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a Revue Sage-Femme (2013) 12, 226—229

Disponible en ligne sur

ScienceDirectwww.sciencedirect.com

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oom on French Cochrane Center

C. Blanchot-Isola1

Centre PMI-CPEF, 11, boulevard de l’Europe, 91000 Evry, France

Disponible sur Internet le 23 octobre 2013

Peut-être avez-vous déjà lu cet article scientifique qui met à l’honneur le travail dessages-femmes : « Midwife-led continuity models versus other models of care for childbea-ring women (Review). Sandall J, Soltani H, Gates S, Shennan A, Devane D » ? Les auteurs ontréuni en une revue Cochrane 13 études réunissant plus de 16 000 femmes suivies par dessages-femmes, des médecins ou plusieurs praticiens de santé en même temps. Ces étudescomparaient les grossesses suivies par des sages-femmes à celles suivies par des médecinsou simultanément par plusieurs professionnels de santé. Les résultats ont montré que lesfemmes suivies par les sages-femmes ont un risque de prématurité significativement dimi-nué de 23 % par rapport à celles bénéficiant d’un autre type de suivi, et mieux puisque leurrisque de perte de fœtus avant 24 semaines d’aménorrhée diminue de 19 %. La mortalité

globale fœtale et néonatale est réduite de 16 % (limite de la significativité). Et avec lessages-femmes il y a moins de péridurales (—17 %), moins d’épisiotomies (—16 %), moins deforceps (—12 %). La durée de l’accouchement est augmentée en moyenne de 30 minutes.Le taux de césariennes par contre reste le même, résultat qui doit tempérer la satisfactiondes professionnels.

� http://www.cochrane.fr/.Adresse e-mail : [email protected]

1 Sage-femme cadre, directrice.

637-4088/$ — see front matter © 2013 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.ttp://dx.doi.org/10.1016/j.sagf.2013.09.003

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Enfin, last but least, le coût est moins élevé avec lessages-femmes (2579 $ en moyenne par femme contre 3483 $pour un suivi par un médecin). Malheureusement, cet articlen’est pas encore traduit en francais, ce qui ne saurait tarderen raison de son succès, et son utilisation probable à des finsdémonstratives autres que scientifiques.

Qu’est-ce qu’une revue Cochrane ?

Elle porte le nom d’Archie Cochrane (1909—1988), épi-démiologiste britannique, qui a préconisé la synthèsed’informations dans les essais cliniques et a contribué audéveloppement de l’épidémiologie en tant que science.

C’est une revue systématique qui évalue des inter-ventions en santé, publiée mensuellement en ligne dansla bibliothèque Cochrane (The Cochrane Library). Celle-ci est réalisée par des « collaborateurs » (La CollaborationCochrane) qui sont des professionnels de santé, des cher-cheurs et des patients. Depuis 1993, ceux-ci se sontregroupés en une organisation internationale, indépen-dante à but non lucratif, dont le but est d’apporter desinformations actualisées de haute qualité sur l’efficacitédes interventions en santé. Elle regroupe à ce jour plusde 28 000 collaborateurs dans 100 pays dans le monde.Son financement provient de gouvernements, d’universités,d’organismes de bienfaisance et de dons personnels.

Les objectifs de la Collaboration Cochrane sont de mettreà disposition des informations fiables et actualisées sur leseffets des interventions dans le domaine des soins et de lasanté, et d’aider les professionnels de santé, les patients etles décideurs en santé dans leur prise de décision.

Plus de la moitié de la population mondiale dispose déjà

d’un accès instantané au contenu Cochrane soit par le biaisde licences ou bien par un accès gratuit dans le cadre duprogramme pour les pays à revenu faible ou moyen. Depuis

Figure 1. Page d’accueil.

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évrier 2013, toutes les revues systématiques Cochraneont disponibles en libre accès 12 mois après leur publica-ion.

e centre Cochrane francais

’année 2010 voit la création, à l’hôpital de l’Hôtel-Dieu Paris, du Centre Cochrane Francais. Il fait partie des4 centres de la Collaboration Cochrane mondiaux.

Son objectif est la promotion des travaux de laollaboration Cochrane en France. Il est financé par le minis-ère de la Santé, l’université Paris-Descartes, l’Assistanceublique—hôpitaux de Paris (AP—HP) et l’École des Hautestudes en Santé Publique (EHESP). Il s’est également consti-ué en groupement d’intérêt scientifique (GIS) en chargee la formation et de la recherche sur la méthodologie desevues systématiques avec, comme partenaires, l’AP—HP,’EHESP, l’Haute Autorité de santé (HAS) et l’Institut natio-al de la santé et de la Recherche médicale (Inserm).l est dirigé depuis 2011 par Philippe Ravaud, chef deervice du Centre d’épidémiologie clinique, Groupe hos-italier Cochin — Hôtel-Dieu, professeur d’épidémiologie à’université Paris Descartes et chef de l’unité de rechercheNSERM U738 équipe 2.

À ce jour, le centre dispose de 4161 résumés en francaisFig. 1).

Les missions du centre sont de :promouvoir et soutenir la participation des francophonesdans la collaboration Cochrane ;promouvoir les activités et les valeurs de la collaborationCochrane en France, en établissant des liens avec chaque

de patients et autorités en santé) ;faire connaître, améliorer l’accès et l’utilisation desrevues Cochrane ;

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développer et coordonner la formation des auteurs et desutilisateurs des revues Cochrane en France et dans lespays francophones ;promouvoir la recherche méthodologique dans le champdes revues systématiques ;promouvoir le concept de médecine fondée sur despreuves.

Une revue systématique est la synthèse de toutes lesecherches menées pour répondre à une question médi-ale précise, concernant l’efficacité et/ou la sécurité d’unentervention donnée dans le domaine des soins et de laanté. Elle se base sur une démarche scientifique rigoureusee revue critique de la littérature scientifique qui se déroulen plusieurs étapes :rechercher toutes les études (publiées ou non) quirépondent à une même question ;évaluer la qualité méthodologique des études ;synthétiser les résultats obtenus à partir des études sélec-tionnées ;réaliser une analyse statistique globale (méta-analyse)portant si possible sur les résultats quantifiés des diffé-rentes études.

Chaque revue suit une méthodologie stricte, prédéfinie àartir d’un protocole standardisé. Ceci permet d’établir, sille existe, une preuve concluante sur l’efficacité et/ou laécurité d’une intervention donnée.

Les revues Cochrane offrent les avantages suivants :un volume de production et un spectre de sujets plus

importants (4000 revues et 2000 protocoles actuellementdisponibles) ;une méthodologie rigoureuse prédéfinie et explicite (pro-tocole accessible en ligne) ;

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igure 2. 13 résumés pour « sage-femme ».

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une mise à jour régulière ;une indépendance vis-à-vis d’intérêts commerciaux ;un résumé en langage simplifié compréhensible par legrand public.

La médecine fondée sur des preuves (evidence basededicine [EBM]) consiste à intégrer dans toute décision cli-

ique les meilleures ‘‘preuves’’ scientifiques, l’expériencet le jugement du clinicien, les préférences du patient,ans le but de proposer une prise en charge personnalisée àhaque patient.

Les « preuves » doivent s’appuyer sur des résultats validest applicables à la pratique médicale courante, provenant’études cliniques systématiques. Ces études sont les essaisontrôlés randomisés et les méta-analyses, mais aussi lestudes transversales ou de suivi bien construites lorsqu’il’agit d’évaluer un test diagnostique ou le pronostic d’unealadie, et sont classées selon leur niveau de preuve.Nous ne détaillerons pas ici la méthodologie de l’EBM ni

’utilisation de la Cochrane Library. Les actes du séminairerganisé par la bibliothèque interuniversitaire de santé en011 sur « l’Introduction à la recherche bibliographique dansa Cochrane Library » permettent déjà à l’internaute unepproche suffisante, et sont disponibles en accès gratuit sure site ainsi qu’un tutoriel de formation à l’EBM destiné auxnfirmiers.

L’accès aux résumés sur le site est gratuit. Ils sontlassés en 52 thèmes dont une dizaine concerne directe-

ent les sages-femmes. À « sage-femme », la rechercheonne 13 résumés (Fig. 2). Nous voyons là l’intérêt pour lerofessionnel de s’abonner au bulletin mensuel du centreochrane.
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Enfin le centre Cochrane a annoncé le lancement, le16 août 2013, du site interactif « Comment tester les trai-tements ? ». C’est la version francophone de « TeastingTreatments interactive », destiné aux patients, aux profes-sionnels de santé et à toute personne s’intéressant à cesquestions. Il s’agit de mieux comprendre l’importance detester les traitements avec prudence, en reconnaissant lesrecherches fiables et en comprenant ce qui est à faire pourque les recherches soient plus pertinentes pour le profes-sionnel ou le patient. Sur ce site, la deuxième édition (2011)du livre « Comment tester les traitements ? Une meilleurerecherche pour de meilleurs soins de santé », co-écrit parImogen Evans, Hazel Thornton, Iain Chalmers et Paul Glas-ziou, est téléchargeable et en accès gratuit.

Dans la préface, Ben Goldacre, médecin psychiatre etécrivain scientifique conclut ainsi :

« Tester les traitements apporte une vision humaine surdes questions du monde réel. La médecine s’intéresseaux souffrances humaines et à la mort, mais aussi auxfaiblesses humaines des décideurs et des chercheurs, etc’est ce qui est présenté ici, à travers des histoires per-sonnelles et les doutes des chercheurs, leurs motivations,leurs préoccupations et leurs changements d’avis. Il est

rare que cet aspect de la science soit dévoilé au publicet les auteurs passent librement d’articles universitairessérieux aux côtés plus cachés de la littérature médicale,découvrant des trésors cachés dans les fils de discussion

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sous les articles, les commentaires, les autobiographieset les simples apartés. Cet ouvrage devrait être présentdans toutes les écoles et toutes les salles d’attente. Enattendant, il est dans vos mains. Bonne lecture ».

C’est dire que, comme pour la Collaboration Cochraneuxquels ils peuvent participer, cet ouvrage est aussi à des-ination des étudiants et des patients.

Alors, sans hésitation, visitez le site du centre Cochranet abonnez-vous aux résumés. Faites le connaître aussi àotre clientèle : les informations sont données dans un lan-age accessible à tous d’autant que la participation activees patients et leurs proches est encouragée, pour prendren compte, dans les revues systématiques, des points deue et des intérêts complémentaires à ceux des chercheursu des professionnels de santé. La présence du patient’est pas celle du représentant « alibi » mais bien celle d’unembre à part entière de la recherche.Enfin, le centre Cochrane a développé un partenariat

vec les infirmiers et les kinésithérapeutes. À quand lesages-femmes ?

Site consulté le 15/09/2013.

éclaration d’intérêts

’auteur déclare ne pas avoir de conflits d’intérêts en rela-ion avec cet article.