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Panorama socio-économique du Mexiquedans un contexte de mondialisation
Avril 2015
Nicolas Foucras, PhDProfesseur à l’université TEC de Monterrey (Mexique)
L’ALENA et l’alliance avec acteurs transnationaux ont favorisé un panorama MACRO-ECONOMIQUE satisfaisant
• 12e économie mondiale (9e en 2002)
• 10e exportateur (2,5% part mondiale) et 10e importateur (2,6%)
• 2e Captation d’IDE qui s’établie en AL (OCDE 2012); Mexique + Brésil ± 70% IDE haut niveau technologique en AL (CEPAL 2012)
• Indice d’ouverture le plus important d’AL après le Chili; Alba Vega y Labazee 2010)
• Importants excédents commerciaux vis-à-vis des EUA
• Développement du tourisme dans les clusters
• Forte baisse de l’inflation officielle depuis 1994 (↓ Taux d’intérêt officielle)
• Taux de change stable depuis dévaluation en 1995
• Destin collé à celui des EUA => tranquillise investisseurs et permet un accès facile aux finances internationales
Indice de apertura en OCDE, 2010
Balance commerciale favorable avec les EUA mais les exportations vers les EUA sont surtout le fait de chaines productives des EUA et de pétrole qui sert les intérêts
énergétiques des EUA
Fuente: Mexico´s Central Bank and the Ministry of Economy**2011 latest data avilable
Proportion du Mexique dans les importations des EUA ont augmenté et occupe la 2e place mais menace chinoise (la
Chine concurrence le Mexique sur les même produits) (FMI 2013)
Entrada RPC en OMC
Réception d’IDE en 2013: 38MM USD (12e place)
Transfert des emplois dans l’industrie automobile des EUA et Canada vers
Mexique
13 ALE et 6 ACE
Trans-pacific Partnership (TPP)
Une insertion accélérée dans la mondialisation
L’insertion mexicaine dans la globalisation économique (ALENA) s’est réalisée précipitamment du fait de pressions et dynamiques externes et internes (Ortiz Mena)
– EUA (Etats-Unis d’Amérique) étaient désireux de (1) ne pas perdre leur compétitivité mais aussi (2) préserver leur sécurité énergétique
– À la faveur de la crise de 1982, s’est opéré un changement de paradigme politico-économique au sein du PRI-Etat (Rousseau)
• Dès les années 1980: politique d’insertion accélérée à la différence des autres pays en développement (1986: GATT; 1994: ALENA)
• Facilitée par la formation d’un policy networktransnational hermétique en charge des décisions (alliance entre élites économico-financière et politique; « pacte élitiste » remplace « pacte post-revolutionnaire »; Giacalone 2001; Bizberg 2012)
On passe d’un régime corporatiste ( et modèle de développement autonome) à un régime élitiste à tendance autoritaire (et modèle néolibéral sous forte influence du Consensus de Washington)
Dans ce contexte les acteurs globaux occupent une place privilégiée:
• Agences d’évaluation (S&P; Fitch; Moody’s): déterminent l’accès aux finances internationales; nécessaire considérant les difficultés de prélèvement fiscal:
– Evasion fiscale et non participation des investisseurs étrangers bien souvent exonérés
– Poids de l’économie informelle
– Réforme de PEMEX (40% des rentrées fiscales)
– Non confiance dans l’autorité publique…
• Les Organisations internationales, comme l’OCDE et FMI, qui façonnent l’ensemble des réformes (tranquiliser les investisseurs)
• L’investissement étranger (productif et financier): son comportement détermine les indicateurs macro-économiques et donc le succès de la stratégie de développement basé sur:
– Croissance macro
– Volume des exportations
– Stabilité de la monnaie
– Contrôle des prix
Le problème:
Les indicateurs macro-économiques dépendent de facteurs externes
Déconnexion de l’Etat vis-à-vis du tissu socio-économique national et de ses problèmes …qui sont
perçus comme étant un sous-produit du bon fonctionnement du marché (orientation des ressources vers les seuls secteurs compétitifs: financiers, humains,
infrastructure, eau, …) (Perez Baltodano)
=> Etat = simple « courroie de transmission » d’intéretséconomiques transnationaux et développement d’une stratégie bicéphale globale Vs locale (Leonard et Losch 2010)
• Absence de contre poids politiques au (1) réseau élitiste, à (2) l’adoption du consensus de Washington et ceci malgré les conséquences pour le tissu socio-économique (Baltodano); Raisons:
– Ouverture dans un contexte non démocratique (corporatiste)
– Culture de la résignation et conformisme (Poids de la Religion)
– Essor de nombreux nouveaux échappatoires en marge de la relation avec l’Etat comme l’Economie informelle, la Migration, Eglises, ou encore les réseaux criminels; il existe une gouvernance informelle ou gouvernance des exclus (Villalobos 2010)
=> Déficit citoyen et organisationnel octroie une importante immunité(«citoyenneté précaire et de basse intensité»; Olvera)
Faible niveau de confiance entre les personnes n’aide pas à la formation de capital social nécessaire pour la formation
de contre-poids politiques
Fuente: OCDE, 2011
La dimension macro de l’ouverture ont tendu à occulter dangereusement les réalités
sectorielles, la brêche sociale croissante, la violence sociale et la capacité de contrôle du
destin (Leonard et Losch)
Les conséquences qui ont suivi l’ouverture incontrôlée ont affaibli la stabilité du modèle
de développement national (Stiglitz)
Problèmes que rencontre le Mexique
• Sous primarisation de l’économie (spécialisation dans l’exportation de produits basés sur main d’œuvre bon marché) :– Basse productivité (activités basics)
– Faibles salaires (écart grandissant avec les salaires aux EUA malgré le nivellement des prix à la consommation)
– Faible éducation et peu d’appui au secteur éducatif
– IDE principalement intéressé par les bas coûts => freine législations ou leur non respect (environnement, fiscale, travail….) surtout considérant du fait de la concurrence actuelle
– Absence de transfert de know-how…
=> Le modèle ne produit que très peu d’emplois qualifiés ce qui ne favorise pas l’éducation, ni convergence des salaires et productivité
• Contrairement à ce qui avait été prévu l’investissement étranger est peu efficace:
– Surtout financier => vision de court terme
– Concentration géographique
– Contrôle la politique publique (Poids macroéconomique important)
– Pour l’attirer: forte concurrence entre pays et entre Etats du Mexique => race to the bottom (voir Stiglitz)
– Rapatriement des bénéfices
– Activités simples (maquiladoras)
– Peu de participation au prélèvement fiscal
– Pas lié au tissu économique local => Pas de transfert de technologie
– Le contenu national des exportations est de 28,5% contre 45,5% pour la Chine
– 85% des importations chinoises sont utilisées par les maquiladoras pour exportations
– « Les exportations mexicaines dans le monde entier bénéficient à l’économie des États-Unis du fait de l’important pourcentage de contenu étatsunien. En faisant une illustration plus claire, pour chaque dollar que gagne le Mexique dans ses exportations, il dépense 50 centimes en produits états-uniens". (Hills 2014). …
• Secteur agricole:– Perte massive d’emplois (impossible de concurrencer
agriculture des USA et Canada) => migration ou croissance anarchique des villes
– Migration et remesas (parfois 80% des revenus) qui maintiennent les campagnes dans un schéma d’assistance (seulement 1% des remesas servent pour monter une activité entrepreneuriale)
– Croissance incontrôlée des villes, Economie informelle, Criminalité…
– Perte de la souveraineté alimentaire (le pays est donc condamné à maintenir un niveau de monnaie stable avec dollar)
– Agriculture qui bénéficie du soutien appartient de la politique publique se situe dans l’agro-industrie => orientée vers l’exportation
L’agriculture est divisée en 2 (perte de la stratégie intégrale du modèle antérieur) (Vega Canovas 2010):
1. Agriculture d’exportation et compétitive (l’agro-industrie transnationale):
• Accès au crédit facile
• Capacité d’organisation et entrepreneuriale
• Bénéficie de politiques publiques d’appui pour son insertion aux chaines de l’ALENA
2. Agriculture traditionnelle (< 5 hectares):
• A vécu sous une tutelle gouvernementale prolongée (a servi d’outil politique)
• Grande majorité des individus vivant dans le monde rural
• ↓ prix (↓p 20% depuis 1994) => ↓ revenus (70% des agriculteurs sous le seuil de pauvreté) => migration (remesas, destruction tissu familial, perte identité locale, schéma d’assistance…)
• 3% des 4.5M producteurs grains non capables d’être compétitifs (UNTA)
• Activité agricole = 22% revenus (Leonard y Losch 2009) Vs 25% pour les remesas
• Non accès au crédit et disparition des banques de développement
• Relation avec consommateur a disparu (supermarché)
• Chaines productives rompues => Valeur ajoutée revient aux EUA (Ex.: bière et viande bovine)
• Mexique importe grains à prix bas et perte souveraineté alimentaire
Perte de souveraineté alimentaire qui accentue la vulnérabilité nationale (CNC, 2011)
Mexique importe:
• 42% aliments (FAO recommande max 25%)
• 95% soja
• 72% riz (1994: 60% et 17% dans 1980s) 1er importateur
• 65% blé (1994: 34%)
• 33% mais (1994: 17%); 2008 ↑119% (INEGI) et exporte à bas prix; 2e importateur
• 55% coton
• 40% Porc (1994: 3.1%)
• 13.2% Volaille (1994: 3.1%)
• 19.2% Bœuf (1994: 1.1%)
• 1er importateur lait en poudre... Sorgo
• 80% agroexportations entre mains entreprises étrangères
• Peso mexicain surévalué qui étouffe le tissu local; raisons:
• IDE dépend des importations à bas couts de Chine et EEUU
• perte de souveraineté énergétique et alimentaire => besoin d’importer maïs et essence
• présence de capitaux étrangers importants => ne veulent pas perdre
• dettes publiques et parapubliques
=> Collé au dollar => quasi dollarisation (dépendance de la FED)
• EUA absorbent 85% des exportations
=> Dépendance vis-à-vis des dynamiques politico-économiques des EUA
Vulnérabilité
Cette dépendance a amené à une perte de crédibilité vis-à-vis des pays du BRICS (Ojeda 2010)
• L’internationalisation de la banque a affecté l’accès au crédit pour les petites structures productives => développement de l’économie informelle (Sandoval 2010)
• L’exclusion sociale atteint des sommets (±50% de pauvres; GINI). Cependant, le problème est surtout lié à la « Perception croissante de pauvreté » provoquée par un changement brutal des référents (conséquence de l’ALENA). Cette situation conduit à la frustration, migration et violence sociale. (Samaniego)
• Peu d’emplois dans le secteur formel (autour de 15 millions contre une PEA de 50 millions) => économie informelle
• L’absence d’Etat face aux problèmes (ou réponse assistancielle) entraine des vides institutionnels qui sont comblés par (Torres Blanca 2010; Vargas)
– Economie informelle (60% PEA + 35%PIB): concurrence déloyale; recettes fiscales; affecte productivité; précarité...
– Flux migratoire (±450M): remesas (assistance; 25% revenus en zones rurales); destruction tissu socio-eco-culturel
– Organisations criminelles
– Eglises
– ONG…
=> Il s’établit un climat de décomposition sociale voire de violence et un environnement politique neo-médieval (i.e. balkanisation du territoire)
• L’ouverture est donc loin d’avoir engendré les effets spillover attendus au niveau national aussi bien sur le plan politique, économique et social
=> n’a pas consolidé la démocratie/économie et n’a pas permis l’établissement d’un modèle de développement durable et inclusif (la vision de court terme domine)
• Malheureusement on constate une absence depolitique de développement cohérente qui consisterait à connecter les acteurs transnationaux au tissu local ie une absence d’élaboration de politiques publiques susceptibles d’empêcher le divorce entre le global et le local (Graña 2006)
La dépendance vis-à-vis de l’économie des EUA se reflète par la symbiose dans
l’évolution des taux de croissance
Concentration de l’IED en terme d’emplois: proche de la frontière et près des centres de transports
internationaux
Forte inégalité au Mexique et qui tend à s’accroitre à la différence du Chili
Fuente: OCDE, 2011”Mientras la desigualdad creció en México desde mediados de los 80s hasta finales del 2000, Chile la ha reducido considerablemente”
Comparaison des récepteurs de remesas (Mexique est le 4e pays derrière l’Inde, la Chine et les
Philippines)
Mexicains aux EUA(El Economista 3/2/2013)
• 10% de la population née aux Mexique réside dansun autre pays, 98.1% sont aux EUA
• 54% sont des hommes
• Zacatecas: 40% vit aux EUA
• 33.7M de mexicains aux EUA (1e, 2e et 3e génération)
• 43.3% des mexicains sont entrés au cours de la période 1996-2007
• 6% ont une formation profesionnelle ouuniversitaire
• 59% sont en Californie et Texas
• Surtout les jeunes: l’unique manière d’accéderrapidement au marché du travail
• Les anciens: beaucoup n’ont pas de pensions et sont donc obligés de continuer à travailler
Salaire minimum en AL (en USD) (fuente: CEPAL, 2009)
México 112
Perú 174
Colombia 213
Venezuela 371
Brasil 198
Chile 259
Argentina 413
Comparaison des salaires minimums dans quelques pays d’Amérique Latine
La Chine a dépassé le Mexique en ce qui concerne le niveau de salaire de la main d’oeuvre du fait de la
productivité croissante du pays asiatique en comparaison au Mexique
Écart grandissant des salaires dans l’industrie manufacturière au Mexique et aux EUA
Mais aussi en comparaison avec bien d’autres pays….
Le Mexique, un état en déliquescence et sans gouvernabilité? (comme l’a affirmé l’ex directeur
de la CIA Hayden en 2008)
Carte de 2014
Municipalités controlées par les différentscartels
Fuente: Coscia y Rios 2012
Valeur de la cocaïne tout au long de la chaine de distribution (date: 05/2013)
Obstacles à l’intégration en AL
• Précarité de la SC et absence de démocratie consolidée (pas de constance et confiance)
• Agendas de politique nationale et extérieure différents (paradigmes peuvent être différents)
• Cycles économiques différents (difficile approfondir)
• Absence vision de long terme
• Absence d’auto-financement
• Activisme négociateur des EUA depuis échec de l’ALCA (CAFTA-DR)
• Infrastructures précaires => peu de synergies
• Marchés non complémentaires (peu d’interdépendance commerciale: 8%; reprimarisation ne favorise pas)
• Pas de leader accepté par tous: il existe des rivalités (gouvernements pensent en termes de gains relatifs)
• Conflits frontaliers
• Groupes de pression internes opposés aux intégrations régionales
• Souvent l’initiative se fait avec appui d’une puissance externe
Les dynamiques d’intégration actuelles
• CAN:– 1969– Retrait: Chili (1976) et Venezuela (2006)– 2012: Bolivie et Equateur commencent négociations avec
Mercosur
• Mercosur:– 1985: déclarations Iguaçu– 1991: Traité Asunción– 1994: Protocole de Ouro Preto (TEC)– 1995: négociations avec UE– 2012: adhésion Venezuela– Chili: membre associé– 2 pays membres du G20
• UNASUR:– 12 pays
– 2004: déclaration Cuzco
– Création 2011
– 2011: observateur ONU
– Equivaux à bloc entre les 2 blocs
– 68% population AL
– Construction politique et création citoyenneté
• ALBA (Alliance bolivarienne):– 2004
– Collaboration, complémentation et avantages coopératifs
– Petrocaribe
• Alliance du Pacifique:– Tous ont un ALC avec EUA et Chine (sauf Mexique)– Déclaration Lima 2011– Pumas LA– 200 millions d’habitants– 55% des exportations d’AL et 40% PIB– 2 états membres de l’OCDE– Faciliter insertion dans la dynamique intégrationniste du Pacifique– Limité à un ALC
• CELAC (Communauté des Etats LAC):– OEA moins 2 plus 1– 2010
• CARICOM:– 1973– Collaboration en termes de politiques publiques
• MCCA (1960) et SICA
• ALADI (Association LA d’intégration):– 1980– 13 pays– Promotion et régulation du commerce