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L’économie de l’innovation au regard de l’effet Lindy _ L’innovation figure parmi les déterminants principaux de la croissance économique et de grands moyens lui sont consacrés. Mais innover signifie-t-il se jeter à corps perdu dans la nouveauté et rejeter le passé ? C’est tout le contraire lorsque l’on regarde les choses d’un certain point de vue… Lorsque l’on se retourne vers le passé, on se rend compte que les projections futuristes ont largement échoué, que ce soit celles de grands écrivains comme Jules Verne, H. G. Wells, George Orwell, ou celles d’anonymes imaginant, au début du siècle, que nous aurions chacun notre aéronef ou, après la guerre, que nous pourrions habiter dans l’espace ou sur Mars. Notre monde est bien plus proche du leur qu’ils ne l’avaient imaginé ! D’ailleurs, en y regardant de près, nous consacrons la majeure partie de nos ressources technologiques à améliorer des technologies anciennes (voiture, avion, production et stockage de l’électricité, etc.), et la nou- velle « économie du partage » consiste à simplement utiliser de façon plus optimale et plus souple des biens existants (voiture, logement, crédit). Nassim Nicholas Taleb s’est fait connaître dans le monde entier pour son essai Le Cygne noir (Les Belles Lettres, 2008), mais son dernier ouvrage, Antifragile (Les Belles Lettres, 2013), a fait moins de bruit et c’est regrettable. Il y aborde cette question de l’innovation avec une grande originalité et une approche contre-intui- tive : « L’erreur majeure est donc la suivante. Quand on nous demande d’imaginer le futur, nous avons tendance à prendre le présent comme point de référence, puis à créer une destinée spéculative en lui ajoutant de nouvelles technologies » (page 380). Nous ne tenons pas suffisamment compte du passé. Et même, par surcroît, le futur réside essentiellement dans le passé, affirme-t-il en introduisant « l’effet Lindy ». NUMÉRO 22 I JANVIER / AVRIL 2016 Banque Delubac & Cie LA LETTRE DE LA L es Associés Gérants ainsi que tous les collaborateurs de la banque Delubac & Cie vous souhaitent une année 2016 sous le signe de l’excellence. Depuis sa création, la banque Delubac & Cie n’a cessé depuis plus de 90 ans de se réinventer au service de ses clients et des besoins de l’économie. Elle conjugue l’excellence dans le conseil, la réactivité opérationnelle et la proximité. Elle offre un service sur-mesure aux clients, professionnels ou particuliers.

Banque Delubac - Lettre janvier 2016

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Page 1: Banque Delubac -  Lettre janvier 2016

L’économie de l’innovationau regard de l’effet Lindy_L’innovation figure parmi les déterminants principaux de la croissance économique et de grands moyens lui sont consacrés. Mais innover signifie-t-il se jeter à corps perdu dans la nouveauté et rejeter le passé ? C’est tout le contraire lorsque l’on regarde les choses d’un certain point de vue…

Lorsque l’on se retourne vers le passé, on se rend compte que les projections futuristes ont largement échoué, que ce soit celles de grands écrivains comme Jules Verne, H. G. Wells, George Orwell, ou celles d’anonymes imaginant, au début du siècle, que nous aurions chacun notre aéronef ou, après la guerre, que nous pourrions habiter dans l’espace ou sur Mars. Notre monde est bien plus proche du leur qu’ils ne l’avaient imaginé ! D’ailleurs, en y regardant de près, nous consacrons la majeure partie de nos ressources technologiques à améliorer des technologies anciennes (voiture, avion, production et stockage de l’électricité, etc.), et la nou-velle « économie du partage » consiste à simplement utiliser de façon plus optimale et plus souple des biens existants (voiture, logement, crédit).

Nassim Nicholas Taleb s’est fait connaître dans le monde entier pour son essai Le Cygne noir (Les Belles Lettres, 2008), mais son dernier ouvrage, Antifragile (Les Belles Lettres, 2013), a fait moins de bruit et c’est regrettable. Il y aborde cette question de l’innovation avec une grande originalité et une approche contre-intui-tive : « L’erreur majeure est donc la suivante. Quand on nous demande d’imaginer le futur, nous avons tendance à prendre le présent comme point de référence, puis à créer une destinée spéculative en lui ajoutant de nouvelles technologies » (page 380). Nous ne tenons pas suffisamment compte du passé. Et même, par surcroît, le futur réside essentiellement dans le passé, affirme-t-il en introduisant « l’effet Lindy ».

numéro 22 i janvier / avril 2016

Banque Delubac & Ciela lettre de la

Les Associés Gérants ainsi

que tous les collaborateurs

de la banque Delubac & Cie

vous souhaitent une année

2016 sous le signe de l’excellence.

Depuis sa création, la banque Delubac

& Cie n’a cessé depuis plus de 90 ans

de se réinventer au service de ses

clients et des besoins de l’économie.

Elle conjugue l’excellence dans le

conseil, la réactivité opérationnelle

et la proximité. Elle offre un service

sur-mesure aux clients, professionnels

ou particuliers.

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Pour comprendre cet effet, il importe de distinguer le périssable du non-périssable : une voiture s’use et termine à la casse, mais la voiture comme technologie existe depuis un siècle ; un exemplaire de l’Ancien Testament s’abime mais le texte perdure par-delà les siècles ; les êtres humains meurent mais pas l’espèce, grâce au code génétique. Ensuite on peut établir que :- Pour le périssable, chaque jour de vie supplémentaire se traduit par une espérance de vie plus courte. Il reste moins de temps à vivre à un homme de 40 ans qu’à un enfant de 10 ans.- Par contre, s’agissant du non périssable, pour chaque jour supplémentaire on peut s’attendre à une espérance de vie plus longue, c’est l’effet Lindy. Ainsi, plus une technologie est ancienne, plus on peut s’attendre à ce qu’elle dure encore longtemps, dans la même proportion. L’auto-mobile existe depuis un siècle, on peut prévoir qu’elle existera encore dans un siècle. Si un livre est régulièrement publié depuis quarante ans, on peut s’attendre à ce qu’il le soit quarante ans de plus, etc.

Ces choses ne vieillissent pas, plus elles durent, plus leur espérance de vie augmente. Elles sont robustes, ou « antifragiles » pour reprendre le terme de Taleb. Ne citons pas Internet comme contre-exemple, qui existe sous sa forme actuelle depuis le milieu des années 1990 et qui a vraiment peu de chance de disparaître dans vingt ans, on parle ici d’une espérance moyenne. Ce qui est ancien aujourd’hui est bien apparu un jour, mais l’épreuve du temps a produit une sélection. Le physicien Richard Gott a formulé cet effet d’une autre façon en expliquant que tout ce que l’on observe (comme objet non périssable) de façon aléatoire n’est sans doute ni au début de sa vie, ni à la fin, mais très probablement au milieu. Il a vérifié expérimentalement cette idée en dressant une liste des spectacles présentés à Broadway un jour donné, le 17 mai 1993, et prédit que les plus anciens encore à l’affiche jusqu’à ce jour y resteraient le plus longtemps, et inversement les spectacles récents disparaîtraient assez vite. Il s’avéra qu’il avait raison à 95%.

« Le futur réside dans le passé » affirme Taleb, qui en fait aussi un principe de vie : « C’est donc l’effet Lindy qui me guide dans le choix de mes lectures : les ouvrages qui sont là depuis dix ans le seront encore dans dix ans ; les ouvrages qui sont là depuis deux mille ans devraient être là pour un bon bout de temps, et ainsi de suite. » Il s’insurge contre la néomanie (le terme vient de Roland Barthes), cette fascination pour la nouveauté et il s’en prend à ces consultants « futuristes » en colère contre les gens qui ne se jettent pas à corps perdu dans la technologie, les accusant de « penser comme des vieux ». Et alors répond Taleb, « parce que j’affectionne les Classiques, je ferais plus vieux ? […] C’est une erreur semblable à celle qui consiste à croire qu’on se transformerait en bœuf parce qu’on mange de la viande de bœuf. »

L’origine du terme est attribuée à Albert Goldman, un journaliste de pop music, dans un article de 1964 qui établissait un lien entre la carrière d’un chanteur et son exposition passée à la télévision (le Lindy est un restaurant de Manhattan où se retrouvaient ces chanteurs). Benoît Mandelbrot a ensuite développé et formalisé ce concept, suivi par quelques chercheurs et donc de Nassim Taleb dans le vingtième chapitre d’Antifragile.

L’effet Lindy reste largement méconnu, il s’agit pourtant d’un outil très puissant pour analyser l’innovation et les sociétés qui jouent cette carte, les startups comme les grandes entreprises. La seule nouveauté ne peut suffire, l’utilité supposée non plus, encore faut-il prendre du recul et étudier comment une innovation s’insère dans une continuité historique. On ne va pas inven-ter Internet ou l’iPad tous les quatre matins. Et encore, pour ce dernier, Taleb explique que « le côté génial dans l’utilisation de la tablette tactile réside en cela qu’elle nous permet de revenir aux sources babyloniennes et phéniciennes de l’écriture et de la prise de note sur une tablette de terre cuite (c’est ainsi que cela a commencé). »

Les performances passées ne préjugent pas des résultats futurs.

Sources : Delubac AM, Morningstar, Bloomberg.

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Performances au 27 novembre 2015

Expertise actions européennes Code Isin Valorisation 2015 1 an 3 ans 5 ans

Fonds actions européennes

Delubac Pricing Power Part P FR0010223537 quotidienne 19,99% 20,18% 54,38% 94,27%

Msci Europe dividendes réinvestis 13,79% 12,10% 49,32% 62,25%

Expertise multi-gestion Code Isin Date 2015 1 an 3 ans 5 ans

Fonds de fonds patrimonial

Delubac Patrimoine FR0007027131 chaque vendredi 4,68% 5,10% 10,49% -

20% MSCI AC World + 80% Eonia Capitalisé 2,83% 3,02% 7,58% -

Fonds de fonds actions européennes

Delubac PEA FR0010461723 chaque vendredi 18,89% 20,16% 57,38% 50,56%

Msci Europe dividendes réinvestis 13,79% 12,10% 49,32% 62,25%

Expertise obligataire Code Isin Date 2015 1 an 3 ans 5 ans

Fonds obligations d’entreprises des pays de l’OCDE

Delubac Obligations part P FR0007050901 chaque vendredi 2,02% 2,18% 11,16% 18,79%

Markit iBoxx Euro Liquid Corporates 0,34% 0,95% 9,57% 23,90%

Les OPCVM gérés par Delubac AM_Delubac AM développe son savoir-faire en gestion d’actifs depuis 2000 au travers d’une gamme de fonds diversifiée en termes de classes d’actifs, de zones géographiques et de niveaux de risque. L’offre de gestion de Delubac AM s’adresse à l’ensemble des investisseurs privés et professionnels avec un objectif de valorisation de l’épargne en toute transparence.

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la lettre de la Banque Delubac & CieÉditeur : Banque Delubac et Cie 10, rue Roquepine - 75008 Paris Directeur de la publication à titre provisoire : Serge Bialkiewicz Producteur : Agence Point d’exclamation Diffusion mensuelle / Tirage à 13 000 exemplaires N° ISSN : ISSN 2269-8930