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Comment un pays peut-il utiliser le sport pour réintégrer la mondialisation ? Exemple de la coupe du monde de rugby de 1995 en Afrique du Sud, avec en document complémentaire le film Invictus de Clint Eastwood. Sport et mondialisation

Sport et mondialisation: La coupe du monde de rugby en Afrique du sud

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Dossier réalisé par trois élèves de Term S, option HG - 2014. Lycée des Chaumes - Avallon.

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Page 1: Sport et mondialisation: La coupe du monde de rugby en Afrique du sud

Comment un pays peut-il utiliser le sport pour réintégrer la

mondialisation ?

Exemple de la coupe du monde de rugby de 1995 en Afrique du

Sud, avec en document complémentaire le film Invictus de Clint

Eastwood.

Sport et mondialisation

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L’avant coupe du monde en Afrique du Sud : une nation déchirée

Entre 1652 et 1994, l'Afrique du Sud a été conquise et dirigée par des

populations d'origine européenne. Au XXe siècle, cette domination blanche a

été très marquée par le régime de l'apartheid. De 1948 jusqu’à l'abolition des

lois d'apartheid en juin 1991 de nombreux conflits ont divisé le pays. Puis suite

à la libération de Nelson Mandela en 1990, l'histoire de l'Afrique du Sud a pris

une orientation différente que la population blanche a validé par référendum le

17 mars 1992.

La nuit du 27 avril 1994 un nouveau drapeau est adopté, remplaçant le

précédent, et un nouvel hymne (Nkosi Sikelel' iAfrika (« Dieu sauve l'Afrique

»)) vient s’ajouter au précédent [Die Stem van Suid-Afrika (The Call of South Africa)]. Cela vient

ainsi contribuer à la réconciliation au sein des différentes populations :Les Blancs acceptant l'hymne

des Noirs et ces derniers acceptant de conserver celui des Blancs pour la manifester. À partir du 27

avril 1994 et pendant trois jours, les Sud-Africains ont voté pour élire leurs représentants au

parlement et dans les conseils provinciaux. A l’issue des élections les provinces ont été divisé

d’avantage. Le 10 mai 1994, Mandela fut élu Président de la République par le parlement.

Son intronisation eut lieu à Pretoria en présence de représentants du monde entier dont le vice-

président américain, Al Gore, ou Fidel Castro.

L'Afrique du Sud a désormais un gouvernement issu de la majorité noire mais les traces d'apartheid

ne sont pas pour autant effacées. Le nouveau gouvernement s'engage donc dans le libéralisme

économique et de société de marché. Il s’engage à raccorder le pays au reste du monde. Dans les

premiers temps, les relations sont bonnes entre les anciens oppresseurs et les anciens opprimés, en

grande partie grâce à Nelson Mandela, et on parle alors de « Nation arc-en-ciel »,

Lors des premières tournées d'équipes de rugby à XV étrangère en

1994, les spectateurs blancs déployaient encore l'ancien drapeau

sud-africain, en chantant l’ancien hymne du pays après avoir

écouté souvent dans une relative indifférence le premier et nouvel

hymne.

Leur comportement se fit plus à l'unisson de ce qui était attendu

de la nation arc –en- ciel lors de la coupe du monde de rugby en

juin 1995. Le nouveau drapeau sud-africain commence alors à

être vraiment adopté par cet électorat nationaliste même si des

rixes entre partisans de l'ancien et du nouvel emblème ont lieu en

plein stade de l'Ellis Park à Johannesburg.

C’est à partir de la coupe du monde que le pays a montré qu’il pouvait retourner dans le monde et

participer à la mondialisation ; que ce n’est plus un pays coupé du monde et divisé. Mandela a fait

beaucoup pour le pays.

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La coupe du monde et sa préparation

Jusqu'aux années 1990 le rugby était considéré comme un sport de blanc, les noirs ne s'y

intéressaient pas, préférant le football ou soutenant les équipes adverses. Durant l'apartheid, aboli en

1991, le rugby à XV à l’international est interdit. Pour encourager la sortie de l'apartheid et le

redressement du pays, l'organisation de la coupe du monde de rugby de 1995 est confiée à l'Afrique

du Sud. Le président Nelson Mandela, élu depuis quelques mois a vu l'occasion d'unir son peuple

alors divisé, pour n'en faire qu'une seule nation, plus forte, afin de s'intégrer dans la mondialisation.

Quelques mois avant le début de la coupe du monde, le conseil national des sports a souhaité voter

l’abandon de l'emblème de l'équipe nationale (le springbok), ainsi que ses couleurs (vert et or). Ces

derniers rappelaient trop l'apartheid, la majorité noire souhaitait donc s'en débarrasser et passer à

autre chose. Seulement, Mandela s'y opposa. Cette scène est observable dans le film Invictus, où

Mandela explique que si les noirs retirent tout ce que les blancs chérissent, ils ne pourront que les

craindre, craindre qu'ils ne leur fassent endurer ce qu'ils leur ont fait avant. Il n’oublie pas que ce

sont les blancs qui ont encore la police, l'armée et l'économie. Il a eu l’intelligence d'utiliser un

symbole de son ancien ennemi pour en faire un symbole international. Mandela voit alors en la

coupe du monde à venir, une occasion de ressouder son pays, et de gagner non seulement la coupe,

mais également leur place dans la mondialisation. Elle a même déclaré : « Le sport nous donne le

pouvoir de changer le monde, de nous élever et, mieux que tout, de nous rapprocher les uns des

autres »

En préparation de l’événement, plusieurs stades ne furent pas sélectionnés pour accueillir des

matchs, afin de faciliter l'accès à la presse, puisque l'aspect médiatique était très important pour

pouvoir se valoriser dans le monde, et surtout pour des raisons de sécurité. Le budget de cet

événement a atteint 45,5 millions d’euros soit 300 millions de francs et le bénéfice s’éleva à 30,5

millions d’euros (200 millions de francs). On peut également se rendre compte de l'ampleur

médiatique avec cette déclaration de Philippe Saint-André le capitaine du XV de France : « C’était

une telle avancée pour les Sud-Africains ! Quand j’y repense quand nous sommes arrivés en Afrique

du Sud, François Pienaar et Chester Williams, l’ailier noir des Springboks, étaient en photo partout

dans les villes sur des panneaux 4 par 3. Du jamais vu ! Il y avait eu une campagne de publicité

autour de cette coupe du monde comme le rugby n’en avait jamais connu auparavant. »

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Avant le début de la coupe du monde, les pronostics

n'étaient pas favorables pour le pays, et une arrivé de

l'Afrique du Sud en finale était impossible. Mais lors

du match dee coup d’envoi, le 25 Mai 1995 opposant

l’Afrique du Sud à l’Australie, la nation de Nelson

Mandela surpassa les attentes, le match fut remporté

par l'Afrique du Sud, comme tous ses matchs suivant.

Ce fut le début d'une longue et périlleuse bataille qui

s'acheva le 24 juin par l'affrontement de la nation arc-en-ciel contre la Nouvelle-Zélande. Ce jour-là

comme l’a déclaré François Pienaar « Nous n’étions pas quinze, nous étions 44 millions », après

avoir vaincu les néo-zélandais 15 à 12. Une image qui restera gravée dans les mémoires sera le

président Nelson Mandela remettant la coupe Webb Ellis, vêtu du maillot des héros au capitaine de

l’équipe François Pienaar. L'Afrique du Sud devait gagner cette finale, et tout a été mis en œuvre

pour l'obtenir, par exemple la compagnie Shell a offert une prime de 7500 francs à chaque joueur

sud-africain qui plaquerait le « monstre » Lomu, figure emblématique de l'équipe néo-zélandaise.

Mais la victoire était là, réunissant les 44 millions d'habitants de l'Afrique du Sud, devenant un

modèle pour l'Afrique.

Invictus, la coupe du monde revue et corrigée par Clint Eastwood

Le film débute le 11 février 1990 avec la libération de Nelson Mandela, sa voiture passant entre un

terrain mal entretenu où des enfants noirs jouent au football, et un terrain bien entretenu où des

enfants blancs jouent au rugby. Les premières minutes du film sont consacrées à un résumé jusqu’à

l’arrivé à la présidence de Nelson Mandela le 9 mai 1994. Au début du film, Clint Eastwood a décidé

de montrer une population d’Afrique du Sud divisée entre noirs et blancs, avec beaucoup de

pauvreté. On peut entre-autre apercevoir des bidonvilles. Les décisions du nouveau président

concernant la stagnation économique, le chômage et la criminalité sont très attendues, ainsi que la

façon dont il arrivera à gérer l’appréhension des blancs.

Lorsque Nelson Mandela prend son poste, on peut sentir sa motivation à redresser le pays avec cette

phrase adressée aux employés : « Notre pays deviendra un phare qui éclairera le monde ».

Parallèlement à son intérêt grandissant pour le rugby, nous pouvons voir discuter le président et sa

secrétaire au sujet des investissements à faire. Nelson Mandela déclare vouloir aller là où se trouve

l’argent, autrement dit : l’Amérique, l’Angleterre et l’Arabie Saoudite.

Tout comme dans la réalité, Nelson Mandela voit en la coupe du monde un moyen d’unir son peuple

pour développer le pays.

Plus tard dans le film nous pouvons

apercevoir Nelson Mandela dans la

télévision du capitaine des Springboks,

s’adressant aux Etats-Unis, leur demandant

d’ouvrir leurs marchés, et d’investir dans

leur pays.

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De plus Mandela voyant son salaire comme trop élevé décida de donner un tiers à des associations.

Avec le soutien des 44 millions d’habitants de l’Afrique du Sud, l’équipe des springboks remporta la

finale, et réussit à réunir blancs et noirs pour travailler ensemble à un avenir meilleur pour l’Afrique

du Sud.

Au lendemain de la coupe du monde

L'image d'un président noir remettant la coupe à un capitaine blanc résonne ainsi dans le temps

comme un symbole de lutte contre les

traces laissées par le triste épisode de

l'apartheid. Si la victoire de 1995 était et

reste importante ce ne fut que pour cette

image. Son rêve de la nation « arc-en-

ciel » s'est alors réalisé. Sur fond de

slogan « une équipe, une nation » cette

victoire sonne alors comme la

réconciliation d'une nation déchirée.

Pourtant les dessous de cette victoire

mémorable n'étaient pas forcément

exemplaires. En effet la question d'un

possible dopage des Springboks se pose et est abordée aujourd’hui. Les Sud-africains étaient-ils

dopés ? Un reportage diffusé dans Stade 2 le dimanche 23 mars 2014 a de quoi interpeller dès les

premières images. On peut voir Joot van der Westhuizen, le virevoltant demi de mêlée des

Springboks, cloué dans un fauteuil, parlant avec difficultés. Le célèbre joueur est touché par une

maladie grave et rare: la maladie de Charcot. Cette maladie touchant seulement deux personnes sur

cent mille par an, a étonnement réussi à toucher trois autres joueurs de rugby d'Afrique du sud des

années 1990, date très proche de celle de la victoire des Springboks... Effet du hasard ? Peut-être pas,

car à ces joueurs, s'ajoute Ruben Kruger, 3e ligne décédé d'une tumeur au cerveau à seulement 39

ans. Et André Venter joueur des Springboks, atteint de myélite transverse, une chance sur un

million... cela fait beaucoup. On peut faire le rapprochement avec le foot Italien où 40 joueurs ont

étés atteint par la maladie de Charcot depuis 1973... Étrange non ? La prise de corticoïdes ou

anabolisants semble pouvoir déclencher l'apparition de ces symptômes. Les joueurs interrogés

soutiennent pourtant que leur maladie n'est pas le fruit du dopage. Facile pourtant de se doper quand

la lutte anti-dopage n'était qu'au stade embryonnaire, que les contrôles étaient très rares et que

certains produits n'étaient pas détectables... Surtout notons le fait que les Springboks jouaient face à

une équipe avec plus d'expérience, plus de force. Et que dire de cette étrange intoxication alimentaire

qui frappa les joueurs néo-zélandais deux jours avant le fameux match? En effet plus de la moitié des

joueurs avaient été victimes de cette intoxication la nuit qui avait précédé le match, certains joueurs

n'étaient pas dans leur assiette lors de l'affrontement. Lors d'un banquet Louis Luyt, président de la

fédération sud-africaine de l'époque, présente son équipe comme les premiers vrais champions du

monde. Les précédentes victoires n'avaient, pour lui, aucune valeur puisque l'Afrique n'avait aucun

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droit d'y participer. Il offrit ensuite une montre en or à Dereck Bevan, arbitre de la demie final.

Celui-ci avait refusé un essai à Abdelatif Benazzi, joueur de rugby français à l'époque et jouant à

cette demi-finale. Les dessous de l'exploit sont parfois sales...

La victoire des sud-africains de 1995 semble donc tenir plus de la géopolitique e que du sport…