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dossier pédagogiquesaison 2011-2012

www.operanationaldurhin.eu

ContaCtsFlora Klein • tél + 33 (0)3 88 75 48 54 • courriel • [email protected]é petit • tél + 33 (0)3 88 75 48 79 • courriel • [email protected]éra national du rhin • 19 place Broglie • Bp 80 320 • 67008 strasbourgphoto La sylphide, Bonr, photo JL tanghe

raConte-moi La danse danse & Cinéma

* représentations réservées aux groupes scolaires réservations : département jeune public

Conférence dansée présentée par Bertrand d’atet les danseurs du Ballet de l’opéra national du rhin

La sinnemuLHouseve 10.02 14 h 30 *

opérastrasBourgve 17.02 14 h 30 *

10 02 17 02

durée approximative :1 h 15ConseiLLé à partir de 9 ans : élémentaire et collège

raConte-moi La danse

danse & Cinéma

En partenariat avec la Cinémathèque de la danse

Le ConCept

Raconte-moi la danse est conçu sur le modèle des « Young People Concert » de Leonard Bernstein au New York Philharmonic. De 1958 à 1972, ces concerts jeune public étaient le fruit d’une réflexion de Léonard Bernstein sur la présence d’un orchestre comme médiateur pour introduire la musique aux enfants. Ces lectures-concerts furent l’occasion de présenter des sujets relatifs à l’histoire de la musique, à la théorie des formes et des genres, d’inviter des compositeurs ou d’interpréter des compositions. Ce concept a eu un énorme impact sur la formation des publics américains, notamment grâce au relais de la télévision.Sur ce modèle, Bertrand d’At a créé cette série Raconte-moi la danse, profitant de la possibilité d’utiliser une compagnie au grand complet pour présenter divers extraits dansés en situation de répétition ou même de spectacle.

Créé en 2000, Raconte-moi la danse a déjà abordé de nombreuses thématiques :

• La danse classique et la danse contemporaine• L’art du pas de deux• Le fantastique et la danse• Les ballets de Tchaïkovski• Les ballets de Stravinsky• Le rire et la danse• La naissance de la danse classique

Ces conférences dansées sont l’occasion de mieux comprendre la structure et les grands thèmes de cet art, et au travers de multiples exemples chorégraphiques, de montrer l’inépuisable richesse des thèmes utilisés.

Dès l’invention des Frères Lumière, on tente de fixer la danse sur la pellicule. Pour en garder une trace, mais aussi pour inventer de nouvelles formes artistiques. Le cinéma, en aidant à décomposer et à analyser le mouvement, permet des améliorations sensibles dans l’utilisation du corps : dans les travaux répétitifs d’usine, mais aussi dans le sport, et dans la danse, bien entendu. Mais l’avancée ne s’arrête pas là. Pour améliorer la fluidité des dessins animés, on fait également danser les images. Puis, pour rendre la danse encore plus magique, on se sert de trucages purement cinématographiques. La danse et le monde qu’elle porte ont aussi été utilisés à des fins dramaturgiques.

Cette nouvelle édition de Raconte-moi la danse nous plonge dans l’archéologie de cette technologie récente, nous faisant découvrir des documents incroyables : un solo de La Sylphide filmée en 1903, auquel répondent les interprètes actuelles du rôle, une leçon de danse balinaise fixée par Rolf de Maré en 1938, Anna Pavlova dans La Mort du cygne, ou encore ce Lys, interprété par Loïe Fuller. Cela pour l’histoire. Rendez-vous également avec les premiers essais de rapprochement entre danse et cinéma : des travaux d’Alwin Nicholaïs au Dance de Lucinda Childs, en passant par le Ballet triadique d’Oskar Schlemmer.

Nous verrons aussi ce que la vidéo en direct peut encore ajouter à la lecture de la danse avec SDP de Garry Stewart.

Les danseurs du Ballet ne seront pas en reste : ils incarneront les chorégraphies des grands classiques cinématographiques que sont White nights, West side story, Turning point, ou encore Les Chaussons rouges.

En définitive, cette édition confirme qu’aucune machine, si perfectionnée soit-elle, ne saurait dépasser l’imagination du vivant et sa capacité à repousser sans cesse ses propres limites.

Bertrand d’At

quand La danse Fait son Cinéma

au programme

extraits de FiLms dansés par Le BaLLet de L’onr

• Les Chaussons rouges, Michael Powell et Emeric Pressburger, 1948, 2 h 06 min Distribution : Boris Lermontov, Moira Shearer, Marius Goring, Ludmila Tcherina > Première grosse production hollywoodienne uniquement sur l’univers de la danse.

• The Turning Point (Le Tournant de la vie), Herbert Ross, 1977, 2 hDistribution : Shirley Maclaine, Anne Bancroft > Deux danseuses, deux destins croisés, deux réponses au même dilemme : privilégier sa carrière ou l’épanouissement personnel ?

• West Side Story, Robert Wise et Jérôme Robbins, 1961, 2 h 32 minDistribution : Natalie Wood, Richard Beymer, Russ Tamblyn, Rita Moreno... > Comédie musicale légendaire et exemplaire

• White nights (Soleil de nuit), Taylor Hackford, 1986, 2 h 17 minDistribution : Mikhail Baryshnikov, Gregory Hines. > Un film qui démontre que la danse n’a pas de frontière. Russe ou américain, quand on est danseur, on le reste.

extraits présentés mis à disposition par La CinématHèque de La danse

• Chrysalis de Ed Emshwiller, chorégraphie Alwin Nikolaïs, 1972

• La Mort du cygne, Anna Pavlova dans le montage Immortelle Pavlova

• Le Lys de George R. Busby, chorégraphie Loïe Fuller, 1934

• Solo d’ouverture de La Sylphide, chorégraphie Auguste Bournonville, 1836, filmé en 1903

• Le Ballet triadique d’Oskar Schlemmer (recréation en 1970 du ballet de 1925)

• La Leçon de danse de Mario, filmé en 1938 par Rolf de Maré

Les CHaussons rouges

synopsis Julian Craster, jeune compositeur qui étudie au Conservatoire de Londres, découvre que son maître lui a volé une œuvre intégrée dans la partition d’un ballet qu’il dirige. Julian se plaint à Boris Lermontov, directeur et chorégraphe de la troupe qui interprète l’ouvrage. Victoria Page, une jeune ballerine, approche celui-ci pour qu’il l’engage. Julian est amoureux de Victoria, mais cette dernière, entraînée par le chorégraphe, tombe en totale abnégation pour le rôle qu’elle doit danser dans Les Chaussons rouges au point de négliger celui qui en a composé la musique. Le titre du film fait référence au nom du conte d’Andersen éponyme qui raconte qu’une jeune femme ayant trouvé une paire de souliers qui lui plaisent, les enfile et se met à danser jusqu’au bout de la nuit. Exténuée, la jeune femme veut s’arrêter, mais les chaussons, qui ne sont pas fatigués, continuent de danser, interminablement...

une réplique célèbre entre victoria et Lermontov

« Pourquoi voulez-vous danser ? » Et cette dernière de répondre du tac au tac : « Pourquoi voulez-vous vivre ? »

Film américain réalisé par michael powell et emeric pressburger avec anton Walbrook, moira shearer, marius goring

sortie au cinéma en 1949, nouvelle sortie en 2010, disponible en dvd

durée : 02 h 13 min

tHe turning point (Le tournant de la vie)

Film américain réalisé par Herbert ross avec anne Bancroft,shirley macLaine, mikhail Baryshnikov…

sorti au cinéma en décembre 1978 disponible en dvd

durée : 01 h 59 min

synopsis Deux femmes, amies d’enfance dont les vies sont marquées par la danse évoquent leur passé. Deede dirige une école de danse dans l’Oklahoma après avoir arrêté sa carrière de danseuse pour se consacrer à son foyer et ses enfants. Emma, toujours danseuse dans une compagnie, est devenue une star mais sa carrière est déjà derrière elle.

West side story

Film musical américain réalisé par robert Wise et Jerome robbins avec natalie Wood, richard Beymer, george Chakiris et rita moreno

sorti au cinéma en octobre 1961 et disponible en dvd

durée : 02 h 32 min

synopsis West Side Story est tout d’abord une comédie musicale composée par Leonard Bernstein sur une livret de Arthur Laurents, née en 1957. Le succès phénoménal du spectacle présenté à Broadway inspire le cinéma et Jerome Robbins, chorégraphe, monte avec le réalisateur et producteur Robert Wise, le film qui sort le 18 octobre 1961. Le nom de Natalie Wood qui tient le rôle de Maria, Juliette des années 1950, reste lié à cette fantastique aventure.Car c’est effectivement de Roméo et Juliette de William Shakespeare qu’est inspiré le synopsis. Le New York des années 1950 abrite deux gangs de jeunes originaires de l’émigration : les Jets, d’origine polonaise, et les Sharks, d’origine portoricaine, bandes rivales qui veulent régner sur le quartier de West Side. Mais Maria, sœur du chef des Sharks, est amoureuse de Tony l’ancien chef des Jets. Amour impossible sur fond d’affrontements et de provocations, de batailles rangées que la comédie musicale transforme en chorégraphies.

voir la bande annoncehttp://www.cinemovies.fr/fiche_multimedia.php?IDfilm=1448

WHite nigHts (soleil de nuit)

Film américain réalisé par taylor Hackford avec mikhail Baryshnikov, gregory Hines, Jerzy skolimowski, Helen mirren, geraldine page, isabella rossellini, John glover...

sorti au cinéma le 22 Janvier 1986

durée : 02 h 17 min

synopsis Nikolai Rodchenko est ancien danseur-étoile du Kirov. Il a fui la Russie dix ans auparavant. Un tournée l’amène à retourner dans son pays natal dont il ne peut plus ressortir. Il fait la connaissance du danseur américain Raymond Greenwood, à qui il demande de l’aide pour repasser de nouveau à l’ouest...

CHrysaLis

de ed emschwiller, chorégraphie alwin nikolaïs, 1973

ed emshwiller à l’université du Michigan, il étudie le dessin puis la peinture aux Beaux-Arts de Paris. Illustrateur de science-fiction, il bifurque vers le cinéma et se passionne pour le film de danse, genre qu’il utilise de plus en plus dans sa création. Avant Chrysalis qu’il tourne avec le danseur et chorégraphe Alwin Nikolaïs en 1973, il se fait remarquer avec la séquence de « cauchemar » dans Time of the Heathen de Peter Kass en 1961, Totem en 1962-1963 et Fusion en 1963, Image, Flesh and Voice en 1969, Carol en 1970, Film with 3 Dancers en 1970 ou Choice Chance Woman Danced en 1971.

alwin nikolaïs

à 16 ans, il accompagne au piano des films muets. La danse, il la découvre en 1933, prend ses premiers cours, et dirige le théâtre de marionnettes de Hartford, dans le Connecticut, pour lequel il est décorateur, costumier et éclairagiste. Il ouvre une école de danse et crée ses premières chorégraphies. Après la Seconde Guerre mondiale, il est assistant de Hanya Holm, et en 1948, il devient directeur du Henry Street Playhouse à New York. En 1949, il se lie à Murray Louis, avec lequel il partage aussi sa passion artistique. En 1956, il fonde sa compagnie qui tourne aux États-Unis puis en Europe dès 1968. Il crée en 1978 le Centre national de danse contemporaine d’Angers, qu’il dirige jusqu’en 1981. Carolyn Carlson est une des ses plus proches adeptes.

La mort du Cygne

anna pavlova » dans le montage « immortelle pavlova »

La Pavlova interprète La Mort du cygne sur le plateau de Douglas Fairbanks, devant le décor du film qui fut réalisé par Donald Crisp pour les Artistes associés, Don Q Son of Zorro... Ce film fut restauré en vidéo et remis à sa bonne vitesse par Bambi Ballard, conseillée par Yvette Chauviré, en 1988, dans le cadre de l’Année de la Danse, un film réalisé en 1925.

voir un extraithttp://www.youtube.com/watch?v=QMEBFhVMZpU&feature=related

anna matveiana pavlovana

Elle naît en Russie le 12 février 1881. La danse qu’elle découvre à 9 ans devient toute sa vie. Elle entre à l’École Impériale de Danse de Saint-Petersbourg à l’âge de onze ans. L’apprentissage est difficile en raison de sa faible corpulence, mais sa volonté la porte. Sa fragilité et sa délicatesse font sa force pour exprimer émotions et sentiments. En 1899, elle entre à l’Imperial Ballet, en devient Première Ballerine en 1906, et excelle dans une version de Giselle chorégraphiée spécialement pour elle.En 1907, son exceptionnelle interprétation de La Mort du Cygne de Camille Saint-Saëns révèle au monde son talent. Elle tourne alors en Europe où elle rencontre le succès. Elle se marie en 1911 avec un homme d’affaires de Saint-Petersbourg, Victor Dandré qu’elle épouse en 1911

et qui devient son imprésario et manager. à Londres, elle crée sa propre compagnie avec laquelle elle donne de nombreuses représentations pendant une vingtaine d’années à travers le monde. Elle décède des suites d’une pneumonie le 23 janvier 1931 sans atteindre ses cinquante ans.

Le danseur Serge Lifar dit d’elle après l’avoir vue : « Je suis fasciné et subjugué par la légèreté et l’aisance de sa plastique : pas de fouettés, pas de virtuosité factice, rien que la beauté et le glissement tout aérien, comme si elle ne devait faire aucun effort et était comblée de ce don divin digne d’un Mozart dont la beauté et l’élégance se suffisaient à elles-mêmes. »

Le Lys

de george r. Busby, chorégraphie Loïe Fuller, 1934

Loïe Fuller (1862-1928)

La chorégraphe et danseuse américaine Loïe Fuller est issue du music hall. Ses détracteurs de l’époque ont beau jeu de déconsidérer son influence sur la danse, encore trop ancrée dans ses valeurs classiques, elle est cependant considérable sur la danse moderne. Cette précurseur a de nombreuses activités, entre autres comédienne, chanteuse, imprésario, agent, publiciste, peintre, cinéaste.

Son intérêt pour ces nombreux domaines a servi son travail autour de la danse. Elle a notamment été l’une des premières à utiliser l’électricité pour des jeux de lumière. Elle se distingue par l’utilisation de grands voiles de soie qu’elle fait danser autour d’elle, évoquant des éléments naturels chers à l’Art Nouveau, lui-même né dans la même période que le cinéma. Le travail de cette grande curieuse en est imprégné, comme il est inspiré et influencé par les sciences telles que l’optique ou la chimie, qui lui permettent de développer des effets spéciaux, lumino-cinétiques notamment. Malgré cette

implication du cinéma dans son travail et ses recherches, elle n’a jamais été filmée. Elle a cependant inspiré des films à des réalisateurs pionniers comme Thomas Edison ou Louis Lumière…

D’un point de vue scénographique, elle révolutionne les codes établis. Elle crée la « boîte noire » sur scène, impensable avant elle, éliminant les feux de la rampe et les coulisses.Loïe Fuller inspire les sculpteurs et les peintres de l’époque (Louis Chalon, Jean Garnier, François-Raoul Larche, Gotfried Larsson, etc.). Selon Banes, ses danses, rarement narratives, étaient d’abord « la création physique d’une présence objective ».

Le film de 1934 a été restauré récemment. >> http://www.lacinemathequedeladanse.com/catalogue/fiche/224

La syLpHide

solo d’ouverture de « La sylphide », chorégraphie d’ernest de Bournonville, 1836, filmé en 1903

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argument de « La sylphide » James, un jeune écossais, est aimé par une sylphide, que lui seul peut voir. Mais il est fiancé, et le jour de son mariage, la sylphide lui subtilise l’alliance destinée à sa fiancée et s’enfuit dans les bois. James part à sa poursuite et est tellement troublé qu’il en oublie sa bien aimée dans la forêt. Il y rencontre une vieille sorcière qu’il avait jadis chassée. Celle-ci, bien décidée à se venger, lui donne un voile qui l’aidera à capturer la créature, mais l’objet est empoisonné. La sylphide, en contact avec le voile, perd ses ailes et la vie. James tombe dans un profond chagrin et aperçoit au loin son ancienne fiancée qui se marie avec son rival.

>> http://www.youtube.com/watch?v=l7xkcl0I6zA

Ellen Price, première ballerine au Ballet royal danois. C’est le photographe officiel de la cour Peter Elfelt qui filme cette scène en studio en 1903. La danse romantique, née au début du XIXe siècle, trouve sa place sur la pellicule un siècle plus tard.

Le BaLLet triadique

d’oskar schlemmer, recréation en 1970 du ballet de 1922

Le triadische Ballett Le Triadische Ballett est plus qu’un ballet. Son créateur et chorégraphe Oskar Schlemmer (1888- 1943), pionnier de l’interdisciplinarité, professeur à l’école extrêmement créative du Bauhaus de Weimar de 1920 à 1928, y enseigne la peinture, le théâtre, la scénographie et la chorégraphie, partageant ainsi de nombreuses facettes de son art avec ses étudiants. Cette diversité se ressent dans le Triadische Ballett. La chorégraphie répond totalement à un concept incluant des costumes et un décor créés par le chorégraphe. Une sorte de mécanique s’installe, parfaitement liée à la rectitude des formes géométriques de ces costumes.

« Naturellement, l’ère de la machine, de la technique, de la mécanique ne pouvait pas demeurer sans incidence sur les arts et surtout pas sur un domaine qui se manifeste essentiellement par le mouvement, par le mouvement du corps humain, par la danse ». O.S, 1927

On retiendra que l’œuvre d’Oskar Schlemmer bénéficia du label d’ « art dégénéré » octroyé par les nazis, une sorte de compliment en somme… vu après coup.

Son travail a inspiré, entre autres et en partie, l’imaginaire de Jean-Paul Goude ou Philippe Découfflé.

>> http://www.lacinemathequedeladanse.com/catalogue/fiche/366

Maquettes de costumes pour Le Triadische Ballettpar Oskar Schlemmer

La Leçon de danse de mario

filmé en 1938 par rolf de maré

rolf de maré Le mécène et collectionneur Rolf de Maré, né en 1888 à Stockholm, se lie d’amitié pour le peintre Nils von Dardel avec lequel il fonde les Ballets suédois au Théâtre des Champs Elysées en 1920. L’homme est riche et son compte en banque n’a d’égal que sa soif de culture et de curiosité. L ’esthète arrive à faire créer pour son ballet des décors par Fernand Léger et Francis Picabia, et notamment les décors et les costumes pour La Giara de Pirandello par Giorgio de Chirico en 1924 . C’est aussi lui qui lance La Revue nègre avec Joséphine Baker en 1925, introduisant ainsi le jazz dans le grand public en Europe. Une première encore, l’intervention pour la première fois du cinéma dans un spectacle de danse. En 1924, Relâche, ballet dadaïste de Jean Börlin et Francis Picabia au Théâtre des Champs-Élysées, par les Ballets suédois, inclut le film Entr’acte de René Clair.Ensemble aussi, Rolf et Nils créent les Archives internationales de la danse en 1932 qui ferment après la Seconde Guerre mondiale. Mais le fond amassé, s’il est dispersé en partie, n’en est pas moins la première grande tentative de mettre en valeur la culture chorégraphique. Décidément, deux hommes de leur temps, qui croisent les genres sans limite. En 1938, afin d’enrichir le fond des archives, Rolf de Maré entreprend une expédition dans les îles indonésiennes de Java, Bali, les Sulawesi, Sumatra et Nias et filme de nombreuses danses qu’il y a déjà vues en 1911.

à propos de « La Leçon de danse de mario »

par patrick Bensard, décembre 2003, stockholm, extrait du programme « danses et transes à Bali »un week-end consacré aux danses et aux rituels balinais, février 2004, palais de Chaillot

« La caméra est placée à juste hauteur. Il n’y a qu’un seul cadre, mais il nous donne à voir l’essentiel. C’est précisément la simplicité de ces images réalisées à la clarté du jour qui est belle et rare comme l’étaient jadis les prises de vue de Murnau ou de nos jours encore les photographies d’Henri Cartier-Bresson et de quelques autres… Mario et son élève font face à la caméra. Ce n’est pas d’une leçon proprement dite qu’il s’agit mais d’une osmose entre eux réalisée. Vertigineuse délicatesse du mouvement qui se rejoue, se répète à l’infini. Et seul ce tressaillement sans fin qui parcourt leurs corps les lie, les enveloppe. Echange irréel qui possède une dimension inquiétante – même un rien démoniaque – par la virtuosité, la rapidité de ses passes. Qui du marionnettiste ou de la marionnette, qui du Maître ou de l’élève dirige, enseigne, manipule l’autre ? Nul ne saurait le dire. Mais qu’importe puisque, divinement silencieuses, ces images nous donnent à voir l’essentiel : la musicalité du mouvement, l’énergie qui par ondes ou saccades successives déferle, conduit la danse, donne peu à peu figure à l’élève tandis que, souveraine, s’efface celle du Maître. Mario ne regarde jamais son élève (sauf ce bref moment où d’une pirouette il lui fait face comme un miroir soudain retourné) mais dans un état de semi voyance il pressent, prévient ses moindres gestes, corrige par touches brèves tel trait du visage, telle attitude, comme si seul devait s’inscrire dans la mémoire de l’enfant cet éclair entraperçu : les mains de son professeur devenues des ailes de papillons qui bruissent, s’embrasent, virevoltent de toutes parts, brouillant à dessein pistes et repères. L’élève demeure dans la position de l’enseigné mais insensiblement quitte sa chrysalide, prend corps, devient à son tour Maître et serviteur de l’émotion distillée. Il ne cherche jamais à mimer son professeur – ce serait déplacé, probablement indécent – mais à ses côtés, porté par l’enchantement, il accède au cœur anonyme et illimité de la danse. Là aucun geste, aucun moment de superflu.Et si nous sommes tant émus devant ces images, c’est qu’au cours de cette leçon, la magie du cinématographe vient illuminer le miracle de la vie même et nous révèle non seulement la danse mais plus étonnamment, plus poétiquement, l’invisibilité muette de sa transmission. S’il existe un film au monde qui justifierait à lui seul l’existence d’une Cinémathèque de la Danse, ce serait celui-là. Il dure environ 2 minutes et fut réalisé par Walter Spies et Rolf de Maré avec une caméra Bell & Owell mécanique en 1938 sur l’île de Bali.En 1949, Henri Cartier-Bresson, venu assister à Bali aux cérémonies de l’indépendance, retrouva et photographia à son tour Mario le Maître de danse. Ces photographies font partie de celles devenues légendaires, publiées chez Robert Delpire en 1954. »

Maquettes de costumes pour Le Triadische Ballettpar Oskar Schlemmer

pour aLLer pLus Loin

• Oskar Schlemmer, Rolf de Maré, la Loïe Fuller, trois vision(aire)s de la transversalité : étude de leur parcours et des genres qu’ils font se croiser • Oskar Schlemmer et le Bauhaus• Rolf de Maré : une fortune au service de la richesse et de la diversité culturelle.• La Revue nègre, Joséphine Baker• La Sylphide : chef d’œuvre de la danse romantique• La Loïe Fuller : révolution dans la danse• Danse classique, danse de revue et danse contemporaine • Anna Pavlova et les « divas » de la danse • La Mort du cygne de Camille Saint Saëns• West Side story, un chef d’œuvre inspiré d’un chef d’œuvre • Mille et une façons de réinterpréter Roméo et Juliette : théâtre, opéra (Gounod, Bellini), ballet (Prokofiev), symphonie (Berlioz, Tchaikovski), comédie musicale (Bernstein, Presgurvic, Cocciante), cinéma (West Side Story, Roméo et Juliette), bande dessinée, etc.


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