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GRi\MMAIRE , 1 GENERALE, ET RAISONNÉÈ;' CONTENANT L Ji: S fondemens de l'art de parler 1 expliqués d'une maniere claire & naturelle; LE s rai Cons de ce qui dl: commun à toutes les Langues t Be. des principales diffécences qui s'y rencontrent ; E T plulicurs remarques nouvelles (ur I\a Langu. Françoitè. M., 1) ç C. L 1 V• ..tfVte Appl'obat;oll Ô' PriviJége d. 1101.

Grammaire Port-Royal

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És l'edició facsímil de la Grammaire générale de Port-Royal, publicada originalment el 1660. Aquesta edició data de 1754 i porta les anotacions de Charles Duclos, Secretari de l’Académie Française. La font del document és la biblioteca digital Gallica, de la Bibliothèque nationale de France http://visualiseur.bnf.fr/Visualiseur?Destination=Gallica&O=NUMM-84320

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Page 1: Grammaire Port-Royal

GRi\MMAIRE, 1

GENERALE,

ET RAISONNÉÈ;'

CONTENANT

L Ji: S fondemens de l'art de parler 1 expliqués d'unemaniere claire & naturelle;

LE s raiCons de ce qui dl: commun à toutes lesLangues t Be. des principales diffécences qui s'yrencontrent ;

E T plulicurs remarques nouvelles (ur I\a Langu.Françoitè.

M., 1) ç C. L 1 V•..tfVte Appl'obat;oll Ô' PriviJége d. 1101.

Page 2: Grammaire Port-Royal

Î

;

Î

1

PREFACE.

L 'E N GAG EM E NT o~ je me juistrou't'é , p!~tÔt par rencontre que

par mon choix, de travailler aux Gram­maires de diverJès Langt'fes) m'a JOuventporté à rec/,ercher les raifims de plufieurscholès aui font ou communes à toutes les

J l J

Langues , ou particu/ieres à quelques~

,mes: mais y ayant quelqueftis trollvédes difficNltés qui m'a"êtoient , je les aicommuniquées, dans les rerlcontres, à lm

de mes amis) qui ne s'hantjtlmais.appJi~~é à cette filrre dejèiencc JI n'a pas laiJPde me donne/!' beaucoup d'o~rvertur!s pourrefludre nus doutes; & mes ''luejlians'ïnéme ont été cauft qu'il a fait diverftsréfieXlO1H.fùr les vrais fondemens de fartde parler, dont m""ayam entretenu dans laum'L'erJàtion, je ies trouvaifi filides, quei·e me fis conJèience dt les la~!Jèr perdre,Jr/ayant rien 'vi2 dans les anciens Gram­nh1tnem, ni dans lis nouvclZUX , quif.

Page 3: Grammaire Port-Royal

P R ~ F ACE.Pl*s ~ri.'U!fÇ OH plus jujJe ftr cette,...t1ere. Ceft pourquQi j'obfins encore de lahomi ?Iu"in,po~ 11ifF, qu'ïl me les diElâtà J'es ~eu'reJ pêrc1ues;- i&àinJi les ayantfecueiJ./jes&.,mifls,.en ordre, j'en ai coin­pr{è ce petit Trmu. Ceux 'lui onttte tif~ime pour les ouvrages dé raiflnnement,t.~ou"Ueront p~I#.~itre en' celui-ci que/qut{holt. 'lfli ies pourra [misfaire ) .(7 j'j'enmfprijeront pas le fujet , PUifltUlfi /4Pth'{ole èfl un des plusgr~ds avt}'Ytt4ges tkf~fm:ne ,~. ce ne doit paf ftr8 "pl; chQji~epry'~"e dtpfJjflder fIt 'W<t!#.4te 4V~c,foute ./fI; perfdiÎ(JTJ (JfU f:(Jt}vi<Nt àf/uinn.!JIe; .' qui ~11'de ,n'en lZi/oir p,al ftulemcf1Ç

l'uftge , T!'flis d'en pénét,er au{jj i,et '4i..fins ,.&' defair~1?arfl;f~C' ce 'lUi k$ ~fto~rtsfi11l fif4l(1tfI,npar f~t"'1M.

GRAMMAIRE

Page 4: Grammaire Port-Royal

GRAJ\!IMAIRE, 1

GENERALEE T RAI SON NÉE.

A GRAMMAIRE ea l'art deparler.

Parler, eft expliquer fes pen­fées par des lignes, que les hom­mes ont inventés à ce detrein.

On a trouvé que les plus commodes deces fignes , étoient les fons & les voix.

Mais parce que ces fons paffent, on 1inventé d'autres fignes pour les rendre dura­bles & vifibles, qui fom les caraéléres de1'écriture, que les Grecs appellent }P«ji.IJ.fi.Trl,

d'où eU venu le mot de Grammaire.Ainu l'on peut confidérer deux chofes

dans ces fignes : La premiere ; ce qu'ils fonepar teur namre , c'efl-à-dire, en tant quefOns & caraéléres.

La [econde; leur fignüicatioD; t'eH",":A

Page 5: Grammaire Port-Royal

7-

dire, la maniere dont les hommes s'e:! fer­vent po.Jr lignifier leurs penfecs. .. NOljs traiterons de l'une dans la premiere

Partie de cette Grammaire, & de l'autredans la feconde.

Page 6: Grammaire Port-Royal

)

ë Ji

P RElli lE RE PARTIE.,

Ou il cft parlé des Lettres &cn3.t1éres de l'Ecriture.

C II API T R E PRE 1\1 1ER.

Des Lettrts comme J'Ons, & premiere­ment des I/oyel/es.

l ES cl ~ \ crs fons dom on ft [en po!'!"...J Fr].cr, &: qu'on appelle Lettres, ont

t ,é tiUU\t5 (~'une manÎere toute naturelle,0.:. qu'il dl utJlc de remarquer.

Car cum;nc la bouche cft l'organe quiles furme , on a VCl qu'il y cn avoit de fi fim­rlcs, qu'lls n'avoicllt befoin gue de fa [cujeUu\ ertLlre pOUf fe f±ire entendre & pour for­)~:er une voix difiinde, d'0Ù vient qu'un lesd. "ppellés VoyeLleJ.

Et u;} a auffi veu qu'il y en avait d'aurrei'-JUI , déptndJ.lJt de l'application parriculicreèe quelqu'une de iès parties, comme des:. ;:"." C:C) ;é .. rc3, de la langu(~ , du palais,

.\. ij

Page 7: Grammaire Port-Royal

"' GRAMMAIlU! QÉN'RALJfQ~ pouvaient néanmoins faire un fon parfait,\ue par l'ouverture même de la bouche,c cll:·fl-dire, par leur union avec ces premiersfons J & à caure de cela on les appelle Con-..[onef.

L'on compte d'ordinaire cinq de ees voyel­les J a, e , i, IJ, ~; mais outre que çhacunede ceUes-Ià peut être bréve ou longue, cequi caufe une variété affez confldérabie dansle fon; Ufembl~ qu'~ conijderer la ~ifIléreQce

de9 fons fimpies, felon les diverfes ouvertu­res d~ la bouche, on auroit encore pLJ ajoih­ter quatre ou cinq voyelles aux cinq prèce­denres. Car l'e ouvert & l'e fermé font deuxfons afl"ez diiférens pour faire deux différen­teS voyelles, eomme mer, abifmer., commele premier & le derpier 1 Qans 7Iettlrté. dansjeTrJ J &c.

Et de même 1'0 ouvert &: }'o fermé, côt," cotu • hau & hott,~ Car quoique l'e ou­vert & 1'0 ouvert tiennent quelque chore dulong, &. l'e &. r(} fermé quelque choCe dubref, néanmoins ces deux voyeUes fè varientiavantage , par être ouvertès &. fermées J

qu'un Il ou un i ne varient par être longs()u brefs; &. c'ell: une des raifons pourquoiles Grecs ont pÎûtôr inventé deux figures ~

chacune de ces deux voyelles ~ qu'aux tro~

iutres.

Page 8: Grammaire Port-Royal

E T R A J SON N ! .!. S_ be plus ru , prononcé ou, commle fai­[oient les Latins, & comme font encore lesitaliens & les Efpagnols, a un fon très-dif­férent de ru, commE: le prononçoient leaGrecs, & comme le prononcent les Fran-. -ÇOIS. _

Eu • comme il dl daos ftU, peu , fajt en"core un fon fimple, quoique DOQS 1'écriviealavec deux voyelles.

Il refie 1'e muet ou féminin , qui n'eftdans fon origine qu'un fon fourd, conjoint

r _ 1 r. 1aux comones lonqu-OI11 les veut prononcerfans voyelle, comme lorfqu'elles font faiviesimmédiatement d'autres coofcnes, ainli quedans ce mot, ftamnum: c'eft ce que les He­breux appellent fcheva, fau-tout lorfqu'ilcommence la fyUabe. Et ceftheva fe trouvenéceffairement en toutes lf~s langues, quoi­qu'on n'y prenne pas garde, parce qu'il n'y àPOInt de caraélére pour le marquer. MaisGuelques Langues vulgaires, comme l'Alle-­mand & le François, root marqué par lavoyelle e, ajoûtant ce fc)n aux autres qutelleavoit déja : & de plus ils ont fait que cet'Feminin fait une fvllabe avec fa c:onLOne,comme cff: la fecondc dans netteté ,j'aimerai»donnerai, &c. ce que ne fairoit pas lefchevttdans les autres Langues, quoique plLlfieursfalfem cette faute en prononçant le fchevtl

A iilj

Page 9: Grammaire Port-Royal

~ GR!1,4UtAIRJ! GiNÉRALEdes Hebn."Ux. ,E,[ ce qui dl encore plus re·mal"quabb~.• c'eft que ('ete muet mit {ouvent'tOut fuul en François une fyUahe, ou plûtôtune demie fyUahe.9 comme vie, vuê', aimle.

Ainft (ans·eonlidérer la différence qui Cefait entre les vO}l:elles d'un même fon, par 13lenguèur oU7brt:veté, on en Eurroit difiin­tuel! jufètuesi dflt, en ne s arrêtant qu'auxfons fimples , & non aux caraéteres : a, ;;J~1. .. , 1\,

, ) • > (1 JO, f!N ,lit • ft, e muet.

R lE /II .A R QUE s.

Lés Gtammairiens rtconoHtènt plus ou moins(le COI:1S dans une Langue, Celon qu'ils ont l'oreilleplus ou moins ren6bJe , & qu'ils font plus ou moinecapables de .'afranchir du préjugé.

Ramus avoit déja remarqué 10 voyèles dans laLangue Françoife , & MM. de P. R. ne difèrentJe lui fur cet article, qu'en ce qu'ils ont fenti que~ n1érpit.autre choCe qu'un 0 écrit avec deus cara·

~res.; ~u &. bref dans Paul, grave'" long d,msb4uttl\U'. Ce.même (on Gmple s'écrit avec trois oa

tuafl:e carattères ,dont aucun n'en ellie ligne pro­pre ,tombe., berceaur. Notre onografe ell plei.

ne de ces combinaifons fauffes & inutiles. Il eft

affi's 1ingulier que l'Abé d~ Dangeau qui avoit ré­fléchi avecefprit furIes fons de la langue, & quicOboiH'oit bien la Grammaire de P. R. ait fait la.

Page 10: Grammaire Port-Royal

ET RJ.ISONNBE~

même méprife que Ramus fur le fan llfl, tandis queIV...!!iJ, un étranger', ne s'y dl pas mépris. Celque I-vallù ne jugeait les fons que d'oreille, Bel'on n'en doit juge, que de cète manière, en 0u"­bliant ab(o!umenl cèle dom ils s'écrive"t.

MM. de P. R. n'ont FIlS marqué toutedes voyèl.les qu'ils ponvoient aiCémellt reconoÎtre dans notie

bngue ; ils n'pnt rien dit des nafates. Les Latiftsen avaient 4. qui terminent les mots Romam, urbetw~

firim , tN11plllm, & autres femblables. Ils les regar­daient fi bien come des 'Voyè1es, que dans1es-vers

ils en f:liroient Pétillon devant la voyèle initiale dumm (uiV"2nt. La lètre m qui fuit une -voyNe avec

laquèle èle s'unit, efl: tOujours la lètre caraaériffi­

':lue des nafales latines.

Nous J'ions auffi quatre nafales , quoiqu'èles ne

foient pas todement les mémes gue cèles des La­tins, & nous y employons les lètres m & n) (uivant

ce qu'un urage arbitraire en a décidé. Nos 4 nafa­

ies Ce trouvent dans b.:m, bien) bon, brun. L'u na­

fJ! fe prononce toujours eun, c'efr un Cil nafal fif2~lt obCerver que nous ne confidérons ici n~5 na­[lies que relati\'ement au (on, & non pas à rone­gr:lfe, parce qu'une même nafale s'écrit fouvent

ri'une manière trè5-diférente. Par exemple, l"ana­

fJl s'~crjt diféremmenr dans anrre & dans fmbraf­

l;:i. L'e naral s'écrit de) manières diférentes, ain6,

A iiij

Page 11: Grammaire Port-Royal

.. GBA.M1II'AIllE Glhl't1\.ALE

~) (,fin) (film) 'fIin. Notre oftogl.afe eit Ji .,i­cieufe, 'ltr'il n'y faut avoir aucun égard en parlant.tes fons de la langue; on ne doit "onfuiter quej'oreille.

Plu6eurs Grammairiens adll'lètent un i nara!,.encore le bornt'nt-ils ~ la lilabe initiale &. négative'lui répond à l'. privl&uf des Grecs, come ingrat,injufte, infidèle 1 &c. mais c'ell un fon provincial.~ui n'eft d'ufage ni à la Cour, ni à la Vile. 11 eft:nai que ri Dafal s'dl introduit au Téâue, mais ilJ)'en eft pas moins vicieus, puiCqu'il n'cft pas auto­~j'é par le bon prage, auquel le T éâtrc eft obligé de(e conformer, come la Chaire & le Bateau. Onprononce airez généralement bien auTéâtre; maisil ne laifi"e pas de s'y lt"ouver quelques prononcia~

nons vitieufes , que cer.~sAéteurs tiènent de leurProvince, ou d'une mauvaife tradition. L'in n~­

gatif n'cft jamais nafal , 'lorfqu'il eft fuivi d'une.:"oyète ; alors l'; cft pur, &kn modifie la voyè­Je fuivante. Exemple ~ inutile, inouï) inatendu.-"c. Ll>rfque le fon eft naCal, COmme dans inconf­tant, ingrat &co c'eft un e naCal POUI l'oreille,

.~oiqu'il foit é,rit avec un i.Si nous joignons nos quatre nafales aux 10

.oyèlesreconues par MM. de P. R. il y en auradéja t 4. Mais puifqu'ils difrmguent trois e & deus

• J pou1CJuoi n'adJllètroit~on pas detu a, l'un grave

Page 12: Grammaire Port-Royal

ET RAIsôif)iÉ~ j

Il l'autre aigu> come dans pât.r &, Ith, ~ & deus,u come dans jeûa, & je"",' !L'aigu & le graveJifèrent par le fon ~ indépendafi'Jenl de leur CZUa&:­cité. On doit encore faire.à l'é:g:ud de l'II ouven lamême diltinttion du grave 8( de l'aigu ~ tels qu'il.font clans tête & tt". Ain6 nQW ZiVO!!S au moins 4 ,

gifél'~ns ; e fermé dans bONi, t ouvert grave dautit, > ouvert aigu dans ri" , t muet dans la de__filabe de tomb,. V, muet n'eil proprement que la'foyèle tU (ourde & afoiblie. J'en poutois çanter

un cinquième ~ qui ef\ moyen erure ré fenat Beri? ouvert bref. Tel en le fecond t de Flfwj".le premier de fUCC:lÙ ; mais n'étant pas aufii fen(..bie que les autres, > il ne feroit pas généralementadmis. Cependant il Ce rencontre a1fés fouveD!, Bedeviendra peut-érre encore plus uuté qu'il ne l'cft.

Je me permètrai.ici une réSexion fur le pen­chant que nous avons .i rendre notre langue moi~.

effbninée & monotone. Nous avons raifon ~;'éft­

ter la nuieffe dans la prononciation, mais je aoiI~ue nous tombons trOp dans le défaut opotè. NOUIFononcions ai/lrefois beaucoup plus de diftoagua

qu'aujourd'hui; èles fe pronon~oiem dans les temlf

des verbes, teh que j'alloù, j'aurois, & dans plu­

iieurs noms, tels que franCio;s ~ Angleû ~ Polo­C,i.4'. a',l lieu que nous pronon~ns aujourd'hui" , .• . F ' • , ' Dl' ro_) avu ; ) ,lUTes 1 rançes, ang1ti , .. O.OM1~ ~

Page 13: Grammaire Port-Royal

10 GRAMMAt~E GÉNÉRAL!:

pendant ces diftongues métoient de 'la foree Be deta variété dans la prononciation. & la fauvoient"une efpèce de monotonie qui vient en partie defloue multitude d'e muets.

La même négligente de prononciation mit qopluGèurs e qui cmginairementétoient accentué!,deviennent infen6hlement ou muets, ou moyen!.'Plus un mot en manié, plus 13 prononciation endevient fcible. On a dit autrefois Roine & nonpas Reine, & de nos jours Charolois en devenu

'oltl, harnoÎl a fait haTn~l. Ce qu'on apêle~ nou!!l'a fleUté 1 Bt ce que-le. antiens n'au­roient apel~ que cOlm' 1 dècide aujourd'hui de la1angue Sc des mœun. Dès qu'un mot eft mani~CJ.ue'lque tems par Ile peuple des gens du monde, làprononciation s'en amotit. Si nous wons dans unerdadon auffihabituèle d'araires, de guète Bt deoc-om~rce avec les Suédois & les Danois qu'avec 1ft'_~nglois , nous pl'ononcerionsbientStDanit ScSuedè.r, come nous difons Anglèl. Avant quèHenri -nI. devint Roi de Pologne, on diroit les Pd­ionoÏi , mais ce nom ayant été fon manié. & dansce tems-là, & depuis. à l'occanon àes éle8ions, laprononciation s'en en afoiblle. Cète nonchalanceëfans la prononciation, qui n'eil pas incompatibleavec 'J'impatience de s'exprimer, nous faitlfitéret)ufqu'à la nature des mots, en les coupant àe façol\

Page 14: Grammaire Port-Royal

E T !t A t SON Nil:. 11

~ue le fens n'en en plus reconoiifable. On dft.par exempk, aujourd'hui proverbialement, en d~

pit de lui & de fa dmJ', au lieu de fer aidanJ. Nom:

avons plus qu'on ne croit de ces mots mcomm 0\1

aÎtéTés par l'u(age.'

Notre langue deviendra in(en{iblemen~plus

propre pour la converlàtion que pour la Trit;ùne',& la conver[ation done le ton à la Chaire, au Ba:.

reau & au T éâtre ; au lieu que chez les Grecs techez les Romains la Tribune ne 6'Y aB"er\nKoit pas.

Une prononciation fomenue & une profodie fixe& diftinCte doivent Ce conf~rver partiailièreœentchez. des peuples qui (ont obligés de traiter publi­quement des matière. imérefrantes pour tous lesAuditeurs, parce que, toutes chores égales d'aij.leurs t un 0 rateur , dont la prOftonciaùon ei Fe...me 8< variée, doit être e11tt,ndu de plus loin qu'un

autre qui n'auroit pas ies mêmes avantages dans.

langue, quoiqu'il parlat d'un ton auffi élevé. Ce

(croit la matière d'un examen alfés filofofique, que

d'ob(erver dar.s le fait & de montrer par des exem­

ples combien le caraél:ère , les mœurs & les mtl"!

rets d'un peuple influent (ur (a langue.

Pour revenir a notre Cujct, nous a.-ons dooe au

moms 17 voyèles.

Page 15: Grammaire Port-Royal

,I:l GIl  ,. • A liCE G' N i Il A 1. :!

a grave. pâte. 1Il. vertu." aigu. pate. t eû ~rave. jeûne.'1 ouvert eu aJgu. jeune.

grave. tJte. ou. fou.• ouvèrt 4n. ban J lent.

aigu. tête. m. bien. pain ~:=~. ;:~'I on. b(Jl1~ifhi. U'J. tUn. bru".'grave. Cate•• aigu. Cote.

Il faut remarquer que ri. l'" & l'ou font furup..aibie$ cie diférente quantité comme toutes'les au­ares voyèles , mais non pas de modification plus Ocl

'moinS grave; ce qui pouroit les faire nomer peti­tes voyèles par opolition aux grandes Il • t ~ 0 , tu ~

tlw , indépendament de la quantité, peuvent êtreaipel , graves 8( nafale,

Ct

Page 16: Grammaire Port-Royal

ET B. A. ISO N Ii 8 E. IJ

-CHA PIT REl 1.

Des Confines.

SI nous faifons touchant les confones ceque nous avons fait touchant les voyel­

les, & Gue nous confiderions feulement le.fons fimples qui font en ufage dans les prin­cipales Langues, nous trouverons qu'il n'y aque celles qui (ont dans la table fuivante, otace qui a be[oin d'explicacipn dl: marqué pardes chiffres qui renvoyent à l'autre page•.

Page 17: Grammaire Port-Royal

it": GR A,li If AI RE G fiNÉ RAL E

~~-+o).~~"~~~"~":~~"+-~~*~"

CONSONESQui n'ont qu'un fon fimple.

Latines &- 'fJulga;r~r. Grecques.

B. b, B. ~,

P; Ji, n.?r,F. f ~ ph, 4>.,~ 2-

V. V, confine. d , ~,

G. c, li l{. le,

G.g,' r.,.,r,~nfDne. *D. d, D.I',T.t, T.~,

R. r, P. p,

L. l, 1\. A,

m.· •M. m , '. M. P. ,N. n, :N.',

gn. 'S. s, ~. ~,

Z. z , z. " 10.

CH. ch,:'H. h, U C. 1)

Htbraïquu.

;) 1 Beth.E) Pe.3S:1 Caph..l Gimel., lod."t Daleth.CO Teth.., Refch.

. , Lamed...D M~m.

J Nun.

o Samech.T Zaiin.t:1 Schin.n 14 Heth.·

Page 18: Grammaire Port-Royal

E T RAI SON N É ~. 1S

1. a'l'ec un point. appelh( Dage.feh lent.o Le;-, lè prononce aulli maintenant comme

on prcr.onee l:rl?tine, quoiqu'autrefois il euft plusil d'afpir.luon.

3. C'eI13u!1i comme fe prononce le Pt des He-­breux, quanJ il dl {;ans point. comme lor(qu'il finitles !)'I1J.bes.

4. C'efl /; figure du Digamma des Eoliens ~ quii"toit comme un double Gamma> qu'on a renvencpour le dil1inguer de Ifcapitale; & ce Digamnu.avoit le Ion èe l'v conlonne.

5. Comme encore le Beth> quand il finitles Cyl­labe,.

f.. .. Prononcé îoujûüiS comme avant a J 0 ~ _.

c'efi-à-dire comme un K.1. Prononcé toujours comme avant l'a, 0, "-

8. l, comme dans fille. Les Efpagnols sten fer~

..cnt au commencement des moL;" l1.Jm.J; les Italiensla marquer.t par il.

9. n, liqt;ide que les Efpagnols marquent paruciret fur l'" ; & nous comme les Italiens par g".

10. Comme on le prononce maintenant, carautrefois on le pronon~oit comme un J r;".

1 1. Comme on le prononce en François dlüilcbfe> (11er> Cht4, &c.

l ~. A (pi rée, comme cl:!ns hauteur, honte; eatdans les mots où eUe n'dt point afpirée ~ commedans honneur, homme> ce n'en qu'un caraâere , litnon OJS un Ln.t". E(?rit:ÎJre des Grecs, au lit'u duquel ils (e(ervoj{'ra t'lutTefais de l'EloZ H J dont les Latins 0Glpri< l'H.

14. Sc!cr. J;:;n Yl:.i Ln , qui efi une afpiratioa.

Page 19: Grammaire Port-Royal

t~ GRA.MAt1U~ GÉNÉ&A.LES'il Y a quelques autres fans fimpIes;

(comme pouvait être l'afpiration de l.Ati"parmi les Hebreux) ils {ont fi difficiles 0\prOtloncer , qu'on peut bien ne les pas conteréntre les lettres qui entrent dans l'ufage or--:dinaire des Langues.

Pour toutes les autres qui fe trouvent d,msles alphabets Hebreux, Grecs, Latins, &des Langues vulgaires ; il eft airé de mon..uer que ce ne font point des fons !impies, ,&qu'lls fe rapponent ~ quelques-uns de cel:IX

.que nous avons marqués.Car des quatre gutturales des Hebreux,

il ya de l'apparence que l'Aleph valait au­trefois un a; le He, un e.& l'Aiin un " :ce qui fe voit par l'ordre de l'alphabet Grec.qui a été pris de celui des Pheniciens juf­ques au ... , d. fone qu'il n'y avait que leHtlh qui fût proprement afpiration.~aintenant l'Aleph ne fert que pour l'écri·

ture, & n'a aucun fon que celui de la voyelle'lui lui dl jointe.

Le He n'en a gueres davantage, & auplus n'cft diilingué du Herh , que parce quel'lin cft uoe afpiration moins fone, & l'autreplus forte, quoique plufieurs ne content pourafpirationque le He • & prononcel1t le Hel"comme un X. CheU,.

Ppur 1).Aiin a quelques- uns ell font uneafpiratioa

Page 20: Grammaire Port-Royal

E T ft AIS 0 N N i: E. i 18îpi~ion du gofier & du nez; mais tous lesJuifs Orienta.ux ne iui donnent point de fon,nun plus qu'à l'Ahph : & d'autres le pro­nOIlCent comme une n liquide.

Le 71,.lll & le Teth , ou n'ont que le mê­me fOD, ou ne fODt difiingués que parce queJ' r. r:... ft n1 un le prononce avec alpmlOon, oc aautrefans afpiration; & ainfi l'un des deaa n'eftpas uo fon fimple.

J'eo dis de même du Cap/' & du Coph.Le Tfade n"dl pas auffi uu fon fimple;

mais vaut un t & une i.

De même dans l'alphabet Grec, les troisafpirées, 4', X J 9 1> ne font pas des fons 6m­pl~s , mais comporés du " , Il. • '1. avec l'afpi­ration.

Et les trois doubles) ~ , ~, -l-, ne fODt vi­fiblement que des abregés d'écriture J pourdl, CI, FI.

Il en dl de même de l'x J du latin, quin9efi que le ~ des Grecs.

Le q & le k.. ne fom que le c, prononcédans le fan qui lui eft naturel.

Le double Irdes langues du Nort, n'ea~ue l'u Romain, c'efi-à-dire ou, lorfqu'il cftlwvi de voyelle, comme "inum, rd""",; oul'u confonc, lorfqu'il eft fuivi d'une como­ne.

B

Page 21: Grammaire Port-Royal

RE Mil R QU ES.

J'. Il faudroit joindre au c le k & le fi pour ré­pondre exaélement aIl fon àu cappa & du c:aph,.parçeque le~'S~emploie pout s devant l'e & 1';;l&U ;lieu flue le Jr. ga1'de toujours le fon qui lui ell""pie. Il feroÏtmènre à·defi·rer qu'on l'employatpréférablement au <q 1 auquel on joint un u prefquetoujours inutile, .& quelquefois néce!faire , fans1ue 'lien indique le Cas de nécefiÏté. On écrit, parexen:pleot également:q~larante & quadrature, fan~

qù'il-r ait rien qui défignle <Iue dans le premier motia première "lilàbe eft la .Gmple voyèle a, & dans lerecond , la diftongue oua.. ~o. On doit obferver que le fon du q eft plus oumoins fort dans des mots diférens. Il eft plus fortdans <banqueroute que dans banquet. ,

, ·3 0 ~ Le.l ~ auffi:p1us ou moins fort. Il eft plusfott dans guen.n que dan"g.ueule. :

.... o•. Nous, a.,vohs trois (ons mouillés, deus forts

& un foible. Les èl.eusfons fontle En dans règne ..IeJtl dam,'aiUe; "& le.mouillé foible Ce troUve&115 ayeal , ta,m, {oit qu',on l'écrive par un , gre.,ou par un~ï lr~m4~ C'eJ}'dans ces mots une vérùa­

bie .confone quant au fon ,.puifqu'il ne s'entend pas(eul , & qu'il ne (en qu'à modifier la voyèle fui­

"ante pat uh mouillé foihle; & 61'on vouloic {.lue

Page 22: Grammaire Port-Royal

ET RAlgO'NNÉIt. -19

~l'Itendre l'i , le mot deviendroit de trois fIht'bes •dünt la 1èconde (eroir un i pur; ca! on ne cicirpas

oëlblier que nous traitOns ici des fons, qlreîs que10ient les cara{tùres qui~ repréfentem. Nous aVOnsdonctroi!1 <:orllô,nes ~lusqu'on fl'en marquedan$les ,G..--ammaires; €e ~i fait u au iieu de"r,;' .

co NSONES.

Deus naralet~

Sept forces.f, de P()n.t~t, de toR.

g. de gueTllJt1.ch, de cheval.

,k" q ,de kA1ende.s·,!Jlle'­i, dejin.f. de fiul.

'Deus 1iquides.

l, de lent.T -' de rond.

T rors mouillés.'Deus forts.

Sept folh.les.l" de l'OIJ,

d, ,de fÙn.g , de' gJtmle,J ' dé jamais.c, de cuiller.'1) , lle vin."', de z.etc.

m, de man.11" de nOl1.

Il ) de p..mlej -ln. de J-eg,ge~

Un foible.

.J ou ï trmla , de payen ) aïeul.B ij

Page 23: Grammaire Port-Royal

~o GRAMMAIIE GÊNJ!RA LE

Les 17 voyèles & les :u con{ones font 39 (OM

'mples dans notre langue ;~ ft I\'on y jointl'afpi­ration H, il Yaura 40 fons.

La double confone :Il n'ca point un fon timp!e i

ce n'eft qu'une abréviation de cs dans .,1ft, de g~

dans ~$;ll de ffdans AU$trr, 1 & CJ.w s'emploie im­proprement pour[ dans baalt , maux, &c.

L'" grec: dans notre ortografe' aduèle eft un iJimple t quand il fait feul un mot. Exemple, il, a­Il eft ;i double dans '''1'; mais dans 1.,er, royau­me, moyen s &:e. il ea l'oyèle &: confone qu~"t au(on, c'eft.à-dire, un ;. & un mouillé foible. Il eft

pure confone dans ayeul, '"}'''' 1 ["lanee , c'eO:1.moui!1é' fv:b1e.

Vi trtma devient également UIl mouillé foibledans ai'eul &,2urres mOts pareils, & il ell voyèledans Sin,,'i. Tous les Grammairiens ne convien~

dront. pe1lt-êue pas de ce troiGtme (on mouillé •parce qu'ils ne l'ont jamais vu écrit avec un carac­sère doné pourconfone; mais tous les Filofofes fe'{enriront... Un fon en tei fon par fa nature, & le~raaèrequi le d~6gne en arbitraire.

On pOUfoit bien aulli ne pas reconoîue fous les{ons que je propore; mais je doute fort qu'on enexige, 81 qu',l Y-en ait aéhièlement dans ft languerlus que je n'en ai marqué. 11 peut bien Ce trouvercqeore quel'lues (QD$ mixtes, (edbles à Uo"1C oreille-

Page 24: Grammaire Port-Royal

ET RAISONNÉE. ~.

délicate &: exercée, mais ils ne font n,Î dés fixés,~'Ù all'fé$1 déterminés pour être ~ntés,. Cea POUt­qu.oi je ne fais point de fuWivifions cr.. muets plus

ou moins forts, parce que ft l'on donoit à UJl ~

D':Iuet plus de fOrce qu'il n'en a ordinairement 1 ilcha.ngt'foit de nature en devenant un eu 1 commeil dl ait;:: de le remarquer dans ks finales du etumt.A l'égard de l'~ muet qui répond au frhnJ/I des Hb­breux, &~ qui fe fait nêceifairement [entir ~ rereiHt".quoiqu'ill1e s'écrive pas, lor(qull ya plufieurs ton­'ones de fuite Q.'ll [e prononcent, il ne diîere desautres que p.u la rapi(uté avec laquèle il paffë. Cen'eft pas come la diférence d'un ton à un autre ~

cldt une diféreoce de dur~e, tèle que d'une dou.~

hIe croœe à une noire ou UDe blanche.. '

CHA PIT REl 1 1.

Ves SjUabes·.

L A Syllabe dl un fon complet, qui eaquelquefois compafé d'une feule let­

tre, mais pour l'ordinaire de plufieurs; dYoùvient qu'on lui a donné le nom de fyHahe ~

."1>>>'; If; comprehenJio , aj[mzhlttge.Une voy{Ue peut faire UDe feule fyllahc.

Page 25: Grammaire Port-Royal

~1 GRAMMArRE GÉNÉRALEDeu~ voyelles auffi peuvent comparer

une :fY'Uabe, QtLcntr.er dans la même fylla.he : mais alûrs on les appelle diphtnongues.,.parce que leurstÙ!uK fons fe joignent en 1,10

fou, ((Of1fpht!l ~omr~:mien. hier, ùjam ..e~u!·.La ipl~art des,diphthongues fe LOnt per­dues ,dans ia :prononciation ordinaire ·du La­fi~G'Qar leur· 4. & leur lE ne fe pl1000Dcentplus que C01l1me un e : mais elles [e reticn~

nent encore dans le Grec par ,eux qwi,pro-:noncent bien.. :Pour les Langues vulgaires, quelquefoisâeux voyelles ne "font .qu'un .fon limPJe,éomme nous avons dit d.e CIl, comme encor~

en-Françofs oe, au. Mais elles ont pourrantde veritab1es diphthongues " COInme ai;ayant; oite, foüet; oi, foi; je, mien, pre­mier ; eau, beau; ieu, Dieu : où il r ~ut re­mar<{uerque ces deux rlernieres ne font pasdes triphthongues, comme quelques-uns ontvoulu dire, parœque eu & au ne valentdans le fan qu'une fimple voyelle, non pasdeux., Les confones nepeLlvent (eules compofc..rune fyUabe;mais il faut qu~elles [oient ac­compagnées de voyelles ou de .àiphthon-:~ues, fOit qu~~lles 'les fuivent, foitqu'ellèSles. pré,cedent. ' ).'PJufieut$n~anmoins peu~nt être de'fdite

Page 26: Grammaire Port-Royal

E T RAI SON NiE. ' aJdans fa même (yHabe, de forte qu'il yenpeut avoir quelquefois jufques à trois devantla voyelle, & deux après, comme ferehsi& quelquefois deux devant, & trois après,~om~e .flirps. Les Hebreux n'en fQu{frçntlamai" plus d~ ;l~ ••~ ~ •• ~~~~"~""<>"""'D"'''~..'~ l.: U\:UA. au ....\JUJl.LJ~lJ\O""'IU'- ... '" "'-L,,",

la fyllabe , non plus qu'à la fin, & toutesleurs fyllahes commencent par des confo­nes, mais c'efi en comptant Aleph pour uneconfone; & jamais une fyllabe n'a plus d'unevoyelle.

REM .A R QUE s.

Quoique cette Grammaire foit remplie d'exé.lentes réflexions, on y trouve plulieurs chofès'quifont voit que 13 nature des fans de la langue n'é­

toit pas alors parfaitement conue, & c'ea enc.oréaujourd1lUi une matière affés neuve. Je ne con'ùspoim de Grammaire qui ne foit en défaut 1ûr lénon,bre & fUT la nature des [ons~

Il faut d'abord difiinguer la lihlbe réèle & lin..que de la /ilaoe d'u rage, & la vraie diftongue de laf1r.s-e.

La 1ilabe étarn un (on complet ,peut~forméeou d'une\'oyèle (eule, ou d'une voyèle précédée

èune confone qui la modifie. Ami dl: un mot dedeux filabes ; Il forme [eulla première ~ & ;m laf~

tonde.

Page 27: Grammaire Port-Royal

•• GJlAIUIAIP.1 GÉN~RALE

Pour dUlinguer la 6labe réèle de la (dabc filique;Il fiut obfe.-~ que toutes les fois que plufieur.confortes de (uite Ce font llêntir dans un mot, ii '1 li

autant de 61abes réèles qu'il y a de ces confones~ui te font entendre, qùoiqu'ïl n'y aie point deto)'èie écrite à la.fuite de chaque ron(one : ia pro­nonciation fupléant alors un e muet, la Jilabe de­J'lent réèie pour roreille , au lieg que les Iilabe.d'pfage ne fe content que par le nombre des voyè1esqui fe font entendre & qui s'écrivent. Voilà ce quidiffingue la 61abe filique ou réèle de la lilabe d'uCa­ge. Par exempie, le mot armateur eft de trois lita·bes d'urage & de cinq réèl~s , parce qu'il faut 1üpléerun e muet après cl1aque,.; on entend mfteB"aire­~ent aremateure. Bill ea mQnolilabe d'ufage, 8(

dUIilabe M'lue. Amant elt diffilabe réel & d'ufage,Mnutnll'efr auai, parce que ai n'e!llà que pour"It CiJu'on n'entend qu'une voyèle.

C'eA par cète raifon que dans nos vers, q!!! ne(ont pas dduaib1es ~ la mefure du tems come eeusdes Grecs &: des ~ûns , nous en avons tels quifont à la fois de J ~ îibbe& d'urage & de ~S à 30 {l­

labes fiGClues.A l'égard de.la diftoAgue, c'cA Dne Glabe d>g,..

Cage formée de deus voyèles , donc chacune Caiepne tilabe réè1e. Dù" ~ cieus ,fo' ~ ou. Il.,;. 11 fautpour unt('diftongue 'l\le les deus 'YoyèleJ $·ence....

~tJ

Page 28: Grammaire Port-Royal

~ T R -AI SO Ii"N tE. 2)

.lent, fans quoi ce qu'on apèle diftongue& ttifton­gue n'eft qu'un fon fimple , malgré la pluralité desIhres. Aififi, des (ept exemples cités .dlifiS eèt.Grammaire, il Y en a deus de faus : la premièrefibbe d'ayant n'efi point une diftongue; ce mot cil:compoîe d'un a ou d'un e quant au (on t (uivartt quala prononciation en cil anciène ou moderae t & d'IHImouillé foible. A l'égard des trois voyèles du motbtall, c'eil le limple (on 0 _it avec trois caraélè­res. il n'exine point de ttiftongue. Les Grammai-­riens n'om pas atÎes diftinglié les vraies diftonguesdes fauH"es, les auriculaires de cèles 'lui ne fontqu'oculaires.

Je pourois nomer tran!lIOÏre le premier (on denos diftongues, & repofeur le fecond; parce que

le premier Ce prononce toujours rapidement, Bequ'on ne peut faire de tenue que (ur le fecond.

Cea fans doute poUf cela que la première voyèlecft toujours un~des petires.; ; danscûl,,, dansn,,;,

& ou dans oll';.;~r quoique l'od écrive loi 1 foi ""moi avec un 0, on if'~nte~~~e!fron ou.

C'ca encore à tortqb~~i dans cète Gram.l~:lire , en parlant de l'uo;lon des confones & desnyèles. foir qU'Cl/fi ln [!Jivent , Jo;' qu'eiles lup;iCe.ifnJ. La confonc précede toujours t & ne

l'eut jamais fuiyre la voyde qu'èle modifie: tàtÎGii iètres m & ri. CJ.ra{t~rifiiquc5 des nafales , ne

C

Page 29: Grammaire Port-Royal

s4 G BABMAla. GÊ If tRALB

foncpas lef~ dec.onfCiiê: t lOWJu'è\t:s mar~

~nc la aafa1ilé; l'une ou l'autre n'eft alors 'lu',",fimpie îi«ne cp (ur1ée au défaut d'un caradèrc'J'lÜ nOUl maDque pour chaque nafale.

Le dernietanide du .piete ne doit s'entendreCJU ... Gbbes d'afago • & noD. de. réèles; aioliJlirt.1 cft .Il mono6labe efll1àlt 1# & il efi de cing..lilabeJ ti6qaes.

Puüq. rai fait Jediiünébo.ll des vraies & de.fauffes diftongues t iloft à propos de marquer ici~ les vaies. '

Après, l$! p'oir. examinée. a combinées avec_ention, je n'en ai remarqué que J ~ cliférellte••dom l)Uelqueto-llMl mime (c "OIWeat dauI uèJ.peu.010.. ,

Page 30: Grammaire Port-Royal

E T 1\ AIS 0 N N Ë E. 17

DIFTONGUES.

11.

ian, ient.iè , ié , iai.len.leu, 1eus.10 , l'lU.

100.

10U.

uè.ut.UIO.

oua.ouao.oè , oi, ooaî.. .

om, oum.oui.

Diacre, diable....; ..... _,1_ __.:. ..y IGiIU\; 'I.CI~II"'.

c.id ,pi ,biais.rIen.Dieu, cieus.p~oche , piautte.plOn.Alpiou (terme de jeu.)écuèle, équeftre.lui.Alcuin, Quinquagéfime.

crfJUttl nol tliftongut! •elont lawyèle tranfttoire eft un 0 .ftpnmoilçtint comefi c'/toil U1l

ou. je les range aalu III 7fIê..1IIt Ci4/fl.

couacre.Ecouan. (le chateau d')boête, loi , mois , ouaÏl

( ÏDterjeélion.)1· _J'.Oln, miUl.Owo.OUI.

C ij

Page 31: Grammaire Port-Royal

d: GRA}flllAI1\E G~NÉBALE

CHA PIT REl V.

Des Mots entant fueJOnr, où il eJl parléde ! Accent.

N Ous ne parlons pas encore des Motsfelon leur fignification J mais feule­

ment de ce qui le~1r convient entant quefons.

On appelle Mot ce qui fe prononce àpan J & s écrit à part.. II Yen a d'une fyl­labe' J comme moi J da-, tU , faint » qu'on ap­pelle monofyllahes ~&de ~eurs J commepere, aominus J fIIi[eriçor~ituftment ) ConF

, tt1lltinopfllitamJYItm, &c.Ce qu'il y a de plu$ remarquable dans la

prononciation desMo~" dl l'accent, qui eilune élevation de voix 'fur rune des fyllabesdu Mot, après laquelle lav9ix vient néect:fa·.! ft· b:':-:~ ..lreJIllmt il _e ra~~er.

~L'éle~ation de la 'Voix s'appelle accentIl~U. & le rabaiffement, accent gra'l)e ;mais parce qu'il v avoit en Grec &en La"l'tin de certaines tyllabes longues fur lefquel?les on élevoÏt & on rabaiifoit la voix, ilsavaient inventé un troifiéine accent, qu'ilsappeUoieQt dTconJlexe) qui d'abord s'dl faiç

Page 32: Grammaire Port-Royal

d: GRA}flllAI1\E G~NÉBALE

CHA PIT REl V.

Des Mots entant fueJOnr, où il eJl parléde ! Accent.

N Ous ne parlons pas encore des Motsfelon leur fignification J mais feule­

ment de ce qui le~1r convient entant quefons.

On appelle Mot ce qui fe prononce àpan J & s écrit à part.. II Yen a d'une fyl­labe' J comme moi J da-, tU , faint » qu'on ap­pelle monofyllahes ~&de ~eurs J commepere, aominus J fIIi[eriçor~ituftment ) ConF

, tt1lltinopfllitamJYItm, &c.Ce qu'il y a de plu$ remarquable dans la

prononciation desMo~" dl l'accent, qui eilune élevation de voix 'fur rune des fyllabesdu Mot, après laquelle lav9ix vient néect:fa·.! ft· b:':-:~ ..lreJIllmt il _e ra~~er.

~L'éle~ation de la 'Voix s'appelle accentIl~U. & le rabaiffement, accent gra'l)e ;mais parce qu'il v avoit en Grec &en La"l'tin de certaines tyllabes longues fur lefquel?les on élevoÏt & on rabaiifoit la voix, ilsavaient inventé un troifiéine accent, qu'ilsappeUoieQt dTconJlexe) qui d'abord s'dl faiç

Page 33: Grammaire Port-Royal

~ T RAI SON N 'É t. 19aiofi ('), puis (- ), & les comprenait tOUSÀ.on..~"'WA.

00 peut voir ce qu'on a dit fur les ac­cens des Grecs & des Latins, dans les DOU.­

veUes Méthodes pour les Langues Grec­que & Latine.

Les Hébreux Ont beaucoup dfaccens..,qu'on (iOit avoir autrefois fervi à leur Mu­fique, & dom plufieurs font maintenant lemême urage que nos poims & nos virgules.

Mais l'accent.~ils appellent naturel &de Grammaire, tH !oûjours fur la penultié­me, ou fur la derniere fyllahe des mots.Ceux qui fom fu~ les précédentes, fom ap­pellés dccens de Rhétorique, & n'empê­chent pas que l'autre ne fOlt toûjours furl'une des deux demieres; où il faut rertar­quer que la m~me figure d'accent, commel'atnach, &: jilluk...., qui marquent la difiinc­tion des périodes, ne Iaiffent pas auffi de~arquer en même temps l'accent naturel.

REM A R QUE J'.

Il eft (urprenant qu'en traitant des 3ccens t otane parle que de eeus des Grecs , de~ Laùns & desHébreus, fans' rien dire de l'ufage qu'ils ont ou

çu'ih peuvent avoir en François. Il me femble en­

core qu'on ne définit pas bien l'accent en général,C iij

Page 34: Grammaire Port-Royal

3Q G R,"A lUI A 1 Jt B Gt }'{ B1\ ALE

JKlf Nfft IU'fI4tion de 14 1/0ix fur r,,,,e des JJ4bti tlumol" C,ela ne peut Ce dire que de l'aigu, pui(que legrave dl un abaiffement. D'amt~urs, pour ôtercout~ équi,roque, j'aimerois mieus dire du Ion qùe'.te la 'Vo;x. Elever bu bailfer la voix: , peut s'enten­dre de parler plus haut ou plus bas e:n général, (lUIS

'diffinaion de lilabes particulière:,_, II nry a point de J.angue Clui n'ait fa pro(odie,ç'eft-à-dire , ou l'on ne puiffe {enur les accens,fafpiration, la Cluantité, & !lJ>0nduation , ou lesrepos e~tre les dif~tentespaIL. du diifcours ; quoi­~ue cète profodie puüfe êtrt' phu marquée dansune Langue 'lue dans une autte. Ele doit {e faire~~\lcoU,p (~Ùt ~an_ le,Chinois', s1i e~ vrai queles dir,!rentell i ...~xionll d~.n même mot ferveat a~er des idées diférentes. Ce n'l~toitpas faute4l'elFeffions que les Grecs avaient une profodie.tès~marquée; .car nous ne voyons pas que la figni­fi~tiort d'un mot dépendit de (a pr(ofodie, quoi­que~Cèlà put.fe trduveT dans les hornonime$. LesGrecs étoient fort fenfibles a l'harmolnie des mots.'Arifioxêne parle 'du chant du difcùurs , & Denis

~'~a~ic?-rnaffè dit que l'élévation du ton dans 1'at­~en~ aigu, &. raba~'ernent dans le gJ:'ave, étoient(fune .quinte; ainÎt l'accent profodi~\ue étoit auffi~lJfical, (ur-tout le circ;onflexe, ou la voix, après

àvoir mont! d'W1e quinte, defcendoiit d'une autre

Page 35: Grammaire Port-Royal

E '1' RAI SON NÉE. 11~inte fur la même ftlabe , qui par (.onféquent foprononçoit deus fois.

On ne fait plus aujourd'hui quèle étoit la propot­

lion des ace.ens des Laùns t mais on n'ignore pas

fiU'ils étoient fort fenûb1es si la profodie : ils avoiUlles accens , l'afpiration ~ la quantité & les repos.

NOUi avons auili notre profodie; Be quoiqae le.inrervales de nos acœns ne (oient pas déterJn1tl&

par des règles, l'ufage feul nous rend fi fenGhlesaus lois de la profodie , que l'oreille feroit bief­

!Ce, fi un Orateur ou un Aaeiii prcnonlioit un aigupour un grave, une longue pour une brève, Cu­primoit ou ajoutoit une afpiration ; s'il difoit enfinumpire pour tempête, ut pour axe, l'Holan/Ùpou.r 1. Hol:rmde, le honjç pO\ir l'home, & ,'iln'ob[ervoit poir.t d'intervaies Cntre les diférentespanies du difcours. Nous avons, come les Lati!ls il

~es ;"raticnèJu dans notre quantité, c'eft-a-clire 11

des longues plus ou moins lOGgues , & cies brèvesplus ou moins brèves. Mais Ji nous avons, c;ome

les Anciens, la proCodie dans la langue parlée, noui

ne faifons pas abfolument le même ulàge qu'euides accens dans l'écriture. L'aigu ne fen qu'a mar­

Cjuer l'é fermé, bfJmé; le grave marque l'è QU'feR.

uccèl; on le met aulIi {ur les particules ;'"là" f4 ,

Ste. ou il eft abfolument inutile. AinG ni l'aigu ni1e grave ne font exaétement la fonétion d'a«eas •

C iüj

Page 36: Grammaire Port-Royal

3Z GRAMMAI1Ù! GÊNÉRALE

Sc ne délignem '1ue lâ .ature des e,. le circonflexene la fait pas davantage, &.n'eft qù'un ligne d~

guantité; au lieu que ch"é~ les Grecs c'étoia Alndouble accent, qui élevoit & enfuite b~fIoit le ton61r une même voyè1e : nous le métons ordinàÏ.b!>ment fur les voyèles qui (ont longues & graves;exemples, âgce, flte , cdte , jeûne: on le met aù11ifur les voyèles qui"f6nt longues fans être graves;exempler, gîtt, ft/Ile, 'f)o:ûte. il eft a remarquer quenous n'avons point de fons graves qui ne {oientlongs; ce 'iui ne vient cependant pas de la naturedu grave, car lesAnglois ont des -graves bref,. Ona imaginé, pour marquer les brèves, de redoublerla conCone qui fuit la voyèle ; mais l'emploi de cète.lètr~ oi6ve n'eft pas fort conféquent : on la fupri­me quelquefois par refpeét pour l'étimologie, C:000!

medarts comm & profete; quelquefois on la re­double malgré l'érimologie, come dans perJonne i'

honneur &. couronne: d'autres fois on redouble la.éonfone après une Jongue , jl4mfne, miinne,&l'ôn n'en met qu'une après une brève;; dÀme ,rame.rIme, prune, &c.

Le moyen de marquer exaétement la proCodie,feroit d'abord dJen déterminer les fignes, & d'enfixerrufage, fans jamais en faire d'emplois inuti·les: il ne [croit pa~ même nOccffaire d'imaginerde nouveaus fignes.

Page 37: Grammaire Port-Royal

~T RAISONNÉE. 11Quant aux accens , le grave & l'aigu fuiiroienr,

pourvu qu'on les employat toujours pour leur va.leur.

A l'égard de la quantité, le circon8exe ne 1emètroit 'lue ii,lf les JOi'ig-ües d~dées; de façc=que toutes les voyèles qui n'auroient pas ce ligne,

~[croient c,enfées brèves ou moyènes.

Les fons ouvertS brefs, ce qui n'a lieu que poui

des e, tels que dans pere> mere > frue # &c. pott-­

roient fe marquer d'un accent perpendiculaire,'

Illîe rciterait plus qu'a fuprimer l'afpiration H

par-tout ou de D'eft pas afpirée.

Cependant, quelque fom 'Ilion put de noter

noue profodie , outre ie défagrémeDt de voir uneimpreffion hériffée de 'fignes , je doute foft quecela fut d'une grande utilité. Il y a deschofes qui

ne s'aprènent que par l'ufllge; èles font purememorganiques , & donent fi peu de prife a l'efptit;qu'il (croit impo!Ilble dPîes lâifir par ia téori.

feule, qui même en fautive dans les Auteurs quien one traité expreffément.

Les Gramm2.iriens, s'ils veulent être de bouefoi 1 conviendront qu'ils fe conduirent plus par l'il.

iâge que par leurs règles, & qu'il s'ell faut bienqu'ils aient préfcm a l'efprit tout ce qu'ils ont écrit

[ur la Gr2minairc ; quoiqu'il Coit utile que ces rè­

gks 1 c'efta-dire,les obferYa~ions furl'ufage,foient

Page 38: Grammaire Port-Royal

14 GRAMMAlaB GBNBRIlL fi

rédigéèt., écrUes & c~.ûgnéM dam de. métodetualogiquea. Peu de règles, beaucoup de ré6c­,pons, IX encore plus d'ufage, c'eft la dé de toutlesans. T ODS les fagnes plofQdiques de. Anciens,6poŒ que r.emploi en fpt bien fixé, nO nloiemfi' ~COt•. ru{age~

On ne doit pat confoad.re 1'~~t .,,""ac:c;ent profodique. L'accent oratQir'~ inSue œ<)jns_ .chaque.1iW>e d'un mot, par rnport apI au...tres ûlabes~;.~ (ur la fra(è entière par raponaiiCeiïs ~ au kAtiment: il modifie la fLlbilancemême du difcoufs., {an. alté,er fenûblcmm l'ae;c:eIItprolodique. La profodie pameulière det motldrW18 frare irdrogative , ne düêœ pu de la prOf~e ,cr...fcafeafirmative , .q\lOique l'aece.Ofao!

.. foittrà·diférent dan. l'une &. dan. l'awr~.

1l0U1 ma,rquons dans l'écriture l'intérogacion & la(W'pfiCe; mais çombien a,VODS·nOUS de mouvementcIe..l!a.tl1C, &. par conŒ4Ifent d'in'lexions oJatoira,q~n'.tpoint de fignes écrits, &. que l'intelligence& le fentÏment peU'vent feuls faire fai6r! Tèles fontlaiaaflexions qui marquent la colère t le mépris,.l'it\onie, &.e. L'accent oratoire cO: le prindpe & laba!, de la déd?-m~tion.

\\

Page 39: Grammaire Port-Royal

CHA PIT R E V~

Des Lettres confidérées commecaraé/4YII.

N Oas n'avons pas pû jufques id parlerdes Lettres ,. que nous ne les ay'o~

marquées par' leurs carattéres.; mais~moins nous ne les avon:: pas confidér4è1comme cara8eres, c'efi-à-dire, fclon le rap­port que ces caraél:éres ont aux l'Ons. :

Nous avons déja dit que les fons ont étépris far les hommes, pour être lignes detpenft:es. & qu'ils ont auffi invente· cettQi-tnes figures pour être les fignes de ~e$ fou;Mais quoique ces figures ou caraé\ére. fe10flieur premiere infiirucion ne lignifient imIL.4diatement que les fans, néanmoins les hom~meS portent fOuvent ieurs penCées desqrac­téres à la chofe même fignifiée par les fons.Ce qui fait que les caraéléres peuvent ~éconfidérés en ces deux manieres , ou comme:

'~ignifiant fimplement le fon, ou comme nouaaidant à concevoir ce que le fon fIgnifie.

En les confidérant en la premiere manie­re, il auroit fallu obferver quatre chofes pourles mettre en leur perfe8ion.

1. Que toute figure marquit quelque

Page 40: Grammaire Port-Royal

i' GRAIlMAtllE :Q~N.gRALECon; c'eft·à-dire> qu'on n'écrivît rien qui nefe prononçât.

~. Que tout fon mt marqué par une figu­re; c'eft·à-dire, qu'on ne pronon5ât rien quiDe fût ,écrit. "

3. Que chaque figure ne marquât qu'un(dl :t oû fimple,' où dou\>le. Càr ce n'eil pàS~()nu'ela perfeéHon. de récriture qu'il y aittied~tr~esidpubles "puifqu'elles la facilitentel) l~abré§eant.

•. ':4", fQu: tJI1même fon ne fût point rnaJquépar de dii"érentes figures. .

.iM~isconfidérant les caraél:éres en li fc­~~_niere, c'efr-à-dire, comme nous ài..• p'i\cQlJcevoirceque lefon fignifie , il ar"ri.{.el§l~efo~··qu'il nous'eft avantageuxq.-;.tegles ne {oient pas toOjoufS obfer­,4CS'fau moins 'ia premiere & la dcrnier~ :" i ,Gar:I"l'Üarrive fouvent, fur-tout dans lesLanp_ déri-vées,d'autres Langues, qu'il ya~ c~iqes lettres qui ne té prononcent~nt:'''jqui aioli font inutiles quant au fon,ie(q"cUes ne la.i4fent, pas de nous fervir pourr~QU;lligence de. ce que les mots lignifient.Par<~xemple, dans les mots de champ! &chants, le p & ie t ne fè prononcent point,ql,li néanmoins font utiles pour la fignifica­tian, parce que nous apprenons de là, que lepremier vient du Latin campi, & le fecondau Latin camUf.

Page 41: Grammaire Port-Royal

E T RAI SON N 'É E. 3'Dans l'Hébreu même il ya des mots qui

ne fom ditférens que parce 1ue l'un finitpar un .t1leph , & l'autre par un He. qui nefe prononcent point, comme lltJ~ qui lignifiecraindre: & i1J~" qui fignifie jettet.

E-t de là on voit que ceux qui fe plaignenttant de ce qu'on écrit autrement qu'on neprononce, n'ont pas toûjours grande raifon J'

& que ce qu'ils appellent abus, n'dl pas quel~

quefois fans utilité.La différence des grandes & des petites

lettres femhle auffi contraire à la quatriémerégie, qui dl: qu'un même fon fût totijoursmarqué par la même figure. Et en effet celà'feroie tout-à-fait inutile, fi J'on neconfi~roit les caraè1éres que pour marquer les fon~.

puifqu'une grande & une petite lettre D'OIitque le même fon. D'où vient q'Je les Anciens"n'avoient pas cette différence , comme lesHébreux ne l'ont point encore, IV Sue p!\.-;lieurs crayent que les Grecs & les Komainsont été long-temps à n'écrire qu'en lettrtscapitales. Néanmoins cette difiinélioD et'fon utile pour commencer les périodes, &pour diilinguer les noms propres dIavec lesautres.

Il y a ~-uffi dam; une même Langue dedifférèntes fortes d'écriture> comme le Ro.-'main &: l'Italique dans l'iD;lpreffion du Latio:

Page 42: Grammaire Port-Royal

li GRAMMÀtaE· GtNtRALE'. deplufieurs Langues vulgaires, qui peu~veM ~tre utilement employés pour le fèns.en diffing-.;;mt ou de certains mots , ou decertains difcoW'S, quoique cela ne changerien dans la prononciation.'..Voilà ce ql1

SOB peut apporter pour excu­

(~r I~ divedîte qui fe trouve entre la pronon­~iation & l'écritUre; mais cela n)empêche~q\1'il n'yen ait plufieurs qui fe foot faites&os taifon, & par la feule corruption qui s'dlalliée dans les Langues. Car c'eft un abus~a~it' d.onné , par ellemple, au ç la pronon­~Dde Ps,avant l'e&l'i. d'avoir pronon.·c:Pat.ltr-em le g , devant ces deux mêmes~D.J~fi~._, que devant les autres'; d'avoir~c19~ips c;ntre de\lx vt>yelles ; d'avoir don­ft4:a~ au l, le fon de ri avant l'i, fuivi tVune."voyelle, cemme gtatia , aélio t aélion.e),.p«N~ veir ce ~ui a eté dit dans le traitédcM~tiUes , qlÜ en dans la nouvelle l"éthodeT ft· ••~

~l~~-, " .',-Qpe)q~&-unsCe font imaginés qu'ils pour... ,~ coriiB- ce défaut dans les Langues.~ires t e.n inventant de nouveaux carac­tér-es-" comme a fait Ramus dans fa Gram··maire pour l~Langue Françoife , ~etrancha~'t,'t8\)S ,œJ.!Kq\'!l ne te prononceIit poInt, & écu·~chBqJ1e fQJl paf la lettre àqui cette prO"·...tion ell: propre , comme en mettant

Page 43: Grammaire Port-Royal

• 'l' RAI c! .n 1lJ' M Iz .., ,-~ ... .....,. ~"' ~.... .D ~. ~"

une s; au !ieu du c; devant l'e & ri. Maisils devoiem u.mfidérer qu'outre que cela fe­roit [ou't'cm dc6vamageux aux Langues vul­gaires; pour les raifons que nous avons dites~

ils tentaient une chofe impoffible. Car il nefaut pas s'imaginer qu'il foit fadle de fairechanger àtou~e une Nation tant de caraélé­res auxquels elle eft accoûrumée depuis lo~temps; puifque l'Empereur Claude ne putpilS même venir àbout d'en introduire un.'1u'il vouloit mettre en ufage.

Tout ce que l'on pourroit faire de plusraifonnable ~ [eroit de retrancher les lettresqui ne (ervent de rie.n ni à la prononciation.ni au feos, ni à ran;llogie des Langues, com­me on a déja commencé de faire; & confer­vant celles qui fODtutiJes, y'mettre des petέtes marques qui fitrent voir qu'elles ne fe pro­ûoncent point, ou qui fiffent connaître les dî­verres prononciations d~une même lettre. UBpoint au dedans ou au deffous de la lettre fi

pourroit fervir pour le premier ufage) com­me tempi. Le c a déja fa cédille, dont ODpourrait lé fervir devant l'e & devant l'j ~

auffi bien que devant les autres voyelles. Lel dont la queue ne fcroit pas toute fermée,pourroit marquer le [on qu'il a devant l'e &:devant l'i. Ce qui ne fait dit que poure~pIe.

Page 44: Grammaire Port-Royal

R E .lI,{ .4 R ~ lJ E ,r.

,MM. de P. R. après avoir expofé dans ce chapt.;are. les meilleurs principes tipografiques , ne fontarêt6S que par le Ccrupule fur les étimologies; maisiij propoCent du moins un correaifqui fait voit quela caraétères fupedlut de.foient être, ou Cuprlmé.ii011" diffing-ués. 11e11: vrai qu'on ajoute auffitbt : Ce9ui·"l-{oiI di, tJu, pour exemple•• Il Cemble CIu'on nepu~e p~opo(er la vérité qu'àvec timidité & réferve.

an~ étoné de ttouver,a la fois tant de taif~l1

&.!d~préjugé.Celui ete, éûrnologieseR bien fort ..pflpt'ftfàit regarder come.un avantage ce qui cilUtl'v~ritàble défaut; car enfin lés caradères l1"ontét~'itl\ièb(és' ClUé' p.Ot1r rêprérenfèr lés fons. C'étoitl~û[.â~ qû'en rairoient nos anciens: : qùand le l'et:.pè'apôur euS .nonS fait croire que flOUS lès imitons.n~ilS:·r~r.ons ,pfédCêment le contraire d. ce qu'il$~;f?jë~~. 'l1s'p~ipoient leufs (o~s: fi un m,ot ut~~.~té tompotè d'autres (ons qu'il n~ l'étoit, il.aji50~nt employéd'autrescaraétères. Ne confer-:­~qnp donc pas les. m~mes pour des Cons qui font de.ùi'fus~if~rens. Si l'on emploie quelquefois les mê­J\lesfons dans la langue parU" pour exprimer desi!4esdj~~rentes , le Cens & la fuite des mou fufifent~.9t,!'l'~quivoquedeshomonimes.L'inte:lligenc~.nc feroit-èle 'pas pour la langue écrite ce qu'de fait

pOUl

Page 45: Grammaire Port-Royal

E T RA! SON N B E. At"T-

pour la langue parlée? Par exemple, ft l'on ~crivoit

champ àe campuJ • come chant de cantus ; en con­fondroit-on plûtôt la lignification dans un écrit quedans le difcours ! L'efprit Ceroit·illa·deffus en dé­faut ~

L'ufage , dit-on, ea le maître de la Langue, aintiil doit décider également de la parole &: de l'écritu-oie. Je ferai ici une difiinffion. Dans les chofes pu~

tement arbitraIres, on doit fuivre l'ufage. qui équi­\":1ut alors a la f:liron : ainG l'ufage eft le maître dela langue par/rfe. Il peut Ce faire que ce qui s'apèleaujourd'hui un livre, s'apèle dans la fuite un arbre;

que vertlignifie un jour la couleur rouge, & rougela couleur verte, parce'qu'il n'y a rien dans la natureni Jans la raifon gui détermine un objet à être dé­ligné par un fon plufiôt que parun autre : l'uCage~

qui \'arie la-dellus, n'eR point vicieus, puifqu'il n'dlpoint inconféquent, quoiqu'il foit inconfiant. Maisil n'en eR pas ainli de l'écriture; tant qu'une Con­"eotion fubllRe, èle doit s'oblêrver. t'ufage doitélre wnféquent dans remploi d'un -iigne dont l'êta­biiffement étoit arbitraire : il eR inconféquent &:en contradidion quand il done a des caradères af­femblés une valeur diférente de cèle qu'îlleur a

donée, & qu'il leur conferve dans leur dénomina­tion ; a moins que ce ne foit une combinai(on né­

,effaire de carac1cres , pour en t€préfentrr un d'!8D

Page 46: Grammaire Port-Royal

...~ G .ft " ,M..M A IJUi: G Ê N É 1\.A L E

4)D maDClue. Par exemple,on unit un e &. un u pourexprimer le fon eu dans fiu;un 0 &. un Il pour rendre.c fon ouc:lans cou. Ces voyètes eu &. ou n'ayant paimde caraétères propres, la combinaifon qui 1è faitde deus lètres ne forme alors qu'un feul tign€. Maison peut dire que l'ufage eft videus lorCqu'il fait descombinaifons inutiles de lètres qui perdent leur fon,four exprimer des fons epi ont des caraétères pro­pres. On emploie 1 par exemple, pour exprimer le(on e ~ les comhinaifons a; 1 ei ~ oi:1 o;en, :f dans lesmots vra;,}.Ji, peine, eonoitr, ,fRifoient. Dans ce

dernier mot a; ne détipent ql,l"un e muet, &. lesonq lètres oient ~n , onvert grave. Nous avons ce­pendant:> avec le feco~ dei aceen! 1 tous les e quiaous font néceffaires, fans recourir a de fauifescombinaifons. On pe\lt donc entrepr.endre de cori­1er ruCage, du moins par degrés,. Be. non pas en leheurtant de front,. quoi'1ue la nùfon en Dt le droit;mais la raifon même s'en interdit l'exercice tropfclatant, parce qu'en matière d'utàge, ce n'ell quepar des ménagemens qu'on p'arvient au fuccès. 11_ut plus d'égards flUe de mépriS,. ponr les préjugéspron veut guérir.

Le corps d'une Nation a feul droit Cur la langue,arlée, &. les tcrivains ont droit fur la langue écri­If. Le pe..ple:1 diroit Varron, n'ejll,ulf m41rf d~,>;"i••re (;omI de Iii I.~'. .

Page 47: Grammaire Port-Royal

E T RAI SON N t If.· 4-~

En effet, les Écri\',\ins ont le droit j ou pluft&font dans l'obligation de coriger ce qu'ils ont cd­rompu. C'eft une vaine oftentation d'érudition 'lui.a gâté l'onografe : ce [ont des favans & non pas

des filofofes qui l'ont altérée; le peuple n'y a uaucune pan. L' ortografe des ·fames , que les ~­vans trouvent fi ridicule, eA plus raifonable que laleur. Quelques-unes v.eulent aprendre l'onografo

des favans; il vaudroit bien mieus que les favan.

adoptaffent cèle des fames, en y (;origeant ce qu'une

demi éducation y ,l mis de défeétueus, c'eft-à-dire ,de [avant. POUf conoitte qui doit décider d'un Ufa­ge , il faut voir ql1i. en eft: l'auteur.

C'eft un peuple Cil corps qui fait une langue;

c'etl par le concours d'une infinité de befoins , d'i­dees , & de caufes fifiques & momes, .ariées 8&«:ombinées durant une fucceffion de 1iècles, tàn.qu'il foit poffible de reconoÏtre l'époque des che­gemem , des altérations ou des progtts. Souvent

le c...price décide, quelquefois c'eft iamétaiiJique ia

plus [ubOle , qui éch2pe a la réflexion & a laconoi1=

Canee de ceus mêmes CfW en font les auteurs. \lapeuple cft donc ie maine abfolu de la langue par­lée, & c'eit un empire qu'il exerte fms ,'co aper­cevOIr.

L'ecriture , je parle de cèie dl?s fons , R'eft pas

née, come le langage, pat uae progreffion leDte &.

D ij ,1

Page 48: Grammaire Port-Royal

+t GRAMMAJ.ttB GÉ,NÉJtALE

infenfihle : èle a été bien des fJèdes avant que denaitre; mais èle eft née rout·a-coup; come la lu­

mière. Suivons fomairement l'ordre de nos conoif­

fances en cète matière.Les. homes ayant fenti l'avan.ge de fe comuni­

quer leurs idées dans'l'abCence, n'imaginèrent riende mieus que de tâcher de peindre les objets. Voiia,dit-on, l'origine de l'écriture figurative. Mais, ou­tre qu'il n'etl guère vrai[emblable que dans cète'en­fance de l'efprit, les arts fu{fent alfés perfettionéspour que l'on fut en état de peindre les objets aupoint de les faire bien rec~)Roitre, quand même onfe feroit borné a peindre une partie pour un tout,on n'en auroit pas été plus avancé. Il eil impoffiblede parler des objets les plus matériels, (ans y joiJl­dre des idées, qui ne font pas fufeeptibles d'images, .

& qui n'ont d'exifrance que dans l'efprit; ne fut-ceeple l'affertion ou la négation de ce qu'on voudroitaffurer ou Jlier d'un fujet. JI faltlt donc inventer des

lignes, qui par un raport d'iniliuttÎoa, fuffent atachésa ces idées. Tète fut l'écowrehiéroglifique qu'on

joignit a récriture figurative, Ji toutefois cèle-ci a

jamais pu exifter qu'en projet ~ pour doner naiffan­te a l'autre. On recelAut bientôt que ft les hiéro~

glifes étoient de néceffité pour les idées intellec­

tuèles , il ~oit auffi fimple & plus facile d'apiiquer

tes mêmes ngnes cl~ tODvention pour défigner les

Page 49: Grammaire Port-Royal

E T il. AIS 0 N N Ê E. 4Sobjets matériels = & quand il v auroit u quelque ra­port de figure entre le caraétère hiérogiifique &

l'objet dont il étoit le lÎgne, ii ne pouvoit pas êtreconlidéré come figuratif. Par exemple. il n'y a pas

un ca.raétère allronomi'lue qui put réveiller par lw­même l'idée de l'objet dont il porte le nom, quoi­qu'on ait afeété dans ~uelques-uns un peu d'imita­

tion. Ce fom de purs hiérogiifes.L'écriture hiéroglifique [e trouva établie. mais (u-'

rernent fon bornée dans fon uCage, & a portée d'un

uès-petit nomblFe d'homes. Chaque jour, le befoin

de comuniquer une idée nouvèle, ou un,. nouveau

l"3pOn d'id':e , bCoit convenir d'un figne nouveau:c'étoit un art qu;i n'avoit pointJie borne!' ~ J~{ il a falu

une longue fuite de tièdes avant qu'on itl.[ en état

de fe comuniquer les idées le.. piC<8 uCuèles. Tèle

efi aujourd'hui l'écriture des Chinois, qui, répond

aus idées & non pas aus (ons = tels [ont parmi nousles lignes algébriques & les chifres arabes.

L'écriture éWlt dans cet état, & n'avoit pas temoindre raport avec l'écriture a.:tuèle, lorCqu'ungénie heureus & profond remit que le di{coUfS,

quelque varié &. quelqu'étendu qu'il puiffe être ponr

les idées, n'dl pourtant compoCé que d'un aITéspe­tienombre de [ons, & qu'il ne s'agiifoit que de leuai1îgner a chacun un caraftère repréfêntatif.

, Si l'on y l'd:lécJl.Ît, on vèra que tet art ayant une

Page 50: Grammaire Port-Royal

t6 GRA.M,Ala. GÉNÉRALE

foit été eQnçû,dut être formé prefqJJ'en môme tem5~

Be c'ell ce qui relève la gloire de li'inventeur. ERéfec, après avoir u le génie .rape~e"oir fiue les (on9cl'une langue pouvoienc fe décomp1cfCl & Ce difl:in­guer, l'énuméraüon dut en être lt)iem~t faite. IlétoiJ bien plus facillt de COnter tous les Cons d'une1aPgue, que de découvrir qu'ils pou't'oient 1è con­ter. L'un eft un coup de gé1lie, l'autlre un ftmple éfet..le l'atention. Peut-être n'y a-t·i} jaœais u cfalfahetoompletque celui de l'inventeur de l"écriture. Il el'bien mjCembJaJ>le CJue s'il n'y ut ])as alors autantcl., e.atallères qu'il nous en faudf()it aujourd'hui #

Ci'.~e la langue de l'inventeur n"eu exiglaoit pailtJanntage. L'oftogrV"e n'a donc été parfaite qu'aÏI naifiitnte cie l'écriture: èlé cû.=!!tença a 15'alléret~,fqoe, pour cles fom nouveaus ou nou'9èlement.~çus, ()n fit des combinaifons deis caraaères·co­.\JI" .u lieu d'en iafiituer de nou'Veaus; mais il n'.,ut plus ri(a de fixe, loriqu'on fit de's combinaifonsi.auwes"Bt par conf~uent vicieutè$, pour des fon9CJuÎ avoient leurs caraéières propms. Tèle dl la(ource d~ la coruption de l'onografie. Voilà ce quiI\8J1d aujourd'hui l'art de la leaure ji dificiJe , queJion ne i'aprenoit pas de routine dans l'enfance, âgettu le! inconféquenees de hl métode vulgaire ne fe­font pas encore apercevoir J on auroit beaucoup de

Jcine "l'ap.encke dans un âge aVal'lté; & la pCiDe

Page 51: Grammaire Port-Royal

ET RA i SON Nt,Ee ' .1(erait d'autant plus grande, qu'QB auroit l'efPritplus ju:fte. Quiconque fait lire, [ait l'a,"'t le plus.ficile.

Quoiqu'il y ait beaucoup de réalité dans le.bleal,i abrég'é que je viens de tracer, je ne le don,cepend.ant.. que pour une tonjefiure filo[o6que.L'an de l'ê•.riwre des [ons, d'autant plus admiraWeque la pl-atique en dl facile, trouva de l'opoii_adans les favans d'Égipte, dans les prêtres ,.ynu.Cew çui iloivent leur confidération aus tUèbr.,ui envelopent leur nullité &. augmenteDt leur V,G­

lume impofant, craignent de produire leurs~tères a la lumière : ils aimen.t mieas éue retpeaét<lU'entendus , parce que s'ih; étoient enten.das t iIIcDe feco!ent peut-éare pas refpettét. Le,no.es ditgénie découvreIlt, inventent & publientl its fOAlles découvenes, &. n'ont point de (~rets : lngens médiocres ou intéreifés en font des miftères.Cependant l'in/érét général a fait prévaloir l'écri­tutc des fon&. Cet art Cere également a confoiidNle menfonge & a mMlifefier la y·érité : s'il aq~fois été dangereus , il dt Ju momsle dép& des ar­Illes contre l'erreur, celui de la religion & des 1_.

Après ..va;r déterminé tous les [on, d'une Lan..gue , ce qu'il y auroil de plus ayantagellS feroit 'lue!Chaque Con Ut fon caraâère, qui ne put étre employé,u.e pçur le îQn auquel il auroÏ1 été deiliné, & ja.-

Page 52: Grammaire Port-Royal

" Gl\AM1\fAfl\BGÉNÉRALE

mais htutiIem'ctlt. Il n'., apeut-êtrè pas une languequi ait cet avantage; & les deus langues dont leslivres Cont le plus recherchés, la FrançoiCe & l'An­glbire , font cèles dont l'onografe eft la plus vi­deufe.

,Une fetc>it peut-être pas fi dificile qü'on (e 1'ima.tine, de faite adopter par le pub!;c un alfabet com·plèt& régulier. L'objeétion de la prétendue dificul·lé qu'il y auroit a Ure les livres anciens. eft une chi­mèfl, : nous les Iïfons, quoiqu'il y ait auffi loin deiéur ottografe a la nôtre, que de la nÔtre a une qui{troit raifonabYe. JO. Tous les livres d'ufage Cet8mpriment conrinuèlemenr. 1 <>. Il n'y auroit poined'innovation pour les livres écrits dans les languesmortes. 3". Ceus que leur profelJion oblige de lireles andens lï"res , y feroient bientôt llilés.

Onobjeél:e encore qu'un Empereur n'a pas u l'au·tc>rité d'introduire un caraétère nou'Veau (le Di­gamma ou V confone). Cela prouve feulementqQ~î1 faut que cha.cun Ce renfèrme dans fon ertî­pire.-Des tcrivains tels que Cicéron, Virgile, Ho­l'aU , Tacite, &c. auroient été en cète matière pluspuiftans qu'un Empereur. D'ailleurs, ce qui étaitalors ill1poffible, ne le feroit pas aujoutd'hui. Avantl'étahlifi'ement de l'Imprimerie, cornent 'luroit·onpu f.\ire adopter une loi en fait d'orfografe ~ On ne

pouvoit

Page 53: Grammaire Port-Royal

E T RAÏ SON NÉE. 49

po~~oi~ p~s aler y coltltraindre cbel. eus tOIlS telsam ccnVOlent. -

Cependant Chilpéric a été plus heureus ou plus

!labile que Claude, pui[qu'il a introduit quatra lètres

dans l'alfaJet fran~ais. II en vrai qu'il ne dut pas~voir I:>eatlcoup de contradia;ons a effuye; dans une..nation toute gUl'ri2:ce , ou il n'y a\'oit peut-être que

eeus qui [e mèloient du Gouvernement q~ ewrentlire & tcrire.

Il y a grande a?arance que li la réforme de l'al­fabet , au lieu d'ttre propoCée par un particulier,

l'étoit par un corps de gens de lètres, ils finiroient

par la faire adopter : la révolte du préjugé céderoit

inièn!ibleOlent a la perCévérance des filofofes, &. al'utilité que le public y reeonoitroit bientôt pour

l'tC:ueatibn des en fans & l'initruEtion des étrangers.

Cere légère panie de la nation qui eit en droit ot!

- en poffdEon de plaifanter de out ce qui en utile, {enquelquefois a familiarifer le public avec un objet,

fans influer {üi le jugement qu'il en pûite. Alûïs raü..tarité qui pr':!ide aux Leoles publiques pouroit con­

courir ala réforme,en fixant une métode d'inilitution.

En cètc matiere les vrais légit1ateufs font les gensJe lètres, L'autOrité proprement dite ne doit & ne

peut SUC concourir. Pourquoi la raifon ne devien~

droit-èle pas enfin a la mode come autre chofe!

Seroit-il pol1îble qu'une Nation reconue pOUf éclai~Ill, E

Page 54: Grammaire Port-Royal

,Ô G JlAM'ft!AtlUI GB'NÉl\AL È.*''et aeutëe de légèreté, ne fut eonflante quedans des choCes dc!raiConables. Tète eft là force deta pr~vention & de l'hatlitude , que lorfque la rHor..me, dont la propofitiôn parait aujourd11ui chimé­tique, fera faite, car èle le fera, on ne croira pa..gu·èle ait pu éprouver de \la contradiétio!lo, Q.ué1ques r.éiés pal1ifans des ufages, qui n'ont de­mérite tJt!e l'ancieneté, voudroient faire croire queles changemens qui Ce font faits dans l'onografe onealtéré la profodie ; mais e'eft exaétement le contrai.te. Les ehangemens atriT.és dans la prononciationoblig,ent ~t ou tard d'en faire dans l'ortografe. Sifon a'Voit écrit j'avèl , françèl, &c. dans le temtqu"on prononçoit eneote j'a1.ioil, fra1'lçolf', on pou­.ôit croire que l'ortografe au~oit ocafioné le chan­gementarri"é dans la ptononciatiOI1 ; mais~atenduqu'il y a plus d'un tiède que la finaie de ces mots Ceprononce come un e ouvert grave, & que r on con.tinue toujours de l'écrire come une diftongue, 011

Île peut pas en acu(er l'ortografe, Bien·loin que lapro(odie fmve l'ortografe, l'ortografe ne fuit la~rofodi~que de très-ioin.• Nous ne fomes pas en.tore devenus affés raifonahles pour que le ~réiugé

foit eil droit de nous faire des reproches.Je çroi devoir a cète ocalion rendre conte au lee'*

leur de la diférence qu'il a pu remarquer entre l'or­

~6grafe du text$f*'cèle des rcmarc.1ues. J'ai fuivl

Page 55: Grammaire Port-Royal

ÉTiAISON14'Ét-. S«l'uîage clans le texte. parce que je n'aiepas le qroîtd'y rien changer, mais dans les remarques j',ai unpeu anticipé la réforme vers laquèle l'ufage mêmerend de jour en jour. Je me fuis borné au retran­chement des lètres doubles qui ne fe prononcentpoint. J'ai Cubilitué des f & des , {impies aus ph &:

2t!S lb : l'ufage le fera fans doute un jour par-tout .~.

come il a déja fait dans famaifie 1 fantôme, frénéjie ~

trône, tréJor 1 & dans quantité d'autres mots.Si je fais quelques autres légers changemens ~

c'dl: toujours poür raprocher Les lètres de leuE.deilination & de leur valeur.

Je n'ai pas cru devoir tOllcher aus fauffes combi­nairons de voydes , tètes que les a;, ei , 0; 1 Bec..pour ne pas trop éfaroucher les yeuse Je n'ai doncpas écrit' conme au lieu de conoiue , ce qui ieroitpôuftant plùs naturel.

Plufieurs Auteurs ont déja tenté la réforme dt§

l'ortografe; & quoiqu'ils n'aient pas été (uivis etr

tout, on leur doit les changemens en bien 1 qui fefont faits depuis un tems. Je faif!5, pour faire lemême errai) l'oca1ion d.'une Grammaire ttès-efli­ruée, ou l'on remarque les défauts de notre orto­grafe, & ou l'on indique les'fnoyens d'y remédier.D'ailleurs, il S'CR faut bien que je me fois permist.out ce que la raifon autoriferoit; mais il faut alerfar degrés : eeuL-étre aurai-je des Jeaeurs .Cluï AC(

E ij

Page 56: Grammaire Port-Royal

Jt GRAalÎlA::n\E)(Hhnht!I.E

6~~petcittotlf!pasde ce qui en choquera 'luelqùe, 'autre••

C·HAPITRE VI.

'D"une nQuvelle manière P()U~ apprendreà lire facilement en touies fOrtes

.de Langues,

rE T T Ji' Méthode regarde principale.;'-....1 ment ceux qui ne favent pas encore lire.

Ueficertairr que ce n'eft pas une grandepeine "à ceux qui cOl11mencent. que de con.. ,80itrëfhnplement lesdettres; mais qùe ,laplus grande eft de les'atfembler. ,

Or ce qui .end maintenant cela plus diffi..çile , .~ft' q4~ chaqueleqre ayant fon nom,9~ la PFooopce feule autrement qu'en l'af..~mblatit,~veç t\'autres. Par ex<\mple, fi l'onfait a[etJlhJ~r fr" à un enf'lnt) on hü faitpronon~er éf~,fr .'y~reç, ce qui le brouille,infail1ibJel11~rit' lorfqu il 'veut enfuîte joindreces tr~is fonsenfei~le ~ pour en faire le fon~ la fyiJahe fty. .... . .. Il femble}onc 3ue la. Voie la plus naru.,;f~t!e ~ c:o~me ,'que~ques .~ens .d'eFprit l'ont"d~Ja r~tn~~é ~ f'erolt que -ceux quI m~treni

~. ; -':>'

Page 57: Grammaire Port-Royal

1'. T RAI SON N"F; J!. .~, l' ) 't1i d' b d r \ ' ..a 1re, n appn cnt a or aux emans a cOIl-naître leurs lettres, que par le nom de leut'prononciation; & qu'ainfi pour apprendre, ~lire en Latin, par exemple, on ne donnâtque le même nom d'e, à fe !impIe, l'te &l'œ,parce qu'on les prononce d'une même façon;& de même à l'i & àly > & encore à l'{} &:à l'au, felon qu'un les prononce aujourd'ht!ien France: car les Jtaliens font l'au djphton~

gue.Qu'on ne leur nomm~t auai les coslOn.; "1

nes que par leur fon naturel, en y ajoutant:feulement l'e muet, qui eft néceifaire poarles prononcer: par exemple, qu'on donnâtpour nom àh, ce qu'on. pronon(e dans laderniere f)rllabc de tombe; à li celui de laderniere fyHabe de ronde; & ainti des autresqui n'oDt qu'un feul fon.

Que pour celles qui en ont pluficurs fcornille c , g, t, f, on les appelât par le fQDle plus naturel & plus ordinaire, qui dl ~r..u ç,

le fon de que) & aug , le fo~ de gue, au ft j

le fon de la derniere fyllabe deforte, & à 11;œ!ui de la dcrniere fyllahe de bourfe.

Et enfuite on leur apprendroità pronon~

cer à. part, & fans eppeler , les ryllab:s ce.ci ,ge , gi, lia , tie ,tii. Et on leur fermt en..tendre que l'J, entre deux voyelles., fe pro"nonce COlIijDe un ~ ) rniJeria) rnifere) com~

. E iij

Page 58: Grammaire Port-Royal

J+ . G ICA MM Arll li: '0 ~ ~~l\A L:Eme s'al 'lavoit miu"ia '" miz.ere ~ &c.

Voilà les plus générales obfervations de'cette nouvelle Méthode d'apprendre à lire,'l~i teroit ~~rtainement très-utile aux enfans.Mais pour la mettre dans toute iàperfeéHon,il en faudroit faire un petit traité à part, oùl'on pourrait'faire les remarques neceîf.ùre~pour raccommoder à toutes les langues.,

REM JI R <l U E J'.,

Tout -ce chapitre eft exélent. &. ne foufre hi,t.eption ni replique. Il eft étonant que l'autoritéde .P. :R. fUNout dans ce tems-Ja, Sc qui depuis aété apuyée de l'expérience , n'ait pa, encore faittciomfer la raifon, desahfardités de la snétode vul•

.gatte. C'ei d~p»ès la réflexion de P. R. que leBureau Tipografique a doné aus lètres leur déno­

" iriination la plusrnaturèle ;ft , le" me ,ne, '!Je, &c.&. nonpasèfe ,fIe, ème, è.e, 'If' conJone. Cète m~­

'10J?I'empDnefa-t6t' ou-tard fur l'anciène, par l'a­.atlta,e qu'on ~e poun Pas e1rlin s'empêcher d'y'te~onOîu.e~~j Ufaudra du tellli.

Page 59: Grammaire Port-Royal

ET RA!SONNÉE~

r

SECONDE PARTIE·DEL A

GRAMMAIRE"GÉNÉRALE,

Où il eft parlé des principes &: desrairons fur lefque!fes font appuyéesles diverfes formes de la fignificà~

tion des mots.

CHAPITRE PREMIER.

Que la connoiJJance de ce quift paffi dam" notre efPrit , cIl néce;jarfc pou; com­

prendre lesfondemens de la Gr~mmai­re; & que c'cft de-là que depend ladiverfité des mots qui compofent ledifèo«rs.

J US QUE S ici nous n'avons confidérédans la parole que ce qu'elle a de maté­

riel, l5c quf ell commun, au moins po~ le.-. . E iiij

Page 60: Grammaire Port-Royal

S6 GRAMMAI:R! GÉNRRALEIon, aux hommes & aux perroquets.

Il nous reLle à examiner ce qu'elle a defpirituel.~ui fait l'un des plus grands avan­tages de 1homme au-deflùs de tous les au­tres animaux, & qui eil: une des plus gran­des preuves de la raifon : ,'eft l'u1àgeque!lOUS en fairons pour fignifier nos penfées;& cette invention merveilleufe de compofèrde ~S ou 30 fans cette infinie variété demots, qui n'ayant rien de femblable en euX­m~mes à ce qui fe paffe dans notre efprit ,ne laitlènt pas d'en découvrir aux autres toutle fecre't, &de faire entendre à ceux qui n'ypeuvent pénétrer, tout ce que nous conce­vans, & tous les divers lnouvemens de notreame.

Ainfi l'on peut définir les mots, des [onsdifiinéts & articulés dont les hommes ontfait des fignes pour fignifier leurs penftes.

C'eft pourquoi on ne peut bien compren­'dre les diverfes fortes de fignifications quifont enfermées dans les mots, qu'on n'aitbien comJ'ris auparavant ce qui fe paffe dansnos penfees, puifque les mots n'ont été in~

ventés que pour les faire connaître.. Tous les PhiJofophes enfeignent qu'il y atrois opérations de notre efprit : CONGE-:VOIR, JUGER, RAISONNER.

'CO~CEYQ!l\~ Jl'efl: autre chofe qu'~

Page 61: Grammaire Port-Royal

'f:T RAISONNÊl!. '7flmple regard de notre efprit fur les choIes,foit d'une maniere purement imelleéluelle,comme quand je connais l'être, la durée,la penfée, Dieu ; foit avec des images cor­porelles, comme quand je m'imagine Wl

quarré, un rond, 90 chien, un cheval. ~

JUGER. c'dl: armer qu'une chore quenous concevons eil: telle, ou n'cil pas tellecomme lodqu'ayant conçu ce que ,'cft qt:ela terre, & cc que c'dl que rondmr , raffir~

me de la terre, qu'elle eft ronde.RAISONNER, eil: fe fervir de deux juge­

mens pour en faire un troifiéme : comme,lorfqu'ayan~jugé que toute vertu eilloua­ble, & que""la patience eft une vertu, j'enconclus que la patience" dl louable.

D'où l'on voit que la troifiéme opérationde l'elprit n'eH qu'une exrenfion de la fe­conde; & ainfi il fuffira pour notre fujet deconfidérer les deux premieres, ou ce qui cftenfermé de la premiere dans la feconde:car les' hommes ne parlent guére pour ex-,primer fimplemenr ce qu'ils conçoivent;mais c'eil prefque toujours pour exprimerles jugemens qu'ils fom des chofes qu'ilsconçoivent.

Le jugement que nous fairons des. ch~,Ces, comme qu:md je dis, la terre cft nmde.s'appelle P ROPO S IT lQN; & ~tou.t~

Page 62: Grammaire Port-Royal

·~'8 GRAMMAIRE G~NÉ'!ALn

propofition enferme néceifairement deux ter­mes; l'un appellé fujet, qui eft ce dom onaffirme, comme terre; & l'autre appellé at­trwut 1 qui eft ce qu'on affirme, comme rOrI­de : & de plus la liaifon entre ces deux ter­fIles, eft..

Or ileR airé de voitÎtue les deux termesappartiennent proprement :\.la premiere opé­ration de l'efprit 1 parce que c'eft ce quenous concevons, &ce qui cft l'objet de no­tre penfée; & que la liaifon appartient à lafeconde, qu'on peut dire être proprementl'aélion de notre efprit, & la maniere dontnous penfOns. .

Et ainfi la plus grande diâfnélion de cequi Ce paffe dans notre efprit, dl: de direqu'on y peut confidérer l'objet de notre pen­fée , & la forme ou la maniere de notre peu­fée, dont la principale cft Je jugement: maison ydoit encore rapporter les conjonélions ,disjonétions •& autres femblables opérationsde notre efprit, & tous les autres mouve­.m~ns de notre ame ; comme les defirs , lecommandement, l'interrogation, &c.

TI ~' __C."'h ..1_ 1.\ i'l11f' 1..." 1."..............'" "y",nf' 1>11"'1 5 a-Jt-Qd.,t.U;;~i. ~~ &"".,. <&lV"~"'''''.&''''''''" .-.u .. ""'-'-befoin .de fignes pour marquer tout ce qui

1e patre dans leur efprit, il faut auffi que la,plus générale difiinétion des mots foit , que~. uns fignifiene les objets des penfées. &

Page 63: Grammaire Port-Royal

• T Il A J SO N NB t. "t9les autres la forme & la maniere de nos pen­fées, quoique fouvent ils ne Ja fignifient pasfeule, mais avec l'objet, comme nous le fe~

roiJs voit'.Les mots de la premiere forte font Ce'n:

\. que l'on a appeUés nom!. a~tiçlel • pronoms.participes. prépofitions & adverhes ; c~x dela feconde font les 'lIer6es. lei conjonf1ionJ& IfS ineerjeÜion.r ; qui font tous tirés par unefuite néceffaire, de la maniere naturelle enlaqüelle nous exprimons nos penfées , com~me nous l'allons monuer•

..CHA PIT REl 1.

}P,SW6mS1 &premitremmt desfuIJft:amift&' adjeéJift· "

LEs objets de nos penfées font ou les. chores, comme la terrI, le ftleil • f ealt.

le hois , ce quIon appeile fU/'PtINCil ; ou la ma..Iliere des cbofes ,comme d'être r!1na, d'être"ou:ge, d'être dur, d)être Javmu, &c. ce

.gtfon afpelle acciJent.l Et i .ya- -cette différence entre les choiscu les fubfiance~.1 &- la Maniere des cbolèsou les accidens; que les fubfiances fuhmlent

-l'ar eUes~1iieS , au lieu q'.1e les ac:~e~s.e;font que par les fubl1ance~.

Page 64: Grammaire Port-Royal

60 GR A 1d M A j REG É NÉ ft ALEGefl: ce qui a fait la principale ditlerence

cntre les mots qui figmfiem les objers despenfées : car ceux qui fignifiel1t les (ubf..tances {'ot été appellés noms Iu~fl-antiff; &.~eux qui lignifient les accidens, en marquantle fujet auquel ces accidcns conviennent ,noms adjeDifs.

Voilà la première origine des noms fu/;­ftantifi & adjeélif5. Mais on n'en eH pas de­meuré là; & il fè trouve qu'on ne s'dl pastant arrêté à la fignification qu'à la manicre defIgnifier. Car, parce que la fubfl:ance cfl: cequi fubfifie par roi-même, on a appelé nomsfubfl:antifs touS ceux qui fubfifl:enr par cux­mêmes dans le difcours, fans avoir be(oind'un autre nom, encore même qu'ils figni­fient des accidens. Et au contraire 00 a ap­pelé adjeétifs ceux mêmes qui fignificnr destùbfl:aoces, lorfque par leur manicre de {l­gnifier ils doivent être joints à d~autres nomsdans le difcours.

Or ce qui fait qu'un nom ne peut fubfifierpar foi-même, eil quand outre-fa fignifica­tion difii.Péle, il en a encore une confuf~ ,qu'on peut appeler connotation d'une chofe

. à laquelle convient ce qui dl marqué par lalignification difiinél:e. .

Ainfi la lignification difiinéle de rouge. e.ftla rQugeur j mais HIa lignifie en marquaQt

Page 65: Grammaire Port-Royal

E T R A '- SON N '1:: It. 61confufément 'e li.Jj':t rl,e cet:'! rougeur, d'm',vient qu'" ijC li.) :1:; ",)j'J' l"cul dans le dif­cours, rar('C '-lll'or)" -, exprimer ou fous~

entendre 1<: mot '-1(1' ,\;,j,l-ie ce fujet.Comme donc ·eni: connotar;on fait }'ad­

jeèl:if, lûrIgl.ùn l'~'':e des fé1C->1<; qui l;gnifientles accidens, (in en tait des ,ubfbnib , com- 'me de coloré, couleur; de rou/Z,e , rtJ'~gmr; ide dur, dUi'"etf; de rrude?'t , prlldence, &c. f

Etau contraire, fc!"iqu'on ;:,jOtltC aux motsqui fignifiem le<; [ubfiaoces , cette connota­tion ou figniF.cation confufe d'une chofe àlaquelle ces fùbrtances le rapportent, on enfait des adjeél:ifs; comme d'homme, humain;genre humain, vertu humaine J &c.. Les Grecs & les Lftins ont une infinité

de ces mots; ferreur, aureus, hovi;zus , vitu~

linus, &c.Mais l'Hébreu, le François, & les autres

Langues vulgaires en ont moins; car le Fran­çois l'explique "par un de ; d'or, de fer, de.bœuf~ &<:.

Que fi l'on dépouWe ces adjeétifs formésdes noms de fubfiances , de leur connotation,ol,l en fait de nouveaux fubfl:amifs qu'on ap'r'peUe abftraiu, ou féparés. Ainfi d~hommeayant fait humain. d'humain on fait huma.,mté.&~.

, 'MaisHl!y a une autre forte de noms qui

Page 66: Grammaire Port-Royal

6 t, G R A!fi MAI REG Ê NF: R A r. Epafrent pour {ùbHantifs , qtloiqu'{~n cffèt ils{oient adjectifs, puilqu'ils tigmficnt une (or4

me accidentelle, & qu'ils marquent auffi lin{ujet auquel convient cette forme : tds iontles noms de diverfcs proteffions des hom­mes, comme Roi, Philofophe, Peintre, Sol­dat, &c. Et ce qui fait que ces noms palfentpour fubfiantifs, & que ne pouvant avoirpour fujct que l'homme feul , ail moins pourl'ordinaire, & Celon la premiere impofitiondes noms, il n'a pas été néceff'aire d'y join­dre leur fubftantif, parce qu'on J'y peut fous­entendre fans aucune confufion, le rapporene s'en pouvant faire à aucun autre; & par­là ces macs unt eu dans l'u!àge ce qui eftparticulier aux fubfrà'fttifs, qui eU de 1ubfif~

ter Cculs dans le dikours.C'eft pour cette même raifon qu'on dit

de certains noms ou pronoms , qu'ils fompris fubftantivement, parce qu'ils ie rappûr­teSt àun fubftantif fi général, qu'il fe (ous­entend facilement & déœrminémenr ; com­me trif/e lUlU! fJdbulis. fup. negotium; pa­tria 1 fup. terra; Judea, fup. Provineia.Voyez nouv..Meth. Laüne.

J'ai dit que les adjeéhfs ont deux fignifi­cations; l'un{' difiinéle., qui efr ceHe de laforme; & r~.ltre confufe, qui efi celle dufaiet: mais il ne faut pas condure de-là qu'ils

Page 67: Grammaire Port-Royal

l:: T li AIS 0 N NÉE. 6 Jfignifient plus direélement la forme que lefujet, comme la fignification plus di1hnéteétoie auffi la plus direete. Car au contraireil eft certain qu'ils fignifiem le fujet direae­ment, &, comme parlent les Grammairiens,in reéto, quoique plus confufémem; & qu'ilsne fignifient la forme qu'indireétement , & ,comme Us parlent encore> in obliquo, quoi.que plus diftinélemcm. Ainfi hlanc , candi­dur, lignifie diredement ce qui a de la blan·cheur ,- hahens c411dorem, mais d'une ma'-

. r _ r r .mere IOrt canmle , ne marquant en parucu....lier aucune des cbofes qui peuvent avoir dela blancheur; & il ne fignifie qu'indireéte...ment la blancheur, mais d'une maniere auffidifiintle que le mot même de blanche.ur.>candor.

CHAPITRE III.

Des noms propres & appellatifs J, ,

ou generaux.

N Ous avons deux fortes d'idées; lesunes qui ne nous rep:-éfenrenr qu'une

chofe fingulie're, comme l'idée que chaqueperfoDne a de fon pere & de Là mere J, d'~

Page 68: Grammaire Port-Royal

64 GRAMMAIRE GÉNÉRALEtel ami, de fon cheval, de fon chien> de foi­même, &c., Les autres qui nous en repréfentenr plu­

fieurs femblables, auxquels cette idée peutégalement convenir, comme l'idée que j'aid',un homme en général> d'un cheval en gé­neral, &co

Les hommes ont eu befoin de noms ditfé-d d,,y-, r ',. , ,

rens pour ces eux meremes lOttes ct iUecs.Ils.nt appellé1WmJ propre! ceux qui con­

viennent aux idées llnguheres, comme lenom de Socrate, qui convient à un certainPhilofophe appelé Socrate; le nom de PIZ"

ri!, qui convient à la ville de Paris.Et ils ont appelé noms génhaux ou ap­

pellatifs, ceux qui fignifient les idées com­munes ; comme le mot d'homme qui convientà tous les hommes en général; & de mêmedu mot de lion, chien, cheval> &c.

Ce n'dl pas qu'il n'arrive fouvent que lemot propre ne convienne àplufieurs, com­me Pierre, Jean> &c. mais ce n'eH que paracci'dent, parce que plufieurs ont pris un mê­me nom; & alors il faut y ajoûter d'autresnoms qui le déterminent, -& qui le font ren­trer dans la qualité de nom propre, commele nom de LouÏf qui' convient à plufieurs, eil:propre au Roi qui régne aujourd'hui, en di­iànt Louif qttatordéme. Souvent même il

n'dl

Page 69: Grammaire Port-Royal

ET '-& AIS OiN N F: E. i '5il'eft pas néccffaire de rie~ ajoûter,. 'parteque les circonfiances dl1 difcours font aff.czvoir de qui l'on parle.,

CHAPITRE IV..

Des nombres fingulicr & plarierr j

T ~ s~ noms ~ommun; qui c.onvi~.nenr à..L..,..< pl:UlreurS,. peuvent eere prIS en chverfes·

, ".............,-yvnp. ',.

, :. (;ar, Ji 0. on peut ou fe-s appliqutr i ù~e'

· des '(bof~s:auxqueltes ikEE.lDvienBéilt,. eumêmeles confId ~rer toutes dans une certli­Ile UI1Ité ~idl appelée parles J!bilofophes )

· l'uNitluni't"tyfetle., ~o'. Oh les peut <tppliquef'à plufieaTS tous.· enfemhle ,. en les confIdérant coJnme plu­

tieur9; .,~Pour d.iilinguer ces deu~ forte.s de rmnie­

: R'$. de, fignlner, dti a inventé ks deu~ nrrm.· jres;. le finguJ.ier, h9m, r hgmme;:& le plu­, lier ,. hominu, hommefl.

Et même quelques Langues, comme laGrecque, Gril fait uD-duel, lfJr[que les nomsconviennent à dellx..

Les Héb1(e~x en ont·a'U'ffi un, mais feulë­acJlt.lorfqut:les m()tS fi~ni!i(mt .un~'"tho[e

-- - g . - - - -- -

li'

Page 70: Grammaire Port-Royal

" G.aA.MMAIlUi GÉNÉAALndouble, ou par nature, comme les_Jeux) leImains, lu pieds·, &c, ou par art, comme des'/Mules de moulin, des cifeaux , <kc.. De-là il fe voit que les noms propres n'ontpoint d'eux-mêmes de plurier , parce que deleur nature ils ne conviennent qu'à un; &:'lue fi on les met quelquefois au plurier,CQmme quand on dit les CéfarJ, les Ale­xAndra, les Platonl, c'eO: par figure, en€OOlp'enant dans le nom proprt~ toutes les.periOnues qui l~r reffembleroient : commequi diroit, des Rois auffi vaillans qu'Ale­:Kandf~ t de~ Piik><Ophes aufû favans quePlaton, &c. ~ il Yen a même qui improu­l'CD[ cette façon de parler , comme n'étantpas affez conforme à la nature, quoiqu'il s'entrouve des exemples dans toutes les Lan­gues, de forte qutelle femble trop autori­.fée pour la rejeter tout-à-fait : il faut feu­lement prendre-garde dten urer modéré~

.ent.T'Ous les adjeéHfs au contraire doivent

avoir un plurier, parce qu'il eft de leur na­ture d'enfermer toûjours une cenaine ligni­fication vague d'un fujer t qui fait qu'ils peu-

. 'pl'~ . \'1U..eIlA"lP r_nUDn,. ~ u. ,IPni"~ _ ~n ut.(u,nQ. nn~nt ~'W'~Jl\ ,-urs .. "" ... ,. a &W&.""'~." ..... ..._ ~_---..'" _

la maniere de fignifier) quoiqu'en effet ils Dec\>Dvinifeot qu'à un.

Quant aux fubft~cifs qui foJ!t c:QDunW1$

Page 71: Grammaire Port-Royal

'ET RAtSoN'N~E. 67& appellatifs, il femblc que par leur natureils devroient touS avoir un plurier; néall­moins il yen a plufieurs qui n'en ont point ~

fait par le {impie urage, fait par quelqueforte de raifon. Ainfi les noms de chaque mé­tal, or, argent, fer, n'en ont point en prei:'que toutes les Langues; dont la raif()O eH J

comme je penCe, que la retfemblance fi gran­de qui eft entre les parties des l1létau:x: 'Wtque l'on confidere d'ordinaire chaquë elPèêede métal, non comme une efpece qui aitfous foi plufieurs individus, mais COI:lilme untout qui a feulement plufieurs parti1es : cequi paroît bien en notre Langue, en ce quepour marquer un métalfingulier, 01.1 ajoûœla particule de partition; de for, de il'argerll,duJt-r. On dit bien fer! au plurier, Dflais c'ef!pour lignifier des chaînes, & Don ff::ulementune partie du métal appelé fer. Lies Latinsdifent bien auffi Ifra , mais c'dl poudig:ni­ner de la monnaie, ou des inftrutniimS à fairefon, comme des cymbales. Et aiiJIÛ des au-­J1'es.

F ...- Il

Page 72: Grammaire Port-Royal

CHA PIT R E V~

·C'01lME les noms adjeéHfs de leur na--turc conviennent à plufieurs , on a jugé

·"ropos , pOlir rend;e le di~c~,moins ~on"tu; , & auffi pour l-embelltr par la vanété·ùes umninaifuns,' cfinvemer dans les ad jec­;tifs une diverfité felon.les fubfianofs auxquels'on les appliquerait.cOr lei hommes fe font premiérement con­-fdérés eu)(-mêmes; & ayant remarqué par..mi eux une diiféremce extrêmement confidé­table, qui eft celle des deux fcxes., ils ont:jugé à propos de varier les mêmes noms ad..;etiifs, ,:aonnant diverffs terminaifons, lorf­~D'jIs s"appliquoiertt aux hommes, & lorfqu'ilsês'appliquoient aux femmes; comme en di­-fàut , homu. 'ViT. un bon homme, bona m,,..&1". une bonne fe~me "; & ,'eft ce q'ùlsent appelé genre mafculin & féminin.

Mais ii a bUu que cela ait tallé nlus avant.1 •

Car, comme ces mtn1es adjeéhfs fc pou-",oient attribuer à d'autres qu'à des hommesou àdes femmes, ils ont été obligés de Jeurdœner r~e ou l'autre des terminaifons qu'ils

Page 73: Grammaire Port-Royal

. É l' 1 li r j oN lf'B"1f;'" .~

l?Olent inventées pour les hommes & pourles femmes : d"où il eH arrivé que par rap­P?rt a~x hommes & aux femmes" ils d~t di­{lIngue tous les autres noms flàbiantlfs en'ZIUlJcllli1'u &Jémi»in.r. Quelquefois paf"qüeJ,.­que forte de raifon, œmme lorfque lc!yofli­ces d'hommes, .Re"C) Iudex " PhiloJop),u/..&c. (qui ne font qu)impreprerneot fupHan­tifs, comme nous avons dit) font du ,maf­culin, parce qu'on fous-entend h.o> & que

'·.~·offi.ces de femmesfontdeféminin,,;com­me mater. UXOT. l'egintl. &C.·é p.arp.:rqu~OD'

fOus-entend mulier. ;' _.~ '", D'autres fois auffi par un pur caprke , .ai:'ItD ufage. fans raifon; ce qui.fait que oe}a·va-

mè fêl0n· tes Langues, & dans les mOtS mê­me qu'une Langue a empruntés.&u.Qe. a..utrt>;.

-€omroe arhar eH du féminin el){\Latin, k /arbre du mafculin en François;' Je~1 mak...­

'lînen ~atin, ~ iJen,.t féminin. Fran~<)is.:" QuelquefCi>lS meme' .-ela a ch~éj dabs'lII1emême·Langue felon le tempS·;:,Q.omme. alvitS étoit autrefois mafculin· en Latin, ,kt·lon·Prifcien, & depuis il eft deve~émÏJ)iD.

'Navire en Franç.ois étoit aurrefois·féminin,'. & depUis il en devenu,mafculin., 'l,

~"Cett~vuiation d'ufage a fait auffi ~lIun

-Diême-mot étant' mis par les DM en un'ffenre~...~ pM les autr~ e.n.l'autre" eft deH).elUé

Page 74: Grammaire Port-Royal

rijt> G1\ A'Kl'I'At i. G t N 'f ltAL JI:41outeux; comme bic ftnii, ou hlfe fitiiI en.Latin ; comme Cemtl & Duçhé en François.

'Mais ce qu'on appeUe-genre commun,Jidl 'pas ft'commun que les Grammairiens

·...~il1)lginent; car il ne convient propremem:"CJu'àqueiques noms d'animaux, qui en GrecIk en Latill {è joignent à des adjeélifs maf-

.culins &. féminins, felon qu'on veut fignifierle mile & la femelle; comme bot, t'aNis,[ut.

T ..., a·...- qU'l'l~ ""'---''''''----n-ü· r~..~ lb nom........~ U'ft"~.., &5 'OoVOuP-I"ÇU 1"'1 ~ lVU" 1... u •

-tie genre commun, ne i'OOt proprement queàes adjeélifs qu'on Fend pour ftlbilantifs,parce que d'ordinaire ils fubfiftent feuls dan,le difc~rs, & qu'ils dont pas de différen­tes terminaifœas pour être joints aux diversgenres, comme en ont "JiUfd & 'Viari""~~.&Nia(J";'ufe; rex & regi,ta, roij,t rli".; piftfW &: pi/fri;c J hDulanger &. b,u­ÛTlg..', &t.~ "?~ rore par -a.que ce que !es

Grammatrlall appellent EpteeNe J n'eH POIntun genr-e f~paré : car 'Ut!lpei , quoiqu'il figni­fie~ement le mile & la femelle d'un re­mrd , dl vhÏtablement féminin dans le La­.tin. Et de même une aigleeft véritablementféminin dans le Franfois ,parce que le genremafcul1nou féminin dans un mot he regarde·pas propremem fa lignification, mais feul(f~

.mcmt tue de telle ·nature 7.qu'il fedoive joiB:

Page 75: Grammaire Port-Royal

. 'J'r al. t·so ..... " ""are'll'adjeaif dans la,œrminaifèD &ablineou {éminine. Ainfi en Latia , mftogitt,. d4sgardes" ou des prifo.oiers; f1Ïgilit ,~es{ell·

, tineUes, &c. font véritablement f~ll1inin$ J

quoiqu'ils figJ1i~~ des~mmes. V()iJà çe

. ~...î,dl '.oqullu'n l.to.uteS lesLangues~ pour.JercC~ des ~es. '...

. L~Grecs & les Latins ont encot'e .tnvet\té·,un troilléme genre avec le mafculin & féroJ­nio" qu'ils ont appelé neutre. tomme Il'étapt

.•ide.. l~an ni de l'autre =, ,ce qu'ils n~Q.nt p~

~RP~<U,par la raUon , comme. ils eulfent .pu',(;Pre, en .attri~nt le neutre aux D!?ms ~és.~ofe$ qmJ/avolent Dul rapport au fete 1Jlif:.culin ou féminin, mats par fantaifIè, ~ ~fllivant f~ulem~nt cenaines terminaitbœ. ;

L',ùdlituti01l ou la di1linaion lesgenftls.d ad

dJofèpuremem arbitraire, <}QÎ n'e4 mùelnfintfon­è~e.en rIifoa ,qui ne paiO~'._oit le. tnoiodre,namage , Sc llUi a beaucoup ci'iJ)ooavéniena.

Les Grecs &. les Latins en 1WOientUOÂ$'; UU

lieaavonsque deux, &.JesAngiois n't:a. ot1cpoim:.e'"eit.poùt leur la~gue un avantage, qui w'oit en­·core flu grand s'ils n'en avoient pasdaasles pro­)"'10 lIt 1Î>.Dt. utiles l' dit-on, pOUf dillinguer'de,.el fc.xe cft le .-toniu1c,; QIl~

Page 76: Grammaire Port-Royal

f7,Z, GRA.• MA laB' .G~i NÉ RA r. E'~du les berner à l'home & aus animaus; encore tiileparticule diftihéli."e aU'roit'-è!e 1ûfi; mais on n'au­

. loit jamais du l'apliquer universèlement a· tOus les

. êtres. Il1 a la dedans URe déraifon, d{)nt rhabitude, feule nous empéche d'être révoltés,, Nous perdons par-la une forte de vaTÎ~té qui

, (e trotlveroit dans la t~minaifon des 'adjeélifs , au, liellqu'~n lesf~mini1àht , nous augmenronsencore, lè no~bre de nos e muets. Mais un plus grand in­, ~onvé~ent des genres, c'efi de rendre une languecrès~dmàile iuprèndie.Ceft une ocafion continuè1ec1:e~,reUr$ pour lès étrang.ers & pour beâucbûp dt n'a­

'~elsJ;,'un pays. On 'ne peut {e guider qué l '-: la,mé'môiredal1I5 l'cmplofdes genres, le raiforieme~t

"~'iétant pour rien. Auffivoy,ons-nous des étrang.~tsle b~~~coup d~~(prit, &, très-inar\lÎts de notre fin­taxe, qui par~ero~ent très-co1Cdenlent ,fans les fau­tes contre les genres. Voila ce qui les rend quel.

:: fluelOii di:ridiculés'devant les (ots, qui foilt.inçapa­• blesdfrd'1fcerner ce qui dl de raiCen d'aveç ce qui. n'eftqu~ d-un 1J~~ arbitraire 8< capricieus. Les

gens «Î'efpdt font' uu; qui ent!e plus de mémoire~s ~his ch,~fe.qui (ont a'u refi'on:du raifonement ,ac" qui en ont fouvende moins dans les autres•

. ~. (C'etl:iciune obfervationpurement fpéculative.. . '

-oatfwne'S"agÏl: pas 4'ull'abus qu'on puiffe coriger;mlÎs il: me fembie .qu'on, dût:' en faire la" remarque

;d'ans. Wle Grammaire fiiofQ~ique. '"CHAP,

Page 77: Grammaire Port-Royal

CHA PIT R E V J.

Dts Cas & des PréptJjitiom entant qu'ilejl néceJJàîtt "en parler pour

entendre que/que Cas.

S,1. l'on confidéroit toûjours les chores fé­parément les unes des autres, on n'auroit

donné aux noms que les deux changemensque nous -'eûoûs de marquer; favoir, du nom­bre pour toute fone de noms , & du genrepour les adjeéHfs : mais, parce qu'on les re­garde fouvent avec les divers rapports qu~el­

les ont les unes aux autres, une des inven­tions dont on s'eil [ervi én quelques Languespour marquer ces rapports, a été de donnerencore aux noms diverfes terminaifons, qu'ilsont appelées des Cal, du Latin cadere. tom.ifer ~ 'comme étant les diverfes ,hûtes d'unmême ;nrot. "

Il eft vrai que de toutes les LanRues il n'va. peut--êue qlte la Grecque & la Latine qUiaiem .proprement des cas dans leg noms.NéaAmoiAs,.parce qu'auffi il y a peu deLan-'guesqw n'aient quelques fanes de cas dansles.,proDoms, & que 1àns cela on ne fauroit

G .

Page 78: Grammaire Port-Royal

If GI\AMMA~REGBNtRA"L Emen entlendre la liaifon du difèours qui s'ap­pelle ctmftruflion > il eil prefque néceffaire ,pour apprendre quelque Langue que ce foit,de [avoir ce qu'on entend par ces cas: c'eftpourquoi nous les expliquerons l'un aprèsj'autre: ie pius clairement qu'il nous fera poi:fible.

Du Nominatif:

L:! fimple pafition du nom s'appelle le No­mitz,atif> qui n'di pas proprement un cas,mais la maciere d'où fe forment les cas parles 4ivers cbangemens qu'an donne à cettepf(~miere terminaifon du nom. Son principaluG.ge cft d'être mis dans le difoours avantmus les verbes, pour être le fujet de la pro­pofition. Dwwm.r regit me > le Sei~l1t'ftr mfCiunduit;, Deus exalldit me, Dieu m?koutt.

Du Focatif.

Quand on nomme la perfonne à qui on [­Iparle , ou la chofe à laquelle on s'adreffe(comme fi c~étoit une perfonne, ce nom ac­(quiert par...Jà un nouveau rapport, qu'on a,quelquefois marqué par une nouvelle termi­naifon quis'appeUe JtftK4tij. Aiou de Domi­nuI au nominatif, on a fait D(I1nifllt-au: voca­tif; cfAni.mill, 14.1aImi. Mais comme c-ela

Page 79: Grammaire Port-Royal

E T R Ael ~~ ~~ ,. '.. 15.n'étoic pas beauc.:oup néceftaire , & qu'on'pouvoit employer le nomintif à cet ufage ,de·là il ea arrivé:

1°. Que cette ~rmioaif~ difI4~ilte' idunom~natif, ,.rl«4:p.oint.all p~lrr~:.', ,",. ,,0. Qll'au fingulier m~rçlle. n:cttb ~n·

Latin' ql,1'~1l1are.conde dédinaif~L.-, ': ," "3°· Qu?en,Gr~,..,où.cl,I~~'PJU&:4~- ..

Ile, on la néglige lOuVetDt, & 00 fe ftrr d\inominatif au lieu du voc;atif" comn\~ on'PClt(voir dans la ver{:io.q grecq~'e des. P.fea.ufllŒ·,d'où S. Paul cite ces pa-r-olès.,daH8 rÉ[Jt."1rea~ Hébreux, ,our prouver la" diviniw-deJESUS-CHRIST, 9po'Gr t;/i 0' Q~ç ,oàii eft c4titque O' 6.u,eft un nominatif PQW' unJyoql(';le fens n'étant pas Dieu eft votre trône. ma~\

'I.lfJtre trône" (1 Dieu, demeidl!r'a;'&c.' ..,.4 0 • Et qu;enfin on joint qJjelqucfois des-·

nominatifs· a-vec desvoeatifs. DO'IfIint o.smtiti. Ntl.le '1tlC~ viru. mea mag1'ia l'Ph1lilîa,[olUI•. Sur qu'Qi l'on peut Vùir la DQUV. :Meth.Lat. 'RfflDarq;' fur Îft P·ronoms. '.

ED notre Langue·, & daRs les ·autr~S vul~·\g;tires, ce càs~exprime dans leg- nQms ç-om­muns qui Ont un article au Deminat,Ïf ,; pat' liffllflpreffiClII de cet at'ticle. lA Seigneur eH monlifpéranù. s.~~ur t WItS îteJ 1nt»J tfpêr~,

G ij

Page 80: Grammaire Port-Royal

7,'Ç - G ~ A~,~. ~ t1iJi' G~ NE RALI!

Du Génitif.

r' Le rapport irune 'chofe qui appartient ~une aJ;1~e , en 'quelque maniere que ce foit, afâle ddnlle~hs~ Langues qui ont des cas,une nouvelle ttifminaifon aux noms) qu'on aappelée le 'Géiliii{ i poar 'exprimer ce rapportgénéral,quifè~verfif.e enfuite en p!uficursêfpêêés, te1réS que font les rapports• DtH:out à la partie. Caput hominÏf..De la gàrtie au tOUt. Honzo cralfi capitif.Du, fujét ~ t'aecident ou l'attribut. Color

rof~.··· MiflrieDrdia Dei.De t"â(!dd~ntau fujet. Puer optimlt indo­

lil.De la caMe efficiente à l'der. Opur Dei.

Orati'o CiceroniJ.i De l'effet à la- caufe. Creator mundi.De la caufe finale à l'eiret. Potio /oporÏf.De la' ~atiere au comporé. V4S auri. .

. De l'objet ~ux aéles de notre ame. CQgt­tatio h,m. ContemptuJ mortil.

Du poffeffeur à Ja chofe poffédéc. Pecu;Melib~i. 'Diviti.e C1'œJi.

. ~!l ~()m propre au ~ommun, ou .de l'iu­diVl-dU al'efpece. Opptdum Lugdu11l.

Et comme entre ces rapports il y en ad'oppofés, cela caufe quelqu~fois. des éqiji-

Page 81: Grammaire Port-Royal

, II l' '1\ A ('$-0.111\ E." " :-71\roques. :.Car dans ces,pëüoles " .QulnUi Achil­lis , le génitif AC/'ÜÜI peut 'lignifier ou lerapport dufujet. & alors cela fc prend paBi­vement peur la plaie qu'Achille areçûe; ou

.le'N:fp.srt rJeJa-ClLUft, &'alors çelafe prud,âffiVemeDt. pOUf la. plaie qu'Achille a faite.Ainfi:dans ce paflàge de S. Paul :- CertuI fumtpUtî "eque-moTI, nef/ue 'Vita ~ &c. poteTU msfeparare «charitatt Dei in Chrift() Jefu Do­mino noffr(J; le génitifDa a été pris en deuxfèns différens par les interpretes :.les uns, quiy ont donné lè rapport de fobj4t. aY3ntexpli­qué :ce paifage de l'amour que les Élûspor­.tent àDieu en JESUS-CHRIST; & les autres"qui y ont donné lerapp()Tt du ji~j(t. l'ay,antexpliqué de l'amour que Dieu porte aux Elûsen JESUS-CHlUST.

Quoique les noms Hébreux ne fe décli­nent point par cas , néanmoins ce rapportexprimé par ce Génitif caufe un changementdans les noms, mais tout différent de celuide la Langue Grecque & de la Latine: carau lieu que dans ces Langues on change lenom qui eU régi, dans l'Hébreu on changecelui qui réQ'it; comme'~ '~1 v,rhumJal..fitatiJ • où fe changement ne fe fait pas dlns"i?! falfital) mais dans '?1 pour ,~, ver..hum. ..

.O. fe fe~t d'une panicule dans tQUte5 les. G iii

. 1

Page 82: Grammaire Port-Royal

':78 G B. il ••• 1'Jt$~ G BNi 1\ ALE C

'Langues vulg~Îfes'ipOut exprimer le Génitif, ..(;omme .6il;Je dans la nôtre ; DeUf • Dieu; C

Dei, de Bi,u.Ce que Deus RYlU}S.-dit, que le Génitif fer· ,

Ut à.marquer le .rapport du .nom propre au inom commua' • .ou J ce qui dl la même chotè,de {'individu àrcipece, eftbien plus ,orlti­maire cn. Fral1çois qu'en Latin ;-earen Latin .QO met [auvent le 'DOm commun & le nom ­

'propre au nlême cas J ce qu'oD appelle appo- ~.!Irian .; Urhf:Roma. Fl1.ft1iUJ .st:quana, M.()7li :PU1Ulffiu. Aulieu.qu'enFrançois l'ordinaire;·daqs cesrenceotres:cll: de ~tlre le nom pro- C

pre au,(;iénitif: la Viile dtrRom&, la Riviere';ae Sci,JÇ', lB M.oTlt .de ParnajJe.

Du Datif.

- Il Ya encore un autre rapport, qui eft de c

:l,tchofe ituprQfit ou au dommage de laquelle ­Id'autres ,cbofes !è rapportent. Les Langu1!s ­j(pliamdes cas..'out encore un mot pour ~el3,·.qticijs am appelé le Datif. & qui s'étend en­~!JI"e à.d~auttes ufages, qu'il dl preIque im­··pofflblè '.de marquer en particulier. Commo­i:tilU'e J'l'Tati. prêter à Socrate. Ulilif Rei­l'ublïc4, utile -à la République. PernitiofitsEccleJù, pernicieux à l'Eglife. Promittere

:Mmico t promettre 1,Up ami. ViJùm eft Pla-

Page 83: Grammaire Port-Royal

E l' ~ .. l'S Cl'NN~e. 1ft4ni. ila femblé à Platon. Affin.is RIgi J alllifau Roi, &c.

Les Langues vulgaires marquent encorece cas par une particule, comme eft a en lanôtre, ainfi qu'on peut voir dans ies exemplesci..de.iJi15.

De lAccufâtif.

'. Les ,verbes q.uiftgnifiJentcles aélions qUipatfent ·hors de ce qui agit,) C<i>mme battre.oNmpr4 J guJrir , ttim"'" J haïr .,ont des fujetsOÙ,aescil01eS fontreçûes, ou' des objets qu'el·Jesregardent. Car fi on bat~ on bat quel­.qtiun;' on aime, CD aime quelque chofe ,&c. Et ainfi ces verbe.s demandent après euxun Rom qui foit le filjet ou l'objet de l'aéhonq.u'ils lignifient. C'eU: ce qui a fait donneraux noms1 dans les Langues qui ont des cas,une nouvelle terminaifon , <}u'on appelleJ,'AccufatiJ .Amo Deum. CaJar virit Pom~

f~ium.

l N_sn'avons rien dans notte Langue quidiiHngue ce cas du Nominatif. Mais commenous mettons preiqu.e toujours les mots dansleur @l'dre naturel ,on.reconnaît le Nominatifde l'Accuutif , en ce -que pour l'ordinaire leN,ominatif eft avant 1; verbe, & l'Accufatifaprès. Le RoiaimdaRnne. La Reine aime leRoi. Le .Rn -eft nominatif dans le premier

G iiij

Page 84: Grammaire Port-Royal

10 GR A MM A Ilt E C ~ N 11 R ALEftemp~,& accufatif dans le recond; & laReine au contraire.

De rAblatif.

Outre ces cinq cas, les Latins en ont uniixieme, qui n'a"'pas été inventé pour mar­~uer [cul aucun rapport paniculier, maispour être joint à quelqu)une des particulesqu'on appelle PrépoJitionf. Car comme lescinq preiiiÏers cas n)dm pas pû fuffire pourmarquer tous les rapports que les chofes ontles unes aux autres, on a eu recours danstoutes les Langues à une autre invention, quia été d'inventer de petits mots pour être misavant les noms J ce qui les a fait appeler Pré­fojitionf; comme le rapport d'une chofe cnlaquelle une autre eft, s'exprime en Latinpar in, & en François par dans: Vînum eft indolio, le v;n tft dan! le muid. Or dans lesLangues qui ont des cas, on ne joint pas cesprépofitions à la premiere forme du nom, quieft le nominatif. mais à ~uelqu'un des autrescas. Et en Latin, quoiqu il yen aitqu)on joi­gni 11'accufatif J amor erga Deum, amourtn'l'eri Dieu, on a néanmoins inventé un caspmiculi.er, qui dl l'A~rif,pour y en joindreplufieurs autres, dont il eft inféparable dansle fens : au lieu que l'accufatif en eil: fouvent

Page 85: Grammaire Port-Royal

:ETR AIS 0 N- N-ILe. -', 81réparé, comme quand il en après un v~rbçaaifou devant lin infinitif. -.

Ce cas, à proprement" pâTler, n~ 'Ce troU~

ve point au plarier, où il n)y a jamais pout'ce cas une terminaifon di~tënte deceHè dàdatif. Mais parce que 'cela auroitbrouillél'analogie. de dire ,par exemple, qu'unéprépoûtion gouverne L'Ablatif au fmgulieri•

& le datifau plurier, on a mieux aimé direque ce nombre avoit au1Ii un Ablatif, maistoûjours femblable au datif.

C'eft par cette même raifon qu'il dl util~de donnerauffi un Ablatif aux noms G~ecs',

qui foit toûjours {emblable au datif, parceque cela conferve une plus grande analogièentre ces deux Langues, qui s'apprennen~

ordinairfment enfemhle.Et enfin toUtes les fois qu'en notre Langue

un naDj eftgouverné par une prépofition tellequ'elle fait: Il aété puni pour fes crimes; na été amené par violence; Il a paffé par Ro..me; Il cft fans crime; Il eft allé chezfonrapporteur; Il en mOit devant fon pere: nouspouvons .dire qu'il en à l'Ablatif, ce qui fertbeaucou~ pour bien s''exprimer en plufie~

: ~-_I ... _ ..... .-L .... _. 1.ftdlftkult. :t lOU\.U,UU. ~"'s pronoms.

REM A. R ~ U E' s'

. Les cas n'ayant été imagints 9,ue pour marquer

Page 86: Grammaire Port-Royal

Is GRA'M"M:A1 R Yi G É N É R 1\ L .E

les diférentes vttes de l'efprit ~ ou les clivers tapom~SObiG~~tre"1,ls(~ pour qu'une langue fut en état..te les ex,Ptimer tOUi'par des cas, il faudroit 'lue lesiIJloaB uitent autant·.te ternûn~ifons diférentes qu'il'1ar,lC'~ ~PQf$S. iOf il n'ra vraiCemblabJemclHiaœ_n. u @ Jaope qui \ide nombre néoe.traÏie dp

~ns ,diférentes. La dénpmÎnatiotl des cas~Rflriwde queJqU:un de l(luts ufages. Nous n'avons~oiltt de ·cas ft Fœnçois : nous nomons l'objet denotre penfée ; & les raports (ont marqués par des"of1Ù'ons, ou par laplaoe du mot., FI\tÛeurs Grammaimns Ce fom fervis impropre­11\ent c:fLno.m de 'cas. 'Come les "premières Gram­'maires ont éJé faites pour le Latin & Je Grec, nos~Gramfrtaîr.es'Françoifes ne Ce font que trop re{fen­ties des fintaxes grecque & latine. On dit, par~~emple, que de marque le génitif, quoique 'cèteprch>QGtion exprime les tapons que l'uCage îeullu!'~ a1J1g\l~s ,'fo\.lvent très-diférens les uns des autres,.6ns'Jl"'PJ1 'puiffe dire qldls· répondent aus cas des~s ~'puifqu'iLy abeautO~p d~ circonflances ouJescLatuu, pour rendre le Cens de i1(Jtre de, mètent~s_-Nominatifi , des 4C&Ufluift ~ dei ablatifs ~ ou des

.3:~n~r t:'. __ ~_~! __ t_'Ir!l -.f_ft__ .......1_

aUJcI-HJi. cXt;fI1pn:5• .L.i\ y ue ue nome, urbi Ii0T»4.

L'amour de Dieu, en parlant de celui que nous luidevons, amor'ërga DlUm" U n te~ple de marbre,~/." de marmore.Vn vaû: d'or, 1Ias aumlln.

Page 87: Grammaire Port-Royal

, -

Des Artic.lts.

il -

T IA'flgtiincation v~gue des noms!~o.L muns .& appellatIfs, 'dont nous avoq.;patléti-deffus. chap. 4, n'a pas feulemeDt~ngagé à les ~ettre en de~x fortes de n~4:>res, au fi'nguher & au plurler, 'our ladé~miner; elle a fait auffi que prefqueeatou­t\~S ies Langues on a inveméde '-certaines"ardctiles , appelées Articl,S, qui en déter­minent la fignification ·d·ur'..ê autre manietle:, ­'tant dans le iingulier. que dans le plurier.

Les Latins n'ont point d'article;C'e qui afait dire fans raifoll à Jules Céfar Sc~liger"-MnS'fon ilivre des Cames. de la Langue L~iti~,que cette part1tul~ étGit inutile, quoi,­qu'elle foit très-utile pour rendre le difcoulSJ>lusnet. & éviter l'lu6eurs ambiguïtés.' _

L 6 < < ,. es . rees en ont un, 0 , Il , 'TO.

14s Langues nouvelles en oni deux; l'unqu'on appelfe défini, comme le, la, enF~çois; & l'autre indéfini, un, une.

CesanicIes n'ont point proprement deÇaS, .non plus que les noms. Mais ce qui fait'«pte l'article le femhle eD avoir, c'eU quele

Page 88: Grammaire Port-Royal

84 GakMMAIR:! GÉNÉRALEgénitif& le datif fe font toûjours au pluricr,& fouvent au fingulier, par une romraéliofides parciclol.les de & a, qui font les marquesde ces deux cas, avec le plurier les , & le fin­gulier le. Carau pl~rier, qui eil commun auxdeux genres, on dit toûjours au génitif deiparcontraétion de de lei. Les Rois, ,der Rois ,pour de les RoÎf ; & au datif aux pour à lu,aux RoÏi , pour à les RoÏ!, en ajoûtam à laèomraétion le changemem d'1 en li, qui cftfort commuffen notre Langue; comme quandde mal on fait maux, de fr/UU, haut, dealnu!, aune.

On fe fert de la même contraétioo & dumême changement d'1en lt, au g€nitif & audatif du fingulier , aux noms mafculins quicommencent par une confone. Car on ditau pour de le , dit Roi, pour de le Roi; au.pour à le, au R(li , pour à le Roi. Dans tousles autres mafculins qui commencent par unevoyelle J & tous les féminins généralement t

on laiiTe l'article comme il étoit au nomina­tif; & on ne fait qu'ajoûter de pour le geni­tif~& a pour le datif. L'état, de l'état, àrétat. La ~'et·tu, de la vertu 1 à la ~'erttt.

Quant à i'autre artide, un & une, quenous avons appelé indéfini, on croit d'ordi­naire qu'il n'a point de plurier. Et il cil vraiqu'il n'en a point qui fait formé de lui-m~-

Page 89: Grammaire Port-Royal

E T RAI to N N Ê E. S1me; car on ne dit pas, mli, U11ef, commefont les Efpagnols , unof animalef: mais jedis qu'il en a'un pris d'un autre mGt, qui eftdu ~vant, les fubfiantifs, du animaux; oude quand l'adjethf précede , de beaux litt.&c. Ou bien, ce qui eft la même chofe, jedis que la particule des Oll de , tient fouvent'au plurier le même lieu d'artide indéfini,.qu'un au fingulier. •

,Ce qui me le perfuade , eft que dans tousles cas, hors.le génitif, pour la raifon quenous dirons ,dans la fuite, par-tout où on mecun au fingulier •on doi~ mettre des au.pfurier,ou tU avant les adjeé\l&.

'. { Un crime fi horrible mérite la mol't.lhrnÎllalij. Der crime. fi horrib1e~ ( ou ) de fi hOfriPlr:u;i:i~

mes méritent la mort.,.., crime horrible. l

ArrHf.qif.l,1 a,commis{ du cr;mes horribJes (ou) d'hMa­ble8 crimes.

" {,pollr"" criinehorribJe.M/Alif.11 cft puni ..P9ur der crimes horrible, ( ou) pOllI

d'horribles crimes.

{

à "If crime horrible. . .CI/if. Il. eû recours. a der c~imes horribles <ou}" d'hoJti.

. bles cmncs. .

{

d'"" crime horriMe.~tnitif. ,11 cR coupable. de cri~s horribJes( ou ) d'h01Ti-, . bies cnn:es. " .

Rema'rquez qu'onajotIte a, qui eft la par­ticule du datif, pour en faire le datîfde ceea~ticl~ , tant au fi~guli~r, à ~m, qu'au plu­ner, a dIt; & qu on aloûte auffi J" quiei

Page 90: Grammaire Port-Royal

8' G ft k M'M :A IlU~Gf: N F:'~ A: f. I!

la particule du génitif, pour en faire le gé..Ditif du fingulier, [avoir, d'tm. Il cH doncvifible que Celon cette analogie, le génitifplurier devoit être formé de même, en ajoû­tant d, à dt!, ou dt; mais qu'on ne l'a pasfait poüf üne raifon qui fait la plûpart des ir­régularités des Laogues, qui eft la cacopho­nie, ou mauvaife prononciation. Car de dei ,& encore plus de de eût trop choqué l'oreil­le, & elle eût eu peine à fouffiir qu'on eûtdit: Il ep accuJé de du crimes horrihleI, ou,Il cft accufé tie de grandI crimel. Et ainfi ,Cel~nla:,arole d'un Ancien, Impetratum ejt àratione, ut peccare fuaflitatÏf cauJâ liceret.

Cela fait voir que des cil quelquefois legénitlif plurier de l'article le; comme quandon dit: Le Sauveur des hommef pour de leihomme;. Et quelquefoi!! le nominatif ou l'ac4

curatif, ou l'ablatif. ou le datif du plurier defanitle. un, comme nous veijons de le fairevoir. Et que de dl auffi quelquefois la fim­pie marque de génitif fans article; commequand on dit: CeJont du [epinf de Roi. Etquelquefois, ou le génitif plurier du m~me

anide un, au lieu d~ deI; ou les autres casd~même arcide devant les adjectifs. commeDOUS ravons montré.

Nous avons dit en général que l'ufage desaRides étoit de déterminer la fignification

Page 91: Grammaire Port-Royal

Eor- &AlSONNtE~ 17des _noms communs; mais il efi difficile de mar­quer précifément en quoi coofifie cette dét:ermi­nation'l~rcc que cela n'efi pas uniforme ,en t()u­

tes les angue1 qui ont des articles. Voici ce~ej'en ai remarqué dans la nôue.

Le nom-commun) comme R01.·

( , , r. '''' - {Il a tjit un fdfin de ,!toi.ou fi a 'lu une J1gnmC3t10n Il c' cl ".il.: d

I r l' r • olle lait es ..,.uB" elort r;on LUC. 1) •

• hOLS ..

Sansar. Jtide; '1 '.

: ..' é tOlll! XIV. dl 8,01>

ton en 3 U, ne d,crernun e par {, ' Xl" & ,nhil"- l " - ' , .OUIS .'~ • ~ ,ppe. e [ula de la prOpo"'lQn . 1\' _ (otlt Roi~.

, J

(' [le Roi ne dépend pClillt d,ed"c$

1L'e(pece dans'couce (ujeu.fon étendue. les Roi; !le dép~ndcnt' pt1ine

• de leurs [u jets.:, • ,;.

A~~~ ,[lCle lt!fI:., U 1 JO Ji f:L,e Roi fait l3paix' c'cll·à., .' n on p nueu,s, 111- , .' . _,'

glllhé OU't, ,g,'uliers d,éc<;rmin~$ -'dm-le ~OI Letia X, IV,• ileau­l 'par 1t,>Hirt'Oflljbfl'C~ ,fl.dc:sCirconllant:e!-du ~!.

" ,de celui 'lui; l'MIe, .L,es R01S onr.fonde. Ie.s .prlnel-

Lon du difcoi:rs. ~pal~ Abbttyes de- Ftancè.· c.

;, ".. . . "'" les Rellll de France.

.rUn ~u flO-l r 1 (U" Roi détrUira

. \ plier.: l un 1 1 Conialitinople.

~avr~c<! >ftgni-) 011 q~~~;~) Rome a été gou.Clcie. '1 f he. l r lIe50Î \'~rnee par &lts Roill

l, D_s ou dt!j 1 plu- 1 g . (ou) par de grandsl ail ~lur.,· ltïours) LR.oi&.

N~~~Yoyons par-là qp.e ~arude ne' fe dC)'fOit

Page 92: Grammaire Port-Royal

"8S GRAMMlIRÊ ;dffN-i P..ALE

, point mettre aux noms proprès , parce que-~~fi'ant' une èho~e finguliere,& d~ter~1inée J

. Ils Ii'onrp~s befom de la determlnatlon de

. l'aitiCle.Néanmoins l'urage ne s'accordant pas toÎi­

jours avet la rauon, on en mer, que1qu~fois,("'L" , h ,"en \:fiee aux noms propre:; aes 1 ommes me-

mes, 0 <!-1}\ln'T1f. Et les Italiens en font unurage affez ordinaire, l'Arioflo, il Taflo,f Ariftotele : ce que nous imitons quelque­fois, mais feulement dans tes Doms pure­ment Italiens, en dilànt par exemple> l'A­rione» le Taffe, au lieu que nous ne dirionspas l'Arifiote, le Platon. Car nous n'ajoû­tons point d'articles aux noms propres desbpmmes» fi ce n'eft par mépris, ou en par­lant de perfonnes fort baffes, le tel, la telle;ou bien que d'appellatifs ou communs, ilsfoient devenus propre~ : comme , il Y a deshommes qui s'appeilept te R.oi, le Maiftre.le Clerc. Mais alors tout cela n'eil pris quecomme un feul mot ;-de forte que ces nomspatfans aux femmes, on ne change pointl'-article le eD la; mais une femme figne J

Marie le Roi, Marie le Maiftre > C-e......T .... .o....-""-_~ -..r-..;,.,t- ..... ".(i'; À'''J.r~~rl~C' "':I1tV'.i-'VU~ 111; IlJ,\..L,,-vua ,t'VU,H" f,iU41U \,.f, "l'-.H.".,L~J '""'.. n.

noms propres des villes ou villag.es, PariI,Rome, Milan, Gentilly, fi ce n'eil auffi qued'àppellatifs ils foiène' devenus propres :-

comme

Page 93: Grammaire Port-Royal

E T Ii AIS 0 N. Il É:E.. - ):8-,comme la Cappelle, le PleJJù, lç,Cajhlç(.

Ni pour l'ordinaire aux noms des Eglife~"qu'on nomme fimplemeDt par le n0111 du Saintauquel elles font dédiées. S. Pierre) S. Pàul)S. fean. " , .""

Mais nous en' mettons aux nohysptbpresdes Rc:>yaumes & des Provinces; la H·an..ce, rE}pagne, la Picardie, &c. Quoiqü~l yait quelques noms-de pays où on n'en mettepoint'; comme, COf1lf.Uailles, Commingcf ~Roan;Je~,

Nous en mettons aux noms de rivreres':la' Seine ,It Rhin. " li

Et de~ontagn@s,l'Olympe, le ,PIlTrrajfi.EnHR il faut remarquer que, l'artid~ ne

convient point aux adjeélifs, parce qu~Hs

doivent prendre leur détermination dufub­{landf. Queüo.nl'y joim qu~lq~efpis.d~Qm~

me ~pand 0.0 dit, le blanc, le rouge; c'di:qu';Ç),{,\ .~n fait des fubfiantifs ~ le bla1Jc4~aqtla _fi1e chofe que la blallclJeur :ou.qu~pp

y fous-~~tend le ~u~fian,tj~; qo~me ,fi en P;~frlant du vm. pn diroit : j am'le 'f!ZUU~ le Man,.

, . . ~

RE,M A R Q.U ES•.' ...

•- Les premiers Grammail'i~fisn'onttètilementpas

foupçoné qu'il y ut la rno;nar~.diflcnltb fUr la nattl.re de l'article; ils ont cru fimp!t'meM!quiil'ftt'rè1~

H

Page 94: Grammaire Port-Royal

'90 G RAlIIlIA'IS li: G É}; ÉaA LE

'voit CJu'a mll~uertes gentes. Une retonde cla!re'.le GramrMiriens plus ~dairés , ;Î la tête defquels

je ~ts ,MM. de P. R: du moins pour la date, envoulant édaircir la quenion, n'ont fait qHC marquerlli<Üfiç"lté. r~N li! ré[ouqre. Je n'ai uouvé la ma­tihe ap)'e>fondie 'lue par M. du MarCais. (V. le mot)rticle dans l'Encyclopédie.) Mais ce qu'il en a ditcil uri mor4feal1 ~e filofofie qui n'en peut·être pas a

J~Iol(age de tOllS l1es leiteJ,U's.Pour me renfermer dans des limites plus propor­

·~s A1'~teI14~epeç~ Grammaire qu'a cCIe dela matière. j'obferverai d'abord ql;Je ces divifions.éI'anides, défini ,i,.JjdMini )"ind~termi" ,n'ont [et·

.Yi epiaijeter de la confufion fur la nalllre de l'arti­,de.

Sene ,.rétetls pas dire qu'un mot ne puilfe êtrepri.<ians an ff!DS indifini ,c'e-fl:-a.-dirc , .caRi Ca ti­

-gnification vague &. générale, mais, loin qu'il yait·'un artidepourill tttatCIuer, tHaut alors le fuprimer.iOn ,~it, par exemple, qu'pn -home a été traiAvec-~l1oneur. Come il ru: s'ag.it pas de fpécifier l'honeur, 'à:ttÎtulîèi qu'on lui a· rendu, on n'y met point d'ar~

ride; honeur ef!: pris indéfiniment. Avec honeur ,né veut dire qu'honorablement; honeur eft le com­

e plémeAt 4'"'''' • If. iJ,'fJeç J,.9IUU'· eR: le complémentde u-a;," Ihn eft ai~ 4e tous les adverbes qui d~­

."t~ent QIl yer~.

Page 95: Grammaire Port-Royal

!: T RAI SON NÉE. 91

rt n'y aqu'une feule e(pèce J'article, .qui eft lepout' le ma[culin ~"dont on fait la pour le féminin,

& le..r pour le pluriel' des deux genres. Le bien, Lav.enu , l'injufiice; les biens, les VCt'tus, le.injul1i­

ces.On pouroit apeler l'article un prinom. parce que

neligniiant rien par lui-mème. il [e met avanttou,les noms pri~ [ubitantivement &. individuèlemem ,a moins qu'il n'y ait un autre prépofitif qui inltvi­dualiîe le [ujet dont on parle; tels font, tOUI ~ cha­

que. nUl • quelque. certam ) ce • mon. ton. fin. un •MU#( • &. tous les autres nombres cardinau,x. Touscesadjeétifs métafiûquesindividualifent les nom~

cQmu~ , qui peuvent être con6dérés universèle­ment, particulièrement, ungulièrement, coUe&i­

vementou diilcibutÏvement. TutU home marque die.tribuùvement l'univedàlité des nomes ; c'eR lesprendre chacun en particulier. Les homes marquent

l'univerfalité colleétive :c.è qu'on dit des homes en

général"cfi: cenfé dit de chaque individu; c'cil tou­jours une propoution universèle. Q!.elques homes

marquent desindivill!us particuliers; c'eft le fujec

d'une propolition particulière. Le Roi Jflltt le fujecd~une propofition fingulière. Le peSlple. l'armù-,la n4tÎon • font des colleétions .confidé·réc$ come

autant d'indh.tdus particuliers. •

Là l1clli:nati<>J1de l'~ùcle eft 40ncùe 'fàire jl1'en~

H ii•

Page 96: Grammaire Port-Royal

9S GRAMMAIRE GiNÉRALE

dre individuèlement le nom don t il eil: le prépofitif.On n'en met point avant les nhms propres, dumoins en Fran~ois , parce ql1C le nom propre ne

peut marquer par lui-même qu'un individu. Socra­te, Louis, Charle, &c.

A l'égard de ce que les Grammairiens dirent desarticles indéfinis, indéterminés, partitifs, moyens,il cil: aifé de voir, ou que ce ne (ont point des ar­ticl;s , ou que cteft l'article tel que nous venons dele marquer.

Un home m'a die. Un n'eft point arùcle ; c'eil: oul'unitê numérique, ou le ftnonime de certain, qui­dAm 1 pui[qué le même tour de fraCe s'employoitpar les Latins qui n'avoient point d'article : Forteunam afpicio adolefcentulam 1 Ter. Ultam eil: pourfuamdam. Un Iltell en François que ce qu'il ell: en1.atin, ou l'on difoit uni & unœ 1 come nous diConslu uns.

Du n'ell: point non plus l'article plurier indéfini.te un : c'eft la prépontion tk unie par contraétionavec l'article les, pour fignifier un fens partitif in­dividuel. Ainft des Javans m'ont die, eflla mêmechoCe que ce"'ains 1 quelques, quelques-uns, de les ,ti'entre les [twans m'ent dit. Des n'cil: donc pas leJlominatif plurier de un, come le difoient MM. deP. R. le vrai nomioatif efl fous-entendu.

La juflite de Dieu j de n'etl nllH~ment id un

Page 97: Grammaire Port-Royal

E T n A 1$ 0 N N Ê E. ',Jarticle; c'en une prépofttion qui (ert à marquer telapon d'apartenance 1 & qui répond au génitif desLatins. luflitia De; ; de n'eR donc ici qu"une prb­poGûon come toutes les autres CJuï fervent a mat­

CJuer les diférens raports.Un palais de Roi: de n'eil point ici -ûtI article;

e'etl une prépofition eKtra[f;lIe 1 qui avec fan èom­plément RG; , équivaut a un adjeétif. De Ro; J veutdire royal: Palatium regium. Un te';'ple de mar­

bre; àe marbre eft un adje8jf: Templum marmo­

reum ~ ou: de marmore. De ne peut -jamais être unarticle; t'eR toujours une prépo6tion (ervanVolmar-quer quelque rapon. . (

Il faut diRinguer le qualificaûf aàjeltif d'efpèc:e(lU d~ fane t du qualificarif individuel. Exemp. unfalon de marbre, de marbre eft un qualificatif fpê­afique adje8if; au lieu que li l'on dit un falon di!marbre qu'on a fait venir d"Jtgipte, d" marbre eftun qualificatif individuel; t'eft pourquoi on y joiml'article avec la prépofltion du pour de le.

On ,,)Ît par les aplications que nous venQf1S defaire, qu'il R"Y a qu'un article proprement dit, a:'lüe les autfC"S particules que l'on quaiifie d'arûclesfont de tOUtie autre nature.

Quelques Grammairiens ont pris la précaution

:de prévenir. qu'ils fe {ervoiegt du mot article pour

fwvre le langage ordinaire des GramOlaHes., Mai$.

Page 98: Grammaire Port-Royal

'94 G R. ••AlitE-GÉNÉ R~L:t:

1ua.~a i'agit de di[cuter des 'Jue,!lions déja: ;tfrésftabtik$ par ;èlei~mêmes, on doit (UHOUl éviter les~~s équivoques; il faut eA employer de précis,o.ut-Q,Q les fflire" Les ll9Ples ne [ont .que t1'(~p nomi>­"aus : quand leur oreiJle ~Jl fra?ée d'un mot qu'ilsoconQir.,ils çroientcomprendre, quoiljue Cou·.v.ent ils ne e,onaprène:nj; rien.

Pouréc1!Ùrcir d'autant plus la queGion concer­~~Il~ l'artiere.~ examiIW.1J$ fon origine, fuivoru-en.1'uCage , & comparons enfin [es avantages avec {es.inC9nvéniem. L'artiQle tire.km origine du pronomJJJe ~ lIIue les La.Wt:s-...emp.loyoient Couvent -pour do..nerplus de force au di[cours. JUa".erumdDminafov·"una , ~lf1I"m iJh",tf4pHmem, Cie. lUe ego, Vi rg .

Quoique ce-pronOQl 4émonfimlif& métafiliquesépondeplU$lu~joutd'buiaJlOCie ,equ'a notre Je, no­.ne premier anic1e Iy..dans fonorigine, étoitdémon­ftrauf; mais.1 fœced'êue employé, il ne fut plus

oCJ&l'un pronom explétif: fe demeura Ceul pronomdémonftraQf. L] , & enfuite te , devint infenfible..fllent)eprénom inféparable de tous les fubftantifs •'CIe façon qu'en Ce joignant a un adjeErif feul , il leSait prendre individuèlement & fubfiantÏvemenr.Exemple: Le [avMlt trCJZnle [es pla1jirs.dam l'ùude..Le fiI'U4111 eft la un fubitancif. Les Italiens mètentl'article'même aus nqp1i propres, ainfJ qu'en ufoientJesGrecs.

Page 99: Grammaire Port-Royal

, li T B Â ! $-0 N III ÉI. 9-'XI-i:iÇ i/'~gie éonc plus d~examifier fi IlOUS,POUVOQs

..e9royerou fuprimer l'article dans le.c!ifcours, puif.CIu'il~ftétabli par l'ufage,&; 'lU'enfaitde langue l'u­

.(age eft la loi; mais de Cavo:ir fi, filotofu}uemeJlt

.parlant -i,l'arti,:;le ~ft Jl~~'<Ùre? S'i~ n~eft"ilu'~e lDans quèles ocauons il l'dl:? S'il 'jen a 'OU il cit

.aô14l\Qentifu_tiJe PQ\1r le fens:, " s'i! a des iJl(:on­"é~_l

.le répondrai à .ces difétentts quenions , 'fUt ~o­

.mençallt par ia derl\ière. &. en rétrogra<!ant, parGe

.,~ Jafoluti~n deifJ;}lle.re délpo.nt! ,.le réellürcif..

.(e~nt~c, au.t.I~' ...L'a"'ü~ fe ~épète li fo~ent dans le qirlto~rs ~

:~~il' doit ,ollsurèlement -le. rendre un peu,langJliC­fnt; c-'ellun iACOnvénieat, fi l'tutic1e cA: inutile:mais _, pour peu qu'il contribue àla clarté , on eloic.îa.uüier les agrémens mlAtmeis .'UnI langue, au·Jèllls&.a 1"préci6cn..

11 fautavouer qu'il y a beaucoup d'ont1oll$ ..O!U

l'article pouroit être fupriIlié ~ fans que la ~lartéCln

foufrit : ce n'eft quê la Jo~çe de l'habitude qui fe­roit trouve: biCares & fauvages certaines frafes dont:il [croit oté • puiîque dans cèies ou i'ufage l'a fupri­mé, nous ne Cornes pas frapés de fa fupreffion, &:,je difcout's q'en parait que plus vif , [ans ~n êtr&.JB()in. «lair. Tel ea le pouvoir .de l'hapitude ,queaous trouverions langlÀB.àn~ c·ète fnfe,/ap4UVTui

Page 100: Grammaire Port-Royal

,r Charie ell: fils de touÏr.

Exemp. J Charie cft Jun fils de Louis.

(Charle cft le fi/r àe Louit.

riefl plU un wce. en comparaifon du tour prover4

bial ,pa"fJretin'èJll'as vice. Si nous étions faQfjlîa­rifés avec ùnè infinité d'autres [rafes (ans article.

nous ne nous apercevrions pas même de (a fupref­

BOn. Le Latin n'a le tour fi vif, que parce qu'il cftfort éliptique.

Il y a 'd'ailleurs beaucoup de biCarerie dans l'em­ploi de l'article. On le fuprime devant preÎque t01l5

les noms de viles , & on le met dey"am ecus de

royaumes & de provinces, quoiqu'on ne l'y con­

ferve pas dam tous lesrapons. On dit l'Angletère,avec l'article; & je viens d'Angletèrc , fans article.

Si le caprice a decidê del'émploi de l'article dans

plufieurs citconftances, il faut convenir qu'il y ena ou il détermine le {tms avec tine précifion qui ne

s'y trouveroic plus, li l'~n fuprimoit J'article. je

me bornerai a peu d'exemples ; mais je les choifirai

airés diférens & airés fenubles, pour que l'aplica­

tion que j'en ferai, achève de déveloper la natupe del'article.

Dans la première [rafe on aprend quèle eit faqualité de Charlc , m3is ori nç YÇiit pas $'ii la par­tage avec d'aloltre~ individu$.

Dans

Page 101: Grammaire Port-Royal

li T :Il AIS () N N iz. 91Dans la fecols«e, ~e V'ois que Charle a un ou plu­

ueursfrèNs.E;t4ans~ troitième je tODOU que Charle ea fils

unique••. Dltns1e prcunier exelrtple, fils eft un adjettif quipeut être commun à pluCUlurs individu" : car toutce qui~ qaalifie un f-ujet eft adjeétif.

Dam le fecond, "" eft un adjeétif numériquequi fup.ofe p1uralité, & ~ont le mot fils déterminel'efpèœ.

Da,ns letroiûème, le fils marque un individu fin.gulier. li y a dans le fecond exemple unité, quinlarque un nombre quelconque; & dans le troiliè­me , unicité, qui exclut la pluralité.

~Etes-,J0usReine ?

Exemp•. Etes-vous une Reine?. Etes-vous la Rrine?

Dans les deux premières queilions, Re;Hc eA: ad.je~tif; la feule diférence ell que la première ne (ait

que fupofer pluralité d'individus, que la fecondeénonce expreffément. Dans la troiftème, Reineen un flibnantif i:adividuel, qüi exclut tout autreindividu frécifique de Reine dans le lieu ou 1'011

parle. ...

Exemp. r Le ri~ch..A.~~.~·'.'1l4~.:l Luc"1 .ffe~~ ;~,}. ',{ i~~" ::~J ï,"> .":~'~'~~\':i.~/ .

''-2'~

Page 102: Grammaire Port-Royal

§'3 GRA:.MAI'zt.:B Gl?>RÉRA.LE

Dans le premier exemple, je voi que Lucu11eeft qualifié de riche. Le nom propre fubftantif l.u~

etflle &. l'adjeffif ricJ,e Re marquent, par ie capoc:d'identité, qu'un [eul & même individu.

Dans le teoond, radjettifrithe ayant l'arti­

tle pOlif prépoMif , devient \In fubftantif indivi.

duel, & le nom propre Luctille ceffe d'en &re un :ndevient un Mm (pécinque apeltatif, 'qui marque

~'il y a plus d'un LlfC~. Luculle Je riche cft comele riche d'entre les Lucullei.

Il eft certain que dans les fraCe!; que nous venons&e voir, l'articlê e1:t nécetraire , & met de la préci.fion dans le di{couts. Il ne faut p~urtalJt ~as s'ima­giner que les Latins uff\;nt été fort embar.alTés arendre ces idées avec darté & fansarricles. Dansces oca1ions, leur frafe ut peu~étre I:~é un peu pluslongue que la nbtre ; maÏs dans une infinité d'autres{rares, combien n'oilt.ils.-pas pk, de concilion que.,ous , fans avoir moins tle darté !

On dit tpe les Latilts noient réduits a rendre par

tlne frak générale, ces trois-ci. Done~-moi te pa,n;donez-moi ... ~n; r'rmtr<;-moi du pain. M1is Il'au­

roient-ils pas pu dire ! D4 milti iflum pail"" ,. Utlumptinem ; Ù pane. Quand ils di{oient fimplemem ,da mihi paner», les cifC<~'îfl:aÎÎces détermiooientallés le [ens; come il n'y a que la ci:confbnce de lieu

qui déterfiÙne Louis-XV. qual'ld nous difons le Roi.

Page 103: Grammaire Port-Royal

E T' ~A 1 $ 0 N N Ë f:. 991

C-e n'dl pas que je croie notre langue inférieure

a aucune autre, foit morte, foit vivaut-e. Si l'onprétend que le Latin étoit, par la vivacité des ellipfes& par la variété des invertions, plus propre a l'élo.

quence , leFran~oîs le feroit plus a lafilofofic) par'l'ordre &. la fÎtnp1i~ité de (a til1t3xe. Les tours élo-

'luens pouroient ~uel~uefois être aus dépens d'unecertaine jufiefi"e. L'a-peu-pl'è1 eufiroit en éloquence& 'en poëlie, pourvu qu'il y Ut de' la chaleur & desimages, parce qu'il s'agit plus de toucher, d'émou­

voir & de perfuader, que de dé1llootrcr &. de con­v.aincre : mais la filofofie veut de la précilion.

Cependani: les langues des peuples policéS purlesltttres , les fiences & les ans, ont leurs avantagesrefpeéÜfs dans toutes les matières. S'il eft vrai qu'il

n'y ait pointdetradutfion exaéte qui égale !'origiFlal~

il s'enCuit que la langue la pius favorable en cHedans Jaquèle on penCe &. l'on Cent le miens. La Cu­périorité d'une langue pouroit bien n'être que la fu­

périorité de. eeas qui favem l'employer. L'avantage

le plus réel vient de la richeffe, de l'abondance destermes; enfin, du nombre des lignes d'idées: ainli~te queGion ne feroit qu'une afaire de calcul.

De tout ce qui vient d'être dit [ur l'article, on

peut conclure qu'il fertquelquefois beaucoup a la

préciGon; mais qu··il y a une infinité d'acaftons ou

il n'dl: que d'W1e néceilité d'u.fage : c'efr fans doute

Iii1

Page 104: Grammaire Port-Royal

fÔO GR AMMAIRE GÉNÉ itALE

ce qui a fait dire a Jule SCi\liger, otioJum loq,uaciJ­fim« gentil infirume,uum.

CHAPITRE VIII.

Des Pronoms.

rOM MEles hommes ont été obligé3'-J de parler fouvent des mêmes cbofesdans un même difcours, & qu'il eût été im..pomm de répérer toôjours les mêmes noms,ils Ont inventé certains mots pour tenir laplace de ces noms; & que pour cette raifotlils ont appelés Pronoms.

Premierement ils ont reconnu qu'il étoitfou.vent inutile & de ma\Jvai~ grace, de fenOIl)mer [oi~ même; & ajnfi ils onl: introduitle Pronom de la premiere perfonne, pourmettr~e au lieu du nom de celiji qui parle:Ego, moi, je.

rour n'être pas aufij obligé de nommercelui à qui on parle, ils ont trouvé bon dele marquer par un mot qu,'iIs ont appeléPronom de la feconde p~rfonne, toi, tu. ouvous.

Et f,0ur n'être pas obligé non plus de ré­péter .es noms des autres p~rfonn~~ ou des.. '.,

." ::~~: ~- ~r1\~'•• fi;,.... _. _.. ,.

:. ';?,''.-:;'.,:'

Page 105: Grammaire Port-Royal

ET :&AtSONN!!P:. IQI

Qutres chores dont on parle, ils e>nt inventéks pronoms de la troifiéme perfonnt, iJle,illa, illua; il, elle, lui, &c. Et de ceux-ci ily. en a qui marquent comme au doigt la cho-

.fc dont on parle, & qu'à caure de cela onnomme démonftratifs i comme hic, celui-Ci •ifte • celui-là, &c.

Il yen a a~ffi un qu'on nomme récipro­que. c'e11-à·dire ~ qui rentre dans lui-même,qui eft, fui, fihi,Je ; Ce. Pierre s'aime. Ca-tin l'eÎl. tué. .

Ces pronoms faifant l'office des autresnoms, en ont aufi'i les propriétés : 'comme,

LES NOMBRES fingulier & plurier : je.n"u; tlt, 'l1(JUJ : mais en François on fe [ert .ordinairement du plurier'l'ous au Heu du fin­guiier tu ou toi. lors même que l'on parle àune feule perronne : Vous êtes un homme depoméjJe. •

LES GENRES. il, eUe; mais le pronom dela premierc perfonne eft toûjours commun;& celui de la feconde auffi, hors l'Hébreu,& lès LaEgues qui l'imitent, où le mafculinNJ;t~ eft difiingué du feminin ~~.

LES CAS, Ego, mei; je, me, moi., Et mê­me nous avons déja dit en paiTant • que lesLaggues qui n'ont point de cas dans lesnoms, en ont Couvent dans les pronoll}s.

C'e~.~~nous voyons en la nôtre J où;.:~.'. /-:!,'~~"~~-"-~ 1 iiJ'...:~:i..,).t

Page 106: Grammaire Port-Royal

'02. GR Al'« MAI REG ~ N t RA L l!l'on eeut confidércr les pronoms [elon troisI.lfage', que nous marquerons par cette Ta­ble.

1AVANT LES VERBES AU/ PARTOUT· AJLI.El:RS.

Nom1l1at. 1DtJtif.IAleuf.iAblatif.1 Génitif, &c.-----

Je

1

.me mOl

nous..

Tu te toi

vous.

fe foi

Il, elle lui Ile.la lui elle

Ils, elles. leur les eux elles

Mais il Ya quelques remarques àfaire furcette Table.-

La 1. eft J que pOOl' abréger, je n'ai mignOUI & 'Vous qu'une feule fois, quoiqu'ils fcdifent par-tout avant les verbes, après lesverbes, & en touS les cas. C'eft pourquoiil n'y a aucune difiiculté dans le langage-or­dinaire au pronom de la feconde perionne),parce qu'on n'y emploie que "!fUi..

Page 107: Grammaire Port-Royal

E-T 1l AIS 0 N N }jE. 103

La 1. efr. que cc que nous avons marqué,comme le datif & l'accufàüf du pronom il,pour être mis avant les verbes, fe met auffiaprès les verbes quand ils fOnt à l'impéra­tif. Vous lui dites; Dites-lui. Vota leur di­te.!; Dill/-aUT'. VOUf le '/nelll%.; menez..-Ie.Vous 14 CQ11Suijiz. ; conduiftz..-Ia. Mais me,te ,je, ne fe diffnt jamais qu'avant le verbe.VaU! me parlez:... VOUf me ment:%.. Et ainli,quand le verbe dl: à l'Impératif. il faut met­tre nwi a.u lieu de me. Parll-r,.-7llOi. Menez.....moi. C'efi à quoi Monfieur de Vaugelas [em­ble n'avoir pas prilgarde , puifque cherchantla ratron pourquoi on dit menez..-l'y, & qu'onne dit pas menez..m'y, il n'en a point trouvéd'aune;que la cacophonie. Au lien qu'étantdair que moi ne fe peut point apofiropher,il faudrait, afin qu'on p{lt dire mene::..-m'y:

, dA 'ffi<JU on lt au 1 memz..-me; comme on peutt\ire menez.. -l'y, parce qu'on dit menez..-Ie.Or menez..-me n'efi pas François, & par con­féquent me'Re1...mY ne l'eU pas aufii.

La 3. remarque efi que quand les pronomsfont avant les verbes ou après les verbes àl'Impératif, on ne met point au datif la par­tieulf: à. Vous m, donnez:.,; d,nne2:.·.oi, &non _pas aonnez.. à moi. Si ce n'efi quOonen redouble le pronom, où l'on ajoûte Of~

:dinlÛrement '!Mme, qui ne [e joint aux pro",:1 iiij

Page 108: Grammaire Port-Royal

1°4 G R AM MAI REG É N É R ALEIIOffiS qu'en la troifiéme ·perfonne. Diw iem,; 4 moi : Je 'l'Olti le donne.à 'vOUI: Il mele promet àmoi-même : DiteJ~leur à eux-mé­mu : Trompe%.-la elle-même: DittJ-lui àelie-

Ameme.La 4, eît que dans le pronom il, le no­

minatif il ou elle, & l'accufatif le ou la, fedifent indifféremment de toutes fortes dechofes, au lieu que le datif, l'ablatif, le gé­nitif & le pronom fim ,fa, qui tient lieu dugénitif, ne fe.doivent dire ordinairement quetics perfonnes.

Ainfi l'on dit fort bien d'une mairon de ~

càmpagne; Elle cft bell" je la renarai belle:mais eefi: mal parler que de dire; Je lui aiIljoûté un Ja""iLlon : Je ne puiJ vivre jansl'ile : C'cfl pOlir f amONT el'elle 'lue je quille[OUVlnt la 'ville: Sa jituation ml plaît. Puusbien parler, il faut dire: t, ai 'ajoûté un pa­villon : Je ne pui! vivre[am cela, ou , [antle divertiJTenunt que j'y prem : Elle eft califeque je quitte [olwent la ville : La fitltatirm

, l Am·en p alt.Je fais bien que cette régIe peut füuffrir

des exceptions. Car 1. les mots qui figni­fIcnt une multitude de perfonnes, commeEglijé. peuple, compagnie, n'y font pointfujets .

•. Quand on anime les chores, & qu'on

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E T Il. 1 SON N É n. lOS

les regarde comme des perfonnes , par un~

figure qu'on appelle ProJopop'e, on y peutemployer l~s termes qui conviennent auxperfonnes. .

3. Les cbores fpirituelles. comme la 'tlQ­

loneé 1 la vertu, la vérité, peuvent feuffrirlels expreffions perfonnel1es ; & je ne croispas que ce fût mal parler que de dire : L'4'i­mour de Dieu a JeI mOltvemens, [es aefirS,

fil joiu, auffi-hien que famour du miiiuit/:J'aime uniquement la vérité ; j'ai des ar­deur! pour elle, que je ne pltÏS expri'IfUr.

4. L'ufage a autorifé qu'on Ce ferve dupronom Jon en des cbores tout-à-fait propresou e{rentieUes'.~ celles dom on parle. Ainfil'on dit qu'lmc r;'viere eft [ortie de Jon lit;qu'un chlval a rompu fa h,.ide, a mangéJonavoine; parce que l'on confidére l'avoine€:omme une nourrittue tout-à-fait propre aucheval: Q!!e chaque (ho[e fuit l'injfinél de fanature; que chaque chofe doit être en JOn lieu;qu'une maiftn cJt tomhée d'elle - même; n'yayant rien de plus dfcmiel à une cboCe que~e qu'elle dl. Et cela me feroit croire quecet~é régIe n'a pas de lieu dans les difcoursde [dence, où l'on ne parle que de ce quiefi propre aux chores; & qu'ainfi l'on peutdire d'un mot ,fa fignification principale el',ullr; & d'un Triangle; [on plu! gr4na cati.

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106'GRAMMAIRE GÉNi&ALl!,ft celui qui j8ûûem[on plus grllnd angle.

Il peut yavoirencore d'autres difficultésfur cette régie, ne l'ayant pas afl"ez méditéepour rendre raifon de tout ce qu'on y peutoppofer : mais au moins il cft certain quepour bien pader OR doit ordinairement yprendre garde, & que c'eft une faute de lanégliger, fi ce n'eft en des phrafes qui fc)ntautorifées par l'ufage, on GI'on n'en a quel­que raifon particuHére. fv1. de Vaugdlls néan­moins ne l'a pas remarquée; mais une autretoure femblable touchant ie Q!ti , qu'il mon­tre fort bien ne Ce djrt~ que des perîonnes ;hors le nominatif, & l'ac<:ufatifQ!!e.

Jufques ici nous avons expliqué les pro­noms principauJt & primitifs : mais il s'enforme (l'autres qu'on appelle poJfeffi.fs; de Jamême forte que nous avons dic qu'il fe fai­Coit des adjeétifs des noms qui fignifient desfubfiances, en y ajoÎitant une fignificationconfufe : comme de terre, terreftre. AinÎlmeus, mon, fignifie difiinélement moi, &cQDfufémest quelque chofe qui m'appartient& qui eH àmoi. Meu! liber, mon livre, c'efi­à-dire, le livre de mfli, comme le di\ènt or­tUnaire.ment les Grecs, ~I'''-O' (1.. ••

Il Ya de ces pronoms en notre Langue,qui fe mettent to&jours avec un nom fans ar­ticle; mOl} , tlln, ftn • & les pluriers mu , V9f;

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ET :R Â 1 sON :N t :2. J07d'autres qui Ce mettent toûjours Zlvec l'arti;cle fans nom; mien, tim ,jien • &. les pluriersnarres, vatres : & il Yen a qui fe mettent eD.toutes les deux manjéres, notre & '(.JotTt aufinguIier) leur & leurs. Je n'en donne pointd'exemples, car cela eft trop facile. Je diraifeulement que c'eft la raifon qui a fait rejeter

'cette vieille façon de parler; un mien ami,un mien parmt ; parce que mien ne doit êtremis qu'avec l'article le & fans nom. C cft 14mjen; ce font leI natres , &c.

REM JI R ~ II E .r.

Les Grammairiens n'ont pas· alfés diffingué lanature des pronoms ~ CJui n'ont été inventés que pourtenir la place des noms ,. en r~peler l'idée) & en.hicer la répétition trop fréquente. Mon; ton; Jôn,ne{ont point des pronoms, puiCqu'ils ne Ce mètent pasà la place des noms, mais avec les noms mêmes.Ce font des adjeaifs poffeffifs. Le mien; le tien; lefien; font de vrais pronoms. Exe.mple ~ Donez.·moim{)f,\ livre ; voila le fierr.

Nom; 'f/t'fl'e; l:ur • font ou pronoms:l ou ad­jeélli.fs, fuivant l'emploi qu'on en fait. Lorfqu'i1sfont adjeélifs , ils Ce mètent toujours avec & avant

;le nom: notre pays, 'VoIre patrie, leur nation. Lore.Cj\l'ils font pronoms ~ ils· C~ mètent a\l lieu du nom 1>

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-108 GRA:MMAI'lE G'ÊNÊ-RALE

fic prènent l'article, le ndtrt, la vdtre , le !rur.Mure, votre, n'ont point de plurier come ad­

jeétifs; on dit nos & vos: ils en ont come pronom~,

& leur première 1ilabe devient longue; le ndtre ,

les 't,dtres.Leur a unplurier come adjeétif & come pro~

J'lom; leur bien, leurs biens, le leur, lu let/YI.Leur eft auffi pronom perfonet) & veut dire a eus:on leur a rendu jufiice.. L'ufage feul peut infiruire de l'eml'loi des mots;mais les Grammairiens font obligés a plus de pré­cilion. On doit définir & qualifier les mots (Divantleur valeur, & non pas [ur leur fon matériel. S'ilfaut éviter les divifions inutiles, CJui chargeroientla mémoire [ans éclairer l'efprit, on ne doit pas dumoins confondre les efpèces diférentes. Il cil: im't'ponant de dillinguèr entle les mots d'une langqeteus qui marquent des [ubfiances réèles ou abfirai.tes, les vrais pronoms, les qualificatifs, les ad­jeétifs filiques ou métafiliques; les mots qui) fansdoner aucune notion précife de CubRance ou demode, ne font qu'une délignation, une indicatiol1~

& n'exitent qu'une idée d'exifience, tels que celui,cèle ~ ceci, cela 1 &c. que les circonfiances (eu!('sdéterminent) & qui ne font que des termes métafi­

.tiques', propres àmarquer de (impIes concepts, lJclei difécentes vues de l'efprir.

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li T RAI SON N Ê H. IO~

CHA PIT REl X.

Du Pronom appeié Reiatif.

I L Yaenéore Un autre pronom, qu'on ap·pelle '-elatif, Q!!i , qUlf , quod; Q.!!i J II,,:

quel J laquelle.Ce pronom relatif a quelque choCe de

commun avec les autres pronoms, & quel­Que chofe de propre.• Ce qu'il a de commun. eft qu'il Ce met auEeu du nom, & plus généralement même'que toUS les autres pronoms ; fe mettantpour toutes les perfonnes. Moi QUI JuisChréti(n : VOU! QUI êtes t'hrétieN : LuiQUI ef! Roi.-

Ce qu'il a de/propre peut être confidéréen deux manié/es,

La J. en ce q.u'il\a toÎ1jours rapport à uraautre nom ou pr<\no'm, qu'on appelle anté...cédent, comme : Dk~u qui eft Jaim. Dieu eft:l'antécédent du Rel~t!f qui. Mais cet anté­cédent en queiquef~is fous-entendu & nonexprimé ; fur-tout dans la Langue Latine t

comme on a fait voir dans la Nouvelle Mé­thode pour cette Langue.

La %oC, chofe que le Relatif a de propre,

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triQ' GRA..MMAIRli GÉ.NÉRALE

& que je ne [ache point avoir encore été rc­ri1arquée par perfonne, dl: que la propofi-"tion dans laquelle il entl'C J ( qu'on peut ap­peler incidente) peut faire partie âu Cujetou de -i'attribut d'une autre propofition,qu'on peut appeler principale., On ne peut bien entendre ced , qu'on ne

fe Convienne de ce que nous avons dit dèsle commencement de ce difcours , qu'en tou­tepropofition il ya un fujet t qui cft ce dontan affirm.e quelque choLè , & un attribut, (1uicft ce qu'on affirme de quelque chore. Maisces deux termes peuvent être ou fimples,comme quand je dis, Dieu cft b()n ; ou com­plex-es f comme quand je dis, Un habile Ma­gi/ln~t tft utile à 14 République. Car ce dontj'.aflirme n'eft ~as feulement un Magiftrat •m:8s un habile Magiflrat; & ce que j'affirmeridl pas feulement qu'il eft h()mme , mais qu'i1dl: homme utile à la République. On peut voirce qui a été dit dans la Logique ou Art depenler , fur les propofitions complexes, Part.~. chap. 3· 4,5, &6.

Cette union de plufieurs termes dans le~jet & dans l'attribut eft quelquefois telle,qu'ene n'empêche pas que la propofltion ne!Oit iimple) ne contenant en foi qu'un feuljugement, ou affirmation, comme quand jedis : La valmT d'Achille a été cauft tic l.l

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E T ft AIS 0 N NÉE. Il 1prift Je Troie. Ce qüi arrive toûjours tou­res les fois que des deux fubftantifs qui en­trent dans le fujet ou l'attribut de lapropo­Sition, l'Qn eft régi par l'autre.

Mais d'autres fois auffi ces fortes.de pro-­pofitiol)s dont le fujet ou· l'attribut fone com­~s de pluuewr$ termeS, enferffient~ a.uBloins dans notre eij.,rit, plufieurs juge-:I,IleftS t dont on peut faire autant de propoû­tions : comme quand je dis; Dieu invifzblaa créé le mflnde'1.l ijible : il Ce paif.e trois juge:mens dans mon e 'prit, rentermés dans cettePl1opoGcion. Car je juge premiérement queDfez. eft invijible. 2. Qu'il a créé Le numdl.3. Que le monde tfl viJihle. Et de ces trOÎ$propofitions, la lècoooe eH la principale &.l'e{fenti~He de la yropofition : mais la pre..miere & la troifieme oe tOnt qu'incidentes,& ne J'Ont que partie de la principale t dontlapremiere en compofe le fu;et, & la der­Diere l'attribut.

Ol' ces propèfirions incidentes font [GU­

'Vent dans notre efprit, fans' être exprimées.par des paroles, comme dans 1'exemple pro­pofé. Mais quelquefois auffi on les marqueexpteff"ément; & c'eft àquoi fert le. relatif:<:Gmme quand je réduis le même exempleà ces termes: Diezt , Q.ur cJi invifiblc , a cri;le montie, QUI cft '1Aftble.

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ru GRA~NAtRE GÉNÉRALEVoilà donc ce que nous avons dit être

propre au Relatif, de fa.ire que la propoli­rion dans laquelle il entre, puitre faire par...tie du fujet ou de l'attribut d'une autre pro,,:pofition. '

Sur quoi il faut remarquer, 1. Que lorf­qu'on joint enfemble·deux noms) dont l'unn'eil pas en régime, mais convient a·vec l'au­tre, fait par appofition, comme Url)! koma.,fait comme adJeéHf, comme DeUf ::tUI,fur-tout fi cet adjeéHfeft: un participe) canifi:urrtnf; toutes ces façons de parler enfer­ment le relatif dans le fens, & fe peuventréfoudre par le relatif: Urhs 'lUif diciwrRoma; Deuf qui cftJànétttr; Canif qui cur­rit; & qu'il dépend du génie des .Languesde fe fervir de l'une ou de l'autre tnaniére.Et ainfi nous voyons qu'en Latin on emploied'ordinaire lepartidpe : Video canem cur­t>mtem; & enFrançois le relatif: Je vois unchien qui court.

2.. J'ai dit que la propofition du Relatifpeut faire partie du fujet ou de l'attributd'une autre propofition, qu'on peut appe­ler principale. Car elle ne fait jamais ni lefujet entier, ni l'attribut entier; mais il yfaut joindre le mot dont le relati( tient laplace, pour en faire le fujet entier, & quel­que autre mot pour en faire l'attribut entier.

Par

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· E T RAI S O]J Nit. Il 3Par exemple, quand je dis: Diete. qui .efl in­'l.IiJihle, cP le créateur du monde, qui cft viJihlc;Q!ti eft inviJiMe n'e11:pas tout le fujet decette Propofition, mais il y faut ajoûterDim; & Cft"; 41 viJible n'en eit pas toutl,ob 0"' C. , ." .• 'attn ut, mais 11 y laut ajouter te "rfateurdit monde.

;. Le relatifpeut ~tre ou fujet ou partiede l'attribut de la propofition incidente. Pouren être fujet, il faut qu'il foit au nominatif;qui creavit mundum; quifanélui cJi.

Mais quand il eH à un cas obiique , géni­tif, datif, accufatif, alors il fait J non pas l'at~

tribut emier de cette propofition incidente,mais feulement une partie: Deuf quem ami},:Dieu que j'4imc. Le fujet de la propofitioneil ego. & le verbe fait la liaifon & une par­tie de l'attribut , dont quem fait une. autrepairie; comme s'il y avoit : Ego amo qieem.ou Egojum am4nJ quem. Et de meme ; C~­jus cœ!Hmjedef eft; duquel le Ciel eflle trô~

ne. Ce qui cfl: toûjou.rs comme ii l'on difuit :Cœlum cft fiaes &ujus : Le Gel eft 11 trôneduque/.

Néanmoins dans ces rencontres mêmc~""on met toûjours le reÎatif à la tête de la pto...polition (quoique felon le f~ns il ne dût êtr.equ'à la fin) fi cc n'ell: q~'il foit gouver~par ~ne pïépofition. _Car la prépofiüon pré~

K

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1

rr4 G RÀ-MMAIR E G ÉN É RA L:t

cede, au moins ordinairement : DeUf à quO'mUTJdui eft conditus : Dieu par qui le mondea été créé.

Ce que nous avons dit des deux uf(lges duilelatif, run d'être pronom, & l'autre demarqüer l'union d'une propofition avec uneautre, fert à expliquer plufieurs chofes, domles Grammairiens foot bien empêchts derendre raiiOn.

La premiere eft une façon de parler fort c

ordinaire dans la Langue Hébraïque, qui c

eil que lorique le relatif n'cft ras le fùjet dela propofition dans laquelle i entre, mais _feulement partie de l'attribut, ~omme lorf­que l'on dit, pm'Vis quem projirit 'l'entuI; ~

les Hébreux alors ne laiffent au relatif quele dernier ufage, de marquer l'union de lapropofition avec une autre; & pour l'autreufage , qui dl de tenir la place du nom ~, ilsl'exprimt:nt par le pronom démonftratif , -:comme s'il n'y avoit point de relatif : deforte qu'ilsdifeDt; quem projicit emn '!JfntllJ.Et cela apaifé dans le NouveauTefiamem ;QÙ S. Pierre faifant alluGon à un paffagc.d'Haïe., dit de J E sus - CH RIS T , ~ 7'~

, , "... 9 ,'\ ,.. '. ,. • rP.$1\07r. tfJ).7'd l:tl},,.n. t..UJUJ t!'l.'(}re eJlu Jtl'i1{ÎÎI

I.fiiJ. Les Grammairiens n'ayant pas bien dit·tingué ces deux ufages du relatif, n'ont pt1fendre aucune raifon de cette façuu di par-

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...... , ....

ET RAï S 0 N'NÉ Jt: . l'I'51er, & ont été réduits à dire que c'é!Ok u'fiPUrmafme, c'eft-à-dire, une fuperfluité inu­tile.

La [econde chore qu'on peut expliquerpar ce principe, eft la célébre dilflUtc entreles Grammairiens, touchant la natüre duquàd Latin après un verbe: comme quandCicéron dit: Non tibi ohjicio quod hominemfpoliafti; ce qui eft encore plus commundans les Auteurs de la baire latinité, quidifent prefque totl;ours par 6juOd, ce qu'ondiroit plus ~Iegamment pa"r i'innnitif. DicoquOd trllus eft rotul1da, pour, dico telluremejfè rotzmdam. Les uns prétendent que cefJuod cft un adverbe ou conjondion; & lesautres ,que Cleft: le neutre du relatif même,qui, qu,z, quo.d.

Pour moi je crois que c'eft le relatif~ qui, a1loûjonrs rapport àun antécédent (~infi GIuenous favons déja dit) mais qui cO: dépf:luil..l-é de fon ufage de pronom; n'enfermant riendans ra fignifica~ion qu,i faffe partie ou du,fufetou de 'attribut de la propoCttÎbIl in­«tidente , & retenant feulement fuit fecondmfage d'unir la propofition où il fe trouve,à une autre; comme nous venons de dire derHébraïfrne , quem projicit tum vmtffJ. Cal'tans ce paflàge de Cicéron : NiOn tirbi ohjicio~ htJmirJem fpr.J/ia/i'i; ces derFlierg motS,

1<. ij

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u6GRAM'MAll\B GBN KRALEhominem fpoliafli. font une propofition par·faite, où le lfuoa qui la précede n'a;oûte rien,& ne fuppofe point aucun nom : mais toutce qu'il fait, eft que cette même propofitionoù il eft joint, ne fait plus que partie de lapropofition entiere : Non lih; objicio qlloa ho­mint11! fpoUaft; ; au lieu que fans le quOd ellefubfilteroit par: elle:..même , & feroit toutefeule une propofition.

C'eft ce que nous pourrons encore ex­pliquer en parlant de l'infinitif des verbes,oü nous ferons voir auffi <lue c'eft la maniereàe réfoudre le que des François, (qui vientde ce q"od) comme,quand on dit: Je filp­111ft 'l''' 'Vous Jerl~ fage; Je 'VoUS dis que'Vous ave~ tort. Car ce que eft là tellementèlépouillé de la nature de pronom, qu>il n'yfait office que de liaifon, laquelle faN: voirque ces propofitions. WUI feret.,fage. 'Vous.a'VI~ tort J ne font que partie des propofi­lions entieres;jefuppofe, &c.jt 'VOlli dis.&c.

Nous venons de marquer deux rencon·tres, où le relatif perdant fan 'fage de pro"Dom, ne retieot que ceh.li d'unir deux pro­pofitions enfemhle : mais nous pouvons aucontraire remarquer deux autres rencontres,oà le relatif l'erd fon uCage de liaifon, & nerenent que celui de pronom. La premierecft daDs UDC fa)on de parler où les Latins fe

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It'r BAI S 0 N·N 5,!'.. i t'!'ffervent Couvent du relatif) en D;e lui donnantprefque que la tOfce d'un pronom déffiqnftra­tif, & lui laiffant fort peu de fon 'autre utàge,de lier la propofition dans laquelle ()n l'elirploie, à une autre propofition.C'efiçe qwfait qu'ils commencent tant de périodes parle relatif) qu'on ne fàuroit traduire dans lesLangues. vulgaires que rar le pronom dé7monllratif. parce· que la force da relat~

comme liaiCon t y étant prefque toute per­due, oD trouveroit ,trange qu'on y en mîtUD. Par exemple, Plme commence ainli fonPanégyrique: Bmè ac [apùntlJ', P. C. fn/lfoa

j()TIi injiitlifTum, ut TlTU7R Ilgelldarum ,. iladi&mai illitium à PTecationibUJ capiTe .....t/UO.nihil titi , nibil(/ft provitU1lter hominff fine

. D,fJrum im11ZQrtalium ope, confiliD, bonor"llufpi&IlUmur. QUI 71UJf, cui pDtizlS tplàmCon/uU, 411t quanJ.v magiJ îiJÎirpandui çJtfl:gufiue,fI? •

Il cft certain que ce Qyi commence plu'"tilt une nouvelle période) qu'elle ne jointcelle-ci à la précedentc; d'où vient mêmequ'il eft précédé d'un point: & t'dl pour­quoi en tradui1ànt cela en François, on nemeut"Ois ja.mais, laquelle ~ûtume., mais cetteÇCÛtI01Zé , commençant ainli la feconde pé..tiode :, Et par qui CETTE COUSTU.ME doit-­,lu t"tre plmçl (J6fervle J 'lue par U// GJ1Jfulf.&c. ·

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"h8" (JR,À:'."A._* "GfÉNÈR"ALB: ;Oic~i'(Jfl ~dl plein" de femblables exem­,l~, comnle. O.r.lt.V. in Verrem. lta-que alii'ri~':Jtl: RomJ.ni. nt CQgtl0[ct.lCYJtuT • capitihzutn-"'uolutiJ· acarcere aà palwm •alque ad necem.,~mmd- : am Ntm àmulli! ci't,ibuJ RO'ma­'nis r'«fJgllff1jÇtrentitr. ah omnicus d~fCYJtlereti.

tFtr;·fiCM-i j'wieIJanm,,: Quo R U!VI ego de.ff.'erE;;jJim"t.1III?Y/e· • çrudtlifJimoque CrUcialle'Ji,(.'I.l1Ir, Cftm rimaI lof>ltm traflare cœpero. Ce"Ulrrum li fe trt>\duiroit en François comme-s·il y avt'lÎ't, tU ilJ,rtl.morte.; li'autn:~ renc'Ouue où le relatif ne retient'pt\~qae que fOR uragede pronom, e'eft dans'1'1". des Gl'ecs~ doot la nature n'àvoit encore~cé a«ez iIl'XaélerMnr ~l'vée de perfonnetIue je 'iàcheJ avanr IaM~odeGretque. Carquoique Cétteparticute ait Couvent beaucoup:èe rappon avec le tptôdLatin, ainfi qùe nous"'."oosœÎrvDir..datlllaM'éthodeLatine, Re­7/11(tf"lUeJfur teJ' adverbes. n. 3& 4, & qu'ellefoit.prife du pronom relatif de cettc-Iangue ,"eomIDê"leqHdrJ cft pris du relatif latin ; il Y:a fouventnéanltloins cette différence notableentre h, nature du quolJl& de rGn, qu'au lieuiue c~tte particule latine n'dl que le relatiftiépoutUéde fon ufage de pronom, " ne re­tenant qu.e celui de liaifon , la particule grec­'que.au, contraire dl le plus fouvent dépouilf.·We defo~·ufa~ ~e liaifOl1 ~ & ne retient que

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}; T 1\ AÜ 0 N NB t. 7 rvcelui de pronom. Sur quoi l'on peat voir laNouv. Méth. Grecque, li'fJ. 8. ~h4p. Il. Ain­fi, par exemple, lorfque dans 1'Apocalypfe,chap. 3. JESUS-CHRIST faifànt reproche àun Evêque qui avoit quelque fansfaélion delui-même, lui dit, Ai'J'~H 011 'inr.·-n's .i~1 : âi­di q1l0d divu fum; ce n'eft pas à dire, .quoJ-''go qui ad te loquor di'fJU fum ; mais àici! hoc,vous dites cela, ravoir, dive![um > je- fuis ri­che. De forte qu'alors il ya deux oraifonsou propofitions féparées ~ fans que la fecondefaffe partie de la premiere; tellemedt que'1';17 n v fait nullement office de relatif ni de·liaifoü: Ce qui dl très-nécetfaire à remat..'iuer pour réfoudre quantité de propofirious,difficiles en cette Langue.

i

C !-I API T REX..

Examen d'une Regle de la Langue Fran­foifè , qui efl qu'on ne doit pas mettre le­Reiatifaprès un nomfa,ns article.

C E qui m'a porté à entreprendre d'en..J miner cette RégIe, eft qu'eUe medon­

'lIe fcjet de parler en paffanr de beaucoup de~fes aH"és importantes pour bien raifonne:t

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1&0 GaAltl'l'AIRE GÉNRRALEfur 1esLa~fiues, qui m'obligeroienr d'être.trop long fI je les \'owois traiter en parti­culier.

Monfieur de Vaugelas eft le premier qui.a publié cette régIe, entre plufieurs autrestrès -1'udicieufes, dont fes remarques fontre~pl~es : .Qu'après un no~ fa~s article 0.0ne doIt pomt mettre de qUI. Amfi l'on dithien : Il a é!é traité Il'vec violence; mais lije veux marquer que cette violence a ét\~

tout-i·fait inhumaine, je. ne le puis faire,:!u'<'fy ajoûtant un article: Il a élé traitéilveê une vÙllence qui a été lout· à-fait in-.humaine.

Cela paro1t d'abord fort l-aifonnahIe : mais\~omme il fe rencontre pluneurs façons de}J'arler cn notre Langue, qui ne femblent'Pl\S copforme'i à cette régIe; comme entreautres cell~s....ci : Il agit en Politique qui [Nitlouverner. Il efl coupable de "'imes qui mé­ritent châtiment. Il n'y a homme qui [tuhecela. Seigneur, qui voyez:.. ma mifére, alfiJ­

-let. - moi. Une {orte de buis qui tll fort dur:j'ai ptllfé fi on ne pourroit point la conce­voir en des termes qui la rendîffent plusgénérale, & qui fi{fent voir que œs façons(le parler ~. autre~ femblables qui y paroif­lent ContraIres , n y font pas contr,lires CD.eKêt. Voî~i d~nc co~me je rai t:onçue.

Dans

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l: T n A [ SON N lÉ E. J 2 1Daos l'ufage préfem de notre Langue,

on ne doit point mettre de qui après un nomcommun, s'il n'eft déterminé par un article,ou par quelque autre chofè qui ne le ciéter-:mine pas moins que feroit LIn article..

Pour bien entendre ceci» il faut le {ou­venir qu'on peut diflinguer deux chofts dansle Dom commun, la lignification, qui eft fixe( car ,'eH par accident fi elle varie quelque­fois, par équi,"oque ou par métaphore) &Pêrendue de cc:re fîgnitication , qui eft 'ujet­te à varier felon que le nom Ce prend ou pourtou~e l'efp{?ce, ou pour une partie certaineou mcertall1e.

Ce n'eft qu'au regard de cette étendueque nous dirons qu'un nom commun eil in­déterminé, lorfqu'Il n'y a rien qui marques'il doit être pris généralement ou particu­Iléremem, & étant pris p:micuiiéremcnt, fic'eft pour un particulier ccl'tJin ou inü::rrain.Et au contraire nous dirons qu'un nom dl:dàerminé, quand il ya quelque chore qui enmarque la détermination. Ce qui fait VOlr guepar déterminé nous n'entendons p,:'s reflraint,pu.iCque, (elon ce gèle nous venons de dire, unnom commun doit paKer pour dÙfrminl.lorfqu'il ya quelque dlOfe qui marqt+e qu'ildoit être pris dans toute fon é((tndue; com­me d~ilS cette propofition ToItt homml tft

·r r. LrçurOl1llat'ie. 1~

li

\1

Il

1

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'ri2. GRAMMAIRE GiN'ÉRALEC'efifur cela que cette régie eU fondée:

car on peut bien Le ferviràu nom commUll,en ne regardant que fa fignification ; com­me dans l'exemple que j'ai propofé : Il a ététrllué 4:oe& 'Violence; & alors il D'eU pointbefoin que je le détermine: mais fi on en veutdire quelque chore de particulier, ce que l'onfait en y ajoCltant un qlei, il eft bien raifon­nable que dans les Langues qui ont des ar­ticles pour déterminer l'étendue des nomscommuns ,on s'en [erve alors, afin qu'on con·noitre mieux à quoi fe doit rapporter ce qui,fi c'eU à tout ce que peut lignifier le nomcommun, ou feulement à une partie, certai­ne ou incertaine"

Mais auffi l'on voit par.là que commel'article n'dt néceflàire dans ces rencontres 1

que pour déterminer le nom commun; s'ileft déterminé d'ailleurs, on y pourra ajoû­ter un qui ,de même que s'il y avoit un arti­cle. Et c'etl ce qui fait voir la néceffité d'ex­Frimer cette régIe comme nous avons falt 1

pour la rendre générale ; & ce qui montreauffi que prefque toutes les façons de parlerqui y iemblent contraires, y font conformes,parce que le nom qui cft (ans article eft dé·terminé par quelque autre cbofe. Mais quandje dis ptIT tptelque autre chop, je n'y corn·prens pas le qui que l'on y joint : car fi on

Page 127: Grammaire Port-Royal

ET F..AiSONNÉE. 12'l'y comprenait, on ne pécherait jamais con­tre cette régIe, puifqu'on pourrait toûjoursdire qu'9D n'emploie un qlli après un nomuns artiète, que dans une f~on de pader dé­terminée, parce qu'elle auroit été détermi­née par le qui même.

A infi , pour rendre raifon de prefque toutcc qu'on peur opporer à cette régie, il nefaut que confîdérer les d,verles manieresdont un nom fans article peut être déterminé.

1. Il eH CertalO que les noms propres nefignifiam qu'une cboiè linguliére, fom déter­minés d'eux-mêmes, & c'cft pourquoi je n'aiparlé dans la régie que des noms communs,étant indubitable que c'eH fon bien parlerque de dire; Il imite Virgile, qui ejlle premierdei PoéUl. Toute ma confiance eft en JESUS­CS:UST , 'lui m'il Tacheté.

3. Les vocatifs foat awn déterminés parla nature même du vocatif; de fone qU'oDn'a garde d'y defirer un article pour y join­dre un qui, puifque c'eft la fuppreffion del'article qui les rend vocatifs, & qui les diÇ.tingue des nominatifs, Ce n'ell donc pointcontre la régie de dire: Ciel, qui connoij[u..mu 1ff4Itx. Soleil, 'lui vtrye~ toutes chofts.

3. Ce, tpUl'1ut > plufieurJ, les noms denombre, comme deux, troi! ) &c. tout, nul,aucun, &c. déterminent aufli-bien que les

L ij

Page 128: Grammaire Port-Royal

114 GR A M MAI REG É NÉ R ALE

articles. Cela en trop clair pour s'y arrêter.4, Dans ies propofitions négatIves, les

termes fur lefquels tombe ia négaioD, fomdéterminés à être pris généralement par lanégation même, dont le propre cH de toutôter. C'efi: la raifon pourquoi on dit affirma­tivement avec l'arridc: li a de l'argent 1 ducœur, de la charité, de l'ambition; & néga­tivement fans article: il n'a poim d'argent,de cœur, de charité, d'ambition. Et c'eil: cequi montre auffi que ces façons de parler nefont pas contraires à la régie: !ln)' a poil:tef;njtiflice qu'il nc commette. Il rlya hommequi [ache cela. Ni même celie-ci : Ej}-ijville dans le Royaume qui Joit pitti oi.fijfali­te? parce que l'affirmation avec un imerro­gant fè réduit dans le Cens à une négation:li n'y a point de ville qui joït plus ob/iJfanu.

5, C'eft une régie de Logique très-véri­table, que dans les propofitions affirmativeste fùjet attire à foi l'attribut, c'dl-à-dire ,le détermine. D'où vient que ces raii~nl1e­

mens font fê.ux : L'homme cft animal) le jin­ge eft animal. dunc' le finge eft homme;pàrce que l'animal étant attribut dans l~s

deux premieres propofitions, les deux di-. vers !ujets fè déterminent à deux diverfes 1

{ortesd'animal. GeU pourquoi cc n'dl pointiioptre la régie de dHe : Je [ui! h~mmç q;.ti

Page 129: Grammaire Port-Royal

r T R A J SoN N ~. E. t 2 5J.trleF/UiC/HI'Wlt, p,Hce que homme eil dé­rerminé par if : cc qui eH ii nai, que Je ver­be q~ü fuit le qui, eH mieux à la premiereperlèmnc qu'à la troj[iéme. ief:iJ homme quiai bien Vil des chofer , plûtôt que, qui a [,ien

,., d 1 J''i.'U eJ n)GJu.

6. Les ma:s. (1ru, c/1'{cc , 10H',~, & fem­blablcs, Mterr~inem ~tUX q~i les fui vent ,qui pour certe rairon ne doi\ cnt point avoird'article. Une forte de fr:lit, & non pas d'Urlfruit. Cefi F0urquoi c'dl blen dit: U;:e jôr­te de fruit 111i lJI miir UI hIer. Une rjpece

1 /,. . 2 dtU vOIJ CjU! elr fort ur.

7. La pani'c~le en, dans Je fens de l'ut La­tin, 't'i'l.'tt ut Re.....-, il 't'it en Roi, enferme enfoi-même l'article, valant ;Jutant que commeun Roi, m la maniere d'urt Roi. C'dl: pour­quoi ce n'dl: point contre la régie de dire:Il agit en Roi qui j:ât régner. Il parle eJl

homme qui (ait f~âre (es "-({,.lires; c'ctl-à-dirc,çomme ~n Roi , ~u c(J:nm/;m homme, &c.

8. De, feul avec un pJurier, eH fouventpour deJ, qui dl: le plurier de l'article un,

1 1 J h .comme nous élI,'ons montre Clans e c apJrrede l'article. Er ainfi ces façons de parler fonttrès-bonnes, & ne fom point contraires à hrégie: Il eft accablé de mau.t' qui ltâ ront per­dre patif71ce. Il eff chargé de dettt:J qui 't'onta:f-ddi deJon t;ien.

Li:j

Page 130: Grammaire Port-Royal

i~6 GnAMZ'4AtRE Gt~t:aALF.

9. Ces faço[,s de parler, bonnes ou mau·vaifes, Cell grac qui fO"mbe, CI font gmJ La­hi t.f qui m'ont dit cel.ét, ne fom point con­traires il la régie, parce que Je qui nc fè rap­pone point au Dom oui dl fàns article, maisà a q~\ ('11 de !cut 'genre & de tout nom­bre. Car le nom fans anide grêh ,gmJ h.z­1-iler, eH ce que j'affirme, & par confequec.tl'aTtribut, ('>;. lt qui fait panie du fuiet demj'affirme. Car j'affi-me de ce qui tcmle quec'eft dt' 1.1 <.erfle; de ecu....: qui m'olt d.:{ ai'l,que ce fom deI c~em habiles: & <JinG le q:ll

ne f(> fi"ponant point au nom far:s arr.;cle), ~ • • J l

cela ne regarde PUlilt cette fcge.S Il va d'aUTres façons de parler qui y fem Q

blem contraires, & dom on ne puifie pas ren­dre rairon par toutes ces oblervations, ce nepourront étre, comme je le crois, que des re1:tes du vIeux Hile, où on obmettvlt prefqueroûiours les articles. Or ,'eil uni: maxin,equ~ ceux qui travaillent fur une Langue Vi­

vante doivem toûjours avoir devant lesyeux, que les fJçons (1e parler qui iom 2\1'

rorifées par un ufage général & non cunteHc ,doivent p<tJ1cr pour bonnes, encore qu'eh:k)ient contraires aux régies & à l'analoR'"èe la Langue; mais qu'on ne doit pas les ~.

Uguer pour faire douter des régIes & trot>bler l'analogie, ni pour aurorifer par con:.

Page 131: Grammaire Port-Royal

ET RAISONNÉ. I~'"

quet.1œ d'autres façons de parler que i'ufàgen'auroit pas autorifées. Autrement ~ qui nes'arrêtera qu'aux bizarreries de l'ufage.., faQSobferver Cette maxime, fera qu'une Langueoemeurera toûjours incertaine, & que n'ayat!taucuns principes J elle ne pourra jamais f.è

fixer. R 6 M.If R fJ."s: J'.

Vaugelas ayant fai~ l'obCervation dont il s'agit

ici li en auroit trouvé la nüfon, s~ l'ut cherchée:MM. de P. R. en voulant la done:, p.'y om pas misa.fts àe précifion : le défaut vient de ce que le moede tlhmrJÎlm' n'ed pas défini. Ils ont bien fenaqa'i1 ne voulon pas dire njlraindre, puifque l"ani­de s'emploie égal.ementrvec un nom cornun, pris

---..uiftr5èJemem ~ ou particuliè~ment,ou iingu!iè.-•i'Wlem. Cependant ils fe .fervent _moc flémJdue_

!1Ü fupole celui de rej1r_tb~.

Déterminer, en parlant de i'article à l'égard d'un .lftom apellatif, général ou cornun, veut dirê·faire

prendre Ge nom fubiamivemeDt SC: individuè1ement.

Or l'u&ge ayant mis l'article à tous les fubfiantifs

individual.ilès, pout qu'un fnblbntif foit pris adjec.tivemem dans une proPOfitioD, il n"y a qu'a fupri-:sacr l'article, Lans rien mètre qui en tiène lieu.

E r Vhomc dl tllJima/.xempol L"home dl ,"ifoublt.

L ilii

Page 132: Grammaire Port-Royal

118 GR AM: MAI ft E G É Nt R A L Ji

A1Jim4l, n"ayant point l'alÙcle , eft pris aufti ai­jtltiventent dans la première propofitioD , que rm­flnllb/e dant la feconde.

:Pàt la même raifon, un acfjetlif eft pris fuhfian­tivement, ft l'cn y met l'article. Par exemple: Le

,lIiwrt éli fa cab<anell.;<aa«<luvre, au moyen de l'atti-cle, eft pris fubftan.em dans ce vers. <

Le relatif doit toujours rapeler l'idée d'une per­{one, ou d'une choCe, d'un individu, & non pasridée d'un mode, d'un atribut. qui n'a point d'exü­tence propre. Or tous les fubftantifs réels OU m~ta­

fifiques doivent avoir, pour être pris fubilanùve­ment, un article ou quelqu'autre prépolitif, CQ$lletout, chaque, quelque, ce, mon, ton, [on , nn , tÙU:t6

trois, Ble. qui ne fe joignent qu'a des fubfiantifs.Le relaùf ne peut donc jamais fe mètre qu'après UD

nom ayant un article, ou quelqu'autre prépofitif. <

Voila tout le (eeret de la règle de Vaugelas.

CHA PIT REX 1.

Des Prlpofitions.

N< < < 0 U s avons dit ci-de{fus , chap. 6. q~cl les Cas & les Prépotitions avaient 'étéinventés pour le mêmè urage , qui eft de mar­quer les r:appçrt'S que'les cbôres ont les unesaux autres~ !

Page 133: Grammaire Port-Royal

ET BAI SON N tE. u?:Ce font prefque les mêmes rapports dans

toutes les Langues, qui font marqués par lesPrépofitions: c'efi pourquoi je me conten­tecai de capponer ici les principaux de ceuxqui fom marqués par les Prépofitions de la;Langue Françoi1è , fans m'obliger à en faireun dénombrtlnent.exaét , comme il feroit né­ceflàire pour une Grammaire particuliére.

Je ccois donc qu'on peue réduire les prin~

cipaux de~es rapports à ceux

De lieu,de iima­rien.d'ordre.

ddnsenà

horsfllr ou fUi

fousdevantapreschez

Il efJ d_t P"rir.JI e{t en Ilttlie.Il efl .t R.me.Cette m4iftn eft h.u de lA vilh•.Il 11 fllr 14 mer.n., te 'f..i eft foNt le Ciel.Vn tel mArrh.it devAnt/e Il.i.Un tel mArch.iI Aprit le R.i.J/ eft (he, le /l,Ji.

pour

f avantDu tenu. l pendant

depuis

At.'"n' 1" ~I'e.Pe;;odttnt I,,-gllerre.Dep"ù 1" g_t:rre.

~«1 Il VA ea ItAlie.à à Il.,,.e.

~.oÙ l'on tend \ crs L'4im4nt fe ta,.,."e 'lJns le

'..... N"d.LlTI envers .r." .:mo..r er,vers Die".

termeqal' l'on quitte de Il pdrt Je Pnir.

~ erlkicnte par MAiJo~ b.ÎJie 1'41' "'If Debit""

~~1= <! matéridle de de pierre V de {".;'1"(f...e 1

t. &'lAle

Page 134: Grammaire Port-Royal

11 Ya quelques remarques à faiTe fur tesPrépofitions, tant pour toutes les Langues,~ue pour la FrançOlfe en parrlculier.

La 1. en qu'OB n'a fuivi erl' aitcune Lan­gue ,fur le fujet des PrépofitioDs, ce que laraifOn auroit defiré:l qui eft qu'un rapport nefût marqué-que par une prépofitioa, & qu'unemême prépufitioD ne- marquit qn' loKl fcul rap­pon. 'Car il ,arrive au cORtFaa-e daAs toutesles Langues, ce que nous avons va dans cesexemples pris·de la Françoife, qu'un mêmerapporteR fignifié par plafieurs prépofitions,comme d.tmS, ln, il ; & qu'une même prépo­{uil;)p, comme ln ,Il,marquedivers rapports.C'eft ce qui cawe fouvent des obfcurités dans.la Langue Hébraïque, & daM le Grec derEcriture ,qui etl plein d'Hébraïfme, parceque les Hébreux ayant peu de Prépofirions ,Ü$ les- emploient à de fon dHfél'ens ufages.Aïnli 11 PrépofitioD:3, ~ui eft a.Rpelée af­he" paree qu'elle ce joUtt avec les mots,

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E T BAI SON N É .1. 11'.fe prenant en plufieurs fens , les Écrivaills danouveau T eilament, qui l'oot readue-par ü •.iJol. rreDnem aulU cCt ir ou in, en des _fort •différens ; comme Où voit paniculih~ment dans S. Paul, où cet in fe prend quel­quefois pour par. N(mo potefl dùere ~ Drmti­lIUJ JejUJ, nifi in Spin/u !an[Jo; queJqpefoiapour fi"m. Cui vuIt, nubat tantum ;", DmJi.fW; quelquefois pour avec. Omnia ",jlra ;.&haritau fiant; & encore en d'autreS JDIoo!'.niéres.

Le ~. remarque dl que de & IZ ne fo~J>4s feulement des marques' du génitif & dadatif, m"1S auffi des prépofirions qui ferventencore à d'autres rapports. Car quand 6D dit:,Il dl Jorti DE la ville, ou, Il ejJ allé AfAn.ziJôn du ch.lmpf; de ne marque ,as ua,.génitif, mais la prépofition ah ou IX; 'l'4;JUi ell IX UTin: & a ne marqu~ pas \iD datif.mai~ la prépofition in; abiit Î!l.iilJa'IIJfuâ

La 3. eit qu'il faut bien dm:inguet ceacinq prépofitions, aJ:lTJJ, hoT!, [lU, jius ,.avam, de ces cinq mots qui ont Ja mime,fignjfication , mais qui ne fOBt point pré~fitions, au moins pour l'ord.inaire;.tL:JaN~

dehe1'J, dtffitl , deffiJu , auP""Il'JIil1lk.Le dernier de ces mots dl un. adverbe..

iè met ab(oIumegt, & Don devant les DOms.Car l'on dit bien: IL éûit 1Jm# iUlpàratJ4fII i.

Page 136: Grammaire Port-Royal

1i'3" G R A M MAI REG É N É R ALE

mais il ne faut pas dire: Il éloit vtnlt aupa'"N'Va"t dîner, mais tl'VtZ11t dîner) ou avant'1''' ae dinrr. Et pour les quarre autres, de­dans. dehors. dejJUJ , aejJolu, je crois que cer_-• .,t.-PQ. ...__~ "'r"·W"~D ,1 (~ un;.,. ~n rp r1t1'onlOIn __.... ~III'), ,",VIU""",, .1& ."" .. " .. " .., • .1 "'''''''__ &.Y joint prefque to~jours l'ar~icle; 1e ~eaa'!.: 'le dehors, au dedam, au dehoTf; & qU'Ilsrégitfent le nom qui les fuit au génitif, quieŒ le régime des noms fubftamifs; au ae­tians Je la maifon, aU dejJus du toit.Il ya néanmoins ur:e exception, que Mon­

fieur de Vaugelas a judicieufement remar­quée, qui dl: que ces mots redeviennent pré­poliâons , qpand on met enfemble les deuxoppofés, & qu'on ne joint le nom qu'au der­Bier, comme: La pefte eft aedam & aehflrJ la'Ville. Il.1'' des animaux JeJ}u! & Jeffiu! laterre.

La 4, remarque en de ces quatre parti­cules, en", , aont) oi, .qui lignifient ae ou adans toute leur étendue; de plus, lui ou qui.Gaf en lignifie de lui;,'J à lui; dont, de qui,& ,,;, , àqui. Et le principal ufage de ces par­ticules en pour obferver les deux régiesdont fiOUS avons parlé dans le ch~p. des Pro­noms, qui efl que lui & qlti au génitif, datif,abtatif, ne fe dirent ordinairement que desperfonnes: & ainli quand on parle d'autresdJofes, on fe fen d'en au lieu du génitif d,

Page 137: Grammaire Port-Royal

E T RAI SON N HE, 13 Jlui. ou dû prunom ,Jon; d', au lieu du da­tif .i lui; de dont au lieu du génitif de qui J

ou CÙUjllei, qui le peut dire, mais dl d'or­d:naire aflez Janguilfam; & d'où au lieu dudatif .i qui, ou dttqUe/, Voyez le chap. desPronoms.

REM .A ~ Q Cl E ,f.

r..; on feulement une méme pr~poficion mal'que

2~5 tapons diférens, ce qui efi déja un défaut dans

cne langue; m:lls èle en marque d'opofés , ce quiefi un vice, Dans ce dernier cas. la prépoliùon ne(uhr plus pour dél.:rminer les rapons , èle ne (ert

alors qu'a u~ir les dt"JS termes; & le rapon enue

eU$ dl !11~ rqué par J'intelligence, par le feus totalde b fr;J(e,

p'ar exemple, dan; ces deus frares) dont le (ens

eft opoCé , Louù a donni a CharIf, Louis Il été a

Ch..r!c, la pn'.policion a lie les deus termes de la

propofition ; mais le vrai rapon n'efi pas mar'iqé

par a) il ne Idt que par le Cens tOtal.A l'égarJ des rapons qui (ont diférens fans être

OPOîei, comoien la prépJli:ion df n'en a-t·He pas!

1°. Ete lêrr a f-.fmer des qU:Jlificaufs adjedifs;Wle élOfe J'(Car:';;·f. ;:0, Dr cft parricuÎe extraéti­

ye; du pain , pau aJjqllû paniJ. )". De marque

raport d'apanenance; Je livre dt Charle. +0. De

j'emploie pour ptn.:lanr ou durant ~ ek jourJ" Jl1IÏl,

Page 138: Grammaire Port-Royal

:.14 G B A M M A.i R li G~. t". É R ALE

-'''. Pour ,.dsan, ~ fur; parlons de cète afaire.b". POUf" caufe ; je fuis charmé de fa fortune •.,0. ~. (en a former des adverbes; de deffein pr~-

.~InCtDllC.

'lld inUtile de s'étendre d.lV:mt:lge fur l'u(age.les prq.otitions, dont le lelteur peut Jiament falPeJ'apücuion.

•CHA PIT R E XII..

Des Adverbes.

L· E. detir que les hummes ont d'abréger. . le difcours, eft ce qui a donné lieu auxAdverbes; car la plûpart de ces particulesoc foot "{ue pour fignifier en un lèul mot,ce qu'oo ne pourroit marquer que par uneffépofitiou & uo nom: comme japitJlttr,~emem, pour cua fapuntia , avec fagetfe ;,,_ fOU:l'in hoc 4iü , aujourd'hui.

Et c'cft pourquoi dans ies Langues vulgai­res, la pl&pan de ces adverbes s'expliquentd'ordinaire l'lus élégamment par le nom avec1a prépQ.fitioo : ainfi on dira plûtôt avecfa.gel'» awc pt"'IUknce f 4't.'ec orgueil. tZ'Vec mtI­

4/rMUm.queJagnnmt ,prudemment. orgwil­"uf"'""'» 1IIOIUrément , quoiqu'en Latin auconuaire il tOit d'ordinaire p!us élégant defe fenrir des Adverbet.

Page 139: Grammaire Port-Royal

ET B.AISONNÈE. IlsDe-là \, ient auffi qu'on prend fùuventpour

adverbes ce qui eft un nom; comme inftiJren Latin, COfIlIDe prim:'tm ,ou primo ,partim,&c. Voyez, N GUV. l\Iéth. Latine; & enFrançois, dtBUJ, dejJOlu, ded.mi, qui fontde vrais noms, comme nOQS l'avons fait voirau Chap. précédent.

Mais parce que ces particules fe joignentcl'ordinaire au Verbe pour en modifier & dé­terminer l'aéhon, comme generore pugnavit,ï L'11 , il .li a comoân:u vaUlammem, C Ca ce qUI afair qu'on les a appelées ADVERBES.

REM Â Il Cl U E $.

On ne doit pas dire la plMfpart h ces particulu:les adverbes ne ICont point des particules, quoiqu'ily ait des panicules qui font des adverbes; &: laplufp.r: ne dit pas afles. Tout met qui peut être rendu

pat une prépoficion & un nom, eft un adverbe t "

tout <idverbe peut s'y rarder. ConJIamem 3 avec\:ollftanc.e. On 1 va , on .,a dans ce lieu-la.

o

Page 140: Grammaire Port-Royal

116 GRAM.MAIRE GÉNÉRALE

CHA PIT REX 111.

Des Verbes t & de ce oui leur eO Pranre• l ,.1 1. r

&ejJentie/.

1 Us QUE S ici nous avons expliqué lesJ mots qui fignifient les objets des pcnfées:il rcHe de parler de ceux qui lignifient ]amaniére des penfées. qui fom , lesVerbes, lesConjonttions, & les Imerjeétions.

La connoiffance de la nature du Verbe dé­pend de ce que nous avons dit au commen­cement de ce direours ; que le jugement quenous fairons des cbofes (comme qu~nd je.àis, la terre cft ronde) enferme nécelrairc-ment deux teri11es •l~un appelé fujet, qui eil:ce dont on affirme, comme) terre; & l'autreappelé attribut) qui etl ce qu'on affirme,camme ronde; & de plus, la liaifon entre cesdeux term€S, qui eil proprement l'aébon denotre efprit qui affirme l'attribut du fujet.

Ainfi les hommes n'ont pas eu moins dehefoin d'inventer des motS qui rnarqua{fentl'affirmation, qui eft la pri!!cipale lP-aniére denotre penfée, que d'eo inventer qui marquaf­fent les objets de notre penfée.~t ,'eft ~ropre[J1ent ce que ,'eftque le

. Verbe.

Page 141: Grammaire Port-Royal

'E T RAï S û NN É E. 1 37Yerbe , un mot dont ü principal uJage efi defignifrr fa.lfirm.:uion, c'efl à·dlre, de mar­quer que le ddcours où ce mot eft employé,eH le dilCours d'uD homme quine conçoit pasfeulement les (hores, mais qui en juge & qüiles affirme. En quoi le Verbe cft ddlînguéde quelques noms qui fignifient auffi l'affir­mation, comme affirmanJ, a/firmatio; parcequ'ils ne la fignificm qu'eorant que par uneréflexion d'erprit elle dl devenue l'objet denot~e penfée, & ainfi ne marquent pas que ee:.lui qui fe fen: de ces mots affirme, mais feu"lemenr qu'il conçoit une affirmation.,'

J'ai dit que le principal utàge du Verbtétoit de fignifier l'affirmation. varee que ncdsferons voir plus bas que l'on s'en fen encort:pour fignifier d'autres mouvemens de notreame , corn IDe deJirer , prier, commander, &V.mais ce n'cft qu'en changeant d'inflexion &de mode ; & ainfi nous ne confidérODs leVerbe dans tout ce Chapitre, que fdon faprincipale figniflcation, qui eftceHe qu'il3,tàl'Indicdrif, nous rétervant de parler des.ad­ues en un autre endroit.

Selon cela, l'on peut dire que le Ve:bede IUl-méme ne devoir 'point avoir d'a'metirage yue de marquer la liaifon que n:>llsfaifons dans notre efprit des deux termes d'unepropofHion ; mais il n'y a 'Iae le verbe Ji."

1\1

Page 142: Grammaire Port-Royal

138 GRAMMAIIU! GlhcBRALEqu'on appellefubfiantif, quifoit demeuré danscette fimplicité , & encore l'on peut dire qu'iln'y eft propremenrderncuré que dans la troi~

fiéme perfonnedu préiem. cft, & en de cer­taines rencontres. Car comme les hommes leportent EatureUemenr àabréger leurs expref-r " • • r ~ . \ l' ffinons, us ont JOint prelque tQü10urs a a r-mation d'autres figni.6cacions dans un mêmemot.

. J. Ils y Ont joint celle de qu(tlque attri­-kt, de forte qu'alors deux,mots font une,ropofition : comme quand je dis, Petr.1tf'll'ivit, Pier~ vit; parce que le mot d.e 1Ji'l/it...ferme kul l'aifinnacion, & de plus l'attrέ_d'être vivant; & ainn c'eilla même che­:II de dire, Pîerr, W~, que de dire It Finir' ell,,;vlll1A De-làd venue la grande divediœ• VCfbes dans chaque Langue; au lieu que'i_ iétoit œmenté de donner au Verbe laigBification r;éD~ de.L'aftinnatioD, fanst jeiodre aucu,attribut particulier, on n'au­Bit eu befœn Ga»s chaque Lugue que d'unfeul Ver»t , qui dl cdui q\llj)ll appelle fab-'.antif.. . .J

. 2,. Ils y ont encore j'lÎnt en de certaines.eŒemtlS le fuj.t'de la propohtiQllt, de fom­It ~alorsticu1mots peuvent {tncore, &;même un.feul~, faire une propofuion m­ce. Deus.-s. comme ~ndie dis :fU/.

Page 143: Grammaire Port-Royal

Il T r, A: r S o,••B" IJ'b-.; parce que fum IlC ftgnifie pas hl..ment faffirmation, mais enferme laJ~JlifiQr.-.

tiono.u pronom ego. qw dl le fujet déceae ­propofuion • & que 1'00 exprime totijou.rs, co.François: JefuiJhtnto.I. UDfèulmot,c;~ ­me quand je dis 'lIWtJ.f_tl : atteS Ven-.enferment dans eux-mêmes l'aJfi.nut1œ kl'attribut. comme nous "YODS déja' dit;- & ­étant à la premiére perfooDC. ils aafamac,-­encore le filjet: Je juiJ fIÏWlI#, ;. fuis ""II,.De-là dl wenae la dUféreaœ des penom.;'lw el ordinairement daœ tQIIS les. Verba.

3· Ils J ont encore joint UJl· rappon aatemps, ;,tur~ CÙM}uel oaaftinne; de forte:,u'un feu! mot, comme 1:a1z:;,fti, LieoiDe.­JaSinJle de ctiui ~ qui-~ park.f"attioo. du.bJper, ,oon pour le ŒIJlP.pHiBt.-mais~le pdfé. Et de-là eft\le.wat Ja. diveriitAf da.UUllpS, <pd! eoWie,~ fwdiaaire,.~mune à mus les Verbes. '

La diverfité Ge ces figDifiotiœs joi..,.aummême~ ,dl cequia empkb,....~.4e per(gnn6, d'a~Jeuo in habiles,tic: bien connoître la nature du Verbe, parot:.,.;* Be rem. pas. wofu1éré fdon CCl qw. lui:eietfenriél, qJ1idll~~, mais !dolaas rappons qwmi foRt Kcidawds. cmu...-Verbe. .~4\ti6t..,,~...~latvoi~

, A1ii

Page 144: Grammaire Port-Royal

d'.o (}RA'At,ltA,lrE GÊNÉR~LE

des' fit!nifioatibns- ajofitées à ceUe qui ea èf·fentiet1e~uVerbe ,l'a défini,fJoxjignijicd1tteit/n tnnpore, un mot qui lignifie avec temps.

'D'autres, commcf'Buxtorf, yayantajoû­té-ht'feeonde t l'on't'défini. 'Vox flexilir cum .t~-&1'r,;.(rina,' t\nm~ qui a diverfes_iti-fl~lomavectemps-&' per.onne. '

=i>\tuites ,tétint arrêtés à la premiére decëf~1ignlfiotibns'ajoûté~s,qui ,eft celte del'jtttibut, &: âyânf'con6idéré que les attri..buts que,-Ies hommes ont joints à l'affi~­

tidti~âti~ uli 'même--mot , font d'ordinaire des·, -.aétions &: despaffions, ont (ru què- l'effen­cè"-du verhe taiififtoit àpgnifler des afflont'tJfi4lt1 raffionri', '"' .; ,

~Eten6n ~Ju1~Qéf.lr- Stali~r a cru trod'" \vètKun "~na'~êre, &los {on' Livre dér'prmcipesde~ l:.angue Latine, en difant què'ia"'-tliftintl:iorr~'ckofês. în.'pèrmanmteJ';";fiùentes, en ce qui .demeure & ce qui patf~,'Â

éfôif"l.a~e'origitiê· de ladiflinélion enfteI~Norii$at~'Ve'rbèS ; les-noms étanrpoor'"ii!!~er!~~ ~~ure", & lesverbesœ,~~~e'. .;.:1." !J" - ',< '" .' , :i ,~iI 1

9\\aniF'efl'tiifélttè~:voir Que toMés'ces défi:.lJ inftrons font fanffèS-i '&. n'ixpliquentpoiot fa"vniemturè·i\\r\Tet'be. ' _'d

La Jl1"niére dOlllt fontconçOes;Jes 'deew~i.Jdft.ttèit t pütR}.'il '~'eft

'!..... ~

Page 145: Grammaire Port-Royal

Il: T BAI SON NÉE. 14rpoint dit ce que le verbe figni6e , mais feu­lement ce avec quoi il lignifie, cum lt7TJfore,cum perlana.

Lës deux derniéres foDt encore plus mau­vaifes; car elles Ont les deux plus grands vi-­ces d'une définition, qui eft de ne convenirni à tout le défini, ni au feul défini; mque.om'lii , neqlle Joli.

Car il y a des verbes qui ne fignifient-Di.'des aébons , ni des paffions, ni ce qui patTe;comme exiftit , quieJrit, friget. olget. tepet.'calet, albet, 'L'iret, dartt, &c. de quoi nouparlerons encore en un autre endroit. l

Et il Ya des mOts, qui ne font poiDtver.-"bes, qui fignifiem des aélions & des paffi&ns *& rnêm~ des (bofes qui pafi"ent, Jelon la;(W..;finition de Scaliger. Car il cft certain que.!"'P "'rti"rl'pes 10'nt de ,,-~:"' --mn $l. ~ •• ~ ..k ..~...... l ,,1 CUl:> UUIl l:> • UI. '-tU,!; 1,"i"U~

moins ceux des verbes aéhfs ne fignifientpH­moins des ac1ions. & ceux des paffifsdes,~fions, que les verbes mêmes dont ils "Ïè&}l.ôDent; & il n'y a aucune raifon deprétendMque fluenJ ne ft?;oifie pas une chofe ~tti pa!e,auffi-bien que filât. . ,w';'li

A quoi on peut ajoûter, contre les de~pemiéres définirions du verbe, que les p~riopes 6gnitlent auffi avec temps, puikl'liiyma du piéfent, du patfé.& dy futur, fur-:~enGtec.. Et€eax qui.coienç,.aGD._~

Page 146: Grammaire Port-Royal

~. GAAltlllA.ilUi &:taÉBALEfOa J qu'ùo vocatif ea une vraie feconde per­(oODe t .fur-tou.t quand il a une terminaifOlldifférente du nominatif, trouveront qu'il n'yam'oit dece côté-là qU>'une différence du plusou du moins eaue le Participe & le Verbe.

Et ainfi· la rah eifpntieUe pourquoi unParticipe n'eft point. un verbe, ('eft qu'il ne­lignifie point l'ajfirmation ; cl'ail. vient qu'ii nepc:UIfàire une propolitioD.) ce qui eft le pro­pre du verH, qu'eo ya;o6Îtant un v.erbe,c'eA-à-dire, eD y 1'elDettaDt cequ'oluA,a ôté"• ~eaat le verbe en participe. Car Jo

I"?urquol ei-ceq.I&ePetrUi vivit, lierre 'Vit.ci .. propofitioll, & que Petf.'lu '!Iivenl,l'~, 'lJft'411t t n'ea cll pas une, fi. .0US n'yajot_ qI ~P'tr:1U tJ tIÎW#S, pJerr..t ,ft·vi­tI'"1 fi... paRe ClJ.le' l'aSirmatioo. Cl'Ù ci....mk dans "i'Uit eD a ch€. ôt4ft P'lUl' en,.,Ie parti~ipe 'l1ÏtJ'1lJ'? D'où ilpar\)ù que'''''ioD: qui> fe: trouve ou qui nefe trou·wfiI' èans· un 1Dot, dl ce qui. fait qu'il.efii...09 'Ii»a'dpal verbe., ' ,..~. OB peut eacOte remarquer .n,,.«an~ue l'1nûni~,qui. e(l très -_venv..,. ,~r.o.dirons,comme ~lion.,."IJtJÜ'«,I: ~g~',~.at\i}f$diiiNlltde!J~, .en " que: la Participa.ftum diS

-.aajetij&. at=,oicit ti. \&D...••"".,....... .._'._cet~c.-

Page 147: Grammaire Port-Royal

• T a AIS 0 N If j E. "''J.tif; de meme que de cmti.ùhu fe &Ît ~tlIfI=a

dOT t & de bi.me vient blancheur. Aiofi,...Ive t verbe, lignifie cil rouge, enfermant en­femb1c l'affirmarion & l'attribut; rubellJ, par­ticipe, ti.gnifiefimplemem route, iàns aBirma­tkJn;' & rul'cre) pris pour ua nom. lignifieTi'JugeliT.

JI doit donc demeurer pour confiant qu'à~e ~\)nfidérer f1mpl~ment q':le c~ q~ cft ef..fennelau verbe,. il! teule vraie dèfinJtlOll eft a

't'O.to/ignifiçam a.Ui,.maJi"lInt1, UN nt« ,ltÏ ft­J.ltÏ:;ie r.~tJirmolliQ1J. Car on ne fauroittroUveIde mot qui marque l'affirmation, qui ne b~yerbe, ni de verbe qui-ne ferve ci la marquer.aD mo~ns dans l'Indicarif, Et il eil indubit;a.ble que fi on avoir inventé un mot, commeks.-oit cft t qui marquât toûjours ItaftirmaÙOD..iüS avoir aucune ditrereece ni de pedàone.­.i de temps 1 de f~nt: que la diYe~fjté dupertonnes le marquât tculement par les DiOIIIt&. les pronoms. & la diYedité des œmps.pliles adverbes> il ne ladleroir pa!'; ci'êtl'C uanai"e~.. Comme en effet dansles~~ les Phüofop~es ap~ll~ dt e ""lité , com.me: LN" efi i"p;; ,.. "'P~.#i"J~; i« tOIIl e:fI phu pll1ltJ If'"/4p~.. ; le fOOt eft ne lignifie que faJfirmàâtaiimp1e s 1âns ilUCUii rapport au. templl, pane9W œJa dl vmi feJœ ums la taDp&. tt

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14+' G R A l\ÙW AIR E G É N É RA L Efans que notre efprir s'arrête à aucune di,oer­fité de perfonne.. Ainfi le verbe, felon ce qui lui eft effen­tiel, eft un mot qui lignifie l'affirmationM2Ï! li l'on veut joindre dans la définitÏonGu verbe fes principaux aceidens •on le pour­ra définir ainfi : Vox fignificallI aJfirmatio­"em cum defignatione ptrJon", Humer; & tem­pori! : Un mot qui Jigl/pe l'affirmation aw"JlfigntZtion de la ptrJonne, du nombre & J!!

'Imlf1J: ce oui convient proprement au ver-~'" .1

be fubfhntif.Car pour les autres, entant qu'ils en dif­

~érent par l'union que les hommes ont faite del'affirmation avec de certains attributs, on~s peut définir en cette forte... : Vox {igniJi­cans- àffirmtZti..nn aliCHjIt! ~tribllti. cumtl.efig"uJttione perlon", numer; , & tcmporÎl .­Un mot qui marque l'affirmation dt quelque~trtibllt, #l'fleC déjignalion de la ptrJomu,Jlul"tn'llbre f!J' du tl'Jnf!."dEtl'co peUt remarquer en patTant, quer.tmQfio~ J'entant que conçûe, pouvant êtren6i :1'at:tr~l:Sut du Verbe , comme dans le~crbe lIffirme , ce verbe fignifie deux atlirma­tiolls-.,dont l'une r~arde la perfonne quiflrle~. & l'autre la perfonne de qui on par­ie. folt que ce foit de foi-même, km que.. toit d'aDe autre. wq&iëJBd.je dia, Pt-

tr:tJ

Page 149: Grammaire Port-Royal

!: T Il Jo. 1 S 0 Il Ni.. '4'fTUJ affirmaI, affirmaI eft la même chore que41 afJirman1 ; & alors 1ft marque mon affir­mation , ou le jugement que je fais touchantPierre ,& affinnan1 , l'affinnation que je con­çois J & ~ue j'attribue àPierre.

Le verbe rllgo au contraire congent uneaffirmation & une négation, par la même rai~

fon.Car il faut encore lemarquer que quoi­

que toUS nos jugemens ne foient pas affirma­tifs, mais qu'il y en ait de négatifs, les ver.bes néanmoins ne flgnifiert jàmaisd'eux-mê.mes que les affirmations, les négations ne femarquant que par des particules, non, ne, oupar des noms qui les enferment, nullzu , nem~,DuI, perfonne ; qui étant joints aux Verbes,en changent l'affirmation en négation. Nulhom1'lZt: n'cft immortel. Nullum COrpU1 efl in­dit:ijibi/ç.

Mais après avoir expliqué l'eiTence daverbe, & en avoir marqué en peu de motsles principaux accidens , il eil néceifaire deconfidérer ces mêmes accidens un peu plusen partinùier J & de commencer par ceuxqui font communs àtouS les verbes, qui font,la diverfité des perfonnes. du nombre. & destemps.,

N

Page 150: Grammaire Port-Royal

CHA PIT R E XIV.

. De la diverfité des Perfonnes'& des"Nombres dans les J/erbes.

N o u savons déja die que la diverlitédes perfonnes & des nombres dans

le sverbes , efi v€nue de ce que les hommes,pourabréger, Ol')t voulu joindre dans un mê­me mût, à l'affirmation qui eft propre auverbe, le fujet de la propofition, au moinsen de certaines rencontres. Car quand unhomme pade de foi...même, le fu;et de lapropo6tion eft le pronom de la premiereperfonne, ego ,moi.je ; & quand il parle decelui auquel il adreffe la parole, le fujet dela propofition eft le pronom de la fecondeperfonne, tu, toi, 'IJ()IU.

Or, po~ difpenferde mettre totJjoursces pronoms, on acru qu'il fuffiroit de don­ner au mot qui lignifie l'aftirm~tion , une cer­taine terminaifon qui marqutt que c'eft detoi-même qu'on parle; &: c'eft ce qu'on CI

appelé la premiere penonne du verbe, 'lJideo ,je voiJ.

On a fait de même au regard de celui àqui

Page 151: Grammaire Port-Royal

ET Jt A. 1 SON r-; Ê E. 14-7cn 31.1reflc la parole; & c'eft ce qu'on a ap­pelé la fetonde rerfonne , 'l.'idu, fIt 'l'Dil. Etlümmc ces pronoms ont leur plurier, quandon parle de loi-même cn fe joignant à d'au­tres, 110S , nOUJ; ou de celui à qui on parle;en le joignant auffi à d'aptres, 'l'Di, 'l'OUi; ona donné autli deux tcrminaifons différentes auplurier: l/iacmUJ, nous 'L'O'Oni, videlÏi , 'l'QUI \,

vo')'e~.

'Mais parce que le fujet de la propofitionn'ell: Couvent ni foi-même, ni celui à qui onparle; il a fa!!u néceffairement ,pour réfèrvecces deux terminaifons à ces deux fortes deperfonnes, en faire une troifiéme qu'on joi­gnît à tous les autres fujets de la propofi­tian. Et c'dt cc qu'on a appelé troifiémeper[onnc, tant au 1ingulier, qu'au plurier;quoique le mot de perfonne, gui ne convientproprement qu'aux fubfiances raifonnables &. Il' ft . "lote Igemes. ne .Olt propre 'lU aux aeux pre-mieres, pui(que la tfoifiéme cfl pour toutesfones de chufes, & non pas feulement pourles perfonnes.

On voit par-là que naturellement ce qu'onappelle troifiéme perfonne devroit être lethême du verbe, comme il l'aft aufli danstoutes les Langues orientales. Car il ell pluanaturel que le verbe fignifie premierementl'affirmation, fans marquer pardculiérement

N ij

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148 GRAMMAIR:H G'ÉNÉRAr.1taucun filjet. & <ju'enfuice il foit déterminépar une nouv~Ue mflexion à renferm.er pourfujet la premlere ou la retonde perlonne.

Cette diverfitéjde terminaifons pour lesdeux nremieres penonnes , fait voir que lesLang~es anciennes QPt grande raiîon de nejoindre aux verbes que rarement, & pour desconfidéraùons particuliéres , les pronoms dela premiere & de la fetonde perfonoe, fecontentant de dire, video. vides, videmui )cviâetÎi. Car c'eft pour cela même que cesterminaifons ont été originairement inven­tées , pour fe difpenfer de joindre ces pro­noms aux verbes. Et néanmoins les Lan­gues vulgaires, & fur-tout la nôtre, ne lait:fènt pas de les y joindre tPûjours ; je '1)oi.r, tl'voi!, nous vo.)orli, 'VOUi "'·:rye.t.. Ce qui eftpeut-être venu de ce qu'il fe rencontre affezfouvent que quelC\ues~unes de ces perfonnesn'ont pas de termmaifon différente, commetous les verbes en eT, aimer, ont la premie­re & la troifiéme femblables, j'aime, il aime;& d'autres la premiere & la feconde • je lii,u.lis: & en Italien atfez Couvent les troisperfonnes du fingulier fe reffemblent; ou­tre que fouvent quelques-unes de ces per-

- fonnes n'étant pas jointes au pronom de­viennentImpératif, comme 'lI,is , aime, lil ~&c.

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E T RAI SON NÉE. 149Mais outre les deux nombres. fmgulier

~ plurier, qui font dans les verbes commedans les noms, les Grecs y ont ajoûté unDuel, quand on parle de deux choîes , quoi.<ju'ils s'en fervent affez rarement.

Les Langues Orientales ont même cruqu'il étoit bon de diftinguer quand l'affir·mation r~rdoit l'un ou l'autre fne, lemafculin ou le féminin : c'eft pourquoi leplus Couvent elles ont donné à une même pero:tonne du Verbe deux diverfes terminaifonspour fervir aux deux genres; ce qui fen fO\rvent pour éviter les équivoques.

CHA PIT REX V.

U NE autre chofe que bOUS avons ditavoir été jointe à l'affirmation du Ver·

be, eft la fignification du Temps ; car l'affir..mation fe pouvant faire Celon les diverstemps, puiCque 1'00 peut affûrer d>une cho­fe qu'elle eft. ou qu'elle a été, ou qu'ellefera, de-là eft venu q"!'oo a encore donnéd'autres inflexions au Verbe, pour fignifier

d" •ces temps IVers.Il n'y a que trois temps fimples; le Pr{-.

N iij

t

le

1

..1..

1

Page 154: Grammaire Port-Royal

1 SC GR A li 111 A 11\ E G t NF: R ALE

fini, comme amo, j'aime; le PafJé, commeamavi ,j'ai aimé; & le Futur, comme ama­h() , j'aimerai.

Mais parce que dans le patTé on peutmarquer que la chofe ne vient que d'êtref'lite, ou indénniment qu'elle a été faite, de­·là il ell arrivé que dans la piûpart des Lan­gues vulgaires il y a deux fortes de prét~rit ;l'un qui marque la chofe précifémenr faite,& que pour cela on somme défini, commej'ai écrit, j'ai dit) j'ai fait, j'ai dîné; & l'au­tre qui la marque indéterminément faite, &que pour cela on nomme indéfini ou aoriUe,comme j'icri'oif , je fis • j'allai, je dînai, &c.ce qui ne fe dit proprement que d'un tempsqui foit au moins éloigné d'un jour de celuiauquel nous parlons: car on dit bien, parexemple, j'écrivis hier, mais non pas, j'écri­vis ce matin J ni, j'écrivis cette nuit; au lieu

-;(le quoiii faut dire, j'ai écrit"e matin) j'ai-écrit .cttte nuit, &c. Notre Langue dl fi-eitàéle dans la pr,opriété des expreffions,'lu'eUe ;ne foufttc IU(;l.lne exception en ceci,qubique les Efpagnols & les Italiens confon­dent 'luelquefois ces deüx prétérits, les pre­nant l'un pour l'autre.

Le .futur peut auffi recevoir les mêmes dif­férences f car on peut avoir envie de mar­.quer 'une cbofe qui doit arriver bientÔt; ainli

Page 155: Grammaire Port-Royal

E T RAI SON NÉE. 1 S1nous voyons que les Grecs ont leur pauÙJpojJ­jutJlr, fJ.~7· .",,,oP fA-b)fII' , qui marque que lachore Ce va faire ,. ou qu'on la doit prefquet€~nir comme faite, COlllme "u'o'~"/MI' ,je",en't'aS faire, voilà qui eft fait: & 1'00 peut auffimarquer une .:.hofe comme devant arriverfimplement , comme 70'~AI 1 je ferai.; Ilmd."

bo, j'aimerai.t ':oil~ pour ce ~ui eft des Temps, c~fi­

cleres fimplement (lans leur nature de prpnt,de prétérit & de futur.

Mais parce qu'on a voulu auffi D'Jarquerchacun de ces temos , avec rapport à un au­tre, par un feul m~t, de·là efi: venu qu'on aencore inventé d'autres inflexions dans lesverbes, qu'on peut appeler des ttmp! ",mpfl­Ih dan! le fini. & l'on en peUt remarquerauffi trois.

Le premier dl celui qui marque le pafféavec rapport au préfent, & on ra nomméprétérit imparfait. parce qu'il ne marque pasla chore fimplement & proprement commefaite, mais comme prélèhte à r~ard d'une,hore qui eft déja néanmoins pa«êe. AinS,quand je dis, cùm imr.t'T.'it cœnabam, jlJô.pui! iorfqu'il 4/ entrl, l'aé'iion de Couper dt .bien pa1Tée au regard du temps auquel je par­le, mais je la marque comme préfènte au re­gard de la chofe dont jle parle, qui en l'entréed\n tel. N iiij

11

]

l

Page 156: Grammaire Port-Royal

.'St GRAMMAIRE G~NÉRALELe deuxiéme temps compôfé en celui qlolÎ

marque doublement le paffé, & qui àcaurede cela s'appelle pluI- que-parfait, commeçœna'IJerttm ) j'a'IJoÎÎ [OItpl ; par où je maf­ljue mon aélion de fouper non - feulementcomme paifée en foi ,mais auffi comme par:fée à l'égard d'une autre cbofe qui cft auffipatrée ; comme quand je dis, j'avoiF JoupélorfiJu'il eft entré, ce qui marque que monCouper avoit précédé cette entrée, qui cftpourtant auffi paffée.

Le tfoifiéme temps compofé en celui quimarque l'avenÛ' avec rappt>rt au paffé, favoir ,le fultlr parfait, comme cœnavero • j'auraIJoupé; par où je marque mon aéHon de fou­per comme future en foi, & comme paiféeau .regard d'une autre cboCe à venir, qui ladoit Cuivre ; comme; quana j'aurai foupé ilentrera: cela veut dire que mon fouper, quin'dl pas encore venu, fera paffé lorfque fonentrée, qui n'eft pas encore venue, felii pré­fente.

On auroit pu de même ajotlter encore unQuatriéme temps compofé , favoir , celui quiêût marqué l'avemr avec rapport au pré­fent, pour faire. autant de futurs comporés ,sue de prétérits comparés; & peut-être quele deuxiéme futur des Grecs marquoit celadans fon origine 1 d'où vient même qu'il con-

Page 157: Grammaire Port-Royal

E 't 1\. AIS 0 N !Il i E. J S1ferve prcfque toûjours la figurative du pré­fem : néanmoins dans l'ufage on l'a confonduavec le Fcmier , & en Latin même on fe fertpour cela du futur fimpJe : c1lm cœnabo in­trabi! , 'lJOUi entreTez.. quanà je louperai; paroù ie mareue mon fOu....t'·er comme futur en foi,, 1

mais comme préfent à l'égard de votre e~,tree.

Voilà ce qui a donné lieu aux diverfes i~flexions des verbes, pour marquer les diverstemps ; fur quoi il faut remarquer que lesLangues Orientaies n'ont que le paifé & lefutur, fans toutes les autres différences d'im- .parfait, de plus-que-parfait, &c. ce qui fendces Langues fujettes à beaucoup d'ambiguï­tés qui ne fe rencontrent point dans les au,,:ua.

-CHAPITRE XVI.

Des divtrs Modes , ou manitrtS 'des verbes.

N·0 us avons déja dit que les verbesfont de ce genre de mots qui figùi­

fient la maniere & la forme de nos penfées,dont la principale dll'~matioll ~ '" ~~UI

Page 158: Grammaire Port-Royal

IS4 GRAMllIAIJlE GÉNÉRALEavons auffi remarqué que les verbes reçoi­veDt düférpntes infiexions, Celon que l'affir­mation retarde différentes perfonnes & dif­férent r-emps. Mais les hommes ont troun:qu'il étoit bon d'inventer encore d'autres in­flexions t pour expliquer plus diilindement-«qui fe patfait dans leur efprit; car premie­rement ils ont remarqué qu'oune les affirma­·tions fimples , comme, il aime, il aimeit , il Yen avoit de conditionnées & de modifiées,comme, qu."uJ'lil aimât, quand il aimeroit.Et pour mieux dlfiinguer ces affirmations desautres, ils ont double les inflexions des mê­mes temps, faiiànt fervir les unes aux affir­mations fimples, comme, aime, aimoit, &-séfervant les autres pour les affirmations mo-difiées, comme, aimat, aimtroit : quoiquene demeurant pas fermes dans leurs régies,ils fe fervent quélquefois des inflexions fim­pIes .four marquer les affirmanons modi­fiées: Etfivereor, pour (}-fiVlrtar ; & ,'cftde ces d~_rni~res fQttes d'inflexions que lesGrammairiens ont fait leur. Mode' appeléfuhjonéliJ. ....,

De plus, outre l'affirmation, l'aélion de'nOtre' volœté fe peut prendre pour une ma­·niere de DOtre penfee; & les hommes ont(eu befqin de faire entendre ce qu'ils vou­~ ,uai ~bien ''1ue <:e.qu~~ penfuient. Or

Page 159: Grammaire Port-Royal

E T RAI SON N HE. 1 $Snous pouvons vouloir une chofe en plufieursmanieres, dont on en peut confidérer troiscomme les principales.

J. Nous voulons des chofes Qui ne dépen­dent pas de nous , & alors nous ne les vou­lons que par un fimple fouhait; ce qui s'ex­plique en Latin par la particule utittam. &en la nôtre par plût à Di~u. Quelques Lan­gues, comme la Grecque, ont inventé desinflexions parriculieres pour cela; ce qui adonné iieu aux Grammairiens de les appelerle Mode optatif: & il Yen a dans notre Lan­gue, & dans l'Efpagnole & l'Italienne, quis'y' peuven~ rapport~r, puifqu:il y a des te~psqw .font triples. MalS en Latl? les .mêmes lB­fleXions fervent pour le fubJonfilf & pourl'optatif; & c'cft pourquoi on a fait forrbiende rerrancher ce mode des conjugaifons lati­nes. puiCque ce n'dl pas feulement la ma­niere différente de fignifier qui peut être fortmultipliée, mais les di~rentes infiexions quidoivent faire les modes.

:1. Nous voulons encore d'une autre {ortt,lorfque nous nous contentons d'accorder unechofe, quoiqu'abfolument nous ne la voulm:fions pas; comme quand 'lérence dit, F"'"jUTidat, perdat • ['"fat ; qu'il dépenJe • qt/ilperde, qu'il périJle, &c. Les hommes auroientpu inventer une inflexion pour marquer-ce

Page 160: Grammaire Port-Royal

." GRAMMAIRE GÉN'ÉBALEmouvement, auffi-bien qu'ils en ont inventéen Grec pour marquer ie Jîmple defir; maisils ne l'ont pas fait, & ils fe fervent pour ce­la dufubjonélif: & en Fran~ois nous yajoû"tons ,ue. ~'il dépenjè, &c. Quelques Gram­mairie!'.! ont appelé ceci, mod'Ji poten!ialir j

ou modlls nnceJfifJUI.3. La troifiéme forte de vouioir eft quand

ce que nous voulons dépendant d'une per­fonne de qui nous pouvons l'obtenir, nouslui.fignifions la volonté que nous avons qu'ille &ffe. C'efi le mouvement que nous avonsquand nous commandons, ou que nous prions:c'dl PliNr marquer ce mouvement qu'on ainve[ué le mooe qu'on appelle Impératif,qui n'a point de prcmiere perfonne, (ur-toutau fingulier, parce qU'OD ne Ce commandepoint proprement à foi-même; ni de troifié­me en plufieurs Langues, parce qu'on necommande proprement qu'à ceux à qui ona'adl'dfe & à qui on parle. Et parce que le~mmandement ou la priére qui s'y rappor­te j Ce fait toCijours au regard de l'avenir ,il arrive de-Ià que l'impé1"citif & le futur feprennent (ouvcnt l'un pour l'autre, (ur-touten Hébreu;, c"me, non occidn, 'VDUS netuere%.. point, pour ne tue%.. point. D'où vientque quelques Grammairiens ont mis l'impé--nill'au nOPl~te ~es futurs.

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1: T 1\ AIS 0 N N Ji If. 1 STDe tous ces modes dont nous venons de

parler, les Langues Orientales n'ont que ccdernier, qui eil l'impératif : & au contraire,les Langues vulgaires n'ont point d'inflexionparticuliere pour l'impératif; mais ce quenous faifons en François pour le marquer, cade prendre ta feconde perfonne du plurier ,& même la premiere fans pronoms qui leIprécedem. Ainfi, 'Vous aimet:. eft une fimpleaffirmation; aimez. , un impératif: nous ai...7ROm J affirmation; aimonJ J impératif. Maisquand on commande par le fingulier, ce quidl: fort rare , on ne prend pas la feconde per.Conne, tu aimes. mais la premiere • aime.

CHA PIT REX VII.

De rInfinitif.

I L Ya encore une inflexion au Verbe, quine reçoit point de nombre ni de perfon­

nes, qui eil celle qu'on appelle Infinitif. com­me, eJlè. être; amare J aimer. Mais il faut re­marquer que quelquefois l'infinitif retientl'affirmation> comme quand je dis :fcio ma­lum effi fugiendum , je fail qu'il faut fui,. l,mal; & que (ouvent il la perd, & devientnom (principalement en Gre, & dam les

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I~S. G RA MMAIRB GÉNRRALE~ngues vulgaires) comme quand 00 dit,le boire, le manger; & de même, je veu.'\.'boire, 1.1010 bibere; car c'eft,à-dire , voiD Fa­tum , ou potionem.

Cela étant fuppofé, on demande ce quec'eft proprement que l'infinitif, lorfqu'il n'cap.oint nom & qu'il retient fon affirmation,cpmme dans cet exemple, [cio maium efftfugundum. Je ndàis fi perfonne a remarqué C

ce que je vas dire: c'eft qu'il me femble quel'infinitif eft entre les autres manieres duverb~, ce qu'eft le relatif entre les autres 0

pronoms. Car, comme nous avons dit que lerelat\f ade plus que les autres pronoms, qu'iljoint la propofition dans laquelle il entre àune autre propofition, je crois de même quel'infinitifa ,par-detfus l'affirmation du verbe,ce pouvoir de joindre la propolltion où il dlà une autre: car [cio vaut feul une propofi­tion, & fi vous ajoutiez malum cft fugien­dum ,ce feroit deux propolltions féparées;mais mettant ejJe au lieu d'efl, vous faites quela derniere propoution n'ea plus que paniede la premicre, comme nous avons expliqu~

plus au lon~ dans le ch. .9. du Relatif.Et de...la eft venu qu'en François nous

tendons prefque toujours l'infinitif par l'in­dicatif du verbe & la particule que : Je Jaistue le mal eft àiurr. Et alors (comme nous

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ET RAi SON NÉ ï!. J 5~aVOD5 dit au même lieu) ce 'lue ne fignmeque cerre union d'une propofition avec uneautre, laquelle union dl: en Latin enferméedans l'infinitif, & en François auffi, quoiqueplus rarement, comme quand on dit : Il croitfa'voir toutu ChOjèf.

Cette maoiere de joindre les propofidonspar un infi~1itif, ou par le quod & le que, dtprincipalement en ufage quand on rapporteles difêours des autres : comme, li je veuxrapporter que le Roi m'a dit, je 'l'OUi dfJfIne­r.'ti une Charge, je ne ferai pas ordinairementce rapport en ces termes: Le Roi m'a tÜl. je'Vous donnerai une Charge, en lditfam les deuxpropofitioDS [éparées, l'une de moi, & l'au­tre du Roi; mais je le'i joindrai enfèmble parun que: Le Roi m'a dit qu'il me donnera un'Charge. Et alors, comme ce n'dl: plus qu'unepropofîtion qui eft de moi, je change la pre­miere pedonne ,je donnerai, en la troifiéme,il dormn-a, & le pronom VOUJ, qui me ligni­fiait le Roi p.lrlant, au pronom me, qui mefignifie moi parlant.

Cette unioD des propoCitions fe fait en­core par le fi en François, & par an en La­tin, quand le difcours qu'on rapporte dl in­terrogatif; comme fi cn m'a demandé: Pou­vez.-vouS faire cela? je dirai en le rappor­tant : On m'a demandéJi je!ou'Voufaire cela.

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160 GRAMMAI:!E G~NÉRALE

Et quelquefois fans aucune particule,en chan..geant feulement de pcrfonne; comme, Il m'"liemandé : Qui êtef·VOHJ f Il m'a demAndé~ui j'éloi!.

Mais il faut remarquer que les HéJ:,reux ,lors même qu'ils parlent en une autre Lan­gue, comme les Evangélifies, fe fervent peuoe cette union des propofitions, & qü'i13rapportent prefque toujours les difcours di­reél:ement , & comme ils ont été faits; deforte que r017 , quad, qu'ils ne laiffent pas demettre quelquefois, ne fert fouvent de rien,& ne lie point les propofitions, comme ilfait dans les autres Auteurs. En voilà unexemple dans le premier chapitre de SaintJean: Miferum Judlti ab HteroJob'mii Sa­eerdotes & Levita! ad Joannem ut interroga­J'enl eum : Tu qUÎJ Ci ? Et confeffiu eft & n014negavit. & confeffu! eft : quia ( 071 ) mm [umego Chr~/luf. Et imerrogaverunt CUnt: Qt!idergof Elial et tu f Et dixit : Non fume Pro­pheta ÇJ tu? Et refpondit, non. Selon l'ura­ge ordinaire de noue Langue, on auroit rap­porté indireaement ces demandes & ces ré­ponfes en cette maniere. III envoyerem de­mander àJeûn qui il/toit. Et il confeJfa qu'iln'étoit pointie Chr;ft. Et iLJ lui demanderentqui il étoit donc: lit étoit Elie. Et il dit quenon. Sil étoit Prophéte) & il "Fondit que non.

REftlARQ..

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E T 1\ AIS 0 l( N BE. ! 6 J

RE /tI A R QUE s.

CtW' qui ont fait des Grammaires Latines 1 Cefont formé gr:auitement bien dei dificultés fur leQ..ae rnranché : il fufifol de f.:ire la dillinaion desidiotifmes , la diférence d'un latiniCme a un g~cifme.

Les Latins ne conoiffoient point la règle due.utntrlW1hi; mais, come ils ernployoient un nomina­tif pour fupôt des modes finis, ils fe fervoient del'accu(;.ui f pour fup§t du mode indt:fini : lorfqu'ils ymètoient un nominatif, c'étoit à l'in<itation de~

Grecs, qui uCoient indiféremment des deux cas•.Outre la propriété qu'a l'infinitif, de joindre une

propoGtion a une autre. il faut obœrver que le Censt"xprimé par un acufatif & un infinitif, peut être lefujet ou le terme de l'aétÏon d'une propofition prin­cipale. Dans cète frafe. Magna arl non apparere ar­um) l'infinitif & l'acufatif font le fujet de la propo­ÎÎtion.

Empêcher l'art de paroitre, ejl un grand art.Dam cète autre frafe, le terme de l'aCtion d'un

verbe adif ea exprimé par le (ens total d'un acufa­tif & d'un infinitif. Credo tUai ad te fcripfij[e. Lit­téralement, je croil Val amillJOUS avoi, écrit; ~

dans le tour fran~ois , je ,roit que 1.1. amÎllJ'UI

'7" "rit.o

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Ith GRAlIMAI''RE GtNÉRALE

L'infinitif, au lieu du Que, n'eit pas rare enFrançois, & il en quelquefois plus élégant. On dit

'Pluton, Il prétend réuffir ùnJ[on emreprift, '1v.~ 1/,ri"nd qu'il riu!Jir"• •

CHAPITRE XVIII.

. Dés Verbes qu'on peut appeler Adjedifs;& de leurs différentes eJPéces ;

Aélift, PaJ]ifs) Neutres.

N o us avons déja dit que lès homme$, ayant joint en une infinité de rencon­

tres quelque attribut particulier avec l'affir­mation, en avoient fait ce grand nombre deVerbes différens du fubftamif, qui fi~ trou­vent dans toutes les Langues, & que l'on

.Fourroit appeler AdjefiiJf. pour montrerque la lignification qui cft propre à cbacun •eft ajoutée à lalignificatioD commune à tousles verbes, qui cil celle de l'affirmation.Mais c'eft une erreur commune, de croireque tous ces verbes fi~nifient des aélions oudes paffions; car il ny a J:ien qu'un verbe!le Duiffeavoir bour fon attribut, s'il plaîtaux" ho~es dè joindre l'affirmation aveccet attribut. Nous voyons même qae le ver:

1

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ET RA J SON }Il t !. t6Jhe fubilamifJum, je fuiJ , eil fouvent adjcQ­tif, parce qu'au lieu de le prendre commefignifiant fimplemem: l'affirmation, on y joil'ltle plus général de tous les attributs, qui eftl'être; comme lorfque je dis, je pmfi t doncje fui!: je fuis fignifie là Jum ml , je fuis unêtre, une chofe : Exiflo fignifie auffi [Hm

"xiftml, je fuis, j'exifie. .Cel. n'empêche pas néanmoins qu'on- ne

puiffe retenir la divifion commune de ces vet-L~ -0 ~n;C~ _~n:(.. JO ...e......e..U~ It; 1 «""'\.H.;' , t"'.111.&~ \A". lA .."".. ...

On appelle proprement aéHfs, ceux quifignifient une action à laquelle dl: uppoféeune paffion, comme l"Utrl, Jtre battu-; ai­mer; être aimé; foit que ces aéHoDS- Ce ter­minent à un fujet, ce qu'OD appelle aétionréelle, comme battre t 1'D'11lprl, tilt,., noi1'­riT, cf,-c. foit qu'eUes 1è terminent feulement, n bie" rI> n. 'nn !ipnp1lp 2Ainn tntpn iau 0 J. ~ , - "111 _- -rt;le- ---- t.on-nelle, comme aimer; conmîtrt, 'Voir.

De-là il dl arrivé qu'en plufieurs Lan­gues les hommes fe font fenis dLl même mot,en lui donnant diverfès inflexions, pour Îl­gnifier l'un & l'autre, appelant verpe aélif,celui qui a l'inflexion par laquelle ils ont mat.qué l'aéhon, & verbe paffif, celui pat' la­quelle ils ont marqué la paffion.j amtJ, a'lJlfJr;'Vtrbero, vtrberor. C'efi ce qui a été en uCa­ge dans toutes les Langues ancienna, La-

O ij

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16'+ GRAM MA IRB GÉNÉRAL li:tine, Grecque & Orientales; & qui plusdl , ces dernieres donnent à un même verbetrois aélifs, avec chacun leur paffif~ & unréciproque qui tient de l'un & de. l'autre,comme feroie l aimer, qui fJgnifie If;thon duverbe fur le fujee même du verbe. Mais lesLangues vul~ires de l'Europe riont pointde pamf, & elies fe fervent au lieu de cela.;d'un panicipe fait du verbe aélif, qui Ceprend en fens paffif, avec le verbe fubftantifie fuis; comme ,je}Mil aimé. jeJuil hallu, &c.

Voill pour ce qui eft des verbes adifs &paifûs.

Les Neutrtl. que quelques Gral11mairieœappellent Verba intranjitrva, verbes qui neparent point au dehor, , fODe de deux fones.

Les uns qui ne lignifient point d'aél:ion,mais, ou une qualite , comme albu, il eibiané, viret, ii eft vert ,frigee. il eft froid,Algtt, il eft uanfi. ttptl, il eft tiedc, ç"letjil eft chaud, &c. .. Ou quelque fltuation, fidet • il eEl: affi5',flat, il eft debout, jaee:, Heft cOlIChé, &c•.

Où quelque rapport au lieu, adejJ , il eipréfent •ahel1. ii eit ahfent , &c.

Ou quelque autre état ou attribut, com­me, '1uufcit , il eft en repos, excellit , il ex­celle, pr_ft, il eft fupéricw , regnüt, il dlloi, &c.

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ET ilâISONNi •• 161Les autres verbes neutres figni6eBt de!

aétions, mais qui ne patfent point dans unrujet différent de celui qui agit, ou qui neregardent point un autre objet J comme,dîner. fouper • marcher, parlér.

Néanmoins ces dernieres fortes de verbesneutres deviennent quelquefois tranfitifs,lorfqu'on leur donne un fujet, comme,~bulare viam, où le (;bemin eft pris pour lefujtt de cette aélion. Souvent auffi dans leGrec. & Quelquefois auffi dans le Latin, 011

leur donnê po~r fujet le nom même J formédu verbe, comme, pugnare pugnam ,[ervirore fervituttm J '!liveT' vitam. &c.

Mais je crois que ces dernieres façons deparler ne LOnt venues que de ce qu'on a voU/­lu marquer quelque chofe de particulier, quin'étoit Das entiérement enfermé dans le veï-

1 ,

be ; comme quand on a voulu dire qu un hom-me menoit üne vie heureufe • ce qui nJéto~

pas enfermé dans le mot vivere, on a dit vA­'lJere vitam beatam ; de même firvire duramfervitutem, & femblables ; ainfi quand on dit'1Jivere '/.Iitam , c'eft fans doute un pléonafme,qui dl venu de ces autres façons de parler.C'dl: pourquoi auffi dans toutes les Languesnouvelles, on évite comme une faute 1 dejoindre le nom à fon verbe, & l'on ne dKpas, par exemple, ,GmbattTe un gr.llna ,~'''li.

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;1()\1' G R·AMM Â'1i\B C tN t IiAL E'On peut réfoudre par-là cerre quefiion ;

,fa tout verbe pon paffifrégit toûjours lolO ac­~ufacif laumoiflS fOuS...entendu. C'efi le fen­o.timlDt de quelques Grammairiens fort habi­le~, mais pour ffiO. je ne l~ crois pas. Car 1.

:'lcsverbes: qui. ne lignifient aUlune aétion,,mais quelque état. comme, eptief-rit 7 lxi/fil,"Ou quelque· qualité, comme, alhet, calet,·.tl·ont point dfaccufatif qu'ils puiifent régir,:& pour les autres, il faut regarder fi l'ac­tion qu'ils fignifienta un fujet ou un objet,qui puitfe être différent de celui 'qui agit;car alors le verbe régit le fuiet , ou cet ob­j~t, àl'accufatif. Mais quand 1aétion lignifiée:.pat le verbe n'a Di fujet,. ni objet différent de~€el"i qui agit , comme, dîner , prandere;[oUpl" ,cœn.re, &c. alors il n'y a pas a{fez'deraifon pour dire .qu'ils gouvernent l'accu­-fatif, quoique ces Grammairiens aient cru:<]U'OD y fuu~entendoit l'infinitif du verbe"'comme un nom formé par le Verbe; voulant,par exemple , que CUTYO fait, ou eurTo eur...fum, ou CU"O currere : néanmoins cela ne,parait pas airez foUde; car le verbe fignifietout ce que fignifie l'infinitif pris comme.nom» & de plus, l'affirmation & la défigna­:tion de la perfonne & du temps, comme ['ad­:jeétif candidus, blanc. fignifie le fubfiantif,-tiré de l'adjedif,fav.oir., &~ndo:)la.bla'!;

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- 4 P

TABLE•

DES TITRES ET èHAPITRESde la Grammaire générale.

PREMIERE PARTIEsOù il en parlé des Lettres & des Caraétéres. de l'Ecriture.

.CHAPITU 1. D Es lettrel commefinI,& premierement des

. 'Voyelles. page 3

CHAP. II. Rf!10nfonu. 1 ~

,Table 'des confines Latines; vulgairu,Grtcques &- Hlbrllïquer. 14-

CHip:!B:-Duhllahe1. 2 1

<;U~.·IV~ \]j~.fm()u entant quefinI J orti.left parlé de l'accent. . 18

CHAP. V. Des lettrel (umfidédes comme ca-raElerer. 35

CHAP. VI. D'une nouve'le maniere pourapprendre à lire facilement en., tOUlel

Jortes de LangltC.f~ . . S2r

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TABLE DES CHAPITRES.

.. q, • en Rf?

SEC,ONDE PARTIE,O~ il ea parIé dIs 'principes & des rairons

fur lefquelles font appuyées les diverfesformes de la lignîfication des mots.

CHAPITRÉ J. O"ue la conno~rtlnu Je,- ce iJùi ft FctJ/è dafttf

notre efprit, ifl nlçëlJ-dire pour compren­tire lu !,,,demenl de la Grammaire, .&IflteltfJl1e-l"à qfte '4Ipend ta iliVCI;(i1éfiermotf tpti. ct!tnptifenèle difcourJ. p. 5S

·CHA,~. II. Des Noms, fi' premiernnent tlel

Suhftantifl & .AJjellif!. f9CHAP., III. Del nÔmJ proF*' 6' appellatif'.,

OU 2,lnlraux. , 63-CHAP. IV. Df! 1im:1Jréi fmgulitr'r}- plu-

r;er. 6JCHAP. V. Del Genrel. 68CSAP. VI. Del Cal '& ael Pr ojitionJ en­

,am qu'il eft nl.e/fi .,:'-.,!' ,derp.myffltenare qu,l'litt! .'; ,~,)- n '-t: 73r. Du Nmz;natif.r]~\_c.",; El 74S. Du Vocatif. \:..; ~;.; ,~ ibid.3. Du Glnit~f. "d ',\.. 764. Du Datif. ' 78S. De f Accufatif. 79 '

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TABLE DES CHAPI~6. De l'Ablllfij ~

CHAP. VII. Dei Arti('e,f. . 8)CHAP. VIII. DIS p,.~nqms. l~

CHAP. IX. Du Pronom appellRe1~f. 10'

CHAP. X.~EJ,'4~n tlw:'"R'~l~ J, l~ ~4n:. gue Franfoife.~ 9~t eJ,t 'lu'Q(I. n.~ (kl.. U p.-.'".-

• mettre le Re.~if4frel un n4m,jtml 11X~liele. 119

CHAP. XI. Du Prlpofiti(Jf1!. 1308

CHAP. XII. Des Adverbes. 13 ...CHAP. XIII. Des Verbe!. & Je ce lJU! ImT

eJl-eropre f!r ejJentiel. 1 36'CHAl'.....IV. De la diverfitl au perfOnnu

& des nombres dans [es Verbes. 14-6'CBAP. XV. Del divers lems du Verbe. 14'CHAP. XVI. D,sdiv"s MotUS f'lumanierll

ail Vn-bes. 1 SJCHAP. XVII. De flnfinitif. 157CHAP. XVIII. Des Verber qtlon peut ap­

peler Adjed:ifs, & ae leurs-différentesehece!_, Amjt, Pa/Tifs. Nelltrer. 16a

CHAY. XIX. Des Verbes lmper]ônnell. 167CHAP. XX. Del ParticÏJ'lI. 17&CHAP. X X 1. Des Gerondifs & Supint.

174­CHAP. XXII. nes Verbes auxiliaires tles L-"

Languer vulgaiTu. . 180

Table du Verbe 4uxiliair: Avoir, d- Jestempf qJlil jorme. 118)

Page 224: Grammaire Port-Royal

TABLE DES CHAPITRES.Deux rencontres où le Verbe auxiliaire Enre

prend laylace au Verbe Avoir. IS9ClIAP. XXIII. Dt! Conjon[fions & Inter-

jections. 201

CRU. XXIV. De la SyntAxe lU Conffruc~

ti(Jn des mtt! enfembll. 204-

Du FjgurJi eU çonft..ruétïon. ~o8,.-:.............!.

1 f:~':::~ ~ ) ../''2 (~l~M:'\;~;,~\' :, ,i

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f

:.APPROBATION.

li;

J'A 1 lu J par ordre de Montëigneur le Chance";• lier ~ un Livre intitulé ~ Gramma;fe général,Ù ra;fonnée. La réputation dont jouit cet OuvragedepuIs qu'il a paru pour la premiere fois , anno~cele (uccès de la nouvelle édition qu'on en veut filtre;& les notes qu'on y a ajoutées ~ ne peuvent 1u:~ug"menter l'empreffement du public pour cette editton.A Paris, ce ftx Septembre 1753. G 1 BER T.

, r

PRIVïLEGE .DU ROI.

L OU1s, par la grace de Dieù ,Roi de France& de Navarre : A nos amés & féaux Confeil­

lers les Gens tenans nos Cours de Parlement, Maî.,ues des Requêtes ordinaires le notre Hôtel, GrandConfeil, Prevôt de Pal'is ~ Baillifs, Sénéchaux,leurs Lielttenans Civils, & autres nos Jufticiers qu'ilappartiendra, SALUT. l'fotre amé PIERRE PRAULTpere t Imprimeur & Libraire à Paris, Nous a faite~o(er qu'il déftreroit imprimer & donner au Pu­b~c un Ouvrage qui a pOUl' titre, La Grar"m4iteginér41e ,.tdfl~e,-.4f~P.erl'.B~~~lai(oitlui âGèôiaer-nos Lettres de Privilêge pour ce.né.;;ef­faires. A C Ii S ç A USE S ~ voulant favorablementtraiter i'Expoiànt J MUS lui avons permis & permet..tons par ces Préfentes d'imprimer ledit Ouvrage au..t;lnt de fois que bon lui (emblera, & de le vendre.;>~e vendre & débiter par tout notreRoyaume pell'"l'am 1~ tems de nellfannées conféc~tives, ~ com~

-~~ -

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lft du jour de la date des PréLèntes. Fairons défen";tés ~ tous Itfipnmeurs., Libraiies • & autres perCon­nes de quelque qualité & condition qu'elles l'Oient.,d'en iJ1t(Qduire d'i01preffion étrangere dans aucunlieu de notre obéïffance ; comme autli d'imprimerOU faite imprimer., vendre., faire vendre., débite:eIi contrefaire ledit Ouvrage., ni d'en fai~e aucunextraits., fous quelque prétexte que ce puiffe être.,lâns la permiffion expre1fe ~ pal écrit dudit Expo­fant ou de CO~ qui ~uro.nc droit de lui, à peioe deconfifçatiop des e:lJ«:tIlpl,"rtll çootrefaits, de trois1l!Ülle livres d'amenck CQntw cnacü" des cÛÎÏÎfove..naJJS, dont un titr, à NolIS., un tiet'$ à l'tlôtel-l)ieude Paris, & l'autre tiers audit ExpoCant , ou àcelui4JUÏ aura droit d(llui , & de tous dépens , domma­ges & intérêts : à la charge que ces PrUentes fe­ront eJU'cgitlrées tout au long (ur le Regifire de laCommunauté des Imprimeurs & Libraires de Paris,dans trois. mois de la date d'icelles; que l'impreffiondudit Ouvrage Ièra faite dans notre Royaume & nonailleurs ~ en bon papier & beaux caradéres, con­formément àla feuille imprimée, machéo pour mo­deI fous le contre-feel dos Pré(emes ; que l'Impé­trant fe conformer!': en tout aux Réglemens de laLibrairie, Be notamment 3 celui du 10 Avril J 7; f. .ffU"aYMt de l'expoCer en vente, le manufcrit qui aura"rvi de copie à l'impreffioft dudit Ouvrage, (eraremis dans le Ql~ ~t o~ l"~pprobation y aura~t~ doqnée., ès maina de notre trèN'.1ter Be féal Che­Talïor. €hantt"licr d. France , l~ heur de Lamoi­gnon,·ac 4Ju~ es'1 fen enfuÎte remk:d~ux ex~mplai­l'eS dant notre Bibüothéq,ue publique, un dans ceU.de nocre Château du Louvre t & un dans celle delJOtre très ~ cher 81: féal Chevalier" Chancelier deFaqCe, le tieur de Lamoignon" &: un dans cello

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~e notre trè s- cher & féal Chevalier, Garde desSceaux de France; le lieur de Machault, Comman­deur de nos ordres : le tout à peine de nullité desPréfentes ; du contenu defquel1es vous mandons Beenjoignons de faire jouir ledit Expo{ant &: fes ayan.cau{e, pleinement & paifiblement, {ans {ouffiirqu'il leur foit fait aucun trouble ou empêchement.Voulons que la copie cl:s Préfentes , qui fera im­primée tout au lon~ au commencement ou à la findudit Ouvrage, {ott tenue pour dûement lignifiée,& qu'aux copies collationnées par l'un de nos am_,& féaux ConCeillers - Secrétaires, foi fait ajollt~

.comme à l'original. Commandons au premier no­tre Huiffier ou Sergent {ur ce requis , de faire pOUfl'exécution d'icelles tous.. afl:es requis & néceffairer,(ans demander autre permiaion , & nonobftant cla­meur de HaJo, Ol3rte Normande, & Lettres à cecontraires : Cil k tel ea notre plaitir. DONNE' àVerfailles le vjngt-neuvi~e jour du mois de Dé-.cembre, l'an de grace mil Cept cent cinquante-trou,"de notre Régne le uente-neuviéme. Par le Roien Con ConCeil. SigM 1 P ERR iN.

Reg;l!,~ifu, le Rtgijlre Xlll. dt la Chambre Ro,1f­l, tJes Libr"ires & Imprimeurs de Paris 1 ,.". 7.71..fol. J. 1 6. conjôr",m..':JI' a"3t ""denl Réglemens confir­més par celui du 1.8 Févr;er 177.J. A Pari/, le If1",",", I1H-' ~BRUNET,Adjoint.

j{~i!I JI; I/~

{~ J~Jj~\~J:~;j;1i ii;J"-1./

Dépôt légal. 4° trimestre 1971