Prix unique du livre - Mémoire de l'Association des libraires du Québec
20
MÉMOIRE DÉPOSÉ À LA COMMISSION PARLEMENTAIRE PORTANT SUR LA PERTINENCE D’UNE LOI SUR LE PRIX RÉGLEMENTÉ DU LIVRE ET DE SES IMPACTS ASSOCIATION DES LIBRAIRES DU QUÉBEC MEMBRE DE LA TABLE DE CONCERTATION INTERPROFESSIONNELLE DU LIVRE MEMBRE DE LA COALITION NOS LIVRES À JUSTE PRIX AOÛT 2013 CCE – 012M C.P. – Livres neufs imprimés et numériques
Prix unique du livre - Mémoire de l'Association des libraires du Québec
Intervention de l'Association des libraires du Québec à la commission parlementaire sur le prix unique du livre (Québec). Mis en ligne par la Fondation littéraire Fleur de Lys : http://fondationlitterairefleurdelysaccueil.wordpress.com/ Voir notre DOSSIER SUR LE PRIX UNIQUE DU LIVRE : http://fondationlitterairefleurdelys.wordpress.com/2013/07/06/dossier-prix-unique-du-livre/
Citation preview
1. MMOIRE DPOS LA COMMISSION PARLEMENTAIRE PORTANT SUR LA
PERTINENCE DUNE LOI SUR LE PRIX RGLEMENT DU LIVRE ET DE SES IMPACTS
ASSOCIATION DES LIBRAIRES DU QUBEC MEMBRE DE LA TABLE DE
CONCERTATION INTERPROFESSIONNELLE DU LIVRE MEMBRE DE LA COALITION
NOS LIVRES JUSTE PRIX AOT 2013 CCE 012M C.P. Livres neufs imprims
et numriques
2. Association des libraires du Qubec 2 [ il faudrait trouver
tout prix un moyen de protger les librairies. Et ceci pour une
raison assez simple: jai souvent sauv de largent ou tromp lennui en
achetant un livre dans un magasin grande surface, une pharmacie ou
une maison de la presse daroport, mais je ny ai jamais dcouvert
quelque chose de nouveau. Cest pour moi, cette diffrence norme quil
faut protger. La diffrence entre vendre des livres et les faire
vivre. Samuel Archibald, Auteur du livre Arvida , publi aux ditions
Le Quartanier Laurat du Prix des libraires du Qubec 2012
3. Association des libraires du Qubec 3 TABLE DES MATIRES 1
INTRODUCTION
.....................................................................................................4
1.1 Prsentation de l'auteur
.......................................................................................4
1.2 Conseil dadministration
......................................................................................
5 1.3 quipe de la permanence
....................................................................................
5 2 RSUM
...................................................................................................................6
3
OBSERVATIONS.........................................................................................................7
3.1 Les bienfaits de la Loi sur le dveloppement des entreprises
qubcoises dans le domaine du livre (dite Loi
51).........................................................................
7 3.2 Le march des nouveauts et le march des livres de fonds au
Qubec .............8 3.3 Le march du livre numrique et de la vente
en ligne........................................11 3.4 Lexemple de
la France : une loi
incomplte.......................................................12
3.5 Lexemple du Mexique : les mmes acteurs
.......................................................12 3.6
Lexemple du Royaume-Uni : fermeture de librairies
........................................12 4
COMMENTAIRES.....................................................................................................14
4.1 Lenjeu de la
bibliodiversit.................................................................................14
4.2 Lenjeu de
laccessibilit......................................................................................15
4.3 Lenjeu du
service-conseil....................................................................................16
5 RECOMMANDATIONS
.............................................................................................18
6 CONCLUSION
..........................................................................................................19
4. Association des libraires du Qubec 4 1 INTRODUCTION 1.1
Prsentation de l'auteur La Socit des Libraires canadiens, fonde le
8 aot 1960, membre de la Communaut internationale des Associations
de la Librairie, affilie au Conseil suprieur du Livre, se
constituait en Association des libraires du Qubec (ALQ) le 23
septembre 1969. Ses buts taient dtablir entre tous les libraires
qui y sont admis des rapports habituels et de bonne confraternit;
dtudier et de dfendre les intrts gnraux, conomiques et commerciaux
de la profession; dintervenir auprs des diteurs, des
commissionnaires et des libraires-grossistes pour obtenir quils
cooprent avec elle pour la dfense et les intrts du commerce du
livre; de constituer, vis--vis de lautorit, une reprsentation relle
de la profession; de favoriser la diffusion de la culture franaise
au Canada. De 48 membres ses dbuts, lALQ en compte aujourdhui plus
du double; c'est--dire, 110 librairies indpendantes au Qubec et 10
librairies francophones indpendantes hors Qubec (Alberta, Ontario
et Nouveau-Brunswick). LALQ reprsente 53 % des librairies agres au
Qubec et plus prcisment 76 % des librairies indpendantes agres.
LALQ est un intervenant majeur dans l'industrie du livre. Elle a
pour mission de contribuer au dveloppement professionnel des
libraires et l'essor conomique de la librairie comme lieu essentiel
de diffusion de la culture. L'ALQ s'est dote d'objectifs organiss
autour des cinq axes suivants : Informatisation: favoriser une
intgration optimale et efficace des librairies au rseau
informatique de la chane du livre; exercer une veille stratgique
pour dceler les technologies mergentes ainsi que les occasions de
dveloppement des affaires ; Promotion: inciter et aider les membres
promouvoir le livre et la lecture auprs de leurs clientles et
assumer leurs responsabilits culturelles et ducatives dans leur
milieu ; Formation: fournir au personnel des librairies un service
de dveloppement professionnel adapt l'volution et aux exigences de
la profession de libraire ; Mdiation: intervenir auprs des
fournisseurs (distributeurs, diteurs, transporteurs etc.) et des
clients (collectivits), afin de rsoudre les difficults dans les
pratiques commerciales ou lgales de la commercialisation du livre ;
Reprsentation: exercer une reprsentation dynamique et efficace des
intrts professionnels, conomiques et culturels des membres, auprs
des instances politiques et des partenaires de l'industrie du
livre.
5. Association des libraires du Qubec 5 1.2 Conseil
dadministration Prsident Serge Poulin, Librairie Carcajou (Rosemre
et Laval) Vice-prsident Luc Lavoie, Librairie Ste-Thrse (Ste-Thrse)
Trsorier Alexandre Bergeron, Librairie Larico (Chambly) Secrtaire
Valrie Boss, Librairie Le Fureteur (St-Lambert)
Administrateurs/trices Marcel Godbout, Librairie J.A. Boucher
(Rivire-du-Loup) Ren Landry, Librairie LAlphabet (Rimouski) Robert
Leroux, Librairie Alire (Longueuil) France Martin, Librairie Martin
(Joliette) Laurence Monet, Librairie Monet (Montral) 1.3 quipe de
la permanence Directrice gnrale Katherine Fafard Adjoint la
direction Carl Fortin Charge du dveloppement professionnel Genevive
Bernier Coordonnatrice du Prix des libraires du Qubec Vronique
Beauchamp Technicienne comptable Yolande Gurard
6. Association des libraires du Qubec 6 2 RSUM De manire
prserver la bibliodiversit dans la transmission des titres de fonds
des diteurs qubcois et de concourir la pluralit de loffre,
lAssociation des libraires du Qubec (ALQ) se joint la coalition des
associations de la chane du livre, afin de demander linstauration
dune rglementation visant baliser les prix des nouveauts. Inspire
des exemples internationaux en la matire, lALQ croit que ses
membres, en synergie avec les autres acteurs de la chane du livre
reprsents par les sept grandes associations1 , sauront participer
ce mandat subsquemment au rquilibrage des forces en prsence. Le
prix rglement signifie que le mme livre sera vendu au mme prix par
tous les dtaillants, pendant une priode de neuf mois suivant sa
publication, concurrence de la remise maximale de 10% que tous les
dtaillants pourront pratiquer. Le mme livre sera donc vendu au mme
prix dans les grandes surfaces, les chanes, les librairies
indpendantes, ainsi que les autres points de vente, y compris sur
Internet. Aprs cette priode, il sera permis doffrir toutes sortes
de rabais. Nul doute quune telle rglementation favorisera le
maintien et le dveloppement dun rseau de librairies (donc de
favoriser un accs important des ouvrages vhiculant des lments
primordiaux de la culture), la promotion de nos auteurs, ainsi que
la diversit culturelle. Il sagit dune mesure indispensable la
survie de ces nobles institutions, que sont les librairies
indpendantes. 1 Association des bibliothques publiques du Qubec
(BPQ) Association des distributeurs exclusifs de livres en langue
franaise (ADELF) Association des libraires du Qubec (ALQ)
Association nationale des diteurs de livres (ANEL) Fdration
qubcoise des coopratives en milieu scolaire (Coopsco) Rseau BIBLIO
du Qubec Union des crivaines et des crivains qubcois (UNEQ)
7. Association des libraires du Qubec 7 3 OBSERVATIONS 3.1 Les
bienfaits de la Loi sur le dveloppement des entreprises qubcoises
dans le domaine du livre (dite Loi 51) En 1981, le gouvernement du
Qubec adoptait un projet de loi, Loi sur le dveloppement des
entreprises qubcoises dans le domaine du livre (Loi 51), visant un
meilleur dveloppement des industries du livre au Qubec, une
meilleure diffusion de la littrature qubcoise et une augmentation
de l'accessibilit du livre, par la mise en place de pratiques
commerciales dans le secteur. Les trois objectifs prcis taient, et
sont toujours : L'tablissement d'une infrastructure
professionnelle, commerciale et industrielle qui reflte la
spcificit culturelle du Qubec, qui prserve son hritage culturel
(dveloppement des entreprises proprit entirement qubcoise) et qui
soit de qualit et concurrentielle en crant des conditions
conomiques favorables pour les entreprises du secteur du livre; La
diffusion de la littrature qubcoise, l'expansion des marchs
existants et la cration de nouveaux marchs (politique d'achat);
L'accessibilit physique et conomique du livre, partout sur le
territoire et dans tous les milieux, en contrant les abus possibles
(rglementation des tabelles et remises), notamment par
l'implantation d'un rseau de librairies agres partout au Qubec et
par une stabilisation ou une augmentation modre du prix du livre.
Tous s'entendent pour reconnatre que la Loi 51 a suscit une
rvolution dans le secteur du livre et a permis son essor sur
l'ensemble du territoire qubcois. Nous pouvons affirmer que cette
loi a particip grandement laugmentation du nombre de librairies
agres au Qubec, qui est pass de 168 en 1983 218 en 1998. Le nombre
de librairies agres aujourd'hui est de 192, une diminution de 12 %
depuis 1998. Il est galement important de souligner que la Loi a
permis lessor de ldition au Qubec. En effet, le nombre dditeurs
agrs est pass de 70 en 1983, 113 en 1998. Il y en a 173 aujourdhui.
videmment, le nombre de nouveaux titres dits a suivi, passant de
1144 en 1983 2829 en 1998 et 6564 en 2011. Par ailleurs, l'Annexe B
du Rglement sur l'agrment des distributeurs au Qubec et le mode de
calcul du prix de vente, il est stipul que le distributeur doit
accorder une librairie agre une remise minimale de 30 % sur les
dictionnaires, encyclopdies, livres de droit ou de mdecine,
ouvrages prsentant les lments d'une science ou d'une technique,
incluant les sciences humaines, dont la forme et la prsentation en
font un instrument didactique, et de 40 % sur tous les autres
livres, l'exception des manuels scolaires qui ne sont pas couverts
par la Loi. Le Rglement sur l'acquisition de livres par certaines
personnes dans les librairies agres stipule que le prix de vente
d'un livre canadien doit tre dtermin en utilisant le prix de
catalogue ou le prix net de l'diteur ; le prix de vente d'un livre
tranger soumis une exclusivit au Canada doit tre libell en monnaie
canadienne en utilisant le prix de catalogue ou le prix net
canadien fix par le distributeur exclusif. Ce rglement a permis de
fixer les taux de remises entre intermdiaires, dtaillants et
acheteurs, mais leur esprit a favoris un environnement o les
ngociations de remises demeurent modres, mme dans le rseau de la
grande diffusion qui ne semble pourtant rpondre aucune rgle
extrieure. Malgr certaines pratiques qui veulent que toute remise
en grande diffusion soit ngociable, celle-ci n'a pas connu au Qubec
la mme
8. Association des libraires du Qubec 8 inflation que celle
qu'on a connue dans les autres provinces canadiennes. Ainsi, la Loi
51 et les Rglements qui l'accompagnent ont constitu et constituent
toujours des outils de stabilisation de la filire du livre au Qubec
et mme au Canada franais, et a mis les distributeurs l'abri d'une
excessive course aux surremises.2 Cette loi a dailleurs t qualifie,
par ses pourfendeurs, de loi protectionniste. Aujourdhui, on dirait
plutt quil sagit dune loi de promotion de la diversit culturelle en
Amrique; on pourrait qualifier pareillement la Charte de la langue
franaise du Qubec qui se situe au mme niveau de prcaution et de
conservation. 3 Aprs trente-deux ans, lALQ considre que la Loi sur
le dveloppement des entreprises qubcoises dans le domaine du livre
est toujours aussi pertinente. 3.2 Le march des nouveauts et le
march des livres de fonds au Qubec4 Les best-sellers reprsentent la
vente annuelle denviron 500 nouveaux titres. Ceux-ci ont la
caractristique davoir un cycle de vente rapide, un taux de retour
bas et un effort de vente minimal. Il est donc le segment de ventes
le plus lucratif et en loccurrence celui qui est attaqu par les
grandes surfaces. Les autres nouveauts reprsentent une offre
annuelle de lordre de 29 500 titres. Cest le systme de loffice qui
fait en sorte que la majorit de ces titres sont disponibles dans
les librairies agres. Cependant, la vente de ces titres requiert
une quipe de libraires professionnels pour conseiller les lecteurs,
un effort de promotion substantiel et une logistique importante
avec des taux de retour levs. Ceci est donc un segment de ventes
passablement moins rentable que le march des best-sellers. Mais, il
est essentiel pour la bibliodiversit dans toutes les rgions du
Qubec. Les livres de fonds reprsentent une offre de plus de 750 000
titres dont plusieurs milliers ces titres sont disponibles ltalage
des librairies. Ce segment de ventes requiert une expertise pointue
dans certains secteurs trs spcialiss. Pour bien desservir ce march,
lquipe de vente doit compter sur des libraires professionnels
spcialiss dans les niches desservies par la librairie. Ce segment
est moins lucratif que les nouveauts puisque les titres ltalage
sont typiquement la proprit de la librairie sans droit de retour,
sans remise spciale et avec un long cycle de vente. Pour ce qui est
des collectivits, elles requirent un service personnalis pour
satisfaire leurs besoins particuliers. Pour satisfaire ces besoins,
les librairies doivent avoir un environnement adapt la prsentation
des titres aux responsables des achats des institutions et une
quipe de libraires professionnels lcoute des besoins particuliers
de ce segment de march. Il sagit dun segment trs important puisquil
permet davoir un flux montaire relativement stable au cours de
lanne. 2 DINOVA, La diffusion et la distribution du livre de langue
franaise au Canada, Montral, aot 2008, page 22. 3 MARTIN, Claude et
al., Le modle qubcois des industries culturelles, Montral, avril
2010, page 74. 4 LASALLE, Michel., tude sur le prix de vente du
livre au Qubec, ALQ, janvier 2011, mise jour en fvrier 2013, 20
pages.
9. Association des libraires du Qubec 9 Depuis plus de 10 ans,
le rseau de librairies constate une rosion de sa clientle de
best-sellers vers les grandes surfaces et les chanes. Selon
lObservatoire de la culture de lInstitut de la statistique du
Qubec, les grandes surfaces ont ralis en 2011 des ventes de livres
dune valeur de 79 millions$. Cet tat de fait a deux importantes
consquences pour le rseau des librairies agres : La premire
consquence est limpact ngatif sur la rentabilit de la librairie. En
effet, les best-sellers tant les ventes les plus rentables, le
dplacement de ces ventes vers les grandes surfaces entrane une
diminution du bnfice brut, ce qui cre un impact majeur sur la
rentabilit de la librairie. De plus, ce dplacement occasionne une
compression du fonds de roulement requis pour supporter la vente
des titres ayant des cycles de vente plus longs. Consquemment, ce
manque de trsorerie a un impact direct sur les commandes dautres
titres chez les diteurs, dont les qubcois, rduisant potentiellement
le fonds. La deuxime consquence en est une qui dcoule de la
premire. Pour compenser les impacts financiers, les libraires ont d
ajuster leurs cots pour maintenir les services essentiels pour
chacun des segments du march. Il en rsulte une structure des cots
que lon peut qualifier de fixe dont limpact est une marge de
manuvre trs limite et une fragilisation des librairies. Le tableau
ci-dessous prsente les rsultats dune analyse des cots selon les
tats financiers de quatre librairies indpendantes agres. On
remarque quil ny a pratiquement aucun cot discrtionnaire. Notons
que la masse salariale, le cot le plus important, est la plus basse
possible compte tenu des obligations de lagrment (qui ncessitent
une quipe de libraires chevronns pour traiter et prsenter tous les
titres), des salaires faibles des employs des librairies (qui
sapprochent du salaire minimum pour les libraires service-conseil,
selon une tude de lALQ en 2013) et la prsence requise des libraires
en fonction de lhoraire douverture des librairies. tant donn
limpossibilit pour les libraires de modifier la structure des cots,
la rentabilit de la librairie est grandement affecte par leffet de
levier cr par des marges brutes et des cots pratiquement fixes. En
effet, la perte ou lajout du bnfice brut se rpercute pratiquement
un niveau semblable sur le bnfice net avant impt de la librairie.
Autrement dit, une librairie qui augmenterait ses ventes de 10 000
$ au cours dune anne, donc un bnfice brut de 3 700 $, En constante
augmentation!
10. Association des libraires du Qubec 10 percevrait un bnfice
net avant impt de presque 3 700 $ puisque ses cots sont
pratiquement fixes. Une diminution des ventes aurait leffet
contraire. Il va sans dire quune aide aux librairies venant appuyer
le maintien demploys qualifis serait grandement pertinente. Le
tableau ci-dessous prsente une analyse de la rentabilit dun
chantillonnage5 de librairies membres de lALQ produite en fvrier
2013, pour lanne fiscale 2012 et sur 29 tats financiers. Il dmontre
que le bnfice dexploitation moyen est de 0,84%. Or, pour quun
commerce de dtail puisse se dvelopper, il doit dgager environ 4 %
de bnfice. 5 29 librairies couvrant 12 rgions du Qubec et
reprsentant tous les types de librairies.
11. Association des libraires du Qubec 11 Une autre consquence
de la situation financire difficile du rseau des librairies est la
tendance de la fermeture de plusieurs points de vente. Le tableau
suivant prsente les rsultats dune analyse ralise par lALQ
concernant les ouvertures et les fermetures des points de ventes de
de janvier 2001 juillet 2013 dans le rseau des librairies
indpendantes. Fluctuation du nombre de librairies indpendantes au
Qubec Anne Nb. ouvertures Nb. fermetures Ratio 2001 0 0 0 2002 0 2
-2 2003 1 0 1 2004 2 0 2 2005 1 0 1 2006 2 1 1 2007 1 1 0 2008 2 2
0 2009 1 3 -2 2010 0 7 -7 2011 2 4 -2 2012 2 9 -7 2013 0 4 -4 TOTAL
14 33 -19 3.3 Le march du livre numrique et de la vente en ligne
L'volution de la part de march du livre numrique en 2012: Le
numrique reprsente 20% du march du livre au tats-Unis, 15 % au
Canada, 12% du march britannique et 3 % du march en France6 ; Au
Qubec seulement, on estime le march 2%; 70% du march est dtenu par
Amazon, 20% par Barnes & Noble et 10% par Apple; des Amricains
possde une tablette ou liseuse, dont 70% ont une Kindle (Amazon);
Le prix moyen dun livre numrique aux tats-Unis est de 12,72 $ (5,24
$ pour les livres de fiction)7 Les usages du livre numrique
sinstallent doucement chez les lecteurs, comme en tmoignent un
certain nombre dtudes parues ces derniers mois. Rappelons toutefois
que le livre numrique nest pas lgifr par la Loi 51 et que bien que
les acteurs principaux du milieu du livre au Qubec travaillent de
concert dans lesprit de la Loi, rien ne le garantit pour lavenir. 6
SYNDICAT NATIONAL DE LDITION, Ldition en perspective 2012/2013,
Paris, juin 2013, 119 pages. 7 MILLIOT, Jim., Report: E-book Prices
Fell in 2011; Boomers Dont Buy the Most Books, 10 aot 2012,
www.publishersweekly.com, consult le 1 er aot 2013.
12. Association des libraires du Qubec 12 Dailleurs, le march
scolaire, dot dun nouveau budget dacquisition pour le livre
numrique, chappe prsentement aux librairies, faute dencadrement.
Cependant, les libraires indpendants ne sont pas en reste dans la
vente de livres numriques et lon dnombre quelques libraires, ainsi
quun regroupement de libraires (RueDesLibraires.com) qui amnagent
leur site Internet pour proposer des livres numriques. Dautre part,
les sites Internet qui offrent la vente des clients qubcois sont
assujettis aux lois du Qubec. Une entreprise situe ailleurs devra
donc respecter une ventuelle rglementation sur le prix des livres
si elle vend aux consommateurs qubcois, au mme titre que les autres
lois propres au Qubec (taxes de vente, frais de rcupration
environnementale, garanties distinctes et Loi de la protection du
consommateur). Ces sites doivent aussi respecter les droits
territoriaux des diteurs et des diffuseurs nationaux. Cela
signifie, par exemple, que les Canadiens qui veulent acheter des
livres sur Amazon doivent le faire sur Amazon.ca. Les produits qui
sy trouvent sont fournis par des diteurs ou des diffuseurs
canadiens ayant lexclusivit de leurs droits de commercialisation.
3.4 Lexemple de la France : une loi incomplte Nous avons dcrit
ci-haut les bienfaits de la Loi 51. Prcisons quelle encadre les
achats de livres par les collectivits (bibliothques publiques,
bibliothques scolaires et institutions gouvernementales). Lorsque
les acteurs du milieu du livre au Qubec saccordent pour lajout dune
loi sur le prix du livre en plus de la Loi 51, la comparaison avec
la France revient toujours au galop. Ce quil faut savoir, cest que
la loi sur le prix unique en France ne sapplique pas aux
collectivits et ne fixe pas de plafond aux remises quelles peuvent
obtenir (ce que la Loi 51 fait). Elles peuvent donc ngocier des
rabais excdent les 5 % permis par la loi ou mme sadresser
directement lditeur. La loi franaise reste aussi muette sur le
pourcentage des remises que doivent consentir les diteurs aux
libraires. La loi franaise sur le prix unique a, malgr ce manque,
fait ses preuves. Il est indniable que l'interdiction des pratiques
de discount a permis le maintien de ce rseau qui, malgr des marges
de rentabilit extrmement rduites, a galement su se moderniser. Le
fait de se savoir en quelque sorte protges par la loi n'a pas empch
les librairies de se moderniser, de manire certes ingale, dans tous
les domaines (changes de donnes informatises, gestion des stocks,
recherches bibliographiques...). La concurrence entre les diffrents
circuits et entre les diffrents points de vente dun mme circuit se
concentre donc sur le choix de lassortiment, sur la prsentation de
loffre, sur le conseil et la comptence des libraires. En vitant
davoir se battre sur les prix, les librairies ont pu maintenir les
ventes douvrages de grande diffusion et ainsi prserver dans leur
assortiment la prsence douvrages plus difficiles. Sans cette
prquation, on aurait non seulement assist la disparition de
nombreux points de vente, incapables de tenir leurs marges, mais
galement une uniformisation de loffre. 8 8 GAYMARD, Herv.,
Situation du livre -valuation de la loi relative au prix du livre
et questions prospectives, Conseil du livre, Paris, mars 2009, page
56.
13. Association des libraires du Qubec 13 Au Qubec, ce que le
milieu du livre rclame nest pas aussi drastique quen France : un
maximum de 10 % de rabais sur les nouveauts pour une priode de neuf
(9) mois. Cette rglementation, en parallle la Loi 51, est donc pour
nous garante de succs. 3.5 Lexemple du Mexique : les mmes acteurs
Cest le 23 juillet 2008, quentra en vigueur une loi sur le prix du
livre au Mexique: Ley de Formento para la Lectura y el Libro (Loi
sur la lecture et le livre). Du point de vue du Qubec, le cas du
Mexique est particulirement instructif. Ce pays est membre de
lALENA, comme le ntre, mais surtout, ce sont les mmes grandes
surfaces quau Qubec qui y sont actives. Au Mexique, Walmart et
Costco se sont adapts la rglementation; ils ont maintenu leurs
rayons de livres intacts et offrent des rabais dans les limites de
la rglementation. 3.6 Lexemple du Royaume-Uni : fermeture de
librairies Le Net Book Agreement (NBA), accord interprofessionnel
au Royaume-Uni, a t suspendu en septembre 1995 par la Publishers
Association. Cette suspension est la rsultante de dmissions de
lassociation de grands groupes dditeurs, des attaques contre
laccord de la part de plusieurs grandes chanes de librairies et
ultimement la lassitude des membres de lAssociation dfendre le Net
Book Agreement devant les instances europennes depuis 1993 et
lOffice of Fair Trading de lAngleterre. Arnaud Nourry, PDG de
Hachette Livre, cit dans le rapport Gaymard9 , prcisait: Labandon
du Net Book Agreement sest traduit par la disparition massive de
points de vente. Pas uniquement des librairies, mais diffrents
points de vente du livre. En Grande-Bretagne, il y a aujourdhui six
fois moins de points de vente de livres quen France pour un march
du livre qui est suprieur en taille au march franais. En 2012, ce
sont 73 librairies indpendantes qui ont ferm leurs portes. 9
GAYMARD, Herv., op cit, Annexe 4, page 3.
14. Association des libraires du Qubec 14 4. COMMENTAIRES 4.1
Lenjeu de la bibliodiversit Donner accs un large ventail de livres
par les librairies, qui offrent bien plus que les seuls
best-sellers du moment. Seule la librairie offre un choix
reprsentatif et ncessaire l'existence de la culture et du savoir.
Une librairie propose gnralement 20 000 30 000 titres, alors qu'un
magasin grande surface ne slectionne que 200 300 titres. Si seules
les grandes surfaces subsistaient, notre socit se retrouverait avec
tout un pan de sa culture qui peinerait subsister, nous privant
ainsi d'une richesse collective. Il est vident que le choix se
limiterait alors aux traductions des best-sellers amricains
principalement et l'dition qubcoise serait la premire coper d'une
telle situation. LUnion des crivaines et crivains qubcois (UNEQ)
estime que le rseau qubcois des librairies est le principal dbouch
pour la littrature dici. Il nous faut un rseau en sant, car ce sont
avant tout les libraires qui vendent nos livres, les font connatre
aux lecteurs et valorisent la littrature. Si la Loi 51 a permis de
changer les pratiques commerciales et les conditions de
dveloppement, elle a aussi particip la bibliodiversit, avant mme
que nous nous en soucions dans la socit. Les librairies agres
devant recevoir les offices de 25 diteurs qubcois, maintenir 6 000
titres en magasin, dont 2 000 qubcois, participent la diversit
culturelle depuis au moins 30 ans. De lautre ct, les grandes
surfaces proposent une quantit limite de livres, tous des best-
sellers annoncs ou qui le deviennent, et ce sans prendre de risque.
linstar dautres pays dEurope qui ont en grande majorit adopt une
rglementation sur le prix des livres, le milieu du livre au Qubec a
raison de demander une telle lgislation, synonyme de bibliodiversit
et de prosprit de la littrature nationale. Dautre part, une telle
rglementation aurait aussi comme bienfait de redorer limage des
libraires, qui respectent le prix de dtail suggr par lditeur.
Cependant, tant donn lcart de prix avec les grandes surfaces,
certains consommateurs croient que les livres y sont plus chers. Le
livre nest pas un produit comme les autres, il nest pas que simple
marchandise commerciale. En ce sens, il est essentiel dadopter une
rglementation qui le protgera et le mettra en valeur.
15. Association des libraires du Qubec 15 4.2 Lenjeu de
laccessibilit Maintenir un tissu de commerces de proximit qui
contribuent fortement au dynamisme culturel dans les rgions et les
divers quartiers des centres urbains. Dans son analyse de juillet
2012, lAssociation des distributeurs exclusifs en langue franaise
(ADELF)10 crit ceci concernant le march amricain: Dans limmdiat, le
consommateur amricain a bnfici de cette concurrence dbride, mais il
est vident quil y perdra lorsquil cherchera un titre moins la mode
et quil se heurtera la porte close dune librairie ferme pour cause
de libre march. Il y perdra encore plus en raison de tous les
livres qui ne connatront jamais la presse, parce que leurs auteurs
ne sont pas vus comme des auteurs de best-sellers. LADELF poursuit
: Les exemples britanniques, irlandais, amricains et australiens
sont loquents quant leffondrement du march des librairies. la suite
des guerres de prix, des milliers de librairies sont disparues. De
plus, mme aprs la faillite, lan dernier, de la chane no.2 aux
tats-Unis, Borders, la chane no.1 Barnes & Noble, ne russit
toujours pas tre rentable, malmene par le trio Walmart, Costco et
Amazon. En Australie, une ville comme Greater Dandenong, 140 000
habitants, 49 coles, 117 supermarchs, na plus de librairie! Combien
de villes de plus de 140 000 mes au Qubec? Seulement sept: Montral,
Qubec, Laval, Gatineau, Longueuil, Sherbrooke et Saguenay. Marc
Mnard, conomiste spcialis dans les industries culturelles, crit :
Depuis les annes 1960, un des principaux objectifs de lintervention
gouvernementale dans le domaine du livre au Qubec a t de favoriser
la cration et la consolidation dun vritable rseau de librairies.
Cela dans le but doffrir un accs au livre qui soit le plus quilibr
et le plus diversifi possible pour lensemble de la population
qubcoise. Il ajoute : Un solide rseau de librairies, offrant un
vaste assortiment de titres et prsent dans lensemble du territoire,
est assurment une condition essentielle la bonne sant du commerce
du livre et celle de toute la filire, jusquaux diteurs et ceux
quils reprsentent, les crivains 11 Voici le tableau des librairies
agres par rgion (Ministre de la culture et des communications,
juillet 2013), selon la population estime (Institut de la
statistique, pour 2012) : RGIONS DU QUBEC NOMBRE DE LIBRAIRIES
AGRES POPULATION 01 Bas-St-Laurent 7 199 834 02
Saguenay-Lac-St-Jean 8 273 009 03 Capitale nationale 22 707 984 04
Mauricie 8 263 269 05 Estrie 7 315 487 06 Montral 58 1 981 672 07
Outaouais 9 372 329 08 Abitibi-Tmiscamingue 7 146 753 09 Cte-Nord 3
95 647 10 ADELF, Rglementer le prix de vente des livres : un enjeu
culturel et conomique, Montral, juillet 2012, pages 2-3. 11 MNARD,
Marc., Les chiffres des mots, Portrait conomique du livre au Qubec,
SODEC, Montral, 2001, page 219.
16. Association des libraires du Qubec 16 10 Nord-du-Qubec 0 42
993 11Gaspsie-les-de-la-Madeleine 5 92 536 12 Chaudire-Appalaches 8
408 188 13 Laval 6 409 718 14 Lanaudire 6 476 941 15 Laurentides 9
563 139 16 Montrgie 25 1 470 252 17 Centre-du-Qubec 4 235 005 TOTAL
192 8 054 756 MOYENNE PAR RGION 11,29 MOYENNE PAR RGION (EXCLUANT
03 ET 06) 7,47 Chaque rgion, lexception du Nord-du-Qubec, compte en
moyenne 11 librairies agres. Lorsque nous excluons les deux grands
centres, Montral et la capitale nationale, le nombre chute 7. Nous
pouvons affirmer que dans son ensemble et pour chaque rgion, on
retrouve un minimum de librairies agres, et donc un accs la
bibliodiversit, qui ajoutons, est aussi assure par un rseau
denviron 1 000 bibliothques. Dautre part, les sites de vente en
ligne sont incapables de transposer lexpertise du libraire, mis
part RueDesLibraires.com qui dploie des efforts en ce sens. Une
librairie offre gnralement de 20 000 30 000 titres parmi lesquels
le libraire russit satisfaire vos besoins et vous conseiller. Sur
Internet, la prescription demeure un manque majeur. Autant les
gants amricains, tels quAmazon, peuvent satisfaire un client
lorsquil cherche un livre prcis, autant ils ne savent le faire
quand le client ne sait pas ce quil veut. Internet naide pas
choisir un livre, malgr tous les algorithmes qui nous sont prsents.
Le conseil par un autre lecteur ou par un libraire demeure le moyen
le plus efficace et le plus humain. 4.3 Lenjeu du service-conseil
Appuye et reconnue cet gard par les pouvoirs publics, depuis
linstauration de la Loi 51 en 1981 jusquaux mesures qui ont dcoul
de la Politique de la lecture et du livre publie en 1998, la
librairie indpendante joue un rle dterminant vis--vis de ldition
qubcoise. Ce sont, en effet, la diversit des librairies
indpendantes et la multiplicit des choix de chaque libraire qui
constituent la seule garantie pour certains ouvrages, non ou peu
mdiatiss et de faible tirage, de se trouver ltalage et dtre offerts
la clientle.12 En 2007, une norme professionnelle pour le mtier
Libraire a t labore par le Conseil qubcois des ressources humaines
en culture (comit sectoriel de main-duvre en culture), adopte par
la Commission des partenaires du march du travail et approuve par
la ministre de lEmploi et de la Solidarit sociale. Pour obtenir le
certificat de qualification, les libraires doivent matriser les
quatre comptences suivantes en matire de service-conseil : 12 SOCIT
DE DVELOPPEMENT DES ENTREPRISES CULTURELLES, Rapport du Comit sur
les pratiques commerciales dans le domaine du livre, Montral, 2000,
page 70.
17. Association des libraires du Qubec 17 tre capable
daccueillir, de servir et de conseiller la clientle de la
librairie; tre capable dutiliser toutes les ressources de la
librairie pour servir et conseiller la clientle; tre capable
dutiliser le systme de classement des livres dans la librairie; tre
capable damnager une aire de vente selon un concept de prsentation
prcis. Lindustrie du livre cre environ 12 000 emplois au Qubec et
gnre un volume daffaires annuel de prs de 700 M $ (chiffres de
2012). Plus de 1 000 personnes exercent le mtier de libraire dans
les librairies indpendantes. Le libraire nest pas seulement un
commerant qui vend des livres. Son rle est aussi d'accueillir, de
conseiller et de guider le lecteur dans ses choix parmi une
production ditoriale toujours foisonnante. En tant que commerant
qui cherche raliser un chiffre daffaires tout de mme satisfaisant,
le libraire doit tout savoir des rseaux de distribution et matriser
les techniques de vente et de gestion : gestion des stocks,
commande des ouvrages, approvisionnement, inventaires, mise en
valeur des rayons et de la vitrine, etc. Mais, le libraire est
aussi et surtout passionn par les livres! ce titre, il joue un rle
de mdiateur entre la demande du public et loffre ditoriale. Par la
lecture de la presse, par lcoute des missions littraires et la
consultation Internet, le libraire sinforme en permanence sur
l'actualit du livre, avec pour objectif de pouvoir mieux conseiller
le public et lui faire partager ses coups de cur. Paralllement, il
reoit les reprsentants des maisons d'dition et les diffuseurs. Peu
importe la librairie o le libraire exerce son mtier, le got des
livres, une trs bonne culture gnrale et des comptences commerciales
sont indispensables.
18. Association des libraires du Qubec 18 5 RECOMMANDATIONS Le
march des best-sellers Pour le march des best-sellers, une loi sur
le prix du livre est une bataille tre gagne. Il est probable que
ladoption dune loi permette aux librairies de se rapproprier une
partie de ce march. Ceci entranerait une augmentation de la
rentabilit des librairies. Sans une loi, il est prvoir une
continuit de lrosion de la capacit financire des librairies alors
quelles font face de grands dfis, lesquels vont exiger des actions
rigoureuses et des investissements majeurs de leur part. Il est
galement essentiel quune future rglementation inclue le livre
numrique, sous toutes ses formes. Le march des autres nouveauts Le
march des autres nouveauts, estim plus de 29 500 titres par anne,
prsente un dfi notamment financier, organisationnel et fonctionnel
pour une librairie. Il serait souhaitable de crer un ou des groupes
de travail composs dditeurs, de distributeurs et de libraires dont
le but serait de revoir de faon positive, mais aussi trs critique,
tout le cheminement des nouveauts de leur cration, jusqu lexprience
dachat par le consommateur. Le but ultime consiste identifier les
processus de gestion qui ne sont pas optimiss. Par la suite, le
groupe de travail pourrait prioriser les tapes dune dmarche pour
les optimiser dans un esprit gagnant- gagnant pour toutes les
parties. Le march des livres de fonds Un long cycle de vente, une
utilisation importante des talages et du fonds de roulement pour
les livres de fonds sont problmatiques pour les librairies. Dans
certains cas, lditeur qubcois nest pas en mesure doptimiser ses
ventes en librairie cause de ces raisons. Afin de minimiser cet tat
de fait, les libraires devraient travailler avec les diteurs
qubcois pour dvelopper une meilleure approche pour la vente de
livres de fonds qui pourrait inclure, entre autres, une remise
supplmentaire. Lobjectif tant une augmentation des ventes des
livres de fonds, les ventes additionnelles compenseraient
grandement pour les remises supplmentaires. Le maintien demploys
qualifis Les propritaires de librairie reconnaissent la
contribution de leurs employs. Ils considrent quils constituent un
actif important. Ils aimeraient pouvoir leur offrir une rmunration
plus concurrentielle, mais nous lavons dcrit plus tt, les cots
dexploitation ne le leur permettent pas. Du coup, les salaires de
ces libraires comptents, souvent trs scolariss, sapprochent du
salaire minimum. La rmunration tant trop faible, ces employs
quittent lentreprise aprs avoir reu une formation de plusieurs
mois. Sans cesse en recrutement et en formation, le gestionnaire
est bout de souffle. Nous recommandons donc llaboration dun
programme de maintien en poste dun personnel qualifi pour les
librairies agres. Celui-ci pourrait inclure un crdit dimpt
remboursable et dautres mesures daide, afin davoir un impact
significatif sur le rendement de la librairie.
19. Association des libraires du Qubec 19 6 CONCLUSION Une
rglementation du prix de vente des livres viserait essentiellement
les objectifs suivants : favoriser, dune part, la plus grande
diffusion possible du livre sur lensemble du territoire national;
dautre part, favoriser une production diversifie et accessible aux
conditions avantageuses, tant du point de vue des lecteurs, que de
celui des libraires ou autres acteurs du livre. Une rglementation
viendrait contrecarrer les tendances dominantes : pousse des
grandes surfaces, prcarit de ldition et de la librairie,
concurrence trangre et concentration en faveur des grandes
entreprises. Nous avons la conviction quil est essentiel dinstaurer
une rglementation sur le prix des livres, papiers et numriques.
Nous croyons cependant qu elle seule, elle ne saura constituer la
solution aux difficults du milieu du livre. Nous sommes convaincus
quil faut intervenir la fois sur le prix et sur les conditions du
march (voir les recommandations dans ltude sur loffice13 ).
galement, des mesures en faveur des librairies qui seraient prises
isolment la rglementation ne sauraient venir bout des dfis actuels.
Tant et aussi longtemps que les libraires devront concurrencer les
rabais offerts en grandes surfaces et en ligne tels que pratiqus
actuellement, elles ne se battront pas armes gales. Les librairies
font preuve d'ingniosit et de crativit (et le feront davantage dans
les mois venir) pour parvenir toucher leurs clients en leur offrant
une exprience en magasin et un service-conseil hors pair. Nanmoins,
le consommateur viendra voir en librairie et achtera ailleurs (ce
quon appelle le showrooming ou furetage en magasin). Les membres de
la Table de concertation du livre proposent ce qui suit : - un
rabais maximal de 10 % sur le prix dune nouveaut dans les neuf mois
suivant sa publication; - lautorisation doffrir tout autre rabais
par la suite. Les modles que la quinzaine de grands pays
industrialiss ayant rglement le prix des livres ont choisis sont
plus ou moins contraignants. Pour sa part, la rglementation
qubcoise ne sappliquerait quaux seules nouveauts, et autoriserait
mme des rabais allant jusqu 10 % sur ces titres, assurant ainsi
beaucoup de souplesse. titre de comparaison, la loi franaise permet
un rabais maximal de 5 % pendant les 24 premiers mois suivant la
publication dune livre. Si les acteurs du milieu du livre runis
sous Nos livres juste prix saccordent dans ce que nous pourrions
appeler un consensus historique, il ne manque, notre avis, que la
volont politique pour mener terme ce projet de loi qui ne saurait
qutre bnfique pour toute la chane du livre, le consommateur et la
culture! 13 LASALLE, Michel et GLINAS, Rene., tude sur la mise en
march des nouveauts par le systme de l'office au Qubec, novembre
2007, Montral, 219 pages.