Ressources humainesEmploi
François Langot
Professeur de Sciences EconomiquesGAINS – Université du MaineCEPREMAP – ENS Jourdan
Plan du cours
Chapitre 1 : Quels rôles jouent les institutions sur l’effort au travail ?
Chapitre 2 : Quels rôles jouent le progrès technologique et l’organisation du travail sur l’effort au travail ?
Chapitre 3 : Assurance individuelle versus mutualisation des risques : comment gérer les risques de revenu ?
Motivations : pourquoi ce plan ?
Quels ont été les moments forts de notre histoire depuis la 2ème guerre mondiale?
En Europe, la reconstruction, puis aux USA, la nouvelle révolution industrielle, celle des
NTIC (Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication).
Les chocs démographiques perturbent l’équilibre politico-économique : comment gérer cette évolution ?
=> Comment nos efforts de travail ont permis/doivent permettre d’accompagner ces grands changements historiques?
Chapitre 1 : Quels rôles jouent les institutions sur l’effort au travail ?
Analyse du choix travail-loisir en présence d’institution
Introduction / motivation
Le travail est au centre des développements récents de l’analyse économique moderne
Les outils et les méthodes des économistes se sont récemment renouvelés.
L’ accès à de nombreuses données permet maintenant de faire de véritables expériences.
On décomposera l’analyse en 2 parties: l’évolution de l’effort global (section 1), puis l’évolution du chômage (section 2).
Section 1 : Comment expliquer l’évolution de l’effort au travail ?
La réelle importance de l’irréel.
Mesurer l’effort de travail d’une population
On considère uniquement le travail marchand (les erreurs de mesure sont faibles).
On ne considère pas le travail à la maison, le bénévolat, et autres activités de ce type.
Mesuser le travail effectué par chaque personne (mesure type OCDE):
H = (Total des heures rémunérées) ∕ (Population agée 15-64)
Les faits dans les pays de l’OCDE (heures travaillées) / (Population des 15-64)
European countries
Question 1 : Pourquoi existe-t-il des différences entre ces pays?
Pourquoi se poser cette question? Ceux qui travaillent plus (ou moins) le choisissent, donc
ils sont “heureux” de ce choix
Les différences entre Nations ne s’expliqueraient alors que parce que les “étrangers” sont différents.
Imaginons au contraire que nous soyons semblables à l’“étranger” dans nos préférences
Travailler moins implique alors une sous-utilisation des moyens de production et des connaissances dont on dispose.
on se contraint à être moins bien (coût social)
Quelle méthode pour expliquer ces différences?
Déterminer l’évolution historique des heures travaillées dans différents pays
se constituer une table d’expérience puisqu’ils n’ont pas connu, a-priori, les mêmes politiques.
Se donner un cadre d’analyse rigoureux permettant de chiffrer la contribution de chaque candidat à l’explication.
le modèle de l’économiste.
Le modèle de l’économiste 1
Hypothèse 1 : uniquement deux biens procurent du plaisir, de la satisfaction de l’utilité :
1. la consommation C
2. le loisir l=T-h Plus de consommation et/ou plus de loisir
donnent plus d’utilité u(C,T-h) avec :
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Préférences et courbes d’indifférence
loisir
consommation
Courbesd’indifférence
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2 unités
1 unité
Le consommateur préfère travailler moins tout en aillantplus de loisir : une courbe d’indifférencesituée « haut » signale plus de plaisir
Dotations et contrainte budgétaireEnsemble de opportunités
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consommation
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Comptabilité du consommateur-offreur de travail
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Financièrement, perdre une heure de loisir en plus fait perdre (p/w) unitésde bien
Comme tout n’est pas possible financièrement, quels sont les choix optimaux?
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Comment prévoir les choix du commateur-offreur de travail ?
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Comment expliquer les écarts d’effort au travail ? Explication 1
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Comment expliquer les écarts d’effort au travail? Explication 2
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Groupe 1 : heures travaillées < 75% heures
travaillées aux US
Groupe 2 : 75% US< heures travaillées < 85% des
heures travaillées aux US
Groupe 3 : 85% US< heures travaillées < 95% des
heures travaillées aux US
Groupe 4 : heures travaillées > 95% des heures
travaillées aux US
Les enseignements de ces expériences
Dans les années 50-60, un européen travaille, en moyenne, plus qu’un américain.
Mais, en Europe, l’effort baisse continûment. En 1975, le nombre d’heures travaillées d’un
européen passe en dessous du nombre d’heures travaillées d’un américain.
Les pays de type US ont un nombre plutôt croissant d’heures travaillées.
Comment expliquer SIMPLEMENT ces différences ?
Les enseignements de la théorie
A la sortie de la guerre, les pays européens se reconstruisent: le rattrapage économique incite à travailler plus qu’aux USA.
Mais, une fois rattrapé ce retard, le nombre d’heures travaillées chute. Pourquoi?
Quelle est le facteur, commun à tous ces pays européens, permettant d’expliquer la chute du nombre d’heures travaillées?
L’evolution de la pression fiscale (recettes du gouvernement / PIB)
Ecart initialEcart maximal
Evolution moyenne
Un scenario
Les pays européens ont un Etat dont la taille, mesurée par la pression fiscale, est plus grande que celui des pays de type US
Cette taille a cru Les impôts et charges diminuent l’incitation à
travailler et accroissent le coût du travail, conduisant alors les entreprises à utiliser plus de capital.
Comment « valider » ce senario?
Lorsque les impôts et charges baissent, les heures travaillées augmentent
ATTENTION : En rouge, la courbe est inversée
BAISSE des HEURES
HAUSSE des HEURES
Un autre exemple
ATTENTION : En rouge, la courbe est inversée
Heures travaillées élevéesTaxes faibles
Heures travaillées faiblesTaxes élevées
Ce scenario est-il robuste? Est-ce si général?
Il existe un contre-exemple: l’Espagne. Cette explication simple n’est pas si générale…
Accroissementdes taxes sur le travailet le capital
La taille dugouvernementN’a pasChangé
La théorie est-elle proche des données? Ohanian, Raffo et Rogerson
Tester la théorie: construction de l’expérience
La théorie nous dite que:
Construire, à partir de ces restrictions les séries « théoriques », puis comparer.
Comment évolue l’écart par rapport à l’économie fictive?
Une évolution différenciée par groupe de pays!!!
Une corrélation claire…
…surtout relativement aux USA
Est-ce l’évolution des taxes?
Le modèle est maintenant:
Test du nouveau modèle
Au-delà du nombre moyen d’heures travaillées : décomposition heures/taux d’emploi
La statistique que l’on a étudiée « mélange » plusieurs dimension du travail:
Le nombre d’heure par personne en emploi, et le taux d’emploi
On peut décomposer.
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Pop
Nh
Pop
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Le cas des USA
Le cas de la France
Bilan de la décomposition
Aux US comme en France, le nombre d’heures travaillées par chaque employé baisse.
En revanche, si cette baisse de l’effort individuel est largement compensé par la hausse du taux d’emploi aux US, il n’en va pas de même ne France, où les deux séries chutent.
A salaire horaire net équivalant, le différentiel de bien-être des familles se creuse.
L’incitation à travailler est plus importante, ce qui peut inciter à répartir sur le couple l’effort individuel.
Le cas des USA
Le cas de la France
Section 2 : Comment expliquer le chômage de masse ?
L’économie sans tabous.
Au delà des heures travaillées pour un individu moyen
La statistique du nombre d’heures travaillées en moyenne par personne cache des inégalités : certains individus ne travaillent pas.
Le chômage: comment l’expliquer? Méthode: là encore, partir des données pour
trouver des faits récurrents et des facteurs communs permettant de les expliquer.
L’évolution de l’écart de chômage entre l’Europe et les Etats Unis
Quels sont les candidats potentiels?
Les institutions sur les marchés du travail européen sont différentes de celles régulant les marchés des pays de type US.
De quelles institutions parle-t-on? Allocations chômage (assurance) Syndicats (Monopolisent la gestion des contrats de
travail) Les jours légaux de congé (+1 semaine => -52
heures de travail sur l’année) Protections de l’emploi (“contrôle” des licenciements)
Les modèles indiquent que ces institutions expliquent, plus que les taxes, la baisse des heures travaillées
Comment la théorie moderne explique le chômage?
De la valeur du travail à son coût
Pour accepter un emploi, il est nécessaire que le salaire rémunère le temps consacré au travail le salaire est supérieur à la valeur de ce temps.
Si le statut de chômeur donne droit à une indemnité, le salaire est supérieur ou égal à la valeur du temps de travail + cette indemnité.
Si les travailleurs sont représentés par des syndicats lors des négociations le salaire est supérieur ou égal à la valeur du temps de travail + l’indemnité chômage + une fraction des recettes de l’entreprise.
Si l’entreprise et le travailleur paient des impôts et cotisations, le salaire doit également les couvrir.
A partir de quel salaire accepte-t-on une offre d’emploi ? Le salaire de réservation
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Impact des allocations chômage sur les salaires : une taxe sur l’emploi
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Average Unemployment Average Benefit Replacement Rate
Average Benefit Replacement Rate and Unemployment in Europe
Allocation chômage
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Comment se fixent les salaires ?
Le cas basic est celui envisagé dans la première section : la concurrence pure et parfaite l’unité de production supplémentaire induite par l’effort additionnel compense exactement la perte d’utilité associée.
Mais les employés ont le droit de se réunir pour accroître leur pouvoir lors des négociations salariales conventions collectives
Syndicat et fixation du salaire : la théorie du monopole appliquée au marché du travail (I)
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Syndicat et fixation du salaire : la théorie du monopole appliquée au marché du travail (II)
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Illustration graphique de l’équilibre avec monopole syndical
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Average Unemployment Average Union Density
Average Union Density and Unemployment in Europe
Taux de chômage
Taux de syndicalisation
Taxation et chômage (introduction des cotisations patronales)
Salaire
Emploi
N concurrenceN syndicat
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W conc
G = Courbe d’indifférence du syndicat
Demande de travail de l’entreprise
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Average Unemployment Average Tax Wedge
Average Tax Wedge and Unemployment in Europe
Taux de chômage
Taux de Taxation
La lutte contre le chômage: l’exemple d’une mauvaise solution
L’accroissement des rotations sur le marché du travail : en France, 10 000 emplois sont créés chaque jour, mais 10 000 sont détruits
Anticiper ces rotations diminuer les durées de chômage par la formation continue (le modèle Suèdois)
Une solution facile: “interdire les licenciements”
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Average Unemployment Employment Protection Index
Average Employment Protection and Unemployment in Europe
Taux de chômage
Coûts financierset administratif liés
aux licenciements
OECD. “Employment Protection Regulation and Labor Market Performance.” OECD Employment Outlook 2004: 61-125.
Le marché du travail U.S. est moins réguléLe marché du travail U.S. est moins régulé
FRANCE
Des protections de l’emploi plus fortes limitent les entrées mais aussi les sorties du chômage
De fortes protections de l’emploi diminuent le taux d’emploi et accroissent le taux de chômage
De fortes protections de l’emploi accroissent le chômage de long terme
De fortes protections de l’emploi accroissent le travail précaire
Les politiques qui fonctionnent et celles qui ne fonctionnent pas
Dispositif suivi en 1999
Proportion des bénéficiaires occupant un emploi régulier en mars 2002
Proportion des non-bénéficiaires occupant un emploi régulier en mars 2002
Secteur privé : Stage d’Insertion et de Formation à l’Emploi (SIFE)
47% 44%
Secteur privé : Contrat Initiative Emploi (CIE)
71% 48%
Secteur public : Contrat Emploi Solidarité (CES)
34% 42%