Honoré Vinck

Sur le Conseil de GouvernementSource: Aequatoria, 20e Année, No. 3 (1957), pp. 111-112Published by: Honoré VinckStable URL: http://www.jstor.org/stable/25838632 .

Accessed: 14/06/2014 14:01

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Sur le Conseil de Gouvernement.

? On n'a jamais vu un conseil de gouvernement aussi agite... Trois tendances ge nera les se sont nettement degagees des discussions: d'abord une prise de position tres nette de la part des catholiques, tant blancs que noirs, qui se sont affirraes d'une fagon tres claire; en deuxieme lieu une prise de position non moins claire de l'ensemble du Conseil contre le departement ministenel et en dernier lieu, chez les Congolais, un na

tionalisme plus pousse qu'auparavant. Ce Conseil etait reserve uniquement a une etude budgetaire puisque pour la pre

miere fois dans l'histoire du Congo, il avait re^u pour mission d'arreter un avant-pro jet du budget pour 1958... Les debars furent homeriques et a la fin de son etude, la commission du budget a constate que le budget de 58 serait en deficit d'un milliard 400 millions... Les Conseillers se sont demandes quelle etait la cause de ce brusque deficit, alors que tout le monde pretend que le Congo est un pays prospere?

La premiere cause reside dans les depenses inconsiderees faites en faveur de l'en

eignement. Un eleve frequentant l'ecole lai'que coute cinq fois plus cher qu'un eleve

frequentant l'ecole catholique. ? Et le ministere multiplie le plus possible les etablisse ments d'enseignement laic malgre le poids que cette politique fait peser sur le budget congolais et souvent sans demander l'avis des Conseils consultatifs. Au Conseil de Gou vernement un Gouverneur a propose Tallocation de credits pour des ecoles a confier aux

?circonscriptions indigenes. ? On a calcule que rien que pour une seule province cela entrainerait des depenses nouvelles de l'ordre de deux milliards!

? A l'unanimite, le Conseil de Gouvernement a emis le voeu de voir sieger au Congo le Conseii Superieur de l'Enseignement et a demande qu'il soit constitue de personnes competences en matiere d'enseignement congolais, choisies sur une base tripartite: ensei

gnement laic, enseignement mission et secteur prive qui comprendrait le groupe de l'em

ploi, de fagon a ce que les subsides soient enfin repartis aux deux enseignements propor tionnellement a leurs besoins et conforrnement aux interet reels de la communaute con

golaise. Le Conseil revint sur ce voeu a trois reprises. Les Syndicats chretiens ont emis le voeu, deja admis au Conseil de Province du

Kivu et de Leopoldville, demandant l'equivalence entre les enseignants officiels et les

enseignants des ecoles congreganistes au point de vue traitement, indemnites de loge ment et allocations familiales et cela pour toutes les categories d'enseignants.

Les 35.000 moniteurs de l'enseignement libre n'ont regu jusqu'a ce jour que des

promesses... Dans ce domaine les Syndicats chretiens ont egalement demande que le

payement direct des traitements soit etendu aux enseignants noirs et que de plus les en

seignants blancs et noirs de l'enseignement congreganiste soient paves par anticipation au debut du mois...?

? Une agitation particuliere se fit remarquer au sein du Conseil au moment ou vint en discussion le budget de Tlnformation. Le Directeur General de l'lnformation essaya de faire comprendre aux Conseillers que la reorganisation sous sa direction entrainerait une reduction des depenses ... etant donne que le budget metropolitain venait de passer de 46 millions a 48... une reduction qui laissa les conseillers tres sceptiques... On en

arriva a la conclusion que Information voulait dire deformation. Les conseillers furent

egalement surpris de constater qu'aux depenses figurait un poste de 70 millions pour accueillir les Congolais allant a l'Exposition. ..

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Et les depenses de souverainete ? Le Conseil de Gouvernement apprit avec stupeur

que les frais d'entretien des bases militaires de Kamina et de Banana, frais qui s'elevent

annuellement a 100 millions, etaient a la charge du Congo!... L'Universite Coloniale

d'Anvers est egalement entretenue par le Congo ?comme aussi le Musee de Tervuren,...?

A ces grosses depenses il faut encore rattacher les 850 millions de 1'Irsac et de l'lneac...

Devant ces depenses fantastiques, le souffle des conseillers fut litteralement coupe, d'au

tant plus que si Ton veut developper l'economie du pays, il faut avant tout des routes,

des ports, des habitants sains, ce qui suppose des hopitaux convenables avec des mede

cins competents... Or il manque actueilement 150 medecins pour satisfaire aux besoins

du cadre organique qui n'est d'ailleurs lui-meme qu'un minimum.... Et le budget ne fut

pas vote. On peut dire sans crainte d'etre dementi qu'un tel vote sanctionne le disac

cord general qui existe envers la politique partisane du Ministre!...

M. Godefroid, doyen d'age des conseillers, fit remarquer au Gouverneur General,

dans son allocution de cloture, qu'il ne devait pas se formaliser des paroles parfois un

peu dures que les conseillers avaient eues a son egard. Qu'au contraire les conseillers

appuyaient a l'unanimite le Gouverneur General dans le role ingrat qu'il joueit vis-a-vis

d'un departement incomprehensif. M. Godefroid fut chaleureusement applaudi par tous

les conseillers. (extraits resumes de ? Temps Nouveaux ? d'Usumbura.)

Acad^mie royale des Sciences

coloniales. Classe des Sciences

Morales et Politiques.

QUESTIONS POSfeES POUR LE CONCOURS ANNUEL DE 1958.

Premiere question. ?* On demande une etude sur les droits fonciers coutumiers exer

ces par un groupement indigene de quelque nature qu'il soit sur les terres et eaux exploitees

(par habitation, culture, chasse, peche, cueillette ).

L etude devra donner :

a) La composition detaillee du groupe exploitant, avec indication des relations fa

miliales et sociales existant entre les membres ;

b) Un releve (au moins schematique) des terres exploiters, montrant les subdivi

sions reservees a des sous-groupements ou a des membres individuels ainsi que celles

exploitees en commun;

c) La description des droits exerces ou reclames par le groupe sur Tensemble, par

les sous-groupes ou individus sur les parties dont Texploitation leur est reservee.

2e question ? On demande une etude sur le comportement ou les attitudes des

Congolais face aux transformations que 1'industrialisation et l'urbanisation ont apportees

aux structures sociales traditionnelles.

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