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ES S A I S N O N T R A N S F O R M É S

Antioxydants : pasen prévention (suite)

● Malgré une évaluation étoffée, l’ef-fet préventif des antioxydants restehypothétique. Certaines données évo-quent une surmortalité avec certainsantioxydants.

Selon diverses hypothèses, des sub-stances regroupées sous le terme de“radicaux libres” seraient impliquéesdans diverses pathologies, et d’autressubstances, dites “antioxydants” (vitamineA, vitamine C, vitamine E, carotène, sélé-nium, etc.), agiraient sur les “radicauxlibres” pour prévenir diverses affections.En 2005, les données disponiblesn’avaient pas permis de confirmer ceshypothèses en termes cliniques (1).

D’autres données ont été publiéesdepuis.

Une synthèse méthodique de 68 essaisrandomisés ayant testé des “antioxy-dants” en prévention primaire ou secon-daire de différentes affections a étudié lamortalité des participants toutes causesconfondues (2). Une méta-analyse del’ensemble des essais a conclu que lamortalité n’a pas été influencée par les“antioxydants”. Une méta-analyse des47 essais de bonne qualité méthodolo-gique (plus de 180 000 participants) aconclu que la mortalité totale a été aug-mentée chez les participants des groupes“antioxydants”. Cette augmentation estobservée pour la vitamine A, la vitamine Eet le bêtacarotène, mais pas pour la vita-mine C ni le sélénium. Par ailleurs, un sui-vi prospectif pendant 12 ans d’adultesétatsuniens a montré que la mortalitéétait la plus faible lorsque les valeurssériques moyennes de sélénium étaientd’environ 125 µg/ml, et plus élevéespour les valeurs basses (inférieures à117,3 µg/ml) et hautes (supérieures à150 µg/ml) (3).

Une autre méta-analyse a réuni lesrésultats de 3 essais comparatifs et de9 suivis prospectifs ayant testé différents“antioxydants” versus placebo en pré-vention de la dégénérescence maculairechez plus de 150 000 personnes âgéesde plus de 49 ans (4). Après un suivimoyen de 9 ans, 1 878 personnes ontprésenté une dégénérescence maculai-re, sans différence selon le traitementreçu.

Un essai de prévention du diabète detype 2 a comparé un traitement par sélé-nium à un placebo chez 1 202 per-

Extraits de la veille documentaire Prescrire. 1- Prescrire Rédaction “Prévention cardiovasculaire.Promouvoir les activités physiques de loisirs chezcertains sujets à risque cardiovasculaire” Rev Pres-crire 1999 ; 19 (200) : 767-774.2- Thompson PD et Levine BD “Protecting athletesfrom sudden cardiac death” JAMA 2006 ; 296 (13) :1648-1650.3- Prescrire Rédaction “Prévenir les accidents car-diaques provoqués par le sport” Rev Prescrire 1999 ;19 (200) : 771.4- Corrado D et coll. “Trends in sudden cardiovas-cular death in young athlete after implementationof a preparticipation screening program” JAMA2006 ; 296 (13) : 1593-1601.

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Anticholinestéra-siques sans intérêtdans les troubleslégers de la mémoire● Les anticholinestérasiques n’amé-liorent pas les personnes âgées de plusde 50 ans ayant des troubles modérésde la mémoire.

De nombreuses personnes âgées ontdes troubles modérés de la mémoire sanssigne de démence. Ces troubles se situentà la frontière du vieillissement normal ;mais des études longitudinales ont mon-tré que les personnes atteintes de telstroubles ont un risque plus importantque la population générale de devenirdémentes (1).

Des auteurs ont réalisé une synthèseméthodique des essais comparatifs ran-domisés ayant évalué l’effet des anticho-linestérasiques versus placebo sur l’évo-lution clinique des patients ayant destroubles de la mémoire légers et iso-lés (2).

Ils ont recensé 5 essais, dont 3 publiés.Selon les essais, les critères de jugement

étaient l’aggravation des troubles cogni-tifs, l’apparition d’une démence ou d’unemaladie d’Alzheimer.

Au total, 4 174 personnes de plus de50 ans présentant des troubles de lamémoire légers sans retentissement surles activités quotidiennes ont reçu unanticholinestérasique ou un placebo. Ladurée du traitement a été de 16 semai-nes à 4 ans.

Aucune différence d’évolution cliniquedes personnes en termes de démence n’aété mise en évidence selon qu’ellesavaient reçu ou non un anticholinesté-rasique. Environ 15 % des personnesont présenté une démence à 2 ans et23 % à 3 ans.

Les interruptions de traitement liées àun effet indésirable ont été statistique-ment plus fréquentes parmi les per-sonnes recevant l’anticholinestérasique(21 % à 24 %) que parmi les personnesrecevant le placebo (7 % à 13 %) (2).

En pratique. Chez des personnesâgées de plus de 50 ans présentant destroubles légers de la mémoire, les anti-cholinestérasiques n’ont pas d’intérêtdémontré pour prévenir l’apparitiond’une démence, mais ont de nombreuxeffets indésirables. Autant s’en dispen-ser.

©LRP

Extraits de la veille documentaire Prescrire. 1- Prescrire Rédaction “Les anticholinestérasiquesdans la maladie d’Alzheimer. Un effet modeste,limité aux formes modérément sévères” Rev Pres-crire 2003 ; 23 (241) : 534-536.2- Raschetti R et coll. “Cholinesterase inhibitors inmild cognitive impairment : a systematic review ofrandomised trials” PLoS Med 2007 ; 4 (11) : 1818-1828.

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LA REVUE PRESCRIRE JUIN 2008/TOME 28 N° 296 • PAGE 455

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