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universitaire universitaire l’Action LE JOURNAL DE L’UNION NATIONALE INTER-UNIVERSITAIRE N°268 mars 2007 2 Euros l’Action L’action universitaire - page 1 UNI - UNION NATIONALE INTER-UNIVERSITAIRE - 34 rue Emile Landrin - 92100 Boulogne - 01.78.16.40.30 - fax. : 01.78.16.40.31 Directeur de la publication : J. Rougeot - CPPAP 0507 G 79428 - dépôt légal premier trimestre 2007 - Mensuel Dès le premier tour, le 22 avril AUCUNE VOIX NE DOIT MANQUER A NICOLAS SARKOZY il faut en croire la plupart des commentateurs qui se piquent de sérieux, la campagne présidentielle serait d’une médiocrité affligeante parce qu’elle laisse de côté des questions essentielles comme l’Europe et la mondialisation. Pourtant, toutes les études d’opinion révèlent que cette même campagne suscite un intérêt particulièrement vif parmi les Français. Comment expliquer ce paradoxe ? C’est peut-être que la situation électorale se pré- sente comme nettement moins simple que lors des échéances précédentes et qu’elle est marquée par des variations spectaculaires qui provoquent une tension soutenue. Essayons donc de démêler cet écheveau complexe et de voir les conséquences que nous devons en tirer.. CHIRAC, LA FRANCE ET LES FRANÇAIS Jacques Chirac a marqué la vie politique française pendant quatre décennies et il l’a dominée pendant douze ans. Sur la scène internationale, il est l’un des très rares chefs d’Etat qui aient personnellement un poids considérable à l’échelle mondiale, celui, à coup sûr, qui l’a depuis le plus longtemps. Il est donc entré dans l’histoire. Son parcours ne s’est pas effectué sur un tapis roulant. Les éclats, les trous d’air et les résurrections n’ont pas manqué. La question se posait de façon plus pressante à mesure que le temps passait et que le suspense se prolongeait : comment se ferait la sortie ? Chacun recon- naît aujourd’hui, à part quelques profession- nels de l’aigreur et quel que soit le bilan poli- tique que l’on tire, que cette sortie a été remarquablement réussie. La réussite tient d’abord à ce que cette sor- tie n’est pas une fermeture. C’est la fin d’une phase, d’une certaine forme d’action, mais aussi le passage annoncé vers une autre forme d’action. On n’en a pas fini avec Chirac. L’homme d’Etat s’apprête assuré- ment à être le plus utile à son pays, mais on ne peut s’empêcher de penser aussi que l’ar- tiste prend un plaisir gourmand à intriguer encore son public et à inquiéter ses ennemis, ses détracteurs et tous ceux qui avaient hâte de le voir momifié. Il est impossible de savoir aujourd’hui ce que sera ce nouveau rôle. On peut simplement penser que, avec la vitalité qu’il manifeste et la stature qu’il s’est acquise, l’ancien président trouvera dans les difficultés que ne manquera pas de traverser la France des occasions d’affirmer sa présence et de faire servir son expérien- ce. Mais, pour l’essentiel, la réussite de cette sor- tie tient à la qualité des propos tenus par Jacques Chirac et à la lumière qu’ils jettent sur leur auteur. Lumière pas seulement actuelle mais rétrospective, car elle éclaire le personnage dans sa globalité. Certes, le temps est assez loin où il était de bon ton de le pré-senter comme une sorte de hussard dont la culture se limitait à son goût pour la trompette de cavalerie. Il avait d’ailleurs lui- même contribué à entretenir cette légende par une sorte de coquetterie ironique et sans doute aussi parce que, pour paraphraser le mot de l’humoriste, c’est un plaisir raffiné d’être traité d’inculte par des analphabètes. Mais le moment était venu de dire la vérité avec des mots justes. Ce qu’on a surtout rete- nu, plus que les articles d’une sorte de testa- ment politique, c’est l’expression de son amour pour la France et les Français. Ces mots simples, révélateurs d’un sentiment profond, sont souvent les plus difficiles à prononcer, dans l’intimité comme en public. Ils sont forts lorsqu’ils arrivent à leur heure et lorsqu’ils ne sont pas galvaudés. Ce fut le cas. On a surtout été frappé par l’expression du sentiment, l’amour, et on a prêté moins d’at- tention à l’objet de ce sentiment, la France et les Français. On laisse ainsi échapper un fac- teur essentiel. Depuis quelques décennies, la France avait été exilée loin des discours poli- tiques ou, lorsqu’elle était présente, c’était sous la forme géométrique d’un Hexagone ou comme coupable, plus que tout autre pays, de multiples crimes historiques. Seules avaient droit aux honneurs les abstractions idéologiques à la coloration droit-de-l’hom- miste. Certes, un courant en réaction contre ces aberrations s’est déjà dessiné, mais les paroles frappantes de Jacques Chirac joue- ront un rôle décisif dans le retour en force du sentiment patriotique. Vue de France, la politique du président de la République a été assez peu envisagée sous cet angle. Mais lorsqu’on prend connaissan- ce des commentaires émis à l’étranger à l’an- nonce de son départ, on s’aperçoit que nom- bre d’entre eux lui reprochent d’avoir mené une action inspirée principalement par la défense des intérêts de la France. A vrai dire, c’est le plus beau compliment qu’on puisse lui adresser. Jacques Chirac, sans agressivité inutile, a su donner à la France, dans le concert des nations, un rôle et une image qui n’appartiennent qu’à elle. La mésaventure irakienne, entre autres, montre à quel point ce rôle original est justifié. La France, dit-on souvent, n’est pas un « bon élève ». C’est en effet sa vocation, comme l’avait déjà forte- ment réaffirmé le général de Gaulle. Le jour où elle ne recevra que des bons points de la part du politiquement correct planétaire, c’est que la France aura cessé d’être elle- même, aura cessé d’exister. Il n’est pas opportun de dresser aujourd’hui un bilan proprement politique de l’action du président de la République. C’est en revan- che le bon moment pour comprendre un peu mieux un personnage public présenté comme extraverti, mais au fond pudique et secret, qui n’a sans doute pas fini de nous surprendre. S’ par Jacques ROUGEOT, président de l’UNI, professeur émérite à la Sorbonne

Action universitaire - mars 2007

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❚ LE JOURNAL DE L’UNION NATIONALE INTER-UNIVERSITAIRE ❚ N°268 ❚ mars 2007 ❚ 2 Euros ❚

l’Action

L’action universitaire - page 1

UNI - UNION NATIONALE INTER-UNIVERSITAIRE - 34 rue Emile Landrin - 92100 Boulogne - ✆ 01.78.16.40.30 - fax. : 01.78.16.40.31Directeur de la publication : J. Rougeot - CPPAP 0507 G 79428 - dépôt légal premier trimestre 2007 - Mensuel

Dès le premier tour, le 22 avril

AUCUNE VOIX NE DOIT MANQUER A NICOLAS SARKOZY

il faut en croire la plupart descommentateurs qui se piquent de

sérieux, la campagne présidentielle seraitd’une médiocrité affligeante parce qu’ellelaisse de côté des questions essentiellescomme l’Europe et la mondialisation.Pourtant, toutes les études d’opinion révèlentque cette même campagne suscite un intérêtparticulièrement vif parmi les Français.Comment expliquer ce paradoxe ? C’estpeut-être que la situation électorale se pré-sente comme nettement moins simple quelors des échéances précédentes et qu’elle estmarquée par des variations spectaculairesqui provoquent une tension soutenue.Essayons donc de démêler cet écheveaucomplexe et de voir les conséquences quenous devons en tirer..

CHIRAC, LA FRANCE ET LES FRANÇAIS

Jacques Chirac a marqué la vie politiquefrançaise pendant quatre décennies et il l’adominée pendant douze ans. Sur la scèneinternationale, il est l’un des très rares chefsd’Etat qui aient personnellement un poidsconsidérable à l’échelle mondiale, celui, àcoup sûr, qui l’a depuis le plus longtemps. Ilest donc entré dans l’histoire. Son parcoursne s’est pas effectué sur un tapis roulant. Leséclats, les trous d’air et les résurrectionsn’ont pas manqué. La question se posait defaçon plus pressante à mesure que le tempspassait et que le suspense se prolongeait :comment se ferait la sortie ? Chacun recon-naît aujourd’hui, à part quelques profession-nels de l’aigreur et quel que soit le bilan poli-tique que l’on tire, que cette sortie a étéremarquablement réussie.La réussite tient d’abord à ce que cette sor-tie n’est pas une fermeture. C’est la fin d’unephase, d’une certaine forme d’action, maisaussi le passage annoncé vers une autre

forme d’action. On n’en a pas fini avecChirac. L’homme d’Etat s’apprête assuré-ment à être le plus utile à son pays, mais onne peut s’empêcher de penser aussi que l’ar-tiste prend un plaisir gourmand à intriguerencore son public et à inquiéter ses ennemis,ses détracteurs et tous ceux qui avaient hâtede le voir momifié. Il est impossible desavoir aujourd’hui ce que sera ce nouveaurôle. On peut simplement penser que, avecla vitalité qu’il manifeste et la stature qu’ils’est acquise, l’ancien président trouveradans les difficultés que ne manquera pas detraverser la France des occasions d’affirmersa présence et de faire servir son expérien-ce.Mais, pour l’essentiel, la réussite de cette sor-tie tient à la qualité des propos tenus parJacques Chirac et à la lumière qu’ils jettentsur leur auteur. Lumière pas seulementactuelle mais rétrospective, car elle éclaire lepersonnage dans sa globalité. Certes, letemps est assez loin où il était de bon ton dele pré-senter comme une sorte de hussarddont la culture se limitait à son goût pour latrompette de cavalerie. Il avait d’ailleurs lui-même contribué à entretenir cette légendepar une sorte de coquetterie ironique et sansdoute aussi parce que, pour paraphraser lemot de l’humoriste, c’est un plaisir raffinéd’être traité d’inculte par des analphabètes.Mais le moment était venu de dire la véritéavec des mots justes. Ce qu’on a surtout rete-nu, plus que les articles d’une sorte de testa-ment politique, c’est l’expression de sonamour pour la France et les Français. Cesmots simples, révélateurs d’un sentimentprofond, sont souvent les plus difficiles àprononcer, dans l’intimité comme en public.Ils sont forts lorsqu’ils arrivent à leur heureet lorsqu’ils ne sont pas galvaudés. Ce fut lecas.On a surtout été frappé par l’expression dusentiment, l’amour, et on a prêté moins d’at-tention à l’objet de ce sentiment, la France et

les Français. On laisse ainsi échapper un fac-teur essentiel. Depuis quelques décennies, laFrance avait été exilée loin des discours poli-tiques ou, lorsqu’elle était présente, c’étaitsous la forme géométrique d’un Hexagoneou comme coupable, plus que tout autrepays, de multiples crimes historiques. Seulesavaient droit aux honneurs les abstractionsidéologiques à la coloration droit-de-l’hom-miste. Certes, un courant en réaction contreces aberrations s’est déjà dessiné, mais lesparoles frappantes de Jacques Chirac joue-ront un rôle décisif dans le retour en forcedu sentiment patriotique.Vue de France, la politique du président dela République a été assez peu envisagée souscet angle. Mais lorsqu’on prend connaissan-ce des commentaires émis à l’étranger à l’an-nonce de son départ, on s’aperçoit que nom-bre d’entre eux lui reprochent d’avoir menéune action inspirée principalement par ladéfense des intérêts de la France. A vrai dire,c’est le plus beau compliment qu’on puisselui adresser. Jacques Chirac, sans agressivitéinutile, a su donner à la France, dans leconcert des nations, un rôle et une image quin’appartiennent qu’à elle. La mésaventureirakienne, entre autres, montre à quel pointce rôle original est justifié. La France, dit-onsouvent, n’est pas un « bon élève ». C’est eneffet sa vocation, comme l’avait déjà forte-ment réaffirmé le général de Gaulle. Le jouroù elle ne recevra que des bons points de lapart du politiquement correct planétaire,c’est que la France aura cessé d’être elle-même, aura cessé d’exister.Il n’est pas opportun de dresser aujourd’huiun bilan proprement politique de l’action duprésident de la République. C’est en revan-che le bon moment pour comprendre unpeu mieux un personnage public présentécomme extraverti, mais au fond pudique etsecret, qui n’a sans doute pas fini de noussurprendre.

S’par Jacques ROUGEOT, président de l’UNI, professeur émérite à la Sorbonne

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CHIRAC - SARKOZY, UNJEU TOUT EN FINESSE

Le problème de sa succession s’inscrivaittout naturellement, pour le président, dans leprolongement de l’annonce de son départ.Prolongement, mais non confusion. Quelleque soit la suite des événements, la carrièrede Jacques Chirac, surtout dans sa dernièrephase, demeurera comme une tranche d’his-toire sur laquelle il convenait d’apposer unsceau. Il ne fallait donc pas mêler dans unmême propos les deux versants de la situa-tion actuelle.Les questions de succession, lorsqu’elles nesont pas réglées par un mécanisme automa-tique, sont souvent très difficiles à résoudre,surtout lorsqu’il s’agit de la transmission dupouvoir suprême. Dans le cas présent, lesdifficultés semblaient multipliées par toutesorte de facteurs. On n’y reviendra pas ici,car il est inutile d’ajouter quelques gouttesaux flots d’encre déversés jusqu’à présent.Disons simplement qu’aux questions poli-tiques, en elles-mêmes très délicates,venaient s’ajouter des facteurs humains agis-sant encore davantage sur la sensibilité. Celanous rappelle que la politique, c’est-à-direl’histoire au présent, est faite par des êtreshumains au fort tempérament, donc aux pas-sions vives.Cette fois-ci, le problème à résoudre relevaitde la quadrature du cercle. Le souverain enfonction n’avait pas la pleine liberté de choi-sir son dauphin. La position finalement rete-nue devait faire l’objet d’un accord entre lesdeux parties et, qui plus est, chaque solutionenvisageable comportait des inconvénientspour le candidat. Celui-ci avait besoin dupotentiel encore très important de l’électoratde droite légitimiste, donc besoin du soutiendu président. Mais, comme l’air du temps estporteur d’une aspiration au changement, dif-fuse mais réelle, le successeur ne pouvait pasapparaître comme un simple continuateur. Lasolution choisie, certainement à la suite d’unaccord entre les deux hommes, est à la foisélégante et efficace. Le « soutien » du prési-dent est affirmé explicitement (contrairementau simple vote à titre personnel de Chiracpour Giscard en 1981), les « qualités person-nelles » du candidat sont reconnues, ainsiqu’une certaine forme de légitimité politique« naturelle » du fait de l’investiture de l’UMP.Mais l’intervention présidentielle n’a rien dela solennité d’un adoubement féodal : laforme est soigneusement équilibrée (uneallocution télévisée, mais pas à une heure degrande écoute), les propos sont nets maissobres. Successeur naturel, Nicolas Sarkozyn’est pas pour autant entravé par le bouletd’un héritage trop contraignant.L’objectif visé semble bien avoir été atteint,comme en témoignent les commentairesdivergents qui ont suivi la prise de positionde Jacques Chirac. Les médias, toujours avi-des de créer la zizanie dans le camp de ladroite, ont souvent parlé d’un soutien «du

bout des lèvres», tandis que les adversairesde Nicolas Sarkozy ont présenté celui-cicomme un « Chirac bis », bien pire, évidem-ment, que le premier, de façon à pouvoirrevendiquer, chacun pour soi-même, lemonopole du changement. Finalement, cespositions contradictoires se sont annulées etla question s’est révélée impropre à touteexploitation polémique.

SEGOLENE ROYAL : UNDANGER POLITIQUE, UNCAS PSYCHOLOGIQUE

Nous avons donc, plus que jamais, toutes lesraisons pour concentrer nos forces afin defaire élire le candidat qui s’impose à droite,Nicolas Sarkozy. Mais le combat est loin d’ê-tre gagné, les adversaires demeurent redou-tables et il faut regarder en face quel type dedanger représente chacun d’eux.Malgré toutes les oscillations du pendule dessondages, l’adversaire le plus dangereuxdemeure Ségolène Royal. En dehors de tousles facteurs personnels, que nous envisage-rons plus loin, elle dispose d’un potentielélectoral qui lui est presque automatique-ment acquis. Elle est le candidat uniqueinvesti par le Parti socialiste. Celui-ci détientau sein de la gauche une position dominan-te qui s’est encore renforcée au cours desdernières années. La mésaventure de 2002,qui a entraîné l’élimination de Jospin au pre-mier tour, bien loin de constituer un précé-dent, fait aujourd’hui fonction de repoussoir.La volonté de « voter utile » est forte parmiles électeurs de gauche. Elle est secondée parla répartition des candidatures, puisque lesdeux principaux candidats qui ont fait perd-re des voix à Jospin - Christiane Taubira etJean-Pierre Chevènement - sont aujourd’huirentrés piteusement au bercail et que les aut-res, ceux qui se situent à gauche de la gau-che, semblent réduits électoralement à despoussières bien plus menues qu’il y a cinqans. Objectivement, Ségolène Royal disposedonc au départ d’un réservoir beaucoup plusfourni que Jospin en 2002 et il faudraitqu’elle subisse une forte déperdition pourn’être pas présente au deuxième tour. A par-tir de là, l’issue du scrutin est totalementincertaine.L’hypothèse d’une accession de la gauche aupouvoir est donc parfaitement envisageable.Dès lors, tout électeur de droite tant soit peuconscient doit avoir comme premier objectifd’éviter cette éventualité. On ne devrait plusavoir à démontrer que le socialisme estintrinsèquement mauvais, mais il est vraique, dans certains pays, le socialisme idéolo-gique est tellement dilué dans le socialismepolitique au pouvoir que sa nocivité se trou-ve fortement réduite. En France, nous avonsle triste privilège de bénéficier d’un partisocialiste obstinément figé sur ses positionsidéologiques d’un autre âge et qui fait peserson emprise sur toutes les personnalités qu’il

peut compter en son sein. On ne sait pasassez que la funeste loi sur les trente-cinqheures, avant d’être enfantée par sa mèreMartine Aubry, a été engendrée par son pèreDominique Strauss-Kahn, présenté comme lemodèle du socialiste raisonnable, qui ne metque peu de zèle à reconnaître son enfant.C’est dire que le socialisme au pouvoir aautomatiquement comme premier mouve-ment de prendre les mesures les plus nuisi-bles, dont les effets sont presque irréversi-bles.Ce qui aggrave aujourd’hui la situation, c’estque les dimensions et le rythme des événe-ments historiques se sont fortement ampli-fiés en quelques années. Pendant longtemps,en régime de croisière, le poison ne serépandait pas trop vite dans l’ensemble del’organisme et on disposait d’un peu detemps pour atténuer les dégâts. Aujourd’hui,avec la mondialisation et l’appétit impatientdes pays émergents, un pays foncièrementprospère comme la France peut s’enfoncerbrutalement. Nous n’avons plus les moyensde nous offrir, par caprice, une « expérience» socialiste dont, au demeurant, nousconnaissons fort bien les résultats.Pouvons-nous enfin nous bercer de l’espoirque, en cas de victoire de Ségolène Royal, lapersonnalité de la présidente viendrait atté-nuer les méfaits du système ? En fait, aprèsune période de lévitation sentimentale, lestémoignages qui s’accumulent font apparaît-re une image de la dame beaucoup plussombre et même franchement inquiétante.Il faut d’abord se garder de sous-estimer lacandidate socialiste. Après la femme à la foischarmeuse et maternelle, on a cru avoir affai-re à une gaffeuse invétérée, c’est-à-dire, danstous les cas, à un personnage inoffensif quine cessait de perdre des points dans les son-dages. Pourtant, il faut bien constater qu’ellea su tirer les leçons de l’expérience : lesbourdes ont disparu, les sondages ontrecommencé à monter et la situation s’eststabilisée à un niveau assez élevé. Ces résul-tats, elle les doit à une volonté implacablemise au service d’un orgueil sans mesure quil’amène à considérer que le reste de l’huma-nité ne pèse pas lourd à côté de ses capaci-tés transcendantes.Et c’est bien ici que se situe le nœud de lapersonnalité de Ségolène Royal, ce qui l’em-pêche d’être une dame de fer et qui pourraitamener certains à prononcer à son sujet desexpressions comme égocentrisme patholo-gique à tendance paranoïaque. Les témoi-gnages à cet égard sont saisissants par leurnombre, leur concordance et leur virulence.Ecartons à ce sujet tout malentendu. D’abordil ne s’agit pas de franchir les limites de lavie privée ou de faire de la psychologie àdeux sous. Il s’agit de savoir si, dans l’exer-cice de ses fonctions publiques, la candidatesocialiste n’a pas fait apparaître des tendan-ces caractérielles peu compatibles avec ladétention du pouvoir suprême. Il ne s’agitpas non plus de recueillir des ragots éma-nant ou bien de personnages subalternes ou

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bien de rivaux directs qui seraient, très bana-lement, inspirés par une volonté de dénigre-ment. Ce qui est quasi sans exemple dans lecas présent, c’est que les témoignages acca-blants émanent de personnes désintéressées,généralement des collaborateurs pleins debons sentiments au départ et finalementassez effarés pour se sentir obligés de tirer lesignal d’alarme.Le seul embarras que l’on ait pour illustrercet aspect de la personnalité de la candidateest de faire un choix parmi les témoignages.Claude Allègre, dont elle a été la ministredéléguée lorsqu’il était lui-même ministre del’éducation nationale, parle de « l’hypertro-phie formidable de l’ego de cette femme ». Ilévoque l’ambiance qu’elle fait régner autourd’elle : « Les relations avec mon cabinet,voire même avec le sien, étaient exécrables.(…) Bon nombre de ministres ne la suppor-taient pas ». Il précise même : « Elle étaithautaine et distante avec ses collaborateurs etle personnel, surtout celui du bas ». Cettedernière remarque pourrait passer pour ano-dine. Elle est pourtant extrêmement sévère,et même inquiétante, car elle révèle de labassesse dans le personnage. Remarquons aupassage que, sur ce point particulièrement, lacandidate socialiste est à l’exact opposé deJacques Chirac, qui peut être assez rudepour ceux qu’il trouve sur son chemin, maisqui s’intéresse spontanément aux humbles etqui, éventuellement, leur vient en aide, loindes micros et des caméras.Il faudrait citer presque en entier le livred’entretiens d’Eric Besson, récemment enco-re secrétaire national du parti socialiste, encharge de l’économie, qui a démissionnéparce qu’il ne voulait plus cautionner lesaberrations de Ségolène Royal. Il confirme lediagnostic psychologique qui fait l’unanimitéde tous les témoins : « Seule sa propre gloi-re la motive ». Mais ce qui est le plus inté-ressant, c’est qu’il montre les aspects propre-ment politiques du comportement deSégolène Royal, tels qu’ils se manifestent avecacuité dans la conduite de sa campagne élec-torale. Il dénonce «l’arbitraire, des décisionsincompréhensibles, l’opinion flattée, distrai-te, amusée, et des catastrophes économiquesprogrammées » et, plus loin, « une incompé-tence, une absence d’expérience, une mécon-naissance des dossiers », ou encore : « Unefuite vers le n’importe quoi ». « Avec l’aven-ture Royal, dit-il encore, on est entré dans leroyaume de l’improvisation, de l’amateuris-me et de l’apparence».Le plus frappant, dans ce long témoignage,réside sans doute dans la force et la solenni-té des prédictions annonçant les conséquen-ces d’une éventuelle victoire de la candidatesocialiste. Dès le début, le ton est donné : «Je pense, en conscience, que Ségolène Royalne doit pas devenir Présidente de laRépublique. Je ne le souhaite pas pour monpays. Je le redoute pour mes enfants ». Plusloin, après avoir dénoncé « une com’ si-rupeuse, s’il y en eut », Eric Besson ajoute :« Mais cette com’ masque un pouvoir per-

sonnel sans contrôle aucun, qui annonce lepire si jamais elle l’emporte ». Les derniersmots du livre, après l’évocation d’un risqued’ « embolie » pour notre pays, exprimentun ultime avertissement : « La France nepeut s’offrir le luxe de cinq ans d’errementset d’immobilisme. Elle ne s’en remettrait pas». Tel est le jugement d’un homme compé-tent, socialiste sincère et dévoué, qui en arri-ve à saborder sa carrière politique parce qu’ila vu de l’intérieur la réalité de ce que seraitle pouvoir socialiste et qu’il ne veut pas enêtre le complice.Ajoutons que, en dehors même de SégolèneRoyal, on découvre certains aspects du partisocialiste qui ne peuvent guère inciter les lec-teurs à lui apporter leurs voix, qu’il s’agissedu portrait de telle gloire vénérée (PierreMauroy débitant « un tissu d’âneries, sur unton pontifiant. Une logorrhée prétentieuse,ahurissante… ») ou, plus généralement, dusecrétariat national du PS (« J’y ai passé tantde vaines réunions à écouter les uns ponti-fier, les autres comploter, à perdre du tempsen palabres codées…). J’invite aussi mespetits camarades à sortir de leur cultureparanoïaque ». Une phrase synthétique résu-me bien la situation dans son ensemble : «Le parti socialiste, poussé par les Verts, parune partie de l’extrême gauche, tourmentépar ses propres démons internes, et entraînéjoyeusement par Ségolène Royal, est surquantité de sujets en train de basculer versl’obscurantisme».Un livre sévère, donc, voire terrible, mais quine regarde pas la situation par le trou de laserrure. Rien sur la vie privée de qui que cesoit, ni sur d’éventuels défauts intimes. Telest bien le point de vue auquel doivent seplacer les citoyens qui, avant de voter, ont àrépondre à cette question : CommentSégolène Royal exercerait-elle son pouvoir, etpour quelle politique, si elle était élue prési-dente de la République ? Toutes les pièces dudossier conduisent inéluctablement à répon-dre que cette éventualité serait catastro-phique pour la France.

BAYROU : L’ART DE FAIREDU NEUF AVEC DU VIEUX

Il arrive que François Bayou dise la vérité.Par exemple lorsqu’il se réclame d’un enra-cinement dans certaines traditions françaises.C’est ainsi que, du temps de nos grand-mères et au-delà, les femmes savaient fortbien, par nécessité financière ou par princi-pe d’économie, faire du neuf avec du vieux.Le pantalon effrangé du fils aîné se métamor-phosait en une culotte courte très présenta-ble pour le cadet, la jupe devenue trop cour-te retrouvait une juste longueur et un airpimpant grâce à l’adjonction d’un volant, lemanteau défraîchi redevenait comme neufaprès son passage chez le teinturier. FrançoisBayrou a manifestement décidé d’adapter cesbonnes vieilles recettes aux institutions de laFrance. Ceux qui connaissent un peu l’his-

toire de notre pays entre 1946 et 1958 n’ontaucune peine à reconnaître, dans les « nou-velles » institutions brevetées Bayrou, unerésurgence de la IVème République à peinerafraîchie par quelques coups de peinture.L’essentiel est bien présent, dans les méca-nismes, avec le retour au parlementarisme etau scrutin proportionnel, et aussi dans lefonctionnement, avec l’impossibilité de cons-tituer une majorité stable et le rôle straté-gique conféré à un parti centriste, minoritai-re certes, mais inévitable pour former desmajorités de rechange et prêt à vendre auxenchères son soutien à un gouvernementqu’il renversera quelques mois ou quelquessemaines plus tard.Certains commentateurs s’interrogent grave-ment sur les idées et le programme deFrançois Bayrou. Ils essaient d’abord de lesextraire et de les identifier, car leur auteurfait preuve sur le sujet d’une discrétionextrêmement pudique. Ils s’efforcent ensuitede les analyser, d’en évaluer la portée, sedemandant en particulier s’ils sont plutôt dedroite ou plutôt de gauche. S’il est unhomme qui doit bien s’amuser de toutes cesspéculations, c’est François Bayrou, car il saitbien, lui, qu’il se soucie comme d’une guignedes idées et des programmes, qui ne sont làque pour servir de leurre. Le véritablemoteur de son action, c’est la stratégie, unestratégie qui puisse le conduire au pouvoirsuprême. Il la met en œuvre méthodique-ment depuis 2002, en tirant les conséquen-ces logiques de son refus de s’intégrer àl’UMP. Partant d’un statut d’allié, qui lui apermis de faire élire assez de députés pourconstituer un groupe parlementaire, il aensuite pris, systématiquement, de plus enplus de distance avec la majorité gouverne-mentale, finissant par rejeter le budget et parvoter la censure. L’élection présidentielle estl’aboutissement de cette stratégie.Dans la phase actuelle, cette stratégie com-porte deux points essentiels : la confectiond’un personnage et le choix d’une ligne sim-ple. La ligne, c’est le changement des don-nées de base archaïques de la vie politiquefrançaise, le dépassement de l’antagonismeentre la droite et la gauche, le rassemblementdes bonnes volontés (“Si tous les gars dumonde voulaient se donner la main…”`), l’as-sainissement des règles d’un jeu devenu mal-sain. Le personnage, c’est celui d’un hommeéquilibré, honnête et compétent, un peu à lamanière de Georges Pompidou, agrégé deslettres ayant conservé des racines terriennes,pas Enarque, bon exemple de promotionsociale au mérite, représentatif du bonFrançais moyen. La combinaison de la ligneet du personnage produit un scénario debande dessinée. Le brave homme découvretout d’un coup avec consternation le tristespectacle offert par la politique françaisedepuis plusieurs décennies. N’écoutant queson sens du devoir, et même porté par uneinspiration supérieure qui lui assigne la mis-sion d’arracher la France aux griffes desimpurs, il enfile son armure de chevalier

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blanc et s’élance à la conquête de l’Elysée.Qui l’aime le suive.Bien entendu, la réalisation de ce beau pro-jet suppose que le chevalier blanc surgisseaux yeux de tous comme un homme neuf,nimbé d’une sorte de virginité politique. Al’égard de la virginité, M. Bayrou retrouve ettranspose des réflexes ancestraux. A l’époqueoù les demoiselles étaient censées arriver aumariage en étant encore, comme on disaitalors, « de vraies jeunes filles » (ceci se pas-sait dans des temps très anciens), celles quiavaient pris quelques libertés prématrimo-niales s’efforçaient de les faire oublier enaffectant un air d’austère pudibonderie et endisant pis que pendre de la conduite desdames mariées.Si les enjeux de l’élection présidentielle n’é-taient pas aussi importants, on pourraitconsidérer cette histoire comme une simplefantaisie comique. Bayrou, loin d’être un per-dreau de l’année, est un politicien profes-sionnel depuis plusieurs décennies. Outrequ’il a été ministre de l’éducation nationale(très mauvais d’ailleurs) pendant quatre ans,il a toujours nagé dans les eaux du centris-me à des postes de responsabilité. Malgrécela, on ne peut pas écarter d’un revers demain le scénario auquel il rêve. Ses chancesde réalisation ne sont pas très fortes, maiselles ne sont pas nulles, en raison des incer-titudes, voire des inquiétudes, du corps élec-toral. Cette instabilité s’est d’abord manifes-tée par un engouement sentimental et irra-tionnel pour Ségolène Royal. Cet engouementest quelque peu retombé, mais la bulle nes’est pas dégonflée. Nul ne peut prévoir ceque seront les fluctuations de l’électorat, quipeuvent varier jusqu’au jour du scrutin.Quant aux conséquences que pourrait avoirl’éventuelle victoire de François Bayrou, il nefaut pas non plus les minimiser. Certainsseraient tentés de ne voir dans un tel résul-tat qu’une variante de l’établissement d’unpouvoir de droite et de penser que, parcuriosité, on ne risquerait pas grand chose àtenter l’expérience. Un tel raisonnementrévèle une inquiétante légèreté d’esprit. Il estd’abord évident que Bayrou ne trouveraitaucune majorité pour gouverner. Les effectifssquelettiques de son parti sans militants etsans appareil ne pourraient pas être décuplésd’un coup de baguette magique et les grands

partis constitués, bien loin de le soutenir,feraient tout pour prendre leur revanche à lapremière occasion. Qui plus est, les premierspas d’une présidence Bayrou ne prendraientpas la forme d’un joyeux désordre. Le per-sonnage, dépourvu de convictions et de sub-stance politique, serait prêt aux compromis-sions les plus pernicieuses pour conserverpendant quelque temps des bribes de pou-voir. La façon dont il a exercé ses fonctionsau ministère de l’éducation nationale, endonnant toutes les satisfactions aux syndicatsde gauche pour acheter un peu de tranquilli-té, donne une première idée de ce que se-raient ses méthodes de gouvernement. Lapolitique d’un Bayrou président ne pourraitse caractériser que par un mélange, en pro-portions variables, de chaos et de déliques-cence.

UNE NECESSITE : VOTERSARKOZY DES LE PREMIER TOUR

Nous avons exposé, depuis le début de lacampagne, les très bonnes raisons que nousavons de soutenir Nicolas Sarkozy. Ces rai-sons n’ont fait que se renforcer au fil dessemaines. Nicolas Sarkozy a confirmé auxyeux de tous sa stature d’homme d’Etat.Quant à ses adversaires, plus on envisage ceque seraient les conséquences de leur élec-tion, plus il apparaît qu’elles seraient catas-trophiques pour la France. Comme il estd’autre part évident que l’issue du scrutinsera imprévisible jusqu’au dernier jour, lasituation nous dicte de façon impérative ceque doit être notre attitude dès le premier tour.Il va de soi que notre premier devoir est undevoir de mobilisation, non seulement denous-mêmes, mais également de toutes lespersonnes sur lesquelles nous avons quelqueinfluence. La victoire ou la défaite, avec desconséquences gigantesques, peut dépendredu déplacement de quelques voix. Cette affir-mation n’est pas une formule rituelle et pure-ment théorique. N’oublions pas que, en1997, il aurait suffi de déplacer moins dequinze mille voix pour que nous rempor-tions la victoire.Autre devoir : faire preuve de discipline. Onsait bien que les gens de droite sont indivi-

dualistes, volontiers critiques voire fron-deurs, regratteurs de virgules, et qu’ilsaiment bien « donner une leçon » aux hom-mes politiques de leur camp, en particulieren s’abstenant au premier tour ou en votantde façon fantaisiste. Mais on veut espéreraussi que les gens de droite savent faire fonc-tionner leur cerveau et qu’ils ont le sens deleur responsabilité, qualités dont ils aiment àse réclamer. La combinaison de ces diversfacteurs doit les amener à penser qu’ils n’ontpas la possibilité de tracer le portrait-robotdu candidat qui leur conviendrait parfaite-ment, et que, par conséquent, ils doiventvoter dès le premier tour pour celui qui serapproche le plus de ce qu’ils souhaitent.Troisième devoir : savoir faire preuve desimplicité. Certains électeurs, surtout à droi-te, se piquent de subtilité et s’attribuent destalents de tacticiens dignes de Machiavel oude Talleyrand. Leur terrain de manœuvrefavori est généralement la préparation dudeuxième tour. A la suite de calculs savants,ils se persuadent que, pour favoriser la vic-toire finale de leur candidat, ils doivent aupremier tour voter pour un autre de façon àfaire tomber un troisième. Nous voyons bience genre de calcul se répandre aujourd’hui.Certains partisans de Sarkozy, selon qu’ilsestiment que c’est Ségolène Royal ou Bayrouqui serait le plus dangereux au deuxièmetour, envisagent de favoriser celui qu’ilscroient inoffensif. Dans la situation complexeet imprévisible où nous nous trouvons, toutcalcul est vain. Le comble de la subtilité théo-rique serait le comble de la stupidité pra-tique. Transposons au cas présent la sagessedu général de Gaulle, qui s’envolait versl’Orient compliqué avec des idées simples.

Dans ce scrutin dont l’enjeu est essen-tiel pour la France, l’essentiel du résul-tat se jouera au premier tour. Celui-cipeut fonctionner à la manière d’un cou-peret, comme en 2002. De toute façon,il créera un rapport de forces et unedynamique qui seront décisifs pour lesecond tour. Le bien de la France passepar la victoire de notre candidat. Le 22 avril, aucune voix dedroite ne doit manquer àNicolas Sarkozy.