entre au service d’Agroscope
en 2008. Il y conduit des projets portant sur l’alimenta-
tion minérale et vitaminique des animaux de rentes,
principalement de la vache laitière et du porc. Actuelle-
ment, il travaille sur la détermination des teneurs miné-
rales du fourrage et sur les antagonismes entre miné-
raux qui peuvent affecter les recommandations
d’apports, par exemple, l’influence du calcium sur le
statut en phosphore chez les porcs. Une autre responsa-
bilité de Patrick Schlegel consiste à revoir les normes en
matière de rejets en éléments nutritifs par les animaux
de rente. Les derniers travaux en date sont publiés dans
cette revue (lire articles en pages 60 et 94). Son activité
de chercheur au service de la communauté agricole lui
procure une grande satisfaction, surtout lorsqu’il s’agit
de réaliser des essais avec les animaux et de mettre en
valeur les données obtenues.
Ayant grandi dans la campagne jurassienne, Patrick
Schlegel a choisi de s’établir, avec sa famille, dans la cam-
pagne fribourgeoise, dans la Veveyse plus précisément.
Très adroit de ses deux mains, il passe actuellement son
temps libre à l’aménagement de sa maison et consacre
beaucoup de temps à ses deux enfants. Côté hobby, son
sport de prédilection est le snowboard qu’il a enseigné
à une kyrielle de petits Jurassiens à l’occasion de nom-
breux camps de ski.
Evelyne Fasnacht, station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux
ALP-Haras
Patrick Schlegel: le plaisir de la découverte
100
A c t u a l i t é s
Recherche Agronomique Suisse 4 (2): 100–103, 2013
Actualités
Eléments fertilisants et utilisation des engrais dans l’agriculture
Un module de l’aide à l’exécution pour la protection de
l’environnement dans l’agriculture
La présente aide à l’exécution explicite les bases légales
applicables pour la protection des eaux et de l’air en lien
avec la gestion des éléments fertilisants et l’utilisation des
engrais. Elle concrétise les notions juridiques non précisées
en relation avec les éléments fertilisants dans l’agriculture
comme le bilan des engrais, les valeurs limites maximales,
les restrictions d’utilisation, l’épandage d’engrais azotés
comme le lisier et les liquides riches en azote, les mesures
contre les pertes par lessivage, ruissellement et volatilisa-
tion de l’ammoniac, la détention des animaux en plein air
ou l’entreposage provisoire de fumier. Elle est destinée
avant tout aux autorités d’exécution, conseillers agricoles,
agro-entrepreneurs, ainsi qu’aux agriculteurs intéressés.
Hans Ulrich Gujer, Office fédéral de l’environnement OFEV
Markus Hardegger, Office fédéral de l’agriculture OFAG
L’aide à l’exécution «Eléments fertilisants et utilisation des engrais» sera publiée
uniquement sous forme électronique.
Téléchargement: www.umwelt-schweiz.ch/uv-1225-f
2012
> Eléments fertilisants etutilisation des engrais
dans l’agricultureUn module de l’aide à l’exécution pour la protection
de l’environnement dans l’agriculture
> L’environnement pratique > Agriculture
Problèmes plus nombreux et nouveaux avec les mycotoxines
Lors de la conférence du World Mycotoxin Forum à
Rotterdam (NL) du 3 au 9.11.2012 qui a réuni plus de
400 participants représentant la recherche, la branche et
l’industrie, un large éventail de thèmes ont été discutés:
les nouvelles mycotoxines, les conséquences sur la santé,
des stratégies de prévention et de réduction, le prélève-
ment d’échantillons et des nouvelles méthodes d’analyse,
ainsi que les facteurs biotiques et abiotiques qui in-
fluencent la formation des toxines comme le change-
ment climatique et des facteurs culturaux. De nouvelles
études montrent qu’outre les toxines de Fusarium bien
connues, dans les conditions culturales européennes, les
toxines hautement toxiques des champignons Aspergil-
lus, comme les aflatoxines, peuvent déjà se former au
champ comme on en a détecté récemment dans des lots
de maïs provenant de la vallée de Po en Italie. Il est donc
nécessaire d’étudier l’apparition de ces champignons,
l’écologie et l’épidémiologie, ainsi que le développe-
ment de stratégies culturales adaptées tout comme l’uti-
lisation des antagonistes afin de minimiser le risque de
contamination de nos denrées alimentaires et de nos ali-
ments pour animaux par ces substances très toxiques.
Susanne Vogelgsang et Hans-Rudolf Forrer
Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART
101
A c t u a l i t é s
Recherche Agronomique Suisse 4 (2): 100–103, 2013
N o u v e l l e s p u b l i c a t i o n s
Rapport ART 754
L’élevage de moutons est
une branche de produc-
tion répandue en région
de montagne. Les mou-
tons servent non seule-
ment à la production de
viande d’agneau, mais aussi au maintien du paysage
rural typique. Toutefois, la demande de viande d’agneau
est en baisse et la viande importée, de bonne qualité, est
d’un prix plus abordable. Par conséquent, la production
suisse doit relever un défi de taille. Sur la base de trois
groupes d’exploitations de différentes tailles, des ana-
lyses de coûts complets ont été établies. Elles oscillent
entre CHF 1619 et 3414 par 100 kg de viande d’agneau.
On constate que pour un troupeau allant jusqu’à 200
brebis, il n’y a pratiquement pas d’effets d’échelle. En
revanche, dans les effectifs plus importants, le potentiel
de réduction de coûts est considérable. Ainsi, les exploi-
tations qui comptent plus de 200 brebis affichent des
coûts complets de CHF 1619 par 100 kg de poids vif
d’agneau à viande, soit environ la moitié moins que les
exploitations qui ont moins de 200 brebis. En outre, le
canal de commercialisation exerce également une
influence. Les exploitations de moins de 200 brebis com-
mercialisent souvent la viande directement à leurs clients,
tandis que les exploitations de plus de 200 brebis ne
commercialisent leur viande que dans le canal tradition-
nel (revendeurs et marchés publics). La vente directe
implique des coûts plus élevés (principalement des coûts
calculés), mais aussi des recettes plus élevées par 100 kg
de poids vif d’agneau à viande. Le calcul des coûts et
profits indique qu’aucun groupe d’exploitations n’est en
mesure de couvrir ses coûts complets avec le produit de
la viande et les paiements directs. Par conséquent, le
salaire horaire supposé de CHF 28.– n’est pas atteint. Le
salaire horaire moyen est de CHF 13.–.
Lorenz Büchel et Victor Anspach,
Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART
Rapport ART 754
Rentabilité de la détention de moutons à viandedans les régions de montagne suisses
Une analyse des coûts complets basée sur trois groupes d’exploitations de différentes tailles
Impressum
Edition:Station de recherche AgroscopeReckenholz-Tänikon ART,Tänikon, CH-8356 Ettenhausen,Rédaction: Etel Keller,ARTTraduction: RegulaWolz,ART
Les Rapports ART paraissentenviron 20 fois par an.Abonnement annuel: Fr. 60.–.Commandes d‘abonnementset de numéros particuliers:ART,Bibliothèque, 8356 EttenhausenT +41 (0)52 368 31 31F +41 (0)52 365 11 [email protected]: www.agroscope.ch
ISSN 1661-7576
Auteurs
Lorenz Büchel und Victor Anspach,Forschungsanstalt AgroscopeReckenholz-Tänikon ART,Tänikon 1, CH-8356 Ettenhausen;E-Mail:[email protected] L’élevage de moutons est une branche de
production répandue en région de mon-tagne. Les moutons servent non seule-ment à la production de viande d’agneau,mais aussi au maintien du paysage ruraltypique. Toutefois, la demande de vianded’agneau est en baisse et la viande impor-tée, de bonne qualité, est d’un prix plusabordable. Par conséquent, la productionsuisse doit relever un défi de taille.Sur la base de trois groupes d’exploita-tions de différentes tailles, des analyses decoûts complets ont été établies. Ellesoscillent entre CHF 1619 et 3414 par 100 kgde viande d’agneau. On constate que pourun troupeau allant jusqu’à 200 brebis, iln’y a pratiquement pas d’effets d’échelle.En revanche, dans les effectifs plus impor-tants, le potentiel de réduction de coûtsest considérable. Ainsi, les exploitationsqui comptent plus de 200 brebis affichentdes coûts complets de CHF 1619 par 100 kg
de poids vif d’agneau à viande, soit envi-ron la moitié moins que les exploitationsqui ont moins de 200 brebis. En outre, lecanal de commercialisation exerce égale-ment une influence. Les exploitations demoins de 200 brebis commercialisent sou-vent la viande directement à leurs clients,tandis que les exploitations de plus de 200brebis ne commercialisent leur viande quedans le canal traditionnel (revendeurs etmarchés publics). La vente directe impliquedes coûts plus élevés (principalement descoûts calculés), mais aussi des recettes plusélevées par 100 kg de poids vif d’agneau àviande.Le calcul des coûts et profits indique qu’au-cun groupe d’exploitations n’est enmesurede couvrir ses coûts complets avec le pro-duit de la viande et les paiements directs.Par conséquent, le salaire horaire supposéde CHF 28.– n’est pas atteint. Le salairehoraire moyen est de CHF 13.–.
Fig. 1: L’élevage de moutons est une branche de production répandue dans l’agriculturedes régions de montagne. (Photos: Christian Gazzarin, ART)
Decembre 2012
Rentabilité de la détention de moutons à viande dans les régions de montagne suisses Rapport ART 758
Depuis la révision de la
législation sur la protec-
tion des animaux en 2008,
les aires de repos présen-
tant un petit pourcen-
tage de perforations pour
l’écoulement des liquides
sont autorisées dans la
production porcine. Pour les porcheries d’engraissement
existantes, ce pourcentage de perforations ne doit pas
dépasser 5%. Jusqu’à présent, aucune étude n’a été faite
pour savoir si ce type d’aires de repos convenait pour la
propreté des logettes et des animaux. L’étude réalisée
par ART en collaboration avec Suisseporcs avait pour but
d’examiner si les aires de repos avec un pourcentage réduit
de perforations étaient adaptées aux porcs à l’engrais. Par
conséquent, différentes aires de repos ont été installées
dans quatre exploitations équipées de boxes à caillebotis
intégral. Ces aires de repos présentaient des pourcentages
de perforations variables et étaient construites dans des
matériaux différents. Il s’agissait de grilles en béton d’un
pourcentage de perforations de 5%, 6%, 6,4% et 8%, de
tapis en caoutchouc d’un pourcentage de perforations de
5% et 10% ainsi que du système Click In (éléments en plas-
tique pour obturer les fentes) avec un pourcentage de per-
forations de 5%. Les chefs d’exploitation eux-mêmes ainsi
qu’un collaborateur d’ART ont évalué la propreté des sols
et des animaux à intervalles réguliers pendant une année.
Les résultats de l’étude montrent que les aires de repos et
les animaux sont d’autant plus sales que le pourcentage
de perforations est bas. Dans les boxes équipés de tapis en
caoutchouc avec 10% de perforations, la saleté des aires
de repos et des animaux était au même niveau que dans
les boxes avec caillebotis intégral. De même avec les revê-
tements ayant 5% de performations, la saleté des aires de
repos et des animaux se situait entre le niveau «propre» et
le niveau «peu sale». Le pourcentage de perforations maxi-
mal prescrit par la législation sur la protection des animaux,
à savoir 5%, n’a par conséquent pas conduit à un niveau
de saleté qu’il faudrait considérer comme inacceptable du
point de vue du bien-être des animaux.
Roland Weber et al., Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART
Impressum
Edition:Station de recherche AgroscopeReckenholz-Tänikon ART,Tänikon, CH-8356 Ettenhausen,Rédaction: Etel Keller,ARTTraduction: RegulaWolz,ART
Les Rapports ART paraissentenviron 20 fois par an.Abonnement annuel: Fr. 60.–.Commandes d‘abonnementset de numéros particuliers:ART,Bibliothèque, 8356 EttenhausenT +41 (0)52 368 31 31F +41 (0)52 365 11 [email protected]: www.agroscope.ch
ISSN 1661-7576
Rapport ART 758
Aires de repos perforéesdans l’engraissement porcin
Propretés des boxes et des animaux
Auteurs
RolandWeber1, BeatWechsler2,Urs Marolf1, Felix Grob3,WernerHumbel3, Edi Peterhans3, UrsThalmann41Station de recherche AgroscopeReckenholz-Tänikon ART, Centrespécialisé dans la détentionconvenable des ruminants et desporcs, CH-8356 Ettenhausen2Office vétérinaire fédéral, OVF,Centre spécialisé dans la déten-tion convenable des ruminants etdes porcs, CH-8356 Ettenhausen3Suisseporcs, Fédération suisse deséleveurs et producteurs de porcs,Allmend 8, CH-6204 Sempach4Krieger AG, Rütmattstrasse 6,CH-6017 Ruswil
Novembre 2012
Depuis la révision de la législation sur laprotection des animaux en 2008, les aires derepos présentant un petit pourcentage deperforations pour l’écoulement des liquidessont autorisées dans la production porcine.Pour les porcheries d’engraissement exis-tantes, ce pourcentage de perforations nedoit pas dépasser 5%. Jusqu’à présent,aucune étude n’a été faite pour savoir si cetype d’aires de repos convenait pour la pro-preté des logettes et des animaux. L’étuderéalisée par ART en collaboration avec Suis-seporcs avait pour but d’examiner si lesaires de repos avec un pourcentage réduitde perforations étaient adaptées aux porcsà l’engrais. Par conséquent, différentesaires de repos ont été installées dans quatreexploitations équipées de boxes à caillebo-tis intégral. Ces aires de repos présentaientdes pourcentages de perforations variableset étaient construites dans des matériauxdifférents. Il s’agissait de grilles en bétond’un pourcentage de perforations de 5%,6%, 6,4% et 8%, de tapis en caoutchoucd’un pourcentage de perforations de 5% et
10% ainsi que du système Click In (élémentsen plastique pour obturer les fentes) avec unpourcentage de perforations de 5%. Leschefs d’exploitation euxmêmes ainsi qu’uncollaborateur d’ART ont évalué la propretédes sols et des animaux à intervalles régu-liers pendant une année.Les résultats de l’étude montrent que lesaires de repos et les animaux sont d’autantplus sales que le pourcentage de perfora-tions est bas. Dans les boxes équipés detapis en caoutchouc avec 10% de perfora-tions, la saleté des aires de repos et des ani-maux étaient au même niveau que dans lesboxes avec caillebotis intégral. De mêmeavec les revêtements ayant 5% de perfor-mations, la saleté des aires de repos et desanimaux se situait entre le niveau «propre»et le niveau «peu sale». Le pourcentage deperforations maximal prescrit par la législa-tion sur la protection des animaux, à savoir5%, n’a par conséquent pas conduit à unniveau de saleté qu’il faudrait considérercomme inacceptable du point de vue dubien-être des animaux.
Aires de repos perfo-rées dans l’engrais - sement porcin
102
M e d i e n m i t t e i l u n g e n
www.agroscope.admin.ch/medienmitteilungen
Actualités
Recherche Agronomique Suisse 4 (2): 100–103, 2013
C o m m u n i q u é s d e p r e s s e
31.01.2013 Publication du BEEBOOK – un standard pour ren-forcer la recherche apicole internationale Le «BEEBOOK: standard methodologies for Apis melli-
fera research» (BEEBOOK: guide des méthodes standard
pour la recherche apicole), dont la rédaction a été coor-
donnée et supervisée par Vincent Dietemann (Centre de
recherche apicole, Agroscope), Peter Neumann (Univer-
sité de Berne) et Jamie Ellis (Université de Floride, Etats-
Unis), a été mis en ligne sur le site du journal scientifique
Journal of Apicultural Research. Il sera aussi imprimé
sous forme de livre pour être utilisé en laboratoire.
24.01.2013 Potentiel élevé des grandes cultures et de la production fourragère biologiques En Suisse, la demande de denrées alimentaires issues de
la production biologique va croissant. Sachant qu’à
peine six pourcents des terres assolées sont exploitées de
cette manière, l’offre de produits de grandes cultures bio
doit être complétée par des importations. Les derniers
résultats de recherche d‘Agroscope, par exemple sur le
travail du sol et la rotation des cultures ou encore la
sélection d’Arcturus, la première graminée fourragère
bio en Europe, renforcent l’agriculture biologique en
Suisse dans les domaines des grandes cultures et de la
production fourragère.
21.01.2013 Compensation écologique: les surfaces suffisent, mais pas la qualité L’agriculture doit fournir une large contribution au
maintien et à la promotion de la biodiversité. En Suisse,
il existe suffisamment de surfaces de compensation éco-
logique pour y parvenir. Leur qualité est cependant
insuffisante, de la région de plaine jusqu’à la zone de
montagne II. C’est ce que montre la nouvelle étude réa-
lisée sur l’opérationnalisation des objectifs environne-
mentaux pour l’agriculture dans le domaine de la biodi-
versité.
18.12.2012 À la découverte du profil d'arômes de pommes Peut-on toujours parler d'amour dès la première bou-
chée? Ou la pomme dévoile-t-elle au contraire son pou-
voir de séduction progressivement, lorsqu'on lui en laisse
le temps? Des experts sensoriels Agroscope ont analysé
le développement des arômes des pommes. Et ce qu'ils
ont découvert est surprenant: lorsque l'on prend le
temps de la savourer jusqu'à la dernière bouchée, la
pomme offre un véritable feu d'artifice d'arômes.
17.12.2012 Des codes-barres pour identifier les parasites A l’aéroport de Zurich, Paris ou Berlin, le contrôleur des
douanes pourra désormais identifier l'empreinte géné-
tique (code-barres d'ADN) d’un organisme inconnu
dans un arrivage de plantes et, grâce à une base de
données, savoir s'il s'agit ou non d’une espèce nuisible
en agriculture. Depuis 2009, vingt organisations issues
de quinze pays se sont attelées à concrétiser ce scéna-
rio. Aujourd'hui, le projet de recherche de l'Union
européenne «QBOL» (Quarantine Barcoding of Life) a
abouti et la base de données ADN est fonctionnelle.
Des chercheurs d’Agroscope ont dirigé le groupe de
travail «Nématodes».
www.agroscope.admin.ch/communiques
103
Informationen: www.agroscope.admin.ch/veranstaltungen
Actualités
Recherche Agronomique Suisse 4 (2): 100–103, 2013
M a n i f e s t a t i o n s
Informations: www.agroscope.admin.ch/manifestations
L i e n s i n t e r n e t
Un site pour s’orienter dans les marchés agricoles
www.marktkompass.com
Le site «Marktkompass» (uniquement en allemand) four-
nit des informations utiles sur tous les produits et les sec-
teurs de production agricoles les plus importants. Il permet
par ailleurs de consulter pour tout produit les prix actuels,
des analyses du marché et des prévisions économiques.
Février 2013
21. – 24.02.2013Agroscope ART à Tier&TechnikAgroscope Reckenholz-Tänikon ARTSt.-Gall
22.02.2013Schweizer Obstkulturtag 2013ACW, Agridea, NWW, Obstverbände SG et TG, SKOF, SOV, SwisscofelSt.-Gall
Mars 2013
20. – 21.03.20134. Täniker MelktechniktagungAgroscope Reckenholz-Tänikon ARTEttenhausen
Avril 2013
25. April 20138e réunion annuelle du réseau de recherche équine en SuisseHaras national suisse HNSAvenches
28.04. – 01.05.2013GCIRC technical meeting 2013Agroscope Changins-Wädenswil ACWNyon
Mai 2013
07.05.2013Frühjahrstagung: Sind hohe Leistungen «Bio-kompatibel»? Herausforderungen für die TierernährungManifestation commune de ETH Zurich, Vetsuisse Berne et Zurich, et d‘Agroscope ETH Zentrum, Zurich
30.05.2013AGFF-TagungAGFF / AgroscopeInnereriz BE
Juin 2013
07. – 08.06.2013Journées porte ouverte 2013Agroscope Changins-Wädenswil ACWWädenswil
Mars 2013 / Numéro 3
•• Efficience économique des alpages suisses,
Thomas Blättler et al., HAFL
•• ALPIS – Un concept pour un système d’information sur
l’économie alpestre, Bernadette Oehen et al., FIBL
•• Situation sociale de la population agricole en Suisse,
Sigrid Haunberger, ART
•• PRAMIG: un projet de développement pour mieux
valoriser les prairies au sud des Alpes, Emiliano Nucera
et al., Agridea, ACW, Ufficio Consulenza Agricola
Canton Ticino et Scuola ed azienda agraria cantonale di
Mezzana
•• Grandes cultures bio sans bétail: observations après
12 ans de suivi de la ferme pilote de Mapraz,
Josy Taramarcaz, Agridea
•• Foodle.ch – La plateforme suisse sur les denrées
alimentaires et l’alimentation, Judith Valentini,
ALP-Haras
Les pâturages d’alpage et d’esti-vage façonnent le paysage agri-cole suisse. Les changements économiques, politiques et sociétaux en cours, de même que le changement climatique, en-traînent une modification dans l’utilisation des régions d’esti-vage. Le programme de recherche AlpFUTUR est axé sur cette théma-tique. Dans le numéro actuel de la Recherche Agronomique Suisse et dans les numéros suivants pa-raîtront des articles sur le projet transversal AlpFUTUR. (Photo: Gabriela Brändle, ART)
D a n s l e p r o c h a i n n u m é r o
April 28th – May 1st
Nyon / Switzerland
Will be held under the patronage of theFederal Office for Agriculture, FOAG
Federal Departmentof Economic Affairs FDEAAgroscope Changins-WädenswilResearch Station ACW
Schweizerische EidgenossenschaftConfédération suisseConfederazione SvizzeraConfederaziun svizra
The International Consultative Group of Research on Rapeseed, GCIRC,is interested in scientific and technical advances made in the produc-tion and uses of oilseed rape and cruciferous crops. Participants to thetechnical meeting will be informed about the last progresses in thefields of economy, genetics/breeding, phytotechnics, analysis and usesof rapeseed, with oral presentations and poster papers.
Information : www.agroscope.admin.ch/GCIRC
with the support of :
Eidgenössisches Departement für Wirtschaft, Bildung und Forschung WBFAgroscope
Schweizerische EidgenossenschaftConfédération suisseConfederazione SvizzeraConfederaziun svizra
Agroscope und die Zukunft, 11.45 Uhr, AgroscopeReferat von Bernard Lehmann, Direktor des Bundesamtes für Landwirtschaft
Gemeinsamer Apéro der Branchen, 12.15 Uhr, Agroscope.Freier Rundgang Tage der offenen Tür, ab 13 Uhr
Anfahrt mit dem Auto:Ausfahrt Wädenswil und Wegweiser Parkplatz Geeren folgen. Shuttle-Bus zur Hoch-schule (Gemüsebau), zur Forschungsanstalt (Weinbau) und zum Sandhof (Obstbau).
Anfahrt mit dem Zug:Bis Bahnhof Wädenswil, Bus 123, 126 oder 150 bis «Hochschule»(Gemüsebau); Bus 123 oder 126 bis «Forschungsanstalt» oder Bus 150 oder 160 bis «Mühlebach» (Weinbau); Bus 150 oder 160 bis «Sandhof» (Obstbau).
www.agroscope-forschung-erleben.ch
Gemüsebau, 8.30 – 11.30 Uhr, Aula der ZHAW, Wädenswil Grundlagen sowie phytopathologische und pfl anzenbau-liche Aspekte der Gründüngung.
Weinbau, 9.00 – 11.20 Uhr, Festzelt, Agroscope18. Hefe- und Weinbautagung: Hefeversuche bei Riesling-Silvaner und Blauburgunder. Blauburgunder-Klone im Vergleich. Anmeldung erforderlich: www.agroscope.ch
Obstbau, 9.15 – 11.20 Uhr, Sandhof, WädenswilPfl anzenschutzstrategien zur Rückstandsvermeidung, Totaleinnetzung, Einfl uss von Pfl anzenschutzstrategien auf Lagerung und Qualität.
Branchentreffen
Obst, Gemüse und WeinAgroscope in WädenswilFreitag, 7. Juni, 8.30 – 13 Uhr
im Rahmen der Tage der offenen Tür
Forschung erlebenLandwirtschaft – Lebensmittel – Umwelt
Agroscope in Wädenswil, 7. und 8. Juni 2013
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