1
08/12/2011 APRES LE CAFE, LE CHOCOLAT… La prévalence des troubles cardiométaboliques est en augmentation constante dans le monde entier, touchant un cinquième de la population adulte. Il s’agit d’un problème de santé publique majeur ; cependant, ces désordres sont facilement évitables par les modifications du style de vie, dont l’alimentation est un élément clef dans la genèse, la prévention et le contrôle. es études récentes la fois expérimentales et d'observation) ont suggéré que la consommation de chocolat a une influence positive sur la santé humaine, avec des effets antioxydants, anti- hypertenseurs, anti-inflammatoires, anti- athérogènes et anti-thrombotiques ainsi que sur la sensibilité à l'insuline, la fonction endothéliale et l'activation de l’oxyde nitrique (ou monoxyde d’azote), par le biais des polyphénols contenus dans ces substances. Les sources alimentaires de ces polyphénols sont principalement le café (36,9 %), le thé vert ou noir (33,6 %), le chocolat pour son cacao (10,4 %), le vin rouge (7,2 %) et les fruits (6,7 %). Mais l’effet bénéfique sur la survenue d’évènement cardiovasculaire n’est pas clairement démontré. C’est la raison pour laquelle les auteurs ont effectué une revue systématique et méta- analyse de la littérature scientifique (1) pour évaluer l'association entre la consommation de chocolat et le risque de développer des troubles cardiométaboliques, y compris les maladies cardiovasculaires (accident vasculaire cérébral, insuffisance cardiaque, et infarctus du myocarde), le diabète et le syndrome métabolique. Ils ont également cherché à évaluer si cette association serait différente selon le type de troubles cardiométaboliques, le sexe, et les caractéristiques des études. Parmi 4 576 références, seulement 7 études correspondant au critère principal ont été retenues. Aucune n’était randomisée, 6 étaient des cohortes et 1, une étude transversale. Les participants étaient des adultes, d’âge compris entre 25 et 94 ans, totalisant 114 009 personnes, suivies sur une période de 8 à 16 ans. Toutes les formes de consommation de chocolat ont été rapportées, telles que les barres, boissons chocolatées et les collations (confiseries, biscuits, desserts et compléments nutritionnels). La quantification de la consommation était différente dans ces études, mais variait entre jamais et plus d’une fois par jour et les résultats exprimés en « forte consommation » ou « faible consommation ». La plupart de ces personnes incluses dans ces études étaient des sujets de race blanche, bien qu’une étude incluait des Afro-américains et des hispaniques et une étude, des sujets asiatiques. Cette méta-analyse a montré que l'apport de chocolat a été significativement associé à une réduction du risque de maladie cardiovasculaire. Cette association était significative pour toute maladie cardiovasculaire (37 % de réduction, RR 0,63, IC 95 % 0,44 à 0,90), le diabète (31 %), et les AVC (29 %), mais aucune association significative a été trouvée avec l'insuffisance cardiaque (RR 0,95 ; 0,61 à 1,48). Toutes les associations rapportées ont été ajustées pour l'âge et de multiples variables comme le sexe, l’indice de masse corporelle, l'activité physique, le tabagisme, les facteurs alimentaires (y compris la consommation de café), et l'éducation. Certaines ont également été ajustées pour les traitements médicamenteux. Ces ajustements sont importants car les polyphénols du chocolat sont pour un dixième des catéchines, voisines de celles du thé vert et du café, dont on a vanté récemment les effets de prévention des accidents vasculaires cérébraux (2). Ce bénéfice concerneraient les personnes avec ou sans antécédents cardiovasculaires. Ces résultats doivent être interprétés avec précaution étant donné le type d’analyse, la source alimentaire très hétérogène de chocolat et l’appréciation assez grossière de la consommation de chocolat. En ces temps de « malbouffe », de « 5 fruits et légumes par jour » et autres slogans, cette constatation peut apparaitre comme un pavé dans la marre. Prudemment, les auteurs émettent des réserves, car le chocolat est un aliment à très haute densité calorique (500 kcal/100 g) liée à sa richesse en matière grasse (30 g/100 g) et en sucre (10 g/100 g) ajouté pour masquer l'amertume des polyphénols. Une consommation excessive risque d’être à l’origine de prise de poids, d’hypertension artérielle, de dyslipidémie et de diabète et cette méta analyse n’a pas permis de savoir quelle était la composition exacte des aliments à bas de chocolat. Le chocolat pourrait devenir un moyen naturel, facilement généralisable et particulièrement bien accepté contre la pandémie de troubles cardiométaboliques, sous réserve d’une consommation contrôlée et d’une amélioration des adjuvants du chocolat. A confirmer à l’approche des fêtes…Rappelons nous que cet aliment (xocolatl) vient d’Amérique du Sud, et était partie prenante des rituels religieux chez les Mayas… Pr Luc BRESSOLLETTE, Brest 1-Buitrago-Lopez A, Sanderson J, Johnson L, et al. Chocolate consumption and cardiometabolic disorders: systematic review and meta-analysis.BMJ 2011;343:d4488 doi: 10.1136/bmj.d4488 2-E.Lopez-Garcia, F.Rodriguez-Artalejo, KM. Rexrode, et al. Logroscino Coffee Consumption and Risk of Stroke in Women. Circulation. 2009; 119:1116-1123 D

Apres le cafe, le chocolat…

Embed Size (px)

DESCRIPTION

LE CHOCOLAT..VEUT PRENDRE LE RELAIS..IL FAUT L ECOUTER

Citation preview

Page 1: Apres le cafe, le chocolat…

08/12/2011

APRES LE CAFE, LE CHOCOLAT…

La prévalence des troubles cardiométaboliques est en augmentation constante dans le monde entier, touchant un cinquième de la population adulte. Il s’agit d’un problème de santé publique majeur ; cependant, ces désordres sont facilement évitables par les modifications du style de vie, dont l’alimentation est un élément clef dans la genèse, la prévention et le contrôle.

es études récentes (à la fois expérimentales et d'observation) ont

suggéré que la consommation de chocolat a une influence positive sur la santé humaine, avec des effets antioxydants, anti-hypertenseurs, anti-inflammatoires, anti-athérogènes et anti-thrombotiques ainsi que sur la sensibilité à l'insuline, la fonction endothéliale et l'activation de l’oxyde nitrique (ou monoxyde d’azote), par le biais des polyphénols contenus dans ces substances.

Les sources alimentaires de ces polyphénols sont principalement le café (36,9 %), le thé vert ou noir (33,6 %), le chocolat pour son cacao (10,4 %), le vin rouge (7,2 %) et les fruits (6,7 %). Mais l’effet bénéfique sur la survenue d’évènement cardiovasculaire n’est pas clairement démontré.

C’est la raison pour laquelle les auteurs ont effectué une revue systématique et méta-analyse de la littérature scientifique (1) pour évaluer l'association entre la consommation de chocolat et le risque de développer des troubles cardiométaboliques, y compris les maladies cardiovasculaires (accident vasculaire cérébral, insuffisance cardiaque, et infarctus du myocarde), le diabète et le syndrome métabolique. Ils ont également cherché à évaluer si cette association serait différente selon le type de troubles cardiométaboliques, le sexe, et les caractéristiques des études. Parmi 4 576 références, seulement 7 études correspondant au critère principal ont été retenues. Aucune

n’était randomisée, 6 étaient des cohortes et 1, une étude transversale. Les participants étaient des adultes, d’âge compris entre 25 et 94 ans, totalisant 114 009 personnes, suivies sur une période de 8 à 16 ans. Toutes les formes de consommation de chocolat ont été rapportées, telles que les barres, boissons chocolatées et les collations (confiseries, biscuits, desserts et compléments nutritionnels). La quantification de la consommation était différente dans ces études, mais variait entre jamais et plus d’une fois par jour et les résultats exprimés en « forte consommation » ou « faible consommation ». La plupart de ces personnes incluses dans ces études étaient des sujets de race blanche, bien qu’une étude incluait des Afro-américains et des hispaniques et une étude, des sujets asiatiques.

Cette méta-analyse a montré que l'apport de chocolat a été significativement associé à une réduction du risque de maladie cardiovasculaire. Cette association était significative pour toute maladie cardiovasculaire (37 % de réduction, RR 0,63, IC 95 % 0,44 à 0,90), le diabète (31 %), et les AVC (29 %), mais aucune association significative a été trouvée avec l'insuffisance cardiaque (RR 0,95 ; 0,61 à 1,48).

Toutes les associations rapportées ont été ajustées pour l'âge et de multiples variables comme le sexe, l’indice de masse corporelle, l'activité physique, le tabagisme, les facteurs alimentaires (y compris la consommation de café), et l'éducation. Certaines ont également été ajustées pour les traitements médicamenteux. Ces ajustements sont importants car les polyphénols du chocolat sont pour un dixième des catéchines, voisines de celles du thé vert et du café, dont on a vanté récemment les effets de prévention des accidents vasculaires cérébraux (2). Ce

bénéfice concerneraient les personnes avec ou sans antécédents cardiovasculaires.

Ces résultats doivent être interprétés avec précaution étant donné le type d’analyse, la source alimentaire très hétérogène de chocolat et l’appréciation assez grossière de la consommation de chocolat. En ces temps de « malbouffe », de « 5 fruits et légumes par jour » et autres slogans, cette constatation peut apparaitre comme un pavé dans la marre. Prudemment, les auteurs émettent des réserves, car le chocolat est un aliment à très haute densité calorique (500 kcal/100 g) liée à sa richesse en matière grasse (30 g/100 g) et en sucre (10 g/100 g) ajouté pour masquer l'amertume des polyphénols. Une consommation excessive risque d’être à l’origine de prise de poids, d’hypertension artérielle, de dyslipidémie et de diabète et cette méta analyse n’a pas permis de savoir quelle était la composition exacte des aliments à bas de chocolat.

Le chocolat pourrait devenir un moyen naturel, facilement généralisable et particulièrement bien accepté contre la pandémie de troubles cardiométaboliques, sous réserve d’une consommation contrôlée et d’une amélioration des adjuvants du chocolat. A confirmer à l’approche des fêtes…Rappelons nous que cet aliment (xocolatl) vient d’Amérique du Sud, et était partie prenante des rituels religieux chez les Mayas…

Pr Luc BRESSOLLETTE, Brest

1-Buitrago-Lopez A, Sanderson J, Johnson L, et al. Chocolate consumption and cardiometabolic disorders: systematic review and meta-analysis.BMJ 2011;343:d4488 doi: 10.1136/bmj.d4488 2-E.Lopez-Garcia, F.Rodriguez-Artalejo, KM. Rexrode, et al. Logroscino Coffee Consumption and Risk of Stroke in Women. Circulation. 2009; 119:1116-1123

D