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Nous vivons depuis plusieurs années une double crise conjoncturelle et structurelle avec une triple transition écologique, énergétique et numérique. Cela entraine une remise en cause des modes de consommation donc des modèles économiques et des modalités de la mondialisation donc de la division internationale du travail. « On sait où l’on est. On ne sait pas où l’on va. On ne se sait pas comment on y va. Un nouveau monde, celui des usages Dans ce monde en mutation, se développe une logique d’usage où se mélangent intimement des Biens, des Services, des Inventions intellectuelles, parfois du Partage d’informations et toujours la personne qui fait l’expérience de l’usage. Particularité de monde des usages : plus il y a d’informations partagées, plus l’expérience de l’utilisateur augmente, plus la valeur de l’usage augmente alors que les coûts unitaires restent identiques ou baissent. Dans ce monde, la valeur ajoutée peut être captée par celui qui accède à l’utilisateur par la facture ou par les informations valorisables Dans ce monde, nous passons de la concurrence frontale classique à une concurrence par la variété des modèles économiques qui peuvent être : le paiement à l’usage, le paiement sur la réduction des dépenses, la valorisation des données, la publicité, la publicité valorisant l’usage… Les usages un instrument vers l’économie de la qualité ? En passant d’une économie de la possession à une économie de l’utilisation, on peut : Réduire la production de biens (autopartage, covoiturage…) Réduire la consommation d’énergie (un même opérateur pouvant à la fois vendre de l’isolation, de l’énergie et trouver un modèle économique) Favoriser l’économie circulaire (Un data center peut être source d’énergie) Favoriser le recyclage et/ou la réutilisation (un bien qui n’est pas vendu peut être reconditionné lorsqu’il n’a plus l’usage initial) Cette économie de l’usage peut contribuer à l’émergence de nouveaux besoins sociétaux comme : Services de mobilité de proximité Adaptation des logements (énergie, accessibilité, maintien à domicile, sécurité) Autonomie des personnes âgées Santé (télémédecine…) E-éducation … La Transition Numérique En permettant le partage de l’information, et en développement les objets connectés, la transition numérique permet l’industrialisation de l’économie de l’usage et de concrétiser l’économie de la qualité. Par exemple, le partage des données sur les transports publics, les encombrements de circulation, les utilisateurs ayant des places disponibles dans leur voiture, la localisation des taxis permet de

Le nouveau monde des usages

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Page 1: Le nouveau monde des usages

Nous vivons depuis plusieurs années une double crise conjoncturelle et structurelle avec une triple

transition écologique, énergétique et numérique. Cela entraine une remise en cause des modes de

consommation donc des modèles économiques et des modalités de la mondialisation donc de la

division internationale du travail.

« On sait où l’on est. On ne sait pas où l’on va. On ne se sait pas comment on y va.

Un nouveau monde, celui des usages

Dans ce monde en mutation, se développe une logique d’usage où se mélangent intimement des

Biens, des Services, des Inventions intellectuelles, parfois du Partage d’informations et toujours la

personne qui fait l’expérience de l’usage.

Particularité de monde des usages : plus il y a d’informations partagées, plus l’expérience de

l’utilisateur augmente, plus la valeur de l’usage augmente alors que les coûts unitaires restent

identiques ou baissent.

Dans ce monde, la valeur ajoutée peut être captée par celui qui accède à l’utilisateur par la facture

ou par les informations valorisables

Dans ce monde, nous passons de la concurrence frontale classique à une concurrence par la variété

des modèles économiques qui peuvent être : le paiement à l’usage, le paiement sur la réduction des

dépenses, la valorisation des données, la publicité, la publicité valorisant l’usage…

Les usages un instrument vers l’économie de la qualité ?

En passant d’une économie de la possession à une économie de l’utilisation, on peut :

Réduire la production de biens (autopartage, covoiturage…)

Réduire la consommation d’énergie (un même opérateur pouvant à la fois vendre de

l’isolation, de l’énergie et trouver un modèle économique)

Favoriser l’économie circulaire (Un data center peut être source d’énergie)

Favoriser le recyclage et/ou la réutilisation (un bien qui n’est pas vendu peut être

reconditionné lorsqu’il n’a plus l’usage initial)

Cette économie de l’usage peut contribuer à l’émergence de nouveaux besoins sociétaux comme :

Services de mobilité de proximité

Adaptation des logements (énergie, accessibilité, maintien à domicile, sécurité)

Autonomie des personnes âgées

Santé (télémédecine…)

E-éducation …

La Transition Numérique

En permettant le partage de l’information, et en développement les objets connectés, la transition

numérique permet l’industrialisation de l’économie de l’usage et de concrétiser l’économie de la

qualité.

Par exemple, le partage des données sur les transports publics, les encombrements de circulation, les

utilisateurs ayant des places disponibles dans leur voiture, la localisation des taxis permet de

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développer les usages de la mobilité. L’ouverture des données de l’assurance maladie permet un

pilotage très en amont des effets réels des médicaments.

La transition numérique est en cours, l’enjeu est de savoir si nous regardons les trains passer et si

nous laissons la voie ouverte aux OTTou si nous savons nous engager sur quelques sujets.

Rappel de quelques éléments du Contrat de Filière

• Emploi, compétences et métiers : mise en place d’une GPEC de filière par une

systématisation d’un volet emploi-compétences dans les actions du CSF pour avoir une vision

fiable, pertinente et partagée et l’utilisation du tableau de bord élaboré par l’observatoire du

numérique. Cela implique d’assurer cohérence et synergie entre entreprises, branches mais

aussi les politiques nationales et territoriales… Cela doit conduire par le soutien au dialogue

social dans les branches, les entreprises, les structures paritaires (observatoire, CPNE,

OPCA…) Cela passe par un accord filière et également par une déclinaison par des accords de

branches et d’entreprises sur la GPEC.

• Alternance et formation aux métiers du très haut débit : 40 000 alternants en 2017. Cela

passe par des négociations sur l’insertion des jeunes, l’apprentissage et la

professionnalisation dans les branches et les entreprises.

• Responsabilité sociale des entreprises (RSE) : l’objectif est d’aboutir à un accord RSE de filière

à décliner ensuite en accords RSE de branches puis d’entreprises et la mise en application de

la norme Iso 26000.

• Relations entre entreprises, médiation, partenariats « verticaux » de recherche

• Développer les activités à l’export pour créer de l’emploi en France

• Sans contact mobile => devenu un des 34 plans industriels

• Villes et territoires numériques

Rappel des éléments sur les plans industriels impactant la filière

13 plans industriels auxquels se rajoutent 3 plans associés concernent la filière. 5 sont liés aux usages

(hôpital numérique, e-éducation, réalité augmentée, services sans contact, Big Data), 3 sont autour

des infrastructures et des matériels (Nanoélectrique, Supercalculateurs, Robotique), 3 (+2) sont entre

infrastructures et usages (Cloud computing, logiciels et systèmes embarqués, objets connectés,

véhicules à pilotage automatique (associé), réseaux électriques intelligents (associé)) et 2 (+1)

relèvent des enjeux majeurs de société (Souveraineté télécoms, cybersécurité, usine du futur

(associé))

Zoom autour des Territoires et du Numérique

Les territoires sont les grands oubliés des 13 plans industriels. Le fait que le Numérique soit à la fois

une filière (en ce qui concerne le secteur producteur) et une activité transverse (en ce qui concerne

les secteurs utilisateurs et les usages) prend tout son sens dans les territoires.

Pour la CFDT, c’est dans les territoires que peuvent se définir les usages sociétalement utiles, c’est

également dans les territoires que peuvent se concrétiser véritablement les usages, que le

numérique peut passer d’une idée à une réalité.

Page 3: Le nouveau monde des usages

C’est aussi par les territoires et le numérique que peut passer une GPEC territoriale.

Rappel des axes du contrat de filière

Favoriser la création d’une offre « française » de la Ville et des territoires

Développer une architecture numérique ouverte du « système territoire »

Mise en réseaux des objets

Collecte et traitement des données issues et vers les objets.

Applications (restitution et portails)

Tableau de bord de pilotage de la ville

Dans un réseau mondial, construisons localement des usages socialement utiles pour ancrer l’emploi

dans les territoires.

On rappellera utilement l’existence du rapport « les territoires numériques dans la France de

demain. » http://www.strategie.gouv.fr/blog/2013/09/rapport-les-territoires-numeriques-de-la-

france-de-demain/

Valeur et qualification des salariés

Dans le monde des usages, la valeur se situe dans l’interface avec les utilisateurs. La création de

valeurs et donc d’emplois se situera dans cet interface. Il y a ici un enjeu fort à la fois en termes de

nombre d’emplois et de qualifications des salariés qui pourraient les tenir.

Les entreprises ne se digitalisent plus seulement pour offrir des services à distance mais pour

répondre à une mutation profonde des attentes des usagers. La question est de savoir comment les

marques peuvent reconstruire une proximité avec leurs clients grâce aux nouvelles technologies.

Ces emplois ne seront pas nécessairement à très haut niveau de qualification. Il s’agit d’emplois soit

techniques (Licence, DUT) soit à technicité réduite mais à acquisition d’expérience de niveau CAP,

Bac Pro.

Dans les secteurs producteurs, l’emploi du numérique est aujourd’hui hautement qualifié.

Par contre dans les secteurs utilisateurs, l’apparition du numérique n’a aucune raison de faire varier

sensiblement les niveaux de qualification

Un gisement d’emplois existe potentiellement dans le secteur des interfaces

Page 4: Le nouveau monde des usages

Quelques illustrations sectorielles

SSII, éditeurs de logiciels

Ils sont très dépendants de l’activité et de la stratégie des donneurs d’ordre. Ils bénéficient

positivement d’un besoin de production de la numérisation des autres acteurs mais ont une capacité

incertaine à être innovateurs et investisseurs dans la fourniture d’usages et donc de réduire la

dépendance par rapport aux donneurs d’ordres en montant dans la chaîne de valeur.

Monde des télécoms

Ils sont très dépendants des décisions des régulateurs, mais bénéficient positivement d’un besoin de

production de la numérisation des autres acteurs. Ils ont une capacité incertaine à réinventer un

modèle économique compatible avec un modèle de production à bas coût. Ils vivent un risque de

perte du monopole de l’accès direct au client voir vivent un risque de désintermédiation. Sont-ils

capables d’être innovateurs et investisseurs dans la mise en place d’usages et donc de réduire le

risque de baisse dans la chaîne de valeur ?

Poste et logistique:

Ils bénéficient positivement de la numérisation des autres acteurs et donc du besoin d’interface avec

le client mais dépendent de la stratégie des clients et donneurs d’ordre. Ils disposent d’un outil

industriel moderne (et peut-être en surcapacité), mais quelle est leur capacité à construire des

usages compréhensibles pour les entreprises et les particuliers ? C’est également un fantastique

réseau de proximité, mais comment l’utiliser à plein ? Comment le voir non pas comme un coût mais

comme un avantage concurrentiel ? Comment l’intégrer à des usages du numérique ? Dit autrement

quelle est leur capacité d’innovation pour monter dans la chaîne de valeur en utilisant le lien direct

aux clients ?

Les centres de relations clients:

Ils sont très dépendants de l’activité et de la stratégie des donneurs d’ordres et ont une capacité

incertaine à être innovateurs, investisseurs dans la fourniture d’usages dans le monde de la relation

client et donc de réduire la dépendance par rapport aux donneurs d’ordres en montant dans la

chaîne de valeur. Néanmoins ils bénéficient positivement de la numérisation des autres acteurs et

donc du besoin d’interface avec le client

Pour résumer:

Nous avons des secteurs qui fonctionnent en silo avec peu de coopération d’un secteur à un autre.

Au sein d’un même secteur, nous avons des acteurs qui fonctionnent sur un mode de concurrence

frontale avec, là aussi, peu de coopération.

Au niveau international, les entreprises construisent peu de coopération sur une base européenne

ou mondiale.

Pour autant, nous disposons d’outils industriels et de services pertinents et innovants ainsi que

d’une industrie et d’un artisanat de contenu dynamique et original.

Page 5: Le nouveau monde des usages

Mais pas de construction d’usage intelligible pour les entreprises, les administrations et les

particuliers. Nous risquons de passer à côté de la construction des usages de demain, de descendre

dans la chaine de valeur créant ainsi un risque fort pour l’emploi dans les secteurs producteurs.

Dans ce scénario, le gisement d’emplois dans le monde des interfaces est évidemment inexistant

en France.

La Vision CFDT du Comité de Filière

Mettre en œuvre le contrat de filière en particulier dans ses aspects GPEC, RSE et territoire

numérique.

Piloter les plans industriels en articulation avec les éléments du contrat de filière.

Se souvenir sur la question de l’emploi, que la montée dans la chaine de valeur nécessite des emplois

hautement qualifiés pour créer les produits, les services et les usages, mais qu’ensuite pour les

mettre en œuvre, il y a un gisement massif d’emplois qui n’est pas aussi qualifié sur la question des

« interfaces ».

Quelques chiffres sur l’emploi dans le secteur producteur du Numérique :

Chiffre 2010, sources DADS, Insee

NAF Libellé Naf ETP total % Femmes % Hommes

261 Fabrication de composants et cartes électroniques 39 840 38% 62%

262 Fabrication d'ordinateurs et d'équipements périphériques 3 564 35% 65%

263 Fabrication d'équipements de communication 21 468 25% 75%

264 Fabrication de produits électroniques grand public 1 308 43% 57%

268 Fabrication de supports magnétiques et optiques 96 50% 50%

465 Commerce de gros d'équipements de l'information et de la communication 55 956 31% 69%

582 Édition de logiciels 44 928 29% 71%

611 Télécommunications filaires 107 712 35% 65%

612 Télécommunications sans fil 26 808 43% 57%

613 Télécommunications par satellite 2 184 35% 65%

619 Autres activités de télécommunications 13 164 31% 69%

620 Programmation, conseil et autres activités informatiques 266 100 23% 77%

631 Traitement de données, hébergement et activités connexes ; portails Internet 45 228 41% 59%

951 Réparation d'ordinateurs et d'équipements de communication 13 536 24% 76%

641 892 30% 70%TOTAL