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LES Saintes-Maries De-la-Mer L'EGLISE ET LE PELERINAGE -'.:>+<-4-- NOTICE HISTORIQUE par M. Ie Chanoine A. CHAPELLE Cun.Doyen dM' Sai.t....Jfari.., MARSEILLE ETABLISSEMENTS MOULLOT FILS AINE Avenue du Prado. 22.21-26 - 1926

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Apostolicity of the Churches in France. Gypsy's pilgrimage in southern France.

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LES

Saintes- Maries De-la-Mer

L'EGLISE ET LE PELERINAGE -'.:>+<-4-­

NOTICE HISTORIQUE par

M. Ie Chanoine A. CHAPELLE

Cun.Doyen dM' Sai.t....Jfari..,

MARSEILLE

ETABLISSEMENTS MOULLOT FILS AINE Avenue du Prado. 22.21-26

-1926

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LES

Saintes- Maries De-la-Mer'

L'EGLlSE ET LE PELERINAGE

-'.- ­NOTICE HISTORIQUE

par

M. Ie Chanolne A. CHAPELLE Cur/.Doy.n ihr Sai.t,.-,I1tari••

MARSEILLE

ETABLISSEMENTS MOULLOT FILS AINE Avenue du Prado, 22.24-26

-1926

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ARCHEVECHE Aix, Ie 23 Fevrier 1922

D'AIX

ARLES & EMBRUN

t

CHER MONSIEUR LE DOYEN,

J'ai lu avec Ie plus grand interet la notice historique sur l'eglise et Ie pelerinage des Saintes-Maries-de-Ia-Me.r que vous vous pro­posez de publier.

Ce travail etail necessaire pour {aire connai­tre aux peierins qui viendront; je l'espere, de plus en plus nombreux, aux chdsses de nos saintes, les traditions qui torment un des joyaux de notre Provence si riche en souve­nirs.

Vous avez mis a votre travail beaucoup de conscience et de ndtete, je vous en. felicite. Par vous, on golltel'ta davantage encore' Ie charme de ce sanctuaire si a part et dont

III'histoire, depuis son commencement, est liee avec la vie de l'Eglise de France.

Croyez, Cher Monsieur Ie Doyen, a mon affectueux devouement.

t MAURICE

Arch. d'Aix. Aries &: Embrlln.

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b

Le Pradet (Var). Ie 28 Juillet 1922

. MON CHER CONFRERE,

En revenant de son pelerinage aux Saintes, ma bonne m'a l'emisvotre aimable « Hom­mage d'auteur ». J'aurais voulu vous en rem~rcier de suite ; inais j'etais teilement fatigue,et preparant mon depart pour Ie repos a la campagne, que je n'ai pu Ie {aire. Je ne Ie regrette qu'a moitie, parce que je puis vous dire en meme temps : Merci et Bravo !

Si votre bon souvenir me touche, vos pages. m'ont aussi grandement interesse. Eiles resu­ment fort bien ce. que je savais des, Saintes ; mais de p{us e.lies m'ont appris bien des details que je ne connaissais qu'a demi. Sans vous flatter, je puis affirmer que vos pages {eront du bien aux Pelerins, que je souhctite (ie plus en plus nombreux, et qui y trouveront des excitants a leur {ervente devotion.

Et done encore bravo. et merd. Tout avous de tout creur.

E. MARBOT

Ancien Vicaire G~n~ral.

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~~~~I

PREFACE

Depuis quelques annees, les editions des dif­ferentes Notices sur les Saintes Maries etaient epuisees. .4. notre grand regret, nous ne pouvions satisfaire les desirs de.~ pelerins et des touristes avldes de connaitre la vie des Salntes, l'histoire de leur eglise et de leur pelerinage.

Quelques errewrs s'etant gliss,ees dans les ouvra­ges precedents, dont les uns contenaient par ailleurs des details inumes, tandis que les autres etaient trop lncomplets, if devenail necessalre ·de proceder Ii une etude minutieuse des documents sur lesquels on pouvait s'appuyer, pour faire un travail aussi consciendeux que possible.

Naris auriolls voulu pour cela nous servir d'ane plume plus exercee que la notre, au service d'wte intelligence mieux eclairee sur ces matUres. Mals Ie temps pressait, et naus nous sommes mis a l'reuvre nous-meme, avec la seule ambition de contribuer, dans la mesure du possible, Ii faire connaftre et Ii faire aimer nos illllsi'res Patronnes.

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Nous avons puise largement dans l'ouvrage du regrelte M. Ie chanoine Lamoureux, inUtu[.e : Les Saintes Maries de Provence, avec le regret de ne pouvoir, faute de place, reproduire certaines pieces fOll't interessantes qu'il donne en enlier. II en e$l de meme des documents publies par M. Reyno.ud, archiviste~adjoint du '~epartement

des Bouches-du-RhOne.

Nous nous sommes surtout servis du Proces­Iverbal de l'lnvenlion et de l'Rlevalion des Corps ( des Saintes en 1!J:48, dont nous po.~sedons l'origi­o nal. Pour la periode revolulionnaire, nous avons

mis a contribution les Proces-verbaux de 1797, sur la Revelation des Reliques. Enfin, pour l'etude du XIX· siecle, nous avons recueilli les renseigne­ments consignes par nos veneres predecesseurs dans les divers registres paroissiaux.

~

Est-il necessaire de repondre iei aux objections faites par certains c.ritiques, au nom de la science historique, a nos cheres Traditions .~ur l'evangeu,­salion de la Provence, par les parents et les amis du Christ? Qu'il nous su./lise de donner [.a liste de quelques-uns des ouvrages qui ont deja repondu assez eloquemment : Gallia Novissima, de M. Ie chanoine Albanes; de Marseille ; Monuments Ine­dits, de M. l'abbe Faillon ; Les Villes Mortes du Golfe de Lyon, par Charles Lentheric ; La Tradi­tion des Saintes Maries, par M. Reynaud ; Les Traditions Provenca1es, par M. l'abbe' Berenger, cure de Saint-Victor, de Marseille; L'Eglise des

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.,�

Saintes-Maries, par M.- Gautier-Descottes ; divers articles publies dans la Sem_aine Religieuse d'Aix, par M. Ie chanoine· Marbot ; L'Evangelisation primitive de la Provence, par M. l'abbe Joseph Escudier, 2° edition, Lethielleux, Paris; Sainte Marie Madeleine en Provence, par M. le chanoine Joseph Berenger, 2° editiOll, 1925, Imprimerie Marseillaise ; Les Saintes-Maries-de-Ia-Mer, Re­cherches archeologiques et historiques, avec les Documents des fouilles du XV· siecle, pal' Mr' M. Chaillan, 1925, Tacussel, rue Paradis,54, Marseille ; La Sainte Baume, par M. le chanoine

'Joseph Escudiel1', 1'0 edition, 1925, Letouzey et Ane, Paris.

Soumises Ii la contradiction et Ii la discussion, les Traditions Provencales n'ont rien perdu de leur force. II ne pouvait en etre autrement. Pour ( demolir leur autorite, les adversaires avaient le devoir de fownir eax-memes des documents cer­

\ tains prouvant leur faussetc. Malgre tous leurs efforts, ils n'ont rcussi Ii jeter dans le debat, que des negations sans preuves. Nous restons done en legitime possession de nos venerables Traditions, qui se soutiennent d'ailleurs par leur nombre et

I lellJrs concordances mutuelles. C'est un faisceau I assez solide pour defier les attaques de ceax que

['on a appeles ironiquement les ¢ denicheurs de Saints ~.

II semble bien aussi que la Science de I' histoire tend Ii revenir aux vrais principes de la critique,

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et a reconnaitre flue, la Tradition des peuples est j un fondement indispensable li l'historien soucieux de, faire une œuvre waiment consciencieuse et durable.

C'est donc avec confiance que nous entrepre­nons ce modeste travail, priant le lecteur d'être indulgent à notre inexpérience et assez charitable pour nous signaler, le cas échéant, les erreu.rs à corriger Oll les lacunes a combler.

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Les Saintes-Maries

LEUR ÉGLISE ET LEUR PÈLERINAGE

LORSQU'ON descend le cours sinueux du

« Petit-Rhône ou Rhône de Saint-Gilles »,

dit Charles Lenthéric (1), « on voit peu à peu c l'horizon s'élargir d'une manière démesu­« rée; les montagnes s'abaissent et s'effacent; c le pays devient désert ct la végétation « appauvrie s'étiole de plus en plus à mesure « qu'on approche de cette mer illustre entre « toutes, et qui est encore le centre du monde c civilisé. Bientôt le courant du Rhône semble c mourir; les eaux du fleuve, celles des étangs « qui s'étalent sur les deux rives et la mer c elle-même paraissent se confondre en un « seul plan horizontal. La nature entière est c endormie et comme figée; les eaux ternes et

(1) Les Villes Mortes du Golfe de Lyon, p. 416.

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« mates des marais, striees par d'etroites « fleches de vase, s'etendent de tous cotes « jusqu'a l'horizon lointain. Partout des effets « de mirage assez confus ; et l'on a peine a « distinguer si la mer et les etangs reflechis­« sent Ie cieI, au si ce n'est pas plutOt Ie ciel \ « qui reflechit l'immense lagunc. Rien n'est « plus trisle et plus desole que cette surface « nue, silencieuse, dant la vegetation maladive « se reduit a quelques touffes de joncs et de « tamaris sur un sol grisatre et fangeux. Tout « a coup on voit se dresser au-dessus de Ia « plaine marecageuse un edifice etrange, aux « allures de forteresse et de cathedraIe, et « dont la masse imposante contraste avec les ¢ chetives maisons groupees sans ordre, sous c la protection de ses epaisses murailles (1) ...

c Cette description est peu seduisante. Et ¢ cependant ce coin de terre est marque d'une « empreinte sacree, et Ie temple qui protege ¢ et domine ce desert est peut-etre Ie plus

(1) Depuis que LentMric a ecrit cette page, des� vignobles luxuriants ont, de place en place, change la� physionomie des bords du Rh(}ne. Le village lui-mtlme� s'est un peu modernise.�

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LEUR EGLISE ET LEUR PELERINAGE

c iIlustre qui soit au monde, comme il en est c un des plus oublies (1). II s'est passe, en ¢ eIfet,· sur cette greve abandonnee, un evene­« ment qui, pour la Gaule et pour une grande e: partie de l'E,urope Occidentale, a marque « la limite de I'Ancien Monde et du Nou­« veau (2) ~.

« Cette plage », ajoute M. Ie chanoine Ville­vieille (3), « c'est la plage benie ou aborderent; « au premier siecle, les amis de Jesus, les « premiers Apotres de la Provence ; cet Mi­« flce, moitie basilique et moitie forteresse, e: c'est Ie reliquaire venere ou dorment depuis e: dix-huit siecles, les restes des Saintes Fem­e: mes qui evangeliserent cette contree, c'est e: I'antique et sur refuge ou venaient s'abriter c: contre les pirates les descendants des pfltres « et des bateliers qui'accueillirent les exiles de « la Palestine ; cette petite ville, c'est la ville

(1\ Le Moyen-age ne l'a pas meconnu, et de nos jours il est visite quotidiennement par les f1deles, les savants, les curieux de l'Europe, et meme des deux

I Ameriques.

(2) Les Villes Mortes, p. 412.

(3) Nos Saints, 1901. Aix. Typ. Makaire, p. 117.

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le des Saintes-Maries, ou simplement des Sain­e tes, selon son vieux nom populaire qui a « fini par prévaloir sur le nom officiel inscrit « dans les anciennes chartes : Sainte-Marie­e de-la-Mer ~.

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LES SAINTES MARIES

EN PALESTINE

LES Saintes Femmes qui ont illustré l'hum­ble bourgade et y attirent chaque année

de nombreux pèlerins de Provence et du Languedoc, se nommaient lltlarie Jacobé et Marie Salomé, et elles étaient proches parentes de Jésus.

........... (M"AR~COBE; est appelée par le~ Evan­gélistes, tantôt Marie de Cléophas (1), tantôt Marie mère de Jacques et de Joseph (2), ou simplement Marie de Jacques (3), d'où son nom de Marie Jacobé. Il est difficile d'établir avec précision son. degré de parenté avec la Sainte Vierge. Saint Jean (XIX, 25), la désigne comme la Sœur de cette dernière, et plusieurs

(1) Jean XIX, 25. (2) Matth. XXVIII, 56. - Marc XV, 40. (3) Luc. XXIV, 10.

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auteun suivent l'interprétation stricte du texte évangélique. C'est aussi le titre que lui donne le Martyrologe Romain, à la date du 9 Avril. Cependant on est à peu près unanime aujourd'hui pour admettre que la Mère du Sauveur fut la fille unique de Saint Joachim et de Sainte Anne, et que Marie Jacobé était, non sa sœur, mais sa belle-sœur. On sait d'ail­leurs qu~, chez les Hébreux, tous les parents un peu rapprochés, même les cousins, étaient appelés frères et sœurs, la langue hébraïque manquant de termes propres pour indiquer les divers rapports de parenté.

Elle épousa Cléophas, appelé aussi Alphée, frère de Saint Joseph. De cette union naqui­rent quatre fils Jacques, Jude ou Thaddée, Joseph ou José, Siméon ou Simon, et plusieurs filles. Jacques et Jude furent élevés à la dignité de l'Apostolat ; Joseph et Siméon ne furent que disciples du Sauveur. Il nous faut dire un mot de chacun d'eux.

SAINT-JACQUES le Mineur, à qui Saint Paul donne le titre de frère du Seigneur (1), fut

(1) Ep. ad GaIaL, 1. 19.

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appelé à l'Apostolat en même temps que son frère Jude ou Thaddée. Le Sauveur, après sa résurrection, le favorisa d'une apparition par­ticulière (1). Nous apprenons de Saint Jérôme et de Saint Epiphane qu'au moment de remon­ter au Ciel, il lui recommanda l'Eglise de Jérusalem, et qu'en conséquence les autres Apôtres l'établirent Evêque de cette ville au moment de leur dispersion. Son éminente sainteté lui mérita de la part des Juifs eux­mêmes le surnom de Juste. La vénération du peuple à l'égard de l'Apôtre rendait furieux les membres du Sanhédrin, et surtout le Grand­Prêtre Anne ou Ananias. Profitant de l'inter­règne qui suivit la mort du gouverneur romain Festus, ils s'emparèrent de l'Evêque de Jéru­

\ salem et le précipitèrent du haut d'un portique \ du Temple. Pendant que, les jambes brisées, il

priait pour ses persécuteurs, le maillet d'un foulon s'abattant sur sa tête mit fin à sa prière et consomma son martyre. Il était âgé de 96 ans, d'après le Bréviaire Romain. Les chrétiens lui donnèrent la sépulture à l'endroit

(1)1 Cor., XV, 7.

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même où il avait reçu le coup fatal. Plus tard, vers le VI" siècle, son corps fut transporté à Rome et enseveli, avec celui de Saint Philippe, dans la Basilique des Douze Apôtres. Il est l'auteur d'une des sept Epîtres Catholiques. Les Grecs célèbrent sa fête le 23 Octobre, l'Eglise Romaine, le l or Mai.

SAINT JUDE, deuxième fils de Marie Jacobé, .est appelé par Saint Luc Judas Jacobi (frère de Jacques le Mineur) et par Saint Mathieu rhadée (homme de cœur). Saint Jérôme lui attribue un troisième nom,'Lebbée, qui a la même signification que Thaddée. Il prêcha d'abord l'Evangile en Mésopotamie. Il se ren­dit ensuite en Perse avec l'Apôtre Simon le Chananéen, où ils convertirent un grand nom­bre d'habitants de cette contrée et terminèrent leur vie par le martyre. Sa fête se célèbre le 28 Octobre. Nous avons de lui une Epître adressée à toutes les Eglises d'Orient.

- JOSEPH, troisième fils de Marie Jacobé, était un des 72 disciples : un des plus anciens et des plus vertueux, puisque c'est parmi ceux-là que Saint Pierre, après l'Ascension du Sau­

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LEUR tGLISE ET LEUR PÈLERINAGE 19

veur, proposa au Collège Apostolique de choi­sir celui qui devait remplacer le traître Judas. Deux noms furent présentés, celui de Mathias et celui de Joseph dit Barsabas (1). Tous les deux étant également recommandables, l'As­semblée laissa le sort décider de l'élection. Le sort se prononça en faveur de Mathias qui fut associé aux onze Apôtres. L'humilité de Joseph ,n'en fut pas offusquée. Il continua à prêcher l'Evangile à plusieurs nations, confirmant par des prodiges la doctrine qu'il annonçait. Eusèbe rapporte qu'il but du poison sans qu'il en ressentit aucun mal. Il fut surnommé le Juste, à cause de sa piété extraordinaire. Le Martyrologe Romain fait son éloge à la date du 20 Juillet et laisse entendre qu'il a donné sa vie pour la foi de Jésus-Christ.

, SIMtON ou Simon est le quatrième fils de Marie Jacobé. L'an 62, il succéda comme Evê­que de Jérusalem à Saint Jacques le Mineur, son frère, que les Juifs venaient de massacrer. Peu avant le siège de la Ville Sainte par les

(1) Fils de Sabas, probablement parce que son, père Cléophas s'appelait aussi Sabas, disent les commenta­teurs du « Livrê des Actes ».

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20 . LES SAINTES-MARIES-DE-LA-MER

Romains, Siméon se retira avec ses chrétiens à Pella, petite ville située au delà du Jourdain. De retour à Jérusalem, il échappa aux persé­cutions de Vespasien et de Domitien. Mais sous Trajan, vers l'an 110 (1), il fut soumis aux.

plus cruels supplices, puis crucifié comme son Maître le Sauveur Jésus. Il était âgé de 120 ans. Sa fête se célèbre le 18 Février.

Outre ces quatre fils, vénérables entre tous, Marie Jacobé fut mère de plusieurs filles, d'après la tradition. L'ainée de ces filles, pro­bablement aussi rainée de toute la famille, était-elle cette Salomé, qu'on a longtemps considérée comme sa sœur, et qui fut toujours sa compagne assidue, aussi dévouée qu'elle à

la personne du Sauveur ? Il est loisible de le croire, quoique rien ne permette de l'affirmer.

CSALOMË) à qui la tradition de Provence--_.. donne aussi le nom de MARIE, était la femme de Zébédée, pêcheur de Bethsaïde, sur les bords du lac de Tibériade. L'Evangile la nomme, tantôt simplement Salomé (2), tantôt la Mère des fils de" Zébédée (3).

(1) Fouard, Saint-Jean, ch. 2, p. 26. (2) Marc, XV, 40. (3) Matthieu, xX, 20 ; XXVIII, 66.

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LEUR ÉGLJSE ET LEUR PÈLERINAGE 21

Salomé et Zébédée eurent en effet deux fils, Jacques et Jean, appelés par Jésus à l'Aposto­lat le même jour qu'André et Simon Pierre. Au premier appel de Jésus, Jacques et Jean aban­donnent tout, même leur père, pour suivre le DiviJ:.1 Maître. Ames ardentes et généreuses, Jésus les nomma lui-même « Boanergès ~ ou les c Fils du tonnerre :& (l). Cependant leur dévouement paraît bien n'avoir pas été tout d'abord absolument désintéressé. Ils se servi­rent de leur mère Salomé pour demander au Sauveur l'honneur d'occuper les premières places dans son royaume. Doucement Jésus leur fit comprendre l'inconvenance de leur demande (2).

Jacques et Jean n'en demeurèrent pas moins les privilégié» de Jésus. Ils furent les témoins de la Transfiguration sur le mont Thabor, puis de l'Agonie du Sauveur au jardin de Gethsé­

1 mani ; privilège qu'ils ne partagèrent qu'avec Simon Pierre, le Chef futur de l'Eglise.

'1 -::. JACQUES, que l'on a surnommé le Majeur,

(1) Marc, III, 17. (2) Matthieu, XX, 20-27.

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22 LES SAINTES-?ofARIES-DE-LA-MER

pour le distinguer de l'autre Jacques, fils de Cleophas, qui ne futappele qu'après lui à l'Apostolat et à la gloire du Martyre, évangé­Jisa la Judée, la Samarie et les provinces voi­sines. L'Espagne se glorifie également d'avoir reçu de lui la prédication de l'Evangile. Revenu à Jérusalem, vers l'an 42, il eut l'honneur' d'avoir la tête tranchée par ordre d'Hérode Agrippa, quelques jours avant la fête de Pâques. Plus tard, son corps fut transporté en Espagne et inhumé à Iria-Flavia. sur les frontières de Galice, le 25 juillet, jour où l'Eglise célèbre sa fête. Au IX"· siècle, ses reliques furent transférées à Compostelle, qui devint le siège épiscopal précédemment établi à Iria-Flavia.

.z - SAINT JEAN, le disciple bien-aimé, qui dans la dernière Cène reposa sa tête sur la poitrine du Sauveur, fut le seul des Apôtres qui suivit Jesus-Christ jusqu'au Calvaire. Du haut de la Croix, Jésus lui confia sa Sainte Mère, qui vécut longtemps avec lui à Ephèse et à Jéru­

1 salem. Il fonda plusieurs Eglises en Asie. L'an 95, pendant la persécution de Domitien, il fut arrêté et conduit à Rome, OÙ,' devant la

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LEUR ÉGLISE ET LEUR PÈLERlNAGE 23

Porte Latine, après le supplice de la flagella­, tion, on le plongea dans une chaudière remplie

d'huile bouillante. Protégé par la puissance divine, il sortit de cette épreuve plus vigoureux que jamais. Relégué ensuite dans l'île de Pathmos, il y écrivit le livre de l'Apocalypse. Délivré un an après, il revint à Ephèse, où il mourut, l'an 100 de Jésus-Christ. après avoir écrit son Evangile. Nous avons aussi de lui trois EpUres canonique~.

-i:. * * La gloire de Marie Jacobéet de Marie

Salomé ne vient pas seulement de leur parenté avec Notre-Seigneur et sa Mère, ainsi que de l'illustration de leurs enfants. Leur vrai mérite est bien plutôt dans leur fidélité à suivre le Sauveur : d'abord pendant sa vie, au cours de ~es voyages apostoliques, lui prodiguant les soins d'un dévouement sans limites ; ensuite et surtout à l'heure de l'épreuve suprême, quand les Apôtres eux-mêmes, excepté Saint

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24 'LES SAINTES-MARIES-DE-LA-MER

Jean, l'avaient abandonné. Saint Marc (1) et Saint Matthieu (2) nous apprennent qu'avec Marie Madeleine, ellès faisaient partie de ce groupe nombreux de Saintes Femmes qui sui­vaient Notre-Seigneur et l'assistaient de leurs biens (3), et qui étaient venues avec lui de Galilée. Les mêmes Evangélistes nous les montrent au pied de la Croix près de sa Sainte Mère, puis au Sépulcre attentives à tout ce qui se passait pour l'ensevelissement du Corps de Jésus.

L'approche du Sabat n'avait pas permis à Joseph d'Arimathie et à Nicodème de procéder à l'embaumement du Corps. Les Saintes Fem­mes s'en étaient rendu compte. Elles laissèrent passer le jour du repos sacré, et le soir venu elles achetèrent des parfums. Aux premières lueurs du jour elles se rendirent au Sépulcre, se demandant l'une à J'autre qui pourrait leur aider à enlever la pierre qui fermait l'entrée du tombeau. Tout à coup la terre trembla, et quand, revenues de leur frayeur, elles s'appro­

(1) Marc XV, 40. 41. (2) Matthieu, XXVIII, 55. 66. (3) Luc, VIII, S.

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25 LEUR ÉGLISE ET LEUR PÈLERINAGE

chèrent du Sépulcre, la pierre était enlevée et le Corps avait disparu. Un ange éclatant de blancheur leur annonça que Jésus était res­suscité, et leur donna l'ordre d'aller porter la nouvelle aux disciples. Tandis qu'elles se diri­geaient vers la ville, Jésus lui-même se montra à elles : « Salut ! leur dit-il, ne craignez rien, « allez dire à mes frères qu'ils aillent en « Galilée, c'est là qu'ils me verront ».

Le..:' Saintes M'a~~s durent être présentes aux diverses apparitions du Sauveur à ses disciples, pendant les quarante jours qui sui­virent sa résurrection. Elles assistèrent certai­nement à son Ascension glorieuse : car le Livre des Actes des Apôtres, après avoir raconté cet événement, ajoute que les disciples revinrent de la montagne des Oliviers à Jéru­salem et qu'ils se rendirent au Cénacle, où ils persévéraient dans la prière avec les Saintes Femmes, Marie la Mère de Jésus et ses frères. C'est là que, le jour de la Pentecôte, tous reçu­rent le Saint-Esprit sous forme de langues de feu. Désormais les Livres du Nouveau Testa­ment ne font plus mention des Saintes Femmes.

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LES SAINTE S MARIES

EN PROVENCE

COMBIEN de temps Marie Jacobé et Marie

, Salomé restèrent-elles à Jérusalem après la Pentecôte? Selon toute vraisemblance, leur séjour en Palestine ne dura pas moins de 9 ans ni plus de 15. La Tradition de Provence nous. apprend, en effet, que les Saintes Maries apportèrent avec elles diverses reliques, entre autres la tête de Saint Jacques le Majeur (1):

D'autre part, les Actes du Martyre de Saint Alexandre de Brescia, disent que ce Saint vint à Marseille la neuvième année du règne de l'Empereur Claude (2), c'est-à-dire vers

(1) D'après l'abbé C. Fouard (Saint Pierre et les premières allnées du Christianisme, Appendice, pp. 471 ù- 475), le martyre de Saint .Jacques, sous Hérodl.'. Agrippa, eut lieu li la Pâque de l'an 42.

(2) Cette date est rapportée par Orose, d'après Fla­vius Josèphe. Voir Le.s Sailltes Maries de Provence, par M. le chanoine Lamoureux, note de la page 27.

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28 LES SAINTES-MARIES-DE-LA-MER

l'an 49 ; qu'il vit dans cette ville le bien­heureux Lazare, et qu'étant venu à Aix, il y rencontra également Saint Maximin (1). C'est donc entre les années 42 et 49 qu'il faut placer les événements que nous allons raconter et qui nous sont connus par la tradition.

La mort tragique d'Hérode Agrippa (an 44) avait remis directement la Judée sous l'auto­rité des Empereurs Romains. Pendant un cer­tain temps, les Juifs de Jérusalem n'osèrent point persécuter les disciples de Jésus, crai­gnant de s'attirer la vengeance de Rome, qui veillait avant tout au maintien de l'ordre public. Mais la haine des Juifs contre les Chrétiens, dont le nombre s'accroissait chaque

jour, ne pouvait supporter longtemps un pareil

1

f défi porté à leurs prétentions d'anéantir ce qui restait encore de l'ancien entourage du Sau­veur. Dans un de leurs accès de fureur, voyant peut-être faiblir un moment l'autorité du pro­cureur de l'Empereur Claude, ils résolurent de se débarrasser de ceux qu'ils considéraient comme les chefs les plus influents de la nou­

(1) Voir l'Appendice J. à la fin du volume.

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LEUR ÉGLISE ET LEUR PÈLERINAGE 29

"elle religion. Pour le moment ils s'abstinrent . de s'attaquer à la personne de Jacques le Mineur, qui jouissait de l'estime et de la véné­ration générales.

Parmi les témoins les plus gêna~~s d.e la vie

d~.~T~sus setr<)Uvai~nt L,azare l~su~et ses deu:;.. sœurs Marthe et Marie Madeleine,- .. ­Marie Jacobé et Marie Salomé, les disciples . .,. ~ --"' - ~.

Maximin. et Sidoine l'aveugle de naissance---. .......... ". guéri par Notre-Seigneur, et quelques autres que' diverses Eglises des Gaules se glorifient d'avoir eus pour Apôtres et premiers Pasteurs. Il faut y ajouter, d'après la tradition, Marcelle,-_.-­servante de M_a~~e .et de.' Marie Madeleine, ainsi que Sara, servante des Saintes. Maries

- .Jacobé et Salomé, que la piété des pèlerins, surtout des Bohémiens, ne sépare pas de ses augustes maîtresses.

Les mettre à mort eût été trop compromet­tant. On se contenta de les embarquer sur un petit navire sans voile, sans rames, sans pilote,

Jrsans provisions de bouche, et de les exposer ainsi, soit à un naufrage certain, soit à la mort angoissante de la faim. Une pieuse légende ajoute que Sara avait été laissée sur la plage

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30 LES SAINTES-MARIES-DE-LA-MER

au moment de l'embarquement. Désolée de se

séparer de ses maîtresses, elle les supplie de

ne pas l'abandonner. Salomé lui jette son man­

teau, et l'humble servante s'en sert comme

d'un radeau pour atteindre la barque et y prendre place parmi les exilés.

La Providence veille sur les serviteurs de Dieu, qui voulait se servir d'eux pour porter la foi à des contrées lointaines. Après bien des vicissitudes, la barque vient échouer sur les côtes de Provence, dans l'île de Camargue formée par les embouchures du Rhône (1). C'est là que va être plantée la première Croix, là que va être célébrée la première Messe sur la terre des Gaules. C'est de là que va partir l'étincelle qui portera la lumière de l'Evangile à la Provence (les deux Narbonnaises) d'abord, ensuite au reste de la France. C'est là que les peuples reconnaissants viendront remercier les Saintes et retremper leur foi à la source même

(1) Voir l'Appendice II, à la fin du volume; et F. Rllynaud, La Tradition des Saintes Maries, Appen­àice III. pp. 95 et 96.

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LEUR ÉGLISE ET LEUR PÈLERINAGE 31

d'où elle a jailli, comme le chante le poète arlésien Meste Eisseto :

De l'cn aut de vosti toune Vesès courre

Tout lou Miejour Catouli ; Es l'antico fe de Franço

Que s'avanço Vers lou Brès ounte a'speli (1).

Dès qu'ils ont mis le pied sur cette terre hospitalière, la première pensée des exilés est de remercier le Ciel de la protection miracu­leuse dont ils ont été l'objet. Un autel en terre pétrie est élevé par leurs soins sur la plage, et ' Saint Maximin avec les autres disciples y célè­bre les saints Mystères. L'existence de cet autel est mentionnée par Gervais de Tilbury, Maré­chal du royaume d'Arles (2), et par Durand, Evêque de Mende (3). On le retrouva en 1448,

(1) « Du sommet de vos tours - Vous voyez accou­rir - Tout le Midi catholique; - C'est l'antique foi d~!!l<.e _. Qui s'avance - Vers le bercéiïu où 'eIlê est éclose ».

(2) De Otio lmperiali, 1212. livre II, De divisione Orbis et provinciarum.

(3) Ralionale dil'inorum Officiorum, fin du XIII' siè­cle.

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lors des fouilles opérées, par ordre du roi René, pour rechercher les corps des Saintes eachés pendant les invasions des Sarrasins.

En même temps jaillit miraculeusement une source d'eau douce, comme pour inviter les Saintes Maries à fixer leur demeure en ce lieu.

Les Saints proscrits se séparent bientôt, après avoir construit et dédié à la Mère de Dieu un modeste Oratoire, qui fut probable­ment le premier temple chrétien élevé sur la terre des Gaules. Sainte Marthe va évangéliser la région de Tarascon et Avignon. Lazare, Marie Madeleine, Maximin et Sidoine prennent la route de Marseille, probablement par voie de mer : car, selon une antique tradition, ils firent escale à l'est du Cap Couronne, à un endroit nommé Sainte-Terre, où se trouve une vénérable Chapelle dédiée à la Sainte Croix.

De Marseille, Maximin et Sidoine montent à Aix, où ils établissent le siège épiscopal qu'ils occupent l'un après l'autre. Madeleine reste quelque temps à Marseille avec son frère Lazare, qui devient le premier Evêque de cette ville et qui y meurt martyr. Elle va ensuite

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LEUR ÉGLISE ET LEUR PÈLERINA(XE 33

rejoindre Maximin et Sidoine, dont elle par­tage l'Apos~olat, puis se retire au désert, où elle vit les trente dernières années de sa vie dans une grotte connue depuis sous le nom de Sainte-Baume.

Quant à Marie Jacobé et Marie Salomé, elles fixèrent leur résidence, avec Sara leur ser­vante, à côté du petit oratoire. Mais leur zèle pour la propagation de l'Evangile ne pouvait rester inactif. Les bords de la mer et des étangs étaient habités par des pêcheurs, les autres parties de la Camargue par des cultiva­teurs et des bergers. Aux uns et aux autres elles firent connaître Jésus-Christ et sa doc­trine. En reconnaissance, les habitants de l'île pourvoyaient à leurs besoins matériels, comme elles avaient fait elles-mêmes à l'égard de Notre-Seigneur.

A peu près à la même époque, Saint Pierre avait envoyé de Rome en Gaule sept Evêques pour y prêcher la foi en Jésus-Christ. C'étaient : Trophime, disciple de Saint Paul, qui fixa sa résidence à Arles ; Paul à Nar­~onne ; Martial à, Limoges ; Austremoine à

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34 LES SAINTES-MARIES-DE-LA-MER

Clermont ; Gatien, li. Tours ; Saturnin, à Toulouse ; Valère, à Trèves.

La Tradition nous rapporte que Saint Tro­

phime, quand il parcourait l'ile de la Camar­gue, ne manqua.it pas de venir visiter les Saintes Femmes qu'il avait connues en Judée

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LEUR ÉGLISE ET LEUR PÈLERINAGE 35

et de leur procurer le bonheur de recevoir la Sainte Eucharistie.

Lorsque, après une vie de labeurs, de prières et de pénitences, les Saintes Maries apprirent que leur fin approchait, elles firent prévenir l'Evêque d'Arles. Celui-ci accourut, les nourrit une dernière fois du pain céleste, reçut leur dernier soupir et leur procura, avec l'aide des chrétiens qu'elles avaient évangélisés, les hon­neurs de la sépulture. Selon la tradition, Marie Jacobé mourut la première. Quelque temps après, Marie Salomé alla la rejoindre au Ciel. Sara ne tarda pas non plus à recevoir, par une sainte mort, la récompense de sa foi et de son dévouement.

Les habitants de l'île se firent un devoir de visiter leurs tombeaux, les yeux remplis de larmes et se recommandant aux prières de celles que désormais ils considéraient comme leurs patronnes et leurs avocates auprès de Dieu. '

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LE CULTE DES SAINTES MARIES

ORIGINE DES PÈLERINAGES

AUTOUR des tombeaux des Saintes peu à peu des habitations se construisirent. Les·

miracles qui s'y opéraient commencèrent à attirer les foules qui voulaient vénérer leurs reliques et se mettre sous leur protection.

La rapidité avec laquelle se répandit en dehors de l'île le culte des Saintes Maries pour­rait s'expliquer par l'existence en ce lieu d'un temple païen dont quelques restes ont été conservés. Un autel de 1 DI 25 de haut sur <} DI 75 de large se voit dans la crypte de l'église ; des colonnes ont été utilisées pour hl décoration de ,l'abside ; deux chapiteaux en marbre blanc, qui sont recueillis au presbytère, représentent les danses pratiquées probable­ment autour du temple, les jours de fête. .Plusieurs ont pensé que ce temple était dédié

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au dieu Mithra. D'après Strabon (1), les Mar­seillais firent bâtir un temple à Diane d'Ephèse, sur un terrain auquel les bouches du Rhône donnent la forme d'une tIe. Quelle que soit la divinité à laquelle ce temple avait été dédié, les peuples de toute la contrée devaient s'y rendre à c.ertains jours de fête. Devenus chrétiens par les prédications des Saintes, le temple fut abandonné par eux : le petit ora­toire, surtout quand les corps des Saintes y furent ensevelis, devint tout naturellement l'objet de leur pèlerinage, comme l'avait été précédemment le temple païen.

Parmi les pèlerins se trouvaient aussi des tribus de nomades appelés bohémiens, tziga­nes, caraques, qui n'ont jamais cessé de venir aux Saintes-Maries pour la. fête du 25 Mai. Sans négliger, bien au contraire, les deux Saintes Maries Jacobé iet Salomé, ils rendent un culte spécial à Sainte Sara, qu'ils invoquent comme leur patronne. Leur religion assez fruste et peu éclairée aurait conservé, dit-on, certains rites d'origine païenne, qu'ils inter­

(1) Strabon. Géogr., Uv. IV. - Voir l'Appendice III. A la fin du volume.

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LEUR ÉGLISE ET LEUR PÈLERINAGE 39

rompent dès qu'un profane vient se mêler à eux.

Le culte des Saintes Maries allait toujours grandissant. Vers le IV' siècle on éprouva le besoin de remplacer l'oratoire primitif par un édifice plus vaste, quoique encore de modeste apparence. Comme l'oratoire, l'église fut dédi~e à la Sainte Vierge et s'appela Sane/a­MariC:L-de-Ratis, que l'on a traduit par Sainte­Marie-de-la-Barque.

En 512, Saint Césaire, Evêque d'Arles, avait fondé dans cette ville, sous le vocable de Saint Jean, un monastère de Religieuses, dont il confia la direction à sa sœur Sainte Césarie. Quelques années plus tard, il envoya un petit groupe de ces Religieuses aux Saintes-Maries, pour être les gardiennes de l'église et du tom­beau. Dans son testament, il lègue à l'abbaye des Religieuses d'Arles la terre forestière, agellum sylvanum, dont un copiste a précisé la situation: ln quo sita est eeelesia Sanctœ­Mariœ-de-Ratis.

Du VIII" au X' siècle, les Sarrasins envahi­rent et dévastèrent le Midi de la France.

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40 LES SAlNTES-MARIES-DE-LA-MER

L'Aquitaine, le Languedoc et la Provence eurent particulièrement à souffrir de leur bar­barie. Battus par Charles Martel à Tours et à Poitiers (737), puis en Provence (739), ils revinrent au temps de Charlemagne qui leur infligea de sanglantes défaites. Ils ne furent définitivement chassés de Provence qu'à la fin du X· siècle. Venant d'Espagne, ils se divi­saient en plusieurs bandes, dont les unes tra­versaient les Pyrénées, les autres arrivaient par mer et remontaient le cours 'du Rhône. La Camargue devait naturellement recevoir le premier choc. Aussi les habitants des ,Saintes­Maries s'empressèrent, à l'approche des bar­bares, de mettre en sûreté les Reliques de leurs Patronnes, qui étaient leur trésor le plus précieux. Et pendant plusieurs siècles aucun signe extérieur ne put faire connaitre l'endroit où les saints Corps étaient cachés.

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L'ÉGLISE DES SAINTES MARIES

L fallait se défendre contre les invasions et

I abriter en même temps les précieuses Reli­ques. On trouva tout naturel de construire une nouvelle église et de lui donner les caractères d'une forteresse. Ses murailles épaisses, ses créneaux, ses mâchicoulis, son chemin de ronde serviraient à la défense, .tandis que la source d'eau douce fournirait aux divers besoins des assiégés.

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42. LES SAINTES-MARIES-DE-LA-MER

Les documents contemporains font défaut pour assigner une date précise à cette merveil· leuse construction. On en est réduit aux conjectures. D'~près la Statistique du Dépar­tement des Bouches-du-Rhône (1), la fondation de l'Eglise des Saintes-Maries eut lieu après l'an 981, lorsque Guillaume le., victorieux des Sarrasins, vint fixer sa résidence à 'Arles, où· Conrad le., roi de Bourgogne, lui laissa exercer librement l'autorité souveraine. - Charles Lenormand (2) et l'architecte Revoil (3) sont du même sentiment. - M. Reynaud, Archi­viste-adjoint du Département des Bouches-du­Rhône (4), estime que l'église était achevée vers la fin du règne du comte Bertrand, et que les auteurs en sont Geoffroy (1018-1063) et Bertrand son fils (1063-1092).

M. Ach. Gautier-Descottes (5), croit que l'église a été construite en même temps que les églises de Maguelonne, de Frontignan, de

(1) Tom. II, p. 1128. '(2) Beaux-Arts et Voyages, tom. II, pp. 53 et suiv. (3) L'Architecture romane du Midi de la Gaule. (4) La Tradition des Saintes Maries, pp. 12, 91-94. (5) L'Eglise des Saintes-Maries, pp. 4-18.

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LEUR ÉGLISE ET LEUR PÈLElUNAGE 43

et que d'autres temples-citadelles, élevés pour la défense de nos côtes contre les Sarra­siq.s, les Arag~mais et les Catalans, qui infes­tèrent successivement le Golfe du Lion. Il se demande si les chapiteaux de l'abside n'ont pas été mis en place postérieurement, c'est-à­dire au temps de la construction du cloître de Saint-Trophime d'Arles. Si l'on considère la forme ou le mode de construction, poursuit-il, on se trouverait en présence de la nef romane ayant succédé, avec ses trois travées ordinai­res (les autres ayant été ajoutées postérieure­ment) à l'ancienne basilique romaine. Voilà pour l'intérieur. Quant à l'extérieur. l'Eglise des Saintes-Maries a surtout le caractère d'un ouvrage militaire du VIII" siècle. Historique­mcn,t, en tenant compte des motifs particuliers et des intérêts politiques qui ont pu imposer à l'architecte certaines conditions spéciales, on ne peut raisOJ;mablement assigner à cette construction qu'une date contemporaine des invasions sarrasines, c'est-à-dire de ï35, épo­que de la première invasion, jusqu'en. 980, époque où Guillaume le., et son fils Guil­

laume II, petit-fils de Bozon deuxième du nom,

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44 LES SAINTES-MARIES-DE-LA-MER

écrasèrent les Sarrasins· dans leur dernier repaire de La Garde-Freynet. Postérieurement rien n'aurait motivé l'élévation d'édifices aussi considérables et d'appareil aussi militaire. M. Gautier-Descottes pense que l'idée première de la construction de l'Eglise-Citadelle date de l'an 812, sous le pontificat de l'Archevêque. Jean II, ami de Charlemagne. Il conclut que ce n'est ni à l'Empereur, ni aux Rois, ni. aux. Comtes de Provence que cette construction est due, mais aux Archevêques d'Arles, défenseurs du pays, en cette période où l'autorité civile manquait souvent de stabilité. L'Eglise de Notre-Dame-de-la-Mer, commencée par Jean II. continuée par Nothon (819-850), aurait été achevée et fortifiée par Rotland (850-869), vers le milieu du IX' siècle.

C'est probablement au cours d'une de ses visites faites pour surveiller les travaux de défense de Notre-Dame-de-Ia-Mer et de la Camargue, que l'Archevêque Rotland fu t sur­pris par les Sarrasins avec son escorte sur les bords du Vaccarès. Ses hommes furent massa­crés au nombre de 300, et lui-même fut fait prisonnier et soumis aux plus mauvais traite­

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45 LEUR ÉGLISE ET LEUR PÈLERINAGE

ents. Informés du désastre, les gouverneurs la ville d'Arles envoyèrent une députation

p ur traiter de la rançon de leur Pasteur. Ils a ordèrent tout ce qu'on exigea : 150 livres d' l'gent, 150 manteaux, 150 épées, 150 escla­ve' Pendant qu'on négociait ~a délivrance, l'A chevêque succomba aux mauvais traite­ments qu'il avait subis (18 Septembre 869). Le·s Sarrasins, craignant de perdre la rançon convenue, avertirent les Arlésiens de la verser en toute hâte, parce qu'ils allaient quitter la Camargue. Au jour fixé, ils vêtirent Rotland de son costume d'Evêque, et l'ayant mis sur un siège, le déposèrent sur la rive avec des marques d'un grand respect. Les Arlésiens, croyant leur Archevêque vivant, payèrent la rançon. Mais quand ils s'approchèrent de lui pour le ramener, ils s'aperçurent que ce n'était qu'un cadavre. Consternés, ils l'emportèrent à Arles, et l'ensevelirent avec honneur dans l'église de Saint-Honorat.

Quelle que soit d'ailleurs la date ex.acte de la construction de l'Eglise-Citadelle, il est un point sur lequel il nous paraît impossible de dire, avec la plupart des auteurs insuffisam~

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46 LES SAINTES-MARIES-DE-LA-MER

ment informés, qu'elle a été élevée sur le ruines de l'église précédente. On ne s'expliqud ­

rait· pas, en effet, l'existence, au XV· Siè~'

d'une chapelle ,assez allongée, fermée en av t par un portail de fer à claire-voie (cledassi ), et sur les trois autres côtés par des murs de pierre de taille. Cette chapelle occupait le n­tre de l'église, entre la nef et le chœur ; pour aller de la nef au chœur, il fallait passer par les couloirs sitoés entre les murs de la chapelle et ceux de l'église (1). Il n'est pas admissible que cette chapelle ait été construite en même temps que l'église, ou postérieurement, de façon à masquer aux fidèles se trouvant dans la nef la yue des cérémonies du culte célébrées dans le chœur. Pour nous, cette chapelle n'était pas autre chose que l'Eglise existant déjà du temps de Saint Césaire, au VI" siècle. Par là on s'explique facilement pourquoi le niveau de toute l'Eglise était sensiblement le même que le niveau actuel de la crypte. En conservant pieusement le vieil édifice, on ne pouvait faire autrement que d'établi~ le pavé

(1) Procès-verbal de l'Invention des Reliques, en 1448.

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LEUR ÉGLISE ET LEUR PÈLEIUNAGE 47

d la nouvelle Eglise en contre-bas ùes terrains en ·ronnants, qui avaient été surélevés pen­da t plusieurs siècles par les inondations du Rh e, dont une branche, le Rhône de Saint­Fer éol, passait tout à côté de la petite Ville de 1 Mer.

Pe dant les invasions, les religieuses pré­posée. à la garde du tombeau et de l'Eglise des uaintes, avaient dù abandonner le pays.

erEn 992, le Comte Guillaume 1 restitua au monastère de Saint-Césaire 1 l'Eglise et ses dépendances (1). Cette possession ne fut pas de longue durée.

En 1061, l'Archevêque Raimbaud donna au t::hapitre d'Arles l'Eglise de Notre-Dame de Ratis « en vue d'obtenir le salut pour lui, pour son frère Foulques et pour leur père et mère». Il menace d'anathème ceux qui voudraient s'opposer à l'effet de cette donation (2).

(1) POllti{icium Arelatense, in-4°, 1629. Ex archivis Virginum S. Cœsarii Arelatensis.

(2) Archives Départementales des Bouches-du:'Rhône; Répertoire général de tous les titres et documents, Archevêché d'Arles, fol. 6; Livre Noir de l'Archev., fol. 49 ; Faillon, Monuments inédits, tome II,.col. 609.

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48 LES SAINTES-MARIES-DE-LA-MER

Vers 1075, le comte Bertrand cède au C'Ia­pitre d'Arles tous ses droits sur l'Eglise/de

.. Notre-Dame de Ratis (1).

Vers 1080, Aicard, Archevêque d' donne, conjointement avec son Ch;itre, l'Eglise de Notre-Dame de Ratis à l'Abba e de Montmajour .c moyennant une redeva e de 300 sous melgoriens à chaque fête de la Tous­saint, deux cierges de bonne cire à l'anniver­saire de la Consécration de l'Eglise, deux autres le jour de l'Assomption, titulaire de l'Eglise, et avec l'obligation de tenir deux desservants aux Saintes-Maries~ (2). - Cette donation fut confirmée par les Papes Pascal II (1114), Gélase II (1119), Calixte II (1123), Eugène III (1152) et Innocent III (1204).

Les moines de Montmajour conservèrent la possession de l'Eglise jusqu'à la suppression de l'Abbaye, en 1786.

(l) Paillon. t. II, col. 611 ; Authentique du Chapitre d'ATles, fol. 126 ; Histoire des Comtes de Provence, par Antoine de Rum~ p. 62.

(2) Archives de Montmajour, ancien N° 1746.

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LEUR ÉGLISE ET LEUR PÈLERINAGE 49

Au commencement du XII" siècle, le titre de

S~cta-Maria de Ratis, tombé en désuétude, 1'u remplacé par celui de Sancla-Maria de Mari (S nte-Marie-de-Ia-Mer), seul employé désor-· -ma s dans les Actes officiels.

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CULTE DES SAINTES MARIES

AU MOYEN-AGE

L'AUTEUR de l'Histoire de Sainte Marie Jacobé et de Sainte Marie Salomé (1) rap­

porte à l'an 1315 l'établissement de la Confré­rie des Saintes-Maries. La première mention qui en est faite dans les Actes date de l'année 1338 (2).

Mais dès ce moment, dit M. Reynaud (3), on la voit puissamment installée; elle occupe une place si importante dans les affaires de la Commune, qu'on serait tenté, n'était son caractère éminemment religieux, de la com­parer aux Confréries du Saint-Esprit, qui, dans les plus grands centres, jouèrent un rôle si considérable. Cette Confrérie a eu en quel­

(l) Par un prêtre du Clergé, 1750. (2) Archives. des Saintes-Maries, Charte nO 38, du

29 Nov. 1338. (3) La Tradition des Saintes Maries, pp. 23 et suiv.

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52 LES SAINTES-MARIES-DE-LA-MER

que sorte un caractère public : c'est la Confrérie de la Ville (confratria ville), par opposition aux Confréries de N.-S.-J.-C. ou de l'Ascension, de Saint-Antoine ou de Saint., Claude. Les deux sexes sont admis à en faire partie, et on compte parmi ses membres les plus riches habitants de la ville, qui n'ont garde de l'oublier dans leur testament... Aussi cette confrérie avait-elle des propriété_s, et la Commune parait avoir fait à sa caisse, à la fin du XIV' siècle ou au commencement du XV', un emprunt dont elle se libérait par des paiements partiels.

Peu à peu s'enrôlèrent dans la Confrérie de nombreux pèlerins étrangers à la Commune. Plusieurs Indulgences furent accordées par les Souverains Pontifes aux membres de la Confrérie, notamment par Benoit XJV dans une Bulle adressée, le 17 Févrie'r 1743, à

l'Archevêque d'Arles.

Au début du XIV' siècle, les 3.000 habitants de l~ Ville étaient administrés par trois consuls, assistés d'un Conseil où les trois clas­ses de citoyens, divites, mediocres, pallperes,

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\ \ 1 LEUR tGLISE ET LEUR PÈLERINAGE 53· lIj

étaient représentées. L'affluence des pèlerins les enrichissaient. Les Princes les comblaient de privilèges : d'anciennes ordonnances font défense aux collecteurs d'imI>ôts de saisir les valeurs, les armes, les meubles, le bétail des habitants ; Raymond Bérenger V accorde aux Consuls l'exemption de la gabelle, permet aux habitants d'entourer la ville de murailles et de prendre du bois de construction dans la forêt de la Pinède ; le roi Robert, en 1332, les dis­pense de tout service militaire, toutes les fois que les armements seront composés de moins

J

de dix galères ; la reine Jeanne et les rois de France eux-mêmes témoignent hautement de l'intérêt .qu'ils portent aux habitants des Saintes-Maries.

Au nombre des pèlerins illustres on trouve, en 1332, Pierre de Nantes, Evêque de Saint­Pol-de-Léon', en Bretagne. Atteint de la goutte et privé depuis longtemps de l'usage de ses membres, il implore la protection de la Sainte Vierge et des Saintes Maries, et fait vœu d'aller visiter leur Eglise, s'il obtient sa guérison. L'hymne qu'il composa en vers latins exprime la simplicité et la vivacité de sa foi et de sa

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54 LES SAINTES-MARIES-DE-LA-MER

piété. L'hymne achevé, l'Evêque s'endort d'un profond sommeil, pendant lequel les Saintes lui apparaissent faisant des onctions sur ses membres souffrants, et l'assurant de sa guéri­son. A son réveil il est en effet guéri. Il part bientôt pour accomplir son vœu. Après son retour il dédie à ses puissantes protectrices trois autels : l'un à Nantes', sa ville natale, dans :l'Eglise de Saint-Pierre son Patron ; le second au Val des Ecoliers, à Longjumeau près de Paris ; le troisième à Paris, dans l'Eglise

1

des Carmes. Il compose un Office propre, qu'il récite tous les jours ; et chaque année, le 25 Mai, il fait célébrer une fête en l'honneur des Saintes Maries. - L'histoire de cette gué­rison est racontée, en 1357, p~r Jean de Venette, Carme du Couvent de Paris, dans un poème en vers français intitulé Les Trois Maries (1).

En 1343, Foulque II, Evêquc de Paris, fait

le pèlerinage des Saintes-Maries, et, à son retour, institue dans son diocèse les fêtes de

(1) Manuscrit de la Bibliothèque Royale, 7581, p. 437.

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LEUR ÉGLISE ET LEUR PÈLERINAGE 55

Sainte Marie Jacobé le 25 Mai, et de Sainte Marie Salomé le 22 Octobre.

•Monseigneur Derquiry, Evêque de Coutan­ces, fait une semblable ordonnance pour son diocèse. De nombreux diocèses de France s'unissent à ce concert de louanges. Le diocèse de Chartres se fait particulièrement remar­quer. Partout les Saintes Maries y ont des autels et des Confréries. On voit encore à

Mignières une église du XI" siècle dédiée aux Trois Maries. De temps immémorial on s'y rend en pèlerinage de la Beauce et du Perche pour y vénérer leurs reliques ainsi que celles de Sainte Marthe et de Saint Lazare (1).

Vers la fin du XIV· siècle, sous Louis II, la Ville de la Mer fut assiégée par les Aragonais, qui brûlèrent la façade de l'Eglise. Les deux dernières travées n'étaient probablement pas encore achevées, et ne le furent qu'après l'incendie, avec des pierres de taille de Beau­caire. La ville de Châteaurenard envoya cent hommes pour soutenir les Saintains, qui, à leur tour, contribuèrent à la défense de Châ­teaurenard.

(1) Notice sur Les Trois Maries, par l'abbé Cintrat, curé de Mignières.

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INVENTION DES RELIQUES

EN 1448

EPENDANT les Corps des Saintes, cachésC pendant les invasions des Sarrasins~.

demeuraient . enfouis dans l'intérieur de l'Eglise, sans aucune indication de l'endroit précis où ils reposaient. Jugeant que l'heure était venue de rendre à ces Reliques vénérées le cuIte qui leur était dû, le pieux Prince René d'Anjou, roi de Sicile et de Jérusalem, Comt~

de Proven.~e, forma le projet de les faire rechercher et de leur donner une place d'hon­neur.

Encouragé par le P. Adhémar, de l'Ordre des Frères Prêcheurs, il demande au Pape Nicolas V l'autorisation de faire des fouilles dans l'Eglise de N.-D. de la Mer pour découvrir les Reliques.

Entre temps il envoie sur les lieux l'Arche­vêque d'Aix, Robert Damien, qui recueille

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auprès des habitants les renseignements néces­saires. D'après les témoins entendus, on croit que les Corps reposent dans la Chapelle située au centre de l'Eglise.

Par uI1e Bulle datée du 3 Août 1448, le Pape accorde l'autorisation demandée et délègue comme Commissaires Apostoliques l'Archevê­que d'Aix et Nicolas de Brancas, évêque de Marseille. Sans perdre de temps, l'Archevêque charge le Chevalier Jean Arlatan de diriger les travaux. Celui-ci se rend directement à la Ville de la Mer, et les fouilles sont faites sous sa , direction par des ouvriers assermentés. Vers le milieu d'Août les travaux sont achevés.

Le Roi, qui avait été tenu au courant du résultat des fouilles, en fit part au Souverain Pontife, et celui-ci, par sa Bulle du 20 Octobre suivant, délégua le Cardinal Pierre de Foix, Evêque d'Albano et Légat du Saint-Siège à Avignon, pour procéder à la reconnaissance et à la Translation des Saints Corps.

De concert avec le Roi, le Cardinal chargea l'Evêque de Marseille de faire l'information canonique préliminaire. Nicolas de Brancas se rendit à Arles pour commencer son enquête.

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A Petite porte du Nord, - B Grande PQl'te du MidI. - C Le puits d'eau douce. _ D T~te d'homme. - EE Restes d'un ancien mur. - F Petite grotte. - G Autel en terre pétrie. - HH Corps des Saintes. - 1 Tétes d'enrants.

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Le dimanche 17 Novembre, à l'Auberge du Mouton, le Chanoine Albaleti, Prévôt, Vicaire Général et Official de l'Archevêché d'Arles, lui présenta les Lettres Apostoliques le dési­gnant, conjointement avec l'Archevêque d'Aix, comme Commissaire du Pape pour la présente affaire. Le Vicaire Général lui montra en outre: la Légende (1) qui est lue chaque année dans l'Eglise d'Arles et partout où l'on célèbre la fête des Saintes Maries ; un extrait de l'ouvrage de Gervais de Tilbury, intitulé De Otio lmperiali, contenant des détails sur la Camargue, l'Eglise et le Tombeau des Saintes Maries; un autre extrait du Ratiollale Divi­norum Olficiorum, de Durand Evêque de Mende, mentionnant l'existence, dans l'église de N.-D. de la Mer, d'un autel en terre élevé par les disciples du Christ en arriv.ant sur la plage de la Camargue.

(1) Dans le langage liturgique, on appelle Légende ou Leçon, un abrégé de la Vie d'un Saint qui doit être lu (Legenda) à l'Office de la fête de ce Saint. Ce n'est pas un récit inventé par l'imagination populaire, comme on se le figure trop communément; mais une pièce historique, qui peut contenir quelqpes erreurs de détail mais dont le fond doit être tenu pour vrai, vu la sévérité et la prudence de l'Eglise dans ces matières.

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L'Evêque de Marseille interrogea ensuite, sous la foi du serment, divers personnages de la Ville d'Arles, entre autres l'Archiprêtre et le Pr.ecentor de cette Eglise. Tous rendirent témoignage de la tradition immémoriale concernant la Sépulture des glorieuses Saintes dans l'église de N.-D. de la Mer, l'affluence des pèlerins, surtout aux jours de leurs fêtes, et les grâces obtenues près de leurs tombeaux.

Le Mardi 19 Novembre, Nicolas de Brancas se rend à la Ville de la Mer, accompagné par le chevalier Jean Arlatan, le notaire Humbert de la Rote, et ses familiers. Dès qu'ils sont arrivés, il ordonne au chevalier de faire appe­l'er le Bayle du Roi, les Syndics de la Ville et ceux qui avaient fait les fouilles.

Tous ensemble ils se rendent à l'Eglise. Avec eux se trouvent Giraud Samson, prieur, et Hugues Rolland, vice-curé de N.-D. de la Mer. e: Nous avons examiné ladite Eglise, dit l'Evê­« que de Marseille, et nous avons reconnu c: qu'elle n'avait de l'extérieur que deux « portes, l'une plus grande que J'autre, savoir e: une porte sur chacun des côtés. Nous avons e: constaté ensuite que l'Eglise elle-même est

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« divisée en trois parties, savoir : une nef « pour la première partie ; une chapelle assez « allongée, fermée sur le devant par une grille « (cledassio) en fer, et sur les deux côtés et . « le fond par un mur en pierre de taille, pour « la seconde partie ; un chœur ou enceinte « réservée aux Clercs qui chantent l'Office, « pour la troisième et dernière partie. On n'a « d'accès de l'Eglise à cette troisième partie « que par un long couloir formé par le mur « latéral de ladite chapelle ). Telle est la description de l'Eglise au milieu du XV· siècle.

L'Evêque examine les fouilles. La chapelle intérieure avait été creusée de part en part. On avait cru d'abord que les Corps des Saintes étaient ensevelis au pied de l'autel principal de cette chapelle. Or, on ne trouva au milieu de la chapelle que le puits et la. source d'eau douce. C'est de cette eau, dit le procès-verbal, que l'on avait coutume de donner aux pèlerins et aux malades mordus par des chiens enragés.

On passe à la troisième partie de l'église. Voici ce que l'Evêque enquêteur apprit de la bouche du chevalier et de ceux qui avaient exécuté les travaux.

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N'ayant rien trouvé que le puits dans la chapelle, on avait continué le's fouilles dans le couloir de droite qui conduisait au Chœur. Au bout du couloir, à l'entrée du Chœur, on avait trouvé une tête d'homme assez grosse, entou­rée d'une lame de plomb, mais pas d'osse~

meats. On creusa dans le Chœur lui-même. Vers le milieu, et non loin de la chapelle susdite, on trouva une petite grotte renfermant des écuelles en terre, les unes entières, les autres brisées, et une certaine quantité de cendres avec des charbons noirs. Entre la grotte et le mur de la chapelle se trouvaient les restes d'un autre mur qui traversait le chœur dans toute sa largeur. Dans ce mur il y avait une petite porte permettant d'aller de la grotte dans la chapelle où se trouvait le puits.

Continuant les fouilles dans la direction du Maitre-Autel qui occupait le fond du Chœur et de l'Eglise, on trouva à une canne (deux mètres) de l'autel, une grande quantité de terre pétrie, très différente de la terre remuée dans le Chœur. Dans cette terre pétrie était dressée une petite colonne de pierre blanche très corrodée, et surmontée d'une petite pierre de

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marbre en forme d'autel portatif~ qui fut brisée accidentellement par III pioche de l'un des fossoyeurs. S'avançant toujours du Maitre­Autel, du côté gauche où l'on dit l'Evangile. on trouva une tête puis tous les ossements d'un corps humain enseveli dàns la terre. ayant les pieds sous la pierre de l'autel et les mains croisées sur la poitrine, et d'où s'échappait un parfum très agréable. On se dirigea sur la droite, et, à la distance d'environ trois pieds, on trouva un second corps dans la même posi­tion que le premier,. mais entouré de pierres minces appelées vulgairement lauses. On arrêta les fouilles de ce côté, craignant d'ébranler les fondements de l'église, et l'on revint du côté gauche creuser à l'entrée du Chœur, vis à vis de l'endroit où l'on avait trouvé la tête entourée de plomb. Après de longues recherches on découvrit trois têtes plus petites disposées en forme de triangle, et pas d'ossements. Par ordre du chevalier Jean Arlatan, les têtes furent déposées à la Sacris­tie ; les deux corps restèrent sur place, chacun sous un cadre de bois recouvert d'une étoffe <le soie..

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65 LEUR ÉGLISE ET LEUR PÈLERINAGE

Tel fut le récit des témoins convoqnés par l'Evêque de Marseille. On ajouta que, par respect pour les corps des Saintes, il n'ava.it jamais été permis d'enscv~lir dans l'église le corps d'un défunt quelconque, et que les sépultures s'étaient toujours faites dllns le cimetière à côté de l'église.

L'Evêque se rend ensuite à l'auberge de la ville, où il recueille séparément et sous la foi du serment les témoignages, tous concordants, de chacune des personnes qui avaieht coopéré aux fouilles et qui viennent d'assister à l'exa­nien de l'église.

Le lendemain mercredi, après avoir fait rédiger par le notaire le procès-verbal de tout ce qu'il a vu et entendu, Nicolas de Brancas repart pour Avignon où il arrive le lendemain jeudi.

Le samedi 23 novembre,. clans l'Eglise majeure d'Avignon, le roi René, accompagné de plusieurs Evêques, Prélats, Chevaliers et autres notables de ses E~ats, se présente au Cardinal Légat, entouré également d'Evêques, Prélats, Chevaliers et notables de la Ville et du Comtat. Discours du vénérable maître Adhé­

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mal', confesseur du Roi, suppliant, au nom du Prince, le Cardinal de vouloir bien accepter la mission, qui lui est confiée par le Pape, de procéder à la reconnaissance et à l'Elévation des Reliques des glorieuses Saintes Maries Jacobé et Salomé. Le Roi, lui-même présente les Lettres du Pape au Cardinal qui les reçoit avec respect, les fait lire à l{aute voix par le notaire, ct promet son concours personnel pour l'exécution desdites Lettres Apostoliques.

Le lendemain dimanche, dans la mêmc Eglise d'Avignon, l'Evêque de Conserans chante la Messe solennelle du Saint-Esprit, pendant laquelle le Père Martial d'Auribeau, dominicain, fait l'éloge du pieux dévouement du Roi et annonce quc la cérémonie de l'Eléva­~ion des corps des Saintes Maries commencera le lundi 2 Décembre suivan t.

Vn témoin oculaire, Jean Eustache, abbé de Sainte-Marie-de-Nizelle, au diocèse de Cam­brai, raconte que le Cardinal Légat partit d'Avignon en bateau, avec sa suite, le samedi 30 Novembre, et arriva sur le soir à Arles. Au port du Rhône l'attendait l'Archevêque d'Aix, assisté de nombreux Prélats. Le Roi lui-même

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67 LEUR ÉGLISE ET LEUR PÈLERINAGE

vint prendre le Cardinal sur le bateau pour le conduire à l'intérieur de la ville, à travers la foule immense du peuple.

La journée du dimanche se passe à Arles. Le lundi 2 Décembre, d'assez bonne heure, tout le monde est rendu à la Ville de la Mer. L'Evêque d'Orange chante les Vêpres. Après quoi le Roi Hené présente au Cardinal le Procès-Verbal de l'enquête faite par l'Evêque de Marseille, ainsi que les autres écrits déjà présentés audit ~vêque enquêteur.

Le Cardinal entre alors en conférence avec les Evêques, Abbés, Prélats et Docteurs appe­lés à cette cérémonie. C'étaient les RR.: Robert Damien, Archevêque d'Aix; Antoine Ferrier, Evêque d'Orange ; Pierre Nasond, Evêque d'Apt; Jean de Colliargis, Evêque de Troie Gaucher de Forcalquier, Evèque de Gap Guillaume Soybert, Evêque de Carpentras Nicolas de Brancas, Evêque de Marseille Tristand de l'Aure, Evêque de Conserans Pierre Turelure, Evêque de Digne ; Palamède

de Carret, Evêque de Cavaillon ; Guillaume Guezi, Evêqlle de Grasse ; Pierre Marin, Evê­que de Glandèves ; Pons de Sadone, Evêque

,J,

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de Vaison ; Pierre du Lac, Abbé de Saint­Victor de Marseille ; Arnaud de Saint-Félix, Abbé de Psalmodi ; Jean Préverand, Abbé de Saint-Gilles ; Jean Eustache, Abbé de Sainte­Marie-de-Nizelle ; Adhémar Fidèle, Prieur de Saint-Maximin ; Jean de Badoire, Prieur de Bedoin au diocèse de Carpentras; Jean Alba­let, Vicaire Général d'Arles ; Louis de Fras­senges, Doyen de la Collégiale de Saint-Pierre d'Avignon; Jean de Paillères, Archidiacre de Carpentras ; Arnaud Guillaume de Sansac, Chanoine d'Adura ; Jacques Guillot, Docteur en Droit canonique d'Orléans ; Guillaume d'Harencourt, Jean Huet et Marquet de Ricci, Protonotaires assistants du Saint-Siège Ap.os­tolique.

A la suite de cette conférence, le Cardinal Légat, monté sur une estrade servant de Tri­bunal, au nom du Saint-Siège Apostolique, prononce la sentence sur l'authenticité des/~~v

Reliques des Saintes Maries trouvées dans l'Eglise, et ordonne qu'elles soient enfermées dans une Châsse convenable et placées en lieu honorable dans l'Eglise. Outre les personnages nommés plus haut, étaient présents : le Roi

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LEUR ÉGLISE ET l.EUH PÈLERINAGE 69

René et la Reine Isabelle, leur gendre, Frédéric de Lorraine, et plus de 300 Seigneurs ou gens de qualité appelés comme témoins.

La foule nombreuse de pèlerins accourus de toutes parts passa la nuit dans l'Eglise auprès des Saintes Reliques.

Le jour suivant, mardi 3 Décembre, la Grand'Messe pontificale est chantée par le Légat assisté par les Evêques et les autres Ecclésiastiques. Le gendre du Roi et le Séné­chal de Provence servent à l'Autel. La Messe dite, le Cardinal prend les Saints ossements et les dépose sur une table. Les Evêques de Mar­seille et de Conserans les lavent, selon l'usage, avec du vin blanc dans des vases d'argent. Le Légat les place successivement dans une châsse à double compartiment, préalablement bénite et magnifiquement décorée.

Après le repas de midi, on sort la Châsse sur la place publique. Le P. Adhémar prononce le panégyrique des Saintes. Puis les ossements sont montrés l'un après l'autre à toute l'assis­tance et remis dans la Châsse qui est reportée dans l'Eglise.

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70 LES SAINTE5-MAlUE5-DE-LA-lIlEH

Le lendemain 4 Décembre, le Cardinal dépose dans une autre châsse en bois de noyer les têtes et les autres reliques trouvées dans l'église près des Corps des Saintes Maries. Cette châsse est placée dans la Sacrislie pour y être conservée jusqu'à ce qu'il en soit décidé autrement. La Châsse renfermant les Corps des Saintes Maries est fermée à quatre clefs, puis montée dans la Chapelle de Saint-Michel, qui est située au-dessus du Chœur et que le Roi René a restaurée et préparée pour recevoir ce précieux trésor. Des quatre clefs, deux sont confiées au Roi, deux au Prieur claustral du Monastère de Montmajour, duquel dépend l'Eglise de Notre-Dame de la Mer.

Après le chant cl II Te Deum, le Cardinal chante l'Oraison, donne la bénédiction et congédie l'Assemblée. Pal' son ordre, Maître Humbert de la Rote, de Mâcon, citoyen d'Avi­

gnon et Notaire Apostollql1~, impérial et royd, rédige el signe le Procès-Verbal de tout ce qui vient de s'accompllr. Les Prélats et Dignitaires présents y ajoutent leurs t€mùignagcs avec appension de .lèurs sccflllx. La minute de ce Procès-Verbal sur parchemin est conservée

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aux Saintes-Maries; une copie se trouve aux Archives Départementales dt's Douches-du­Rhône.

A la demande du Roi René, son conseiller l'Abbé de Sainte-Marie-dc-Nizelle improvise un poème en vers lalins rimés, faisant le récit des fêtes de l'Elévation des Reliqurs. Celle pièce a été publiée cn 1874, par M. F. Reynaud, Archiviste-Adjoint des Bouches-du-Rhône, dans sa brochure sur la Tradition des Saintes Maries (1). NOl1s y avons puisé quelques détails laissés de côté par le Procès-Verbal du Carcli­nal Lég~t.

Qç'

(1) Pages 51 il 65, 564 ligues.

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DE L'INVENTION DES RELIQUËS A LA RÉVOLUTION

A l'époque de la construction de l'Eglise, comme nous l'avons dit plus haut, sans

doute pour respecter et conserver la Chapelle ou Eglise précédente, vénérable par son anti­quité et les souvenirs qui s'y rattachaient, on avait établi le pavé à l'ancien niveau, notable­ment inférieur à celui des terrains enviroll­nants. De ce fait le pavé de l'Eglise devait être très humi.de, et cette chapelle centrale empê­chait les fidèles de la nef de suivre les oflices célébrés dans le chœur. Pour supprimer ces deux inconvénients, immédiatement après l'Elévalion des Reliques, le roi René fit démo­lir la Chapelle et relever le pavé de la nef (1).

(1) En 1907, les ouvriers qui cnt travaillé à la réfec­tion du pavé ont trouvé, vis-à-Vrs de la porte du midi, plusieurs m'arches d'e!calier r.:ouvertes par les ter­rassements de 1448.

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7:1 J,E5 SAINTES-MAUIES-DE-LA-lIIER

Il fit construh-e la vaille en pierre de taille sous laquelle désermais se trouva une crypte que l'on appelle la chapelle de Sainte Sara, parce qu'elle renferme les l'cliques de la servànte dévouée des Saintes Maries. Ces travaux durent êtl'e menés rapide111ent : car dans le Règlement de Nicolas de Brancus, Evêque ile Marsci1l3, daté du 7 Janvier 14i!9, il est dit que « le Prieur de l'Eglise sera tenu de faire célé­brer chaque jour les Messes accoutumées dans la Ch3pclle iar:Sricnre que fait taire notre Sérénissime Seigneur Roi ». « It~m quod die­tus Prior tencatur racere cclebrare Oluni die in capella inferiori guum facît fillri Serenissi­mus Dominus noste1' l~cx, de Mi~sis tamen consuetis... » (F. Heynaud, La Tradition des Saintes l',Jades, p. 69).

L'Acte de Nicolas de Brancus, qui agissait en sa qualité de Commissaire Apostolique, règle aussi la mnnière de procéder à l'ostention des Reliques, à la conservation des dons e~,

des ex-voto, et il l'attribution des offrandes. Il décide enfin (Illê les Chàsses renfermant les Reliques des Saintes Maries ne seront descen­dues que pour les fêtes des Saintes, 25 Mai et

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75 LEU'R ÉGLISl: ET LEUR PÈLERINAGE

22 Octobre, et de la Ré;vélation des Reliques, le 3 Décembre ; ou sur l'ordre du Roi Séré­nissime, ou lorsque un Roi ou Comte de la Ma.ison de France, ou un Cardinal viendrait. pour visiter les Saints Corps.

L'église n'ayant pas de sacristie proprement dite, on construisit, en 1455, un mur en pierre de taille qui sépara l'abside du reste du chœur, et contre lequel s'npp11ya le MaUre-Autel. Un grand parchemi.n conservé au Presbytère donne tons les détllils de la com-entioll passée entre les représentants de la Communauté (les Saintes-Maries et des entrepreneurs de la yme d'Arles pour la' construction de ce mur, qni n'a été démoli qu'au milieu du XIX· siècle. ­On voit par là l'inanité cle la fable d'après laquelle on possédait, aux Saintes l,\Taries, le privilège de dire la Messe face au peuple, comme dans certaines Basiliques de Rome. Nos ancêtres étaient trop jaloux de leurs tra­ditions et de leurs privilèges pour laisser abolir celui-là, s'il avait existé. La lecture du procès­verbal de 1448 ne permet pas, d'aüleurs, de supposer à cette épaque l'existence d'un pareil privilège.

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76 LES SAINTES-MARIES-DE-LA-MER

Les événements de 1448 eurent un retentis­sement considérable, qui amena à la Ville de la Mer un nombre de plus en plus grand de pèlerins. En reconnaissance des grâces obte­nues, tous faisaient à l'église des dons généreux.

Au mois de Mai 1576, une bande de fanati­

ques tenta de s'emparer <les Reliques des Saintes et· des richesses de leur église. Le chevalier de Beaujeu et le consul Sabatier, venus pour les arrêter à la tête de 80 cavaliers arlésiens, furent battus. Sabatier mourut des suitcs des blessures reçues dans cette ren­contre. Des renforts arrivés d'Arles mirent en fuite les nouveaux Vandales.

Les témoignages de la protection des Saintes Maries pendant cette période sont nombreux. Qu'il nous suffise d'en mentionner deux :

Le 25 Mai 1591, jour de la fête des Saintes, un enfant, Jean Anthaume, fils d'Honoré, se trouvant avec sa mère Marguerite Morel sur le chemin de ronde qui surplombe l'église, passe accidentellement par une des meürtriè­l'es et vient s'abatlrf; sur le sol. La mère a vu le danger : 4: Hélas ! Sàintes Mari{ 1 et Saint

1"

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77 '\'EUR ÉGLISE ET LEUR PÈLERINAGE

Anthoi~auvez mon enfant! • s'écda-l-elle. On accourt, ,t l'on trouve l'enfant assis à terre, sans aucun Ifial. - Une petite peinture, que l'on voit à la Chapelle Haute, raconte le fait avec une touchante naïveté.

Quelques années plus tard, en 1596, de graves dissensions s'élèvent à Arles, à l'occa­sion des troubles de la Ligue. Impuissants à conjurer les malheurs qui menacent la ville, les Consuls font vœu d'offrir aux Saintes Maries un souvenir de leur gratitude, si le calme se rétablit. Leur confiance est aussitôt récompensée : l'esprit de paix succède à l'agi­tation des jours précédents, ct la ville recouvre sa tranquillité. Le 15 Septembre, les Consuls, le Chapitre et plus de 6.000 pèlerins se rendent aux Saintes-Maries pour offrir à leurs libéra­trices le témoignage de leur reconnaissance. C'étaient une croix en vermeil et une magnifi­que pièce d'orfèvrerie représentant la ville d'Arles. Les deux Saintes y paraissaient debout, et une femme agenouillée tenait à la main une banderolle avec l'inscription : Sa~n­tes Maries Jacobé et Salomé, intercédez pour les habitants de la Ville d'Arles. Pendant la

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78 LES SAINTES-MARIES-DE-LA-MER

/'Révolution de 1793 cet ex-voto. a d~paru avec bien d'autres trésors de l'église.

La foi des peuples était telle, qu'on avait recours aux Saintes dans toutes les circonstan­ces importantes ou pénibles de la vie ; contre toutes sortes de maladies, surtout contre la fièvre ; pour la délivrance des femmes en couches. Nous avons vu, dans un chapitre précédent, qu'on faisait boire de l'eau du puits aux personnes mordues par des chiens enra­gés. Les témoins entendus en 1448 affirmèrent qu'aucune de ces personnes n'avait été atteinte de la terrible maladie. Un Manuel de dévotion, imprimé en 1750, contenait la Messe propre que l'on disait pour ces personnes.

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LEUR ÉGLISE ET LEUR PÈLERIN.;\GE 79

D'apI' les documents (procès-verbaux, etc.) conservés ux Archives départementales, les Châsses des aintes Maries ont été ouvertes et les Reliques 'riflées:

En 1655, par Monseigneur François de Gri­gnan, Archevêque d'Arles : procès-verbal très détaillé. - En 1662, l'Archevêque reste à N.-D. de la Mer du 15 au 25 Décembre; ce jour de Noël il fait descendre les Châsses dans l'Eglise. On respectait alors les droits de l'Archevêque.

En 1686, pal' Monseigneur Jean-Baptiste de Grignan, Archevêque d'Arles, neveu du pré­cédent. Les Châsses sont ouvertes avec les clefs du Prieur de l"Iontmajour et des Commissaires de la Chambre des Comptes. Description très détaillée des Reliques et des documents ;

En 1709, par Monseigneur François de Mailly, Archevêque d'Arles. Le procès-verbal original a dû être brûlé avec les Châsses le 5 Mars 1794. Son attestation munie de son sceau fut enlevée des Châsses, avec une partie des reliques, par M. Abri!, le 22 Octobre 1793, et remise dans les nouvelles Châsses le 21 :Mai

1797 ;

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80 LES SAINTES-MAHIES-JiE-LA-MEU

En 1710, par Monseigneur Louis dé" Roque­martine, Evêque de Saint-Paulirois-Châ­teaux. Même remarque que ci-delus ;

Le 25 Mai 1719, par Monseignéur de Forbin­.Janson. Procès-verbal détaillé, dont une copie aux Archives départementales.

En moins d'un siècle les Châsses ont ùonc été ouvertes cinq fois. Ces faits détruisent absolument la légende d'après laquelle elles ne sont ouvertes qu'une fois tous les cent ans. D'après le droit canonique, les Evêques ont en effet la faculté et même le devoir de vérifier, quand ils le jugent utile ou nécessaire, toutes les Reliques conservées dans les différentes églises de leurs diocèses.

~

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SAINTES MARIES PBNDANT LA RÉVOLUTION

L'EGLISE des Saintes-Mal:ies ne pouvait. pas échapper aux. dévastatIons de la pénode

révolutionnaire. Le 8 Mai 1793, des envoyés du District d'Arles firent main basse sur la plu­

part des objets précieux, ne laissant que ceux strictement nécessaires à l'exercice du culte.

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82 LES SAINTES-MARIES-DE-LA-MER

mais sans cependant toucher aux Reliqbes des Saintes.

, Le curé constitutionnel Antoine;Abril, crai­

gnant le retour des révolutionnaires et la profanation des Reliques, se concerte avec un paroissien fidèle, Antoine Molinier, pour les mettre en lieu sûr. Dans la nuit de la fête des Saintes Maries, 22 Octobre 1793, ils se rendent à l'Eglise, ouvrent les châsses exposées au milieu du chœur, et en retirent environ le tiers des ossements des deux Saintes, dont ils font deux paquets qu'ils transportent d'abord à la cure. Après mûre délibération, ils décident de les enterrer dans le bûcher (bouscatiero) atte­nant à une maison que Molinier tient à ferme au nord du cimetière. Le secret le plus absolu a été gardé jusqu'au mois de Mai 1797.

La précaution était bonne. Le 5 Mars 1794, des gens à triste mirte, venus d'Arles, sèment la terreur dans la paroisse. Le curé Abri! avait disparu dans le courant de l'hiver. Les châsses sont descendues par le tour et 'transportées sur la place méridionale de l'Eglisè. On les ouvre à coups de hache, on y introduit des sarments et on y met le feu. On brûle aussi avec les

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" LEUR ÉGLISE ET LEUR PÈLERINAGE 83

\ châsses, des Missels, des Livres de Chœur et autres Livres liturgiques, des ex-vota de la Chapelle Haute et des statues de Saints, pen~

dant que des danses macabres sont exécutées autour du feu. Les cendres sont ensuite dis~

persées sur la place, et quelques personnes, des enfants surtout, réussissent à recueillir une certaine quantité d'ossements calcinés. Ces reliques ont été pieusement conservées dans 'quelques familles jusqu'en 1863, comme nous le verrons plus loin. La population est conster­née. Une femme est tellement affectée de ces horreurs, qu'elle en devient folle et meurt quelque temps après ; dans ses accès de folie elle ne cessait de répéter, se tenant la tête dans les mains : « On a brûlé les Saintes ! On a brùlé les Saintes ! »

Avant de se retirer, les sectaires mutilent les belles boiseries qui décorent les murs de la Chapelle Haute, en enlevant au ciseau les sculptures en relief des quatre panneaux les plus près de l'autel. L'un des représentants du District emporte à Arles, pour être monnayés, les deux reliquaires d'argent en forme de bras

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8'1 LES SAINTES-~fARIES·DE-Li\·MER

confectionnés avec les bassins de même métal donnés en 1448 par le R<;>i ~eué.

Le 27 Mars de la même Juuée, des envoyés du District brisent l'autel en bronze de la crypte et en emportent à Arles, le métal pesant cinq quintaux. Dans cet autel formant reli­quaire se trouvaient, depuis le XV' siècle, les reliques de Sainte Sara, ainsi que l'autel en terre et ses accessoires découverts en 1448.

Au début de l'année 1797, le calme com­mence à renaitre pour l'Eglise de France. La déportation des prêtres insermentés est abolie. Le 4 Mars, un prêtre originaire des Saintes­Maries, M. Barrachin, ancien dominicain, arrive d'Arles et instruit la municipalité qu'il vient d'être relevé det"la suspense et que le P. Joubert, de l'Oratoire, nommé Vicaire Géné­ral du diocèse d'Arles, par Monseigneur de Belloy, Evêque de Marseille et Administrateur dudit Diocèse sede vacante Cl), l'a délégué pour bénir l'Eglise paroissiale et y exercer les t'onctions curiales, en l'absence du légitime

(1) Monseigneur du Lau, Archevêque d'Arles, avait été massacré en Septembre 1792. dans la prison des Cannes, à Paris.

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85 LEUR ÉGLISE ET LEUR ptLERINAGE

curé dont on n'a aucune nouvelle depuis bien longtemps. Avec l'aide de la Municipalité, il se met immédiatement à l'œuvre. Dans la petite sacristie de la Chapelle Haute il trouve intacte la caisse renfermant quelques osse­ments que l'on dit être les reliques du SaInt ApÔtre Jacques le Mineur (1), ou des Saints Innocents. - Le 13 Mars, le Receveur des Domaines nationaux fait enlever les scellés de la sacristie de l'Eglise et remettre au curé les rares effets ou ornements qui s'y trouvent. Des personnes de bonne volonté recueillent d'ahon­dantes offrandes, et le notaire Jacques Martin apporte de Nimes les objets du culte indispen­sabies qui manquent encore.

Cependant la municipalité fait arracher les-. arbres de la liberté. Le 3 Avril, en enlevant celui qui se trouve sur la place vis-à-vis la porte de l'Eglise, on retrouve le marbre appelé Coussin des Saintes, dont on s'était servi pour Je consolider. On rétablit ce marbre dans l'Eglise, à l'endroit où il était anciennement vis-à-vis la chaire. C'était, dit-on, SUl' ce mal'­

(1) Ou plutôt de Saint Jacques le Majeur.

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86 LES SAINTES-MARIES-DE-LA-lIIER

" bre que reposait la tête d'une des Saintes, lors de la découverte des corps, en 1448.

Le 16 Avril, jour de Pâques, a lieu la béné­diction solennelle de l'Eglise et de la Chapelle Haute, suivie de la célébration de la Messe et des autres offices de la journée.

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Le 16 Mai, 27 floréal an V, le citoyen Julien Marteau, Officier de Santé en pharmacie, ori­

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LEU~ ÉGLISE ET LEUR PÈLERINAGE 87

ginaire d'Arles et résidant à Saint-Gilles, apporte l'un des bras d'argent emportés à Arles avec toute l'argenterie de l'Eglise, le 5 Mars 1794. Julien Marteau avait trouvé ce reliquaire dans un tiroir du bureau, lors de son entrée en fonctions comme administrateur du District d'Arles. Le Procès-verbal de cette restitution se trouve au Presbytère. Une copie est insérée dans le Registre de Catholicité de 1797.

Le dimanche 21 Mai, Antoine Molinier fait connaître à la Municipalité l'endroit où sont cachées les Reliques enlevées des châsses le 22 Octobre 1793. On se rend au bûcher et l'on déterre les deux paquets. M. Barrachin, auto­risé préalablement par le Vicaire Général, prend les paquets et les porte respectueuse­ment à l'Eglise. Dans l'un des paquets se trouve une inscription portant, à côté du nom de François de Mahi (sic) Archevêque d'Arles, la mention Attest. Ossa Sanctœ Llfal'iœ Salome.

Dans l'autre paquet, une inscription porte, à côté du nom de Louis, Evêque et Comte de Trois-Châteaux, la mention Ossa Sanctœ

lIfariœ Jacobi. Attest., puis une autre inscrip­

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88 LES SAINTES-MARIES-DE-LA-MER

tion portant ces mots : Franc. de Mali Archie­pûs Arelatensisj et plus bas: Ossa Sanctœ,

Mariœ Jacobi. Ces attestations sont revêtues des sceaux des Prêlats qui les avaient for­mulées.

Le citoyen Joseph Gondran, Officier de Santé, examine ensuite les Reliques et trouve : Dans le paquet de Sainte Marie Salomé, un os cipital entier (nous respectons l'orthographe du Procès-verbal), la partie antérieure et supé­rieure de la mâchoire inférieure avec une dent molaire et deux fragmants des deux dents incisives, un homo-plato entier du côté droit, lIne clavicule entière, une des premières cottes, deux fragmants d'autres cottes, quatre frag­II1an~s des os tibia, un os péroné entier, un h'agmant de l'autre péroné ; dans le paquet de Sainte Marie Jacobé, un os des pariéto, une partie de la machoire inférieure, nne des pre­mières cottes entière, deux autres cottes en fragmant, des fragmants d'un os cubitus, un os radius entier, des fragmants d'un autre radius, un os fœmur en fragmant, un os tibia en 'ragman!, un os péroné entier.

Dans la caisse à double compartiment que

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LEUR ÉGLISE ET LEUR PÈJ,ERINAGE 89

l'on avait confectionnée semblable à l'an­cienne, M. Barrachin place respectueusement .les ossements, chaque paquet enveloppé d;un linge blanc, puis recouverts, l'un d'une écharpe en soie bleue, l'autre d'une écharpe en soie rouge. Les Châsses fermées, on chante Je Tc Deum, suivi des Vêpres solennelles. Enfin les Reliques sont montées à la Chapelle Haute, à

la. place qu'elles occupaient autrefois, et la cérémonie se termine par la Bénédiction du Saint-Sacrement. Le procès-verbal de. cette Révélation des Reliques, extrait des Châsses en 1839, est conservé au Presbytère; une copie es t insérée au Registre de Catholicité de 1797.

La veille de ce jour, le 20 Mai, M, Barrachin avait trouvé, dans un angle ùe la Chapelle qui fait face à la porte sud de l'Eglise, une caisse remplie d'ossements. Deux femmes, Justine Lieutaud épouse Conseil, et Marguerite net'· trand veuve Martin, déclarent que ce sont les ossements de Sainte Sara. Le jour ùe.la des­truction de l'autel de la Crypte, 27 Mars 1794, elles les avaient elles-mêmes ramtlssés dans les déeornbres et conservés soigneusettlent,

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90 LES SAINTES-},[,\RIES-DE-LA-Mrm

puis placés dans cette caisse. Ces ossements ont repris leur place dans la Crypte.

M. Barrachin meurt en Janvier 1801. Ses ~uccesseurs s'occupent de remettre en état l'Eglise dévastée par la tourmente. Le pèleri­nage reprend, les grâces obtenues se multi­plient et attirent de nouveaux pèlerins.

M. l'Abbé Gazan est curé des Saintes-Maries du mois de Janvier 1831 au mois de Mai 1845. Sous son administration a lieu le 21 Juin 1839, la reconnaissance des Reliques pal' M. Jaque­met, Vicaire Générul délégué de Monseigneur Bernet Archevêque d'Aix. Arrivé la veille, M. le Vicaire Général avertit la population de l'objet de sa visite. Excités par de faux bruits les habitants croient qu'on vient leur enlever leur précieux trésor, ct à dix heures du soir ils envahissent l'église ct la cour du presbytère. On arrive peu à peu à les rassurer, li1ais il faut leur permettre de passer la nuit dans l'église. Quand, le lendemain, les Messes dites, on va procéder à la cérémonie, on s'aperçoit que le tour qui sert à descendre les Châsses a disparu. Pendant ·la nuit un fabricien zélé l'avait jeté dans le cimetière, olt l'on finit par

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LEVH. ÉGLISE ET LEUR PÈLEH.INAGE 91

le trouver. Tout se passe ensuite suivant le rit habituel. Les Reliques sont trouvées dans l'état où les avait laissées, en 1797, M. Barrachin. L'original du procès-verbal est placé dans les Chûsses ; une copie est insérée au Registre des Actes de Catholicité àe 1839.

M. l'Abbé Gilles succède à M. Gazan en 1845. Il a la satisfaction, en 1854, de voir l'Eglise des Saintes-Maries classée parmi les Monuments

historiques. Quelques années après, les tra­vaux de restauration commencent par la démolition du mur construit en 1455. L'abside apparaît alors dans toute sa beauté.

Au mois de Février 1831, M. Gilles se retire du ministère paroissial pour raison de santé. Il est remplacé par M. ElIcombard, précédem­ment curé de Villeneuve-Gageron en Camar­

gue.

M. Escombard se donne tout entier à sa paroisse, à son église et à son pèlerinage. Dès 1861, le 19 Mat, une cloche pesant 700 kilog., fondue par la maison Baudoin de Marseille, est installée dans le clocher. Des barres de fer sont placées au-dessus des m~\chicoulis pour empêcher les chutes possi­

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92 LES SAINTES-MARIES-DE-LA-MER

bles. Le peintre Allègre, de Bagnols-sur-Cèze, décore l'autel de la Chapelle Haute de peintu­res sur toile représentant les Sainte~.

En 1862 a lieu, pour la première fois depuis la Révolution, la Procession à la plage et la bénédiction de la mer.

En 1863, réparation de la tour de l'horloge - ancienne tour de la vigie - à l'angle sud de la façàde de l'Eglise.

Le nombre des pèlerins augmentant tou­jours pour les fêtes de Mai et d'Octobre, M. Escombard fait construite, en 1865, la grande tribune du premier étage au bas de l'église. En 1873 il Y ajoute la série des petites tribunes qui font le tour de l'édifice. La même année 1873 on continue les réparations et l'on rétablit les créneaux démolis pendant la Révo­lution. La fenêtre par où descendent les Châsses avait été refaite en 1867.

En 1885, l'architecte Revoil fait construire le nouveau Maitre-Autel porté sur cinq colon­nes. L'ancien autel, formé d'une partie d'un sarcophage antique, est transporté dans la Crypte.

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93 LEUR ÉGLISE ET LEUR PÈLERINAGE

Des soucis d'un autre ordre occupent l'esprit de M. l'abbé Escombard. Que sont devenues les reliques brûlées le 5 :Mars 1794 ? C'est la ques­tion qu'il se posait peu de temps après son arrivée dans la paroisse. En 1863, une circons­tance fortuite lui apprend que plusieurs familles sont en possession de reliques des Saintes Maries, recueillies dans les cendres de l'incendie des Châsses. Autorisé par Monseigneur Chalendon, Archevêque d'Aix, M. Escombard commence une enquête canoni­que qui dure quatre ans. De nombreuses personnes sont entendues sous la foi du serment : quatre d'entre elles avaient été témoins oculaires de l'incendie des Châsses, deux avaient elles-mêmes sauvé des reliques. Le procès-verbal de cette enquête est soumis, le 12 Mai 1867, à Monseigneur l'Archevêque, qui délegue son Vicaire Général M. Conil pour faire la reconnaissance de ces reliques et ·en prononcer l'authenticité. Le 18 Mai, M. Conil porte, aux Saintes-Maries, le décret d'authen­ticité, qui est approuvé par l'Archevêque le 8 Octobre. Le dimanche 27 Octobre, jour où "on célèbre la fête de Sainte Marie Salomé,

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94 LES SAINTES-MARIES-DE-LA-MER

M. Escombard, à ce délégué, place les reliques sauvées du feu dans un reliquaire en bronze doré, qui est placé au-dessus de l'Autel de la Chapelle Haute.

Ce reliquaire contient : 1° portion du tiers inférieur du tibia droit; 2° fragment inférieur du radius ; 3° fragment de mâchoire infé­rieure ; 4° fragment de mâchoire inférieure du côté droit avec portion de l'apophyse mon­tante ; 5° portion présumée d'un bassin de femme appartenant à l'os des îles gauches ;

III 6° fragment d'os de membres inférieurs ; 7° portion de tête de fémur gauche; 8° por­

1

1

l' l

tion présumée du tête d'un fémur

radius ; 9° portion de droit ; 10° fragment

la de

1

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LEUH ÉGLISE ET LEUR PÈLERINAGE 95

membre inférieur ; 11 0 fragment de membre inférieur.

Pour réparer dans la mesure du possible le crime commis en 1794, il est ordonné que chaque année, le 5 Mars, aura lieu une céré­monie expiatoire dans l'Eglise et à la Chapelle Haute.

Monseigneur Augustin Forcade, nouvel Archevêque d'Aix, fait sa première visite pastorale aux Saintes-Maries au mois de Mai 1874. Il arrive le 25, avec de nombreux pèle­rins,· un peu avant les Vêpres, et il assiste à la montée des Châsses. I;.e lendemain 26 il chante la Grand'Messe et administre le Sacre­ment de Confirmation. Usant de son droit de visite, il aurait voulu faire redescendre les Châsses et procéder à la reconnaissance des Reliques ; il en est empêché par la violence de quelques habitants dont l'entêtement égale la profonde ignorance en matière de droit

canonique.

La magnifique impulsion donnée au pèleri­nage des Saintes-Maries par M. Escombard ne se ralentit pas sous ses successeurs. Et les Saintes semblent vouloir récompenser, par de

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96 LES SAINTES-MARIES-DE-LA-MER

nombl'eux bienfaits, la foi des peuples qui implorent leurs secours. Les limites que nous nous sommes tracées en écrivant cette notice ne nous permettent pas de raconter ce qui est mentionné à ce sujet dans des registres spéciaux conservés aux Archives de la paroisse.

M. Escombard, à bout de force.s, quitte les Saintes-Maries le 23 Mars 1893 pour se repo­ser à Châteaurenard, son pays natal. Huit jours après, le 31 Mars, jour du Vendredi­Saint, il couronne, par une mort édifiante, une vie toute de dévouement pour la gloire de Dieu et de ses Saintes, Il avait été curé des Saintes­I\Iaries pendant 32 ans.

M. Roux est installé le 21 Mai suivant, jour de la Pentecôte. Quelques dates importantes· sillonnent les neuf années de son ministère.

Au mois d'Août de l'année précédente la ligne de Chemin de fer de la Camargue avait commencé à fonctionner: ce qui accrut encore le nombre des pèlerins et des visiteurs aux Saintes-Maries.

Nous ne dirons pas ici ce que le voyageur contemple de la passerelle d'un wagon. Il faut

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97 LEUR ÉGLISE ET LEUR PÈLERINAGE

le voir soi-même, et ne pas s{} fier à certains écrivains qui ont cru apercevoir l'étang du Vaccarès, lequel en vérité est situé bien loin de là et masqué par de longs rideaux d'arbres; ou qui ont décrit l'engano immense à perte de vue, parsemée de maigres salicornes: ignorant que l'engano est le nom provençal de la salicorne elle-même. '

En 1894 on débarrasse les belles boiseries de la Chapelle Haute des ex-volo qui les tapis­saient, et on en rafraichit la peinture.

Le campanile avait été modifié, en 1832, d'une façon regrettable. Un coup de foudre l'avait plus tard découronné. En 1897 on le ,l'établit dans la forme ancienne, tel qu'il est représenté par un ex-vota de tMll, exposé il la Chapelle Haute.

La même année on enlève le badigeon dont on avait eu; en 1837, l'idée bizarre de revêtir­tout l'intérieur de l'Eglise.

Le 13 Octobre 1897, le Cardinal Vaughan, Archevêque de Westminster, Monseigneur Bourne, Evêque de Southwark, Monseigneur Béguinot, Evêque de Nimes, les, Prélats et Chanoines qui venaient de célébrer à Arles les

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LES S.\J.NTES-MARmS-DE-L\.-?,mn

fêtes treize fois séculaires de la consécration épiscopale de Saint-l-hlguslin, .Apôtre de l'Angleterre, se rendent p~ll' truin spécial aux Saintcs Maries pOUl' vénérer les Reliques de nos glorieuses Patronnes.

En 1898, on refait la porte principale de la façade ouest de l'Eglise.

Le GMai 1~99, Monseigneur Gouthe-Soulard, Archevêque d'Aix, bénit solennellement le grand Réservoir et les hornes-fontaines que, la Commune vient de construire pour distribuer les eaux amenées du Rhône. La prise est à 14 kilomètres en amont de la ville.

Un pèlerinage extr~lOrdinaire a lieu le 10 Octobre 1899. Une Croix apportée de Jéru­salem par' les pèlerin!> français des Lieux­Saints, est plantée sur les dnnc~ qui avoisinent la mer. Le nombre des pèlerins venus de toute la Provence, duLanguedoc et du Comtat, n'est pas inférieur à dix mille. La fête est présidée par Monseigneur l'Archevêque d'Aix. Un très beau discours sur le tex.te de Saint Panl : Servate traditiones vestras, est donné par Monseigneur Béguinot, Evêque de Nimes.

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LEUR ÉGLISE ET LEUR PÈLERINAGE 99

~ictime d'un accident qui lui ôte la poss;bi­lité de c9ntinucr son laborieux ministère, M. le Chanoine Houx prend sa retraite en 1902.

Il est remplacé, le 4 Mai, par 1\1. le Chanoine Ribon qui, pendant 17 ans, se dép~l1se sa!lS

compter au service des Grandes Saintes. Sa large hospitalité hü procure le concours dévoué de nomhreux prêtre!> à l'époque des pèlerinages. l\'fol1ze\gn.eur Bonnefoy, Archcyê­que d'Aix, se plaît à faire coïncider sa visite de Confirma lion avec la fête du 25 Md. D'autres Evèques vieI1lnent aussi prendre p:wt à ces solennités, qui deviennent de plus en plus belles, et par l'éclat des cérémonics et par l'afIluence toujours grandissante des pèlerins.

En 1910, un an avaat sa promotion au Car­dinalat, Monseigneur de Cabrières, Evèque de Montpellier, prononce Je Panégyrique des Saintes lVIm·ies. Environ 75 prêlres assistent à la f<2te.

L'Eglise s'embellit. En 1907, le vieux dallage est remplacé par un nouveau p~nré. La foudre ayant pour la seconùe fois endommagé le clocher, on en n'fait le coaronncment qui ne manque ni d'élégance ni d'originalité.

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100 LES SAINTES·MAIUES-DE-LA-MER

Les marches du Maître-Autel sont transfor­mées. L'autel lui-même est décoré d'un tabernacle et d'une garniture en fer forgé du plus bel effet.

La grande guerre de 1914-1918 diminue bien un peu le nombre des pèlerins. Mais ceux qui ne peuvent pas venir se recommandent de loin aux Saintes Maries avec une confiance quia été souvent récompensée.

La guerre terminée, les rescapés s'empres­sent de venir remercier leurs protectrices. Le pèlerinage du 25 Mai 1919 en a vu accourir un très grand nombre. De la paroisse de Mauguio, 200 personnes, hommes et femmes, ont accom­pli le vœu, émis pendant la guerre, de faire à

pied les 85 kilomètres qui les séparent des Saintes Maries.

Au mois de Juillet 1919, les infirmités obli­gent M. le chanoine Ribon à prendre une repos bien mérité. Son successeur a la consolation de voir le nombre des pèlerins se maintenir et les fêtes se célébrer avec une piété toujours croissante.

L'année 1920, a lieu l'inauguration de la statue de Mireille, l'héroïne du poème de

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LEUR ÉGLISE ET LEUR PÈLERINAGE 101

Mistral. Cette statue en bronze, œuvre du célè­bre sculpteur Mercier, est l'emblème de la Provence conquise au Christianisme par ses premiers Apôtres. De son vivant, le poète de Maillane l'avait offerte aux Saintes-Maries en reconnaissance du succès du Félibrige et de son œuvre régionaliste. La guerre avait retardé l'érection du monument, qui fut inauguré le 26 Septembre 1920.

Sa Grandeur Monseigneur Rivière, nouvel Archevêque d'Aix, au cœur éminemment catholique, français et provençal, a béni solennellement la statue de Mireille, le 25 Mai 1921. En réalité, c'est sur la Provence, berceau

de l~ foi dans les Gaules, qu'il a voulu faire descendre la bénédiction du Ciel. A côté de lui nous avions la consolation de contempler la noble figure du vénérable Cardinal de Cabriè­l'es, qui, hélas ! a rendu sa belle âme à Dieu au mois de Décembre suivant, à l'âge de 91 3,ns.

Cette solennité avait attiré aux Saintes­Maries un nombre insolite de pèlerins venus de toutes les Provinces françaises, et qui ont voulu aussi assister aux magnifiques fêtes

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102 LES SAINTES-MAIUES-DE-LA-MER

données par la Nacioun Gardiano à cheval, le soir et le lendemain du pèlerinage.

Le pèlerinage du mois de Mai 1023 eut un éclat particulier, dû à une cérémonie d'autant plus intéressante qu'elle est plus rare l'Ouverture des Châsses et la Reconnaissance des Reliques. Elle se fit le 24 Mai, sur la place nord de l'église, à l'issue des Vêpres. Une estrade élevée, entourée d'un nombreux clergé, penhit à la foule de contempler et de vénérer les restes précieux de nos grandes Patronnes. Monseigneur Rivière, Archevêque d'Aix, était assisté par S. G. Monseigneur Germain, Arche­vêque de Toulouse, dont la naissance avait coïncidé avec la dernière ouverture des Châs­ses en Juin 1839. Les reliques furent exami-, nées par quatre Docteurs en médecine. Leur nombre dépassait légèrement celui qui est mentionné dans le procès-verbal de 1797, quelques ·o.ssemellts, notamment des côtes, s'étant très probablement fracturés lors de la Reconnaissance du 21 Juin 183::1. - On a estimé .que le nombre des Pèlerins, les 21 et 25 Mai, a été d'environ 15.000,

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LEUR ÉGLISE ET LEUR PÈLERINAGE 103

Désormais, on peut dire que la fête des Saintes Maries tend à devenir un Pèlerinage national. Puissent nos glorieuses Saintes ren­dre à la France meurtrie l'antique vivacité de sa foi et son titre séculaire de Soldat de Dieu dans le monde régénéré. Gesta Dei pel' Fl'ancos.

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-DESCRIPTION SOMMAIRE

DE L'ÉGLISE

'EGLISE des Saintes Maries a été, tomme.on

L le sait, construite en forme de forteresse, pour défendre les habitants contre les inva­sions des Sarrasins. A l'origine, deux portes seulement en défendaient l'entrée : la porte principale sur la place du Midi ; et une porte plus petite au Nord, sur la cour qui sépare l'église du presbytère.

Comme beaucoup d'autres églises du midi de la France, il n'y avait pas de porte au cou­chant. La raison en est que, avant comme après les offices, les fidèles s'arrêtaient volon­tiers sur la place de l'église pour causer des événements de la semaine. Si la porte avait été à l'ouest, dans nos pays de mistral, la place n'aurait pas été tenable pendant la saison d'hiver. Il existe encore quelques-unes de ces vieilles églises qui ont leur entrée principale sur le côté, face au midi.

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1 J

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LEUR ÉGLISE ET LEUR PÈLERINAGE 107

Au nord de l'église et à l'est du presbytère

se trouvait le cillietière aujourd'hui aban­

donné. Quelques petites fenêtres éclairent

à peine l'intérieur de l'Eglise longue de

41 mètres, large de 9, haute de 14. L'extérieur

est flanqué de contreforts massifs supportant

un parapet crénelé. Du côté du midi se voit

une ancienne porte actuellement murée,

accostée de deux lions en marbre blanc d'un âge reculé. Ces lions ont dû appartenir à un

édifice très ancien, peut-être au temple de

Diane d'Ephèse, que les Marseillais avaient

construit sur le littoral de l'île.

On descend à l'intérieur de l'église par trois

marches, et l'on est saisi par son aspect sévère

et grandiose. C'est l'église romane sans nefs

latérales, et avec la voûte en berceau. Cette

voûte cependant n'est pas en plein cintre, mais

on a adopté l'arc légèrement brisé, pour lui

donner un peu plus d'élévation et soulager les

murs et les contreforts. Au milieu de la nef se

trQuve le puits. Sur un autel latéral, protégées

par une grille en fer, se trouvent les deux

statues des Saintes dans la barque, que l'on

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108 LES SAINTES-MARIES-DE-LA-MER

porte à la procession pour les deux fêtes de Mai et d'Octobre.

On descend à la Crypte, située sous le Chœur, par un escalier central de huit mar­ches. La voûte de la Crypte est surbaissée. Au fond se trouve l'Autel formé d'une partie d'un sarcophage auquel certains archéologues don­nent un âge fort respectable. Du côté de l'Evangile on voit l'autel de l'ancien temple païen, sur lequel repose actuellement la Châsse­contenant les restes de Sainte Sara. C'est là 9ue lelil bohémiens rendent leurs hommages à leur Patronne.

Deux escaliers construits de chaque côté de l'entrée de la Crypte donnent accès dans le Chœur. L'autel, élevé en 1885 dans le style du XII· siècle, est à l'entrée de l'abside. Celle-ci est décorée d'une colonnade très élégante -: les colonnes sont très anciennes et surmontées de chapiteaux de différentes époques, représen­tant des sujets allégoriques ou historiques tels que : le Vent ou mistral, le Rhône, le Sacrifice d'Abraham, le Mystère de l'Incarnation en trois tableaux (Annonciation, Visitation, Appa­rition de l'Ange à Saint Joseph pour lui

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LEUR ÉGLISE ET LEUR PÈLERINAGE 10!)

apprendre le Mystère), ctc. Au-dessus du

Chœur on aperçoit la fenêtre par où descen­

dent les Châsses des Saintes les jours de fête.

Pour monter à la Chapelle Haute, on prend

l'escalier en colimaçon qui conduit d'abord à la toiture de l'église, puis à la terrasse du clo­

cher. Une plate-bande fait le tour de la

toiture. C'est de là que les défenseurs, protégés

par les créneaux, lançaient par les mâchicoulis

leurs projectiles sur les assaillants. La toiture

de l'église est en pierres plates. Le faite est

décoré d'une dentelle de pierre d'un élégance

parfaite. A l'angle sud-ouest est située la

petite tour de la vigie.

L'entrée de la Chapelle Haute est sur la

plate-bande, tout près de l'escalier. La Cha­

pelle, autrefois dédiée à l'Archange Saint

Michel, est du style roman, comme l'Eglise.

Au XVIII' siècle les murs ont été recouverts

d'une boiserie Louis XV d'une grande richesse

d'ornementation, à laquelle la Révolution a

fait subir une stupide mutilation. Le fond de

la Chapelle est décoré d'un l'étable avec colon­

Des torses en bois doré du XVII' siècle.

Au-dessus du tabernacle on a placé, en 18H7,

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lio LES SAINTES-~IAIUF.S-DE-LA-MER

un reliquaire en hronze doré l'en fermant quel­ques ossements retirés des cendres le jour de l'incendie des Châsses, 5 Mars 1794. Les Châs­ses, contenant la partie des Reliques cachées le 22 Octobre 1793 et restituées le 21 Mai 1797, sont enfermées dans une riche armoire faisant partie de la boiserie. Tout l'intérieur de la Chapelle est tapissé des nombreux ex-voto offerts en reconnaissance des guérisons ct des grâces obtenues par l'intereession des Saintes Maries. Au-dessus de l'Antel formant halda­quin, des peintures. sur bois, du XV" ou du XVI" siècle, représentent : au centre, la Sainte Famille ; à droite, la famille de Sainte Marie Salomé ; à gauche, celle de Sainte Marie Jacobé.

Du haut de l'Eglise et de la terrasse du clo­cher qui surmonte la chapelle l'œil est ravi du spectacle grandiose que lui présentent l'im­mense plaine de la Camargue ct la mer bleue qu'on ne s~ lasse jamais de contempler.

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LES GRANDS PÈLERINAGES

DE tous temps, comme l'affirmaient en 1448 tous les témoins entendus dans l'enquête

ùe Nicolas de Brancas Evêque de Marseille, • ùes foules nombreuses sont venues vénérer les tombeaux des Saintes Maries, non seulement des pays environnants, mais encore des contrées éloignées.

Il n'y a pas bien longtemps - les anciens s'en souviennent encore -, lorsque les routes empierrées et la voie ferrée étaient inconnues en Camargue, les pèlerins de la côte méditer­ranéenne arrivaient f par mer en bateau; d'autres descendaient le Rhône sur des bar­ques ; d'autres se servaient de la charrette rustique couverte d'une tente supportée par des cerceaux ; les Bohémiens venaient par étapes, installés dans leurs roulottes. Rien de plus pittoresque que ces caravanes de fervents pèlerins, égayant les longues heures du voyage

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114 LES SAINTES-MARIES-DE-LA-MER

du chant des cantiques populaires en l'hon­neur des Grandes Saintes.

Aujourd'hui, si les Bohémiens peu pressés continuent à se servir de la roulotte tradition­nelle, la charrette et le bateau sont remplacés

, par la jardinière légère, l'auto rapide et la puissante locomotive. Les trains de la Compa­gnie de la Camargue ont leur point de départ à Nimes et à Arles.

. Le,l' premier pèlerinage est invariablement fixé au 25 Mai, fête de Sainte Marie Jacobé. Beaucoup de personnes l'appellent le Pèleri­nage des Bohémiens. Cette appellation inexacte semble faire supposer que les nomades sont les seuls pèlerins de la journée, les autres n'étant que des curieux. Et cependant, si les bohé­miens sont des centaines, les autres pelerins sont des milliers.

Le Pèlerinage commence le 24 par une Messe célébrée vers 10 h. 1/2, après l'arrivée du train. Dans l'après-midi, on chante solen­nellement les premières Vêpres de la fête. Les Vêpres terminées, un prêtre monte en chafre pour faire l'allocution dite Salllt aux Saintes, qui précède immédiatement la descente des

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LEUR ÉGUSr:: ET LEUR PÈLERINAGE 115

Châsses. Dès qu'il a fini de parler, on entonne

le Magnificat. La fenêtre s'ouvre et les châsses apparaissent. La foule, qui tient à la main de petites chandeleUes allumées, ne quitte plus du regard le précieux Reliquaire et jette vers le Ciel, entre les versets du cantique, ce cri du cœur confiant et reconnaissant·: « Vivent les

Saintes Maries ! " Que de larmes nous avons vues couler à ce

moment solennel ! Les malades venus deman­der leur guérison, ceux qui ont déjà été l'objet de la protection des Saintes, entourent la table sur laquelle les Châsses reposeront bientôt. Ils lèvent les bras pour être les premiers à les toucher et à les couvrir de baisers. La plume est impuissante à décrire de pareilles scènes. Il faut les voir pour comprendre la foi d'un peuple et son amour(pour celles qu'i! appelle avec raison les Grandes Saintes. Ne sont-elles· pas, après la Sainte Vierge, les plus proches parentes du Sauveur ? Et le divin Maître peut-il rien leur refuser ?

Après le repas du soir, on revient à l'église, pour entendre le Panégyrique des Saintes et recevoir la Bénédiction du Saint-Sacrement.

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116 LES SAINTES-MARIES-DE-LA-MER

Les pèlerins sont si nombreux, qu'il est impossible au plus grand nombre de se loger en ville. Eh ! bien, on veillera auprès des Saintes Reliques. Après le Salut du Saint­Sacrement, les prêtres entendent les confes­sions. A minuit commence l'exercice du Che­min de la Croix, suivi de la récitation du Rosaire. Du haut de la Chaire, un prêtre fait la méditation de chacune des Stations et de chacun des Mystères.

A 3 heures du matin, on célèbre la première Messe. Des prêtres aident au Célébi·ant à dis­tribuer la Sainte Communion. Les autres Messes se succèdent, soit à l'autel de l'église, soit li celui de la Chapelle Haute.

Dans la matinée du 25, arrivent de nou­veaux pèlerins. A 10 heures on chante la Grand'Messe, à l'issue de laquelle se d~roule

la Procession. Les Statues des Saintes sont portées jusqu'à la plage. Le Clergé monte dans une barque, et l'Officiant bénit la mer et les assistants avec la Croix. et avec les Reliques renfermées dans le Saint Bras.

L'heure des Vêpres est fixée d'après celle du départ des trains. Le!' Vêpres chantées, on

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LEUR ÉGLISE ET LEUR PÈLERINAGE 117

donne la bénédiction du Saint-Sacrement ; une courte allocution, dite Adie.ux aux Saintes, invite les pèlerins à conserver le fruit de leur Pèlerinage. Enfin les Châsses sont remontées avec le même cérémonial qu'à leur descente. Mais on ne les renfermera dans la Chapelle que le jour Octave de la fête.

La fête du mQis d'Octobre se célèbre suivant le même programme que celle du mois de Mai. C'est la fête de Sainte Marie Salomé. Avant le Concordat, on la célébrait le 22 Octobre, jour où elle est inscri~ au Martyrologe. Depuis lors elle est renvoyée au samedi et au dimanche suivants, quand le 22 n'est pas un dimanche.

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AVIS PRATIQUES

Pour le pèlerinage du mois de Mai, toutes les chaises de l'église et les places des tribunes sont numérotées. Le prix des places est annonéé sur le programme des fêtes et sur les cartes. Les earh~s sont valables pour toute la dl11'ée de la fête. Enes sont distribuées au Pres­bytère. On peut aussi se les faire expédier à domicile, ou les faire réserver pour les prendre en arrivant.

Au mois d'Octobre, les places ne sont pas numérotées. Le prix uniforme est indiqué sur le programme et sur les cartes.

Le Bureau pO,ur l'inscription des Messes ­tarif minimum 5 fr. - est installé au Presby­tère. ~. le Curé reçoit aussi, pendant l'année, les intentions de Messes qui lui sont envoyées par correspondance.

Il en cst de même en ce qui concerne l'agré­gation à la Confrérie des Saintes-Maries et le

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120 LES SAINTES-MARIES-DE-LA-MER

paiement de la cotisation annuelle des agrégés. Le diplôme d'agrégation est délivré moyen..­11ant un droit de 1 franc. La cotisation annuelle est de 0,50 centimes. Le montant des sommes recueillies est destiné à la célébration de Messes pour les Associés.

On trouve au Presbytère : cierges de divers prix ; Notice sur les Saintes Maries ; cartes postales illustrées ; médailles dcs Saintes Maries ; chapelets et autres objets de piété ; bagues, broches et autres souvenirs à l'effigie des Saintes Maries.

On reçoit avec reconnaissance les offrandes pour l'entretien et l'embellissement de l'Eglise.

Toute la correspondance doit être adressée à MQnsieur le Curé des Sainles-Maries-de-la­Mer (Bouches-du-Rhône), sans autre indica­tion.

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APPENDICE 1

ACTES DU MARTYRE DE SAINT AI.EXANDRE DE BRESCIA

« Alexander Brixiœ nobili genere natus, ac in christiana religione eruditus, Claudio Impe­ratore Christianos persequente, adolesccns Massiliam apud beaium Lazarum ejus urbis episcopum venit. Inde, Aquas Scxtias ad bea­film Maximinllm episcopum profectus, ab C'odem in fide confirmatus, ct ad martyrium pro Christo Domino subeundum incensus, Brixiam rediit. Ubi re familiari ven<iita, pau­perilmsque divisa..... » (Paillon, Monument.'!

inédits, 1. 2, p. 581). « ~I.exandre, 'né à Brescia d'une famille

illustre, et instruit de la religion chrétienne, alla à Marseille, encore adolescent, auprès du bienheureux Lazare évêque de cette vil!e, lorsque l'emperetll' Claude persécutait les

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chrétiens. S'étalit rendu de là à Aix auprès du bienheureux évêque Maximin, et ayant été affermi par lui dans la foi, et enilammé d'ardeur à souffrir le martyre ponr Jésus­Christ, il retourna à Brescia. Là, ayant vendu ses biens et en ayant distribué le prix aux pauvres..... » (Faillon, ibid., 1. 1, p. 523).

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APPENDICE II

« Cœtcrum, veridiea l11ultorum relatio, eam (Mariam Magdalenam) eUlll beato Lazaro fratre suo, atque beata Martha sorore sua, habet discessisse, ingruente persecutione ple­bis judaicœ, sicut leliqui Apostoli. Ipsa quoque vere Apostola Apostolorum, relictis illis..... ubi maris portus habebatur Marsiliœ civitatis (znibus devenit. Ubi, reliquorum sanctorum valhüa eontubei'nio, eum quibus illi erat grata soeietas, sicut apud incolas loci illius antiquo­rum scriptis retinetur, et ul1ivcrsorum hodie­que narratione eonfirmatur, ad prel10minatam eliam urbcm, verbi divini gratiam spargendum genlibus, devenit..... »

« Plu,s tard, selon le récit véridique de plu­sieurs auteurs, elle (Marie Madeleine) fut obligée, comme les autres Apôtres, de quitter sa patrie, avec le bienheureux Lazare son frère, et la bienheureuse Marthe sa sœur,

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124 LES SAINTES-MARIES-DE-LA-MER

devant la persécution du peuple juif. Et, véritable Apôtre des Apôtres, abandonnant ceux-ci, elle parvint à un port de mer dans le voisinag~ de la ville de Marseille. Là elle vécut dans l'intimité protectrice des autres saints dont la société lui était très agréable, puis, d'après les écrit~ des anciens conservés chez les habitants de ce lieu et confirmés encore aujourd'hui par la rumeur universelle, elle se rendit à la susdite ville, pour répandre chez les gentils le bienfait de la parole divine..... ). C. f. Reynaud, La Tradition des Saintes Maries, p. 95 : Faillon, Monuments inédits, 1. 2, p, 574.

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APPENDICE III

Dans son otivrage Geograph. (Lib. IV, cap. I) Strabon raconte que, selon l'usage adopté par eux partout où ils fondaient des colonies, les Phocéens élevaient des temples à Diane d'Ephèse : ce qu'ils firent à Marseille, quand

ils vinrent s'y ét~}J}ir (Ibid. N. 4). - En recon­naissance des services qu'ils lui avaient rendus dans la guerre contre les Ambrons, Marius donna aux Marseillais le canal qu'il avait fait creuser pour rendre accessibles les embouchu­res du Rhône. Pour assurer la visibilité de ces embouchures et pour y affirmer leur posses­sion, les Marseillais construisirent des tours qui servaient de signaux aux navires. Pour le même motif ils élevèrent à Diane d'Ephèsc un tempfe, dont ils choisirent l'emplacement dans l'île formée par les bouches du fleuve. En "limont 'des bouches du Rhône, ajoute Strabon, se trouve un lac .marin appelé Stomalimné (c'est-à-dire lac pres dc.s bouches), abondant en huîtres et fournissant de bons poissons. Certains comptent cet étang parmi les embou­

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126 LES SAINTES-MARIE1'i-DE-LA-MER

chures du Rhône, surtout ceux qui lui en assignent sept. C'~st là une double erreur: car l'étang est séparé du fleuve par une montagne (des dunes). - « Itaque Massilienses signi loeo turres erexerunt, ut omni modo loca illa sibi propria redderent ; ideoque etiam Dianre Ephesire fanum ibi posuerunt, capto loco in insula quam ostia fiuminis faciunt. Supra astia Rhodani sitns cst lacus marinus, quem O"~QIJ.CI.À~fl- V"'lV (id est lacum prope ostia) voeant ; abundat astreis, piseesque bonos gignit. Quidam ostiis Rhodani hune annumerant, maxime qui septem ejusostia esse dieunt, in utroque errantes : quippe mons interpositus lacum a fluvio dirimit. .. » (Ibid. N. 8).

Selon toute vraisemblance, c'est à l'endroit qui devait être un jour la Ville de la iller, les Saintes-Maries-de-la-Mer, que les Marseillais élevèrent le temple à Diane d'Ephèse, sur les bords d'une des branches du Hhône qui contournait à l'ouest l'étang du Vaccarès. Cet étang est sùrement celui dont parle Strabon : des dunes assez élevées le séparent encore du Rhône et de la mer. On ne trouve d'ailleurs

..� qu'aux Saintes-Maries les restes d'un temple païen. 1

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TABLE DES MATIÈRES

Pages

Préface , .. . . . 7�

Les Saintes Maries, leur Eglise ct leur Pèleri­nage.... " . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . Il�

Le Culte des Saintes Maries, Origine des�

Les Saintes-Maries pendant et après la Révo-�

Les Saintes Maries en Palestine. . . . . . . . . . . . 15�

Les Saintes Maries en Provence. . . . . . . . . . . . 27�

pèlerinages. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37�

L'Eglise des Saintes-Maries..... .. . . .. .. . . . 41�

Le Culte des Saintes Maries au ]\'foyen-Age.. . 51�

Invention des Reliques en 1448. . . . . . . . . . . . 57�

Dc J'Invention des Reliques à la Révolution. 73�

lution 81�

Descl'iption sommaire de l'Eglise. . . . . . . . .. 105�

Les Gran ds Pèlerinages. . . . . . . . . . . . . . . . . .. 113�

Avis pratiques........................... 119�

Appendice 1. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 121�

Appendice 11... . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 123�

Appendice Ill •........ 125�

Ftc

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