Travaux de réfection du Port de l’île de BENDOR
Demande de dérogation au titre de l’article L411-2 du Code de l’environnement pour
le déplacement d’espèces protégées
Septembre 2016
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SOMMAIRE
1) Présentation du maître d’œuvre relatif à la demande de dérogation p3
2) Contexte de la demande de dérogation p4
3) Espèces visées par la demande de dérogation p5
3.1) Description de l’espèce
4) Descriptif de l’opération p7
4.1) Pression de mouillage p8
4.2) Cartographie des habitats marins et localisation p9
4.3) Localisation précise du site de transplantation p10
4.4) Qualification des personnes amenés à intervenir p11
4.5) Mesures de suivi des espèces concernées p11
4.6) Périodes et dates d’intervention et lieux p11
Annexe 1- Dossier de déclaration
Annexe 2 – Protocole de transplantation
Annexe 3- Cerfa 13616*01
Annexe 4 – Attestation Personnels qualifiés
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1) Présentation du maître d’œuvre relatif à la
demande de dérogation
Nom : Institut Océanographique Paul Ricard
Statut : Association Loi 1901
Localisation : Ile des Embiez , 83140 Six-fours-les-plages
L’Institut océanographique Paul Ricard est implanté sur l’île des Embiez depuis 1966. Depuis
sa création l’Institut participe à la connaissance et à la protection de l’environnement marin.
Outre ses actions de sensibilisation et d’éducation au travers de son aquarium
méditerranéen, une grande partie de son action de recherche est centrée sur l’étude et la
compréhension du milieu marin dans plusieurs orientations essentielles : microbiologie,
gestion du milieu marin, espèces menacées, biodiversité, restauration écologique et
aquaculture expérimentale.
Depuis 1980, l’Institut participe à la protection des espèces comme le mérou (Epinephelus
marginatus) ou la grande nacre (Pinna nobilis) et des espaces (zones humides, réserves
marines avec le Parc National de Port-Cros ou la réserve de Scandola en Corse.
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2) Contexte de la demande de dérogation
Le présent document constitue la demande de dérogation réalisé au titre de l’article L411-2 du Code
de l’environnement associé au cerfa n°13616*01 pour une demande de dérogation de déplacement
d’espèce protégée.
Toutes les informations complémentaires et relatives à la nature des travaux et au cadre
réglementaire sont exposées dans le dossier de déclaration effectué par le bureau d’étude GALATEA
et joint à cette demande de dérogation. Ce dossier décrit précisément toutes les informations
relatives aux travaux à effectuer, leurs lieux d’intervention, leur cadre réglementaire, l’historique des
aménagements et les équipements du port, les moyens humains mis en œuvre ainsi que les aspects
environnementaux et sanitaires ou encore les mesures compensatoires mises en œuvres pour
l’exécution.
La présente demande s’inscrit simplement dans l’un des points soulevé lors des relevés de situation
sur le milieu marin et concerne donc la présence de 6 individus de Grandes nacres de méditerranée
dont une possible, mais non avérée, atteinte aux fonctions physiologiques est susceptible de se
manifester lors de l’exécution des travaux.
Malgré les mesures de réduction d’impacts envisagés, l’Institut Océanographique Paul Ricard, aux
vues des nombreux travaux de recherche menés sur cette espèce emblématique de méditerranée,
propose par précaution, le déplacement des individus se trouvant à proximité de la zone
d’intervention des travaux.
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3) Espèces visées par la demande de dérogation
La demande de dérogation concerne une espèce endémique de Méditerranée, la grande
Nacre de Méditerranée (Pinna nobilis). La demande vise le déplacement préventif de 6
individus localisés dans la zone prévue des travaux.
Le cerfa n°13 616*01 est également joint au présent document et renseigne sur la nature de
l’opération (Annexe 3)
3.1) Description de l’espèce
La Grande Nacre est une espèce endémique de méditerranée et l’un des plus grands
coquillages bivalves avec le bénitier tropical. A l’état adulte, elle présente l’aspect d’une
grande moule planté dans le sédiment par sa partie antérieure très effilée. Elle se trouve le
plus souvent à l’abri dans l’herbier de posidonies, mais peut s’observer aussi découvert sur
la matte morte, le sédiment et même des cailloutis. Elle peut se retrouver également entre
des éboulis où persiste des touffes d’herbier. Les jeunes individus possèdent des écailles
épineuses calcifiées sur toute la partie hors du sédiment
Elle est devenue assez rare du fait du recul de son habitat privilégié (herbier de Posidonie) et
des actions de l’homme (ramassage, ancrage, chalutage). La grande nacre est une espèce
protégée en France depuis 1992 (arrêté interministériel du 26 novembre 1992). Elle figure
également dans l’Annexe IV de la Directive Habitat (n°92/43/CEE du 21 avril 1992) et les
Annexes II des Conventions de Berne et Barcelone. Les adultes sont plantés sur environ le
tiers de leur hauteur.
Figure 1 : Spécimens de grandes nacres de méditerranée
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On dénombre dans le port 6 individus vivants de petite à moyenne taille. Deux individus ont
également été observés à l’extérieur du port à proximité de l’entrée. Les individus c et b sont
situés à proximité du quai 1 (respectivement à 5 et 8m du quai).
Figure 2 : Localisation des individus dans le port de Bendor
Figure 3 : Photographie des trois spécimens les plus exposés aux perturbations.
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4) Descriptif de l’opération
Malgré l’important dispositif de réduction des impacts prévus pour les futurs travaux, il
apparaît que les individus c et b ont un risque plus conséquents d’impact mécanique. La
solution la plus judicieuse portée par l’Institut Océanographique Paul Ricard serait de
déplacer ces individus dans un secteur sécurisé. Par ailleurs afin de prévenir tous dommage
aux autres spécimens le souhait est de déplacer l’ensemble des six spécimens en dehors du
port dans une zone plus propice à leur développement.
Au vue des liens historiques de recherche sur cette espèce particulière et suite à d’autres
actions similaires menées par le passé par notre association (Parc Marin de la Côte Bleue,
Principauté de Monaco..) nous attestons par la présente notre qualification pour mener à
bien ce type d’opération.
Suite au rapport remis par le Bureau d’étude Galatea donnant la position géographique des
6 individus (annexe 1) nous fournissons la carte relative au déplacement de ces individus sur
le littoral abrité de la rive Est de l’île de Bendor.
Les individus seront déplacés sur un site de profondeur équivalente en veillant à appliquer le
protocole de transplantation joint à ce dossier (annexe 2).
Cette opération sera effectuée par les plongeurs scientifiques de l’Institut Océanographique
Paul Ricard sous la supervision du professeur Nardo Vicente.
Localisation de l’intervention
N
Localisation actuelle des spécimens
Localisation prévue pour le déplacement
Figure 4 : Localisation de l’intervention
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4.1) Pression de mouillage
La cartographie ci-dessous illustre les pressions relatives aux mouillages des bateaux de
plaisances et des éventuels dommages occasionnés par les ancres des navires. La localisation
du site prévu pour le déplacement des 6 individus se situe dans une zone faiblement
soumise à ce type de pression.
Figure 5 : Cartographie des pressions de mouillage aux abords de l’île de Bendor (projet IMPACT. Plateforme
MedTrix)
Protocole de transplantation
Un protocole a été publié récemment par les équipes conjointes de l’IMEDMAR (Sergio Trigos) et de
l’Institut Océanographique Paul Ricard (Nardo Vicente) dans la revue scientifique Marine Life.
Ce protocole détail les premières expérimentations, la technique de prélèvement, le mode de
transport ainsi que la technique de transplantation. Ce document est disponible et joint à la
demande de dérogation.
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4.2) Cartographie des habitats marins et localisation
Figure 6 : Cartographie des habitats aux abords de l’île de Bendor (Plateforme MedTrix, Application Donia
expert. Andromède océanologie)
La cartographie issue de l’application Donia (Medtrix, Andromède océanologie) nous
renseigne également sur la nature des fonds et des biotopes associés. La grande nacre de
Méditerranée se retrouve principalement à l’abri dans les herbiers de posidonie. Le site
choisi correspond au biotope naturel de cette espèce. D’autres sites pourraient également
correspondre du fait de la prédominance de l’herbier tout autour de l’île de Bendor,
cependant tous les sites ne bénéficient pas de la même protection face au régime soutenue
de vent d’Ouest/ Nord-Ouest. La localisation choisie se situe dans une zone relativement
bien protégée, à l’Est de l’île, ce qui présuppose une garantie supplémentaire quant à la
survie et le maintien des individus concernés par le déplacement.
Site de réimplantation
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4.3) Localisation précise du site de transplantation
Le 22 Septembre, une plongée de reconnaissance du site de transplantation a été effectuée
par les plongeurs de l’Institut Océanographique Paul Ricard. Un site de profondeur
équivalente (entre 1.5m et 3m) a été identifié en dehors du Port de Bendor. Ce site se situe
sur un secteur abrité et se caractérise par une petite dépression sableuse au sein de l’herbier
de posidonie. Ce site est également aisément identifiable pour le suivi des individus après
déplacement. La nature du sédiment constitué de sable facilitera la réimplantation des
individus.
Figure 7 : Localisation du site de transplantation
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4.4) Qualification des personnes amenés à intervenir
Le personnel de l’Institut Océanographique Paul Ricard est constitué de plusieurs plongeurs
scaphandrier qui bénéficient de la qualification professionnelle CAH 1B nécessaire à
l’exercice de suivis et travaux sous-marins. Les pièces justificatives sont jointes au dossier de
demande de dérogation (Annexe 4)
L’IOPR bénéficie également d’expériences antérieures sur ce même type d’intervention et
concernant la même espèce.
4.5) Mesures de suivi des espèces concernées
Les spécimens seront suivis après la transplantation. Un rapport sera transmis à l’autorité
compétente sur les résultats de l’opération 6 mois après intervention.
Le suivi du protocole de transplantation ne devrait pas aboutir aux modifications des
fonctions physiologiques des individus. Aucun cas de mortalité n’a été constaté jusque-là.
4.6) Périodes et dates d’intervention et lieux
Intervention de déplacement des spécimens : Automne 2016
Suivi des spécimens déplacés : Printemps 2017
Un compte rendu de l’opération de déplacement ainsi que des résultats du suivi seront
envoyés à l’autorité compétente au Printemps 2017.