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1 La blockchain révolutionnera-t-elle l’assurance ? (Extrait article complet téléchargeable sur notre site www.aneo.eu) es pratiques collaboratives ont fait leur entrée ces dernières années dans la plupart des secteurs de l’économie dite ʺubériséeʺ (Voir notre article précédent : L’assurance dans la nouvelle économie collaborative). L’assurance, comme tous les secteurs fonctionnant grâce à un tiers de confiance, est donc susceptible de voir également ses pratiques et fondements transformés. Depuis 2009, un protocole informatique fait beaucoup parler de lui : la blockchain. Utilisée au départ par la crypto- monnaie Bitcoin, elle voit ses applications se développer dans différents domaines, dont l’assurance. Aujourd’hui, un assuré accepte de payer une cotisation à son assureur car il a la certitude qu’il sera indemnisé en cas de sinistre. Or, dans quelle mesure peut-on imaginer qu’une blockchain au service de l’assurance puisse remplacer ce tiers de confiance ? Quels seraient ses avantages et applications concrètes ? La Blockchain ? La blockchain est en premier lieu un protocole de communication qui fonctionne suivant un mode dit de pair-à-pair (peer-to-peer). Il permet de gérer une base de données distribuée sur le réseau TCP/IP. Cette base de données constitue un registre (ledger) dont chacun des enregistrements est protégé contre la falsification ou la modification grâce à un système de certification/validation novateur, et grâce aux outils de cryptographie de type Clé Publique / Clé Privée. Le fonctionnement de type pair-à-pair est poussé dans beaucoup d’aspects de la gestion de la Blockchain, c’est la loi du consensus qui règne ici : pour qu’une modification soit valide, elle doit être adoptée par une majorité des pairs, ou alors elle est rejetée automatiquement du processus d’échange. L’application la plus connue de la technologie blockchain est aujourd’hui la monnaie virtuelle Bitcoin. Dans ce cas, la blockchain stocke pour chaque Bitcoin existant la totalité des évènements ou transactions auxquels il a participé, depuis sa création. Ceci, cependant, n’est que le début des utilisations du protocole blockchain qui grâce à ses vertus novatrices sera la base des systèmes distribués de demain. Qu’apporte-t-elle concrètement ? La blockchain est une façon différente de penser les bases de données, et de façon plus générale les systèmes d’informations dits distributifs. A ce titre, elle adresse les problématiques de ces systèmes avec des solutions originales, mais elle va plus loin en offrant de nouvelles possibilités. On peut catégoriser ces innovations en 6 items principaux. La sécurité des données La blockchain garantit un haut niveau de sécurité : l’intégrité des données échangées est permise par la fameuse structure en « hash », la sécurité physique des données est assurée par le fait que la blockchain est distribuée à travers tous les nœuds participants qui possèdent chacun un exemplaire, enfin, la sécurité d’accès aux transactions est réalisée via un système de cryptographie asymétrique de type clé publique / clé privée. L CONTRAT INTELLIGENT Via Blockchain Consensus Transparence Sécurité Système distribué Désinter- médiation

La blockchain révolutionnera-t-elle l'assurance ?

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La blockchain révolutionnera-t-elle l’assurance ? (Extrait – article complet téléchargeable sur notre site www.aneo.eu)

es pratiques collaboratives ont fait leur entrée ces dernières années dans la plupart des secteurs de l’économie dite ʺubériséeʺ

(Voir notre article précédent : L’assurance dans la nouvelle économie collaborative). L’assurance, comme tous les secteurs fonctionnant grâce à un tiers de confiance, est donc susceptible de voir également ses pratiques et fondements transformés. Depuis 2009, un protocole informatique fait beaucoup parler de lui : la blockchain. Utilisée au départ par la crypto-monnaie Bitcoin, elle voit ses applications se développer dans différents domaines, dont l’assurance. Aujourd’hui, un assuré accepte de payer une cotisation à son assureur car il a la certitude qu’il sera indemnisé en cas de sinistre. Or, dans quelle mesure peut-on imaginer qu’une blockchain au service de l’assurance puisse remplacer ce tiers de confiance ? Quels seraient ses avantages et applications concrètes ?

La Blockchain ?

La blockchain est en premier lieu un protocole de communication qui fonctionne suivant un mode dit de pair-à-pair (peer-to-peer). Il permet de gérer une base de données distribuée sur le réseau TCP/IP. Cette base de données constitue un registre (ledger) dont chacun des enregistrements est protégé contre la falsification ou la modification grâce à un système de certification/validation novateur, et grâce aux outils de cryptographie de type Clé Publique / Clé Privée. Le fonctionnement de type pair-à-pair est poussé dans beaucoup d’aspects de la gestion de la Blockchain, c’est la loi du consensus qui règne ici : pour qu’une modification soit valide, elle doit être adoptée par une majorité des pairs, ou alors elle est rejetée automatiquement du processus d’échange. L’application la plus connue de la technologie blockchain est aujourd’hui la monnaie virtuelle Bitcoin. Dans ce cas, la blockchain stocke pour chaque Bitcoin existant la totalité des évènements ou transactions auxquels il a participé, depuis sa création.

Ceci, cependant, n’est que le début des utilisations du protocole blockchain qui grâce à ses vertus novatrices sera la base des systèmes distribués de demain.

Qu’apporte-t-elle concrètement ?

La blockchain est une façon différente de penser les bases de données, et de façon plus générale les systèmes d’informations dits distributifs. A ce titre, elle adresse les problématiques de ces systèmes avec des solutions originales, mais elle va plus loin en offrant de nouvelles possibilités. On peut catégoriser ces innovations en 6 items principaux.

La sécurité des données

La blockchain garantit un haut niveau de sécurité : l’intégrité des données échangées est permise par la fameuse structure en « hash », la sécurité physique des données est assurée par le fait que la blockchain est distribuée à travers tous les nœuds participants qui possèdent chacun un exemplaire, enfin, la sécurité d’accès aux transactions est réalisée via un système de cryptographie asymétrique de type clé publique / clé privée.

L

CONTRAT INTELLIGENT

Via Blockchain

Consensus

Transparence

SécuritéSystème distribué

Désinter-médiation

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Le consensus

Dans les systèmes transactionnels classiques, un tiers de confiance – généralement une institution, une profession assermentée, etc. – est nécessaire pour authentifier la transaction. La blockchain, elle, utilise le consensus de ses participants pour remplir le même rôle. Ce consensus s’exerce tout d’abord pour identifier quelle version de la blockchain est légitime, ensuite pour certifier chaque nouveau « bloc » d’évènements, avant d’être diffusé à l’ensemble de la communauté. Par ailleurs, ce système s’autoalimente car plus les participants à la blockchain seront nombreux, plus le pouvoir du consensus sera fort, c’est-à-dire que les moyens à déployer pour aller contre le consensus augmenteront de façon exponentielle.

La transparence

Au tiers de confiance habituel, la blockchain substitue un système distribué et transparent : la blockchain contient l’historique de la totalité des transactions depuis l’origine, elles restent accessibles et consultables à tout moment par la communauté puisque chacun de ses membres détient une copie de la blockchain. Il est bien sûr possible de crypter certaines informations choisies.

Système distribué

La blockchain permettant de se passer d’un intermédiaire centralisé, au profit d’une multiplicité de ʺnœudsʺ distribués, c’est l’ensemble des coûts d’infrastructure habituels qui s’en trouvent largement réduits, voire totalement supprimés. Au-delà de la sauvegarde des données de la blockchain (voir § ʺSécurité des donnéesʺ), les coûts liés aux infrastructures (locaux), aux calculs (ordinateurs), au management, etc. sont supportés par le temps et la puissance de calcul (CPU) mise à disposition par les membres de la communauté.

La désintermédiation

A terme, ce sont donc tous les services qui requièrent un intermédiaire de confiance – ou institution agrémentée – qui peuvent se voir concurrencés par la blockchain. Le système reposant sur des échanges transparents et sécurisés de ʺpair à pairʺ, toutes les transactions

monétaires, ou simplement contractuelles et juridiques, c'est-à-dire qui requièrent une ʺsignatureʺ infalsifiable, pourront se passer des intermédiaires habituels. C’est ainsi tout un système de rentes de situations ou de monopoles qui seraient de fait remis en cause.

Le contrat intelligent

Les caractéristiques de la blockchain permettent d’y inscrire des règles contractuelles, définies par consensus, qui pourront s’exécuter automatiquement, sans intermédiaire ni gestion centralisée. Le tiers de confiance traditionnel est ainsi remplacé par la blockchain qui garantit une fiabilité inaccessible à l’humain. Au-delà des contrats entre personnes physiques, la blockchain serait tout à fait adaptée pour gérer des contrats entres objets (ʺobjets connectésʺ) et systèmes, sans intervention humaine. Des expérimentations ont lieu en ce moment même sur le sujet. L’exploitation du contrat intelligent dans l’assurance apparaît naturelle, avant tout dans le cadre de contrats d’assurances dites ʺcollaborativesʺ. Aujourd’hui, la mise en place d’assurances collaboratives est freinée par le contexte réglementaire (voir à ce sujet notre précédent article : L’assurance dans la nouvelle économie collaborative). Néanmoins, plusieurs pistes se dégagent – à court et moyen terme – pour utiliser la blockchain et les contrats intelligents dans le monde de l’assurance.

Avril 2016 – © ANEO

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Pour en savoir plus sur le Contrat Intelligent et ses applications concrètes dans l’assurance, vous pouvez télécharger notre article complet

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l’assurance ? »

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Guillaume PERRET du CRAY – [email protected]

Pierre IDIART – [email protected]