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Chômage: et si la solution c'était la fin du salariat ? Ne plus travailler, c'est l'avenir Publié le 11-03-2016 à 12h11 - Modifié le 13-03-2016 à 15h21 64 réactions | 121316 lu Temps de lecture : 4 minutes LE PLUS. Le chômage inquiète toujours autant. Malgré une baisse en début d'année, ceux qui vivent une "vie sans CDI" ont du mal à s'en sortir et la loi Travail est largement critiquée. Alors, comment se sortir de cette spirale infernale ? En bannissant tout bonnement le salariat. C'est du moins ce propose notre contributeur François Durand, qui image un avenir sans travail. Explications. Édité par Barbara Krief Les chiffres sont tombés. Qu’ils soient bons ou mauvais, le verdict est implacable. Il y a beaucoup trop de chômeurs en France. Le travail est mort. Vive le travail ! Ne pas travailler, c'est ça l'avenir Face à ce fait, les politiques proposent plusieurs solutions pour régler le problème à court terme. Que ce soit en augmentant l’offre, en donnant des milliards aux entreprises, en augmentant la demande, en donnant des milliards aux consommateurs ou tout simplement en baissant le nombre de Français censés travailler, en envoyant les femmes s’occuper des enfants. Ces solutions ont toutes un point commun ; elles ne régleront pas le "problème du chômage" qui est le suivant : il y a de moins en moins besoin de travailler. Les usines ferment, moins d’agriculteurs produisent plus de nourritures, les voitures se conduisent seules... bref, l’humain perd son rôle dans la chaîne du travail et je reviendrai plus tard sur les solutions pour le faire disparaître de cette chaîne. Et plutôt que de pleurer, il faudrait se réjouir. Alors bien sûr, vous avez vécu toute votre vie en entendant que le travail (sous- entendu salarié) était noble, une valeur et que ceux qui ne travaillent pas ne sont qu’un ramassis de fainéants. Tout ça pour que vous alliez travailler bien gentiment, alimentant ainsi un système dans lequel le travailleur constitue l’offre ET la demande. Le premier "travail" à réaliser alors est dans les têtes, afin de faire comprendre au peuple qu’en 2016, ne pas travailler est aussi "normal". D’ailleurs, vous pouvez demander à beaucoup de retraités, ils vous diront qu’ils n’ont jamais autant été occupés que depuis la retraite. La preuve s’il en faut une que l’équation travail = vie saine est fausse. Que feriez-vous si vous aviez huit heures disponibles par jour ? Mais si demain (ou dans 50 ans) plus personne ne travaille. Que vont faire les gens ? C’est très simple, ce qu’ils veulent. Faire du sport, se cultiver, boire un verre

Chômage fin du salariat

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Chômage: et si la solution c'était la fin du salariat ? Ne plus travailler, c'est l'avenir Publié le 11-03-2016 à 12h11 - Modifié le 13-03-2016 à 15h21 64 réactions | 121316 lu

 Temps de lecture : 4 minutes

LE PLUS. Le chômage inquiète toujours autant. Malgré une baisse en début d'année, ceux qui vivent une "vie sans CDI" ont du mal à s'en sortir et la loi Travail est largement critiquée. Alors, comment se sortir de cette spirale infernale ? En bannissant tout bonnement le salariat. C'est du moins ce propose notre contributeur François Durand, qui image un avenir sans travail. Explications.

Édité par Barbara Krief 

 Les chiffres sont tombés. Qu’ils soient bons ou mauvais, le verdict est implacable. Il y a beaucoup trop de chômeurs en France.Le travail est mort. Vive le travail ! Ne pas travailler, c'est ça l'avenir  Face à ce fait, les politiques proposent plusieurs solutions pour régler le problème à court terme. Que ce soit en augmentant l’offre, en donnant des milliards aux entreprises, en augmentant la demande, en donnant des milliards aux consommateurs ou tout simplement en baissant le nombre de Français censés travailler, en envoyant les femmes s’occuper des enfants. Ces solutions ont toutes un point commun ; elles ne régleront pas le "problème du chômage" qui est le suivant : il y a de moins en moins besoin de travailler. Les usines ferment, moins d’agriculteurs produisent plus de nourritures, les voitures se conduisent seules... bref, l’humain perd son rôle dans la chaîne du travail et je reviendrai plus tard sur les solutions pour le faire disparaître de cette chaîne. Et plutôt que de pleurer, il faudrait se réjouir. Alors bien sûr, vous avez vécu toute votre vie en entendant que le travail (sous-entendu salarié) était noble, une valeur et que ceux qui ne travaillent pas ne sont qu’un ramassis de fainéants. Tout ça pour que vous alliez travailler bien gentiment, alimentant ainsi un système dans lequel le travailleur constitue l’offre ET la demande. Le premier "travail" à réaliser alors est dans les têtes, afin de faire comprendre au peuple qu’en 2016, ne pas travailler est aussi "normal". D’ailleurs, vous pouvez demander à beaucoup de retraités, ils vous diront qu’ils n’ont jamais autant été occupés que depuis la retraite. La preuve s’il en faut une que l’équation travail = vie saine est fausse. Que feriez-vous si vous aviez huit heures disponibles par jour ?  Mais si demain (ou dans 50 ans) plus personne ne travaille. Que vont faire les gens ? C’est très simple, ce qu’ils veulent. Faire du sport, se cultiver, boire un verre avec ses amis, passer du temps en famille... les occupations existent déjà. D’ailleurs posez-vous la question : si vous aviez 8 heures de plus par jour à vivre, qu’en feriez-vous ? Je suis sûr que vous avez déjà les réponses à cette question. Les solutions de demain se conçoivent dès aujourd’hui Les voitures automatiques, qui risquent de rendre caduques des millions de chauffeurs de taxi, bus, poids lourds, trains, métro, tram etc. dans le secteur des transports même les moniteurs d'auto-écoles vont disparaître quand (et pas si) conduire sera interdit. Mais ce phénomène n’est pas un cas isolé. Dans l’alimentaire, la traite et le nourrissage des bêtes a été automatisée, les champs s’arrosent tout seuls, les tracteurs, du labour a la récolte, sont guides par GPS et des drones permettant de savoir au mètre près ou manque l’eau et l’engrais... Les denrées ainsi récoltées seront transportées par camions automatiques vers des supermarchés (pour peu que le lieu existe encore) automatisés dans lesquels des portiques vont scanner tous vos articles d’un coup (et surement débiter votre compte en banque aussitôt). La production des autres biens de consommation disponibles dans ce supermarché, qui a déjà été déplacée vers l’est, sera automatisée dès que des robots feront le travail moins cher que les enfants asiatiques. L'administration a déjà été largement automatisée et je pense que personne ne se plaint de ne plus avoir à faire la queue des heures dans des administrations poussiéreuses. Quoi de plus binaire que le fait d’avoir les bons documents ou non pour une demande quelconque ? Pourtant actuellement un dossier peut mettre plusieurs semaines (mois?) à être refusé alors que n'importe quel ordinateur pourrait vous donner une réponse dans la seconde. 

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Le do it yourself va anéantir Ikea Une fois le temps d'une grande partie de la population libéré, les services mourront de leur belle mort. Plus besoin de gardes d'enfants, de femmes de ménage, de plats préparés quand on gagne huit heures par jour, et le do it yourself va prendre le dessus. Les fablabs, aujourd'hui réservés à une "élite" pouvant se permettre d’investir le temps d'apprentissage pour les machines et les logiciels, vont se développer et les personnes vont fabriquer eux-mêmes leur vaisselle, meubles accessoires voire machines. Disparition donc d'Ikea et compagnie avec à leur suite toutes les grandes enseignes de produits manufacturés. Même les personnes ne sachant pas utiliser les logiciels de conception 3D (qui vont cependant s'ouvrir encore plus au grand public) pourront trouver dans des banques de design en ligne la formule et le matériel nécessaires à la fabrication de mobilier de maison par exemple. Le tout sera en accès libre et sujet à modifications, comme les mods dans les jeux vidéo. Et après? J’espère vous avoir fait comprendre que le travail salarié peut disparaître et je pense pouvoir vivre assez pour en être témoin. La vraie question est la suivante : comment allons-nous gérer cette transition? 

Dans la dystopie "1984" de George Orwell, le postulat de base est le suivant : comme la production des biens est faite par des machines, les humains ont commencé à se faire la guerre pour garder occupés les peuples. Au lieu de travailler à produire, les gens travaillent à détruire. Et je crains que ce soit une possibilité si l'on continue à vouloir garder notre système actuel dans un monde qui n'est plus compatible. Reste à trouver comment payer les personnes. Les coûts humains ayant disparu, on peut envisager de rendre gratuits les produits de base et de distribuer un revenu universel pour les produits "de luxe". Cela ne veut pas dire la fin de la compétition, si vous proposez une nouvelle idée/un nouveau produit pour laquelle/lequel des personnes sont prêtes à dépenser leur revenu de base, vous pourrez gagner de l'argent. Le principal obstacle à l’arrêt du travail salarié n’est donc pas la technologie, mais la politique. Mais allons-nous attendre le point de rupture des 15 ou 20% de chômeurs avec des aides faméliques ou construire le monde de demain, libéré de l’obligation de passer huit heures par jour à vendre son temps au travail ?   1/ Lisez le titre et imaginez le contenu de cet article.2/ D’où est extrait cet article ? Quelle est sa date de parution et par qui a-t-il été rédigé ?3/ Quelles sont les solutions proposées par les politiciens pour régler le chômage selon l’auteur ?4/ Pourquoi ces propositions paraissent-elles vaines ?5/ Pour François Durand, quelle est la conception du travail que nous devons modifier ?6/ Que feraient les gens s’ils ne travaillaient pas ?7/ A quoi servent les 3 exemples donnés concernant les transports, l’alimentation et l’administration ?8/ Que permettrait selon lui le fait de disposer de plus de temps ? Quels sont les exemples donnés ?9/ Quelles sont les difficultés liées à la fin du salariat envisagées par l’auteur de cet article ?10/ Propose-t-il des solutions ?11/ D’après lui, quel est le frein à la fin du salariat ?12/ Que revendique-t-il dans la dernière phrase de l’article ?

Expression orale :1/ Reprenez une par une les idées de François Durand et dites celles que vous partagez ou pas, et pourquoi.2/ Le monde de demain qu’il imagine vous semble-t-il probable ?3/ Quelle place le travail occupe-t-il dans votre vie réellement, et quelle importance lui donnez-vous ?4/ Pourriez-vous ne pas travailler ? Dans quelles circonstances ? Pendant combien de temps ? Pensez-vous que votre activité professionnelle vous manquerait ?5/ Que feriez-vous si vous n’aviez pas à travailler (à étudier dans un premier temps) ?6/ Pourriez-vous faire une grande partie de votre vie un travail que vous n’aimez pas, afin de gagner beaucoup d’argent ?7/ Y a-t-il des professions que l’on ne peut exercer que si l’on a la vocation ?8/ Aimeriez-vous travailler avec la personne avec laquelle vous êtes, ou avec un membre de votre famille ?9/ Dans votre pays, quelles sont les professions les plus prestigieuses ? Sont-elles celles où l’on gagne le plus d’argent ?10/ Quelle est d’après vous la profession la plus intéressante ? Pourquoi ? La plus romantique ? La plus ennuyeuse ? La plus risquée ? La plus dure physiquement ? La plus dure moralement ? Celle que vous ne voudriez jamais exercer ?